AVERTISSEMENT
L'Institut des Relations Internationales du Cameroun
(IRIC) n'entend donner aucune approbation, ni improbation aux opinions
émises dans ce mémoire. Celles-ci doivent être
considérées comme étant propres à l'auteur.
II
SOMMAIRE
INTRODUCTION GENERALE 1
PREMIERE PARTIE : 17
CADRE CONCEPTUEL ET STRATEGIES DE REDUCTION DE LA FRACTURE
NUMERIQUE EN AFRIQUE CENTRALE 17
CHAPITRE 1 : CADRE CONCEPTUEL ET ENJEUX DE REDUCTION DE
LA
FRACTURE NUMERIQUE EN AFRIQUE CENTRALE 19
SECTION I : DEFINITION DES NOTIONS FONDAMENTALES 19
SECTION II : ENJEUX DE LA REDUCTION DE LA FRACTURE NUMERIQUE
EN AFRIQUE
CENTRALE 33
CHAPITRE 2 : STRATEGIES DE REDUCTION DE LA FRACTURE
NUMERIQUE EN
AFRIQUE CENTRALE 42
SECTION I : STRATEGIES AU NIVEAU SOUS-REGIONAL 42
SECTION II : STRATEGIES AU NIVEAU DU CAMEROUN 48
DEUXIEME PARTIE : 65
EVALUATION DU PROCESSUS DE REDUCTION DE LA FRACTURE
NUMERIQUE
EN AFRIQUE CENTRALE 65
CHAPITRE 3 : ANALYSE DU PROCESSUS DE REDUCTION DE LA
FRACTURE
NUMERIQUE EN AFRIQUE CENTRALE 67
SECTION I : AU NIVEAU DE L'AFRIQUE CENTRALE 67
SECTION II : AU NIVEAU DU CAMEROUN 72
CHAPITRE 4 : PERSPECTIVES POUR UNE MEILLEURE REDUCTION DE
LA
FRACTURE NUMERIQUE 88
SECTION I : REAJUSTEMENTS AU NIVEAU SOUS-REGIONAL 88
SECTION II : REAJUSTEMENTS AU NIVEAU NATIONAL 94
CONCLUSION GENERALE 104
BIBLIOGRAPHIE 109
ANNEXES 117
TABLE DES MATIERES 118
DEDICACE
III
A mes parents,
A mes frères et soeurs,
Puissiez-vous trouver en l'aboutissement de cette entreprise
heuristique, la récompense à tous les efforts que vous ne cessez
de consentir pour mon ascension sociale.
iv
REMERCIEMENTS
La réalisation de ce travail est le fruit d'une
conjugaison d'efforts. Ainsi je profite de cette opportunité pour
exprimer ma profonde gratitude à tous ceux qui, de près ou de
loin, ont contribué à l'aboutissement de cette oeuvre.
· J'adresse mes sincères remerciements et ma
profonde gratitude à mon superviseur, le Professeur Laurent ZANG, chef
de département de diplomatie, pour avoir accepté de superviser la
rédaction de ce travail.
· Je remercie particulièrement mon directeur, le
Dr Marthe Aurellie NGONO ZINTCHEM qui malgré ses occupations, à
consacré une bonne partie de son temps pour nous initier à cet
exercice laborieux qu'est la recherche.
· Mes remerciements vont également à
l'endroit des enseignants, du personnel administratif ainsi que du personnel
d'appui de l'Institut des Relations Internationales du Cameroun (IRIC) qui ont
largement contribué à ma formation.
· Je remercie le Professeur Yves EMVUDU et le Docteur
Gaétan Mamert BILOA NTONGA pour leurs précieux conseils dans la
recherche et pour leur grand apport en matière de documentation.
· Merci à Messieurs NOA MVOGO ancien cadre
à CAMTEL et au MINPOSTEL, Pierre SONFACK et Landry KAMDOUM YERIMA de
l'UCP-CAB, NDONGO de l'ANTIC et Clotaire OSSENDE du MINPOSTEL pour les avis et
les importantes informations fournies.
· Je tiens aussi à exprimer ma gratitude à
tous mes camarades de promotion, particulièrement Armel Simon ASSOUMOU
ONDO, Lionel Josselyn NJO NGIME, Yvan Brice NDOM et Constantin Glory OYONO qui
ont participé à la réalisation de ce travail à
travers leurs avis et suggestions.
LISTE DES SIGLES ET ABBREVIATIONS
·
V
2G : Deuxième Génération
· 3G : Troisième Génération
· ADSL : Asymetric Digital Subscriber Line
· AER: Agence d'Electrification des zones Rurales
· AISI: African Initiative for Society Information
· ANAIS - AC : Advisory Network for African Information
Society- Afrique Centrale
· ANTIC : Agence Nationale des Technologies de
l'Information et de la Communication
· ART : Agence de Régulation des
Télécommunications
· ARTAC : Association des Régulateurs de
Télécommunications d'Afrique Centrale
· BDT : Bureau de Développement des
Télécommunications
· BM : Banque Mondiale
· CAMTEL : Cameroon Telecommunications
· CDMA : Code Division Multiple Accees
· CEA : Commission Economique pour l'Afrique
· CEDEAO : Communauté Economique Des Etats d'Afrique
de l'Ouest
· CEEAC : Communauté Economique des Etats d'Afrique
Centrale
· CEMAC : Communauté Economique et Monétaire
d'Afrique Centrale
· CENADI : Centre National de Développement de
l'Informatique
· Cf. Confère
· COPTAC : Conférence des Postes et des
Télécommunications d'Afrique Centrale
· CRM : Centre de Ressources Multimédia
· CSC : Comité Spécial Consultatif
· DCIT : Direction Centrale de l'Informatique et de la
Téléinformatique
· DGSN : Délégation Générale de
la Sureté Nationale
· DIT : Direction de l'Informatique et de la
Téléinformatique
· DSCE : Document de Stratégie pour la Croissance et
l'Emploi
· ELECAM : Elections Cameroon
· ENSP : Ecole Nationale Supérieure Polytechnique
· ENSPT : Ecole Nationale Supérieure des Postes et
des Télécommunications
·
vi
FAI : Fournisseur d'Accès Internet
· FMI : Fonds Monétaire Internationale
· FSE : Fonds spécial des activités de
Sécurité Electronique
· FSN : Fonds de Solidarité Numérique
· FST : Fonds Spécial des
Télécommunications
· GSM : Global System for Mobile communications
· IAI : Institut Africain d'Informatique
· IBI : Intergovernmental Bureau for Informatics
· IDE : Investissement Direct Etranger
· IDH : Indice de Développement Humain
· IDI : Indice de Développement des Technologies de
l'Information et de la Communication
· IDIA : Indicateur du Développement d'Internet en
Afrique
· IGAD : Inter Governmental Authority for Development
· infra : ci-après
· INTIF : Institut francophone des Nouvelles Technologies
de l'Information et de la Formation
· IRIC : Institut des Relations Internationales du
Cameroun
· MINCOM : Ministère de la Communication
· MINFOPRA : Ministère de la Fonction Publique et de
la Réforme Administrative
· MINPOSTEL : Ministère des Postes et des
Télécommunications
· MTN : Mobile Telecommunications Network
· NEPAD : New Partnership for African Development
· NTIC: Nouvelles Technologies de l'Information et de la
Communication
· OCDE : Organisation pour la Coopération et le
Développement Economique
· OIF : Organisation Internationale de la Francophonie
· OMC : Organisation Mondiale du Commerce
· OMD: Objectifs du Millénaire pour le
Développement
· ONG : Organisme Non Gouvernemental
· ONU : Organisation des Nations Unies
· p. Page
· PAJE : Point d'Accès Jeunesse
·
VII
PAL: Plan d'Action de Lagos
· PAN : Point d'Accès Numérique
· PD : Pays Développés
· PDSE : Programme de Développement du Secteur de
l'Electricité
· PIB : Produit Intérieur Brut
· PMA : Pays les Moins Avancés
· PMI : Petite et Moyenne Industrie
· PNUD : Programme des Nations Unies pour le
Développement
· PVD : Pays en Voie de Développement
· RASCOM : Regional African Satellite Communications
· RCA: République Centrafricaine
· RDC: République Démocratique du Congo
· RI : Relations Internationales
· SADC: South African Development Community
· SAT 3 : South Atlantic 3
· SESI : Sénégalaise de Saisie
Informatique
· SIGIPES : Système Informatique de Gestion
Intégrée du Personnel et de la Solde
· SMIC : Salaire Minimum Interprofessionnel de
Croissance
· SMSI : Sommet Mondial sur la Société de
l'Information
· supra : ci-dessus
· TCIL : Telecommunications Consultants India Limited
· TCP : Télécentre Communautaire
Polyvalent
· TI : Technologies de l'Information
· TIC : Technologies de l'Information et de la
Communication
· UA : Union Africaine
· UAT : Union Africaine des
Télécommunications
· UCP-CAB : Unité de Coordination du Projet
Central African Backbone
· UIT : Union Internationale des
Télécommunications
· UMA: Union du Maghreb Arabe
· UMTS : Universal Mobile Telecommunications System
· UNESCO : Organisation des Nations Unies pour Education
la Science et la Culture
· UPAP : Union Panafricaine des Postes
·
VIII
UPS: Unité de Politique et Stratégie
· UPU : Union Postale Universelle
· VSAT : Very Small Aperture Terminal
· WASC : West Africa Submarine Cable
LISTE DES GRAPHIQUES, FIGURES ET TABLEAUX
I-
ix
Graphiques
- Graphique 1: Nombre de lignes téléphoniques
fixes pour 100 habitants 23
- Graphique 2 : Nombre d'abonnements au cellulaire mobile dans
le monde et en
fonction du niveau de développement, 2001 - 2011 24
- Graphique 3 : Nombre de ménages équipés
d'un téléviseur, d'un ordinateur et ayant
accès à la technologie internet, en fonction du
niveau de développement 25
- Graphique 4 : Evolution de la télédensité
mobile en Afrique Centrale de 2001 à
2011 ..68
- Graphique 5 : Evolution de la télédensité
fixe en Afrique Centrale de 2001 à 2003...69
- Graphique 6 : Evolution du nombre d'utilisateurs Internet pour
100 habitants en
Afrique Centrale de 2001 à 2011 .72
II- Figures
- Figure 1 : Configuration finale du réseau CAB ...47
- Figure 2 : Accès de l'Afrique aux autoroutes mondiales
de l'information par câble
sous-marin à fibre optique 71
III- Tableaux
- Tableau 1 : Indice de développement des TIC (IDI), 2011
et 2012 .27
- Tableau 2 : Différence entre la 3G et la 2G 57
- Tableau 3 : Capacités d'accès Internet aux
backbones internationaux exploitées par
CAMTEL .75
- Tableau 4 : Evolution de la télédensité
fixe au Cameroun de 1999-2013 76
- Tableau 5 : Evolution du nombre d'utilisateurs internet pour
100 personnes .77
- Tableau 6 : Evolution du pourcentage de ménages ayant un
téléviseur au Cameroun de
2002-2009 78
- Tableau 7 : Evolution du pourcentage de ménages ayant
une connexion internet haut-
débit au Cameroun de 2002-2009 sur un échantillon
de 100 personnes . 78
- Tableau 8 : Evolution de l'IDI de l'UIT au Cameroun et dans
certains pays de la sous-
région de 2007-2012 79
- Tableau 9 : Evolution de la télédensité
mobile au Cameroun de 1999-2013 80
- Tableau 10 : Nombre de femmes formées par
catégories dans le cadre de l'opération
100.000 femmes horizon 2012 .83
X
RESUME
Depuis plusieurs années, les Technologies de
l'Information et de la Communication (TIC) sont au coeur des multiples
transformations politiques, économiques et socioculturelles qu'on
observe dans la société internationale. Dans les pays
développés, les TIC ont largement contribué à la
prospérité économique de ces nations ces dernières
années. En revanche, dans les Etats en développement
particulièrement ceux d'Afrique Centrale, ces outils peinent encore
à s'imposer comme de véritables opportunités de
développement. Ceci se justifie par la faible accessibilité et
l'usage limité de ces dispositifs causant ainsi une
fracture/fossé numérique entre les Etats du Nord et ceux du Sud.
Dans l'optique de réduire ce fossé, les dirigeants de la
sous-région en général et ceux du Cameroun en particulier
ont défini un ensemble de stratégies. L'objectif de ce travail
est d'examiner, puis d'évaluer les différentes stratégies
mises en place par ces états afin d'en déceler les
éventuelles insuffisances et le cas échéant proposer des
solutions pour leur amélioration.
xi
ABSTRACT
Information and Communication Technologies (ICT) have been
at the heart of several political, economical and sociocultural mutations in
the International arena. In develop countries for example, their contribution
is notable. But, in Under-develop countries such as those Central African
States, ICT's still struggle to be used adequately as development tools. To
overcome these limits African nations, specifically those of Central Africa
sub-region in general and Cameroon in particular, put in place some strategies
in order to reduce the digital divide observes in their area. The objective of
this study is to examine and then evaluate these different strategies in order
to see whether or not they can enable these States to reach the millennium
goals for development.
1
INTRODUCTION GENERALE
PRESENTATION DU SUJET
2
Depuis environ un quart de siècle, les Technologies de
l'Information et de la Communication (TIC) font l'objet d'un
intérêt tout particulier dans la société
internationale. Grâce à l'avènement de ces technologies, il
est désormais possible de minimiser les distances géographiques
à travers l'utilisation du téléphone mobile et de l'outil
Internet. De plus, la diffusion de l'information, le transfert de volumes
importants de données d'une administration éloignée vers
une autre sont devenus une réalité partout dans le monde. Selon
la Commission des sciences et de la technologie au service du
développement, les TIC « revêtiront une importance
cruciale pour le développement durable dans les pays en
développement1 ». Cette affirmation montre
à suffisance la place incontournable qu'occupent les TIC pour la
prospérité économique de ces pays.
Au cours des deux dernières décennies, la
plupart des pays développés ont connu divers changements dans les
domaines (technique, financier, économique, culturel et social)
entrainant des bouleversements dans les modes de vie des populations.
Aujourd'hui, l'utilisation des TIC a conduit le monde à ce qu'on appelle
désormais « la société du savoir2 ».
Cependant, il est constaté un écart considérable entre les
pays en développement dits du Sud et les pays développés
dits du nord quant à la contribution de ces technologies dans la
création des richesses. De même, l'élargissement du
fossé numérique entre les pays développés
fournisseurs de technologies et les pays en développement
récepteurs de ces technologies est perceptible.
En Afrique des écarts considérables sont
constatés dans l'intégration et l'utilisation de ces
technologies, lesquelles peuvent permettre la création des richesses.
C'est d'ailleurs dans ce sillage que l'UNESCO à mis en place un
organisme intergouvernemental pour l'informatique (IBI), dont le but
était de créer les conditions nécessaires pour permettre
aux pays pauvres de réussir leur développement informatique et,
par la même, réduire la fracture.
1 Andreas Crede & Robin Mansell, Knowledge
societies... in a nutshell: information technology for sustainable development,
Ottawa, Canada: IDRC, 1998.
2 Devenue courante à partir des années
1990 conjointement à l'essor d'Internet et à son emploi dans les
milieux politico-économiques tels le G7 et l'UE... la notion
société de l'information ou société du savoir
renvoie communément à l'idée de l'avènement d'une
nouvelle période de la société liée à la
diffusion généralisée des TIC. Cf. Isabelle
Compiègne, Les mots de la société
numérique, Paris, Belin, 2010, page 295.
3
En Afrique Centrale en général et au Cameroun en
particulier, des mesures ont également été prises pour le
développement du secteur des TIC (mise en place des infrastructures de
télécommunications et élaboration des cadres
règlementaires). Toutefois, au regard de la manière dont ces
technologies sont déployées, on pourrait être tenté
de dire qu'elles ne constituent pas encore de véritables
opportunités de croissance économique.
De même, les Etats de cette partie du continent
consentent beaucoup d'efforts pour améliorer leur accès au
numérique, notamment à travers la création d'organismes
tels que l'ARTAC3, la COPTAC4 et le centre
sous-régional de maintenance des télécommunications ceci,
dans le but d'atteindre les OMD (Objectifs du Millénaire pour le
Développement) en 20155. Le Cameroun pour sa part, outre
l'acquisition des infrastructures informatiques et de
télécommunications a mis en place un certain nombre d'instruments
juridiques et règlementaires qui favoriserait son émergence :
libéralisation du secteur des télécommunications et de la
communication, création de l'ANTIC... Par ailleurs, le Cameroun a
fixé le cap de son émergence à l'horizon 2035 lequel doit
impérativement transiter par l'utilisation et l'appropriation des
TIC.
II- OBJET ET INTERET DE L'ETUDE A- Objet de
l'étude
L'avènement des technologies numériques a
considérablement modifié les modes de production et de diffusion
de l'information dans le monde6. De plus, le traitement de
l'information, le transfert de volumes importants de données d'une
administration éloignée vers une autre est devenu une
réalité. Cependant, il est constaté un écart
considérable entre les pays en développement dits du Sud et les
pays développés dits du Nord quant à la contribution de
ces technologies dans la création des richesses. De même, les
écarts sont constatés entre les villes et les campagnes, les
femmes et les hommes et entre les jeunes et les vieux dans l'utilisation des
TIC. C'est ce constat qui nous amène à nous intéresser sur
la thématique de « la réduction de la fracture
numérique en Afrique Centrale : cas du Cameroun ».
3 Association des Régulateurs des
Télécommunications d'Afrique Centrale
4 Conférence des Postes et des
Télécommunications d'Afrique Centrale
5 Nations Unies, Objectif du Millénaire
pour le Développement. Rapport de 2013, New York, 2013.
6 François Ossama, Les nouvelles
technologies de l'information. Enjeux pour l'Afrique subsaharienne, Paris,
l'Harmattan, 2001.
4
A travers ce thème, nous voulons questionner et
évaluer les instruments que les pays d'Afrique Centrale en
général et le Cameroun en particulier ont mis en place pour
réduire le fossé numérique existant afin d'en proposer le
cas échéant des pistes d'amélioration.
B- Intérêt du sujet
Ce travail a un triple intérêt : social,
économique et scientifique.
Sur le plan social, il s'intéresse
à la réduction des inégalités constatées
dans l'usage des TIC entre les pays de la sous-région, les villes et
campagnes, entre les jeunes et les vieux et entre les femmes et les hommes.
Cette préoccupation reste pertinente au vu des avantages liés
à l'utilisation de ces technologies (rapprochement des peuples,
raccourcissement des distances, opportunités d'affaires,
développement...).
Au plan économique, il vise
l'amélioration des conditions de vie de tous des peuples d'Afrique
Centrale et du Cameroun précisément. En effet, une meilleure
appropriation des TIC boostera davantage la croissance économique
nationale et sous-régionale notamment à travers l'augmentation du
pouvoir d'achat et l'accroissement des revenus des Etats. Tous ces changements
influenceront significativement l'Indice de Développement
Humain7 (IDH) et le Produit Intérieur Brut8 (PIB)
des divers pays.
Sur le plan scientifique, cette étude
se classe parmi les approches thématiques de l'intégration
régionale en Afrique et particulièrement en Afrique Centrale.
Elle apporte une modeste contribution aux publications sur la
problématique du fossé numérique et plus
précisément à celles-là sur le processus de sa
réduction au dans la sous-région.
III- REVUE DE LA LITTERATURE
Il existe une littérature abondante se rapportant
à la problématique de la fracture numérique d'une
manière générale. On y retrouve les ouvrages, les
articles, les travaux académiques et les rapports des institutions
spécialisées.
7 L'IDH fait référence à la
moyenne de trois indicateurs : le PIB par tête, l'espérance de vie
à la naissance et la moyenne pondérée du taux
d'alphabétisation et du taux de scolarisation. Cf. J. Accardo et al
« L'indice de développement humain : Une approche individuelle
», Paris, INSEE, 2005.
8 Selon la définition fournie par le site
électronique
http://definition.actufinance.fr/produit-interieur-brut-pib-675
(site consulté le 14 mai 2014), le PIB renvoie à la somme des
valeurs ajoutées de toutes les entreprises situées sur le
territoire national. Ces entreprises peuvent être nationales ou
étrangères.
5
En 2011, Jacques Bonjawo dans Révolution
numérique dans les pays en développement9
démontre que les TIC sont davantage intégrées dans les
modes de gestion des pays africains. En présentant l'Inde comme un Etats
aux réalités similaires avec le continent noir, l'auteur souligne
que l'Afrique devrait s'inspirer des stratégies indiennes pour
améliorer son accès aux autoroutes mondiales de l'information. De
même, cet ouvrage édifie sur plusieurs domaines dans lesquels les
TIC s'utilisent de plus en plus en Afrique. C'est le cas notamment du commerce
électronique, de la télémédecine de la
cybersanté, de la cyberagriculture, de l'enseignement et de la
gouvernance. Ce livre explique également qu'une meilleure diffusion des
Technologies de l'Information et de la Communication est très
bénéfique pour les Etats africains et leurs économies.
Cependant son analyse se focalise sur l'usage des technologies innovantes en
Afrique plutôt que sur la réduction du fossé
numérique.
Dans son article sur « La fracture numérique en
Afrique » publié en 2000, Bernard Conte accorde une place
très importante à la technologie Internet. Selon lui, c'est
grâce à cet outil que transitent les flux d'informations qui
seraient un nouveau vecteur du développement, d'où la grande
nécessité de l'accélérer en Afrique. Dans cet
article, l'auteur analyse le niveau de pénétration d'Internet
(entre 1997 et 2000) dans les pays du Sud sur la base de cinq critères :
le nombre d'utilisateurs d'Internet, la télédensité, le
nombre de fournisseurs de services Internet, le débit international et
le nombre d'ordinateurs connectés. Sur la base des résultats
obtenus en fonction de chaque critère énuméré, il
déduit l'existence d' « une large fracture numérique
intra africaine10 » tendant quand même
à se réduire dans le temps. Notre contribution, comme
rappelé plus haut, se limite à un Etat précis de la
sous-région Afrique Centrale, le Cameroun.
En 2002, un document fut rédigé par Samira Kria
Chaker au sein de l'Unité de Politique et Stratégie (UPS) de
l'UIT sur le thème : « Pour une stratégie des nouvelles
technologies de l'information et de la communication dans les pays les moins
avancés d'Afrique ». C'était dans le cadre de la
préparation des SMSI de 2003 et 2005. Dans ce document, elle fait une
présentation de la situation des Pays les Moins
Avancés11 (PMA) et de
9 Jacques Bonjawo, op.cit.
10 Bernard Conte, « La fracture
numérique en Afrique », Centre d'Economie du Développement,
Bordeaux, Université Montesquieu-Bordeaux IV, page 1.
