UNIVERSITE DE YAOUNDE
UNIVERSITY OF YAOUNDE I
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DÉPARTEMENT DE GÉOGRAPHIE
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HIGHER TEACHER TRAINING
COLLEGE YAOUNDE
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DEPARTMENT OF GEOGRAPHY
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CRISE ÉCONOMIQUE ET ÉMERGENCE DE
L'ACTIVITÉMARAICHÈRE: CAS DE LA CULTURE DE LA TOMATE DANS
L'ARRONDISSEMENT DE DSCHANG
Mémoire présenté en vue de l'obtention du
Diplôme de Professeur de l'Enseignement
Secondaire Général Deuxième Grade
(DIPES II)
Par
FOFACK MUJIA Georges Ghislain
Licencié en Géographie physique
Sous la Direction de Sous la
supervision du
Dr Louis Bernard TCHUIKOUA Dr Eleno
Manka'a Fube
AssistantChargé de cours
Année académique
2012/2013
LISTE DES SIGLES ET
ABRÉVIATIONS
ACEFA : Appui à la
Compétitivité des Exploitations Familiales
AgropastoralesADJEPAF : Association des jeunes
agro-pasteurs de Fonakeukeu
AFD : Agence Française de
Développement
D : Contrat
désendettement et développement
BCD : Banque camerounaise de
développement
CAPLAME : Coopérative
Agricole des planteurs de la MenouaCEREHT : Centre de
recherche sur les Hautes Terres DDADER :
Délégation départementale de l'agriculture et du
développement ruralDAADER :
Délégation d'arrondissement de l'agriculture et du
développement ruralENS : Ecole Normale
Supérieure FIDA : Fonds international de
développement agricole FONADER : Fond national
de développement rural INC : Institut
national de la cartographie GAM : Groupement
d'agriculteurs modernes
GIC : Groupement d'initiative commune
IITA: International Institute of tropical
agricultureIRAD : Institut de recherches agronomiques
pour le développement IRD: Institut de recherche pour
le développement MC2 : Mutuelle
communautaire de croissance MINADER : Ministère de
l'agriculture et du développement ruralN P K :
Azote- Phosphore- PotassiumONCC : Office National du
Cacao et du CaféONG :
Organisation non gouvernementale OP : Organisations
paysannePVC : Polychlorure de vinyle pH :
Potentiel d'HydrogènePIB : Produit intérieur
brutPNVRA : Programme national de
vulgarisation de la recherche agricolePPTE : Pays pauvres très
endettés
RGPH: Recensement général
de la population et de l'habitatSAILD :
Service d'appui aux initiatives locales de développementSOMUDER :
Sociétés mutuelles de développement ruralSPSS: Statistical package for social
sciencesUCCAO : Union centrale des coopératives
agricoles de l'Ouest
Abstract
Since independence, agriculture has been Cameroon's main
money-making activity. She used to rely on cash crops such as cocoa and coffee.
However, during the 1980S, these two products witnessed a decline in
prices as a result of an economic crisis which took place during the same
period. Dschang Subdivision which depended on Arabica coffee underwent deep
socio-economic and spatial transformations. Farmers abandoned their
coffee farms and rushed towards other products which could bring more gain. In
this context, market gardening, especially tomato cultivation, appeared as a
job opportunity or a sure source of income for former coffee cultivators,
former migrants and the unemployed. The state policy aiming at stimulating and
diversifying food and market gardening production which was put in place by in
the 1990s surely contributed to develop food and market gardening sectors.
Henceforth, the reconfiguration of agriculture stakeholders of Dschang
Subdivision having multiple and innovative strategies, boosted emergence,
development and popularization of tomato cultivation in the said subdivision.
Nowadays, its production is increasing as well as the number of farm plots and
gardeners. This situation contributes to improving the life standards of
devotees. Through the theme: «economic crisis and
emergence of market gardening activity: case study of tomato cultivation in
Dschang Subdivision», we analysed the joint impact of the
State policy of diversification of food and market gardening production and the
symbiosis of strategies of various stakeholders on emergence, development and
popularization of tomato cultivation within that space. This analysis revealed
that after the crisis, emergence, development and popularization of tomato
cultivation were due to the State policy aiming at stimulating and diversifying
food production as well as the interaction of various strategies of
stakeholders involved in thisline of production. Notwithstanding, this buoyant
sector in terms of employment and improvement of socio-economic well-being is
experiencing some difficulties. With the said «second-generation»
agricultural policy, we hope that the needs of this sector will be adequately
met.
Key words: economic crisis, emergence, conversion,
market gardening activity, tomato, Dschang
DÉDICACE
À
MES PARENTS
Mon regretté père,
MrNKUOIBOUTI,dont les décès précoce a
été pour moi le principal émulateur
Et
Ma mère, Mme veuve ABONZEM
GénevièveEpse NKUOIBOUTI, pour tout
l'amour et les sacrifices consentis jour après jour à mon
égard, malgré les multiples difficultés de la vie. Tes
paroles sont source de courage et d'abnégation.
REMERCIEMENTS
La réalisation de ce travail est le fruit de la
disponibilité, de la rigueur et du soutien moral de mon directeur de
recherche, le Docteur Louis Bernard TCHUIKOUA,ainsi que de mon
superviseur, le Docteur Eleno Manka'a Fube. Nous leur
adressons nos sincères remerciements. Ma reconnaissance va
également à l'endroit de tout le corps enseignant du
département de Géographie de l'ENS de Yaoundé, pour leurs
enseignements et leur contribution à notre formation. Je
voudrais tout particulièrement témoigner ma reconnaissance
à : Ma mère, madame veuve
ABONZEMGéneviève Epse
Nkuoibouti, pour tous les sacrifices financiers consentis pour
ma formation ; merci maman pour tout ; Monsieur et madame
AKOAGHE, pour tout le soutien financier et surtout moral dont
je bénéficie depuis plusieurs années, vos sacrifices n'ont
pas été vains ; Mes frères AWOUNANG
Emile et FHOM Zéphirin, ainsi qu'à tous
les membres de ma famille, merci pour le soutien que vous m'apportez tous les
jours ; Mes neveux AKENDE NKUOIBOUTI Patrice Willy,
ABUMANYAMary-Ann et MACOUIsraella Bella, vous
êtes pour moi une source de courage dans les moments difficiles ;
Monsieur le délégué départemental de
l'agriculture et du développement rural de la Menoua, pour son accueil
chaleureux et la mise àdisposition des rapports annuels des
activités de la DDADER ; Papa
Pascal pour sa disponibilité, sa compréhension,
la fouille documentaire concernant les rapports des postes agricoles et toutes
les acrobaties effectuées avec moi sur sa moto, afin de m'aider à
collecter les informations auprès des GIC ; Mlle
Lydie pour s'être plier à mes multiples requêtes et
pour le temps passé avec moi à consulter les archives de la
DDADER ; Madame TOMBET Marie-Claire,
délégué de l'union des GIC de l'arrondissement de Dschang.
Je voudrais vous dire merci de m'avoir accueilli dans votre domicile
malgré les appréhensions et de m'avoir mis en contact avec les
délégués de GIC pour des entretiens. Monsieur
Alain, jardinier à Fonakeukeu, pour m'avoir
baladé dans ses exploitations de tomates et enseigner les rouages de la
culture de la tomate. Merci pour les multiples visites sur les collines de
Fonakeukeu où se situait ton exploitation ; Mlle NGO
BIKAI Esther, je tiens personnellement à te témoigner ma
reconnaissance pour le soutien moral, les encouragements, les
relectures et les corrections syntaxiques de mon travail;
KOUOGANG Franc Serges, pour les hébergements
consécutifs à mes descentes sur le terrain, et m'accompagnant
lors des observations de terrain. Tu m'as donné beaucoup de
courage ; Mes amis de longue date MESSI, MOLO, ONGOLO
et BEKONO, merci pour les débats
acharnés qui ont rythmé notre formation. Ils ont
été une source d'inspiration et d'apprentissage ;
À tous les collègues de la 52ème promotion de
géographie, pour ces chaleureux moments passés ensemble qui
auront été constructifs ; Mes amis
MAFOUO Annick, KENFO Bonaventure,
TEUFACK Eric, FOUDJET Sandrine, OUABO Romaric, VOUNDI Eric, WANDJI
Carole......merci pour votre soutien multiforme et d'avoir toujours
été là. A tous ceux et celles dont les noms n'ont
pas été cités ici, et qui ont contribué de quelque
manière que ce soit à ma formation et à la
réalisation du présent travail, je voudrais vous témoigner
à travers ces quelques mots toute ma gratitude.
LISTE DES
TABLEAUX
Tableau 1: Répartition de la
population de l'arrondissement de Dschang par groupements....9
Tableau 2 : Tableau synoptique de la
recherche......................................................................17
Tableau 3: Opérationnalisation de la
variable
indépendante...................................................30
Tableau 4: Opérationnalisation de la
variable
dépendante......................................................31
Tableau 5: Répartition des villages
enquêtés par
groupement.................................................35
Tableau 6: Crédits accordés par
le FONADER au secteur agricole en 103 FCFA.................44
Tableau 7 : Les organisations rurales
inscrites (coopératives et GIC) à la délégation
régionale de l'agriculture de l'Ouest au 30 Juillet
2004...........................................................................66
Tableau 8: Répartition des jardiniers
selon l'intérêt pour la culture de la
tomate...................69
Tableau 9: Provenance des fonds pour le
financement de l'activité........................................77
Tableau 10: Nombre de récoltes
annuelles par
groupement....................................................78
Tableau 11: Calendrier agricole de la culture
de la tomate dans le groupement Foto.............89
Tableau 12: Utilisation
d'engrais.............................................................................................81
Tableau 13: Comportement de la production des
jardiniers depuis 5 à 10 ans........................87
Tableau 14: Comportement des parcelles des
jardins depuis 5 à 10 ans.................................88
Tableau 15: Raisons de l'augmentation de la
production........................................................88
Tableau 16: Taille des parcelles et origine
de la main d'oeuvre..............................................89
Tableau 17: Production moyenne annuelle et
évolution des parcelles....................................97
Tableau 18: Appartenance aux
GICs.....................................................................................102
LISTE DES
FIGURES
Figure 1: Localisation de la zone
d'étude..................................................................................5
Figure 2: Diagramme ombro-thermique à
la station IRAD de Dschang (1994-2005)..............7
Figure 3 : Diffusion spatio-temporelle du
développement ou de l'innovation........................25
Figure 4 : Les étapes de l'adoption ou
de la diffusion d'une innovation selon Rogers...........27
Figure 5 : Courbe de la diffusion d'une
innovation selon Rogers...........................................28
Figure 6: Effectif de producteurs de tomate
et répartition proportionnelle des questionnaires par
groupement.........................................................................................................................34
Figure 7: Spatialisation des villages
enquêtés..........................................................................36
Figure 8 : Distribution proportionnelle des
questionnaires dans les villages enquêtés............37
Figure 9: Interface de codification des
variables sous SPSS 11.0...........................................39
Figure 10 : Interface de dépouillement
automatique sous Excel 2007....................................39
Figure 11: Schéma conceptuel de la
méthodologie...............................................................40
Figure 12: Fonctionnement des principaux
acteurs du secteur agricole de l'arrondissement de Dschang avant la
crise...............................................................................................................45
Figure 13 : Présentation de
l'influence spatiale de la CAPLAME avant la crise....................46
Figure 14: Evolution en FCFA du prix planteur
en pourcentage du prix FOB 1980/1981 à
1999/2000..................................................................................................................................47
Figure 15: Influence spatiale de la CAPLAME
après la crise.................................................48
Figure 16: Répartition de la
population enquêtée selon l'ancien
emploi.................................49
Figure 17: Répartition par groupement
des enquêtés en fonction de leur ancienne
spéculation................................................................................................................................50
Figure 18: Répartition de
l'échantillon suivant la variable: "première
spéculation
pratiquée".................................................................................................................................................51
Figure 19: Répartition de
l'échantillon en fonction du
sexe.....................................................52
Figure 20: Zone de culture de la tomate dans
l'arrondissement de Dschang en 2010.............53
Figure 21 : Schéma synoptique du
chapitre
III........................................................................55
Figure 22: Humidité relative à
Dschang en
1998.....................................................................58
Figure 23 : Répartition de la
population par groupement et en fonction du niveau
d'instruction...............................................................................................................................59
Figure 24 : Jardiniers autochtones et
allogènes par
groupement.............................................59
Figure 25: Répartition de la
population par âge et par
groupement........................................60
Figure 26 : Spatialisation de la population
de l'arrondissement de Dschang entre 2005 et
2012...........................................................................................................................................61
Figure 27 : Raisons du démarrage de la
culture de la tomate..................................................62
Figure 28 : Destination des récoltes
des jardiniers par groupement........................................63
Figure 29 : Spatialisation proportionnelle de
la destination de la tomate en provenance de
Dschang.....................................................................................................................................64
Figure 30 : Schéma synoptique du
chapitre
IV........................................................................68
Figure 31 : Appartenance aux
GICs.........................................................................................74
Figure 32: Nature de l'aide de l'État
aux
GIC.........................................................................75
Figure 33: Modes d'accès à la
terre.........................................................................................76
Figure 34: Quantité d'engrais
utilisés par les
jardiniers...........................................................81
Figure 35: Localisation des
jardins..........................................................................................82
Figure 36 : Spatialisation des types de
jardins de tomate dans l'arrondissement de
Dschang.....................................................................................................................................83
Figure 37: Répartition des villages
enquêtés selon l'intensité de
production..........................86
Figure 38 : Nature des problèmes des
jardiniers......................................................................90
Figure 39: Évolution du prix de
l'engrais NPK 20-10-10 entre 1970 et 2012.........................91
Figure 40 : Schéma synoptique du
chapitre
V.........................................................................94
Figure 41: Évolution de la production
de tomate et du nombre d'exploitants.........................96
Figure 42: Solutions pour l'optimisation de
la production de la tomate dans l'arrondissement de
Dschang................................................................................................................................99
Figure 43: Suggestions des jardiniers
à
l'Etat........................................................................102
Figure 44: Schéma récapitulatif
des
recommandations.........................................................104
TABLE DES
PHOTOGRAPHIES
Planche Photo 1: Monoculture intensive dans
le groupement Foto........................................80
Planche Photo 2: Irrigation par
gravité....................................................................................85
Planche Photo 3 : Maladies de la
tomate.................................................................................92
Photo 1: Image Google Earth de
l'arrondissement de Dschang et des villages limitrophes....10
Photo 2: Deux jeunes jardiniers à
Litieu
(Foréké-Dschang)....................................................54
Photo 3: Cargaison à acheminer en
direction de
Douala..........................................................65
TABLES DES MATIERES
LISTE DES ENSEIGNANTS DU DEPARTEMENT DE
GEOGRAPHIE
LISTE
DES SIGLES ET
ABREVIATIONS...........................................................................
i
ABSTRACT..............................................................................................................................i
ii
DEDICACE..............................................................................................................................
ii
REMERCIEMENTS...............................................................................................................
ii
LISTE
DES
TABLEAUX.........................................................................................................
ii
LISTE
DES
FIGURES............................................................................................................
ii
TABLE
DES
PHOTOGRAPHIES.......................................................................................
ii
TABLES DES
MATIERES.............................................................................ix
INTRODUCTION
GENERALE.............................................................................................1
PREMIERE PARTIE : CADRAGE GENERAL DE L'ETUDE ET
APPROCHE METHODOLOGIQUE
CHAPITRE I : EXPLORATION DU SUJET ET
ETUDE
GEOGRAPHIQUE DE L'ARRONDISSEMENT DE
DSCHANG......................................1
1.1. Contexte général de
l'étude..................................................................................................2
1.2. Présentation du
sujet............................................................................................................3
1.3. Justification du choix du
sujet..............................................................................................3
1.4. Délimitation du
sujet............................................................................................................4
1.4.1. Délimitation
thématique................................................................................................4
1.4.2. Délimitation
temporelle................................................................................................4
1.4.3. Délimitation spatiale et
politico-administrative..........................................................4
1.5. Présentation de l'arrondissement de
Dschang.....................................................................6
1.5.1. Présentation
physique...................................................................................................6
1.5.1.1. Le
climat................................................................................................................6
1.5.1.2. Le relief et les
sols.................................................................................................7
1.5.1.3.
L'hydrographie......................................................................................................8
1.5.1.4. La
végétation..........................................................................................................8
1.5.2. Présentation
humaine....................................................................................................8
1.6. Revue de la
littérature........................................................................................................11
1.7.
Problématique....................................................................................................................14
1.8. Questions de
recherche......................................................................................................15
1.8.1. Question
principale.....................................................................................................15
1.8.2. Questions
spécifiques..................................................................................................15
1.9. Objectifs de
recherche........................................................................................................15
1.9.1. Objectif
principal........................................................................................................16
1.9.2. Objectifs
spécifiques...................................................................................................16
1.10. Hypothèses de
recherche..................................................................................................16
1.10.1. Hypothèse
principale................................................................................................16
1.10.2. Hypothèses
secondaires............................................................................................16
1.11. Intérêt de
l'étude..............................................................................................................18
1.11.1. Intérêt
académique....................................................................................................18
1.11.2. Intérêt
scientifique.....................................................................................................18
1.11.3. Intérêt
pratique..........................................................................................................18
1.12. Cadre conceptuel et
théorique..........................................................................................18
1.12.1. Cadre
conceptuel.......................................................................................................18
1.12.2. Cadre
théorique.........................................................................................................24
1.12.2.1. La théorie de la diffusion de
l'innovation ou diffusionnisme de Hägerstrand...24
1.12.2.2. L'innovation et sa diffusion selon Rogers
Everett (1962)................................26
1.12.2.3. La théorie du développement
endogène.............................................................29
1.12. Cadre
opératoire...............................................................................................................29
CHAPITRE II :APPROCHE
MÉTHODOLOGIQUE......................................................32
2.1. Approche
méthodologique.................................................................................................32
2.1.1. Approche méthodologique
générale...........................................................................32
2.1.2. Approche méthodologique
spécifique........................................................................32
2.12.1. Recherche et exploitation des
documents............................................................32
2.1.2.2. Enquêtes par observation et
entretien.................................................................32
2.1.2.3. Technique
d'échantillonnage...............................................................................33
2.1.2.4. L'administration du questionnaire et des guides
d'entretien..............................35
2.1.2.5. Traitements et analyses des données
quantitatives et qualitatives......................38
2.1.2.6. Traitement cartographique des
données..............................................................38
2.2. Difficultés
rencontrées.......................................................................................................41
2.2.1. Les obstacles liés à la disponibilité
des données chiffrées de la production de
tomate...................................................................................................................................41
2.2.2. Les obstacles liés à la réticence des
jardiniers...........................................................41
2.2.3. Les obstacles
temporels..............................................................................................41
2.3. Structure du
mémoire.........................................................................................................41
DEUXIEME PARTIE : RECHERCHE ET EXPLOITATION DES
DONNEES
CHAPITRE III :L'ARRONDISSEMENT DE DSCHANG ET LA CRISE
ÉCONOMIQUE DE LA FIN DES ANNÉES
1980..............................................................42
3.1. Le paysage socio-économique de l'arrondissement de
Dschang avant la crise
économique...............................................................................................................................42
3.1.1. L'arrondissement de Dschang : une vie rythmée
par l'économie caféière................42
3.1.2. L'activité vivrière et maraichère
: des activités marginales et essentiellement
féminines...................................................................................................................................42
3.1.3. L'État et l'UCCAO : seuls acteurs du
contrôle et de l'encadrement de l'activité agricole dans
l'arrondissement................................................................................................43
3.1.3.1. L'État et ses organismes de
financement agricole : moteur de développement agricole avant la
crise..............................................................................................................44
Ø La Banque Camerounaise de
Développement(BCD).....................................43
Ø Le fond National de Développement Rural
(FONADER)..................................43
3.1.3.2. L'UCCAO : Poumon de
développement agricole de la région de l'Ouest avant la
crise...........................................................................................................................................44
3.2. Les conséquences de la crise économique
dans l'arrondissement de Dschang.............47
3.2.1. La baisse drastique des prix du café
payé aux agriculteurs......................................47
3.2.2. La fin du monopole du trident ETAT- UCCAO -
CAPLAME.................................48
3.2.3. La perte des emplois et l'abandon
scolaire...............................................................49
3.2.4. La reconversion des
agriculteurs................................................................................50
3.2.5. L'émergence et développement de
l'activité vivrière et
maraîchère.........................51
CHAPITRE IV :LES FACTEURS DE L'ÉMERGENCE DE LA
CULTURE DE LA TOMATE DANS L'ARRONDISSEMENT
DE...................................................................56
4.1.
Historique......................................................................................................................56
4.2. Les facteurs de l'émergence de la culture de la
tomate dans l'arrondissement de
Dschang.....................................................................................................................................56
4.2.1. Les facteurs
internes..........................................................................................56
4.1.1.1. Un milieu écologique particulièrement
propice ..............................................56
Ø Sur le plan
pédologique.........................................................................................56
Ø Sur le plan
climatique............................................................................................57
4.1.1.2. Les facteurs humains : moteurs de
l'émergence...............................................58
v Le dynamisme des
jardiniers...............................................................................58
v Le rôle des
migrations.........................................................................................59
v Le rôle de l'université de
Dschang........................................................................60
4.2.2. Les facteurs
externes.........................................................................................62
4.2.2.1. La crise économique et ses multiples
conséquences............................................62
4.2.2.2.
L'explosion de la demande dans les centres
urbains............................................62
4.2.2.3. La libéralisation des tous les
secteurs de l'activité agricole............................... .65
4.2.2.4. Le rôle de l'État
à travers le décret autorisant la création des
organisations
paysannes...........................................................................................................................66
4.2.2.5.
L'irruption des nouveaux
acteurs.......................................................................66
TROISIEME PARTIE: PRESENTATION, VERIFICATION DES
HYPOTHESES, CRITIQUE DES RESULTATS ET RECOMMANDATIONS
CHAPITRE V : DÉVELOPPEMENT DE LA CULTURE DE LA
TOMATE DANS L'ARRONDISSEMENT DE DSCHANG: FONDEMENTS, ACTEURS,
STRATÉGIES, CONSÉQUENCES ET
PROBLÈMES.................................................................................69
5.1. Fondements du développement de la culture de la
tomate................................................69
5.1.1. Le souci d'amélioration des conditions de vie
des populations.................................69
5.1.2. La politique gouvernementale de relance de la
production vivrière au Cameroun.....70
5.2. Typologie des acteurs et leurs
stratégies............................................................................70
5.2.1. Les pouvoirs publics et leur rôle dans le
développement de l'activité maraîchère dans
l'arrondissement de
Dschang............................................................................................70
5.2.2. Les partenaires au
développement.............................................................................72
5.2.3. La micro-finance au service de la production
maraîchère..........................................72
5.2.4. Les
paysans.................................................................................................................73
5.2.4.1. Le développement d'un nouvel
esprit associatif : les GIC................................73
5.2.4.2. Mode d'acquisition des
parcelles..........................................................................75
5.2.4.3. Modes de financement de
l'activité.....................................................................76
5.2.4.4. Techniques de
production....................................................................................77
a) Techniques de
culture............................................................................................77
b) Spécialisation agricole de plus en
plus croissante.................................................79
c) Utilisation croissante des engrais et des
produits phytosanitaires........................80
d) Techniques
d'irrigation..........................................................................................82
5.3. Conséquences du développement de la culture de
la tomate.............................................87
5.3.1. La production de la tomate à la
hausse.......................................................................87
5.3.2. Une activité qui nourrit son
homme............................................................................88
5.3.3. Le développement du salariat
agricole........................................................................89
5.4. Le développement et la vulgarisation de la culture
de la tomate dans l'arrondissement de Dschang : une activité
économiquement
durable.....................................................................89
5.5. Les problèmes de la culture de la tomate dans
l'arrondissement de Dschang...................90
5.5.1. Les difficultés d'accès au
financement.......................................................................90
5.5.2. Les difficultés d'accès aux
intrants.............................................................................90
5.5.3. Les
maladies................................................................................................................91
5.5.4. Le problème
climatique..............................................................................................94
5.5.5. Les difficultés de
transport..........................................................................................93
5.5.6. La rareté des
terres......................................................................................................93
5.5.7. Le problème
d'eau......................................................................................................93
CHAPITRE VI : VÉRIFICATIONS DES HYPOTHÈSES,
CRITIQUE DES RÉSULTATS ET
SUGGESTIONS.......................................................................................95
6.1. Vérification des
hypothèses...............................................................................................95
6.1.1. Vérification de la première
hypothèse : la crise économique de la fin des années 1980,
une dépression aux multiples conséquences
socio-économiques et spatiales dans l'arrondissement de
Dschang....................................................................................................95
6.1.2. Vérification de la deuxième
hypothèse : les facteurs physico-humains au centre de l'émergence
de la culture de la tomate dans l'arrondissement de
Dschang..............................95
6.1.3. Vérifications de l'hypothèse trois :
développement et vulgarisation de la culture de la tomate dans
l'arrondissement de Dschang : deux fondements, plusieurs acteurs aux
stratégies et approches
multiples...............................................................................................................96
6.1.4. Vérification de l'hypothèse quatre :
une vulgarisation de la culture de la tomate entachée d'une multitude
conséquences
socio-économiques...................................................97
6.1.5. Vérification de l'hypothèse cinq :
la culture de la tomate, une activité économique
durable.......................................................................................................................................97
6.2. Critique des
résultats..........................................................................................................98
6.2.1. Limites
méthodologiques...........................................................................................98
6.2.2. Les contraintes matérielles et
financières...................................................................99
6.3.
Recommandations..............................................................................................................99
6.3.1. Suggestions aux pouvoirs
publics...........................................................................99
6.3.1.1. La mise sur pied des facilités de financement du
secteur agricole................100
6.3.1.2. La mise sur pied d'une politique de
contrôle et de règlementation de l'importation des intrants
agricoles.............................................................................100
6.3.1.3. Améliorer l'offre en infrastructures de
transports.........................................101
6.3.2. Suggestions aux
paysans.......................................................................................101
6.3.2.1. Intensifier le renforcement de capacités
techniques et matérielles des
paysans........................................................................................................................101
6.3.2.2. Incitation des populations à
l'entreprenariat et à plus de dynamisme...........101
6.3.2.3. Veiller au respect des procédés de
création des pépinières, de préparation des sols,
de repiquage et d'entretien de
parcelles.............................................................102
CONCLUSION
GÉNÉRALE..............................................................................................108
BIBLIOGRAPHIE................................................................................................................109
ANNEXES
INTRODUCTION GÉNÉRALE
L'agriculture est un secteur crucial à l'échelle
planétaire sur le double plan de la sécurité alimentaire
et de la rentrée des devises. Elle constitue à cet égard
l'un des secteurs primordiaux des économies du monde. Son
développement constitue une priorité majeure pour moult
gouvernements. En Afrique, continent où les économies
sont tributaires du secteur agricole, où 70% de la
population réside en zone rurale et environ 60%exerce
dans le secteur agricole, cette activité a connu des périodes de
balbutiements au cours de décennies1980-1990. Au Cameroun,
l'agriculture constitue depuis l'indépendance, le socle de
l'économie, dont la contribution au PIB était estimée
à1300 milliards de FCFA au cours de l'année 2003, soit le tiers
des rentrées de devise. (Chambre de commerce, d'industrie, des mines et
de l'artisanat). Cette agriculture longtemps confinée
à la production de rente, va subir au cours des décennies
1970-1980 et 1980-1990, les affres de la baisse successive des cours des
produits de rente consécutive aux différents chocs
pétroliers. Cette situation sera amplifiée par la
dévaluation du franc CFA en janvier 1994. Dès lors, l'adaptation
à la crise se traduit par la mise en place de politiques et de
stratégies. Celles-ci émanent aussi bien du gouvernement, des
différents partenaires au développement que des acteurs du
secteur agricole, notamment les paysans, afin de diversifier et
développer ce secteur d'activité.Cet objectif tient du fait que
l'agriculture se présente comme le socle du développement du
Cameroun. Ainsi, lors du discours prononcé à l'ouverture du
Comice agro-pastoral d'Ebolowa, le Chef de l'État l'a
réitéré : « [...]le Cameroun compte
avant tout sur le secteur primaire, notamment l'agriculture, [...], pour
devenir, à l'horizon 2035, un pays émergent [...].
L'agriculture, je le répète, est notre authentique
richesse»1(*).
C'est fort de ce constat et suivant la dynamique impulsée par le
chef de l'Etat que l'École Normale Supérieure de Yaoundé,
notamment le département de géographie, n'est pas resté
insensible à cette préoccupation. Raison pour laquelle, depuis
quelques années, les thématiques des différentes
promotions de géographie y sont orientées. «
Produits de rente et développement socio-économique du
Cameroun » est celle choisie pour la 52ème
promotion de Géographie de l'ENS de Yaoundé. Cette
dernière a orienté notre choix de l'axe 4 qui concerne
les politiques et stratégies de développement des produits de
rente au Cameroun. Notre sujet de recherche
« Crise économique et émergence de
l'activité maraîchère : cas de la culture de la tomate
dans l'arrondissement de Dschang » s'insère donc
dans ce contexte. Au-delà d'une simple thématique de recherche,
notre choix s'est porté sur ce thème et sur cet espace, en raison
de la formidable adaptation face à la crise de la fin des années
1980 dont a fait montre cet espace rural, jadis à prédominance
caféière. De plus,l'arrondissement de Dschang, illustre
parfaitement la transformation d'un ancien bassin caféier en grand foyer
de culture de la tomate. Cette transformation est due aux différentes
politiques et stratégies déployées par les multiples
acteurs qui s'y sont installés au lendemain de la crise. La
présente étude vise à appréhender les
différentes raisons qui ont sous-tendu l'émergence de la culture
de la tomate dans cet ancien bassin caféier. Aussi, cette étude,
envisage la mise en relief des différents acteurs qui ont
émergé au lendemain de cette dépression économique
et qui ont contribué à cette émergence, ainsi que la
présentation de leurs rôles et stratégies respectifs.
PREMIERE PARTIE :
CADRAGE GENERAL DE L'ETUDE
Cette première partie de notre travail consiste
en la définition du cadre général de notre étude.
Elle s'achève sur l'annonce méthodologique c'est-à-dire
l'ensemble des techniques et méthodes qui ont été
mobilisées pour la réalisation du présent travail de
recherche.
.
CHAPITRE I
EXPLORATION DU SUJET ET ETUDE GEOGRAPHIQUE DE
L'ARRONDISSEMENT DE DSCHANG
Dans ce chapitre, il est question pour nous d'effectuer un
recadrage de notre sujet eu égard de la recherche documentaire qui a
été effectuée. Ce chapitre est également le lieu de
faire la mise en contexte de notre sujet de recherche et de la
présentation physique et humaine de l'arrondissement de Dschang. Il
s'achève sur la définition du cadre conceptuel et
théorique inhérent à notre étude.
1.1. Contexte général de l'étude
La crise économique de la fin des années 1980
est une réalité mondiale. Elle est la résultante de la
diminution successive des cours des produits de rente tels que le cacao, le
caféet des divers chocs pétroliers enregistrés sur la
scène mondiale entre les décennies 1970-1980 et 1980-1990. Cette
crise, selon les échelles, a eu de nombreuses conséquences sur le
plan socio-économique et spatial.
Sur le continent africain, où l'essentiel du revenu
national et donc du PIB, provient de la commercialisation des produits
agricoles notamment ceux de rente, cette crise a entrainé de nombreuses
répercussions socio-économiques et spatiales.
Au Cameroun de façon générale, cette
criseaura des conséquences significativesvu que l'économie
camerounaise reposait essentiellement sur l'agriculture2(*)et particulièrement celle
de rente. Restriction budgétaire ;réduction voire annulation
complète des subventions destinées au secteur agricole ;
fermeture des différents offices et structures de régulation et
de stabilisation des prix des produits agricoles de rente ; baisse
drastique du niveau de vie ;bouleversementssocio-économiques et
mutations spatialessont autant de conséquences notables de la crise sur
le triangle national. La région de l'Ouest, comme toutes les
autres régions agricoles du Cameroun, a subi de pleins fouets les affres
de la crise économique de la fin des années 1980. Ancien berceau
de la caféiculture, cette région dont l'agriculture occupait la
majeure partie de la population active fait face durant cette période
à une réalité inéluctable : la crise. Celle-ci
a conduità de profondes mutations socio-économiques et spatiales
dans cette région ainsi qu'à des reconversions agricoles.
L'arrondissement de Dschang, qui avant la crise était
spécialisé comme toutes les contrées de l'Ouest Cameroun
dans la caféiculture, particulièrement du café arabica, a
également,et ce de façon irréversible et profonde,subi les
conséquences de cette crise.La baisse des cours des produits de rente
sur le marché mondial impose une véritable
nécessité aux agriculteurs : une reconversion vers le
maraîchage ; activité jadis pratiquée uniquement pour
l'autoconsommation en combinaison avec le café. On assiste donc
progressivement à une reconversion quasi-complète des
agriculteurs de l'arrondissement de Dschang vers le maraîchage et
particulièrement vers la culture de la tomate. Plusieurs groupements de
cet arrondissement vont se ruer vers cette culture au point de transformer cet
arrondissement en grand producteur de tomate.
Notre sujet de recherche intitulé
:« Crise économique et émergence de
l'activité maraîchère : cas de la culture de la tomate
dans l'arrondissement de Dschang» se situe à la
confluence de la question de la redynamisation de l'agriculture
maraîchère au Cameroun ainsi que celle du
développement socio-économique et de l'autosuffisance
alimentaire. Ce sont là desdéfis engagéspar l'État
du Cameroun à travers la mise sur pied dela nouvelle politique
agricole3(*).
1.2. Présentation du sujet
Notre sujet intitulé :
« Crise économique et émergence de
l'activité maraîchère : cas de la culture de la tomate
dans l'arrondissement de Dschang»engage une réflexion
sur l'analyse des mobiles qui expliquent l'émergence du secteur
maraîcher dans l'arrondissement de Dschang. Il s'agit
particulièrement ici de la culture de la tomate qui a été
introduite pour la première fois dans cet arrondissement en 1987.Ceci se
fera au regard des progrès observés dans cette localité en
terme de rendements évolutifs et d'amélioration du
bien-être socio-économique de la population. Notre interrogation
portera essentiellement sur les facteurs qui ont été
combinés afin d'aboutir à de tels résultats.
1.3. Justification du choix du sujet
Le choix de notre sujet de recherche :
« Crise économique et émergence de
l'activité maraîchère : cas de la culture de la tomate
dans l'arrondissement de Dschang » s'inscrit tout
d'abord dans la logique de la délimitation thématique de la
52ème promotion de l'École Normale Supérieure
de Yaoundé. Ensuite, le choix de ce thème de recherche a
également étémotivé par plusieurs raisons :
· la première raison étant le constat
d'une nette évolution de la production de la tomate dans
l'arrondissement de Dschang depuis les années 1990, seulement trois ans
après son introduction dans la zone suscitée.Plus de vingt ans
après le début de la pratique de cette culture dans
l'arrondissement de Dschang, les chiffres sont parlant : augmentation
graduelle de la production au fil des années et augmentation du nombre
d'actifs dans cettespéculation du maraîchage. Cette reconversion
quasi-efficace des anciens caféiculteurs après la crise
économique pousse au loin la curiosité de comprendre quels ont
été les moyens, les stratégies et les facteurs qui ont
permis à l'arrondissement de Dschang de parvenir à ces
résultats non moins élogieux.
· La seconde raison étant le désir de
comprendre le degré d'adaptation des sociétés face
à une diversité de contraintes notamment économiques
à l'instar de la crise de la fin des années 1980 au Cameroun.
· Une autre raison étant le problème de
productivité qui se pose au niveau de toutes les filières
agricoles du Cameroun, en l'occurrence le secteur maraîcher
(particulièrement celui de la tomate).Ce problème incite la
recherche de voies et moyens susceptibles d'optimiser les rendements en
produits maraîchers,principalement la tomate.
· En outre, face au souci de résolution du
fâcheux problème d'autosuffisance alimentaire du Cameroun, et par
ricochet le problème de dépendance vis-à-vis des
importations, il nous semble judicieux d'entreprendre une telle étude.
Celle-ci sera menée dans l'optique de pourvoir un certain nombre de
solutions susceptibles d'accroître les capacités de production des
cultivateurs de tomate de l'arrondissement de Dschang.
· De plus, d'après le discours du Président
de la République prononcé en 2011 lors du comice national
d'Ebolowa, l'agriculture est le socle de l'émergence du Cameroun. Il
semble donc nécessaire d'orienter notre recherche vers l'agriculture, en
général, et la culture de la tomate, en particulier, afin
d'apporter une modeste contribution à la résolution de
l'épineux problème de productivité dont souffre le monde
rural.
· En plus, les données du bulletin des
échanges transfrontaliers du MINADER5(*) rapportent que la tomate est l'un des produits les
mieux commercialisés au niveau sous-régional. D'ailleurs, le port
de Douala est la principale porte de sortie de la tomate en provenance de
l'Ouest Cameroun. Cette denrée est donc une source importante et
sûre de rentrée de devises pour l'État camerounais, mais
aussi d'amélioration du bien-être socio-économique des
agriculteurs et des commerçants.
· La dernière raison, mais pas la moindre,
étant le fait que la tomate constitue dans les centres urbains et
même en milieu rural, l'un des principaux produits de consommation des
populations. De ce fait, elle est souvent soumise à une inflation
saisonnière, en particulier dans les grandes villes, qui peut
s'expliquer par une pléiade de facteurs. Il apparait indispensable
d'envisager une étude tournée vers l'analyse des facteurs de
productivité de la tomate dans l'arrondissement de Dschang. Elle visera
essentiellement à faire ressortir les problèmes qui affectent la
productivité et à proposer des solutions pour résorber
cette situation.
1.4. Délimitation du sujet
1.4.1. Délimitation thématique
La
présente étude envisage de s'attarder sur la culture de la tomate
et d'axer son analyse sur les logiques d'acteurs qui ont sous-tendu le
développement de cette culture dans l'arrondissement de Dschang, mais
aussi sur les stratégies mises en oeuvre pour le même but.
1.4.2. Délimitation temporelle
La présente étude se situe dans l'espace
temporel 1989-2012.
L'année 1989marque le tournant décisif de la
crise économique, avec la mise en application des programmes
d'ajustement structurel. Ces programmes sont caractérisés par les
énormes compressions, les coupes budgétaires, les restrictions
dans les financements agricoles, le retrait des subventions destinées au
secteur agricole et l'explosion du chômage. Ce qui a contraint les
agriculteurs de l'arrondissement de Dschang à s'adapter à la
crise à travers le développement des cultures qui jadis
n'étaient pas pratiquées dans cette localité, afin de
faire face aux exigences de la crise et de renouer avec la production
agricole.
L'année 2012 quant à elle, a été
choisie comme deuxième borne temporelle de la présente
étude car elle constitue la limite de la disponibilité des
données statistiques de seconde main en notre possession, indispensable
pour l'analyse.
1.4.3. Délimitation spatiale et
politico-administrative
L'arrondissement de Dschang est situé dans le
département de la Menoua, région de l'Ouest Cameroun.
Localisé entre les coordonnées 5°19'0? - 5°80'0?
latitude Nord et 9°56'3?- 10°5'50? longitude Est, il est compris
entre l'arrondissement de Nkong-Ne à l'Est, les arrondissements de Menji
et Alou à l'Ouest, l'arrondissement de Fongo-Tongo au Nord et au sud par
les arrondissements de Santchou et Fokoué. C'est un arrondissement
constitué de 5 grands groupements6(*) à savoir : Foto, Fongo Ndeng, Fotetsa,
Fossong Wentcheng, Foréké-Dschang, repartis sur plus de 60
villages7(*), qui occupent
une superficie totale de 235 ,4km2(Fig. 1)
Figure 1: Localisation de la zone
d'étude
1.5. Présentation de l'arrondissement de Dschang
1.5.1. Présentation physique
Cette étape consiste à mettre en évidence
les caractéristiques physiques de l'arrondissement de Dschang.
Caractéristiques qui, par ailleurs, expliquent le potentiel agricole de
cet arrondissement en ce qui concerne les cultures de rente telles que le
café et l'agriculture maraîchère plus
précisément la culture de la tomate.
1.5.1.1. Le climat
A travers sa localisation géographique,
l'arrondissement de Dschang se situe dans le domaine sub-équatorial.
C'est un climat de type camerounien d'altitude qui règne ici, avec des
micro-variations dépendant du relief et dont des différences
d'altitude. De façon générale, c'est un climat frais et
humide lié à l'intersection de l'air humide océanique et
des masses d'air continentales sèches.
La pluviométrie :
L'arrondissement de Dschang a un climat à deux saisons ; une longue
saison pluvieuse allant de mars à octobre et une courte saison
sèche de novembre à février. Il convient de noter que
durant la saison sèche, des précipitations sont néanmoins
observées. Elles sont souvent importantes. Cela est dû à
l'effet l'altitude. La pluviométrie est en moyenne élevée
dans cette zone de l'ordre de 1806 mm sur les 10 dernières
années. Cette pluviométrie était de 1481,4 mm au poste de
l'IRAD de Dschang en 2007. Cette forte pluviosité a une incidence sur
l'humidité relative qui règne ici, à l'instar de celle
observée à la station de Dschang qui est très
élevée(Tsalefac, 1999).
Les températures : L'amplitude
thermique annuelle est en moyenne très faible (3°C) et la
température moyenne de 20,2°C. La température moyenne
maximale est de 27,5°C et la température minimale est
estimée à 13,4°C. Pendant la saison sèche,
l'amplitude thermique est plus élevée. Les jours sont chauds et
les nuits plus froides qu'en saison de pluie.
L'insolation : L'insolation est plus
importante durant la saison sèche, où elle représente 8,5
heures par jour, alors qu'en saison des pluies elle descend à 2,2 heures
par jour. Le total d'ensoleillement pour l'année est de 1864 heures par
an. La moyenne mensuelle d'insolation, pour ces cinq dernières
années est de 155,3 heures.
Cette température moyenne qui oscille autour de
20,2°C, constitue une ambiance climatique assez favorable pour la pratique
de la culture de la tomate, d'autant plus que la température requise
pour le développement de la tomate est de 20-24°C.
Figure 2: Diagramme
ombro-thermique à la station IRAD de Dschang (1994-2005)
1.5.1.2. Le relief et les
sols
L'arrondissement de Dschang repose sur un socle ancien
recouvert de formations volcaniques. Ces formations superficielles d'origine
volcanique sont très propices à l'agriculture. C'est ce qui
explique le fait que la région de l'Ouest Cameroun,notamment
l'arrondissement de Dschang, soit très rentable en termes de production
agricole. L'altitude moyenne dépasse 2500 m. C'est une zone montagneuse
aux versants à fortes pentes,dévalant jusqu'au fond des
vallées pour la plupart inondables. Ces valléesde parleurs
caractéristiques pédologiquessont propices à la culture de
la tomate.
On recensequatre grands types de sols :
· Les sols volcaniquesqui recouvrent la
majorité des versants de la zone et qui sont très fertiles.
· les sols ferralitiques,présents
dans la zone de haute altitude et qui sont plus ou moins rouges avec une
texture limoneuse, argileuse ou sablo-argileuse.
· les sols humifères dans les
zones de moyenne altitude qu'on trouve sous le couvert forestier. Ils sont bien
fertiles et indiqués pour la culture des caféiers, des cacaoyers,
des palmiers à huile et des cultures vivrières.
· Les sols hydromorphes qui sont
gorgés d'eau et situés dans les bas fonds inondables. Ils sont
indiqués pour les cultures maraîchères. Dans ce cas
d'espèces, ils sont pour la plupart déjà mis en
exploitation dans cet arrondissement.
Il importe cependant de préciser que la culture de la
tomate n'est pas vraiment exigeante en ce qui concerne les types de sols. En
effet, elle peut être pratiquée dans les champs, sous abri ou dans
un potager. Néanmoins, les sols auxquels elle s'adapte facilement sont
des sols riches en minéraux, dotés d'une bonne capacité de
rétention d'eau etd'une bonne aération ainsi que d'un pH8(*) variant entre 5,5 et 6,8,
c'est-à-dire des sols suffisamment acides. De ce fait les sols de
l'arrondissement de Dschang, qui sont pour la plupart ferralitiques, sont assez
favorables pour la culture de cette plante.
1.5.1.3. L'hydrographie
Le réseau hydrographique de l'arrondissement de Dschang
est dense et formé d'un cours d'eau principal, la Menoua, qui
prend sa source sur les collines de Bafou.D'autres cours d'eau
secondaires,pour la plupart des affluents de la Menoua, drainent
également la zone à l'instar du cours d'eau Nkoula.
L'essentiel du drainage de la zone est assurée ici par les ruisseaux qui
coulent sur les bas-fonds des collines.
1.5.1.4. La
végétation
La végétation de l'arrondissement de Dschang est
très complexe. Cet arrondissement est situé dans la limite des
domaines de la forêt semi-caducifoliée et de la forêt
sempervirente. Ses formations boisées contiennent également des
savanes péri-forestières et des forêts
marécageuses (Chevalier, 1993). D'après les
travaux de Letouzey (1985), les espèces
végétales généralement rencontrées dans la
région sont:
Ø Dans les bas-fonds, la savane herbeuse ou la
forêt marécageuse dominée par le raphia, les
marantacées et les ligneux hydrophiles tels que Mitragyna sp,
Anthocleista microphilla, Alchornea cordifolia etc.
Ø Dans les zones de moyenne altitude, la savane
arbustive à Pennisetum purpureum ou la forêt
dégradée à Albizia gummiferia, Vitex sp, Triumfetta
cordifollia,etc.
Ø Dans les hautes terres, c'est la forêt à
Gnetum africanum, Prunus africana et Voacanga africana.
Ø Il y a aussi les forêts galeries qui prennent
le nom de forêts sacrées lorsqu'elles se situent aux
environs des chefferies.
1.5.2.Présentation humaine
Selon le recensement de
2005, la population de l'arrondissement de Dschang s'élevait à
101.385 habitants inégalement repartis sur le territoire. Le tableau
suivant présente la répartition par groupements de cette
population.
Tableau 1:
Répartition de la population de l'arrondissement de Dschang par
groupements
Groupements
|
Ménages
|
Hommes
|
Femmes
|
Total
|
DSCHANG VILLE
|
15.752
|
3.181
|
31.300
|
63.161
|
FONGO-NDENG
|
819
|
1.779
|
2.436
|
4.215
|
FOREKE DSCHANG
|
1.702
|
4.451
|
5.316
|
9.767
|
FOSSONG-WENTCHENG
|
634
|
1.782
|
2.466
|
4.248
|
FOTETSA
|
419
|
894
|
1.166
|
2.060
|
FOTO
|
3.904
|
7.901
|
10.033
|
17.934
|
TOTAL ARRONDISSEMENT DE DSCHANG
|
23.230
|
48.668
|
52.717
|
101.385
|
Source : RGPH, 2005
A partir de ces données de recensement de 2005 et en
supposant une progressiongéométrique de la population et un taux
de croissance annuelle de 2,4%9(*), la population de l'arrondissement de Dschang
peut être estimée suivant l'équation :
Pt = P0
(1+r)t avec Pt =
Population à la date t P0 =
Population initiale r = Taux de croissance
naturelle t = Temps mis entre Po et
Pt
P(2012) = 101 385
(1+2,4%)7=122.565
P(2012) = 122 565
Habitants soit une augmentation estimée à 21.180
habitants.
La densité de la population de l'arrondissement de
Dschang est moyenne. Il importe cependant de signaler que la majeure partie de
la population susmentionnée se rencontre dans la ville de Dschang qui
enregistre de très fortes densités évaluées
à 182,3 habitants/km2 en 2002. Ce constat s'oppose
parfaitement aux faibles densités enregistrées dans les villages
éloignés et ceux situés à la
périphérie de cette grande ville. En effet, il est à noter
qu'au fur et à mesure qu'on s'éloigne du périmètre
de la ville de Dschang, les densités de population régressent
pour laisser place aux champs de cultures. Cette affirmation s'illustre
parfaitement par cette image satellite tirée de Google Earth.
Extension spatiale de la ville de
Dschang
Sur cette image satellite Google Earth du 16
Février 2010 de Dschang, on observe les disparités au niveau de
la densité d'occupation du sol dans l'arrondissement, on
s'aperçoit que le centre urbain Dschang, a des fortes densités
d'occupation du sol malgré qu'il soit sur un site collinaire,
contrairement aux autres secteurs de l'arrondissement qui ont des
densitésmoyennes pour certaines etfaibles pour d'autres.
Type d'image
|
Google Earth
|
Capteur
|
GeoEye
|
Date
|
16 février 2008
|
Projection
|
WGS 84
|
Zone
|
32 Nord
|
Unité
|
mètre
|
Source : Google Earth
Photo 1: Image Google
Earth de l'arrondissement de Dschang et des villages limitrophes
Il convient de préciser que l'arrondissement de Dschang
est une localité partiellement rurale, au regard des pratiques et des
activités qui y sont menées. Toutefois, nous notons trois
exceptions ; il s'agit du village Litieu (groupement
Foréké-Dschang), de l'entrée de la ville de Dschang
(groupement Foto) et de la ville centenaire Dschang. Ces exceptions
s'expliquent en ceci que ces trois espaces sont en grande partie
urbanisés ; urbanisation qui est principalement due au fait que
Dschang soit le chef lieu du département de la Menoua, mais surtout
à la transformation de ce secteur en centre universitaire grâce
à la création de l'université de Dschang. Cette innovation
a engendréessentiellement l'augmentation de la population et le
développement urbain.
En ce qui concerne les caractéristiques
ethnographiques de l'arrondissement de Dschang, notons que celui-ci est
constitué de 5 groupements à savoir : Foto, Fongo-Ndeng,
Fotetsa, Fossong-Wentchenget Foréké, qui ont les
mêmes valeurs culturelles et partagent la même langue : le
Yemba10(*).
1.5.2.1. Les
activités économiques
Ø
L'agriculture
C'est la principale activité économique
pratiquée dans l'arrondissement de Dschang. Elle est variée,
allant de la culture du café au vivrier en passant par le
maraîchage. Pour ce qui est de la caféiculture, elle est en
grande partie pratiquée par les rescapés de la crise
économique de la fin des années 1980. L'activité
vivrière est pratiquée presque partout, et les produits de cette
activités sont aussi très variés : tubercules
(macabo, ignames, taro, banane, plantain, patate douce, etc.) légumes
(aubergine, gombo, choux, etc.), légumineuses (arachide, soja, haricot,
etc.) et céréales (maïs). L'activité
maraîchère y est également très
développée. Elle concerne la tomate, les poivrons, les choux,
etc. La culture de la tomate occupe désormais dans cet
arrondissement une place importante dans l'agriculture de la zone, du fait de
ses rendements non moins onéreux, de son prix de vente (entre 4.000 FCFA
et 7.000 FCFA le panier selon la saison et parfois 11.000 FCFA durant les
périodes de pénuries) et de la demande sans cesse croissante des
grossistes en provenance de la capitale économique Douala.
Ø Le
commerce
L'activité commerciale est la deuxième
activité économique qui prédomine dans cet arrondissement.
Les produits issus de l'agriculture sont mis en vente dans le cadre des
marchés locaux11(*)
ou acheminés dans le principal centre urbain qui est la ville de
Dschang, afin d'être commercialisés au détail ou aux
grossistes venant principalement de la ville de Douala. Cette activité
concerne aussi les produits de consommation tels que les vêtements,
l'électronique, l'immobilier et les services, bien qu'elle se concentre
à 95% dans le principal centre universitaire qu'est la ville de Dschang.
D'autres activités économiques se sont aussi
développées dans la zone à l'instar du transport
clandestin vers les villages et le transport par mototaxi qui représente
ici une activité importante. Elle est unesource d'emploi non
négligeable car elle occupe une bonne partie de la population active et
assure la satisfaction des besoins des pratiquants.
1.6. Revue de la littérature
L'élaboration de la revue de la
littérature n'a pas été aisée. Néanmoins, en
dépit de la rareté d'ouvrages spécifiques au
département de la Menoua en général et à
l'arrondissement de Dschang en particulier, nous avons parcouru un certain
nombre de documents généraux, de mémoires, de
thèses, d'articles et de revues. Une fois achevée, cette
tâchenous a permisde faire un état de la question et de recadrer
notre sujet de mémoire, mais surtout de positionner scientifiquement
notre étude. La teneur de ce débroussaillage se résume en
quatreprincipales approches :
· L'approche
monographique des cultures vivrières produites au Cameroun et des
techniques culturales
Dans cet angle de recherche, les travaux de
Westphal, (1981), présentent les différentes
cultures vivrières existantes selon les régions, les techniques
culturales y afférentes et les types d'exploitations que l'on retrouve
de part et d'autre au Cameroun
Vilain M., (1997)
traite de la question de la production végétale, notamment des
techniques de production qui peuvent améliorer le rendement des
agriculteurs. Dans cet ouvrage, l'auteur élucide la manière dont
l'adoption de pratiques particulières en amont,
précisément en ce qui concerne les techniques culturales, peut
avoir une incidence positive sur la productivité des espaces agricoles
en aval.
· L'approche de la
crise économique dans la région de l'Ouest
Sous cet angle,
Manfouo Namekong I. (2012)analyse les conséquences
de la crise économique dans la région de l'Ouest Cameroun. Pour
cet auteur, la conséquence la plus évidente de la crise
économique de la fin des années 1980 est la disparition des
organismes de financement du monde agricole rural de la région de
l'Ouest. Cette situation a induit une libéralisation de toutes les
filières agricoles. L'adaptation des planteurs de l'Ouest Cameroun est
donc devenue quasiment inéluctable.
· L'approche de la reconversion des agriculteurs
et des stratégies de développement du vivrier
marchand
Fark-Grüninger M.
(1995) essayait déjà de présenter
l'économie de l'ouest Cameroun, en citant le commerce comme principale
activité. Ellea également insisté sur l'organisation du
secteur agricole au sein duquel prédominaient les organisations
paysannes, moteurs de développement de l'activité agricole.
Gillermou Y. et Kamga A.
(2004) soulignent le rôle prépondérant qu'ont
joué les associations et les groupements de paysans dans l'adaptation
desagriculteurs aux multiples conséquences de la crise
économique. Face à cette période de récession
économique caractérisée par le désengagement de
l'État, chargé de l'encadrement de la paysannerie, survient la
multiplication des associations paysannes dans l'Ouest Cameroun à partir
de 1992.Ces organisations se sont donc inhibées dans l'encadrement et
l'organisation des paysans comme le faisait l'État par le passé.
Ce développement accéléré des associations de
paysans,aussi varié en termes de spécialisation, constitue pour
les auteurs l'une des remarquables adaptations de la région de l'ouest
à la crise.
Beuch à Bakar,
(2006) soulignait déjà le fait que les paysans des
cantons de Ngam et de Fangha, pour s'adapter à la crise
économique qui a secoué l'économie camerounaise et le
secteur agricole en particulier dans les années 1990, ont
développé la pratique de l'agriculture de contre saison. Cette
adaptation avait pour butl'augmentation de la production annuelleà
travers l'augmentation du nombre de récoltes, c'est-à-dire en
récoltant plus d'une fois par an. Ngapgue J. N.
(2007)souligne en effet que le maraîchage et la culture
vivrière sont apparus après les années de crise comme une
solution face à tous les problèmes engendrés par la
crise.Cette alternative, c'est-à-dire le recours des populations de
Foumbot au vivrier et au maraîchage, fut la principale forme de
réponse à la crise économique des années 1990 qui a
introduit de profondes mutations dont la plus spectaculaire fut la
recomposition spatiale avec l'émergence du vivrier et du
maraîchage. Uwizeyimana L. (2009)souligne
également les mutations socio-spatiales qu'a connues l'Ouest Cameroun
après la crise. Il précise que le maraîchage dans les
pratiques agricoles et le revenu des populations de cette région, est
venu substituer le café, en réponse aux conséquences de la
crise. Ngapgue J N. (2010) poursuit le
même ordre d'idée avec un exemple pratique de la localité
de Foumbot, dont la réaction prépondérante face à
la crise des années 1990 a été la reconversion au vivrier
et au maraîchage.
· L'approche des stratégies paysannes
d'adaptation et de développement du vivrier
Feumba R.,
(1999) dont l'étude portait sur une localité du
département du Ndé, en l'occurrence la localité de
Bantoum, présentait les stratégies déployées par
lespaysans afin de pallier aux problèmes hydriques dans les
exploitations agricoles de tomates. A ce titre, les différentes
stratégies qui permettent aux agriculteurs de s'adapter face aux
problèmes causés par les apports importants en eau, y sont
présentées et analysées.
Le même auteur, dans son mémoire de DEA
met en exergue les différentes formes d'adaptation c'est-à-dire
les stratégies employées par les paysans de Bantou pour faire
face aux variabilités hydrologiques dues à la variabilité
pluviométrique dans la zone de Bantoum.
Fongang F. G .H.(2008) présente
les différentesformes de mutations qui sont survenues dans le secteur
agricole de l'Ouest Cameroun au lendemain de la crise économique de la
fin des années 1990. Il précise qu'en réponse à la
crise économique de la fin des années 1980, une multitude de
formes de stratégies a émergé dans le paysage agricole
bamiléké. À titre d'exemple, il note qu'une pléiade
d'acteurs à pris les devants après la crise, suite au
désengagement de l'État et à la faillite de la principale
structure,ayant le monopole de la gestion agricole de la
région de l'Ouest en l'occurrence l'UCCAO. Il précise que parmi
ces formes d'adaptations à la crise, il y a l'émergence des
organisations paysannes(OP), des organisations non gouvernementales (ONG), des
coopératives et des groupements d'initiative commune (GICs). Il affirme
également qu'en réponse à la crise économique, il y
a eu dans le secteur agricole bamiléké, une espèce de
reconversion presque totale vers l'activité maraîchère et
vivrière.
Kounchou R. (2008)présente en effet
les différentes mutations agricoles et sociales que le groupement Foto
de l'arrondissement de Dschang connait depuis le début des années
1990, en réponse à la crise économique. Le recours
à l'agriculture maraîchère et vivrière constitue
pour cet auteur la principale forme d'adaptation des paysans de Foto à
la dépression économique. Il montre également le
développement de l'artisanat et de l'élevage comme solution
à la crise.
Au terme de cette revue de littérature, un
recadrage thématique de notre sujet s'impose. En dépit de cette
pléthore de références bibliographiques traitant de la
question de reconversion des anciens caféiculteurs suite à la
crise économique de la fin des années 80, il subsiste encore un
certain vide scientifique. Ce vide concerne particulièrement les
logiques d'acteurs qui ont sous-tendues l'émergence de la culture de la
tomate dans cette localité au cours des 20 dernières
années. Il porte également sur la compréhension des
différentes stratégies mises en oeuvre par les agriculteurs pour
opérer cette rapide reconversion de la caféiculture au
maraîchage, notamment la culture de la tomate ; mais aussi sur les
stratégies de développement de la spéculation tomate dans
l'arrondissement de Dschang. Il convient dans cette étude de mettre en
évidence l'impact du jeu des interactions des multiples acteurs dans le
processus de développement et de vulgarisation de la culture de la
tomate dans l'arrondissement de Dschang. Ainsi que l'incidence de cette
vulgarisation sur l'épanouissement socio-économique des
pratiquants.
1.7. Problématique
L'agriculture au Cameroun constitue depuis
l'indépendance un maillon essentiel de l'économie et de
l'engrenage du développement. Au cours des décennies 1970 et
1980, elle a bénéficié de nombreuses subventions
inhérentes aux différents plans quinquennaux, comme le souligne
Janin P., (1995), « Avec les plans quinquennaux,
les planteurs de ruraux sont passés successivement d'une économie
de traite, sous l'entière dépendance de la maison de commerce
privé à une économie dominée et
réglementée par l'Etat entre 1955 - 1989. » ainsi
qu'aux aides provenant à la fois des bailleurs de fonds et de la
coopération bilatérale et multilatérale. Durant cette
période, la majeure partie de la population active camerounaise y
était employée (plus de 60% de la population active). Mais,
à la suite du choc pétrolier des années 1970 qui a
entrainé une crise économique sans précédent dans
les années 1980 et 1990, conduisant à la mise en place au
Cameroun des programmes d'ajustement structurel en 1989 (Herrera,
1994)et de la dévaluation du Franc Cfa12(*) qui a suivi au cours de
l'année 1994, au terme duquel le franc Cfa a perdu 50%
de sa valeur (Roubaud, 1994),cette activité est presque
totalement entrée dans une période de marasme économique
caractérisée par la baisse des cours des produits dits
d' « exportation » ou de rente (cacao, café).
Ces derniers ayant longtemps fait le bonheur de l'économie camerounaise
en général et des agriculteurs en particulier. Cette crise,qui a
considérablement affecté l'économie camerounaise, s'est
accompagnée de mesures draconiennes telles que la réduction des
effectifsou licenciement. Elle a également conduit au
congédiement de milliers de personnes au sein de la fonction publique et
des entreprises publiques et parapubliques :environs 20.000
déflatés sur 190.000 fonctionnaires pour la première vague
en 1992, suivi de compressions similaires et équivalentes dans les
années 1993, 1994 et 1995. Ces chiffres ne prennent pas en compte les
compressions du secteur privé.
Cependant, avec la chute des produits traditionnels
d'exportation sur le marché mondial, le nombre important de
déflatés de la fonction publique et des entreprises publiques et
parapubliques, de diplômés sans emploi et en quête
d'opportunités, l'ouverture accélérée et le
développement des marchés transfrontaliers (Kye-Ossi, Ambam
Minko'o, Campo, Aboulou etc. ) et surtout l'explosion de la population dans les
centres urbains du Cameroun, l'activité maraîchère, en
l'occurrence la culture de la tomate,apparait dans l'arrondissement de Dschang
comme une solution, mieux encore une forme d'adaptation à la crise
caféière subordonnée à la crise économique
de la fin des années 1980.
Au-delà d'un simple moyen d'adaptation à la
crise, la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang, qui
n'était pratiquéeauparavant qu'à des fins
d'auto-consommation, commence progressivement à s'installer comme l'une
des principales activités génératrices de revenus et
pourvoyeuses d'emplois.
Avec le temps, la production de tomate de cette
localité n'a cessé d'évoluer et ce de manière
exponentielle. Le département de la Menoua enregistre 5 548 tonnes au
cours de la campagne 98-99 contre 26 829 tonnes pour la campagne de
200813(*). Ce qui
constitue une évolution significative de la production. Les superficies
allouées dans le département à cette spéculation ne
cessent également d'augmenter, de l'ordre de499 hectares au cours de la
saison 98-99, elles ont atteintle chiffre de 1 781 hectares en 2008.
Traduisant une augmentation notoire des superficies de culture de la tomate
dans cette localité. De plus, le nombre d'actifs dans ce secteur
agricole continue de suivre le même rythme d'évolution. Ceci
à la faveur d'une conjonction d'initiatives émanant d'une
variété d'acteurs et de stratégies endogènes, qui
n'ont cessé d'accroîtrela production de l'arrondissement de
Dschang et améliorer le quotidien des pratiquants au cours des deux
dernières décennies.
Face à ce constat, il nous revient de comprendre et de
faire ressortir le rôle que les différents acteurs
impliqués dans cette activité ont joué dans
l'implémentation de la politique de reconversion vers le
maraîchage en général et la culture de la tomate en
particulier. Un accent particulier sera mis sur l'incidence de leurs actions
respectives sur le développement et la vulgarisation de cette culture
dans l'arrondissement de Dschang. Compte tenu de l'augmentation rapide de la
production de la tomate dans cet arrondissement, le présent travail de
recherche vise également à faire ressortir les stratégies
qui ont été mises en place, et qui le sont encore, dans le but de
développer cette culture.
1.8. Questions de recherche
1.8.1. Question principale
La question principale de notre recherche se formule en ces
termes : Qu'est ce qui explique l'intérêt, le
développement et la vulgarisation de la culture de la tomate dans
l'arrondissement de Dschang au lendemain de la crise économique des
années 1990 ?
1.8.2. Questions spécifiques
Pour analyser cette question, notre étude s'appuiera
sur un certain nombre de questions spécifiques, lesquelles
sont :
Q1 : Les difficultés
socio-économiques imposées par la crise de la fin des
années 1980 justifient à elles seules l'émergence et le
développement de la culture de la tomate dans l'arrondissement de
Dschang ?
Q2 : Quels sont les autres
facteurs expliquant l'émergence de la culture de la tomate dans
l'arrondissement de Dschang ?
Q3 : Quels sont les acteurs,
leurs stratégies et pratiques déployées dans le but de
développer et de vulgariser la culture de la tomate dans
l'arrondissement de Dschang au lendemain de la crise économique ?
Q4 :Quelles sont les conséquences
socio-économiques inhérentes au développement de la
culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang ?
Q5 : Le développement de la
culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang est-il
économiquement durable en termes d'amélioration des moyens
d'existence et de génération des revenus chez les
jardiniers ?
1.9. Objectifs de recherche
1.9.1. Objectif principal
L'objectif principal de notre étude est de montrer
qu'au lendemain de la crise économique, plusieurs facteurs et acteurs
aux multiples stratégies, ont contribué audéveloppement et
à la vulgarisation de la culture de la tomate dans l'arrondissement de
Dschang.
1.9.2. Objectifs spécifiques
Notre objectif principal peut se décliner en objectifs
secondaires.Il s'agit de :
O1 : Présenter le
paysage socio-économique de l'arrondissement de Dschang avant et
après la crise économique de la fin des années 80.
O2 : Présenter les
différents facteurs qui expliquent l'émergence de la culture de
la tomate dans l'arrondissement de Dschang.
O3 : Présenter les
acteurs, leurs stratégies et les pratiques mises en place depuis deux
décennies dans l'optique de développer la culture de la tomate
dans l'arrondissement de Dschang.
O4 :Relever les conséquences
socio-économiques du développement de la culture de la tomate
dans cet espace.
O5 : Montrer que le développement
de la culture de la tomate dans cet espace est économiquement durable
sur le double plan de la génération des revenus et de
l'amélioration des conditions de vie des jardiniers.
1.10. Hypothèses de recherche
1.10.1. Hypothèse principale
L'intérêt, le développement et la
vulgarisation de la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang au
lendemain de la crise économique des années 1990, qui
s'expliquent par des facteurs physiques et humains, ainsi que par la synergie
des stratégies de divers acteurs, ont entrainé de multiples
retombés socio-économiques dans l'arrondissement.
