3.2. La logique de
capitalisation
Les espaces verts sont une richesse
premièrement pour toute la communauté de la ville de Lubumbashi
suite à ses multiples fonctions. Ils peuvent être utilisés
comme une réserve foncière ou encore pour la lutte contre le
réchauffement planétaire. Ces espaces sont perçus selon
plusieurs aspects par les acteurs de la gestion.
« Parfois nous sommes en train de travailler
avec un salaire qui est trop minime. Qu'est-ce que nous allons devenir, tout ce
que nous faisons c'est l'assurance vie futur et donc tous les moyens sont
bons »
Les espaces verts sont utilisés comme une source de
capitalisation pour l'investissement par les acteurs. Ici cette logique
contribue à l'équilibre des vies des acteurs qui distribuent les
espaces verts à des particuliers moyennant une somme d'argent.
Ces espaces verts deviennent une source de capitalisation
à travers les pratiques des acteurs de la gestion. Pour un
intérêt familial par exemple, il y a eu des espaces verts qui ont
connu leur disparition dans la ville de Lubumbashi. Nous constatons que s`il
s'agit d'un expatrié qui veut investir dans la ville, les acteurs
préfèrent les aider pour avoir la chance que leurs enfants
aillent poursuivre leurs études en dehors du Congo-Kinshasa,
c'est-à-dire à l'étranger.
Les espaces verts constituent une source de production de
richesse, il y en a qui disent avoir trouvé leur pain quotidien en
spoliant les espaces verts dans la ville de Lubumbashi.
Les agents qui ont la tâche de conserver et de
gérer les espaces verts mènent des actions qui contribuent
à la disparition de ces espaces dans des objectifs de survie. Pour
comprendre la logique de survie des agents, nous inscrivons notre
réflexion dans la théorie de l'acteur et le système de
Crozier, M. et Freiberg, E., (1992 : 42). Ils conçoivent un acteur
à la limite des contraintes du système et de sa liberté
à agir selon ses propres motivations. Car, même dans les
situations les plus extrêmes, l'homme garde toujours un minimum de
liberté et qu'il ne peut s'empêcher de l'utiliser pour battre le
système.
Pour certains acteurs, la présence des
espaces verts dans la ville apaise les moeurs, diminue
l'insécurité, rend l'environnement plus sain. D'autres pensent le
contraire en affirmant que les espaces verts sont une source
d'insécurité. Cette dernière conception n'émane pas
que des profanes, mais aussi des agents chargés de gérer les
espaces verts. Ils se justifient en ces termes :
« Quand un espace vert est sollicité par
un particulier, beaucoup de gens se retrouvent à des niveaux
différents. Comme les espaces verts provoquent de
l'insécurité, mieux vaut les lotir. C'est notre moyen de survivre
(ndjo kwishi kwetu) ».
La disparition des espaces verts à Lubumbashi est un
phénomène de long terme et relativement abstrait, qui passe
inaperçu au quotidien et ce n'est que lorsque la collectivité est
touchée directement que tout le monde s'en préoccupe.
Nous avons compris que, c'est souvent par
méconnaissance de la valeur des espaces verts et des
responsabilités qui incombent à chacun que les actions de
protection des espaces verts font défaut dans la ville de Lubumbashi.
Selon le juriste Y :
« Il arrive de fois que les acteurs de
différents services, qui ont la charge de la gestion des espaces verts
de travailler ensemble, c'est-a-dire, de prendre un espace vert pour le
revendre ensuite au particulier ou à une personnalité et cela
juste pour leurs intérêts ».
Les acteurs qui ont la charge de la gestion des espaces verts
travaillent en collaboration dans des dossiers qui relèvent des espaces.
Toutefois, la capitalisation des espaces vers a permis à de nombreux
acteurs locaux de gagner un revenu. Il s'agit de l'accord entre les acteurs de
différents services mettant leurs idées ensemble et les
stratégies pour vider les espaces urbains. Alors que les espaces verts
ont une valeur naturelle difficile à évaluer, les acteurs
s'intéressent uniquement à leurs valeurs monétaires.
La valeur monétaire des espaces verts reflète
généralement le coût relié à la perte de ses
contributions et au besoin de compenser avec des solutions exigeant de la
construction. En plus, les espaces verts appuient les politiques
économiques. Cette valeur économique amène les acteurs
à se mettre d'accord pour partager le bénéfice
découlant de la vente de ces espaces.
En effet, les espaces verts sont perçus par la ville
comme des réserves foncières, et sont fortement convoités
par des spéculateurs et des promoteurs qui voient en eux des terrains
qui pourront être développés dans les jours à
venir. De fortes pressions s'exercent alors sur eux, et en absence des plans de
protection efficace, ces espaces verts sont en danger du fait qu'ils
constituent une source de profit.
La gestion des espaces verts n'est pas un enjeu prioritaire
des acteurs dans la mesure où d'autres facteurs limitent la
capacité d'action. D'une part, les acteurs ne disposent pas de
ressources financières suffisantes et pensent à assurer leur
avenir. Ces limites restreignent la portée de leurs champs d'action mais
les amènent à développer des stratégies. D'autre
part, les espaces verts sont à leur charge et il se trouve qu'ils sont
fortement sollicités par des particuliers. C'est à ce niveau que
se rencontre leur besoin financier et l'opportunité de satisfaire ce
besoin en cédant les espaces verts aux investisseurs.
Dans cet ordre d'idées, Crozier, M. et Friedberg, E.
(1992 :44) constatent avec force que la conduite humaine ne saurait
être assimilée en aucun cas au produit mécanique de
l'obéissance ou de la pression des données structurelles. Ils
enrichissent leurs postulats en disant que l'acteur se saisit des
opportunités qui s'offrent à lui dans le cadre des contraintes
qui sont les siennes. Et ces contraintes dans le cas précis est le
besoin financier.
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