11En se référant à la
définition fournie par Samira Chaker, les PMA sont des pays à
faible revenu dont la croissance est entravée depuis longtemps en
particulier par un faible niveau de développement des ressources
humaines et/ou de graves problèmes structurels. Ces pays figurent sur
une liste établie par l'Assemblée Générale des
Nations Unies qui la révise tous
6
leurs différents facteurs de blocages d'accès
aux technologies numériques. De plus, elle souligne que la
problématique de la fracture numérique est devenue une
préoccupation importante pour le G7 depuis 1995. D'autres aspects tels
que les défis et les besoins en matière de TIC sans oublier la
stratégie pour la réduction de la fracture numérique dans
les PMA sont aussi abordés dans son travail. Son analyse propose des
solutions pour réduire le fossé numérique dans les PMA.
Cependant, ses travaux mentionnent sept (07) pays de la sous-région
Afrique Centrale sans le Cameroun.
Au cours de l'année 2003, un article portant sur
l'indice d'accès numérique en francophonie fut publié dans
la revue
Nordsud.org au Canada par Cyrille
Simard. Cet article fournit un certain nombre de données
nécessaires pour le repérage et la comparaison des niveaux
d'accès aux TIC en 2002 dans l'espace francophone. Dans ce document, 17
des 25 derniers pays classées dans le monde sur 178 sont francophones.
Nombreux de ces Etats sont même des pays d'Afrique Centrale. Hormis le
Gabon qui, à la lecture de cet article, avait un indice d'accès
numérique12 moyen (0,34) et occupait la 117ème
position au classement mondial, les autres pays de la sous-région
avaient un accès numérique relativement faible. C'était le
cas notamment de São Tomé é Principe (0,23 et
131ème), de la Guinée Equatoriale (0,20 et
133ème), du Congo (0,17 et 146ème), du
Cameroun (0,16 et 147ème), de la RDC (0,12 et 165ème),
de l'Angola (0,11 et 168ème), du Burundi, de la RCA et du
Tchad (0,10 et respectivement 169éme, 172ème et
175ème). Toujours dans cet écrit, certains Etats comme
la Suède, le Danemark, l'Islande et la Corée du Sud viennent en
tête du classement avec respectivement pour indice d'accès
numérique (0,85, 0,83 et 0,82). Les données de cet article bien
qu'ayant onze ans d'ancienneté témoignaient déjà
toute la nécessité de procéder à une
réduction du fossé numérique.
Dans son article sur les dessous des discours de la fracture
numérique publié à l'issue d'une Conférence
internationale portant sur les « TIC et inégalités : les
fractures numériques », conférence tenue à Paris du
18 au 19 novembre 2004, Eric Georges s'intéresse aux différents
discours produits dans le cadre du Sommet Mondial de la Société
de l'Information (SMSI). L'analyse de ces discours montre une promotion
à l'égard de l'appropriation des TIC dans les usages quotidiens.
C'est pour cela qu'il perçoit la fracture numérique du point de
vue des disparités au niveau de l'usage des TIC contrairement
à
les trois ans. Dans la liste des 49 PMA de l'UIT, sept d'entre
eux sont des Etats de la sous-région Afrique centrale. On peut citer
entre autre l'Angola, le Burundi, la Guinée Equatoriale, la RCA, la RDC,
Sao Tomé Et Principe et le Tchad.
12 L'IDI est un Indice permettant de mesurer la
capacité globale des individus d'un territoire donné à
accéder et à utiliser les Technologies de l'Information et de la
Communication.
7
l'opinion des inégalités d'accès aux
équipements de télécommunications modernes. Il poursuit
son analyse en s'inspirant des données de l'OCDE pour démontrer
que les TIC occupent une place grandissante dans l'économie au
XXIème siècle. Il est donc nécessaire de réduire
les grandes disparités existantes en termes d'accès à la
technologie Internet entre les pays développés et les pays en
développement pour rendre le système économique plus
efficace.
En 2009, M.A Ngono Zintchem, dans sa thèse dont le
titre portait sur la « Problématique de l'appropriation des
Technologies de l'Information et de la Communication au Cameroun » fait
une analyse critique du niveau d'appropriation des TIC en soulignant les
différents domaines d'application des technologies numériques au
Cameroun. En indiquant que la stratégie mise en oeuvre par l'Etat pour
démocratiser les TIC tarde encore à produire les résultats
escomptés, elle propose une nouvelle approche d'appropriation des TIC
fondée sur les réalités locales. A titre indicatif,
l'auteur recommande la transformation de certaines structures oeuvrant dans le
domaine des TIC telles que le Centre National de Développement de
l'Informatique (CENADI) et l'ANTIC en des structures autonomes. L'aboutissement
d'une telle proposition permettra de rendre ces structures plus efficaces pour
les missions à elles assignées.
De même, dans son avant-propos sur le
résumé analytique du rapport de l'UIT intitulé «
Mesurer la société de l'information de l'année 2012
», le Directeur du Bureau de Développement des
Télécommunications (BDT) Brahima Sanou affirmait que
«les écarts de développement des TIC entre les pays
restent importants, l'indice IDI13 étant en moyenne
deux fois plus élevé dans les pays développés que
dans les pays en développement14. » A
travers ce rapport, l'UIT fournit un tableau avec des donnés sur
l'indice de développement des TIC de plusieurs Etats dans le monde y
compris les Etats d'Afrique Centrale qui font l'objet de notre étude.
Dans ce tableau, la République de Corée occupe la première
place du classement avec un IDI de 8,56, suivie de la Suède (8,34) et du
Danemark 8,29. Les Etats de la sous-région Afrique Centrale se
retrouvent malheureusement au bas du classement. Le Gabon, premier pays de la
sous-région avec un IDI à 2,47 vient à la
111ème place du classement. Le Cameroun le poursuit en
occupant la 138ème place avec un IDI de 1,60 tout
13 Mesurer la société de l'information,
Résumé analytique, Union Internationale des
Télécommunications, Genève, 2012. L'Indice de
Développement des Technologies de l'Information et de la Communication.
C'est une valeur repère présentée sur une échelle
de 0 à 10 avec 11 indicateurs. Il a pour objectif de suivre les
progrès adoptés en matière de développement des
TIC, tant des les pays développés que dans les pays en
développement, et de mesurer l'évolution de la fracture
numérique au niveau mondial. L'indice ID est divisé en trois
sous-indices que sont l'accès, l'utilisation et les compétences.
14Ibid., p iii.
8
comme le Congo. La RDC occupe la 146ème
place avec un IDI de 1,30. Pour expliquer ces mauvais résultats, Brahima
Sanou évoque les coûts élevés dans l'acquisition des
TIC dans les pays en développement.
Toutes ces approches se rapportent soit à la promotion
des TIC, soit à l'impératif de réduction de la fracture
numérique dans les pays en développement. L'originalité de
notre travail porte sur l'analyse et l'évaluation du processus de
réduction du fossé numérique en Afrique Centrale et au
Cameroun spécialement. En même temps, notre travail propose des
axes de réajustement en vue d'une meilleure vulgarisation des TIC.
IV- DELIMITATION SPATIO-TEMPORELLE DE L'ETUDE
Notre étude couvre un espace géographique bien
déterminé et s'étend sur une période
précise. S'agissant du cadre spatial, nous nous intéressons
à la sous-région Afrique Centrale et particulièrement
à l'Afrique Centrale géographique. Pour comprendre ce qu'on
entend par sous-région Afrique Centrale, il importe de circonscrire ce
concept dans le contexte des Relations Internationales (RI).
Joseph Nye définit la région internationale
comme un « nombre limité d'Etats liés entre eux par une
relation géographique et un degré d'interdépendance
mutuelle15 ». A partir d'une telle
définition, il est difficile de localiser l'Afrique Centrale en RI sur
une carte géographique car, le continent africain reste une
région regroupant un nombre limité d'Etats (54 Etats). Tous ces
Etats partagent un même espace géographique et sont dans une
certaine mesure interdépendants. Toutefois, plusieurs Organisations
Internationales (OI) peuvent émerger à l'intérieur d'une
région comme c'est le cas en Afrique avec les huit (08) OI reconnues par
l'organisation continentale l'Union Africaine (UA). Parmi ces OI nous citons :
la Communauté Economique Des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) en
Afrique de l'Ouest, l'Union du Maghreb Arabe (UMA) en Afrique du Nord, la
South African Developement Community (SADC) en Afrique Australe,
l'Inter Governmental Autority for Developement (IGAD) en Afrique de
l'Est et la Communauté Economique des Etats de l'Afrique Centrale
(CEEAC) en Afrique Centrale. Ces différents regroupements
étatiques se dénomment organisations sous-régionales ou
organisations subrégionales16 puisqu'ils
15 Sabine Saurugger, citant Joseph Nye in
Théories et concepts de l'intégration européenne,
Paris, Presses de sciences politique, 2009.
16 Sabine Saurugger, Théories et concepts
de l'intégration européenne,...
9
10
émanent des différentes sous-régions
existant en Afrique, suite au découpage du continent en cinq zones
géographiques chapeautées chacune par une Communauté
Economique Régionale (CER) effectué par le Plan d'Action de Lagos
(PAL) d'Avril 1980.
Ce travail privilégie l'Afrique Centrale
géographique au détriment de l'Afrique Centrale institutionnelle
; l'Afrique Centrale institutionnelle renvoyant à la Communauté
Economique et Monétaire de L'Afrique Centrale (CEMAC). Cette
organisation sous-régionale regroupe six (06) Etats dont le Cameroun, le
Congo, le Gabon, la Guinée Equatoriale, la République
Centrafricaine (RCA) et le Tchad. L'Afrique Centrale géographique quant
à elle désigne l'ensemble des dix (10) pays africains se
regroupant au sein de la CEEAC. Parmi ces derniers, on distingue les 06 Etats
membres de la CEMAC et quatre autres nations dont l'Angola, le Burundi, la
République Démocratique du Congo (RDC) et São Tomée
é Príncipe. Notre option pour l'Afrique centrale
géographique repose sur une raison simple : cette zone émane du
processus endogène17 de la construction communautaire
africaine contrairement à la CEMAC qui demeure une production
exogène18.
L'Afrique centrale géographique est une zone en
quête de son développement économique, politique et social
depuis plusieurs décennies. Mais en jetant un coup d'oeil sur les
évènements passés et présents de cette partie de
l'Afrique, nous constatons que les multiples difficultés auxquelles elle
est confrontée ne favorisent pas son émergence et partant, le
développement de certaines infrastructures telles les
télécommunications. A titre illustratif, nous rappelons les
conflits intra étatiques vécu en Angola, au Burundi, en RDC et en
RCA sans oublier l'instabilité politique perdurant dans certains de ces
pays. Nous relevons également l'extraversion des économies de la
majeure partie de ces Etats. Cependant le développement par
l'intégration régionale et surtout à travers
l'harmonisation des politiques sectorielles se révèle comme une
panacée pour sortir l'Afrique Centrale de l'ornière. Aussi
l'harmonisation des politiques nationales dans le secteur des
télécommunications et des TIC faciliterait l'amélioration
de l'accès universel dans les pays d'Afrique Centrale notamment au
Cameroun.
17 Le Plan d'Action de Lagos cité plus haut qui
découpe l'Afrique en zones géographiques chapeautées
chacune par une Communauté Economique sous-Régionale (CER)
l'illustre parfaitement. De même, la signature du Traité d'Abuja
le 03 Juin 1991 compte s'appuyer sur les CERs du continent pour construire la
future Communauté Economique Africaine (CEA ou AEC) d'ici 2028. Voire
La CEA et l'Afrique : 50 ans de partenariat, Addis-Abeba, Commission
Economique pour l'Afrique, 2008, page 70.
18 En effet, la CEMAC tout comme son corollaire
l'UEMOA (Union Economique et Monétaire Ouest Africaine) sont
considérées par l'Union Africaine (UA) comme des organisations
exogènes à la construction communautaire africaine. C'est
d'ailleurs pour cette raison que l'organisation régionale ne les a pas
reconnus en 2009 comme des Communautés Economiques Régionales
(CERs) africaines. Par conséquent, l'UA leur a demandé de laisser
la CEEAC et la CEDEAO jouer pleinement leur rôle.
Des raisons précises expliquent la focalisation de
cette entreprise heuristique sur « l'Afrique en
miniature19 » : son poids économique
(13,2% du PIB de la zone CEEAC derrière l'Angola20), son
poids démographique par rapport aux autres pays de la sous-région
(excepté la RDC) et la facilité pour nous de collecter sur place
la majorité des informations nécessaires à notre
étude.
Ce travail se limite à une période
définie : de 1995 à 2014. Nous partons de 1995 parce que en cette
année, l'expression « digital divide » (traduction
anglaise de la notion fracture numérique) s'employa pour la
première fois par l'américain Long Scott. Ce dernier mettait
« en évidence les risques d'exclusion des plus pauvres et des
minorités communautaires des technologies de communication du point de
vue de la participation à la vie
démocratique21» aux Etats Unis
d'Amérique (USA). Le choix de l'année 2014 est une borne
chronologique très récente pour évaluer la plupart des
stratégies mises en place pour réduire le fossé
numérique en Afrique Centrale.
V- PROBLEMATIQUE DE LA RECHERCHE
La réduction du fossé numérique fait
parti des priorités de l'Organisation des Nations Unies (ONU). En effet,
la question a été largement évoquée lors du Sommet
Mondial sur la Société de l'Information (SMSI) tenu à
Genève du 10 au 12 décembre 2003. De même, la
déclaration du millénaire22 s'intéresse
également à cette problématique, laquelle fait suite au
rapport alarmiste du PNUD23 qui présentait les écarts
existant entre les riches et les pauvres. En outre, Dominique
Mwézé, citant un autre rapport du PNUD, laissait observer que
19 Expression employée par Jean Claude Bruneau
pour désigner le Cameroun.
20 Voir Les Economies de l'Afrique Centrale 2012.
Les défis énergétiques en Afrique Centrale,
Commission Economique des Nations Unies pour l'Afrique (CEA)/ BSR/ AC,
Yaoundé, 2012, page 43.
21Rallet Alain et Rochelandet Fabrice, citant Long
Scott dans son article « La fracture numérique : une faille sans
fondement ? » Réseaux..., page 6.
22 Il s'agit précisément de la
déclaration du millénaire du 13 septembre 2000, résolution
55/2.
23 Le 12 juillet 1999, le Programme des Nations Unies
pour le Développement Humain (PNUD) publie un rapport sur le
développement humain
11
« les pays et les entreprises qui ne seront pas
branchés sur les réseaux de la télécommunication
moderne ne pourront pas s'intégrer dans la nouvelle économie
mondiale(...) C'est par les mêmes télécommunications qu'ils
comprendront le monde et généreront des transformations sur le
plan socio-économique24.».
Une telle argumentation traduit à suffisance tout
l'intérêt pour les pays en développement d'intégrer
les TIC pour réduire considérablement la fracture
numérique et par ricochet, atteindre les OMD au travers de leur
usage.
Les pays d'Afrique centrale en général et le
Cameroun en particulier, ne restent pas insensibles à cette
problématique. Depuis la fin des années 90 et le début des
années 2000, la question fait l'objet de grands débats dans les
sphères académiques et au niveau des hautes instances politiques.
Ainsi, des mesures sont prises tant pour l'élaboration des cadres
règlementaires, que par la création d'instances d'accompagnement
de cette mouvance mondiale.
VI- QUESTIONS DE RECHERCHE
Au regard des enjeux de développement
énoncés plus haut, le désir des Etats d'Afrique Centrale
et du Cameroun en particulier de réduire la fracture numérique a
poussé ces pays à prendre un certain nombre de mesures. C'est le
lieu pour nous de vérifier si les instruments mis en place contribuent
effectivement à la réduction du fossé numérique. La
question principale sera posée en ces termes :
l'évolution du processus de réduction du fossé
numérique au Cameroun est-elle satisfaisante ?
Les questions secondaires seront formulées ainsi qu'il
suit :
1) Les politiques mises en oeuvre sont-elles efficaces ?
2) Les stratégies mises en place pour réduire la
fracture numérique sont-elles adéquates ?
24 Dominique Mwezé Chirhulwire, citant le
rapport du PNUD de 2000 sur la Coopération Sud, numéro 1, page 20
dans son article intitulé « Le NEPAD et sa politique relative
aux Nouvelles Technologies de l'Information et de la Communication
». Article publié dans le Bulletin de l'Académie
Nationale des Sciences du Développement, Kinshasa, Volume 5, 2004, page
8.
VII- HYPOTHESES
12
Selon Madeleine Grawitz, l'hypothèse est « une
proposition de réponse à la question
posée25». En suivant le postulat de
Grawitz, l'hypothèse aide le chercheur à faire une
sélection des faits observés, à les interpréter et
à leur donner une signification qui, vérifiée, pourra
faire l'objet d'une théorie. Cette étude s'articule autour d'une
hypothèse principale et d'une hypothèse secondaire.
1- Hypothèse principale
Le processus de démocratisation des TIC est en marche
au Cameroun. Mais au regard de l'accroissement permanent des
inégalités entre les villes et les campagnes, les hommes et les
femmes et entre les jeunes et les adultes, ce processus n'est pas
satisfaisant.
2- Hypothèses secondaires
Malgré la définition des politiques, les
inégalités liées à l'utilisation des TIC
demeurent.
De même, les stratégies mises en oeuvre peinent
à produire les résultats escomptés.
VIII- CADRE THEORIQUE
Ce travail prend appui sur trois théories : le
néo fonctionnalisme, le néo institutionnalisme du choix rationnel
et la pensée développementaliste.
Le néo-fonctionnalisme, dérive du
fonctionnalisme dans les années 1950 avec pour pionnier Ernst
Haâs. Cette théorie reconnait la valeur de l'expertise technique
dans les organisations régionales ou sous-régionales. Cependant,
son chantre soutient qu'on ne saurait exclure la participation du politique
dans le processus d'intégration régionale. Selon lui,
l'intégration s'explique « par la convergence des élites
économiques nationales et technocratiques
supranationales26». Cette théorie nous a
permis de montrer le grand rôle que les structures techniques nationales
et communautaires doivent jouer, en appui avec les
25 Madeleine Grawitz, Méthodes de
recherches en sciences sociales, Paris, Dalloz, huitième
édition, 1990, page 443.
26 Voir Dario Battistella, Théories des
Relations Internationales, Paris, Presses de sciences politiques, 2006, p
384.
13
autorités gouvernementales de chaque Etat membre de la
sous-région pour promouvoir l'intégration des TIC en Afrique
Centrale en général et au Cameroun en particulier.
Le néo-institutionnalisme du choix rationnel a
émergé dans la communauté des politistes
nord-américains avec pour pionnier principal Kenneth Shepsle. Cette
variante du néo-institutionnalisme soutient que les institutions
structurent les comportements des acteurs ainsi que leur pouvoir
d'émettre un véto. De même, elles déterminent
l'ordre du jour ou l'agenda. Deux modèles justifient cette variante.
Premièrement, nous avons le modèle de
principal-agent27 (mandatant-mandaté). Ici, sous
certaines conditions, l'Etat, acteur principal, délègue des
pouvoirs à des autorités bureaucratiques indépendantes.
Deuxièmement, on a le modèle expliquant que les institutions
réduisent les coûts de transactions entre les acteurs.
Considérant ces aperçus théoriques, le
néo-institutionnalisme du choix rationnel nous a permis de montrer que
le processus de réduction de la fracture numérique en Afrique
Centrale en général et au Cameroun en particulier est soutenue
par divers acteurs institutionnels communautaires et nationaux qui agissent
dans une certaine mesure de façon indépendante. C'est le cas des
structures telles que la COPTAC et l'ARTAC au niveau sous-régional,
l'ANTIC et l'ART à l'échelle nationale. Ces différentes
institutions ont été mandatées par les dirigeants pour
promouvoir le développement des TIC en Afrique Centrale et au
Cameroun.
La théorie développementaliste dont les chantres
sont légions, dans le cadre des études se rapportant à
l'économie du développement, guide également cette
recherche. Tout d'abord, il importe de préciser que le concept
développement est une notion aux contours divers28.
Malgré son ambigüité sémantique, le
développement demeure une problématique très pertinente
pour tous les Pays en Voie de Développement (PVD). En effet, de nos
jours les PVD ne cessent d'élaborer et de mettre en oeuvre des
politiques dans des domaines tout aussi variés, afin d'améliorer
leur taux de croissance économique et partant se développer sur
divers plans : économiques, politiques et socioculturels. Dès
lors, la croissance économique apparaît comme « une
condition nécessaire du développement29
» puisqu'elle favorise l'amélioration des conditions de vie
à travers la création des emplois, l'augmentation du pouvoir
d'achat, la mobilisation des ressources en faveur de la santé, de
l'éducation et l'accroissement de la souveraineté
économique nationale30. Ainsi, à la lumière de
tout ce qui
27 Saurugger Sabine, Théorie et concepts de
l'intégration européenne, Paris, Presses de Sciences Po,
2009, p 197.
28 Célestin Tagou, « Les théories
et politiques de développement. De Truman aux OMD » in
Jean Emmanuel Pondi (sd), Repenser le développement à
partir de l'Afrique, Yaoundé, Afredit, 2011, pp 23-53.
29 Jacques Brasseul, Introduction à
l'économie du développement, Paris, Armand Colin, 1993, Page
13.
30 Ibid.
14
précède, nous avons recouru à la
théorie développementaliste pour illustrer dans quelle mesure la
réduction du fossé numérique dans la sous-région et
au Cameroun surtout boostera davantage la croissance économique et le
développement humain en conséquence.
IX- METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE
Deux méthodes nous ont permis de collecter les
informations nécessaires pour ce travail : la recherche documentaire et
l'entretien ouvert. Une fois ces données recueillies nous avons
procédé à leur exploitation,
a- La recherche documentaire
La recherche documentaire renvoie à l'exploration de
l'ensemble des travaux et des données ayant trait à une
thématique. Le recours à cette méthode a favorisé
l'exploitation de la majeure partie des documents se rapportant à notre
sujet. Ainsi nous avons, consulté tour à tour, les ouvrages
portant sur les TIC de manière générale et les ouvrages
spécifiques abordant la problématique de la réduction du
fossé numérique dans les pays en voie de développement en
particulier. Les articles des revues scientifiques dont les travaux se
rapportent à notre étude ont aussi été
explorés.
Par ailleurs, la recherche documentaire a
débouché sur la consultation des textes juridiques
élaborés par les administrations compétentes pour
promouvoir le développement des TIC en Afrique Centrale et au Cameroun
précisément. Nous nous sommes aussi intéressés aux
publications et aux rapports annuels des organismes institutionnels tels que le
MINPOSTEL, l'ANTIC, l'ART et l'UCP-CAB31, Composante Cameroun, pour
mieux cerner l'état d'avancement du processus de vulgarisation des TIC.
Dans le même ordre d'idée, nous avons lu les publications de
certains organismes internationaux oeuvrant dans le domaine des
télécommunications/TIC. Dans ce sens, nous avons parcouru les
documents officiels de la Banque Mondiale sur le suivi et l'état
d'avancement du projet CAB et des rapports annuels de l'Union Internationale
des Télécommunications (UIT) sur l'indice de développement
des TIC dans le monde. Enfin, nous avons recouru aux données
numériques afin de disposer des
31 L'UCP-CAB renvoie à l'Unité de
Coordination du Projet Central African Backbone. Ce projet vise l'installation
d'un réseau de télécommunications haut-débit
à fibre optique en Afrique Centrale. Chaque Etat participant au projet a
une UCP au niveau national.