1.10.2. Hypothèses secondaires
H1 : L'arrondissement de
Dschang avant la crise économique était caractérisé
par la prédominance de l'économie caféière, qui a
laissé place à une agriculture tournée vers le
maraîchage en particulier la culture de la tomate au lendemain de la
dépression économique.
H2 : Plusieurs facteurs
physiques et humains justifient l'émergence et le développement
de la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang au lendemain de la
crise.
H3 : Face à la crise
économique de la fin des années 1980, différents acteurs
ont mis en oeuvre une variété de pratiques, de techniques et de
stratégiesdans le but dedévelopper et de vulgariser la culture de
la tomate dans l'arrondissement de Dschang.
H4 : l'émergence et le
développement de la culture de la tomate dans l'arrondissement de
Dschang, a induit de multiples retombées socio-économiques
significatives.
H5 :Ledéveloppement de la culture
de la tomate dans l'arrondissement de Dschang est économiquement durable
en termes d'amélioration des moyens d'existence et de
génération des revenus chez les jardiniers.
QUESTIONS DE RECHERCHE
|
OBJECTIFS DE RECHERCHE
|
HYPOTHESES DE RECHERCHE
|
METHODOLOGIE
|
CHAPITRE
|
Question principale :
Qu'est ce qui explique l'intérêt, le
développement et la vulgarisation de la culture de la tomate dans
l'arrondissement de Dschang au lendemain de la crise économique des
années 1990 ?
|
Objectif principal :
L'objectif principal de notre étude est de montrer qu'au
lendemain de la crise économique, plusieurs facteurs et acteurs aux
multiples stratégies, ont contribué au développement et la
vulgarisation de la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang
|
Hypothèse
principale :
L'intérêt, le développement et la vulgarisation de
la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang au lendemain de la
crise économique des années 1990, qui s'expliquent par des
facteurs physiques et humains, ainsi que par la synergie des stratégies
de divers acteurs, ont entrainé de multiples retombés
socio-économiques dans l'arrondissement
|
Etape1 :
Recherche documentaire dans les
bibliothèques de l'ENS, FALSH, MINRESI, SAILD, Délégation
départementale MINADER Menoua, DAADER,CEREHT
Etape2 :
Collecte de données :
a-Observation de terrain
b-Interviews
c- Enquêtes par questionnaires
Etape3 :
Traitement des données
CS Pro et SPSS pour les données statistiques
Mapinfo 8.5 et Arc GIS pour le traitement cartographique
|
//
|
Question spécifique
1 :
Les difficultés socio-économiques imposées
par la crise de la fin des années 1980 justifient à elles seules
l'émergence et le développement de la culture de la tomate dans
l'arrondissement de Dschang ?
|
Objectif spécifique 1 :
Présenter le paysage socio-économique de l'arrondissement de
Dschang avant et après la crise économique de la fin des
années 80.
|
Hypothèse spécifique
1 :L'arrondissement de Dschang avant la crise
économique était caractérisé par la
prédominance de l'économie caféière, qui a
laissé place à une agriculture tournée vers le
maraîchage en particulier la culture de la tomate au lendemain de la
dépression économique
|
Chapitre III : L'arrondissement de Dschang
et la crise économique de la fin des années 1980
|
Question spécifique 2 :
Quels sont les autres facteurs expliquant l'émergence de
la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang ?
|
Objectif spécifique 2 :
Présenter les différents facteurs qui expliquent
l'émergence de la culture de la tomate dans l'arrondissement de
Dschang.
|
Hypothèse spécifique
2 :
Plusieurs facteurs physiques et humains justifient
l'émergence et le développement de la culture de la tomate dans
l'arrondissement de Dschang au lendemain de la crise.
|
Chapitre IV : Les facteurs de
l'émergence de la culture de la tomate dans l'arrondissement de
Dschang
|
Question spécifique 3
Quels sont les acteurs, leurs stratégies et pratiques
déployées dans le but de développer la culture de la
tomate dans l'arrondissement de Dschang suite à la crise
économique ?
|
Objectif spécifique 3
Présenter les acteurs, leurs stratégies et les
pratiques mises en place depuis deux décennies dans l'optique de
développer la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang
|
Hypothèse spécifique
3 : Face à la crise économique de la fin des
années 1980, différents acteurs ont mis en oeuvre une
variété de pratiques, de techniques et de stratégies pour
développer la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang.
|
Chapitre V : Développement de
la culture de la tomate : Fondements, acteurs, stratégies,
conséquences et problèmes
|
Question spécifique 4
Quelles sont les conséquences socio-économiques
inhérentes au développement de la culture de la tomate dans
l'arrondissement de Dschang ?
|
Objectif spécifique 4
Relever les conséquences socio-économiques du
développement de la culture de la tomate dans cet espace.
|
Hypothèse spécifique
4l'émergence et le développement de la culture de la
tomate dans l'arrondissement de Dschang, a induit de multiples retombées
socio-économiques significatives.
|
Question spécifique 5
Le développement de la culture de la tomate dans
l'arrondissement de Dschang est-il économiquement durable en termes
d'amélioration des moyens d'existence et de génération des
revenus chez les jardiniers ?
|
Objectif spécifique 2
Montrer que le développement de la culture de la tomate
dans cet espace est économiquement durable sur le double plan de la
génération des revenus et de l'amélioration des conditions
de vie des jardiniers.
|
Hypothèse spécifique 5Le
développement de la culture de la tomate dans l'arrondissement de
Dschang est économiquement durable en termes d'amélioration des
moyens d'existence et de génération des revenus chez les
jardiniers.
|
Tableau 2 :Tableau
synoptique de la recherche
1.11. Intérêt de l'étude
La présente étude a un triple
intérêt
v Un intérêt académique
v Un intérêt scientifique
v Un intérêt pratique
1.11.1. Intérêt académique
Cette recherche a principalement un intérêt
académique car elle vise à produire un mémoire
destiné à une évaluation partielle en vue de l'obtention
du diplôme de Professeur de lycée d'enseignement
général 2e grade.
1.11.2.
Intérêt scientifique
Sur le plan scientifique, ce travail envisage une contribution
à la compréhension de la redynamisation du secteur agricole
camerounais. De ce fait, il prétend apporter une part à la
définition des problèmes du secteur agricole en
général, et ceux des petits producteurs de l'arrondissement de
Dschang en particulier.
1.11.3. Intérêt pratique
Cette recherche constitue en effet une contribution à
l'explication et à l'analyse des différents facteurs concourant
à la compréhension des raisons du développement de la
culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang. Elle constitue
également une portion de solutions pouvant faire de la culture de la
tomate un levier de développement d'amélioration des conditions
de vie des pratiquants.
1.12. Cadre conceptuel et théorique
1.12.1. Cadre conceptuel
La définition des concepts clés
nécessaires à la compréhension de notre sujet semble
primordiale. De plus, cette étape s'achèvera par une
contextualisation des concepts clés de notre sujet. Il s'agit
de :
Ø Crise économique
Ø Émergence
Ø Activité maraîchère
Ø Vulgarisation
Ø Acteurs
Ø Stratégies
Ø Développement
Ø v Crise
économique
Une crise économique est une
dégradation brutale de la situation économique d'un pays ou
d'une zone économique, conséquence d'un décalage entre la
production et
la
consommation.
Elle se traduit par une forte augmentation du taux de
chômage, une
baisse du
PIB (Produit
Intérieur Brut), un accroissement du nombre de faillites et une baisse
du pouvoir d'achat.C'est également une période de pénurie
dans la production, la commercialisation et la consommation des produits et des
services.
Pour la onzième édition du dictionnaire
d'économie de Dalloz (2010), la crise
économique renvoie à : « un retournement
brutal de la conjoncture économique se traduisant par un
déséquilibre entre l'offre et la demande avec pour
conséquence immédiate la contraction de l'activité
économique».
En suivant ce regard, Kengne F.
(2008)soutient qu'elle n'est rien d'autre qu'une
« dégradation brutale de la situation économique et
de ses perspectives. Son extension sectorielle, temporelle et
géographique peut aller d'un seul secteur, d'une seule région
pour une brève période à l'ensemble de l'économie
mondiale pendant plusieurs années».De façon plus
sommaire, la crise économique renvoie à une période de
déséquilibre dont les conséquences sur le plan social
peuvent être : le ralentissement de la croissance, l'explosion du
chômage, la baisse du niveau de vie, la restriction budgétaire, la
détérioration du paysage économique et surtout la
détérioration du niveau et de la qualité de vie d'un pays,
d'une région ou, en un mot, d'une entité géographique.
Alors, comprendre la crise économique dans le cadre de cette
étude nécessite unetransposition de celle-ci à la
réalité camerounaise qui a prévalu.
En effet, comme la plupart des pays africains, au
lendemain des indépendances, l'agriculture fut la principale
activité économique du Cameroun en termes de revenus et d'actifs
dans ce secteur. Cette activité, du fait de sa contribution
significative aussi bien pour la rentrée des devises que
l'amélioration des conditions sociales des populations,
bénéficiait de la part de l'État et des autres partenaires
au développement, des aides substantielles (subventions) :
c'était la période de bonheur des agriculteurs au Cameroun en
particulier ceux de l'arrondissement de Dschang, qui s'est traduit par la mise
sur pied par l'État d'une politique agricole devant perpétrer
cette croissance de l'activité agricole. Mais au début de
l'année 1985, les caféiculteurs de l'arrondissement de Dschang,
comme ceux du Cameroun tout entier(producteurs des cultures de rente),assistent
impuissamment à la baisse des cours des produits de rente (cacao,
café).Celle-ci a été suivie par un désengagement de
l'État,entrainantde ce fait la suppression quasi-systématique des
subventions à eux allouées : c'est la crise
économique. Cette crise aura des répercussions plus
significatives tant sur les paysans que sur les citadins. Et ces
conséquences sur le plan social se traduiront par la dégradation
de la situation alimentaire, financière et matérielle des
paysans. Pour ce qui est de notre recherche, la crise économique,
renverra à une situation économique caractérisée
par la dégradation du paysage économique (dégradation des
indicateurs macroéconomiques) dont les conséquences ont
été dans l'arrondissement de Dschang : le
désengagement de l'Etat, l'arrêt des subventions aux secteurs
agricoles, la reconversion vers les filières vivrières et
maraîchères.
v
Vulgarisation
Leagans (1961) définit la
vulgarisation agricole comme un processus d'enseignement qui induit des
changements du niveau des connaissances, des pratiques et des attitudes des
agriculteurs dans la perspective d'améliorer leur production agricole et
de relever leur niveau de vie. Pour Mercoiret (1994), la
vulgarisation en Afrique a souvent été entendue comme «
un moyen de faire adopter par les producteurs des techniques mises au point par
la recherche agronomique, grâce à un dispositif d'encadrement
organisé à différentes échelles
géographiques ». Au cours de notre recherche, la
vulgarisation sera appréhendée comme la diffusion, l'expansion,
de l'activité maraîchère et de la culture de la tomate en
particulier dans l'arrondissement de Dschang.
v Émergence
Le concept d'émergence est un concept
multidimensionnel. Il est employé par plusieurs disciplines :
physique, chimie, zoologie, biochimie et dans les sciences sociales. Cependant,
c'est davantage l'approche des sciences sociales, l'approche économique,
l'approche géographique et surtout l'approche systémique qui nous
paraissent appropriées. En sciences sociales, il désigne
l'interrationalité des comportements humains, qui en ayant pris
conscience d'un phénomène peuvent influencer le coursde
celui-ci. En économie, il renvoie au groupe des pays en
développement par opposition aux pays développés. En
géographie Reynaud A. (1983)définit le
concept d'émergence comme étant le regroupement et l'autonomie
des nouveaux pôles qui autrefois dépendaient d'un ancien
pôle de développement. En ce qui concerne l'approche
systémique, ce terme désigne la somme des comportements
simples, qui est le résultat d'une interaction entre ces comportements
et la complexité du système.
Dans le cadre de notre
recherche, l'émergence renvoie aux notions de naissance puis de
vulgarisation et d'expansion d'une activité, qui est dans ce contexte
l'agriculture maraîchère en général et la culture de
la tomate en particulier.
v Activité
maraîchère
L'activité agricole présente plusieurs
spécifications (Pierre George 200914(*)) : l'agriculture
de « subsistance » ou vivrière, l'agriculture de
« marché » et l'agriculture
« spéculative ».
En ce qui concerne l'agriculture de subsistance ou
vivrière, elle se subdivise en deux catégories :
· L'agriculture
vivrière d'autoconsommation ou « de
subsistance »
· L'agriculture
vivrière commerciale « vivrier
marchand »
De nos jours, le vivrier marchand englobe toutes les
productions de l'agriculture vivrière, des tubercules (Manioc, plantain,
macabo, patate douce et igname) aux fruits (orange, mandarine, avocat, safou,
papaye et banane douce), en passant par les légumes (Feuilles de manioc,
aubergine, gombo, choux et tomate), les légumineuses (Arachide,
concombre, soja et haricot) et les céréales (Maïs et
riz).
L'activité vivrière une activité agricole
organisée et structurée, faisant intervenir à la fois les
ressources et les acteurs afin de produire en quantité et en
qualité des produits agricoles tels que les céréales, les
tubercules, les fruits et les légumes pouvant être directement
consommables par les populations.(Elong J. G, 1995). Partant
de là, le vivrier marchand est une activité agricole qui consiste
en la production des denrées (tubercules, fruits, légumes,
légumineuses, céréales, etc.) à des fins
commerciales. Sous cet angle, l'agriculture maraîchère est une
composante de l'activité vivrière.
Pour notre recherche, l'activité
maraîchère sera définie comme une activité agricole
organisée et structurée, faisant intervenir des ressources et des
acteurs afin de produire les légumes (tomates, condiments, piments,
etc.) dans un souci de consommation et,dans ce cas précis, de
commercialisation.
v Acteurs
Selon le dictionnaire de la géographie de
Pierre Georges (2010) 10e édition, le mot
« acteur » est employé pour désigner
les différents types d'intervenants publics, privés ou semi-
publics dont les rôles s'imbriquent désormais aussi bien au niveau
des négociations et réglementations internationales que
nationales. On peut encore percevoir le terme « acteurs »
comme un ensemble d'agents (individus, groupe de personnes ou organisation)
susceptibles d'avoir, directement ou indirectement, une action sur les
territoires. Ces derniers ont leurs représentations mentales et
patrimoniales, leurs intérêts, leurs objectifs et donc leurs
stratégies. De leurs actions, résulte le mode de fonctionnement
d'un espace (systèmes de transports, systèmes de production et
distribution, implantation des services, choix d'urbanisme, etc.)
C'est un mot qui a récemment fait son apparition en géographie
dans le cadre de la compréhension de la problématique de
l'aménagement d'un territoire. Et, suivant cette logique, il s'est
encré dans tous les domaines d'analyse géographique et s'est
même imposé comme un concept clé de la compréhension
des dynamiques spatiales.
§ Définition opératoire
d'acteurs
En ce qui concerne notre recherche, la définition que
nous pouvons apporter à ce concept, eu égard à notre
thématique de recherche, se décline en ces mots :
« acteurs » renvoie à l'ensemble des intervenants et
des participants d'horizons divers(public, privé, parapublic,
institutionnel ou non) dont les interactions au niveau macro ou micro
s'imbriquent pour produire le développement ou non d'un territoire,
d'une activité, etc. Ainsi, comprendre le développement d'une
activité ou encore la dynamique d'un phénomène passe
inévitablement par la compréhension du concept
d' « acteurs » et des logiques qui sous-tendent ces
acteurs.
Le concept d'acteurs
étant clarifié, reste maintenant à comprendre
« la logique des acteurs »
§ Comment comprendre la logique
d'acteurs ?
Pour cerner la logique des acteurs, il faut s'attarder
sur l'analyse des différents objectifs qui sous-tendent l'action des
divers acteurs sur le territoire. Cela revient à parler de la logique
d'aménagement d'un espace et/ou du développement de celui-ci.
C'est à ce propos que Boucher M. (2000)démontre
en ce qui concerne les acteurs sociaux que dans le processus
d'aménagement, il y a un certain nombre d'acteurs au rang desquels les
acteurs publics, les acteurs privés, etc. Il poursuit en
précisant que ces acteurs sont animés par une multiplicité
d'intentions qui peuvent être :
· La concurrence
· La solidarité
· Les conflits d'intérêts
· Les alliances
· Les ententes
· Les coalitions
· Les accords, etc.
De même,Ballet V. (2000), dans
son approche dénommée
« VAE » : Valorisation des acteurs et
des entreprises, s'intéresse aux logiques des acteurs et aux relations
entre acteurs. Ellemeten évidence, dans la relation entre acteurs,la
notion de pouvoir et précise que pour chaque relation
d'acteurs : « le pouvoir peut et doit être
défini comme la capacité d'un acteur à structurer des
processus d'échange plus ou moins durables en sa faveur, en exploitant
les contraintes et les opportunités de la situation pour imposer les
termes de l'échange favorables à ses
intérêts ». De toute évidence, la
compréhension des logiques d'acteurs, repose sur l'analyse des jeux de
pouvoir, de contre-pouvoir, des motivations, des intentions, et des
intérêts respectifs qui sous-tendent en principe les actions
déployées par ces acteurs, au regard des enjeux que revêt
un espace géographique ou une activité économique pour ce
cas de figure.
v Stratégies
C'est un concept qui était jadis employé dans
le jargon militaire au temps où la géographie était
uniquement appliquée et utilisée par les armées (on le
définissait comme la science des mouvements d'une armée dans le
cadre d'une bataille).Étymologiquement,le terme
« stratégie » désigne l'art de faire la
guerre. Mais avec le recentrage de la géographie vers les
préoccupations sociales de l'homme, ce mot s'est progressivement
inséré dans le vocabulaire géographique et y a même
obtenu une place de choix. C'est évidemment un concept clé de la
géographie en ce sens que, dans l'arène des acteurs, ce sont les
réseaux ininterrompus de stratégies qui prédominent.
D'après le dictionnaire universel, la stratégie
est l'art de combiner les opérations pour atteindre un but. Elle se
définit aussi comme une conduite calculée pour atteindre un but
précis. Géographiquement, le terme peut se définir comme
un ensemble d'actions mises en oeuvre et émanant d'acteurs
différents dans un but déterminé. C'est aussi un ensemble
d'actions visant à contourner ou s'adapter à une situation. Par
la suite et par extension, c'est l'élaboration d'une
politique définie
en fonction de
ses forces et de ses
faiblesses.
§ Définition opératoire
de stratégies
La stratégie peut être définie comme la
manière d'arranger et d'exécuter les opérations dans un
ordre ou dans des proportions données afin d'aboutir à des
résultats prévus. En d'autres termes, la
stratégie consiste à la définition d'actions
cohérentes intervenant selon une logique séquentielle pour
réaliser ou pour atteindre un ou plusieurs objectifs. Elle se traduit
ensuite au niveau opérationnel en
plans d'actions par
domaines et par périodes, y compris éventuellement des plans
alternatifs utilisables en cas d'évènements changeant fortement
la situation. Se référant à la théorie des jeux,
René Joy15(*), relève « qu'une
stratégie désigne un ensemble cohérent de décisions
que se propose de prendre un agent assumant des responsabilités face aux
diverses éventualités, tant du fait des circonstances
extérieures qu'en vertu des hypothèses portant sur le
comportement d'autres agents intéressés par de telles
décisions ».
Le terme
« stratégie » dans le cadre de notre
recherche renvoie à l'ensemble de pratiques et d'actions
exécutées de façon cohérente dans un espace, en
l'occurrence l'arrondissement de Dschang,dans le but d'atteindre un certain
nombre de résultats, en l'occurrence le développement de la
culture de la tomate dans cet arrondissement.
v Développement
Le concept de
« développement » constitue l'un des
concepts les plus complexes à élucider du fait de la
diversité des acceptions à lui attribuées et de la
multitude des domaines d'application du concept. On pourrait penser ici que si
le concept de développement ne précède pas un adjectif,
il est dépourvu de sens. On parle à ce propos et selon les
domaines de : développement industriel, développement
technologique, développement économique, développement
culturel, développement social, développement agricole,
développement infrastructurel, etc.Ce terme est d'autant plus
polysémique, qu'il ne saurait être apprécié sans une
prise en compte préalable d'un domaine d'application précis.
Dans les jargons économique et politique, ce terme
très vulgarisé, est employé avec la plus grande
imprécision. Si on veut lui trouver une définition ou tout au
moins lui donner une signification précise, il convient de le confronter
au terme croissance, qui lui-même semble a priori ambigüe.
Alors que la croissance caractérise simplement l'augmentation des
dimensions économiques (indices de production, etc.), le
développement quant à lui désigne des processus tendant
à la fois à la diffusion harmonieuse des effets de la croissance
dans la société entière et l'acquisition d'une autonomie
de croissance, précise George P. et al. (2009)16(*). A cet effet, il
implique des transformations qualitatives et des modifications des structures
sociales et économiques.
D'un autre côté, le développement ne peut
se réduire uniquement à l'idée de croissance. Il est
à juste titre un mouvement culturel, économique et social qui a
pour but l'amélioration du bien-être et des conditions de vie
d'une société, en considération de sa diversité et
de sa complexité ethnico-culturelle, socio-économique, etc. Le
développement peut être global, surtout multidimensionnel,
reposant ainsi sur des logiques sectorielles bien déterminées. A
ce titre Friedmann et Stohr (1950), préconisent de
parler du développement endogène ou plus récemment de
développement local. Ce développement qui est
caractéristique des échecs des approches plus classiques à
l'instar du « Top bottom
development », se propose dans une moindre
mesure à endogéneiser le développement. Ce
nouveau mode de gestion, souligne Assoumou N. F. (1998)17(*), « vise à faire
naître des mécanismes capables d'assurer l'épanouissement
des individus et des collectivités exclus du modèle de croissance
économique dominant en permettant leur contribution pleine et
entière à l'avancement et à l'enrichissement des
sociétés, donc à dépasser les impératifs de
la croissance économique ». Celui-ci intervient en
complément des mesures macroéconomiques et des grands projets de
développement, en ce sens que ce développement là ne se
décrète pas de l'extérieur. Et, il se construit
durablement si les acteurs du territoire concerné sont surtout porteurs
d'ambitions. En plus,ces ambitions doivent être portées sur le
long terme. Elles ont cependant besoin d'un soutien financier et d'un
accompagnement technique pour l'appui des projets solides. Le
développement de ce point de vue apparait comme l'ensemble des processus
permettant le passage des sociétés traditionnelles vers celles
où la modernité prévaut.
Doit-on considérer ces seules acceptions du
développement ? Sachant qu'au cours de l'histoire, le concept de
développement a considérablement varié suivant la logique
ou dimension idéologique qui prévalait. À titre d'exemple,
il y a eu un développement autocentré, communautaire,
participatif, endogène, durable, local, etc.
Qu'est donc que le développement ? Est-ce la
croissance ? Est-ce l'accumulation matérielle ? Est-ce
l'harmonie entre les communautés et leur milieu de vie ? La
dernière interrogation semble être la plus acceptable car le
développement est aussi une affaire d'harmonie, de cohésion entre
les mesures, les pratiques des populations et leur environnement ou leur cadre
de vie. Si on se réfère à l'approche systémique qui
préconise une prise en compte multiscalaire et multidimensionnelle dans
l'analyse des concepts le développement aurait une autre
définition. Il serait vu comme une juxtaposition harmonieuse,
concordante, synchronisée, concomitante et symbiotique entre les actions
et les stratégies des populations et l'assiette topographique (biotope)
en vue d'une amélioration conséquente du niveau et du cadre de
vie de cette population.
Mais de toute évidence, le postulat de base lorsqu'on
définit le développement, et ce de façon consensuelle, est
que celui-ci renvoie à l'idée de progression c'est-à-dire
le passage d'un état à un autre, forcement supérieur au
précédent. C'est comme si l'on se déplaçait sur les
marches d'un escalier, et qu'on partait d'une marche pour celle au dessus.
§ Définition opératoire
de développement
Au regard de notre recherche, le concept de
développement renverra à l'idée de vulgarisation,
d'expansion et de productivité. Alors, tout au long de notre
mémoire, on gardera à l'esprit l'idée selon laquelle le
développement ici est synonyme de vulgarisation, d'expansion et de
productivité.
En définitive, les stratégies de
développementpeuvent être appréhendées
comme l'ensemble des pratiques, politiques, actions ou des opérations
coordonnéesorganisées et ajancées de façon
cohérente et précise , dont le but est de stimuler la
productivité d'un espace donné et de vulgariser une
activitédans un espace géographique précis, en
l'occurrence la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang.
Au terme de ce qui précède, un autre concept
composé nécessite des éclaircissements
opératoires :
ü Acteurs de développement
Par acteurs de développement dans
notre étude, nous entendrons l'ensemble des intervenants d'horizons
divers et de nature diverse dont la combinaison ou la symbiose des pratiques,
politiques et stratégies concourent au développement de la
culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang.
1.12.2. Cadre théorique
1.12.2.1. La théorie
de la diffusion de l'innovation ou diffusionnisme de Hagesrtrand
La présente étude, dans la perspective de
compréhension des facteurs à l'origine de la croissance de la
productivité dans l'arrondissement de Dschang, s'appuie sur
le modèle de diffusion du développement
ruraldeTorsten Hagesrtrand. Ce
modèle théorique explicatif encore appelé
diffusionnismeet qui a été mis en
oeuvre dans sa thèse de doctorat en 1953, décrit la façon
dont l'innovation et par là même le développement, se
distribue dans l'espace rural.
Tout d'abord, il faut noter que la diffusion renvoie à
la propagation de quelque chose dans le temps et dans l'espace, telle qu'une
épidémie, la croissance d'un centre urbain ou une technologie. Un
exemple intéressant de diffusion est la propagation d'un parfum dans une
pièce : l'odeur étant forte à proximité de la
source, progressivement, le parfum se répand jusqu'aux quatre coins de
la pièce pour finalement occuper la totalité de l'espace
disponible. La diffusion étant donc achevée.
Il convient de relever ici que cette propagation
répond à une logique spatio-temporelle (Daudé,
2002).De ce fait,il existe deux types de diffusions: (Cliff et
al., 1981)
· La diffusion par
extension, qui correspond à la propagation d'un
phénomène ou d'une innovation dans une étendue plus large
sans que son intensité diminue par rapport à celle de la source.
C'est le cas par exemple de la croissance urbaine de la ville de
Yaoundé.
· La diffusion par
relocalisation, qui renvoie à une propagation par bonds
successifs, par migration. C'est le cas par exemple de la diffusion via la
relocalisation des bassins industriels.
Selon le modèle théorique de Torsten
Hagesrtrand, l'innovation ou le développementa priori se
propage du centre vers la périphérie c'est-à-dire des plus
proches de l'innovation ou de la technologie vers les plus
éloignés. Mais au regard de ce prémisse, il importe
également de préciser que dans la pratique, les plus
éloignés du développement peuvent être les premiers
à en bénéficier, dépendant du degré de
cohésion sociale, des rapports de voisinage et des relations entre les
agents-diffuseurs qui sont souvent proches de l'innovation.
Schématiquement on a :
T3 T2 T1 T1 T2 T3
Développement
Espaces adoptants l'innovation
Point de départ de l'innovation
T= Temps
Sens de diffusion
Source : Adapté par l'auteur à
partir de T. Hägerstrand (1962)
Figure 3 : Diffusion
spatio-temporelle du développement ou de l'innovation
La figure 3 nous présente le processus
d'évolution de l'innovation selon Hagesrtrand. Il en ressort que plus on
est proche du foyer de l'innovation plus on l'adopte rapidement. De plus on
remarque qu'en fonction du paramètre temporel, la concentration de
l'innovation diminue. On s'aperçoit qu'au stade T1 de
part et d'autre du foyer de l'innovation (développement), l'innovation
est plus dense et plus concentrée. En mesure qu'on va vers T2
et T3, l'innovation commence à se dissiper et
sa densité réduit également. Ceci nous permet de conclure
que la diffusion d'une innovation varie en fonction de plusieurs
paramètres géographiques tels que la distance métrique
entre le point de départ de l'innovation et les lieux adoptants
celle-ci ; le facteur temps qui induit une dissipation progressive de
l'innovation.
Hägerstrand
distingue quatre phases de diffusion d'une innovation :
v La première phase est la phase de diffusion
de l'innovation en fonction de la distance géographique (distance
métrique ou non métrique)
v La seconde phase est celle où il y a
dispersion de l'innovation dans les zones de plus en plus
éloignées
v Une phase où les disparités entre les
lieux sont de moins en moins affirmées.
v La dernière phase est celle où
l'adoption de l'innovation est complète, c'est-à-dire l'espace
est saturé au maximum.
De toute évidence, dans ce modèle de
diffusion de l'innovation, la notion d'échelle spatio-temporelle est une
variable centrale à prendre en compte ainsi que celle de voisinage, qui
peut favorisée ou empêchée la diffusion de l'innovation.
Cependant, cette théorie connait quelques limites liées à
l'apparition des zones de discontinuités qui peuvent être dans la
perspective de notre étude, socio-spatiales.
1.12.2.2. L'innovation et
sa diffusion selon Rogers Everett (1962)
La théorie de la diffusion et de l'innovation a
pour but d'expliquer comment une innovation, une nouvelle idée
évolue du stade d'invention à celui de l'utilisation
élargie.
a)- Les étapes de
l'adoption d'une innovation
Selon Rogers (1995), cinq
éléments déterminent l'adoption ou la diffusion d'une
innovation:
L'avantage relatif : c'est le
degré selon lequel une innovation est perçue comme étant
meilleure que celles qui existent déjà. Il n'est pas
nécessaire que cette innovation possède plus d'avantages que
d'autres. Ce qui importe, c'est la perception avantageuse que l'individu ou le
groupe a de cette technologie nouvelle.
La compatibilité : C'est la
mesure du degré selon lequel, une innovation est dite conciliante avec
les valeurs existantes, les expériences passées, les pratiques
sociales et les normes des utilisateurs. Une idée qui serait
incompatible avec les valeurs et normes actuelles prendrait plus de temps
à être adoptée qu'une innovation compatible. De même,
dans certains cas, l'adoption d'une innovation compatible nécessite
l'adoption, au préalable, d'un nouveau système de valeur ;
ce qui peut prendre un temps considérable.
La complexité : C'est la mesure
du degré selon lequel une innovation est dite difficile à
comprendre et à utiliser. Les nouvelles idées faciles à
comprendre vont être adoptées plus rapidement que celles qui
nécessitent le développement de nouvelles compétences
nécessaire à leur compréhension.
La testabilité : Elle consiste en
la possibilité de tester une innovation et de la modifier avant de
s'engager à l'utiliser. L'opportunité de tester une innovation va
permettre aux éventuels utilisateurs d'avoirs plus de
confiance en ce produit car, ils auront eu la possibilité d'apprendre
à l'utiliser.
L'observabilité : C'est le
degré auquel les résultats et bénéfices d'une
innovation sont clairs. Plus les résultats de l'adoption de
l'innovation seront clairs, plus les individus l'adopteront facilement.
Testabilité
Complexité
Compatibilité
Avantage relatif
Observabilité
Rejet
Acceptation
Source : Everett Rogers,
1995
Figure 4 :Les
étapes de l'adoption ou de la diffusion d'une innovation selon
Rogers
Chacune de ces caractéristiques prises
seule n'est pas suffisante pour prédire l'adoption d'une innovation,
mais les études ont démontrés que la combinaison de ces
caractéristiques ouvre la voie à de grandes chances d'adoption de
l'innovation (Rogers, 1995).
Par ailleurs, Tornatzky et Kleim (1982) ont
réalisé une méta-analyse de la littérature portant
sur la théorie de la diffusion et de l'innovation et ont
démontrés que trois de ces cinq caractéristiques
influencent davantage l'adoption ou non d'une innovation. En effet, la
compatibilité et les avantages relatifs seraient positivement
liés à l'adoption tandis que la complexité y serait
négativement liée.
% relatif
Majorité précoce majorité tardive
Adoptants précoces
(Conservateurs)
(Visionnaires)
(Pragmatistes)
Populations favorables Populations
pragmatiques et Conservateurs
Sans condition à l'innovation
Source : Everett Rogers,
1995
Figure 5 :Courbe de
la diffusion d'une innovation selon Rogers
Le principal challenge de la diffusion d'une
innovation se situe à un jalon très important appelé
the chasm (l'abîme). Il est situé entre les
adoptants précoces et la majorité tardive. En effet, l'abime
représente le passage d'un marché de
« niche » à un marché
de « masse » et les attentes des
consommateurs sont très différentes entre ces deux mondes comme
le montre la Figure5. Les innovateurs et les consommateurs précoces sont
des consommateurs faciles à convaincre. A l'inverse, les consommateurs
de la majorité tardive sont des pragmatiques. Ils attendent de voir et
veulent des références clairement établies avant d'adopter
l'innovation.
b)- Application de la théorie à notre
étude
Étant donné que notre sujet de recherche porte
sur l'émergence de l'activité maraîchère dans
l'arrondissement de Dschang, plus spécifiquement de l'émergence
de la culture de la tomate, les deux théories susmentionnées nous
permettront de comprendre comment un ancien bassin caféier
(arrondissement de Dschang), qui ne produisait pas la tomate avant la crise,
contrairement à son voisin du département du Noun, en a fait sa
nouvelle spécialité. Elles nous permettront d'appréhender
le mode et les étapes d'adoption de l'innovation en provenance du
département du Noun par les paysans de l'arrondissement de Dschang.
