I.3.5 Le sapement des berges
Lors des crues, les écoulements affouillent la base des
berges des oueds, qui s'éboulent sous l'effet du poids des
matériaux en surplomb. Cette forme d'érosion qui s'observe
surtout au niveau des méandres des oueds, s'exerce sur les rives
concaves du lit de l'oued, et s'accompagne de dépôts
latéraux de matériaux sur les rives convexes de l'aval. Ces
dépôts sont mobiles d'une crue à une autre en fonction du
débit de la crue (Cherif, 2013).
I.3.6 Le glissement de terre (mouvement de
masse)
Dans le cas d'un terrain imbibé d'eau, constitué
de roches meubles ou alternativement meubles et résistantes, qui repose
sur une couche ou roche imperméable, on assiste à un
déplacement ou à un glissement de terrain dans le sens de la
pente. Ainsi le mouvement de masse est causé principalement par
l'infiltration de l'eau dans le sol qui le rend élastique (Cherif,
2013).
Les glissements de terrain qui intéressent l'ensemble
d'un versant sont assez peu fréquents et souvent difficilement
réparables, il s'agit de glissement pelliculaire. Par contre les
glissements localisés sont plus fréquents et visibles sur le
terrain et se présentent sous forme de loupes de glissement (Cherif,
2013).
I.3.7 L'érosion en tunnel (piping)
L'érosion en tunnel est une forme d'érosion
localisée qui se manifeste dans des conditions particulières
favorables à l'écoulement hypodermique. En effet, les fentes de
retrait au niveau des argiles jouent un rôle de canalisation pour les
eaux des pluies qui, en trouvant les marnes sous les argiles, s'écoulent
dans le sens de la pente et transportent les matériaux solubles, en
créant des troues et des crevasses qui s'élargissent et par
effondrement donnent naissance à des ravins (Cherif, 2012).
I.3.8 La sédimentation
La sédimentation des terres agricoles, suite à
l'épandage des eaux de crues au niveau des plaines, peut être
considérée comme une forme d'érosion. En effet avec la
diminution de la pente, les crues déposent les matériaux solides
arrachés de l'amont et donnent lieu à des zones d'accumulation de
sédiments d'importance variable (Cherif, 2013).
10
Dans certains cas, ce phénomène peut être
néfaste, soit par l'envahissement des cultures en place avec les
sédiments, soit par la qualité des matériaux
déposés, qui peuvent être très chargés en
cailloux, en sels ou en gypse, ce qui engendre une dégradation des
terres agricoles (Cherif, 2013).
I.4 Les facteurs de l'érosion hydrique
Deux principaux facteurs de l'érosion sont
évoqués dans la littérature : les facteurs
physiques naturels regroupés sous six grandes familles ;
à savoir : le climat, la topographie, la lithologie, la géologie,
la pédologie et le couvert végétal; et les
facteurs anthropiques relatifs aux activités humaines.
I.4.1 Les facteurs physique naturels I.4.1.1 Le
climat
La fréquence et l'intensité des
précipitations sont les deux caractéristiques importantes du
facteur climatique de l'érosion hydrique des sols. Ces
caractéristiques provoquent le ruissellement quand la quantité
des pluies dépasse la capacité d'absorption de l'eau par le
sol.
En effet, la Tunisie fait partie de la zone
méditerranéenne dont le climat est caractérisé par
des précipitations limitées et irrégulières dans le
temps et des orages violents de courte durée et de forte
intensité. Ainsi, le ruissellement résultant est érosif
entrainant le découpage superficiel intense et un ravinement dense (Ben
Slimane, 2013). De plus, ce sont les pluies d'automne qui sont les plus
érosives, d'une part à cause de leurs fortes intensités et
d'autre part, elles car elles surviennent après la saison sèche
d'été où les sols labourables sont encore nus (Cherif,
2013).
Par ailleurs, la violence du vent intervient dans
l'augmentation de l'énergie cinétique des gouttes de pluie.
L'efficacité d'une pluie fine qui tombe pendant trois jours est plus
faible qu'une pluie d'une heure à grosses gouttes affectées par
un vent d'une vitesse de 50 km/heure (Ben Slimane, 2013).
Le changement de température, la précipitation
et le vent ont des effets prépondérants sur l'altération
mécanique des roches. D'où leur influence sur l'érosion
est difficile à évaluer à cause de leur variation
(Benaicha, 2011).