15
informations sur le niveau de pénétration et
d'utilisation de la technologie Internet dans les Etats de la
sous-région Afrique Centrale.
b- L'entretien ouvert
L'entretien ouvert est un autre procédé de
collecte des données en sciences sociales. Par cette technique, le
chercheur pose des questions précises pour l'enquête, dans un
ordre arrêté à l'avance32. Le recours à
cette méthode à mené à l'interrogation de certaines
personnes ressources jouant un rôle important dans le processus de
réduction du fossé numérique au Cameroun. Elle a permis de
requérir l'avis et l'appréciation de ces acteurs sur
l'évolution du processus de vulgarisation des technologies
numériques au niveau national et à l'échelle
sous-régionale. Dans le cadre de ce travail nous avons eu des entretiens
avec :
- le coordonateur de l'Unité de Coordination du Projet
CAB (composante Cameroun) ;
- un employé du Ministère des Postes et des
Télécommunications (MINPOSTEL) en service à la direction
des projets, des études et de la prospective.
- l'un des cadres de l'Agence Nationale des Technologies de
l'Information et de la Communication (ANTIC),
- un ancien cadre de la Cameroon Telecommunications
(CAMTEL).
c- Analyse qualitative du contenu des données
recueillies
Les informations recueillies pour notre étude ont
été exploitées de façon descriptive et analytique.
Le recours à la méthode descriptive a permis de passer en revue
les principales stratégies mises en oeuvre en Afrique Centrale pour
réduire la fracture numérique. Ces stratégies ont
été exposées de façon chronologique car la
résorption des inégalités liées à la
diffusion des TIC est un processus en cours depuis des années. La
démarche analytique a favorisé l'évaluation de
l'efficacité des politiques mises en place pour vulgariser ces
technologies. Grâce à cette méthode, nous avons pu proposer
des axes de rajustement en vue d'une amélioration du processus de
réduction du fossé numérique.
32 Voir Madeleine Grawitz, op.cit.
X- ANNONCE DU PLAN
16
Ce travail est subdivisé en deux parties comportant
chacune deux chapitres. La première partie intitulée
« Cadre conceptuel et politique nationale de réduction
de la fracture numérique en Afrique Centrale »
fournit des précisions terminologiques sur les notions
fondamentales de l'étude sans oublier, de relever les grands enjeux
liés à la réduction de la fracture numérique
(Chapitre 1). De même, cette partie passe en revue les stratégies
mises en place pour résorber le fossé numérique dans la
sous-région (Chapitre 2).
La deuxième partie s'intéresse à l'
« Evaluation du processus de réduction du fossé
numérique en Afrique Centrale ». De façon
précise, elle analyse d'une part le processus de réduction de la
fracture numérique dans cette partie de l'Afrique (Chapitre 3) et
d'autre part, elle propose des axes de réajustement en vue d'une
meilleure vulgarisation des TIC (Chapitre 4).
PREMIERE PARTIE :
17
CADRE CONCEPTUEL ET STRATEGIES DE
REDUCTION DE LA FRACTURE NUMERIQUE
EN AFRIQUE CENTRALE
18
La première partie de cette étude fournit un
ensemble d'éléments théoriques pour faciliter la
compréhension des concepts utilisés dans ce travail. Par la
suite, elle passe en revue les différentes stratégies que les
Etats de la sous-région en général et le Cameroun en
particulier ont mis en place pour réduire la fracture numérique
qui les caractérise. Cette partie comporte deux chapitres. Le premier,
apporte non seulement des précisions terminologiques sur les concepts
clés de notre étude, mais également présente les
différents enjeux liés à la résorption du
fossé numérique en Afrique Centrale. Le deuxième chapitre
quant à lui, analyse les politiques mises en place pour promouvoir la
culture du numérique dans les pays de cette partie de l'Afrique.
19
Chapitre 1 : CADRE CONCEPTUEL ET
ENJEUX DE REDUCTION DE LA FRACTURE NUMERIQUE EN AFRIQUE CENTRALE
Depuis leur création, les Technologies de l'Information
et de la Communication (TIC) ne se développent pas à la
même vitesse partout dans le monde. Dans les pays
développés dits du Nord, leur essor est perceptible dans divers
aspects de la vie (gestion des capitaux, développement économique
et social, gouvernance etc.). A contrario, les pays en développement
dits du Sud, peinent encore à intégrer concrètement ces
technologies dans leur moeurs. De même, la plupart des études
consacrées au développement considèrent souvent la faible
intégration et la faible appropriation des TIC par toutes les couches de
la société comme un facteur de sous
développement33. L'objectif de ce chapitre est d'une part, de
conceptualiser les termes utilisés dans le cadre de ce travail (Section
I) et de préciser par la suite, les grands enjeux liés à
la réduction de la fracture numérique en Afrique Centrale
(Section II).
SECTION I : DEFINITION DES NOTIONS FONDAMENTALES
L'une des meilleures façons de faire connaître un
concept est de définir la forme sous laquelle il est
évalué. Pour le cas d'espèce, il est question de
définir l'expression fracture numérique sous l'angle de
l'intégration et de l'appropriation des TIC. Cette expression
émerge au milieu des années 90 pour laconiquement désigner
« les inégalités liées à la diffusion des
TIC34 ». Il importe de fournir une
définition plus approfondie de ce concept afin de mieux cerner ses
différents contours.
1.1 La fracture numérique :
notion aux contours flous
Le premier emploi de l'expression fracture numérique ou
« digital divide » (traduction anglaise de la notion)
remonterait en 1995 lorsque l'américain Long Scott voulait mettre
« en évidence les risques d'exclusion des plus pauvres et des
minorités communautaires des technologies de communication du point de
vue de la participation à la
33 Alain Ambrosi, Valérie Peugeot et Daniel Pimienta ,
Enjeux de mots : regards multiculturels sur les sociétés de
l'information, Paris, Edition C&F, 2005.
34 Rallet Alain et Rochelandet Fabrice, « La
fracture numérique : une faille sans fondement ? », Réseaux,
n° 127128,2004, page 23.
20
vie démocratique35 ».
Au fil des temps et avec la montée en puissance des TIC, l'utilisation
de ce terme a évolué.
Si l'on s'accorde à la définition de ce terme
par Long Scott, on peut tout de même admettre qu'elle demeure partielle
car, elle n'est pas assez englobante. Selon Rallet et al36,
la fracture numérique est causée par des
déséquilibres en matière de possession et de
maîtrise de l'information qu'ils caricaturent en deux groupes : les
« inforiches » ou « information have »
qui détient l'information et les « infopauvres »
ou « information have-not » ne possédant pas
l'information. Pour Elie Michel, la fracture numérique fait
référence à une : « Inégalité face
aux possibilités d'accéder et de contribuer à
l'information, à la connaissance et aux réseaux, ainsi que de
bénéficier des capacités majeures de développement
offertes par les TIC 37». C'est cette
dernière définition qui paraît intégratrice parce
qu'elle prend en compte non seulement l'accès, la contribution et
à la possession de l'information, mais aussi, elle accorde une
importance à l'acquisition des connaissances dans l'optique de
bénéficier des capacités majeures offertes par les TIC.
Pour bien le montrer, nous allons tour à tour passer en revue ces
différents aspects.
1.1.1 Inégalités face aux
possibilités d'utiliser les TIC
Une inégalité au sens le plus large est une
différence dans l'accès à une ressource sociale rare et
valorisée. On parle généralement
d'inégalités sociales, c'est à dire celles qui sont le
résultat d'une distribution inégale des ressources au sein d'une
société.
Dans le domaine des TIC, des inégalités
existent. Celles-ci peuvent s'observer entre les espaces géographiques
ou entre les individus au niveau de l'accès à l'information.
Généralement, l'accès à l'information requiert
l'utilisation d'un dispositif technologique tel qu'un téléviseur,
une radio, un ordinateur, un téléphone mobile ou une connexion
internet. En Afrique centrale, cette possibilité d'accès n'est
pas donnée à tout le monde. C'est le cas par exemple des
personnes résidant en campagne qui n'ont très souvent pas la
possibilité de se connecter soit au réseau électrique, ou
même, au réseau téléphonique faute d'infrastructures
adéquates. Les inégalités face aux possibilités
d'accéder à l'information font référence à
la
35 Rallet et al, Op. cit page2.
36 Ibid., Page 23.
37 Elie Michel, « Le fossé
numérique, l'internet facteur de nouvelles inégalités ?
», Problèmes politiques et sociaux, N° 861, 2001, pp
33-38, page 32. Document cité par Bernard Conte dans son article portant
sur « La fracture numérique en Afrique », Centre d'Economie du
développement, Université Montesquieu-Bordeaux IV, 2001, page
3.
21
dimension matérielle de la fracture
numérique38. On parle alors de la « fracture
numérique au premier degré39 ». Aujourd'hui avec
l'explosion des moyens de télécommunications, le problème
reste à ailleurs.
1.1.2 Inégalités à contribuer
à l'information
Ces inégalités se rapportent à la
dimension intellectuelle et sociale de la fracture
numérique40. En clair, elles renvoient aux disparités
de type sociocognitif notamment : le défaut de maîtrise des
compétences et des connaissances fondamentales pour l'usage des TIC et
l'exploitation de leurs contenus ainsi que, le manque de ressources sociales
pour développer des usages permettant de négocier une position
sociale valorisante au sein des milieux sociaux
côtoyés41. Ces deux aspects constituent ce qu'on
appelle la « fracture numérique au second degré
42». Cette dernière désigne une sorte de fracture
dans la fracture. Dans ce sens, les clivages ne se situent plus au niveau de
l'accès matériel aux TIC, mais parmi les utilisateurs de ces
outils selon les usages qu'ils font non seulement de ces technologies mais
aussi, des services et contenus accessibles en ligne43. C'est
d'ailleurs dans cette logique que Warschauer affirme que « la question
clé devient alors non plus l'accès inégal aux ordinateurs,
mais bien les manières inégales dont les ordinateurs sont
utilisés.44 »
1.1.3 Inégalités d'accès au
réseau
Les inégalités d'accès au réseau
renvoient aux disparités existantes en matière d'infrastructures
entre les pays ou entre les villes et les campagnes. Il s'agit
précisément de la densité des réseaux
électriques, de la densité des équipements de
télécommunications et des infrastructures internet45
(nombre de terminaux et de serveurs, taux d'équipements...). Ces
inégalités se classent dans la perception techniciste du concept
fracture numérique. D'ailleurs, Rallet et al affirme que
« la fracture numérique est conditionnée par
l'accès aux infrastructures de télécommunications
». Ceci montre que l'équipement en infrastructures est
38 Périne Brotcorne, Gérard Valenduc
Construction des compétences numérique et réduction
des inégalités. Une exploration de la fracture numérique
au second dégré, Namur, SPP Intégration sociale,
2008, pp 88, p 10.
39 Ibid.
40 Ibid.
41 Ibid.
42 Ibid.
43 Périne Brotcorne et al,
Diversité et vulnérabilité dans les usages des TIC. La
fracture numérique au second degré, Gent, Academia Press,
2010, 239 pp, p 44.
44 Warschauer M., Technology and social inclusion.
Rethinking the digital divide, MIT Press, Boston, 2003.
45 Rallet Alain et Rochelandet Fabrice, « La
fracture numérique : une faille sans fondement ? »,
Réseaux, n°127-128, 2004, page 27.
22
23
un facteur important de démocratisation des TIC. Ainsi,
que les Etats qui se caractérisent par une faible densité
d'équipements (réseau électrique et
télécommunications) ont un accès restreint à la
société de l'information car, une bonne partie de leurs habitants
ne peuvent pas contribuer à l'économie numérique au
même titre que les ressortissants des nations bien loties.
Au-delà des inégalités que celles
observées ci-dessus, la fracture numérique peut aussi
s'opérer à diverses échelles de comparaison.
1.2 La fracture numérique entre les
Etats
La répartition géographique inégale des
technologies de l'information et de la communication (TIC), conjuguée
à l'impossibilité d'accéder à l'information par la
majeure partie des habitants de la planète souvent
désignée sous le vocable de « fracture numérique
» - n'est autre que le reflet des fractures sociales existantes. Qu'il
s'agisse des inégalités entre le Nord et le Sud, entre les riches
et les pauvres, les hommes et les femmes, les populations urbaines et rurales,
ou encore entre ceux qui ont accès à l'information et ceux qui
n'y ont pas accès, ce sont là autant de formes que revêt la
fracture numérique. De telles disparités peuvent aussi s'observer
entre cultures au sein d'un même pays. Dans le cadre de cette
étude, notre attention sera focalisée spécialement sur les
écarts observés entre les pays développés et les
pays en développement, entre les pauvres et les riches et entre les
populations urbaines et rurales.
1.2.1 Fracture numérique Nord-Sud
Elle renvoie aux inégalités observées
entre les Pays Développés (PD) et les Pays en voie de
Développement (PVD) au niveau du développement des TIC. Compte
tenu de la faible pénétration de ces outils dans les Etats en
développement, le fossé numérique entre le Nord et le Sud
se décline en termes d'indicateurs de diffusion des TIC46.
L'obsolescence des données statistiques fait porter les efforts de
comparaison sur trois variables. La première concerne les
infrastructures de télécommunications, c'est-à-dire le
nombre de lignes fixes et mobiles, le coût des produits et services TIC.
La deuxième renvoie aux données informatiques (le nombre
estimé d'ordinateurs). La troisième variable fait
référence à la technologie internet
46 Rallet Alain et Rochelandet Fabrice, « La fracture
numérique : une faille sans fondement ? », Réseaux,
n°127-128, 2004, page 33.
(le nombre de serveurs et le nombre d'utilisateurs). Au vu des
indicateurs fournis annuellement par l'UIT, il semble plus facile de percevoir
les écarts numériques existants entre les PD et les PVD.
Si on se focalise sur le niveau de développement des
infrastructures de télécommunications, nous constatons que
d'après une publication de l'organisation mondiale du secteur
concerné, on remarquait déjà un gap considérable au
niveau du nombre de lignes téléphoniques fixes entre les deux
catégories d'Etats de la société internationale (voir
graphique 1 ci-dessous).
Graphique 1 : Nombre de lignes
téléphoniques fixes pour 100 habitants
Source : UIT, base de
données « Indicateurs des télécommunications dans le
monde », 2006.
Au vu de ce graphique, l'UIT dénombrait 54 lignes
téléphoniques fixes pour 100 habitants dans les pays
développés contre seulement 13 lignes dans les pays en
développement en 2006. Un tel état de fait démontre avec
suffisance qu'il existe un large écart au niveau de l'usage de la
téléphonie fixe entre le Nord et le Sud. Le gap s'observe
également au niveau de la télédensité mobile (voir
graphique 2).
24
Graphique 2 : Nombre d'abonnements au cellulaire
mobile dans le monde et en fonction du niveau de développement, 2001 -
2011
Source : Base de données de l'UIT
sur les indicateurs de télécommunications dans le monde,
2012.
A la lecture de ce graphique, nous remarquons que la
téléphonie mobile connait une forte progression depuis le
début des années 2000 aussi bien dans les pays
développés que dans les pays en développement. Toutefois,
un écart important s'observe dans la mesure où on
dénombrait 122,3 lignes téléphoniques mobiles au Nord
contre 77,8 au Sud en 2011.
Par ailleurs, certains dispositifs technologiques (ordinateurs
et téléviseurs) et bon nombre de services dérivés
de l'usage des TIC (internet haut débit) sont encore relativement
coûteux dans les pays en développement. Une telle situation ne
permet pas à tous les foyers de se doter d'un téléviseur,
d'un ordinateur et d'une connexion internet haut débit pour
accéder et contribuer à l'information de manière
effective. Dans un de ses rapports publié en 2012, l'UIT faisait
ressortir un gap important entre les pays développés et les pays
en développement au niveau du nombre de ménages
équipés de ces trois dispositifs technologiques (voir graphique
3).
25
Graphique 3 : Nombre de ménages
équipés d'un téléviseur, d'un ordinateur et ayant
accès à la technologie internet, en fonction du niveau de
développement
Source : Base de données de l'UIT sur
les indicateurs de télécommunications dans le monde,
2012.
Au vu de ce graphique, nous voyons que dans les pays
développés il existe une légère différence
(24%) au niveau de l'usage de la télévision, de l'ordinateur et
de l'outil internet dans les ménages. Certes, le
téléviseur est plus répandu (dans 100% de domiciles), mais
il n'en demeure pas moins que les autres dispositifs restent aussi largement
utilisés (75% pour l'ordinateur et sensiblement 73% pour Internet). En
revanche, dans les pays en développement, le gap est trop
élevé (67%). Environ 70% de foyers possèdent un
téléviseur, seulement 25% disposent d'un ordinateur tandis que
20% sont connectés à la technologie internet. Ces
inégalités se justifient essentiellement par les coûts
prohibitifs de ces dispositifs dans les pays du Sud. A ces
éléments s'ajoute le manque de compétences
numériques de plusieurs habitants des nations en développement au
niveau de l'usage de l'ordinateur et d'Internet.
Il convient de noter que tous les écarts qu'on observe
entre le Nord et le Sud en matière de développement des TIC
s'expliquent essentiellement par des variables socioéconomiques
différentes47. En dehors du fossé numérique
entre PD et PVD, il existe aussi une profonde fracture entre les pays en
développement.
47 Rallet Alain et Rochelandet Fabrice, « La
fracture numérique... page 33.
1.2.2 Fracture numérique Sud-Sud
26
Elle renvoie aux inégalités existantes entre les
pays en développement en matière d'accès et d'utilisation
effective des TIC. Ces disparités s'observent essentiellement dans les
Etats africains où on retrouve généralement très
peu d'infrastructures de télécommunications et une faible
couverture du réseau électrique dans les campagnes. Toutefois, au
regard de l'indice de développement des TIC publié annuellement
par l'UIT (voir tableau 1), beaucoup de pays se démarquent dans le
continent. C'est le cas par exemple des pays d'Afrique du Nord qui
comparativement aux pays d'Afrique subsaharienne comme ceux d'Afrique Centrale,
se caractérisent par un niveau appréciable de
pénétration des TIC.
27
Tableau 1 : Indice de développement des
TIC (IDI), 2011 et 2012
Source : Base de données de l'UIT
sur les indicateurs de télécommunications dans le monde,
2013.
Comme l'illustre ce tableau, les Etats d'Afrique du Nord tels
que l'Egypte, le Maroc et la Tunisie ont respectivement un IDI se situant
à 3,65, 3,59 et 3,58. En revanche, les pays
28
29
d'Afrique Centrale ont un IDI très faible par rapport
à ceux d'Afrique blanche. Excepté le Gabon dont la moyenne se
situe à 2,46, les autres pays de la sous-région oscillent entre
1,66 et 1,00. Ces différents chiffres attestent que le taux de
pénétration des TIC reste relativement faible en Afrique
subsaharienne. Ce qui confirme l'existence d'une fracture numérique
Sud-Sud. Le fossé numérique peut également s'observer
entre les villes et les campagnes.
1.2.3 Fracture numérique entre villes et
campagnes
Selon le dictionnaire Larousse48, une ville fait
référence à une agglomération relativement
importante dont les habitants mènent des activités
professionnelles diversifiées. Très souvent, la ville se
caractérise par une forte démographie et par un grand
degré d'urbanisation. La tendance n'est pas toujours la même en
campagne. Celle-ci désigne un paysage rural qui se caractérise
par l'absence de haies et de clôture, la juxtaposition de parcelles
souvent allongées et par la division du territoire en quartiers de
culture49. Les villes sont généralement pourvues en
infrastructures diverses tandis que les milieux ruraux sont pour la plupart
sous-équipés comme c'est le cas en Afrique Centrale.
En nous appuyant sur les travaux de Rallet et
al50 qui distinguent trois types de territoires dont les
grandes villes, les zones grises ou périurbaines et les zones blanches
ou rurales, on comprend mieux ce qu'on entend par fracture numérique
entre villes et campagnes. En fait, les grandes agglomérations se
caractérisent par des infrastructures importantes :
électricité, fibre optique, câble, boucle locale radio ...
De même, on y retrouve une multiplicité de fournisseurs
d'accès et de services et, l'accès permanent au haut débit
est plus ou moins garanti. Les localités périurbaines
bénéficient aussi des équipements divers notamment
l'électricité, le signal de télécommunication, le
haut débit (qui très souvent est assuré par
l'opérateur historique) et bien d'autres. Cependant les milieux ruraux
demeurent des espaces sous-équipés. Ici, on note
fréquemment une vétusté des équipements
disponibles51. Par extension, nous dirons que certaines zones
blanches ne disposent même pas d'infrastructures. C'est le cas par
exemple des pays de la sous-région suite au faible niveau de
développement d'une part et au manque d'intérêt
accordé aux localités enclavées par les investisseurs du
secteur des télécommunications/TIC d'autre part et surtout, les
entrepreneurs
48 Le petit Larousse. Grand format, Paris, Larousse,
2005.
49 Ibid.
50 Rallet et al, op cit. Page 34.
51 Ibid. Page 34.
privés qui considèrent ces villages peu
rentables. Le fossé numérique se manifeste également entre
les hommes et les femmes.
1.2.4 Fracture numérique entre hommes et
femmes
Cette dimension du fossé numérique fait
référence aux écarts qui existent entre les hommes et les
femmes en matière d'usage effectif des TIC. En fait, il est
constaté que les hommes utilisent plus les technologies innovantes que
les femmes aussi bien dans les services administratifs que dans les
ménages. C'est d'ailleurs dans cette logique qu'on parle d'une fracture
numérique de genre52. De plus, d'après une
étude menée par Patricia Vendramin et Gérard
Valenduc53, les disparités entre les hommes et les femmes
persistent, mais elles s'atténuent progressivement avec la
généralisation de l'outil internet.
1.2.5 Fracture numérique entre jeunes et
vieux
La fracture numérique entre les jeunes et les vieux
désigne les inégalités observées entre ces deux
classes d'individus dans l'usage des TIC. Elle se justifie par le fait que la
proportion d'utilisateurs réguliers de ces outils diminue avec
l'âge54. En s'appuyant sur les travaux de Vendramin et
Valenduc55, on constate qu'il existait déjà des
disparités entre classes de personnes dans l'usage des technologies
innovantes. Les taux suivant l'illustrent clairement : 76% d'utilisateurs entre
15 et 21, 67% de 22 à 29 ans, 29% de 45 à 54 ans, 30% de 55
à 64 ans et 6% de 65 ans et plus. Toutefois, on note une progression
considérable au niveau de l'usage de ces dispositifs chez les individus
âgés de 55 ans et plus56. Cette évolution est
particulièrement due à deux facteurs. Premièrement,
l'arrivée dans cette tranche d'âge des personnes qui ont pu bien
se familiariser avec internet au cours de leur vie professionnelle.
Deuxièmement, le dynamisme des associations dans l'usage d'internet et
leur offre de formation pour leur public57. Bien que ces
données statistiques résultent d'une étude menée en
occident, il n'en demeure pas moins qu'en dépit de l'obsolescence des
données quantitatives, ces réalités sont plus ou moins
similaires en Afrique Centrale et au Cameroun précisément.
52 Robertine Tankeu, Fracture numérique de
genre au Cameroun : Quelle ampleur ?, Yaoundé, Anaïs-AC,
2005.
53 Vendramin P, Valenduc G., « Fractures
numériques, inégalités sociales et processus
d'appropriation des innovations », in Internet et
inégalités - Une radiographie de la fracture
numérique, Bruxelles, Editions Labor, 2003.
54 Vendramin P., Valenduc G., La lettre EMERIT
numéro 39, Namur, Juin 2004, page 4.
55 Vendramin P., Valenduc G., « Fractures
numériques, inégalités sociales et processus...
56 Ibidem
57 Ibid.
30
Ici, la fréquence d'utilisation des dispositifs
technologiques diminue de plus en plus que l'individu vieillit.
Au vu de ces variantes de la fracture numérique, nous
pouvons dire qu'il existe de profondes inégalités en
matière de diffusion des TIC entre les pays, les espaces
géographiques et les catégories d'individus. Ces dernières
favorisent l'élargissement des disparités politiques,
économiques et socioculturelles entre les Etats développés
et les nations en développement. Dès lors, la résorption
du fossé numérique demeure une grande nécessité
surtout, pour les pays en développement dont ceux d'Afrique Centrale. En
y parvenant, les Etats de la sous-région pourront davantage
s'insérer dans la société de l'information. De même,
il sera plus facile pour eux d'atteindre les objectifs du millénaire
pour le développement qui jusque qu'ici restent une priorité
majeure.
Il convient de préciser que dans le cadre de ce travail
qui se focalise à l'examen et à l'évaluation du processus
de réduction de la fracture numérique en Afrique Centrale et au
Cameroun précisément, nous nous intéresserons à la
fracture numérique Sud-Sud et au fossé numérique entre les
villes et les campagnes. Pour attester et mesurer l'existence de la fracture
numérique, divers indicateurs ont été
élaborés.
1.3 Indicateurs du fossé
numérique
Selon le dictionnaire Larousse, le terme indicateur fait
référence à ce qui indique, ce qui fait connaître.
Dans le cadre de cette étude, les indicateurs du fossé
numérique renvoient aux différents éléments
caractéristiques, aux instruments de mesure, aux diverses données
statistiques qui permettent d'attester et d'évaluer l'existence de la
fracture numérique entre les Etats, les zones géographiques et
entre les groupes sociaux. Nous distinguerons ici, les indicateurs primaires,
les indicateurs secondaires et les indicateurs composites.
1.3.1 Les indicateurs primaires
Cette première catégorie d'indicateurs renvoie
aux indices de base, du premier degré, aux caractéristiques
élémentaires de la fracture numérique. Ces indicateurs
englobent plusieurs aspects58 notamment : le nombre
d'infrastructures de télécommunications en prenant
58 Methamem Raouchen, « Note critique sur les
indicateurs de la fracture numérique », Réseaux,
2004, n°127-128, pp 211229.
31
en compte la télédensité59, le
niveau de pénétration de la téléphonie fixe et
mobile, le nombre de serveurs connectés à internet et les
coûts de connexion.
En se focalisant sur les réalités de l'Afrique
Centrale, on constate que les infrastructures de
télécommunications demeurent insuffisantes. En effet, on note
presque une obsolescence du réseau de téléphonie
fixe60 dans la sous-région. Excepté le Gabon et la
Guinée Equatoriale, tous les autres pays de cette partie de l'Afrique
possédaient moins de 7 lignes téléphoniques fixes pour
1000 habitants61 en 2009. De même, les coûts de
connexion à la technologie internet restent inaccessibles pour un bon
nombre d'individus. Au Gabon par exemple, le prix d'un abonnement internet
mensuel représente plus de 70%62 du SMIC63 tandis
que dans les autres pays, il faut débourser environ 67 dollars
(près de 30.000 FCFA64) pour s'offrir une connexion internet
illimitée alors que la moyenne mondiale pour le même service
oscille autour de 21 dollars (environ 10.000 FCFA).
Par ailleurs, les indicateurs primaires de la fracture
numérique s'intéressent également à
l'accessibilité des TIC en se focalisant précisément sur
le coût de ces technologies et en cherchant à connaître les
divers endroits où les individus y accèdent (les lieux de
services ou les ménages). Dans la sous-région et
précisément au Cameroun, en dehors des coûts prohibitifs de
connexion au haut-débit internet, on observe également que
plusieurs dispositifs technologiques tels que la télévision,
l'ordinateur, l'imprimante, le scanner etc. demeurent hors de portée
pour les citoyens moyens. Beaucoup de foyers sont certes équipés
d'un téléviseur comme c'est le cas au Cameroun65, mais
il n'en demeure pas moins que très peu disposent d'un ordinateur ou
encore moins d'une imprimante et d'un scanner. De plus, d'après Jean
Lucien Ewangue66 72% des utilisateurs de l'outil internet surfent
dans les cybercafés où le coût de connexion environne 300
FCFA l'heure contre 28% dans leur lieu de travail ou à domicile. Ces
différents éléments confirment l'existence d'une fracture
numérique à l'échelle primaire en Afrique Centrale en
général et au Cameroun en particulier. Hormis les indicateurs
primaires du fossé numérique, on distingue également les
indicateurs secondaires.
59 Selon un rapport de l'UIT de 1999, elle renvoie au
nombre de lignes principales de téléphone pour 100 habitants.
60 Etat d'avancement du processus d'intégration en
Afrique Centrale, Prospectus 2010, Yaoundé, CEA/BSR- AC, 2010, p
31.
61 Drissa Badiel Ali, Etat actuel des
infrastructures de télécommunications/TIC en Afrique
Centrale, UIT, 2009, p 9.
62 Etat d'avancement du processus d'intégration en
Afrique Centrale...
63 Salaire Minimum Interprofessionnel de Croissance
64 Banque Mondiale, Document officiel
d'évaluation du projet CAB, Septembre 2009, page 12.
65 En 2009, au vu des données fournies par
la Banque Mondiale sur le pourcentage de ménages possédant un
téléviseur, 33% de foyers disposaient d'une
télévision au Cameroun.
66 Ewangue Jean Lucien, « La politique de
développement des Technologies de l'Information et de la Communication
au Cameroun : une dynamique d'accès inégalitaire à la
société de l'information », Symposium Netsud, 2009.
1.3.2 Les indicateurs secondaires
32
Les indicateurs secondaires sont des indices de second
degré. Ces derniers se focalisent sur le niveau d'utilisation des TIC
par les individus. Notons que pour bien évaluer le niveau d'usage, les
études se focalisent très souvent sur le coût d'utilisation
du téléphone fixe, du téléphone portable, de
l'internet etc. En Afrique Centrale en général et au Cameroun
surtout, le niveau d'utilisation des technologies numériques reste
faible en dépit des nombreux efforts consentis par les pouvoirs publics
pour promouvoir la vulgarisation des TIC. En fait, on observe que la
téléphonie fixe n'est pas suffisamment utilisée. Avec plus
de quinze ans d'existence, l'opérateur historique CAMTEL ne parvient
toujours pas à franchir la barre des 1 millions d'abonnés au
téléphone fixe.
Eu égard au manque d'homogénéité
et de fiabilité des indicateurs primaires et secondaires, d'autres
instruments de mesure de la fracture numérique ont été
élaborés.
1.3.3 Les indicateurs composites
Les indicateurs composites sont composés
d'éléments variés. C'est ainsi qu'ils prennent en compte
:
- l'IDI (Indice de Développement des TIC de l'UIT) qui
évalue les progrès accomplis pour la promotion des technologies
numériques dans les PD et dans les PVD en déterminant le niveau
d'accès numérique de chaque Etat dans le monde. Cet indicateur
est le plus pertinent. C'est une valeur repère présentée
sur une échelle de 0 à 10 et composée de 11 indicateurs.
L'IDI prend en compte le niveau d'accès des TIC, le niveau d'utilisation
de ces outils et le niveau de compétences numériques.
- L'Info-Etat de l'Agence Canadienne de Développement
International qui analyse les TIC en s'attardant sur l' «
infodensité67 » et l' «
info-utlisation68 » nationale.
- Les indicateurs non institutionnels conçus par des
chercheurs d'Institutions académiques. Dans cette catégorie on
peut citer l'IDIA (l'indicateur synthétique du développement de
l'Internet en Afrique) élaboré par Conté
Bernard69 qui inclut cinq variables : le nombre d'utilisateurs
internet rapporté à la population, la
télédensité, le nombre de Fournisseurs d'Accès
Internet (FAI), le débit de la connectivité (en
67 D'après Methamem Raouchen, op.cit.
l'infodensité symbolise les TIC en tant que biens de
production
68 Toujours selon Raouchen, cet indicateur
s'intéresse aux technologies numériques comme des biens de
consommation
69 Conté Bernard, La fracture
numérique en Afrique, Centre d'économie du
développement, Université Montesquieu-Bordeaux IV, 2000, page
1.
33
Mégabits ou en Kilobits/secondes) et le nombre
d'ordinateurs connectés rapportés à la population.
En plus de ces indicateurs, nous pouvons ajouter un indicateur
des capacités de production des technologies innovantes. Ce dernier
prend en compte le nombre d'industries de fabrication des TIC implantées
dans un Etat ou dans une région.
Parvenus au terme de cette section, nous pouvons dire que le
fossé numérique existant entre les nations du Nord et celles du
Sud contribue à l'accroissement des inégalités politiques,
économiques et socioculturelles entre ces deux catégories d'Etats
de la société internationale. Pour les pays en
développement dont ceux d'Afrique Centrale et le Cameroun en
particulier, la résorption de ce fossé est un objectif
impérieux.
SECTION II : ENJEUX DE LA REDUCTION DE
LA FRACTURE NUMERIQUE EN AFRIQUE CENTRALE
L'enjeu dans l'acception courante, est quelque chose que l'on
risque dans une compétition, une activité économique ou
une situation vis-à-vis d'un aléa. C'est également ce que
l'on peut gagner ou perdre en faisant quelque chose. Parler des enjeux dans le
cadre de la réduction de la fracture numérique revient à
parler des possibilités qu'offrent les TIC en faveur de la
réalisation des objectifs du millénaire pour le
développement. Ainsi, l'objectif de cette section est de montrer les
avantages liés à la mise en place d'une société de
l'information inclusive.
2.1 Mise en place d'une société de
l'information inclusive
La capacité pour chaque individu d'accéder
à l'information, aux idées et au savoir et d'y contribuer
efficacement est essentielle dans une société de l'information
inclusive. L'exclusion numérique renvoie à une coupure sociale
entre les « insiders » c'est-à-dire ceux qui ont
accès à l'information et les « outsiders
»70 ceux qui n'en ont pas à cause des
difficultés liées à l'accès aux TIC pour diverses
raisons. En Afrique Centrale, les « outsiders » sont pour la plupart
victimes de marginalisation sociale, culturelle et
économique71. Ces derniers ne participent pas
véritablement à l'économie numérique. Cependant, la
réduction du fossé
70 Brotcorne Périne et al,
Diversité et vulnérabilité dans les usages des TIC. La
fracture numérique au second degré, Gent, Academia Press,
2010, p 60.
71 Conseil national du numérique,
Citoyens d'une société numérique, Rapport
à la ministre déléguée chargée des petites
et moyennes entreprises, de l'innovation et de l'économie
numérique, Octobre 2013.
34
numérique dans la sous-région permettra de
mettre en place une société de l'information inclusive qui
privilégiera le développement. Dans cette société,
chaque citoyen aura la possibilité de créer, d'obtenir,
d'utiliser et de partager l'information et le savoir. De même les
individus, les communautés et les peuples pourront mettre en oeuvre
toutes leurs potentialités dans la société de
l'information. Un tel état de fait favorisera le développement
durable et l'amélioration des conditions de vie des populations. Ainsi,
les pays d'Afrique Centrale se donneront des moyens pour atteindre les
objectifs du millénaire pour le développement. En dehors de
l'édification d'une société de l'information inclusive, la
résorption du fossé numérique permettra également
aux Etats de la sous-région d'accroître leurs économies.
2.2 Croissance économique
La croissance économique se perçoit comme un
accroissement de la productivité étatique symbolisée par
l'augmentation du Produit Intérieur Brut (PIB). Elle dépend
généralement d'une forte création d'emplois et de la
multiplication des revenus de l'Etat. La réduction du fossé
numérique permettra effectivement aux Etats de la sous-région
d'atteindre cet objectif de façon continue notamment, par la
création des emplois et l'accroissement des richesses.
2.2.1 Création des emplois
La non-professionnalisation des enseignements qui a longtemps
prévalu dans plusieurs pays d'Afrique Centrale, a engendré
d'énormes difficultés d'obtention d'emploi chez les
élèves et étudiants ayant terminé leur
scolarité. Malgré leurs hautes qualifications intellectuelles,
bon nombre de diplômés de cette partie de l'Afrique peinent encore
à décrocher un travail décent leur garantissant une vie
stable et paisible. Dès lors, le sous-emploi apparaît souvent
comme une issue de secours pour ces individus particulièrement jeunes en
quête d'équilibre social. Cependant la réduction du
fossé numérique donnera la possibilité aux chômeurs
d'occuper des fonctions plus convenables grâce à la
création de plusieurs emplois directs et indirects.
a- Les emplois directs
35
Un emploi direct peut se définir comme une offre
directe des biens et des services aux usagers ou consommateurs.
L'avènement des technologies numériques a favorisé
l'émergence du commerce électronique. Né de la
généralisation et de l'internationalisation
d'Internet72, le commerce électronique selon l'OMC
désigne « l'ensemble des activités de production, de
publicité, de vente et de distribution de produits effectuées par
l'intermédiaire de réseaux de
télécommunications73 ». Avec cette
nouvelle forme d'échange, chaque individu sachant effectivement utiliser
un ordinateur et l'outil Internet est en mesure de conquérir divers
marchés en proposant des biens et des services sur la toile. Dans
plusieurs pays africains, ce négoce rentre de plus en plus dans les
pratiques. Au Cameroun à titre indicatif, le site
BayamSellam.com74 met à la disposition de tout internaute
ayant des produits à vendre un comptoir virtuel où il peut
exposer ses objets en offrant des possibilités de transaction à
l'africaine75. Ici, le potentiel acheteur négocie le prix
avec le vendeur jusqu'à ce que les deux parties tombent d'accord comme
sur un vrai marché africain76.
En outre, les populations résidant en milieu rural,
avec pour activité principale l'agriculture, sont à même
d'écouler le produit de leur labeur sur des marchés
extérieurs à meilleur prix notamment à travers la vente de
leurs marchandises en ligne. Toutefois, l'efficacité de ce trafic
nécessite la sécurisation des modes de paiements pour
éviter toutes sortes d'arnaques et l'existence d'une législation
adéquate. La réduction du fossé numérique permettra
également de créer des emplois indirects.
b- Les emplois indirects
Les services à distance sont devenus une
réalité dans la société internationale actuelle
grâce aux TIC. Ces technologies facilitent le développement des
téléservices qui se définissent comme « la
fourniture transfrontières, via des réseaux de TIC, de
prestations dans lesquels le fournisseur de services se situe dans le pays de
destination de l'externalisation ou de la délocalisation, alors que
l'entreprise donneuse d'ordre se trouve dans un autre
pays77 ».
72 Jacques Bonjawo, Révolution
numérique dans les pays en développement. L'exemple
africain, Paris, Dunod, 2011, p 58.
73 Définition tirée de l'ouvrage de
Jacques Bonjawo op.cit, p 59.
74 http//
www.bayamsellam.com
75 Jacques Bonjawo, op.cit, p 68.
76 Ibid.
77 Ibid. P 71.
36
A la lecture de cette définition, le
téléservice reste une opportunité à saisir par les
Etats de la sous-région pour multiplier les emplois.
En effet, cette nouvelle façon de faire permettra
à de nombreux chômeurs de changer leur statut dans la mesure
où elle leur procurera des emplois permanents et
rémunérés. A propos, quelques pays africains sont
déjà engagés dans la fourniture des
télétravaux. Au Sénégal par exemple, SESI
(Sénégalaise de Saisie Informatique) assure la
numérisation, la mise en page, l'indexation et la correction des
articles scientifiques en français et en anglais pour les maisons
d'édition européennes78.
Par ailleurs, le télé conseil ne cesse de se
répandre suite à la délocalisation des centres d'appel de
plusieurs entreprises francophones dans les anciens territoires coloniaux
français tels que le Maroc, la Tunisie, l'Algérie, le
Sénégal, l'île Maurice, Madagascar, le
Sénégal79 et même au Cameroun (avec la
société Intertis). Ce service permet à plusieurs jeunes
télétravailleurs africains de jouer le rôle de conseiller
en ligne pour les organisations étrangères d'autant plus que ces
sociétés ont constaté qu'en délocalisant certains
services sur le continent, elles font d'énormes économies
grâce à la main-d'oeuvre bon marché. Si le
téléservice se présente comme une chance pour les
multiples demandeurs d'emplois africains, les dirigeants d'Afrique Centrale
gagneraient à promouvoir le développement des infrastructures
modernes de télécommunications et à professionnaliser
davantage les enseignements. Hormis la création des emplois, la
réduction du fossé numérique favorisera aussi
l'accroissement des revenus étatiques.
2.2.2 Accroissement des richesses
Très souvent, la croissance économique d'un Etat
se subordonne à la présence d'un système managérial
efficace facilitant la productivité. En Afrique Centrale, la gouvernance
fait encore l'objet de certaines critiques par diverses institutions
internationales telles que le FMI80, la Banque Mondiale et la CEA.
Un tel état de fait ne favorise pas la croissance. Avec les TIC, les
pays de la sous-région amélioreraient significativement leurs
modes de gestion, gage de toute augmentation des revenus nationaux.
78 Ibid. P 73.
79 Ibid. P 71.
80 Fonds Monétaire Internationale
37
La diversification des entreprises fournissant les services de
télécommunications encourage une meilleure offre des prestations
à la clientèle81. En fait, si les avantages
proposés par une société de téléphonie
mobile intéressent grandement les consommateurs, nombre d'entre eux s'y
abonneront. Le cas échéant, l'organisation fera de gros
bénéfices. Plus ces bénéfices augmenteront, plus
l'Etat accumulera ses recettes issues de la taxe sur le marché des
télécommunications haussant ainsi son Produit Intérieur
Brut (PIB). D'ailleurs, selon l'UIT, l'accroissement du nombre d'abonnements au
service cellulaire mobile a entrainé une forte croissance des revenus
dans les pays en développement82.
D'autre part, la vulgarisation des technologies
numériques implique l'intensification des importations de ces
technologies suite à l'extension de la demande, ceci débouche au
redoublement des gains douaniers de l'Etat. Toutes ces multiples
rentrées donnent la possibilité au pays de financer plusieurs
projets de développement à long terme. Une bonne
démocratisation des TIC en Afrique Centrale influera aussi dans les
domaines politiques et socioculturels.
2.3. Le développement social
Dans la plupart des Etats du Sud, la garantie de la
santé des citoyens quel que soit leur lieu de résidence n'est pas
encore un acquis. Malgré tous les efforts consentis par les gouvernants
pour assurer ce droit fondamental, les individus résidant dans les
campagnes peinent encore à se faire soigner à cause du
déficit en infrastructures sanitaires. Certes, il existe plusieurs
centres de santé, mais ils sont sous-équipés et ne peuvent
pas efficacement répondre aux multiples sollicitations des populations.
De plus, on n'y retrouve pas toujours des médecins puisque ceux-ci
refusent d'exercer en zones rurales à cause des mauvaises conditions de
vie.
Par ailleurs, le manque de moyens financiers des personnes
vivant en milieu rural ne favorise guère leur déplacement pour
les hôpitaux situés dans les centres urbains. Une telle situation
aggrave le taux de mortalité et affaiblit la main d'oeuvre qui doit
pourtant être forte pour soutenir l'Etat dans la réalisation de
ses projets structurants. Toutefois les technologies numériques donnent
la possibilité aux Etats en développement de résoudre ce
problème à travers la télémédecine et la
cybersanté.
81 M.A NGONO ZINTCHEM, « Problématique de
l'appropriation des TIC au Cameroun », op.cit, p 201.
82 UIT, Mesurer la société de
l'information 2012. Résumé analytique, Genève, 2013,
p 18.
38
Selon le Ministère de la Santé et des Services
sociaux du Québec au Canada, la télémédecine
désigne :
« les soins et les services de santé, les
services sociaux, préventifs ou curatifs, rendus à distance par
le biais d'une télécommunication, incluant les échanges
audiovisuels à des fin d'information, d'éducation et de
recherche, et le traitement de données cliniques et administratives
effectués à distance par le biais d'une communication
électronique83 ».
La médecine à distance devient de plus en plus
une réalité en Afrique. En Afrique du Sud à titre
indicatif, un projet fut lancé dans ce cadre en 1996 au sein de
l'hôpital pour enfant de Tygerberg au Cap afin de permettre aux
spécialistes de cette unité sanitaire de communiquer directement
avec trois centres médicaux des quartiers
défavorisés84. En Ouganda, depuis 2000, un programme
similaire relie l'hôpital universitaire de Mulago situé en
province à l'hôpital Mengo de Kampala, la capitale85.
En dehors de leur appui à l'amélioration des services de
santé, les TIC permettent aussi d'accéder à la
connaissance.
Pour se développer, une nation a besoin d'Hommes forts
capables d'impulser une dynamique positive du progrès et de veiller au
suivi permanent des projets d'investissement. Pour acquérir ces
aptitudes, les individus doivent bien se former. Rappelons que l'essor des PD
aujourd'hui est dû au suivi et à l'efficacité dans la
maîtrise des projets et stratégies de développement. Les
PVD doivent en faire autant en mettant un accent sur la formation du capital
humain. Malheureusement aux vu des limites présentées par
certains instituts académiques du Sud, cet objectif s'avère
difficile à atteindre. Les Etats recourent fréquemment à
l'octroi des bourses d'études aux étudiants pour remédier
à cette situation. Toutefois ceci semble insuffisant puisque très
peu en bénéficient. En outre lorsque certains boursiers terminent
leurs études, ils préfèrent offrir leurs services aux pays
d'accueil. Le cas échéant, on parle de la fuite des cerveaux. En
recourant à l'enseignement à distance, les dirigeants pourront
mieux tirer profit de leurs génies.
En effet, l'e-learning ou enseignement
électronique permet aux universités du Sud d'offrir les
meilleures formations à distance à leurs étudiants. Il
suffit juste que l'Etat intéressé signe un partenariat de
coopération avec une université du Nord dans ce cadre et pourvoi
les infrastructures nécessaires. Ce genre d'initiative s'observe
déjà en Afrique à travers les cinq
83 Définition tirée de l'ouvrage de
Jacques Bonjawo, op.cit, p 77-78.
84 Jacques Bonjawo, op.cit, p 81
85 Ibid. P 82.
39
universités virtuelles présentes dans les
différentes sous-régions du continent. L'Université
virtuelle offre la possibilité aux étudiants africains de se
former à distance dans les grandes universités
étrangères. Ces apprentis acquièrent des connaissances
qu'ils mettront au profit de leurs pays.
Sinon, les TIC facilitent aussi l'épanouissement social
des individus de par leur dimension ludique. Actuellement, on distingue
plusieurs réseaux sociaux (Facebook, Twitter, Badoo, Hi 5,
Skyrock...) et divers sites de rencontres (
Meetic.com, 123
Love.com,
Drague.net...) sur Internet qui
encouragent le divertissement de l'Homme. Une appropriation suffisante des TIC
dans les usages augmentera le nombre d'internautes des pays en
développement et partant favorisera davantage le brassage culturel entre
les peuples du Nord et ceux du Sud. Cependant, il faudra redouter la
prolifération d'actes cybercriminels consécutive au
dédoublement des internautes. En outre, le nombre de jeunes
passionnés du visionnage des films à caractère
pornographiques sur la toile risque s'accroître dépravant
davantage les moeurs dans les sociétés précisément
en Afrique. Toutefois, les technologies numériques sont aussi un atout
d'émergence politique.
2.4 Le développement politique
Si de façon classique la politique se perçoit
comme l'art de diriger les Hommes ou un Etat, elle ne fait pourtant pas
l'unanimité dans les pays en développement. Plusieurs fois
sujette à caution du fait des multiples contestations des processus
électoraux et par conséquent de la légitimité
démocratique des élus, certains systèmes politiques des
Etats sous-développés sont généralement
considérés d'immatures ou d'autoritaires par les grandes
puissances étrangères. Ces dernières accusent beaucoup de
dirigeants politiques en exercice de verrouiller les systèmes
électoraux pour se maintenir au pouvoir. En Afrique, ce genre de
pratiques est récurrent. Les opposants au régime en place
soutiennent toujours l'idée selon laquelle les différents
scrutins organisés pour le choix des gouvernants sont entachés de
fraudes et très souvent, ceci aboutit à des contestations
pacifiques ou conflictuelles. La controverse existant au niveau des processus
électoraux s'inscrit alors au rang des facteurs d'instabilité
politique du continent. Pour enrayer ces conflits, la plupart des Etats ont
informatisé leurs fichiers électoraux. Toutefois
l'informatisation seule ne suffit pas puisque le régime en place peut
toujours verrouiller le système. En plus de la numérisation, il
faudrait par exemple mettre ce répertoire en ligne pour le rendre
accessible à chaque citoyen. La mise
en ligne du fichier électoral sénégalais
existant depuis 1977 au cours de l'année 200086 est un bon
exemple d'attachement et de préservation des valeurs
démocratiques. Selon Lamine Cissé, ministre de l'intérieur
du Sénégal d'alors « le recours aux nouvelles
technologies de l'information et de la communication a permis de clore le
débat sur la fiabilité du fichier, mais surtout de banaliser
l'accès à ce registre. (...) Cela donne à ces
électeurs un sentiment de puissance (responsabilité citoyenne)...
87». Au regard de ces arguments, la place des TIC
dans la consolidation de l'idéal démocratique des PVD n'est plus
à démontrer.
Au terme de cette section, il convient de dire que la
réduction de la fracture numérique en Afrique Centrale demeure un
impératif pour le développement de cette partie de l'Afrique.
40
86 Ibid. P147.
87 Jacques Bonjawo citant Lamine Cissé dans son
ouvrage Révolution numérique dans les pays..., p147.
CONCLUSION DU CHAPITRE 1
41
Parvenus au terme de cette analyse, nous pouvons dire que le
fossé numérique qui sépare actuellement le Nord et le Sud
freine considérablement le décollage des pays en
développement. Pourtant, les TIC présentent de fourmillants
avantages à exploiter pour devenir émergent. A titre illustratif,
on peut citer la gouvernance électronique qui favorise la
célérité des services administratifs et le commerce
électronique qui permet à toutes catégories de personnes
d'accéder aux marchés nationaux et internationaux. Si en Occident
les technologies numériques ont grandement transformé le paysage
politique, économique et socioculturel, il n'est pas exclu que les pays
d'Afrique Centrale en quête d'émergence, puissent aspirer à
des lendemains meilleurs grâce à ces mêmes dispositifs.
Cependant, ils doivent d'abord réduire le fossé numérique
en leur sein en définissant des stratégies efficaces. Pour ce
faire, des politiques ont été mises en place pour réduire
la fracture numérique en Afrique centrale en général et au
Cameroun en particulier. Il sera donc question au chapitre suivant d'examiner
ces différentes politiques.
42
CHAPITRE 2 : STRATEGIES DE REDUCTION
DE LA FRACTURE NUMERIQUE EN AFRIQUE CENTRALE
Le chapitre précédent était
consacré à la clarification conceptuelle des terminologies
utilisées et à l'énonciation des différents enjeux
liés à la résorption du fossé numérique dans
la sous-région. Au terme de cet exercice, il a été
démontré que la réduction de la fracture numérique
pourrait favoriser l'essor politique, économique et socioculturel de ces
pays. Conscient de la nécessité de réduire le fossé
existant en Afrique Centrale en général et au Cameroun en
particulier, des stratégies ont été
élaborées par ces pays. Ce chapitre va tenter de passer en revue
ces différentes mesures.
SECTION I : STRATEGIES AU NIVEAU SOUS-REGIONAL
La stratégie selon le dictionnaire
Larousse88, renvoie à l'art de combiner l'action des forces
militaires en vue d'atteindre un but de guerre déterminé par le
pouvoir politique. Le dictionnaire numérique le trésor de la
langue française quant à lui, définit la stratégie
comme un ensemble d'actions coordonnées, d'opérations habiles et
de manoeuvres en vue d'atteindre un objectif précis89. Dans
le cadre de la réduction du fossé numérique, la
stratégie renvoie à l'ensemble des dispositions politiques ou
techniques qui permettent de résorber les écarts entre les
différentes couches sociales. En Afrique Centrale, des actions sont
menées à différents niveaux par les Etats aussi bien dans
l'élaboration des politiques que dans la création des structures
d'accompagnement. A titre illustratif, la Conférence des ministres en
charge des télécommunications et des TIC d'Afrique Centrale tenue
en 2009 a identifié plusieurs axes stratégiques pour
réduire la fracture numérique. Notamment, la possibilité
de mettre en place un backbone large bande en fibre optique en 2010, puis la
possibilité d'interconnecter les capitales de ces pays à
l'horizon 2013. L'harmonisation des tarifs de communications projetée
pour 2012 et la mise en place d'un système d'information
sous-régionale des TIC... De même, Les organismes tels que la
COPTAC, l'ARTAC, le PEAC, le centre sous-régional de maintenance des
télécommunications, le projet CAB... ont été
créés. Il sera question pour nous de passer en revue ces
différents instruments pour mieux apprécier leur contribution
dans le processus de réduction du fossé numérique en
Afrique Centrale.
88
http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/strat%C3%A9gie/74818
site consulté le 02 décembre 2014.
89
http://atilf.atilf.fr/dendien/scripts/tlfiv5/advanced.exe?8;s=3559618695
site consulté le 02 décembre 2014.
1.1 La COPTAC
43
Dans le but d'harmoniser les politiques nationales en
matière de postes et télécommunications90 et
afin de dynamiser la construction communautaire dans ce secteur, les pays de la
sous-région ont créé la Conférence des Postes et
Télécommunications d'Afrique Centrale en 199891. Selon
le texte qui l'a créé, la COPTAC a pour mission principale de
définir et de mettre en place une politique d'orientation et une
stratégie commune dans le domaine concerné. Elle doit de ce fait,
assurer le développement et l'amélioration de la qualité
des services dans le secteur des télécommunications au niveau
sous-régional et international92.
Par ailleurs, la COPTAC promeut les échanges
d'informations techniques, d'expériences, de compétences ainsi
que la concertation entre les institutions nationales et les autres partenaires
dans le domaine des postes et télécommunications en
privilégiant l'approche participative93. Elle définit
également les conditions techniques, économiques et tarifaires
d'interconnexion des réseaux et harmonise les politiques nationales en
matière de développement des infrastructures de
communications94.
En outre, la COPTAC soutient et encourage la formation des
personnels des Etats membres dans les écoles et les centres de formation
de la sous-région. Elle mène des actions d'identification des
projets communautaires et en assure la mise en oeuvre pour leur aboutissement.
Elle milite autant que possible en faveur de l'instauration d'une tarification
préférentielle dans le secteur concerné en Afrique
Centrale et participe aussi à la recherche des financements
auprès des institutions financières internationales et des
organismes d'aide et de coopération pour les études et la
réalisation des projets communautaires95. Pour l'atteinte de
ses objectifs, la COPTAC bénéficie de l'appui de l'UIT, de
l'UPU96, de l'UAT97, de l'UPAP98 et de la
CEA.
90 Les télécommunications en Afrique. Panorama,
problématiques, enjeux et perspectives, Performances Management
Consulting (PMC), Octobre 2007, p 25.
91 Rapport de la réunion des experts de la CEEAC et de
la COPTAC tenue à Bangui du 15 au 16 novembre 2010, p 2.
92 Ibid. P 3.
93 Ibid.
94 Ibid.
95 Ibid. P 4.
96 Union Postale Universelle
97 Union Africaine des
Télécommunications
98 Union Panafricaine des Postes
44
A son actif, l'organe interministériel s'est
réuni plusieurs fois en assemblée plénière
extraordinaire. La dernière rencontre a eu lieu du 24 au 26 avril 2014
à Yaoundé avec la participation du Burundi, du Cameroun, de la
Guinée Equatoriale, de la RCA et du Tchad99. A l'issue de
cette réunion, les ministres en charge des postes et
télécommunications ont décidé entre autres : de
mettre en place un centre sous-régional d'émulation et de soutien
au développement de l'économie numérique, de
réaliser une infrastructure d'interconnexion sous-régionale, de
créer des points d'échanges internet dans la communauté,
de procéder à la migration de la radiodiffusion
télévisuelle de l'analogie au numérique et d'harmoniser
les politiques communautaires en matière de
cybercriminalité100.
1.2 Le centre sous-régional de maintenance des
télécommunications
Le centre sous-régional de maintenance des
télécommunications101 a été
créé le 21 juillet 2000 à Bangui. Sa création fait
suite aux difficultés rencontrées par les administrations et les
entreprises en charge des télécommunications dans la gestion des
réseaux de télécommunications et la mise en place des
services à valeur ajoutée. Ce centre a pour siège
Yaoundé et ses principales missions se résument entre autres
à la réparation des cartes électroniques complexes des
équipements de télécommunications (commutations,
transmission numérique, terminaux d'abonnées...). Il doit
également s'occuper du dépannage et de l'étalonnage des
appareils de mesure des entreprises publiques et privées des
télécommunications, de la radiodiffusion, de la
télévision et éventuellement d'autres services
spécialisés102.
De plus, le centre doit étudier la fiabilité des
équipements fonctionnant sur le continent et la qualité des
appareils envoyés en réparation. Il doit vérifier
l'adaptation des installations au contexte africain et doit s'occuper du
perfectionnement des ingénieurs et techniciens des laboratoires et
centres nationaux de maintenance. L'organisation doit aussi prêter les
appareils de mesures et les testeurs coûteux d'utilisation peu
fréquente aux entreprises privées... Toutefois, il faudrait noter
que malgré sa création, ce centre n'est toujours pas
fonctionnel.
99
http://www.minpostel.gov.cm/index.php?option=com_content&view=article&id=399%3Aafrique-centrale-les-ministres-des-postes-et-telecommunications-etaient-en-conclave-a-yaounde-&catid=50%3Aa-la-une&lang=fr
site consulté le 12 juin
2014. 100Ibid.
101 Voir préambule de l'accord intergouvernemental portant
création du centre sous-régional de maintenance des
télécommunications des pays d'Afrique Centrale membres de la
CEEAC.
102 Ibidem
1.3 L'ARTAC
45
L'Association des Régulateurs de
Télécommunications de l'Afrique Centrale a été
créée lors de la première assemblée constitutive
des régulateurs de télécommunications d'Afrique Centrale
tenue à Yaoundé du 25 au 26 novembre 2004103. Sa
création se justifie par la nécessité d'harmoniser les
législations nationales dans le domaine des
télécommunications104 en vue d'une vulgarisation des
TIC pour le développement au niveau sous-régional. Elle est
composée de 07 Etats membres la RCA, le Congo, le Gabon, le Tchad, la
RDC et le Cameroun qui est le régulateur garant. L'ARTAC a pour objectif
entre autres :
- la mise en place des structures législatives et
réglementaires modernes pour ce qui concerne la fourniture des services
de télécommunications dans tous les Etats de la
sous-région ;
- la promotion des projets de libéralisation et de
concurrence en vue de renforcer les réseaux et d'améliorer
l'efficacité des services de télécommunications dans la
sous-région ;
- l'élaboration de politiques visant à
faciliter l'accès universel et la pénétration
des télécommunications dans les zones rurales et mal
desservies de la sous-région;
- la promotion de la création et de l'exploitation dans
les pays d'Afrique centrale de réseaux et services de
télécommunications efficaces, adéquats et rentables,
susceptibles de répondre aux besoins multiples des clients tout en
étant économiquement durables...
Concernant ses missions105, l'ARTAC oeuvre pour
l'élaboration et l'harmonisation des réglementations en
matière de fourniture et de tarification des services de
télécommunications dans les pays de la sous-région. Elle
facilite les échanges d'idées, d'opinions et d'expériences
entre les membres sur tous les aspects de la réglementation du secteur
des télécommunications. De même, l'association est
chargée de l'élaboration et de la formulation du plan directeur
sur les TIC dans la sous-région. Ce plan fixe les objectifs politiques
et pose les jalons de la modernisation des infrastructures de
télécommunication et des services de distribution dans la
communauté.
103 Présentation de l'Association des
Régulateurs de Télécommunications de l'Afrique
Centrale, 7ème forum sur la règlementation des
télécommunications en Afrique, Yaoundé, 7-8 juin 2006, p
1.
104 Les télécommunications en Afrique.
Panorama, problématiques, enjeux et perspectives, Performances
Management Consulting (PMC), Octobre 2007, p 25.
105 Union Internationale des Télécommunications,
Harmonisation règlementaire des TIC : Etude comparée des
initiatives régionales, 2009.
1.4 Le Pool Energétique d'Afrique Centrale
(PEAC)
46
L'énergie demeure la première ressource sinon la
plus essentielle pour favoriser la réduction de la fracture
numérique entre les peuples. La création du PEAC remonte au 12
avril 2003 à Brazzaville au Congo pour juguler la carence en
énergie électrique observée dans la sous-région.
Considéré, comme une institution spécialisée de la
CEEAC depuis le 27 avril 2004, le PEAC a pour ambition de valoriser
l'énorme potentiel énergétique de la sous-région
afin de satisfaire les besoins énergétiques au sein et en dehors
de l'espace communautaire d'ici 2025106 à travers la
création des boulevards énergétiques interconnectés
et des marchés libres d'échange d'énergie plus efficaces
et prospères.
Le PEAC devra jouer un rôle assez significatif dans le
cadre de la réduction de la fracture numérique en Afrique
Centrale. Pascal Mawoula affirme d'ailleurs que cet organisme pourra contribuer
à l'accroissement du taux d'électrification régionale
à hauteur de 50 % d'ici 2025. Cette hausse en fourniture
énergétique pourrait être comme une bouffée
d'oxygène pour les pays de la sous région dans le processus de
démocratisation des TIC. Hormis ces différentes mesures, le
projet CAB est un moyen de résorption du fossé numérique
en Afrique Centrale.
1.5 Le projet CAB
Le projet « réseau de
télécommunications haut débit à fibre optique de
l'Afrique Centrale - Central African Backbone » - CAB (projet CAB) est
né en 2007 à N'djamena lors de la rencontre des Chefs d'Etat et
de gouvernement de la CEMAC107. Sa mise en oeuvre émane de la
nécessité d'interconnecter les différents pays africains
à travers le slogan « Connecter l'Afrique » lancée au
cours de la réunion qui s'est tenue à Kigali du 29 au 30 octobre
2007. Le projet CAB vise entre autre, l'augmentation effective de la
connectivité, l'accroissement de l'utilisation des services
régionaux à large bande et la réduction des prix des
services de télécommunications/TIC en Afrique
Centrale108. Il est constitué d'un ensemble de connexions
terrestres à fibre optique devant relier tous les Etats membres de la
CEEAC au réseau mondial à haut débit à partir des
points d'atterrissement des câbles sous-marins (SAT 3, WACS, ACE et SAFE)
tel qu'illustré dans la figure ci-dessous.
106 Mavoula Pascal, Le Pool Energétique d'Afrique Centrale
(PEAC), Secrétariat permanent du PEAC, Brazzaville.
107 Unité de Coordination du projet CAB, Brochure
de présentation du projet CAB, Composante République du
Cameroun, p 3.
108 Ibid.
47
Figure 1 : Configuration finale du
réseau CAB
Source : Projet CAB, composante
Cameroun
La figure ci-dessus montre que le projet CAB est en cours
d'opérationnalisation malgré le fait que plusieurs
interconnexions restent à réaliser afin d'aboutir à un
maillage totale de la sous-région en fibre optique.
En dehors de l'interconnexion, le projet CAB vise
également la réduction du coût des affaires, la mutation
des Etats vers l'e-governance, la création d'emplois
sur toutes les formes et la création des services à valeur
ajoutée109 ... Il faudrait relever que depuis sa
création, la fibre optique a déjà été
déployée dans plusieurs villes comme le démontre la figure
1.
109 Ibid.
48
Rendu au terme de cette section, il convient de dire que
plusieurs stratégies ont été mises en oeuvre pour
réduire la fracture numérique en Afrique Centrale en
générale. A l'échelle nationale, des dispositions ont
également été prises dans ce sens.
SECTION II : STRATEGIES AU NIVEAU DU CAMEROUN
La réduction du fossé numérique s'inscrit
au rang des priorités de la vision de développement à long
terme des pouvoirs publics. Ceci est d'autant plus consacré dans le
DSCE110 où un accent particulier est accordé à
la promotion des TIC. D'après ce cadre de référence de
l'action gouvernementale, les dirigeants envisagent d'ici 2020, porter la
télédensité fixe à 45% et la
télédensité mobile à 65 %. De même, l'Etat
s'est donné pour objectif de doter 40000 villages de moyens de
télécommunications modernes, de faire passer le débit de
transfert des données à 3800 Mb/s et de multiplier par 50 le
nombre d'emplois directs et indirects dans le domaine des
télécommunications/TIC. Pour atteindre ces différents
objectifs, plusieurs textes juridiques encadrant les activités du
secteur des télécommunications/TIC ont été
élaborés et diverses institutions d'accompagnement ont
été créées. Dans le même ordre d'idée,
les dirigeants oeuvrent pour le développement du réseau national
de télécommunications et pour la formation des citoyens aux
TIC.
2.1 Le cadre règlementaire et
institutionnel
Il nous incombe de parler des différents instruments
juridiques et des diverses institutions qui soutiennent les stratégies
nationales de réduction de la fracture numérique.
2.1.1 La règlementation
Au sens large, la réglementation peut se définir
comme un ensemble d'indications, de lois, de prescriptions, de règles,
et autres textes juridiques régissant une activité sociale. Il
peut aussi simplement s'agir de l'ensemble des mesures légales et
réglementaires qui régissent une question. Pour réduire la
fracture numérique et projeter le Cameroun vers la modernité, les
pouvoirs publics ont élaboré plusieurs textes juridiques. Il
importe de passer en revue ces différents instruments. Une distinction
s'impose entre les textes du domaine des télécommunications et
ceux du secteur des TIC.
110 Ministère de l'Economie et des Finances, Document
de Stratégie pour la Croissance et l'Emploi. Cadre de
référence de l'action gouvernementale pour la période
2010-2020, Yaoundé, Août 2009.
a- dans le domaine des
télécommunications
49
Le développement du réseau des
télécommunications nécessite l'existence d'un cadre
juridique adéquat auquel se réfèrent tous les bailleurs de
fonds qui veulent investir. A cet égard, le gouvernement, dans le souci
de dynamiser l'activité du secteur concerné a adopté la
loi n° 98/014 du 14 juillet 1998 régissant les
télécommunications au Cameroun. Considéré comme le
socle juridique des infrastructures, des réseaux et des services de
télécommunications111, ce texte matérialise le
désir de l'Etat de s'arrimer à la modernité. De
manière pragmatique, ce document a mis fin à la situation de
monopole qui a longtemps prévalu en faveur de l'opérateur
national INTELCAM112. De même, cette loi libéralise le
secteur des télécommunications en l'ouvrant au régime
concurrentiel. Consécutivement à cette libéralisation
quatre opérateurs de téléphonie mobile GSM ont fait leur
entrée sur le marché camerounais. Il s'agit des trois
opérateurs privés dont la société de
télécoms française Orange (en 1999), la
société sud-africaine Mobile Telecommunication Network
(MTN en 2000) et plus récemment la société vietnamienne
Nexttel en décembre 2012. Il faut également noter l'attribution
en septembre 2014 à Camtel d'une licence de téléphonie
mobile. En outre, la loi su-citée a également favorisé la
création de l'Agence de Régulation des
Télécommunications (ART) dont la mission principale consiste
à gérer les activités de ce secteur.
L'élaboration d'autres textes de droit s'inscrit
également dans cette logique de modernisation du secteur des
télécommunications par les pouvoirs publics. Ainsi, la
loi n° 2001/0130 du 23 juillet 2001 instituant le service
minimum dans le secteur des télécommunications et la loi
n° 2005/013 du 29 décembre 2005 établissant un
Fonds Spécial des Télécommunications (FST) sous la forme
d'un compte d'affectation spéciale sont-ils des exemples
évocateurs.
La détermination des autorités publiques
s'illustre davantage à travers la prise de certaines décisions
importantes notamment : le décret n° 98/108 du 08 septembre
1998 créant la Cameroon Telecommunications (CAMTEL),
le décret n° 2012/203 du 20 avril 2012 portant
organisation et fonctionnement de l'ART et le décret n°
2012/308 du 26 juin 2012 fixant les modalités de gestion du
FST. Hormis ces différents actes juridiques qui
111 Issowa Iyoni Samuel, « Le cadre juridique camerounais
des réseaux et services de télécommunications face
à la société de l'information : de la fracture
numérique à la fracture juridique ? », in Juridis
Périodique, Yaoundé, APRODA, Numéro 71,
Juillet-Août-Septembre 2007, pp 103-110, p 106.
112 International Telecommunications Cameroon
50
encadrent les activités dans le secteur des
télécommunications, d'autres textes ont été
élaborés pour promouvoir la vulgarisation des TIC.
b- dans le domaine des TIC
Divers textes normatifs encadrent les activités du
secteur des TIC au Cameroun. En effet, considérant
l'intérêt de plus en plus grandissant que suscitent ces outils et
au regard de leur niveau d'utilisation sans cesse croissant il semblait
nécessaire de garantir la sécurité des usagers. Ainsi, les
dirigeants ont adopté la loi cadre n° 2011/012 du 06 mai
2011 sur la protection du consommateur.
De même, dans le souci d'appliquer les
différentes résolutions prises dans le cadre des Sommets Mondiaux
sur la Société de l'Information (SMSI) tenus respectivement du 10
au 12 décembre 2003 à Genève en Suisse et du 16 au 18
novembre 2005 à Tunis113, il a été crée
par arrêté n° 066/CAB/PM du 24 février 2009,
le comité de suivi de la mise en oeuvre des résultats
des SMSI. Dans le même ordre d'idée, l'arrêté
n° 209/CAB/PM du 21 août 2009 portant création,
organisation et fonctionnement du comité de pilotage de la
stratégie nationale de développement des TIC a été
signé.
Par ailleurs, le chef de l'exécutif a promulgué
la loi n° 2010/012 du 21 décembre 2010 sur la
cybercriminalité et la cyber sécurité afin de
réglementer le cadre de sécurité des réseaux de
communications électroniques et des systèmes d'information aussi
bien que pour définir et réprimer les infractions liées
à l'usage des TIC. A ce texte, s'ajoute la loi n° 2010/013
du 21 décembre 2010 régissant les communications
électroniques et la loi n° 2010/021 du 21 décembre
2010 fixant les règles du commerce électronique.
D'autres initiatives confirment la détermination de
l'Etat à réduire le fossé numérique. On peut citer
le décret n° 2012/180 du 10 avril 2012 portant
organisation et fonctionnement de l'Agence Nationale des Technologies de
l'Information et de la Communication (ANTIC) et le décret
n° 2012/309 du 26 juin 2012 fixant les modalités de
gestion du Fonds spécial des activités de Sécurité
Electronique (FSE). Outre l'élaboration des textes de droit dans le
domaine des télécommunications/TIC, les pouvoirs publics ont
également créé des organismes institutionnels pour
réduire le fossé numérique.
113Issowa Iyoni Samuel, « Le cadre juridique
camerounais des réseaux et services de télécommunications
face à la société de l'information : de la fracture
numérique à la fracture juridique ? », in Juridis
Périodique, Yaoundé, APRODA, Numéro 71,
Juillet-Août-Septembre 2007, pp 103-110, p 103.
2.1.2 Analyse du cadre normatif
institutionnel
51
Le processus de réduction de la fracture
numérique au Cameroun, est soutenu par des acteurs publics et des
acteurs privés.
a- Les acteurs publics
Les acteurs publics font référence aux
institutions étatiques qui oeuvrent pour la réduction de la
fracture numérique au Cameroun. Parmi ces dernières, on distingue
le CENADI, la CAMTEL, l'ART, l'ANTIC et ENEO Cameroon.
1- Le Centre National de Développement de
l'Informatique (CENADI)
La création du CENADI par le décret n°
88/1087 du 12 août 1988 démontre à suffisance
l'antériorité de l'intérêt pour l'Etat d'automatiser
ses procédures administratives. Né d'une série de
mutations organiques114 de la DCIT115 à la
DIT116, le CENADI est placé sous la tutelle du
Ministère des Finances. Il assure le développement, la promotion
et la mise en oeuvre de la politique nationale de l'informatique au sein des
administrations publiques et parapubliques.
2- La Cameroon Telecommunications (CAMTEL)
Considéré comme l'opérateur historique
des télécommunications au Cameroun, l'avènement de CAMTEL
date de 1998 suite à la transformation de l'ancienne direction des
télécommunications du Ministère des Postes et des
Télécommunications (MINPOSTEL) en Société Anonyme
(SA) et à sa fusion avec l'entreprise nationale INTELCAM117
qui jusque-là s'occupait des communications téléphoniques
internationales.
CAMTEL est un établissement public placé sous la
tutelle du MINPOSTEL. Sa mission principale consiste à mettre en oeuvre
la politique de l'Etat dans le secteur des
télécommunications118. Ainsi, sur le plan pratique,
elle assure les prestations d'un ensemble de services aux usagers. Au rang de
ces dernières, nous citons les communications
114 M.A NGONO Zintchem et al, « Convergences
technologiques et politique : opportunités et défis pour une
meilleure appropriation des TIC au Cameroun », Revue camerounaise des
relations internationales, Yaoundé, IRIC, 2010.
115 Direction Centrale de l'Informatique et de la
Téléinformatique
116 Direction de l'Informatique et de la
Téléinformatique
117 Ibid.
118 Cette politique est définie par le ministère en
charge des postes et des télécommunications.
52
53
électroniques notamment par la téléphonie
fixe assurée par le CT-Phone et la téléphonie mobile 3G
depuis septembre 2014. De même, Camtel s'occupe de la fourniture de la
bande passante aux différents fournisseurs d'accès internet et de
la fourniture du haut débit aux usagers. Cette organisation gère
également le backbone national à fibre optique et vend cette
infrastructure de pointe aux opérateurs privés.
Par ailleurs, dans l'optique de porter la
télédensité fixe à 45% comme cela est
envisagé dans le DSCE, l'entreprise parapublique a déployé
la technologie CDMA119 en 2004. En 2005, avec l'appui de son
partenaire chinois Huawei, CAMTEL a lancé le CT-Phone sur le
marché120. C'est un téléphone fixe qui se
présente comme un portable. Il est assez avantageux dans la mesure
où l'usager peut l'utiliser dans un rayon important grâce à
la technologie d'accès sans fil et en boucle locale
radio121.
3- L'Agence de Régulation des
Télécommunications (ART)
Créée par la loi régissant les
télécommunications au Cameroun citée plus haut, l'ART est
un établissement public administratif doté de la
personnalité juridique et de l'autonomie financière. Le MINPOSTEL
assure la tutelle technique et le département ministériel en
charge des finances s'occupe de la tutelle financière122.
L'ART s'occupe pour le compte de l'Etat de la
régulation, du suivi et du contrôle des opérateurs, des
exploitants des réseaux et des fournisseurs de services de
communications électroniques. Elle veille également au respect du
principe d'égalité du traitement des usagers dans toutes les
entreprises de communications électroniques. A ces prérogatives,
s'ajoute la gestion du spectre de fréquences dans le secteur des
télécommunications. Concernant les dispositions relatives
à l'organisation et au fonctionnement de l'Autorité il faut se
référer au décret n° 2012/203 du 20 avril 2012
portant organisation et fonctionnement de l'Agence de Régulation des
Télécommunications.
Il importe de noter que l'ART oeuvre également pour
l'amélioration de l'offre des services dans le domaine des
télécommunications/TIC au Cameroun et par ricochet pour la
119 Code Division Multiple Accees. Cette technologie offre de
nombreux avantages, au rang desquels nous citons l'adaptation en zone rurale et
urbaines et dans les localités non desservies par le
téléphone filaire. Elle a une facilité d'installation et
offre la possibilité de développer des services internet.
120 M.A Zintchem, « Problématique de
l'appropriation des Technologies de l'Information et de la Communication au
Cameroun »...
121 Voir Ewangue J.L, « La politique de
développement des Technologies de l'Information et de la Communication
au Cameroun : une dynamique d'accès inégalitaire à la
société de l'information »...
122 Cf. Article 3 du décret N° 2012/203 du 20 avril
2012 portant organisation et fonctionnement de l'ART.
réduction de la fracture numérique. Dans ce
sens, l'agence a joué un très grand rôle pour l'application
d'une facturation à la seconde depuis 2009 dans l'optique de satisfaire
les consommateurs en faisant réduire les coûts d'utilisation du
téléphone mobile. De même, cette institution a
milité pour le passage du plan de numérotation national de 8
à 9 chiffres dans le but d'accroitre la télédensité
fixe et mobile.
4- L'Agence Nationale des Technologies de l'Information
et de la Communication (ANTIC)
La naissance de l'ANTIC remonte à 2002 avec la
signature du décret n° 2002/092 du 08 avril 2002 portant
création de ladite structure. Ce texte a été abrogé
en 2012 avec le nouveau décret fixant les modalités
d'organisation et de fonctionnement de l'ANTIC. Au vu des prérogatives
dévolues à l'Agence, on peut lire l'intérêt
croissant des pouvoirs publics pour faire en sorte que cette structure devienne
un levier pour le développement des technologies numériques au
Cameroun. Placée sous la tutelle technique et financière
respectivement du MINPOSTEL et du Ministère des Finances123,
l'Agence veille à la promotion et au suivi de l'action des
autorités publiques en matière de TIC. De plus, elle assure la
régulation, le contrôle et le suivi des activités
liées à la sécurité des systèmes
d'informations et des réseaux de communications électroniques,
ainsi qu'à la certification électronique en collaboration avec
l'ART.
Depuis le démarrage de ses activités en 2006,
l'entreprise parapublique ne cesse de s'affirmer comme le bras séculier
de l'Etat pour le développement des technologies numériques sur
l'ensemble du territoire. En 2007, elle a élaboré la
stratégie nationale de développement des TIC qui jusqu'à
présent oriente la politique de l'Etat dans ce sens. Dans l'optique de
développer les compétences numériques des citoyens,
l'ANTIC organise généralement des ateliers de formation et
d'imprégnation aux modes d'utilisation des TIC à l'intention des
agents publics124. De même, l'Agence organise habituellement
des séminaires d'information et de sensibilisation des populations, sur
la cybersécurité afin de les prévenir des actes
cybercriminels125.
123 Cf. Article 3 du décret N° 2012/180 du 10 avril
2012 portant organisation et fonctionnement de l'ANTIC.
124 Entretien avec Monsieur Ndongo, ingénieur en service
à l'ANTIC.
125 L'ANTIC a organisé à Yaoundé du 27 au
29 novembre 2013 un séminaire d'information sur la
cybersécurité et la cybercriminalité.
5- ENEO Cameroon (Energy of Cameroon)
54
La création de cet établissement parapublique
remonte à 2014 suite au rachat des parts d'AES par le fonds
d'investissement britannique ACTIS. ENEO Cameroon gère le
développement du réseau électrique national et la
fourniture de l'énergie électrique sur l'ensemble du territoire.
Cette organisation dispose d'une capacité de production installée
de 935 MW126. Le réseau de transport relie 24 postes et
comprend 1944,29 kilomètres de lignes haute tension, 15081,48
kilomètres de lignes moyenne tension et 15209,25 kilomètres de
lignes basse tension. Le réseau de distribution est constitué de
11 450 km de lignes de 5,5 à 33 KV127 et 11.158 km de lignes
de 220 à 380 KV. Cette société compte plus de 900 000
clients dont environ 45% résident à Douala et
Yaoundé128.
Energy of Cameroon joue un rôle très
important dans le processus de réduction de la fracture numérique
au Cameroun. En fait, l'accès à l'énergie
électrique reste l'une des principales conditions nécessaires
pour l'utilisation permanente d'un téléphone mobile, d'un
téléviseur, d'un ordinateur ... Dans l'optique d'offrir
l'accès à l'électricité à tous les citoyens
particulièrement à ceux résidant dans les zones rurales,
ENEO Cameroun oeuvre pour l'élargissement de la couverture nationale en
électricité. Cette entreprise parapublique participe grandement
à la réalisation du PDSE129 qui vise le triplement de
la capacité énergétique à l'horizon 2030. De
même, ENEO agit en faveur de l'électrification des campagnes
grâce au fonds d'électrification des zones rurales. Notons que le
secteur privé joue également un rôle capital dans le
processus de réduction de la fracture numérique au Cameroun.
b- Les acteurs du secteur privé
Le secteur privé s'oppose généralement au
secteur public ou étatique. Il désigne le domaine
d'activité constitué des entreprises, associations ou
organisations qui ne dépendent pas directement de l'Etat, de son
administration et des collectivités territoriales. La plupart des fois,
les fonds publics ne sont pas investis dans ce secteur ou ils le sont
très peu130. Le secteur privé est constitué des
entreprises ou associations privées, des banques à capitaux
privés, des
126 Mégawatts
127 Kilovolts
128
http://bienvenueneo.com/index.php/fr/eneo-cameroon/aes-sonel-devient-eneo-cameroon
site consulté le 04 décembre 2014.
129 Plan de Développement du Secteur de l'Energie
130
http://www.toupie.org/Dictionnaire/Secteur_prive.htm
site consulté le 10 décembre 2014.
55
Organisations Non Gouvernementales, des coopératives,
des associations... Dans le cadre de cette étude, les acteurs du secteur
privé renvoient aux différents opérateurs de
téléphonie mobile et aux ONG qui participent activement au
processus de réduction de la fracture numérique au Cameroun.
1- Les opérateurs de téléphonie
mobile
Un opérateur de téléphonie mobile est une
compagnie de télécommunication qui propose des services de
téléphonie mobile ou d'accès mobile à Internet.
Cette entreprise fournit une carte SIM au client qui l'insère dans son
téléphone mobile ou dans sa tablette tactile pour avoir
accès au réseau cellulaire de l'opérateur. Il peut s'agir
du réseau GSM, CDMA, UMTS... L'opérateur de réseau mobile
assure le marketing, la commercialisation, la facturation et l'assistance
à sa clientèle. On dénombre trois opérateurs
privés de téléphonie mobile au Cameroun : Orange, MTN et
Nexttel.
· Orange Cameroun
Cette entreprise française a fait son entrée
dans le marché des télécommunications camerounais en
juillet 1999. C'était suite à la signature d'une convention de
concession pour l'établissement des réseaux de communications
ouverts au public entre l'Etat camerounais et la Société
Camerounaise de Mobile (SCM) dont le capital était détenu
à 99,97% par le groupe France Télécom131. A
travers la convention signée pour une durée de trois ans, France
Télécom a à nouveau réussi à s'installer sur
le marché camerounais des télécommunications. En
février 2000, la SCM démarre ses activités. Suite à
l'acquisition en mai 2000 de la société Orange par France
Télécom, la SCM devenue Mobilis va adopter le nom Orange Cameroun
en juin 2002.
Orange Cameroun offre à sa clientèle plusieurs
types de services. On peut citer entre autres : la téléphonie
mobile, la transmission des données et d'autres services à valeur
ajoutée. En dépit des données statistiques difficilement
accessibles, le réseau orange couvre plusieurs villes et campagnes du
pays. La filiale française emploie plus de 800 personnes de
manière directe et offre près de dix mille emplois
indirects132. De même, Orange Cameroun fournit
131 Sylvie Siyam, Serge Kuaté et Serge Daho, «
Réformes des télécommunications : cas du Cameroun »,
Association for
Progressive Communications (APC), Septembre 2009.
132 Ibid.
56
57
l'accès internet aux usagers, ceci est assuré
par Orange Multimedia Services qui détient la licence en la
matière.
· Mobile Telecommunication Network
(MTN)
MTN est une multinationale sud-africaine. Elle entre dans le
marché camerounais en acquérant les actions de CAMTEL
Mobiles133 le 15 février 2000. Le capital de cette firme est
détenu à 70% par MTN International et à 30 % par la
société camerounaise Broadband Telecom134. MTN
Cameroun oeuvre pour le développement et l'extension du réseau de
télécommunication national à travers la fourniture du
réseau de téléphonie mobile dans plusieurs
localités urbaines et rurales. Elle offre les mêmes services
qu'Orange Cameroun. Elle emploie plus de 400 personnes de manière
directe et son réseau de distribution compte près de 45
distributeurs et plus de soixante dix mille points de vente répartis sur
l'ensemble du territoire135. Notons également que MTN
Cameroun fournit l'accès internet par l'entremise de sa succursale MTN
Networks Solutions.
· NEXTTEL Cameroun
Nexttel est une multinationale vietnamienne. Elle entre dans
le marché camerounais en 2012 suite à son attribution d'une
licence de téléphonie mobile 3G par le ministère des
postes et des télécommunications en décembre 2012.
Dès son arrivée, le troisième opérateur de
téléphonie mobile envisageait couvrir le territoire national
à environ 85%. Il a démarré ses activités le 12
septembre 2014. Afin de réduire le taux de chômage qui demeure un
problème épineux pour l'économie camerounaise, cette
entreprise a embauché plusieurs jeunes diplômés camerounais
jusque-là sans emplois. Par rapport aux deux autres opérateurs
privés, Nexttel a la particularité d'offrir la
téléphonie 3G à sa clientèle. En effet, la
troisième génération (3G) désigne une
génération de normes de téléphonie mobile. Elle est
représentée principalement par les normes Universal Mobile
Telecommunications System (UMTS) et CDMA 2000. Cette norme de
téléphonie offre des débits de 2 à 42 Mb/s
définis par la dernière génération des
réseaux UMTS : l'HSPA+DC l'HSPA qui sont bien plus rapides que
133 Considérée comme une unité de projet
créée par Décision N° 00011.7/MPT/DT du 29 juin 1993
du Ministre en charge des télécommunications, Camtel Mobiles
exploite au cours des années 1990 la téléphonie mobile au
Cameroun.
134 Sylvie Siyam, Serge Kuaté et Serge Daho, «
Réformes des télécommunications : cas du Cameroun »,
Association for Progressive Communications (APC), Septembre 2009.
135 Ibid.
le GSM. La 3G rend possible les appels vidéos, la
visioconférence, les téléchargements à une vitesse
qui est vingt fois plus rapide que la 2G (norme GSM).
Le tableau ci-dessous fournit des éléments
permettant de mieux percevoir la différence qui existe entre la 2G et la
3G.
Tableau 2 : Différence entre la 3G et
la 2G
Opérations
|
Durée de réalisation avec la
2G
|
Durée de réalisation avec la
3G
|
Téléchargement d'une vidéo de
750 mégabits
|
1280 minutes soit environ 21 heures 30 minutes
|
100 minutes soit 1heure 40 minutes
|
Téléchargement d'une musique de
5 mégabits
|
8 minutes 52 secondes
|
40 secondes
|
Envoi d'une pièce jointe de
2 mégabits par email
|
3 minutes 41 secondes
|
16 secondes
|
Téléchargement d'une photo de
500 kilobits sur Facebook
|
85 secondes
|
4 secondes
|
Source : Tableau conçu par l'auteur
à partir des données fournis par Nexttel
Cameroun136 sur la différence
entre la 3G et la 2G
Le tableau comparatif ci-dessus, montre clairement les
capacités des deux normes en termes de débits, de services et de
vitesse d'exécution des requêtes
Outre les trois opérateurs privés de
téléphonie mobile que nous venons de mentionner, les Fournisseurs
d'Accès Internet (FAI) jouent également un rôle non
négligeable dans le processus de réduction de la fracture
numérique au Cameroun. Les FAI sont des structures qui offrent des
prestations internet aux consommateurs. Au Cameroun, on dénombre plus de
60 organisations spécialisées dans la fourniture d'accès
et des services généralisés au rang desquels figurent :
Infogénie, Matrix Télécoms, Saconnets, Ringo, Yoomee, SNS
Mobility, Creolink communications... Toutefois, malgré le fait que les
opérateurs privés de téléphonie mobile jouent
déjà un rôle important dans le processus de
démocratisation des TIC au Cameroun, il n'en demeure pas moins que les
ONG jouent aussi un rôle non négligeable dans ce sens.
136 http://www.nexttel.cm/ site consulté le 10
décembre 2014.
2- La participation des ONG
58
Une Organisation Non Gouvernementale est une organisation de
la société civile d'intérêt public ou ayant un
caractère humanitaire. Elle ne dépend ni d'un Etat, ni d'une
institution internationale137. Ce type d'organisation décide
de manière autonome des actions qu'elle engage. Ses membres sont des
volontaires bénévoles, le plus souvent organisés en
association. Les ressources des ONG proviennent de fonds publics ou
privés. Au Cameroun, on distingue plusieurs ONG qui participent au
processus de réduction de la fracture numérique. Ces acteurs sont
associés dans l'élaboration et la mise en oeuvre des
stratégies de développement des TIC. Parmi les organismes de la
société civile qui accompagnent l'Etat dans sa dynamique de
vulgarisation des TIC, on peut citer les Organisations Non Gouvernementales
(ONG) spécialisées dans la promotion des TIC telles que
ANAIS-AC138, Genesis Telecare, Young Cameroonians Network,
Forum.Net, ISOC-Cameroun... D'autres ONG
non spécialisées mènent également des
activités dans le secteur des technologies innovantes. Au rang de ces
dernières on distingue de l'Association des Professionnelles Africaines
de l'Information (APAC), l'Association des Femmes Ingénieurs du Cameroun
(AFIC), l'Association pour le Soutien des Actions des Femmes et des
Entrepreneurs (ASAFE), la Ligue pour l'Education de la Femme et de l'Enfant
(LEFE) et bien d'autres.
En dehors de l'élaboration des instruments juridiques
et de la participation des acteurs publics et privés, le
développement des compétences numériques, la modernisation
des services publics et l'équipement des campagnes en moyens de
télécommunications modernes font aussi partir des
stratégies de réduction de la fracture numérique au
Cameroun.
2.2 Développement des compétences
numériques, modernisation du service public et équipement des
campagnes en moyens de télécommunications modernes
A ce niveau, nous mettrons en évidence la formation des
citoyens aux TIC, le projet e-gouvernement et le projet des
Télécentres Communautaires Polyvalents (TCP).
137
http://www.toupie.org/Dictionnaire/Ong.htm
site consulté le 15 décembre 2014.
138 Advisory Network for African Information Society-
Afrique Centrale
59
2.2.1 Le développement des compétences
numériques à travers la formation des populations aux
TIC
Il n'existe pas une définition précise du
concept compétence numérique. Selon la direction
générale « Education et culture » de la Commission
Européenne, la compétence numérique implique l'usage
sûr et critique des technologies de la société de
l'information au travail, dans les loisirs et dans la
communication139. La condition préalable pour l'utilisation
effective de ces dispositifs est la maîtrise des TIC. A titre indicatif,
en utilisant un ordinateur pour obtenir, évaluer, stocker, produire,
présenter et échanger des informations ou encore, pour
communiquer et participer via internet à des réseaux de
collaboration l'usager doit au moins avoir de bonnes aptitudes cognitives sur
les TIC. Ces compétences s'acquièrent le plus souvent à
l'école ou parfois de façon personnelle. Dans l'optique de
développer les compétences numériques des citoyens en vue
d'accroitre le niveau d'utilisation et de maitrise des TIC les pouvoirs publics
ont opté pour l'intégration de ces technologies dans tous les
cycles éducatifs.
Dans les cycles maternels et primaires, l'existence
d'enseignements relatifs à l'initiation sur les TIC devient
progressivement une réalité. Plusieurs établissements sont
même dotés d'un Centre de Ressources Multimédia (CRM)
équipé d'ordinateurs et d'une connexion internet afin de
permettre aux écoliers de se familiariser à l'usage des TIC. A
titre indicatif, on peut citer le Groupe Scolaire Bilingue la Citadelle
à Yaoundé, l'Ecole Primaire les Oiselets de Bafoussam et l'Ecole
les Champions FCB de Mémiam située à 20 kilomètres
de Mbalmayo sur l'axe routier Mbalmayo-Sangmélima. Grâce aux CRM,
les formateurs effectuent facilement leurs recherches sur internet
préparant ainsi mieux leurs leçons140. Ces
équipements permettent également aux enseignants
d'améliorer leurs modes d'évaluation de par la possibilité
d'individualiser les tests soumis aux élèves141.
Au niveau secondaire, en dehors des enseignements sur
l'informatique déjà dispensés dans la plupart des
établissements publics et privés, les dirigeants ont ouvert la
série Technologie de l'Information (TI) par l'arrêté
ministériel N°25/11/MINESEC/CAB du 13 janvier 2011. Certains
élèves de la classe de première titulaire du
BEPC142, s'intéressent davantage à cette option dans
les institutions scolaires telles, le Collège Vogt à
Yaoundé,
139
http://forumeculture.net/605/la-competence-numerique/
140 Karsenti, T. et al, Intégration
pédagogique des TIC : Succès et défis de 100+
écoles africaines, Ottawa, ON : IDRC, 2eme
édition, 2011, p 126.
141 Ibid.
142 Brevet d'Etude du Premier Cycle
60
l'Institut Victor Hugo à Yaoundé et le Complexe
polytechnique privé laïc Tama à Bafoussam. A l'issue de leur
parcours secondaire, les étudiants ayant opté pour cette
filière obtiennent le baccalauréat de l'enseignement secondaire
général série technologie de l'information. De plus tous
les candidats aux examens du baccalauréat de l'enseignement secondaire
général sont désormais soumis à une épreuve
d'informatique obligatoire avec coefficient 2.
Par ailleurs, bon nombre de structures scolaires publiques et
privées au rang desquels le Lycée Général Leclerc,
le Lycée Bilingue de Yaoundé, le Lycée Joss de Douala, le
Lycée classique et moderne de Mvomeka'a, le Longla Comprehensive College
de Bamenda, le Collège les Lauréats de Bonamoussadi à
Douala... disposent des CRM et pour d'aucun un laboratoire
informatique143. Ces infrastructures permettent aux
élèves d'apprendre à utiliser un ordinateur et à se
connecter sur internet pour effectuer une recherche. Au Lycée de
Mvomeka'a le laboratoire informatique favorise l'étude de l'informatique
par les apprenants comme une discipline scientifique, la maîtrise de la
bureautique élémentaire et l'utilisation des
tableurs144.
En outre, beaucoup de professeurs suivent des cours
dispensés par les moniteurs des CRM afin d'acquérir des
compétences numériques. Une fois ces compétences acquises,
certains intègrent les TIC dans leurs procédés
d'enseignements. Au Lycée Joss à titre indicatif, pour amener
tous leurs enseignants à utiliser les TIC, le staff administratif les a
obligé à saisir toutes leurs épreuves d'examen avant de
les déposer auprès du censeur concerné et de proposer pour
chaque discipline enseignée un répertoire de sites
éducatifs devant aider les élèves dans leurs
recherches145.
A l'échelle universitaire, les autorités ont
favorisé la profusion des instituts supérieurs de formation en
technologies numériques notamment à travers l'attribution des
agréments aux promoteurs. En effet, plusieurs structures
académiques oeuvrant dans ce cadre ne cessent d'émerger,
accompagnant alors les instituts publics existant, dans la formation des
citoyens dans le domaine des
télécommunications/TIC146. Elles offrent ainsi
différentes spécialités aux apprenants : génie
logiciel, maintenance des systèmes informatiques, informatique
industriel, secrétariat de direction et bureautique bilingue...
L'Institut Africain d'Informatique (IAI) se présente comme l'institution
supérieure privée par excellence formant
143 C'est le cas du Lycée classique et moderne de
Mvomeka'a.
144 Karsenti, T. et al, op.cit, p 117.
145 Ibid. P 120.
146 Il s'agit précisément des instituts de
formations publiques tels que l'Ecole Nationale Supérieure Polytechnique
(ENSP) et de l'Ecole Nationale Supérieure des Postes et des
Télécommunications (ENSPT).
61
toutes catégories de personnes à la fabrication
et à la maîtrise des modes d'emplois des technologies
numériques.
Notons également que les pouvoirs publics ont ouvert la
filière TI à l'Ecole Normale Supérieure. Depuis plusieurs
années, cette nouvelle option accueille de nombreux étudiants qui
sont formés en tant que professeur d'informatique. Au terme de leur
parcours à l'ENS, ces individus possèdent toutes les
facultés nécessaires pour dispenser des cours aux
élèves du secondaire. Toutefois, on observe d'autres initiatives
étatiques qui vont dans le sens de la modernisation du service
public.
2.2.2 Le e-government : vers la modernisation
du service public
Selon l'OCDE147, l'e-gouvernement ou administration
en ligne renvoie à « l'usage des TIC dans les activités des
administrations, à la fois à l'échelle nationale et
locale, spécialement pour améliorer la fourniture de services et
d'informations et la conduite des politiques publiques.148 »
L'e-gouvernement a pour objectif de rendre les services publics plus
accessibles aux usagers et d'améliorer le fonctionnement interne des
administrations.
Dans l'optique de faire évoluer le service public, les
décideurs politiques ont mis en place le projet e-government ou
gouvernement électronique149. Il se décline en
plusieurs volets. Premièrement, on note la mise en place d'un intranet
gouvernemental (Govnet) en vue d'interconnecter les administrations pour
permettre des échanges de données entre les différents
services150. Le MINPOSTEL est l'institution chargée de mettre
en oeuvre ce programme.
La deuxième articulation du projet concerne le
développement de la dorsale nationale en fibre optique ceci, dans le but
de couvrir tous les 10 chefs-lieux de régions et près de 40
chefs-lieux de départements en large bande filaire151.
La troisième déclinaison du projet concerne la
dématérialisation des procédures
administratives152. Dans ce sens, plusieurs initiatives de services
en ligne ont été développées
147 Organisation pour la Coopération et le
Développement Economique
148 Bonjawo Jacques, Révolution numérique dans
les pays en développement. L'exemple africain, Paris, Dunod, 2011,
p 140.
149 Commission Economique pour l'Afrique, Rapport annuel sur
l'état d'avancement des nouvelles technologies de l'information et de la
communication destinées à soutenir le développement en
Afrique Centrale : Etat de la mise en oeuvre des recommandations du Sommet
Mondial sur la Société de l'Information (SMSI), Libreville,
BSR/AC, 2013, p 19.
150 Ibid. P4.
151 Ibid.
152 Ibid.
62
dans divers départements ministériels et dans
différentes structures parapubliques. De même, la plupart des
administrations publiques se sont lancées dans le développement
des sites web pour davantage se rapprocher des usagers du service public.
Enfin, le dernier volet consiste au développement des
sites web dans les administrations'53 ce qui favorisera d'une part
la célérité des services publics et d'autre part le
rapprochement des administrateurs vers les administrés. Toujours dans
l'optique d'assurer l'accès universel sur toute l'étendue du
territoire national, les dirigeants ont mis en place le projet des
télécentres communautaires.
2.2.3 Le projet TCP et la réduction de la
fracture numérique entre les villes et les
campagnes
Afin d'atteindre l'objectif fixé dans le DSCE de doter
40.000 villages de moyens de télécommunications modernes pour
ainsi réduire la fracture numérique entre les villes et les
campagnes, les dirigeants ont mis en place le projet Télécentre
Communautaire Polyvalent (TCP).
Le projet TCP naît dans un contexte assez particulier.
En effet, suite au désengagement de l'Etat dans l'exploitation du
réseau de télécommunication au profit des
opérateurs privés, vu la vétusté des
équipements de téléphonie fixe dans les zones rurales et
le délaissement des campagnes jugées peu rentables, par les
entreprises privés de téléphonie mobile les pouvoirs
publics ont décidé en 2007'54, de créer, les
TCP et les Points d'Accès Numérique (PAN) dans plusieurs
localités rurales du pays. Selon le MINPOSTEL, département
ministériel en charge de la mise en oeuvre du projet TCP, un
télécentre communautaire polyvalent est une infrastructure
installée dans une zone rurale ou enclavée. Il offre à des
prix abordables d'une part, des services de
télécommunications/TIC et audiovisuels (téléphone,
fax, photocopies, télévision, Internet...) et d'autre part, des
services financiers postaux (transfert d'argent et messagerie)'55.
Un point d'accès numérique quant à lui fait
référence à un télécentre qui offre les
mêmes services mais à la seule différence que ce dernier
est installé dans un bureau de poste'56.
153 Ibid.
154
http://www.minpostel.gov.cm/index.php/en/les-projets/telecentres
site consulté le 20 février 2014.
155 MINPOSTEL, Performances des P&T. Magazine
d'informations du Ministère des Postes et
Télécommunications, Yaoundé, Hors-série, 2013,
p 4.
156 Ibid.
63
Les TCP et les PAN demeurent des lieux idoines pour le
transfert et l'appropriation des technologies numériques en zones
rurales157. Ces infrastructures vont à destination des
citoyens à faible revenu qui le plus souvent, ne disposent pas dans
leurs foyers ou dans leur lieu de travail d'un accès aux TIC. A travers
une offre de services variée comme l'impression, le scanner, la
téléphonie, le fax, la photocopie, le
téléchargement des logiciels, la formation en TIC,
l'hébergement des pages web, l'Internet158... ces structures
permettent aux bénéficiaires de tirer profit des effets positifs
dont les TIC sont porteurs.
Rendu au terme de cette section, nous pouvons dire qu'il
existe plusieurs stratégies de réduction de la fracture
numérique au Cameroun.
157 M.A Zintchem, « Problématique de l'appropriation
des Technologies de l'Information et de la Communication (TIC) au
Cameroun »... page 124.
158 Ibid. P 5.
64
CONCLUSION DU CHAPITRE 2
En définitive, pour réduire le fossé
numérique en Afrique Centrale en général et au Cameroun en
particulier, plusieurs stratégies ont été mises place. Au
niveau sous-régional, les dirigeants ce sont fixés des objectifs
à atteindre dans un horizon très proche (2013). Pour y parvenir,
des structures telles que la COPTAC, l'ARTAC et le centre sous-régional
de maintenance des télécommunications ont été
créées. A l'échelle national, la dynamique reste
sensiblement la même. Les pouvoirs publics ont également
défini des objectifs à réaliser d'ici 2020 pour le
développement du domaine des télécommunications/TIC et de
la résorption du fossé numérique en conséquence.
C'est dans cette logique qu'un cadre règlementaire et institutionnel a
été mis en place et un accent particulier a été
accordé au développement des compétences
numériques, à la modernisation du service public et au
déploiement des télécentres communautaires dans les
campagnes. Toutefois, malgré l'opérationnalisation de ces
multiples stratégies, on constate que la fracture numérique
demeure aussi bien en Afrique Centrale qu'au Cameroun. Il semble donc opportun
d'évaluer l'efficacité de ces stratégies.
65
DEUXIEME PARTIE :
EVALUATION DU PROCESSUS DE REDUCTION
DE LA FRACTURE NUMERIQUE EN AFRIQUE
CENTRALE
66
La première partie de ce travail s'est attardée
d'une part, sur la conceptualisation des termes en rapport avec notre
étude et sur les enjeux de la réduction du fossé
numérique en Afrique Centrale. D'autre part, elle nous a permis de
passer en revue les différentes stratégies mises en place pour
réduire les inégalités liées à la diffusion
des TIC en Afrique Centrale en général et au Cameroun en
particulier. Il sera question dans cette deuxième partie
d'évaluer ces stratégies (chapitre 3), et de proposer des
solutions pour une meilleure réduction de la fracture numérique
(chapitre 4).
67
CHAPITRE 3 : ANALYSE DU PROCESSUS DE
REDUCTION DE LA FRACTURE NUMERIQUE EN AFRIQUE CENTRALE
La politique de réduction du fossé
numérique en Afrique Centrale en général et au Cameroun en
particulier repose sur un ensemble de stratégies. Ces différentes
stratégies ont été passées en revue au chapitre
précédent. Dans ce chapitre, il sera question pour nous
d'évaluer le niveau d'opérationnalisation de toutes ces mesures
afin de déterminer leur efficacité. Pour mener à bien
à notre analyse, nous apprécierons l'évolution du
processus au niveau sous-régional (Section I) et à
l'échelle nationale (Section II).
SECTION I : AU NIVEAU DE L'AFRIQUE CENTRALE
Pour réduire la fracture numérique dans la
sous-région, les Etats ont créé la COPTAC, l'ARTAC, le
centre sous-régional de maintenance des télécommunications
et le projet CAB. Cette section tentera de faire une analyse critique de ces
différents instruments.
1.1 La COPTAC
Les missions de cette institution ont été
identifiées au chapitre précédent. A titre de rappel, la
COPTAC définit les politiques d'orientation et les stratégies
communes dans le domaine des télécommunications en Afrique
Centrale. Elle assure le développement et l'amélioration de la
qualité des services pour une meilleure intégration de celle-ci.
Cet organe définit également les conditions techniques,
économiques et tarifaires d'interconnexion des réseaux...
Toutefois, malgré toutes les prérogatives qui
lui sont dévolues, la COPTAC peine à agir efficacement. L'absence
d'harmonisation des législations nationales dans le domaine
concerné est un exemple évocateur. De plus, il n'existe pas
encore de tarification préférentielle favorisant la
réduction des coûts d'utilisation des services
dérivés tel, les communications électroniques. Ces
dernières demeurent encore très élevées entre les
Etats de la sous-région. Au Cameroun à titre indicatif, il faut
débourser 100 FCFA pour effectuer une minute d'appel vers un autre pays
de cette partie de l'Afrique. Alors que, la même minute de communication
à partir de n'importe quel pays de la sous-région vers un pays
occidental comme la France, l'Angleterre ou les Etats-Unis coûte quatre
fois moins chère (25 FCFA). Un tel état de fait ne saurait
favoriser l'intégration des peuples.
1.2 L'ARTAC
68
Cette association a pour mission principale d'élaborer
et d'harmoniser les réglementations en matière de fourniture et
de tarification des services de télécommunications dans les pays
de la sous-région. De même, elle promeut la création et
l'exploitation dans les Etats d'Afrique centrale des réseaux et des
services de télécommunications efficaces, adéquats et
rentables, susceptibles de répondre aux besoins multiples des clients
tout en étant économiquement durables. Seulement, bien qu'il
existe déjà des organes indépendants de régulation
des télécommunications dans 06 pays159, il n'en
demeure pas moins que les législations des Etas membres dans le secteur
concerné ne sont toujours pas harmonisées.
Cependant, on peut tout de même relever que grâce
à la libéralisation du marché des
télécommunications dans la plupart des Etats de la
sous-région, les coûts d'acquisition des téléphones
mobiles ont considérablement baissé, ramenant ainsi la
télédensité mobile à une évolution
fulgurante dans cette partie du monde comme le démontre le graphique
ci-contre.
Graphique 4 : Evolution de la
télédensité mobile en Afrique Centrale de 2001 à
2011
Source : Commission Economique pour
l'Afrique, Bureau Sous-Régional de l'Afrique Centrale
(CEA/BSR-AC)
160
A la lecture de ce graphique, on peut voir que la
télédensité mobile est en hausse en Afrique Centrale
depuis 2001. Hormis les pays comme le Burundi, la RDC et la RCA dont le taux
oscille entre 20 et 50 lignes téléphoniques mobiles pour 100
habitants, les pays tels que le Gabon et le Congo se distinguent des autres
Etats avec plus de 100 lignes de téléphone par
159 Il s'agit précisément du Cameroun, du Gabon, de
la RCA, du Congo, du Tchad et la RDC.
160 Commission Economique pour l'Afrique, Rapport annuel sur
l'Etat d'avancement des nouvelles technologies de l'information et de la
communication destinées à soutenir le développement en
Afrique Centrale : Etat de la mise en oeuvre des recommandations du Sommet
Mondial sur la Société de l'Information, Libreville, Mars
2013.
69
habitants. Toutefois, malgré cette évolution, les
services de télécommunications en Afrique Centrale restent
inefficaces et manquent de fiabilité.
S'agissant de la téléphonie fixe, son taux de
pénétration demeure très faible. Comme le démontre
le graphique ci-dessous.
Graphique 5 : Evolution de la
télédensité fixe en Afrique Centrale de 2001 à
2003
Source : Commission Economique pour
l'Afrique, Bureau Sous-régional de l'Afrique Centrale (CEA/BSR-
AC)161
Au vu de ce graphique, nous voyons que l'évolution de
la téléphonie fixe en Afrique Centrale demeure très
faible. En dehors de Sao Tomé et Principe qui disposait entre 4 et 5
lignes téléphoniques fixes en 2011, les autres pays de la
sous-région disposaient moins de 3 lignes. Dans l'ensemble, l'Afrique
Centrale possède seulement 1,46 ligne téléphonique pour
100 habitants. Ce faible chiffre démontre à quel point les Etats
de la sous-région accusent encore un grand retard en matière
développement des infrastructures. Un tel état de fait ne
favorise pas la réduction du fossé numérique. Tous ces
arguments démontrent que l'ARTAC ne joue pas encore pleinement son
rôle de régulateur.
1.3 Le centre sous-régional de maintenance des
télécommunications d'Afrique Centrale
A la lecture des prérogatives qui lui sont
dévolues, ce centre devra assurer la réparation des cartes
électroniques complexes des équipements de
télécommunications actuellement envoyés aux fabricants. De
plus, il devra s'occuper du dépannage et de l'étalonnage des
appareils de mesure des entreprises publiques et privées des
161 Commission Economique pour l'Afrique, Rapport annuel sur
l'Etat d'avancement des nouvelles technologies, op.cit.
70
télécommunications, de la radiodiffusion, de la
télévision et éventuellement d'autres utilisateurs
présentement transférés aux fabricants ou aux services
spécialisés.
Cependant, 14 ans après sa création en juillet
2000, l'institution sous-régionale n'est pas fonctionnelle.
L'exiguïté des budgets nationaux des Etats d'Afrique Centrale, le
souverainisme exacerbé des dirigeants, l'instabilité politique
qui règne dans certains pays162 de cette partie de l'Afrique
et le chevauchement institutionnel163 sont autant de facteurs qui
peuvent justifier la grande difficulté pour les Etats à mobiliser
les ressources financières nécessaires pour l'édification
de cet organe supranational.
1.4 Le projet CAB
La création du projet CAB remonte à mai 2007
lors de la rencontre des Chefs d'Etat et de gouvernement de la
CEMAC164. Ce projet vise entre autre, l'augmentation effective de la
connectivité, l'accroissement de l'utilisation des services
régionaux à large bande et la réduction des prix des
services de télécommunications/TIC en Afrique Centrale.
Le projet CAB en cours de réalisation depuis 2009 a
déjà permis de déployer le large bande à fibre
optique dans la plupart des Etats d'Afrique Centrale (voir figure 2). Ce qui
favorise l'amélioration progressive de la
connectivité165 sous-régionale.
162 Il s'agit ici de la RCA et de la RDC
163 Appartenance d'un Etat à plusieurs
Communautés Economiques Régionales. C'est le cas par exemple du
Cameroun qui est à la fois membre de la CEMAC, de la CEEAC, de la
Conférence du Golf de Guinée (CGG), de la Commission du Bassin du
Lac Tchad (CBLT) et de l'UA.
164 Unité de Coordination du projet CAB, Brochure
de présentation du projet CAB, Composante République du
Cameroun, p 3.
165 Selon Isabelle Compiègne dans son ouvrage Les mots
de la société numérique publié à Paris
aux éditions Belin en 2010, la connectivité renvoie à
« la capacité que possède un système de se relier
à d'autres165 ». Elle désigne
également le débit de connexion des appareils tels que
l'ordinateur et le téléphone portable à la technologie
Internet pour des services divers.
71
72
73
Figure 2 : Accès de l'Afrique aux
autoroutes mondiales de l'information par câble sous- marin à
fibre optique
Source : Unité de Coordination du
Projet CAB, Composante Cameroun
En effet, cette figure démontre que les pays d'Afrique
Centrale ont déjà été raccordés à
plusieurs câbles sous-marins à fibre optique au rang desquels nous
citons le SAT3166, SAFE167, WACS168 et le
ACE169. Le WACS et le ACE restent les principaux câbles en
cours de déploiement dans la sous-région. Le câble
WACS170 remplace le SAT3 qui en plus de son coût
onéreux et de ses capacités insuffisantes, est presque
arrivé au terme de sa durée de vie. Cependant, malgré le
déploiement progressif du backbone large bande à fibre optique,
l'objectif fixé par les Etats de la sous-région d'interconnecter
les différentes capitales en 2013 n'est toujours pas atteint. De
même, à cause des coûts élevés de connexion au
haut-débit, le niveau d'utilisation de la technologie internet reste
faible. Le graphique ci-dessous l'illustre clairement.
166 South Atlantic 3
167 South African Far East cable
168 West Africa Cable System
169 Africa Coast to Europe
170 Le projet WACS vise le déploiement d'un câble
sous-marin à fibre optique dans l'océan Atlantique qui va relier
l'Afrique à la Grande Bretagne en passant par certains pays de la
côte ouest africaine. Cette infrastructure dispose d'une capacité
de transmission de 5,2 térabits avec une longueur de 14.000
kilomètres. Le WACS a des points d'atterrissements en Afrique du Sud, en
Namibie, au Togo, au Cameroun, au Congo, au Cap Vert, en Angola, en RDC et en
Côte d'ivoire.
Graphique 6 : Evolution du nombre d'utilisateurs
Internet pour 100 habitants en Afrique Centrale de 2001 à 2011
Source : Commission Economique pour
l'Afrique, Bureau Sous-Régional de l'Afrique Centrale (CEA/BSR-
AC)171
A la lecture, ce graphique démontre qu'il existe
très peu d'utilisateurs internet pour 100 habitants en Afrique Centrale.
En effet, hormis Sao Tome et Principe, l'Angola et le Gabon, tous les autres
pays de cette partie du continent avaient moins de 10 utilisateurs internet
pour 100 habitants en 2011. De plus, le taux de pénétration
sous-régional de la technologie internet pour 100 habitants environnait
seulement 6,38% à la même période.
Au vu de ces différents éléments, nous
pouvons dire que le projet CAB commence à produire des résultats
significatifs. Néanmoins, beaucoup reste à faire afin d'aboutir
à un maillage total de la sous-région en fibre optique et pour
accroître le niveau d'utilisation de l'outil internet.
Rendu au terme de cette section, nous pouvons dire que la
réduction de la fracture numérique est un processus en cours
d'évolution en Afrique Centrale. Toutefois, les Etats de la
sous-région doivent encore relever plusieurs défis afin de
parvenir à une couverture universelle sur l'ensemble de leur territoire.
Il convient également d'évaluer les stratégies mise en
place à l'échelle nationale.