1.12.2.3. La théorie du
développement endogène
Elaborée par J. Friedmann et WalterStohr
dans les années 1950,la théorie du
développement endogène est une approche
volontariste axée sur un territoire restreint.Elle conçoit le
développement comme une démarche partant du bas vers le haut, ce
que les Anglo-saxons appellent « bottom-top
development », privilégiant les ressources
endogènes. C'est une théorie qui fait appel aux traditions
industrielles et techniques locales et qui soutient la participation des
acteurs locaux à l'élaboration et la conduite des projets de
développement. Elle fait appel à la notion d'espace et de temps
dans une dynamique locale organisationnelle. Le développement
endogène est en effet synonyme du développement local. C'est une
façon de penser la logique de développement à
l'échelle locale et, pour le cas du Cameroun, à l'échelle
communale.
a)- Application de la
théorie à notre étude
Dans la perspective de notre étude, cette
théorie est importante en ce sens qu'elle permet théoriquement de
tabler sur les actions ou les stratégies émanant des
communautés locales ou traditionnelles mises en relief pour booster, de
manière efficace, le développement de la culture de la tomate
dans l'arrondissement de Dschang. Cette théorie nous permettra
également de comprendre comment,par le jeu d'acteurs locaux, une
société, plus spécifiquement celle de l'arrondissement de
Dschang dans un contexte de crise, a endogéneisé
le développement de l'activité maraîchère et
particulièrement celui de la culture de la tomate.
1.13. Cadre opératoire
Cette étape a pour objectif de rendre
opérationnel les variables qui seront analysées dans notre
travail : la variable indépendante qui est
« crise » et la variable indépendante qui est
« émergence de l'activité
maraîchère ».
Ø La variable
indépendante
C'est cette variable qui induit la variable dépendante
de notre étude. Pour notre étude, la variable indépendante
est « crise ».
Tableau 3: Opérationnalisation de la variable
indépendante
Concept
|
Dimensions
|
Composantes
|
Indicateurs
|
Crise
|
Economique
|
Secteur primaire
|
§ Chute des prix des produits de rentes
§ Désengagement de l'État dans les secteurs
productifs
§ Abandon des plantations caféières
§ Diminutionde la production agricole
§ Reconversion des agriculteurs
|
Secteur secondaire
|
§ Fermeture des sociétés industrielles
§ Privatisation des sociétés
§ Licenciement et compression du personnel
|
Secteur tertiaire
|
§ Régression des exportations
§ Fermeture des sociétés de services
publics
|
Sociale
|
Education
|
§ Fermeture des écoles
§ Arrêt de formation et de recrutement du personnel
|
Migrations
|
§ Accroissement des migrations de retours
§ Exacerbation de l'exode rural
|
Innovations
|
§ Modification d'habitudes alimentaires
§ Mutation des pratiques agricoles
|
Ø La variable
dépendante
Celle-ci dépend de la variable indépendante qui
est « crise ». Pour ce travail, la variable
dépendante est « Emergence de la culture de la tomate ».
Dans cette étude, la variable dépendante précise comment
la crise économique et ses multiples conséquences, ont conduit
à l'irruption de nouveaux acteurs. Acteurs qui à travers leurs
stratégies, en réponse à la crise et ses
conséquences socio-économiques et spatiales, ont contribué
au développement de la pratique de la tomate dans l'arrondissement de
Dschang.
.
Tableau 4: Opérationnalisation de la variable
dépendante
Concept
|
Dimensions
|
Composantes
|
Indicateurs
|
Emergence de la culture de la tomate
|
Sur le plan humain
|
Acteurs publics
|
§ État
§ Collectivités locales
|
Acteurs privés
|
§ ONG
§ Coopération bilatérale et
multilatérale
|
Acteurs locaux
|
§ Associations paysannes
§ GIC
§ Elite
|
Sur le plan stratégique
|
Regroupement
|
§ Incitation des paysans au regroupement
§ Développement et vulgarisation de champs
communautaires
|
Assistance
|
§ Financement des projets agricoles
§ Encadrement technique des paysans
§ Fourniture de matériel agricole aux paysans
|
Sur le plan technique
|
Techniques culturales
|
§ Émergence de nouvelles techniques culturales
§ Culture de contre-saison
§ Pratique de plusieurs cycles de culture par an
§ Agrandissement des parcelles
§ Mise en valeur des pentes
|
Méthodes culturales
|
§ Utilisation de plus en plus croissante des engrais
chimiques
§ Utilisation des variétés de semences
sélectionnées et traitées (améliorées)
§ Spécialisation culturale
|
CHAPITRE
II :
APPROCHE METHODOLOGIQUE
Après avoir effectué une présentation de
la zone d'étude sur les plans physique et humain, élucider le
cadre conceptuel et théorique sur lequel cette étude se fonde, il
convient dans ce chapitre de mettre en exergue la méthodologie qui a
été déployée pour réaliser le présent
travail de recherche. Chemin faisant nous insisterons sur les techniques qui
ont été mobilisés ainsi que sur la détermination de
l'échantillon d'enquête.
2.1. Approche méthodologique
2.1.1. Approche méthodologique
générale
En géographie comme dans beaucoup d'autres disciplines,
l'approche méthodologique renvoie à la manière dont on
procède pour construire un raisonnement scientifique. Dans notre
étude, il s'agira de montrer et de faire comprendre les processus
utilisés pour la collecte, le traitement, l'analyse et
l'interprétation des données afin d'obtenir les informations
utiles pour la présente recherche. Pour cela, la démarche
utilisée est la démarche hypothético-déductive,
chère à la géographie et qui préconise la
formulation des hypothèses suivie par leur vérification sur le
terrain. Il s'agit en termes plus simples de confronter les tests,
données et observations empiriques (réalités de terrain)
aux modèles préalablement construits et choisis en laboratoire
(théories et hypothèses). En plus, nous avons adopté une
approche systémique dans cette étude afin de mettre en exergue
les interrelations entre les acteurs et les stratégies de
développement de la culture de la tomate dans l'arrondissement de
Dschang.
2.1.2. Approche méthodologique spécifique
2.1.2.1. Recherche et
exploitation des documents
Notre recherche a débuté par une longue fouille
documentaire. Celle-ci a commencé dans les bibliothèques de
l'École Normale Supérieure de Yaoundé, de la
Faculté des Arts , Lettres et Sciences Humaines de l'Université
de Yaoundé I, du Ministère de la recherche scientifique et de
l'innovation, de l'IRAD de Yaoundé et de Dschang, du service d'appui aux
initiatives locales de développement (SAILD) de Yaoundé, de
l'IITA de Yaoundé, de l'IRD, du service de documentation du
Ministère du développement rural, de la délégation
départementale de l'agriculture et du développement rural de la
Menoua ainsi que celle d'arrondissement. Cette démarche avait pour but
de collecter les données de seconde main dans l'optique d'avoir un
aperçu sur la zone d'étude, de la production de la tomate et la
littérature sur la thématique. Elle visait également
à parcourir tout ce qui a été écrit sur la zone
d'étude et sur notre sujet afin de mieux nous positionner
scientifiquement ; mais surtout à effectuer un recadrage
thématique de notre sujet de recherche et une amélioration de sa
formulation. Cette étape nous a permis de faire un
échantillonnage de la population-cible d'agriculteurs à laquelle
nous avons administré nos questionnaires d'enquête.
2.1.2.2. Enquêtes par
observation et entretien
L'observation directe est
la technique de collecte de l'information que nous avons
privilégiée au cours de notre étude car elle nous a
d'abord permis de faire une reconnaissance de la zone d'étude, puis de
se familiariser avec le terrain et enfin de toucher du doigt les
réalités propres à notre zone d'étude. Ces
premières observations nous ont permis de faire une comparaison entre
les informations présentes dans les documents et celles du terrain afin
de disposer des informations les plus récentes et les plus
significatives. Par ailleurs, au cours de cette collecte de l'information, nous
avons mis l'accent sur des enquêtes semi-directes, compte tenu de
l'insuffisance de moyens financiers indispensables à la
réalisation d'une enquête exhaustive. Cette étape cruciale
de notre travail a débouché sur l'identification des zones cibles
c'est-à-dire les principales zones d'intense culture de la tomate.
2.1.2.3. Technique
d'échantillonnage
Pour parvenir à l'administration des questionnaires
d'enquête, nous avons mis en oeuvre une méthode empirique faisant
appel au choix raisonné. L'échantillon a été
sélectionné de manière à pouvoir construire une
image aussi fidèle que possible de notre population cible. La technique
utilisée dans ce travail a été la méthode
probabiliste (sondage aléatoire). Elle a consisté à
imposer à l'échantillon une structure analogue à celle de
la population totale relative à certains critères dits de
contrôle dont les études préliminaires permettront de
supposer qu'ils sont en étroite corrélation avec l'un des
caractères étudiés. La taille de l'échantillon des
producteurs à enquêter a été
déterminée par la technique de choix proportionnel à un
seuil de 10% suivant la formule :
E = N.A
Où E = l'échantillon ;
N= effectif total des producteurs de tomate de
l'arrondissement en 2012 ; A= le seuil de signification
(0,1)
A.N :
La taille de l'échantillon E=1013 X
0,1 = 101,3
Selon le rapport annuel de 2012 des activités et de la
production agricole du département de la Menoua, l'arrondissement de
Dschang comptait dans la spécialisation en tomate un effectif moyen de
1013 producteurs au cours des deux cycles de production de l'année 2012,
sur le nombre total que compte le département. Si un
échantillonnage simple est appliqué sur la base des 10% de la
population cible tel que définie plus haut, il en résulte un
effectif à enquêter qui est de 102 exploitants.
D'après ce même rapport, il ressort par ailleurs
qu'en fonction des groupements qui constituent l'arrondissement, les effectifs
de producteurs varient. Ce qui nous a permis d'effectuer une distribution
proportionnelle des questionnaires dans les groupements en fonction des
effectifs des producteurs. Par la suite, le choix de chaque
producteur à enquêter s'est fait au hasard mais il a
été orienté par la disponibilité et le volontariat
des producteurs.La figure 6présente cette distribution.
Figure 6: Effectif de
producteurs de tomate et répartition proportionnelle des questionnaires
par groupement
Il ressort de cet échantillonnage que les groupements
Foréké et Foto représentent plus de la
moitié des producteurs de tomate de l'arrondissement. C'est la raison
pour laquelle nous avons administré respectivement 44 et 48
questionnaires dans ces deux groupements. Le groupement Fotetsa quant à
lui est également un foyer de production maraîchère.
Cependant, la production de tomate ici n'est pas importante tout comme le
nombre de producteurs. Quant aux groupements Fongo-Ndeng et
Fossong-Wentcheng, ils ont une population moins importante que celle
des groupements Foto et Foréké. L'autre constat
est que la production maraîchère ici est moins
privilégiée que la production vivrière. De plus, leur
enclavement par rapport aux groupements Foto et
Foréké-Dschang justifie également la faible
concentration des agriculteurs dans la spéculation tomate du fait du
caractère très périssable de cette culture et des
problèmes de conservation des récoltes. C'est pour cette raison
que ces deux groupements n'ont pas bénéficié d'une
attention particulière au cours de notre travail de recherche.
2.1.2.4. L'administration
du questionnaire et des guides d'entretien
L'administration du questionnaire d'enquête s'est faite
en suivant l'échantillonnage qui a été
préalablement réalisé. Elle a consisté à
repérer tous les grands bassins de production de la tomate de
l'arrondissement à l'aide des rapports de production fournis par la
DDADER et les postes agricoles. Elle s'est déroulé en une phase
c'est-à-dire au cours de notre troisième descente sur le terrain
entre le 29 janvier et le 04 février 2013 dans la mesure où deux
pré-enquêtes de repérage des bassins de production de la
zone d'étude avaient préalablement été
réalisées. La première s'est déroulée du 20
au 28 août 2012 et la seconde du 15 septembre au 04 novembre 2012.
L'administration des guides d'entretien s'est également
effectuée au cours de cette troisième descente sur le terrain.
Ceux-ci ont été administrés aux
délégués de GIC disponibles, au
délégué de l'union des GIC de l'arrondissement de Dschang
et au délégué d'arrondissement de l'agriculture et du
développement rural.
Groupements
|
Villages enquêtés
|
Nombre de questionnaires administrés
|
Pourcentage(%)
|
Foréké-Dschang
|
Litieu
|
15
|
14,71
|
Mbilé
|
10
|
9,9
|
Atotchi
|
12
|
11,76
|
Banki
|
7
|
6,86
|
Foto
|
Lap
|
6
|
5,88
|
Titia
|
5
|
4,90
|
Fonakeukeu
|
10
|
9,9
|
Litagli
|
11
|
10,78
|
Siteu
|
7
|
6,85
|
Atsoutsang
|
9
|
8,82
|
Fotetsa
|
Fotetsa-centre
|
10
|
9,8
|
Total
|
//
|
102
|
100%
|
Tableau 5: Répartition
des villages enquêtés par groupement
Source : Enquête de terrain, 2013
Figure 7: Spatialisation des villages
enquêtés
L'administration des questionnaires d'enquête en
fonction des villages ainsi définie dans le tableau 5qui
précède, a obéi à deux critères :
d'abord les données de la DAADER présentaient ces
différents villages comme des secteurs d'intense culture de la tomate
ainsi que d'intense spécialisation dans la filière. Ensuitele
critère disponibilité des cultivateurs a également
été mis en avant. Du fait de notre faible connaissance de la
zone, nous bénéficié à la DAADER, de l'appui d'un
agent de vulgarisation de zone, qui du fait de sa bonne connaissance du
terrain, nous a orienté dans le choix des villages à
enquêter. Les jardiniers, pour la plupart, avaient des activités
génératrices de revenus secondaires. Ce qui a fait que nous avons
administré les questionnaires par la méthode aléatoire
à ceux et celles qui étaient disposés à nous
accorder quelques minutes d'entretien.La figure 8 présente la
distribution spatiale des questionnaires dans les villages
enquêtés en fonction du nombre de cultivateurs de tomates.
2.1.2.5. Traitements et
analyses des données quantitatives et qualitatives
C'est la troisième étape de notre
méthodologie. Elle a consisté à traiter les données
collectées sur le terrain dans le but d'extraire l'information à
analyser.
Après avoir
administré le questionnaire d'enquête sur le terrain, nous avons
dans un premier temps effectué une codification des variables de notre
questionnaire sous la plate forme SPSS 11.0, c'est-à-dire que nous avons
réalisé un masque de saisie afin de faire un dépouillement
automatique de notre questionnaire (Fig. 9). Ensuite, nous
avons procéder à un dépouillement manuel des questions
ouvertes de notre questionnaire d'enquête. Après cette
étape, nous avons dans un troisième temps exporté nos
données dépouillées de la plate forme SPSS 11.1 vers Excel
(Fig.10). Ensuite, nous avons procédé au traitement automatique
de nos données sous cette dernière plate forme afin d'extraire
l'information.
2.1.2.6. Traitement cartographique des
données
Pour les cartes de notre mémoire, nous
avonsutilisé la carte des chefferies bamiléké de 1996 de
l'INC, à partir de laquelle et en faisant usage des logiciels de
systèmes d'information géographique (Argis 9.3 et MapInfo 8.5)
nous avons actualisé les limites de l'arrondissement de Dschang. Cette
carte nous a permis également et grâce aux logiciels
suscités, de confectionner l'ensemble des cartes thématiques de
notre travail de recherche. Figure 8 : Distribution
spatiale des questionnaires en fonction des cultivateurs de tomates dans les
villages enquêtés
Figure 9: Interface de
codification des variables sous SPSS 11.0
Figure 10 : Interface
de dépouillement automatique sous Excel 2007
MÉTHODOLOGIE
1
2 3
Recherche documentaire Investigations de
terrain Traitement des données
Exploration du sujet Échantillonnage Collecte
des données primaires Traitement des données statistiques
et traitement
cartographique
Choix des villages et de la population cible pour administration
questionnaire
Dépouillement questionnaire
Traitement numérique des données
Administration questionnaire et guide d'entretien
Observation
Pré-enquête de terrain
Revue de la littérature
Traitement cartographique
Formulation de la problématique, des questions, des
objectifs et des hypothèses de recherche
Données brutes
Extraction de l'information
Questionnaire
Figure 11: Schéma conceptuel de la
méthodologie
2.2. Difficultés
rencontrées
Plusieurs obstacles ont
émaillé le déroulement de notre recherche :
2.2.1. Les obstacles
liés à la disponibilité des données
chiffrées de la production de tomate
Notre travail a également fait face à un souci
majeur : celui de la disponibilité des données
chiffrées concernant la production de la tomate. En effet, les
données quantifiées de la production étaient indisponibles
dans les postes agricoles où nous avons effectué des
investigations à cause du fonctionnement irrégulier des postes
agricoles et des non déclarations ou déclarations partielles de
la production par les jardiniers.
De même, au niveau de la délégation
départementale et d'arrondissement de l'agriculture, les données
de production de la tomate étaient incomplètes et parfois
même indisponibles à cause du non fonctionnement de certains
postes agricoles à l'instar de celui de Fialah Foto. Cette situation a
conduit à la sous-estimation de la production et de la
productivité réelle de l'arrondissement en tomates. Nous n'avons
pas pu spatialiser la production de la tomate dans l'arrondissement sur une
carte et réaliser la carte des flux, à cause de ce manque de
données quantifiées.
2.2.2. Les obstacles
liés à la réticence des jardiniers
Au cours de nos investigations de terrain, nous avons
également fait face dans certains villages à la réticence
des jardiniers à répondre à nos questions ou à nous
conduire dans leurs exploitations pour des observations. La principale
difficulté a été leur réticence à nous
donner la superficie et la production exactes de leurs exploitations
respectives.
2.2.3. Les obstacles
temporels
Compte tenu des difficultés liées à
l'encadrement de notre mémoire, nous avons démarré notre
travail avec beaucoup de retard par rapport aux autres promotionnaires. Cette
situation n'était pas aisée eu égard aux contraintes de
cours magistraux de l'ENS et au stage pratique.
2.3. Structure du
mémoire
Le présent travail de recherche comporte 6 chapitres
repartis en 3 parties :
La première partie consiste au cadrage
général de l'étude. Le chapitre 1 met en évidence
le cadrage général de l'étude tandis que le chapitre 2
présente succinctement l'approche méthodologique
c'est-à-dire la démarche méthodologique qui a
été mobilisée pour réaliser cette étude.
La deuxième partie consiste en la recherche et en l'exploitation
des données. Le chapitre 3 met en relief la situation
socio-économique de l'arrondissement de Dschang avant et après la
crise économique de la fin des années 1980. Le chapitre 4, quant
à lui, fait ressortir les facteurs à l'origine de
l'émergence de la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang
au lendemain de la dépression économique de la fin des
années 1980. La troisième et dernière partie analyse
dans le chapitre 5 la typologie des acteurs et leur rôle dans le
développement de la culture de la tomate ainsi que les stratégies
paysannes visant le même but. Cette partie s'achève au chapitre 6
par la validation des hypothèses de recherche, les critiques des
résultats et les suggestions inhérentes à notre travail de
recherche.
DEUXIEME PARTIE :
RECHERCHE ET EXPLOITATION DES DONNEES
Cette deuxième partie consiste pour nous à la
présentation des résultats auxquels nous sommes parvenus au cours
de la collecte, du traitement ainsi que de l'analyse de nos données de
recherche.
CHAPITRE III:
L'ARRONDISSEMENT DE DSCHANG ET LA CRISE
ÉCONOMIQUE DE LA FIN DES ANNÉES 1980
Dans ce chapitre, il sera question dans un premier temps de
marquer un pan d'arrêt sur le paysage socio-économique de
l'arrondissement de Dschang avant l'irruption effective de la crise de la
décennie 1980. Ensuite, il s'agira d'examiner les conséquences de
cette dépression économique sans précédent sur la
vie socio-économique de l'arrondissement.
3.1.Le paysage socio-économique de
l'arrondissement de Dschang avant la criseéconomique
Avant la crise économique de la fin des années
1980, l'arrondissement de Dschang, à l'instar de la majorité des
contrées de la région de l'Ouest, dépendait en grande
partiede l'agriculture. Cette activité qui occupait 64%
de la population, permettait au paysan bamiléké d'assurer la
scolarité des enfants, de contribuer à l'entretien de sa famille
et d'investir dans d'autres domaines sociaux. (Kamga, 2001)
3.1.1. L'arrondissement de
Dschang : une vie rythmée par l'économie
caféière
Dans tout l'Ouest-Cameroun, particulièrement dans
l'arrondissement de Dschang, le paysage socio-économique était
dominé par la culture du café.Cette activité y avait
été introduite par l'administration coloniale au cours des
années 1920(Mbapndah Ndobegang, 1985), plus
précisément en 1924. Les premiers plants de café
provenaient de la station agricole de Dschang, créée en 1923, ou
de Foumban (Manfouo Namekong, 2012).
Après des débuts modestes au cours deses 20
premières années de pratique, la culture du café dans
l'arrondissement de Dschang a connu une expansion impressionnante au lendemain
de la seconde guerre mondiale avec le concours de la libéralisation de
cette activité par l'administration coloniale. (Mbapndah
Ndobegang, 1985)
Dès lors, après cette libéralisation de
la caféiculture qui était restreinte à une élite
locale dite de « grands producteurs », elle va
connaître un grand succès auprès des paysans de
l'arrondissement qui l'ont rapidement adoptée. Cette culture va donc
rythmer l'économie rurale de Dschang, se présentant comme
l'unique sinon la principale source de revenus (« arbre
à argent ») des paysans de Dschang.
(Kounchou, 2008). Car des associations culturales (produits
vivriers) y étaient également pratiquées dans le but de
pourvoir à l'importante main d'oeuvre familiale qui épaulait les
chefs de famille dans les exploitations caféières. L'importance
de l'économie caféière dans cette localité se
justifiait par la prépondérance des pratiquants, la signification
de ses apports financiers et surtout le développement
général du cadre de vie ostensible dans l'achat des biens
sociaux, la dot et l'édification des logements de plus en plus
confortable.
3.1.2. L'activité
vivrière et maraichère : des activités marginales et
essentiellement féminines
Avant la crise de la fin des années 1980, la production
vivrière de l'arrondissement de Dschang, était fortement
développée. On y trouvait des associations culturales qui
assuraient une couverture continuelle et permanente du sol. Cette production
vivrièreétait principalement destinée à la
consommation familiale. La majorité des terres était
réservée à la culture du café arabica.
L'activité vivrière dans l'ensemble des villages de
l'arrondissement était uniquement l'apanage des femmes ;
contrairement aux hommes qui étaient concentrés dans la
spéculation caféière. (Fongang, 2008).
3.1.3. L'État et
l'UCCAO : seuls acteurs du contrôle et de l'encadrement de
l'activité agricole dans l'arrondissement
Avant le début de la crise économique, à
l'instar de l'ensemble des contrées de la région de l'Ouest
Cameroun, l'activité agricole fut dominée par un duo Etat-UCCAO.
Ces deux principaux acteurs avaient un contrôle total sur le secteur
agricole.
3.1.3.1. L'État et
ses organismes de financement agricole : moteur de développement
agricole avant la crise
Après l'indépendance, les cultures de rente
notamment le cacao et le café constituaient l'essentiel du revenu
agricole du Cameroun. Alors, le gouvernement camerounais a mis sur pied des
organismes de financement des activités agricoles à l'exemple de
la BCD FONADER. (Manfouo Namekong, 2012). Ces services
(crédits) de financement agricole s'octroyaient par le biais des
coopératives.
Ø La Banque
Camerounaise de Développement(BCD)
Immédiatement après l'indépendance, l'une
des actions du gouvernement fut la création de la banque camerounaise de
développement dont la principale mission était d'assurer la
distribution du crédit en milieu rural dans le but de stimuler le
développement rural. (Foko, 1994).Plus tard, la BCD
sera remplacée par les sociétés mutuelles de
développement rural(SOMUDER) qui étaient des structures beaucoup
plus rapprochées des populations rurales et dont les actions devaient
mieux satisfaire leurs besoins. Cependant, en dépit de tous les efforts
du gouvernement, les résultatsà l'instar de ceux de la BCD sont
restés en dessous des prévisions. C'est ce énième
échec qui a poussé le gouvernement camerounais à mettre
sur pied le fond national de développement rural (FONADER)
Ø Le fond national
de développement rural(FONADER)
Les principales missions du FONADER étaient :
· L'administration, le stockage et la distribution des
intrants agricoles subventionnés ;
· la promotion et la distribution du crédit
agricole ;
· le financement et le suivi de certains projets de
développement.
Le FONADER s'est s'installé dans la région de
l'Ouest en 1979 et offrait des crédits individuels aux paysans capables
d'offrir des garanties et des crédits collectifs aux
"GAM"(Groupements d'agriculteurs modernes) et aux
coopératives. Il était considéré comme un
véritable organisme de financement du monde rural ; c'est ainsi qu'il
était qualifiait de « banque des paysans
» (Kengne Fodouop,2003 ; Mouiche,2005). Cela se
justifiait par l'importance des crédits accordés aux agriculteurs
comme le présente le tableau suivant :
Tableau 6: Crédits accordés par le
FONADER au secteur agricole en 103 FCFA
Exercice agricole
|
Montant alloué par le FONADER en Milliers
(103 FCFA)
|
1973-1974
|
154.141
|
1974-1975
|
641.691
|
1975-1976
|
792.622
|
1976-1977
|
1.349.496
|
1977-1978
|
1.063.118
|
1978-1979
|
1.249.059
|
1979-1980
|
1.173.193
|
1980-1981
|
1.387.322
|
1981-1982
|
993.473
|
1982-1983
|
998.766
|
1983-1984
|
1.069.028
|
1984-1985
|
1.930.233
|
1985-1986
|
3.040.598
|
1986-1987
|
2.819.979
|
1987-1988
|
7.092
|
Source : Stratégies de développement
agricole 1980-1990
Les activités menées par le FONADER dans l'ouest
au cours de l'exercice 1985/1986 ont consisté en la distribution des
crédits dont les chiffres paraissent tout aussi faramineux :
crédits individuels : 463 244 785 FCFA contre 322 932 464 FCFA en
1984/1985, soit une augmentation de 43,45% ; crédits aux
coopératives : 203 000 000 FCFA. (Manfouao Namekong,
2012). Cependant, le financement agricole venant du FONADER a connu
une cessation en 1987, année de l'arrêt des activités de
cette structure.
3.1.3.2. L'UCCAO :
Poumon de développement agricole de la région de l'Ouest avant la
crise
Née le 17 Octobre 1958, de la fusion des
coopératives départementales de producteurs de café
arabica, l'Union des Coopératives de Café Arabica de
l'Ouest18(*), deviendra
après sa création plus qu'une coopérative.Elle sera une
structure dont la vocation est le développement agricole, social et
régional.(Fongang, 2008). Avec pour vocation le
développement agricole et régional, l'UCCAO va intervenir dans
tous les domaines de la vie des paysans de l'Ouest. Elle ira de la fourniture
des intrants à la collecte des récoltes et la commercialisation,
en passant par l'encadrement et la fourniture des crédits sociaux
(tôles, ciment, etc.). Avec le changement de sa dénomination en
1975, l'UCCAO, intermédiaire de l'Etat auprès des agriculteurs,
va se transformer en une véritable société de promotion du
développement agricole à l'Ouest. « En mettant
à la disposition des planteurs près de 25% des engrais
distribués au Cameroun, la coopérative répondait à
un besoin pressant des exploitants, les ristournes étaient
également accordées aux planteurs au prorata de la
quantité livrée à la coopérative,
parallèlement, l'octroi des petits crédits était
accordé aux planteurs ». (Janin P., 1995).
Tout ceci a permis à la structure d'étendre sa
notoriété dans l'ensemble de la
région. « Si l'UCCAO a connu un succès qui
reste relatif, c'est d'abord que à l'image de l'ouest du Cameroun, elle
s'est inscrite dans la logique capitaliste de recherche du profit et que la
qualité de la gestion n'a pas « tout »
sacrifiée à la recherche de la démocratie
coopérative ou de la formation » (Courade G. et
al, 1991).
La CAPLAME, coopérative membre de l'UCCAO, dont la
zone d'influence est le département de la Menoua, servait
d'intermédiaire de l'UCCAO dans cette localité et assurait le
travail de financement (octroi des crédits de toutes natures), la
fourniture des engrais, la collecte et la commercialisation du café.
L'UCCAO et ses coopératives départementales
partenaires constituaient, avant la crise, les seuls acteurs de toute la
chaîne de la production de l'Ouest en général et de
l'arrondissement de Dschang en particulier. (Financement, encadrement,
collecte, vente, etc.)
Le dispositif agricole de l'arrondissement de Dschang avant la
crise se présentait comme suit :
ÉTAT
UCCAO
FONADER
CAPLAME
AGRICULTEURS DE L'ARRONDISSEMENT DE DSCHANG
Figure 12: Fonctionnement des principaux acteurs du
secteur agricole de l'arrondissement de Dschang avant la crise
On s'aperçoit à travers le schéma
précédent qu'après l'indépendance et avant la
crise, le développement agricole de l'arrondissement de Dschang reposait
sur l'intervention centrale de l'État qui, par le biais de l'UCCAO et du
FONADER, participait au développement de la localité. Cette
intervention sur le plan local était assurée par la CAPLAME. La
figure 13 met en évidence l'influence spatiale de la CAPLAME avant la
crise. Il en ressort que dans tous les groupements du département de la
Menoua, en particulier ceux de l'arrondissement de Dschang, le contrôle
de l'activité agricole de cette coopérative rattachée
à l'UCCAO, était total. On enregistrait jusqu'à 11
magasins de collecte du café dans l'arrondissement de Dschang. Cette
situation justifiait de la prépondérance de la culture du
café dans tous les secteurs de l'arrondissement. Car certains
groupements disposait jusqu'à 4 magasins de collecte du café
à l'instar de Foto.
Figure 13 : Influence
spatiale de la CAPLAME avant la crise
Jusqu'en 1985, le paysage agricole de l'arrondissement va
fonctionner suivant la logique de l'intervention des acteurs ci-dessus
élucidés. Cette situation va permettre un développement de
l'activité agricole, en particulier de la culture de café, ainsi
qu'un épanouissement socio-économique des paysans de
l'arrondissement. Cependant, à l'aube de l'année 1987, la crise
économique va frapper la localité comme l'ensemble des
contrées du Cameroun. Cette dépression aura des
conséquences incommensurables sur le plan agricole et socio-spatial.
3.2. Les
conséquences de la crise économique dans l'arrondissement de
Dschang
À l'image de toutes les localités du Cameroun,
l'arrondissement de Dschang fait face à partir de l'année 1987
à une dépression économique sans précédent.
Celle-ci aura d'importantes répercussions sur le plan
socio-économique et spatial.
3.2.1. La baisse drastique
des prix du café payé aux agriculteurs
À partir de 1976-1977, les prix du café
commencent à s'effondrer. (CEDEAO et Al, 2007). La
crise économique commence à se faire ressentir. L'arrondissement
de Dschang comme toutes les localités de l'Ouest, qui vivait au rythme
de café, fait face à la diminution drastique des coûts du
café payé aux paysans.« Les campagnes agricoles
1985/1986 et 1986/1987 ont constitué des véritables tournants de
l'effondrement de l'économie camerounaise, avec la baisse respective de
25% et de 20% des termes d'échanges. C'est ainsi que la part de
café dans le revenu va tomber à 16% en 1992 contre 73% en 1980.
De même, le revenu des planteurs baisse de 83% entre 1985 et 1997.
Parallèlement à la chute du revenu des paysans, les subventions
de l'état aux intrants agricoles et aux produits phytosanitaires chutent
et s'annuleront plus tard avec le désengagement de celui-ci ».
(Ngouanet, 2001)
Source : ONCC, 2004
Figure 14: Evolution en FCFA du prix planteur en
pourcentage du prix FOB 1980/1981 à 1999/2000
Le graphique 14 montre 3 principales situations dans la baisse
du prix du café :
· Entre 1980 et 1989, le prix en FCFA du café
payé aux planteurs n'a guère atteint 500 FCFA.
· De 1989 à 1993, le prix du café va
atteindre un niveau très bas, oscillant autour de 200 et 250 FCFA.
· Enfin à partir de 1993, ce prix a connu une
légère hausse jusqu'en 2000, oscillant entre 500 et 680 FCFA.
Cependant, dans cette troisième phase, le prix du café a
enregistré son niveau le plus bas de l'ordre de 110 FCFA durant la
campagne 1994-1995. Cette diminution drastique du prix du café au cours
de cette campagne caféière est due à la dévaluation
de 50 % du franc CFA (Roubaud, 1994) qu'a connu le Cameroun au
cours de cette période.
Cette baisse considérable du prix du café aura
des répercussions structurelles, économiques, spatiales et
sociales dans l'arrondissement Dschang.
3.2.2. La fin du monopole
du trident ETAT- UCCAO - CAPLAME
Avec la chute inopinée et considérable du prix
du café, plusieurs évènements structurels vont
ébranler le paysage des acteurs de l'arrondissement de Dschang.
