UNIVERSITE CHEIKH ANTA DIOP DE DAKAR
FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES
DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE
MEMOIRE DE MASTER II
RESSOURCES ENVIRONNEMENT ET DEVELOPPEMENT
(RED)
PARCOURS : CLIMATOLOGIE
Sujet : LA VULNERABILITE DE LA COMMUNE
D'ARRONDISSEMENT DE THIES-NORD (VILLE DE THIES) AUX INONDATIONS
Présenté par :
Sous la direction de :
Saturnin Bonaventure Ngathie NGOM
M. Jean Baptiste NDONG
Maître de conférences
Année universitaire 2012-2013
AVANT PROPOS
Les villes du Sénégal sont aujourd'hui en proie
à des problèmes environnementaux que leur évolution induit
dans un contexte climatique en pleine mutation. Parmi ces problèmes, les
inondations occupent une place importante du fait des nombreux
dégâts et dommages qu'elles créent pour les territoires
urbains.
Dans un souci de comprendre le phénomène, j'ai
envisagé ce travail, inscrit dans une discipline de la géographie
qu'est la climatologie, afin d'apporter ma modeste contribution aux efforts
scientifiques en cours. C'est ce qui justifie le sujet de ce mémoire qui
s'intitule : La vulnérabilité de la commune
d'arrondissement de Thiès-nord (ville de Thiès) face aux
inondations.
Ce travail n'aurait pas été possible sans
l'apport et le soutien de mon directeur de mémoire, monsieur Jean
Baptiste NDONG. Il a conduit ce travail avec rigueur, disponibilité,
compréhension. Je tiens à le remercier du fond du coeur.
Un grand merci également à Mme Ciss Jeanne
Te-Moussé, secrétaire du département de géographie
qui m'a beaucoup soutenu et facilité ma présence au
département. Qu'elle reçoive ici mes sincères gratitudes.
Mes remerciements vont aussi à l'encontre du personnel
de la Commune d'arrondissement de Thiès-nord et de la ville de
Thiès qui m'ont ouvert leur porte, à Mr Gaye du service Cadastre
de Thiès, à Mr Diakhaté de la commune d'arrondissement de
Thiès-nord, Mr Abdoulaye Abou Ba de l'ANACIM, au doyen
Diémé de l'ADT-GERT pour ses nombreuses informations et ses
conseils, Mr Lô, délégué de quartier de
Médina Fall, au vieux Serigne Gaye, délégué de
quartier de Nguinth, à Mr Mbow, superviseur au district sanitaire de
Thiès.
Je ne saurai terminer ces mots sans remercier mes parents sans
qui, rien ne serait aujourd'hui. A ma mère Marie Thérèse
Diouf et mon père Lucien. A mon grand frère David, mention
spéciale à toi grand, à Aimé, Florence, Bernadette
et Rosalie. Ce travail est le vôtre.
A ma tante, madame Ndiaye Marie Khémesse Ngom et sa
famille, qui ont été sans façon. Vous m'avez reçu
chez vous et m'avez mis dans les meilleures conditions de vie et de travail.
Recevez ici mes sincères gratitudes.
Je ne saurais oublier madame Pouye Marie
Thérèse Dioh et ses enfants particulièrement Prudence, qui
m'ont accompagné dans mon cursus secondaire. Merci tata infiniment.
Je remercie également Anna Diop Thiaw, mes
aînés et collègues au département de
géographie notammenent Galine Yanon, Magatte Thiaw, Aliou Goudiaby,
Théophile Badji, Romélie Diatta,
A mes amis de toujours, Babo, Raymond Borges, Yves Tine,
Assirou, Raymond Faye, Mohamed Diouf, Pape Ndiaye, Odile Ndong, Salif Sarr,
Gilles Mbaye. Merci pour vos soutiens et votre sincérité.
A tout ceux et celles qui n'ont pas vu leur nom et qui m'ont
toujours soutenu, je vous dis merci.
LISTE DES SIGLES,
ACRONYMES ET ABREVIATIONS
ACMAD: African Center of Meteorological
Applications for Development
ANACIM : Agence Nationale de l'Aviation
Civile et de la Météorologie du Sénégal
ANSD : Agence Nationale de la
Statistique et de la Démographie
BPIT : Basses Pressions
Intertropicales
CCNUCC : Convention Cadre des Nations
Unies sur les Changements Climatiques
CSE : Centre de Suivi Ecologique
DPC : Direction de la Protection
Civile
EAA : Eau et Assainissement pour
l'Afrique
EM: Equateur Météorologique
ENDA : Environmental, Development
Actions
GES : Gaz à Effet de Serre
GIEC : Groupe Intergouvernemental des
experts sur l'Evolution du Climat
GRC : Gestion des Risques et
Catastrophes
HPT : Hautes Pressions Tropicales
IFAN: Institut Fondamental d'Afrique Noire
IREF/Thiès : Inspection
Régionale des Eaux et Forêts de Thiès
JEAN : Jet d'Est Africain Nord
JET : Jet d'Est Tropical
OMM : Organisation
Météorologique Mondiale
ONAS: Office National de l'Assainissement du
Sénégal
PAER/THIES: Plan d'Action Environnemental
Régional de Thiès
PANA : Plan National d'Adaptation aux
changements climatiques
PAPI : Programme d'Action Prioritaire de
Prévention des Inondations
PNAT : Plan National
d'Aménagement du Territoire
PIGB : Programme International
Géosphère Biosphère
PMRC : Programme Mondial de Recherche
sur le Climat
RN : Route Nationale
SIG-P : Système d'Information
Géographique Participatif
SPI: Standardized Precipitations Index
STEP: Station d'Epuration
UNACOOP: Union Nationale des
Coopératives d'habitat
VCN : Voie de Contournement Nord
ZAC : Zone d'Aménagement
Concerté
SOMMAIRE
INTRODUCTION GENERALE 11
I/ PROBLEMATIQUE 13
II/ METHODOLOGIE 19
PREMIERE PARTIE : PRESENTATION DE LA COMMUNE
D'ARRONDISSEMENT DE THIES-NORD 22
CHAPITRE I : SITE ET SITUATION 24
CHAPITRE II : LE CADRE CLIMATIQUE 30
CHAPITRE III : LA POPULATION ET LA MORPHOLOGIE URBAINE
47
DEUXIEME PARTIE : LA VULNERABILITE URBAINE FACE AUX
INONDATIONS 53
CHAPITRE I : L'ALEA CLIMATIQUE 55
CHAPITRE II : LA VULNERABILITE BIOPHYSIQUE 64
CHAPITRE III : LA VULNERABILITE URBAINE 71
TROISIEME PARTIE : LA GESTION DU RISQUE D'INONDATION
86
CHAPITRE I : LA GESTION INSTITUTIONNELLE DU RISQUE
D'INONDATION ET LES STRATEGIES LOCALES D'ADAPTATION 88
CHAPITRE II : LES CONTRAINTES DANS LA GESTION DU RISQUE
D'INONDATION A THIES-NORD 97
CONCLUSION GENERALE 103
INTRODUCTION GENERALE
Le changement climatique a fini de placer les
villes au coeur des préoccupations environnementales et
socio-économiques. Il suscite de nombreuses réflexions en termes
de gestion des risques et des stratégies d'adaptation surtout dans les
villes des pays en développement. Cela nécessite certes de
renforcer les connaissances sur les aléas relatifs au climat, mais aussi
et surtout de comprendre la vulnérabilité des
milieux urbains, ce qui implique une approche pluridisciplinaire.
La dégradation du cadre de vie de beaucoup de citadins
de ces pays est la résultante d'un contexte climatique instable
caractérisé par une variabilité pluviométrique
forte et une recrudescence des événements pluvieux, mais aussi
d'un aménagement précaire lié à des insuffisances
dans la gestion de l'urbanisation.
En effet, zone stratégique de par sa situation
géographique, la commune d'arrondissement de Thiès-nord se
développe d'une manière exponentielle. Ce développement
sur un site relativement exposé suit lentement les
logiques d'aménagement urbain qui veulent que la planification
précède l'occupation du sol. En plus, la dégradation de
tout un ensemble socio-naturel de la ville de Thiès que subit la commune
d'arrondissement montre bien le retard dans la quête d'une urbanisation
durable.
Ainsi la commune d'arrondissement est affectée de plus
en plus par des inondations qui résultent des insuffisances dans la
gestion des eaux pluviales à un moment où les contraintes
climatiques et le cadre physique sont sensibles. Même si la zone
dispose de réseaux d'assainissement pluvial, leur mauvais fonctionnement
et l'insuffisance de politiques urbaines cohérentes constituent des
facteurs aggravants du risque d'inondation.
Aujourd'hui comme pour le futur, il devient impérieux
d'anticiper le changement climatique à travers l'intégration de
la dimension risque dans les politiques urbaines, eu égard aux
conditions d'évolution des sociétés et du climat et
celui-ci pourrait passer par une compréhension de la
vulnérabilité de la commune d'arrondissement de
Thiès-nord.
L'ambition étant de participer à
l'avancée de la recherche scientifique sur les inondations au
Sénégal, ce mémoire constitue une esquisse dans l'analyse
de ce phénomène, qui gagne de plus en plus de terrain. Il
s'articule autour de trois parties. La première fait la
présentation de la commune d'arrondissement de Thiès-nord. La
détermination de la vulnérabilité face aux inondations
constituera la deuxième partie de ce travail. La dernière partie
s'intéressera à l'analyse de la gestion du risque.
I/PROBLEMATIQUE
1.1/ Contexte
Le changement climatique, constitue l'un des problèmes
les plus actuels de la planète. Il pose de nombreux défis aux
communautés humaines en quête du développement durable.
Le changement climatique serait la conséquence du
réchauffement de la Terre lié à l'augmentation de la
concentration de Gaz à Effet de Serre (GES) dans l'atmosphère
(GIEC1(*), 2007), dont
l'origine serait anthropique. Selon la Convention Cadre des Nations Unies sur
les Changements Climatiques (CCNUCC), les GES additionnels constituent la cause
première du changement climatique. A ce facteur, il faut ajouter la
variabilité naturelle du climat liée aux paramètres
orbitaux et à l'activité solaire.
En Afrique de l'Ouest, il est marqué par une
forte variabilité pluviométrique ponctuée par une
recrudescence des événements météorologiques
extrêmes tels que les sécheresses et les inondations.
Ces événements extrêmes parmi lesquels,
les inondations, semblent être désastreux pour
des communautés urbaines dépourvues de solutions
durables de lutte contre ces phénomènes (Gaye, 2009). Les
populations pauvres de cette contrée sont les plus touchées. Pour
la seule année 2012, 2,2 millions de personnes ont
été affectées par les inondations2(*).
La configuration socio-spatiale des villes ouest africaines
notamment la croissance démographique, l'urbanisation et la gestion
urbaine constituent des facteurs aggravants de la vulnérabilité
de ces zones urbaines. A cette dynamique se greffe une faible perception du
risque liée à l'insuffisance d'informations environnementales.
Les territoires urbains sembleraient aujourd'hui très
exposés au changement climatique en Afrique de l'ouest
dont la dynamique urbaine est l'une des plus importantes au monde.
Ces différents problèmes induits par le
changement climatique touchent le Sénégal, si l'on sait que les
villes ouest africaines gardent des caractéristiques assez similaires
pour leur urbanisation et leurs structures socio-économiques.
Les inondations se manifestent de plus en plus dans les villes
sénégalaises et elles coïncident avec un retour
sporadique des pluies, notées ces dernières années.
Elles ont affecté des villes comme Dakar depuis 2005, Kaolack en 2009,
Thiès en 2007 et en 2011.
Ces dix dernières années ont été
marquées par une recrudescence de ce phénomène qui affecte
les villes du littoral et récemment les villes
continentales du pays. Elles ont causé rien que pour
l'année 2012, 16 morts au Sénégal3(*) sans compter les nombreuses
plaies qu'elles laissent à des sociétés urbaines fragiles.
La tendance pluviométrique observée ces
dernières années et qui est concomitante à la longue
baisse de la pluviométrie entamée depuis 1970, trouve une
situation socio-économique des villes, caractérisée par
des sites très sensibles aux eaux, une mal
gouvernance et une croissance urbaine sans
précédent.
Cette configuration urbaine traduit des niveaux
d'exposition aux risques d'inondation des milieux urbains
sénégalais, urbanisés dans un contexte de baisse de la
pluviométrie et qui, aujourd'hui doivent résister au
« retour des pluies » de ces dernières
années. Les villes du Sénégal subissent les inondations
qui de nos jours semblent épouser les contours d'une récurrence
(Thiam, 2011).
Peut-on lier ces inondations à cette tendance
pluviométrique ?
Le mode d'aménagement de ces espaces urbains n'a-t-il
pas également favorisé leurs inondations ?
Parmi ces espaces urbains, notre étude porte sur celle
de la commune d'arrondissement de Thiès-Nord dans la ville de
Thiès, qui est une ville continentale et dont l'urbanisation prend des
proportions inquiétantes dans un contexte de variabilité
pluviométrique importante. Le développement urbain de
Thiès sur ce site sensible et la croissance démographique qui
s'ajoute à des capacités d'adaptation faibles présentent
un enjeu majeur du changement climatique à travers
l'exposition des systèmes naturels et
socio-économiques aux inondations.
1.2/ Justification
Les pluies diluviennes qui se sont abattues dans la ville de
Thiès durant le mois d'août 2012 ont provoqué des
inondations importantes dans la commune d'arrondissement de Thiès-Nord.
Cette même situation a été observée en août
2011 où 53 mm enregistrés le 02 août, ont provoqué
des sinistres importants et touché plus de 150 familles (Thiès
info, 2011), notamment dans les quartiers de la commune d'arrondissement
situés dans des zones basses comme à Nguinth et Médina
Fall. Ces pluies importantes qui succèdent aujourd'hui aux
épisodes secs que connaissait la zone (Gueye, 2006),
interviennent dans un contexte urbain très précaire à
l'instar de beaucoup d'autres milieux urbains du pays.
Ces évènements pluvieux accompagnent un contexte
pluviométrique marqué par des années de plus en plus
humides mais trouvent une commune d'arrondissement qui fait face à une
dynamique urbaine très importante comme la ville de
Thiès de manière générale. Cette tendance urbaine
expose la zone aux inondations car il faut reconnaître que « le
milieu urbain majore très souvent les risques climatiques liés
à des types de temps exceptionnels » (Besancenot, 1997).
Ainsi la vulnérabilité de la commune
d'arrondissement de Thiès-Nord aux inondations semblerait augmenter du
fait de la croissance démographique, d'une urbanisation rapide et mal
contrôlée, un système d'assainissement faible (Fall et
Gaye, 2009) et une absence de perception des aléas climatiques par les
populations.
Ces caractéristiques s'ajoutent à un
site de la commune d'arrondissement relativement exposé
et affecté en amont par une dégradation sans
précédent de la couverture végétale qui servait de
frein à l'effet cinétique des eaux de ruissellement (PAER,
2007)4(*).
Le risque d'inondation ne pourrait être uniquement
envisagé sous l'angle d'évènements pluvieux
observés dans la zone, mais serait surtout déterminé par
sa configuration socio-spatiale. Car l'ampleur d'un événement
climatique est fonction des sociétés et de leur mode
d'organisation (Lamarre et Pagney, 1999).
Ainsi se justifie le cadre choisi et le thème de notre
étude car la compréhension des enjeux du changement climatique
passe par la connaissance de la vulnérabilité qui constitue
« une composante déterminante du risque qu'il soit naturel ou
d'origine anthropique » (Sané et al, 2011).
1.3/ Objectifs et
hypothèses de l'étude
Pour réaliser ce travail de recherche, nous nous
sommes fixés des objectifs clairs et précis et des
hypothèses qui nous permettront de mieux aborder la question de
recherche.
1.3.1/ Objectif
général
L'objectif général de cette étude
consiste à la caractérisation de la vulnérabilité
de la commune d'arrondissement de Thiès-nord face aux inondations.
1.3.2/ Objectifs
spécifiques
Pour répondre à cet objectif
général, nous nous sommes fixés des objectifs
spécifiques qui s'articulent autour de trois axes :
-Le premier consiste à déterminer les
aléas climatiques à travers l'analyse de la variabilité
pluviométrique.
-Le deuxième objectif consiste à identifier des
facteurs d'exposition aux inondations dans la commune d'arrondissement de
Thiès-nord
- Le dernier objectif est d'analyser la gestion du risque
d'inondation pour l'aide à la décision.
1.3.3 Hypothèses
Pour atteindre ces objectifs de recherche, nous avons
envisagé des hypothèses sur lesquelles ce travail repose. De
là nous supposons en premier lieu que :
-l'évolution du climat à Thiès-nord est
caractérisée par la variabilité pluviométrique et
un retour des pluies excédentaires.
- la dynamique urbaine augmente sa
vulnérabilité aux inondations
-la gestion efficace du risque d'inondation permet
d'anticiper et de résister au changement climatique.
1-4/ Le cadre conceptuel
Après la définition de ces objectifs, nous avons
essayé une élucidation conceptuelle afin de bien
déterminer le cadre théorique de notre travail. Le choix des
concepts n'est pas anodin et répond à l'objectif de notre travail
même si d'autres concepts peuvent trouver leur pertinence dans ce cadre,
mais nous nous efforcerons au cours de notre propos d'apporter des
éclairages nécessaires.
Changement climatique
Ce concept est analysé selon la définition du
GIEC, c'est-à-dire comme « toute évolution du
climat qui se caractérise par une modification significative de la
moyenne et /ou variabilité de ses propriétés pendant
des décennies5(*) ». Cette définition semblerait plus
large car elle englobe les modifications du climat dues à la
variabilité naturelle et aux activités anthropiques. La
responsabilité de l'homme dans le changement climatique
a généré des inquiétudes au plan international.
Cela a suscité la mise en place à Rio de Janeiro au
Brésil, d'une convention dite du climat ratifiée par 159 pays et
qui a trouvé son prolongement dans le Protocole de Kyoto en 1997.
Pour (Arlery et al, 1973), en citant l'OMM, le
changement climatique est un terme général qui englobe
« toutes les formes d'inconstances climatiques quelle que soit leur
nature statistique ». A l'échelle du Sahel (notre zone
d'étude y comprise), on peut parler de changement climatique car la
modification des précipitations ne peut pas être comparée
à « une crise passagère et limitée dans
l'espace » (Leroux, 2000) mais s'inscrit dans le cadre
d'un « réel » changement.
Risque
Le risque est synonyme de danger dans sa conception commune.
Mais cette définition peut paraitre un peu réductrice car le
risque est envisagé dès lors que sous l'aspect d'un danger qui
survient. Dans la discipline climatologique, le concept de risque pourrait
contenir une double idée, celle de danger et d'exposition au danger
(Vigneau, 2000).
Autrement dit, le risque constitue une jonction entre la
survenue d'un phénomène, par exemple les fortes pluies, les
cyclones tropicaux, les vagues de chaleur, et la manière dont les
systèmes socio-naturels font face à ses phénomènes.
Il se définit dans cette équation ci-dessous :
RISQUE = ALEA + VULNERABILITE
Aléa
Le terme signifie la « probabilité
d'occurrence d'un phénomène susceptible d'entrainer des
dommages »6(*). En
d'autres termes, il représente un potentiel pour un
événement de se produire et ayant des conséquences qui
peuvent être négatives. Le terme aléa renvoie pour cette
étude aux modifications notées sur le climat et qui sont
susceptibles de déclencher un danger, mais ne représente pas
réellement le risque.
Vulnérabilité
Le terme de vulnérabilité peut être
défini comme une fragilité aux agressions de l'extérieur.
Une fragilité qui peut être liée à certaines
caractéristiques ou circonstances qui rendent un système
susceptible de subir l'effet d'un danger. Elle est corollaire au type
d'aléa, à son intensité et à la nature des enjeux
(maison, usine, population, établissement humain...) en question.
Le GIEC définit en revanche, la
vulnérabilité comme un niveau selon lequel « un
système est susceptible ou incapable de faire face au changement
climatique », Autrement dit, elle est fonction de
l'exposition et de la sensibilité des systèmes
aux effets de l'aléa mais aussi la capacité d'y faire face (GIEC,
ibid).
Inondation
Une inondation peut être définie comme un
envahissement des lieux habituellement émergés par l'eau. Elle
peut résulter de facteurs géomorphologiques, hydrologiques,
climatologiques, anthropiques et dépend, dans une certaine mesure, du
contexte spatial, (Wallez, 2010), défini dans notre
étude comme la ville, et des dispositions des populations, comprenons
ici la dynamique urbaine.
Il existe plusieurs types d'inondation :
Elles peuvent être liées à un
débordement d'un cours d'eau de son lit mineur pour occuper le lit
majeur.
Elles peuvent aussi être le résultat d'une
accumulation d'eau ruisselée au cours ou après une averse, quand
il y a incapacité d'infiltration ou un faible système
d'évacuation des eaux. C'est ce type d'inondation qu'on voit souvent en
milieu urbain et qui est évoqué dans ce travail.
II/ METHODOLOGIE
La plupart des approches de la vulnérabilité
consiste à évaluer avec des matrices, les éléments
exposés et sensibles aux risques. Dans ce travail, nous envisageons une
approche moins quantitative mais assez complémentaire en analysant de
manière qualitative les facteurs de vulnérabilité de la
commune d'arrondissement de Thiès-nord aux inondations. Autrement dit,
il s'agit de déterminer une co-occurrence entre un
aléa et la vulnérabilité d'un lieu donné.
Ainsi nous avons adopté une méthodologie qui
tourne autour de trois axes. Il s'agit de la revue documentaire, de la collecte
des données et de l'analyse des données.
2-1/ La revue documentaire
La connaissance du thème et de la zone d'étude
passe nécessairement par une revue documentaire. Cette approche
méthodologique nous a permis d'envisager une analyse critique et une
synthèse de l'état de la question.
Elle nous a conduit dans différents centres de
recherche et structures universitaires tels que la bibliothèque centrale
de l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar, celle du département
de Géographie de la dite université, Enda Tiers-monde, IFAN, le
Centre de Suivi Ecologique (CSE),
Dans ces structures, nous avons consulté des ouvrages
généraux, spécifiques, des thèses et des
mémoires et aussi certaines revues.
Nous avons également beaucoup utilisé
l'internet, outil indispensable de nos jours dans la recherche scientifique,
car cela nous a beaucoup facilité l'accès à certaines
publications.
2-2/ La collecte des
données
Cette phase correspond à notre contact avec le
terrain. Elle nous a permis de recueillir des informations essentielles sur
notre zone d'étude. Elle s'est faite en deux parties :
La première partie nous a menés dans plusieurs
structures pour obtenir les données de cette étude.
Les données climatiques utilisées sont issues de
l'Agence Nationale de l'Aviation Civile et de la Météorologie
(ANACIM). Elles concernent les vents, l'insolation, les températures,
l'humidité relative et la pluviométrie.
Celles relatives à la démographie et à
l'évolution socio-économique sont tirées de
différentes structures telles que l'Agence Nationale de la Statistique
et de la Démographie (ANSD), la commune d'arrondissement de
Thiès-nord, la Ville de Thiès et les autres services
déconcentrés de la ville de Thiès.
La deuxième partie s'est faite en trois
étapes :
-Une première qui a consisté à une
enquête auprès des ménages. C'est une
enquête ciblée qui ne concerne
que les ménages affectés par les inondations que nous avons
répertoriés dans la zone. Elle est orientée sur la
perception du changement climatique par les populations sinistrées dans
la commune d'arrondissement.
L'échantillon porte sur un effectif de 69
ménages répartis entre les quartiers de Nguinth, de Médina
Fall, de Keur Mame El Hadj et de Thialy. Sur les 69 ménages
ciblés, 76,8% ont été effectivement enquêtés
(Tableau 1).
Tableau 1: Echantillonnage pour les enquêtes par
quartier
Localité
|
Quartiers
|
Nombre de ménages ciblés
|
Nombre de ménages
enquêtés
|
Thiès-nord
|
Nguinth
|
30
|
27
|
Médina Fall
|
17
|
13
|
Thialy
|
12
|
8
|
K.M.El Hadj
|
10
|
5
|
Total
|
69
|
53
|
Fréquence
|
100%
|
76,80%
|
Source : S.B.NGOM, 2013
Les autres ménages restants soit 23,2% ont
refusé l'enquête pour plusieurs raisons que nous avons
comprises.
-Ensuite il a été procédé à
l'élaboration d'un guide d'entretien pour interroger des personnes
ressources de la ville de Thiès et de la commune d'arrondissement de
Thiès-nord. Cette étape nous a permis d'obtenir un certain nombre
d'informations pour cette étude.
-La dernière étape s'est réalisée
à travers des visites sur le site de la zone d'étude. Elles ont
principalement ciblé les quartiers inondés dans la zone
d'étude. Nous les avons effectuées à l'aide d'un appareil
numérique qui nous a permis d'obtenir des informations plus claires pour
illustrer nos propos. Les observations qui y ont été faites nous
ont permis de compléter notre analyse.
Ces différentes phases ont été
déterminantes dans l'étude car elles nous ont permis d'avoir des
informations assez fournies et illustrées.
2-3/ L'analyse des
données
Cette partie sera consacrée au traitement et à
l'analyse des données acquises lors de notre travail de terrain. Elle a
été réalisée grâce à divers logiciels
de traitement et d'analyse de données.
Les différentes cartes présentées dans ce
travail sont élaborées avec le logiciel Arc Gis version 9.3.
Nous avons utilisé Excel pour le traitement des
informations climatologiques, socio-démographiques et
l'élaboration de graphiques et tableaux.
Le logiciel Sphinx Plus² nous a servi pour le
dépouillement des informations obtenues lors de nos enquêtes.
La démarche adoptée dans cette étude
consiste en une approche intégrée de la
vulnérabilité axée sur le critère
d'exposition. Cette approche met en relation la ville de
Thiès et la commune d'arrondissement de Thiès-nord.
L'objectif visé à travers cette approche est de
fournir une aide à la décision aussi bien pour les pouvoirs
publics que pour les acteurs locaux. S'il est vrai qu'il y a des outils qui
permettent de quantifier la vulnérabilité et ses indicateurs, ils
n'ont pas été utilisés ici. Toutefois, l'approche
qualitative peut permettre de mettre à la disposition des
décideurs, des éléments assez fournis pour les politiques
et les stratégies de gestion du risque.
PREMIERE PARTIE:
PRESENTATION DE LA ZONE D'ETUDE
La commune d'arrondissement de Thiès-nord a
été créée en 2008 par le
Décret numéro 2008-1344 du 20 novembre
20087(*) portant
sur le découpage administratif du Sénégal. Elle constitue
avec la commune d'arrondissement de Thiès-ouest et Thiès-est, les
trois collectivités locales qui composent la ville de Thiès.
Cette dernière située à 70 km de Dakar,
la capitale du Sénégal et à moins de 50 km de la commune
de Mbour, constitue le chef-lieu de la région de Thiès. Elle
s'étire sur une superficie de 6882 hectares. Sa partie nord est
constituée par la commune d'arrondissement de Thiès-nord qui
constitue la deuxième collectivité la plus peuplée
après celle de Thiès-est.
La commune d'arrondissement de Thiès-nord
constituée par les quartiers de ce qui était
considéré jadis comme la zone nord de la commune de Thiès,
est limitée au nord par la communauté rurale de Fandène,
au Sud par la commune d'arrondissement de Thiès ouest et celle de
Thiès-est, à l'ouest par la Voie de Contournement Nord (VCN) et
à l'est par Thiès-est.
Dans le souci d'étayer nos propos, nous allons
définir le cadre de l'étude au travers d'une présentation
de la zone.
D'abord, nous allons déterminer le cadre physique de
la commune d'arrondissement de Thiès-nord en étudiant le site de
la zone et sa situation.
Ensuite il s'agira d'étudier le climat de la ville de
Thiès qui nous permettra de comprendre la dynamique et les
paramètres climatiques de la zone.
Enfin, nous tenterons de déterminer une
géographie humaine de la commune d'arrondissement de Thiès-nord
au travers d'une étude de sa population et de la morphologie urbaine.
Chapitre 1 : SITE ET
SITUATION DE THIES-NORD
1-1 Le relief et la morphologie
de Thiès-nord
La ville de Thiès appartient à l'ensemble
géologique constitué par le bassin sédimentaire
Sénégalo-mauritanien. Son relief est marqué par le Plateau
de Thiès, sur lequel est érigée la ville.
Ce Plateau d'une altitude d'environ 130 m repose sur un
substrat composé de dépôts du crétacé et du
Tertiaire (PAER, 2007). Il s'incline en direction du centre du pays
décrivant une étroite échancrure dite du « Ravin
des voleurs » dont la ville se trouve dans son prolongement vers
l'est.
Figure 1: Modèle numérique de terrain de
la ville de Thiès (Source, ONAS)
La ville est dans l'ensemble plate avec une altitude moyenne
qui varie entre 40 m et 80 m (Figure 1). Les altitudes
maximales s'observent dans la partie Sud et Ouest de la ville. Cette zone
s'étire vers les pentes maximales du plateau et font de la ville une
zone de déversoir des eaux de ruissellement du plateau. Les parties les
plus basses de la ville sont situées au nord et à l'est de la
ville.
Le plateau de Thiès repose sur un substrat
composé de dépôts du crétacé et du Tertiaire
avec la présence de marne et de calcaire, Il est par endroit
composé de couches phosphatées dans la partie ouest de la ville.
On note la présence d'alumine sur une partie de ces couches formant des
cuirasses blanchâtres. Ces cuirasses compactes sont couvertes par endroit
par des cuirasses ferrugineuses.
La commune d'arrondissement de Thiès-nord,
localisée au nord de la ville, est située dans la partie basse,
au coeur de la cuvette décrite sur le plateau de Thiès.
L'unité morphologique caractéristique de cette
zone est la dépression qui prolonge la ville vers Fandène.
En effet, cette dépression résulte de
l'inclinaison du plateau en direction du centre du pays. Elle est formée
par une cuvette orientée Sud-ouest, nord-est et constituée d'un
épais manteau de sable qui masque l'affleurement de la marne et du
calcaire observé sur le plateau. C'est une zone de transition car
s'inscrivant dans une discontinuité morphologique et
pédologique (Pélissier, 2008) entre les
élévations de l'ouest du pays et les zones basses du centre
occupées par la région naturelle du Bassin arachidier.
D'ailleurs la distribution géographique des
collectivités locales inscrit cette zone dans le centre-ouest du pays.
On retrouve dans cette partie nord de la ville des faciès fortement
influencés par le contraste topographique.
Aux formations sableuses du Bassin arachidier s'ajoutent des
formations argileuses et des sols compacts et durs « en raison de la
présence, en surface, de calcaire et de marne »8(*).
Cette configuration topographique et morphologique de la
commune d'arrondissement de Thiès-nord demeure essentielle à
prendre en compte dans les aménagements eu égard à sa
fragilité face aux pluies.
1-2 La pédologie
De manière générale, les types de sols
que l'on rencontre dans notre zone d'étude sont ceux observés
dans la ville de Thiès (Figure 2). La commune
d'arrondissement de Thiès-nord est caractérisée par les
sols de type ferrugineux tropicaux qui se répartissent en sols
« diors», sols decks et les sols de bas-fond.
Figure 2: Situation pédologique de Thiès
(Source CSE, 2013)
Les sols ferrugineux tropicaux lessivés constituent 70%
des sols de la région (PAER, 2007). On les rencontre sur une bonne
partie de la zone d'étude. Ces sols sont élaborés à
partir des sables quartzeux du Quaternaire. Ils sont de
textures grossières, sablonneuses et pauvres en matières
organiques. On les rencontre presque partout dans la zone Ces sols sont
favorables à l'agriculture, leur texture sablonneuse les rend
« meubles et perméables mais instable ce qui les rend
fragiles et limite leur capacité de rétention en eau »
(Pélissier, 2008).
Nous avons les sols ferrugineux tropicaux peu lessivés
à texture argilo-sablonneuse appelés sols
« decks » et « deck-diors ». Ce sont
des sols limono-argileux, voire argileux, assez souvent
hydromorphes. On les rencontre dans les bas-fonds et les zones
de réceptacle des eaux de ruissellements du plateau. Ces sols sont plus
compacts et plus imperméables que les précédents et leur
teneur en argiles importante en fonction de la situation topographique.
Ces sols caractéristiques du bassin-versant de
Fandène sont très présents dans notre zone d'étude.
Ils sont favorables à l'arboriculture fruitière et au
maraîchage, leur localisation à Nguinth explique aisément
la présence dans ce quartier de la Maison Horticole. Ces sols sont
sensibles aux inondations.
1-3 Le réseau
hydrographique
Nous ne tentons pas de faire une étude exhaustive de
l'hydrologie de Thiès-nord et en général de la ville,
celle-ci ayant déjà fait l'objet de travaux (Sylla, 2004 ;
Ba, 2006). Toutefois, il nous paraît important pour toute étude
sur les inondations de montrer quelques grands traits qui méritent notre
attention dans un contexte de modification du climat.
La ville de Thiès est située dans la
deuxième zone d'influence directe du Plateau de Thiès
constituée par le bassin versant de Fandène. En effet, la ville
constitue l'aval-pendage de la cuesta qui porte le même nom.
Le réseau hydrographique s'organise à partir du
plateau comme dans l'ensemble du réseau hydrographique de la
région. Il est actuellement pauvre et dépourvu de ressources
superficielles. On ne rencontre presque plus de cours d'eau à
l'exception de certains marigots qui ont tendance à «
régresser suite aux baisses de la pluviométrie depuis
1972 »9(*).
En saison des pluies, le ruissellement sur les pentes du
plateau, situé à l'ouest et au Sud de la ville, se dirige vers la
partie nord qui prolonge la cuvette de Thiès vers la dépression
de Fandène. La commune d'arrondissement est marquée par un
écoulement qui ne se manifeste qu'en saison des pluies et qui peut
être souvent très important occasionnant ainsi des inondations.
Du point de vue hydrogéologique, notre zone est
constituée par deux grands systèmes aquifères
composés du système aquifère profond et celui dit
intermédiaire (CSE, 2010).
Le système aquifère profond est marqué
à Thiès par la nappe des sables aquifères du Maestrichtien
et une nappe importante au niveau des bassins sédimentaires10(*). Sa profondeur varie de 100
à 400 m et connait par endroit des remontées vers la surface.
Le système aquifère intermédiaire qui est
caractérisé par les nappes du réseau calcaire de
l'Eocène, moins importantes, sont exploitées par des puits. Les
profondeurs varient de 20 à 50 m.
En somme il faut dire que les caractéristiques
physiques des milieux urbains sont souvent mal connues ou du moins ne font pas
souvent l'objet d'étude assez profonde. Pourtant ils le
nécessitent car les sites urbains hébergent des populations et
des activités qui influencent le relief, les sols, le réseau
hydrographique posant souvent des dysfonctionnements dans l'aménagement
urbain.
1-4 La situation : un
atout pour la commune d'arrondissement de Thiès-nord
La situation géographique de Thiès-nord au
niveau national et local constitue un enjeu urbain très important dans
un contexte d'urbanisation de tout un ensemble allant de Dakar à
Thiès avec la construction de l'aéroport de Diass et l'autoroute
à péage Dakar-Thiès-Touba.
Au niveau national, la commune d'arrondissement est
traversée par la Route Nationale 2 (RN2)
(Figure 3) qui ouvre le pays vers le nord et constitue un
relais important de la migration vers Dakar, la capitale du
Sénégal. La construction de la Voie de Contournement Nord (VCN) a
beaucoup participé au désenclavement de la zone et
augmenté les opportunités des échanges entre populations
autochtones et passagers des routes.
Par ailleurs, la construction de l'aéroport de Diass et
de l'autoroute à péage induira certainement des fonctions
urbaines nouvelles pour cette zone très stratégique dans la
mobilité au Sénégal.
Figure 3: Localisation de la commune d'arrondissement
de Thiès-nord
A l'échelle locale, la commune d'arrondissement de
Thiès-nord est très liée à la communauté
rurale de Fandène. Cette proximité spatiale a beaucoup
participé à la migration de beaucoup de ruraux dans la zone de
Thiès, surtout au niveau de notre zone d'étude.
Elle est aussi à l'origine des liens culturels entre
ces communautés urbaines et leurs soeurs rurales. Cela est d'autant plus
vrai qu'au cours de notre travail de terrain, nous avons observé que
certains ménages gardent les modes de vies épousés ou
hérités du monde rural. C'est le cas dans certains quartiers
comme Thialy, Nguinth et certains quartiers rattachés récemment
à la commune d'arrondissement. On peut citer entre autres,
Pognène, Keur Issa, Diassap.
Cependant, cet atout spatial semble de nos jours pris en otage
par des rivalités dues au foncier et aux limites communales.
L'étirement de la commune d'arrondissement, au détriment de ces
communautés rurales, crée souvent des conflits d'usage de la
terre particulièrement avec celle de Fandène.
Chapitre 2 : LE CADRE
CLIMATIQUE
La ville de Thiès appartient au domaine
soudano-sahélien, domaine climatique appartenant à la zone
tropicale, qui « caractérise la zone Centre-Ouest du
Sénégal »11(*). Son régime climatique est
déterminé comme dans toute l'Afrique de l'Ouest par le
régime des précipitations.
L'étude du climat d'une zone reviendrait à
l'analyser en termes d'apport et de réponse. Le premier s'appuie sur
l'analyse de la circulation atmosphérique et le second sur les
éléments mesurables du climat et résultant du jeu des
facteurs du premier.
Nous allons déterminer, dans un premier temps,
la dynamique aérologique qui régit l'évolution du temps
dans notre zone d'étude à travers l'étude de la
circulation atmosphérique tropicale, les
discontinuités qui interrompent cette circulation et
les phénomènes qui la perturbent. Dans un second
temps, nous allons étudier les caractères moyens du climat de
Thiès.
2-1/ La circulation
atmosphérique tropicale
La zone tropicale, dans laquelle s'intègre la ville de
Thiès, constitue la zone limitée, du point de vue climatologique,
par les Hautes Pressions Tropicales (HPT) qui enserrent les
Basses Pressions Intertropicales (BPIT) situées près de
l'équateur. Ces individus isobariques forment une double ceinture de
hautes pressions située de part et d'autre de l'équateur et
localisée vers 30° de latitude nord et sud. Dans ce cadre
aérologique, on distingue deux types de circulation. Une circulation en
surface et une circulation en altitude.
2-1-1/ La circulation en
surface
La circulation en surface est contrôlée par
l'anticyclone des Açores, l'anticyclone Saharo-libyen dans
l'hémisphère nord et l'anticyclone de Sainte-Hélène
dans l'hémisphère sud. Cette circulation connaît des
variations saisonnières et se caractérise par l'existence de deux
flux, l'alizé et la mousson (Figure
4).
2-1-1-1/
L'alizé
L'alizé est le nom donné au flux issu des hautes
pressions tropicales et qui se dirige vers l'équateur, un flux dont la
force de Coriolis imprime une composante est (Le Borgne, 1988). Il est
entièrement compris dans un hémisphère, donc ne traverse
pas l'équateur géographique.
La circulation d'alizé dans notre zone d'étude
s'effectue en période hivernale qui coïncide avec la saison
sèche. Elle est contrôlée comme dans toute l'Afrique de
l'ouest par l'anticyclone des Açores localisé dans l'océan
Atlantique et l'anticyclone Saharo-libyen. L'alizé se
caractérise par sa vitesse, sa direction, son épaisseur et sa
trajectoire.
La vitesse de l'alizé dépend de
la puissance de l'anticyclone qui lui a donné naissance. Elle
dépend aussi de la saison. Les vitesses sont plus fortes en hiver en
raison du renforcement des hautes pressions tropicales.
Sa direction est variable et dépend de
la position des cellules qui le dirigent. La direction dominante est de
nord-est dans la ville de Thiès. Son épaisseur
varie en fonction de la saison, de la latitude et de l'inclinaison de l'axe
vertical des cellules12(*).
En fonction de sa trajectoire, nous
avons :
- L'alizé maritime de direction nord
et venant de l'océan. Il couvre le plus d'espace tropical en raison de
l'extension des surfaces maritimes et aussi de la permanence des
agglutinations anticycloniques. Il est émis par l'anticyclone
des Açores et pénètre progressivement à
l'intérieur du continent. Vers la ville de Thiès, il perd ses
caractères.
En effet, lorsque l'alizé maritime
pénètre à l'intérieur des terres, il perd ses
caractères hygrométriques de départ et épouse ceux
de sa trajectoire. Au niveau de la ville de Thiès, il devient un
alizé maritime stable (Sylla, 2004) du fait de la situation de la ville
et est dominé par la subsidence, ce qui le rend inapte à
générer des précipitations. La ville de Thiès
reçoit peu l'influence de l'alizé maritime qui intéresse
plutôt la partie nord-ouest de la région qui porte le même
nom.
-L'alizé continental est issu de la
cellule Saharo-libyenne et est caractérisé par ses
températures élevées. Son influence est très
marquée dans la ville et il est à l'origine des fortes
températures observées dans la ville en saison sèche. Il
est nommé harmattan, vent chaud et sec qui transporte souvent des
particules de sables et de poussières en raison de sa trajectoire
continentale, d'où l'appellation de « brume
sèche ».
Figure 4: Circulation moyenne en surface en Afrique de
l'ouest (Source : Sagna, 2011)
2-1-1-2/ La mousson
Le mot mousson vient de l'arabe maussin qui signifie
« saison ». Sa circulation n'existe pas partout dans le
globe mais une bonne partie de la population mondiale vit sous son
influence.
C'est un flux issu d'un hémisphère et qui
s'intègre dans la circulation de l'autre hémisphère. Il
s'inscrit dans une déclivité transéquatoriale et peut
être associée à une différence de pressions entre un
anticyclone dans un hémisphère et une dépression thermique
dans l'autre.
Dans le cas de la mousson africaine, cette configuration
oppose l'anticyclone de Sainte-Hélène dans l'Atlantique Sud
à la dépression saharienne (Leroux, 1983). Cette
dernière fait appel à l'alizé austral issu de
l'anticyclone de Sainte-Hélène et circulant dans l'océan
voisin.
Ce flux traverse l'équateur géographique et la
force de Coriolis lui imprime une composante ouest13(*). Elle constitue le
prolongement, dans l'hémisphère nord, de l'alizé
austral.
La mousson se caractérise par ses apports en termes de
potentiel d'eau précipitable. C'est le cas au niveau du continent
africain où en raison de l'attraction de la dépression thermique
centrée sur le Sahara, la mousson atteint sa plus grande extension avec
pour effet de transférer l'humidité océanique d'origine
lointaine vers l'intérieur du continent.
La mousson intéresse la ville de Thiès à
partir du mois de juin, mois où le Front Intertropical (FIT)
a atteint le nord du Sénégal. C'est la période
où la ville enregistre ses premières pluies.
La mousson est le flux qui apporte l'essentiel du potentiel
d'eau précipitable dans notre zone d'étude et la
variabilité qui la caractérise constitue un enjeu important pour
l'ensemble de l'Afrique de l'ouest, ce qui d'ailleurs justifie l'importance qui
lui est accordée aussi bien par le monde scientifique que par la
sphère socio-économique.
2-1-2/ La circulation en
altitude
Cette circulation est caractérisée par
l'existence de jets qui sont des noyaux de vents d'est forts.
Il s'agit du Jet d'Est Tropical (J.E.T) et du Jet d'Est
Africain Nord (J.E.A.N).
Le J.E.T est localisé dans la haute
troposphère, il peut être compris entre les longitudes 120° E
et 10-15° W, ce qui fait qu'il peut intéresser une partie
importante du globe. Il peut être lié à des
« anomalies de températures » et son énergie
est tirée de la chaleur latente emmagasinée par la vapeur d'eau
de la mousson et libérée en altitude par convection. Ce flux
revêt des caractères intéressants pour la
météorologie, mais l'influence qu'il exerce sur la
pluviométrie demeure toujours incertain.
Le J.E.A.N est un noyau de vents d'est
situé dans les couches moyennes. Il résulte du renforcement
de vent dans ces couches « lié en partie, à une
alimentation de la circulation tropicale par des vents provenant des moyennes
latitudes » (Sagna, 1988). Son caractère réside dans
les variations de sa vitesse. Ces courants jets intéressent notre zone
d'étude à travers le rôle qu'ils jouent dans les
perturbations pluvieuses comme les lignes de grains.
2-2/ Les discontinuités
du domaine tropical
La discontinuité marque une rupture dans la
circulation. Elle marque « une rupture de circulation entre flux
ayant une origine et des caractères éventuellement
différents »14(*). A l'intérieur du domaine tropical, on
distingue plusieurs discontinuités.
2-2-1/ L'axe des Hautes
Pressions Tropicales
Il sépare la circulation d'ouest appartenant aux
moyennes latitudes et celle d'est des basses latitudes. Cette
discontinuité constitue un relais et une limite dans la circulation
générale de l'atmosphère. Il constitue une
frontière entre la circulation des moyennes latitudes et celle des
basses latitudes. Il empêche la possibilité d'un
développement nuageux d'où la nébulosité faible.
2-2-2/ La discontinuité
d'alizé
En Afrique de l'ouest, cette discontinuité
sépare en surface (Figure 4), l'alizé maritime
issu de l'anticyclone des Açores et
l'alizé continental issu de la cellule anticyclonique de l'Afrique
septentrionale (anticyclone Saharo-Libyen).
En effet entre deux cellules anticycloniques de basses couches
existe une discontinuité qui sépare les flux issus de la face
orientale d'une cellule et ceux originaires de la partie occidentale de la
cellule voisine15(*). Leur
limite se manifeste en surface et est relayée en altitude par
l'inversion d'alizé.
2-2-3/ L'Inversion
d'alizé
Elle limite en altitude, deux flux
d'alizé qui ont un séjour variable à l'intérieur
des basses couches. C'est une inversion de température, provoquant une
rupture dans le gradient thermique d'altitude. C'est aussi une
discontinuité de formations nuageuses car la vapeur d'eau se trouve dans
la couche inférieure alors qu'au-delà de cette couche, le ciel
est dégagé (Le Borgne, 1988). Elle constitue aussi une
discontinuité de vents du fait du cisaillement des vents de part et
d'autre de l'inversion.
2-2-4/ L'équateur
météorologique
Il s'agit de la discontinuité la plus importante du
domaine tropical et sépare la planète en deux
hémisphères météorologiques. Cette zone de basses
pressions constitue le lieu de rencontre des flux issus des deux ceintures
anticycloniques de hautes pressions (Leroux, 1983). Ces flux, l'alizé
et la mousson, véhiculent d'énormes quantités de vapeur
d'eau dont l'accumulation au niveau de la zone, donne naissance à de
puissants mouvements convectifs générateurs de gigantesques
masses nuageuses et des précipitations considérables (Le Borgne,
ibid).
L'équateur météorologique (EM)
connaît des migrations saisonnières liées au
mouvement apparent du soleil avec un décalage de quelques semaines.
L'amplitude de ces migrations varie en fonction du substratum.
Elle est plus importante sur les continents que sur les
océans en raison de l'inertie thermique de l'eau alors que sur les
continents, en été, on note l'existence de dépressions qui
attirent l'équateur météorologique. En Afrique de l'ouest,
il se déplace de Janvier, où il est centré sur le Golfe de
Guinée, à juillet où il atteint sa position la plus
septentrionale au sud de l'Algérie (Figure 5).
Figure 5 : Migrations de l'Equateur
météorologique en surface en Afrique de l'Ouest (source :
Sagna, adaptée de Leroux, 1983)
Ce qu'il faut retenir est que le domaine tropical est bien
stratifié avec en surface une couche d'air humide soumise à
l'influence du substratum et animée par des ascendances et en altitude,
une couche d'air sec qui est subsidient et résultant de la circulation
générale de l'atmosphère.
2-3/ Les perturbations du
domaine tropical
Une perturbation est une modification significative des
éléments du temps. Deux types de perturbations peuvent
intéresser le domaine tropical. Il s'agit des perturbations pluvieuses
et des perturbations non pluvieuses.
Dans cette étude, nous nous intéresserons qu'aux
perturbations pluvieuses puisque ce travail porte sur les inondations.
2-3-1/ Les incursions
polaires
Elles sont à l'origine des précipitations
observées souvent en période hivernale. Les incursions polaires
se manifestent par une descente d'air froid des moyennes latitudes à
l'intérieur des basses latitudes où, il rencontre un air chaud et
humide provenant de l'océan et véhiculé vers le continent
par le Jet subtropical (Sagna, 2005).
La rencontre entre les deux se traduit par de la
condensation, de la formation de nuages appartenant à l'étage
moyen (altocumulus et altostratus). En fonction de l'importance de la
condensation et des caractères thermiques et hygrométriques, on
peut enregistrer des précipitations. Elles sont dénommées
« Heug » ou « pluie des mangues » qui
sont en général faibles mais peuvent souvent être
exceptionnelles.
2-3-2/ Les lignes de grain
Selon l'Organisation Météorologique Mondiale
(OMM) cité par Sagna, une ligne de grains est « une ligne
fictive, étendue, mobile, d'extension parfois considérable le
long de laquelle se produit le phénomène de
grains... ». Un grain est « un coup de vent
accompagné d'éclairs, d'orage, de tonnerre et de
pluie ».
La ligne de grain (LG) est donc un alignement
de cumulonimbus, qui sont des nuages à grand développement
vertical, accompagné de vent d'Est très rapide. Le processus de
formation des lignes de grains s'établit à travers un processus
en surface et un processus en altitude.
Le premier processus met en relation un alizé et une
mousson16(*) (Figure 6). Il se manifeste
par :
-une augmentation de la puissance des vents au nord de la
trace au sol de l'équateur météorologique, donc un
renforcement de la circulation d'alizé ;
- un recul de la trace au sol de l'équateur
météorologique au niveau de la zone
d'accélération ;
- une pénétration de l'alizé dans la zone
couverte par la mousson. Celle-ci plus humide se soulève et c'est le
début de la formation des nuages ;
- l'ascendance de la mousson, liée à l'incursion
de l'alizé, favorise des formations nuageuses de plus en plus
abondantes. On observe des nuages de type cumulus qui, en raison de
l'importance des ascendances, évoluent en nuages de type cumulo-nimbus
et des pluies orageuses accompagnées de phénomènes
électriques (tonnerre et foudre) tombent.
Le second processus se manifeste par une
accélération du J.E.A.N. Ce dernier renforce le flux d'est
supérieur, il s'en suit une compression de la mousson et une
réduction de son épaisseur. Le flux augmente de vitesse et se
rapproche de plus en plus du sol. Cela s'accompagne d'un développement
de nuages cumulus (Cu) qui évoluent en cumulonimbus
(Cb). Le flux d'Est accompagne une perturbation avec des
manifestations orageuses.
Les perturbations revêtent une grande importance dans ce
travail de recherche. Leurs manifestations provoquent souvent des
précipitations exceptionnelles comme
les lignes de grains. Cette perturbation est
considérée comme « le phénomène le plus
violent en Afrique où les cyclones tropicaux sont inconnus »
(Gaye et al, 2004).
Figure 6 : Déplacement d'une ligne de
grain en Afrique de l'ouest (source : Sagna, 2011)
2-4/ LES CARACTERES MOYENS DU
CLIMAT A THIES
L'analyse des caractères moyens du climat à
Thiès, qui constituent la réponse à l'apport de la
circulation atmosphérique, portera sur les paramètres
météorologiques suivants : vents, insolation,
température, humidité relative, pluviométrie.
Pour réaliser cette étude nous nous sommes
rendus à l'ANACIM pour recueillir les données
climatiques à la station de Thiès.
Cette partie de notre travail d'étude et de recherche
nous a posé beaucoup de problèmes liés aux lacunes
rencontrées dans les données climatiques. Ainsi nos séries
de données comportent des lacunes pour l'ensemble des paramètres
recueillis à l'exception de la pluviométrie.
Ces lacunes concernent les années 2003, 2004, 2005,
2006 où notre station n'a pas enregistré de valeurs. Cette
situation s'explique selon l'ANACIM par la non
réception de données venant de la station de Thiès.
2-4-1/ Le régime des
vents
L'analyse des vents à la station de Thiès porte
sur la période de 1990 à 2012. Cette période comporte
quelques lacunes (2003,2004, 2005, 2006). Le régime des
vents est marqué par une variation saisonnière de la direction et
de la vitesse des vents.
La direction des vents met en évidence
deux saisons éoliennes caractérisées par les
différences d'apport de la circulation atmosphérique
(Figure 7).
De Novembre à Mai, les vents à Thiès sont
dominés par des vents de Nord et surtout de Nord-est, ce sont les
alizés. A partir du mois de Juin, s'installe des vents de direction
ouest qui sont régis par la circulation de la mousson. Ces vents
s'observent particulièrement en saison des pluies et sont
caractérisés par leur faiblesse et surtout par leur
humidité en raison de leur long séjour océanique.
L'évolution de la vitesse moyenne
mensuelle est caractérisée par 2 périodes (Figure
8). Une période sèche caractérisée par des
vitesses élevées et dominée par la circulation
d'alizé. Elle va de Février à Juin avec un maximum en
Avril (3,6m/s).
Source : ANACIM
Figure 7 : Directions dominantes des vents à
Thiès
La deuxième période va du mois de Juillet
à Novembre avec un minimum en Septembre (2m/s). Cette
période est surtout marquée par la saison des pluies
caractérisée par des vents faibles. Ce sont les vents de mousson.
Source : ANACIM
Figure 8: Variations mensuelles de la vitesse moyenne
des vents à Thiès
2-4-2/ L'insolation
L'insolation ou ensoleillement s'exprime
généralement en heures et en minutes mais peut aussi être
exprimée pour une période plus longue (mois, saisons,
année) par addition. Dans ce travail, nous l'exprimons en heure
par jour et les données couvrent la période 1977- 2012.
Les variations de l'insolation sont fonction des facteurs
cosmiques (heure de lever et de coucher du soleil), de facteurs
géographiques (topographie) et des facteurs
météorologiques (nébulosité). La position en
latitude de la zone très exposée au soleil (Zone intertropicale)
fait que l'insolation est importante à Thiès mais d'autres
facteurs tels que la nébulosité peuvent réduire
l'insolation.
Source : ANACIM
Figure 9: Variations moyennes mensuelles de
l'insolation à Thiès de 1977 à 2012
Ainsi l'évolution de l'insolation à Thiès
est bimodale avec deux maximas et deux minimas (Figure 9).
Le maximum principal est observé au mois de mai
où on enregistre les journées les plus ensoleillées avec
une moyenne de 13h/j. Le maximum secondaire est enregistré au mois de
novembre avec une moyenne de 11h/j. Ces maximas s'observent avant et
après la saison des pluies et correspondent à la saison
sèche où le ciel est dégagé.
Le minimum principal est observé en janvier avec 8h/j
et qui correspond à l'hiver où les rayons solaires tapent plus
à l'hémisphère sud. Le minimum secondaire est
observé au mois d'août avec une moyenne de 8h/j au coeur de
l'hivernage où le ciel est toujours couvert de nuage. Ces minimas
correspondent à des températures faibles.
2-4-3/ Le régime des
températures
La température constitue la mesure de la réponse
du substratum à la radiation solaire. La température
connaît des variations journalières, saisonnières et
mensuelles. Notre analyse porte sur l'évolution des températures
moyennes mensuelles.
Les températures à Thiès sont en
général élevées à l'instar des
régions tropicales. Mais à l'échelle annuelle ces
températures connaissent des variations qui sont liées aux
facteurs cosmiques et aux facteurs météorologiques.
L'évolution des températures moyennes mensuelles
est illustrée par la figure 10. La station de
Thiès est marquée par une évolution bimodale de ses
températures.
Source : ANACIM
Figure 10: Evolution des températures moyennes
mensuelles à Thiès de 1977 à 2010.
Tx=Température maximale ; Tn=
Température minimale ; Tm=Température
moyenne
Le maximum principal s'observe au mois de juin avec 28°C
et s'explique par l'évolution cosmique. Il correspond à
l'été dans l'hémisphère nord. Le maximum secondaire
s'observe en octobre (27,9°C). Cela est lié à la fin de
l'hivernage où les températures commencent à se
relever.
Le minimum principal est enregistré au mois de Janvier
qui correspond à l'hiver de l'hémisphère nord avec
24,3°C et le minimum secondaire correspond au mois d'août avec une
moyenne de 27,6°C. Ce mois correspond au maximum des précipitations
qui abaissent les températures.
2-4-4/ L'humidité
relative
L'humidité relative peut être définie
comme le rapport de la quantité d'eau effectivement contenue dans l'air
et la capacité d'absorption à une température
donnée. Elle dépend de la température et varie en fonction
des saisons.
L'humidité relative moyenne de la ville de
Thiès est de 63% mais varie relativement au cours de l'année
(Figure 11). Les variations de l'humidité relative
dépendent en grande partie de la température mais aussi des
caractéristiques hygrométriques des masses d'air.
Source : ANACIM
Figure 11: Variations moyennes mensuelles de
l'humidité relative à la station de Thiès de 1977 à
2012
Thiès étant une station continentale ne
bénéficie pas directement du potentiel hygrométrique de
l'alizé maritime. Les valeurs les plus élevées sont
enregistrées au cours de la saison des pluies avec un maximum en
septembre 79% et les humidités relatives les plus faibles s'observent en
avril-mai et d'octobre à mars avec un minimum enregistré au mois
de février 49%.
2-4-5/ Le régime
pluviométrique
Le régime climatique de notre zone d'étude est
déterminé comme toute l'Afrique de l'ouest par le régime
des précipitations. Celles-ci dépendent de l'apport de la mousson
et sa répartition au cours des années est marquée par une
grande variabilité.
Notre station appartient du point de vue climatique au domaine
soudano-sahélien avec une période marquée par une saison
sèche de novembre à mai et une saison des pluies de juin à
Octobre.
L'analyse de l'évolution mensuelle de la
pluviométrie à Thiès montre une évolution unimodale
(Figure 12).
Source : ANACIM
Figure 12: Régime pluviométrique de
Thiès
La saison des pluies démarre en moyenne au mois de
juin, mois où la mousson envahit la ville. Les pluies augmentent
à partir de juillet et culminent au mois d'août, mois le plus
pluvieux de la ville de Thiès.
A partir de Septembre, les pluies commencent à diminuer
avant de s'estomper au mois d'octobre qui enregistre des valeurs faibles. Cette
dynamique des pluies s'explique par les migrations sud-nord de
l'équateur météorologique (Leroux, op cit).
Chapitre 3 : LA
POPULATION ET LA MORPHOLOGIE URBAINE DE THIES-NORD
L'évolution de la population du Sénégal
et les connaissances tirées de sa démographie, sont
fondées sur les différents recensements de population dont le
premier a eu lieu en 1976. A cette date, la commune d'arrondissement de
Thiès-Nord n'existait pas et les données concernaient la
population de la commune de Thiès.
3-1 La population
Les premières données de population pour la
commune d'arrondissement que nous avons obtenues, datent de 2008, année
de la création de la commune d'arrondissement. A cette date, la commune
d'arrondissement comptait 90853 habitants soit
34% de la population de la ville de Thiès.
Source : ANSD, 2008
Figure 13: Estimations et projections de la population
de la commune d'arrondissement de Thiès-Nord.
L'accroissement démographique de la ville de
Thiès n'a pas laissé de marbre Thiès-Nord qui atteint en
2010, 95962 habitants et 100895 habitants en
2012. Cette croissance est loin de s'estomper et les projections montrent une
tendance à la hausse comme l'illustre la figure 13.
Toutefois on note une inégale répartition de
cette population entre les différents quartiers. Les quartiers les plus
peuplés sont Médina Fall (27598 habitants),
Diakhao (18784 habitants), Takhikao
(17676 habitants) et Nguinth
(8910 habitants) (Figure 14).
Figure 14 : Répartition de la population
par quartier de la commune d'arrondissement de Thiès-nord (S.B.NGOM,
2013)
Ces quartiers regroupent des densités de population
relativement élevées comme Médina Fall avec 239 hbts/ha et
qui est par ailleurs le quartier le plus peuplé de la ville de
Thiès. Il est suivi par d'autres quartiers tels Takhikao avec
192hbts/ha et Nguinth avec 90 hbts/ha
Ce qu'il faut retenir est que l'évolution
démographique de la commune d'arrondissement de Thiès-Nord peut
résulter d'une part de l'ancienneté de son occupation induite par
la création du chemin de fer en 1885, du camp militaire en 1886, de la
mission catholique en 1894 et de l'avènement de la Zone
d'Aménagement Concertée
(ZAC) en 2004 et d'autre part de l'exode rural.
3-2 Morphologie urbaine
3-2-1/ La structure des
quartiers
La morphologie de la commune d'arrondissement montre une zone
espacée avec des rues ombragées mais qui tend aujourd'hui
à s'étouffer en raison d'une urbanisation anarchique et un site
plus ou moins sensible.
La commune d'arrondissement compte 21 quartiers assez
monotones. On note des quartiers anciens qui témoignent de
l'époque coloniale comme Escale nord où se localise une partie du
pôle administratif de la ville de Thiès. Ce quartier concentre une
bonne partie des fonctions urbaines de la ville (administration, finances,
industrie, commerce, culture).
Au Nord et à l'ouest de ce quartier, qui regroupe le
marché central de la ville, se dessine une couronne de quartiers qu'on
pourrait qualifier de périurbains en raison de la ceinture qu'ils
forment autour de ce quartier central.
Cependant, ces quartiers ne cessent d'augmenter en raison
d'une part de la croissance démographique de la ville et d'autre part
de l'absorption des villages environnants. C'est le cas de Pognène, Keur
Saïb Ndoye, Diassap, Keur Issa, rattachés aujourd'hui à la
commune d'arrondissement.
Dans la compréhension du dynamisme urbain de notre zone
d'étude, nous avons senti l'opportunité de présenter
quatre quartiers de la commune d'arrondissement à savoir Médina
Fall, Nguinth, Diakhao et Escale nord (Figure 15). Le choix
n'est pas anodin et répond à la problématique de ce
travail d'étude et de recherche car ces quartiers sont les plus
affectés par les inondations.
Le quartier de Médina Fall
Médina Fall est un quartier situé à l'est
de la commune d'arrondissement. Il est crée en 1951 à la suite de
l'installation de l'atelier de réparation des chemins de fer en 1923 et
constitue le quartier le plus peuplé de la commune d'arrondissement et
de la ville de Thiès. Il est situé de part et d'autre de la voie
ferrée en direction de Saint-Louis et est traversé par la
RN2. Toutefois, ce quartier est localisé dans un site
bas qui constitue le prolongement de la cuvette de Thiès en direction de
Fandène.
C'est un quartier très dense, religieux et pauvre en
termes de structures de base17(*). Les habitats sont faits en briques avec pour
beaucoup des toits en zinc.
Le quartier de Nguinth
Ce quartier fait suite à l'installation de la Mission
catholique et se situe à l'ouest de la route nationale 2. Il est
localisé dans un site bas et constituait jadis une zone propice à
la pêche continentale et à l'arboriculture en raison des points
d'eau qu'il regorgeait et est aujourd'hui caractérisé par la
présence d'une nappe moins profonde.
Figure 15: Répartition des quartiers de la commune
d'arrondissement de Thiès-nord (S.B.NGOM, 2013)
L'installation des populations dans cette zone a
été facilitée par la sécheresse qui a tari les
marigots et abaissé la nappe. La morphologie de Nguinth laisse
apparaître un quartier relativement pauvre. Selon le
délégué de quartier, la zone de Nguinth n'était pas
faite pour supporter cette population actuelle et les chantiers de Thiès
sont venus renforcer les inquiétudes des populations, car la route qui
coupe le quartier en deux, constitue plus une digue pour les eaux qu'une voie
de dégagement.
Le quartier de Diakhao
Situé en bordure ouest de la commune d'arrondissement,
il constitue le deuxième quartier le plus peuplé après
Médina Fall. Sa création est liée à
l'avènement du camp militaire qui limite son extension vers l'ouest en
direction de Dakar. Réputé comme quartier populaire, il est
caractérisé par une proportion assez importante d'habitations
irrégulières contrairement aux chiffres énoncés par
les autorités locales. La simple observation en donne la preuve. Ce
quartier est traversé par le grand canal de drainage des eaux qui de nos
jours est marqué par un ensablement très important limitant
l'évacuation des eaux en saison pluviale.
Le quartier d'Escale Nord
Situé à l'est de la commune d'arrondissement, il
constitue le centre ville de Thiès où sont localisés le
marché central et certains bâtiments administratifs. C'est un
quartier régulier en raison de la présence de nombreuses
fonctions urbaines de la ville. Toutefois le système d'assainissement
pose de sérieux problèmes aux activités
socio-économiques en raison de la digue constitué par la voie
ferrée située au coeur de la cuvette.
3-2-2 La structure de
l'habitat
La structure de l'habitat dans la commune d'arrondissement
fait ressortir des habitats équipés, sous-équipés
et des habitats irréguliers. L'espace est dominé d'après
les autorités municipales par les habitats équipés.
Toutefois, dans les quartiers vulnérables, la pauvreté et
l'absence de moyens justifient la floraison d'habitats
sous-équipés et irréguliers (Annexe
1).
L'habitat reflète le niveau de vie en milieu urbain.
Dans la majeure partie de la commune d'arrondissement, on ne note pas
l'existence de construction en case, type de construction des milieux ruraux.
En revanche, les habitats sont construits en briques avec pour certains, des
toits en zinc comme Médina Fall, une certaine partie de Nguinth.
Par contre, dans le quartier d'Escale Nord, on rencontre des
constructions en tuiles et l'existence d'habitats collectifs sous forme
d'immeubles.
Conclusion partielle
En définitive, il faut retenir que la commune
d'arrondissement de Thiès-nord, située dans le centre ouest du
Sénégal, est caractérisée par un site propice aux
inondations même si sa situation géographique au carrefour des
grandes régions du pays lui confère certains avantages et est
favorable aux échanges économiques et sociaux.
A cette caractéristique du site s'ajoute une
croissance démographique importante qui est à l'origine d'une
occupation anarchique de l'espace. Les éléments de la zone qui
favorisent les inondations se résument ainsi :
-un relief qui fait de la zone un déversoir des eaux de
ruissellement issues du plateau de Thiès
-l'existence de sols peu perméables avec une
infiltration réduite ;
-une croissance démographique importante qui induit
une extension spatiale démesurée et une occupation anarchique de
l'espace.
Tous ces facteurs participent à l'aggravation du
phénomène d'inondation dans la ville car étant fragile
devant l'aléa climatique constitué par la variabilité
pluviométrique que nous tenterons de mettre en évidence dans la
deuxième partie de ce travail d'étude et de recherche qui traite
de la vulnérabilité de la commune d'arrondissement face aux
inondations.
DEUXIEME PARTIE : LA
VULNERABILITE FACE AUX INONDATIONS
La commune d'arrondissement de Thiès-nord, à
l'instar de la ville de Thiès fait face à de nombreux
défis liés au changement climatique particulièrement
à travers les évènements extrêmes qui le
ponctuent.
Parmi ceux-ci, les inondations constituent aujourd'hui
l'élément le plus caractéristique de la dégradation
de l'environnement. Ce phénomène a été longtemps
abordé comme un phénomène purement hydrologique et les
pluies ont toujours été au banc des accusés pour un
phénomène « dont la complexité dépasse
certainement le cadre climatique » (Sène et Ozer, 2002).
Autrement dit, les pluies ne sont pas uniquement responsables des inondations
mais d'autres facteurs entrent en jeu montrant la responsabilité humaine
dans ce phénomène.
Nous allons, dans une perspective de déterminer le
risque d'inondation dans notre zone d'étude, analyser les facteurs
entrant en jeu dans la construction du risque qui ne peuvent se résumer
aux éléments pluviométriques. C'est dans ce cadre que
s'inscrit la deuxième partie de ce travail qui s'intéresse
à la vulnérabilité aux inondations. L'approche de la
vulnérabilité devrait passer avant tout par la
compréhension de l'aléa climatique qui sera l'objet du premier
chapitre qui s'intéresse à l'analyse de la pluviométrie de
la zone.
Le deuxième chapitre s'intéresse aux facteurs
physiques de la vulnérabilité c'est-à-dire à
l'exposition du site de la zone d'étude à
travers la mise en évidence des différentes contraintes qui le
caractérisent.
Enfin, il s'agira de déterminer l'évolution de
l'urbanisation dans la zone et ses impacts sur la perturbation des
équilibres environnementaux qui aggrave l'exposition du site aux
aléas pluviométriques.
Nous essayons à travers cette partie, de montrer les
niveaux d'exposition qui définissent la vulnérabilité de
ce milieu urbain aux inondations.
Chapitre 1 : L'ALEA
CLIMATIQUE
L'aléa climatique sera analysé en fonction du
paramètre pluviométrique. Ce choix répond à la
problématique de ce travail portant sur les inondations. Les
données qui seront traitées concernent la pluviométrie de
Thiès. Dans notre zone d'étude, la pluie est liée, comme
nous l'avons montré plus haut, à l'organisation du flux
de mousson. Celle-ci se caractérise par une variabilité
importante.
1-1 La variabilité
pluviométrique
Pour déceler la tendance générale et
récente de la pluviométrie, nous avons utilisé les
données de la station de Thiès pour la période 1951-2012.
Ces données ont été recueillies à l'ANACIM.
Pour déterminer les caractères de la
distribution de la pluviométrie, nous avons adopté une analyse
statistique sur la base d'indice. Pour ce faire, nous avons utilisé la
méthode de l'Indice Standardisé des Précipitations ou
SPI.
L'indice standardisé des précipitations
(SPI)
L'indice standardisé des précipitations ou en
anglais Standardized Précipitations Index (SPI) est un indice
pluviométrique qui se caractérise par la simplicité de son
utilisation et a l'avantage de mettre en évidence les années
excédentaires et les années déficitaires.
Il s'écrit selon la formule suivante :
I = Pi
-P/ó
Où Pi est le cumul
pluviométrique d'une année i ;
P, la moyenne de la série ;
ó, l'écart-type de
la série.
Cet indice est en général utilisé pour
déterminer la sévérité de la sécheresse
(Sarr, 2008). Nous l'avons utilisé dans ce travail pour
déterminer aussi l'humidité car l'indice est un
élément essentiel pour caractériser la nature et
l'intensité de la pluviosité pour une station donnée
(Annexe 2).
Les données pluviométriques de la période
1951-2012 caractérisent, sur la base des indices standardisés des
précipitations, une station dominée majoritairement par une
humidité modérée et dans une moindre mesure par une
sécheresse modérée.
Tableau 2: Fréquence des années selon
les classes de SPI
Station
|
Total années
|
HE
|
HF
|
HM
|
SM
|
SF
|
SE
|
Année HE ou HF
|
Année SE ou SF
|
Thiès
|
62
|
5
|
5
|
225
|
20
|
7
|
0
|
1954
|
1972
|
HE : humidité
extrême ; HF : humidité forte ;
HM : humidité modérée ;
SM : sécheresse modérée ;
SF : sécheresse forte ;
SE : sécheresse extrême
Notre station compte 40% d'années d'humidité
modérée et 32% d'années de sécheresse
modérée. Elle n'a pas enregistré de sécheresse
extrême mais compte 5 années d'humidité extrême. La
comparaison entre années d'humidité et années de
sécheresse est à la faveur de l'humidité avec 35
années d'humidité contre 27 années de sécheresse
(Tableau 2).
En effet, cette prédominance des années humides
s'explique par les deux décennies d'avant 1970, année de
référence du début de la sécheresse et ces
dernières années. Notons que l'année 1968 avait
annoncé le début de cette modification dans l'évolution
pluviométrique. Avec une anomalie standardisée de -1,3, elle
constitue la seule année déficitaire de la décennie
1961-1970. Sur la période 1951-1970, trois années seulement sont
déficitaires dont deux caractérisées par des
sécheresses modérées en l'occurrence 1959 et 1970 avec
respectivement des anomalies standardisées de -0,3 et -0,2.
Sur toute la série couvrant la période 1951-2012
(Figure 16), les cinq années les plus humides sont
enregistrées dans la période précédant la
sécheresse avec un maximum en valeur absolue pour l'année 1954
qui a enregistré un cumul annuel de 996,9 mm. Ces années sont
caractérisées par des humidités extrêmes. Elles ont
été d'ailleurs les seules à avoir cette situation.
Figure 16 : Ecarts normalisés de la
pluviométrie de 1951 à 2012 à Thiès
Les années de sécheresse sont plus
marquées à partir de 1970 mais sont entrecoupées par des
années excédentaires. En effet pour la période 1970-1980,
dominée par des années déficitaires, on note des
années d'humidité modérée (1971, 1974, 1975, 1978
et 1979) qui ne font que confirmer la grande variabilité
pluviométrique de Thiès.
La véritable période sèche de notre
station part de 1980 avec une succession régulière de huit
années déficitaires de 1980 à 1987 avec un paroxysme de la
sécheresse en 1983 qui a une anomalie standardisée de -1,3
(sécheresse forte).
Cette même tendance sèche a été
observée dans les années 1990 avec une série
d'année de sécheresse modérée de 1990 à 1994
et de 1996 à 1998. Seules deux années ont été
excédentaires avec des humidités modérées. Il
s'agit de 1995 et de 1999.
De cette évolution de la pluviométrie, nous
considérons que la véritable période sèche de la
ville de Thiès est constituée par la série 1980-2000
où 16 années sur 20 ont été déficitaires.
Cette période est charnière dans l'évolution
socio-démographique de notre zone d'étude car elle a quelque part
influencé la croissance urbaine de la commune d'arrondissement de
Thiès-nord.
Concomitamment à cette baisse
généralisée de la pluviométrie, une période
d'humidité s'installe progressivement à partir de 2000 même
si elle est entrecoupée par des années de sècheresses
modérées en 2002, 2003, 2004, 2005.
Toutefois depuis 2006, notre station enregistre des
années excédentaires avec une succession régulière
de huit années excédentaires. Jamais depuis la décennie
1951-1960, Thiès n'a enregistré cette succession d'années
d'humidité. Elles sont modérées certes mais indique une
tendance à la hausse de la pluviométrie qui nous amène
à penser à un retour sporadique des précipitations
même s'il serait tôt de parler d'une normalisation de la
pluviométrie.
La pluviométrie, par le biais de cet indice
standardisé, est caractérisée par sa grande
variabilité. Les écarts normalisés peuvent varier d'une
année à une autre. Cette situation peut s'expliquer d'une part
par le caractère variable de la mousson18(*) et d'autre part par l'apport des différentes
perturbations telles que les lignes de grains développées dans la
première partie de ce travail.
Par rapport aux années 1970 et 1980
caractérisées par la sécheresse au Sénégal
(Ndong, 1995), nous constatons que ces dernières années sont
marquées par une pluviosité assez importante comme l'atteste les
écarts normalisés de la pluviométrie. Les sept
dernières années de la série (de 2006 à 2012) ont
enregistré des pluies supérieures à la moyenne.
Cette tendance s'exprime par les séquences
d'années observées dans l'évolution de la
pluviométrie. Les années 1980 et 1990 ont été
caractérisées par une succession d'années sèches de
1981 à 1987 et de 1991 à 1994. Cependant, depuis ces
dernières années, l'espoir de voir les pluies, revenir à
la normale, semble nourri si l'on observe la séquence 2006 à 2012
caractérisée par une succession d'années humides.
Cet espoir est aussi confirmé par
l'évolution décennale de la pluviométrie
à Thiès.
Pour l'illustrer, nous avons fait une comparaison des moyennes
décennales des précipitations à la normale 1961-1990.
L'analyse décennale de la pluviométrie montre
une décennie 1951-1960 très pluvieuse avec un écart de
294,3 mm. Elle est suivie par une autre décennie 1961-1970 pluvieuse
avec un écart de 96,8 mm (Figure 17). Ces deux
décennies témoignent des périodes humides observées
dans notre zone. A partir de 1970, date de référence du
début de la sécheresse au Sénégal, notre station
est caractérisée par une succession de périodes
sèches. Les décennies 1971-1980, 1981-1990 et 1991-2000 ont
chacune un écart négatif et illustrent la longueur de la
sécheresse qui a caractérisé la ville de Thiès. En
même temps ces périodes méritent notre attention en raison
de l'influence qu'elles ont eue sur l'évolution
socio-démographique de notre zone d'étude.
Figure 17: Ecarts des moyennes décennales par
rapport à la normale 1961-1990
Cependant, depuis le début du siècle, on note un
retour sporadique des précipitations comme l'atteste la
décennie 2001-2010 qui compte un écart positif de 9,6 mm.
Certes cette valeur est loin d'atteindre celles
observées avant la sécheresse, mais cette décennie plaide
pour se différencier des trois précédentes et
témoigne d'une tendance à la hausse de la pluviométrie qui
caractérise la ville de Thiès. Elle coïncide aussi aux
inondations enregistrées dans la commune d'arrondissement de
Thiès-nord.
Il serait très tôt de parler d'un retour à
des conditions normales de la pluviométrie, c'est-à-dire aux
conditions d'avant sècheresse. Toutefois, la tendance de la
pluviométrie et les analyses décennales de la pluviométrie
mériteraient une attention particulière notamment dans
l'aménagement de la commune d'arrondissement de Thiès-nord.
1-2 Les
évènements pluvieux
Les pluies exceptionnelles définissent des
évènements pluvieux. Ces pluies sont en général
à l'origine des inondations observées dans les villes. Leur
définition est subjective et dépend de l'auteur et des
observations disponibles19(*).
Dans cette étude, nous avons choisi de nous consacrer
aux données journalières du mois d'août de 2000 à
2012.
Le choix du mois d'août tient du fait qu'au
Sénégal comme dans notre zone d'étude, les pluies les plus
importantes sont observées durant ce mois et il correspond au maximum
des pluies à Thiès (Figure 18). Il correspond
aussi à la plupart des inondations notées au
Sénégal comme dans notre zone d'étude.
Figure 18: Evolution des pluies du mois d'août
de 2000 à 2011
La période de référence (2000-2011) que
nous avons choisie n'est pas anodine, elle répond à la
problématique de ce travail. Elle ne peut pas renseigner sur la nature
des précipitations journalières de la station de Thiès car
ne prend pas en compte la période d'avant sécheresse ni celle de
la sécheresse.
Toutefois, nous avons jugé nécessaire de la
choisir en fonction du point de départ des inondations à
Thiès (2007) et de la caractéristique humide de cette
période. D'aucuns choisiraient une période assez longue pour
définir des périodes de retour des précipitations. Mais
quoique courte, la période 2000-2011 renseignerait à plusieurs
égards sur le contexte pluviométrique indexé dans les
inondations.
Pour déterminer l'existence de pluies dites très
fortes dans notre zone d'étude, nous avons défini des classes en
fonction des précipitations journalières (Tableau
3). Depuis le début du siècle, le mois d'août
enregistre des pluies importantes et coïncide avec les inondations dans la
commune d'arrondissement de Thiès-nord.
Tableau 3: Classes de précipitations
journalières
Classes
|
signification
|
0,1 à 1mm
|
bruine
|
1,1 à 10mm
|
faible pluie
|
10,1 à 20mm
|
pluie modérée
|
20,1 à 50mm
|
forte pluie
|
>50mm
|
Très forte pluie
|
La répartition par classes des précipitations
journalières permet de vérifier si les inondations
observées dans la zone correspondent à des cumuls journaliers
extrêmes ou bien s'il y a lieu de chercher la cause de ce
phénomène dans les autres éléments qui
caractérisent le milieu urbain.
L'analyse à partir de fréquences des classes de
pluies journalières pour la période 2000 à 2011 à
la station de Thiès montre nettement la prédominance des faibles
pluies (Figure 19). Elles représentent 38,5% des pluies
journalières observées pour la période 2000 à 2011.
Elles sont suivies par les fortes pluies qui
représentent 26,7%. Les pluies modérées et les pluies
fines ou bruines représentent respectivement 18,5 et 9,6 % des
pluies.
Les pluies que nous qualifions de très fortes sont
rares et représentent la plus faible fréquence sur l'ensemble des
classes observées pour la période 2000-2011. Elles
représentent 6,7% des pluies enregistrées au cours du mois
d'août de la période considérée.
Figure 19: Fréquences des pluies
journalières d'août selon les classes de 2000 à
2011
De cette analyse fréquentielle des pluies
journalières, il ressort que les pluies observées à
Thiès n'ont pas un caractère très fort à
l'exception des quelques neuf jours répertoriés sur la
période 2000-2011. De même, les pluies fortes n'ont pas une grande
fréquence dans la ville de Thiès nonobstant la tendance à
la hausse de la pluviométrie. Or nous notons que les inondations se
suivent et prennent une tournure de récurrence.
Les pluies sont en général indexées
lorsqu'il s'agit des inondations et même si elles ne sont pas exclues
dans le phénomène, il demeure certain qu'elles accompagnent
d'autres éléments inhérents aux milieux urbains. Des
éléments, qui peuvent participer à la construction du
risque d'inondation dans Thiès-nord.
Les pluies ne constituent qu'un aléa
si l'on tient compte de l'analyse faite sur la pluviométrie dans notre
zone d'étude. Elles n'ont pas un caractère de pluie très
forte qui permet d'affirmer qu'elles sont à l'origine des inondations
à Thiès-nord.
Donc, le problème ne pourrait pas être seulement
lié à de fortes pluies et des pluies très fortes, car
elles sont rares.
Ainsi, nous considérons les pluies comme une
occurrence aux inondations mais elles ne peuvent, à
elles seules, expliquer les inondations à Thiès-nord.
Que serait-il de cette zone si la station revenait aux pluies
des années 1950 et 1960 ? Serait-elle inondée comme elle
l'est aujourd'hui ?
L'analyse de la dynamique urbaine que nous envisageons sur ce
qui suit, pourrait permettre de comprendre la
vulnérabilité de Thiès-nord face aux
inondations car elle est aussi, une occurrence au risque.
Chapitre 2 : LA
VULNERABILITE BIOPHYSIQUE
Les milieux urbains sont caractérisés par des
sites qui souvent, les prédestinent à des problèmes
environnementaux liés à leur exposition aux
« agressions extérieures », comme la pluie. Cette
exposition résulterait d'une certaine disposition naturelle liée
à la topographie, aux types de sols mais aussi d'une dégradation
des milieux induits par le développement urbain.
Pour apprécier la vulnérabilité du milieu
physique de la commune d'arrondissement, nous allons adopter une
approche intégrée de l'exposition de la zone
d'étude, c'est-à-dire de tenir compte des liens qui existent
entre les éléments naturels qui caractérisent la commune
d'arrondissement et ceux de la ville. Cette intégration spatiale
obéit au fait que la configuration spatiale de notre zone d'étude
est à lier à un contexte plus général du fait de
l'existence d'une solidarité hydrologique et biogéographique
entre amont et aval.
Il s'agira dans un premier temps d'étudier le relief de
la zone d'étude en relation avec le Plateau de Thiès.
En second lieu, nous mettrons en exergue la
dégradation du couvert végétal en amont de la zone
d'étude.
Ces différentes contraintes du site participent
à la construction du risque d'inondation en ce qu'elles
représentent des indicateurs pertinents de l'exposition de la commune
d'arrondissement de Thiès-nord aux inondations.
2-1- Une zone de
réceptacle des eaux de ruissellement
Le site de la commune d'arrondissement de Thiès-nord,
situé au nord de la ville de Thiès, bâti sur le pied du
Plateau de Thiès, dans le prolongement de l'étroite
échancrure du « Ravin des voleurs », constitue
un « déversoir des eaux pluviales du
plateau » (A. Cissé, 2004).
La commune d'arrondissement de Thiès-nord est
logée dans la deuxième zone d'influence directe du Plateau de
Thiès constituée par le bassin versant de Fandène. Le
ruissellement des eaux vers cette partie nord de la ville de Thiès pose
de sérieux problèmes.
En effet, la situation topographique de notre zone
d'étude fait qu'elle constitue un réceptacle naturel des eaux de
ruissellement issues du plateau de Thiès dont une partie de la commune
d'arrondissement y est localisée (figure 20).
Source : Thiès-Cergy, 2011
Figure 20: Schéma du Plateau de Thiès et
du cycle hydrique
L'exposition est liée ici à
deux éléments essentiels qui entrent dans le cadre
général de toute la ville de Thiès. Le premier
étant lié à la morphologie de la zone et le
deuxième dû à la situation de la commune de
Thiès-nord par rapport au Plateau de Thiès.
La commune d'arrondissement de Thiès-nord est
localisée dans un site bas, au coeur de la cuvette de Thiès.
En effet, la voie ferrée qui longe toute la bordure est
de la commune d'arrondissement est construite au coeur de la cuvette de
Thiès (Photo 1). Cette voie ferrée constitue une
digue des eaux de pluies qui inondent les parties située de part et
d'autre de cette voie ferrée. Notre zone étant située dans
une partie notamment la partie ouest du rail subit ces eaux qui inondent en
saison pluviale des quartiers comme Escale-nord.
Photo 1: Voie ferrée située à
l'est de la commune d'arrondissement de Thiès-nord (S.B.NGOM,
2013)
S'il est difficile d'observer ce fait en raison de
l'urbanisation et de son contexte d'évolution, il demeure important de
noter que ce site reste exposé aux inondations.
L'autre élément est à lier au rapport
direct entre le Plateau de Thiès et la commune d'arrondissement de
Thiès-nord. En effet, la dynamique démographique et
l'urbanisation rapide ont modifié les rapports naturels entre le Plateau
de Thiès et sa zone d'influence d'où les ruissellements de plus
en plus importants vers cette partie nord de la ville de Thiès
constituée par Thiès-nord.
Les visites de site que nous avons effectuées nous ont
permis de confirmer cela en suivant la trajectoire des eaux lors des pluies. La
majeure partie des quantités d'eau prennent une direction qui les
conduit vers la zone de Thiès-nord.
D'ailleurs les témoignages qui ont été
recueillis auprès des sages de la commune d'arrondissement ont
justifié cela. Selon le délégué de quartier de
Nguinth, qui est en fait une zone non aedificandi (Photo
2), ce quartier constituait jadis un lieu propice
à la pêche continentale où les gens prenaient des poissons
dits « koller », très connus dans la pêche
continentale au Sénégal.
Photo 2: Rues inondées dans le quartier de
Nguinth (NGOM, 2013)
Le contexte pluviométrique de l'époque
caractérisé par des années excédentaires que nous
avons mis en évidence dans l'analyse de la pluviométrie avait
favorisé cela. La période d'avant sécheresse était,
pour les premiers habitants de cette zone, une aubaine en raison des
possibilités agricoles qu'elle offrait à une population
minoritaire et un espace assez vaste.
La longue période sèche qui s'en suivit a
favorisé l'occupation de cette zone en raison de la diminution des
apports d'eau et du tarissement des points d'eau. Cette situation qui a
évolué jusque dans les années 2000 et intensifiée
par le développement des infrastructures à Thiès, a rendu
la commune d'arrondissement « habitable » mais
jusqu'à quand ?
Aujourd'hui, le contexte pluviométrique a
changé, caractérisé par un retour sporadique des pluies
dans la zone. Ce retour coïncide avec des inondations alors que la
pluviométrie n'a même pas atteint son niveau d'avant
sécheresse.
Que serait-il de la commune d'arrondissement si ces
mêmes pluies reviennent avec la même intensité
d'antan ?
2-2 Dégradation du
couvert végétal en amont
La ville de Thiès comme il a été dit
précédemment, est située au pied du plateau de
Thiès. Cette zone était caractérisée par une
couverture végétale très dense et faisait partie de la
forêt classée de Thiès. Le plateau de Thiès
constituait une zone riche en ressource végétales et un
écosystème favorable à l'économie de toute une
région.
Le département de Thiès qui couvrait une
superficie importante de forêt est aujourd'hui dans une profonde
dégradation. La productivité des formations forestières
est d'ailleurs aujourd'hui mal connue (PAER, 2007). La réduction des
surfaces forestières et leur densité à des incidences
majeures sur l'environnement de la commune d'arrondissement de
Thiès-nord.
La destruction du couvert végétal, avec une
déforestation à l'ouest et au sud de la ville de Thiès en
bordure du plateau qui porte le même nom, augmente la vitesse et la force
du ruissellement d'où les quantités importantes d'eau qui
viennent dans les zones basses telles la commune d'arrondissement de
Thiès-nord. Cette destruction serait liée à l'extension de
la ville vers la crête du plateau et ses abords, jadis occupée par
la forêt classée qui influait de manière significative sur
l'effet cinétique des eaux.
L'étirement sans contrôle de la ville est fait de
destruction des surfaces végétales. La conséquence directe
est la mise à nu des terres et une accélération du
ruissellement vers la commune d'arrondissement. La végétation
joue un rôle déterminant dans les processus hydrologiques en ce
qu'elle peut limiter ou réduire l'écoulement (cours d'hydrologie,
Licence 3, 2011).
Figure 21: (Source, CSE, 2013)
La couverture végétale de la ville de
Thiès dans la zone du Plateau de Thiès (Figure
21), en amont de la commune d'arrondissement, souffre de
l'urbanisation galopante20(*) induite par l'extension de la ville de Thiès
vers la crête du plateau notamment l'avènement des quartiers
Grand-Standing, Mbour 3 et leur extension sans contrôle qui s'accompagne
de destruction massive de surfaces forestières.
Ce qu'il faut retenir en définitive dans cette analyse
du site de la commune d'arrondissement de Thiès-nord, c'est l'existence
de conditions naturelles qui l'exposent aux inondations. Au travers d'une
analyse intégrée qui met en relation directe le Plateau de
Thiès et une de ses zones d'influence directe (Commune d'arrondissement
de Thiès-nord), nous avons apprécié cette exposition qui
s'explique de deux manières.
La première qui montre un relief en forme de cuvette,
situé au pied du plateau de Thiès (130m) et qui fait de la
commune d'arrondissement, une zone naturelle de réceptacle des eaux de
ruissellement issues de ce plateau. Cette configuration topographique facilite
ce que d'aucuns appellent la solidarité hydrologique
entre amont et aval et qui, dans notre zone d'étude, participe aux
facteurs des inondations à Thiès-nord.
La deuxième met en évidence une
dégradation très avancée de la couverture
végétale située sur le plateau. Au regard du rôle
important de la végétation sur le ruissellement, il demeure
évident qu'une dégradation de cette
« protectrice » de la commune d'arrondissement l'exposerait
davantage aux inondations car facilitera les conditions du ruissellement.
Nous avons constaté malheureusement que la
dégradation est assez poussée et ne tend pas à s'estomper
au regard des nombreux enjeux économiques que porte cette zone du
Plateau de Thiès.
Les caractéristiques physiques de la commune
d'arrondissement de Thiès-nord l'exposent à bien des
égards aux inondations. Toutefois, cette exposition est surtout
facilitée par la croissance urbaine qui aujourd'hui, est à un
niveau assez élevée et mérite d'être
régulée eu égard aux différentes contraintes
qu'elle induit notamment les inondations.
Chapitre 3 : LA
VULNERABILITE URBAINE AUX INONDATIONS
Les problèmes environnementaux auxquels les villes
sénégalaises sont confrontées tiendraient pour la plupart
à la sensibilité du tissu
socio-économique aux aléas naturels. Les caractéristiques
socio-économiques des villes regorgent d'une spécificité
laquelle, en dehors de leurs composantes physiques (relief, hydrographie,
etc.), en fait des zones propices à toutes les formes de perturbations
environnementales. Dans le contexte actuel, le redressement
pluviométrique trouvent une situation socio-économique fragile,
augmentant la vulnérabilité des territoires urbains face aux
inondations.
Cette réalité urbaine frappe la commune
d'arrondissement de Thiès-nord qui a connu une évolution urbaine
importante comme la ville de Thiès de manière
générale. L'urbanisation accélérée ne suit
pas l'évolution sociale mettant en péril des populations pauvres
et dépourvues de capacités d'adaptation efficace pour faire face
au contexte climatique en pleine mutation.
Ainsi se pose la question de la vulnérabilité
urbaine de notre zone d'étude que nous tentons de mettre en
évidence dans ce chapitre où il sera question de spécifier
le cadre urbain de la vulnérabilité à travers la
croissance démographique, l'urbanisation incontrôlée et le
système d'assainissement.
L'objectif étant de voir si les dispositions de la
commune d'arrondissement ne la rendent pas fragile à
« l'agression extérieur », ici le climat.
3-1 La
vulnérabilité urbaine spécifique
La ville est par nature un centre de gravité et un lieu
d'attraction particulièrement pour les populations issues du monde
rural. Or au Sénégal, ce dernier est marqué par un
dépeuplement sans précédent induit par la
sécheresse qui l'a durement affecté et a compromis les espoirs
des ruraux. La « solution » a été un rush
vers les villes comme ce fût le cas de Thiès.
Cette tendance migratoire pour la commune d'arrondissement de
Thiès-nord a participé à renforcer les capacités
démographiques (solde naturel) de la zone devenue incapable de supporter
sa propre population à fortiori l'apport démographique
constitué par le monde rural. A cette démographie galopante
s'ajoute une urbanisation incontrôlée qui se caractérise
par un étirement dans tous les sens.
3-1-1 La croissance
démographique sur un site vulnérable
La croissance urbaine de la ville de Thiès se
caractérise par une accélération de la croissance
démographique (Figure 22). Cette démographie
galopante est liée, d'une part à un croit naturel
élevé et d'autre part au mouvement migratoire. Pour ce dernier,
c'est la situation de « ville escale » (A. Cissé,
2004) ou plutôt de ville relais en raison de sa proximité avec la
capitale Dakar, qui explique son importance.
En effet, la forte migration vers Dakar d'une frange
importante de la population du Sénégal à cause de la
Sécheresse s'est souvent faite d'escale dans la ville de Thiès.
Cette croissance démographique s'est fortement manifestée dans la
commune d'arrondissement de Thiès-nord en raison aussi de sa situation
au niveau local.
Source : ANSD, 2008
Figure 22: Evolution et projection de la population de
la ville de Thiès
Comme nous l'avons montré dans la première
partie, la démographie galopante de la zone se matérialise par
une demande d'espace plus forte et une occupation anarchique de l'espace urbain
particulièrement sur un site inondable. La conséquence directe de
cet état de fait demeure l'occupation de zones inhabitables ou
irrégulières mais qui hélas sont
« régularisées » par les autorités
locales.
A Nguinth, situé dans une dépression, la forte
croissance démographique s'exprime souvent par des habitations
précaires et est loin de connaître son épilogue en raison
d'une part de la Zone d'Aménagement Concerté (ZAC) crée en
2004 et d'autre part du rattachement de certains villages tels Pognène,
Thionah et Thiapon.
Cette occupation a été pourtant avalisée
par les autorités locales qui peut-être n'avaient pas senti le
retour vers des conditions normales de la pluviométrie.
Malheureusement, cette population vit depuis 2007 sous les
eaux à chaque saison des pluies (Photo 3).
Photo 3: Maisons inondées en permanence
à Thiès-nord (S.B.NGOM, 2013)
La commune d'arrondissement de Thiès-nord
constituée par l'ancienne zone nord de la commune de Thiès
devenue ville depuis 2008, a connu une évolution démographique
qui a suivi le développement des infrastructures administratives et
socio-économiques de la ville de Thiès et conditionnée
dans une moindre mesure par la sécheresse des années 1970 et
1980.
La création de la mission catholique, de l'atelier du
chemin de fer et de la base militaire ont favorisé la venue de
populations qui occupaient les quartiers de Nguinth et de Diakhao. D'autres
quartiers périphériques apparaissent tels Médina Fall, le
plus peuplé de la commune d'arrondissement, Takhikao créé
en 191021(*) etc.
Ces infrastructures ont participé à la mise en
place de la population à Thiès et à l'émergence de
beaucoup de quartiers mais la population n'était pas trop importante du
point de vue de sa démographie. On voit par là que la croissance
démographique sur le site de la commune ne pouvait pas être un
facteur de vulnérabilité même si les pluies étaient
beaucoup plus importantes à cette époque.
L'importance de la croissance démographique s'est
beaucoup plus matérialisée à partir des années 1970
et 1980 qui coïncident au plus fort de la baisse de la
pluviométrie. L'évolution comparée montre une
accélération de la croissance démographique dans le
contexte de sècheresse qui a marqué les années 1970 et
1980 dans la zone d'étude (Figure 23) Les populations
rurales ont migré vers la ville augmentant de facto la population
urbaine et encourageant l'occupation du sol dans un contexte de baisse des
nappes, de rareté des marigots.
Aujourd'hui, l'augmentation de la population a suscité
des besoins de plus en plus d'espace. Elle a même favorisé
l'étirement de la commune d'arrondissement absorbant ainsi les villages
comme Diassap, Pognène, Thionah qui sont devenus des quartiers à
part entière de la commune d'arrondissement.
Des quartiers de la commune sont affectés par le
phénomène des inondations (Figure 24) et depuis
2007, la tendance suit la hausse.
Figure 24: Zones inondables dans la commune
d'arrondissement de Thiès-nord (S.B.NGOM, 2013)
Si le contexte pluviométrique des années 1970 et
1980, caractérisé par la baisse assez importante des pluies, a
participé à la croissance démographique de la zone, il
n'avait pas permis une meilleure régulation de la croissance urbaine.
Cela en raison des conditions favorables qu'il offrait à l'habitat.
En effet, le besoin d'espace induit par la croissance
démographique a, dans une certaine mesure, poussé les populations
à s'installer massivement dans des zones anciennement occupées
par les eaux (Nguinth) ou situées sur les voies naturelles des eaux
(Médina Fall, Escale nord).
A l'état actuel des choses, la population augmente en
même temps que les besoin d'espaces. Or la commune d'arrondissement de
Thiès nord est, dans ces caractéristiques physiques, assez
limitée pour héberger cette population.
Face à ces indicateurs se trouvent une situation
pluviométrique caractérisée par des apports de plus en
plus importants d'eaux et qui fait ressortir les anciennes zones
d'hébergement des eaux et les voies naturelles de ruissellement.
Le cas le plus frappant est le quartier de Nguinth où
le développement actuel de la végétation (Photo
4) sur le quartier montre bien un rehaussement de la nappe qui
était abaissée certainement en raison des périodes
sèches des années 1970, 1980 et 1990.
Photo 4: Zone de remontée de la nappe de
Nguinth et sa couverture végétale (S.B. NGOM, 2013)
Les conditions hydrogéologiques de ce quartier
caractérisées aujourd'hui par un relèvement de la nappe
font que les populations vivent dans les eaux durant presque toute
l'année.
Si l'existence de ce quartier date de longtemps, (après
la création de la mission catholique en 1886), son urbanisation s'est
accélérée dans les conditions climatiques sèches
des années 1970 et 1980. Les populations en venant n'ont pas
trouvé cette zone dans l'état actuel qu'elle est. Elles ont pour
la plupart trouvé une zone sèche et favorable à
l'habitation.
Aujourd'hui, elles vivent avec les eaux qui, même en fin
de saison pluvieuse, continuent de cohabiter avec elles.
La croissance démographique est un indicateur essentiel
de la vulnérabilité des milieux urbains. Elle est souvent
à l'origine de désarticulation des plans d'urbanisation des
villes (difficulté de définir une limite communale), d'occupation
de zone non ædificandi et le rythme de cette croissance « est
sans rapport avec celui du développement des capacités de
production économique » (ANSD, 2010).
Dans la commune d'arrondissement de Thiès-nord, elle
est à l'origine de l'occupation, par les populations, de certaines zones
situées sur les voies d'eau. Avec la rapidité de l'urbanisation,
cette population devient de plus en plus vulnérable car l'urbanisation
des villes sénégalaises en général et de
Thiès en particulier ne suit pas ou n'accompagne pas les dynamiques
démographiques posant ainsi de réels problèmes
environnementaux dont les inondations.
3-1-2 L'urbanisation
incontrôlée : facteur technique d'aggravation des
inondations
Nous ne tentons pas ici de faire une étude de
l'urbanisation de la commune d'arrondissement de Thiès-nord mais de
montrer seulement les incidences qu'elle peut avoir sur l'environnement du
site. En d'autres termes, il s'agira de voir en quoi ce phénomène
peut perturber les processus hydrologiques dans la zone d'étude.
La tendance à l'urbanisation de la zone d'étude
est un facteur essentiel d'exposition de la zone aux
inondations. Elle est matérialisée d'une part par la construction
de routes et l'extension rapide. Nous ne considérons pas ces deux
éléments comme étant à l'origine des inondations
mais le manque de suivi et d'entretien a sans doute un effet sur la
récurrence du phénomène.
Le processus d'urbanisation de la ville de Thiès a
connu un tournant important en 2004 avec les chantiers de Thiès22(*) dans le cadre du programme
« Spéciale indépendance 2004 ».
La construction de nouvelles routes a certes permis
d'améliorer la mobilité urbaine dans Thiès et l'ouverture
de certaines zones assez enclavées mais elle a aussi été
un facteur d'exposition de certains quartiers aux inondations.
Photo 5: Les 2 voies principales de Thiès-nord
en direction de la VCN (S.B.NGOM, 2013)
En effet les deux voies de Nguinth (Photo 5)
ont été un projet ambitieux car permettant une meilleure
mobilité dans la ville de Thiès et une meilleure ouverture de la
commune d'arrondissement de Thiès-nord. De nombreuses infrastructures et
services naissent tout au long de cet axe routier et l'avènement de
nouvelles zones d'habitation (ZAC, Nguinth Extension).
Toutefois, nous avons observé que de part et d'autre de
cette route, beaucoup de maisons riveraines et des rues sont inondées.
Cette route constitue une digue aux eaux de pluies qui s'installent sur les
bords de la route et jusque dans les maisons.
Pour la majeure partie des personnes interrogées dans
la localité, cette route participe pour beaucoup aux inondations de ce
quartier.
Photo 6: Devanture de maisons inondées en face
des 2 voies principales (S.B.NGOM, 2013)
Les deux voies sont construites de manière assez
relevée par rapport aux maisons riveraines. Sur tout l'axe allant de la
rocade de Nguinth sur la RN2 au village de Pognène, nous avons
observé des stagnations importantes d'eau qui peinent à
disparaître même après la fin de la saison pluvieuse
(Photo 6).
Nous ne remettons pas en cause ce chantier puisqu'étant
un atout pour la commune d'arrondissement de Thiès-nord, mais au regard
de la dégradation du cadre de vie des populations riveraines qu'il
induit, nous jugeons nécessaire, la mise en place des systèmes
d'évacuation d'eau pertinents qui tiennent comptent de la topographie de
la zone et de l'accroissement de la population.
Cette voie routière influence le ruissellement car
étant perpendiculaire au sens du ruissellement des eaux venant du
Plateau de Thiès.
L'autre problème lié à l'urbanisation est
à mettre en relation avec l'extension de la ville de Thiès qui
influence la commune d'arrondissement de Thiès-nord.
En effet, cette extension se matérialise par les
quartiers de la partie ouest et sud de la ville tels Grand Standing et Mbour 3,
qui connaissent une dynamique urbaine assez importante (Ly, 2008). Elle est
aussi due aux difficultés de maîtriser le front urbain qui
s'étire de plus en plus vers l'ouest et le sud de la ville jadis
caractérisés par une végétation assez
importante.
Même s'il faut reconnaître l'existence de
barrière naturelle à cet étirement, les grands chantiers
nationaux en cours tels l'autoroute à péage
Dakar-Thiès-Touba et l'aéroport de Diass, ajouté à
l'industrialisation naissante sur le plateau de Thiès auront
certainement un effet facilitateur à cette extension. Ils auraient aussi
comme effet, une destruction encore plus poussée de la couverture
végétale sur le plateau avec en corollaire une augmentation du
ruissellement vers la ville de Thiès et par ricochet vers la commune
d'arrondissement de Thiès-nord
Par ailleurs, il se pose un réel problème de
prise en charge des infrastructures routières, particulièrement
certaines routes qui ont précédé celles construites dans
le cadre de cet ambitieux programme. Ces pistes sont aujourd'hui dans un
état de délabrement avancé et participe à
l'aggravation des inondations.
Photo 7 : Rue inondée dans le quartier de
Médina Fall (Source, Thiès-Cergy, 2011)
C'est le cas dans le quartier de Médina Fall où
l'une des rares routes à être goudronnée est dans un
état de délabrement tel, qu'en saison des pluies, il est
affecté par des inondations23(*) et pourtant il constitue le plus peuplé de
toute notre zone d'étude. Cette situation est liée certes
à la situation topographique du quartier mais aussi et surtout aux
lacunes observées dans la prise en charge des routes
détériorées. (Photo 7).
Autrement dit, l'urbanisation mal contrôlée fait
que ces infrastructures délabrées augmentent de plus en plus dans
un contexte d'évolution pluviométrique caractérisée
par des pluies importantes. Cela expose davantage ces espaces aux inondations
alors que ceux-ci pouvaient en être épargnés.
De cette analyse, nous avons retenu que l'urbanisation est un
facteur technique de la vulnérabilité de la commune
d'arrondissement. D'une part, elle a permis aujourd'hui une
désarticulation des processus hydrologiques dans la commune
d'arrondissement de Thiès-nord et une réduction des superficies
végétales susceptibles de la protéger contre les
inondations.
D'autre part, les difficultés dans la prise en charge
des infrastructures participent pour beaucoup à l'exposition des
quartiers de la commune d'arrondissement aux aléas
pluviométriques.
3-2 Un système
d'assainissement des eaux pluviales fragile
L'un des problèmes majeurs auxquels sont
confrontées les villes sénégalaises restent sans doute
l'assainissement. L'évacuation des eaux demeure difficile en raison de
plusieurs facteurs liés aussi bien au site des villes qu'à la
gestion des eaux.
A la suite des inondations de 1975 qui ont causé des
dégâts matériels très importants (Djagoun, 1991), il
a été proposé l'idée de la réhabilitation et
de l'extension du réseau de drainage des eaux pluviales de la ville de
Thiès. Mais celui-ci était insuffisant pour drainer les
importants flux d'eaux qui traversent la ville et dont une bonne partie se
déverse dans la dépression constituée par la commune
d'arrondissement de Thiès-nord.
La ville de Thiès connaît un réseau
d'évacuation ancien conçu en deux parties dont l'une
constituée par un réseau périmétral
protégeant la ville des eaux extérieures et l'autre pour le
drainage des eaux pluviales à l'intérieur de la ville.
(Zéroual, 2005).
Toutefois, ce système de drainage des eaux pluviales de
la ville constitue aujourd'hui un facteur de vulnérabilité
important et mérite d'être pris en compte dans la
compréhension des inondations.
En effet, la ville de Thiès souffre d'une
déficience de son système de drainage des eaux pluviales avec
« 17% de la ville recouverte par le réseau de
l'ONAS » (Thiès-Cergy, 2011). Ainsi l'évacuation des
eaux de pluies, dont un seul réseau, en violet, est fonctionnel
(Figure 25) pose de sérieux problèmes
environnementaux.
Figure 25: Réseau d'évacuation des eaux
pluviales de la ville de Thiès
Dans la commune d'arrondissement de Thiès-nord, on note
la présence de trois canaux d'évacuation dont la localisation
illustre le sens de l'écoulement des eaux. Il s'agit du canal
périmétral situé au nord, celui situé à
l'ouest de la mission catholique et le canal au sud du quartier de Nguinth.
Aujourd'hui, ces différents canaux connaissent de
sérieux problèmes liés à l'ensablement, à la
présence de déchets, à l'absence de maintenance et
d'entretien. Il faut noter que la gestion de l'assainissement pluvial à
Thiès relève du rôle de la Mairie de ville. Cette
dernière est chargée de l'entretien et de la maintenance du
réseau.
Les canaux à ciel ouvert observés dans la zone
sont aussi caractérisés par ce même problème.
Nous avons constaté que les eaux de pluies issues du
canal de Keur Mame El Hadji (Photo 8) vont vers la zone de
remontée de la nappe pour ensuite en cas de surplus être
réorientées vers une voie d'eau à ciel ouvert. Cette voie
est bouchée par les déchets et la végétation en
saison pluvieuse.
Photo 8:Canal de Keur Mame El Hadj et son
extrémité à Nguinth (S.B. NGOM, 2013)
Cette situation obstrue les eaux de ruissellement et perturbe
le système d'assainissement dans un contexte pluviométrique
caractérisé par l'abondance des eaux de pluies. Un
redimensionnement du réseau s'impose car la situation
pluviométrique connaît des bouleversements.
L'autre problème de l'assainissement que nous avons
constaté dans la zone d'étude est surtout lié à
l'obstruction des canaux à ciel ouvert par les maisons. Dans le quartier
de Nguinth, la voie d'évacuation des eaux est bloquée par les
maisons qui témoignent de l'absence d'organisation des schémas
d'urbanisme. Les eaux collectées au sud de la zone d'étude,
peinent à sortir en raison des maisons situées sur la voie
d'évacuation (Photo 9).
Photo 9: Maisons obstruant les issues de sortie des
eaux (S.B.NGOM, 2013)
La commune d'arrondissement de Thiès-nord est bien
représentée dans le système d'assainissement des eaux
pluviales de la ville de Thiès. Nous avons noté beaucoup de
canaux d'évacuation qui témoignent simplement que la zone est
réellement un lieu de convergence des eaux pluviales.
Cependant, ces canaux souffrent aujourd'hui de mauvais
entretien s'il y en a car nous avons remarqué que la plupart d'entre eux
sont remplis de déchets alors que d'autres souffrent de l'ensablement.
Cette situation complique l'évacuation des eaux et expose la commune
d'arrondissement aux inondations.
Conclusion partielle
En somme, il faut dire que la croissance urbaine de la commune
d'arrondissement de Thiès-nord est assez rapide au vu des mutations
nombreuses que celle-ci apportent à cet espace urbain.
Cette croissance influence à plusieurs égards
les conditions naturelles du site de la commune et rend difficile
l'aménagement de la commune d'arrondissement.
La croissance démographique induit des demandes
sociales et des besoins d'espace pour les populations. Elle favorise
l'occupation anarchique de l'espace et l'installation des populations dans les
zones inondables.
Les processus d'urbanisation causent la perturbation du cycle
hydrologique en milieu urbain. L'urbanisation favorise la diminution voire
même la suppression des zones d'expansion naturelle des eaux de pluies.
Son manque de contrôle expose davantage la zone aux aléas
pluviométriques.
A cela s'ajoute un système d'assainissement fragile en
raison de l'absence réelle d'entretien des réseaux
d'évacuation des eaux et une occupation des voies d'évacuation
qui induit une obstruction aux issues de sortie des canaux
d'évacuation.
L'urbanisation est un facteur essentiel à prendre en
considération pour gérer et réduire le risque d'inondation
en ce qu'elle constitue un indicateur essentiel de
l'exposition de la commune d'arrondissement aux aléas
météorologiques.
TROISIEME PARTIE : LA
GESTION DU RISQUE D'INONDATION
Pendant longtemps, le risque d'inondation n'était
abordé que sous l'angle d'un phénomène essentiellement
hydrologique et sa gestion s'orientait presque exclusivement aux
méthodes curatives. Autrement dit, il s'agissait d'une gestion de crise
au travers de la mise en place de moyens techniques comme les digues et les
barrages pour lutter contre le phénomène.
Toutefois, au regard de l'évolution du
phénomène et de sa perception par les sociétés,
notamment la responsabilité humaine dans les catastrophe naturelles,
l'approche spatiale des inondations s'est orientée autour du concept de
vulnérabilité.
Les dégâts et les dommages provoqués par
les inondations ont provoqué des réactions à tous les
niveaux de la société. Des pouvoirs publics aux populations, la
gestion du risque devient impérieux eu égard aux
conséquences de plus en plus dramatiques du phénomène.
Dans un premier lieu, nous allons analyser le cadre
institutionnel des inondations à l'échelle nationale et locale et
les stratégies d'adaptation des populations.
En second lieu, il s'agira de montrer les limites de cette
gestion du risque à travers une analyse des contraintes
institutionnelles et de la perception du phénomène par les
populations.
Chapitre 1 : LA
GESTION INSTITUTIONNELLE DU RISQUE D'INONDATION ET LES STRATEGIES LOCALES
D'ADAPTATION
Les dégâts et les dommages causés par les
inondations ont suscité des réactions de la part des pouvoirs
publics, qu'elles soient à l'échelle nationale, puisque les
inondations constituent actuellement l'un des fléaux les plus
graves au Sénégal24(*) ou bien à l'échelle locale car la
commune d'arrondissement de Thiès-nord est de plus en plus en proie
à ce phénomène.
Plusieurs stratégies et mesures ont accompagné
la gestion du risque d'inondation au Sénégal allant de la
réaction face à l'urgence à la définition de
mesures structurelles pour lutter contre le phénomène.
Afin de cerner la gestion institutionnelle du risque
d'inondation, nous allons essayé d'analyser celle-ci à
l'échelle nationale au travers d'une étude chronologique de
différentes stratégies développées dans le pays.
Ensuite il s'agira d'envisager une analyse de la gestion
à l'échelle locale en essayant de voir comment la commune
d'arrondissement tente de faire face au risque d'inondation.
Enfin nous essayerons d'appréhender les
stratégies des populations pour s'adapter aux inondations.
1-1 La gestion institutionnelle
du risque d'inondation à l'échelle nationale.
Le risque se gère et sa gestion constitue un refus de
la fatalité car elle entre en droite ligne dans la compréhension
de l'enjeu qu'il constitue. Cette dimension du risque est comprise, il faut le
reconnaître, par les pouvoirs publics dont les réactions
notées montrent nettement l'importance accordée au
phénomène.
Au Sénégal, plusieurs stratégies ont
été développées afin de lutter contre les
inondations et leurs impacts. Dans une approche chronologique, nous allons
déterminer les différentes stratégies
développées par les autorités nationales.
- Le Plan National d'Organisation des Secours
(Orsec) : Il a été adopté au
Sénégal par le Décret n° 93-1288 du 17
novembre 1993. Ce plan sert à faciliter la mobilisation et
l'engagement rapide des moyens exceptionnels. Il constitue le principal outil
de gestion des crises et catastrophes au Sénégal.
Selon le Groupement National des Sapeurs Pompiers de
Thiès (GNSP), organe chargé de la mise en oeuvre du plan ORSEC,
ce dernier n'a jamais été déclenché dans la commune
d'arrondissement de Thiès-nord. Car pour eux, les inondations à
Thiès n'auraient pas encore atteint une ampleur qui nécessiterait
le plan. Toutefois, ils reconnaissent des difficultés qu'ils
éprouvent lors des interventions, qui sont liées souvent à
des problèmes d'accès de leurs engins surtout à
Nguinth.
- La Stratégie Nationale de Protection sociale
et de Gestion des Catastrophes (SNPS/GR) a été
développée en 2005 et comprend la période 2006 à
2009. Ses objectifs visent la réduction de l'impact des chocs
menaçant directement la vie des populations. Parmi ceux-ci, les
inondations occupent une place importante en raison des impacts qu'elles ont
sur la population. Elles sont prises en compte dans le quatrième axe des
stratégies relatives à la gestion des catastrophes et risques
majeurs.
-Le Plan National d'Adaptation aux changements
climatiques (PANA) : élaboré en
2006, il constitue une contribution du Sénégal à l'effort
mondial de lutte contre les effets néfastes des changements climatiques.
Il constitue le prolongement de ces efforts entamés avec la signature et
la ratification de la CCNUCC et du Protocole de Kyoto en 2001.
- Le Programme National de Prévention et
Réduction des Risques Majeurs et de Gestion des Catastrophes
Naturelles mis en place en 2009 est piloté par la
Direction de la Protection Civile (DPC). Il sert de cadre
opérationnel pour les interventions dans le domaine de la gestion du
risque.
-Le Plan National d'Aménagement du Territoire
(PNAT) dont le rôle dans la gestion du risque se mesure à
l'aune des scénarios d'aménagement et de développement
durable. Il s'agit de contrôler la croissance démographique et de
trouver un équilibre entre les diverses régions du pays.
-Le Programme de Gestion des Risques et des
Catastrophes (GRC) : ce programme participe au renforcement des
capacités institutionnelles nationales et locales des acteurs dans la
gestion des risques.
- Le Programme d'Action Prioritaire de
Prévention des Inondations (PAPI) mis en place en 2010 et dont
le rôle est de trouver des solutions efficaces et durables aux
inondations sur l'étendue du territoire national.
-Le Plan Décennal de lutte contre les
inondations : Elaboré en 2012 suite aux désastres
provoqués par les inondations, il vise dans le long terme à
endiguer le phénomène des inondations au
Sénégal.
D'autres stratégies existent et sont en cours
actuellement au Sénégal. Nous avons choisi certaines que nous
jugeons essentielles dans la gestion du risque d'inondation. Au travers de cet
aperçu chronologique, il apparaît clairement que l'administration
sénégalaise tente de lutter contre les inondations et ses
impacts.
Le fait majeur qui reste à noter ici demeure la
concentration et le cloisonnement de la majeure partie de ces stratégies
et programmes dans la région de Dakar. Cette position peut-être
comprise d'autant plus que cette région est la plus touchée par
le phénomène mais il n'en demeure pas moins que les autres
milieux urbains sénégalais comme notre zone d'étude sont
en proie aux inondations et celles-ci prennent de plus en plus de l'ampleur.
A ces mesures nationales, s'ajoutent des efforts locaux dans
la commune d'arrondissement de Thiès-nord malgré la faiblesse des
moyens de cette collectivité locale.
1-2 La gestion du risque
d'inondation dans la Commune d'arrondissement de Thiès-nord
La gestion du risque est aussi adoptée à
l'échelle locale. Dans notre zone d'étude, les autorités
tentent avec leurs moyens, l'appui des structures non étatiques et la
coopération décentralisée, de faire face au
phénomène. Les approches utilisées dans la gestion du
risque vont de celles dites structurelles à celles dites non
structurelles.
Pour faire face au risque d'inondation qui prend de plus en
plus d'ampleur dans la commune d'arrondissement de Thiès-nord, des
mesures visant à anticiper et à réduire les risques
d'inondation sont mises en oeuvre par la mairie, les ONG et la
coopération décentralisée.
Depuis 2007, plusieurs interventions sont notées dans
la commune d'arrondissement et répondent à ce que l'on a
appelé la perception du risque d'inondation au seul
phénomène hydrologique. Au niveau local, beaucoup de
réalisations et d'actions tournent autour de la gestion du risque, qu'il
en soit perçu comme tel ou pas.
Dans le cadre de l'opérationnalisation de la
décentralisation de la politique environnementale au
Sénégal, il a été conseillé à chaque
région d'élaborer un plan d'action environnementale qui vise
entre autres, un maintien de l'équilibre écologique et une
amélioration du cadre de vie des populations (PAER, 2007). A travers ces
objectifs, il faut noter le souci de prévention et d'anticipation qui
anime les acteurs régionaux dans les problèmes liés
à l'environnement. Parmi les grands points du PAER, figure la lutte
contre la dégradation du plateau de Thiès dont le rôle dans
les inondations à Thiès-nord est prépondérant.
La mairie a inscrit dans le volet environnemental de son
Programme d'Investissement Prioritaire la construction et la réfection
de caniveaux et de bassins de rétention25(*).
Photo 10: Canal de Keur Mame El Hadji (S.B. NGOM,
2013)
Pour la gestion des eaux pluviales, le drainage des eaux a
été envisagé à travers un curage des caniveaux, un
raccordement des points bas au réseau et l'entretien des
déversoirs. Ainsi un canal a été construit pour collecter
les eaux de Keur Mame El Hadji et du centre-ville (Photo
10).
Par ailleurs, un projet de construction de 7000 logements
sociaux est en cours avec l'appui de l'EAE et de l'UNACOOP. Ce projet entre
dans le cadre de l'amélioration des conditions de vie des populations
vivant dans les secteurs de l'eau et de l'assainissement.
A ces mesures institutionnelles, s'ajoutent un apport
important des ONG et de la coopération décentralisée afin
de lutter contre la dégradation de l'environnement
particulièrement dans la commune d'arrondissement de
Thiès-nord.
Ces différents acteurs participent à la gestion
du risque au travers d'étude et de réalisations d'ouvrages. Ces
initiatives visent à maîtriser les flux d'eau qui se
déversent, à chaque saison des pluies, dans la commune
d'arrondissement de Thiès-nord. Il s'agit entre autres :
- La coopération décentralisée
Thiès-Cergy : Cette coopération entre la ville de
Thiès et la ville de Cergy (France) résulte de la signature d'une
convention en 2006. A travers cette coopération, plusieurs études
ont été menées notamment dans le cadre de la gestion de
l'eau à l'échelle locale. Un Système d'Information
Géographique a été mis en place et comprend des
informations essentielles sur le site de la commune d'arrondissement. Elles
sont destinées aux décideurs locaux afin d'améliorer les
conditions de l'aménagement dans la zone nord de Thiès
constitué par la commune d'arrondissement de Thiès-nord.
- Le Groupe de Recherche et d'Appui aux Initiatives
Mutualistes (GRAIM) est une organisation qui
intervient dans le Plateau de Thiès. Son rôle dans la gestion du
risque se mesure à la prévention qu'il suscite surtout
liée à la dégradation de ce « château
d'eau » de plusieurs régions du Sénégal. La
gestion des ressources naturelles et de l'environnement et la
régularisation de l'urbanisation constituent les facteurs clés
dans les recherches qu'il accompagne.
- L'ADT-GERT26(*) est une association qui s'active beaucoup
aux efforts de réduction de l'exposition de la zone d'étude aux
inondations. Elle s'active principalement à travers leurs participations
dans la lutte contre la dégradation des terres et l'érosion afin
de préserver les écosystèmes du plateau et de son
environnement.
A l'échelle nationale comme à l'échelle
locale, des initiatives ont été prises visant à
réduire le risque d'inondation dans les villes
sénégalaises. Qu'elles soient sous l'égide de l'Etat ou
des collectivités locales, il n'en demeure pas moins que des efforts
sont notés depuis le début des inondations.
A ces efforts institutionnels, s'ajoutent les initiatives des
populations de la localité notamment à travers des moyens
techniques pour s'adapter aux inondations.
1-3 Les stratégies
locales d'adaptation des populations
Les sociétés se sont, en tout temps,
adaptées aux conditions météorologiques et climatiques
(GIEC, op cit). Mais au regard de la situation actuelle
caractérisée par des mutations climatiques plus importantes, il
demeure important que les efforts d'adaptation soient orientés vers la
réduction de la vulnérabilité.
Dans la commune d'arrondissement de Thiès-nord, les
populations adoptent des méthodes rudimentaires pour faire face aux
inondations. Ces méthodes tournent autour de stratégies
temporaires et ne sont pas efficaces au vu de la situation observée sur
le terrain.
Photo 11: Sacs de sables qui servent d'accès
à cette maison (S.B. NGOM, 2013)
Ces sacs de sables (Photo
11) sont placés devant les entrées des maisons où
en saison des pluies, l'accès devient impossible en raison de la
présence permanente de l'eau dans la maison. Selon le
propriétaire de la maison, cette situation est triste et il la vit
depuis le début des inondations à Thiès-nord. Ces
méthodes rudimentaires et inefficaces sont retrouvées dans
beaucoup de maisons inondées dans la zone.
Pour d'autres, des stratégies de contournement des eaux
sont développées (Photo 12), ce qui contribue
à la déviation des voies naturelles d'écoulement des eaux.
Cette situation est à l'origine de débordement des eaux jusque
dans des secteurs épargnés par les inondations.
Photo 12: Barrages en pierres pour dévier le
ruissellement des eaux (S.B.NGOM, 2013)
Cette situation corrobore l'idée qui veut que
l'adaptation soit liée au développement
socio-économique27(*). Le niveau de développement de la commune
d'arrondissement ne permet pas aux populations d'adopter des stratégies
efficaces pour lutter contre les inondations. Au contraire, ces
stratégies ne font qu'augmenter leur exposition aux aléas
pluviométriques.
C'est le cas des remblaiements
observés presque dans toutes les maisons inondées que nous avons
visitées (Photo 13). Cette méthode très
prisée par les populations a montré ses limites car à
chaque saison pluvieuse, les populations disent qu'elles constatent une
intensification du phénomène. Le remblaiement ne fait
qu'augmenter l'imperméabilité des sols et le coût est
insupportable pour ces ménages pauvres.
Photo 13 : Cours de maisons remblayées à
Nguinth (S.B.NGOM, 2013)
D'autres par contre, optent pour la migration en raison de
l'état de délabrement des maisons. Nous avons noté la
présence de quelques maisons abandonnées à cause des
inondations (Photo 14). Au regard de leur état de
délabrement, elles ne sont plus en mesure d'héberger un
ménage.
Photo 14: Maisons abandonnées dans la zone
d'étude (S.B. NGOM, 2013)
La migration est considérée comme une
stratégie d'adaptation mais elle n'est pas trop importante dans la zone
d'étude. Les populations préfèrent rester sur place et se
confronter aux eaux car n'ayant pas les moyens de se trouver un autre abri pour
y vivre.
Ces stratégies d'adaptation sont les mêmes que
celles développées dans beaucoup de sites inondés du pays.
Elles répondent à un besoin d'urgence mais ne suffisent pas pour
endiguer les souffrances auxquelles sont confrontées les populations.
Ces dernières ont besoin de soutien de la part des autorités pour
faire face aux inondations mais plusieurs obstacles se dessinent pour arriver
à ce soutien des institutions.
Par ailleurs, au regard des résultats observés
dans les objectifs institutionnels et locaux, nous considérons qu'il
existe beaucoup de contraintes qui réduisent les efforts et aggravent
même le phénomène.
Ces contraintes contribuent à la
vulnérabilité de la commune d'arrondissement aux inondations.
Chapitre 2: LES CONTRAINTES
DANS LA GESTION DU RISQUE D'INONDATION A THIES-NORD : UNE CONTRIBUTION A
LA VULNERABILITE
S'il est vrai que la gestion du risque est acceptée et
reconnue comme nécessaire aussi bien chez les pouvoirs publics que chez
les populations, il demeure certain que sa compréhension reste un enjeu
important soulevé par le changement climatique.
La vulnérabilité des milieux urbains face aux
inondations ne se résume pas seulement aux caractéristiques
physiques et socio-économiques des villes, elle peut être
également liée aux structures de gestion du risque
d'inondation.
2-1 Les contraintes d'ordre
institutionnel
Les principales contraintes institutionnelles à la
gestion du risque d'inondation dans la zone d'étude épousent
celles rencontrées dans beaucoup de milieux urbains affectés par
les inondations au Sénégal. Ces contraintes peuvent se
résumer comme suit :
L'absence d'effectivité et de coordination entre les
institutions engagées dans la gestion de l'environnement rend difficile
les interventions. C'est le cas lors des inondations en 2011 à
Thiès-nord.
En effet, le pouvoir central de l'époque et la
municipalité de Thiès n'étaient pas du même bord
politique. Cela s'est traduit, à la place d'action concrète
à mener pour secourir les sinistrés, par des tiraillements entre
la mairie de la ville et le gouvernement au détriment des populations
qui subissent les eaux28(*).
Au niveau local, la commune d'arrondissement de
Thiès-nord manque de moyens suffisants pour faire face aux inondations
alors qu'elle constitue de loin la zone la plus frappée par les
inondations dans toute la ville de Thiès. Selon certaines
autorités de la commune avec qui nous avons discuté, le principal
problème réside dans « l'absence criarde de
moyens » de la commune d'arrondissement à prendre en charge
les urgences lors des inondations.
Leurs actions se résument à la fourniture de
dons tels les denrées alimentaires, des moustiquaires etc. Des dons que
les populations que nous avons interrogées, considèrent comme de
l'aide alimentaire et un analgésique à leur souffrance mais ne
constituent pas une solution durable aux inondations. De même, il a
été développé l'idée de reloger les
personnes inondées dont 182 ménages ont été
répertoriés29(*), dans un site situé au niveau de la ZAC de
Nguinth.
Toutefois, nous considérons que cette initiative bien
qu'étant un soulagement pour les sinistrés, ne constitue pas une
solution durable d'autant plus que l'expérience du plan Jaxxay à
Dakar en 2007 avait montré ses limites.
Par ailleurs, nous avons constaté que dans la ville de
Thiès, l'assainissement est géré par deux structures
différentes, ce qui peut créer des dysfonctionnements dans les
stratégies et les actions de drainage. Le système
d'assainissement des eaux pluviales est géré par la mairie de la
ville et celui des eaux usées par l'ONAS. Une situation qui n'est pas
sans conséquence sur la prise en charge des eaux et sur les initiatives
à apporter dans la question de l'assainissement particulièrement
dans notre zone d'étude.
2-2 Les limites des
stratégies locales d'adaptation
Les stratégies d'adaptation que nous avons
observées dans la commune d'arrondissement de Thiès-nord
consistent pour la plupart au carrelage des maisons, au remblaiement, à
la mise en place de marche pieds et des barrages en pierres dans les rues.
Toutefois, ces stratégies demeurent fragiles car
certaines zones sont frappées d'une
« endémicité » du
phénomène en raison des conditions hydrogéologiques comme
à Nguinth et du problème d'assainissement des eaux pluviales.
En effet, en raison de la remontée de la nappe dans ce
quartier, les stratégies adoptées par les populations semblent
vaines à cause du ressuyage de la nappe. Dans la plupart des maisons
inondées que nous avons sillonnées, le constat reste le
même.
Par exemple, les remblaiements contribuent dans une certaine
mesure à « enterrer » les maisons qui se retrouvent
au fil des années à un niveau plus bas que la rue. Cela
empêche l'évacuation par gravitation des eaux pluviales de la
maison et favorise le remplissage de cette dernière par le même
phénomène.
Dans les autres quartiers, le défaut d'assainissement
rend inutile toute stratégie développée. Cela est
lié au coût presque inaccessible de l'assainissement pour des
ménages relativement pauvres. Le coût de raccordement est
très cher pour les ménages obligeant ceux-ci à se rabattre
sur les bouches d'égout pour libérer les excès d'eau.
Dans le quartier de Médina Fall, le plus peuplé
de la zone d'étude et de la ville de Thiès, nous avons
noté une déficience d'assainissement pour un quartier assez
peuplé. Les populations, n'ayant pas d'autres stratégies,
préfèrent se confronter avec les eaux.
Les capacités d'adaptation sont liées au niveau
de développement or la commune d'arrondissement est dépourvue de
moyens pour suivre la tendance actuelle des précipitations. Les
inondations commencent à devenir une récurrence dans la zone et
les stratégies observées sont loin d'endiguer le
phénomène.
Pour une meilleure gestion du risque d'inondation, il demeure
nécessaire d'adopter des stratégies efficaces et efficientes et
une prévention assez robuste.
2-3 La perception du risque par
les populations
La connaissance du risque d'inondation a une certaine
influence sur la manière de s'adapter pour les populations.
De manière générale, les inondations
comme le changement climatique sont perçus par les populations comme un
phénomène naturel. D'aucuns pensent que le contexte de retour des
pluies est à l'origine des inondations.
Cette situation montre bien l'insuffisance de l'information
environnementale pour les populations. Cette carence peut être
liée entre autres à la faiblesse des dispositifs nationaux pour
faire face aux besoins d'information, au cloisonnement des stratégies et
programmes de gestion de l'information et l'insuffisance des mécanismes
de partage et d'échange d'expériences.30(*)
Dans la commune d'arrondissement de Thiès-nord, nous
avons constaté cette réalité particulièrement dans
les zones inondables.
L'évaluation de l'information environnementale que nous
avons adoptée consiste à interroger les ménages sur la
perception qu'ils ont du changement climatique et particulièrement sur
les inondations.
Tableau 5: Connaissance des populations du changement
climatique
quartiers
|
Nguinth
|
Medina Fall
|
Thialy
|
K. M. El Hadj
|
Total
|
Fréquence %
|
Oui
|
11
|
3
|
2
|
1
|
17
|
32,1
|
Non
|
16
|
10
|
6
|
4
|
36
|
67,9
|
Taille échantillon
|
27
|
13
|
8
|
5
|
53
|
100
|
Source : S.B. NGOM, 2013)
(NB : Ces ménages concernent les
sinistrés des inondations et non l'ensemble de la population
totale)
Pour ces ménages, le changement climatique est presque
inconnu. Sur l'ensemble des ménages enquêtés, la majeure
partie n'a aucune connaissance sur le phénomène (Tableau
5). Seuls 32,1% ont une certaine perception et
celle-ci reste très approximative. Ces connaissances faibles
résultent, comme nous l'avons dit antérieurement, de
l'accès à l'information environnementale pour les populations.
Cette insuffisance de l'information environnementale joue
beaucoup sur les stratégies d'adaptation et sur le niveau d'anticipation
dans un contexte pluviométrique assez instable. Les populations urbaines
devraient, en raison des moyens inhérents à la ville
contrairement à la campagne, disposer d'un arsenal de moyens pour
accéder à l'information environnementale.
L'absence d'information sur le changement climatique
contribue à bien des égards à renforcer la
vulnérabilité aux inondations car pouvant influencer sur les
stratégies d'adaptation.
La gestion du risque d'inondation est devenue un enjeu
important dans un contexte de changement climatique particulièrement
dans la commune d'arrondissement de Thiès-nord. Si des stratégies
d'adaptation y sont notées, leur efficacité reste souvent
à voir d'où la nécessité de développer des
stratégies cohérentes qui répondent aux besoins locaux et
qui intègrent tous les aspects entrant en jeu dans la construction du
risque.
Conclusion partielle
Ce qu'il faut retenir en définitive dans l'analyse de
la gestion du risque d'inondation à Thiès-nord, c'est d'une part,
une certaine volonté politique des autorités qu'elle soit locale
ou nationale à lutter contre les inondations et d'autre part, des
populations en difficulté d'adaptation liée à plusieurs
facteurs que nous avons montrés ci-dessus.
Les différentes politiques et programmes des
autorités procèdent d'une certaine reconnaissance du
phénomène et d'une certaine volonté d'y faire face. Mais
ces actions sont souvent en déphasage avec le contexte local et
obéissent pour la plupart à une gestion de crise et non du
risque.
Les populations quant à elle ne peuvent pas lutter
contre ce phénomène nonobstant les efforts qu'elles
déploient au travers de stratégies rudimentaires. Elles sont
confrontées à un faible accès à l'information ce
qui réduit leur perception du risque et contribue à leur
vulnérabilité.
Néanmoins, la commune d'arrondissement peut anticiper
le phénomène avant que celui-ci ne prenne une tournure de
catastrophe en développant certaines stratégies et en utilisant
ses potentialités naturelles et stratégiques dans un contexte
d'urbanisation de toute une région matérialisée par
l'aéroport international Blaise Diagne de Diass et l'autoroute à
péage.
CONCLUSION GENERALE
Au terme de cet essai, il conviendrait de retenir que la
commune d'arrondissement de Thiès-nord est réellement
concernée par les inondations. Même si l'ampleur que prend le
phénomène ne peut être assimilée à une
situation catastrophiste, il demeure évident que la tendance qu'il suit
augure des lendemains très incertains si rien n'est fait.
La pluviométrie dans la commune d'arrondissement de
Thiès-nord est caractérisée par une variabilité
importante d'une année à une autre ou d'une décennie
à une autre. Ces dernières années sont
caractérisées par des cumuls pluviométriques
excédentaires et qui sont concomitantes à la longue baisse
pluviométrique entamée depuis les années 1970.
Cette tendance du climat trouve une disposition physique de la
commune d'arrondissement caractérisée par une situation
topographique peu sensible à l'évolution et une
dégradation poussée des éléments susceptibles de la
protéger contre les perturbations environnementales.
Le site constitue une zone de réceptacle des eaux du
Plateau de Thiès en raison de sa topographie. La destruction du couvert
végétal dont l'urbanisation de Thiès a beaucoup
participé, n'a fait qu'exposer davantage la zone au ruissellement.
A ces déterminants naturels, s'ajoute une croissance
urbaine qui ne fait qu'aggraver l'exposition de la commune d'arrondissement de
Thiès-nord aux inondations. Cette croissance urbaine difficile à
réguler est aujourd'hui au coeur des préoccupations en raison des
dysfonctionnements que celle-ci apporte à l'évolution de la zone.
La croissance démographique induit de plus en plus des
besoins d'espaces poussant les populations à occuper des zones impropres
à l'habitat. L'urbanisation mal contrôlée perturbe les
processus hydrologiques dans un contexte d'assainissement faible de la zone et
de la ville toute entière où 17% seulement sont couverts par le
réseau.
Ces divers éléments définissent la
vulnérabilité face aux inondations de la commune d'arrondissement
de Thiès-nord. Autrement dit, ils constituent des indicateurs essentiels
d'exposition de la zone à ce qu'on a défini comme l'aléa
constitué par le contexte pluviométrique.
Les inondations affectent Thiès-nord et le
phénomène commence à vraiment s'installer
particulièrement dans les quartiers de Nguinth et Médina Fall et
récemment de Diakhao.
Face au risque, des éléments de gestion ont
été apportés par les autorités administratives et
locales. Ils vont des stratégies institutionnelles aux outils locaux
d'adaptation développés par les populations.
Toutefois au regard de la situation actuelle, ces
stratégies n'apportent pas de solution mais restent importantes à
pérenniser et à renforcer car elles participent à
l'anticipation et à la
prévention du risque d'inondation.
Ainsi la vulnérabilité de la commune
d'arrondissement intégrerait deux éléments à savoir
l'exposition et la sensibilité de la dynamique urbaine aux aléas
et des stratégies d'adaptations à un contexte climatique souvent
imprévisible.
Au travers de l'analyse de la vulnérabilité
faite dans ce travail de recherche, il apparaît important de proposer des
efforts qui peuvent participer à la lutte contre les inondations et
à sa prévention. Dans ce cadre, nous considérons que ces
propositions ci-dessous peuvent servir aux décideurs locaux dans
l'atteinte d'une urbanisation durable telle qu'elle a été
préconisée à travers l'Agenda 21 de la Conférence
de Rio de Janeiro en 1992.
Le principe de précaution : Il
est vrai que les inondations observées dans la commune d'arrondissement
de Thiès-nord n'ont pas la même ampleur que celles
constatées dans les autres zones comme la capitale Dakar. Mais au vu de
l'évolution du phénomène, il devient une
nécessité de définir et d'adopter des mesures visant
à prévenir le risque ou à le réduire.
Le principe de prévention : Pour
lutter contre un phénomène, il faut au préalable
reconnaître son existence. Cela fait souvent défaut à
Thiès en raison des intentions politiques qui accompagnent les positions
des uns et des autres. Dans la gestion d'une collectivité, la
présence de tout risque même minime ne doit pas être
écartée31(*).
Le développement d'une agriculture
urbaine : Le site de la commune d'arrondissement de
Thiès-nord est favorable à l'agriculture maraîchère
en raison de la présence de sols hydromorphes. Cette idée
commence à prendre effet avec le projet sur la Station d'Epuration
(STEP) de Keur Saib Ndoye au nord de la commune d'arrondissement
développée avec la coopération décentralisée
entre la ville de Thiès et la ville de Cergy (France). Cette zone aussi
peut regorger de parcs forestiers au lieu de la floraison du bâti qui ne
fait qu'exacerber le phénomène des inondations.
Réguler l'extension de la ville en
mettant en place des politiques urbaines correctes et redéfinir les
schémas d'aménagement de la ville de Thiès. Cela commence
par une réduction de la spéculation foncière et de
l'absorption des communautés rurales voisines.
Adopter une gouvernance participative qui
inclue les populations dans la gestion de leur localité, écouter
les sages des quartiers en raison de leur compréhension de
l'évolution de leur zone, mettre en place des Systèmes
d'Informations Géographiques Participatives (SIG-P) pour l'aide à
la décision.
Renforcer les études physiques sur la commune
d'arrondissement de Thiès-nord afin de comprendre
l'évolution du site. Comme le cas de Nguinth où l'absence
d'étude géophysique sur la nappe rend difficile les
velléités d'aménagement.
S'adapter au changement climatique : Les
politiques publiques et les stratégies de développement doivent
s'inscrire dans le contexte du changement climatique. Cela passe par une
amélioration de la communication sur le changement climatique, la
sensibilisation à grande échelle de la population, un
renforcement des capacités d'adaptation des populations et une approche
intégrée dans l'analyse de l'environnement.
Ces différentes recommandations participent à
bien des égards au renforcement des capacités de la commune
d'arrondissement à lutter contre les inondations. Elles visent aussi un
aménagement efficient et durable de la localité dans un contexte
de perturbation climatique.
La commune d'arrondissement de Thiès-nord n'a pas
certes atteint le niveau de risque maximal si on la compare à la
banlieue dakaroise, mais la tendance pluviométrique actuelle qui
s'ajoute à une vulnérabilité très
présente, l'augure à des situations dramatiques si rien
n'est fait. Comme le dit si bien un proverbe indien, « Pour une
fourmi, la rosée est une inondation ».
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GUEYE E. H. A., 2006 : Impacts des épisodes
secs sur les rendements de l'arachide et du mil-sorgho de 1951 à 2001
dans la région de Thiès, Mémoire de DEA,
Département de Géographie, Univ Cheikh Anta Diop, Dakar,
LAMARRE D. et PAGNEY P., 1999 : Climats et
sociétés, A. Colin, Paris, 272p
LE BORGNE J, 1988 : La pluviométrie au
Sénégal et en Gambie, Laboratoire de climatologie,
Département de Géographie, Université Cheikh Anta Diop,
18figures, 94p
LEROUX M., 1983 : Le climat de l'Afrique tropicale,
Tome I, Edition Champion, Genève, Paris, 633p,
LEROUX M., 2000 : Dynamique du temps et du climat,
Paris, Dunod, 2eed ,368p
LY O. A., 2008 : Migrations internationales et
dynamique urbaine : le cas des quartiers Mbour III et Grand-Standing de
Thiès, Mémoire de Maîtrise, Département de
Géographie, Univ. Cheikh Anta Diop, Dakar, 97p
NDONG J.B., 1995 : L'évolution de la
pluviométrie au Sénégal et les incidences de la
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géographie de Lyon, Vol 70-3, pp. 193-198
PELISSIER P, 2008 : Les paysans du
Sénégal. Les civilisations agraires du Cayor à la
Casamance. Version électronique de l'ouvrage paru sous le même
titre [Saint-Yrieix, Fabrègue : 939 p.], 537 p., 74 figures et 64
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http://www.histoireucad.org/archives/index.php?option=com_remository&Itemid=60&func=select&id=22
S AGNA P, 1988 : Etude des lignes de grains en
Afrique de l'ouest, Thèse de doctorat de 3e cycle, Univ.
Cheikh Anta Diop de Dakar, 241p
SAGNA P, 2005 : Dynamique du climat et son
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Thèse de doctorat d'Etat, Univ.Cheikh Anta Diop de Dakar, 778p
SANE T., SY O. et DIEYE E. H. B., 2011 : Changement
climatique et vulnérabilité de la ville de Ziguinchor, Actes du
colloque « Renforcer la résilience au changement
climatique des villes : du diagnostic spatialisé aux mesures
d'adaptation » (2R2CV) 07 et 08 juillet 2011, Université Paul
Verlaine, Metz, France
SARR M.A., 2008 : Variabilité
pluviométrique en Afrique de l'ouest : dynamique des espaces
végétaux à partir des images satellitales. Exemple du
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climatologie, Nantes, 13-14 mars 2008, Climat et sociétés :
climat et végétation, pp 57-76
SENE S. et OZER P., 2002 : Evolution
pluviométrique et relation inondations-événements pluvieux
au Sénégal, Bulletin de la Société
Géographique de Liège, 42, 2002, pp. 27-33.
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à la station pluviographique de Thiès (1957-1999), Mémoire
de Maîtrise, Département de Géographie, Univ. Cheikh Anta
Diop, Dakar, 121p
THIAM M. D., 2011 : Le syndrome des inondations au
Sénégal, Dakar, Presses Universitaires du Sahel, 224p
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l'eau à travers l'aménagement du territoire des quartiers nord de
Thiès, Deuxième étude environnementale sur l'eau,
VIGNEAU J. P., 2000 : Géoclimatologie, Paris,
Ellipses, 334p
WALLEZ L., Inondations dans les villes d'Afrique de
l'ouest : diagnostic et éléments de renforcement des
capacités d'adaptation dans le Grand-Cotonou, Mémoire de
Maîtrise, Université de Sherbrooke, Canada, 78p
www.usherbrooke.ca/environnement/.../wallez l_31-08-2010_pdf,
consultée le 02 juin 2012
ZEROUAL K., 2005 : Etude et réalisation d'un
système d'information géographique pour le réseau
d'assainissement de la ville de Thiès, Projet de fin d'étude,
Département Génie civil, ESP, UCAD, centre de
Thiès,55p
LISTE DES
FIGURES
Figure 1 : Modèle numérique de terrain
de la ville de Thiès 24
Figure 2: Situation pédologique de la ville de
Thiès 26
Figure 3 : Localisation de la commune d'arrondissement de
Thiès-nord 29
Figure 4: Circulation moyenne en surface en Afrique
de l'Ouest 32
Figure 5 : Migration de l'Equateur
météorologique en Afrique de l'Ouest 36
Figure 6 : Déplacement d'une ligne de grain en
Afrique de l'Ouest 39
Figure 7: Directions dominantes des vents à
Thiès 41
Figure 8 : Variations mensuelles de la vitesse
moyenne des vents à Thiès 42
Figure 9 : variations mensuelles de l'insolation
à Thiès de 1977 à 2012 43
Figure 10 : Variations mensuelles des
températures à Thiès de 1977 à 2012 44
Figure 11 : Variations mensuelles de
l'humidité relative de 1977 à 2012 45
Figure 12 : Régime pluviométrique de
Thiès 46
Figure 13 : Estimation et projection de la
population de la commune d'arrondissement de Thiès-nord 47
Figure 14 : Répartition de la
population par quartiers de la commune d'arrondissement de Thiès-nord
48
Figure 15 : Répartition des quartiers
de la commune d'arrondissement de Thiès-nord 50
Figure 16 : Ecarts normalisés des
précipitations à Thiès de 1951 à 2012 57
Figure 17 : Ecarts des moyennes décennales de
la pluviométrie par rapport à la normale 1961-1990
59
Figure 18 : Evolution des pluies d'août de 2000
à 2011 à Thiès 60
Figure 19 : Fréquences des pluies
journalières du mois d'août selon les classes de 2000
à 2011 62
Figure 20 : Schéma du plateau de Thiès
et du cycle hydrique 65
Figure 21 : Coupe végétale de la ville
de Thiès 69
Figure 22 : Evolution et projection de la population
de la ville de Thiès 72
Figure 24 : Zones inondables dans la commune
d'arrondissement de Thiès-nord 75
Figure 25 : Réseau d'évacuation des
eaux pluviales de la ville de Thiès 82
LISTE DES
TABLEAUX
Tableau 1 : Echantillonnage pour les enquêtes
par quartier 20
Tableau 2 : Fréquence des années selon
les classes de SPI 56
Tableau 3 : Classes de précipitations
journalières 61
Tableau 5 : Connaissance des populations sur le
changement climatique 100
LISTE DES
PHOTOS
Photo 1 : Voies ferrées situées
à l'est de la commune d'arrondissement de Thiès-nord
66
Photo 2 : Rues inondées dans le quartier de
Nguinth 67
Photo 3 : Maisons inondées en permanence
à Thiès-nord 73
Photo 4 : Zone de remontée de la nappe
à Nguinth et sa couverture végétale 76
Photo 5 : Les 2 voies principales de Nguinth en
direction de la VCN 78
Photo 6 : Devanture de maisons inondées en
face des 2 voies principales 79
Photo 7 : Rue inondée dans le quartier de
Médina Fall 80
Photo 8 : Canal de Keur Mame El Hadj et son
extrémité à Nguinth 83
Photo 9 : Maisons obstruant les issus des eaux
à Nguinth 84
Photo 10: Canal fermé de Keur Mame EL Hadj
91
Photo 11 : Sacs de sables qui servent d'accès
à cette maison 93
Photo 12 : Barrages en pierres déviant le
ruissellement des eaux 94
Photo 13 : Cours de maison remblayée à
Nguinth 95
Photo 14 : Maisons abandonnées dans la zone
d'étude 95
LISTE DES
ANNEXES
Annexe 1 : Répartition de la
superficie par types d'habitats
Annexe 2 : Classification de
l'humidité et de la sécheresse en fonction du SPI
Annexe 3 : Guide
d'entretien
Annexe 1: Répartition de la superficie par
types d'habitats
Groupe de quartiers
|
superficie en hectares
|
habitat équipés
|
habitats sous-équipés
|
habitats irréguliers
|
Takhikao
|
15
|
0
|
162
|
Médina Fall
|
102
|
200
|
0
|
Nguinth
|
34
|
71
|
12
|
Diakhao
|
513
|
86
|
37
|
Thialy
|
24
|
82
|
14
|
TOTAL
|
688
|
439
|
225
|
Source : Etude PDU Thiès, 2005
Classes du SPI
|
Degré d'humidité ou de
sécheresse
|
SPI2
|
Humidité extrême
|
1SPI2
|
Humidité forte
|
0SPI1
|
Humidité modérée
|
?1SPI0
|
Sécheresse modérée
|
?2SPI?1
|
Sécheresse forte
|
SPI?2
|
Sécheresse extrême
|
Annexe 2 : Classification de l'humidité et de
la sécheresse en fonction du SPI
Source :Sarr, 2008, adapté de Bergaoui et
Alouini in
www.john-libbey-eurotext.fr
Annexe 3
Guide d'entretien
L'occupation de la zone nord de la ville de Thiès
est-elle ancienne ?
............................................................................................................................................................................................................
Y-a-t-il des structures chargées du suivi des chantiers
de Thiès ?
........................................................................................................................................................................................................................
Y'a-t'il une Ordonnance d'Etude d'Impact Environnemental qui a
été effectuée lors de la construction de la VCN ?
...............................................................................................................
Quels sont les projets de la mairie pour la commune
d'arrondissement de Thiès-nord?
.......................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
Les populations sont-elles incluses dans la gouvernance de la
localité et des projets ?
...............................................................................................................
Si oui, quels sont les niveaux d'implication ?
..................................................................................................................................................................................................................
Y'a -t-il réellement une assistance des populations en
cas d'inondation
........................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
Y'a-t-il un suivi réel du système
d'assainissement ?
.............................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
Comment sont définies les interventions en cas
d'inondation
..............................................................................................................................................................................................................................
............................................................................................................
TABLE DES
MATIERES
AVANT PROPOS
1
LISTE DES SIGLES, ACRONYMES ET
ABREVIATIONS
3
LISTE DES FIGURES
5
LISTE DES TABLEAUX
7
LISTE DES PHOTOS
8
LISTE DES ANNEXES
9
SOMMAIRE
10
INTRODUCTION GENERALE
11
I/PROBLEMATIQUE
13
1.1/ Contexte
13
1.2/ Justification
15
1.3/ Objectifs et hypothèses de
l'étude
16
1.3.1/ Objectif général
16
1.3.2/ Objectifs spécifiques
16
1.3.3 Hypothèses
16
1-4/ Le cadre conceptuel
17
II/ METHODOLOGIE
19
2-1/ La revue documentaire
19
2-2/ La collecte des données
19
2-3/ L'analyse des données
21
PREMIERE PARTIE: PRESENTATION DE LA ZONE
D'ETUDE
22
Introduction
23
Chapitre 1 : SITE ET
SITUATION DE THIES-NORD
24
1-1 Le relief et la morphologie
24
1-2 La pédologie
25
1-3 Le réseau hydrographique
27
1-4 La situation : un atout pour la commune
d'arrondissement de Thiès-nord
28
Chapitre 2 : LE CLIMAT
30
2-1/ La circulation atmosphérique
tropicale
30
2-1-1/ La circulation en surface
30
2-1-1-1/ L'alizé
31
2-1-1-2/ La mousson
33
2-1-2/ La circulation en altitude
34
2-2/ Les discontinuités du domaine
tropical
34
2-2-1/ L'axe des Hautes Pressions Tropicales
34
2-2-2/ La discontinuité d'alizé
34
2-2-3/ L'Inversion d'alizé
35
2-2-4/ L'équateur
météorologique
35
2-3/ Les perturbations du domaine tropical
37
2-3-1/ Les incursions polaires
37
2-3-2/ Les lignes de grain
37
2-4/ LES CARACTERES MOYENS DU CLIMAT A THIES
40
2-4-1/ Le régime des vents
40
2-4-2/ L'insolation
42
2-4-3/ Le régime des
températures
43
2-4-4/ L'humidité relative
44
2-4-5/ Le régime pluviométrique
45
Chapitre 3 : LA POPULATION ET
LA MORPHOLOGIE URBAINE DE THIES-NORD
47
3-1 La population
47
3-2 Morphologie urbaine
49
3-2-1/ La structure des quartiers
49
3-2-2 La structure de l'habitat
51
Conclusion partielle
52
DEUXIEME PARTIE : LA VULNERABILITE
FACE AUX INONDATIONS
53
Introduction
54
Chapitre 1 : L'ALEA OU LE
CONTEXTE CLIMATIQUE
55
1-1 La variabilité pluviométrique
55
1-2 Les évènements pluvieux
60
Chapitre 2 : LA VULNERABILITE
BIOPHYSIQUE
64
2-1- Une zone de réceptacle des eaux de
ruissellement
64
2-2 Dégradation du couvert
végétal en amont
67
Chapitre 3 : LA VULNERABILITE
URBAINE AUX INONDATIONS
71
3-1 La vulnérabilité urbaine
spécifique
71
3-1-1 La croissance démographique sur
un site vulnérable
72
3-1-2 L'urbanisation
incontrôlée : facteur technique d'aggravation des
inondations
77
3-2 Un système d'assainissement des eaux
pluviales fragile
81
Conclusion partielle
85
TROISIEME PARTIE : LA GESTION DU
RISQUE D'INONDATION
86
Introduction
87
Chapitre 1 : LA GESTION
INSTITUTIONNELLE DU RISQUE D'INONDATION ET LES STRATEGIES LOCALES D'ADAPTATION
88
1-1 La gestion institutionnelle du risque
d'inondation à l'échelle nationale.
88
1-2 La gestion du risque d'inondation dans la
Commune d'arrondissement de Thiès-nord
90
1-3 Les stratégies locales d'adaptation des
populations
93
Chapitre 2: LES CONTRAINTES DANS
LA GESTION DU RISQUE D'INONDATION A THIES-NORD : UNE CONTRIBUTION A LA
VULNERABILITE
97
2-1 Les contraintes d'ordre institutionnel
97
2-2 Les limites des stratégies locales
d'adaptation
98
2-3 La perception du risque par les populations
99
Conclusion partielle
102
CONCLUSION GENERALE ET
RECOMMANDATIONS
103
1- Eléments
de conclusion
104
2- Recommandations
et perspectives de résistance
105
BIBLIOGRAPHIE
107
ANNEXES
111
TABLE DES MATIERES
116
* 1 Groupe d'experts
Intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) créé
en 1988 par l'Organisation Météorologique Mondiale (OMM) et le
Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE). Il est basé
à Genève (Suisse)
* 2 ACMAD, 2012 : Flood
report over west Africa, September 2012
* 3 Seneweb.com, 2012.
Liens :
http://www.seneweb.com/news/Societe/lutte-contre-les-inondations-abdoul-mbaye-satisfait-du-niveau-d-execution-des-chantiers-de-touba_n_101120.html,
page consultée le 30 /O7/2013
* 4 Plan d'Action
Environnemental Régional 2007-2009, Conseil Régional de
Thiès
* 5 GIEC, op cit
* 6 Lettre pigb-pmrc- France,
Changement global, Septembre 1998, n* 8
* 7 Journal Officiel de la
République du Sénégal, n* 6446 du 31 Décembre
2008
* 8 Pélissier ,
id
* 9 Fall et Gaye, op cit
* 10
Thiès-Cergy : Le défi de la gestion de l'eau à
travers l'aménagement du territoire des quartiers nord de Thiès,
Coopération Thiès-Cergy, 66p
* 11 Ndong J.B., 2003 :
Caractérisation de la saison des pluies dans le centre- ouest du
Sénégal, Publications de l'Association Internationale de
Climatologie, Vol. 15, 2003, pp.326-332
* 12 Le Borgne,
id
* 13 Le Borgne, op
cit
* 14 Sagna P, op cit
* 15 M. Leroux,
id
* 16 Cours de Climatologie,
Licence de Géographie, 2013
* 17 Propos du
délégué de quartier de Médina Fall
* 18 Cours de Climatologie
tropicale, Licence 3 Géographie, 2011
* 19 M. Balme, T. Lebel, A.
Amani, 2006: Années sèches et années humides au
Sahel : quo vadimus ?, Journal des sciences hydrologiques, 51 (2)
avril 2006, pp 254-271
* 20 GRAIM, Plateau de
Thiès : les enjeux de sa restauration, lien :
http://www.graim.sn/index.php?option=com_content&view=article&id=94&Itemid=94
* 21 Source :
délégué de quartier de Médina Fall,
* 22
http://pressafriq.skyrock.com/241020697-TOUT-SUR-L-AFFAIRE-DES-CHANTIERS-DE-THIES-LES-CHANTIERS-DE-TOUTES-LES.html
* 23 Thiès-Cergy, op
cit
* 24 République du
Sénégal, Banque Mondiale, Système des Nations Unies,
Commission Européenne : Rapport d'évaluation des besoins
post catastrophe, Rapport final, Juin 2010
Lien :
reliefweb.int/sites/reliefweb.int/files/ressources/Rapport_complet_78.pdf
* 25 ADM, PRECOL,
2007 : Actualisation de l'audit urbain, organisationnel et financier et
préparation du contrat de la ville de Thiès, Rapport audit urbain
provisoire
* 26 Association pour le
Développement des Technologies et la Gestion des Ressources du
Terroir
* 27 GIEC, op cit
* 28 Seneweb.com, 11
août 2011
Lien :
http://www.seneweb.com/news/Politique/idrissa-seck-sur-la-recurrence-des-inondations-a-thies-lsquo-c-rsquo-est-un-des-degats-collateraux-du-complot-d-rsquo-etat-contre-ma-personne-rsquo_n_49522.html
* 29 Source : Commune
d'arrondissement de Thiès-nord
* 30 Green Info, Revue
trimestrielle d'informations environnementales, Juin 2012, N° 4, 12
pages
* 31 CEDEAO : Annexe
au projet d'acte additionnel de politique environnementale de la CEDEAO
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