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Les stratégies des firmes multinationales chinoises au Tchad et leur contribution à  la diversification de l'économie tchadienne

( Télécharger le fichier original )
par Ali NASSOUR
Université Marien Ngouabi - Master 2016
  

Disponible en mode multipage

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FSE

N° d'ordre:14

Année: 2015 -2016

UNIVERSITE MARIEN NGOUABI FACULTE DE SCIENCES ECONOMIQUES

MEMOIRE

Pour l'obtention du diplôme de Master

Mention: Economie de l'Entreprise

Parcours: Recherche

Option/Spécialité: Economie et Organisation de l'Entreprise

Présenté et soutenu publiquement
Par
NASSOUR Ali
Titulaire de La Licence d'Economie Fondamentale
Année académique 2010-2011

Les strategies d'implantation des firmes multinationales
chinoises au Tchad et leur contribution à la diversification de
l'économie tchadienne.

Directeur de mémoire

Bethuel MAKOSSO, Maître de Conférences (CAMES), Chef de département des Masters à la faculté de Sciences Economiques de l'Université Marien Ngouabi, République du Congo.

Jury

Président: Bethuel MAKOSSO, Maître de Conférences (CAMES), Université Marien Ngouabi (Congo)

Rapporteur: JJ KIMO, Maître-assistant (CAMES), Université Marien Ngouabi (Congo) Membre: T. DZAKA Kikouta, Maître-assistant (CAMES) HDR, Université Marien Ngouabi (Congo)

DEDICACE

La vie, elle est parfois dure de par ce qu'elle réserve à l'être humain le bonheur et le malheur, la douleur et l'apaisement, le succès et l'échec. Ce sont les vicissitudes qui s'invitent chez l'homme au quotidien. Qu'il me soit permis, ce jour, de dédier cette oeuvre en mémoire de ma feue mère FATOUMA Hassane. Tu gouverneras mes pas, m'élevas, m'éduquas et tu te dévouas si merveilleusement bien que presque rien ne me manquât. Mais contre toute attente, tu disparus. Ton décès m'a été effroyablement fatal et me chagrine. Repose- toi en paix.

II

REMERCIEMENTS

La rédaction d'un travail de recherche ne saurait être l'oeuvre exclusive d'une seule personne. Il serait trop prétentieux d'affirmer que c'est sans le concours d'autres personnes que nous sommes venu à bout de ce travail.

Nous adressons nos plus profonds remerciements à notre directeur de mémoire, Professeur Bethuel MAKOSSO, pour la confiance qu'il a su nous accorder, pour ses conseils avisés et ses recommandations décisives. Nous le remercions tout particulièrement pour la disponibilité et le soutien dont il a toujours su faire preuve à notre égard. Nous lui exprimons toute notre gratitude, pour l'affection et la gentillesse qu'il nous a toujours témoignées. Nous saluons aussi sa souplesse, son ouverture d'esprit et sa bonne humeur qui ont su nous laisser une large marge de liberté pour mener à bien ce travail de recherche.

Nous tenons à remercier le Professeur NDINGA Mathias, le Doyen de la Faculté des Sciences Economiques, principal artisan dans le suivi dont nous sommes l'objet, ainsi que tous les enseignants de l'Université Marien Ngouabi et ceux de la faculté des Sciences Economiques en particulier à qui nous devons cette formation universitaire.

Nous remercions également monsieur ABBA DANNA, le Recteur de l'Université Virtuelle de Ndjamena, monsieur ALI Abderaman Haggar, le Recteur de l'Université de Ndjamena, AWAT Hissein et TOINAR Anatole respectivement Doyen de la Facultés des Sciences Economiques et Gestion de l'Université de Ndjamena et Doyen de la faculté des Sciences Economiques et Gestion de l'Université de Sarh, DJIBRINE Hassan Lawan et Mahamat MOUTA tous deux enseignants chercheurs à l'Université de N'djamena d'avoir consacré une partie de leur temps durant notre parcours permettant ainsi la réalisation de ce travail.

Nos remerciements vont principalement à : notre père Ali Badradine, nos oncles ZAKARIA Issa, ADAM Badradine, MAHAMAT Hassane et MAHAMAT Aly El-hadj Cassius, nos Frères et Soeurs et à tout le reste de la famille qui, a de degré divers m'ont été d'un confort inestimable.

Nous remercions vivement ADAM Abakar, MAHAMAT Abdelkarim, MAHAMAT Abderaman, SENOUSSI Ahmat, TAHIR Adam, ANNOUR Nadjal, AHMAT Allam, IBRAHIM Yacoup, MAHAMAT Abakar, ADAM Defallah, DJIDDO Abdoulaye, DJIDDO Ahmat, AHMAT Assil, NGARO Ronaîmou, IDRISS Oumar, Fred MOUKALA, Josette BOUMA, Trinité CHARLOTTE, OKANDZE Elenga, Belengar CALEB , MBAI Doiletta et NGOLO Jean Claude pour leur aide dans la compréhension et la rédaction de ce mémoire.

Nous ne saurons oublier d'exprimer notre vive gratitude aux diplomates de l'Ambassade de la République du Tchad près la République du Congo pour la gratuité des actes administratifs dont nous, étudiants tchadiens, continuons à être les bénéficiaires. La communauté tchadienne à Brazzaville n'était pas du reste: elle s'est manifestée à notre égard par divers apports positifs. Merci lui suffirait- il ? Et vous étudiants tchadiens en République

III

du Congo et vous ceux de ma promotion qui m'avez témoigné votre gentillesse, votre sagesse et quelques rires taquins parfois, je m'en souviendrais.

IV

SIGLES ET ABREVIATIONS

ADF : Agence Française de Développement

APD : Aide Publique au Développement

ASS : Afrique au Sud du Sahara

BAD : Banque Africaine de Développement

BCE : Banque Centrale Européenne

BEAC : Banque des États de l'Afrique Centrale

CACF : China Africa coopération forum

CDMA : Code Division Multiple Access

CEMAC : Communauté Economique et Monétaire des Etats de l'Afrique Centrale

CFA : Sigle de franc de la Communauté Financière Africaine

CHECEC : Société Nationale des Travaux de Construction du Henan de Chine

CNOOC : China National Offshore Oil Corporation

CNPC : China National Petroleum Corporation

CNUCED : Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le Développement

COVEC : Société d'Ingénierie d'Outre-mer de Chine

CWE : Compagnie Internationale des Eaux et d'Electricité

DTS : Droit des Tirages Spéciaux

Exim Bank : China Export-Import Bank

FEC : Facilité Elargie du Crédit

FMI : Fonds Monétaire International

FMN : Firme Multinationale

IDE : Investissement Direct Etranger

INSEED : Institut National de la Statistique, des Etudes Economiques et Démographiques

JV : Joint-Venture

MOFCOM : Ministère du Commerce Chinois

NEPAD : Nouveau Partenariat Pour le Développement de l'Afrique

OCDE : Organisation pour la Coopération et de Développement Economique

V

OIT : Organisation Internationale du Travail

OMC : Organisation Mondiale du Commerce

OPEP : Organisation des Pays Exportateurs du Pétrole

PAS : Programme d'Ajustement Structurel

PCC : Parti Communiste Chinois

PED : Pays en Voie de Développement

PIB/hab : Produit Intérieur Brut par Habitant

PIB : Produit Intérieur Brut

PME : Petite et Moyenne Entreprise

PNSA : Programme National de Sécurité Alimentaire

PNUD : Programme des Nations-Unies pour le développement

PPTE : Pays Pauvres Très Endettés

R&D : Recherche Développement

RDC : République Démocratique du Congo

RPC : République Populaire de Chine

SHT : Société des Hydrocarbures du Tchad

SINOPC : China Petroleum and Chemical Corporation

SNE : Société Nationale d'Electricité

SRN : Société de Raffinage de Ndjamena

SSI : Sonangol Sinopec International

STN : Société Transnationale

UMAC : Union Monétaire d'Afrique Centrale

UMOA : Union Monétaire Ouest Afrique

USD : United States Dollar

ZES : Zone Economique Spéciale

ZTE : Zhongxing Telecom

VI

SOMMAIRE

INTRODUCTION 1

PREMIERE PARTIE : LES ANALYSES THEORIQUES DE L'IMPLANTATION DES

FIRMES MULTINATIONALES CHINOISES .6

CHAPITRE I : L'aperçu général sur la firme multinationale 8

Section 1 : Le fondement théorique de l'implantation de firme multinationale 8

Section 2 : Les formes et organisations de la firme multinationale .17

CHAPITRE II : Les stratégies d'implantation des firmes multinationales chinoises au

Tchad 27

Section 1 : Le fondement de la politique chinoise au Tchad 27

Section 2 : Les modes et stratégies mis en place par la Chine pour accompagner ses

entreprises à investir à l'étranger .36

DEUXIEME PARTIE : LES EFFETS DES STRATEGIES D'IMPLANTATION DES

FIRMES MULTINATIONALES CHINOISES SUR LA DIVERSIFICATION DE

L'ECONOMIE TCHADIENNE 46

CHAPITRE III : Les investissements directs étrangers chinois au Tchad 48

Section 1 : Les politiques d'attractivité d'investissements directs étrangers au

Tchad 48

Section 2 : Les investissements chinois au Tchad 56

CHAPITRE IV : L'apport des investissements directs étrangers chinois à la diversification de

l'économie tchadienne 65

Section 1 : L'économie tchadienne avant et après l'exploitation du pétrole 65

Section 2 : Les effets des investissements directs étrangers sur la diversification de l'économie

tchadienne 74

CONCLUSION 84

1

INTRODUCTION

Depuis quelques années, le continent africain a renforcé ses relations économiques avec les pays émergents, spécialement la Chine. Cette dernière a accru ses effets de financement et d'investissement extérieur, dans une stratégie d'extension de l'activité de ses entreprises au reste du monde (Going Global Strategy). La conquête de l'Afrique, riche en matières premières (pétrole, or, cobalt, bois, uranium) constitue en ce début du XXIe siècle, un enjeu majeur. Quand la Chine s'éveillera, le monde tremblera, cette prophétie de Napoléon Bonaparte se réalise aujourd'hui1. En effet, la Chine est à présent une puissance économique redoutable. L'un des aspects les plus remarquables du changement de l'économie chinoise est son ouverture vers les marchés extérieurs 2 . Désormais la Chine, dotée d'une capacité économique importante et d'une ambition politique de premier plan, est devenue un pays incontournable dans la géopolitique mondiale. Vouloir l'arrêter semble être une mission impossible. L'ignorer serait encore plus grave, « c'est-à-dire ce serait faire preuve d'une dangereuse cécité politique »3.

Depuis les réformes de Deng Xiaoping4 avec son fameux mot d'ordre " Enrichissez-vous ! " la Chine est ouverte aujourd'hui sur le monde, même s'il existe des poches d'exercice de réforme monolithique. L'ère de la politique néolibérale et la tendance à une politique de consommation ont donné un coup de fouet à l'économie. Ainsi, l'économie chinoise est passée d'une économie planifiée de type soviétique à un socialisme de marché selon les spécificités chinoises, où le Parti Communiste Chinois garde son contrôle sur l'économie5. Après une période de relatif repli entre 1980 à 1990, la Chine fait un retour plus remarquable: c'est une nouvelle République Populaire de Chine très active qu'on rencontre en Afrique. Une offensive économique et commerciale s'accompagnant d'une intense activité diplomatique vit le jour avec l'arrivée au pouvoir en 2003 du Président Hu Jintao. Désormais la politique chinoise en Afrique se particularise par son pragmatisme. Le modèle chinois du « win win »6, ce nouveau jeu économique où selon Pékin il n'y aurait a priori aucun partenaire perdant.

1Empereur, général, militaire et homme d'Etat français (1769-1821), cité par Amadou DIALLO, (2012), Investir en Afrique le point de vue des entreprises chinoises : les cas du Mali, thèse de doctorat en sciences de gestion, Université de Peau et des Pays de l'Adour, France, p. 2.

2 Idem.

3Gaye Adama, cité par : Fode Sire DIABY, (2014), Les stratégies des entreprises chinoises en Afrique : quels objectifs, quelle coopération, thèse de doctorat en sciences économiques, Université de Nice Sophia Antipolis, France, p. 11.

4Homme d'Etat Chef suprême de la Chine. Ancien Secrétaire Général du Parti Communiste Chinois (PCC) de 1956 à 1967. Dirigeant de la République Populaire de Chine de (1978-1992), cité par Amadou DIALLO. (2012), op. Cit., p. 2.

5 Idem.

6Termes anglais désignant « gagnant-gagnant» est un accord par lequel chaque partenaire se préoccupe aussi de l'intérêt de son partenaire dans le but de maximiser son propre intérêt. Il ne s'agit pas de rechercher le meilleur compromis de partage des gains, mais d'augmenter les gains de chaque partenaire, cité par Amadou DIALLO. (2012), op. Cit., p. 4.

2

Dans cette optique il y a eu émergence de plusieurs départements chargés de l'Afrique avec l'organisation des grandes rencontres Chine-Afrique7.

Depuis la fin des années 1990, la Chine et le continent africain ont consolidé leurs relations dans plusieurs domaines dont notamment l'aide au développement, les investissements directs, la coopération économique et technique, puis les échanges universitaires. En 2000, l'organisation périodique des sommets sino-africains allant jusqu'à rassembler plus de 40 chefs d'État est devenue la pierre angulaire de l'accroissement de la coopération entre la Chine et les pays d'Afrique8. Au sommet sino-africain de 2006 qui se tenait à Beijing, Wen Jiabao, le Premier ministre chinois, s'est engagé à ce que les échanges économiques s'élèvent à plus de 100 milliards de dollars d'ici 20109. La Chine gagne donc de plus en plus d'influence en Afrique. C'est ainsi qu'en 2005, elle est devenue le troisième partenaire économique du continent africain après les États-Unis, la France, mais devant le Royaume-Uni. En 2006, les échanges sino-africains ont atteint le plateau record des 55 milliards de dollars10. Les États africains apparaissent de plus en plus désenchantés par le modèle occidental propre au consensus de Washington qui associe le développement économique avec la démocratie, la transparence économique et le respect des droits de l'homme. Plusieurs auteurs s'entendent pour dire que les programmes d'ajustement structurel imposés par les institutions de Bretton Woods ont entraîné la plupart des États en développement dans une véritable mondialisation de la pauvreté en limitant le rôle de l'État et en l'empêchant de veiller à la justice sociale. De nombreux États africains sont désormais en quête de repères et de modèles alternatifs. Il va de soi que la recette chinoise devient alors attrayante. D'autant plus que les Chinois et les Africains se sentent dorénavant liés par une communauté de destin, ceux-ci et ceux-là ayant tous été, au cours de leurs histoires récentes, des victimes de certaines occurrences de l'impérialisme et du colonialisme dont le Tchad faisait partie.

Le Tchad, pays enclavé de l'Afrique Centrale, fait partie des Etats les plus vastes de l'Afrique avec une superficie de 1284000 km2 et une population qui se chiffre à environ 11.175915 d'habitants en 200911 dont près de la moitié a moins de 14ans. L'espérance de vie à la naissance est de 52 ans pour les femmes et 49 ans pour les hommes. La croissance économique a toujours été relativement faible depuis l'indépendance. Entre les années 1995

7 Idem.

8 The Economist. Asia: On Safari; Chinese Summitry. 4novembre 2006

9 Marks, Stephen. Introduction in African Perspectives on China in Africa.Pambazuka: Nairobi. 2007. p. 2.

10 Servant, Jean-Christophe. La Chine à l'assaut de marché africain. Le Monde diplomatique. Mai 2005.

11 Résultat du recensement général de la population et d'habitat2(RGPH2) du Tchad, septembre 2009.

3

et 2002, la performance économique est significativement meilleure par rapport aux décennies antérieures. Il partage ses frontières avec six autres Etats (Soudan, Niger, Nigeria, Lybie, Cameroun et Centrafrique). Ne possédant aucune façade maritime, il est dépendant des ports des pays de la sous-région (du Benin et du Cameroun). En effet, c'est dans cette optique que la nouvelle coopération sino-africaine s'est établie avec une présence croissante et massive des grandes entreprises chinoises d'Etat. Ces entreprises sont en concurrence avec les opérateurs occidentaux et dans une moindre mesure avec les entreprises africaines au niveau du continent. Elles sont considérées comme des concurrentes et partenaires potentiels capables d'apporter leur savoir-faire, leurs moyens financiers et leurs technologies qui font défaut aux entreprises africaines. Cependant, le réchauffement de relation diplomatique entre le Tchad et la Chine s'inscrit dans le cadre de la politique africaine de la Chine, lancée par son gouvernement dans les années 2000.

Aussi, depuis quelques années on assiste à des investissements directs étrangers d'origine chinoise de plus en plus importants dans ce pays. La question de l'implantation des firmes multinationales chinoises en Afrique fait l'objet de plusieurs contributions dans la littérature. Dzaka-Kikouta (2012) en étudiant le rôle des joint-ventures et alliances stratégiques dans l'internationalisation des multinationales chinoises, a démontré que les joint-ventures sino-occidentales ont aidé les firmes chinoises à améliorer leurs capacités techniques et managériales tant sur le marché domestique que sur les marchés étrangers. Les joint-ventures et autres alliances stratégiques sont devenus un vecteur de réalisation des IDE par les multinationales chinoises en Afrique Centrale. Pour Richet (2013) l'internationalisation des firmes multinationales relève d'une stratégie qui leur est propre et s'inscrit dans un projet d'accès aux ressources; elle est aussi motivée par les conditions de la concurrence domestique. Toutefois, l'articulation entre stratégie domestique et internationale est encore problématique. Beaucoup de firmes chinoises s'internationalisent pour acquérir ce qu'elles ne trouvent pas chez elles ou avec de grandes difficultés. Seules quelques grandes firmes chinoises sont aujourd'hui capables de développer des stratégies similaires à celles que mettent en oeuvre les grandes firmes multinationales occidentales.

Dans une étude comparative, Gugler et Boie (2015) ont montré les facteurs expliquant les choix d'IDE chinois aux critères de choix classiques des multinationales occidentales. Ils soulignent que les principales motivations des firmes multinationales chinoises sont dérivées de leurs opérations dans une économie de marché internationale capitaliste. Les motivations traditionnelles de l'internationalisation des entreprises captent relativement bien le processus

4

d'expansion à l'étranger. Ces entreprises présentent des caractéristiques particulières rendant ce phénomène spécial. Toutefois, la différence fondamentale qui existe entre les multinationales chinoises et occidentales réside dans le choix et les objectifs d'implantation en Afrique. Dans la même perspective, Tanguy Struye (2009) a montré dans un célèbre article intitulé "l'offensive chinoise en Afrique" que l'approche de la Chine envers l'Afrique est multiple; elle vise principalement les matières premières (pétrole, gaz et le gisement minier) et procure aussi des aides publiques au développement aux pays africains. Elle a aussi créé un fonds de développement pour accompagner les entreprises chinoises et leurs partenaires (joint-ventures) étrangers.

Par contre, Mainguy et Rugraff (2012) estiment que compte tenu de manque de fiabilité des données sur les IDE chinois en Afrique subsaharienne, les études macroéconomiques d'impact des IDE sur la croissance, l'emploi, les externalités sont aujourd'hui hors de portée. Une meilleure connaissance de l'impact des IDE chinois est la condition sine qua non pour que les gouvernements africains puissent développer des politiques de guidage et d'accompagnement qui maximisent les effets positifs en termes d'effet d'entraînement pour les firmes locales, de création d'emplois ou encore de recettes fiscales, et minimisent les impacts négatifs. La littérature empirique sur l'impact des IDE dans les pays moins avancés montre en effet, que les IDE n'engendrent pas automatiquement la croissance, ne réduisent pas mécaniquement la pauvreté et peuvent ne pas entraîner le développement des pays d'accueil (Rugraff et al., 2009 ; Mainguy, 2011). En effet, Hellendorff (2010) affirme que la Chine a trouvé en Afrique des éléments indispensables à sa croissance économique, telle qu'imaginée dans sa politique de développement harmonieux: des ressources naturelles, des marchés d'exportation, de banc d'essai pour ses entreprises et sa nouvelle diplomatie de puissance, des alliés nombreux dans l'arène internationale et des opportunités de renforcer son statut de puissance mondiale.

Par contre, Diallo (2012) souligne que les stratégies de pénétrations des entreprises chinoises en Afrique visent beaucoup plus la coopération, l'aide au développement et les opportunités d'investissement. La connaissance du processus d'implantation est un atout non négligeable car elle peut procéder, en amont à certaines corrections limitant les problèmes de flexibilité et de crédibilité en aval vis-à-vis de leurs concurrents. Concernant les effets des IDE chinois en Afrique, on peut citer la contribution de Diaby (2014) qui, dans une étude basée sur des données portant 38 pays africains sur la période de 2003à 2011, a montré que les IDE chinois n'ont pas d'effet significatif sur le PIB par tête, notamment à cause de la

5

politique des entreprises chinoises en Afrique qui encourage les investissements dans les secteurs qui créent moins d'emploi local et qui ne permettent pas de vrai transfert de technologie. En effet, la présence massive des entreprises chinoises en Afrique n'est pas génératrice de croissance durable et des richesses en raison des procédés généralement mis en place dans les investissements. En réalité, la Chine investit dans les secteurs comme l'exploitation des matières premières, qui créent moins d'emplois en Afrique. Sur les grands chantiers dans le BTP, la main-d'oeuvre qualifiée est chinoise et les emplois se font donc au détriment des Africains. Et enfin, la politique des subventions mise en place par Pékin peut occasionner le ré-endettement de certains pays africains qui ont déjà bénéficié d'une annulation partielle ou totale de leur dette.

Aussi dans cette recherche, notre problématique est axée autour des questions de recherche suivante: Quelles sont les stratégies d'implantation adoptées par les firmes chinoises au Tchad ? et quels sont les effets de ces stratégies sur la diversification de l'économie Tchadienne ? Pour répondre à cette problématique, nous avons formulé des hypothèses de travail construites autour des idées suivantes:

H1 : les formes d'implantation des firmes multinationales chinoises fondées sur la coopération et l'exploitation d'opportunité d'investissement ne contribuent pas à la diversification de l'économie tchadienne ;

H2 : les stratégies adoptées par les firmes multinationales chinoises visent les ressources naturelles et les opportunités d'investissement.

L'objectif général de cette recherche est d'analyser les effets des stratégies d'implantation des firmes multinationales chinoises sur la diversification de l'économie tchadienne. Comme objectif spécifique, cette recherche vise à analyser les stratégies d'implantation adoptées par les multinationales chinoises au Tchad.

L'approche méthodologique que nous avons adoptée dans cette recherche est à la fois descriptive et analytique. En effet, le traitement des questions posées dans cette recherche s'est fait au moyen d'une analyse, à la lumière de la théorie économique, des attitudes liées à l'implantation des firmes chinoises au Tchad et leur contribution à la diversification de l'économie tchadienne.

Ce travail est structuré en deux parties. La première est consacrée aux analyses théoriques de l'implantation des firmes multinationales chinoises au Tchad et la seconde traite des effets des stratégies d'implantation des firmes multinationales chinoises sur la diversification de l'économie tchadienne.

6

Première partie : Les analyses théoriques de l'implantation des firmes multinationales (FMN) chinoises au Tchad

7

L'internationalisation des firmes multinationales chinoises est un phénomène nouveau, la nature et l'intensité avec lesquelles ces entreprises se développent constituent aujourd'hui un véritable enjeu de recherche. Les firmes multinationales chinoises ont connu une très forte expansion cette dernière décennie grâce aux ressources accumulées d'une part et par la nécessité de recherche des approvisionnements en matières premières afin de maintenir une croissance en pleine évolution d'autre part.

Ces firmes sont pour la plupart des grandes entreprises d'Etat et elles se développent dans les secteurs tels que les manufactures, les services, les finances, bref en ciblant certains secteurs juteux de l'économie. Face à la concurrence des grands groupes multinationaux occidentaux, elles ont su développer des stratégies particulières qui lient l'aide publique au développement, le commerce et l'investissement direct étranger.

Depuis quelques années, plusieurs chercheurs ont développé des théories qui expliquent le déploiement de leurs activités, selon quelles modalités elles s'implantent et quels sont les facteurs qui les attirent vers l'extérieur, etc. Ce qui nous amènera à présenter dans cette partie d'une part l'aperçu général sur la firme multinationale (Chapitre I) et d'autre part, les stratégies d'implantation des firmes multinationales chinoises au Tchad (Chapitre II).

8

CHAPITRE I : L'APERCU GENERAL SUR LA FIRME MULTINATIONALE (FMN)

Les FMN sont aujourd'hui les vecteurs les plus structurants des processus d'intégration, de transformation de l'économie et de la société mondiale. Elles sont devenues un rouage si important de l'économie mondiale, qu'elles peuvent considérablement peser sur le fonctionnement des différents éléments de l'ordre économique international, à savoir, le système monétaire, le système commercial, la répartition internationale des revenus (notamment, entre pays industrialisés et pays en développement), voire la croissance économique et la stabilité des prix à l'échelon mondial12. Dans ce chapitre, nous tenterons de faire une présentation succincte des approches théoriques en économie internationale s'intéressant à la multinationalisation des entreprises. La première section traitera les théories expliquant l'apparition de la FMN, tandis que la seconde section abordera la question des formes d'implantation des FMN.

Section I : Le fondement théorique de l'implantation de firme multinationale (FMN)

L'analyse de l'internationalisation des activités de l'innovation est récente, dans la mesure où la naissance de la théorie de firme multinationale dans la théorie économique est elle-même relativement très récente. L'étude des firmes multinationales relève d'une discipline que l'on peut qualifier d'hybride, à savoir l'économie industrielle. Son apparition remonte aux années 50, dans un contexte de prédominance d'oligopoles nationaux, à ce stade, Norel (1951) les qualifie de firmes primaires dont la principale stratégie est l'approvisionnement par un processus d'intégration verticale. Les investissements étrangers consistaient à s'implanter dans une zone ayant les matières premières nécessaires à leurs activités.13 En effet, ce n'est qu'à partir des années 60 que la firme multidomestique apparaît, notamment, par l'implantation des filiales-relais qui étaient constituées dans l'objectif de répondre à une demande étrangère. Ainsi, donc la véritable naissance de la théorie des FMN fait son apparition avec en particulier, la thèse de Hymer (1960) dont la publication (posthume) n'interviendra qu'en 197614. Cette contribution originale présentait deux axes essentiels de recherche: l'analyse des avantages monopolistiques qui par nature, ne peuvent être exploités sur des marchés étrangers que par le biais d'une présence directe de la firme, c'est-à-dire par le biais de l'IDE et l'analyse de l'implantation à l'étranger comme le moyen,

12 FRED Bergsten et al., (1983), Les multinationales aujourd'hui, Paris, Ed. Economica, pp. 305-340.

13GRAICHE Lynda. (2012), op. Cit., p.11.

14CHRISTOPHE Sierra. (2003), Firmes multinationales et dynamique de création technologique : des coûts de transaction aux coûts de coordination, thèse de doctorat en sciences de gestion, Université de Limoges, France, pp. 10-11.

9

pour une firme de s'affranchir de la concurrence oligopolistique prévalant sur son marché domestique.

L'objectif de cette section est de présenter les définitions et théories (paragraphe1) ainsi que les déterminants expliquant l'apparition de la FMN (paragraphe 2).

Paragraphe 1 : Les définitions et théories de la firme multinationale (FMN)

L'évolution des technologies et l'intensification de la concurrence basée sur l'innovation ainsi que l'augmentation du niveau de la demande et de l'offre sur les marchés nationaux et internationaux ont conduit les FMN à se transformer dans les années 80 et 90. Par conséquent, plusieurs firmes multinationales sont devenues des réseaux de firmes et des firmes globales qui se fondent sur des stratégies d'innovation ou de flexibilité, laissant pour le compte les stratégies conglomèrales au profit des réseaux transnationaux plus cohérents. A partir de ces évolutions, plusieurs auteurs ont développé les théories expliquant le phénomène de multinationale de la firme. Pour mieux appréhender la question de multinationalisation de la firme, il est nécessaire d'aborder d'une part les définitions de la FMN (1-1), et d'autre part, les théories de la FMN (1-2).