De prime abord, on assiste à la rupture du monopole des
trois principaux acteurs (ETAT, UCCAO et CAPLAME) du secteur agricole de
l'arrondissement. Avant la crise, ces trois acteurs à eux seuls
dominaientet contrôlaient le paysage agricole de l'arrondissement. Ils
étaient en charge à la fois de la fourniture des intrants et du
matériel agricoles, du financement, de la collecte et de la
commercialisation du café produit par les planteurs. Avec l'installation
progressive de la crise, le montant des dettes de l'UCCAO vis-à-vis de
ses coopératives membres devint faramineux. À titre illustratif,
l'UCCAO devait 3 milliards de FCFA (Fongang,
2007) à la CAPLAME qui devait à son tour le même
montant aux planteurs de la Menoua qui avaient déposé leur
café.
Figure 15: Influence spatiale
de la CAPLAME après la crise
La figure15 présente l'influence spatiale de la CAPLAME
après la crise économique. On s'aperçoit que la forte
concentration des magasins de collecte relevée avant la crise (Fig. 13),
s'est affaiblie avec la crise. On remarque ainsi qu'avant la crise,
l'arrondissement de Dschang enregistrait 11 magasins de collecte. Tous ces
magasins ont fermé sous le poids de la crise ou point où on ne
recense aujourd'hui dans l'arrondissement aucun magasin de magasins de collecte
du café. On constate que la crise a conduit à l'abandon total de
la caféiculture dans l'arrondissement de Dschang.
Cette situation a profondément ébranlé la
situation socio-économique des paysans.
3.2.3.La perte des emplois
et l'abandon scolaire
L'une des conséquences sociales majeures de la crise
économique dans l'arrondissement de Dschang fut la perte des emplois, et
donc la mise au chômage d'une portion non moins importante de la
population. Le graphique 16 montre la situation des enquêtés selon
leur ancien emploi.
Source : Enquête de terrain, janvier
2013
Figure 16: Répartition de la population
enquêtée selon l'ancien emploi.
Il ressort de ce graphique, que 20% de la
population enquêtée était soit des commerçants, soit
des employés. Les derniers, c'est-à-dire les employés,
expliquent avoir perdu leur emploi sous le coup de la crise économique
qui a secoué l'arrondissement. 15% était des
élèves et étudiants. Ceux-ci se sont retrouvés sans
perspectives d'emploi ou à cours de financement pour leurs
études. Ils ont par conséquent trouvé comme seule
perspective le maraîchage et plus précisément la culture de
la tomate.
3.2.4. La reconversion des
agriculteurs
Avec la crise économique qui a profondément
ébranlé l'arrondissement de Dschang en général et
de manière plus spécifique son paysage socio-économique,
l'une des conséquences fut la reconversion des anciens
caféiculteurs de la région vers l'activité vivrière
et surtout maraîchère. Cette mutation socio-économique
liée à la crise a affecté une bonne partie de la
population de l'arrondissement. La figure 17 montre en effet qu'en fonction des
groupements enquêtés, la population-cible était
majoritairement confinée dans la culture du café soit
54,09%. Cependant, on constate tout aussi bien et à
justetitre qu'une portion importante de la population enquêtée
exerçait dans le vivrier. Ceci témoigne en effet des affres de la
crise sur leur quotidien.De fait, l'une des seules issues pour y faire face fut
le changement brusque de spécialisation agricole.
Source : Enquête de terrain, janvier
2013
Figure 17: Répartition par groupement des
enquêtés en fonction de leur ancienne
spéculation
De plus, la majorité de la population
enquêtée, soit un pourcentage de 76,47%,a
affirmé n'avoir pas débuté l'agriculture par la culture de
la tomate. Justifiant ainsi leur choix de la culture de la tomate par les
effets de la crise et surtout sa rentabilité financière
aujourd'hui très prépondérante. La figure 18
présente la répartition de la population enquêtée
suivant la variable« première spéculation
pratiquée ».
Source : Enquête de terrain, Janvier
2013
Figure 18: Répartition de l'échantillon
sur la variable: "première spéculation
pratiquée"
3.2.5. L'émergence
et le développement de l'activité vivrière et
maraîchère
L'autre conséquence sur le plan socio-spatialde la
crise économique dans l'arrondissement de Dschang, est
l'émergence et le développement de l'activité
maraîchère et vivrière. Celle-ci constitue dans la pratique
une recomposition socio-spatiale significative dans l'arrondissement.
D'abord sur le plan social, on observe une
prépondérance de la gente masculine dans le secteur vivrier et
maraîcher c'est-à-dire « une masculinisation
du maraîchage et du vivrier ».Pourtant, avant la
crise, l'activité maraîchère et vivrière
était majoritairement l'apanage des femmes. (Fongang,
2008). Les cultures de subsistance, et spécifiquement la
culture de la tomate, ne sont plus uniquement l'affaire des femmes tel que les
hommes le pensaient autrefois. La crise a instauré une nouvelle
organisation familiale où femmes et hommes sont confinés dans le
maraîchage et le vivrier. La figure 19montre en effet la forte proportion
du sexe masculin dans la population enquêtée. On peut
également observer de façon générale que dans les
groupements enquêtés, le sexe masculin est prédominant
à Foréké-Dschang et à Foto ; contrairement au
groupement Fotetsa où la proportion des femmes est supérieure
à celle des hommes. Cette situation peut-être dû à
l'enclavement de ce dernier groupement par rapport aux deux premiers.
Enclavement qui limite les possibilités de développement de la
culture de la tomate du fait de l'absence des débouchés
commerciales. Ceci a également eu pour conséquence le
bouleversement de l'ancienne structure des ménages (Kamga, 2002)
où les hommes étaient les seuls responsables de la
microéconomie familiale. Cette situation est un marqueur important du
changement social dans l'arrondissement de Dschang.
Ensuite, sur le plan spatial, la proportion des terres
consacrées au maraîchage et au vivrier est de plus en plus
significative dans l'arrondissement. Particulièrement les non moins
importantes superficies dédiées à la spéculation
tomate. La culture de la tomate a commencé à s'imposer comme une
activité importante pour la population agricole de l'arrondissement.
Cette activité maraîchère a contribué à la
recomposition spatiale de l'arrondissement qui fut jadis à
prédominance caféière.
Source : Enquête de terrain, janvier 2013
Figure 19: Répartition de l'échantillon
en fonction du sexe
On voit également au regard de la figure 20 que
contrairement à la période précédant la crise,
où l'essentiel de l'activité agricole dans l'arrondissement
était dominée par la culture du café (Fig. 13),
l'année 2010 est marquée par une vulgarisation
considérable de la culture de la tomate. Celle-ci, comme le montre
figure 20, est pratiquée dans la majorité des villages de
l'arrondissement. Traduisant ainsi l'abandon quasi-définitif de la
culture du café dans cet espace au profit de la culture de la tomate.
Figure 20:Zone de culture de
la tomate dans l'arrondissement de Dschang en 2010
Cliché Fofack Mujia, novembre
2012
Photo 2: Deux jeunes
jardiniers à Litieu (Foréké-Dschang)
Sur cette photo, on observe deux jeunes jardiniers au
repos dans leur exploitation de tomate sur un versant du village Litieu
(Foréké-Dschang). Ils précisent être des
frères qui ont décidés de mettre ensemble leurs
économies afin de produire la tomate qu'ils vendront dans la ville de
Dschang. Cette situation témoigne de l'importance du sexe masculin dans
cette activité d'autant plus qu'elle exige un important travail
physique.
Vers la fin des années 1980 et le début des
années 1990, à l'exemple des toutes les contrées agricoles
du Cameroun, l'arrondissement de Dschang se trouve face à une
dépression économique sans précédent qui a
bouleversé de façon profonde son paysage économique et
socio-spatial. Jadis ancien bassin à prédominance
caféière,notamment arabica, cet espacedans lequel les
conséquences de la crise furent notoires, fera face à un
impératif : celui de la douloureuse reconversion vers le vivrier en
général et en particulier vers le maraîchage.
Désormais, hommes et femmes se partagent les circuits de
l'activité maraîchère (production, commercialisation,
négoce, etc.) Cette situation qu'a connue l'arrondissement a
bouleversé le paysage socio-économique et spatial de
l'arrondissement, tout en entrainant une reconfiguration socio-spatiale.
Etats des lieux du paysage socio-économique
l'arrondissement de Dschang avant la crise
La crise économique de la fin des années 1980 dans
l'arrondissement de Dschang
Les conséquences de la crise économique dans
l'arrondissement de Dschang
Une vie rythmée par l'économie
caféière
L'activité vivrière et
maraîchère : des activités marginales et
essentiellement féminines
L'État et l'UCCAO : seuls acteurs du contrôle
et de l'encadrement de l'activité agricole dans l'arrondissement
§ La baisse drastique des prix du café payé
aux agriculteurs
§ La fin du monopole du trident ETAT- UCCAO -
CAPLAME
§ La perte des emplois et l'abandon scolaire
§ La reconversion des agriculteurs
§ L'émergence et le développement de
l'activité vivrière et maraîchère
§ Chocs pétroliers des années 1970
§ Baisse des prix des produits de rente sur le marché
international (cacao, café)
Figure 21 :
Schéma synoptique du chapitre III
CHAPITRE
IV :
LES FACTEURS DE L'ÉMERGENCE DE LA CULTURE DE LA
TOMATE DANS L'ARRONDISSEMENT DE DSCHANG
Dans ce chapitre, il sera question d'identifier et de mettre en
évidence les facteurs qui, combinés, expliquent
l'émergence de la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang
au lendemain de la crise économique, eu égard aux bouleversements
socio-économiques et spatiaux engendrés par cette dernière
dans l'arrondissement.
4.1. Historique
La tomate (Lycopersicon esculentum)est un
légume de la famille des Solanaceae. Originaire des Andes
d'Amérique du Sud,elle fut domestiquée au Mexique puis,
introduite en Europe en 1544. De là, sa culture s'est propagée en
Asie du Sud et de l'Est, en Afrique et auMoyen Orient.
Elle fut introduite dans l'arrondissement de Dschang en 1987
par Victor Assoptia, ingénieur agronome. Séduit par les
rendements de cette plante à Foumbot, une ville toute proche, il
l'expérimente à Litieu19(*) son village natal. À partir de là,
cette culture va se répandre dans l'arrondissement sous l'effet de la
dépression économique. Jeunes, anciens étudiants, anciens
caféiculteurs et femmes vont s'y mettre. D'autant plus que
« les gains sont non moins onéreux », comme
le témoigne un jardinier. En outre, le rendement monétaire de la
tomate parmi les spéculations maraîchères est le plus
important. (Koumakoyé A., 2007). La réussite de
cette reconversion vers la tomate dans l'arrondissement de Dschang tient ses
fondements de la conjonction de facteurs intrinsèques et
extrinsèques.
4.2.Les facteurs de
l'émergence de la culture de la tomate dans l'arrondissement de
Dschang.
L'émergence et le développement de la culture de
la tomate dans cet espace, jadis à prédominance
caféière, relèvent de plusieurs facteurs :
v Les facteurs internes
v Les facteurs externes
4.2.1. Les facteurs
internes
Les facteurs internes qui expliquent l'émergence et le
développement de la culture de la tomate se présentent sous deux
principaux aspects :
Ø Les conditions écologiques du milieu
Ø Les facteurs humains
4.2.1.1. Un milieu
écologique particulièrement propice
Généreusement doté par la nature,
l'arrondissement de Dschang présente un environnement physique favorable
à la pratique de la culture de la tomate du point de vue des types de
sols et des conditions climatiques qui y sont favorables.
v Sur le plan
pédologique
La tomate n'est pas très exigeante. Elle pousse sur la
plupart des sols minéraux qui ont une bonne capacité de
rétention de l'eau, une bonne aération et qui sont libres de
sels. Elle préfère les terres limoneuses profondes et bien
drainées. La couche superficielle du terrain doit être
perméable. Cependant, son développement sied
considérablement sur des sols de textures diverses à l'instar
des sols sablo-limoneux et argilo-sableux dépassant la profondeur de 60
cm. Or, au regard de la configuration physique de l'arrondissement de Dschang,
on constate que celui-ci présente 4 principaux types de sols :
· Les sols volcaniques qu'on retrouve sur la majeure
partie des versants des montagnes.
· les sols ferralitiques dans la zone de haute altitude,
qui sont plus ou moins rouges avec une texture limoneuse, argileuse ou sablo
argileuse.
· les sols humifères dans les zones de moyenne
altitude qui sont présents sous le couvert forestier.
· Les sols hydromorphes qui sont gorgés d'eau et
situés dans les bas-fonds inondables.
De plus, il faut noter que la tomate tolère, en ce qui
concerne le niveau d'acidité, une variété de sols.
Toutefois, elle pousse mieux sur les sols dont le pH (niveau d'acidité)
varie entre 5,5 et 6,8. Les sols de l'arrondissement de Dschang, comme ceux du
département de la Menoua en général, ont un pH globalement
compris entre 4,8 et 6,5. (Annexe 8).Ces derniers se trouvent à cet
égard très favorables à la pratique de la tomate du fait
de leur diversité et de leur acidité.
On s'aperçoit que sur la base de la typologie des sols,
l'arrondissement de Dschang paraît particulièrement propice
à la culture de la tomate. D'autant plus qu'il est constitué de
sols globalement favorables à la pratique de cette culture. C'est ce qui
explique son adoption quasi-généralisée et sa pratique
presque générale dans l'arrondissement.
v Sur le plan
climatique
Il faut noter que la culture de la tomatedemande un climat
relativement frais et sec pour fournir une récolte abondante et de
qualité. Néanmoins, la plante s'est adaptée à une
grande diversité de conditions climatiques, spécifiquement le
climat tropical chaud et humide. La température optimale pour le
développement de la plupart des variétés se situe entre 21
et 24°C.
Lorsqu'on observe la courbe d'humidité relative de
l'arrondissement de Dschang (Fig. 22), on se rend à l'évidence
que cet espace offre un climat particulièrement favorable à la
culture de la tomate.
De plus, l'observation du diagramme ombro-thermique de
l'arrondissement à la station de Dschang, nous permet également
de constater qu'au cours de l'année, la température oscille
autour de 20-22°C. Ce qui ne dépasse guère
le seuil thermique optimal de développement de la tomate. Ajouté
à cela, la pluviométrie, qui y est aussi importante, car elle
s'étend sur 9 mois ; ce qui favorise plusieurs cycles de culture
tout au long de l'année. (Annexe 7)
Au regard de ce qui précède, il faut dire que
l'environnement agro-écologique de l'arrondissement de Dschang, sur le
plan climatique et pédologique, apparaît au regard de sa
configuration,particulièrement propice à la pratique de la
culture de la tomate. Il faut également préciser qu'au lendemain
de la crise économique, ce milieu physique favorable a
particulièrement influencé et induit l'émergence et le
développement de la culture dans cet espace. Toutefois, cette
émergence n'a été véritablement possible que par
l'intervention de la sphère anthropique.
Source : Tsalefac, 1999
Figure 22: Humidité
relative à Dschang en 1998
4.2.1.2. Les facteurs
humains : moteurs de l'émergence
L'émergence et le développement de la culture de
la tomate dans l'arrondissement de Dschang tient également à
l'influence humaine. Influence qui revêt plusieurs aspects :
v Le dynamisme des
jardiniers
La configuration scolaire de la population-cible montre en
effet un relatif dynamisme. Seulement 13,72% de celle-ci n'a
jamais été à l'école. Ce qui signifie que pas moins
de 86, 28% de cette population a fait des études, au
moins primaires. Sur ces 86,28% ;11, 74% a fait des
études supérieures contre respectivement 32,35%
et 42,15% pour le secondaire et le primaire.
(Figure23). Ceci signifie que la majorité de cette
population a un niveau d'étude élémentaire.
Force est donc de constater que la majeure partie de cette
population est éduquée. Le deuxième constat qui ressort
ici est que les disparités entre groupements ne sont pas très
prononcées. Néanmoins, il faut dire que le groupement Fotetsa est
légèrement en marge par rapport aux groupements
Foréké-Dschang et Foto. Cette situation peut-être
expliquée par la proximité des 2 derniers groupements du
principal centre urbain ou encore de l'urbanisation progressive de ces 2
groupements entrainant des migrations vers ces derniers. Cette situation
confirme la théorie de l'adoption de l'innovation de Everett, selon
laquelle plus on est à proximité de l'innovation, plus on est
susceptible de l'adopter rapidement.
Source : Enquête de terrain, janvier
2013
Figure 23 : Répartition de la population
par groupement et en fonction du niveau d'instruction
v Le rôle des
migrations
Il convient également de relever qu'une proportion non
négligeable de la population enquêtée est le produit des
migrations. La figure24 présente la répartition
de la population suivant la variable : « Autochtones ou
allogènes ». Il en ressort que 12,74%
de celle-ci est le produit des migrations. Ces migrations, ont sans doute
contribué à la dynamisation de la culture de la tomate dans
l'arrondissement de Dschang. Celle-ci a pris des proportions importantes,
d'autant plus que la demande est sans cesse grandissante, en particulier dans
les centres urbains.
Source : Enquête de terrain, janvier
2013
Figure 24 : Jardiniers autochtones et allogènes par
groupement
De même, la configuration par âge de la population
(Fig.25)laisse entrevoir une certaine vivacité. Cette
population est essentiellement jeune. Plus de la moitié de
l'échantillon est âgée entre 30 et 40 ans, soit
51,90%.On note également une proportion importante de
jardiniers ayant moins de 30 ans, environ 19,60%. Cette
jeunesse de la population cible explique en grande partie le dynamisme de la
culture de la tomate dans l'arrondissement. D'autre part, il convient de noter
que le caractère juvénile de cette population s'explique
également par le fait que la culture de la tomate, contrairement aux
cultures saisonnières et annuelles pratiquées, exigent
d'énormes sacrifices physiques et d'importantes contraintes de temps.
Par exemple, lors d'un cycle de culture de la tomate, il faut labourer ou
retourner le sol, préparer la pépinière qui va accueillir
les semences, semer dans les pépinières ; ensuite,
après 2 à 3 semaines il faut repiquer la parcelle labourée
à l'effet d'accueillir les jeunes plants, arroser matin et soir,
nettoyer les herbes, répandre les engrais, tuteuriser certains plants et
ce pendant au moins 3 mois avant de récolter. Et un nouveau cycle
recommence. Ceci requiert un potentiel physique important. C'est pour cette
raison, comme nous confie un jardinier, « que les jeunes sont
nombreux dans cette spéculation
maraîchère »
Source : Enquête de terrain, janvier
2013
Figure 25: Répartition de la population par
âge et par groupement
v Le rôle de l'université de
Dschang
Il faut toutefois noter qu'en marge des facteurs humains
susmentionnés, la création de l'université de Dschang a
induit un accroissement rapide de la population de la ville de Dschang et de sa
zone périphérique. Selon le recensement général de
la population de 2005, la ville de Dschang comptait environ 63.161 habitants,
cette population en suivant une évolution géométrique
serait estimé aujourd'hui à environ 76.358 habitants. Cette
population essentiellement urbaine, majoritairement estudiantine, a induit de
ce fait une augmentation de la demande locale en tomates pour la consommation.
Cette demande est d'autant plus importante que la tomate est un fruit
très prisé pour l'alimentation. De plus, la prolifération
et le développement de l'activité de Bayam-sellam,
(Annexe 6)témoigne de l'accélération de
l'urbanisation de Dschang, de même de l'augmentation rapide de la
population. Entrainant ainsi l'augmentation de la demande.
Figure 26 :
Spatialisation de la population de l'arrondissement de Dschang entre 2005 et
2012
De plus la figure 26 nous permet également de se rendre
compte qu'entre1987 et 2012, la population de l'arrondissement a fortement
augmenté. Ainsi que le périmètre urbain. Cette figure nous
permet d'observer au cours de cette période une densification de la
population, dans ce périmètre urbain, en la faveur des migrations
(campagnes profondes vers le centre urbain) et de l'explosion du nombre
d'étudiants. La tâche urbaine représentait en 1987, 687
hectares. Celle-ci a triplé en 2012, avoisinant 2 000 hectares. Il
faut noter qu'en 1993 à la création de l'université, le
nombre d'étudiants était de 1475. Celui-ci est passé
à 12 000 étudiants en 2000-2004 (Archives du
rectorat 2004). Ce chiffre avoisinerait les 18 000
étudiants en 2012. Ceci constitue dans la pratique, une augmentation
conséquente de la demande en produits maraîchers en particulier la
tomate pour la consommation.
A côté de cette augmentation significative la
population de la ville de Dschang entre 1987 et 2012, signalons
également que la population de l'arrondissement tout entier a connu le
même rythme d'évolution au cours de la période
sus-citée. En outre l'augmentation de la demande à
l'échelle nationale dûe à la croissance
démographique générale du Cameroun, explique aussi le
développement de la culture de la tomate dans l'arrondissement de
Dschang.
4.2.2. Les facteurs
externes
Plusieurs facteurs externes justifient l'émergence et
le développement de la culture de la tomate dans l'arrondissement de
Dschang.
4.2.2.1. La crise
économique et ses multiples conséquences
Comme nous l'avons examiné au chapitre trois, la crise
économique de la fin des années 1980 a eu une pléthore de
conséquences économiques et socio-spatiales dans l'arrondissement
de Dschang : reconversion, chômage, masculinisation du
maraîchage, etc. Toutefois, l'une des conséquences notoire de
cette crise fut la reconversion vers le maraîchage et en particulier vers
la culture de la tomate. La figure 27nous montre qu'un nombre important de
jardiniers s'est retrouvé dans la culture de la tomate sous l'effet de
la crise. 20,58% des jardiniers enquêtés sont des
reconvertis de la crise. Cette activité est d'autant plus importante
dans l'arrondissement que le nombre d'exploitants ne cesse d'augmenter.
Source : Enquête de terrain, janvier
2013
Figure 27 : Raisons du démarrage de la
culture de la tomate
4.2.2.2. L'explosion de la
demande dans les centres urbains
En dehors de la crise économique qui a secoué le
Cameroun, l'augmentation de la demande des centres urbains en tomate constitue
également un fondement de l'émergence et du développement
de la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang. La ville de
Douala, où est concentré la majorité des
grossistes-exportateurs de tomates, est dans ce sens l'un des centres urbains
que l'arrondissement de Dschang approvisionne. A côté de cette
grande métropole, il y a les villes de Dschang, Bafoussam et Nkongsamba
en direction desquelles des cargaisons de tomates en provenance de
l'arrondissement de Dschang se dirigent. Le développement de plus en
plus croissant de l'activité de
« Bayam-Sellam »20(*), dans la ville de Dschang, est à ce titre une
marque de l'explosion démographique. (Annexe5). Le graphique 28 montre
en effet la direction des récoltes des jardiniers par groupements. Le
constat qui en découle est que les villes de Dschang, Douala et
Bafoussam constituent les principaux pôles que l'arrondissement de
Dschang alimente en tomates. (Fig. 29) Nkongsamba est un pôle secondaire
mais non moins important.
Ce graphiquenous permet en outre de constater que la ville de
Dschang est en théorie le principal exutoire des récoltes des
jardiniers de l'arrondissement. Cependant, dans la pratique, le principal
pôle de collecte des productions de tomates de l'arrondissement est la
ville de Douala. Car, de nombreux jardiniers affirment ne pas connaitre les
circuits de commercialisation de leurs productions, se contentant juste
d'acheminer leurs récoltes dans la ville de Dschang où des
grossistes disposant de camionnettes, les acheminent vers Douala.
Source : Enquête de terrain, janvier
2013
Figure 28 : Destination des récoltes des
jardiniers par groupement
Figure 29 :
Spatialisation proportionnelle de la destination de la tomate en provenance des
groupements de l'arrondissement de Dschang
Cliché Fofack Mujia, janvier
2013
Photo 3: Cargaison à acheminer en direction de
Douala
Surla photo 3,on observe une cargaison de récoltes
qui est chargée dans une camionnette afin d'être acheminer vers
Douala. En arrière-plan, on observe la présence d'un
marché où les denrées sont exposées à
même le sol. Ce point de vente situé sur la route de la grande
gare routière, est l'un des principaux points d'approvisionnement des
grossistes auprès des jardiniers. Et c'est justement à cet
endroit que bon nombre de jardiniers écoulent leurs productions. C'est
pour cela qu'au cours de l'enquête, la ville de Dschang a
été citée par les jardiniers comme le principal lieu
d'écoulement des récoltes, alors qu'en réalité
c'est bien la ville de Douala. La ville de Dschang ne sert que de relais lors
de l'acheminement des récoltes.
4.2.2.3. La
libéralisation des tous les secteurs de l'activité agricole
La libéralisation des tous les secteurs de
l'activité, intervenue au lendemain de la crise économique, a
été un facteur important dans l'émergence de la production
vivrière et maraîchère au Cameroun, en particulier la
culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang. Devant la faillite des
organismes étatiques de contrôle, de suivi et d'encadrement des
paysans, et donc le désengagement de l'Etat vis-à-vis du secteur
agricole, les pouvoirs publics vont libéraliser tous les circuits de la
production agricole. De l'importation à la vente des intrants agricoles
en passant parla commercialisation des produits agricoles. Cette mesure
étatique va favoriser l'irruption des nouveaux acteurs dans le monde
rural au Cameroun.
4.2.2.4.Le rôle de
l'État à travers le décret autorisant la création
des organisations paysannes
Dans le processus d'émergence de l'activité
maraîchère et vivrière en général et en
particulier de la culture de la tomate, l'État a joué un
rôle important. À travers la loi n°92/ 006 du 14 août
1992 précisant les modalités de création des
sociétés de coopératives et Groupes d'Initiatives Communes
(GIC) en remplacement de la loi n°73/15 du 07 décembre 1973,
portant statut des sociétés de coopératives
(ElongJ. G., 2005),l'État y a joué un rôle
décisif. Cette loi a favorisé un développement accru de
l'initiative communautaire. Ça et là, on observe une
multiplication des GIC et des coopératives de paysans.
4.2.2.5. L'irruption des
nouveaux acteurs
Consécutive à la loi de 1992qui autorisait la
création des GIC et des coopératives, l'arrondissement de
Dschang, à l'aube des années 1992-1993, enregistrera l'apparition
de nouveaux acteurs. Ceux-ci étant présents aussi bien dans la
commercialisation des intrantsque dans l'encadrement, la collecte et la vente
des récoltes. Cette situation afortement impacté cette partie du
pays, dans la mesure où elle a contribué au développement
de la synergie des efforts chez les paysans.Le tableau7nous montre la
répartition des organisations paysannes par département de la
région de l'Ouest au 30 Juillet 2004. Le constat qui se dégage
est celui de l'explosion de celles-ci dans la région de l'Ouest au
lendemain de la crise et après la signature du décret autorisant
leur création. Le seul département de la Menoua comptait à
cette date : 747 GIC, 13 unions des GIC, 1 Fédération des
Unions de GIC, 8 coopératives agricoles et 13 coopératives
d'épargne et de crédits, faisant un total de 782 organisations
rurales en 2004.Ainsi, la Menoua occupait la deuxième place en termes
d'organisations paysannes, juste après le département de la
Mifi.
Tableau 7 : Les organisations rurales inscrites
(coopératives et GIC) à la délégation
régionale de l'agriculture de l'Ouest au 30 Juillet 2004
N°
|
Département
|
GIC
|
UGIC
|
FUGIC
|
COOP.
|
UCOOP
|
COOPEC.
|
TOTAL
|
Observation/
Evaluation
|
1
|
Mifi
|
761
|
8
|
1
|
22
|
1
|
56
|
850
|
+24 Normale
|
2
|
Menoua
|
747
|
13
|
1
|
8
|
/
|
13
|
782
|
+37 Rapide
|
3
|
Noun
|
717
|
10
|
/
|
11
|
1
|
11
|
752
|
+44 Rapide
|
4
|
Bamboutos
|
532
|
7
|
/
|
7
|
/
|
10
|
556
|
+16 Lent
|
5
|
Haut Nkam
|
420
|
12
|
1
|
5
|
/
|
8
|
446
|
+18 Lent
|
6
|
Hauts plateaux
|
290
|
10
|
/
|
4
|
/
|
4
|
305
|
+3 Très lent
|
7
|
Ndé
|
282
|
1
|
/
|
2
|
/
|
7
|
292
|
+32 Rapide
|
8
|
Koung-Khi
|
199
|
2
|
/
|
2
|
/
|
4
|
207
|
+7 Très lent
|
TOTAL
|
/
|
3948
|
63
|
3
|
61
|
2
|
112
|
4190
|
+ 181 Rapide
|
O.I: Organisation inscrite à la
délégation régionale de l'agriculture et du
développent rural
GIC: Groupes d'initiative commune
UGIC: Union des groupements d'initiative
commune
FUGIC : Fédération des unions
des groupements d'initiative commune
COOP. : Coopérative
COOPEC: Coopérative d'épargne et
de crédit
|
Source : Délégation
régionale de l'agriculture de l'Ouest
En plus de ces GIC et coopératives rurales, les
nouveaux acteurs privés vont également prendre le monopole de la
commercialisation des intrants et du financement des microprojets à
l`instar des établissements de micro-finance telque la MC2.
Boostant de ce fait l'activité agricole et l'investissement
individuel.
Seulement deux décennies séparent la crise
économique de la prééminence de la culture de la tomate
dans l'arrondissement de Dschang. Cette prééminence est
juxtaposée à la conjonction d'une pléthore de facteurs
endogènes et exogènes. La générosité de
l'environnement naturel (conditions agro-écologiques favorables)
combinée au dynamisme des jardiniers, auxquels s'ajoutent les
conséquences de la crise, les lois relatives aux GIC et
coopératives et surtout l'explosion de la demande des centres urbains ou
des grossistes pour l'exportation sont autant d'éléments
considérés comme facteurs de l'émergence de la culture de
la tomate dans cet arrondissement. Arrondissement qui hier encore était,
à l'exemple de tous ceux de l'Ouest, un bassin caféier ;
aujourd'hui, il est un important pôle de production de tomate. Dans ce
processus de développement de la culture de la tomate dans cet espace,
quels sont les principaux acteurs impliqués et leurs rôles
respectifs ?Quelles sont les stratégies endogènes ou
paysannes mises en oeuvre pour cette cause ? Les réponses à
ces interrogations constituent l'essence du chapitre suivant.
Figure 30 : Schéma synoptique du chapitre
IV
Les facteurs de l'émergence de la culture de la tomate
dans l'arrondissement deDschang
§ Sur le plan climatique
§ Sur le plan pédologique
§ Le dynamisme des jardiniers
§ Le rôle des migrations
§ Le rôle de l'université
EMERGENCE DE LA CULTURE DE LA TOMATE DANS
L'ARRONDISSEMENT DE DSCHANG
Les facteurs internes
Les facteurs externes
Un milieu écologique particulièrement propice
Les facteurs humains : moteurs de l'émergence
§ La crise économique et ses multiples
conséquences
§ L'explosion de la demande dans les centres urbains
§ La libéralisation des tous les secteurs de
l'activité agricole
§ Le rôle de l'État à travers le
décret autorisant la création des organisations paysannes
§ L'irruption des nouveaux acteurs
TROISIEME PARTIE:
PRESENTATION, VERIFICATION DES HYPOTHESES, CRITIQUE DES
RESULTATS ET RECOMMANDATIONS
Cette partie est le lieu de la mise en évidence des
stratégies de développement de la culture de la tomate dans
l'arrondissement de Dschang ainsi que de la vérification des
hypothèses de recherche formulées plus haut. Elle
débouchera par la suite à la critique de nos résultats eu
égard à la démarche méthodologique qui a
été mobilisée et les données qui ont
été collectées. Elle s'achèvera sur la formulation
des recommandations inhérentes à notre recherche.
CHAPITRE V :
DÉVELOPPEMENT DE LA CULTURE DE LA TOMATE DANS
L'ARRONDISSEMENT DE DSCHANG: FONDEMENTS, ACTEURS, STRATÉGIES,
CONSÉQUENCES ET PROBLÈMES
Au lendemain de la crise économique, l'arrondissement
de Dschang va connaître deux faits majeurs : dans un premier temps
une reconversion quasi-générale vers l'activité
maraîchère et vivrière et particulièrement la
culture de la tomate, dont les rendements et les revenus monétaires sont
de plus en plus considérables ; ensuite, une diversification du
paysage des acteurs dont l'interaction conjointe a conduit au
développement de l'activité maraîchère et donc de la
culture de la tomate. Quels sont ces acteurs ? Quels sont leurs
rôles et stratégies respectifs ? Quelles en sont les
conséquences sur la production ? Il sera donc question dans ce
chapitre de mettre en relief la typologie des acteurs impliqués dans le
développement de la culture de la tomate dans l'arrondissement et leur
rôle respectif. Ce chapitre insistera sur les fondements du
développement de la culture de la tomate dans l'arrondissement de
Dschang, les stratégies des acteurs, en l'occurrence des paysans, ainsi
que les conséquences inhérentes à l'interaction des ces
stratégies. Il s'achèvera sur la présentation des
problèmes auxquels font face les jardiniers de l'arrondissement.
