09 AVRIL 2014 FACULTÉ -
PHARMACIE
UFR Pharmacie 15, Avenue Charles Flahault, 34000
Montpellier.
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UNIVERSITE MONTPELLIER 1 U.F.R Licence professionnelle
santé Spécialité Visiteur Médical
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Responsable de la formation -- Madame BICHON
Florence
LE TRAVAIL
DÉPRESSOGÈNE ?
Mémoire -- Samuel Collince TEGA
LES REMERCIEMENTS
En préambule à ce mémoire, je
souhaite adresser ici tous mes remerciement aux personnes qui m'ont
apporté leur aide et qui ainsi contribué à
l'élaboration de ce mémoire.
Tout d'abord Monsieur le Docteur DHIVERT, directeur de
ce mémoire, pour l'aide et le temps qu'il a bien voulu me consacrer et
sans qui ce mémoire n'aurait jamais été aussi limpide et
didactique.
J'exprime ma gratitude à Madame Florence BICHON
ainsi qu'à toute l'équipe pédagogique pour leurs bons
conseils lors des recherches effectuées et qui ont accepté de
répondre à mes questions avec dévouement et
gentillesse.
Enfin, j'adresse mes plus sincères
remerciements à tous mes amis et mes proches, notamment ma mère,
ils m'ont toujours soutenue et encouragé au cours de la
réalisation de ce mémoire.
Sommaire
Introduction 1
I. La dépression 3
1. Qu'est-ce que la dépression ? 3
2. Est-ce l'épidémie de notre
siècle, le mal de notre société ? 4
3. Quelles sont les causes dépressogènes ?
8
II. La dépression au travail et l'origine du mal
être 9
4. Phénomène du Burnout et
dépression: 10
5. Phénomène de la crise économique
et "déflation psychique": 29
III. Quelles sont les conséquences
générales de la dépression au travail ? 33
IV. Que peut-on faire comme actions de prévention
adaptée ? 34
6. C'est quoi la RSE ? 34
7. ISR : de quoi s'agit-il ? 35
8. Rétablir le dialogue dans le monde du travail:
39
9. Donner au CHSCT un rôle stratégique
& jouer sur la formation (DIF): 39
10. S'appuyer sur la pluridisciplinarité:
40
11. Le médecin du travail : Quel est son
rôle ? 41
V. Thérapeutique: Quels sont les traitements de
la dépression et de l'épuisement
professionnel ? 42
12. Traitement psychologique: 42
13. Traitement pharmacologique: 44
14. Management thérapeutique: 46
VI. Législation : La loi nous protège
comment et contre quoi ? 48
VII. Conclusion: 50
GLOSSAIRE
BLIBLIOGRAPHIE
1
Introduction
Interpellé par l'actualité, 300 à
400 salariés se suicideraient chaque année en France, chiffres
poignants. Je me suis intéressé à ce qui fait le lit du
suicide, la dépression et tout partiellement aux causes
dépressogènes liée au travail qui entrainent, états
dépressifs sévères qui vont jusqu'à l'autolyse. Le
travail est-il lui même malade pour entrainer l'autodestruction des
individus ?
- C'est la question que nous nous sommes posés,
et les tentatives de recherche-réponse que nous allons aborder au cour
de ce mémoire. Est-ce un mal typiquement français ?
- De grandes entreprises France-Telecom, Renault, de
grandes service publique sont touchés, ces évènements ont
été largement médiatisés, une mission d'information
sur le mal être au travail qui a duré 6 mois en 2008 a mis
à jour des chiffres inquiétants et identifier les principaux
facteurs dépressogènes liés au travail.
Nous savons aujourd'hui les chiffres, qui sont
là et convient ici d'en rappeler quelques-uns qui sont marquants, il est
en revanche inutile de s'y attarder, tant nous pensons que les rapports doivent
maintenant laisser place à l'action :
- 53% des salariés éprouvent du stress au
travail1.
- Deux millions de salariés subissent du
harcèlement moral et des
maltraitances, 500 000 sont victimes de
harcèlement sexuel2.
1 Sondage Opinion
Way.
2 Ministère du
travail.
- Sur 5ans, on a constaté plus de 1 000 tentatives
de suicide sur les
lieux de travail en France dont 47% ont été
suivies de décès3.
- 24% des hommes et 37% des femmes souffrent de
troubles psychologiques liés à leur
travail4.
- 30 suicides chez France-Telecom Orange sur 2
ans
Résultat : La souffrance liée au travail
est aujourd'hui dénoncée, elle n'est
plus un déni.
|
Ce mémoire sera développé sur une
généralité concise sur la dépression dans un
premier temps, dans un second temps nous identifierons les facteurs
dépressogènes au travail et nous terminerons sur une
réponse thérapeutique, sociale et sociétale.
2
3 Ministère du
travail
4 QUERUEL Nathalie.
Santé & Travail
3
I. La dépression
1. Qu'est-ce que la dépression
?
La dépression, nous le savons tous, n'est pas
tout à fait une maladie comme les autres. On y entre souvent de
manière graduée, sans savoir nommer clairement le mal dont on
souffre. Contrairement à la douleur physique, la souffrance induite,
plus englobant et diffuse, n'est jamais distinctement localisée.
L'état dépressif n'est pas toujours reconnu comme il devrait
l'être et identifié comme le symptôme d'une maladie. Ainsi,
un grand nombre de préjugés doit être battu en
brèche si l'on veut bien se donner les moyens de mieux prévenir
et de mieux guérir une maladie qui frappe au cours de sa vie près
d'un Français sur cinq.
Selon l'Organisation Mondiale de la Santé. 5 La
dépression est une affection courante dans le monde qui concerne 350
millions de personnes selon les estimations. Elle diffère des sautes
d'humeur habituelles et des réactions émotionnelles
passagères face aux problèmes du quotidien. Quand elle perdure et
que son intensité est modérée ou sévère, la
dépression peut devenir une maladie grave. Elle peut entraîner une
grande souffrance, altérer la vie professionnelle, scolaire et familiale
de la personne concernée. Dans le pire des cas, la dépression
peut conduire au suicide. On estime à un million par an le nombre de
décès par suicide.
« La dépression frappe au hasard : C'est
une maladie, pas un état d'âme. »6
5 OMS : Organisation Mondiale
de la santé.
6 Tahar Ben Jelloun. Artiste,
écrivain, Poète (1944 -)
2. Est-ce l'épidémie de notre
siècle, le mal de notre société ?
D'après l'Organisation Mondiale de la
Santé, la dépression est la première cause de handicap.
Elle se situe au quatrième rang des maladies en termes de coût
financier par maladie. Selon les prévisions, en 2020, ce trouble se
situera à la seconde place en termes de coût parmi les
différentes maladies, quels que soient l'âge et le sexe.
Aujourd'hui, il se situe déjà au deuxième rang pour la
catégorie d'âge de 15 à 44 ans pour les deux sexes. Le
suicide en est l'issue la plus tragique. On compte chaque année au
niveau mondial 850 000 morts par suicide. La dépression peut survenir
dans n'importe quelle catégorie socio-professionnelle, à tous les
âges, deux fois plus souvent chez la femme que chez l'homme et dans
n'importe quelle ethnie. Chaque année, plus de 120 millions de personnes
souffrent de dépression dans le monde et seuls 25 % d'entre elles
peuvent avoir accès à des traitements efficaces. Globalement, les
résultats montrent une prévalence de l'épisode
dépressif sur un an aux environs de 7 %. La prévalence sur six
mois est aux environs de 5 %. Sur la vie entière, cette
prévalence est à 15 % : au cours de leur vie 15 % d'entre nous
ont été, sont ou seront
déprimés.7
4
7
Etat-Depressif.com.
(OMS).
5
Statistiques de la dépression -
Épidémiologie de la dépression
> Selon l'OMS on estime que 350 millions de
personnes, soit environ 5% de la population mondiale, souffrent chaque
année de dépression [source: OMS, chiffres de
2012].
> Aux États-Unis on estime que 7% de la population
souffre de dépression.
Au Japon on estime que 4,5% de la population souffre de
dépression.
> Au Brésil, environ 10% de la population
souffre de dépression. Il faut toutefois relever que la majeure partie
de ces personnes ne savent pas qu'elles sont atteintes de dépression. La
conséquence pour ce groupe de personnes est en général une
absence de traitement ou une thérapie peu adaptée.
6
Répartition mondiale de la dépression
:
*Source :
Etat-Depressif.com.
(OMS).
