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L'application par le Cameroun des instruments juridiques internationaux de lutte contre les changements climatiques

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par Dieudonné MEVONO MVOGO
Université de Limoges, France - Master II Droit International et Comparé de l'Environnement ( DICE) 2016
  

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SECTION II: LES OBSTACLES CONJONCTURELS

Les obstacles peuvent être entendus comme les difficultés qui empêchent d'agir. Il s'agit alors de frein à l'action du Cameroun d'appliquer les instruments juridiques internationaux de lutte contre les changements climatiques. Ces obstacles sont conjoncturels. Leur particularité réside au fait qu'elles sont favorisées par les circonstances qui prévalent à un moment donné. Leur survenance ne dépend pas toujours de la volonté des acteurs en présence. Néanmoins, ces obstacles influencent considérablement l'application des engagements du Cameroun à l'international en matière climatique. L'influence de ces obstacles est-elle de nature à saborder l'application par le Cameroun des instruments internationaux de lutte contre les changements climatiques ?

La réponse à cette question n'est pas aisée. En effet, malgré quelques obstacles conjoncturels, le Cameroun continue d'appliquer les instruments juridiques internationaux de lutte contre les changements climatiques. Il convient cependant, de faire une analyse obstacles conjoncturelles à l'application par le Cameroun en étudiant d'une part les obstacles socio-économiques (Paragraphe I) et d'autre part les obstacles sécuritaires (paragraphe II).

Paragraphe I : Les obstacles socio-économiques

Il s'agit des éléments économiques (A) et sociaux (B) susceptibles d'entraver la réalisation par le Cameroun des engagements internationaux sur la lutte contre les changements climatiques.

A. Les obstacles économiques

Le Cameroun est un pays en développement, à un moment donné très pauvre et très endetté. Après la chute du prix du baril de pétrole dans les années 1970, une grave crise économique s'était emparée des pays africains, dont le Cameroun. Cette crise a plongé le pays dans un endettement asphyxiant. Au cours de cette période, le pays s'est désengagé de plusieurs secteurs. Ainsi, l'Etat n'a plus fait des investissements dans certains domaines considérés à l'époque non prioritaires. C'est le cas du secteur météorologique où certaines stations-météo sont laissées à l'abandon. De plus, incapable de les rénover, ces stations sont tombées dans l'obsolescence. Par ailleurs, le remplacement des ressources humaines atteintes par la limite d'âge de la retraite ou encore décédées n'a pas suivi. Ce n'est qu'après 2010 que les recrutements ont eu lieu au sein du service de la météo.

Cette crise économique était grave d'autant plus qu'il était difficile pour le Cameroun de payer les salaires des fonctionnaires et des agents de l'Etat. La réalisation des projets portant sur l'application sur les instruments juridiques internationaux relatifs sur les changements climatiques n'était pas évidente au regard du coût élevé de ces projets.

De surcroît depuis 2008, la crise financière a de nouveau frappé. Cette fois, l'Occident a été frappé de plein fouet. Si l'impact de cette crise n'a pas eu la même ampleur dans des pays comme le Cameroun, en revanche, que l'impact sur le portefeuille des partenaires du

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Cameroun a eu une incidence sur l'aide aux pays en développement. De fait, le montant des enveloppes consacrées à l'assistance des pays du tiers-monde a subi un coup de manière générale. Cela n'épargnerait pas le financement de l'application des instruments juridiques relatifs à la lutte contre les changements climatiques.

Par ailleurs, la chute du cours de carbone se présente comme un obstacle. En réalité, le marché carbone s'avère écologiquement rentable. Il l'est moins économiquement. Ce marché est avant tout du business, les Etats, les entreprises qui ont investi dans les MDP par exemple attendent un retour sur investissement. C'est le cas D'HYSACAM, société de droit camerounais, qui a investi plus de six milliards de F.CFA pour la réalisation de deux centrales de captage du biogaz à Douala et Yaoundé. Cette opération sur investissement colossal n'a pas pu dégager les bénéfices escomptés. Ceci serait difficile car le prix du carbone a chuté. De fait, selon un article du journal Le Monde du 21 janvier 2013, il en ressort que le cours du carbone avoisinait 35 Euros la tonne en 2008. Il serait tombé sous 10 euros la tonne depuis 2011, et se situerait sous la barre de 05 Euros en 2013. A ce rythme, le programme de MDP perd en attractivité. En novembre 2015, selon le site Novothic, le cours du carbone se situerait à 08 euros.