5.1. Fondements du développement de la culture de
la tomate
Le développement de l'activité
maraîchère et de la culture de la tomate en particulier, tient
à 2 principaux fondements :
Ø Le souci d'amélioration des conditions de vie
des populations
Ø La politique de la relance de la production
vivrière au Cameroun et dans l'arrondissement de Dschang en
particulier
5.1.1. Le souci d'amélioration des
conditions de vie des populations
Au lendemain de la crise, l'amélioration de la situation
de la microéconomie familiale et donc du niveau de vie, constitue une
priorité pour les paysans. Les conséquences de cette crise furent
telles que le niveau de vie des populations avait considérablement
régressé. Car : « [...] le revenu des
planteurs avait baissé de 83% entre 1985 et
1997 ».(Ngouanet, 2001)
Face à cette situation, et étant donné le
fait que l'activité caféière ne nourrissait plus son
homme, la recherche de nouvelles sources de financement dans les ménages
prévalait. L'activité maraîchère et
particulièrement la culture de la tomate apparaissait à cette
période et dans cet arrondissement comme l'une des seules, sinon
l'unique, alternative pour les paysans de rapporter des revenus dans les
foyers. D'autant plus que l'activité maraîchère, par
opposition à la caféiculture, est une activité dont les
revenus sont fiables et échappent aux exigences internationales. Cette
situation va accroître l'intérêt des paysans pour la culture
de la tomate d'autant plus qu'elle est loin d'être une culture annuelle.
Elle peut être pratiquée sur plusieurs cycles au cours de
l'année (plus de 4 cycles/an). Le tableau 8
présente la proportion par groupement des réponses en suivant la
variable« raisons de la pratique de la
culture de la tomate ». L'analyse qui en découle permet
de constater que dans l'ensemble, la population enquêtée, soit un
pourcentage de 69,60% s'est tourné vers la culture de
la tomate, principalement pour améliorer le quotidien. Etant
donné que celle-ci se pratique pendant au moins deux cycles de cultures
par an, elle apparaît comme une spéculation très importante
du point de vue de sa rentabilité monétaire.
Tableau 8: Répartition des jardiniers selon
l'intérêt pour la culture de la tomate
Groupements
|
Raisons de la pratique de la culture de la
tomate
|
Total
|
Emploi
|
Améliorer les conditions de vies
|
Facile à cultiver
|
Foréké-Dschang
|
7
|
34
|
3
|
44
|
Foto
|
17
|
31
|
0
|
48
|
Fotetsa
|
4
|
6
|
0
|
10
|
Total
|
28
|
71
|
3
|
102
|
Pourcentage(%)
|
27,45
|
69,60
|
2,95
|
100
|
Source : Enquête de terrain, janvier
2013
5.1.2. La politique
gouvernementale de relance de la production vivrière au
Cameroun
Pour l'État, la
diversification et l'accroissement des productions vivrières au
lendemain de la crise se trouve être plus qu'une exigence.
L'amélioration des conditions de vie des populations mais bien plus
l'accroissement de ces productions et des exportations, donc la rentrée
des devises, justifient la politique étatique de relance de la
production vivrière. Cette dernière, qui s'est
déroulée en quatre principales phases, est marquée au
départ par une période de latence avant de connaître son
véritable couronnement au cours de la décennie
2000-2010 :
v La phase de
sensibilisation (1990 - 1995) : qui est la phase suivant
l'élaboration de la nouvelle politique agricole de l'Etat. Elle fut
axée uniquement sur la sensibilisation.
v La phase d'implémentation (1996 -
2001) : Après la phase de sensibilisation, ce fut celle de
l'implémentation de la politique de relance proprement dite. Cette
étape fut également marqué par le développement
effréné des GIC et de ce fait de la mobilisation de l'Etat afin
d'appuyer les paysans.
v La phase active (2002 - 2011) : S'agissant
de la troisième phase de cette politique, elle est
caractérisée par la mise sur pied et l'opérationnalisation
d'une multiplicité de projets et de programmes-cibles à l'instar
du programme ACEFA ou encore PNVRA. (Annexe 5), à
travers lesquels les paysans bénéficient de l'appui multiforme de
l'Etat et de ses partenaires de développement. Cette phase a
été très active à partir de 2006, date à
laquelle le Cameroun a atteint le point d'achèvement de l'initiative
PPTE. Marquant ainsi la reprise de la croissance économique depuis la
crise et la dévaluation.
v L'agriculture de seconde génération
depuis 2011 : Dernière étape de cette politique de
relance de la production vivrière au Cameroun, cette étape est
plus récente, et fut officiellement lancée en 2011 lors de la
tenue du comice agro-pastoral d'Ebolowa. Cette phase a pour objectif principal,
la transformation de l'agriculture traditionnelle camerounaise en une
agriculture moderne, à même de garantir à la fois
l'amélioration des conditions de vie des paysans et la rentrée
des devises.
5.2. Typologie des acteurs et leurs
stratégies
L'analyse du champ des acteurs au cours de notre recherche
nous a permis de distinguer quatre principaux types d'acteurs aux rôles
divers :
ü L'Etat
ü Les partenaires au développement
ü Les micro-finances
ü Les paysans (jardiniers)
5.2.1. Les pouvoirs publics et leur rôle dans le
développement de l'activité maraîchère dans
l'arrondissement de Dschang
Le rôle des pouvoirs publics dans le
développement de l'activité maraîchère dans
l'arrondissement de Dschang tient à deux principales
échelles : au niveau institutionnel et au niveau pratique.
An niveau institutionnel, comme nous l'avons
précisé précédemment, l'État a
contribué dans un premier temps à la mise sur pied d'une nouvelle
politique agricole axée sur la relance et la diversification de la
production vivrière et maraîchère.Il a ensuite
contribué à la mise en oeuvre des lois relatives aux
organisations paysannes et à la libéralisation du secteur
agricole, ce qui a donné un nouveau souffle à l'agriculture,
permettant ainsi aux paysans de renouer avec la production.
Au niveau essentiellement pratique, l'État joue
également un rôle majeur sur le terrain en matière de
relance des filières vivrière et maraîchère dans
l'arrondissement de Dschang. La multitude de projets en cours ou mis en place
à travers le MINADER (Annexe 5), tels que le PNVRA, dontactivités
sur le terrain portent sur :
ü Le suivi des microprojets
ü L'encadrement des organisations paysannes
ü L'organisation des séances de formation et
d'accompagnement des organisations paysannes dans le cadre de
l'appui-conseil
ü L'organisation des journées portes ouvertes
dédiées aux paysans
ü La formation d'AVZ
ü L'organisation des campagnes de luttes fongiques pour
les cultures maraîchères.
La réalisation de la feuille de route des projets
conduits par les pouvoirs publics par le biais du MINADER affiche un taux de
réalisation oscillant autour de 75
à100% au cours de l'année
2012(Rapport DDADER Dschang, 2012).
La contribution de l'État dans l'activité
maraîchère de l'arrondissement de Dschang est multiforme(Fig.
32).Les jardiniers appartenant à des organisations paysannes
bénéficient principalement de séances de formation et
d'encadrement, et parfois de financements des projets agricoles et de dons
d'intrants agricoles offerts par l'État. (Encadrés 1 et 2)
Encadré 1 : Entretien avec Mme
Tombet Marie-Claire, délégué de l'union des GIC de
l'arrondissement de Dschang.
Le MINADER aide matériellement et
financièrement les paysans de l'arrondissement. L'année
dernière par exemple, le MINADER a octroyé un don d'engrais aux
paysans de l'union des GIC de l'arrondissement. Ce don a été
partagé à tous les GIC enregistrés, y compris ceux
situés dans les zones rurales et enclavées comme Fotetsa,
Fongo-Ndeng et Fossong Wentcheng. On déplore cependant le fait qu'il
existe de nombreux GIC virtuels qui n'apparaissent que les jours de
fêtes ou à l'annonce de dons.
Encadré 2 : Entretien avec un
membre du GIC ADJEPAF (Association des jeunes agro-pasteurs de Fonakeukeu)
Nous recevons de l'aide financière et en services
du MINADER et du programme ACEFA. Avant, on était des producteurs mal
organisés. Mais aujourd'hui, notre production va croissante. La preuve,
en 2006, on a eu un bénéfice de 500 000FCFA pour la vente de
la tomate. On a également de nettes améliorations en ce qui
concerne l'entretien des pépinières, le repiquage et le
traitement phytosanitaires grâce aux AVZ qui nous apportent leur soutien.
Nos surfaces d'exploitation augmentent également. En 2006, on avait
5OOOm2 de tomates avec une production de 536 cageots. Aujourd'hui,
grâce aux crédits et aux aides, on a pu acquérir de
nouvelles parcelles. On a produit au cours de l'année 2011, 756 cageots
de tomate malgré les maladies qui ont attaqué nos
exploitations.
5.2.2. Les partenaires au développement
Les partenaires au développement ont également
contribué au développement agricole au Cameroun en
général et dans l'arrondissement de Dschang en particulier. L'un
des programmes phare financé par les partenaires au développement
à l'instar de l'Agence française de développement (AFD),
dans le cadre du D, est le programme ACEFA. Le programme ACEFA vise
l'amélioration des performances économiques des principales
filières agropastorales du Cameroun et l'augmentation des revenus des
producteurs agricoles. Il vise plus spécifiquement:
ü L'amélioration des capacités de la
gestion technico-économique des exploitants et de leurs
regroupements ;
ü Le renforcement des capacités de production et
la valorisation des produits agricoles par le cofinancement des projets
portés par les groupements de producteurs ;
ü L'amélioration de la gouvernance des
groupementset celui des services rendus par ces derniers aux exploitants
agricoles ;
ü Le renforcement de l'implication des organisations
professionnelles dans l'élaboration, la mise en oeuvre et le suivi des
politiques publiques agricoles territoriales et nationales.
Dans l'arrondissement de Dschang, les résultats du
programme ACEFA sont non moins importants. Plusieurs groupements de paysans ont
été suivi et appuyé, plusieurs projets ont
été réalisés et de multiples réunions et
séances de formations organisées. (Rapport DDADER
Dschang, 2012). L'encadré 2 présenté plus haut
montre la contribution du programme ACEFA dans l'encadrement et le financement
des projets de groupements de paysans, en particulier des maraîchers du
village Fonakeukeu.
5.2.3. La micro-finance au service de la production
maraîchère
Les institutions de micro-finance, en dépit de leur
développement accéléré dans l'arrondissement de
Dschang (environ une quinzaine), contribue très faiblement au
financement agricole notamment à la culture de la tomate. L'essentiel de
leur financement est tourné vers le commerce. (Bouyo K N, 2008).
Toutefois, il faut remarquer que la micro-finance contribue
également au développement de la culture de la tomate dans cet
espace. (Tableau9). Une très faible proportion de jardiniers a eu
accès aux crédits provenant des micro-finances pour le
démarrage de leur activité. Il s'agit essentiellement des hommes.
On s'aperçoit que les femmes rurales (pratiquant l'agriculture) sont
exclues du système de financement par la micro-finance dans cet
arrondissement.
5.2.4. Les
paysans
Le développement de la culture de la tomate dans
l'arrondissement de Dschang repose sur la mise en oeuvre d'une pléthore
de stratégies émanant des paysans.
5.2.4.1. Le
développement d'un nouvel esprit associatif : les GIC
L'une des formidables formes d'adaptations aux multiples
mutations dans l'Ouest Camerounest le développement de GICqui fait suite
au décret autorisant la création des organisations paysannes. Il
s'agit là des « organisations à caractère
économique et social des personnes physiques volontaires, ayant des
intérêts communs et réalisant à travers le groupe
des activités communes »21(*). Ce sont là de nouveaux organismes
paysans d'encadrement de faible importance. En effet, le développement
des GIC va accentuer l'esprit d'entraide et le travail communautaire. Ainsi,
dans la pratique, les tâches des GIC sont aussi variées que leurs
objectifs. Les paysans faisant partie d'un GIC se relayent par exemple dans la
création des parcelles, dans le labour, le repiquage, les
récoltes et le transport.En bref, dans tous les travaux qui entourent la
production et la commercialisation des différentes spéculations.
De plus, ces structures traditionnelles jouent un rôle d'encadrement non
moins important auprès de la communauté des paysans. C'est ainsi
qu'ils sont considérés comme « des
véritables écoles de formation des
paysans » (Elong J. G., 2005).En plus de
cet effort communautaire, il faut noter que ces GIC reçoivent de l'aide
multiforme venant de l'État. Cette aide allouée aux GIC peut
être soit des dons de matériels agricoles, des semences
améliorées, ou encore l'encadrement des paysans aux nouvelles
pratiques et techniques. (Fig.32.) On voit s'aperçoit que
35,29% des jardiniers enquêtés sont membres d'un
GIC. Toutefois, on remarque une prédominance de l'individualisme chez
les jardiniers car jusqu'à 64,70% de jardiniers ne
sont pas membres d'un GIC (Fig. 31). Cette situation s'explique par deux
éléments : d'abord une bonne partie des jardiniers
enquêtés a affirmé ne pas avoir les informations
nécessaires sur la procédure de création des GIC ;
ensuite,d'autresont justifié leur non adhésion aux GIC par le
fait qu'ils se sentent plus à l'aise lorsqu'ils pratiquent leur
activité de façon individuelle.
Figure 31 : Appartenance
aux GICs
Source : Enquête de terrain, janvier
2013
Figure 32: Nature de l'aide de l'État aux
GIC
5.2.4.2. Mode d'acquisition
des parcelles L'importance monétaire de la culture de la tomate
a favorisé la mise en place d'une nouvelle forme d'économie
rurale. Cette dernière étant fondée en grande partie sur
la location des parcelles de cultures. Le rendement financier de cette
spéculation a en effet induit une augmentation considérable de
demande en terres. Les terres, qui jadis étaient dans la région
des propriétés familiales et donc se transmettaient par le biais
de l'héritage, connaissent un tout autre sort. La masse
considérable de néo-maraîchers, qui sont jeunes pour la
plupart, combinés au produit des migrations (migrants de retour) et au
poids démographique, entraine une rareté de terres pour la
pratique du maraîchage. La conséquence immédiate est le
développement de la location et de l'achat de parcelles comme modes
d'accès à la terre pour la pratique de la culture de la
tomate.(Fig.33)
Source : Enquête de terrain, janvier
2013
Figure 33: Modes d'accès à la
terre
La figure 33 montre le
mode d'accès à la terre de la population enquêtée.
Il ressort de ce graphique que 43,13% de la population
pratiquant la culture de la tomate la pratique sur une propriété
qu'elle loue. Il faut également préciser que la location des
terres varie considérablement en fonction qu'on se trouve en zone rurale
ou en zone périurbaine. De ce fait, on a constaté que celle-ci
était très développée dans les espaces
périurbains à l`instar de Tsoutsang ou encore de
Titia et Siteu, tous situés dans le
groupement Foto. Contrairement au groupement Fotetsa, espace essentiellement
rural où la location de la terre n'est pas encore répandue. Le
second constat est que cette location varie également de la zone rurale
à la zone périurbaine de la ville de Dschang. Pendant que les
parcelles en zones rurales se louent soit en nature (partie des
récoltes) soit suivant des montants variant entre 5000
FCFA et 15 000FCFA par campagne agricole, la
location en zone périurbaine est essentiellement monétaire et les
prix varient selon la localisation (bas-fonds, bas de versant, versant) et
selon la saison et peuvent atteindre la fourchette de 80 000
FCFA à90 000 FCFApar saison agricole
suivant la taille de la parcelle. (Kounchou, 2008).La valeur
des bas-fonds a considérablement accru. Ils constituent des espaces
très prisés du fait de leur facilité de mise en culture,
de ses sols hydromorphes et surtout de la disponibilité en eau,
véritable pilier de la culture de la tomate. L'irruption des
néo-maraîchers disposant d'un capital financier important a
favorisé la multiplication de l'achat comme mode d'accès aux
parcelles de cultures. De ce fait, 13,72 % des jardiniers ont
accédé à la terre par achat. Ce mode d'accès
à la terre témoigne du développement d'une
véritable économie rurale fondée sur l'investissement.
5.2.4.3. Modes de financement de
l'activité
La provenance des moyens financiers
nécessaires au démarrage de l'activité varie d'un
jardinier à l'autre. Néanmoins, la synthèse des
réponses nous a permise de constater que le mode de financement dominant
chez les jardiniers demeure l'épargne personnelle.
40,2% des jardiniers affirment que l'argent indispensable pour se
lancer dans la culture de la tomate est un apport personnel. La famille
constitue également pour 9,8% des jardiniers, un
créancier non négligeable. Le prêt et les tontines (marque
de fabrique de la population de l'Ouest) y sont également
utilisés comme moyens de financement de l'activité avec
respectivement 5,9% et 36,3%.La micro-finance
qui est quand même développée dans l'arrondissement (une
quinzaine d'établissements de micro-finance) constitue une très
faible source de financement de jardiniers. On se rend bien à
l'évidence que l'entraide (familiale, par les tontines ou par les
prêts chez des particuliers) et l'épargne personnelle constituent
à 93,2% les modes de financements des projets
agricoles. Démontrant ainsi ce que Dongmo a
appelé en 1981 « le dynamisme
bamiléké ». Il convient toutefois derappeler au
regard du tableau9que le financement par la micro-finance n'est pas l'apanage
des femmes. Cette situation permet d'établir une corrélation
entre le niveau d'étude et l'accès au financement
parlamicro-finance. On a donc pu constater dans cette population de jardiniers
que les femmes sont moins instruites que les hommes, raison pour laquelle elles
n'ont véritablement pas accès au financement de la micro-finance.
Outre les garanties exigées pour obtenir un prêt, le manque de
confiance des institutions de micro-finance vis-à-vis des femmes rurales
et les taux de remboursement élevés ne permettent pas massivement
aux femmes d'avoir des microcrédits. (Fokam, 2003 ; Djamen,
2005 ; Bouyo, 2005). De plus, on a constaté que la
proportion des jardiniers qui utilise la micro-finance comme mode de
financement de leur activitéa soit un niveau supérieur, soit un
niveau secondaire dans une moindre mesure.
Tableau 9: Provenance des fonds pour le financement de
l'activité
36
21
8
6
6
77
35, 3%
20, 6%
7, 8%
5, 9%
5, 9%
75, 5%
5
16
4
25
4, 9%
15, 7%
0
0
3, 9%
24, 5%
41
37
8
6
10
102
40, 2%
36, 3%
7, 8%
5, 9%
9, 8%
100, 0%
Effectif
Effectif
Effectif
Homme
Femme
Sexe
Total
Épargne
Personnelle
Tontines
Micro-fina
nces
Prêt
Apport familial
Provenance du capital pour
l'investissement
Total
Source : Enquête de terrain,
janvier 2013
5.2.4.4. Techniques de
production
a) Techniques de
culture
La culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang ne
déroge pas à la règle en ce qui concerne les techniques de
production. L'outillage est cependant toujours rudimentaire, nécessitant
ainsi d'importantes capacités physiques pour mettre en culture des
parcelles de tomates. Face à ce défi de taille, certains
jardiniers, dont les exploitations sont vastes, font usage d'une main d'oeuvre
non pas familiale mais employée. Cette main d'oeuvre employée
pour la plupart du temps pour des tâches ponctuelles (défrichage
des parcelles, labour repiquage, désherbage, récoltes,
transport), est payée en fonction du service rendu. Le recours à
ces employés saisonniers permet aux grands maraîchers de
multiplier les cycles de production au cours de l'année.
De ce fait, ces maraîchers pratiquent parfois
jusqu'à 5 cycles de production l'année, contrairement aux petits
jardiniers qui n'en font que 2 parce qu'ils n'ont pas de main d'oeuvre à
leur disposition. Le tableau 11présente le calendrier agricole de la
tomate cultivée en 2 cycles et en 5 cycles par an. Le tableau 10montre
quant à lui le nombre de récoltes annuelles par groupement. Il
ressort de ce dernier que 86,28% des jardiniers
récoltent au moins 3 fois l'an et, par conséquent, ont au moins 3
cycles de cultures l'année. Le reste, c'est-a-dire
13,72%,a 2 cycles de cultures par an.
26,47% des jardiniers pratiquent plus de 3
cycles de cultures de la tomate par an. Cette proportion qu'on qualifie de
grands jardiniers, se trouve principalement dans les groupements Foto et
Foréké-Dschang. La proximité par rapport aux
marchés d'écoulement expliquerait cette situation. Cette remarque
confirme de surcroît la théorie de la diffusion de l'innovation
d'Hagesrtrand, selon laquelle plus on est proche de l'innovation, plus on
l'adopte rapidement.
Tableau 10:Nombre de récoltes annuelles par
groupement
19
20
39
9
37
7
53
5
5
10
14
61
27
102
Foréké Dschang
Foto
Fotetsa
Groupement
Total
2 fois
3 fois
+ 3 fois
Nombre de récoltes par an
Total
Source : Enquête de terrain, janvier 2013
Tableau 11: Calendrier agricole de la culture de la
tomate dans le groupement Foto
Spéculation
|
Tomate en 2 campagne/an
|
Tomate en + de 2 campagnes/an
|
Janvier
|
|
Germination + Labour de la 1ère campagne
|
Repiquage 1ère campagne
|
Entretien plantes 1 ère campagne
|
Février
|
|
Germination + labour 2e campagne + entretien plantes
1ère campagne
|
Germination + Labour 1ère campagne
|
Repiquage + entretien plantes 1ère et 2
e campagne
|
Entretien plantes 1ère et 2e
campagne
|
Mars
|
Entretien plantes 1ère et 2e
campagne + repiquage 3e campagne
|
Repiquage
|
Entretien plantes 3e campagne
|
Avril
|
Germination + Labour 1ère campagne
|
Récolte 1ère campagne + entretien
2e et 3e campagne
|
Mai
|
Repiquage 4e campagne + récolte 2e
campagne et entretien plantes 3e campagne
|
Juin
|
Entretien plantes 3e et 4e campagne
|
Récolte 1ère campagne
|
Juillet
|
|
Entretien plantes 3e et 4e campagne
|
Août
|
Germination + Labour 2e campagne
|
Récolte 3e campagne et entretien plantes
4e campagne et repiquage 5e campagne
|
Septembre
|
Repiquage
|
Récolte 4e campagne et entretien plantes
5e campagne
|
Sarclage et entretien des plantes
|
Octobre
|
Entretien des plantes 5e campagne
|
Novembre
|
Entretien des plantes 5e campagne
|
Décembre
|
Récolte de la 5e campagne
|
2e récolte
|
Source : Kounchou, 2008 et enquête de
terrain, janvier 2013
b) Spécialisation
agricole de plus en plus croissante
La spécialisation constitue également une
innovation majeure des jardiniers dans l'arrondissement. Contrairement à
la polyculture habituellement pratiquée, les jardiniers se sont
orientés vers une monoculture spécialisée. Celle-ci est
pratiquée en grande partie par les exploitants regroupés au sein
des GIC à l'instar du GIC APOL (agriculteurs et
porciculteurs de Letagli) ou du GICADJEPAF (Association pour
le développement des jeunes agro-pasteurs de Fonakeukeu). Cette
monoculture intensive assure en effet aux jardiniers une augmentation
substantielle des revenus monétaires, d'autant plus que la demande des
villes en tomates est de plus en plus importante.
Sur cette planche photographique, on observe des champs de
monoculture intensive de tomates. Sur l'image A, on a un champ
de tomate en monoculture dans le village Fonakeukeu. Sur l'image
B, on voit plusieurs parcelles de monoculture de tomates dans
les bas-fonds des villages Titia, derrière la chefferie de Foto. Il
ressort donc de ces images que les jardiniers ont choisi la
spécialisation pour répondre à une double exigence :
d'abord, augmenter les rendements afin de faire des bénéfices
substantiels, ensuite, satisfaire la demande dans les marchés.
B
A
Clichés Fofack Mujia, janvier
2013
Planche Photo
1:Monoculture intensive dans le groupement Foto
c) Utilisation croissante
des engrais et des produits phytosanitaires
Face à la rentabilité financière de la
tomate dans l'arrondissement, les jardiniers ont eu recours à des
techniques modernes de fertilisation afin de maximiser la production par
unité de surface. De ce fait, les engrais chimiques ont rapidement
substitué les fientes de poules et la fumure animale. Néanmoins,
leurs prix ne permettent pas aux petits exploitants de se procurer des
quantités importantes. Contrairement aux fientes de poules
utilisées comme fertilisants, qui coûtent moins chers (2000
FCFA/sac), en fonction de la qualité, les engrais chimiques sont
très onéreux, en particulier pour les petits exploitants. (Annexe
9). Les engrais chimiques communément utilisés par les jardiniers
sont : l'urée (46% N), le NH3 et les N P K
(20-10-10 ; 10-6-20 ; 24-12-12).
En ce qui concerne les produits phytosanitaires, la
prolifération des attaques cryptogamiques et d'autres insectes nuisibles
surtout en saison des pluiesa accentué leur utilisation. Toutefois, la
volatilité du coût de ces derniers au fil des années, ne
permet pas à tous les jardiniers de les utiliser.
Tableau 12: Utilisation d'engrais
44
102
43
47
6
96
1
1
4
6
48
10
Oui
Non
Utilisation des
engrais
Total
Foréké
Dschang
Foto
Fotetsa
Groupement
Total
Source : Enquête de terrain, janvier
2013
On s'aperçoit au regard du tableau 12que l'utilisation
des engrais est une condition sine qua non pour une productivité
acceptable. C'est pour cela que presque tous les jardiniers en utilisent,
indépendamment du type. L'utilisation des engrais est pratiquée
par 94,11% des jardiniers.Preuve que l'engrais organique
(fientes de poules) est moins utilisé par ces derniers. (Annexe 12).Les
quantités utilisées sont de ce fait importantes (Fig.34). Cela se
justifie par l'importance de la demande et le souci de faire des
bénéfices. En effet, la pratique de cette culture est aujourd'hui
motivée par la facilité de sa commercialisation et la
prépondérance des gains monétaires qu'elle procure aux
jardiniers.
Source : Enquête de terrain, janvier
2013
Figure 34: Quantité d'engrais utilisés
par les jardiniers
d) Techniques
d'irrigation
La disponibilité de l'eau reste et demeure une
condition fondamentale au développement de l'activité
maraîchère. Avec la croissance démographique de la
région de l'Ouest et en particulier de l'arrondissement de Dschang, le
problème de rareté des bas-fonds a commencé à se
poser avec acuité. Compte tenu de la rentabilité
financière avérée de la tomate, plusieurs
stratégies innovatrices ont été développées
aussi bien pour la conquête des terres que pour l'irrigation, afin
d'augmenter la production de la tomate et par là les gains
monétaires.
En ce qui concerne la localisation des exploitations de
tomates, certes les bas-fonds constituent la zone de prédilection de
l'extension du maraîchage, cependant, du fait de son extrême
rareté et du coût élevé de sa location dans la zone
périurbaine de la ville de Dschang, il s'est développé une
diffusion de l'activité maraîchère sur les pentes abruptes
de versants (Photo 2 P.54.) ou encore en bas de versant
(Photo A P.80).Cette diffusion du maraîchage sur les
pentes de versant témoigne de l'abandon des cultures annuelles pour les
pluriannuelles,à l'instar de la culture de la tomate, dont l'importance
est aujourd'hui vitale pour l'agriculture de l'arrondissement. Le graphique 35
montre la prépondérance des bas-fonds comme lieu de localisation
des exploitations de tomates. Néanmoins, il met également en
exergue le pourcentage non moins important de la zone de bas de versant
(27%) comme lieu de localisation de jardins. De plus, on peut aussi
voir que, suivant un regard par groupement, seuls les groupements
Foréké-Dschang et Foto présentent des jardiniers ayant des
exploitations soit en bas de versant, soit sur les pentes abruptes de versant.
Ce constat met en évidence deux postulats : d'abord la
proximité par rapport aux marchés d'écoulement justifie la
conquête des versants pour la pratique de la culture de la tomate dans
ces deux groupements. Ensuite, cette proximité est congruente avec
l'adoption de l'innovation. En d'autres termes, plus on est proche de
l'innovation, plus on est susceptible de l'adopter rapidement comme le
précise la théorie de Hägerstrand.
Source : Enquête de terrain, janvier
2013
Figure 35: Localisation des jardins
La figure 36 qui suit nous montre Spatialisation des types de
jardins de tomate dans l'arrondissement de Dschang, on s'aperçoit que
les zones de culture de la tomate dans l'arrondissement sont essentiellement
rurales ; Néanmoins, il s'est également
développé autour de la ville de Dschang, de nombreuses zones
périurbaines de culture de cette spéculation en particulier dans
les groupements Foréké et Foto.
Figure 36 : Spatialisation des types de
jardins de tomate dans l'arrondissement de Dschang
Avec la conquête progressive des versants pour la
pratique de la culture de la tomate, le problème de disponibilité
de l'eau s'est également posé. Pour résorber cette
situation, les jardiniers ont développés des méthodes
d'irrigation, faisant ainsi preuve d'ingéniosité.
· Irrigation par gravité
C'est un procédé mis en place par les
jardiniers, qui consiste, lorsque la parcelle est située à
côté d'un cours d'eau, à dévier tout le cours d'eau
ou une fraction de celui-ci à l'aide d'amas de sacs remplis de terre,
pour entrainer l'eau dans la parcelle par simple gravité.(Image
A et B de la planche photo 2 P.86)L'eau sillonne alors les
allées tracées à cet effet dans la parcelle et assure
ainsi sa disponibilité permanente pour l'arrosage de la parcelle.
L'avantage de ce système d'irrigation est son coût financier
presque inexistant ou dérisoire. Ce système d'irrigation est
très souvent utilisé par les maraîchers qui ne disposent
pas d'assez de moyens financiers.
· Irrigation par aspersion
Celle-ci consiste à prélever l'eau d'une
rivière ou d'un puits à proximité de la parcelle et
d'asperger directement les plantes. Cette aspersion se fait au moyen
d'arrosoirs et de sceaux. Parfois, certains utilisent des tuyaux en PCV de
grand diamètre comme matériel de base. D'autres jardiniers, en
particulier les grands jardiniers ou encore les jardiniers membres de GIC, ont
recours aux motopompes afin de faciliter l'irrigation.
Barrage en sacs remplis de terre
Sur cette planche photo, l'image A met en
relief le barrage de déviation qui a été construit en
amont d'un cours d'eau. L'image B présente le sens
d'écoulement de l'eau entre les allées de la parcelle. Ces deux
images représentent un système d'irrigation par gravité
d'une parcelle située sur un versant dans le village Fonakeukeu. L'image
C quant à elle présente un système
d'irrigation dans les bas-fonds du village Titia. La conquête de l'eau
est un défi majeur pour le démarrage du maraîchage.
C
A
B
Clichés Fofack Mujia, février 2013
Planche Photo 2: Irrigation
par gravité
Figure 37: Répartition des
villages enquêtés selon l'intensité de
production
La figure 37met en évidence
la répartition des villages enquêtés suivant le
critère intensité de production de la tomate. Il en ressort que
ces derniers se regroupent en trois ensembles :
· Les zones de faible production qui comprennent les
villages : Fotetsa et Lap
· Les zones de moyenne production au rang desquelles on
retrouve les villages : Atotchi, Letagli, Tsoutsang et
Titia
· Les zones de forte production que sont :
Banki, Siteu, Mbilé, Fonakeukeu et Litieu.
Ces zones de moyenne et de forte production qui sont pour la
plupart des zones rurales et périurbaines sont de plus en plus
prisées par les jardiniers dans la mesure la zone urbaine ne dispose
plus d'assez d'espaces pour l'extension du maraîchage et de la culture de
la tomate en particulier.
5.3. Conséquences du développement de la
culture de la tomate
Les retombées du
développement de la culture de la tomate dans l'arrondissement de
Dschang s'observent à plusieurs niveaux :
5.3.1. La production de la tomate à la
hausse
La hausse de la production de la tomate dans l'arrondissement
de Dschang est une conséquence de son développement. Au niveau
paysan, le constat est le même : l'augmentation de la production
(Tableau 13). 61,76% des jardiniers affirment en effet que
depuis 5 à 10 ans, leur production ne cessede croître. Ceci
à la faveur d'une augmentation conséquente de la taille des
parcelles, car au cours de la même période,
69,60% des jardiniers affirment que leur parcelle a
augmenté (Tableau 14). Ce qui justifie d'un premier point de vue
l'augmentation de la production. De plus,l'intensification de la culture de la
tomate(Fig.36) et l'augmentation du nombre de jardiniers dans l'arrondissement
(Fig. 41) justifient également d'un second avis, la tendance à la
hausse de la production au niveau des paysans et au niveau de l'arrondissement
tout entier.
Tableau 13: Comportement de la production des
jardiniers depuis 5 à 10 ans
10
6
23
39
10
6
37
53
1
6
3
10
21
18
63
102
Foréké Dschang
Foto
Fotetsa
Groupement
Total
Décroissante
Statique
Croissante
Comportement de la production
depuis 5 à 10 ans
Total
Source : Enquêté de terrain,
janvier 2013
Tableau 14: Comportement des parcelles des jardins
depuis 5 à 10 ans
29
10
39
38
15
53
4
6
10
71
31
102
Foréké Dschang
Foto
Fotetsa
Groupement
Total
Oui
Non
Augmentation de la parcelle
depuis 5 à 10 ans
Total
Source : Enquête de terrain, janvier
2013
5.3.2. Une activité
qui nourrit son homme
L'autre conséquence du développement de la
culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang est l'augmentation des
revenus des pratiquants. En effet, la majorité des jardiniers affirment
« trouver leur compte » dans cette
spéculation, qui ne cesse de prendre de l'importance dans le paysage des
productions vivrières et maraîchères. De plus,
l'augmentation de la production est justifiée par les paysans, par le
désir « de faire beaucoup de
bénéfices ». (Tableau 15)La
culture de la tomate est aujourd'hui une source de revenus certaine pour les
paysans de l'arrondissement de Dschang, compte tenu de la croissance de la
demande qui ne cesse d'évoluer(que ce soit à l'extérieur
ou pour le consommation à l'intérieur du pays).
Tableau 15: Raisons de l'augmentation de la
production
3
6
20
14
29
6
3
17
1
2
1
32, 35
11, 76
24, 50
31, 37
Foréké Dschang
Foto
Fotetsa
Groupement
Pourcentage (%)
Demande
croissante
Ça rapporte
assez
On veut faire
Beaucoup de
Benefices
Raisons de l'augmentation de la
production
Sans
réponses
Source : Enquête de terrain, janvier
2013
5.3.3. Le
développement du salariat agricole
Le développement du salariat agricole est
également une cause importante et inhérente à la
vulgarisation de la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang.
Suite à l'intensification de la culture de la tomate dans cet espace,
surtout la multiplication des cycles de cultures par an, le salariat agricole a
pris son essor. Ainsi, plusieurs jardiniers affirment avoir recours de
manière périodique aux services des employés pour diverses
tâches : défrichage, labour, repiquage, récoltes et
transport. Le recours à la main d'oeuvre monnayée est l'apanage
des grands jardiniers aux multiples et grandes parcelles d'exploitation. Pour
le reste de jardiniers, la main d'oeuvre familiale est souvent utilisée.
Le tableau 16 montre la taille et l'origine de la main d'oeuvre. Il en ressort
que plus la taille de la parcelle est grande, plus les jardiniers ont recours
aux salariés saisonniers ou aux tâcherons. Autrement dit, lorsque
le jardin est = 1000 m2, la main d'oeuvre est soit
familiale, soit le jardinier travaille seul. Nonobstant, lorsque la parcelle
est comprise entre1000m2 - 2 000m2,
certains jardiniers commencent à avoir recours à la main d'oeuvre
salariée. Une fois que la parcelle est> à
2000m2, le recours à la main d'oeuvre
salariée devient un préalable.
Tableau 16: Taille des parcelles et origine de la main
d'oeuvre
11
25
36
21
11
13
45
13
1
14
7
7
32
31
39
102
0-1000m2
1000-2000m2
2000-3000m2
3000-4000m2
Taille de la
parcelle
Total
Familiale
Employée
Travaille
seul
Origine de la main
d'oeuvre
Total
Source : Enquête de terrain, janvier
2013
5.4. Le développement et la vulgarisation de la
culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang : une
activité économiquement durable.
La culture de la tomate de Dschang apparaît comme une
activité économiquement durable dans le temps en termes de
génération des revenus et d'amélioration de la
santé socio-économique des jardiniers pour plusieurs raisons. De
prime abord cet espace a été longtemps dominé par
l'économie caféière, qui fut largement dépendante
et tributaire des multiples exigences internationales à l'instar des
variations des cours du pétrole, des variations des prix et des stocks
dans les bourses de valeur, des variations de la demande des principaux
exportateurs, etc. Cette situation a contribué a fragilisé
l'économie du café. La culture de la tomate, qui a
émergé dans ce contexte, se trouve être une activité
génératrice de revenus importante dans la mesure où elle a
induit une amélioration de la santé socio-économique des
pratiquants et crée des possibilités d'emploi dans le secteur
agricole. (À l'exemple du développement du salariat agricole ou
de la multiplication des exploitations de tomate, etc.). Cette activité
est à juste titre une activité économiquement
durabled'abord parce qu'elle n'est pas en grande partie tributaire des
influences extérieures, mais aussi parce qu'elle est à même
de garantir sur le long terme aussi bien la rentabilité
financière au niveau des producteurs( jardiniers) qu'au niveau de la
rentrée des devises à l'échelle nationale.
En outre compte tenu de l'augmentation de la demande nationale
dûe à l'explosion démographique, et de celle
internationale, de l'organisation de son marché ; cette
activité, prépondérante parmi les spéculations
maraîchères, pourrait à coups sûrs substituer
à moyen et long termes, l'économie caféière dans
cet ancien berceau du développement du café.
De plus la politique de l'Etat en faveur de la relance de la
production maraîchère et vivrière en vigueur depuis la
décennie 90, induira à long terme, la pérennisation de la
culture de la tomate, tant on sait l'importance socio-économique dont
elle revêt pour les jardiniers et également pour l'Etat en termes
d'amélioration de la micro-économie familiale et de la
rentrée des dévises.
5.5. Les
problèmes de la culture de la tomate dans l'arrondissement de
Dschang
La culture de la tomate dans cet arrondissement connait
aujourd'hui un essor prépondérant aussi bien en termes de
productivité qu'en termes d'apport financier. Toutefois, elle fait face
à une multitude de difficultés d'ordres divers. Le graphique 38
présente la nature des problèmes auxquels les jardiniers de
l'arrondissement font face dans la pratique de leur activité.
Source : Enquête de terrain,
février 2013
Figure 38 :Nature des problèmes des
jardiniers
5.5.1. Les
difficultés d'accès au financement
L'accès au financement constitue dans la pratique, le
problème majeur auxquels les jardiniers de l'arrondissement de Dschang
font face. L'apport personnel, les tontines et l'entraide se sont
révélés être les moyens essentiels de financement de
la culture de la tomate. Néanmoins, la micro-finance, dont le rôle
est de participer au développement, malgré son nombre
élevé dans l'arrondissement (environ 15 établissements de
micro-finance), a un rôle beaucoup plus mitigé. La majorité
des crédits accordés le sont à des particuliers
exerçants dans les secteurs non agricoles. Quelques rares jardiniers ont
affirmé avoir bénéficié des crédits venant
de la micro-finance.Cette situation limite dans bien de cas les investissements
dans le secteur maraîcher en particulier la culture de la tomate.
5.5.2. Les
difficultés d'accès aux intrants
L'accès aux intrants constitue également dans la
pratique une difficulté majeure qui freine le plein développement
de la culture de la tomate dans l'arrondissement. Les prix des intrants au fil
des années n'ont cessé de croître. Cette situation affecte
considérablement les petits producteurs. La figure 39 nous montre
l'évolution du prix de l'un des engrais très prisés chez
les jardiniers en l'occurrence leNPK 20-10-10. On se rend
compte qu'entre 1970 et 2012,son prix a été multiplié par
plus de 28 fois, passant ainsi de 830 FCFA à
18 500FCFA. Le constat est le même pour les autres engrais,
les semences et les produits phytosanitaires. (Annexe 9, 10, 11)
Source: DDADER Dschang, 2012
Figure 39: Évolution du prix de l'engrais NPK
20-10-10 entre 1970 et 2012
5.5.3. Les maladies
Les maladies cryptogamiques et bactériennes constituent
une menace sérieuse pour les jardiniers de l'arrondissement. Celles-ci
détruisent parfois les récoltes, en particulier celles des
jardiniers qui n'utilisent pas les produits phytosanitaires. Les attaques
cryptogamiques et particulièrement de mildiou22(*) ont été
sévères dans le groupement Fotetsa au cours de l'année
2012.(Rapport DDADER Dschang, 2012)D'autres maladies affectent
généralement les exploitations de tomates dans l'arrondissement
de Dschang. (Annexe 14) On a entre autres : la moisissure des feuilles, la
virose, la nécrose apicale, le flétrissement bactérien, etc.
B
A
A
B
C
Clichés Fofack Mujia, février 2013
et www.gerbeaud.com
Planche Photo 3 :
Maladies de la tomate
Sur cette plante photo, on a un aperçu de quelques
maladies qui constituent un casse-tête pour les jardiniers de
l'arrondissement. Sur les images A et B on
aperçoit des attaques de Mildiou. Sur la photoC,on
aperçoit un dessèchement des jeunes plants : Le plant A a
des feuilles blanches par rapport au plant B. Ceci est parfois dû au
changement de produits phytosanitaires.
5.5.4. Le problème
climatique
Le climat de l'arrondissement de Dschang, du fait de sa
variabilité interannuelle (Annexe 7), affecte parfois
négativement la production de la tomate dans l'arrondissement. Une
proportion non négligeable de jardiniers a affirmé que le climat
les affecte parfois négativement dans leur activité.
5.5.5. Les
difficultés de transport
Le transport des récoltes constitue un casse-tête
pour bon nombre de producteurs. C'est le cas des producteurs des villages
Banki, Atotchi, Létagli, Fonakeukeu et Fotetsa, qui affirment
majoritairement que « durant la saison des pluies, les
routes ne sont plus très pratiquables, cela fait donc augmenter le prix
du transport des cageots vers la ville de Dschang ». Le
transport s'effectue donc parfois par des motos ; ce qui rend le tarif de
transport excessivement cher. Entrainant dans sa dynamique, une majoration des
prix de vente des cageots qui atteignent parfois le seuil de 11 000 FCFA
durant les périodes de pénuries.
5.5.6. La
rareté des terres
Résultant de l'intensification de l'activité
maraîchère et en particulier de la culture de la tomate dans
l'arrondissement de Dschang, le problème de terres à mettre en
valeur se pose également. Ce dernier est encore plus présent dans
la zone périurbaine de Dschang à cause de l'importance des
migrations et donc l'augmentation des jardiniers,notamment les jeunes.
5.5.7. Le problème
d'eau
Le problème d'eau se pose également. Avec la mise
en oeuvre de multiples procédés d'irrigations en amont, certaines
zones de l'aval ont des difficultés à avoir de l'eau pour
l'arrosage. Ceci est plus fréquent au cours des saisons sèche.
Le développement de la culture de la tomate dans
l'arrondissement de Dschang tient à la combinaison, mieux
encore,à la synergie d'actions de multiples acteurs à l'instar
des pouvoirs publics, des partenaires au développement, d'organismes
financiers mais surtout des jardiniers dont les stratégies non moins
innovantes ont produit des résultats appréciables. La tomate,
dont la production ne cesse de croître dans l'arrondissement,a
propulsé le département de la Menoua au rang de 2e
bassin de production de la tomate de l'Ouest en 201023(*), derrière le Noun avec
26829 tonnes,faisant de lui le 5e bassin de production
nationaleaprès le Noun, le Mbam-et-Kim, la Lékié et le
Mbam-et-Inoubou. Au-delà de cette augmentation de la production, le
développement de la culture de la tomate a induit des
conséquences sociales (développement du salariat agricole,
amélioration des revenus et des conditions de vies des jardiniers) non
moins importantes. Cependant, cette activité maraîchère est
sujette à de nombreux problèmes parmi lesquels le financement, le
caractère onéreux et la volatilité des prix des intrants,
le problème des routes, les maladies des plantes, etc.Ces
problèmes sont de véritables freins pour cette culture
génératrice de revenus. Toutefois, la culture de la tomate dans
l'arrondissement de Dschang est devenue aujourd'hui une activité qui
assure des revenus substantiels à ses pratiquants et qui offre une
nouvelle chance aux anciens caféiculteurs et aux chômeurs.
DÉVELOPPEMENT ET VULGARISATION DE LA CULTURE DE LA
TOMATEDANS L'ARRONDISSEMENT DE DSCHANG
Fondements du développement de la culture de la tomate
DANS L4ARRONDISSEMENT DE dSCHANG
v La politique gouvernementale de relance de la production
vivrière au Cameroun
v Le souci d'amélioration des conditions de vie des
populations
Les pouvoirs publics
Les partenaires au développement
La micro-finance
Les paysans
· Formation
· Encadrement des organisations paysannes
· Financement des projets agricoles
· Formation des producteurs
· Financement
· Fournitures des intrants
· Encadrement
· Financement des micro-projets agricoles
· Développement d'un nouvel esprit
associatif
· Utilisation croissante des engrais et des produits
phytosanitaires
· Spécialisation agricole de plus en plus
croissante
· Innovation agricole
Production de la tomate à la hausse
Amélioration des conditions socio-économiques
homme
· Les difficultés d'accès au financement
· Le problème d'eau
· Les maladies
· Le problème climatique
· Les difficultés de transport
· La rareté des terres
· Les difficultés d'accès aux intrants
Développement du salariat agricole
Entrainé la diversification des acteurs tels que :
Ont conduit
Figure 40 :
Schéma synoptique du chapitre V
CHAPITRE
VI :
VÉRIFICATIONS DES HYPOTHÈSES, CRITIQUE
DES RÉSULTATS ET SUGGESTIONS
Il sera question dans ce chapitre de s'attarder sur la
vérification des hypothèses de recherche formulées plus
haut. Par ailleurs, nous procéderons à une critique des
résultats obtenus au terme de cette recherche eu égard aux
données collectées, à la méthodologie
déployée, à l'analyse effectuée et aux multiples
difficultés qui ont émaillé le déroulement du
présent travail. Nous achèverons ce chapitre par la formulation
des recommandations inhérentes à notre étude.
6.1. Vérification des hypothèses
6.1.1. Vérification
de la première hypothèse : la crise économique de la
fin des années 1980, une dépression aux multiples
conséquences socio-économiques et spatialesdans l'arrondissement
de Dschang
Au terme de cette étude et compte tenu de la
première hypothèse formulée, les conclusions obtenues font
état du rôle de la crise économique sur le
développement de la culture de la tomate dans l'arrondissement de
Dschang. Débutée au Cameroun en 1987, elle a entrainé de
multiples conséquences sur les plans social, économique et
spatial.
Sur le plan socio-économique, elle a
entraîné une perte des emplois, une baisse drastique du niveau de
vie consécutive à la baisse des prix du principal produit
commercialisé (café arabica), un bouleversement des rôles
dans les ménages et une masculinisation progressive de l'activité
maraîchère en particulier de la culture de la tomate.
Sur le plan spatial, cette dépression a eu pour
conséquence la reconversion efficace et
quasi-généralisée des paysans vers l'activité
maraîchère, en particulier vers la culture de la tomate. De plus,
elle a induit des recompositions socio-spatiales considérables du
paysage socio-économique de l'arrondissement. Face aux multiples
conséquences induites par la crise économique, un souci majeur
s'est posé aux agriculteurs, celui de trouver d'autres sources de revenu
en dehors de la caféiculture. Cette situation a donc favorisé
l'émergence de la culture de la tomate dans l'arrondissement.
6.1.2. Vérification
de la deuxième hypothèse : Plusieurs facteurs
physico-humains au centre de l'émergence de la culture de la tomate dans
l'arrondissement de Dschang
Avec la crise et ses multiples corollaires
socio-économiques et spatiaux, une pléthore de facteurs à
la fois physiques et humains vont contribuer à l'émergence de la
culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang.
Sur le plan physique, nous avons constaté que le milieu
physique de l'arrondissement de Dschang, de part la pluralité et la
variété de ses sols (volcaniques, hydromorphes, argilo-sableux,
etc.), ainsi que la générosité de son climat (frais et
pluvieux), s'est avéré très propice à la culture de
la tomate. Tant on sait que la culture de cette plante n'a été
introduite dans l'arrondissement qu'en 1987, en provenance du
département du Noun. Le milieu agro-écologique a contribué
de façon prépondérante à l'émergence de
cette culture dans la zone.
Sur le plan humain, le dynamisme des jardiniers, couplé
aux migrations (migrations de retour et migrations inter-villages) ainsi
qu'à une pluralité de facteurs externes (explosion
démographique dans les centres urbains, accroissement de la demande
urbaine, développement des marchés transfrontaliers et
augmentation de la demande extérieure) sont autant de facteurs qui,
combinés à la générosité du milieu naturel
de l'arrondissement de Dschang, ont contribué à
l'émergence de la culture de la tomate dans cet espace jadis à
prédominance caféière.
6.1.3. Vérifications
de l'hypothèse trois : développement et vulgarisation de la
culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang : deux fondements,
plusieurs acteurs aux stratégies et approches multiples
Il était question pour cette hypothèse
d'identifier les différents acteurs et leurs stratégies
respectives dans le développement et la vulgarisation de la culture de
la tomate dans l'arrondissement de Dschang.
Il en ressort que deux fondements justifient le
développement de cette spéculation dans l'arrondissement :
d'abord le souci d'amélioration des conditions de vie des paysans qui
avaient subis de plein fouet les affres de la crise et ses conséquences
dans les ménages ; ensuite, la politique de relance des
activités vivrières et maraîchères au Cameroun qui
s'est déroulée en plusieurs phases.
Concernant le paysage des acteurs qui a impulsé le
développement de la culture de la tomate dans l'arrondissement, nous
sommes parvenus à la conclusion selon laquelle plusieurs acteurs
à l'instar des pouvoirs publics, des partenaires au
développement, de la micro-finance et des paysans, ont mis en place des
stratégies variées dont les conséquences sur la production
et la productivité de l'arrondissement sont palpables(augmentation de la
production, augmentation des actifs dans la filière, etc.).
La figure41 présente les courbes d'évolution de la
production de la tomate dans l'arrondissement de Dschang et du nombre
d'exploitants entre 2008 et 2012. Il en ressort que la tendance à
l'évolution de la production et du nombre d'actifs est
quasi-généralisée dans l'arrondissement, confirmant
l'hypothèse selon laquelle la symbiose des interactions des
différents acteurs a eu une incidence positive sur la production, la
productivité et l'intérêt pour la culture de la tomate.
Source : DDADER Dschang,
2012
Figure 41: Évolution de la production de tomate
et du nombre d'exploitants
Tableau 17: Production
moyenne annuelle et évolution des parcelles
15
15
17
14
31
30
2
32
12
12
12
12
71
31
102
0-50paniers
50-100 paniers
100-150 paniers
150-200 paniers
+ 200 paniers
Production par
Saison
Total
Oui
Non
Augmentation des parcelles depuis 5 à 10
ans
Total
Source : Enquête de terrain, janvier
2013
De même, l'observation du tableau 13 nous permet de voir
que, globalement, depuis 5 années la production moyenne des jardiniers
est à la hausse. Cette hausse de la production est effectivement
congruente avec l'augmentation de la taille des parcelles (Tableau 14).
69,60% des jardiniers, confirme l'augmentation de leur
parcelle de culture depuis 5 ans. Justifiant de ce fait cette augmentation des
parcelles par l'augmentation de la demande et surtout la rentabilité
financière de cette spéculation. Ce résultat permet donc
d'affirmer que la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang est en
pleine expansion et que la production, au fil des années, continue de
croître ainsi que les superficies à elles allouées et le
nombre d'exploitants.
6.1.4. Vérification de l'hypothèse
quatre : une vulgarisation de la culture de la tomate entachée
d'une multitude conséquences socio-économiques
Il était question dans cette hypothèse de mettre
en relief les retombées socio-économiques du développement
et de la vulgarisation de la culture de la tomate dans l'arrondissement de
Dschang. On constate au terme de cette étudeque la majorité de la
population enquêtée affirme « trouver leur
compte » dans cette activité. Ceci se traduit par
l'augmentation graduelle de leur production au fil des années. (Tableau
13)
A côté de l'amélioration des conditions de
vies des pratiquants de la culture de la tomate, on note également le
développement du salariat agricole dans les grands jardins de tomate.
Ces emplois saisonniers émanant de l'économie de la tomate,
offrent à une bonne partie de la population active de l'arrondissement,
une opportunité d'emploi, susceptible de garantir et d'assurer leur
bien-être socio-économique.
6.1.5. Vérification de l'hypothèse
cinq : la culture de la tomate, une activité économique
durable.
Il était question dans
cette hypothèse d'apprécier la durabilité du
développement de la culture de la tomate en termes de
génération des revenus et d'amélioration des conditions de
vie des pratiquants. Il en ressort clairement au regard des retombées
socio économiques observées chez les jardiniers en termes
d'amélioration du quotidien, que cette activité qui a
émergé au lendemain de la crise, apparaît comme une
activité durable sur le long terme. Ceci à cause du fait qu'elle
contribue depuis plus de deux décennies à l'amélioration
de la situation sociale et économique des jardiniers de
l'arrondissement. Qui plus est, cette activité au contraire des
exigences internationales auxquelles faisait face la culture du café,
répond à un besoin ponctuel de génération des
revenus au niveau des paysans et à l'échelle internationale par
le biais du commerce transfrontalier. De plus cette activité n'est pas
sujette aux multiples influences extérieures comme l'était la
culture du café. Ce qui garantit sur le long terme
l'épanouissement socio-économique des pratiquants de cette
activité.
6.2. CRITIQUE DES RÉSULTATS
Au terme de ce travail, il convient d'avoirun regard
rétrospectif sur le travail qui a été
élaboré afin de préciser les manquements de ce dernier.
Cette critique des résultats repose sur l'approche et les outils
méthodologiques mobilisés ainsi que la collecte, le traitement et
l'analyse des données qui ont eu un impact certain sur les
résultats que nous avons obtenus. Cette partie débouchera sur la
formulation de recommandations destinées aux paysans et aux
décideurs.
6.2.1. Limites
méthodologiques
6.2.1.1.
L'échantillonnage
L'échantillonnage a été au cours de notre
recherche, une difficulté de taille. Notre sujet de recherche qui
était orienté vers une spéculation de l'activité
maraîchère, à savoir la culture de la tomate, s'est
heurtée au fait que la tomate était cultivée un peu
partout et le plus souvent en polyculture, avec d'autres spéculations.
La détermination de l'effectif total des jardiniers pratiquant
uniquement la tomate a été difficile. Cependant, nous avons
obtenus auprès de la délégation départementale de
l'agriculture et du développement rural de la Menoua un effectif total
des cultivateurs de tomates au cours de deux cycles de culture de
l'année 2012. A partir de cette donnée, nous avons
effectué un échantillonnage à hauteur de 10% de la
population totale. De même, pour effectuer la répartition des
questionnaires par groupement, nous nous sommes appuyés sur les chiffres
des postes agricoles qui étaient non exhaustifs et dont la
fiabilité n'était pas totalement garantie.
6.2.1.2. La collecte des
données
Le processus de collecte de données sur le terrain
s'est heurté à plusieurs obstacles. Tout d'abord le
caractère non exhaustif des données des postes agricoles et de la
DAADER concernant les actifs dans la filière et les productions.
Certains postes agricoles ne fonctionnaient plus, à l'exemple de celui
de Fialah Foto, ou n'ouvraient presque jamais leurs portes.Cette situation a
été à l'origine de certains manquements dans notre
recherche en ce qui concerne particulièrement la quantification des
productions et le nombre exact des producteurs.
De plus, l'administration des questionnaires ne s'est
appuyée sur aucun pas d'échantillonnage précis du fait de
notre connaissance moyenne de la zone d'étude, de la non
exhaustivité des données sur les producteurs, mais surtout de la
faiblesse de nos moyens financiers et de l'hostilité des
enquêtés. Nous avons procédé à une
répartition des questionnaires en fonction des villages-témoins
que nous avons identifiés lors de notre pré-enquête et nous
avons ensuite procédé à l'administration des
questionnaires aux jardiniers que nous avons rencontrés. En effet, les
rendez-vous avec les jardiniers n'étaient pas évidents. Il
fallait se lever très tôt pour les retrouver dans les
exploitations ou tard dans la soirée. Dans ces conditions, nous n'avons
pas pu élaborer un pas d'échantillonnage précis.
6.2.1.3. Le
dépouillement et le traitement des données
En ce qui concerne le dépouillement, tel que
susmentionné, nous avons usé des plates formes SPSS et Microsoft
Excel. La difficulté rencontrée ici a été de
codifier les réponses ouvertes et surtout de les quantifier. Certaines
réponses ouvertes ont pu être quantifiées du fait de leur
rapprochement sémantique. Par contre, certaines informations de la libre
expression des enquêtés se sont dissipées.
6.2.1.4. L'exploitation du
questionnaire
L'exploitation de notre questionnaire de recherche a
été partielle. En effet, certaines variables de ce dernier n'ont
pas été utilisé ou mis en relief dans le cadre de cette
étude. Néanmoins, cette situation ne remet pas en cause la
qualité des résultats obtenus au cours de cette recherche car la
crise économique est apparue dans l'arrondissement de Dschang comme un
véritable catalyseur de l'émergence de la culture de la tomate
dans l'arrondissement. Toutefois, il convient de préciser que cette
émergence est le fait de la combinaison des stratégies de
multiples acteurs.
6.2.2. Les contraintes
matérielles et financières
La portée scientifique de notre travail aurait pu
être optimale si l'échantillonnage avait été
effectué sur l'ensemble des villages de l'arrondissement. Mais, ne
disposant pas de moyens financiers suffisants, nous nous sommes limités
à un échantillon de 102 producteurs répartis sur 11
villages. De surcroît, la faiblesse de nos moyens financiers a
considérablement réduit le nombre de descentes sur le terrain et
la couverture de tous les villages de l'arrondissement. Cette situation a
également impacté sur la profondeur des analyses,
particulièrement, la dynamique temporelle des phénomènes
étudiés. Ainsi, résorber cette situation nous a valu de
maximiser la collecte des données et des informations au cours des
quelques descentes effectuées dans notre zone d'étude.
6.3. Recommandations
Au terme du travail qui était le notre, la formulation
des recommandations eu égard à l'analyse effectuée
s'impose comme l'ultime étape inéluctable de cette recherche.
Cette dernière, en effet, constitue le lieu d'énoncer des
suggestions tant aux paysans qu'aux pouvoirs publics afin de favoriser les
objectifs de croissance de la production maraîchère et plus
spécifiquement de la tomate.
6.3.1. Suggestions aux pouvoirs publics
L`observation de la figure 42dresse un prototype de l'ensemble
des solutions pratiques à mettre en oeuvre afin de contribuer de
manière efficace au développement del'activité
maraîchère en particulier la filière tomate dans
l'arrondissement de Dschang.
Source : Enquête de terrain,
janvier2013
Figure 42: Solutions pour l'optimisation de la
production de la tomate dans l'arrondissent de Dschang
6.3.1.1.La mise sur pied
des facilités de financement du secteur agricole
La préoccupation majeure des paysans de
l'arrondissement, en particulier des jardiniers, demeure l'accès au
financement pour le démarrage, la modernisation ou l'extension des
exploitations agricoles. Malgré la multiplicité des organismes de
micro-finance et des coopératives agricoles dans l'arrondissement, le
problème de financement agricole se pose toujours avec acuité. La
création des banques agricoles ou des microfinances rurales,qui seront
des organismes uniquement dédiés aux paysans, constitue dans la
pratique une solution remarquable permettant la facilité
d'investissement agricole. Cette mesure pourrait avoir des
conséquences considérables en matière d'investissements,
d'intensification et de modernisation de la culture de la tomate dans
l'arrondissement.
6.3.1.2. La mise sur pied
d'une politique de contrôle et de règlementation de l'importation
des intrants agricoles
Une autre tare à laquelle est confrontée la
production maraîchère de l'arrondissement de Dschang est la
volatilité des prix des intrants agricoles. Celle-ci relève
principalement de l'absence totale de politique de règlementation des
importations des intrants. Cette dernière est fixée par les
multiples importateurs d'intrants ; ce qui induit une fluctuation des prix
au gré des importateurs. La mise sur pied d'une réelle politique
de contrôle et de règlementation de l'importation des intrants
agricoles constituerait en la matière une mesure forte susceptible de
favoriser le développement de la culture de la tomate dans
l'arrondissement.
6.3.1.3. Améliorer
l'offre en infrastructures de transports
À la suite des deux solutions élucidées
ci-dessus, il convient d'ajouter, le dénominateur commun à tous
les bassins de production du triangle national : l'enclavement.
L'amélioration de l'offre en infrastructures de transports dans
l'arrondissement constitue une mesure forte dont les conséquences sur la
commercialisation de la production de tomate ainsi que sur la fluctuation des
prix seront notoires. Les infrastructures de transports sont le pont entre le
bassin de production et le marché. Leur amélioration pourrait
à coup sûr faciliter l'acheminement des productions vers les
marchés d'écoulement et limiter les effets des fluctuations des
prix dues au mauvais état des routes durant la saison des pluies.
6.3.2. Suggestions aux paysans
Ces recommandations visent à optimiser la production
maraîchère locale en particulier la production de tomate.
6.3.2.1. Intensifier le
renforcement de capacités techniques et matérielles des
paysans
Le développement des activités agricoles, en
particulier le maraîchage, suppose en amont une certaine
prédisposition technico-matérielle. Les faibles capacités
techniques et matérielles des jardiniers constituent à n'en point
douter un frein dans le développement de cette spéculation.
(fig.42). L'intensification des séminaires agricoles et
des ateliers locaux de formation et de renforcement des capacités de
techniques des paysans apportera sans doute une plus value à ces
derniers, afin de leur permettre de faire face dans leur activité aux
difficultés liées à la maîtrise des
paramètres agro-écologiques, des techniques d'irrigation, de
culture, etc. Ce qui permettrait aux jardiniers
d'avoir les compétences techniques leur permettant d'améliorer
leurs pratiques culturales afin d'optimiser leur production.
6.3.2.2. Incitation des populations à
l'entreprenariat et à plus de dynamisme
Notre recherche a révélé une
prépondérance de l'individualisme agricole chez les jardiniers en
particulier (Tableau 18).Malgré le fait que l'arrondissement
récence de nombreux GICs des maraîchers, ces derniers ne
fonctionnent pas comme tel. La remarque qui en découle est que de
nombreux jardiniers créent des GICs uniquement pour recevoir les
dotations des pouvoirs publics et parfois des partenaires au
développement. Après quoi ils disparaissent dans la nature ou se
plongent dans l'individualismeCette tare constitue évidemment un frein
au développement du maraîchage en particulier de la culture de la
tomate, tant on sait que le regroupement au sein d'une organisation commune
à l'instar des GIC et des coopératives augmente les chances de
bénéficier des aides multiformes de l'État et surtout des
partenaires au développement. Le regroupement des jardiniers de
l'arrondissement au sein des GIC pourrait s'avérer être une
solution idoine dans le souci de résorber la multiplicité de
difficultés financières, techniques et matérielles
auxquelles ces derniers font face.
Tableau 18: Appartenance aux
GICs
3
12
15
7
24
31
10
22
32
9
3
12
7
5
12
36
66
102
0-50paniers
50-100 paniers
100-150 paniers
150-200 paniers
+ 200 paniers
Production
saison
Total
Oui
Non
Appartenance aux GICs
Total
Source : Enquête de terrain,
février 2013
Le tableau 20 révèle 3 catégories de
producteurs :
v Les petits jardiniers dont la production
par saison varie entre 0-50 paniers
v Les jardiniers intermédiaires avec
une production saisonnière qui oscille autour de 50-150 paniers
v Les grands jardiniers dont la production se
situe au delà de 150 paniers par saison
6.3.2.3. Veiller au respect des
procédés de création des pépinières, de
préparation des sols, de repiquage et d'entretien de
parcelles
Les jardiniers de l'arrondissement de Dschang mettent
très peu en pratique les techniques recommandées pour assurer une
bonne croissance de la tomate et garantir les meilleurs rendements. Ceux-ci ne
respectent pas les procédés de création des
pépinières, de préparation des sols, de repiquage et
d'entretien, préconisés par les organismes de recherche et lors
de séminaires de formation. Le choix des sites de
pépinières par exemple doit se faire en tenant compte
de :
ü la proximité d'une source d'eau
ü d'un sol plat, sablonneux et bien drainé
ü le sol doit être stérilisé en
brulant un tas de paille d'au moins 5cm d'épaisseur
ü construire une ombrière de 1 à 2 m de
hauteur pour atténuer les rayons solaires et les gouttelettes d'eau,
etc. (Annexe 13)
Le respect des prédispositions techniques par les
paysans ainsi que détaillés dans le guide de culture de la tomate
(Annexe 13), sera à même de favoriser et de garantir une
production optimale et réduire de façon considérable les
risques d'attaques bactériens.
Source : Enquête de terrain,
février 2013
Figure 43: Suggestions des jardiniers à
l'Etat
L'observation de la figure43, montre qu'en dehors du
contrôle de la commercialisation des intrants, les cultivateurs ont un
réel besoin de formation technique. Dans les solutions qui peuvent
être mise en oeuvre par l'Etat, le besoin de formation arrive en en
troisième position après les routes et les intrants.
De ce qui précède, nous pouvons, affirmer que
les hypothèses de recherche pré-formulées au début
de notre recherchese sont avérées au terme de celle-ci. La crise
économique est apparue comme le principal catalyseur de
déclenchement du processus de reconversion des paysans vers le
maraîchage en particulier vers la culture de la tomate.
L'émergence et le développement de cette spéculation dans
l'arrondissement de Dschang tient aussi bien à une pléthore de
facteurs physico-humains qu'à la symbiose des interactions des
différents acteurs intervenant dans sa production. De toute
évidence, le développement de cette spéculation est
effectif dans l'arrondissement, à en croire les chiffres de la
production et le nombre d'actifs. Nonobstant, les résultats auxquels
nous sommes parvenus au terme de notre recherche ne sont pas exempts de
critiques au regard de l'échantillonnage, de l'approche et des
techniques de collecte, d'analyse et de traitement des données de
terrain. Comme toutes les filières agricoles, la filière tomate
dans l'arrondissement de Dschang a besoin d'une attention particulière
des pouvoirs publics, des partenaires au développement et des jardiniers
eux-mêmes. L'optimisation de la production de tomate dans
l'arrondissement reposerait sur la batterie de suggestions
sus-évoquées.
RECOMMANDATIONS
A l'endroit de :
Figure 44: Schéma
récapitulatif des recommandations
· La mise sur pied des facilités de financement du
secteur agricole
· Incitation des populations à l'entreprenariat et
à plus de dynamisme
· Veiller au respect des procédés de
création des pépinières, de préparation des sols,
de repiquage et d'entretien de parcelles
· Améliorer l'offre en infrastructures de
transports
· La mise sur pied d'une politique de contrôle et de
règlementation de l'importation des intrants agricoles
· La mise sur pied des facilités de financement du
secteur agricole
· Intensifier le renforcement de capacités techniques
et matérielles des paysans
· La mise sur pied des facilités de financement du
secteur agricole
· Intensifier le renforcement de capacités techniques
et matérielles des paysans
Micro-finances
Partenaires au développement
Paysans
L'Etat et ses démembrements régionaux
départementaux et d'arrondissement
CONCLUSION GÉNÉRALE
Le présent travail de recherche intitulé
« Crise économique et émergence de
l'activité maraîchère : cas de la culture de la tomate
dans l'arrondissement de Dschang » avait pour objectif
principal de montrer que la crise économique de la fin des années
80 a été l'évènement déclencheur de la
ruée de nouveaux acteurs dans l'espace rural de Dschang. La synergie des
stratégies desdits acteurs s'avère l'élément
propulseur du développement et de la vulgarisation de la culture de la
tomate dans cet espace. Pour atteindre cet objectif, après avoir
effectué le cadrage de l'étude et préciser l'approche
méthodologique mise en oeuvre, nous avons jugé opportun de
présenter l'arrondissement de Dschang avant et après la crise
économique afin de cerner la situation socio-économique qui
prévalait après cette crise. Après cela, nous nous sommes
attarder sur les facteurs à l'origine de l'émergence de cette
spéculation dans l'arrondissement. Les résultats obtenus nous ont
ensuite permis d'analyser les acteurs impliqués dans le
développement de cette culture ainsi que leurs rôles respectifs.
À partir des manquements méthodologiques inhérents
à cette étude, nous avons ouvert une brèche sur la
formulation des suggestions susceptibles d'optimiser la production
maraîchère et la culture de la tomate en particulier dans
l'arrondissement de Dschang. Grâce aux informations obtenues, nous
sommes parvenus à la conclusion selon laquelle la crise
économique qui s'est installée dans l'arrondissement de Dschang
comme dans tout le reste du pays à partir de l'année 1987, a
entraîné de nombreux bouleversements socio-économiques et
spatiaux. Jadis ancien bassin à prédominance
caféière, en particulier de café arabica, l'arrondissement
de Dschang, à l'instar de toutes les contrés de l'Ouest, vivait
au rythme de ce café qui assurait le bien-être des familles et
l'autorité du chef de famille dans les ménages. Cependant avec la
crise et donc la baisse drastique des cours du café, entraînant
la perte de son prestige d'antan, l'activité maraîchère, en
particulier la culture de la tomate, va être envahie par les anciens
caféiculteurs, les migrants de retour, les chômeurs, etc : ce
fut la douloureuse période de la reconversion. En outre, l'influence de
la libéralisation des filières agricoles, qui donnera lieu
à la diversification du paysage des acteurs, ainsi que la politique
étatique de relance de la production vivrière visant à
renouer avec la production agricole, vont contribuer au développement et
à la vulgarisation de la spéculation tomate dans l'arrondissement
de Dschang. Celle-ci occupe désormais une place importante dans la
production maraîchère de l'arrondissement. Son
développement se matérialise par une production et un nombre
d'exploitants en constante progression. Néanmoins, ces
résultats pourraient être davantage élogieux si des mesures
adéquates étaient adoptées. La mise sur pied des
facilités de financement des investissements agricoles (banques
agricoles), l'amélioration de l'offre en transport, le renforcement des
capacités techniques et matérielles des jardiniers, la mise sur
pied d'une politique de règlementation des importations d'intrants
susceptibles de ralentir la volatilité des prix de ces derniers,
constituent un pan de solutions à même d'optimiser la production
de tomate de l'arrondissement et de favoriser le développement de la
filière tomate dans cet espace. Parvenir à ces résultats a
nécessité la formulation préalable des hypothèses,
suivie par leur vérification à l'aide d'une collecte de
données secondaires dans les centres de documentations et des
données primaires sur le terrain. Nous avons ensuite
procédé au traitement numérique des données
obtenues avant leurs exploitations.
Au regard de la nouvelle orientation de la politique agricole
du Cameroun(désormais axée sur la mécanisation), de la
multiplicité et de la diversité des projets formulés ou en
cours d'exécution au MINADER, nous avons la conviction que le secteur
maraîcher, en particulier la culture de la tomate,
bénéficiera d'une attention particulière.
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la formule d'entreprise coopérative et l'approche de
développement local ». Sherbrooke Québec, Canada.
32P.
33 AVRDC : the world vegetable center
(2008) « Légume fruit: la tomate » Fiche
technique, 6p.
34 BOUYO K. J. N. (2008).
« Micro-finance et réduction de la pauvreté de
la femme rurale : Des ambigüités d'une réussite à une
dérive vers le monde urbain. Cas des M de Foréké Dschang
et de Fongo (Ouest Cameroun) » , 15P.
35 GUILLERMOU Y. (2000).Mutations agraires et
organisation paysannes sur les Hautes Terres de l'Ouest-Cameroun, GEODOC,
n° 51, pp. 90-109.
36 GUILLERMOU Y., KAMGA A. (2004).
« les organisations paysannes dans l'Ouest-Cameroun : palliatif
à la crise ? ». Etudes rurales 1/2004, n° 169-170,
pp. 61-76.
37 GUILLERMOU Y.
(2005). « Groupes de producteurs et ONG dans l'Ouest
Cameroun : Dynamiques associatives et appuis
extérieurs ». Revue internationale de
l'économie sociale, no 298, pp. 26-39.
38 Herrera J. (1994).
« la nature de la crise financière camerounaise et les
mesures pour la combattre : Faut-il ajuster les programmes d'ajustement
structurel ? »In Courade G. dir, « le village
camerounais à l'heure de l'ajustement » PP 40-51
39 KAMGA A.
(1995).« Crise économique et
déscolarisation en milieu rural : le cas du village
Bafou » in Les Cahiers d'OCISCA N° 24
Yaoundé, Cameroun, 21P.
40 KAMGA A. (1995).Du café au
maraîchage : recomposition du paysage agraire en pays
bamiléké dans l'Ouest Cameroun. Actes du
colloque : « Un produit, une filière, un
territoire », Toulouse 21 au 23 Mai 2001, Presses universitaires du
Mirail
41 NGAPGUE J. N. (2010).
« Réaction du pôle de développement d'une
région agricole face à la crise caféière :
l'exemple de la ville de Foumbot sur les Hauts Plateaux de l'Ouest
Cameroun », International Journal of Advanced Studies and
Research in Africa (IJASRA), Vol 1 N°2, Montréal, Canada, pp
163-176.
42 NGAPGUEJ.N., TSALEFAC M., (2011).
« Difficile fonctionnement des projets de développement
agricole dans les pays du Sud : le cas de la Société de
Conserveries Alimentaires du Noun à Foumbot (Ouest du
Cameroun) »in Syllabus Review 2 (3), 2011, pp 274-293.
D- RAPPORTS
43 Annuaire des statistiques agricoles de la région de
l'Ouest, Délégation régionale du ministère de
l'agriculture et de développement rural de l'Ouest campagne agricole
2007, 10p
44 Agriculture vivrière et d'exportation,
(2006), Bulletin d'information du centre d'information et de
documentation agricole de la chambre de commerce, d'industries, des mines et de
l'artisanat, 14P.
45 Agri-stat n°
7,8,9,10,11,12,13,14,15,16 (statistiques du secteur agricole) de la
direction des enquêtes et des statistiques agricoles du MINADER .
46 Bulletin des échanges Cameroun-CEMAC +
Nigeria ; 2007, 2008 de la direction des enquêtes et des
statistiques agricoles du ministère de l'agriculture et
développement rural.
47 Rapport sur la production et la commercialisation des
cultures vivrières et de l'élevage au Cameroun :
Développement de la production et de la commercialisation des
cultures vivrières et de l'élevage dans la région
d'Ombessa (Cameroun), 1971.
48 Rapport 2011 sur la pauvreté rurale du FIDA
« Nouvelles réalités, nouveaux défis: de
nouvelles chances pour la prochaine génération »
324P.
49 Itinéraire tomates cerises, Programme Initiative
Pesticides de la faculté universitaire des sciences agronomiques de
Gembloux, Belgique, 2008, 35P.
50 Agrodok N°17, la culture de la
tomate : production, transformation et commercialisation, Fondation
Agromisa et CTA, Wageningen, 2005, 105P.
E- DICTIONNAIRES
51 GEORGE P. (2009).Dictionnaire de la
Géographie, Paris, PUF, 490P, 10e Edition.
52 Lexique d'économie, Paris, Dalloz, 718 P.
F- WEBOGRAPHIE
53 BALLET V., « Logiques
d'action et relation d'acteurs » http://
www.Printemps.unsq.fr/com
Consulté le 20 juillet 2012 à 9h29.
54 BOUCHER M., « Entre
solidarité et contrôle social : les logiques d'action dans
une ville moyenne » http://www. Printemps.unsq.fr/
Consulté le 22 juillet 2012 à 19h22.
55 UWIZEYIMANA L.,« Après le
café, le maraîchage ? Mutations des pratiques agricoles dans
les Hautes Terres de l'Ouest Cameroun, 2009 », Les cahiers
d'outre-mer Pages 331-344 http://
www.revue-les-cahiers-d-outre-mer-2009-3-p-331.html
consulté le 18 septembre 2012 à 9h320.
56
http://www.cameroon-report.com/consulté le 22Mars 2013
à 08h25
ANNEXES
Annexe 1 : Attestation de recherche
Annexe 2 : Questionnaire d'enquête
administré aux jardiniers
Annexe 3 : Guide d'entretien avec les
responsables de GIC
Annexe 4 :Guide d'entretien avec M. Le
DAADER
Annexe 5 :Liste des projets et
programmes du ministère de l'agriculture et du développement
rural
Annexe 6 : Planchephoto des
Bayam-Sellam, à l'arrivée des cargaisons de tomate au
marché de la ville de Dschang (grand hangar)
Annexe 7 :Evolution de la
pluviométrie à Dschang de 2000 à 2012
Annexe 8 :Localisation et utilisation
des terres et des sols agricoles dans le département de la Menoua
Annexe 9 :Evolution des prix de quelques
engrais dans l'arrondissement de Dschang entre 2000-2012
Annexe 10 :Evolution des prix des
produits phytosanitaires dans l'arrondissement de Dschang entre 2000-2012
Annexe 11 : Evolution des prix des
semences améliorées dans l'arrondissement de Dschang entre
2000-2012
Annexe 12 : Types d'engrais
utilisés
Annexe 13 : Guide pratique de culture de
la tomate de l'AVRDC
Annexe 14 : Les principales maladies des
jardins de tomates dans l'arrondissement de Dschang
ANNEXE 2:
UNIVERSITE DE YAOUNDÉ I
UNIVERSITY OF YAOUNDE I
ECOLE NORMALE SUPÉRIEURE DE YAOUNDÉ
HIGH TEACHER TRAINING COLLEGE YAOUNDE
Département de Géographie
Department of geography
Numéro questionnaire :
|
Nom de l'enquêteur :
|
Date :
|
Nom du groupement enquêté :
|
QUESTIONNAIRE D'ENQUETE SUR LES STRATEGIES DE
DEVELOPPEMENT DE LA CULTURE DE LA TOMATE DANS L'ARRONDISSEMENT DE DSCHANG AU
LENDEMAIN DE LA CRISE ECONOMIQUE
N .B : Les informations
issues de ce questionnaire sont à usage strictement confidentiel et
seront uniquement utilisées pour un but académique, et ne
pourront à aucun cas malgré les circonstances servir pour
d'autres fins.
ü cocher la case de votre choix Merci
d'avance pour votre aimable collaboration !
I - IDENTIFICATION
1-
Nom :............................................................(
facultatif)
2-
Age :................................................................
3- Sexe : 1- Masculin
2-Féminin
4- Dans quel village se trouve votre
plantation ?.......................................................................................
5- Etes-vous de ce village ?1- Oui
2-Non
6-Si non, quelle est votre village
d'origine ?............................................................................................................
7- Et pourquoi avez-vous choisi ce village comme lieu
d'installation ?................................................................
...............................................................................................................................................
8- Niveau d'étude : 1-N'a jamais
été à l'école 2-Primaire
3-Secondaire 4- Supérieure
9- Statut matrimonial :
1-Célibataire 2-Marié(e) 3-Veuf (Ve)
5- Divorcé
10- Quel est votre ancien emploi?
1-Elève 2-Etudiant 3- Commerçant
4-Fonctionnaire 5- Employé(e) Agriculteur
Moto-Taxi Autres.........
II-LES ACTEURS DE LA FILIERE
TOMATE
11- D'où est provenu l'argent nécessaire
pour le début de votre activité ? 1- Epargne
personnelle 2- Tontines 3-Banques
4-Micro -finance GIC
Autres......................
12- Y a-t-il des structures ou organismes qui
interviennent dans votre filière ? 1- Oui 2-
Non
13- Si oui,
lesquelles ?................................................................................................................................
14- Localisation de votre plantation :
Bas-fonds Bas de versant
16- Comment ces structurent ou organismes
interviennent-ils dans votre filière ? (Vous pouvez cocher
plusieurs réponses)
1-Organisation de l'activité 2-Fournitures de
semence et engrais 3-Contrôle de semences 4-Etudes
agronomiques 5-Prêts et crédits 6-Dons
d'équipements et matériels agricoles
Autres
(préciser).......................................................................................................................................................
17- Y a-t-il des micro-finances qui vous donnent des
crédits pour les investissements agricoles ? 1-Oui
2-Non
18- Si oui, à hauteur de
combien ?...................................................................................................................Fcfa
19- Si non
pourquoi ?................................................................................................................................................
III- TECHNIQUES CULTURALES ET
OUTILLAGES
20- Quels outils utilisez-vous dans vos champs ?
1-Rudimentaires (Houes, Machettes, etc.) 2-Modernes
(Tracteurs, etc.)
21- Quelle type d'agriculture pratiquez vous dans
votre exploitation ?
Monoculture (tomate uniquement)
Polyculture (tomate et autres)
22- Quelle espèce de tomate
cultivez-vous ? 1-Rio grande 2-
Olivette 3- Hybride
23- Pourquoi particulièrement cette
espèce ? 1Rentable
2- s'adapte au climat de la région 3-résistante face
aux maladies 4- produit vite 24- Depuis combien de
temps vous cultivez la tomate ?
1) -5 ans 2) 5 -10 ans 3)10-15 ans
4)10-15 ans 5)15-20 ans 6) + de 20 ans
25- Pourquoi cultivez-vous la tomate ?(Vous
pouvez plusieurs réponses)
1- Pour votre consommation personnelle 2- Parce que
l'agriculture est votre emploi 3- Pour améliorer vos conditions
de vie 4- C'est pour un temps 5- Parce que vous n'aviez pas
mieux ailleurs
Autres
(préciser)..........................................................................................................................................................
26- Depuis que vous avez commencé
l'agriculture, cultivez-vous toujours la tomate ?
1-Oui 2- Non
27- Si non, que cultivez-vous avant ?
1- Café 2- autres cultures vivrières
28- Pourquoi vous êtes vous tourné vers
la culture de la tomate ?
1-A cause de la crise 2- On trouve notre
compte 3- facile à cultiver
4- investissement est faible
29- Comment avez-vous obtenu votre parcelle de
terrain ? 1- Achat 2- Héritage 3- Terrain
familial
30- Est-ce que vous louez le terrain sur lequel vous
pratiquez la culture de la tomate ? 1- Oui 2- Non
31- Quelle est la taille de votre parcelle de culture
de tomate ?
1) [0-1000 m2 [ 2) [1000-2000
m2 [ 3) [2000-3000 m2 [ 4)
[3000-4000m2 [ 5) + 40000 m2
32- Votre parcelle de culture de la tomate a-t-elle
augmenté en en 5 ou10 ans?1- Oui 2- Non
33- Si oui, de combien d'hectares ?
1) [0-1000 m2 [ 2) [1000-2000 m2 [
3) [2000-3000 m2 [ 4) [3000-4000m2 [
5) + 40000 m2
34- Pourquoi a-t-elle
augmenté ?
1-Demande croissante 2-Ça rapporte assez
d'argent 3-Parce qu'on veut produire plus pour faire beaucoup de
bénéfices
Autres
(préciser)......................................................................................................................................................
35- Comment est votre production depuis 5 à 10
ans ?
1- Décroissante
2- Statique 3- Croissante
36- Si décroissante ou statique,
Pourquoi ? 1-A cause des maladies
2-Investissement est petit perturbations climatiques
37- Quelle est l'origine de votre main d'oeuvre ?
1- Je travaille seul(e) 2-Familiale
3-Employés
Autres
(préciser)..........................................................................................................................................................
38- Quelle est votre production moyenne par
saison ?
1)0-50 paniers 2)50-100 paniers 3)100-150
paniers 4)150-200paniers 5) + 200 paniers
39- Combien de fois cultivez-vous la tomate par
an ? 1)1 fois
2)2 fois 3)3 fois 4) + 3 fois
Pourquoi ?..................................................................................................................................................................
IV- STRATEGIES DE DEVELOPPEMENT
40- Etes-vous un paysan
individuel ?1-Oui 2- Non
41- Si oui, pourquoi ?
1-Je veux produire seul 2- On n'a pas le choix
3- On n'est pas informé dans ce sens là
Si autres,
préciser ?..................................................................................................................................................
42- Appartenez-vous à un GIC ?1-
Oui 2- Non
43- Si oui,
lequel ?..............................................................................................................................................
44- Quels avantages ce GIC vous procure t-il ?
1-Financement 2- fournitures intrants
3-fourniture matériels agricoles
4- Encadrement et formation
45- Y a-t-il des ONG ou autres structures qui vous
apportent de l'aide ? Oui Non
Si oui,
lesquelles ?..........................................................................................................................................
46- Et comment ces ONG ou structures vous
aident-elles ?
1-Financement 2-fournitures intrants 3-
fourniture matériels agricoles
4-Encadrement et formation
47- Est-ce que vous bénéficiez de
l'appui de l'Etat ?1 Oui 2- Non
Si oui, comment l'Etat vous aide t-il ?
1-Financement 2- fournitures intrants 3-
fourniture matériels agricoles
4- Encadrement et formation
48- Utilisez-vous les engrais ? 1-Oui
2- Non
Si oui, lesquels ? (Vous pouvez cocher plusieurs
cases)
1-Chimique 2-Organique(Fiente) 3- Les deux
Si autres,
Préciser ?...............................................................................................................................................
49- Quelle quantité d'engrais utilisez- vous
par saison ?
1) 0-50 Kg 2) 50 - 100 Kg
3) 100 -150Kg 4) 150-200Kg 5) + De 200Kg
50- Utilisez-vous les produits
phytosanitaires ?1-Oui 2-Non
51- Quelle quantité utilisez-vous par
saison ?
1) 0-50Kg 2)50-100Kg
3)100-150Kg 4) 150-200Kg 5) + De 200Kg
52- Quelle est la destination des grossistes qui
achètent vos récoltes ? 1-Douala
2-Dschang-Ville 3-Yaoundé
Autres ...................................
V- LES PROBLEMES LIES A LA CULTURE DE LA
TOMATE
53- Quelles sont les difficultés que vous
rencontrez chaque jour dans la pratique de votre activité ? (vous
pouvez cocher plusieurs réponses)
1-Routes 2-Financement
3- Maladies des plantes 4- Fourniture de semences et
d'engrais 5- Conservation des récoltes
Si autres,
préciser ...............................................................................................................
54- Quelles sont les principales maladies qui
affectent votre champ de tomate ? (Vous pouvez cocher plusieurs
cases)
1-Pourriture des feuilles 2- pourriture des fruits
3- Perforation des feuilles (feuilles qui se percent)
4-Desséchement de feuilles 5-Fruits qui n'arrivent pas à
maturité 6- Fendillement des fruits
7-Chenilles 8- Insectes 9- Mildiou
Si autres,
préciser ?.....................................................................................................................................................
VI- SOLUTIONS DE DEVELOPPEMENT DE LA CULTURE DE LA
TOMATE
55- De façon générale qu'est ce
qu'il faut pour améliorer vos conditions de travail, et votre
production ?...............................................................................................................................................................
.................................................................................................................................................
56- Qu'est-ce que l'Etat doit faire pour
améliorer votre secteur d'activité?
1-Faire baisser les prix des intrants 2-subventionner
les intrants 3- construire les routes
4-donner le matériel agricole 5- former et encadrer les
producteurs aux nouvelles techniques
Si autres,
préciser ?......................................................................................................................................................
Merci pour
votre aimable collaboration !!!!!!
GUIDE D'ENTRETIEN AVEC LES RESPONSABLES DES GIC
ANNEXE 3 :
NB : Les informations issues de cet entretien
sont essentiellement confidentielles et ne peuvent en aucun cas faire l'objet
d'un usage autre qu'académique.
1- Quel est le nom de votre GIC ?
2- Qui est /sont le(s) fondateur(s) ?
3- En quelle année a-t-il été
créé ?
4-Pourquoi votre GIC a-t-il été
créé ?
5- Quels sont ses objectifs ?
6- Combien d'agriculteurs compte votre GIC ?
7- Est-ce facile d'adhérer à votre GIC ?
8- Recevez-vous des aides pour votre fonctionnement et
pour l'organisation de votre filière ?
9-Si oui quelles sont les types de dotations ou d'aides que
vous recevez ?
10- Quelles sont les structures qui vous octroient de
l'aide ?
11- Quels sont les avantages qu'un agriculteur tire en
adhérant à votre GIC ?
12- Quelles sont les conditions d'adhésion à
votre GIC ?
13- Avant la création de votre GIC, comment
était votre production ?
14- Depuis la création de votre GIC, avez-vous
constaté des améliorations dans la pratique de cette
culture ?
15-Depuis votre création, y a-t-il une augmentation de
votre production de la tomate ?
16- Si oui, quels en sont les chiffres ?
17- Quels sont les problèmes que vous rencontrez dans
la pratique de votre activité ?
18- Selon vous, qu'est ce qui peut être fait pour
optimiser vos rendement ?
ANNEXE 4 :
Guide d'entretien avec le délégué
d'arrondissement de l'agriculture et du développement rural de Dschang
(DAADER)
NB : Les informations issues de cet entretien
sont essentiellement confidentielles et ne peuvent en aucun cas faire l'objet
d'un usage autre qu'académique.
1-Quel est l'état des lieux de la culture de la tomate
dans l'arrondissement?
2- Quels sont les problèmes auxquels font face les
agriculteurs de l'arrondissement en particulier les maraîchers ?
3- Quel est le rôle de la DAADER dans l'organisation
des agriculteurs de l'arrondissement ?
4-Avez-vous un organe dans votre structure en charge de
l'encadrement des maraîchers ?
5- Si oui quel est son nom, son organisation et ses
objectifs ?
5- Apportez-vous de l'aide aux maraîchers ? En
particulier les jardiniers ?
6- Si oui, quel est la nature de ces aides ?
7- Avez-vous constaté une nette amélioration de
la production de tomates l'arrondissement ?
8- Si oui, quels en sont les chiffres ?
9-Selon vous, qu'est ce qui explique cette
évolution de la production de tomate dans l'arrondissement ?
10- Quels sont de façon générale les
problèmes auxquels les filières maraîchères en
particulier la spéculation tomate fait face dans
l'arrondissement ?
11- Qu'est ce qui est fait par la DAADER pour faire face
à ces multiples problèmes ?
12- Qu'est ce qui donc être fait pour optimiser les
rendements des jardiniers de l'arrondissement ?
Merci pour votre collaboration
ANNEXE 6
Clichés Fofack
Mujia G. Février 2013 Planche
photo :Bayam-Sellam, à l'arrivée des
cargaisons de tomate au marché de la
ville de Dschang (grand hangar)
ANNEXE 7
Source : DAADER
ANNEXE 8
Source : DAADER Dschang
ANNEXE 9
Source : DAADER Dschang
ANNEXE 10
Source : DAADER Dschang
ANNEXE 11
Cultures (Sachet de 3 grammes)
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
2008
|
2009
|
2010
|
2011
|
2012
|
Chou
|
500
|
500
|
550
|
600
|
600
|
600
|
600
|
600
|
600
|
600
|
600
|
700
|
1000
|
Tomate
|
450
|
500
|
500
|
500
|
600
|
600
|
600
|
600
|
600
|
600
|
600
|
700
|
1000
|
Carotte
|
500
|
500
|
500
|
550
|
550
|
600
|
600
|
600
|
600
|
600
|
600
|
700
|
1000
|
Gombo
|
500
|
500
|
525
|
550
|
550
|
600
|
600
|
600
|
600
|
600
|
600
|
700
|
1000
|
Oignon
|
450
|
500
|
500
|
550
|
575
|
600
|
600
|
600
|
600
|
600
|
600
|
700
|
1000
|
Basilic
|
450
|
500
|
500
|
550
|
550
|
600
|
600
|
600
|
600
|
600
|
600
|
700
|
800
|
Céleri
|
450
|
500
|
500
|
550
|
550
|
600
|
600
|
600
|
600
|
600
|
600
|
700
|
800
|
Persil
|
450
|
500
|
500
|
550
|
550
|
600
|
600
|
600
|
600
|
600
|
600
|
700
|
//
|
Mais en Kg
|
//
|
//
|
//
|
//
|
//
|
//
|
//
|
//
|
//
|
//
|
550
|
750
|
800
|
Haricot en Kg
|
//
|
//
|
//
|
//
|
//
|
//
|
//
|
//
|
//
|
//
|
550
|
700
|
//
|
Tomate 100g
|
//
|
//
|
//
|
//
|
//
|
//
|
//
|
//
|
//
|
//
|
5000
|
6000
|
8000
|
Poivron 100g
|
//
|
//
|
//
|
//
|
//
|
//
|
//
|
//
|
//
|
//
|
5000
|
5000
|
7500
|
Pomme de terre en Kg
|
//
|
//
|
//
|
//
|
//
|
//
|
//
|
//
|
//
|
//
|
1000
|
//
|
//
|
Source : DAADER Dschang
ANNEXE 12
33
39
7
79
2
2
4
6
12
1
19
39
53
10
102
Chimique
Fientes
Les deux
Types
d'engrais
Total
Foréké
Dschang
Foto
Fotetsa
Groupement
Total
Source : Enquête de terrain, janvier
2013
ANNEXE 14
Source : Enquête de terrain,
février 2013
Abstract
Since independence, agriculture has been Cameroon's main
money-making activity. She used to rely on cash crops such as cocoa and coffee.
However, during the 1980S, these two products witnessed a decline in
prices as a result of an economic crisis which took place during the same
period. Dschang Subdivision which depended on Arabica coffee underwent deep
socio-economic and spatial transformations. Farmers abandoned their coffee
farms and rushed towards other products which could bring more gain. In this
context, market gardening, especially tomato cultivation, appeared as a job
opportunity or a sure source of income for former coffee cultivators, former
migrants and the unemployed. The state policy aiming at stimulating and
diversifying food and market gardening production which was put in place by in
the 1990s surely contributed to develop food and market gardening sectors.
Henceforth, the reconfiguration of agriculture stakeholders of Dschang
Subdivision having multiple and innovative strategies, boosted emergence,
development and popularization of tomato cultivation in the said subdivision.
Nowadays, its production is increasing as well as the number of farm plots and
gardeners. This situation contributes to improving the life standards of
devotees. Notwithstanding, this buoyant sector in terms of employment and
improvement of socio-economic well-being is experiencing some difficulties.
With the said «second-generation» agricultural policy, we hope that
the needs of this sector will be adequately met.
Key words: economic crisis, emergence, conversion,
market gardening activity, tomato, Dschang
Résumé
L'agriculture au Cameroun constitue depuis
l'indépendance, la principale source de rentrée de devises.
Celle-ci reposait sur les produits de rente tels que le cacao et le
café. Cependant, au cours de la décennie 1980, les cours de ces
deux principaux produits de rente du Cameroun vont connaître une baisse
drastique consécutive à la crise économique survenue au
cours de la même décennie. L'arrondissement de Dschang, qui
vivait au rythme du café arabica, va connaitre de profondes mutations
socio-économiques et spatiales. Les paysans vont abandonner leurs
exploitations de café pour se ruer vers d'autres spéculations
agricoles susceptibles de les faire renouer avec la production. Dans ce
contexte, l'activité maraîchère, en particulier la culture
de la tomate, apparaît comme une opportunité d'emploi ou une
source de revenus certaine pour les anciens caféiculteurs qui seront
rejoints par les migrants de retour et les chômeurs. La politique
étatique de relance et de diversification de la production
vivrière et maraîchère mise en place par l'État dans
les années 1990 va donc contribuer au développement de
l'activité vivrière et maraîchère. Dès lors,
la reconfiguration du paysage des acteurs dans le secteur agricole de
l'arrondissement de Dschang, dont les stratégies plurielles et non moins
innovatrices, va donner un coup de main à l'émergence, au
développement et à la vulgarisation de la culture de la tomate
dans l'arrondissement de Dschang. Aujourd'hui, la production de cette
spéculation ne cesse d'augmenter au fil des années ainsi que les
superficies à elle allouées et le nombre de jardiniers.
Contribuant ainsi à l'amélioration des conditions de vie des
pratiquants. Toutefois, cette filière porteuse en termes d'emploi et
d'amélioration du bien-être socio-économique fait face
à de nombreuses difficultés. Néanmoins, avec la nouvelle
politique agricole dite de « seconde
génération », nous espérons que cette
filière bénéficiera d'une attention particulière.
Mots-clés : Crise économique,
émergence, reconversion, maraîchage, tomate,
Dschang
* 1 Extrait du discours
prononcé par son Excellence Paul Biya le 17 Janvier 2011, lors de la
cérémonie d'ouverture du comice agro-pastoral d'Ebolowa.
* 2 De l'ordre de 30% en moyenne
des revenus de l'Etat dans les années 1970-1980, selon rapport de la
banque mondiale de 2007
* 3Agriculture de seconde
générationréaffirmée par le chef de l'Etat en
Janvier 2011 lors du Comice agro-pastoral d'Ebolowa.4
* 5Près de 700 tonnes de
tomates exportées en 2007 par les postes frontaliers d'Ambam Minko'o,
Kye-ossi et Aboulou (Bulletin trimestriel des échanges Cameroun- CEMAC+
Nigéria, 2008)
* 6 Selon l'office du
tourisme de Dschang
* 7 Découpage
administratif de 1996
* 8Degré
d'acidité
* 9D'après
l'institut national de la statistique du Cameroun, en
2007, le taux de croissance annuel moyen de la région
de l'Ouest est 2,4%
* 10Il faut noter que ce
dialecte présente quelques petites spécificités d'ordre
local (changement d'accent et d'intonation dans certains villages) ;
cependant les racines des mots demeurent les mêmes.
* 11Marché qui se
déroule une seule fois au cours de la semaine.
* 12Cette dévaluation
fut prononcée le 14 janvier 1994. Jusqu'à cette date, un franc
français valait 50 francs CFA.
Avec la nouvelle parité, un franc français vaut
100 francs CFA.
* 13Compilation des
données d'AGRI-STATS (Annuaire des statistiques du secteur agricole au
Cameroun)
* 14In Dictionnaire de
la géographie, 2009
* 15R. Joy cité par
André Lalande in « Vocabulaire technique et critique de la
philosophie » 1983, P.1278
* 16George P.
Dictionnaire de la géographie 10e Edition 2009
* 17 Assoumou Ndong F.
(1998) Stratégies de développement du secteur agricole au
Gabon: Que peuvent nous apprendre la formule d'entreprise coopérative et
l'approche de développement local ?
* 18A la création de
cette structure en 1958, on parlait de l'union des coopératives du
café arabica de l'Ouest. Mais en 1975 celle-ci changea de nom et devint
l'Union centrale des coopératives agricoles de l'Ouest. Le changement de
la dénomination de cette coopérative témoignait du souhait
d'étendre l'influence de cette structure au-delà du café
arabica et de le transformer en outil de développement agricole et
social dans la région de l'Ouest.
* 19Village pionnier de la
culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang. C'est un des villages du
groupement Foréké-Dschang, situé à 10 Km de la
ville de Dschang, sur l'axe routier Dschang-Santchou. La particularité
de ce village pionnier de la culture de la tomate est la relative suspension
de ses jardins de tomates à plus de 2000 m d'altitude. Dans ce village,
les jardins de tomate sont pour la plupart situés sur des versants aux
pentes plus ou moins abruptes.
* 20Nom donné au
« Acheteuse-revendeuse » au Cameroun.
* 21 Définition
tirée de la loi du 14 Avril 1992, qui instituait les organisations
paysannes.
* 22Lemildiou, francisation
phonétique de l'anglais mildew (moisissure, de l'
anglo-saxonmildeaw
signifiant « substance collante sécrétée par les
pucerons » ), est le nom générique d'une série
de
maladies
cryptogamiques affectant de nombreuses espèces de plantes, mais
prenant des proportions
épidémiques
dans certaines cultures de grande importance économique, telles que la
tomate et la
pomme de terre.Ces
maladies se manifestent par des taches brunes et/ou une apparence de
moisissures blanches et
cotonneuse suivies d'un flétrissement général de la
feuille, d'un rameau ou de toute la plante.
* 23Agri-Stat N° 16,
février 2010
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