1-1: Les définitions de la firme multinationale (FMN)

Il n'existe pas de définition unique de la firme multinationale. Les raisons de cette diversité sont principalement de deux ordres: l'origine des définitions et la nature des critères retenus (Andreff, 1987)15. Concernant l'origine des définitions, on fait remarquer tout d'abord que, les définitions émanent à la fois de dirigeants, d'organismes internationaux et d'universitaires (économistes, gestionnaires, juristes). Ensuite, elles reposent sur des critères divers tels que l'ampleur de l'activité (taille de l'entreprise), l'existence de filiales à l'étranger, le nombre de pays d'implantation, le nombre de salariés de nationalité autre que celle de la maison mère ou encore la structure organisationnelle adoptée. Certains auteurs caractérisent ainsi une multinationale par la présence de filiales de production à l'étranger.

C'est à partir des années 50, avec l'instauration d'un cadre économique et politique international favorable aux activités économiques à l'étranger16, que les chercheurs se sont penchés sur l'étude de la FMN de manière générale. Ainsi, Maurice Baye en 1953 définit les

15ISABELLE Martinez. (2011), L'internationalisation est-elle créatrice de valeur, 22eme congres de L'AFC, May 2001, France. pp.CD-Rom. <halshs-00584641>, p. 2.

16 DELAPIERRE Michel, MILLELI Christian. (1995), Les firmes multinationales, Ed Vuibert, pp. 10-50. Cité par GRAICHE Lynda. (2012), op. Cit., 12.

10

grandes unités interterritoriales comme un ensemble intégré des organisations de production contrôlées en divers territoires, par un centre unique de décision17. Cette définition a été développée ensuite par Stephen Hymer en 1960, qui s'appuie sur l'importance du contrôle dans la définition de la firme étrangère à partir de deux principes pouvant inciter un investisseur à prendre le contrôle. En premier lieu, l'investisseur doit assurer la sécurité de son investissement et contrôler l'ensemble du rendement des capitaux investis, en second lieu, les structures de compétition entre firmes seront modifiées, les firmes doivent donc organiser une connivence avec ses filiales étrangères. Ce qui implique une organisation interne entre filiales en réseau d'échange international fondé sur une volonté de modifier à son avantage les conditions de la concurrence internationale au sein des grands oligopoles18.

En effet, pour que l'investissement à l'étranger soit possible et rentable, la firme doit posséder un avantage spécifique sur ses concurrents locaux, et cet avantage trouve sa source dans les imperfections du marché dont Charles Kindelberger en 1971 distingue trois firmes ayant des activités dans le monde en fonction de leurs relations avec les pays dans lesquels elles opèrent, ceci en suivant une classification des entreprises selon qu'elles soient multinationales, transnationales, internationales ou mondiales19:

- les firmes nationales: ce sont des firmes citoyennes produisant à l'étranger;

- les sociétés internationales: ce sont des entreprises qui prennent des décisions avec pour seule finalité le profit, sans se référer aux législations et politiques du pays où elles opèrent;

- les firmes multinationales: ce sont des firmes qui produisent à l'étranger suivant la législation des pays dans lesquels elles opèrent.

En 1979, Vernon a défini une firme multinationale comme une entreprise de taille ayant des filiales industrielles dans au moins six pays. Plus tard, en 1982 Caves considère qu'une multinationale contrôle et gère une production à l'étranger dans au moins deux pays20. Les organisations comme l'organisation internationale du travail (OIT) ou l'organisation pour la coopération et le développement économique (OCDE), définissent la FMN comme une entreprise ou d'autres entités établies dans plusieurs pays et liées de telle façon qu'elles peuvent coordonner leurs activités de diverses manières. Une ou plusieurs de ces entités

17 BAYE Maurice. (1987), Relations économiques internationales, 5éme Edition, Ed DALLOZ, p. 694. Cité par GRAICHE Lynda. (2012), op. Cit., p.12.

18MUCHIELLI Jean louis. (1998), Multinationales et mondialisation, Paris, Ed DU SEUIL, pp. 17-18. Cité par GRAICHE Lynda. (2012), op. Cit., p. 13.

19 RAINELLI Michel. (1979), La multinationalisation des firmes, Paris, Ed ECONOMICA, p. 11. Cité par GRAICHE Lynda. (2012), op. Cit., p. 15.

20 ISABELLE Martinez. (2011), op. Cit., pp. 3-5.

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peuvent être en mesure d'exercer une grande influence sur les activités des autres, mais leur degré d'autonomie au sein de l'entreprise peut être très variable d'une multinationale à l'autre. Leur actionnariat peut être privé, public ou mixte21. La définition de l'OIT se lit comme suit: les entreprises multinationales comprennent des entreprises, que leur capital soit public, mixte ou privé, qui possèdent ou contrôlent la production, la distribution, les services et autres moyens en dehors du pays où elles ont leur siège. Le degré d'autonomie de chaque entité par rapport aux autres au sein des entreprises multinationales est très variable d'une entreprise à l'autre, selon la nature des liens qui unissent ces entités et leur domaine d'activité et compte tenu de la grande diversité en matière de forme de propriété, d'envergure, de nature des activités des entreprises en question et des lieux où elles opèrent.

On peut définir la multinationalisation des entreprises comme une facette de leur internationalisation, c'est-à dire de l'élargissement de leur champ d'activité au-delà du territoire national. Elle s'effectue d'abord par des IDE (investissements directs à l'étranger), qui consistent à la création ou l'achat de sociétés à l'étranger qui deviennent des filiales de la firme ainsi multinationalisée, dès lors que leur capital est détenu majoritairement par la FMN. Il peut aussi s'agir de création d'une joint-venture, c'est-à-dire d'une filiale commune à deux entreprises de deux nationalités distinctes. Parfois l'IDE amène l'entreprise initiatrice à transférer son activité de production du pays d'origine vers un autre pays. On parle alors de délocalisation. Mais la multinationalisation se réalise aussi par la mise en place de « réseaux d'alliance » entre une ou plusieurs entreprises « centre névralgique » et un ensemble d'entreprises liées à celle(s)-ci par des contrats (sous-traitance, franchise, partenariat, coopération...)22. Apres avoir donné la définition opérationnelle de la FMN, il convient de comprendre sa raison d'être. En effet, pour investir à l'étranger, une entreprise est dans l'obligation de déployer d'importants efforts, aussi bien financiers qu'humains. A ce niveau, les FMN élaborent les plans à l'échelle mondiale dans le but d'optimiser les avantages liés à leur mobilité, à la diversité des pays potentiels à l'implantation.

1-2: Les théories de la firme multinationale (FMN)

Depuis la mondialisation, les firmes multinationales prennent de plus en plus d'importance et elles sont devenues un élément primordial de la stratégie d'internationalisation des sociétés transnationales. Des chercheurs comme Caves (1971),

21Michèle RIOUX. (2012), Théories des firmes multinationales et des réseaux économiques transnationaux, CEIM, pp.

6-10.

22 Idem

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Dudas (2007), Vernon (1966) ont déjà proposé des réponses à cette question. Les différentes réponses traduisent les théories expliquant l'investissement étranger. Ces théories sont basées sur différentes approches selon les éléments qui concourent à la réalisation de l'IDE23. Lors des premières manifestations de l'internationalisation des firmes domestiques, la théorie du commerce international n'était pas en mesure de reconnaître et d'analyser la firme. Pour elle, le marché est constitué d'individus qui échangent librement et la concurrence, principe organisateur des échanges, neutralise toutes stratégies ou tout exercice de pouvoir de la part des agents économiques. La firme n'existe donc pas comme acteur structurant de l'évolution du capitalisme.

L'un des premiers auteurs à s'attaquer à ce problème fut Vernon avec sa théorie de l'échange international intégrant commerce et IDE (Vernon, 1966)24. Au moment où Vernon construit son modèle, c'est-à-dire dans les années 1960, les FMN sont principalement des firmes américaines qui investissent massivement en Europe. Selon sa théorie, les FMN américaines détiennent alors un avantage absolu vis-à-vis des firmes étrangères, ce qui explique, à la fois, l'accumulation des excédents commerciaux des États-Unis vis-à-vis de l'Europe et le développement des flux d'IDE des États-Unis vers l'Europe. Le modèle de Vernon admet donc l'existence de différentes fonctions de production entre les entreprises en fonction de leur origine nationale. La théorie de Vernon (le modèle du cycle du produit) s'articule autour de deux concepts: au niveau microéconomique, le cycle du produit, et, au niveau macroéconomique, l'écart technologique entre les nations. L'idée était de remplacer l'exportation par la licence et plus tard, par les IDE lorsque la demande à l'étranger se développe et que la standardisation de la production le permet, c'est ainsi qu'à la fin du cycle, un pays exportateur à l'origine peut devenir importateur. L'intérêt de cette théorie est d'intégrer l'investissement international et de spécifier les facteurs de localisation qui influencent les avantages des entreprises sur le plan commercial et des IDE.

Il faudra attendre les années 1990 pour voir réapparaître un intérêt pour les variables de localisation et pour le rôle des États. C'est Hymer, un économiste d'origine canadienne, qui a probablement eu le plus d'influence et d'importance dans les efforts de développer une théorie des FMN. C'est lui qui fut le premier à mettre l'accent sur les avantages spécifiques des entreprises et à noter les avantages « O » pour les oligopolistiques. Sa théorie explique les causes de l'IDE par les imperfections du marché. Pour surmonter ces imperfections, les entreprises utilisent des IDE afin de contrôler la production de leurs produits à l'étranger. Le

23 Fode Sire DIABY. (2014), op. Cit., p. 28. 24Michèle RIOUX. (2012), op. Cit., pp. 9-11.

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contrôle de la production permet ensuite de gagner en compétitivité face aux entreprises locales et ainsi acquérir le monopole. La théorie de la concurrence monopolistique de Hymer soutient que l'IDE est le résultat des imperfections du marché, car les investisseurs étrangers ont un avantage spécifique (ou avantage monopolistique) que les entreprises locales n'ont pas. Les imperfections du marché peuvent générer des avantages spécifiques aux STN à travers la diversité des produits (image de marque, techniques de commercialisations, etc.), l'accès aux marchés de capitaux, l'exploitation d'économie d'échelle, la détention d'une technologie et les politiques interventionnistes des gouvernements. Par contre, la théorie de Hymer n'explique pas pourquoi les entreprises doivent investir à l'étranger plutôt que d'exporter25.

En effet, pour certains auteurs tels que (Dunning et Rugman, 1985), les imperfections de marché ne sont pas liées à l'existence de barrières à l'entrée et aux structures de marché, elles sont, dans la perspective de l'internalisation, essentiellement naturelles. Il existe des obstacles à la performance des marchés internationaux et par conséquent des coûts de transaction transfrontalière, ce qui fait que les firmes ont intérêt à internaliser les activités transfrontalières. En général, les auteurs de ce courant accordent peu d'importance aux avantages oligopolistiques et si certains d'entre eux, notamment Buckley (1992), admettront que les FMN sont capables de créer et d'exploiter les imperfections de marché, règle générale, les hiérarchies institutionnelles prenant la place du marché sont déterminées par des facteurs externes aux entreprises.

Néanmoins, ces théories n'ont pas pu expliquer la présence de petites et moyennes entreprises (notamment japonaises) sur le marché international des IDE. Pour expliquer alors cette particularité, le professeur Kojima (1975) de l'université Hitotsubashi (Japon) évoque la théorie des avantages comparatifs selon laquelle les IDE sortants sont entrepris de façon séquentielle dans les pays les plus avancés industriellement vers les pays les moins avancés. Selon cette dernière théorie, nous pouvons classifier les raisons des IDE sortants en quatre groupes d'orientation: les IDE orientés vers la recherche des matières premières, les IDE à la recherche du travail à bas coûts, les IDE à la recherche de marché et ceux à la recherche de la production et la distribution internationale26.

25 Fode Sire DIABY. (2014), op. Cit., p. 30. 26Idem

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Paragraphe 2 : Les déterminants de l'implantation de la firme multinationale (FMN) dans un pays étranger

Il existe deux principales théories qui ont expliqué les déterminants de l'implantation des firmes: la théorie d'internalisation qui introduit la notion de l'avantage que crée le contrôle d'un marché étranger à partir de l'implantation de filiales et la théorie de Dunning basée sur la détection des avantages que détiennent les firmes. La décision de l'implantation à l'étranger et la forme qu'elle prend répondent principalement à une logique microéconomique propre à chaque entreprise. Dans ce cadre, un territoire peut se montrer attractif pour certaines activités et non pour d'autres. Cela explique l'existence de flux d'IDE. Par contre, le choix du mode et du pays de l'implantation sera fonction de la combinaison des avantages de la firme et de la zone d'accueil (accès aux ressources naturelles, coût et qualification de la main-d'oeuvre, incitations fiscales, accès préférentiel à certains marchés étrangers, etc.). Par ailleurs, d'autres déterminants plus actuels entrent en ligne de compte dans le choix stratégique de l'implantation des firmes, notamment, le critère de la globalisation, qui explique comment les stratégies des firmes peuvent évoluer. C'est dans cette optique que sont exposés ci-après, d'abord les apports de la théorie des coûts de transaction (2-1) et ensuite les déterminants de l'implantation selon la théorie de Dunning (2-2).

2-1: Les apports de la théorie des coûts de transaction

La théorie des coûts de transactions a donné des explications plus claires aux éventuelles décisions des firmes à s'implanter à l'étranger. Selon O.E. Williamson, le marché est caractérisé par la rationalité limitée des agents et de contrats incomplets, d'incertitude, de la complexité des situations, de la loi du petit nombre, de l'asymétrie de l'information, de la spécificité des actifs et de la gestion des contrats qui peuvent conduire les dirigeants à vouloir réduire les imperfections de marchés en optant pour une meilleure organisation de la transaction27. En effet, les contraintes d'internalisation peuvent être sources de plusieurs coûts de transactions tels que28:

- l'absence de contrat entre acheteur et vendeur: cela peut induire la firme à des coûts d'annonce et de recherche;

- la méconnaissance du produit par l'acheteur: le coût est lié à une perte due à l'achat d'un produit qui ne correspond pas à ce que l'acheteur voulait au départ, ou que les

27KOENIG Gilbert. (1998), Les théories de la firme, Paris, 2e édition, Ed ECONOMICA, pp. 58-70. 28GRAICHE Lynda. (2012), op. Cit, pp. 67-68.

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acheteurs ne savent pas utiliser, la perte peut aussi s'agir d'une éventuelle revente du produit;

- le désaccord sur le prix de vente: il peut surgir dans le cas de méconnaissance de technologie dont le produit est composé des marchés, cela se transforme en coûts de négociation du produit auxquels la firme doit faire face;

- les autres coûts: ils sont relatifs aux défauts de qualité des produits qui engendrent un coût lié à son utilisation ou de sa réparation, les risques de transport tels que les chocs que subissent les produits impliquant aussi la réparation, de refus du produit et de la demande de son remboursement. Les coûts de transaction liés aux difficultés juridiques, cela entraîne des coûts dus aux recours et aux frais de justice.

Ces différents obstacles conduiraient à faire une internalisation par la création de plusieurs filiales afin de contrôler l'internationalisation des coûts de transaction par l'investissement direct étranger ou par l'implantation29. L'internalisation est un moyen pour la firme de lutter contre l'imperfection des marchés et peut aussi être source de création d'autres imperfections à son profit, de plus, l'internationalisation permet à la firme d'assurer ses approvisionnements à une qualité souhaitée, de sauvegarder et de renforcer l'avantage spécifique de la firme à l'échelle mondiale. Le marché interne permet à la firme de ne pas perdre sa technologie sur le marché libre et accroît le pouvoir de négociation face aux agents économiques en particulier de fructifier ses brevets et licences, en négocier la cession et d'effectuer des échanges croisés30. En effet, le modèle de l'internalisation n'explique pas les raisons qui poussent les firmes à s'implanter à l'extérieur de leurs pays d'origine.

2-2: Les déterminants de l'implantation selon la théorie de Dunning

L'une des premières tentatives de recensement des diverses combinaisons d'avantages qui conduisent une entreprise à s'implanter à l'étranger et à choisir une nation particulière comme lieu de l'implantation est l'oeuvre de Dunning (1950) connue sous le nom de la théorie éclectique31. Cette théorie, connue également sous le nom de paradigme OLI (Ownership, Localisation, Internalisation), suggère la présence de trois avantages :

- l'avantage spécifique représente l'avantage exclusif que peut avoir la firme multinationale vis-à-vis des firmes locales du pays d'accueil. Il consiste en la maîtrise d'un produit nouveau, d'un nouveau processus de production ou d'un actif intangible comme la réputation de la qualité du produit ;

29 MUCCHELLI J. L. (2005), Les relations économiques internationales, Paris, 4e édition, Ed HACHETTE, p. 82.

30 CHESNAIS François. (1997), Le capitalisme mondial, Paris, Ed SYROS, pp. 100-110.

31 MUCCHELLI J.L. (1998), Multinationales et mondialisation, Paris, Editions du Seuil, pp. 76-86.

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- l'avantage de localisation est généralement lié aux caractéristiques du pays hôte. En effet, en produisant à l'étranger, la firme peut éviter les barrières naturelles ou artificielles à l'échange comme les droits de douane, les quotas à l'exportation ou l'importation, les coûts de transports, etc. Elle peut aussi bénéficier d'un accès préférentiel à d'autres marchés, dont bénéficie le pays hôte. Cet avantage peut être lié à l'allocation spatiale des ressources naturelles entre les pays ;

- et enfin, la firme multinationale dispose d'un avantage d'internalisation car en présence des deux précédents, il n'est pas toujours profitable d'installer une nouvelle filiale à l'étranger. Si la firme envisage d'accorder une licence de production à une firme locale, elle sera confrontée à deux principales difficultés: d'une part, elle n'est pas incitée à révéler la totalité de son processus ou de sa technologie de production du fait que la firme à laquelle elle concède la licence peut rejeter le contrat, copier la technologie à moindre coût et devenir une concurrente de la multinationale. D'autre part, il existe un problème d'asymétrie d'information entre la multinationale et le licencié, lié au fait que tout accord doit comporter des incitations à maintenir la réputation sur la qualité ou la marque du produit pour ceux à qui on concède la licence. Ces difficultés créent une incitation à internaliser les transactions au moyen de l'implantation directe, donc à l'apparition des flux d'IDE.

En se basant sur le paradigme OUI, Dunning examine les motivations et analyse les déterminants de l'IDE à partir d'une approche d'équilibre partiel de la firme multinationale. D'une part, il discute les facteurs spécifiques internes à la firme (modèles microéconomiques) qui expliquent la décision de produire à l'étranger plutôt que d'exporter ou d'accorder des licences, c'est-à-dire qui expliquent le choix du mode d'accès à un marché étranger; il s'agit essentiellement de facteurs comme la présence d'actifs intangibles spécifiques à la firme tels que la technologie de production ou des savoir-faire managériaux. D'autre part, il examine les facteurs externes (c'est-à-dire les facteurs macroéconomiques exogènes) qui expliquent le choix de la localisation et les flux d'entrée d'IDE dans une économie particulière. Ces facteurs sont représentés essentiellement par les effets liés à la volatilité des taux de change, la taxation (ou la fiscalité), la qualité des institutions (incluant des facteurs comme la corruption, la propriété intellectuelle, le développement des infrastructures, etc.) et par la protection et la libéralisation commerciale 32 . Les déterminants de l'implantation sont nombreux et l'avènement de la mondialisation a encore apporté un lot de nouveaux déterminants qui ne

32 DRISS Slim. (2007), L'attractivité des investissements directs étrangers industriels en Tunisie, article, Revue région et développement, pp. 141-142.

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remettent pas en cause ceux cités par Dunning. Dans la section qui suit nous allons aborder les formes et organisations de la firme multinationale (FMN).

Section II : Les formes et organisations de la firme multinationale (FMN)

Dans le processus de l'internationalisation, les FMN, en fonction de leur objectif ultime qui est la maximisation des profits, déploient plusieurs stratégies d'implantation sur le marché étranger à travers la délocalisation de leurs activités. Ce processus d'internationalisation favorise l'homogénéisation des techniques de production et de management, des modèles de consommation, bref, concourt à la propagation spatiale du mode de production capitaliste à l'échelle mondiale. La décision de l'implantation à l'étranger mérite une réflexion préalable de la part de firme multinationale. Elle nécessite un examen sur les formes et organisations de la firme.

Dans cette section nous allons montrer les facteurs qui influent sur les stratégies de l'implantation des FMN, à travers une étude sur les formes d'implantation de la FMN (paragraphe 1) d'une part ; et d'autre part sur les organisations de la firme (paragraphe 2).

Paragraphe 1 : Les formes d'implantation de la firme multinationale (FMN)

L'expansion commerciale d'une FMN s'intéresse à la demande intérieure ou domestique. Son objectif est de rechercher un pays d'implantation en vue d'une production pour le marché national ou local, elle est aussi appelée la stratégie du marché. Elle implique l'implantation de la filiale-relais, qui sert de pont vers les marchés étrangers difficiles d'accès à cause de certains paramètres tels que les barrières protectionnistes, des coûts de transport, et l'intensité de la concurrence, qui sont donc substitués par des opérations d'exportation ou d'implantation directe d'unités de productions sur un marché étranger 33. Ainsi, l'économiste Michalet distingue trois formes de FMN correspondant à trois types de stratégies (pouvant être associés) :

- les stratégies d'approvisionnement correspondent aux FMN primaires, qui sont des firmes disposant d'unités de production de matières premières, des produits agricoles..., pour répondre aux besoins des industries de transformation ;

- les stratégies de marché sont le fait de FMN disposant de filiales-relais. Une filiale-relais est une filiale implantée dans un pays pour y accroître les ventes en se rapprochant des clients. C'est par exemple le cas pour les entreprises productrices de

33 GRAICHE Lynda. (2012), op. Cit., p. 61.

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biens durables. C'est aussi le cas de nombreuses FMN de services qui constituent aujourd'hui la part la plus importante des investissements à l'étranger provenant des pays développés. Il s'agit de banques, de compagnies d'assurances, d'institutions financières, de sociétés de commerce, d'agence de publicité, de compagnies de télécommunication, etc. ;

- et enfin, les FMN développent des stratégies de rationalisation en créant des filiales-ateliers. Une filiale-atelier est une filiale implantée dans un pays (notamment un pays à bas salaires) pour y produire à des coûts plus bas que dans le pays d'origine et non pas pour conquérir un nouveau marché.

Par contre, il existe également d'autres formes d'implantation, celles-ci sont cependant choisies suivant un arbitrage entre les ressources et la capacité de la firme à s'accroître, suivant un processus d'internationalisation selon la taille d'une entreprise à chaque stade de son développement. L'expansion sur des marchés étrangers peut prendre plusieurs formes : exportation directe à partir de sa base nationale, implantation d'une filiale de commercialisation, possession d'une unité de production (par création ou par rachat d'une entreprise locale), concession d'une licence de production à une firme étrangère ou bien formation d'une joint-venture avec une firme alternative est fonction de plusieurs variables relatives non seulement à la stratégie de la firme mais aussi aux caractéristiques du pays hôte (degré de maturité du produit, structure et organisation du marché étranger, barrières à l'échange, etc.) 34 . C'est pourquoi, nous allons aborder dans ce paragraphe les formes d'implantation les plus répandues au monde qui sont : l'exportation indirecte (1-1) d'une part et l'implantation par association (1-2) d'autre part.

1-1: L'exportation indirecte

L'exportation indirecte est l'action par laquelle une entreprise vend des produits sur un marché étranger, sans avoir le contrôle sur le marché de destination, la firme fait référence à la connaissance et l'expérience d'un intermédiaire commercial, pour bénéficier d'une structure de réseau de distribution mise en place par ce dernier. L'exportation indirecte est choisie lorsqu'une entité contourne les difficultés liées à une exportation directe, ceci pour plusieurs raisons35 :

- surmonter les barrières entre elle et les clients étrangers, comme la langue, l'instabilité économique, le recouvrement des créances des particuliers ;

34DRISS Slim. (2007), op. Cit., pp. 140-141. 35GRAICHE Lynda. (2012) op. Cit., pp. 80-81.

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- partager les coûts et les risques liés à l'acheminement des produits aux clients ;

- pallier aux conséquences du manque des connaissances de la clientèle, du marché et de la concurrence ;

- faciliter les mécanismes d'adaptation des produits.

1-2: L'implantation par association

Dans le cadre de l'implantation par association, les partenaires ne disposent pas des fonds propres dans un bilan, leur autonomie par rapport aux maisons-mères est donc faible. Ce type d'alliance permet de mettre souvent en commun des moyens (équipement de R&D, ligne de production, réseaux de distribution). La coopération reste limitée dans le temps comme dans le projet. Dans le cas d'espèce, on distingue trois types de stratégies : la licence internationale, la franchise internationale et la joint-venture :

- la licence internationale: le contrat de licence est un droit de propriété qu'une firme cède à une autre entité dans le but d'exploiter un procédé de fabrication, d'un brevet de fabrication ou d'un contrat temporaire permettant l'utilisation d'une marque sur un territoire défini (la licence de marque)36 ;

- la franchise internationale: elle est un contrat entre une entreprise (franchiseur) qui concède un droit d'usage et d'exploitation d'une marque, d'une enseigne, d'une raison sociale, d'un nom commercial ou d'un signe, un symbole, un logo, une expérience, un savoir-faire, un ensemble de produits et/ou de technologies à un ou à plusieurs entreprises (franchisées). Cette technique industrielle est appliquée spécialement dans des secteurs de distribution et met en jeux deux partenaires (le franchisé et le franchiseur) qui fonctionnent en réseau37 ;

- la joint-venture : on entend par joint-venture, la création d'une filiale commune nommée co-entreprise industrielle ou commerciale en utilisant les compétences locales. Cette co-entreprise est mise en oeuvre par au moins deux partenaires différents et ayant un objectif en commun. Cette démarche est fondée sur un contrat suivant une réglementation locale. Les partenaires doivent s'entendre sur le statut juridique de

36 MEIER Olivier. (2005), Entreprises multinationales, Paris, Ed DUNOD, p. 96. Cité par GRAICHE Lynda. (2012) op. Cit., p. 91.

37 BUSSEAU Annick. (1994), Stratégies et techniques du commerce international, Ed Masson, Issy les Moulineaux, p. 129. Cité par GRAICHE Lynda. (2012) op. Cit., pp. 93-94.

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l'entité, du degré de participation qui sera en fonction à la fois de la réglementation qui fait limiter la participation étrangère à 49%38.

Paragraphe 2 : Les organisations de la firme multinationale (FMN)

La FMN constitue un objet de recherche privilégié en sciences de gestion depuis les années 1970 car cette forme d'organisation est de plus en plus répandue. Les modes de gestion des FMN présentent des spécificités et des enjeux importants39. La FMN par son développement et son expansion comme modèle d'entreprise suscite beaucoup d'intérêt, d'autant plus qu'elle soulève de nombreuses problématiques organisationnelles. Il est utile de préciser que certaines approches théoriques et pratiques sont rattachées à ce mouvement, mais rares sont celles qui s'intéressent à l'organisation des multinationales. Les auteurs en théorie des organisations ont étudié les structures des entreprises et leur efficacité avec des perspectives différentes reflétant l'évolution des idées sur le fonctionnement des organisations40. En effet, l'organisation est un outil incontestable dans la réalisation des objectifs des FMN. Elle représente l'une des caractéristiques du fonctionnement des FMN dans la mesure où elle forme le support de leur stratégie de localisation. Il est important de connaître la structure organisationnelle de la FMN pour pouvoir faire la distinction avec les entreprises qui opèrent sur les marchés nationaux. La structure organisationnelle est l'expression des relations de pouvoir, des processus de décision et de contrôle dans l'espace réglementé qui est l'organisation. Elle est une indication des orientations retenues par la maison-mère pour son développement. La direction générale a pour tâche, le choix pertinent d'une structure adéquate à ses activités dans le monde afin de pouvoir les mener à bien41.

Par conséquent, la structure organisationnelle est devenue une stratégie à part entière, elle permet à la firme de faire face à un environnement mouvant, qui transforme les processus de multinationalisation qui induisent des changements organisationnels. En effet, la gestion des structures organisationnelles permet à la FMN de ne pas subir d'éventuelles modifications qui entraineraient de retard dans le système de gestion des activités internationales, ce qui engendrerait des coûts liés au temps d'exécution des stratégies42. Cependant, pour comprendre la structure organisationnelle (SO) de la FMN, il est important dans un premier temps de

38 BUSSEAU Annick. (1994), op. Cit., p.130. Cité par GRAICHE Lynda. (2012) op. Cit., p. 97.

39Athmane EL MOUDEN. (2007), L'impact de l'évolution des structures organisationnelles des FMN sur leur stratégie de localisation et leur système de contrôle, thèse de doctorat en sciences de gestion, Institut d'administration des entreprises, Université Limoges, France, pp. 5-10.

40 Idem

41 Manuel de la balance de paiement, 5ème Edition, Fond monétaire international, Washington, 1993.

42 DE BRUEKER Roland. (1995), Les stratégies organisationnelles, Paris, Ed ECONOMICA, pp, 10-12.

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définir la complexité structurelle de l'organisation de la FMN (2-1) et dans un second temps d'analyser les principaux types de structures organisationnelles de la FMN (2-2).

2-1: La complexité structurelle de l'organisation de la firme multinationale (FMN)

Quelle que soit la définition retenue de la firme multinationale, les auteurs soulignent systématiquement ses difficultés de gestion et sa grande complexité. Les difficultés de gestion sont inhérentes aux choix d'organisation et de management synthétisé. Ainsi, Galbraith et Kazanjian (1986) 43 mettent en valeur les interrelations qui existent entre les éléments représentant les principaux pôles organisationnels. Ceux-ci sont positionnés par rapport au marché et ses impératifs (stratégie et performance). La complexité intrinsèque de la FMN est liée à la fois aux problématiques de structure et de stratégie, mais aussi aux difficultés induites par la gestion de filiales de nationalités diverses. La FMN se distingue par son caractère multidimensionnel, qui s'exprime par ses multiples activités couvrant différents espaces géographiques, la répartition des activités dans plusieurs pays présente des complexités structurelles qui s'expliquent plus aisément par deux caractéristiques principales de la FMN qui sont la diversité et l'hétérogénéité :

- la diversité constitue une source d'avantage concurrentiel, elle peut être une diversité des ressources et/ou des produits variés (cas des firmes multi-produits), ou bien une diversité des marchés en distribuant ou en produisant un même produit ou service dans plusieurs pays ; par ailleurs, la diversité présente des complexités structurelles, dans ce cas, la FMN a pour tâche de coordonner les filiales représentatives de la diversité des marchés et des ressources du groupe ;

- l'hétérogénéité de la FMN est due aux éventuelles divergences entre l'ensemble des filiales, par conséquent, ces dernières doivent être différenciées en termes de complexité environnementale et de leurs niveaux des ressources locales d'intégration44.

La complexité de la firme réside dans la complexité environnementale dans laquelle elle agit, mais aussi dans la variété interne de cette structure et dans les relations entre ces entités. Les deux facteurs de complexité (diversité et hétérogénéité) sont proches et complémentaires, en ce sens que, la multidimensionalité de la FMN engendre le plus souvent une diversité de

43 Galbraith J.R., Kazanjian R.K. (1986), Organizing to implement strategies of diversity and globalization

: The role of matrix designs, Human Resource Management, spring, n°1, pp.37-54. Cité par EL MOUDEN Athmane. (2007), op. Cit., pp, 30-35.

44 ELMOUDEN Athmane. (2007), op. Cit., pp, 9-14.

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filiales et une hétérogénéité des rôles de celles-ci45. Selon les théories de la firme, la structure organisationnelle d'une entreprise est formée d'agents et d'organes liés les uns aux autres par des relations qui traduisent une hiérarchie et qui permettent la coordination de l'activité, la diffusion des informations et les prises de décision. Elle peut différer d'une firme à l'autre et elle évolue au cours de l'existence de l'entreprise en fonction de facteurs, comme la taille et les conditions du marché.

2-2: Les typologies structurelles de l'organisation de la firme multinationale (FMN)

Il existe différents types de structures, la FMN se doit donc d'adopter une structure en adéquation avec son histoire et ses développements à venir, plutôt que de chercher à mettre en place une structure répondant aux besoins multiples des environnements des filiales. Les structures organisationnelles les mieux adaptées de la FMN sont au nombre de trois et elles ont des caractéristiques distinctes où chaque structure correspond à un niveau particulier de son développement. On distingue entre autres: la structure fonctionnelle, la structure divisionnaire et la structure multinationale.

? La structure fonctionnelle

Elle repose sur le principe de la division par fonction, de l'autorité, de la pluralité de commandement et de l'unité de spécialité (tout salarié dépend de plusieurs chefs, chacun n'ayant autorité que dans son domaine propre). On doit l'apparition de la structure fonctionnelle aux entreprises industrielles, elle consiste à diviser les activités par fonctions spécialisées (marketing, production, R&D, vente, ressources humaines, finances). A travers ce type de structure, l'entreprise recherche une rationalisation des ressources et une coordination des activités fonctionnelles qui se caractérisent par une stratégie mono-produit pour une multitude de marché ; par contre, elle présente un inconvénient lié au nombre de décisions complexes qui sont prises par un petit nombre des responsables46.

45 GRAICHE Lynda. (2012), op. Cit., pp. 18-19.

46 GUILLAUME Franck, RAMIREZ Rafael. (2003), Les meilleurs pratiques des multinationales, Ed d'Organisation, p. 20.

Figure 1 : La structure fonctionnelle

Directeur
Général

Achats

Conception

Production

Ventes

Comptabilité

23

Source : Don Hellrirgrl et John W. Slocum. (2006), Management des organisations, Bruxelles, 2e édition, Ed. DE BOECK Université, p. 513.

? La structure divisionnaire :

Elle s'impose lorsque la structure fonctionnelle ne s'adapte plus à la stratégie de diversification des produits et des marchés de la firme. Les causes de cette diversification sont:

- éviter les risques de la monoproduction ;

- assurer la vie de l'organisation après que le produit principal ait achevé son cycle de vie ;

- vendre à l'extérieur des produits annexes liés à la production intégrée ou à des facilités de production à certaines périodes47.

La structure divisionnaire serait, dans ces conditions, la structure adéquate dans la mesure où « elle est constituée par des divisions opérationnelles indépendantes, responsables de toutes les fonctions de la firme sur les segments produits-marchés qui leur sont alloués » (H. De Bodinat) 48 . L'organisation par produit ou structure divisionnaire (structure de troisième stade d'après Stopford), dans laquelle la division des tâches à l'intérieur de la firme se réalise selon le critère du produit de marché ; chaque unité est alors responsable de la production et de la vente du bien considéré.

47 Stopford et Wells. (1972), Managing the Multinational Enterprise, Basic Books, N.Cité par ELMOUDEN Athmane. (2007), op. Cit., pp. 42-43.

48 H. DE BODINAT et collaborateurs, « Gestion internationale de l'entreprise ». Cité par ELMOUDEN Athmane. (2007), op. Cit., pp. 43-45.

Figure 2 : La structure divisionnaire

PDG

Equipe fonctionnelle

Marketing

Finance

Production

DG / Produit

A

DG / Produit

B

Marketing

Finance

Production

24

Source : ELMOUDEN Athmane. (2007), op. Cit., p. 43.

? La structure multinationale :

Enfin, la structure multinationale semble être la mieux adaptée aux FMN, elle tente de maintenir une coordination entre produits, fonctions et zones géographiques. Il est particulièrement difficile de répondre à la nécessité d'assurer une coordination étendue entre ces trois pôles, dans la mesure où les divisions opérationnelles sont séparées par la distance et le temps. Une complication supplémentaire tient au fait que, fréquemment, les dirigeants d'entreprise sont séparés par la culture et la langue. Mais cette structure comporte certains avantages tels que :

- la présence et l'importance croissantes de concurrents et de clients mondiaux ;

- la mondialisation grandissante de la demande de produits sur le marché ;

- les nouvelles technologies de l'information ;

- et les usines efficaces, pouvant fabriquer des produits pour une clientèle du monde entier49.

En outre, les gouvernements nationaux et les marchés locaux peuvent exercer de fortes pressions, qui obligent fréquemment les FMN à commercialiser des lignes de produit complètes dans tous les principaux pays desservis. Toutefois, les compagnies peuvent ne pas bénéficier d'ouvertures commerciales, sauf si elles en négocient les conditions avec les pays hôtes.

Figure 3 : Options fondamentales pour une structure multinationale

Fonctions Fonctions

Implantation géographique

Ligne de Production

Marketing Fabrication Manufacturière Ressources Humaines Autre

25

Structure nationale Matrice Structure mondiale

ou régionale par produit
Sensibilité du pays Intégration mondiale

Adaptation au pays Produits mondiaux

Concurrents nationaux Concurrents mondiaux

Fabrication industrielle nationale Usines mondiales

Client national Clients mondiaux

Source : Hellriegel Don, Slocum John W. (2006), op. Cit., p. 522.

49 HELLRIEGEL Don, SLOCUM John W. (2006), Management des organisations, Bruxelles, 2e édition, Ed. DE BOECK Université, pp. 520- 525.

26

Après avoir présenté dans ce premier chapitre l'aperçu général sur la FMN, nous allons voir dans le chapitre suivant les stratégies d'implantation des FMN chinoises au Tchad.

27

CHAPITRE II : LES STRATEGIES D'IMPLANTATION DES FIRMES MULTINATIONALES (FMN) CHINOISES AU TCHAD

Depuis une dizaine d'années, les relations sino-africaines ont connu un développement considérable. L'Afrique est devenue pour la Chine un continent rempli d'autant d'opportunités que de difficultés50.

L'objectif du présent chapitre consiste donc à rendre compte des stratégies déployées par les FMN chinoises en Afrique et plus particulièrement au Tchad. Avant d'aborder en détail la question des stratégies d'implantation des FMN chinoises au Tchad, il paraît opportun de s'interroger sur les raisons d'implantation des FMN chinoises en Afrique avec un accent particulier pour le Tchad. Cependant, un bref rappel sur les raisons d'implantation de ces firmes nous permettra de mener à bien ce travail. C'est pourquoi, nous allons aborder dans un premier temps le fondement de la politique chinoise au Tchad (section1) puis dans un second temps les modes et les stratégies mis en place par la Chine pour accompagner ses entreprises à investir (section2).

Section 1 : Le fondement de la politique chinoise au Tchad

C'est à partir des années 1980 que la Chine a fait son retour sur le continent africain après près d'une décennie d'absence. Pour la Chine, première puissance émergente au monde sans passé colonial en Afrique, il s'agit de consolider les retrouvailles autour de principes fondateurs qui tirent leurs légitimités de l'histoire commune partagée. Comme le rappelle l'ancien président chinois Hu Jintao : « l'amitié sino-africaine plonge ses racines dans la profondeur des âges et ne cesse de s'approfondir au fil des ans »51. Cette légitimité historique représente le moyen idéal pour asseoir la légitimité idéologique. Cette dernière est le fruit de la présence incontournable de la Chine à côté de l'Afrique, comme porte drapeau du non alignement, au moment des luttes d'influence de la guerre froide.

En novembre 2006, lors de la troisième conférence ministérielle du Forum sur la coopération sino-africaine regroupant 48 pays africains, un plan d'action de 2007 à 2009 a été adopté incluant les mesures à prendre par les bilatéraux52. Dès le 12 janvier 2007, la Chine qui semblait être très intéressée par le pétrole tchadien, a racheté par l'entremise de la China

50HELLENDORFF Bruno, La Chine en Afrique : néocolonialisme ou nouvel axe coopération sud-sud ? Note d'Analyse du GRIP, 13 décembre 2010, Bruxelles, p. 6.

51Discours du Président chinois Hu Jintao à la cérémonie d'ouverture du Forum de Coopération sino-africaine, 4 nombre 2006. Cité par Fode Sire DIABY. (2014), op. Cit., p.68.

52 Pour plus de précision voir FOCAC (2006).

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National Petroleum Corporation (CNPC) l'ensemble des permis d'exploration pétrolière de la société canadienne ENCANA. Ce permis couvre une superficie d'environ 220 000 km2 et englobe les bassins ci-après : le bassin des Erdis, une partie du bassin du Lac Tchad, le bassin de Madiago, le bassin de Bongor, le bassin à l'Ouest de Moundou, le bassin de Pala à la frontière du Cameroun, une partie du bassin à la frontière de la République Centrafricaine et tout le bassin du Salamat53. Pour mieux appréhender les raisons d'implantation des FMN chinoises, il est nécessaire d'aborder d'une part les causes d'implantation des FMN chinoises au Tchad (paragraphe1) et d'autre part, la diplomatie tchado-chinoise au coeur de la mondialisation (paragraphe2).

Paragraphe 1 : Les causes d'implantation des firmes multinationales (FMN) chinoises au Tchad

La présence chinoise en Afrique s'est développée dans les années 1990, par la volonté de Pékin de sécuriser ses approvisionnements en matières premières. C'est à partir de 1999, lors de la réunion inter-agences à Pékin qu'une stratégie a été mise en place pour renforcer et diversifier une présence croissante des entreprises chinoises sur le continent africain présentant des opportunités adaptées aux besoins et savoir-faire chinois. Les pays africains dans lesquels les intérêts et investissements chinois sont les plus importants soulignent des avantages comparatifs dont bénéficie Pékin pour élargir son développement international: c'est-à-dire la possibilité pour le gouvernement chinois de servir d'appui diplomatique, militaire, ou encore économique à des régimes africains dénoncés sur la scène internationale à cause des conflits internes ou de mauvaise gouvernance. Les intérêts économiques chinois et les préoccupations politiques des dirigeants africains peuvent ainsi converger.

De plus, lorsque les investisseurs chinois se concentrent sur l'exploitation de matières premières (pétrole et minerais), ils restent dans le sillage des politiques économiques ayant prévalu au sud du Sahara: des économies de rente reposant sur des capitaux et des débouchés étrangers, reléguant l'importance de l'environnement économique et politique interne 54. Cependant, quoi qu'il en soit et quoi qu'il arrive, les causes d'implantation des FMN chinoises en Afrique sont les mêmes quels que soient les pays. Partant de l'analyse de ce texte, les causes d'implantation des FMN chinoises en Afrique peuvent être subdivisées en causes politiques (1-1) et économiques (1-2).

53Symphorien Ndang TABO et Al. (2008), Les relations entre la Chine et l'Afrique subsaharienne : le cas du Tchad, article, CREA, p. 4.

54Fode Sire DIABY. (2014), op. Cit., p.154.

29

1-1: Les causes politiques

C'est en 1978 que Deng Xiaoping et les dirigeants chinois décidèrent de tourner le dos au maoïsme en introduisant des réformes économiques de marché visant à ouvrir l'économie chinoise aux investissements étrangers. Derrière l'entreprise de ces réformes économiques, l'objectif fondamental des dirigeants chinois était de donner une seconde vie au régime politique que les dérives maoïstes des vingt années précédentes avaient lourdement précarisé. L'intégration de l'économie chinoise au marché mondial, alors au coeur d'un processus accéléré de globalisation, devait permettre de moderniser le pays, de galvaniser le développement économique et d'augmenter le niveau de vie de la population55. L'ouverture économique de la Chine en 1979 sous la conduite du parti communiste chinois (PCC) a été le point de départ d'une série de réformes progressives vers une économie plus libérale: l'économie socialiste de marché. Le souci majeur des dirigeants à chaque étape des réformes est de mettre en place les conditions institutionnelles pour une plus grande efficacité des entreprises sans pour autant perdre le contrôle de la machine économique qui comme pour tout régime dirigiste, doit être au service des intérêts politiques de la Chine au niveau intérieur et dans sa politique étrangère56.

La réforme primordiale qui engage l'ouverture de l'économie chinoise aux firmes étrangères se traduit par l'établissement de zones économiques spéciales (ZES) et oblige ces dernières à établir des joint-ventures avec des entreprises chinoises d'Etat. Cette ouverture est partielle car elle exclut la libéralisation du secteur de l'énergie et des banques. La deuxième réforme qui comme la première aura des incidences sur l'internationalisation des entreprises chinoises en Afrique est celle qui en 1998 consistera à ne maintenir dans le giron de l'Etat que les entreprises ayant atteint une certaine taille et un niveau de performance leur permettant de devenir des grandes entreprises capables d'affronter la concurrence au niveau international. Les deux autres réformes qui particulièrement relevant notre propos sont l'adhésion en 2001 de la Chine à l'OMC et la révision constitutionnelle de 2004. En vue de son adhésion prochaine à l'OMC, l'Etat chinois relâche son contrôle sur la politique d'investissement à l'étranger de certaines entreprises d'Etat et permet l'entrée dans le capital de ces entreprises de fonds privés chinois ou étrangers tout en restant majoritaire. Ces entreprises semi-

55HELLENDORFF Brun. (2010), op. Cit., p. 2. 56Amadou DIALLO. (2012) op. Cit., pp. 41-42.

30

publiques tout en bénéficiant de l'aide de l'Etat opèrent à tout point de vue comme des entreprises privées typiques57.

En effet, les institutions chargées de la conduite de ces réformes sont l'Administration d'Etat des devises étrangères, la commission de développement national et des réformes et le ministère du commerce qui, selon l'ordre de citation veillent à ce que les IDE chinois soient conformes aux lois et réglementations chinoises et aux recommandations du parti communiste chinois vis-à-vis des investissements à l'étranger. L'Administration d'Etat des devises étrangères assure le contrôle de l'origine et de l'utilisation des devises étrangères alors que les autres institutions veillent à la conformité des investissements projetés aux intérêts de l'Etat chinois. Mais ce qui est important à noter c'est le caractère souple dans l'application de ces réformes et la réactivité du parti communiste face à la globalisation et aux défis internes de l'économie chinoise qui se traduit par les amendements ou révisions des réformes ou simplement des assouplissements ou relâchement quant à la rigueur dans leurs applications pour rendre les entreprises chinoises plus compétitives. Il faut à cela ajouter le statut particulier dont bénéficient les grandes entreprises d'Etat de par le soutien financier et diplomatique que leur accorde le pouvoir central en liaison avec le caractère hautement stratégique des secteurs des matières premières énergétiques et extractives et de hautes technologies dans lesquels elles opèrent58.

1-2: Les causes économiques

L'internationalisation des firmes chinoises s'inscrit dans un lent processus lié aux phases de la réforme économique et de l'ouverture, aux choix du gouvernement central et aux incitations régulièrement introduites. Il existe une forte corrélation entre les réformes institutionnelles, la libéralisation politique et le développement des IDE Buckley et al., (2012), Ren, Liang, Zheng. (2012)59. Les causes économiques de l'internationalisation des entreprises chinoises en Afrique sont intimement liées aux raisons stratégiques qui poussent ou attirent ces dernières vers l'Afrique60. Quatre grands motifs poussent les firmes chinoises à s'internationaliser (Zhan. (1995), OECD. (2008), Gugler et Boie. (2008), Wang. (2012))61:

57 Idem

58 Ibidem

59 Xavier Richet. (2012), L'internationalisation des firmes chinoises : croissance, motivations, stratégies, FMSHWP-2013-27, février, pp. 12-14.

60Idem

61Amadou DIALLO. (2012), op. Cit., p. 35.

31

? L'accès aux ressources

C'est certainement le premier motif d'internationalisation des firmes chinoises. L'économie chinoise doit s'assurer des ressources nécessaires pour maintenir le taux de croissance à deux chiffres en tenant compte à la fois des limites et de l'épuisement des ressources nationales (à l'exception du charbon) et d'un appareil productif en grande partie vétuste fortement consommateur de matières premières. Les choix technologiques affichés dans le cadre du 12ème plan (2011-2015) mettent l'accent sur des énergies substituables mais la transition énergétique risque d'être longue. Parmi les toutes premières firmes internationalisées, on compte plusieurs firmes d'Etat, activement soutenues par le gouvernement central, opérant dans l'extraction de pétrole et de gaz naturel. L'accès aux ressources n'est pas contraint par la proximité. Les firmes chinoises opèrent au niveau mondial: Amériques, Afrique, Océanie, Asie centrale.

? L'accès aux marchés

L'accès aux marchés, notamment proches suit les courants d'échange et la pénétration des marchés réalisés par les exportations chinoises. L'entrée sur le marché s'en trouve facilitée grâce au savoir-faire accumulé. C'est aussi le moyen de contourner les barrières douanières, de créer un réseau local ou régional de distribution, de se rapprocher de marchés régionaux en forte expansion. Une autre motivation tient à l'accroissement de la concurrence et à la hausse de surcapacités au niveau domestique. Sur le marché domestique qui réduit les marges de profit des firmes. A travers des investissements de proximité, les firmes chinoises acquièrent un nouveau savoir-faire (produire en dehors du marché domestique) et peuvent expérimenter leur stratégie d'internationalisation en limitant les risques et les coûts en cas d'échec.

? La recherche d'efficience

Ce facteur a été moins important au début de la phase d'internationalisation en raison de l'existence de bas coûts en Chine. La hausse des coûts domestiques au cours des dernières années a poussé à la délocalisation d'entreprises dans les pays asiatiques (Vietnam, Corée du Nord), dans les industries de main-d'oeuvre (textile). Aujourd'hui, dans la province du Guangdong, la hausse rapide et conséquente des salaires (plus de 20% en l'espace de 2-3 années) contribue à accroître les délocalisations dans des économies voisines aux coûts salariaux moins élevés.

? La recherche d'actifs stratégiques

La recherche d'actifs stratégique est devenue une des toutes premières préoccupations des firmes chinoises, à la fois pour asseoir leur avantage sur les marchés étrangers et pour

32

acquérir les technologies qu'elles n'ont pas pu recevoir à travers la coopération avec les FMN étrangères implantées en Chine ou en raison des faiblesses du système d'innovation chinois. L'acquisition de technologie, de marques étrangères est un moyen d'accélérer la montée en puissance des firmes chinoises et d'accroître leur réputation à l'étranger. Par ce biais les firmes chinoises peuvent acquérir la totalité d'actifs (une entreprise et son réseau) ou plus simplement un segment, souvent à haut contenu technologique, qui sera rapatrié et intégré dans la production en Chine (avec parfois la tentation du dépeçage). L'entrée sur les marchés, par ce moyen se révèle avantageux en permettant d'acquérir une renommée et d'accéder à la technologie qui fait défaut. Les firmes chinoises, via des opérations de fusion-acquisition, acquièrent ainsi des actifs qu'elles cherchent à intégrer dans leur stratégie globale.

Paragraphe 2 : La diplomatie tchado-chinoise au coeur de la mondialisation

Dans ce contexte, la politique africaine de la Chine veut se distinguer par l'accent officiellement mis sur le respect des intérêts des pays africains, en opposition au modèle néocolonialiste traditionnel. Le livre blanc sur la politique africaine de Chine publié pour la première fois à Pékin au mois de janvier 2006 précise : « la Chine oeuvre à établir et développer un nouveau type de partenariat stratégique marqué par l'égalité et la confiance mutuelle sur le plan politique, la coopération dans un esprit gagnant-gagnant sur le plan économique62 ». Cette position reprend les principes généraux de la coexistence pacifique qui demeurent pour Pékin d'actualité et s'exprime quasiment dans les mêmes termes depuis la déclaration publiée lors de la visite de Jiang Zemin en 1996, jusqu'aux cadres fondateurs du forum de coopération Chine-Afrique (China-Africa coopération forum, CACF) en 200663. Il s'agit pour la RPC de développer les échanges, en multipliant les visites de haut niveau qui soulignent l'importance de l'Afrique, d'accroître l'aide « sans condition politique », de pousser la communauté internationale à augmenter son soutien, et de défendre le rôle de l'Afrique sur la scène internationale64.

Le réchauffement des relations entre le Tchad et la Chine s'inscrit sans doute dans le cadre de la politique africaine de la Chine, lancée en janvier 2006 par son gouvernement, par lequel elle entend présenter au monde entier ses objectifs en termes de coopération avec les

62« La politique de la Chine à l'égard de l'Afrique », < www.chineafrique.com>. Cité par Valérie NIQUET : « la stratégie africaine de la Chine » article publié initialement dans Politique étrangère, 2e trimestre 2006.

63 « China Africa Coopération Forum » et « China's African Policy », < china.org.cn >. Cité par Valérie NIQUET : « la stratégie africaine de la Chine » article publié initialement dans Politique étrangère, 2e trimestre 2006, pp. 2-4.

64 Idem

33

pays africains et les stratégies pour atteindre ces objectifs65. Le Tchad étant l'un des pays les plus pauvres au monde, la reprise de sa coopération avec la Chine a été jugée importante par le gouvernement, surtout avec le lancement de la politique africaine de la Chine en 2006. La vitalité de cette relation ne repose pas uniquement sur les ressources naturelles, elle vise aussi le perfectionnement des cadres de l'administration tchadienne et l'octroi des bourses d'étude aux jeunes en phase d'entrer à l'université, etc. Il semble d'emblée nécessaire d'étudier d'une part la coopération sino-tchadienne (2-1) et d'autre part, l'aide publique chinoise au développement du Tchad (2-2).

2-1: La coopération sino-tchadienne

La coopération sino-africaine a connu un développement rapide, voire spectaculaire cette dernière décennie. Quel que soit le domaine, des avancées notoires reflètent la bonne santé de cette relation entre l'Afrique et la Chine. Le rythme auquel s'intensifie cette coopération démontre que les parties engagées y trouvent largement leur intérêt et cela bien au-delà de ce qui est normalement escompté vu les résultats peu satisfaisants, du moins du côté de l'Afrique au regard de son niveau de développement actuel, des relations de coopération privilégiées qu'elle a jusque-là entretenues avec ses anciens colonisateurs et autres nations européennes, américaines ou asiatiques66. Selon le premier ministre chinois Wen Jiabao, « l'Afrique et la Chine ont oeuvré ensemble à l'instauration d'un nouveau partenariat stratégique, caractérisé par l'égalité et la confiance réciproque sur le plan politique, la coopération gagnant-gagnant sur le plan économique, les échanges et l'inspiration mutuelle sur le plan culturel, ouvrant ainsi de nouveaux horizons à la coopération sino-africaine »67.

Il faut noter également que, les ambitions qu'affiche la Chine dans sa relation avec le continent africain évoluent selon la logique historique interne de chaque pays. Il convient de souligner que contrairement à une certaine vue longuement répandue, l'Afrique n'est pas un pays mais un continent constitué de 54 Etats, chacun avec ses réalités et son histoire même s'il existe des points de convergence entre les pays. Comme le fait remarquer Wang (2009), la Chine est passée par trois phases dans son engagement avec l'Afrique68 :

65Symphorien Ndang TABO et Al. (2008), op. Cit., p. 3.

66 Amadou DIALLO. (2012), op.cit., p. 88.

67W.Jiabao, Discours d'ouverture de la quatrième conférence ministérielle du forum de Coopération Chine-

Afrique (FOCAC), 8 novembre 2009. http://www.voltairenet.org/article162985.html , cité par Fode Sire DIABY. (2014), op.

Cit., p. 13.

68www.focac.org, http://english.focacsummit.org/2006-11/05/content_5167.htm

34

- relations essentielles de nature politique, l'aide économique pour les équipements d'infrastructure et des hôpitaux (Effort d'obtenir le soutien pour le Tiers Monde) ;

- la priorité de la Chine est décalée vers l'établissement d'un modèle économique plus axé sur le marché tout en s'intégrant avec les pouvoirs économiques avancés du monde (moins d'efforts vers l'acquisition d'influence politique) ;

- suivi de la montée de la Chine comme puissance économique avec la demande croissante pour les matières premières (accroître les investissements chinois dans plusieurs secteurs).

Ainsi, les relations diplomatiques entre Pékin et N'djamena ont été établies pour la première fois en 1972. Ces relations ont été accompagnées par de retombées économiques dont les plus importantes ont été enregistrées dans les années 1980, parmi lesquelles la construction d'un des deux plus grands hôpitaux du Tchad, la construction du palais du peuple (actuel Palais du 15 janvier) et d'un stade omnisport dans la capitale N'djamena, ainsi que l'encadrement des casiers rizicoles A et B dans le sud-ouest du pays69. En 1997, une rupture sera prononcée par Pékin à cause de la reconnaissance de Taiwan par N'djamena. Le Tchad qui cherchait des sources de financement pour faire face aux dépenses courantes avait trouvé en Taiwan un partenaire idéal et à juste raison car en neuf ans de coopération, le Tchad classé parmi les pays les plus pauvres du monde, a reçu plus de 30 millions de dollars par an de Taiwan. Les projets de coopération portaient sur quatre axes prioritaires : transport, santé publique, agriculture et éducation. Un pont à double voie sur le Chari (fleuve traversant N'djamena) et le bitumage de nombreuses voies à N'djamena ont ainsi été réalisés. Taiwan a également financé le recrutement de 1 000 enseignants du secondaire et la construction de nombreuses écoles. En Juillet 2006, les circonstances politiques (les menaces de la rébellion à l'est) ou économiques (exploitation du pétrole tchadien) ont conduit le Tchad à renouer avec Pékin en rompant avec Taiwan70.

