CHAPITRE I : LE BASSIN VERSANT DU KOU ET SON
PERIMETRE
AMENAGE
Le bassin versant du Kou est l'un des nombreux bassins
versants régionaux qui constituent le bassin national du Mouhoun.
Situé au Sud-ouest du Burkina Faso, il a une superficie de 1 800
km2 et est drainé par le Kou. Le bassin est très
fourni en aménagements au nombre desquels le périmètre
aménagé rizicole de la vallée du Kou. Ce dernier est
situé au nord-ouest de Bobo Dioulasso avec une superficie de 1 260 ha.
Il est irrigué gravitairement à partir d'une prise d'eau sur le
Kou.
1.1 LE BASSIN VERSANT DU KOU
1.1.1. Relief
Le bassin versant du Kou est bordé essentiellement d'un
plateau gréseux d'une altitude moyenne de 407 m qui ceinture de
nombreuses cuvettes et des dépressions. L'une de ces dépressions,
particulièrement importante comporte une large plaine d'inondation
s'étendant sur 97 000 ha dont 2 300 ha sont exploitables. C'est sur
cette dernière que le périmètre rizicole a
été aménagé grâce à une
dérivation des eaux du Kou PALE et al. (1986).
1.1.2. Hydrographie
Le Kou constitue le principal exutoire des eaux de bassin. Il
est long de 30 km avec un débit variant entre 3,5 et 15 m3/s
dans l'année. On y trouve d'autres cours d'eau presque permanents, des
lacs, des mares et des sources (`la Guinguette' et la source hydraulique de
Pesso) (Carte 3, page 28).
1.1.3. Climat
Le climat dans la zone est de type soudano-guinéen avec
alternance d'une saison humide et d'une saison sèche inégalement
réparties dans l'année. La saison des pluies s'étend sur
les mois d'avril à octobre avec un maximum le plus souvent dans le mois
d'août et la saison sèche de septembre à mars.
Les températures quant à elles connaissent des
variations plus ou moins importantes selon l'alternance des saisons. Les
moyennes mensuelles les plus élevées se rencontrent
généralement en avril et les plus faibles en décembre
(Figure 1, page 28). On distingue alors : - une saison chaude allant de mars
à mai,
- une saison humide allant de juin à septembre,
- une saison chaude de transition de octobre à novembre
et
- une saison froide allant de décembre à
février.
Carte 3 : Relief et hydrographie de la zone
d'étude
Figure 1: Les paramètres climatiques de la
vallée du Kou de 1981 à 2010.
Pluviométrie (mm)
280
240
200
160
120
80
40
0
Précipitation Température
Température moyenne (° C)
140
120
100
80
60
40
20
0
28
Jan Fév Mars Avril Mai Juin Juil Août Sept Oct Nov
Déc
Source: Température: Station
agrométéorologique de la Vallée du Kou
Précipitation: Station météorologique de Bobo dioulasso
NB : La divergence des sources s'explique par le fait que la
station agro météorologique de la vallée du Kou ne dispose
pas de données de précipitations antérieur à
1991.
29
Cette pluviométrie offre des conditions favorables
à la reproduction des moustiques car les gites larvaires sont longtemps
alimentés en eau et le risque de transmission du paludisme est quasi
permanent au cours de l'année.
1.1.4. Végétation
Les précipitations abondantes favorisent le
développement des espèces ligneuses dont la densité du
peuplement, le nombre de strates et la hauteur sont nettement plus importants
que dans les autres domaines biogéographiques (TAHYO M. 2000). La
végétation est dominée par les espèces du domaine
soudanien tandis que les espèces du domaine sahélien sont rares.
Une caractéristique importante de ce domaine est la présence de
galeries forestières le long des cours d'eau pérennes.
La végétation des quartiers
étudiés est particulière. Avec l'aménagement du
périmètre, la végétation naturelle a
été durement éprouvée mais des espèces
exotiques telles que le Manguifera indica, Kaya senegalensis,
Delonix regia, Ceiba pentandra ont été
introduites. La végétation de VK5 est presque totalement
composée de manguiers. La majorité de ces arbres sont
alignés le long des pistes. Celle de VK7 est à dominance de
flamboyants. Ces espèces ont été introduites dans les
quartiers lors de leur implantation dans les années 1970. La
végétation de Sourkoudougou est naturelle mais le village est
entouré d'importants vergers de manguiers.