Ce nombre de personnes touchées en France sur
la population montrent que 5 à 15% de la population française
seraient touchés par un épisode dépressif au cours de
l'année. Dans l'enquête baromètre santé, le
pourcentage de la population touché par une dépression au cours
des douze derniers mois est de 7,8% ce qui représente plus de 3 millions
de français. Au niveau des caractéristiques en fonction du sexe,
les femmes ont deux fois plus de risque que les hommes de faire un
épisode dépressif caractérisé dans l'année.
Elles sont également plus exposées aux rechutes et à la
chronicisation de la dépression. Deux classes d'âge sont plus
à risque de dépression, celle des 18-25 ans dans les deux sexes,
celle des 45-54 ans chez les femmes et celle des 35-44 ans
chez les hommes. Les personnes vivant seules sont plus
exposées au risque de dépression que celles vivant en couple
(ratio 1,3 dans l'enquête baromètre santé de 2005). Il faut
savoir que les maladies chroniques (cancer, diabète, maladie
rhumatismale,...) et certaines pathologies mentales comme les troubles anxieux
sont souvent associées à une dépression. Le risque de
décès par suicide est 10 fois plus élevé chez les
patients déprimés que dans la population générale.
L'intensité de l'idéation suicidaire est corrélée
est à la sévérité de l'épisode
dépressif. La dépression d'après l'OMS est l'une des
principales causes d'années de vies perdues soit par baisse de
l'espérance de vie soit par incapacité.8
Donnée statistique ; Dépression
:
Jauges de la population touchée (%)
Analyses
|
|
|
|
La dépression : deuxième affection la plus
fréquente au monde selon l'OMS* ; elle touche
6 % de la population des pays occidentaux.
|
|
|
* Sources : OMS, continentalnews,
sante-medecine.creapharm.psymad.
Nous constatons sur ce tableau la place de la
dépression, c'est une maladie neuropsychique, pouvant toucher chacun
d'entre nous.
7
8 Ministère de la
santé
8
3. Quelles sont les causes
dépressogènes ?
Le terme humeur désigne affective de base
oscillant entre les deux pôles extrêmes du plaisir et de la
douleur. Du point de vue de la psychiatrie, la dépression est un trouble
de l'humeur pouvant résulter de facteur :
· . biologiques
(déséquilibre dans la chimie des neurotransmetteurs du cerveau,
essentiellement dû à la Sérotonine).
· . Psychologiques (personnalités
fragiles, anxieuses).
· . Sociaux (ex : divorce,
harcèlement, burnout, chômage, etc.).9
La dépression est à la fois un
symptôme et un syndrome. Il n'y a pas d'explication précise au
fait que telle personne sombre dans la dépression, plutôt qu'une
autre. Même si le déclencheur est parfois un épisode de
stress intense. L'environnement social aussi, joue un rôle important. Les
problèmes d'intégration, de communication, le harcèlement
au travail et, particulièrement chez les hommes, le stress professionnel
et le chômage etc. Chez d'autres, le relationnel va jouer un rôle
éminent dans l'installation d'une dépression. Par exemple, une
rupture amoureuse, familiale ou simplement amicale peut favoriser une
évolution vers la dépression. C'est ce que soutient le Dr Patrick
Lemoine. Psychiatre, spécialiste du sommeil et de la dépression,
il rappelle dans son ouvrage « Dépression », paru chez
Larousse, que « l'homme est un être narcissique, dont la vie
telle une ellipse, se focalise autour de 2 foyers : le travail et l'harmonie
des sentiments ». Lorsque l'une de ces sphères est
déséquilibrée, il y a risque de dépression, et
lorsque les deux sphères sont touchées il y a risque de
suicide.
9 MAILLARD Ludovic, Les
Antidépresseurs. Institut des Biomolécules Max
Mousseron
II. La dépression au travail et l'origine du mal
être
Au préalable voyons la notion du travail normal
comme référence en préface ensuite nous pourrons voir ce
qui conduit au travail pathologique en identifiant ses facteurs.
Avant tout le travail dans un concept
idéal, c'est une aire de maitrise, de liberté, de
responsabilités concertées, le travail stimule la
créativité, l'ingéniosité, indispensable pour
élaborer et réaliser des projets.10
Il devrait idéalement être source
d'échange, de reconnaissance, d'estime, de complicité mais il est
encore trop souvent source de conflit, de rivalité, de mépris, de
haine. Il est notre identité sociale mais malheureusement il peut
aussi détruire cette identité, nous faire perdre confiance en
nous, nous conduire à la dépression en allant parfois jusqu'au
suicide.11
9
10 Ouvrage : Le stress
adaptation au travail
11 Ouvrage : Le stress
adaptation au travail
10
4. Phénomène du Burnout et
dépression:
Tout d'abord, le Burnout (« se consumer
entièrement »), d'origine anglaise qui se définit par une
« crise de surmenage », résultant d'un stress permanent au
travail, qui épuise ses victimes tant mentalement que physiquement.
Entre objectifs irréalisables et tâches insurmontables, la
pression est de plus en plus forte, le tout, souvent, sur fond de conditions de
travail en perdition. Il faut savoir que le syndrome d'épuisement
professionnel, ou burn-out, serait de plus en plus répandu en France, et
pas seulement dans quelques professions très exposées comme dans
le domaine de la santé.12
Le burn out se définit classiquement par trois
dimensions fortement associées entre elles qui résultent du
stress au travail. 13
1) Le burnout lié à la surcharge
de travail affecte typiquement des employés très
impliqués et ambitieux qui sont des travailleurs acharnés. Ils
sentent qu'ils mettent en péril leur santé et leur vie
personnelle en essayant d'obtenir de bons résultats dans leur
travail.
2) Le burnout lié à l'ennui et
au manque de développement personnel affecte des
employés dont les capacités sont sous sollicitées et qui
doivent composer avec un travail monotone et non stimulant. Ils souhaiteraient
être dans un emploi qui leur permettrait davantage de développer
leurs capacités. Ce type de burnout est particulièrement
associé au cynisme.
12 France info
13 Chercheur Jesus
MONTERO-MARIN de l'Université de Zaragoza
11
3) Le burnout lié à
l'usure est lié à une attitude d'abandon face au stress
ou à l'absence de gratification et se manifeste par de la
négligence à l'accomplissement du travail. Même si ces
employés peuvent vouloir atteindre certains buts, ils manquent de
motivation pour surmonter les difficultés.
S'y ajoutent l'accélérateur du temps,
souvent la réduction de l'espace, la gestion omniprésente,
l'argent roi, les objectifs de productivité souvent redoutables qui
peuvent s'avérer être de facteurs de désocialisation, et de
perte d'individualisation, et de blessure identitaire, force à des
objectifs qu'on ne peut atteindre touchant particulièrement les
personnalités fragiles (perfectionnistes, narcissiques).
Nous avons vu le burnout avec ses trois composantes,
passons à ses six facteurs qui peuvent contribuer à mener au
burnout:14
1) La surcharge de travail;
2) Le manque de contrôle sur le
travail;
3) Les récompenses insuffisantes;
4) Les problèmes dans la communauté de
travail, tels que l'incivilité et Le manque de soutien entre
collègues;
5) Le manque d'équité, tels que les
inégalités de salaires, de promotions ou de charge de
travail;
6) Le conflit entre ses valeurs personnelles et les
exigences d'un emploi.
14 Michael Leiter de
l'Université Acadia (Nouvelle-Écosse)
12
Nous allons illustrer notre propos par une
enquête.
* Sources : L'express - Le burn-out (et comment
l'éviter). N°3264/22 janvier 2014. p.44-122.
Parmi les 1 000 Français représentatifs
interrogés par le cabinet Technologia, 13% se disent soumis à un
travail excessif et compulsif et présentent donc un surengagement, voir
une addiction au travail. Mais il faut aussi ajouter ceux qui, sans cumuler
tous les facteurs de risques, sont au bord de l'épuisement professionnel
ou menacés de l'être --notamment une partie des 27% d'actifs qui
se disent « épuisés après une journée de
travail ». Au total, cela représentent près de 1
salarié sur 5, soit 4 millions de personnes environ.
Dans les études empiriques, la distinction
semble arbitraire. Nous préfèro ns alors, tout comme Schaufeli
& Buunk (2003), parler des manifestatio ns du burnout qui recouvrent
à la fois les symptômes et les conséq uences.
Tableau 1 - Manifestations du
burnout
Physiques Cognitifs et affectifs
Comportementaux
|
« sentiment de compétence et de
contrôle
« motivation
Frustration
Anxiété
Irritabilité
« estime de soi
« idéalisme
«concentration
« mémoire
Humeur dépressive
Dualité : quitter le travail ou rester
?
Asthénie
Troubles du sommeil
« énergie
Plaintes neurovégétatives
fonctionnelles (par ex. pal pitations, plaintes
gastro-intestinales, épigastralgie, oppression
thoracique, &)
Changement d'attitude envers autrui (cynisme,
indifférence, distanciation, détach ement)
Tendance à s'isoler
«performance
Absentéisme dans l'année
écoulée Fréquent, de courte durée
De longue durée (1 mois ou plus)
Agressivité
13
* Sources : Direction générale
Harmonisation du travail & Division de la promotion du bien-être
du
travail
Le tableau 1 reprend les différentes
manifestations du burnout sur le plan physique, cognitif/affectif et
comportemental. Toutes ces manifestations ont été mises en lien
clairement avec le burnout dans la littérature scientifique.
14
La relation entre la dépression et le burn-out
est très évidente. Les gens qui souffrent d'une dépression
majeure se sentent agités, fatigués et ont des difficultés
à se concentrer. Même les tâches les plus simples se
transforment en gros soucis. Dans de tels cas, les pressions liées au
travail font souvent déborder le vase. Le travail n'est pas la cause du
problème mais devient un facteur déclencheur qui contribue
à la dépression. L'incapacité de fonctionner au bureau
amène ensuite la personne dépressive vers un sentiment
d'échec et de culpabilité. Lorsque ces personnes doivent prendre
un arrêt de travail, on dit qu'elles sont en congé pour
épuisement professionnel, même si elles correspondent aux
critères pour une dépression majeure.15
On parle de dépression d'épuisement, 7
à 10% de la population active est "à hauts risques" de burn-out,
soit 3 millions de personnes environ, et plus encore si l'on prend en compte
l'ensemble des salariés qui sont potentiellement concernés. Ce
n'est pas rien: le travail constitue aujourd'hui un des derniers "lieux "qui
permette de créer des liens au quotidien. Il faut bien admettre qu'il
peut être "maltraitant", entre autres à cause du caractère
pathogène de certains modes d'organisations. « Il n'existe pas de
burn-out sans complices ». Les 35 heures, qui imposent de faire plus vite
avec moins de moyens, n'expliquent pas tout non plus.16
Pour finir, nous savons de façon
général, le burnout est une réponse de la personne
à un stress chronique au travail et représente une tentative de
s'adapter pour se protéger.
15 Institut universitaire en
santé mentale Douglas
16 Bruno LEFEBVRE - Dirigeant
du cabinet de conseil Alter Alliance
A) Le harcèlement au travail, de quoi s'agit-il
? :
Il est important de souligner que le
harcèlement professionnel est un phénomène
détruisant l'ambiance au travail, diminuant la productivité, mais
aussi favorisant l'absentéisme par les dégâts
psychologiques qu'il entraine. Se manifestant notamment par des comportements,
des paroles, des gestes, des écrits, pouvant porter atteinte à la
personnalité, à la dignité ou à
l'intégrité physique ou psychique d'une personne, mettre en
péril l'emploi de celle-ci ou dégrader le climat de
travail.17
Selon une étude européenne, 9 % des
salariés (1,9 million) subiraient humiliations, sarcasmes et autres
brimades sur leur lieu de travail. Le harcèlement, la violence morale,
le "mobbing" (de l'anglais to mob, molester), le bullying (de the bully, le
tyran), autant de mots pour l'inadmissible : des persécutions qui
mènent les opprimés à la démission, la
dépression, voire, parfois, au suicide. Dépréciation du
travail, tentatives d'isolement, surcharge de tâches : les tactiques de
l'agresseur sont multiples, mais visent à faire de la vie
(professionnelle et personnelle) de son souffre-douleur un enfer.
Le harcèlement au travail peut être due
à des situations comme :
> La mise au placard.
> L'absence volontaire de communication du
management.
> Le surcroît abusif ou la privation de
travail.
> Les demandes de tâches contradictoires ou
dépassant les compétences.
> Les critiques incessantes, humiliations, insultes,
menaces, sarcasmes
répétés.
> Des conditions de travail
dégradantes.
15
17 Marie-France HIRIGOYEN -
Le harcèlement dans l'entreprise (Ouvrage)
16
En France, dans les entreprises comme dans les
médias, il a souvent été question de harcèlement
sexuel, le seul pris en compte par la législation française, qui
n'est cependant qu'un aspect du harcèlement au sens large.
Aujourd'hui nous avons la reconnaissance par la loi du harcèlement
moral sur le lieu de travail. Malheureusement, actuellement la
précarisation de l'emploi empêche souvent les personnes qui en
sont victimes de pouvoir fuir une situation professionnelle
délétère. La loi distingue le harcèlement moral
du stress, ou de l'agression ponctuelle, ou bien encore de mauvaises conditions
de travail générales à l'entreprise.
B) Styles de management inadapté et
démuni ; l'humain est-il une simple ressource ? :
Le style de management est le plus souvent
spécifique à chaque organisation, occupant plusieurs
salariés au sein d'une structure. Nous allons distinguer et voir qu'il y
a des styles de management dépressogènes de façon
graduelle, début 2000 jusqu'à aujourd'hui.
Tout d'abord le management est bercé par la
culture de l'entreprise qui permet d'avoir un modèle de comportement, de
savoir-faire, de prise de risque et d'éducation pour les parties
prenantes au sein de l'organisation, c'est un système de fonctionnement
qui lui est propre. En matière de management nous avons deux
pôles.
Tableau 2 - Le management de l'entreprise ; L'essentiel
:
Pôles
managements
Management Stratégique (Corporate
Strategy)
Management opérationnel
Description essentiel
C'est l'ensemble des décisions pour mettre
en place les grandes orientations des entreprises concernant la gestion
à long terme.
|
Permet est celui du court terme, des
opérations courantes. Intègre la notion d'efficacité
(=aboutir à l'objectif donné) et d'efficience (=aboutir
à l'objectif donné avec moins de ressource)
|
17
* Sources : HESS Hervé, Professeur Management
et Gestion. Confère cours de BTS MUC, chapitre 4 ;
Le management des l'entreprises:
l'essentiel.
Les managements stratégique et
opérationnel n'en sont pas moins indissociables. La mise en oeuvre du
management stratégique est conditionnée par le management
opérationnel.
Les recherches de Rensis Likert concernant la relation
qui existe entre les types de leadership et la performance de l'entreprise
aboutissent à des conclusions similaires à celles de K. Lewin. II
degage quatre styles de direction;
18
Tableau 3 - Styles de management :
·
|
le style autoritaire
|
Ce type de direction correspond à une approche
taylorienne où les subordonnés ne sont que des exécutants.
Il repose sur un système de sanctions.
|
ou exploiteur
|
|
·
|
le style autoritaire
|
Ce style de gestion est assez proche du
précédent même si l'on peut considérer qu'il
existe des formes de confiance de type condescendante. Le contact et les
relations hiérarchiques sont directs, souvent francs et le
système de motivation et de récompense,
particulièrement arbitraire.
|
bienveillant ou
|
paternaliste
|
|
·
|
le style consultatif
|
Ce type de manager entretient des relations
étroites avec ses collaborateurs. Il cherche à créer un
climat fondé sur la confiance et l'échange même si le
système de délégation du pouvoir a certaines limites.
Le dirigeant prend ses décisions après avoir consulté
ses subordonnés ; la communication est à la fois ascendante et
descendante.
|
|
·
|
le style participatif
|
Il cherche à développer des relations de
confiance fortes avec ses collaborateurs. L'esprit d'équipe et les
dynamiques de groupe constituent de véritables objectifs
stratégiques internes à la structure et le nous remarquons
dans certaine activité, le manager va de son propre chef accompagner
et aider ses collaborateurs dans les tâches subalternes.
|
|
*Sources : HESS Hervé, Professeur Management
et Gestion. Confère cours de BTS MUC, chapitre 4 ; Le management des
entreprises: style de direction et processus de
décision.
Le style participatif aboutit à des
résultats bien meilleurs en termes de productivité.
Le but de ces analyses est de rechercher un type
«idéal » de management qui serait facteur de motivation pour
améliorer l'efficacité de l'homme au travail. Le modèle
taylorien, aujourd'hui profondément remis en cause correspond au
découpage du travail en tâches précises, prescrites et
répétitives. Les entreprises elles-mêmes
s'intéressaient alors d'abord aux résultats collectifs, puisque
seule comptait finalement l'augmentation de la production. Les 35 heures,
pourtant pensées et expliquées comme une mesure historique en
faveur du salarié et de sa qualité de vie, ont en
réalité conduit à une intensification et à une
densification du travail. Alors même que la productivité
horaire des Français est déjà parmi les plus
élevées au monde, les 35 heures ont mécaniquement
entraîné la disparition des pauses et des temps collectifs
d'échanges qui avaient pour mérite, non seulement de permettre au
salarié de récupérer, mais aussi de renforcer le tissu
social et de construire le « vivre ensemble
».18
19
18 Commission de
réflexion sur la souffrance au travail
Tableau 5 - Le style de management
Style
|
Par des dirigeants d'entreprises
|
Social
|
43
|
%
|
Managérial
|
40
|
%
|
Classique
|
4
|
%
|
Tableau 6 - Le style de
commandement
Style
|
Par des dirigeants d'entreprises
|
Démocratique Participatif Autoritaire Laisser-faire
|
46 % 24 % 2 % 1 %
|
(Enquête MMD Management)
21
(Enquête MMD Management)
D'après le MMD, structure
spécialisée dans le conseil en management, s'est penchée
sur le profil des managers en interrogeant 415 dirigeants d'entreprises
françaises, il en ressort que le facteur humain pèse tout aussi
lourdement sur le style de commandement, les approches «
démocratiques » et « participatives » s'imposant avec
respectivement 48 % et 24 %. Dans la logique démocratique, le dirigeant
d'entreprise sollicite l'opinion de ses collaborateurs et en tient compte. Dans
la logique participative, d'avantage opérationnel, tous les
salariés impliqués dans la mise en oeuvre d'une décision
sont au préalable consultés.19
19 Source MMD
22
Une hypothèse peut être exprimé,
en se demandant sur c'est dernier résultat en 2003, effectué
à ce jour ne correspond plus au management d'aujourd'hui ?
|
Parmi les adjectifs suivants, quels sont les deux qui
s'appliquent le mieux à votre dirigeant ?
|
|
|
Qualités / Défauts En %, deux
réponses possibles
|
Efficace
|
53
|
%
|
A l'écoute des salariés
|
45
|
%
|
Autoritaire
|
24
|
%
|
Charismatique
|
16
|
%
|
Mauvais gestionnaire
|
14
|
%
|
Malhonnête
|
9
|
%
|
Aucun de ces adjectifs
|
1
|
%
|
Ne se prononcent pas
|
2
|
%
|
Sondage : CSA/Le Parisien-Aujourd'hui en France, septembre
2005.
Effectivement l'enquête donne une
prédominance sur « l'efficacité » et « à
l'écoute des salariés » mais en un quart des personnes
interrogées jugent leur dirigeant autoritaire et 16 % le
considèrent charismatique. Moins flatteur, 14 % des sondés
qualifient leur patron de mauvais gestionnaire et 9 % vont jusqu'à
l'étiqueter de malhonnête. Par ailleurs, l'institut CSA a
demandé au panel d'employés si, sans pour autant changer
d'entreprise, ils aimeraient changer de patron. A cette question, 30 % ont
répondu par l'affirmative et 68 % par la négative. 2 % ne se sont
pas prononcés. L'enquête souligne une disparité dans les
réponses selon l'âge des personnes interrogées. En effet,
parmi les moins de 30 ans, ils sont 36 % à souhaiter changer de patron
(42 % chez les 25-
23
29 ans) quand ce chiffre tombe à 27 % chez les
plus de 50 ans. Au fil du temps le travail se fait aliénateur, des
changements nécessitent une attention plus soutenue dans
l'activité et une implication plus grande dans les rapports de travail.
De même, le décloisonnement et la coordination accrue entre les
différents services, la multiplication des réunions collectives,
l'attention plus grande portée aux exigences de l'usager ou du client...
font que les relations occupent une part importante de l'activité.
Ainsi, les salariés français ont une productivité horaire
moyenne supérieure à celles de nombreux autres pays mais cette
surproductivité horaire s'accompagne d'une mauvaise gestion du temps de
travail. En France, il est important de montrer qu'on est présent,
quitte à, pour certaines catégories comme les cadres, rester tard
le soir, voire montrer qu'on est débordé. Le «j'ai trop de
travail » est synonyme de « je suis indispensable
».20
En guise de conclusion, nous avons pu voir que le
management diffère de la culture d'entreprise, le secteur
d'activité, de la taille de sa structure principalement, il s'inscrit
dans les organisations modernes, il est demandé aux salariés de
jouer les rôles les plus pertinents au lieu d'occuper des postes. Cela
exige plus d'implication, d'autonomie, de réactivité. Les
managers tiennent alors une place nouvelle où ils doivent savoir faire
confiance à leurs collaborateurs, savoir les écouter mais
également les soutenir, décider etc. Or, dans ce contexte global,
les pays ne sont pas dans la même configuration :
> la France se singularise comme étant le
pays de l'exigence obsessionnelle, de la distance et d'une certaine
dureté des relations.
20 Commission de
réflexion sur la souffrance au travail
24
On y a le culte du professionnel mais dans une
insatisfaction permanente. D'où un besoin de reconnaissance individuelle
fort.21
C) L'automatisation ou technostress : La
technologie au travail facilite la vie ou infecte l'esprit ?
Un impact récent mais déjà
majeur. La naissance de l'informatisation de la société est une
révolution technologique récente qui fait suite à celle
des entreprises et du travail entamée dans les années 1970. Les
conséquences de l'arrivée des Technologies de l'Information et de
la Communication (TIC) dans le monde du travail sont donc encore difficiles
à évaluer de manière très concrète, ce
processus étant en perpétuelle évolution. En quelques 30
années sont apparus le micro-ordinateur, les logiciels, Internet, les
courriers électroniques, les réseaux et plateformes
d'échanges, autant d'avancées qui sont très certainement
à la source de changements plus importants encore de notre
manière de travailler que ceux que nous avions connus avant l'ère
numérique.22
Tout d'abord, comme c'est le cas pour notre cours par
exemple, le travail se voit facilité par ce monde virtuel. En effet, il
est maintenant possible pour deux personnes de travailler à distance,
sans jamais se rencontrer, mais simplement en échangeant par mails, par
téléphone, ou via des réseaux privés. Tout ceci
facilite grandement l'échange, mais également la rapidité
et l'efficience des tâches dans la mesure où tout peut se faire
plus vite. Il est également possible pour une personne, comme c'est
notre cas, de travailler de chez elle. Internet et les réseaux, nous
permettent d'avoir accès à toutes les informations
nécessaires pour notre travail, et ce depuis notre domicile.
21 BPI étude
management
22 Commission de
réflexion sur la souffrance au travail
Tableau 7 - Corrélation entre l'utilisation de
technologies et la qualité de vie au travail en Europe
Intensification Meilleures Davantage de Davantage
Davantage de troubles Meilleure
croissante du opportunités risques de
musculosquelettiques satisfaction
travail d'apprentissage ergonomiques symptômes
professionnelle
dans le travail de stress
|
Utilisation de
l'ordinateur
Utilisation de l'ordinateur et
de machines
++
++
- -
-
- -
++
Utilisation de machines sans ordinateur
Ni
ordinateur, ni machines
- -
- -
*
*
*
*
25
++ Corrélation forte et positive, - -
Corrélation forte et négative, + Corrélation faible et
positive, - Corrélation faible et négative, * Pas de
corrélation statiquement significative, fond
bleu claire : corrélation significative (forte
ou faible) après correction des biais liés au niveau
d'études, au genre.
*Source: d'après Joling C., Kraan K.,
Fondation de Dublin, 2008, pp. 39 et 44
26
Nous remarquons d'autres aspects, moins positifs, sont
à prendre en compte. En effet tous ces aspects ont principalement pour
conséquence d'annihiler complètement toutes les relations
humaines. Que ce soit dans le cadre d'un travail d'équipe, de la
négociation de contrats ou encore de simples relations de travail,
tous les contacts humains se voient supprimés de par cette distance
apportée par la technologie. Or, il ne faut pas oublier que les
hommes sont principalement faits pour vivre en société. Sur un
aspect moins métaphysique, le travail passe principalement par le
contact humain. C'est ainsi que de nouveaux projets voient le jour,
grâce au débat d'idées, c'est ainsi que certains
apprennent leur métier. Il apparaît donc ici que ce monde virtuel,
bien que plus rapide, soit également une menace pour le bon
déroulement du travail. Il y a une déformation des temps, les
nouvelles technologies renforcent la culture de l'urgence, elle-même
encouragée par les nouvelles organisations du travail. On passe alors de
l'urgence à l'instantanéité et à
l'immédiateté.23
Effectivement elles allègent la
pénibilité physique, elles accroissent la pression
psychique. Un second paradoxe est mis en avant par Vincent de Gaulejac (La
recherche malade du management) : celui de l'urgence. Plus on gagne de temps,
moins on en a. La course à l'urgence est une caractéristique
commune à toutes les entreprises hypermodernes. Le TTU (Très
Très Urgent) envahit le monde quotidien, et empêche de
travailler normalement, c'est-à-dire de prendre le temps de faire
correctement ce que l'on a à faire. On tente de mettre en place des
stratégies pour gagner du
temps. (Nouvelles technologies : internet, portable,
agenda électronique...)
23 Commission de
réflexion sur la souffrance au travail
27
Prenons un appui sur un exemple concret pouvant
illustrer ce sujet, avec l'arrivé des (NTIC) smartphones à usage
professionnel. Notamment avec le Blackberry, symbole de réussite sociale
! Les cols blancs en rêvent souvent, au point d'en négocier avec
leur DRH le modèle dernier cri. Ce que l'employeur vend souvent comme un
avantage en nature. Cependant quand on interroge les cadres plus avant, ils
répondent " Ah oui, c'est vrai, je travaille plus ". Les
résultats du baromètre CFE-CGC ne laissent aucun doute
là-dessus. Les NTIC, contribuent fortement au stress. D'ailleurs le
baromètre précédent pointait pour la première fois
le workaholisme des cadres aux outils numériques: 42 %
déclaraient ne pas pouvoir se déconnecter le soir, 36 % le
week-end ou 30 % durant leurs congés. Grâce au GPS, aux NTIC
on sait les localiser, on contrôle le temps passé chez le
client et on leur impose un mode opératoire dans
l'argumentaire " (nouvel esclavagisme pathogène) expose Bernard
Salengro. Un traçage qui pourrait se retourner contre son
auteur.24
En effet, l'usage des TIC est susceptible de modifier
le contenu du travail, les modes opératoires mais aussi et
peut-être surtout les relations et les interactions au travail.
Aujourd'hui, la majeure partie des métiers est entièrement
équipée de technologies de l'information et de la communication
(TIC). Pour le pire et pour le meilleur. Car si personne ne remet en cause les
avancées permises par l'ordinateur, le téléphone, Internet
au travail, beaucoup notent cependant qu'ils créent de nouvelles
tensions. Sur ce point particulier donc, l'aspect positif ou non de la
technologie dépendra de chacun et de son aptitude à s'isoler ou
pas.
24 SEVE Marie-Madeleine.
Baromètre CFE-CGC (L'express)
28
En clair statiquement sur la socioprofession : Chez
les enseignants, 9,14% sont en burn-out dès leur première
année d'exercice, selon une étude menée entre 2008 et 2011
par des chercheurs des universités de Bordeaux-2, Franche-Comté
et l'IUFM d'Aquitaine. Selon une autre enquête, publiée par le
Carrefour santé sociale en février 2012, c'est 14% de l'ensemble
du personnel de l'éducation nationale qui serait concerné. Chez
les médecins, 53% des médecins libéraux
d'île-de-France se déclarent menacés par le burn-out, selon
une évaluation de l'Union régionale des médecins
libéraux réalisée en 2007, et 30% des chirurgiens et
autres spécialistes de bloc s'en disent proches, selon une autre
enquête menée par l'association Asspro Scientifique.
En résumé concernant le
phénomène du burnout, il ferait suite à un schéma
de lutte face au stress, tandis que la dépression suivrait une logique
de conservation face à la pression. Contrairement au patient souffrant
de burn-out, le patient dépressif s'avouerait rapidement
vaincu.
29
5. Phénomène de la crise
économique et "déflation psychique":
A) Y a-t-il des risques psychiques lors
d'opérations de fusion-acquisition et la délocalisation pour le
travailleur ?
Depuis les années 1990, les grandes entreprises
se sont lancées dans un mouvement sans précédent de
restructuration, délocalisation et de fusion-acquisition leur permettant
d'augmenter leurs profits. Les propres fondateurs de ce mouvement, Hammer et
Champy, ont eux-mêmes admis que ce mouvement a négligé
le facteur humain.
En réalité, ce mouvement
général a progressivement brisé l'ancien "contrat
psychologique" reliant le salarié à l'entreprise. Cet
échange implicite a longtemps reposé sur un rapport de
réciprocité entre de la sécurité financière
(un salaire) et sociale (un rôle professionnel) d'un côté,
et une certaine loyauté ainsi qu'une haute productivité du
côté du salariés. Or dans un contexte de restructuration,
de fusion, et d'externalisation, l'entreprise n'est plus pourvoyeuse de
sécurité. Elle prétend offrir au mieux, une certaine
employabilité. Il y a passage d'une "protection
passive" à une "sécurité active"
où chacun doit maintenir ses compétences pour rester
désirable sur le marché de l'emploi. Pourtant, la
réalité des chiffres du chômage démontre les limites
de l'employabilité. Ce système loin de fonctionner en Europe, n'a
pu empêcher la montée du sentiment d'insécurité et
de déclassement, même pour les travailleurs les plus
qualifiés.25
Selon des sources en provenance des États-Unis,
ces opérations de fusion-acquisition ont augmenté de 33% en
janvier 2011 par rapport à un an
25 Grazier, B (2005). Vers un
nouveau modèle social, Champs Flammarion : Paris.
30
auparavant. Elles sont susceptibles de susciter chez
les salariés des inquiétudes et des frustrations qui peuvent
avoir un effet délétère sur leur santé mentale,
à court et long termes. Des études européennes ont
d'ailleurs montré que des opérations de réduction
d'effectifs et des privatisations pouvaient augmenter les arrêts maladie
et la mortalité cardiovasculaire. Par ailleurs, des études ont
montré, lors d'opérations de fusion-acquisition, l'apparition
de sentiments de peur, de symptômes anxieux et dépressifs
parmi les salariés. Mais pour les auteurs de l'étude, la
présence de tels symptômes ne représente pas un diagnostic
au sens du DSM (Diagnostic and Statistic Manual for Mental Disorders). Une
étude menée en Europe 26 a montré l'association
d'un risque augmenté de troubles mentaux avec des opérations de
fusion en utilisant des données d'hospitalisation et de prescription
(Hazard ratio de 1.6 avec intervalle de confiance à 95% compris entre
1.19 et 2.14). Mais l'association a pu être sous-estimée car tous
les individus ne font pas appel à un professionnel de santé pour
une prescription et seule une minorité est
hospitalisée.
Mais dans ce contexte que peut attendre le
salarié de son entreprise ? Sans doute qu'elle réponde à
son engagement par un environnement de travail de qualité lui permettant
de préserver équilibre de vie et bien être. Chacun le sait,
une carrière plus longue et complexe serra nécessaire pour les
générations actuelles. Dans un monde de précarité,
les talents d'aujourd'hui et de demain feront de plus en plus leurs choix de
carrière et les efforts que cela nécessite sur la capacité
de l'entreprise à leur apporter du bien être au travail. Il est
tout naturel de vouloir préserver un
26 Organisational merger and
psychiatric morbidity
31
maximum son capital santé pour continuer
à s'adapter aux contraintes professionnelles.27
B) Chômage/Plans sociaux y-a-t-il de quoi se
rendre malade ?
Dépression et travail sont parfois liés
mais chômage et dépression également.
Lorsque l'on perd son emploi on se sent rejeté
par la société. On a le sentiment d'être incapable de faire
les choses convenablement et souvent on se repli sur soi. Le fait de se sentir
inutile aux yeux des autres est délicat à gérer car dans
notre société on existe surtout par le regard que l'on porte sur
nous. L'image que l'on pense renvoyer est celle d'un « looser ».
Notre attitude change et l'on devient susceptible ou agressif ce qui nous rend
moins sociable au quotidien. C'est souvent à ce moment que la
dépression arrive car c'est un cercle vicieux. On se sent rejeté
mais on ne fait rien pour aller vers les autres.
De plus, il y a une incertitude concernant le futur
qui peut être douloureuse à gérer. On a tendance à
se poser beaucoup de question : vais-je pouvoir nourrir ma famille ? Comment
faire pour rembourser mon emprunt ? Pourrais-je un jour trouver du travail ?
C'est à partir de ce moment que la dépression suite à un
licenciement apparait.
Il faut savoir que les profils types de
dépression sont : les femmes, les personnes vivant seules,
particulièrement celles ayant connu une rupture affective et les
chômeurs présentent davantage de risques de dépression que
le reste de la population.
27 Mathieu POIROT - Le bien
être comme stratégie : nouveau rôle de
l'entreprise
Les réactions psychologiques au chômage
seraient différentes selon le sexe. Par exemple, Muller, Hicks et
Winocur (1993) trouvent que les chômeurs ont moins d'énergie, une
détresse, une tension et une fatigue plus fortes que les
chômeuses. Dans une étude longitudinale, Lahelmo (1992), mesurant
le bien-être psychologique à l'aide du G.H.Q., montre que les
hommes réagissent plus négativement à la perte d'emploi
que les femmes. Cependant, d'autres études produisent des
résultats inverses. Ainsi, les femmes au chômage auraient des
scores d'estime de soi significativement plus bas que les hommes (Warr et
Jackson, 1983). 28
L'analyse montre que les relations familiales et
sociales ainsi que l'insertion au travail diminuent les risques de
dépression. Le travail est stimulus important dans notre
société, mais nous avons vu ci-dessus, s'il est outrancier, il y
a aussi danger.
32
28 Martine ROQUES -
Chômage et santé psychologique : synthèse et
perspective.
33
III. Quelles sont les conséquences
générales de la dépression au travail ?
Suicides en lien
|
Démissions:
|
Accident
|
Arrêt de
|
Abus de
|
avec le travail :
|
|
du travail :
|
maladie répété :
|
médicament
|
|
|
|
d'alcool et de
|
stupéfiants:
|
|
En 2010, 10 334 décès par suicide
ont été enregistrés en France dont
la majorité concernait des hommes (74%). Le taux de
brut de décès par suicide diminué depuis vingt
ans.
*Source: INVS
|
Les salariés
sont en effet
isolés, harcelés, voire poussés
à
la démission, souvent dû au
harcèlement
dépressogène à 16% en
France,
*Source: Travail-
emploi.gouv.fr
|
Le malade
soit atteint
d'une
incapacité de
travail de
25% au moins
qu'il soit décédé suite à
son affection.
*Source:
Technologia.fr
(cabinet d'étude)
|
Les estimations
citées dans le
présent rapport, indiquent que ces
problèmes
représentent plus de 7% d'arrêt de
maladie répété.
*Source: Ameli.fr
|
L'addiction à ces
substances sont des
maladies chroniques
et hautement
récidivantes en dépit
des traitements,
notamment en cas d'association avec un
terrain anxieux ou
dépressif qui concerne 10% de la population
adulte.
*Source: Inserm
|
34
IV. Que peut-on faire comme actions de prévention
adaptée ?
Pour développer la santé et
l'efficacité, l'entreprise doit favoriser la qualité de vie au
travail
La santé psychologique est donc un formidable
levier de performance encore peu utilisé par les directions. Nous
faisons le pari que les entreprises ont encore besoin de clarifier les bonnes
pratiques dans ce domaine et qu'elles les implémenteront par
mimétisme. Le questionnement au coeur de l'ADN d'entreprise s'appuie
dès lors sur l'équilibre du coût psychologique avec
l'efficacité. Plus les pratiques organisationnelles et
managériales sont saines et plus les salariés pourront
s'épanouir et donner à l'entreprise. Ce travail
d'amélioration repose sur trois éléments
interdépendants : identifier les obstacles, changer les pratiques et
changer la culture.29
La problématique du suicide au travail offre un
nouvel angle d'approche de la RSE. Une véritable réflexion
scientifique s'est amorcée sur la prise en compte des conditions de
travail et des effets du stress.
6. C'est quoi la RSE ?
Perçu comme une approche économique du
bien-être, la notion de RSE, correspond à la Responsabilité
Sociétale des Entreprises, cette dernière vise à une
intégration volontaire des préoccupations sociales et
écologiques des entreprises en corrélation avec les parties
prenantes, interne et externe.
Dans une optique de RSE, la prise en compte de cette
nouvelle problématique semble incontournable. En effet ce nouvel axe
de
29 Matthieu POIROT - Le bien
être comme stratégie : nouveau rôle de
l'entreprise
35
responsabilisation oblige à reconnaitre les
nombreux rapports que les entreprises entretiennent avec la «
société civile ». Dès lors, il s'agit de s'interroger
sur les mécanismes de légitimation qui permettent aux entreprises
« de poursuivre leurs activités sans risquer de subir menaces et
opprobres » (Capron & Quairel, 2006 p.4). En outre, si l'entreprise se
targue d'une « gestion de l'éthique organisationnelle »,
celle-ci « passe par une attention particulière quant aux
salariés » (Mullenbach, 2002, p.6). Par conséquence, cette
attention concerne leurs actes, comme le suicide.30
7. ISR : de quoi s'agit-il ?
L'investissement socialement responsable (ISR),
c'est-à-dire la gestion de fonds qui intègre des critères
de nature sociale et environnementale aux critères de nature sociale et
environnementale aux critères financiers classiques, se développe
rapidement ces dernières années. Les fonds institutionnels, comme
le fonds de réserve pour les retraites.31
> Deux tiers des sociétés de 50
salariés ou plus connaissent la notion de RSE.
64 % des sociétés de 50 salariés
ou plus ont entendu parler de la responsabilité sociétale des
entreprises (RSE), contribution des entreprises aux enjeux du
développement durable (GRAPHIQUE 1). 52 % sont plus
particulièrement impliquées dans cette démarche : non
seulement elles en ont entendu parler, mais elles ont aussi le sentiment de
mener des actions dans cette perspective.
30 IDRAC Lyon - Le suicide au
travail : une nouvelle responsabilité pour l'entreprise ?
31 La responsabilité
sociétale des entreprises (RSE)
36
Graphique 1 - Les trois domaines de la
responsabilité sociétale des entreprises
*Source : Insee, enquête sur les entreprises et
le développement durable 2011.
> Un concept moins connu dans le commerce que dans
l'énergie et l'environnement
Les sociétés sont plus souvent
impliquées en matière de RSE lorsqu'elles sont de taille plus
importante. Ainsi, 84 % des unités employant 500 salariés ou plus
ont le sentiment de mener des actions en ce sens, alors qu'elles ne sont que 47
% parmi les unités de 50 à 249 salariés (graphique
2). Le moindre engagement de ces dernières va de pair avec une
moindre information : 40 % d'entre elles n'ont pas entendu parler de la RSE
contre 9 % des unités de 500 salariés ou plus.
Même à taille comparable, le commerce et
l'industrie manufacturière hors agroalimentaire sont les secteurs les
moins impliqués en matière de RSE : la notion même y est
souvent inconnue et très peu de sociétés engagent des
actions. À l'opposé, l'implication est forte dans les secteurs de
l'énergie et de l'environnement (encadré 1) et dans
l'industrie
37
agroalimentaire, domaines où les questions de
développement durable en général et d'environnement en
particulier sont logiquement très présentes.
Graphique 2 - Les trois domaines de la
responsabilité sociétale des entreprises
*Source : Insee, enquête sur les entreprises et
le développement durable 2011.
Les sociétés qui n'ont jamais entendu
parler de la RSE (36 %) et celles qui, bien qu'informées, estiment ne
pas mener d'actions en ce sens (12 %), ont des comportements similaires, qui
illustrent de fait leur non-implication. Ceci n'empêche pas qu'elles
mettent parfois en Suvre certaines actions relevant de la RSE.
Le développement de la RSE et de l'ISR rend
nécessaire d'améliorer l'information non financière. Cela
aussi consiste à agir sur
38
l'environnement immédiat de la personne.
C'est-à-dire la luminosité, l'aménagement de l'espace
(surfaces décentes par poste de travail), ou encore la maîtrise du
bruit sont autant d'éléments que l'entreprise peut modifier en
jouant sur l'environnement immédiat de la personne, ce que l'on appelle
communément « les 5 mètres », et en desserrant autant
que faire se peut les contraintes liées aux nouvelles organisations du
travail sur le corps (travail à flux tendu, disparition des temps dit
« morts », perte des pauses cognitives et physiologiques
contreproductives à court terme, perte des temps de
célébration du lien social avec comme corollaire la solitude).
Une autre piste importante est le développement des services aux
salariés. Les conciergeries et les crèches d'entreprise ou les
employées assistance programs aident les salariés dans la gestion
quotidienne de leurs contraintes personnelles. Réfléchir à
l'interpénétration des temps personnels/professionnels.
Au-delà d'idées concrètes à mettre en oeuvre
(respect des plannings des réunions et des horaires de fermeture des
sites), l'idée du « droit à la déconnexion »
mériterait être étudiée : les salariés
disposeraient ainsi d'une sorte de droit de retrait quotidien (le soir) et
hebdomadaire (le week-end) qui permettrait d'opposer aux sollicitations
potentiellement permanentes liées au travail un droit au respect
delà vie privée.32
De plus, L'article 116 de la loi sur les nouvelles
régulations économiques (NRE) demande aux entreprises
françaises cotées sur le marché français d'inclure
dans leur rapport annuel une formalisation des impacts sociaux et
environnementaux de leurs activités.
32 Commission de
réflexion sur la souffrance au travail
8. 39
Rétablir le dialogue dans le monde du
travail:
D) A) Une priorité : réhumaniser le
monde du travail & valoriser le collectif!
Faire confiance à la personne et la respecter
dans son identité professionnelle Faire confiance à la personne,
c'est la considérer dans son évolution et non au travers du poste
qu'elle occupe à un temps T, en encourageant la promotion interne pour
mieux valoriser les « mémoires vives » de l'entreprise et
construire une relation de confiance dans la durée entre l'entreprise et
ses salariés. Faire confiance à la personne, c'est aussi parier
sur l'intelligence collective en sollicitant autant que possible l'intelligence
des salariés : également citoyens, clients, consommateurs ils
peuvent apporter beaucoup en matière de formation (nous avons tous
quelque chose à transmettre), d'échange de bonnes pratiques, ou
d'idées.
9. Donner au CHSCT un rôle
stratégique & jouer sur la formation (DIF):
Renforcer la légitimité du CHSCT. Les
membres du Comité d'hygiène, de sécurité et des
conditions de travail pourraient être élus directement par les
salariés, ce qui renforcerait leur reconnaissance dans l'entreprise et
leur implication. Dans le même temps, il nous semble important d'obtenir
des dirigeants une présidence effective des CHSCT plus
régulière. Lui donner de nouveaux moyens d'action. La formation
des membres du CHST, la plupart du temps insuffisante, doit devenir une
priorité pour encourager l'efficacité des actions.
Par ailleurs, les CHSCT doivent disposer d'une
capacité à agir concrètement, via des vrais budgets
propres. Ces évolutions du CHSCT réclament des ajustements de la
législation, dont devra se saisir sans tarder
le Parlement, après consultation des
partenaires sociaux. Il nous semble en particulier opportun d'encourager les
salariés à utiliser leur droit individuel à la formation
(DIF) sur les TIC, en obligeant chaque entreprise à utiliser 15 à
20% des fonds en faveur du développement de l'usage et de la
maîtrise des outils numériques pour toutes les catégories
et particulièrement les managers. D'un point de vue organisationnel,
cela suppose d'associer plans de formation et DIF et d'identifier les besoins
de l'entreprise et du salarié en matière de nouvelles
technologies.33
10. S'appuyer sur la
pluridisciplinarité:
Chaque service regrouperait plusieurs équipes
complètes composées de médecins du travail,
médecins spécialistes, médecins inspecteurs, psychologues
du travail, infirmières, ergonomes, juristes, assistantes
sociales...Cette pluridisciplinarité permettrait d'encourager les
échanges entre les différents professionnels. A noter à ce
sujet, aujourd'hui, que des difficultés existent concernant
l'échange entre le médecin de ville et le médecin du
travail, notamment à propos du dossier médical informatisé
du patient. Le coordonnateur de ces équipes pourrait être soit le
médecin du travail, soit un autre professionnel en fonction de la
profession et du secteur concernés. Une réelle relation
triangulaire doit s'instaurer : salarié, médecin traitant,
médecin du travail.
40
33 Commission de
réflexion sur la souffrance au travail
41
11. Le médecin du travail : Quel est son
rôle ?
Le médecin du travail a un rôle
préventif. Son action s'appuie sur les examens médicaux et sur la
connaissance des conditions de travail des salariés. Il intervient
également comme conseiller du chef d'entreprise et des salariés
pour toutes les questions relatives à l'hygiène, la santé
et la sécurité des travailleurs. Trop souvent le salarié
hésite à contacter de lui même son médecin du
travail, par rapport au mal être et aux conditions du travail alors que
s'est son plein droit. Le plus souvent le médecin du travail est
contacté par le médecin généraliste
référent.
Les médecins du travail sont actuellement
formés à la psychopathologie du travail dans le but d'être
plus efficace et d'intervenir en première ligne par rapport au mal
être lié aux conditions du travail. Il est souvent aidé
dans les grandes entreprises par un psychologue du travail. En cas de conflit
insoluble le médecin travail peut déclarer inapte à son
poste et peut demander un reclassement.
Malgré le dévouement de certains
médecins du travail, les échecs sont encore nombreux.
42
V. Thérapeutique: Quels sont les traitements de
la dépression et de l'épuisement professionnel ?
Les deux traitements principaux sont psychologiques ou
pharmacologiques. Peu importe la cause, les deux formes de traitements peuvent
être bénéfiques. Parfois, la combinaison des deux
traitements est plus efficace, mais commençons par la
psychologie.
« Les fleurs avant le pain » (*Source : les
petits frères) 12. Traitement psychologique:
- Les thérapies interpersonnelles, sont
des thérapies contre la dépression, qui existent beaucoup aux
États-Unis, sont encore assez peu répandues en France. Elles sont
basées sur la résolution des problèmes relationnels qui
sont la cause de la dépression. Notamment, elles vont s'attaquer aux
problèmes de couple ou aux difficultés professionnelles, à
l'aide de jeux de rôles, de conseils de communication,
etc. il s'agit en
quelque sorte de "mini-psychanalyses" focalisées sur une situation
donnée. Elles seraient efficaces pour les dépressions
d'intensité modérée.*
- La psychanalyse est une approche longue, qui
n'a pas a priori pour vocation de traiter une dépression en phase
aiguë. En revanche, elle peut être une aide utile lorsque la
personne est sur la voie de la guérison : elle va alors permettre
d'apporter un soutien a celle-ci, et l'aider à changer durablement de
comportement, à être moins "dépendant affectif" par
exemple. En clair, l'idée est de changer et d'aller de l'avant en
comprenant les causes. Certaines pratiques dérivées de la
psychanalyse, mais plus brèves, peuvent également être un
soutien face à la dépression : la psychothérapie
psychodynamique notamment, dont le but est de prendre conscience des causes de
l'état de dépression. En général, les
psychothérapies sont donc une aide
précieuse, non seulement pour la guérison de la
dépression, mais pour éviter les récidives de
dépression. Et ce travail sur soit peu également avoir d'autres
bénéfices en matière de développement personnel et
finalement permette de sortir grandi de cette épreuve qui est la
dépression.
- La thérapie cognitivo-comportementale,
vise à changer la façon dont nous interagissons avec le monde
soit en nous enseignant de nouvelles habiletés ou en examinant et en
changeant les attitudes qui affectent comment nous réagissons et
interprétons les évènements autour de nous. Elle peut nous
aider à déterminer nos limites. Elle peut nous enseigner à
questionner nos standards, nos attributions et nos biais. Elle peut nous aider
à développer un meilleur sens des priorités et à
trouver une balance entre notre vie professionnelle et
personnelle.34
Par quel mécanisme ? Les émotions
négatives resserrent notre champ d'attention, puisque leur fonction
évolutive consiste à nous focaliser sur les problèmes pour
nous aider à les surmonter. A l'inverse, les émotions positives
ont pour fonction dévolutive de nous aider à trouver des
ressources, en théorie, la psychologie positive se concentre plus sur le
développement de nos qualités et de notre bien-être, mais
elle ouvre aussi beaucoup les yeux sur le rapport entre bonheur et malheur,
étroitement liés. "Le bonheur n'est pas le but, mais le moyen de
la vie", disait Paul Claudel. On ne vit pas pour être heureux; en
revanche, on vit grâce au bonheur.
43
34 Institut universitaire en
santé mentale Douglas
44
Pour des dépressions légères
à modérées, le traitement psychologique appelé TCC,
est généralement considéré comme étant le
meilleur choix. Si la réponse n'est pas adéquate, la
médication peut être ajoutée.
13. Traitement pharmacologique:
Pour les dépressions modérées
à sévères, une combinaison d'antidépresseurs et de
TCC est généralement recommandée dès le
début. En réalité, des facteurs additionnels comme
l'attitude face à la médication, ou la disponibilité et
l'accessibilité aux services psychologiques, jouent souvent un
rôle déterminant pour le choix des traitements.
Les antidépresseurs agissent sur la chimie du
cerveau. La plupart des gens se sentent moins importunés par les
évènements lorsqu'ils prennent des médicaments et arrivent
donc à mieux gérer les situations.
L'objectif du traitement par médicaments
antidépresseurs est la réduction significative des
symptômes dépressifs et de leurs conséquences dans la vie
quotidienne. Il faut généralement attendre quelques semaines
(généralement 3 ou 4, parfois un peu plus) avant de ressentir une
amélioration des symptômes de la dépression. Le traitement
d'un épisode dépressif comporte deux phases :
· la phase aigüe, dont l'objectif est la
disparition des symptômes, dure de 6 à 12 semaines ;
· la phase de consolidation, dont l'objectif est
de stabiliser l'amélioration des symptômes, dure entre 4 et 6
mois. L'arrêt du traitement pendant cette période critique fait
courir un risque très élevé de réapparition des
symptômes. L'arrêt du traitement doit toujours être
progressif et préparé avec le médecin. Il se
déroule habituellement sur quelques semaines.
45
Comme tout médicament, les médicaments
antidépresseurs peuvent avoir des effets indésirables. Selon les
types de médicaments, ces effets indésirables peuvent être
par exemple : la somnolence (ou au contraire l'excitation), la constipation, la
prise ou la perte de poids, la sécheresse de la bouche, les baisses de
tension, les difficultés sexuelles,..35. Dans tous les
traitements médicamenteux, il faut suivre attentivement le patient
pendant 2 semaines: risque suicidaire important.
Tableau 8 - Classification des
antidépresseurs
Cible pharmacologique
|
Classe thérapeutique
|
Action sur
|
Exemple
|
Monoamine oxydases (MAO)
|
- Inhibiteurs des
monoamines oxydases
|
- Monoamine oxydase
(MOA)
|
- Iproniazide
(Marsilid*)
- Moclobémide (Moclamine*)
|
Pompes de recapture
|
- Antidépresseurs
tricycliques
(Imipraminiques et apparentés)
|
- Pompes de
recaptures et 5-HT (affinité pour R-D, His, Ch,
NA)
|
- Imipramine
(Tofranil*)
- Amoxapine (Depanyl*)
|
|
- Pompes de
recaptures de la sérotonine
|
- Fluoxétine (Prozac*)
- Paroxetine (Deroxat*)
|
|
- Pompes de
recaptures de la sérotonine et de la
NA
|
- Duloxetine
(Cymbalta*)
- Milnacipran (Ixel*)
|
Récepteurs présynaptiques
|
- Les antidépresseurs
non-conventionnels
|
- Inhibition des
récepteurs
alpha2- adrénergiques
|
- Miansérine
(Athymil*)
|
|
*Source : MAILLARD Ludovic. Les
antidépresseurs 2014.
35
Sante.gouv.fr
46
14. Management thérapeutique:
D'après Mc Gregor, pour augmenter son point de
vue propose deux théories de l'organisation qu'un directeur
d'équipe doit analyser sur son personnel; la théorie X et la
Théorie Y.
· Dans la théorie X, Elle est
fondée sur la satisfaction des besoins primaires. L'homme est rationnel
et a une aversion pour le travail. La motivation est assurée par un
système de sanctions et récompenses.
· Dans la théorie Y, l'homme peut avoir
un intérêt personnel au travail. L'organisation doit pouvoir lui
permettre de développer ses capacités d'initiatives, d'autonomie
et de responsabilité. La direction par objectif est un bon moyen
de motiver l'individu. (ex: Salaire fixe + primes,
délégation, Perceptive d'évolution...)
Poursuivons l'idée de Mc Gregor avec les
travaux de Peter Druker, il est à l'origine de la plupart des
théories modernes du management qu'il expose dans son ouvrage «
The practice of Management ». Un des principes important est
celui de la direction par objectif. Pour lui, la responsabilisation des
salariés est un des facteurs essentiels de la réussite de
l'entreprise. Le manager selon Druker poursuis trois buts : - La fixation des
objectifs (DPO), - Le développement de l'épanouissement du
travail individuelle par objectif, - De valoriser les ressources afin de rendre
l'entreprise performante. On ajoute l'ouvrage d'Octave Gélinier, selon
lui l'avantage concurrentiel réside d'abord dans la motivation des
hommes, qui définit la DPPO comme "le style de management qui organise
méthodiquement chez chaque membre du personnel une forte motivation
fondée moins sur la contrainte que sur l'identification entre les
besoins de développement de chacun et les objectifs professionnels que
l'entreprise lui propose".
47
A) Outils de management:
Voici quelques exemples d'outils pouvant aider le
travailleur. Tableau 9 -- Outils de gestion des tâches
QQOQCP:
|
Nomenclature: Urgent/Important:
|
|
|
· Quoi: Quels sont les éléments du
problème ?
· Qui: Qui est concerné ou impliqué
?
· Où: Dans quel lieu ?
· Quand: A quel moment ?
· Comment: Avec quel procédé
?
|
Consiste à classifier ses tâches, de les
traiter par ordre de priorité d'action, permettant d'éviter le
surmenage et améliore la performance professionnelle.
|
|
U.i.
|
u.I.
|
I.u.
|
U.I.
|
Légende: Urgent/Important
|
|
*Source : TEGA Collince Samuel. Technicien Management
2014.
48
VI. Législation : La loi nous protège
comment et contre quoi ? La France se caractérise par un taux
élevé de femmes au travail.
En 2003, 80% des femmes âgées de 25
à 54 ans étaient actives. En même temps, la
fécondité s'est élevée à 1,9 enfant par
femme cette même année. Cette augmentation s'observe bien que
l'âge de la grossesse soit de plus en plus élevé.
Protéger une femme enceinte au travail c'est aussi protéger une
tierce personne qui est l'enfant qui va naître. L'employeur a obligation
de protéger la santé des salariés, mais en dehors des
textes concernant les risques chimiques ou les rayonnements ionisants, la
réglementation n'exprime pas clairement que ces obligations ont pour
objectifs de protéger aussi l'enfant. Si une femme enceinte vit une
situation de stress, on sait qu'il y a un risque d'accouchement avant terme et
d'hypotrophie pour son bébé, et des questions se posent encore
concernant la vulnérabilité à certaines maladies chez
l'adulte, (hyper tension artérielle, diabète, troubles cardiaques
ischémiques, troubles affectifs). Enfin il semble que le
développement du jeune enfant (intelligence, langage) puisse être
altéré. La possibilité de réduire le congé
avant l'accouchement de 3 semaines devrait pouvoir être donnée
qu'avec l'accord du médecin du travail.36
Une Charte à adopter par tous types
d'entreprise - Elle fait force de loi
- Tout comme il existe des chartes d'éthique,
de développement durable, de l'environnement, de la diversité,
etc., nous proposons une charte des bonnes relations humaines sur laquelle
pourrait s'engager toute organisation où entrent en jeu des relations de
travail : entreprises privées et publiques, administrations et
collectivités publiques, associations, ...
36 Madame Marielle DUMORTIER
- Commission de réflexion sur la souffrance au travail
49
- Cette charte est un code de bonne conduite, un
ensemble d'attitudes et d'objectifs profonds non quantifiables vers lesquels
ses signataires s'engagent à tendre.37
Et nous avons vu antérieurement le DIF (Droit
Individuel à la Formation) pour les salariés et leurs
obligations, que l'article 116 de la loi, demande aux entreprises
françaises cotées sur le marché français d'inclure
dans leur rapport annuel une formalisation des impacts sociaux et
environnementaux de leurs activités (RSE).
37 Initiative de la
société civile et avec le soutien du Ministère du travail
- Commission de réflexion sur la souffrance au travail
50
VII. Conclusion:
L'exposé de ce mémoire a mis en
évidence grâce à l'interpellation médiatique,
effectivement le travail à la base est une source d'échange,
culte de la performance...est devenu pathogène. Le travail
dépressogène est aujourd'hui dénoncée, elle n'est
plus un déni. De plus, nous avons clairement identifié les
facteurs et les effets destructeurs qui lui incombent. Ce qui est important
c'est les rapports doivent maintenant laisser place à l'action. Nous
sommes donc tous concernés par cette triste réalité aux
conséquences désastreuses pour les individus. D'une, le travail
peut être un facteur de risque pour le déclenchement d'une
dépression. Le travail lui-même ne rend pas dépressif mais
il semble que certaines personnes sont plus vulnérables à
développer une dépression suite à des difficultés
d'adaptation au travail, aux personnalités perfectionnistes
surengagés, n'arrivent pas à dire non à la surcharge
professionnelle... Il faut dire qu'on vit dans un monde qui demande «
encore plus, encore plus, encore plus » mais demandé encore plus
est avéré totalement improductif (pas le choix car on est tenu
par les actionnaires), on parle de présentéisme au travail (le
travailleur est sur son lieu de travail mais il
n'est pas productif). Les entreprises qui auront le
plus de chances de réussir à l'avenir seront celles qui aideront
leurs travailleurs à faire face au burnout avec un management
participatif et qui réaménageront soigneusement le milieu de
travail (il s'agit de RSE).
Il faut instaurer un dialogue entre les patients et
les professionnels. (Auteur : Elton MAYO « Considérer le
travailleur comme un être social, pour avoir le meilleur de
lui-même »).
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