Après avoir vu les obstacles économiques, on va maintenant aborder les obstacles sociaux.

B. Les obstacles sociaux

L'application des textes juridiques internationaux de lutte contre les changements climatiques fait face à des obstacles sociaux. Parmi ces obstacles, on peut évoquer la pauvreté, la croyance en la responsabilité historique de l'Occident sur les changements climatiques et l'ignorance des populations.

Pour ce qui est de la pauvreté, le Cameroun est un pays pauvre. De ce fait, selon les termes du DSCE, sur plus de 17,9 millions d'âmes qu'il comptait en 2007, 7.1 millions étaient pauvres. Cette situation n'a d'ailleurs pas beaucoup évolué, malgré l'objectif n°1 des OMD qui visait à réduire de 2001 à 2007 le taux de pauvreté de 40.2% à 39.9%. Cet état de pauvreté comporte de nombreuses conséquences que le gouvernement camerounais est tenu d'enrayer. Il s'agit par exemple des questions de chômage, d'alphabétisation, de santé, etc. Dès lors, il devient difficile pour le Cameroun de supporter les charges qui découlent de l'application des textes internationaux de lutte contre les changements climatiques, ce malgré toute sa volonté. Cette situation est d'autant plus compliquée que la pauvreté et les changements climatiques sont intimement liés. De fait, la pauvreté est à la fois cause et conséquence des changements climatiques et vice versa. Car les changements climatiques concourent à aggraver les vulnérabilités des pauvres face aux dérives des changements climatiques. Ces vulnérabilités sont d'ordre économique, écologique voire politique.

Par ailleurs, la pauvreté entraîne une autre situation d'obstacle pour la lutte contre les changements climatique : celle de l'ignorance des enjeux climatiques. Parmi les obligations qui incombent aux acteurs de lutte contre les changements climatiques, il y a celle d'éduquer, de sensibiliser et d'informer les populations sur les changements climatiques. Cette tâche

n'est pas très aisée, en premier lieu à cause de l'arsenal technique qu'une telle opération peut entraîner. Ensuite, une autre difficulté relève de la situation d'analphabétisme, parce qu'il existe des zones au Cameroun où les personnes ne savent ni lire ni écrire79. Et c'est cette couche de personnes qui présente plus de vulnérabilité face aux conséquences des changements climatiques. En réalité, c'est dans ces des parties du Cameroun où sévissent les conséquences des changements climatiques. Les conditions de vie y sont très précaires. Les enjeux climatiques y sont méconnus, ce malgré les efforts faits par le gouvernement et les associations environnementales.

Enfin, une partie de l'opinion considère que les pays pauvres ne sont pas responsables des changements climatiques actuels. D'après elle, le développement industriel que l'Occident connaît depuis le 18ème siècle en est la cause. Cette vision des choses a dû avoir écho au sein des forums de négociation des textes internationaux relatifs à la protection de l'environnement, dans la mesure où un principe comme celui de la responsabilité commune mais différenciée semble épouser cette logique. L'obligation faite aux pays développés de soutenir les pays en développement dans l'entreprise de protection de l'environnement de manière générale en est la résultante. Selon cette opinion, les pays en développement ne devraient donc pas être responsables des erreurs commises par les pays développés lesquels ont d'ailleurs, grâce à cette révolution industrielle, pris l'avance d'un point de vue du développement. Ainsi, les projets visant l'atténuation des GES pourraient faire face à un certain nombre de blocages de la part des populations ou des agents chargés d'appliquer ces instruments.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault