Développement du tourisme durable autour des chutes de Memve'ele à travers l'aménagement d'un village écotouristique à Ebianemeyong( Télécharger le fichier original )par Adonis Dorgelet EDANE EDANE Université de Yaoundé 1 - Licence Professionnelle en Tourisme et Hôtellerie 2012 |
1-2- DONNÉES ÉCONOMIQUES ET SOCIOLOGIQUES
a- Secteur primaire Il s'agit d'un inventaire exhaustif des activités économiques pratiquées par les populations de la zone d'étude. Agriculture : l'économie locale est essentiellement basée sur l'agriculture. La culture vivrière concerne principalement le manioc que vient compléter la banane plantain, la patate douce, etc. On y retrouve également du maïs, de la canne à sucre, de l'ananas ainsi que des plantes fruitières et légumières. Le cacao est la principale culture de rente de cette zone. Chasse et cueillette : la chasse à armes à feu et aux pièges se fait toute l'année et plus régulièrement en saison de pluies. Le gibier constitue une source de revenus monétaires pour l'économie des ménages. L'espace utilisé par les populations riveraines pour la chasse s'étend jusque dans le parc avec une pression décroissante de la périphérie du village vers l'intérieur du parc. En dehors du gibier et des produits de la pêche continentale, une gamme très variée d'autres produits forestiers non ligneux (PFNL) sont régulièrement collectés par les populations riveraines et dont seules les graines sont vendues. Les produits collectés sont destinés à différents usages : consommation alimentaire, médecine traditionnelle, pratiques socioculturelles, artisanat, construction, etc. la collecte se fait toute l'année : dans les forêts primaires, les forêts secondaires, les jachères et les champs vivriers. La commercialisation porte sur un nombre limité de certains produits vendus principalement dans le réseau villageois (vin de palme, les noisettes, etc.). Élevage traditionnel est pratiqué par la plupart des paysans. Les animaux élevés sont les moutons, les chèvres, les porcs et les oiseaux de la basse cours. Ces animaux domestiques qui vivent en divagation sont consommés et parfois vendus. Pêche traditionnelle : l'activité de pêche est saisonnière dans de nombreux cours d'eau qui traversent les villages surtout le fleuve Ntem. Le matériel utilisé est rudimentaire et se compose de filet et d'une pirogue propulsée à l'aide de pagaies. La zone dispose des techniques de pêche d'une originalité exclusive : le barrage de retenue de poisson (« Alâm » en langue locale), la pêche féminine à la nasse (« Alôk »), etc. b- Secteur secondaire Industrie : le secteur industriel n'est pas encore représenté dans la localité. Le projet Memve'ele qui se met progressivement en place constitue une lueur d'espoir pour le secteur hydroélectrique. Exploitation forestière : le secteur d'exploitation forestière est développé dans la localité depuis peu. En effet, après le passage de diverses compagnies d'exploitation forestière, actuellement, le principal bénéficiaire des unités forestières d'aménagement (UFA) créées est Wijma Cameroun S.A. c- Secteur tertiaire Activités commerciales : elles se résument aux transactions commerciales au niveau local entre les producteurs locaux et les acheteurs des produits agricoles, de chasse et de pêches en provenance des villes limitrophes comme Ebolowa, Ambam, soit des pays voisins à savoir le Gabon et la Guinée Équatoriale. Le petit commerce du secteur informel est fort présent avec la prolifération des petites boutiques à Nyabizan et à Ma'an dont un accent prioritaire est mis sur les produits de première nécessité. Industrie touristique : l'activité touristique tarde à se développer dans la zone malgré les avantages tels que la proximité de l'Océan Atlantique, de la ville de Kribi grand pôle d'accueil touristique (155 Km) ainsi que la présence du parc national de Campo-Ma'an. a. Population La population de la zone d'étude est principalement constituée des Ntumu et des Mvaé du groupe Fang auxquels on associe quelques allogènes. Les effectifs de cette population sont peu connus. Le recensement effectué en 2002 dans le cadre de l'étude socio-économique de l'UTO de Campo - Ma'an estime la population de l'arrondissement de Ma'an à 13 707 habitants12(*) constituée de jeunes en majorité. Nous avons également observé que périodiquement les villages sont quasi-vides pour des raisons de scolarisation des jeunes. La lecture d'une carte de la population nous montre l'inégalité du peuplement de la zone et une densité relativement faible. b. Mobilité et flux migratoire La mobilité et le flux migratoire qui s'observent de nos jours dans cette localité sont très croissants. On distingue globalement deux types de mouvements de populations dans la zone. Il s'agit des mouvements internes, de l'exode rural et de l'immigration13(*). Les mouvements internes dans la zone revêtent souvent un caractère temporaire ou saisonnier. Les populations fréquentent régulièrement des parents en Guinée Equatoriale. Les déplacements liés à l'exode rural sont préférentiellement dirigés vers les villes comme Ebolowa, Douala, Yaoundé, Kribi, Ambam, Libreville (Gabon) ou Bata (Guinée Equatoriale). Les autorités publiques et locales annoncent l'arrivée d'environ 3 400 employés pour le chantier de la construction du barrage de Memve'ele. En ce qui concerne la religion dans la zone d'étude, deux croyances principales y sont représentées. Il s'agit du protestantisme et du catholicisme. Toutefois, il demeure que les populations restent ancrées aux croyances traditionnelles et ancestrales lorsqu'elles doivent interpréter certains événements de leur vie quotidienne tels que les mauvaises productions agricoles, les réussites sociales et la sorcellerie. d- Revue historique de quelques noms importants Dans cette sous partie réservée à l'histoire, il s'agit de présenter l'historique des lieux et sites importants de la zone d'étude à savoir : Nyabizan et Memve'ele. Ø Origine de Nyabizan L'appellation de Nyabizan tire son origine de 2 mots Ntumu et Mvaé : « Nya » qui signifie vrai, authentique et « Bizan » qui est le pluriel d'« Ezan » qui signifie Fer comme mine ; le tout donnant « Nyabizan » qui peut être traduit en langue française par « vraie mine de fer ». Le village de Nyabizan aurait été fondé vers 1908 avant la Première Guerre Mondiale par Bekale b'Evina et ses 2 frères Ove Evina et Beye Obando14(*). Ainsi pendant longtemps le village fut localement appelé Nyabizan de Bekale b'Evina. À l'arrivée des colons français, ceux-ci ont déformé phonétiquement l'onomastique de Nyabizan qui devient officiellement et ce jusqu'à nos jours « Nyabessang » ou « Niabessang ». La légende qui existe dans la localité n'est pas différente de celle du peuple Pahouin qui retrace le périple du peuple Fang (Mvaé, Ntumu) du Gabon qui sont descendus avec le cours du fleuve Ntem ou « Ntam » (bonheur, manne tombée gracieusement du ciel) jusqu' au lieu actuel à la recherche du sel qui était abondant vers la côte. Ø Origine du nom `'Memve'ele'' Beaucoup d'hypothèses sont évoquées sur l'origine du nom des chutes de Memve'ele. La première relate que Memve'ele est un nom donné par le Rev. Ndinga Pipa qui, pour avoir vu les chutes pour la première fois s'exclama en disant à ses fidèles en langue locale « Meve'ele » qui signifie les « tentations ou dans son sens c'était pour dire les miracles de Dieu ». Progressivement avec la mauvaise appellation des Français, Meve'ele du départ se transforma en Memve'ele. La deuxième hypothèse de l'origine du nom Memve'ele, qui nous semble logique, vient du mot « mvek » « memvek » au pluriel, qui indique les flancs ou pentes de la falaise (vallée) du fleuve Ntem et « meleh » qui signifie penché, incliné, coucher en position oblique. En langue locale « Memve'ele » qui signifie littéralement « les flancs ou pentes inclinées de la falaise du Ntem ». Du point de vue légendaire, malgré les sources non écrites, les chutes de Memve'ele seraient habitées par un certain légendaire Afa'a Bibo'o. Originaire de la piste Nsomessok précisément dans le village d'Evolé, Afa'a Bibo'o serait porté disparu à l'âge de 40 ans dans un bosquet situé non loin de son village natal. Ce dernier que l'on croyait assassiné serait devenu habitant des chutes de Memve'ele. Les éléments qui interviennent dans l'élaboration de l'offre touristique sont : les ressources naturelles, les ressources culturelles et les offres connexes à l'activité touristique.
a- Patrimoine naturel Le territoire touristique de Nyabizan est doté de ressources naturelles multiples à savoir : Les 2 sites touristiques naturels majeurs : Ø Le parc national de Campo - Ma'an (PNCM) Le Décret n°2000/004/PM du 6 janvier 2000 érige la zone centrale de protection de faune de Campo en Parc National Campo - Ma'an avec une superficie de 264 064 ha. Avec ses quelques 80 espèces de mammifères, 302 espèces d'oiseaux, 122 espèces de reptiles, plus de 80 espèces d'amphibiens, 249 espèces de poissons et près de 390 espèces d'invertébrés dont sept (7) encore non répertoriées au Cameroun, le PNCM apparaît comme un paradis écotouristique pour les amoureux de la nature. Ce caractère lui a conféré un intérêt du point de vue de la science, de la conservation et de la beauté naturelle. Planche photos n°1: Parc National Campo - Ma'an 2 3 1 Source: Dorgelet Adonis Edane, 12 Octobre 2012 Commentaire photos : 1 : Entrée Est du Parc national Campo-Ma'an (PNCM). 2 : Plaque signalétique du règlement pour accéder dans PNCM à l'entrée Est. 3 : Une des espèces fauniques (singe) que l'on retrouve au PNCM Ø Le fleuve Ntem et ses composantes C'est le cours d'eau le plus important de la région du Sud en général et de la localité en particulier. Long de près de 460 km, ce fleuve comporte de nombreuses chutes et rapides qui rendent son parcours difficilement navigable. Mais cette situation pourra être favorable pour la pratique des activités nautiques. C'est un lieu indiqué pour des ballades, des courses à pirogues (endroits navigables) et pour la pêche sportive. De même, certains de ses berges sablonneuses peuvent servir à l'aménagement des « plages fluviales ». Cette mamelle nourricière de la Commune de Ma'an comprend : · Les chutes de Memve'ele C'est un site naturel situé sur le fleuve Ntem. Une série de 4 chutes naturelles (avec champ magnétique, dont l'une peut atteindre environ 35 m de hauteur15(*). Une pure merveille naturelle, le tracé du Ntem marque un changement brutal de direction pour suivre une faille régionale. C'est également un des sites naturels qui attirent des visiteurs dans la zone. Partant de Nyabizan, les chutes sont visitables par Ebianemeyong ou par le lieu des installations du futur barrage (tout récemment). Planche photos n°2 : chutes de Memve'ele 2 1 3
4 Source : Dorgelet Adonis Edane, le 24 août 2012. Commentaire photos : 1 : La première chute de Memve'ele située en aval et localement appelée « Assok asseng » 2 : La deuxième chute déversant sur une hauteur de 35 m d'altitude ; appelée « assok Dùm » 3 : La troisième chute de Memve'ele « Assok anguielè » : ici la rosée est permanente ; 4 : Le point de rencontre de bras du Ntem et entrée des gorges de Memve'ele « Mba'yènè » · Le site de Mbomvang C'est le lieu où la grande rivière Mvila se jette dans les eaux du Ntem. Il se trouve à 3 kilomètres de la ville de Ma'an soit 30 minutes sur une piste difficile d'accès. Sur le site se trouvent les campements des pêcheurs. · Le site d'Academia Il s'agit d'une pêcherie traditionnelle dont la renommée est communale. Localisé à 4 heures de pirogue en amont du Ntem à Mbovang. Ce haut lieu qui se transforme clandestinement en un véritable marché frontalier avec la forte présence des trafiquants équato-guinéens qui viennent se ravitailler en poissons d'eau douce. On y témoigne également les traces du passage des colons allemands vers la Guinée Espagnole. · Les 4 bras du Ntem La bifurcation du fleuve Ntem en plusieurs bras après Académia forme plusieurs îlots. Localisés sur la piste Zoétele/ Meyo-Ntem/Aloum I /Frontière Guinée Equatoriale (30 km à partir de Ma'an), les 3 îlots plus importants sont habités par des populations autochtones sédentaires. Chacun de ces bras, de ces îlots comporte des spécificités spectaculaires sur le plan touristique. Planche photos n°3: autres curiosités touristiques de la localité 2 1 3
4 Source photo : Dorgelet Adonis Edane, février 2012 et août 2013. Commentaire photos : 1- Le « mvok » ; l'un des poissons du Ntem donc les techniques de pêche sont très particulières. 2- Le bras « mort » du Ntem à Ebianemeyong. Sa navigabilité favorise les courses de pirogues. 3- Un pont rustique sur la rivière Mvila reliant deux localités près de Ma'an ; 4- Un des 4 plus grands bras du Ntem pendant la saison sèche ; Selon les braconniers du village Ebianemeyong et les autorités du PNCM, la forêt regorge de nombreuses grottes préhistoriques dont 5 les plus importantes se trouvent dans le Parc, non loin du village. Ces monuments naturels servent souvent d'abris pour les chasseurs de la localité. Ces derniers les ont baptisées « Akok Bebe'efuin », « Ekob Kùù », «Etoudi », « Kom minsen mingüin » et « Kom messam ». De nombreux chasseurs de la zone témoignent avoir répertorié de nombreuses grottes et rochers au cours de leurs parties de chasse. Ces lieux sont très difficiles à accéder vu les distances avec les villages. Ø Le Mont Nkolébengue : Ce sont des chaînes de montagnes qui culminent à 900 m d'altitude, derrière les cases du village d'Ebianemeyong, près de Nyabizan. Elles constituent un site favorable au tourisme de montagne et l'alpinisme. Il faut se dire que la liste des sites et attractions touristiques naturels recensés dans la localité n'est pas exhaustive. Le patrimoine culturel comprend le patrimoine culturel matériel et le patrimoine culturel immatériel. Il s'agit donc ici d'identifier tous les éléments de la culture locale. Ø Patrimoine culturel immatériel Du point de vue culturel, notre zone d'étude est peuplée des Fang, dont les Mvaé (Ebianemeyong, Nyabizan) et les Ntumu (vers Ma'an) sont des entités. Les danses traditionnelles (Ebolaza, Omess, Mekom, Abakuyah, Olahndzah, Kendé, Enguep, etc.). Les contes et mythes sont racontés par les chanteurs de Mvet-Oyeng à l'instar du célèbre Akomamba. Les rites et coutumes sont exécutés occasionnellement lors des cérémonies comme le deuil, les funérailles, le mariage (la dot), etc.et accompagnés des dictons. Comme coutume nous avons l'Avoussoh16(*). Malgré la forte déstabilisation de la culture locale qui devient acéphale, on n'enregistre aucun festival dans la localité. Ø Patrimoine culturel matériel L'artisanat : malgré le fait que dans certains villages les artisans abandonnent ces pratiques progressivement, l'artisanat est très présent dans la localité de Ma'an. La vannerie avec la forte présence des produits forestiers comme le rotin, les lianes se limite à la fabrication des paniers, des jarres. La forte présence des bûcherons spécialisés dans la fabrication des objets comme les pilons, les mortiers, les tam-tams, tambours, manches de machettes, etc. La fabrication du matériel de chasse (arc, lance, les pièges), de pèche (pirogue, pêche à la nasse, la technique de construction des barrages traditionnels de retenue de poisson (« Alàm » en langue locale) est un chef-d'oeuvre qui suscite beaucoup de curiosité. Le génie architectural dans la zone est constitué des habitats aux formes traditionnelles construits à l'aide des matériaux locaux ci-après : maisons traditionnelles en planches, maisons traditionnelles en banco ou en terre cuite ; la paille qui était plus usuelle pour couvrir les maisons disparaît progressivement en laissant place aux formes architecturales modernes. Les spécificités culinaires ; Pendant la saison de cueillette des amandes de mangue sauvage, ndo'o, de graines de courge, de ndjansang, etc. qui peuvent remplacer les arachides. Dans ces différentes sauces, on y ajoute soit du gibier (la tortue, la vipère, viandes trop prisées), soit du poisson (le Mvog), la grenouille Goliath `Nyamoa' (plat de référence de la localité). Les boissons : nous avons les boissons alcoolisées naturelles (vin de palme, de raphia, ébouss ou matango) et fermentées (vin de canne à sucre ou melamba, de maïs ou arki, etc.) de la région. Ø Les vestiges hérités de l'époque coloniale Selon de nombreux propos recueillis à Nyabizan notamment dans le cadre de cette étude, des personnes ressources affirment que Nyabizan, semble-t-il, a été le théâtre de l'une des 2 guerres mondiales. Ces dernières témoignent avoir trouvé dans les forêts environnantes une forte présence des tranchées, lesquelles n'ont encore fait l'objet d'aucune étude approfondie par les archéologues. On y témoigne aussi l'existence dans un passé très récent d'un refuge militaire construit par des Allemands et que les Français ont transformé en poste de commandement militaire. Le site de ce seul bâtiment historique du village vient d'être détruit lors des travaux de préparation de pose de la première pierre pour le barrage de Memve'ele. Enfin, divers exemples d'héritages coloniaux sont également décelables dans les îles Dipikar. Un véhicule d'armée datant de la Seconde Guerre mondiale, ainsi que des outils qui certifient le passage des Allemands17(*). Ø Événements culturels et sportifs Chaque année, pendant les mois de juillet et août, nous assistons à de nombreux championnats de football dont les principaux sont : Tournoi Fondation Samuel Menye (FSM) organisé par l'élite locale et le tournoi de la Commune de Ma'an (TOCEM) organisé par la commune de Ma'an. À chaque finale, les populations peuvent bénéficier des concerts en direct de certains artistes musiciens camerounais de renom, ainsi que de certaines anciennes gloires du football.
Ce sont des infrastructures directement liées au tourisme. Elles concernent les structures d'accueil, le transport touristique, équipements de restauration et de loisirs Ils englobent l'ensemble des infrastructures d'hébergement et de restauration, etc. Ce type d'offre pourra servir au bon encadrement des touristes et visiteurs séjournant dans la zone. Planche photos n°4 : infrastructures d'hébergement dans la zone d'étude 2 1 Source : Dorgelet Adonis Edane, février 2013. Commentaire sur images : 1-Complexe «Maître Xavier«: la toute première infrastructure touristique à avoir fait la fierté de la ville de Ma'an. 2- Auberge municipale à Ma'an : une initiative récemment prise par l'exécutif communal de Ma'an.
Le tableau n°1 ci-après (Cf. page 20) présente les infrastructures d'accueil touristique des localités de Ma'an et de Nyabizan. Il faut noter que les données de ce tableau nécessite une actualisation compte tenu du développement rapide que connait les zones de Ma'an et Nyabizan avec le projet Memve'ele. Tableau n°1 : équipements d'accueil touristique de Ma'an et de Nyabizan
Source : Dorgelet Adonis Edane, Octobre 2012. Commentaire du tableau n°1 Hébergement Comme nous pouvons le constater dans le tableau n°1, l'offre d'hébergement des zones de Ma'an et Nyabizan relativement très faible voire inexistante en quantité. Le sens élevé d'hospitalité a poussé les populations de la zone à accueillir dans leurs habitations des touristes en difficulté d'hébergement, en contrepartie d'un franc symbolique. C'est le cas des 5 années que les chercheurs du projet APFT (Avenir des Peuples des Forêts Tropicales) avaient passé dans le village de Nkong-meyos hébergés par M. Justin Eyene Menene. On trouve néanmoins des auberges et les chambres de fortune chez des hommes d'affaires ou des élites. Pour ces rares établissements présents en activité, les standards internationaux de qualité ne sont pas généralement réunis18(*). Restauration Il n'existe aucun établissement de restauration digne où l'on peut manger. On observe une prolifération des circuits où l'on peut consommer de la viande de brousse, du poisson d'eau douce, etc. Équipements de Loisirs, divertissements et sports Nous n'avons identifié aucun espace de loisirs (boite de nuit, cabaret, dancing, etc.). Mais les sports suivants sont praticables dans la zone : la pêche sportive, les courses de pirogues et la baignade sont possibles sur les endroits navigables du fleuve Ntem. On retrouve quelques équipements sportifs et autres activités à l'instar de : terrain gazonné à Ma'an qui reçoit des éditions des tournois de football des vacances. Organismes de tourisme et services de guides touristiques Les organismes de tourisme et de voyages : nous observons l'absence d'une structure susceptible d'informer et/ou d'orienter les visiteurs dans la zone d'étude ; pas de syndicat de tourisme, pas d'office communal de tourisme, ni agence de voyages, ni tour-operator. Le village d'Ebianemeyong dispose de trois guides locaux19(*)spécialisés pour les chutes de Memve'ele. Ces derniers qui avaient bénéficié en 2006 d'une formation sur quelques techniques de guidage avec l'appui de WWF, ont vite été contrés par de nombreuses difficultés. Par exemple, les touristes qui viennent visiter les chutes de Memve'ele ou le PNCM arrivent étant déjà accompagnés soit par les guides professionnels contactés depuis Kribi ou Campo, soit des gardes forestiers de l'entrée Ouest du PNCM ou encore des pseudo-guides contactés à Nyabizan. Ici, nous déplorons en définitive, la grande absence de statistiques sur les fréquentations de ces différentes structures d'accueil. · Transports Transport terrestre. Le trafic est moins régulier dans cette zone. La liaison assurée par les voitures de transports en commun (autocars) et parfois par les mototaxis s'opère sur des horaires connues et réglementées (5h et 8h00, aller ; entre 13 h et 17h, retour). Ces horaires sont importants à connaître pour des voyageurs car, à les dépasser, il serait difficile de se déplacer sauf par voitures personnelles. Le réseau routier de la zone est composé d'une seule route départementale en terre. La route Kribi/Campo/Ma'an/Meyo-centre (248 Km) traversant le parc très souhaitée par les touristes constitue un raccourci pour se rendre à Ebolowa/Yaoundé ou au Gabon. Notons également certaines pistes le long desquelles on retrouve des attractions touristiques énormes. Cas de la piste Zoétele/Nsengou/ Guinée Equatoriale avec la traversée de quatre (4) bras du fleuve Ntem (Voir carte n°1 à la page 10). Transport fluvial. Le réseau fluvial de la zone n'est possible que sur le fleuve Ntem. Il est difficile de parcourir le fleuve à cause des rapides et des chutes. Les populations utilisent des pirogues traditionnelles individuelles pour les déplacements fluviaux. Transport aérien le trafic aérien est inexistant dans la zone.
Il s'agit ici de l'ensemble d'investissements qui vont favoriser la réalisation du tourisme sans que ceux-ci ne soient affectés au tourisme. Nous avons donc à cet effet : * Les services téléphoniques. Ils sont pour le moment assurés par les opérateurs MTN à Ma'an et Orange à Nyabizan. * La couverture sanitaire est organisée en termes de districts de santé à Ma'an et à Nyabizan où des soins de santé sont prodigués. Les traitements disponibles ne répondent, dans la plupart des cas, qu'aux besoins essentiels et immédiats à cause du facteur d'éloignement. Ceci implique donc que les individus souffrant de maux plus sévères ne peuvent guère obtenir les soins nécessaires à leur traitement dans un laps de temps. * La sécurité publique. On retrouve de 2 postes de gendarmerie à Nyabizan et à Ma'an. Il n'existe qu'un seul poste de police, celui de Ma'an qui fait des interventions conjointement avec la gendarmerie. Ces postes de sécurité trouvent parfois des difficultés au niveau de la logistique. Ce qui les empêche d'assurer une bonne couverture sur toute l'étendu territorial de l'arrondissement de Ma'an. * L'eau potable. On retrouve en moyenne un puit d'eau potable équipé de pompes manuelles aménagé en termes de forage dans de nombreux villages. À Ma'an, les bornes fontaines et le château d'eau qui avaient été aménagés dans le cadre de la coopération nippo-camerounaise ne sont plus que des monuments à l'heure actuelle. * L'électricité. Les villages ne sont pas alimentés d'électricité. On y observe l'usage des lampes à pétrole dans la plupart des ménages. Nous avons observé la prolifération des groupes électrogènes par une catégorie de populations en soirée. D'autres ne sont utilisés en soirée que pour rafraîchir les boissons. * Les infrastructures scolaires. Les enseignements primaire et secondaire général sont présents ici. Nous avons deux Lycées à Nyabizan et à Ma'an et la SAR/SM de Ma'an, l'unique établissement de l'enseignement technique de la localité.
a- Forces*Présence de plusieurs partenaires : plusieurs organisations nationales et internationales sont susceptibles d'appuyer logistiquement ou financièrement les initiatives de développement écotouristique. Le cas de WWF, OMT, Réseau africain des forêts modèles (RAFM), les Communes, etc. *Accessibilité liée à la proximité du Parc national de Campo-Ma'an : au Cameroun, le PNCM est le parc qui présente les meilleures facilités d'accès à partir des aéroports de Douala (entrée Ouest) et de Yaoundé (entrée Est) qui reçoivent quotidiennement plusieurs vols internationaux. La construction récente d'un héliport à Nyabizan favorise l'accès par les airs. *Richesse de la diversité naturelle et culturelle : potentiel touristique à mettre en valeur: il existe une panoplie de sites ayant un potentiel écotouristique dans la zone du projet. Ces sites sont très diversifiés et susceptibles d'intéresser une clientèle internationale. *Climat favorable : en dehors de la grande saison des pluies où l'accès aux différents sites devient extrêmement difficile, le climat est propice au déroulement de l'activité touristique. *L'engagement des acteurs en faveurs de l'écotourisme : les populations et élus locaux, les organismes d'appui au développement local, etc. ont manifesté leur intérêt et ont déployé des efforts pour promouvoir les activités écotouristiques dans la localité. *Un tourisme interne promettant : les données fournies par le Parc national de Campo - Ma'an classent les touristes camerounais au deuxième rang de visiteurs avec environs 142 touristes soit 16% du taux global. *Art culinaire relativement diversifié : la gastronomie locale est typiquement représentée par une grande variété de viandes de brousse, du poisson d'eau douce, des aliments végétaux. * 12 Secrétariat permanent du Comité de suivi du Projet Hydroélectrique de Memve'ele , (Janvier 2007), « Étude de préfaisabilité du Projet d'accompagnement socio-économique de Memve'ele (PASEM) », Rapport final, p.23. * 13 Secrétariat permanent..., p.24. * 14 La plupart de ces informations ont été recueillies par Dorgelet Adonis Edane, lors de l'entretien avec quelques personnes âgées de la zone notamment les patriarches Jean Ebae Mvé (à Nyabizan), Justin Eyene Menene (à Nkong-Meyos), etc. les 10 et 13 octobre 2012. * 15MINEE, « Aménagement hydroélectrique de Memve'ele sur le Ntem : actualisation des études de faisabilité » -Vol.2-Etude technique, Yaoundé, Février 2006, p.28 * 16 2 tribus ou clans selon leurs rapports ancestraux, se disent de manière crue et en toutes circonstances des vérités sans intention mauvaise. Ex: les clans Essamgbwak et Ebaha. * 17 Saint-Jacques et Al. « Projet de développement d'écotourisme dans la Forêt Modèle de Campo - Ma'an - CAMAMF (Cameroun) », Rapport d'étude, UQÀC-Québec, 2012, p.19. * 18 Saint-Jacques et Al. « Projet de développement d'écotourisme ... », 2012, p.27 * 19Il s'agit d'Abessolo célestin, Nkono Alliance et Assoumou Jean-Baptiste |
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