2-2: L'aide publique chinoise au Tchad

La Chine a accru sa participation économique en Afrique au cours de ces dernières décennies dans le but d'accéder à des ressources naturelles de ce continent, de développer des débouchés pour les travailleurs chinois et d'acquérir un accès préférentiel aux marchés. Les liens entre la Chine et l'Afrique ont été renforcés de manière significative dans les domaines

69Symphorien Ndang TABO et al. (2008), op. Cit., pp. 2-6. 70 Idem

35

du commerce, de l'investissement, de l'APD et de la migration71. La Chine a augmenté son aide financière aux pays africains sous-développés et pauvres en capital, notamment l'Afrique subsaharienne, la plupart du temps sous la forme de dons, d'allégement de la dette, des infrastructures, ou les conditions de prêt favorables (par exemple: les prêts avec une bonification d'intérêt) bien au-delà de ce que ses entreprises et institutions sont prêtes à fournir, en échange de l'accès aux ressources naturelles.

Dans la relation sino-africaine, 80 % des exportations africaines vers la Chine concernent le pétrole. Plus de 90 % du pétrole importé par la Chine proviennent de quatre pays : l'Angola (51 %), le Soudan (18 %), le Congo-Brazzaville (13 %) et la Guinée équatoriale (11 %), ensuite viennent loin derrière le Nigéria (3 %), le Gabon et le Tchad (1 %). En effet, l'Afrique est le second fournisseur de pétrole (26 % en 2007), après le Moyen-Orient (39 %). Et la Chine est la seconde destination du pétrole de l'Afrique subsaharienne, après les États-Unis, mais avant l'Union Européenne72. Selon Dzaka (2008), les objectifs majeurs de la coopération sino-africaine sont73 :

- la promotion des investissements bilatéraux ;

- la coopération dans divers domaines (la paix et la sécurité, consultation au sein des organisations internationales, coopération en droite ligne avec le NEPAD, etc.) ;

- un engagement en faveur de la paix sur le continent ;

- le rééquilibrage de la balance commerciale.

Par ailleurs, en ce qui concerne le financement de l'APD, nous convenons qu'à la suite des travaux de Dzaka (2008), un modèle a émergé dans le financement de l'APD de la Chine à l'Afrique. Ce modèle établit une distinction entre les infrastructures sociales et les projets de développement relatifs aux secteurs industriels et aux infrastructures économiques. L'aide bilatérale chinoise, quant à elle, est destinée aux infrastructures sociales (hôpitaux, adductions d'eau potable, établissements scolaires...) et aux bâtiments gouvernementaux (ministères, stades...) ainsi qu'à l'assistance technique74. Elle est assurée par les dons, les prêts sans intérêts ou à très faibles taux avec possibilités de rééchelonnement de la dette et/ou de son annulation. Par contre le financement des projets industriels et des infrastructures

71www.focac.org, http://english.focacsummit.org/2006-11/05/content_5167.htm 72 Idem.

72 Alden, C., Alves, A.C., « China and Africa's Natural Resources : The Challenges and Implications for Development and Governance », in Occasional Paper, South African Institute of International Affairs, September 2009, n° 41, p. 7. Cité par Tanguy Struye de Swielande (2010), La Chine et les grandes puissances en Afrique : une approche géostratégique et géoéconomique, Ed, Presses Universitaires de Louvain, p. 30.

73 T. Dzaka. L'aide publique au développement de la Chine aux pays pétroliers et miniers d'Afrique centrale contribue-t-elle au développement durable des pays récipiendaires ? Tunis : BAD-CEA Conférence économique africaine, 12-14, novembre 2008. 21p, cité par Amadou DIALLO. (2012), op. Cit., p. 56.

74 Idem

36

économiques est fourni par des prêts à taux préférentiels et des crédits commerciaux. C'est dans cette perspective que la nouvelle coopération économique entre Pékin et N'djamena semble être conduite par les deux parties avec grand intérêt. Dans cette coopération, la Chine cherche à profiter du pétrole pour satisfaire sa demande sans cesse croissante et le Tchad cherche à assurer sa stabilité politique ainsi que son développement économique. Une série d'accords subséquents à l'accord cadre rétablissant les relations entre les deux pays, signés le 04 janvier 2007 à N'djamena, a permis au Tchad d'engranger les dividendes de ces relations. Il y a eu, outre la conception d'un vaste programme de perfectionnement des cadres de l'administration tchadienne et l'octroi à des jeunes tchadiens en phase d'entrer à l'Université d'une soixantaine de bourses d'études en Chine75 :

- l'annulation totale de la dette (y compris les arriérés) du Tchad, pour un montant total de 34 millions de dollars ;

- un don d'un montant de 66 millions de dollars ;

- l'envoi d'une mission médicale chinoise à l'hôpital de la Liberté de N'djamena pour une durée de deux ans ;

- l'envoi d'une mission technique agricole avec un projet rizicole dans la région du Mayo-Kebbi Est et un projet maraîcher à Koundoul (à 25 kilomètres au sud de

N'djamena).

En septembre 2007, des prêts préférentiels ont été accordés par la Chine dans les télécommunications (45 millions de dollars), pour la construction d'une cimenterie (92 millions de dollars) et pour la construction d'une raffinerie. Ces prêts sont caractérisés par un délai de grâce d'au moins 5 ans et un taux d'intérêt annuel de 1,5% et l'aide de la Chine en faveur du Tchad se chiffre à plus de 100 millions de dollars76, exception faite des accords-cadres de construction de la raffinerie et de la cimenterie77.

Section 2 : Les modes et stratégies mis en place par la Chine pour accompagner ses entreprises à investir

L'Afrique paraît comme une cible privilégiée des investissements chinois, une sorte de tremplin dans la stratégie de mondialisation des grandes entreprises chinoises encouragées par les autorités: en 2004 Hu Jintao déclarait d'ailleurs que la mondialisation constituait un axe prioritaire pour l'économie chinoise78. L'Afrique présente une situation particulièrement

75Symphorien Ndang TABO et Al. (2008), op. Cit., pp. 10-11.

76 Pour plus de précision voir les annexes

77 Idem

78Valérie NIQUET. (2006), op. Cit., pp. 6-8.

37

favorable pour les investissements et les entreprises chinoises: bien souvent elles n'y rencontrent une concurrence limitée du fait de la désaffection occidentale qui a suivi la fin de la guerre froide79. Les coûts pratiqués par les entreprises chinoises et le fait que Pékin privilégie les zones vides où la sécurité, tant des investissements que des personnes, est mal assurée, facilitent considérablement l'offensive chinoise. La Chine prend des risques que les grandes entreprises occidentales ne peuvent assumer.

On est cependant amené à nous poser une question. Quelles sont les stratégies d'implantation des FMN chinoises en Afrique et notamment au Tchad ? En effet, avant d'aborder les stratégies déployées par les entreprises chinoises, il est nécessaire de comprendre comment ces entreprises s'implantent. Cependant, un bref rappel sur les modes d'implantation de ces entreprises nous permettra de mieux comprendre les stratégies adoptées par ces dernières. C'est pourquoi dans cette section, nous allons aborder tour à tour les modes d'implantation des FMN chinoises (paragraphe1) et les stratégies mises en place par la Chine pour accompagner ses entreprises à investir à l'étranger (paragraphe 2).

Paragraphe 1 : Les modes d'implantation des FMN chinoises au Tchad

Les modes d'implantation des entreprises chinoises sur le sol africain répondent d'abord à une logique de politique étrangère de Pékin pour ensuite se diversifier tout en étant en partie influencée par certaines dispositions des autorités chinoises. Il s'agit là d'entités qui, pour étendre leurs activités ont besoin de capitaux significatifs pour opérer les IDE80. Le type d'investissement effectué par une entreprise chinoise à l'étranger est caractérisé par son statut juridique et l'origine de sa tutelle. Selon Pairault (2011), les entreprises chinoises qui investissent à l'étranger sont classifiées en six catégories : les entreprises à capitaux d'Etat ; les entreprises appelées des sociétés de capitaux, c'est-à-dire des sociétés à responsabilité limitée et des sociétés anonymes, dont le capital social peut être totalement, partiellement ou nullement à capitaux d'Etat; les entreprises privées dans lesquelles il y a de petites entreprises individuelles et des sociétés de personnes; les entreprises à capitaux étrangers dans lesquelles sont inclues les entreprises dites chinoises de Hong-Kong, de Taiwan et d'outre-mer dont les capitaux viennent majoritairement de l'étranger ; enfin les coentreprises (à capitaux chinois) et les entreprises coopératives qui sont groupées dans la catégorie autres entreprises81.

79Idem

80Amadou DIALLO. (2012), op. Cit., p. 20. 81Fode Sire DIABY. (2014), op. Cit., p. 43.

38

Tableau 1: Participation des entreprises chinoises à l'IDE sortant non financier (2009)

Entreprises

Stock d'IDE sortant

Entreprises d'Etat

69,2%

Entreprises collectives

0,3%

Sociétés des capitaux*

27,6%

Entreprises privées

1,0%

Entreprises à capitaux étrangers

0,8%

Autres entreprises

1,1%

Source : (Pairault Thierry, 2011) dans Fode Sire DIABY. (2014), op. Cit., p. 43.

*Les sociétés de capitaux sont totalement, partiellement ou aucunement à capitaux publics Dans ce paragraphe, nous allons aborder d'une part le mode d'implantation des entreprises publiques (1-1) et d'autre part celui des entreprises privées (1-2).

1-2: Le mode d'implantation des entreprises publiques

Le mode d'implantation des entreprises publiques chinoises découle de la logique politique de la Chine lancée en 2006, il lie l'aide publique au développement, le commerce et l'IDE. Les grandes entreprises chinoises d'Etat telles que la société d'ingénierie d'outre-mer de Chine (COVEC), la société générale d'ingénierie de chemin de fer, la compagnie internationale des eaux et d'électricité (CWE), la société nationale des travaux de construction du Henan de Chine (CHECEC) et bien d'autres se voient attribuer des grands contrats de construction en Afrique. Elles s'établissent sur le continent par l'ouverture de filiales avec l'aide du gouvernement chinois et les facilités accordées par le pays africains bénéficiaires du projet82. En effet, dans le cadre de l'implantation de ces entreprises, les firmes pétrolières jouent un rôle très important. L'implantation de ces firmes se fait sous la forme de la joint-venture ou package deal qui est connu sous le nom du modèle anglais en Afrique. Ce modèle a été mis en oeuvre pour la première fois en Angola et dans d'autres pays riches en ressources naturelles en Afrique.

Au Tchad, actuellement, plus de 50 entreprises d'origine chinoise opèrent dans les secteurs aussi variés que le commerce, l'agriculture, la construction, les mines et le tourisme83. A l'exception des entreprises comme la société filiale tchadienne de la société

82 Amadou DIALLO. (2012), op. Cit., p. 21. 83www.fmprc.gov.cr/zflt/fra/jlydh/t1024662.htm.

39

pétrolière de Chine qui a financé la construction de la raffinerie de N'djamena connue de tout le monde et qui opère aujourd'hui sous la forme de la joint-venture avec la société des hydrocarbures du Tchad (SHT), la Société CAMC qui a réalisé la Cimenterie de Baoaré, la société CGCOC Groupe qui a construit et est en train de construire des routes totalisant à plus de 500 kilomètres de long, la société SINOMACH qui est chargée de construire le projet de transmission et de transformation électrique lequel est prévu pour atténuer la pénurie de l'électricité dans la capitale N'djamena, la société SIUCC de Shandong qui travaille à titre de l'entrepreneur des travaux de construction du nouveau bâtiment du parlement et du centre de formation des femmes tchadiennes, et enfin la Société SINOHYDRO qui est en train de construire une route dans le sud du pays. En effet, toutes ces entreprises sont à capitaux publics et elles s'implantent au Tchad par le biais de l'APD mise en oeuvre par le gouvernement central chinois.

1-2: Le mode d'implantation des entreprises privées

Les entreprises privées chinoises opérant sur le continent africain sont en très grande partie des PME et dépassent de très loin en nombre les firmes d'Etat et les entreprises semi-privées. En conséquence leurs investissements quand bien même significatifs sont plutôt faibles comparés à ceux des entreprises d'Etat engagées dans de grands projets d'infrastructures associées à la recherche et l'exploitation pétrolière et minière84. Néanmoins il existe quand même un club très restreint de firmes privées dont les capacités financières et technologiques sont beaucoup élevées parmi lesquelles LENOVO, ZTE, HUAWEI, SUNTECH Power et HAIER pour ne citer que celles-là qui, sont les plus connues. Quel que soit leur poids les entreprises privées échappent dans une large mesure au contrôle des autorités centrales qui régulent les IDE pour prendre en compte les intérêts de l'Etat chinois. La nature privée de ces entreprises et la grande marge de liberté dont elles disposent font que leurs investissements sont guidés par un souci de croissance ou d'exploitation d'opportunités économiques existantes sur le marché africain pour les investisseurs privés85.

Au Tchad on peut trouver les entreprises privées chinoises dans les domaines tels que l'hôtellerie, l'import-export, le service, les outils agricoles, l'élevage, l'industrie textile, etc. Nous pouvons citer entre autres: la Société Huawei et la Société ZTE qui sont parmi les plus importants fournisseurs des équipements de télécommunication à l'échelle mondiale et qui sont entrées en collaboration avec les entreprises spécialisées dans le secteur de la

84Amadou DIALLO. (2012), op. Cit., pp. 23-24. 85 Idem

40

télécommunication du Tchad avec le projet CHAD CDMA 2000 (Code Division Multiple Access, Téléphonie fixe sans fil) et la téléphonie mobile au sein de la société des télécommunications du Tchad. En effet, le mode d'implantation de ces entreprises est commandé par le niveau d'investissement et le secteur d'activités visés. Or pratiquement tous les secteurs de l'économie africaine sont ciblés par les PME chinoises, même ceux où traditionnellement opèrent les grandes entreprises publiques ou semi-privées. Ainsi, leur implantation se manifeste par la création d'unités de production ou d'usines de fabrication de taille moyenne dans le secteur de la manufacture quelle que soit l'industrie concernée86.

Paragraphe 2 : Les stratégies mises en place par la Chine pour accompagner ses entreprises à investir à l'étranger

Au cours de ces dernières années, la Chine a développé sur le continent africain une stratégie agressive de pénétration des marchés, en exploitant les failles de relations paternalistes longtemps fondées sur des zones d'influence historique entre les puissances occidentales et les pays africains. La Chine a mis en place des stratégies et des moyens colossaux pour accompagner ses entreprises dans leur processus d'internationalisation, ce qui n'est pas le cas de la puissance occidentale. Comme le souligne Chaponnière (2006), la stratégie chinoise se démarque de celle de ses prédécesseurs sur deux points importants pour l'avenir87:

- la Chine est très ouverte aux investissements directs étrangers (IDE), elle est devenue l'une des plus grandes destinations des IDE. La Chine joue de son attractivité pour acquérir des technologies et renforcer la R&D ;

- les moteurs de la croissance chinoise ont été l'exportation et l'investissement, encouragés par l'abondance de liquidités et des taux d'intérêt bas. En effet, l'investissement représente 40 % du PIB de l'économie chinoise depuis 2000.

Ainsi, l'internationalisation des FMN chinoises provient des entreprises à capitaux publics, bénéficiant d'un soutien multiforme, en particulier financier, de l'Etat stratège qui opère au profit d'un véritable capitalisme d'Etat chinois à travers notamment la conclusion de divers accords de partenariats stratégiques avec les pays d'accueil (contrats pétroliers et

86 Ibidem

87Jean-Raphaël Chaponnière (2006), Les échanges entre la Chine et l'Afrique : situation actuelle, perspectives et sources pour l'analyse, Agence française de développement, p. 150.

41

miniers contre la réalisation de projets d'infrastructures et les joint-ventures)88. En effet, ces firmes ont eu le privilège d'accéder à des capitaux bon marché en liaison avec des stratégies de long terme, à l'inverse de leurs concurrentes occidentales qui ont tendance à identifier les investissements risqués avec l'opportunité de réaliser des IDE à taux élevés de retour et considérant l'instabilité politique des pays africains comme une contrainte. Par ailleurs, nous convenons à la suite des travaux d'Alden et David (2006), que les FMN pétrolières chinoises déploieraient sur le continent africain trois types de stratégies managériales89 :

- la stratégie d'approvisionnement et d'intégration verticale : c'est le cas de SINOPC qui a largement investi au Soudan et en Angola, ainsi qu'au Congo-Brazzaville et au Gabon. Tout comme la FMN CNPC qui a réalisé des investissements en amont et en aval de la filière énergétique au Gabon et surtout au Tchad où elle va construire la première raffinerie du pays d'accueil, parallèlement à ses activités de prospection et de forage ;

- il s'agit de la stratégie de sécurité énergétique au profit de l'Etat chinois. Dans ce sens, pour l'Etat chinois (y compris les fonds souverains), il est impératif d'acquérir des actifs énergétiques à l'étranger, notamment en Afrique, en Amérique latine et au Moyen-Orient. Dans cette perspective, le gouvernement chinois appuie directement ses FMN au plan financier et lie ce soutien aux projets de développement (l'aide-projet), y compris en intervenant auprès des leaders politiques des pays cibles ;

- et enfin, la stratégie de partenariats et de joint-ventures, celle-ci permet aux FMN chinoises de s'associer aux partenaires locaux et/ou ceux des pays occidentaux sur les marchés étrangers en vue d'un apprentissage technologique et managérial, à l'instar de la joint-venture SSI Sonangol (45%) Sinopec (55%) International établie en Angola entre SINOPEC et SONANGOL, la firme publique angolaise de pétrole.

Dans ce paragraphe, nous examinerons d'une part la stratégie de financement des entreprises chinoises (2-1) et d'autre part le modèle angolais (2-2).

2-1: La stratégie de financement

La Chine a mis en place en 2007 un fonds sino-africain pour encourager ses entreprises à investir en Afrique. Ce fonds a pour but de soutenir la coopération stratégique dans les domaines politique, économique et diplomatique. Il est doté d'un milliard de dollars

88 T. Dzaka. (2011), L'investissement chinois en Afrique centrale, Outre-Terre2011/4 n° 30, p. 207-226.DOI:

10.3917/oute.030.0207.

89 Idem

42

de la part de la Banque chinoise de développement, un capital qui devrait atteindre cinq milliards de dollars dans les prochaines années. Le plan d'action adopté à l'issue du sommet Chine-Afrique de 2006 indique que ce fonds« soutient les entreprises chinoises performantes et crédibles et les encourage à investir en Afrique surtout dans les projets qui permettent aux pays africains d'améliorer le niveau technologique, de créer des emplois et de contribuer au développement durable économique et social »90. Le président du fonds, Gao Jia, a indiqué que cet établissement va se concentrer sur les secteurs susceptibles de développer l'Afrique, comme l'agroalimentaire, l'électricité, les infrastructures routières et les systèmes d'adduction d'eau.

En outre, la Chine dispose d'une réserve de change colossale de plus 1 900 milliards de dollars pour l'essentiel à la disposition de l'Exim Bank (China Export-Import Bank) de façon à mener sa politique d'investissement à l'étranger. Cette banque étatique joue un rôle essentiel dans la rétrocession de prêts gouvernementaux étrangers à des conditions préférentielles et elle négocie des contrats de travaux publics ou tout type d'investissement à l'étranger, ceci s'appliquant en particulier à l'Afrique. C'est une banque à caractère politique créée en 1994, entièrement détenue par l'État et qui relève directement de l'autorité du Conseil des affaires de l'État. Sa notation internationale de solvabilité est identique à la notation souveraine de la Chine. L'Exim Bank dispose dans le monde, d'un bureau de représentation pour le Sud-Est de l'Afrique, d'un bureau à Paris et d'un autre bureau à Saint-Pétersbourg. Elle a noué des relations par le biais de quelque 300 représentations à travers le monde. Cette structure bancaire et financière est un acteur majeur du développement économique et commercial de la Chine à l'étranger. Elle est le principal canal de financement à caractère dit politique des exportations de produits mécaniques et électroniques, des installations clés en main et des livraisons de produits hautes technologies, ainsi que des contrats de travaux publics et de tous types d'investissements à l'étranger, jouant ainsi un rôle essentiel dans la rétrocession de prêts gouvernementaux étrangers de même qu'elle est chargée par l'État chinois de proposer des prêts à des conditions préférentielles à l'étranger.

Dans son déploiement à l'étranger, Pékin, sur le plan opérationnel, a mis à contribution les secteurs essentiels de l'économie. Ainsi, dans le domaine des matières premières énergétiques, la china national petroleum corporation(CNPC) et la china petroleum and chemical corporation(SINOPEC) pour ne citer que ces deux majors, mettent en oeuvre une politique d'approvisionnement énergétique par l'exploitation à des conditions

90Fode Sire DIABY. (2014), op. Cit., pp. 144-145.

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avantageuses de champs pétroliers dans nombre de pays africains. En effet, la Chine est présente au Tchad principalement par le biais de sa société la china national petroleum corporation (CNPC). La CNPC est une entreprise pétrolière appartenant à l'État chinois dont l'essentiel de ses activités ont été transférées à une filiale cotée en bourse, la Petro China. Elle est présente dans 30 pays d'Afrique, d'Asie et d'Amérique. Tout comme au Kazakhstan où elle a fait l'importante acquisition de la société canadienne Petro Kazakhstan pour 4,18 milliards de dollars. En 2010, la CNPC a réalisé un chiffre d'affaires de 240, 192 milliards de dollars, devenant ainsi la 6e compagnie pétrolière au monde. Ainsi, comme nous avons souligné plus haut, la Chine qui semblait être intéressée par le pétrole a racheté par l'entremise de la CNPC l'ensemble des permis d'exploration pétrolière de la société canadienne ENCANA. Elle exploitera cette raffinerie à travers la CNPC à hauteur de 60 % contre 40 % de la société des hydrocarbures du Tchad.

2-2 : Le modèle angolais

Les entreprises chinoises s'associent dans la plupart de cas à des sociétés africaines ou nationales pour l'exploration et l'exploitation des gisements, pour la construction des infrastructures, etc. Ce qui n'est pas le cas des multinationales occidentales qui travaillent naturellement seules ou en consortium entre elles91. Il y a plusieurs exemples des JV en Afrique, mais le cas le plus connu est celui de modèle angolais. Selon Martyn Davies et al., (2008), Sanfilippo. (2011), Dzaka. (2011), ce modèle correspond à un package deal mis en oeuvre par la Chine pour gestion optimale du risque pays en Afrique. Il lie l'APD, le commerce et les IDE effectués par les FMN publiques chinoises dans les pays d'accueil richement dotés en ressources pétrolières et minières. En effet, il convient de rappeler qu'aucune somme d'argent n'est directement prêtée au gouvernement africain, mais le gouvernement chinois mandate une firme publique de construction recevant en général le soutien financier de China Export-Import Bank pour réaliser des projets d'infrastructure avec l'accord du gouvernement africain92. En contrepartie de la provision de ces infrastructures, le gouvernement africain accorde aux FMN chinoises le droit d'exploiter des ressources naturelles dans le pays d'accueil via l'acquisition de parts dans une entreprise publique nationale sous forme de JV ou de licences de production.

91Fode Sire DIABY. (2014), op. Cit., p. 145.

92 T. DZAKA. (2012), Le rôle des joint-ventures et alliances stratégiques dans l'internalisation des multinationales chinoises : évidence pour les pays d'Afrique Centrale, Editions ICES, Revue congolaise de gestion, pp. 105-107.

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Par ailleurs, pour montrer cette stratégie d'association, nous pouvons citer plusieurs exemples. L'Angola, par exemple, est un pays membre de l'OPEP depuis 2007, et actuellement 2e exportateur mondial de pétrole vers la Chine, après l'Arabie Saoudite, Sinopec a créé, en 2006, une JV, SSI (Sonangol Sinopec International) avec le partenaire public angolais, Sonangol (45%), pour une participation majoritaire du partenaire chinois (55%).L'objectif poursuivi consistait à exploiter conjointement les participations dans les blocs pétroliers offshores et de construire une seconde raffinerie du pays à Lobito, la Sonaref d'une valeur de 3,5 milliards de dollars et d'une capacité de 240000 barils/jour, toujours sous forme d'une JV entre Sonangol (70%) et Sinopec (30%). Il est vrai que les négociations sur le projet de la raffinerie ont été suspendues en 2007, l'Angola ayant décidé par patriotisme économique de réaliser seul ce projet pour réduire sa dépendance en matière de carburants importés qui est actuellement de l'ordre de 60%93.

Plus généralement, outre l'Angola, les trois principales FMN pétrolières chinoises (CNPC, SINOPEC, CNOOC) ont investi, à compter du milieu des années 2000, dans tous les autres pays pétroliers d'Afrique Centrale (Congo-Brazzaville, Tchad, Gabon, Guinée Equatoriale, Cameroun) en fonction de leur spécialisation à travers des alliances de type contrats de partage de la production, impliquant souvent comme partenaires les entreprises publiques pétrolières des pays d'accueil et/ou les majors pétroliers des pays occidentaux ou ceux des pays émergents (Dzaka, 2011). En effet, en République Démocratique du Congo (RDC), par exemple l'accord de prêt concessionnel chinois de 8,5 milliards de dollars a été conclu en avril 2008, conformément au « modèle angolais »: contrats miniers contre infrastructures et JV. Ce contrat apparaît à ce jour le plus important contrat chinois signé avec un Etat africain, ceci s'explique certainement par le fait que la RDC considérée comme un « scandale géologique » soit richement dotée en ressources minières (cuivre, cobalt, diamant, or, coltan, etc.) dont l'économie de la Chine a tant besoin pour poursuivre sa croissance rapide. Au terme de cet accord, a été constituée une JV minière, dénommée SICOMINES, entre l'entreprise publique locale, la GECAMINES (32%) et un consortium de cinq FMN chinoises (68%): China Railway Group Ltd, Sinohydro Corporation, China RailwaySino-CongoMining Ltd, Sinohydro Harbour Co Ltd, China Railway Ressources Development Ltd. En contrepartie du prêt concessionnel de la China Exim Bank (durée de remboursement: 30 ans; taux d'intérêt: 0,25%) un contrat d'exploitation des ressources minières réserves de

93 T. DZAKA. (2012), op. Cit., pp. 107-108.

10616070 tonnes de cuivre, de 626619 tonnes de cobalt et, pour un tonnage restant à déterminer, toutes substances minérales valorisables a été accordé à la Chine94.

Un autre exemple est celui du Tchad où la CNPC a livré clés en mains à l'Etat tchadien en juin 2011 sa première raffinerie d'une capacité de 20000 barils/jour. Dans cette JV dénommée société de raffinage de N'djamena (SRN), dont la durée de vie est prévue pour 99 ans, la CNPC détient une participation majoritaire à hauteur de 60% contre 40% pour la société des hydrocarbures du Tchad (SHT) 95 . La JV a prévu le volet transfert de connaissances aux travailleurs tchadiens notamment à travers la formation en Chine de 50 ingénieurs et techniciens. Ces derniers ont de ce fait, en 2010, passé un stage professionnel en Chine dans le domaine de la gestion et l'exploitation dans l'industrie du raffinage. Cette formation a été complétée au Tchad par un stage d'imprégnation des stagiaires tchadiens aux normes de sécurité sur le site de la raffinerie, sous l'encadrement d'ingénieurs chinois.

Nous convenons de ce qui précède, que les stratégies d'implantation des FMN chinoises divergent de celles des firmes occidentales. Elles lient, comme nous venons de le voir, la coopération, l'aide publique au développement et l'IDE. C'est dans cette perspective que nous nous posons la question de savoir : quels sont les effets de ces stratégies sur la diversification de l'économie tchadienne ? C'est ce que nous allons examiner dans la partie qui suit.

45

94 T. DZAKA. (2012), op. Cit., pp. 111-112.

95 Idem

46

Deuxième partie : Les effets des stratégies d'implantation des firmes multinationales chinoises sur la diversification de l'économie tchadienne

47

Depuis plus d'une décennie nous assistons de plus en plus à la présence des investissements directs étrangers d'origine chinoise. Face à l'ampleur de ce phénomène un consensus se dégage parmi les auteurs pour dire que les impacts de ses investissements sur les économies sont loin d'être atteints du fait de leur caractère récent. Dans un rapport de la Banque mondiale ces auteurs constatent qu'il est difficile d'obtenir des données désagrégées pour mener une analyse un peu fine des rapports entre la Chine et l'Afrique, d'où leur nécessité de définir une méthodologie pour constituer une base des données relative à leur objet de recherche. De plus les statistiques sur les IDE chinois présentent quelques différences par rapport aux autres IDE notamment ceux des pays développés. Les statistiques chinoises sur les IDE sortants présentent des lacunes majeures qui rendent les évaluations de montant, nombre et secteurs d'investissement particulièrement difficiles.

C'est pourquoi, dans cette partie, nous nous proposons de présenter d'abord les investissements directs étrangers (IDE) chinois au Tchad (Chapitre III) et puis ensuite d'analyser l'apport de ces investissements sur la diversification de l'économie tchadienne (Chapitre IV).

48

CHAPITRE III : LES INVESTISSEMENTS DIRECTS ETRANGERS (IDE) CHINOIS AU TCHAD

L'objectif de ce chapitre consiste à présenter les investissements directs étrangers (IDE) chinois au Tchad. Pour ce faire, la question des conditions de l'attractivité des investissements directs étrangers (IDE) est devenue au coeur des réflexions stratégiques des pays en voie de développement (Ferrara et Henriot, 2004). Durant ces dernières années, on a assisté à une concurrence entre les responsables gouvernementaux pour attirer les firmes multinationales. Certains ont joué sur les politiques fiscales en proposant des exonérations pendant une période donnée. D'autres pays ont proposé des subventions spécifiques et une atténuation des restrictions imposées habituellement comme le contenu local minimum ou bien la limitation de l'importation des biens intermédiaires à un montant lié aux exportations, un niveau maximum d'exportation, etc.96 C'est pourquoi, nous nous proposons de présenter dans ce chapitre, les politiques d'attractivité d'IDE (section 1) avant d'aborder les investissements directs étrangers (IDE) chinois au Tchad (section 2).

Section 1 : Les politiques d'attractivité d'investissements directs étrangers (IDE) au Tchad

Dans les années 1950 et 1960, les flux d'investissements directs étrangers (IDE) à destination des pays en voie de développement (début de leur accession à l'indépendance) étaient très faibles. Cela s'explique par le fait que, pour des raisons politiques, beaucoup de décideurs considéraient l'IDE comme une menace réelle et un facteur de dominance pouvant porter atteinte à la souveraineté nationale nouvellement acquise (Alaya, 2004). L'IDE était considéré comme un facteur de domination et les firmes multinationales étaient soupçonnées de réduire le bien-être social par la manipulation des transferts, des prix et la formation d'enclaves économiques. Aujourd'hui, on assiste à un changement radical de l'attitude des pays en voie de développement vis-à-vis de l'investissement direct étranger. Le comportement de suspicion est désormais remplacé par une politique de promotion visant à drainer des flux substantiels d'IDE (Oman, 2000). Ce changement d'attitude a été rendu possible en partie grâce à un environnement économique mondial de plus en plus libéral et une littérature économique abondante vantant les mérites de l'IDE.

L'objet de cette section consiste à montrer comment les politiques d'attractivité d'IDE au Tchad sont organisées. Cependant, on entend par la politique d'attractivité l'ensemble des

96 DRISS Slim. (2007), op. Cit., p. 138.

49

politiques économiques, fiscales, douanières et institutionnelles que les autorités ont élaboré afin de rendre le pays attractif aux yeux des investisseurs. C'est pourquoi, nous verrons dans le paragraphe suivant comment l'attractivité d'IDE est organisée au Tchad.

Paragraphe 1 : L'attractivité d'investissements directs étrangers (IDE) au Tchad

Les institutions publiques sont naturellement l'un des déterminants essentiels de la compétitivité des entreprises, de leur capacité et volonté d'investir. Un environnement défavorable en la matière conduit à des surcoûts de production qui ne sont pas supportables dans un contexte de globalisation marqué par l'intensification de la concurrence à la fois sur le territoire national et, bien-sûr, sur les marchés tiers. L'État est donc un acteur de toute première importance. La façon dont il remplit ses tâches régaliennes en termes de sécurité des personnes, des biens et de fourniture de services publics marchands et non marchands affecte directement la rentabilité privée des entreprises et, par conséquent, les décisions d'investissements97.

1-1: La politique économique

La politique macroéconomique, d'ouverture et de privatisation a pour but d'attirer les firmes multinationales.

? La politique budgétaire

La mise en oeuvre d'un programme économique signé en juillet 2013 avec le FMI a permis d'améliorer l'orientation budgétaire du pays. Ses résultats positifs ont conduit à l'approbation par le FMI d'un accord triennal au titre de la facilité élargie de crédit (FEC), pour un montant total équivalant à 79.92 millions de DTS (environ 122.4 millions de dollars), le 1er août 2014. Sa bonne exécution a permis d'atteindre le point d'achèvement de l'Initiative Pays Pauvres Très Endettés (PPTE) au cours de l'année 201598. La réalisation de cet objectif a permis au Tchad de bénéficier d'une réduction de sa dette de près de 850 millions de dollars, selon les estimations du FMI. La consolidation budgétaire s'est poursuivie tout au long de l'année 2014, comme l'atteste l'évolution du déficit primaire hors pétrole rapporté au produit intérieur brut (PIB) hors pétrole, qui est ainsi passé de 20,1% du PIB hors pétrole en 2010 à 17,6 % et 16% du PIB hors pétrole respectivement en 2013 et 201499. La loi de finance rectificative a pris en compte des dépenses d'investissement, notamment celles

97 BAD. (2012), Environnement de l'investissement privé au Tchad, p. 17.

98 Rapport PNUD 2015.

99 Idem

50

liées à l'organisation programmée du sommet de l'Union Africaine en 2015 et des dépenses en matière de sécurité. La baisse des recettes pétrolières générée par celle de la production de pétrole, ainsi qu'un accroissement du service de la dette pour faire face au remboursement d'une avance sur les ventes de pétrole et d'un emprunt obligataire contracté en 2013, ont également été pris en compte dans la loi de finance rectificative de 2014.

La mise en oeuvre d'un plan visant à toiletter le fichier de la solde des fonctionnaires a été engagé en 2014. Il permettra de réaliser une économie annuelle pouvant aller jusqu'à près de 17 milliards francs CFA. L'organisation d'une table ronde sur le financement du gap du PNUD (2013-15) et du programme national de sécurité alimentaire (PNSA) en juin 2014 a permis d'enregistrer des promesses de financement de plus de 1 000 milliards francs CFA, donnant ainsi plus de cohérence avec la programmation budgétaire du pays et aussi davantage de visibilité en matière de financement, notamment pour les programmes d'actions prioritaires (PAP) retenus dans ce plan. La bonne exécution du PNUD est l'un des éléments clés pour atteindre le point d'achèvement de l'initiative PPTE. Par ailleurs, au sujet de la transparence de la gestion pétrolière, des efforts ont été réalisés via l'initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE). Ils ont permis au Tchad d'obtenir la conformité à la norme ITIE en octobre 2014.

? La politique monétaire

Bien que disposant d'instruments variés pour soutenir et orienter l'investissement productif, les orientations de la politique monétaire du Tchad sont déterminées par la Banque des États de l'Afrique Centrale (BEAC), du fait de son appartenance à la zone franc. Constituée de trois zones monétaires: les Comores, l'Union Monétaire Ouest-Africaine (UMOA) et l'Union Monétaire d'Afrique Centrale (UMAC), à laquelle le Tchad appartient, la zone franc permet aux États membres de bénéficier d'un système de taux de change fixe mais ajustable, d'une garantie illimitée accordée par le trésor français aux monnaies émises par les différentes institutions régionales d'émission, d'une centralisation des réserves de change et d'une liberté de transfert des capitaux. En ce qui concerne le Tchad, la BEAC, via son comité de politique monétaire (relayé au niveau national par le comité monétaire financier) définit les grandes orientations de la politique monétaire et la gestion des réserves de change.

La politique monétaire conduite en zone CEMAC vise deux objectifs au moyen de l'utilisation des taux d'intérêt comme instrument de la régulation monétaire : d'une part le taux d'intérêt d'appels d'offres, dit TIAO et d'autre part à maîtriser l'inflation et à conforter le niveau de parité du franc CFA/euro. Son niveau a été abaissé au cours de l'année 2014,

51

passant de 3.25 % en octobre 2013 à 2.95 % en juillet 2014, afin de soutenir l'activité économique de la sous-région par la mise en oeuvre d'une politique monétaire accommodante, sur le modèle de celle conduite par la Banque Centrale Européenne (BCE). Les avoirs extérieurs nets ont enregistré une baisse de près de 4.5 % entre fin décembre 2012 et fin décembre 2013, notamment en raison de la baisse des exportations de pétrole. Cette tendance pourrait s'accentuer avec la baisse du prix du pétrole observée sur le marché international en 2014. Sur l'ensemble de l'année 2013, le taux d'inflation au Tchad s'était établi à 0.2 %, largement en deçà de la norme communautaire de 3 % fixée dans le cadre du pacte de convergence de la zone CEMAC. En 2014, toutefois le taux d'inflation est remonté à 2.9 %, selon les estimations, en raison notamment d'une moins bonne campagne agricole et de la fermeture de la frontière avec le Nigéria, qui affecte le commerce intracommunautaire100.

? La politique d'endettement

L'endettement est considéré comme un obstacle aux IDE car il est une source d'incertitude, de la même manière que la politique économique est aussi incertaine avec un taux d'endettement élevé. Les risques combinés d'inflation et d'imposition réduisent l'investissement. Cependant, le paiement du service de la dette réduit l'excédent des ressources domestiques susceptibles d'être consacrés aux investissements. Cette situation décrédibilise l'image du pays à l'échelle internationale. Ainsi, Borensztein (1990, p.315) pense que pour les investisseurs domestiques, l'existence d'une dette très élevée réduit le rendement futur des investissements car une proportion très élevée du profit sera utilisée pour le paiement de la dette101. En effet, un taux d'endettement modéré est considéré par les investisseurs comme un signe de bonne gestion et partant, susceptible d'attirer plus d'IDE.

Dans le cadre du programme signé avec le FMI en vue de l'atteinte du point d'achèvement de l'initiative PPTE, l'évolution de la dette fait l'objet d'une attention particulière. Afin d'en contrôler son évolution, des changements ont été effectués dans son suivi. Tout projet de prêt doit désormais être examiné par la commission nationale d'analyse de la dette (CONAD), présidée par le ministre des finances et du budget et appuyée par l'équipe tchadienne d'analyse de viabilité de la dette (ETAVID).Les missions de cette commission sont les suivantes : définir une stratégie nationale d'endettement et de désendettement et évaluer les offres de financement. L'atteinte du point d'achèvement de l'initiative de désendettement doit permettre au Tchad de réduire significativement le risque

100 Idem

101Ibrahim NGOUHOUO. (2008), Les investissements directs étrangers en Afrique centrale: attractivité et effets économiques, thèse de doctorat en Sciences économiques, Université du Sud Toulon-Var, France, p. 59.

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élevé de surendettement constaté par le FMI dans sa dernière analyse de la viabilité de la dette, en août 2014, et de bénéficier ainsi d'une réduction de la dette évaluée à près de 850 millions de dollars. L'évolution récente de la dette, tant externe qu'interne, se caractérise par une tendance à la hausse. La dette publique extérieure a ainsi atteint 23.5 % du PIB en 2013, contre 20.3 % du PIB en 2012, et elle est estimée à 27.1 % du PIB en 2014 102 . L'augmentation de ce ratio s'explique essentiellement par le recours à des prêts commerciaux relativement importants au cours de l'année 2013. Pour sa part, la dette publique intérieure est passée de 7.7 % en 2012 à 8.3 % en 2013, en raison notamment de l'émission d'emprunts obligataires sur le marché régional et des prêts contractés auprès de certains pays de la CEMAC.

1-2: La politique des réformes

Le Tchad s'est engagé résolument depuis décembre 1990 pour la démocratie et l'Etat de droit, après trente ans de dictature et de troubles politico-militaires. Cela constitue incontestablement le grand changement qualitatif dont il faut attendre des bénéfices certains dans tous les secteurs économiques. Il encourage la libre entreprise et les investissements privés, tant nationaux qu'étrangers, considérés comme levier du développement économique et industriel. Un certain nombre de textes garantissant les investissements privés ont été élaborés par le gouvernement. Il s'agit de: la charte communautaire des investissements, la charte des investissements de la République du Tchad, le code minier, le code des impôts, le code des douanes, etc. Le Tchad a conclu des accords bilatéraux et multilatéraux en matière de garantie des investissements: Agence Multilatérale de Garantie des Investissements (AMGI), Agence Internationale pour le Règlement des Différends relatifs aux Investissements (CIRDI)103.

? La charte nationale des investissements

La loi n°006/PR/2008 du 3 janvier 2008 a institué la charte des investissements de la République du Tchad 104 . Cette charte constitue le cadre juridique de l'ensemble des dispositions destinées à favoriser l'instauration d'un environnement et des dispositions propices à la promotion des investissements et à l'implantation des entreprises. Elle énonce les objectifs et les mécanismes à mettre en oeuvre pour favoriser l'investissement ou l'expansion des entreprises et des activités industrielles, sans discrimination selon l'origine de

102 Rapport PNUD 2015.

103 Ministère du commerce et de l'industrie (2011), Investir au Tchad. 104Voir charte nationale des investissements (2008).

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l'investisseur et le secteur d'activité dans lequel il opère. Elle prévoit un certain nombre d'avantages et de garanties à accorder aux investisseurs tant nationaux qu'étrangers.

? Le régime douanier

Le régime douanier applicable au Tchad est le régime de la Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale (CEMAC) caractérisé par la libre circulation des biens originaires des pays membres et un tarif extérieur commun (TEC). Ce tarif extérieur commun a été récemment simplifié et allégé notamment en ce qui concerne les biens et matériels d'investissement dont le taux a été réduit à 10% quelle que soit leur origine. En dehors de ce taux privilégié, qui s'obtient sans aucune formalité administrative, il n'y a pas d'autres droits et taxes à asseoir sur ces biens et matériels qui sont totalement exonérés de la taxe sur le chiffre d'affaires en vigueur au Tchad. Il existe également au Tchad le régime de l'admission temporaire applicable aux matériels lourds destinés à être réexportés à la fin des opérations pour lesquelles ils sont importés. Les droits de douane sont suspendus sur les matériels bénéficiaires de ce régime pendant toute leur durée d'utilisation au Tchad.

? Le régime fiscal

Le code général des impôts (CGI) accorde aux investissements, des exonérations temporaires d'impôts et taxes. Il s'agit particulièrement des contributions foncières des propriétés bâties, des contributions foncières des propriétés non bâties, de la taxe sur la valeur locative des locaux professionnels, de la taxe forfaitaire et taxe d'apprentissage, de la patente, de l'impôt minimum fiscal, de l'impôt sur les sociétés, de la déduction de 40% des sommes investies des bases taxables à l'impôt sur le revenu des personnes physiques et l'impôt sur les sociétés105. Par ailleurs, d'autres réformes en matière de réglementation telles que: le projet du code de commerce, le projet de loi relative à la liberté des prix et à la concurrence, le projet de loi relative à la création d'une agence de la normalisation et de la métrologie sont en cours106. Dans le paragraphe qui suit nous parlerons des ressources naturelles susceptibles d'attirer les investisseurs étrangers dont dispose le pays.

Paragraphe 2 : Les ressources naturelles

Le Tchad est l'un des pays d'Afrique Centrale disposant des ressources naturelles considérables susceptibles d'attirer les IDE. En 1998, la CNUCED a estimé qu'il y a de façon générale une probabilité de plus de 60% pour qu'un dollar investi en Afrique aille dans les ressources naturelles et particulièrement dans le secteur pétrolier. Assiedu (2000) abonde dans

105 Idem

106 Ministère du commerce et de l'industrie (2011), Investir au Tchad.

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le même sens dans une étude sur les déterminants des IDE en Afrique sub-saharienne: l'Afrique détient plus de la moitié du cobalt du globe, le tiers de la bauxite et 12% de la production mondiale de pétrole, sans parler des réserves potentielles107. Depuis le début des années 2000, les perspectives de développement ont radicalement changé grâce à des facteurs d'économie géographique et à des changements dans la dotation factorielle mobilisable, en l'occurrence la découverte et l'exploitation des ressources pétrolières. En effet, l'explosion des prix de pétrole au cours des années 2000 ainsi que l'exploration des gisements importants ont permis au Tchad d'être au-devant de la scène. Dans ce paragraphe nous allons aborder dans un premier temps le secteur pétrolier (2-1) et dans un second temps les ressources hors pétrole (2-2).

2-1: Le secteur pétrolier

Selon les estimations de la BEAC en 2006, la CEMAC produit environ 61,5 millions de tonnes de pétrole brut par an (dont 4.5 millions pour le Cameroun ; 13,8 millions pour le Congo; 13,4 millions pour le Gabon; 18.5 millions pour la Guinée Equatoriale; et 11,4 millions pour le Tchad). En 2004, les réserves pétrolières de la CEMAC étaient évaluées à environ 160 milliards de barils.108Ce n'est qu'en juin 2000 que la Banque Mondiale a donné son accord pour l'exécution du projet d'exploitation du pétrole, validant ainsi un vaste programme de développement auquel les autorités croient beaucoup. La réalisation du programme d'exploitation est d'un coût d'environ 3,7 milliards de dollars et rapportera à l'Etat tchadien 2 milliards de dollars par an pendant 25 ans. Le gisement de Doba dans le sud du pays est le premier site d'exploitation qui devrait fournir 225 000 barils par jour. Ce site regroupe les localités de Komén de Bolobo et de Miandoum, formant le bassin de Doba dans la région du Logone oriental. Dans ce bassin 300 puits alimentent déjà des réservoirs de stockage109. En effet, le transport du pétrole de Doba au port de Kribi au Cameroun, se fera par un oléoduc de 1 070 km. Sur la côte Atlantique au sud de Douala, au Cameroun se trouve le terminal offshore de Kibri d'où chargeront des tankers pour le marché occidental. L'exploitation sera donc effective à partir de la mi-juillet malgré la fin des travaux des équipements de surface prévue en 2004, parce que le pouvoir tchadien veut absolument tirer bénéfice de l'avance de 6 mois prise sur les prévisions initiales.

107Ibrahim NGOUHOUO. (2008), op. Cit., pp. 64-67. 108 Idem

109www.aefjn.org

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L'exploitation du pétrole est confiée au consortium composé par Exxon-Mobil (40%, Etats-Unis), Chevron (25%, Etats-Unis) et Petronas (35%, Malaisie). L'Etat tchadien n'intervient que dans la société de commercialisation du brut, pour une part de 5% du capital du Tchad Oilcompany et 15% dans la même société, côté camerounais. La production tchadienne de pétrole intervient à un moment où l'Europe et les Etats-Unis veulent réduire leur dépendance vis-à-vis de l'Arabie Saoudite et du Moyen-Orient. La fourniture en hydrocarbures en provenance de cette région vers les pays européens et nord-américains s'élève à plus de 55%, contre une importation des pays d'Afrique qui s'élève à 37%. Selon certaines études et prévisions, la production africaine d'hydrocarbures devrait, à l'horizon 2015, supplanter celle de l'Arabie Saoudite110. En effet, selon la déclaration de Malabo du 7 octobre 2001, où on pouvait entendre de la bouche de certains experts de la CEMAC que le Tchad sera dans les prochaines années l'un des trois pôles de croissance de l'industrie pétrolière en Afrique Centrale.

2-2: Les ressources hors pétrole

L'économie tchadienne possède des potentialités énormes qui peuvent booster sa croissance et entraîner son développement économique. Une large partie de ses ressources existantes restent notamment inexploitées. Avant l'ère pétrolière, l'agriculture et l'élevage constituaient les deux mamelles de l'économie tchadienne, mais depuis l'exploitation du pétrole, ils ont été relégués au second rang. En effet, au Tchad le secteur agricole emploie 77% de la population active et contribue à 22,6% du PIB (PNUD, 2010), les superficies irrigables sont estimées à 335 000hectares, moins de 10% de cette surface est effectivement mise en valeur (PNSA, 2010). La production agricole reste donc largement dépendante du rythme de la pluviométrie, ce qui autorise des fluctuations qui peuvent aller du simple au double (près de 2 millions de tonnes en 2006-2007, à peine 1,1 millions de tonnes en 20092010), si bien qu'elle n'a satisfait que 5 fois sur 7 les besoins nationaux entre 2003 et 2009 (DPSA, 2010).En ce qui concerne l'élevage, l'effectif du cheptel national, mal connu, avoisine 20 millions de têtes, dont plus de 7 millions de bovins qui alimentent des flux réguliers d'exportation vers les pays voisins, estimés à 26% de la valeur des exportations hors pétrole (PNSA, 2010). Cependant, ceci n'empêche pas des importations du lait d'un niveau double (environ 500 000 tonnes équivalent lait) à celui de la production (Ministère de plan et de l'économie, 2006).

110 Idem

56

Par ailleurs, le Tchad dispose d'un cheptel important et de ressources halieutiques non négligeables. Ces ressources jouent un rôle fondamental dans la sécurité alimentaire en ce qu'elles contribuent à améliorer l'apport en protéines et constituent une importante source de revenus particulièrement dans les régions semi-arides. Toutefois, la reproduction et la productivité du cheptel restent également fortement dépendantes des variations pluviométriques et de la disponibilité de pâturage ce qui peut exacerber les conflits pour l'utilisation des ressources naturelles avec les populations sédentaires. A ces contraintes s'ajoutent la faible disponibilité des aliments concentrés et la fragile situation zoo-sanitaire en raison de la persistance des maladies du bétail. Les opportunités de ce secteur ne se limitent cependant pas à ces éléments : l'anacardier, l'hibiscus, la gomme arabique, le karité, le moringa, les produits halieutiques, la spiruline, les arachides, le sésame, le lait et les produits laitiers ainsi que le marbre ne sont que des exemples de produits exploitables au Tchad qui sont peu ou mal utilisés. En dépit de ses ressources, le Tchad demeure moins attractif pour les investisseurs étrangers, cette situation s'explique par l'enclavement géographique, la faiblesse des infrastructures et des ressources humaines, les lenteurs judiciaires et administratives, les contraintes fiscales et énergétiques ainsi que le risque sécuritaire dans la région. En effet, une bonne exploitation de ce secteur peut contribuer à l'augmentation des recettes et à la diversification de l'économie tchadienne. Dans la section suivante nous abordons les investissements chinois au Tchad.

Section 2 : Les investissements chinois au Tchad

La mondialisation financière a été facilitée par l'internationalisation de la production et la croissance des industries, le rythme rapide des changements technologiques et la déréglementation des services financiers. Les nouvelles technologies de l'information permettent la circulation transfrontalière de données financières, 24 heures sur 24. L'entrée d'IDE dans les pays en développement est généralement considérée comme favorable: source de financement plus stable que les investissements de portefeuilles, apports de technologies, producteurs d'effets d'apprentissage, ils constituent une alternative à l'APD.

L'objet de cette section consiste à présenter les investissements chinois au Tchad. Pour ce faire, un bref rappel sur les investissements au Tchad dans le cadre général nous permettra de mener à bien ce travail. C'est pourquoi nous nous proposons d'aborder dans cette section la typologie d'IDE au Tchad (paragraphe 1) d'une part et les caractéristiques des investissements réalisés par les entreprises chinoises au Tchad (paragraphe 2) d'autre part.

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Paragraphe 1 : La typologie d'investissements directs étrangers (IDE) au Tchad

Depuis le boom pétrolier, le Tchad a enregistré des entrées d'IDE importants de son histoire et de nombreuses études et rapports estiment qu'il sera l'un des pays d'Afrique Centrale qui recevra dans l'avenir le plus d'IDE. Dans ce paragraphe, nous abordons dans un premier temps, l'origine d'IDE au Tchad (1-1) et dans un second temps, la répartition sectorielle d'IDE au Tchad (1-2).

1-2: L'origine d'investissements directs étrangers (IDE) au Tchad

En Afrique, il existe une forte corrélation entre le pays d'origine d'IDE et le pays d'accueil. Les premiers investissements vers cette zone furent fortement influencés par des liens coloniaux et la langue parlée. On rencontre facilement les investisseurs français au Gabon, au Congo, au Tchad et au Cameroun, pays colonisés par la France et qui ont en commun la langue française; on rencontre également les Anglais au Cameroun (pays bilingue qui fut jadis colonisé par l'Allemagne mais placé sous mandat français et britannique) et enfin les Espagnols en Guinée Equatoriale111. Cependant, au Tchad, de 1960 jusqu'aux années 2000, les investissements étrangers étaient pratiquement inexistants. La véritable apparition d'IDE remonte au début des années 2000 avec la découverte de gisements du pétrole par les compagnies américaines et malaisiennes Exxon Mobil, Petronas et Chevron. En 2000, les Etats-Unis ont investi un montant de 155 millions USD d'actifs contre 100millions en 1999, soit une augmentation de 50% et un doublement en deux ans, faisant ainsi du Tchad son 67ème client. Les Etats-Unis ont pris la place du premier investisseur au Tchad surtout avec ses investissements dans le secteur pétrolier avec 70% du total d'IDE, la France vient en deuxième position avec un pourcentage de 11% du stock total d'investissements 112, le pourcentage restant appartenant à des investisseurs tiers tels que l'Inde, la Malaisie, le Bénin, le Burkina Faso, l'Egypte, l'Allemagne, l'Italie, le Mali, l'île Maurice, etc. En effet, le réchauffement de relations diplomatiques entre N'djamena et Pékin s'inscrit dans le cadre de la politique africaine de la Chine, lancée en janvier 2006 par le gouvernement chinois. La Chine est devenue l'un des plus grands investisseurs au Tchad, elle a investi dans les domaines tels que l'exploration et exploitation du pétrole, les infrastructures routières, sanitaires et des bâtiments, l'industrie textile, hôtellerie, bref dans presque tous les secteurs de l'économie tchadienne.

111Ibrahim NGOUHOUO. (2008), op. Cit., p. 32. 112Idem

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1-2 : La répartition sectorielle des investissements directs étrangers (IDE) au Tchad

La décision d'investir en Afrique repose principalement sur l'existence de sous-sol riche (en minerais et hydrocarbures) et la possibilité d'un marché de plus de trente-deux millions d'individus. La recherche d'une main-d'oeuvre bon marché est une motivation secondaire car les investisseurs reprochent souvent à l'Afrique le coût relativement élevé de sa main-d'oeuvre, en comparaison aux autres pays en voie de développement, notamment ceux d'Asie du Sud-Est et du Sud-Ouest113. Cependant, dans la zone CEMAC les IDE sont inégalement répartis dans quatre secteurs principaux de l'activité économique: minerais, hydrocarbures, manufactures et les services. En 2004, on estime à 3171millions de dollars le montant d'IDE vers la CEMAC et de ce montant, environ 85% de ces IDE étaient investis dans le secteur des hydrocarbures et des minerais, 11% dans le secteur manufacturier (industrie) et environ 4% dans le secteur tertiaire114. Il faut cependant noter que cette répartition varie selon les pays et cette part est plus ou moins justifiée selon qu'on se trouve au Congo, au Gabon, en Guinée, au Tchad ou au Cameroun.

En effet, le Tchad est sans doute l'un des pays de l'Afrique Centrale qui a reçu le moins d'IDE entre l'indépendance en 1960 et l'ère de la découverte du pétrole en 1999. Cette situation est due pour une large partie aux obstacles naturels (pas de côte maritime) et surtout à la diversité ethnique et religieuse exploitée négativement par des politiciens véreux. Au Tchad, environ 80% d'IDE sont concentrés dans le secteur industriel dont environ 95% dans le seul secteur pétrolier. Les 20% restants sont répartis entre les secteurs primaire et tertiaire. La France détient le monopole d'IDE dans l'agriculture avec une part importante dans la société de production de coton. La présence française dans ce secteur est aussi fortement marquée par la transformation de la canne à sucre à travers Vilgrain (sucre) et Dagris (coton), Castel (bière)115. Depuis 2006, la Chine est devenue le plus grand investisseur avec des investissements de grande envergure dans presque tous les secteurs de l'économie avec des sociétés telles que: la CNPC, la ZTE Corporation, la China CAMC Engineering Ltd, etc.

En outre, on trouve les investisseurs Américains et Malaisiens dans le secteur pétrolier avec la société Exxon Mobile. On trouve également les IDE français dans la distribution des produits pétroliers (Schlumberger et Foraco), le transport transit, la restauration, l'hôtellerie avec les groupes Accor et le Méridien; le secteur financier est représenté par la Société

113Article : Pablo Gabriel Ferreira. (2010), Les théories des firmes transnationales issues des pays en développement et les pétrolières étatiques : les cas PDVSA et Petrobras, Centre de recherche-CEIM, p. 7.

114 Ibrahim NGOUHOUO. (2008), op. Cit., p. 35.

115 Idem

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générale, Biat, Financial, Gras Savoye, le conseil concentrant 16% d'IDE116. Et enfin, nous n'oublions pas non plus la présence de l'Inde à travers le projet Techno Economic Approach for Africa-India Movement, auquel on se réfère plus communément sous la dénomination de Team 9. Il s'agit d'une initiative du gouvernement indien lancée avec huit pays d'Afrique de l'Ouest, dont six francophones. A travers ce projet, le Tchad s'est vu octroyer un prêt de 50 millions de dollars sur 20 ans avec une période de grâce de cinq ans et un taux d'intérêt de 2,5% dès la fin d'intensification de l'investissement local117. En effet, le Tchad, à l'instar d'autres pays africains, n'a pas bénéficié d'une entrée plus importante des flux d'IDE. Le graphique suivant donne l'évolution des flux d'IDE au Tchad entre 1980 et 2012.

Graphique 1 : Evolution des flux d'IDE au Tchad en millions de dollars (1980-2012)

1000

-200

-400

400

800

600

200

0

IDE

IDE

Source : Graphique réalisé par l'auteur à partir des données de la Banque Mondiale

Ce graphique montre qu'après avoir connu une certaine stabilité dans la décennie 1990, le Tchad a enregistré des entrées d'IDE variant entre 18 millions de dollars en 1990 et 9,4 millions de dollars. Cette tendance s'est accentuée en 2000 et 2001 avec des entrées d'IDE respectivement de 115 et 459 millions de dollars. Cette hausse spectaculaire est le résultat de la mise en chantier de l'oléoduc Tchad-Cameroun qui conduit le pétrole tchadien vers l'exportation à travers le territoire camerounais. Une tendance à la hausse s'est accélérée entre 2002, 2003 et 2004 dont les montants respectifs sont 924 ; 712 et 466 millions de dollars

116 Ibidem

117 BAD. (2012), op. Cit., pp. 20-22.

60

avant de connaître une baisse drastique entre 2005 et 2007. En effet, cette baisse s'explique d'une part par la période d'instabilité politique dans le pays et d'autre part par la crise économique et financière de 2008. Et enfin, entre 2008 et 2012 la tendance s'est poursuivie, elle a été en dents de scie.

Nonobstant notre analyse, la faible attractivité d'IDE au Tchad relève de causes (internes et externes) conjoncturelles et structurelles dont voici certaines : le rapport Doing Business continue de classer le Tchad dans la catégorie des pays où il est le moins simple de faire des affaires en 2014 (189ème sur 189 pays) ; à cela s'ajoutent également d'autres facteurs internes tels que :

- une administration lourde ne facilite pas souvent les formalités de l'investissement ;

- le caractère trop informel des activités économiques du pays ;

- l'instabilité régionale, certains investisseurs ont tendance à considérer globalement une région sans se soucier forcément des caractéristiques particulières de chaque pays (trouble politique en Libye, au Soudan et en Centrafrique, le phénomène de Boko Haram au Cameroun, Niger, et Nigeria) ;

- la corruption à tous les niveaux ;

- le faible développement du secteur privé formel ;

- l'insécurité grandissante ;

- et enfin, l'absence d'infrastructures routières.

Paragraphe 2 : Les caractéristiques d'investissements chinois au Tchad

Selon plusieurs travaux (CNUCED 2004, 2007, 2009, Aykut et al.2004, Gelb 2005), les investissements directs étrangers (IDE) Sud - Sud, pour l'essentiel réalisés par les firmes multinationales, ont connu une croissance plus rapide que les flux d'IDE Nord-Sud depuis le milieu des années 90. Dans le cas du continent africain, la première source des IDE Sud-Sud vers le continent est constituée par les pays émergents d'Asie, spécialement la Chine et dans une moindre mesure l'Inde et les pays du Golfe persique membres de l'OPEP. La seconde source de ces IDE Sud - Sud est représentée par les multinationales originaires du principal pays émergent du continent, à savoir l'Afrique du Sud 118 . Selon Chaponnière (2012) « l'internationalisation des entreprises chinoises est récente, le stock d'IDE chinois à l'étranger en 2004 n'était que de 45 milliards de dollars selon le Ministère du Commerce. La Chine dispose des moyens et des réserves considérables de l'internationalisation de ses

118 T. DZAKA. (2011), op. Cit., pp. 1-2.

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entreprises » 119. Pour mieux cerner les caractéristiques d'investissement des entreprises chinoises au Tchad, il est important de s'interroger d'une part sur les secteurs d'investissements des entreprises chinoises au Tchad (2-1) et d'autre part sur les flux d'investissements chinois entrant au Tchad (2-2).

2-1: Les secteurs d'investissements des entreprises chinoises au Tchad

La Chine, cherchant à sécuriser par tous les moyens ses approvisionnements en pétrole pour ne pas freiner une économie lancée à pleine vitesse et dévoreuse d'énergie, a progressé dans sa coopération avec le Tchad en investissant dans trois secteurs: les télécommunications avec le projet CHAD CDMA 2000 (Code Division Multiple Access, Téléphonie fixe sans fil) et la téléphonie mobile au sein de la Société des Télécommunications du Tchad (SOTEL-TCHAD), une entreprise paraétatique; la construction de la cimenterie de Baoaré et la construction d'une raffinerie à 50 km au nord de N'Djamena. Le Tchad étant un pays à haut risque pour les investisseurs occidentaux, à cause des situations d'insécurité récurrentes dont il est l'objet, les investissements de grande envergure sont rares, voire inexistants. Le projet CDMA 2000 est une technologie reposant sur le réseau radioélectrique de 3ème génération, introduite par le biais de la ZTE Corporation. Ses avantages sont entre autres, la réduction des coûts d'investissement, la rapidité d'installation et la facilité d'extension; ce qui doit concourir à la réduction de la fracture numérique 120 . La cimenterie, récipiendaire d'un investissement de la China CAMC Engineering Ltd, dispose d'un atout majeur dans la perspective économique actuelle.

En effet, dans le cadre de la Stratégie Nationale de Croissance et de Réduction de la Pauvreté (SCNRP), le gouvernement tchadien a retenu, entre autres, de renforcer le cadre macroéconomique par la diversification de l'économie et surtout l'intensification des investissements dans les secteurs porteurs de la croissance. Le développement des infrastructures de base (routes, habitats, écoles, centres de santé, aménagements hydro-agricoles...) est donc fortement recherché, ce qui constitue un atout majeur pour la future cimenterie. Le démarrage officiel des travaux de construction de cette usine a eu lieu le 17 décembre 2007. Cette cimenterie aura une capacité de production de 200 000 tonnes de ciment portland par an et de 700 tonnes de clinker par jour. Il a été affirmé par le gouvernement tchadien que la main-d'oeuvre sera essentiellement locale et qu'à la fin du

119Jean-Raphaël Chaponnière. (2006), op. Cit., p. 155.

120Symphorien Ndang TABO et Al. (2008), op. Cit., pp. 4-6.

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projet, le prix du ciment va diminuer de moitié121. Pour ce qui est de la raffinerie, elle sera propriétaire à 60 % de la CNPC et à 40 % de la Société des Hydrocarbures du Tchad (SHT). Elle sera alimentée par la production des gisements de Sédigui (au nord du Lac Tchad) et du Mayo-Kebbi (sud-ouest du pays), en phase d'exploration par la CNPC. Découvert par un consortium américain en 1974 mais jamais exploité, le champ de Sédigui disposerait de réserves avoisinant 500 millions de barils. La réalisation de ce projet marquera la consécration de la Chine comme grand concurrent des Etats-Unis et de la France au Tchad puisque ces deux pays par le passé ont refusé de financer le projet de raffinerie qu'ils ont jugé non rentable. Les travaux d'aménagement du site de la raffinerie ont débuté en novembre 2007. Il est attendu que cette raffinerie puisse permettre au Tchad d'assurer la consommation locale en produits pétroliers raffinés puisque jusqu'à ce jour le pays les importe du Nigeria et du Cameroun122.

En effet, il convient de rappeler que l'investissement chinois est caractérisé par l'implication directe du Gouvernement chinois au niveau des autorités tchadiennes avec les compagnies chinoises qui sont directement sous la tutelle de leur Gouvernement. Il y a comme corollaire à cette façon d'agir la non implication des organisations de la société civile dans les négociations et même un déficit d'information pour celles-ci. Or, les organisations de la société civile peuvent indirectement influencer l'action gouvernementale à travers leurs activités de défense des intérêts de la population. Leur engagement est donc inhibé par cette situation mais si le gouvernement tchadien les implique, cela constituera un bénéfice pour elles.

2-2: Les flux d'investissements chinois entrant au Tchad

Depuis 2000, les flux d'IDE internationaux se sont maintenus, surtout dans le secteur pétrolier et le développement des infrastructures, en provenance notamment de l'Europe et de l'Asie. A l'échelle mondiale, les flux d'IDE ont diminué de 16% l'année dernière (2012), tombant à 1200 milliards de dollars. Mais cette chute moyenne dissimule des disparités impressionnantes, une très forte chute (-28%, à 499 milliards de dollars) d'IDE vers les pays en développement, dont beaucoup étaient en quasi-stagnation économique, une baisse sensible des flux de capitaux entrants en Amérique latine (-16%) et aux Caraïbes (-14% à 159 milliards de dollars), leur stagnation en Afrique (54 milliards de dollars en 2014, un niveau identique à celui enregistré en 2013) et leur dynamisme en Asie (+ 9% , à 500 milliards de

121Idem 122Ibidem

63

dollars), où l'on bat des records historiques123. En effet, c'est l'Afrique Centrale qui a été la région qui a réalisé une meilleure performance en recevant 12,1 milliards de dollars, soit une hausse de 33% en comparaison avec celle de 2013. Par contre, les IDE en Afrique Centrale et plus particulièrement au Tchad sont très volatiles et d'un poids insignifiant au niveau mondial.

Par ailleurs, nous convenons à la suite des travaux de Dzaka (2011) que les IDE chinois deviennent significatifs à partir de 2000. En moyenne annuelle, les flux d'IDE sortants qui n'étaient que de 2,1 milliards de dollars sur la période 1990-2000 allaient atteindre les 56,5 milliards de dollars en 2009. On prévoit qu'ils continueront d'augmenter vu que la Chine ne cesse d'accumuler d'importants excédents de sa balance et d'énormes réserves de change. L'effort mené par la Chine pour que ses entreprises sortent et investissent à l'étranger n'a pas été freiné par la crise économique comme ce fut le cas en particulier pour le Royaume-Uni (-59,6%) ou les Etats-Unis (-17,6). L'historique des IDE chinois est récent puisque les effets de la politique lancée en 2000 n'ont pu se faire réellement sentir qu'à partir de 2001 à 2002124. Sa part relative dans l'IDE mondial, quant à elle a presque triplé passant de 1,0% en 2007 à 2,8% en 2008. En 2007, plus de 7 000 firmes multinationales chinoises avaient réalisé des IDE à travers 173 pays dans le monde, créant près de 10 000 entreprises à l'étranger dont 1000 implantées125.

En effet, les IDE chinois en Afrique étaient insignifiants au début des années 1990, ils représentaient en 2010 un cinquième du total des investissements chinois, en tenant compte des investissements directs effectués dans la finance. Par contre, la part de la Chine dans l'ensemble des flux d'IDE à destination de l'Afrique est négligeable, elle est de 1,3 % en 2010 contre environ 40% en provenance d'Europe. Le flux d'IDE chinois à destination de l'Afrique reste marginal, les principaux pays bénéficiaires des IDE chinois sont l'Afrique du Sud (2,2%), le Nigéria (2,6), le Soudan (2,4%), la Zambie (10,2%), la RDC (7,4%) et l'Algérie (6,1%)126. La part d'IDE chinois au Tchad est estimée à 0,6%, elle demeure très faible comparativement aux principaux pays bénéficiaires en Afrique. Le tableau suivant donne l'évolution des flux d'IDE chinois entrants en millions de dollars de 2003 à 2011.

123 Rapport CUNCED (2014).

124 Thierry PAIRAUT. (2010), Les chiffres de l'investissement direct chinois en Afrique, Dounia, n°30, Revue Européenne de Géopolitique, p. 18.

125 T. DZAKA. (2011), op. Cit., p. 10.

126 http://hzs.mofcom.gov.cn/accessory/201109/1316069658609.pdf et la Base de données en ligne de UNCTAD: http://unctadstat.unctad.org/ReportFolders/reportFolders.aspx.

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Graphique 2 : Evolution des flux d'IDE chinois entrants au Tchad en milliards de dollars (2003-2011).

60

50

40

30

20

IDE

10

0

-10

-20

2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011

Source : Graphique construit par l'auteur à partir des données de Statistical Bulletin of China's Outward Foreign Direct Investment (MOFCOM, 2010)

Le graphique montre l'évolution des flux d'IDE chinois entrants au Tchad de 2003 à 2011, cette évolution est erratique et liée au niveau de l'activité économique du pays. Elle se caractérise par trois situations différentes. De 2003 à 2007, les investissements directs étrangers (IDE) chinois étaient nuls voire même inexistants. Ils ont connu un progrès considérable à partir de l'année 2007. Cette période coïncide avec la date à laquelle, la Chine avait fait le retour en force au Tchad où elle a investi des moyens faramineux pour le rachat de consortium américain. Une tendance à la baisse s'est amorcée à partir de 2010 qui fait chuter l'IDE chinois jusqu'à zéro.

Après avoir présenté dans ce chapitre les investissements directs étrangers (IDE) chinois au Tchad, nous allons aborder dans le chapitre suivant l'apport des investissements directs étrangers (IDE) chinois à la diversification de l'économie tchadienne.

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CHAPITRE IV: L'APPORT DES INVESTISSEMENTS DIRECTS ETRANGERS (IDE) CHINOIS A LA DIVERSIFICATION DE L'ECONOMIE TCHADIENNE

Au lendemain des indépendances, la plupart des pays africains ont entamé un processus de diversification de leurs structures économiques à travers des politiques industrielles de substitution aux importations, afin de réduire progressivement leur dépendance à l'égard des produits de base. Ces expériences d'industrialisation ont néanmoins abouti à des échecs, du fait en particulier de la crise de la dette qu'ont subi les pays en développement au cours des années 1980. La diversification joue en effet un rôle essentiel dans la maîtrise des aléas de la conjoncture et réduit notamment l'impact des fluctuations des cours des matières premières sur les économies127.

L'objet de ce chapitre consiste à analyser les effets des stratégies d'implantation des FMN chinoises sur la diversification de l'économie tchadienne. Cependant, un bref rappel sur l'historique de l'économie tchadienne nous permettra de mener à bien ce travail. C'est pourquoi, nous nous proposons d'aborder dans ce chapitre d'une part l'économie tchadienne dans sa diversité (section 1) et d'autre part les effets des investissements directs étrangers chinois sur la diversification de l'économie tchadienne (section 2).

Section 1 : L'économie tchadienne avant et après l'exploitation du pétrole

L'économie tchadienne se caractérise par une faible productivité, surtout dans l'agriculture dont les moyens et techniques de production restent rudimentaires et traditionnels. C'est une agriculture de subsistance. La couverture alimentaire qui était de 22% en 1963 a connu de très fortes détériorations dans les années 1980 et 1990, à cause de la sécheresse et des aléas climatiques, d'où des déficits chroniques observés, particulièrement dans les années 1983 et 84. Cette situation a poussé le pays à une importation respectivement de 45% à 56% de sa production agricole pour satisfaire les besoins alimentaires de sa population (profil démographique et économique du Tchad, CERPOD, 2003). Les années 1970 ont été marquées au Tchad par de sérieuses difficultés économiques et financières qui sont liées au faible niveau de développement économique. Elles ont été aggravées par la crise politico-militaire occasionnant une rupture économique 128 .Mais depuis les années 2000, l'économie tchadienne vit à l'ère du pétrole. L'exploitation de cet « or noir » a constitué le principal moteur de la croissance. Il a permis d'enregistrer un taux de croissance record de

127 Banque de France. (2007), Diversification économique en Afrique Centrale : état des lieux et enseignements, p. 113. 128: DJERABE Kélos. (2009), Pauvreté des ménages et travail des enfants au Tchad : niveaux et déterminants, mémoire de master en démographie, IFORD, Université de Yaoundé II, Cameroun.

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31.3% (FMI, INSEED, 2006). Pour mieux appréhender le contexte économique du Tchad, il nous paraît important d'aborder la doctrine économique du Tchad (paragraphe 1) d'une part et d'autre part l'économie tchadienne à l'ère pétrolière (paragraphe 2).

Paragraphe 1 : La doctrine économique

A l'instar de beaucoup d'autres pays africains, le Tchad, au sortir de l'indépendance a largement mené une politique de développement économique qui n'est pas adaptée avec ses potentialités. Il a choisi sans ambiguïté la voie du libéralisme qui, au plan de la vie économique, repose sur les principes de la propriété privée des moyens de production et de l'ouverture sur l'extérieur, comparativement à d'autres pays qui ont des atouts similaires mais optent pour la collectivisation des moyens de production et le développement endogène. A la faiblesse des structures économiques héritées de la colonisation, s'est ajouté le manque de stabilité politique engendrée par les conflits armés. Le Tchad a des potentialités énormes: le sous-sol est très riche (or, hydrocarbure, etc.) et ne demande qu'à être mis en valeur. Outre les atouts économiques, il existe aussi des obstacles externes et internes qui limitent le développement de ce pays. Les obstacles internes majeurs sont les turbulences qui existent partout dans le pays en terme de rébellion armée qui ruine l'économie du pays. En plus de cette rébellion, les conditions climatiques ne sont pas favorables pour certaines cultures. Par ailleurs, il faut souligner que le pays manque d'industries et d'infrastructures de base susceptibles de stimuler son développement économique. L'enclavement et les carences en infrastructures rendent toute activité productrice trop chère.

En effet, le début des années 1990 est marqué par la reconstruction de l'Etat tchadien avec l'organisation de la conférence nationale souveraine (CNS) en 1993 dont le but n'est rien d'autre que de jeter les jalons d'un Etat démocratique et économiquement prospère. Cette période a été marquée par un faible niveau des recettes fiscales et une forte dépendance à l'aide internationale. Elle coïncide aussi avec les programmes d'ajustement structurels (PAS) dont l'une des conséquences est la dévaluation du franc CFA, monnaie communautaire utilisée par le Tchad. Cependant, le Tchad s'est engagé en 1994 dans ce programme d'ajustement économique qui a donné lieu à l'approbation d'un accord de confirmation avec le FMI en mars 1994. Compte tenu du dérapage des recettes budgétaires constaté au premier semestre de l'année, le FMI a suspendu les tirages et défini un programme de référence sans décaissement des bailleurs de fonds. Toutefois, fin mai 1995, le Tchad a repris les négociations en vue de la signature d'un accord triennal au titre de la facilité d'ajustement

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structurel renforcé (FASR) qui ont abouti à la signature d'un accord approuvé le 1er septembre 1995 par le conseil d'administration du FMI. Cet accord couvre une période de trois ans avec pour principaux objectifs la stabilisation macroéconomique et la création d'un environnement favorisant une croissance soutenue à moyen terme.

En particulier, il s'agissait de renforcer les recettes budgétaires, d'améliorer l'efficacité de l'administration publique et de revitaliser l'économie à travers la libéralisation des prix et du commerce extérieur, la privatisation et l'amélioration du dispositif réglementaire. Dans l'ensemble et en particulier dans le domaine des finances publiques, le programme a été satisfaisant dans la mesure où entre 1995 et 1997, les mesures adoptées ont permis d'accroître les recettes fiscales et douanières. L'assiette fiscale a été élargie et les exonérations limitées et mieux contrôlées. Des réformes ont amélioré le fonctionnement des administrations fiscales et douanières, permettant un recouvrement plus efficace. Un fichier unique des contribuables a été élaboré en 1995. Grâce à ces dispositions, les recettes fiscales ont plus que doublé entre 1994 et 1999 passant de 27,6 milliards pour s'établir à 68,3 milliards de franc CFA. C'est dans cette perspective que nous abordons dans ce paragraphe l'analyse historique de la croissance économique (1-1) ainsi que celle des agrégats macroéconomique (1-2).

1-1: L'analyse historique de la croissance économique

Comprendre l'évolution de l'économie tchadienne est un exercice essentiel car, déceler les raisons des faibles performances économiques du pays permettrait de poser les jalons d'un avenir plus prospère. L'histoire de l'économie tchadienne peut se décomposer en cinq périodes, marquées par d'importants événements politiques et économiques. Ces événements constituent donc des référentiels permettant une meilleure compréhension des fluctuations du produit intérieur brut.

De 1960 à 1975, les performances économiques du Tchad ont été médiocres. En effet, cette période est marquée par le début de l'instabilité politique à partir de 1965, la croissance économique a été faible. En moyenne sur cette période, le taux de croissance du PIB/hab a été négatif et se situe autour de -1,06%. Exprimé en niveau, le PIB/hab passe de près de 550 dollars pour s'établir à 463 dollars en 1975 correspondant à une baisse absolue de 87 dollars.

A partir de 1975 jusqu'à 1982, à cause des insurrections armées qui se généralisent à l'ensemble du pays, on a enregistré les plus mauvaises performances économiques. La propagation de la guerre civile à l'ensemble du pays se solde par l'effondrement de l'Etat tchadien et de l'appareil productif en 1979. Ainsi, de mars 1979 à juin 1982, la zone

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méridionale était coupée du reste du pays et cela dans une situation de quasi autonomie. La production de coton grain qui constituait alors la principale source de devises du Tchad était acheminée directement vers l'extérieur. Durant cette période, les infrastructures de base ont subi d'importants dommages, ce qui a eu pour conséquence une désorganisation complète de la vie économique. En particulier, de nombreuses entreprises industrielles et commerciales ont dû cesser leurs activités, privant l'Etat de recettes fiscales. Ces lourds handicaps expliquent le fait que le pays soit dépendant de l'aide internationale. Conséquence de cette situation, le PIB/hab chute brutalement passant de 467,2 dollars/hab à 330,5 dollars en 1982 soit une baisse de près de 42%. Durant cette période, la croissance réelle tourne autour de -4,37% en moyenne annuelle.

De 1983 à 1990, l'économie est marquée par une relative stabilité politique comparativement à la précédente ayant pour conséquence la concrétisation des performances économiques qui contrastent avec les périodes précédentes. La communauté internationale et les bailleurs de fonds en particulier reconnaissent les efforts réalisés par le gouvernement tchadien dans la lutte contre la corruption et l'incurie qui ont caractérisé les périodes antérieures. Malgré ces succès, l'économie éprouve des difficultés en relation avec l'effondrement de la filière coton. En effet, avec les années de conflits, la société Coton-Tchad fut confrontée à des difficultés de gestion interne caractérisées par un laxisme généralisé. En outre, étant la seule structure organisée dans le sud du pays, l'Etat tchadien et le comité permanent en particulier ont opéré des ponctions importantes dans les finances de la société. A ces difficultés, il faut ajouter également la chute des cours mondiaux du coton et la baisse du cours du dollar, devise avec laquelle la plupart des transactions sur les matières premières étaient conclues. Durant cette période, la Coton-Tchad représentait un mastodonte dans la mesure où elle faisait vivre directement ou indirectement près de deux millions de personnes soit près de deux tiers de la population totale du pays. Enfin, la filière cotonnière rapportait 35% des ressources budgétaires et constituait 80% des exportations en valeurs.

De 1990 à 1999, cette période coïncide avec la reconstruction de l'Etat tchadien (l'organisation de la conférence nationale souveraine en 1993) et les Programmes d'Ajustement Structurels (PAS) dont l'un des objectifs ultimes est la dévaluation de la monnaie communautaire utilisée par le Tchad. La dévaluation a permis au Tchad de renouer avec une croissance positive après la chute de l'activité économique en 1993. En plus de cela, le réajustement monétaire a entraîné une forte croissance de la production de coton, des exportations de bétail et de gomme arabique, tandis que l'effet revenu de la dévaluation

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déprimait les importations et stimulait la demande de produits nationaux. Le PIB a ainsi marqué une croissance significative de 7,2 % en 1994. Les PAS enclenchés au Tchad en 1995 ont débouché sur la privatisation de toutes les banques et presque toutes les entreprises publiques ainsi qu'à la liquidation de certaines d'entre elles. Cette politique a permis la réduction du déficit des finances publiques qui est passé de 14,2 % du PIB réel en 1994 pour s'établir à 9 % en 1998. En outre, la politique budgétaire mise en oeuvre durant cette période a conduit à un assainissement des finances de l'Etat permettant le rétablissement des équilibres macroéconomiques et une certaine crédibilité du pays. Le PIB/hab passe de 409,2 dollars en 1990 à 384,5 dollars en 1999, soit une baisse de l'ordre de 6%. En moyenne annuelle, la croissance par habitant tournait autour de - 0,4%. Cette situation résulte d'une forte chute du PIB en 1993 de -15,9 occasionnée par la baisse de la production agricole mais aussi de l'effet de la fermeture des frontières camerounaises et nigérianes.

Et enfin, la période de 1999 à 2010, est celle où l'économie tchadienne vit à l'ère pétrolière, avec la construction du pipeline Tchad - Cameroun et l'ouverture de la première vanne en octobre 2003. Cependant, nous allons aborder cette partie dans le prochain paragraphe.

1-2: L'analyse des agrégats macroéconomiques

L'évolution du taux de croissance nominal par tête au Tchad est caractérisée par une forte instabilité, comparée à celles des pays africains au sud du Sahara (ASS) et du monde. Les épisodes de fortes baisses et hausses correspondent à des événements internes et externes que le Tchad a connus. L'ampleur des fluctuations est faible de 1960 jusqu'au début des années 1970 qui est par ailleurs marquée par le premier choc pétrolier. Ce dernier représente des hausses rapides et très fortes du prix du pétrole, occasionnant un ralentissement économique dans les pays industriels en raison de leur dépendance du pétrole. Compte tenu de la faible dépendance du Tchad au pétrole en cette période, cette crise aurait pu avoir un faible effet sur la croissance du PIB/hab n'eut été l'augmentation des coûts des produits industriels importés, induite par la hausse des prix du pétrole. La deuxième forte baisse de la croissance et la plus importante de l'histoire du Tchad date de 1979. A cette date, le PIB/hab a connu une baisse de 23% par rapport à son niveau de 1978. Un consensus se dégage dans la communauté des économistes pour imputer cette chute historique à la guerre civile de 1979. Il a fallu attendre l'année 1981 pour que le taux de croissance du PIB/hab redevienne positif pour se situer à 3%, puis 13% en 1983. La littérature sur les effets des guerres civiles prédit en effet

70

une chute de la production pendant les années des conflits et une inversion juste après la fin des conflits. Certains auteurs ont même montré que la probabilité de survenance d'un conflit armé peut réduire la production.

L'application des PAS, inspirés des théories libérales, résumés sous le nom de Consensus de Washington et ayant pour but la stabilisation macroéconomique, conduisit à la dévaluation du franc CFA en 1994 afin de doper les exportations des pays africains dont la compétitivité était peu reluisante. Compte tenu, d'une part, du fait que les PED n'exportent en majorité que les matières premières et du fait de leur faible tissu industriel d'autre part, la dévaluation du FCFA ne peut que déprimer la production. Ce qui est corroboré par le taux de croissance du PIB/hab négatif en ASS (-1,84%) et au Tchad (-1,83%) sur la période 1995-2000.En 2004, le Tchad enregistra une forte et historique croissance du PIB/hab de 28,7%. Tout porte à croire que les ressources pétrolières ont contribué fortement à cette hausse historique. Ensuite, elle oscille entre 10,2% en 2010 à -2,9% en 2011 et une évolution rythmée par les fluctuations des fondamentaux du pétrole (offre et demande). D'une manière globale, le taux de croissance du PIB/hab sous l'ère pétrolière est de 5,12% par an alors qu'il était de -0,4% avant l'ère pétrolière (1960-2002).

Par ailleurs, il convient de rappeler que parmi les sources de financement d'une économie figurent les ressources internes (emprunts internes, ressources publiques propres et seigneuriage) et externes (emprunts externes, dons, aide publique au développement (APD), Investissements Directs Etrangers (IDE) et transferts de migrants). En ce qui concerne l'APD, son évolution est stable sur la période 1960-2011. Elle a connu une légère hausse sur la période 1980-2000, atteignant son pic en 1991 à 28,09% du PIB. Il n'est pas hasardeux de lier cette hausse périodique aux PAS. Par contre, la dette intérieure n'a jamais dépassé 20% du PIB sur la période 1960-2011. Elle a atteint son apogée sur la période 1980 - 1990, période marquée par l'exécution des PAS. Ensuite, elle a chuté sur le reste de la période 1991-2011, n'excédant jamais 7% du PIB. L'insuffisance de l'épargne des ménages et la faible bancarisation constituent une explication possible du côté de la demande.

Paragraphe 2 : L'économie tchadienne à l'ère pétrolière

Depuis longtemps, le Tchad est resté un pays à vocation agro-pastorale. Son économie est basée essentiellement sur l'agriculture et l'élevage. Dernier né des Etats pétroliers, avec une capacité de production de 250 000 barils/jour, le Tchad s'est ouvert aux nouveaux acteurs, à l'occasion du programme d'exploitation pétrolière inauguré à l'an 2000. Depuis la

71

construction de l'oléoduc Doba-Kribi en 2003 long de 1 070 kilomètre, le Tchad a vu son taux de croissance économique faire un bond spectaculaire passant de 1% en 2001 à 15% en 2004 et 8% en 2005.Selon Geoffrey H. Bergen représentant résident de la Banque Mondiale au Tchad (2008), les statistiques officielles montrent que les PIB ont nettement dépassé les taux de croissance démographique 2,8% ces dernières années du fait de l'exploitation du pétrole129. Cependant, l'injection des ressources pétrolières dans l'économie a entraîné une hausse généralisée du niveau des prix en raison de la faible capacité d'absorption de l'économie tchadienne et de l'offre nationale. Il s'est accru en moyenne de 3,2% par an avec des fortes fluctuations expliquées par les déficits pluviométriques entraînant des baisses importantes de la production agricole130. Après avoir fait un rappel historique du pays, il est nécessaire de comprendre à quoi ressemble cette économie à l'ère pétrolière. Cependant, il y a lieu d'aborder dans ce paragraphe d'une part les caractéristiques de l'économie tchadienne à l'ère pétrolière (2-1) et d'autre part l'impact de l'exploitation du pétrole sur l'économie tchadienne (2-2).

2-1: Les caractéristiques de l'économie tchadienne à l'ère pétrolière

L'économie tchadienne se caractérise par la dominance du secteur primaire, de l'informel et par un secteur privé faible. Cependant, le secteur primaire comprend l'agriculture, l'élevage, la pêche et dans une moindre mesure l'exploitation minière. Ce secteur contribue fortement à la création des richesses. Il représente en moyenne 61,2% du PIB entre 2006 et 2011. Cette part importante se répartit de la manière suivante: 10,5% pour l'agriculture, 9% pour l'élevage, 2,2 % pour la sylviculture, la pêche et les mines et 39,3% pour l'exploitation pétrolière 131 ; le secteur secondaire regroupe les activités liées à la transformation des matières premières issues du secteur primaire et comprend des activités très variées dont, entre autres: l'industrie, l'artisanat, l'eau, l'électricité ainsi que les bâtiments et travaux publics (BTP). Ce secteur représente en moyenne 7,7% du PIB pour la période retenue132 et enfin le secteur tertiaire regroupe toutes les activités économiques de services tels que les banques, le commerce, le transport, l'administration, l'assurance, l'enseignement, les associations, le tourisme, etc. Au Tchad, en termes de contribution dans le PIB, ce secteur vient en deuxième position après le secteur primaire avec une part moyenne de 31,1% (de

129DJERABE Kélos. (2009), op. Cit., pp. 25-26.

130 Rapport INSEED. (2014), Essai d'analyse de la pauvreté non monétaire.

131 Conseil national du patronat tchadien, Livre blanc, Edition, 2012.

132 Idem

72

2006 à 2011). Le taux de croissance du secteur tertiaire s'établit à 5,7%. Cette performance se traduit par le développement des activités précitées133.

Tableau 2: Indicateurs de croissance économique au Tchad entre 2012-2016

Indicateurs de croissance

2012

2013

2014

2015

2016 (e)

PIB (milliards USD)

12,38

12,95

13,95e

11,69e

12,82

PIB (croissance annuelle en %, prix

constant)

8,9

5,7

6,9

6,9

4,2

PIB par habitant (USD)

1.152

1.176

1.236e

1.011

1.081

Endettement de l'Etat (en % du PIB)

17,9

18,7

24,6

25,2e

23,8

Taux d'inflation (%)

7,7

0,2

1,7

4,3

3,1

Balance des transactions courantes (milliards USD)

-1,08

-1,19e

-1,24e

-1,22e

-1,19

Balance des transactions courantes (en % du PIB)

-8,7

-9,2e

-8,9

-10,4

-9,3

Source : FMI - World Economic Outlook Database - 2014.

Note : (e) Donnée estimée

Ce tableau montre qu'après avoir subi un ralentissement en 2013 du fait du recul de la production agricole et de problèmes techniques survenus dans les champs pétroliers, la croissance économique s'est accélérée en 2014 (9,6% du PIB), tirée par les revenus pétroliers. En ce qui concerne la balance des transactions courantes, cela montre que le Tchad importe plus qu'il n'exporte c'est-à-dire que le pays dépend fortement de l'extérieur; sa balance des transactions courantes est négative sur toutes les périodes. En outre, le produit intérieur brut par habitant n'a jamais dépassé le 1% sur l'ensemble des périodes retenues et les dettes publiques augmentent d'une période à une autre.

2-2: L'impact de l'exploitation du pétrole sur l'économie tchadienne

La mise en exploitation du pétrole au Tchad a été un vecteur de dynamisation de l'investissement dans un contexte où, par ailleurs, le décollage de nouvelles puissances émergentes a conduit à rehausser les enjeux que représentaient les pays africains pour la sécurisation de l'accès aux matières premières. Conséquence de ces découvertes pétrolières et de l'attraction qu'elles ont suscitée, l'investissement a considérablement augmenté par rapport à son rythme de long terme. Jusqu'en 2000, le taux d'investissement, défini à partir de la

133 Ibidem

73

formation brute de capital fixe, tourne autour de 15 % du PIB. Depuis l'avènement du pétrole et la réalisation des infrastructures nécessaires à son exploitation, l'accumulation du capital a sensiblement progressé jusqu'à représenter 60 % du PIB en 2002. Le rythme a ensuite décéléré mais est resté à un niveau plus élevé que la tendance à long terme du fait de l'ouverture de nouveaux champs d'exploitation des hydrocarbures et des effets induits par la dynamique des relations internationales avec les nouveaux pays émergents134.

Les perspectives économiques récentes ont montré qu'après avoir enregistré une expansion de 14.3 % en 2010, l'économie tchadienne a connu un fort ralentissement en 2011 avec un taux de croissance de 2.8 %. Cette évolution résulte principalement de la baisse d'activité dans le secteur primaire. Le secteur non pétrolier, qui représente 73 % du PIB, a affiché une croissance de 2.4 % en 2011 contre 16.6 % en 2010. Quant au secteur pétrolier (27 % du PIB), malgré la baisse de la production (-1.4 %), le redressement des cours mondiaux du pétrole brut a soutenu sa croissance. L'effet prix imprime ainsi à ce secteur un taux de croissance de 3.6 % soit une progression de 0.3% par rapport au taux affiché en 2010. Si les secteurs secondaire (14 % du PIB) et tertiaire (40 % du PIB) prennent un poids accru dans la création de la richesse nationale, celle-ci reste largement dépendante du secteur primaire qui compte pour 46% dans le PIB135. Avec une baisse de 5.1 %, le secteur primaire a ainsi contribué au ralentissement de la croissance en 2011. Cette évolution est imputable à une baisse de la production agricole vivrière de 29.1 % due, à son tour, au retournement cyclique après la forte hausse de 61.7 % enregistrée en 2010 et aussi au retard des pluies observées en 2011. En dépit de cette tendance à la baisse, la croissance du secteur primaire a enregistré en 2012 et 2013 un rebond grâce aux bons résultats de la production agricole136. L'activité agro-industrielle connaît quant à elle une croissance de 8.4 % favorisée par le retour des paysans à la culture du coton et la bonne tenue des cours mondiaux de ce produit. S'agissant de l'exploitation pétrolière, la production du brut est en baisse de 1.4 % suite à des conditions géologiques moins favorables et aux coûts de production de plus en plus élevés. Cette baisse s'est poursuivie avec des prévisions de taux de croissance respectivement de 1.1 % et -4.6 % en 2012 et 2013. L'activité dans le secteur secondaire a connu une hausse de 18.7 %, progression qu'explique la forte hausse (53.8 %) enregistrée par la branche égrenage de coton consécutive à la solution apportée aux problèmes techniques connus par la société Coton-Tchad.

134 BAD. (2012), op. Cit., pp. 8-11.

135www.africaneconomicoutlook.org 136 Idem

74

Le démarrage de la production de ciment au second semestre 2011 et la bonne tenue de la demande intérieure ont permis à l'ensemble des autres productions industrielles de progresser de 4.9 %. La branche électricité, gaz et eau a progressé de 11.8%, grâce à l'apport de la société de raffinage de N'djamena (SRN) au second semestre 2011. Les perspectives du secteur secondaire sont prometteuses pour 2012 et 2013 avec des prévisions de taux de croissance respectivement de 18.7 % et de 7.5 %. Ces prévisions s'appuient sur les changements structurels qui interviendront à court terme dans ce secteur, notamment la mise en service de la zone industrielle et l'amélioration significative de la production d'électricité137. Quant au tertiaire, il affiche une croissance de 5.8 % en 2011 contre 14.7 % en 2010, un résultat dû au recul important des activités du commerce, des transports et des télécommunications ainsi que des activités hôtelières, conséquences, notamment, du retrait de la Mission des Nations Unies en République Centrafricaine et au Tchad (MINURCAT). L'activation de la fibre optique et ses implications sur les sous-secteurs, en particulier de la communication, ont entraîné une croissance du tertiaire de l'ordre de 6.7 % en 2012 avant un nouveau fléchissement à 2.3 % en 2013 sous l'effet de la baisse des activités du commerce. En termes de ressources et d'emplois, la consommation finale marchande a enregistré en 2011 une croissance de 8.8 % contre 13 % en 2010. Cette évolution résulte de la consommation des administrations publiques et du dynamisme du secteur privé.

Section 2 : Les effets des investissements directs étrangers (IDE) sur la diversification de l'économie tchadienne

Les effets de la découverte de pétrole sur l'économie tchadienne sont doubles. Le premier effet, que l'on observe aujourd'hui, est celui des grands travaux d'exploitation. D'après le FMI, ces effets auraient été relativement importants en 2001 puisque les estimations actuelles sur le taux de croissance s'élèvent à 8,9% (8,1% pour la BEAC). On distingue d'une part, les effets dus à la masse salariale distribuée aux travailleurs locaux (4 milliards en 2001), et d'autre part, ceux correspondant à la valeur des contrats de sous-traitance obtenus par des entreprises tchadiennes (environ une vingtaine de milliards en 2001). Le second effet est à long terme, bien entendu le bénéfice de l'exploitation qui avait débuté fin 2003138. L'exploitation des champs pétroliers a entraîné un accroissement des recettes et des dépenses publiques. En effet, les recettes totales sont passées de135, 43 milliards (12,13% du PIB) pour s'établir à 1329,6 milliards de franc CFA représentant près de (20% du PIB).

137 Ibidem

138 AFD. (2002), Analyses et perspectives macroéconomique au Tchad, pp. 5-8.

75

Cela correspond à une hausse en moyenne annuelle de l'ordre de 22,5%. Pour ce qui est des dépenses publiques, elles ont enregistré des fortes hausses passant 203,2 milliards (18,2% du PIB) à 1463,56 milliards de FCFA correspondant à (22,02% du PIB). Un point important concerne la dépendance de l'économie nationale au pétrole. Ainsi, d'après le FMI (Rapport n°13/284), l'économie tchadienne est fortement tributaire du pétrole qui assurait plus de 70% des recettes budgétaires, 90% du total des exportations de biens et 30% du PIB nominal en 2013. Ces chiffres traduisent la nécessité de la diversification de l'économie qui permettrait de faire face aux chocs résultant de la baisse des cours du brut. C'est dans cette perspective que nous allons aborder d'abord la dynamique de la diversification au Tchad (paragraphe 1) et ensuite les indicateurs de la diversification au Tchad (paragraphe 2).

Paragraphe 1 : La dynamique de la diversification

De nouveaux outils d'analyse de la dynamique de diversification permettent de mieux appréhender les sources de blocage du processus de diversification. Lorsqu'un pays est très faiblement diversifié, un processus de diversification des exportations suppose en effet de créer de nouvelles lignes d'exportations et de les promouvoir (on parle ici de marge extensive), mais également d'accroître ou de maintenir les montants exportés des produits présents dans la base exportatrice (on parle dans ce cas de marge intensive). Il convient de souligner que l'Afrique subsaharienne reste très largement tributaire des secteurs primaires. Bien que 20 % environ de ses exportations soient classées comme biens industriels, il s'agit pour la plupart des produits primaires faiblement transformés. Un quart à peine des exportations industrielles est réellement composé de biens manufacturés, dans ces derniers, les deux principales catégories sont: les produits automobiles d'Afrique du Sud et les exportations textiles des pays à faible revenu (FMI 2007, Gelb 2009)139. Il semble à première vue que l'Afrique subsaharienne ne soit pas compétitive dans les secteurs autres que celui des ressources naturelles.

En ce qui concerne le Tchad, les flux commerciaux entre Pékin et N'djamena concernent principalement les importations et dans une moindre mesure les exportations du pétrole brut. En effet, le Tchad offre pratiquement très peu de produits au marché mondial : le coton fibre, le bétail, la gomme arabique et depuis 2003, le pétrole brut. Les trois premiers produits intéressent très peu la Chine en raison soit des coûts d'acquisition, soit de la production locale suffisante. Cependant, la dynamique du pétrole brut montre que depuis le

139 Alan Gelb, (2010), Diversification de l'économie des pays riches en ressources naturelles, Center of Global development, pp. 2-10.

76

lancement de la production, celle-ci n'a pas cessé d'augmenter. Toutefois, à partir de 2005 où les exportations ont atteint leur maximum (63 millions de barils), une tendance à la baisse s'est amorcée depuis cette année jusqu'en 2011 où elle est de l'ordre de 42 millions de barils. Comparativement à l'année 2010, les exportations en 2011 ont baissé de 4,55%140. Il convient de rappeler que depuis le réchauffement des relations entre Pékin et N'djamena, la Chine est devenue le principal pays de destination des exportations du pétrole du Tchad. Le graphique suivant donne l'évolution des exportations du Tchad à destination de la Chine en millions de dollars de 2000 à 2011.

Graphique 3: Les exportations du Tchad à destination de la Chine en millions de dollars de (2000-2012)

350 300 250 200 150 100

50

0

 
 
 

2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012

Source : Graphique construit par l'auteur à partir des données de Trade Law Centre

Ce graphique montre que les exportations tchadiennes à destination de la Chine pour les périodes 2000-2003 sont insignifiantes voire même nulles. Entre 2004-2010, elles ont atteint le pic, cette augmentation s'explique par le rachat de consortium américain par la Chine, ce qui a permis à la Chine d'importer exclusivement le pétrole brut du Tchad. Dans ce paragraphe nous allons aborder d'une part l'évolution des exportations au Tchad (1-1) et d'autre part le processus de la diversification au Tchad (1-2).

1-1: L'évolution des exportations au Tchad

Le premier pays de destination des produits d'exportation (hors pétrole) du Tchad reste le Nigéria avec environ 85,2% des exportations du Tchad pour une valeur de 38,92 milliards de FCFA. Ensuite vient la France avec une part de 6,3% soit une valeur de 2,88

140 Ministère du plan, de l'économie et de la cooperation internationale.

77

milliards de FCFA. Le Cameroun arrive en troisième position en termes de pays de destination des exportations en 2011 avec une valeur de 2,76 milliards de FCFA soit 6,0% des exportations totales. Ces trois pays représentent à eux seuls environ 97,5% de la destination des exportations du Tchad hors pétrole en 2011. Selon le ministère du plan et de l'économie, le pétrole constitue 91,2% des exportations totales au Tchad et 80,5% des exportations de ce pétrole sont destinées pour la Chine. Le tableau suivant indique la structure moyenne des exportations du Tchad en (%).

Tableau 3: Structure moyenne des exportations au Tchad en pourcentage de (1987-2012)

Nombre des

1987-1993

1994-2000

2001-2006

2007-2012

Produits

 
 
 
 

Coton-fibre

61

57

19

28,47

Bétail

39

43

30

11,73

Pétrole

0

0

51

59,8

Source : données de la BEAC et l'INSEED

Ce tableau, montre l'évolution des exportations en pourcentage pour les trois principaux produits d'exportation au Tchad. S'agissant du coton-fibre et du bétail le pourcentage des exportations décroît d'une période à une autre. En ce qui concerne le pétrole, le pourcentage des exportations était de zéro pour les deux premières périodes, tandis que pour les deux autres périodes, il est passé de 51% à 59,8%.

1-2: Le processus de la diversification au Tchad

L'activité économique a connu une forte croissance au début des années 2000 par les revenus provenant de l'exportation du pétrole tchadien. De 2002 à 2003 l'expansion économique a été en grande partie due au lancement du projet pétrolier de Doba et la construction de l'oléoduc reliant le bassin de Doba au terminal de Kribi sur la côte camerounaise. Cela s'est traduit par une forte croissance du PIB pendant 4 à 5 années consécutives. La croissance globale du PIB a atteint une moyenne de 10% par an de 2001 à 2003, nettement supérieure au taux d'environ 2% réalisé pendant les trois années précédentes. Elle atteint un record de plus de 33% en 2005 avant de retomber à 8,5% en 2005. Les effets conjugués liés au recul des activités d'extraction pétrolières, à la baisse du prix du baril sur le marché mondial et aux troubles politiques ont entraîné un recul de la croissance du PIB en 2007 (BEAC, FMI). Cependant au niveau des zones rurales où vit plus de 80% de la population, l'économie reste dominée par les activités agricoles incluant les activités de

78

l'élevage, de la pêche et dans une moindre mesure des activités sylvicoles. La part de l'agriculture et de l'élevage dans le PIB est passée de près de 50% à 19,3% en 2006, la contribution du secteur des hydrocarbures dans le PIB pour la même période était de 47,7% (BAD, OCDE, 2008).

Traditionnellement, le Tchad est un pays importateur net car il dépend du monde extérieur pour satisfaire ses besoins énergétiques, en biens d'équipement et en produits manufacturés. Une partie des besoins alimentaires destinée plus particulièrement aux populations urbaines est également importée. Jusqu'en 2003, les principaux produits d'exportation formelle du Tchad étaient: le coton brut (75% des exportations formelles) et la gomme arabique (16%). Avec l'avènement du pétrole au Tchad à partir de 2004 et les difficultés de la filière cotonnière, l'élevage a supplanté progressivement le coton et occupe la deuxième place des produits d'exportation.

En effet, le processus de la diversification de l'économie au Tchad peut être apprécié à travers l'évolution de la structure des exportations. Cette approche, qui consiste à considérer la notion de la diversification de l'économie comme étroitement liée à celle de la dynamique de ses exportations, peut se justifier, compte tenu de sa structure de production, dominée par l'exploitation et l'exportation de produits de base (Gros et al, 2006) 141 . En matière d'exportation, les statistiques officielles du Tchad, prennent en compte essentiellement, le coton, les produits de l'élevage et la gomme arabique. Les exportations des autres produits tels que l'arachide, le sésame, les oignons ou l'ail, les céréales et une partie de la gomme arabique ne sont littéralement pas inclues ni dans les statistiques de la BEAC, ni même dans celui de l'Institut Tchadien de la Statistique et des Etudes Démographique (INSEED). Dans les statistiques commerciales et la balance de paiement de la BEAC, et de la Banque mondiale on ne trouve que les exportations empruntant des circuits formels.

Paragraphe 2 : Les indicateurs de la diversification au Tchad

Le débat sur la diversification trouve son origine aux Etats-Unis et en Amérique latine, lors de la crise de l'entre-deux guerres marquée par la chute spectaculaire du cours des matières premières. Les arguments formulés en faveur de la diversification ont progressivement inspiré les politiques commerciales et industrielles des pays industrialisés puis, de manière plus large, les politiques de développement des pays émergents jusqu'à nos

141Banque de France. (2007), op. Cit., p. 116.

79

jours 142 . La diversification est un fait désormais largement reconnu dans la littérature économique, le niveau de revenu par habitant et le degré de concentration sectorielle de l'activité économique évoluent conjointement à long terme. En effet, la première dimension de la diversification, qui capture le poids de chaque secteur dans les exportations totales, est la plus standard. Dans cette approche, un pays est considéré comme d'autant plus diversifié que la dépendance limitée de ses exportations à un nombre restreint de biens. A l'inverse, lorsqu'un, ou quelques-uns des biens, représente(nt) une part élevée des exportations d'un pays, celles-ci sont considérées comme concentrées et constituent une source de vulnérabilité143.

Le lien théorique entre diversification et diminution de la vulnérabilité est du même ordre que celui qui explique la réduction attendue du risque d'un portefeuille financier lorsque celui-ci est diversifié. Ainsi, comme le relèvent Imbs et Wacziarg (2003) « la loi des grands nombres suggère que la diversification devrait permettre de limiter l'effet macroéconomique d'un choc sur un secteur spécifique ». En outre, face à de faibles niveaux de développement, les pays se spécialisent généralement sur des produits correspondant à leurs dotations en ressources naturelles. Ce type de spécialisation renforce la vulnérabilité associée à un haut degré de concentration car le prix, les conditions de production et la demande pour ce type de biens sont instables144. Dans ce paragraphe, nous allons aborder quelques indicateurs de la diversification en (2-1) avant de les mesurer en (2-2).

2-1: Quelques indicateurs de la diversification

Afin de bien tenir compte des effets des investissements directs étrangers chinois sur la diversification de l'économie tchadienne, nous avons choisi trois indicateurs qui sont: l'indice d'Ogive (OGV), l'indice de Hirschman (H) et l'indice composite de spécialisation (SPE) comptant parmi les taux de concentration les plus couramment utilisés pour apprécier le degré de concentration ou de diversification d'une économie.

? L'indice d'Ogive (OGV)

OGV = ? ( )

ou OGV = ? ( )

142 Idem

143 Christophe Cottet et Nicole Madariage. (2012), macroéconomie et développement, AFD, Avril 2012 /n° 3 ; p. 4.

144 Idem.

80

Où Pi = (xi / X) est la part réelle du produit i (xi) dans les exportations totales (X=Ó xi), N le nombre total des produits exportés, et 1/N la part idéale des recettes d'exportation qui est la part moyenne d'exportation de chaque produit.

i) Lorsque la valeur de l'OGV? 0; l'économie est considérée comme étant
fortement diversifiée ;

ii) Lorsque la valeur de l'OGV? élevée; l'économie est relativement moins
diversifiée.

? L'indice de Hirschman (H)

H =v? ( )

Où xi est la valeur à l'exportation d'un produit i, X est le total des exportations, et N est le nombre de groupes de produits.

Ici, si la valeur de H est élevée, plus les exportations sont concentrées sur un petit nombre des produits et inversement.

? L'indice de Hirschman normalisé (NH)

v? v

NH =

v

Où Pi = , xi est la valeur des exportations du produit i, X =? et N est le nombre

deproduits.

Si la valeur NH est proche de 1, cela représente une plus forte concentration et inversement. ? L'indice agrégatif de spécialisation (SPE)

SPE = ? ( )

Où xi représente l'exportation du produit i, X le montant total des exportations et N le nombre de produits exportés.

i) Si la valeur de SPE?1 ; cela indique la présence d'un seul produit d'exportation ;

81

ii) Si la valeur de SPE?0 ; cela met en évidence le niveau élevé de diversification

des exportations ;

2-2: La mesure de diversification

Pour mesurer le degré de la diversification de l'économie tchadienne, nous avons calculé les indices suivants: l'indice d'Ogive (OGV), l'indice de Hirschman normalisé (NH) et enfin l'indice agrégatif de spécialisation (SPE) à partir des données du tableau 3. En utilisant (le logiciel EXCEL) les résultats obtenus sont donnés dans le tableau suivant.

Tableau 4: Indices de la diversification de l'économie tchadienne

 

1987-1993

1994-2000

2001-2006

2007-2012

SPE

0,5242

0,5098

0,3862

0,4524

NH

0,1718

0,1582

0,0461

0,1053

OGV

0,0255

0,0186

0,0068

0,0396

Source : Tableau construit par l'auteur à partir des données de la BEAC et INSEED

Soit le graphique suivant représentant l'évolution des indices de la diversification de biens à l'exportation du Tchad.

Graphique 4: Evolution des indices de la diversification de biens à l'exportation du Tchad

SPE
NH
OGV

0,2

0,3

0,6

0,5

0,4

1987-1993 1994-2000 2001-2006 2007-2012

0,1

0

Source : Graphique réalisé par l'auteur à partir des données de la BEAC et INSEED

82

Il convient de faire une représentation graphique de l'évolution de ces indices par produit avant de porter un jugement sur les résultats obtenus

Graphique 5 : Evolution des indices de la diversification de l'économie tchadienne par produit

0,6

Série1 Série2 Série3 Série4

0,5

0,4

0,3

0,2

0,1

0

Indices

SPE

NH

OGV

Produits

1

2

3

? L'analyse comparative des indicateurs de la diversification

Les estimations de trois indices de la diversification de l'économie tchadienne montrent clairement l'existence de deux phases. La première phase est celle qui couvre la période 1987 à 2000 et la seconde s'étend sur la période 2001 à 2012.

- Prenons l'exemple de l'indice d'OGV, il passe de 0,0255 à 0,0186 dans la première phase et il s'établit entre 0,0068 et 0.0396 dans la deuxième phase. La courbe de l'indice d'OGV dans le graphique montre une tendance à la baisse quand l'indice baisse et tend vers zéro et inversement.

- En ce qui concerne l'indice NH, il passe de 0,1718 à 0,1582 dans la première phase et il s'établit entre 0,0461 et 0,1053 dans la deuxième phase. Cela montre également une tendance à la baisse et inversement.

- Et enfin, il en est de même pour l'indice SPE

Dans la première phase les indices estimés montrent une tendance au renforcement de la diversification économique. Cependant, tous les indices estimés au cours de cette période tendent vers zéro.

Par contre, dans la deuxième phase c'est-à-dire la période 2001 à 2012, les indices qui sont estimés ont connu une tendance à la hausse, prenons toujours l'exemple de l'indice OGV, il est passé de 0,006 à 0,039. Cet accroissement se traduit par un affaiblissement de la diversification économique, il en est de même pour les deux autres indices. Cependant, l'économie tchadienne présente une forte concentration dans son ensemble, malgré

83

l'exploitation du pétrole, elle demeure plus ou moins concentrée avec trois produits d'exportation seulement : le coton-fibre dont les exportations ont évolué à un rythme presque constant, le bétail, et le pétrole brut, nouveau produit d'exportation apparu en 2003.Ce dernier produit est à l'origine de la forte croissance des recettes d'exportation ces dernières années. Ceci pourrait témoigner que malgré les différentes stratégies qui ont été mises en place par les firmes multinationales chinoises dans le cadre de leur implantation, l'économie demeure toujours vulnérable. Elle est tributaire de secteurs d'activités fondés sur l'exploitation et l'exportation des ressources naturelles, son processus de diversification s'appuie sur un secteur privé moins dynamique dominé par les activités informelles, n'ayant pas l'accès à une main-d'oeuvre qualifiée et évoluant dans un environnement institutionnel et juridique défavorable. En définitive, les indices estimés pour les périodes 2001-2006 et 2007-2008 sont :

- l'indice d'OGV passe de 0, 006 à 0,039 ;

- l'indice de NH passe de 0, 046 à 0, 105 ;

- et enfin, l'indice SPE passe de 0,386 à 0,452.

En effet, les indicateurs de la diversification estimés confirment l'hypothèse selon laquelle les formes d'implantation des firmes multinationales chinoises fondée sur la coopération et l'exploitation d'opportunité d'investissement ne contribuent pas à la diversification de l'économie tchadienne. Cette situation pourrait s'expliquer par une forte concentration des entreprises chinoises d'une part dans le secteur des ressources naturelles et d'autre part dans le domaine des bâtiments et travaux publics. On observe aussi la présence des entreprises chinoises privées dans presque tous les secteurs de l'économie (import-export, hôtellerie, ventes des objets fabriqués en chine, etc.).

Quoi qu'il en soit et quoi qu'il arrive les stratégies d'implantation adoptées par les firmes multinationales chinoises dans le cadre de leur internationalisation ne contribuent pas à la diversification de l'économie tchadienne. Les investissements faits par ces entreprises sont concentrés dans quelques secteurs (pétrole et le BTP). Cependant, ce type d'investissement peut créer les conditions nécessaires pour le développement de ce pays et à long terme contribuer au processus de la diversification en stimulant les activités économiques dans d'autres secteurs de l'économie nationale.

84

Conclusion

A la lumière de cette étude qui s'achève, il sied de rappeler que notre analyse a porté sur les stratégies d'implantation des firmes multinationales chinoises au Tchad et leur contribution à la diversification de l'économie tchadienne. Le choix de ce thème de recherche part d'un constat que, les multinationales chinoises s'implantent de plus en plus dans ce pays et l'ampleur de ce phénomène attire l'attention des acteurs, tant publics que privés en termes de retombées. L'investissement direct étranger (IDE) réalisé par les multinationales chinoises fait partie intégrante d'un système économique international ouvert et efficace et constitue un des enjeux majeurs pour le développement économique des nations. Les avantages qu'il procure ne se manifestent pas de manière automatique et se répartissent inégalement entre les nations, les secteurs et les collectivités locales.

Les firmes multinationales chinoises ont fortement augmenté leur présence en Afrique subsaharienne à partir du milieu des années 2000, pour devenir un acteur important et incontournable de la scène africaine. Les IDE chinois ont suscité de nouveaux espoirs en Afrique: ils pourraient à la fois représenter un financement additionnel nécessaire au développement et, pour certains, leur spécificité sud-sud suggère que les IDE chinois pourraient être plus profitables aux pays d'accueil. Aujourd'hui la question de la diversification économique est au coeur de l'actualité de tous les pays en voie de développement. Les politiques nationales jouent un rôle important dans le cadre de la diversification économique. C'est aux pays d'accueil qu'il incombe de mettre en place les conditions nécessaires et de renforcer les capacités humaines et institutionnelles susceptibles de leur permettre d'atteindre certains niveaux de développement.

Notre étude a eu pour objectif principal d'analyser les effets des stratégies d'implantation des firmes multinationales chinoises sur la diversification de l'économie tchadienne. Pour ce faire, nous avons choisi trois indicateurs: l'indice d'Ogive (OGV), l'indice de Hirschman (H) et l'indice composite de spécialisation (SPE) qui sont les plus couramment utilisés pour apprécier le degré de concentration ou de diversification d'une économie. A partir de l'estimation de ces indices, nous sommes parvenus à des résultats importants. Les estimations de ces indices ont montré l'existence de deux phases : la première phase est celle qui couvre la période de 1987 à 2000 et la seconde est celle de 2001 à 2012. Durant la première phase les indices estimés ont baissé, cela suppose une tendance au renforcement de la diversification économique. Par contre, dans la deuxième phase les indices

85

estimés ont connu une tendance à la hausse, cela se traduit par un affaiblissement de la diversification économique.

Notre étude présente des limites dues à la nature des données utilisées. En effet, comme nous avons souligné ci-dessus, les entreprises chinoises ont réalisé des investissements au Tchad dans presque tous les domaines de l'économie. Malheureusement, la prise en compte de toutes ces dimensions n'est pas toujours facile du fait qu'il est difficile de collecter toutes les informations y relatives. De plus, les données utilisées pour estimer les indicateurs sont prises dans le cadre global et ne concernent que les grandes entreprises qui ont investi dans le pétrole, cela n'aurait pas permis d'apprécier correctement l'apport des investissements directs étrangers chinois à la diversification de l'économie tchadienne. Nous souhaitons donc entreprendre les études dans ce sens qui est d'autant plus essentiel pour la politique économique du fait qu'elles pourront aider l'Etat dans sa prise de décision aux choix judicieux pour ses investissements. Suite à ces résultats, nous concluons que les stratégies d'implantation adoptées par les firmes multinationales chinoises ne contribuent pas à la diversification de l'économie tchadienne pour plusieurs raisons :

- les grandes entreprises chinoises ont investi uniquement dans le domaine des

ressources naturelles (pétrole). En effet, il faut quand même souligner qu'avant l'implantation de ces firmes, il existait bien d'autres investisseurs dans ce secteur, ce qui fait que les effets d'entraînement des investissements de ces entreprises ne sont pas directement ressentis sur l'économie tchadienne en termes d'apport d'éléments nouveaux;

- les investissements faits par les entreprises chinoises dans le domaine des bâtiments et travaux publics ne contribuent pas au processus de la diversification de l'économie. Par contre, ce type d'investissements fournit à l'économie nationale des infrastructures nécessaires qui peuvent faciliter la réalisation de toute activité économique ;

- et enfin, on constate également une absence totale de la politique du gouvernement dans le cadre de l'organisation de la diversification économique du pays.

La diversification de l'économie a besoin d'un environnement socioéconomique stable et un cadre juridique approprié.

Tout travail scientifique a notamment pour but de contribuer à la résolution d'un problème en vue d'assurer le bien- être de la population. Nous ne pouvons pas terminer notre propos sans formuler quelques recommandations. Compte tenu des limites ci-dessus, nous suggérons ce qui suit pour les études ultérieures. Pour pallier à ces insuffisances nous proposons, des

86

mesures de politique qui pourraient, si elles sont bien appliquées permettront au Tchad d'amorcer le processus de sa diversification économique.

y' Pour maximiser les effets d'entraînement des firmes multinationales chinoises sur la diversification de l'économie tchadienne, il faut promouvoir la politique de zones économiques spéciales. Cependant, c'est cette politique qui a permis à la Chine aujourd'hui d'être le plus grand importateur du monde. En effet, cette politique peut être efficace dans le cas des pays africains et plus particulièrement pour le Tchad;

y' L'Etat doit faire la promotion du secteur privé en fonction des atouts dont dispose le pays pour attirer davantage les investisseurs dans plusieurs domaines ;

y' Le pays doit investir dans des activités ayant une intensité capitalistique assez élevée. L'industrie manufacturière doit être développée pour pouvoir exporter à terme des produits manufacturiers afin de modifier la structure de ses exportations dominées par des produits agricoles, l'élevage et le pétrole. Dans cette même lancée les activités des principales industries du pays comme industries chimiques du Tchad doivent être relancées et mises hors gestion politicienne ;

Et ainsi toute sorte d'industrie de substitution aux importations doit être découragée si les avantages comparatifs du pays ne les permettent pas. La promotion de l'industrie nécessite une bonne politique de l'énergie car les nombreux délestages de la SNE, découragent tout industriel voulant s'installer au Tchad ;

y' Dans les grandes entreprises chinoises la main-d'oeuvre qualifiée est chinoise et les emplois se font au détriment des travailleurs tchadiens. On doit veiller à ce que les dépenses d'éducation soient efficaces. Les formations doivent être adaptées aux réalités du pays afin de renforcer les capacités des ressources humaines dans le but de rechercher une adéquation entre les programmes de formation et le marché du travail.

y' Créer un environnement propice au commerce extérieur en révisant les mesures tarifaires et non tarifaires afin de réduire les coûts des transactions. Cette politique d'ouverture économique permettra au Tchad de tirer profit des effets bénéfiques de la mondialisation ;

y' Maîtriser le risque pays afin d'attirer plus les investisseurs étrangers ;

y' La corruption est généralisée et elle prend de plus en plus d'ampleur même dans la magistrature, le fait que la justice soit intégralement contrôlée par l'exécutif qui l'utilise à son gré ne peut pas faciliter l'environnement des affaires ;

87

y' La transparence dans la passation des marchés publics n'est pas ce qu'elle devrait être. La corruption est bien présente dans ce domaine ;

y' Améliorer l'accès aux infrastructures et les rendre plus abordables et fiables, particulièrement pour les entreprises. Il s'agit entre autres d'abolir les innombrables péages le long des routes, de réduire les tracasseries administratives liées aux formalités de transport, de sécuriser les voies de communication ;

y' Améliorer la coopération et le commerce au niveau régional grâce à des meilleures connexions transfrontalières des infrastructures.

Les solutions proposées dans cette étude ne sont pas exhaustives. Il faut signaler également que l'étude sur les effets des stratégies d'implantation des firmes multinationales chinoises à la diversification de l'économie tchadienne est beaucoup plus complexe, qu'on le croit réellement, d'autant plus que, les effets sur cette dernière sont à la fois directs et indirects. Le problème étant d'actualité, il serait important qu'une attention particulière soit accordée à une évaluation des effets directs et indirects L'analyse se complique davantage du fait que cet impact dépend étroitement du mode d'implantation du secteur d'activité, de la concurrence entre les FMN et les firmes locales, et du degré du développement du pays d'accueil.

88

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> MBANDZA J., (2010), Stratégies et politiques de développement, Paris, Editions

Universitaires Européennes.

> MEURS D., (1997), Economie, Paris, Ed. Nathan.

> RICHET X. et al., (1995), Grands problèmes économiques, Paris, Editions Hachette.

> SILEM A., (2008), Lexique d'économie, 10e édition, Paris, Editions DALLOZ.

II) LES OUVRAGES SPECIFIQUES

V' ANDREFF W., (1996), Les multinationales globales, Paris, Ed. La Découverte.

V' BAYE M., (1987), Relations économiques internationales, 5éme Edition, Paris, Ed

DALLOZ.

V' BERGSTEN F. et al., (1983), Les multinationales aujourd'hui, Paris, Editions

Economica.

V' BUSSEAU A., (1994), Stratégies et techniques du commerce international, Ed

Masson, Issy les Moulineaux.

V' CHESNAIS F. (1997), Le capitalisme mondial, Paris, Ed SYROS.

V' DE BRUEKER R., (1995), Les stratégies organisationnelles, Paris, Ed

ECONOMICA.

V' DELAPIERRE M. et al., (1995), Les firmes multinationales, Paris, Ed Vuibert.

V' GERVAIS M. et al., (2011), Stratégie de l'entreprise, 6e édition, Paris, Editions

Economica.

89

V' GUILLAUME F. et al., (2003), Les meilleurs pratiques des multinationales, Bruxelles, Ed d'Organisation.

V' HELLRIEGEL D. et al., (2006), Management des organisations, 2eédition, Bruxelles, Ed. DE BOECK Université.

V' KOENIG G., (1998), Les théories de la firme, 2e édition, Paris, Ed ECONOMICA. V' MEIER O., (2005), Entreprises multinationales, Paris, Ed DUNOD.

V' MUCHIELLI J. L., (1998), Multinationales et mondialisation, Paris, Ed DU SEUIL. V' RAINELLI M., (1979), La multinationalisation des firmes, Paris, Ed ECONOMICA. V' RAINELLI M., (2001), La nouvelle théorie du commerce international, Paris, Editions La Découverte.

III) LES ARTICLES

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V' CHAPONNIERE JR., (2006), Les échanges entre la Chine et l'Afrique : situation

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V' FERREIRA P. G., (2010), Les théories des firmes transnationales issues des pays en développement et les pétrolières étatiques: les cas PDVSA et Petrobras, Centre de recherche-CEIM.

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V' GIROUARD E., (2008), La Chine en Afrique : néocolonialisme ou nouvel axe de coopération Sud-Sud, Canada's Coalition to end Global Poverty.

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y' MURRAY G. et al., (2004), Une régulation sociale de l'entreprise mondiale, RI/IR, vol. 59, n°1.

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V' TANGUY STRUYE de Swielande., (2010), La Chine et les grandes puissances en Afrique, Ed. Presses Universitaires de Louvain.

V' YAW A. et al., (2011), Investissement chinois en Afrique : conditions de travail et relations professionnelles, vol. 18-2011/63.

IV) THESES ET MEMOIRES

V' CHRISTOPHE S., (2003), Firmes multinationales et dynamique de création technologique : des coûts de transaction aux coûts de coordination, thèse en sciences économiques, Université Lumière Lyon 3, France.

V' DEMBELE A. M., (2008), Impact des investissements directs étrangers sur la croissance économique en Côte d'Ivoire, mémoire de master en sciences économiques, Université de Cocody, Côte d'Ivoire.

V' DIABYF. S., (2014), Les stratégies des entreprises chinoises en Afrique: quels objectifs, quelle coopération, thèse de doctorat en sciences économiques, Université de Nice Sophia Antipolis, France.

V' DIALLOA. (2012), Investir en Afrique le point de vue des entreprises chinoises: cas de Mali, thèse de doctorat en sciences de gestion, Université de Pau et des Pays de l'Adour, France.

V' DJERABE Kélos. (2009), pauvreté des ménages et travail des enfants au Tchad : niveaux et déterminants, mémoire de master en démographie, Université de Yaoundé, Cameroun.

V' EL MOUDEN A., (2007), L'impact de l'évolution des structures organisationnelles des FMN sur stratégie de localisation et leur système de contrôle, thèse de doctorat en sciences de gestion, Université de Limoges, France.

V' GRAICHE L., (2012), Les formes d'implantation des firmes multinationales en Algérie : Objectifs et Stratégies, mémoire de master en sciences économiques, Université Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou, Algérie.

V' NDIAYEP. O., (2007), Investissement direct étranger et croissance économique, mémoire de master en sciences économiques, Université Cheik Anta Diop, Sénégal.

V' NGOUHOUO I. (2008), Les investissements directs étrangers en Afrique centrale: attractivité et effets économiques, thèse de doctorat en sciences économiques, Université de Sud Toulon-Var, France.

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y' YSRELA. (2012), Le management des firmes à l'international, mémoire de master en

sciences de gestion, Université Jean Moulin Lyon3, France.

V) RAPPORTS ET AUTRES DOCUMENTS

y' AFD. (2002), Analyses et perspectives macroéconomique au Tchad.

y' AFD. (2012), Une compagnie pétrolière chinoise face à l'enjeu environnemental au

Tchad.

y' BAD. (2011), La Chine et l'Afrique : un nouveau partenariat pour le développement.

y' BAD. (2012), Environnement de l'investissement privé au Tchad.

y' BAD. (2012), Environnement de l'investissement privé dans les pays de la

Communauté Economique des Etats de l'Afrique Centrale : contraintes et

perspectives.

y' Banque de France. (2010), Rapport annuel de la zone franc.

y' Banque de France. (2007), Diversification économique en Afrique Centrale : état des

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y' CEDEAO-CSAO. (2006), Atlas de l'Afrique de l'Ouest: l'Afrique et la Chine.

y' CERI. (2010), La présence chinoise et indienne en Europe: au-delà de clichés.

y' Charte nationale de l'investissement. (2008).

y' CNUCED. (2013), Rapport sur le commerce intra-africain : libérer le dynamisme du

secteur privé.

y' CNUCED. (2014), Le catalyseur de l'investissement pour une croissance

transformatrice en Afrique.

y' CNUCED. (2015), Libérer le potentiel du commerce des services en Afrique pour la

croissance et le développement.

y' Conseil national du patronat tchadien, Livre blanc, Edition, 2012.

y' CUNCED. (2014), Rapport sur l'investissement dans le monde.

y' DEMBINSKI S. et al., (2013), Chine-Afrique.

y' GALBRAITH J.R et al., (1986), organizing to implement strategies of diversity and

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y' HEC EURASIA Institue. L'internationalisation des entreprises chinoises.

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y' INSEED. (2014), Essai d'analyse de la pauvreté non monétaire.

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V' LEVASSEUR S., (2002), Investissements directs à l'étranger et stratégies des

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V' MAINGUY C. et al., (2012), De la connaissance des IDE chinois et de leurs effets en

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V' Manuel de la balance de paiement, 5ème Edition, Fonds monétaire international,

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V' MARKS S., (2007), Introduction in African Perspectives on China in Africa.

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V' Ministère du commerce et de l'industrie (2011), Investir au Tchad.

V' OCDE. (2012), Point sur le soutien apporté à l'investissement dans les infrastructures

africaines.

V' PNUD. (2012), Perspective économique en Afrique.

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V' SERVANT J. C., (2005) La Chine à l'assaut de marché africain : le Monde

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VI) SITES INTERNET CONSULTES

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subsaharienne et la Chine dans une période de fluctuation économiques

> http://hzs.mofcom.gov.cn/accessory/201109/1316069658609.pdf: Bases de données

du Ministère du Commerce Chinois

> http://www.voltairenet.org/article162985.html: Discours d'ouverture de la quatrième

conférence ministérielle du forum de coopération Chine-Afrique (FOCAC), 8

novembre

> www.africaneconomicoutlook.org: Perspectives économiques en Afrique 2012 : Le

cas du Tchad

> www.endacacid.org: Troisième sommet Chine-Afrique des Chefs d'Etats et des

gouvernements de 2012 tenue à Beijing/Pékin(Chine)

> www.aefjr.org: Examen des politiques commerciales au Tchad

> www.fmprc.gov.cr/zflt/fra/jlydh/t1024662.htm: L'interview de l'Ambassadeur chinois

au Tchad

94

? http://perspective.ushebook.ca/bilan/servlet/BMTendancestatPays?langue=fr&codePa ys=COG&codetheme=2&codestat=FP.CPI.TOTL: Bases des données sur les investissements de la Banque Mondiale

95

ANNEXES

Annexe 1:L'aide publique chinoise au développement du Tchad

Secteur récipiendaire

Projet

Valeur (en millions de dollars)

Type d'aide/ Institution donatrice

Agriculture

Projet rizicole de

Mayo-Kebbi Ouest

Non disponible

Assistance technique

Projet maraîcher de

Koundoul

Non disponible

Assistance technique

Activités de Fabrication

Cimenterie de

BAOARE

92,33

Prêt préférentiel de la China EXIM Bank

Raffinerie

Non Disponible

Prêt préférentiel de la China EXIM Bank

Construction

9,7 km de routes

urbaines à

N'Djamena avec
assainissement et éclairage public

30

Don du Gouvernement Chinois

Deux écoles primaires

Non disponible

Don du Gouvernement Chinois

Electricité et eau

Amélioration de la

production

d'électricité à
N'Djamena

Non disponible

Don du Gouvernement Chinois

Télécommunications

CHAD CDMA 2000 (Téléphonie fixe sans fil)

25,06

Prêt préférentiel de la China EXIM Bank

Téléphonie mobile

20

Prêt préférentiel de la China EXIM Bank

Education

Bourses de

perfectionnement des

cadres et d'études
universitaires

Non disponible

Don du Gouvernement Chinois

Santé et action Sociale

Assistance médicale à l'Hôpital de la

Liberté de N'Djamena

Non disponible

Assistance technique

(Annulation de la dette)

 

34

Don du Gouvernement Chinois

Source: Ministère de l'Economie et du Plan/Direction des Ressources Extérieures et de la Programmation dans Symphorien Ndang TABO et al., (2008), op. Cit., p 11.

96

Annexe 2: Evolution des flux d'IDE au Tchad en millions de dollars (1980-2012)

Année

IDE

1980

-0,43

1981

-0,11

1982

-0,12

1983

-0,09

1984

9,186266

1985

53,650094

1986

28,200501

1987

8,162068

1988

1,289247

1989

18,739324

1990

9,4

1991

4,239528

1992

1,960771

1993

15,160902

1994

27,074699

1995

32,61157

1996

39,466174

1997

44,293941

1998

216,96618

1999

24,524971

2000

115,172422

2001

459,866392

2002

924,11921

2003

712,663455

2004

466,793492

2005

-99,342519

2006

-278,414

2007

-321,655

2008

466,131

2009

375,65

2010

312,956184

2011

281,85968

2012

342,783046

Perspective /Source : Banque Mondiale

Lien :

http://perspective.ushebook.ca/bilan/servlet/BMTendancestatPays?langue=fr&codePays=CO G&codetheme=2&codestat=FP.CPI.TOTL.

97

Annexe 3 : Flux d'investissement chinois au Tchad en millions de dollars (2003-2011)

Année

2003*

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011*

IDE

0

0

2,71

1,61

0,75

9,47

51,21

2,13

-12,48

Source: Statistical Bulletin of China's outward foreign direct investment (MOFCOM, 2010)

Lien: http://hzs.mofcom.gov.cn/accessory/201109/1316069658609.pdf

(*) : Les données de 2003 et 2011 sont proviennent du site :

Lien : http://www.pairault.fr/sinaf/index.php/statistiques/412-flux-dinve

Note : Les données de 2003 à 2006 ne prennent en compte que des flux d'IDE non financiers.

Annexe 4: Stocks d'investissement chinois au Tchad en millions de dollars (2003-2011)

Année

2003*

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011*

Stock

0

0

2,71

12,78

13,53

25,36

76,57

80

108,12

d'IDE

 
 
 
 
 
 
 
 
 

Source: Statistical Bulletin of China's outward foreign direct investment (MOFCOM, 2010)

Lien: http://hzs.mofcom.gov.cn/accessory/201109/1316069658609.pdf

(*) : Les données de 2003 et 2011 sont recueillies sur le site :

Lien : http://www.pairault.fr/sinaf/index.php/statistiques/412-flux-dinve

(**) : Les stocks de 2010 sont recalculés après ajustement des données historiques.

Note : Les données de 2003 à 2006 ne prennent en compte seulement que des stocks d'IDE

non financier.

Annexe 5: Exportations chinoises à destination du Tchad en millions de dollars (2000-2012)

TRALAC

Année

Exportation

2000

1

2001

0

2002

2

2003

2

2004

6

2005

15

2006

14

2007

65

2008

80

2009

154

2010

321

2011

94

2012

172

Source: Trade Law Centre

Lien : http://www.tralac.org/2013/08/14/africa-china-trading-relationship/

98

Annexe 6: Importations chinoises en provenance du Tchad en million de dollars (2000-2012) TRALAC

Année

Exportation

2000

0

2001

0

2002

2

2003

3

2004

223

2005

200

2006

260

2007

84

2008

41

2009

65

2010

496

2011

264

2012

221

Source: Trade Law Centre

Lien : http://www.tralac.org/2013/08/14/africa-china-trading-relationship/

99

TABLE DES MATIERES

Dédicace ....I

Remerciements II

Sigles et Abréviations ..IV

Sommaire VI

Introduction 1

PREMIERE PATRIE : LES ANALYSES THEORIQUES DE L'IMPLANTATION DES

FIRMES MULTINATIONALES CHINOISES 6

CHAPITRE I : L'aperçu général sur la firme multinationale 8

Section 1 : Le fondement théorique de l'implantation de firme multinationale 8

Paragraphe 1 : Les définitions et théories de la firme multinationale 9

1-1: Les définitions de la firme multinationale 9

1-2: Les théories de la firme multinationale 11

Paragraphe 2 : Les déterminants de l'implantation de la firme multinationale dans un pays

étranger

14

2-1: Les apports de la théorie des coûts de transaction

14

2-2: Les déterminants de l'implantation selon la théorie de Dunning

15

Section 2 : Les formes et organisations de la firme multinationale

17

Paragraphe 1 : Les formes d'implantation de la firme multinationale

17

1-1: L'exportation indirecte

....18

1-2: L'implantation par association

19

Paragraphe 2 : Les organisations de la firme multinationale

..20

2-1: La complexité structurelle de l'organisation de la firme multinationale

....21

2-2: Les typologies structurelles de l'organisation de la firme multinationale

22

100

CHAPITRE II : Les stratégies d'implantation des firmes multinationales chinoises au

Tchad .27

Section 1 : Le fondement de la politique chinoise au Tchad 27

Paragraphe 1 : Les causes d'implantation des firmes multinationales chinoises au Tchad 28

1-1: Les causes politiques

29

1-2: Les causes économiques

..30

Paragraphe 2 : La diplomatie tchado-chinoise au coeur de la mondialisation

32

2-1:La coopération sino-tchadienne

33

2-2: L'aide publique chinoise au Tchad

34

Section 2 : Les modes et stratégies mises en place par la Chine pour accompagner ses

entreprises à investir à l'étranger

.36

Paragraphe 1 : Les modes d'implantation des FMN chinoises au Tchad

37

1-1: Le mode d'implantation des entreprises publiques

..38

1-2: Le mode d'implantation des entreprises privées

..39

Paragraphe 2 : Les stratégies mises en place par la Chine pour accompagner ses entreprises à

investir à l'étranger

40

2-1: La stratégie de financement

.41

2-2 : Le modèle angolais

.43

DEUXIEME PARTIE : LES EFFETS DES STRATEGIES D'IMPLANTATION DES FIRMES MULTINATIONALES CHINOISES SUR LA DIVERSIFICATION DE

L'ECONOMIE TCHADIENNE .....46

CHAPITRE III : Les investissements directs étrangers chinois au Tchad ..48

Section 1 : Les politiques d'attractivité d'investissements directs étrangers au

Tchad 48

Paragraphe 1 : L'attractivité d'investissements directs étrangers au Tchad .....49

101

1-1: La politique économique .49

1-2: La politique des réformes ....52

Paragraphe 2 : Les ressources naturelles 53

2-1: Le secteur pétrolier ...54

2-2: Les ressources hors pétrole 55

Section 2 : Les investissements chinois au Tchad ...56

Paragraphe 1 : La typologie d'investissements directs étrangers au Tchad .57

1-1: L'origine d'investissements directs étrangers au Tchad 57

1-2: La répartition sectorielle d'investissements directs étrangers au Tchad 58

Paragraphe 2 : Les caractéristiques des investissements chinois au Tchad .60

2-1: Les secteurs d'investissements des entreprises chinoises au Tchad 61

2-2: Les flux d'investissements chinois entrant au Tchad 62

CHAPITRE IV : L'apport d'investissements directs étrangers chinois à la diversification de

l'économie tchadienne ....65

Section 1 : L'économie tchadienne avant et après l'exploitation du pétrole ...65

Paragraphe 1 : La doctrine économique 66

1-1: L'analyse historique de la croissance économique ...67

1-2: L'analyse des agrégats macroéconomiques ...69

Paragraphe 2 : L'économie tchadienne à l'ère pétrolière 70

2-1 : Les caractéristiques de l'économie tchadienne à l'ère pétrolière 71

2-2: L'impact de l'exploitation du pétrole sur l'économie tchadienne 72

Section 2 : Les effets d'investissements directs étrangers chinois sur la diversification de

l'économie tchadienne 74

102

Paragraphe 1 : La dynamique de la diversification ....75

1-1: L'évolution des exportations au Tchad 76

1-2: Le processus de la diversification au Tchad 77

Paragraphe 2 : Les indicateurs de la diversification au Tchad ....78

2-1: Quelques indicateurs de la diversification 79

2-2: La mesure de diversification ....81

Conclusion 84

Bibliographie 88

Annexes 95

Table des matières 99






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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille