Section 3 :
Problématique
Plusieurs théories en sciences sociales sont
utilisées comme angle d'approche pour orienter un objet d'étude
dans un courant précis et pour bien l'élucider. Il n'est pas du
tout facile d'arriver à pointer de doigt une théorie qui cadre
bien avec l'objet de recherche. Car « la problématique est
l'approche ou la perspective théorie qu'on décide d'adopter pour
traiter le problème posé par la question de
départ » (Quivy, R. et Van Campenhoudt, L.,
2006 :101),
Quivy, R. et Van Campenhoudt, L. (2006 :105)
constatent « qu'on part des résultats du travail
exploratoire à l'aide des repères fournis par les cours
théoriques ou par des ouvrages et articles de référence,
on tente de mettre à jour les perspectives théoriques qui
sous-tendent les approches rencontrées et on peut en découvrir
d'autres. Les théories naissent à chaque apparition de la
nouvelle technologie ».
La science évolue à chaque minute qui passe,
dans le temps ancien il y a eu les théories qui ont existé et qui
continuent à être valorisées aujourd'hui, mais on n'est pas
sans ignorer que chaque siècle a un système propre qui le
caractérise, un pas de plus c'est de prendre la direction d'une nouvelle
méthode.
La problématique n'est pas statique, elle change au fur
et à mesure qu'il y a une transformation sociale. Selon Quivy Raymond et
Luc Van Campenhoudt (2006 : 86), « les
problématiques de recherche évoluent avec les transformations de
la société, notamment les transformations technologiques et leurs
conséquences sur les échanges sociaux ».
Nous nous inscrivons dans une logique de comprendre la
disparition des espaces verts Car « la problématique est en
même temps une sorte de tension construite par le chercheur entre
prés-savoir insuffisant et de phénomène. Elle traduit une
incompréhension et une orientation de la volonté de mieux
comprendre » (Paillé, P. et Mucchielli, A. 2003 :16).
Ces problématiques nouvelles ont des implications sur
la méthode de collecte des données. Suite à nos
observations quotidiennes pour expliciter notre recherche, nous avons choisi
les théories ayant trait avec la recherche, déjà le
paragraphe qui suit précisera l'angle sous lequel nous abordons notre
recherche. Pour ce qui est de la problématique, Quivy, R et Van
Campenhoudt, L (2006 : 77) notent qu''il s'agit « d'une
approche ou d'une perspective théorique qu'on décide d'adopter
pour traiter le problème posé par la question de
départ ».
Pour analyser la disparition des espaces verts, les
présupposés théoriques mobilisés qui nous ont paru
essentiels pour notre objet de recherche sont La
sécurité, et la planification urbaine.
3.1. La sécurité humaine
La présente sous-section aborde les relations entre la
sécurité environnementale et la sécurité humaine.
Étant donné que le mot sécurité humaine est
polysémique dans la mesure où il englobe plusieurs aspects en
elle, nous allons, dans un premier temps, décortiquer la notion de la
sécurité et ensuite, nous nous pencherons sur la
sécurité environnementale, un concept relié à la
sécurité humaine.
Selon les Nations unies (2009 :32), « la
sécurité humaine est une approche axée sur les individus
et reconnait que la stabilité durable, non seulement des Etats, mais
également des sociétés qu'ils représentent, est
impossible tant que la sécurité humaine fait
référence à la fois aux droits des citoyens à vivre
dans un environnement sécurisé. En outre, la
sécurité humaine est une interprétation de la
responsabilité de protéger qui à la place justifie
l'intervention dans les affaires internes d'un Etat ».
La théorie de la sécurité humaine est
apparue depuis quelques années avec les Nations unies. Cette
théorie est importante pour nous parce qu'à l'heure de la
mondialisation, ce concept présente une grande importance en insistant
sur les menaces les plus graves, qui pèsent sur les hommes et qui sont
visibles dans la ville de Lubumbashi.
« Les menaces et les défis qui pèsent
sur la sécurité transcendent la défense nationale, le
respect des lois et de l'ordre pour inclure toutes les dimensions politiques,
économiques et sociales permettant de vivre à l'abri du risque et
de la peur. L'attention est passée de la sécurité de
l'Etat à la sécurité des personnes sans pour autant que
ces deux soient exclusives l'une de l'autre. Cette théorie fournit les
outils utiles pour l'application du concept de la sécurité
humaine y compris une stratégie méthodologique pour le
développement, la mise en oeuvre et l'évaluation des programmes
et du projet de sécurité humaine ».
Dans cette perspective, compte tenu de la
réalité de la ville de Lubumbashi par rapport à la gestion
des espaces verts, la sécurité humaine comme théorie vise,
premièrement, la protection des libertés fondamentales et la
protection de l'individu contre les menaces graves ou
généralisées.
Aujourd'hui, « les espaces verts » sont
devenus les espaces commerciaux, on ne prend plus soin de l'être humain
alors que ces espaces peuvent améliorer l'exercice des libertés
et faciliter l'épanouissement de l'homme.
Les Nations unies (2009 :56) ont formulé les
principales caractéristiques de cette théorie :
- « Elle est centrée sur la personne :
elle met l'individu au centre de l'analyse, par conséquent, la
sécurité humaine considère une large gamme de conditions
qui menacent la survie, les moyens d'existence et la dignité. Elle
identifie le seuil au-dessous duquel la vie humaine est menacée de
façon intolérable ».
- Elle est multisectorielle : elle représente une
compréhension globale des menaces, y compris les causes
d'insécurité liées par exemple à la
sécurité personnelle, de la communauté politique.
Selon les Nations unies, « les menaces et les
défis pesant sur la sécurité transcendent la
défense nationale, le respect des lois et de l'ordre pour inclure toutes
les dimensions politiques, économiques et sociales permettant de vivre
à l'abri du risque et de la peur ».
Le fait de préserver un environnement sain contribue
à la sécurité de l'homme parce que promouvoir la
sécurité humaine suppose de prendre les mesures
préventives pour réduire la vulnérabilité et les
risques.
La notion de sécurité humaine traite de la
sauvegarde des libertés civiles essentielles Il s'agit à la fois
de protéger les individus contre les menaces aigues qui pèsent
sur leur sort et de leur donner les moyens de prendre leur destin en main.
« Ceci signifie également élaborer des systèmes
qui donnent aux gens les bases de la survie, de la dignité et du
bien-être minimum. La sécurité humaine concerne plusieurs
types de liberté : la liberté de la personne face à ses
besoins, face à la peur, la liberté d'agir en son propre
nom ». (Karim Hussein, 2004 :31).
Selon le Rapport mondial sur le développement humain
1994 du PNUD intitulé : «Nouvelles dimensions de la
sécurité humaine », qui est considéré comme
étant la première initiative importante visant à exposer
le concept de sécurité humaine, celle-ci est décrite comme
ayant « deux aspects principaux : d'une part, la protection contre les
menaces chroniques, telles que la famine, la maladie et la répression
et, d'autre part, la protection contre tout événement brutal
susceptible de perturber la vie quotidienne ».
À l'analyse, la notion de sécurité est
très large, elle concerne aussi la protection de l'homme contre les
méfaits de l'environnement ; c'est ainsi que l'on parle de la
sécurité environnementale. Celle-ci établit un lien entre
la sécurité humaine, l'environnement et les ressources
naturelles, la sécurité environnementale met en relation les
questions environnementales et la société.
La communauté internationale ne s'intéresse que
depuis récemment aux questions environnementales et commence petit
à petit à faire un lien avec la sécurité humaine.
Selon White (2008 :12), le dommage environnemental connaît, sous la
perspective criminologique, trois principales visions : l'approche
légale-procédure et l'approche légale-procédurale
et l'approche socio-légale. Car, la différence entre le dommage
social et le crime social, occasionné par un acte cause des atteintes
à l'environnement » (Marion Damien, 2041 : 20).
La notion de la sécurité a toute fois
évolué au fil du temps, aujourd'hui il est vrai que les facteurs
environnementaux ont une incidence sur les conflits et les niveaux de
stabilité. Cette théorie s'intéresse aux
phénomènes comme l'épuisement des ressources naturelles et
la pollution pouvant à terme mener à des catastrophes et à
des tensions régionales.
Les questions de la sécurité environnementale
facilitent la fabrication d'un discours hâtif sur les moyens à
prendre pour faire de ces questions des cas de sécurité. De plus,
elles suscitent les enjeux environnementaux au sein de certaines populations,
elles ouvrent la voie à une règle de sécurité, et
par le fait même, à la manipulation et au contrôle de ces
mêmes populations.
La ville de Lubumbashi est confrontée à un
défi qui demande à ce que nous puissions modifier la
manière de penser pour qu'elle cesse de menacer le système qui
entretient sa vie. La présence des espaces verts est importante,
décontamine l'agent de guerre chimique qui pourrait être
utilisée en raison de leurs effets toxiques directs sur les hommes.
Selon Marc Hufty (2005 : 135), « la notion de
la sécurité environnementale se réfère en
première approximation à la fois aux problèmes de
sécurités provoqués par l'environnement aux
sociétés ». Marc Hufty présente un schème
illustratif de différents rapports de causalité de la
perturbation de l'environnement.
Rapports de causalité
société------------ Environnement
|
I.
Société
environnement
(activité sociale crise environnementale
|
II.
Environnement société
événement environnemental crise
sociale
|
Exemple :
Déforestation perte de diversité
biologique
Chimique organique pollution
|
Exemple :
sécheresse famine et conflit
Tornade effondrement institutionnel,
épidémies
|
La disparition des espaces verts à Lubumbashi est un
phénomène qui semble passer inaperçu au quotidien, ce
n'est que lorsque l'individu et sa collectivité sont touchés
directement qu'on s'en préoccupe.
Selon Marc Hufty, la relation entre la société
et son environnement prend dans certains cas la forme d'une boucle. Cette
notion de la sécurité environnementale pour les uns, il s'agit
d'un concept nouveau qui recèle un important potentiel de
découverte tant sur le plan théorique que pratique et qui a
été détachée de la sécurité humaine.
Pour les autres, il s'agit d'un enjeu classique.
Aujourd'hui, nous devons modifier la façon de penser
pour que les communautés cessent de menacer le système qui
entretient la vie. La sécurité environnementale est une notion de
base qui mène vers la sécurité humaine, s'il y a
dégradation de l'environnement et raréfaction des ressources de
tension dans de nombreuses régions.
Selon Schubert repris par Marion (2004 : 9), la
sécurité environnementale est un discours politique né aux
Etats-Unis depuis les années 1980. Plusieurs Etats occidentaux ont
utilisé cette notion de la sécurité environnementale afin
d'élargir le concept de sécurité. La destruction de
l'environnement met en péril la vie de beaucoup de personnes, surtout de
celles qui en dépendent directement et cette dépendance pourrait
justifier le mode de gestion environnementale pratiquement sur les espaces
verts.
La notion de sécurité environnementale implique
de ce fait, une protection réciproque entre l'environnement et la
société. La disparation des espaces verts qui est notre objet de
recherche, exprime la manière à travers laquelle la
société arrête de protéger l'environnement et vice
versa. La théorie de la sécurité humaine, prise dans une
approche environnementale, nous donne des outils nécessaires pour
analyser les relations entre les personnes et leur environnement. Et dans la
présente étude, cette théorie nous permettra de comprendre
comment la société lushoise protège son environnement.
La notion de la sécurité humaine
s'est justifiée par rapport à la planification d'une ville, c'est
la raison pour laquelle la prochaine théorie prône la
planification urbaine.
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