11
I.4.1.2 La topographie
La topographie, ou le facteur terrain, s'exprime par le
degré et la longueur des pentes. Lorsqu'une pente est forte et longue,
l'écoulement est rapide développant une grande force destructrice
(Cherif, 2012).
Les montagnes méditerranéennes sont
profondément découpées, complexes, et partiellement
instables, avec de nombreux versants escarpés et des sols jeunes
rocailleux peu profonds (Naveh et Lieberman, 1984). En effet, plusieurs
études ont montré que l'énergie cinétique du
ruissellement et le pouvoir érosif croissent avec la longueur de la
pente.
Par ailleurs, des mesures réalisées sous pluies
naturelles et simulées à l'échelle du mètre
carré montrent que l'érosion diffuse augmente significativement
lorsque la pente passe de 2 à 8 %.(Ben Slimane, 2013).
En Tunisie, le relief est accidenté et la topographie
est caractérisée par des montagnes de fortes pentes dominant des
plaines qui sont traversées par de nombreux oueds déversant vers
différents exutoires naturels (Mers, Sebkhas, Chott et Garaa) (Cherif,
2013).
I.4.1.3 La lithologie
Concernant le déclenchement et le développement
de l'érosion hydrique, il existe deux facteurs primordiaux qui sont : la
nature du sol et celle des roches de surface (Cherif, 2012).
L'érodibilité du sol désigne sa
susceptibilité face aux processus d'érosion. Elle est fonction
des propriétés physico-chimiques du sol tel que la texture, la
profondeur, la porosité, la teneur en matière organique et la
cohésion qui existe entre ces particules (Ben Slimane, 2013).
Les sols dans le pourtour méditerranéen sont
pauvres en matière organique à cause de la faible
productivité végétale, des températures
élevées et du manque d'eau. Ces conditions
accélèrent la minéralisation des matières
organiques du sol et les rendent fragiles, faiblement structurés et
prédisposés au tassement et à la formation des
croûtes de battance. Par conséquent, ces sols sont en
général très sensibles à l'érosion (Al Ali,
2007).
En Tunisie, l'action érosive crée
continuellement des sols jeunes alluviaux ou colluviaux (la morphogenèse
est supérieure à la pédogenèse) à
prédominance marneuse ou argileuse en matière organiques, suite
à la disparition de la couverture végétale (Saadaoui,
1995).
Projet de fin d'études_3éme
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12
I.4.1.4 Les facteurs géologiques et
pédologiques
Le facteur géologique intervient, si les roches en
place sont exposées à la pluie, au vent et aux forces de
gravité, il peut y avoir aussi désagrégation.
La structure et la texture des sols, leur
perméabilité, la présence de certains
éléments chimiques et matières organiques conditionnent
l'érodabilité des sols (Benaicha. 2011).
I.4.1.5 Le couvert végétal
La nature et l'intensité du couvert
végétal joue un rôle très important dans la
protection du sol contre l'érosion. En effet, la
végétation favorise l'infiltration de l'eau et le maintien du sol
grâce à son système radiculaire, et son
développement en surface freine le ruissellement (Ben Slimane, 2013). Le
principe est très simple, le couvert végétal
résiste à l'érosion. Grâce à l'ensemble
feuilles-tige-racines, il est considéré comme un facteur de
conservation des sols, d'une part par un effet direct (atténuation de
l'énergie cinétique des gouttes de pluie), et d'autre part par un
effet indirect (enrichissement du sol en matière organique et
amélioration de ses propriétés) (Cherif, 2012).
En Tunisie il existe des averses qui entraînent un
ruissellement de 40-50 % en tombant sur un sol humide (Delhoume, 1987). Par
contre, sous un couvert végétal naturel dépassant 40% et
sur de fortes pentes, les pertes de terres peuvent être très
réduites (Roose et Arabi, 1994).
Par ailleurs, la disparition du couvert végétal
favorise davantage le décapage des couches superficielles du sol et
contribue à la création des sols jeunes alluviaux ou colluviaux
très sensibles à l'érosion, ce qui est le cas de la
plupart des sols du pays, où on trouve que le couvert
végétal est constitué par une mosaïque de
végétation allant de la forêt dense de chêne
liège au Nord à la forêt dégradée, au maquis,
et à la steppe au Centre (Cherif et al., 1993).