Les gîtes d'anopheles gambiae sont
généralement ensoleillés mais les nectars de certaines
plantes sont attractifs pour les moustiques adultes.
1.1.5. Sols
Selon la carte d'occupation des sols du Burkina Faso, la
commune de Bama repose sur des sols hydromorphes sur cuirasse ancienne qui
s'engorgent régulièrement en saison de pluies. Ils sont pour la
plus part favorables à l'agriculture.
La zone aménagée est constituée de sols
à pente très faible, profonds et mal drainés. Selon
BURGEAP/IWACO (1998), il existe 6 types de sols dans la vallée du Kou.
La répartition des types de sol sur le périmètre est
très hétérogène (figure 2, Page 30).
30
Figure 2 : Les types de sols de la vallée du
Kou.
40% 35% 30% 25% 20% 15% 10%
5%
0%
|
|
38%
|
|
24%
|
|
18%
|
|
10%
|
6%
4%
|
|
|
|
|
|
|
Sablo-argilo -limoneux
|
|
Argilo -limoneux
|
|
Limoneux Type
|
de sol
|
Argileux
Sablo Sablo
-limoneux -argileux
|
Source: BURGEAP/IWACO, 1998
Les sols à texture lourde (sols argileux et sols
argilo-limoneux) représentent 34 % des sols du périmètre
et sont les mieux indiqués pour la riziculture. Ces différents
types de sols sont répartis sur le périmètre de
façon hétérogène. Le faible drainage des sols
entraine la rétention des eaux en surface dans les casiers, formant
ainsi les gites larvaires des moustiques.
1.2 LE PERIMETRE AMENAGE DE LA VALLEE DU KOU.
1.2.1. Historique de l'aménagement
Le périmètre irrigué de la vallée
du Kou est situé au Nord-Ouest de Bobo Dioulasso dans la commune de Bama
sur la route nationale N°9 (axe Bobo-Faramana-Mopti). Le
périmètre est localisé entre les coordonnées
suivantes : 11°22' et 11°24' Nord en latitude et 4°24' et
4°26' en longitude Ouest selon l'IGB.
L'idée de la création du périmètre
rizicole de la vallée du Kou remonte aux années 1950. La
coopération entre la Haute Volta et la Chine Populaire a permis la
création des périmètres de Boulbi (75 ha) et de Louda (112
ha) entre 1962 et 1965 sur le plateau mossi. Il s'agissait de créer un
périmètre irrigué de 1 500 ha et d'y installer 1 500
exploitants migrants pour la plupart, dans des villages crées de toute
pièce et lotis selon un plan en damier ou ceux-ci auraient un revenu
monétaire net de 150 000 F CFA en double culture annuel de riz PALE et
al. (1986). Les premiers travaux ont été
exécutés par la coopération Taïwanaise en 1969 et les
cent premiers hectares aménagés ont été mis en
exploitation en 1970.
31
Les travaux d'extension continuèrent jusqu'en 1974. A
cette date, 1 260 ha de terres dont 60 ha pour la recherche agricole
étaient aménagés pour les 07 villages d'exploitants : Bama
(le village autochtone) et les six autres villages crées :
1er, 2ème, 3ème, 4
ème,5ème et 6ème, qui sont
respectivement devenu VK2, VK3, VK4, VK5, VK6 et VK7 en 1974 suite à
l'insertion de Bama qui fut nommé VK1. L'encadrement des exploitants fut
assuré par les techniciens taïwanais jusqu'en 1973, année
à laquelle a pris fin l'installation des exploitants. En 1974 suite
à la reconnaissance de la Chine de Pékin par la Haute Volta, un
nouveau protocole a été signé remplaçant les
taïwanais par les chinois pour une durée de deux (2) ans. Ceux-ci
assurèrent l'encadrement technique durant le temps de leur
séjour.
Le 30 décembre 1975, le périmètre fut
remis au gouvernement voltaïque. Dès lors, sa responsabilité
fut confié à l'Organisme Régional de Développement
(ORD) des Hauts Bassins jusqu'en 1979.
Les dégradations constatées après
quelques années de fonctionnement (baisse des rendements,
désorganisation de la coopérative, etc.) sous la direction de
l'ORD ont motivé la mise en place en 1979 d'un vaste projet de
réhabilitation du périmètre. D'un coût de 1,5
milliard de F CFA, ce projet fut financé par un prêt de 372
millions de F CFA contracté auprès de la Banque Ouest Africaine
du Développement (BOAD), une contribution nationale de 63,3 millions de
F CFA du Projet d'Intégration de l'Agriculture et de l'Elevage et une
subvention des Pays Bas. Le projet a duré de 1979 à 1993 et a
été exécuté en 3 phases :
1979-1984 : phase I de la mission d'Assistance
Néerlandaise et projet BOAD ;
1985-1989 : phase II de la mission d'Assistance
Néerlandaise ;
1989-1993 : phase III de la mission d'Assistance
Néerlandaise. Fin du programme.
Les différents organismes qui sont intervenus dans le
périmètre avaient des missions bien précises :
De 1969 à 1975, l'assistance technique des deux Chines
avait pour objectif principal de réaliser les travaux
d'aménagement agricole et de former les exploitants à la
maîtrise de la riziculture, depuis la mise en place des
pépinières jusqu'aux récoltes, en mettant à leur
disposition tout le matériel et le personnel adéquat ;
De 1975 à 1979, l'ORD devait poursuivre l'encadrement
agricole des exploitants et l'organisation des campagnes ;
De 1979 à 1993, la mission des Néerlandais
consistait à : - restaurer la fertilité des sols ;
32
- accroitre la superficie irriguée de 300 ha ;
- accroitre la production agricole ;
- associer l'agriculture et l'élevage en
développant l'élevage bovin (par l'embouche
pour le fumier et la traction) ;
- maîtriser le comportement hydraulique du réseau
afin d'améliorer la gestion de l'eau ;
- développer les cultures alternatives sur les sols
impropres à la riziculture ;
- redynamiser la coopérative de façon qu'elle soit
autogérée et autofinancée ;
- rendre efficace l'organisation coopérative.
1.2.2. Les infrastructures
L'aménagement de la vallée du Kou est
constitué d'une prise d'eau sur la rivière Kou au niveau du
village de Diarradougou (Photo 1). Cette prise est composée d'un seuil
déversant situé en travers du lit du Kou. Il est muni des vannes
de manoeuvre qui permettent de dévier les eaux à travers un canal
d'amenée vers le périmètre. La crête du seuil est
arasée à une cote telle qu'en étiage toutes les eaux
soient déviées dans le canal d'amenée et qu'en
période de hautes eaux un débit assez important puisse passer
dans le lit du Kou. Le canal d'amené est muni à son départ
de vannes dont le rôle est de régler le débit qui y
transite. A part les canaux quaternaires en terre, tous les canaux ont une
section trapézoïdale protégée par un revêtement
en béton ordinaire.
Photo 1 : La prise d'eau de Diarradougou
Source : Service technique agricole de la vallée du Kou,
2012.
1.2.2.1 Le canal principal, les secondaires, les
tertiaires,
Du canal principal, partent 10 canaux secondaires de longueur
variable allant de moins de 0,3 km pour certains à 2,5 km et pour
d'autres pour une longueur totale de 10,9 km. Les
33
tertiaires sont au nombre de 82, leur cote permet de dominer
les parcelles qu'ils irriguent. La longueur totale des canaux secondaires et
tertiaires est de 95 km. 420 canaux quaternaires partent des tertiaires. Encore
appelés arroseurs, ils apportent l'eau directement dans les parcelles
par l'intermédiaire de buse en béton. Comme dans le canal
d'amenée, des vannes sont installées au départ de chaque
prise d'eau pour réguler le débit de l'eau qui y transite.
1.2.2.2 Réseau
d'assainissement-Pistes
Un réseau d'assainissement assez dense permet de
collecter les eaux depuis les parcelles jusqu'à un canal
émissaire en amont du lac Bama qui draine à son tour les eaux
dans le Kou. Un réseau de piste permet d'accéder facilement aux
ouvrages du canal primaire, aux canaux secondaires et tertiaires.
1.2.2.3 Quartier hydraulique
A la vallée du Kou, selon la dénomination du
projet, chaque secondaire correspond à un bloc. Ainsi la superficie
irriguée varie en fonction du tracé de chaque canal secondaire.
D'une manière générale, chaque tertiaire irrigue 12
à 24 ha et chaque hectare est attribué à un exploitant.
L'hectare est divisé en 20 casiers de 5 ares (Carte 4).
Carte 4 : Le réseau d'irrigation
simplifié du périmètre aménagé de la
vallée du Kou
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