I.4.2 Les facteurs anthropiques
Au-delà des causes et processus naturels, le
phénomène de l'érosion est accéléré
par certaines activités humaines et modes d'exploitation des terres.
À cause des pratiques inadaptées appliquées sur les
versants, l'Homme est le facteur principal qui conditionne l'intensité
de l'érosion et ses effets indésirables pour l'environnement et
pour l'économie (Wazzeni, 2013).
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13
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Les principaux facteurs anthropiques dans le pourtour
méditerranéen ont été définis comme suit
(Cherif, 2012).
I.4.2.1 Les techniques culturales
Le travail du sol brise la pellicule superficielle du sol
résultant de la battance et tend donc à diminuer le ruissellement
et l'érosion. Mais d'un autre côté, le labour
pulvérise le sol, accroît sa disjonction et sa
vulnérabilité.
L'intensification de l'agriculture et de l'utilisation des
pratiques culturales non appropriées des sols (labour dans le sens de la
pente, utilisation des charrues à disques pulvérisant les sols,
plantations arboricoles pas en courbes de niveau sur des terres en pente, ...)
entraînent une suppression des éléments structurant le
paysage, (retournement des prairies, agrandissement des parcelles...) et
accélèrent l'érosion (Ben Slimane, 2013).
I.4.2.2 Le surpâturage
Le surpâturage provoque un tassement du sol, une
diminution de sa perméabilité et un accroissement du
ruissellement et laisse ainsi des surfaces importantes du sol non
protégées et plus exposées aux effets érosifs (Ben
Slimane, 2013).
D'après Roose et Sabir (2002), l'élevage
extensif en montagne dans le pourtour méditerranéen s'est traduit
par la dégradation des couvertures végétales et des sols,
l'encroûtement ou le décapage des horizons humifères, le
creusement des rigoles en ravines.
I.4.2.3 L'exploitation minière
L'exploitation minière est considérée
comme un facteur indirect (par endroit) qui peut favoriser l'érosion
hydrique, et ce par les travaux au cours desquels les machines déplacent
de grandes quantités de terres et par le déplacement des
camions.
Les exploitations à ciel ouvert comprennent
l'enlèvement du sol de surface, des roches et des autres couches
couvrant les dépôts du minerai ou du combustible ainsi que
l'exploitation du dépôt. Les grandes exploitations minières
coupent le réseau de drainage naturel et modifient les
phénomènes de ruissellement et d'érosion des bassins
fluviaux (Wazzeni, 2013).
14
I.4.2.4 La croissance démographique
En Tunisie, les activités humaines
(défrichement, surexploitation des forêts et parcours, pratiques
culturales inadaptées) ont augmenté au cours du dernier
siècle, en particulier du fait de la croissance démographique : 2
millions d'habitants et 1,2 millions d'ha cultivés en 1920 contre 10,9
millions d'habitants et 4,7 millions d'ha cultivés actuellement (Ben
Slimane, 2013).
Cependant, l'accroissement de l'urbanisation en aval des
terres cultivées, augmentent la vulnérabilité aux
phénomènes érosifs. Les plus grandes quantités de
sédiments sont produites durant les phases de construction, surtout
quand la végétation et le sol de couverture sont provisoirement
enlevés. Les travaux de construction peuvent accroître
l'érodibilité et diminuer la stabilité des pentes de
façon radicale (Wazzani, 2013).
I.4.2.5 L'incendie
Puisque le feu endommage et ravage le couvert
végétal, cela sous-entend un risque élevé
d'érosion. En fait, les zones sans aucune couverture
végétale courent toujours un plus grand risque de forte
érosion que les autres (Wazzeni, 2013).
I.4.2.6 Le bois de feu
Vu que la demande de bois de feu et de charbon de bois est
forte en zones rurales et même urbaines et ce, d'une façon plus
accentuée dans les pays sous développés et en voie de
développement, le bois va continuer d'être exploité comme
une source importante de combustible pour les usages domestiques aussi bien que
pour la petite industrie dans les zones rurales et urbaines. L'essentiel du
bois de feu provient encore des forêts et bois naturels qui sont abattus
et détruits à des rythmes alarmants, ce qui va continuer à
exercer une pression sur les forêts dont le couvert végétal
joue un rôle protecteur très important à ralentir les
forces érosives de la pluie. En effet, le système radiculaire des
arbres contribue à maintenir la cohésion des particules, les
matières organiques provenant de la végétation (humus)
améliorant la structure des sols. La destruction du couvert
végétal par le feu, le surpâturage ou l'arrachage des
racines et des branches utilisées comme bois de feu expose le sol
à l'action érosive de l'eau de pluie et de ruissellement
(Wazzeni, 2013).
15
I.5 Les impacts de l'érosion hydrique
Dans certaines parties de la Méditerranée,
l'érosion est devenue irréversible à certains endroits
lorsque la roche mère à été mise à nu (La
commission européenne, 1999).
La pédogenèse, est évalué entre
1à 12 t/ha/an en fonction du climat, du type de roche et de
l'épaisseur des sols (Roose, 1994).
En effet, parmi les menaces les plus graves pesant sur les
sols méditerranéens on a l'érosion hydrique, qui par une
érosion supérieure à 15 t/ha/an cause une perte de 31% des
terres. (AMI, 2000). D'autre part, elle entraîne une dégradation
des terres cultivées et des sols. La production, la
sécurité alimentaire et les écosystèmes sont
sévèrement affectés par les problèmes de
l'érosion (Al Ali, 2007).
L'érosion des sols est à l'origine de deux familles
de problèmes affectant l'environnement: ? Les conséquences dans
la zone de départ des sédiments (on-site affects).
Elles sont relatives à la perte de la couche arable
d'environ 10 000ha/an (Stratégie nationale de la CES, 1993) ainsi que
des semences, ce qui réduit la fertilité du sol et la
productivité des cultures de 1% chaque année. Sachant que la
régénération d'un centimètre sol à partir
d'un matériau d'origine peut prendre des milliers d'années, le
processus peut être considéré comme quasi
irréversible à l'échelle de générations
humaines (Ben Slimane, 2013)
? Les conséquences sur les lieux de dépôt
(off-site affects) sont plus nombreuses.
Les engrais et pesticides épandus dans une parcelle
agricole peuvent être transportés dans les eaux de ruissellement
sous forme dissoute ou par adsorption sur les sédiments. Ce transport
peut avoir des effets toxiques sur la qualité de l'eau (potable,
industrie et d'irrigation) et peut provoquer une eutrophisation
(prolifération des plantes aquatiques et perte d'oxygène dissout)
des milieux aquatiques. On peut aussi assister à la destruction des
infrastructures et le recouvrement de fossés et routes. (Ben Slimane,
2013)
Une autre conséquence importante est l'envasement des
barrages et des retenues en aval, dont dépend, dans une large mesure le
développement économique du pays (Cherif, 2013), ce qui
Projet de fin d'études_3éme
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16
affecte leur capacité à mobiliser les eaux de
surface dans un but d'irrigation ou d'alimentation en eau potable par exemple.
(Ben Slimane, 2013)
On estime qu'environ 25 millions de m3 de
sédiments se déposent annuellement dans les retenues des
barrages, ce qui se traduit par une réduction des volumes d'eau
mobilisés (Cherif, 2013).
I.6 L'érosion hydrique en Tunisie et
stratégie national de CES I.6.1 Les ressources naturelles en
Tunisie
L'érosion hydrique est un phénomène
très répandue dans la région de la
Méditerranée vue l'agressivité du climat et les
caractéristiques du milieu physique qui favorisent le
déclenchement du phénomène. Elle touche
particulièrement la Tunisie et menace les ressources en eau et en sol du
pays.
En effet, la Tunisie est soumise à l'influence de deux
climats, au Nord le méditerranéen et au sud le saharien qui sont
à l'origine d'une variabilité spatio-temporelle des ressources en
eau (Kanfir et al., 1998). La majeure partie de la Tunisie appartient
aux étages semi-aride et aride et elle est caractérisée
des pluies irrégulières et torrentielles ce qui donne lieu
à d'importants ruissellements et de fortes crues provoquant
l'érosion des terres en pente (Cherif, 2013).
D'autre part, la Tunisie est caractérisée par la
vulnérabilité de ses ressources essentiellement en eau et en sol
qui sont soumis aux différentes formes de dégradation engendrant
des effets négatives aussi bien au niveau des terres agricoles qu'au
niveau des infrastructures routiers et hydrauliques, cette dégradation
des sols est dépendante d'une part des facteurs de l'environnement
naturel qui conditionnent leur vulnérabilité et d'autre part de
l'action anthropique qui entraîne soit leur dégradation soit leur
stabilisation (Cherif, 2012).
Malgré la forte pluviométrie et la raideur des
pentes, les sols de l'extrême Nord ont une certaine stabilité
naturelle due à une couverture végétale dense (forêt
et maquis).Mais par une érosion sous différentes formes
(décapage superficiel, ravinement, glissement de terrain) le
déboisement et le surpâturage peuvent potentiellement perturber la
stabilité des sols (Cherif, 2012).
Pour ce qui est des sols du Tell et de la Dorsale, c'est
l'emprise de l'agriculture (céréaliculture et arboriculture) qui
est à l'origine, partiellement, du phénomène de
l'érosion. Le
Projet de fin d'études_3éme
année HAR 2014-2015 YOUNSI Soumaya
défrichement, les labours sur pente ouvrent la voie
à une érosion variée (décapage superficiel,
ravinements...). Les sols du Sud sont soumis essentiellement au
surpâturage et à des labours qui sont à l'origine d'une
érosion plutôt éolienne, non d'une érosion
hydrique.
En Tunisie, les terres agricoles occupent 62,2% de la
superficie totale du pays (16,4 millions ha), qui correspond à 10,2
millions ha (El Faleh, 2007). Au niveau des terres agricoles, on distingue 5,4
millions d'ha de terres labourables et 4,8 millions d'ha de forêts et
parcours (Cherif, 2008).
I.6.2 Importance et répartition de
l'érosion hydrique en Tunisie
L'érosion hydrique est un phénomène
très ancien qui a touché de grandes superficies en Tunisie
(Cherif , 2012) qui présente une superficie totale de 16,4 millions
d'ha, dont 10,2 millions d'ha de terres agricoles (El Faleh, 2007) et 6,2
million d'ha de terrains incultes (Sahara, zone humides, zone urbaines,
etc....). Au niveau des terres agricoles, on distingue 5,4 millions d'ha de
terres agricoles utile (TAU) et 4,8 millions d'ha de forêts et parcours
(Cherif, 2008). Sur les 5,4 millions d'ha de terres agricoles utiles (33 % de
la superficie totale du pays), l'érosion menace 3 millions d'ha dont la
moitié est gravement affectée (Cherif et al., 1995).
D'après l'étude de synthèse de la carte
de l'érosion du Nord et du Centre de la Tunisie à
l'échelle 1/200 000, qui a été élaborée dans
le cadre du Projet FAO-SIDA TF/TN5 et 13 SWE (1978) et publiée en 1980
par la Division des Sols de la D.R.E.S (Sols de Tunisie, Bulletin
N°11-1980), et d'après DG/ACTA (2005), on constate qu'environ 3,1
millions d'hectares sont affectés par l'érosion et dont 1,5
millions d'hectares sont moyennement à fortement touchés et
nécessitent des interventions à court et moyen terme. (Cherif,
2012)
17
Dans le tableau 1, on donne la répartition des zones
d'érosion hydrique par grande région.
18
Projet de fin d'études_3éme
année HAR 2014-2015 YOUNSI Soumaya
Tableau 1: Répartition des zones
d'érosion hydrique par grande région (Farhat, 2008)
Région
|
Superficie de la région
(Km2)
|
Niveau d'affectation
|
TOTAL
|
Erosion Faible
|
Erosion Moyenne
|
Erosion Forte
|
(km2)
|
(%)
|
(km2)
|
(%)
|
(km2)
|
(%)
|
(km2)
|
(%)
|
Nord-Est
|
9 500
|
2 000
|
21 %
|
550
|
6 %
|
1 050
|
11 %
|
3 600
|
38 %
|
Nord-Ouest
|
11 500
|
3 100
|
27 %
|
3 200
|
28 %
|
2 520
|
22 %
|
8 820
|
77 %
|
Centre-Est
|
16 500
|
4 780
|
29 %
|
1 150
|
7 %
|
500
|
3 %
|
6 430
|
39 %
|
Centre-Ouest
|
18 500
|
5 920
|
32 %
|
4 200
|
23 %
|
2 030
|
11 %
|
12 150
|
66 %
|
TOTAL
|
56 000
|
15 800
|
28 %
|
9 100
|
16 %
|
6 100
|
11 %
|
31 000
|
55 %
|
|
|
L'examen de ce tableau 1 montre que :
I La région la plus touchées par l'érosion
hydrique, est celle du Nord-Ouest avec 50 % d'érosion moyenne à
forte et 77 % d'érosion totale ;
· :. En seconde position, on trouve la région du
Centre-Ouest qui est assez touchée par l'érosion, avec 34 %
d'érosion moyenne à forte et 66 % d'érosion totale ;
· :. La région du Nord-est est moyennement
touchée par l'érosion, avec 17 % d'érosion moyenne
à forte et 38 % d'érosion totale ;
· :. La région la moins touchée par
l'érosion est celle du Centre-Est avec 10 % d'érosion moyenne
à forte et 39 % d'érosion totale (Cherif, 2013).
En outre, l'érosion hydrique engendre :
> Une perte annuelle des terres agricoles de
l'ordre de 10.000 ha ;
? Une perte considérable de
fertilité des sols (seuil de 1% de matière organique) ;
> De fortes inondations et
dégradation de l'infrastructure routière ;
? Un volume de sédiments se
déposant annuellement sur les routes, les agglomérations et dans
les retenues des barrages estimés en moyenne de 28 millions de
m3, ce qui traduit une perte de la capacité de stockage du
même volume d'eau chaque année (El Faleh, 2007).
Le tableau (2) ci-dessous illustre bien la répartition
spatio-temporelle des superficies érodées dans tous les
gouvernorats de la Tunisie, pour les années 1996, 2003 et 2006. Les
estimations
Projet de fin d'études_3éme
année HAR 2014-2015 YOUNSI Soumaya
19
de ces superficies érodées sont déduites
à partir des situations des études de planification des travaux
CES réalisées par la DG/ACTA dans tous les gouvernorats
(Boufaroua, 2011).
L'examen du tableau (2) montre que :
? Les superficies touchées par l'érosion sont
réduites de plus de 741 milles de ha au cours de la décennie
1996-2006, en effet il y a une diminution considérable du pourcentage
des ces superficies de 21,6% en 1996, à 18% en 2003, puis il a atteint
environ 17% en 2006. En réalité, cette réduction est due
essentiellement aux travaux de conservation des eaux et des sols (CES)
réalisés par les programmes de la stratégie nationale de
CES pour la lutte contre l'érosion.
? Les 5 gouvernorats : Kef, Siliana, Kairouan, Kasserine et
Sidi Bouzid, sont gravement affectés par l'érosion hydrique qui a
touché environ 300.000 ha pour chaque gouvernorat. Alors que les
gouvernorats de Sud Tunisien : Gabès, Gafsa, Médenine, Tataouine,
sont trop affectés par l'érosion éolienne (Cherif,
2012).
Projet de fin d'études_3éme
année HAR 2014-2015 YOUNSI Soumaya
20
Tableau 2: Répartition
spatio-temporelle des superficies érodées en ha et % en
Tunisie
(Farhat, 2008)
Gouvernorat
|
Superficie (ha)
|
1996
|
2003
|
2006
|
|
(%)
|
(ha)
|
(%)
|
(ha)
|
(%)
|
Tunis
|
30 000
|
3 000
|
10,0
|
1 310
|
4,4
|
139
|
0,5
|
Ariana- Manouba
|
156 000
|
25 000
|
16,0
|
17 723
|
11,4
|
12 579
|
8,1
|
Ben Arous
|
66 000
|
25 000
|
37,9
|
19 278
|
29,2
|
15 572
|
23,6
|
Nabeul
|
284 000
|
110 000
|
38,7
|
93 961
|
33,1
|
88 279
|
31,1
|
Bizerte
|
375 000
|
100 000
|
26,7
|
105 401
|
28,1
|
91 749
|
24,5
|
Zaghouan
|
282 000
|
120 000
|
42,6
|
87 121
|
30,9
|
82 386
|
29,2
|
Beja
|
374 000
|
120 000
|
32,1
|
105 975
|
28,3
|
100 291
|
26,8
|
Jendouba
|
310 000
|
70 000
|
22,6
|
44 415
|
14,3
|
36 566
|
11,8
|
Kef
|
510 000
|
300 000
|
58,8
|
259 645
|
50,9
|
246 288
|
48,3
|
Siliana
|
467 000
|
300 000
|
64,2
|
246 330
|
52,7
|
226 223
|
48,4
|
Sousse
|
287 000
|
80 000
|
27,9
|
66 431
|
23,1
|
60 327
|
21,0
|
Monastir
|
103 000
|
40 000
|
38,8
|
24 256
|
23,5
|
20 291
|
19,7
|
Mahdia
|
297 000
|
80 000
|
26,9
|
48 031
|
16,2
|
37 319
|
12,6
|
Kairouan
|
672 000
|
300 000
|
44,6
|
228 979
|
34,1
|
212 840
|
31,7
|
Kasserine
|
826 000
|
300 000
|
36,3
|
263 289
|
31,9
|
230 895
|
28,0
|
Sidi Bouzid
|
744 000
|
300 000
|
40,3
|
257 869
|
34,7
|
248 754
|
33,4
|
Sfax
|
710 000
|
120 000
|
16,9
|
79 152
|
11,1
|
67 606
|
9,5
|
Gafsa
|
784 000
|
250 000
|
31,9
|
231 403
|
29,5
|
217 811
|
27,8
|
Touzeur
|
761 000
|
50 000
|
6,6
|
48 261
|
6,3
|
46 804
|
6,2
|
Kebili
|
2 208 100
|
50 000
|
2,3
|
42 463
|
1,9
|
38 058
|
1,7
|
Gabès
|
741 000
|
250 000
|
33,7
|
232 668
|
31,4
|
216 944
|
29,3
|
Mednine
|
1 524 000
|
250 000
|
16,4
|
231 858
|
15,2
|
219 858
|
14,4
|
Tataouine
|
3888900
|
300 000
|
7,7
|
289 999
|
7,5
|
284 012
|
7,3
|
TOTAL
|
16 400 000
|
3 543 000
|
21,6
|
3 025 818
|
18
|
2 801 591
|
17,1
|
|
Projet de fin
d'études_3éme année HAR 2014-2015 YOUNSI
Soumaya
21
I.6.3 Les stratégies nationales de Conservation
des Eaux et des Sols I.6.3.1 Les objectifs de la Conservation des Eaux et des
Sols
De nos jours, la protection de l'environnement constitue une
préoccupation universelle. En effet, toute la Tunisie et tous les
individus (ou presque selon les intérêts parfois conflictuels)
s'accordent pour protéger l'environnement en vue de le rendre mieux
vivable et plus durable. La conservation de l'eau et du sol et des ressources
naturelles doit être une responsabilité nationale (D/CES, 1990 ;
Hizem, 1994 ; DG/ACTA, 2002). On distingue trois objectifs globaux pour la
conservation des eaux et de sols (El Felah, 2007) :
? Objectifs de la protection des ressources naturelles
La protection des ressources naturelles vise essentiellement à
:
? Réduire l'envasement des barrages afin de prolonger la
durée d'exploitation ;
? Protéger les villes et les infrastructures
routières en aval contre les inondations ; ? Maîtriser la gestion
des ressources naturelles ;
? Réduire les pertes en sols et atténuer les
effets de l'érosion hydrique.
? Objectifs de la production :
Pour augmenter la production agricole il faudrait promouvoir
:
- La protection et sauvegarde des infrastructures agricoles
et de mobilité pour un fonctionnement meilleur des filières de
production ;
- L'amélioration des conditions d'exploitation par une
meilleure mobilisation des ressources en eau ;
- L'amélioration et le maintien de la fertilité
des terres.
? Objectifs d'ordre social et institutionnel
:
Les objectifs d'ordre social et institutionnel se
résument comme suit :
- Amélioration du revenu des exploitants par
l'amélioration des conditions d'exploitation des ressources ;
Projet de fin
d'études_3éme année HAR 2014-2015 YOUNSI
Soumaya
22
- Organisation des exploitants agricoles dans le cadre de
groupements de développement
agricole ;
- Contribution à l'encadrement et la formation des
exploitants ;
- Offre d'emploi essentiellement en milieu rural ;
- Adopter une approche d'intervention participative et
partenariale ;
- Limitation des effets des inondations sur les infrastructures
économiques et sociales.
|