SECTION II : AU NIVEAU DU CAMEROUN
Dans Dans l'optique de résorber les
inégalités liées à la diffusion des TIC à
l'échelle nationale, les pouvoirs publics ont élaborés un
ensemble d'instruments juridiques. En outre, ils ont mis en place plusieurs
organismes d'accompagnement aussi bien dans le secteur public
171 Commission Economique pour l'Afrique, Rapport annuel sur
l'Etat d'avancement des nouvelles technologies de l'information...
que dans le secteur privé. De même, l'accent a
été mis sur le développement des compétences
numériques, la modernisation du service public et sur
l'équipement des campagnes en moyens de télécommunications
modernes. Dans cette partie, il sera question pour nous d'évaluer ces
différentes stratégies afin de déterminer leur
efficacité. Pour y parvenir, nous commencerons par la
législation.
2.1 La législation
Au Cameroun, plusieurs lois, décrets et
arrêtés encadrent les activités dans le secteur des
télécommunications/TIC. Toutefois, malgré l'existence de
toutes ces normes juridiques, il n'en demeure pas moins qu'il n'existe pas
encore une loi ou un décret relatif à la défiscalisation
des intrants informatiques. Un tel état de fait a des
répercutions importantes sur les coûts de vente des appareils tels
que l'ordinateur, l'imprimante, le scanner... En effet, le coût
d'acquisition d'un ordinateur à l'état neuf nécessite le
déboursement d'au moins 150.000 FCFA, une somme excessive pour le
camerounais qui perçoit mensuellement un revenu minimum172.
Une telle situation ne facilite pas l'accroissement rapide du parc informatique
qui se situe actuellement autour 200.000 ordinateurs173.
Par ailleurs, dans le code de procédure pénal
camerounais, aucunes dispositions ne prévoient la répression des
actes cybercriminels. Dès lors, le champ reste ouvert aux hackers qui se
livrent à des pratiques malsaines174. Il convient
également d'évaluer la contribution des institutions
d'accompagnements.
2.2 Les organismes institutionnels
Le processus de réduction de la fracture
numérique au Cameroun est soutenu par les acteurs publics et
privés. Parmi les acteurs publics, nous citons le CENADI, la CAMTEL
l'ART, l'ANTIC et ENEO Cameroon. Au rang des organismes privés,
on distingue les opérateurs de téléphonies mobiles et les
ONG. Il importe d'évaluer la participation de ces différentes
structures dans le processus de résorption du fossé
numérique au Cameroun. Commençons par les institutions
publiques.
172 A titre de rappel, le Salaire Minimum Interprofessionnel de
Croissance (SMIC) s'élève à 36250
173
http://emploi-jeunes-cameroun.net/IMG/pdf/Business_plan_demantelement_materiel_informatique.pdf
site consulté le 30 juillet 2014.
174 A titre indicatif, des invitations fictives ont
été adressées par le Président de la
République du Cameroun à Madame MAXIMILIANO FABIANO, Consul
Honoraire du Cameroun à Trieste en Italie, 15 Janvier 2012 et à
Madame Mette SUNNERGEN, Ambassadrice du Royaume de SUEDE au Cameroun, 16 Mars
2012.
a- Le CENADI
74
Le CENADI a été créée en 1988 pour
assurer le développement, la promotion et la mise en oeuvre de la
politique nationale de l'informatique au sein des administrations publiques et
parapubliques. Cependant, on constate qu'aujourd'hui, cette structure se
contente essentiellement de la gestion du personnel et de la solde de l'Etat.
En conséquence, l'usage des TIC demeure limité dans les
administrations publiques. En effet, comme le soulignait Jean Lucien
Ewangué en 2003, « moins d'un dixième des agents de
l'Etat utilisent l'outil informatique.175 ». En
dépit de l'obsolescence de données quantitatives, cette situation
qui tend petitement à s'améliorer se justifie par le
défaut de compétences numériques de plusieurs agents
publics. Par ailleurs, selon une enquête menée par
l'UIT176 en 2007, 6,2 % d'institutions possédaient plus d'un
ordinateur et 27,6 % en disposaient plus d'un seul. De même,
l'utilisation des photocopieurs s'évaluait à 21,5 % et
l'équipement des bureaux en téléviseurs se chiffrait
à 10,7 %.
b- La CAMTEL
CAMTEL est un établissement parapublic dont la mission
principale se résume à la mise en oeuvre de la politique de
l'Etat dans le secteur des télécommunications. Dans le cadre de
la réduction du fossé numérique, CAMTEL a introduit le
wireless à partir de 2001 et l'ADSL en 2004. De même, par
l'entremise de cette structure, le Cameroun s'est interconnecté aux
câbles sous-marins à fibre optique SAT3/WASC/SAFE177 le
23 août 2002. Ces infrastructures ont été mises en
exploitation en 2005178. En outre, CAMTEL a déjà
déployé près de 6500 kilomètres de fibre optique
sur l'ensemble du territoire. Ce qui a permis d'améliorer la
connectivité nationale. Dans le même ordre d'idée, depuis
2000, l'entreprise parapublique oeuvre grandement pour le perfectionnement du
réseau local. Le présent tableau montre l'évolution du
débit de connexion par années.
175 Ewangue Lucien Jean, « Stratégies
d'intégration du Cameroun à la société de
l'information et de la communication », Netsud (En ligne), Les
fractures numériques Nord/Sud en question, mis à jour le
17/06/2011, p 3.
176
https://www.itu.int/ITU-D/finance/work-cost-tariffs/events/tariff-seminars/bangui-07/cameroun.PDF
site consulté le 21 août 2014.
177 South Atlantic 3/ Western Africa Submarine Cable/ South
Africa-Far East.
178 Ewangue J.L, « La politique de développement
des Technologies de l'Information et de la Communication au Cameroun : une
dynamique d'accès inégalitaire à la société
de l'information », Symposium Netsud, 2009, p 6.
75
Tableau 3 : Capacités d'accès
Internet aux backbones internationaux exploitées par
CAMTEL
Liaisons d'accès
|
SATELLITES
|
Fibre Optique / SAT 3
|
ANNEES
|
2000
|
5 MB/s179
|
0
|
2001
|
8 MB/s
|
0
|
2002
|
8 MB/s
|
0
|
2003
|
8 MB/s
|
34 MB/s
|
2004
|
4 MB/s
|
34 MB/s
|
2005
|
4 MB/s
|
34 MB/s
|
2006
|
0
|
155 MB/s
|
2007
|
0
|
310 MB/s
|
2008
|
0
|
455 MB/s
|
Source :
http://www.antic.cm/images/stories/data/donneesTICCameroun.pdf
site consulté le 05 Août
2014
La lecture de ces données démontre qu'il y a une
réelle évolution du débit de connexion depuis le
début des années 2000. Un tel état de fait facilite la
réalisation de certaines opérations autrefois difficiles telles
que le téléenseignement, la télédiplomatie et la
télémédecine. En outre, avec le raccordement en septembre
2014 au câble sous-marin à fibre optique WACS dans le cadre du
projet CAB, le Cameroun a augmenté sa capacité de transmission
des données à 5,12 térabits.
Par ailleurs, bien que CAMTEL ait déployé la
technologie CDMA en 2004 et lancé le CT-Phone sur le marché en
2005, le réseau de téléphonie fixe n'est pas assez
répandu sur l'ensemble du territoire national. A titre illustratif en
2006, ce réseau ne couvrait que 107 localités du
pays180. Il semble d'ailleurs plus perceptible dans les grandes
métropoles comme Yaoundé et Douala où on retrouve
près de 70% des abonnés au réseau CAMTEL181. Un
tel état de fait justifie l'incapacité de l'opérateur
historique à franchir la barre des 1.000.000
179 Mégabits par secondes
180 Ewangue J.L, « La politique de développement...,
p 5.
181 Ibid.
76
d'abonnés182. En outre, la faible
pénétration de la téléphonie fixe à des
répercutions importantes sur la télédensité fixe.
Le tableau ci-contre est un exemple évocateur.
Tableau 4 : Evolution de la
télédensité fixe au Cameroun de 1999-2013
Années
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
2008
|
2009
|
2010
|
2011
|
2012
|
2013
|
Nombre de Lignes pour 100 habitants
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
2
|
3
|
3
|
3
|
4
|
Source : Tableau conçu par l'auteur
à partir des données fournies par la Banque Mondiale sur le
nombre de lignes téléphoniques pour 100 habitants.
La lecture du présent tableau démontre que la
télédensité fixe connait une faible évolution. Le
nombre de lignes existant reste insuffisant pour combler les multiples attentes
des usagers. Pourtant, les pouvoirs publics se sont fixés pour objectif
dans le DSCE de porter la télédensité fixe à 45 %
en 2020. Au regard de l'évolution de la télédensité
fixe ces quinze dernières années, il semble convenable de dire
que l'objectif poursuivi par les dirigeants sera difficilement atteint.
c- L'ART
La création de l'Agence de Régulation des
Télécommunications remonte à 1998. Comme son nom
l'indique, l'autorité est chargée de la régulation des
activités dans le secteur des télécommunications. De ce
fait, l'agence a beaucoup oeuvré pour la baisse des coûts des
services de télécommunications. A titre indicatif, la
tarification téléphonique est passée d'une facturation
à la minute183 pour un appel local qui a évolué
de 300 FCFA à 250 FCFA, de 250 FCFA à 200 FCFA, de 200 FCFA
à 150 FCFA et de 150 FCFA à 100 FCFA à une taxation
à la seconde. Grâce aux recommandations de l'ART, les
opérateurs de téléphonie mobile ont commencé
à facturer les appels à la seconde depuis 2008. C'est ainsi que
la minute d'appel coûte aujourd'hui 60 FCFA. Avec l'entrée du
vietnamien Nexttel sur le marché en septembre 2014, ce montant a encore
légèrement baissé pour atteindre la somme de 54 FCFA.
182 Ce n'est pourtant pas le cas pour les opérateurs de
téléphonie mobile tels qu'Orange et MIN qui ont chacun plus de 4
millions d'abonnés.
183 Au début des années 2000, une minute d'appel
téléphonique quel que soit l'opérateur coûtait 300
FCFA.
77
Dans le même ordre d'idée, le coût de la
connexion au réseau des réseaux184 diminue au fil du
temps. Présentement, en dehors des seuls forfaits mensuels qui
existaient en 2000185, chaque individu a la possibilité
d'accéder au haut débit grâce à un modem de
connexion à partir de 500 FCFA186 tout simplement en
s'achetant un forfait journalier. Cependant, malgré la réduction
du coût d'accès à l'outil internet, très peu de
citoyens utilisent cette technologie au Cameroun (voir tableau ci-dessous).
Tableau 5 : Evolution du nombre d'utilisateurs
internet pour 100 personnes
Années
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
2008
|
2009
|
2010
|
2011
|
2012
|
2013
|
Nombre d'utilisateurs
|
0,1
|
0,3
|
0,3
|
0,4
|
0,6
|
1,0
|
1,4
|
2,0
|
2,9
|
3,4
|
3,8
|
4,3
|
5,0
|
5,7
|
6,4
|
Source : Tableau conçu par l'auteur
à partir des données fournies par la banque mondiale sur le
nombre d'utilisateurs internet pour 100 personnes
Au vu de ce tableau, on dénombre juste 6,4 utilisateurs
internet pour 100 personnes. Certes l'évolution est croissante, mais il
n'en demeure pas moins que l'objectif visé par les pouvoirs publics de
porter le nombre d'utilisateurs de l'outil internet à 40 % en 2015 ne
sera pas atteint. Ces éléments démontrent à
suffisance que le rôle de l'ART pour le développement du secteur
des télécommunications reste limité.
d- L'ANTIC
La création de cet établissement parapublic
remonte à 2002. De manière globale, la mission de l'ANTIC se
résume à la promotion et au développement des TIC sur
l'ensemble du territoire national. Dans le cadre de la résorption du
fossé numérique, l'agence a organisé plusieurs
séminaires de sensibilisation187 sur la
cybersécurité et la cybercriminalité pour sensibiliser les
populations sur les actes cybercriminels. De plus, cette institution effectue
généralement des audits dans les administrations publiques pour
s'assurer que les données informatisées sont suffisamment
sécurisées. Seulement, malgré ces quelques actions
184 Cf. : Outil Internet
185 Au début des années 2000, il fallait
débourser pas moins de 30.000 FCFA par mois pour avoir une connexion
internet mensuelle.
186 C'est le cas précisément chez les
opérateurs tels que CAMTEL, Orange et MTN.
187 C'est le cas notamment des séminaires tenus du 27
au 29 novembre 2013 à Yaoundé et de ceux organisés au mois
de décembre de la même année à Garoua.
78
remarquables, on observe que l'usage des TIC demeure
limité dans les ménages. Le nombre de foyers
équipés d'un téléviseur l'illustre clairement.
Tableau 6 : Evolution du pourcentage de
ménages ayant un téléviseur au Cameroun de 2002-
2009
Années
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
2008
|
2009
|
Pourcentage des ménages
ayant un
téléviseur
|
18%
|
20%
|
23%
|
26%
|
29%
|
31%
|
32%
|
33%
|
Source : Tableau conçu par l'auteur
à partir des données fournies par la Banque Mondiale sur le
pourcentage de ménages possédant un
téléviseur
Ces chiffres démontrent qu'en 2009, tous les foyers
n'étaient pas équipés d'un téléviseur. Ceci
semble beaucoup plus perceptible dans les habitations des zones rurales qui
pour la plupart ne possèdent pas de téléviseurs du fait de
la cherté et dans une certaine mesure, du manque d'énergie
électrique. Pourtant, les dirigeants se sont fixés pour objectif
de généraliser l'usage de la télévision dans tous
les ménages en 2015. Avec un taux d'évolution d'environ 2% par
an, on se situerait actuellement à 43% de foyers disposant d'une
télévision.
De même, bien que l'ANTIC oeuvre pour la promotion et le
développement des TIC au Cameroun, on constate que très peu de
ménages disposent d'un accès au haut-débit internet (voir
tableau ci-dessous).
Tableau 7 : Evolution du pourcentage de
ménages ayant une connexion internet haut-débit au Cameroun de
2002-2009 sur un échantillon de 100 personnes
Années
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
2008
|
2009
|
2010
|
2011
|
2012
|
2013
|
Nombre d'abonnés
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,00
|
0,03
|
0,05
|
0,06
|
0,08
|
Source : Tableau conçu par l'auteur
à partir des données fournies par la Banque Mondiale sur le
nombre d'abonnés à Internet haut débit fixe pour 100
habitants
Ce tableau laisse entrevoir que la technologie internet reste
très peu utilisée dans les ménages. En effet, 0,08
personnes sur 100 possèdent un abonnement Internet haut débit. Le
coût élevé de l'acquisition de l'abonnement mensuel au haut
débit et la faible sensibilisation
79
de l'ANTIC en faveur de l'utilisation de cet outil sont autant de
facteurs justifiant ces faibles chiffres. Avec une telle évolution, les
pouvoirs publics n'atteindront pas l'objectif fixé en 2007
d'accroître le taux d'utilisation à 40% en 2015.
Par ailleurs, malgré l'activisme de l'ANTIC en faveur du
développement des TIC, l'indice de développement des TIC (IDI) du
Cameroun évolue faiblement par rapport à d'autres pays de la
sous-région. Le tableau ci-dessous est un exemple évocateur.
Tableau 8 : Evolution de l'IDI de l'UIT au
Cameroun et dans certains pays de la sous-région
de 2007-2012
ANNEES PAYS
|
2007
|
2008
|
2010
|
2011
|
2012
|
GABON
|
Classements : 111eme/157 IDI :
2,08
|
113eme
2,16
|
112eme
2,42
|
111eme
2,47
|
112eme
2,61
|
CAMEROUN
|
Classements : 132eme/157 IDI :
1,37
|
138eme
1,40
|
136eme
1,53
|
138eme
1,60
|
136eme
1,72
|
ANGOLA
|
Classements : 138eme/157 IDI :
1,31
|
139eme
1,40
|
132eme
1,58
|
138eme
1,63
|
139eme
1,68
|
CONGO
|
Classements : 135eme/157 IDI :
1,36
|
132eme
1,48
|
133eme
1,55
|
140eme
1,60
|
140eme
1,66
|
Source : Tableau conçu par l'auteur
à partir des indicateurs fournis par l'UIT sur l'indice de
développement des TIC dans le monde
La lecture de ce tableau démontre que sur 157 pays
classés par l'UIT, les Etats d'Afrique Centrale occupent des positions
pas enviables. En dehors du Gabon dont l'IDI se situe à 2,61, le
Cameroun et les autres pays stagnent à la valeur inférieure. Un
tel état de fait démontre que le fossé numérique
demeure non seulement à l'intérieur du Cameroun, mais aussi entre
ce pays et certains Etats de la sous-région.
e- ENEO Cameroon
La création de cette institution est récente.
Energy of Cameroon oeuvre pour la fourniture et le développement du
réseau électrique sur l'ensemble du territoire national.
80
Compte tenu du fait que l'énergie est une condition
préalable pour l'utilisation permanente des TIC, cette organisation agit
en faveur du triplement de la capacité énergétique
nationale et pour l'électrification des campagnes. Toutefois,
malgré cet activisme, la densité du réseau
électrique demeure faible. Avec une puissance électrique
évaluée à près de 1593
Mégawatts188, il est moins aisé de contenter toutes
les localités urbaines et rurales en électricité.
De même, bien que les dirigeants aient
élaboré le PDSE, créé l'Agence d'Electrification
des zones Rurales (AER) et mis en place le projet d'électrification des
zones rurales, plusieurs villages et localités périurbaines
demeurent non électrifiées. A titre indicatif, en 2008, sur
13.014 villages électrifiables, seulement 2.300 étaient
électrifiés189. Un tel état de fait influence
grandement la vulgarisation des TIC dans les milieux ruraux et la
réduction du fossé numérique entre ces localités et
les villes en conséquence. En dehors de l'évaluation du
rôle des acteurs publics, il convient également d'apprécier
l'action des acteurs privés.
f- Les opérateurs de téléphonie
mobile
La libéralisation du secteur des
télécommunications a permis l'entrée de trois
opérateurs privés de télécommunications sur le
marché camerounais. Consécutivement à l'arrivée de
ces filiales étrangères, la téléphonie mobile
connait une évolution fulgurante au Cameroun comme le démontre ce
tableau.
Tableau 9 : Evolution de la
télédensité mobile au Cameroun de 1999-2013
Années
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
2008
|
2009
|
2010
|
2011
|
2012
|
2013
|
Nombre de Lignes pour
100 habitants
|
0
|
1
|
3
|
4
|
6
|
9
|
12
|
17
|
24
|
31
|
40
|
42
|
50
|
60
|
70
|
Source : Tableau conçu par
l'auteur à partir des données fournies par la Banque Mondiale sur
les abonnés à la téléphonie mobile pour 100
personnes
La lecture du tableau 9 démontre que la
télédensité mobile évolue beaucoup au Cameroun.
Actuellement, on dénombre 70 lignes téléphoniques pour 100
habitants. Ce chiffre
188 Situation énergétique du Cameroun, Rapport
2011, Ministère de l'eau et de l'énergie, Mai 2012, page
22.
189 Système d'Information Energétique du Cameroun
(SIE-Cameroun), Etude sur la distribution de l'énergie
électrique au Cameroun, 2008.
81
se situe au dessus de l'objectif visé dans le DSCE.
Cette évolution exponentielle s'explique par le coût d'achat
relativement bas du téléphone mobile190.
Cependant, malgré le bon développement de la
téléphonie mobile, plusieurs localités rurales demeurent
non couvertes par le réseau de télécommunications.
D'après les chiffres fournis par l'ART, le taux de couverture
réseau se situe entre 80 et 85 %, mais au regard des faits, il y a lieu
de s'interroger sur ces chiffres. Certes, tous les départements sont
déjà couverts par les différents opérateurs de
téléphonie, mais ce n'est pas encore le cas pour les
arrondissements particulièrement ceux situés dans les
campagnes.
Dans le même ordre d'idée, on dénombre
seulement une soixantaine de fournisseurs d'accès/services internet et
services à valeur ajoutée déclarés191
pour une population d'environ 22 millions d'habitants. Cet effectif
limité de fournisseurs ne suffit pas pour répondre à une
demande nationale sans cesse croissante.
g- La société civile
Plusieurs ONG accompagnent l'Etat dans son processus de
réduction de la fracture numérique. A titre indicatif,
l'association ANAIS-AC organise généralement des
séminaires et des ateliers sur les TIC à l'intention des
populations. Elle sensibilise aussi les décideurs sur la
problématique, les enjeux et les opportunités offertes par les
TIC et attire l'attention des jeunes sur les enjeux de la société
de l'information à travers « les rencontres jeunes et TIC4D de
Anaïs.AC192 ». Toutefois, malgré ces quelques faits
remarquables, l'action de la société civile en faveur de la
réduction de la fracture numérique au Cameroun reste faible. Car,
on note toujours une faible utilisation des TIC aussi bien au niveau des
ménages que dans les milieux éducatifs.
Rendu au terme de l'appréciation du rôle des
organismes institutionnels, nous pouvons dire que beaucoup reste à faire
pour aboutir à une couverture universelle sur l'ensemble du territoire
national. Actuellement, il semble nécessaire d'évaluer les autres
dispositions prises par les pouvoirs publics pour résorber la fracture
numérique.
190 En effet, il désormais possible de s'offrir un
téléphone mobile à partir de 5000 FCFA et parfois
même moins.
191 MINPOSTEL, Stratégie sectorielle du domaine des
télécommunications/TIC..., p 6.
192
http://www.wagne.net/w3/ong/anais.html
site consulté le 12 juin 2014
82
2.3 Evaluation des autres stratégies nationales
de réduction du fossé numérique
Pour parvenir à la couverture universelle sur toute
l'étendue du territoire, les dirigeants ont également mis
l'accent sur le développement des compétences numériques,
la mise en place d'une administration électronique et
l'équipement des campagnes en moyens de télécommunications
modernes. L'opérationnalisation de ces différentes
stratégies a favorisé l'accroissement des ressources humaines
dans le secteur concerné, la modernisation progressive des services
publics et le déploiement des infrastructures de
télécommunications.
2.3.1 Accroissement continue des ressources
humaines
En accordant une place importante à la formation des
populations aux TIC, les pouvoirs publics ont franchi un cap important vers la
démocratisation desdits outils. Compte tenu du fait que l'usage effectif
et permanent des dispositifs numériques requiert une bonne connaissance
des modes d'utilisation, il semblait opportun de promouvoir leur étude
afin qu'elles soient employées à bon escient par la
majorité des citoyens.
De nos jours, le nombre d'individus s'intéressant
à l'utilisation des TIC augmente continuellement aussi bien au niveau
primaire, secondaire et universitaire. Dans la première
catégorie, le nombre d'apprenants des TIC s'accroit concomitamment avec
la hausse du taux de scolarisation. Chaque année, le pourcentage
d'enfants allant à l'école primaire progresse
considérablement. De par l'insertion au programme de formation d'un
enseignement sur l'initiation aux technologies de l'information et de la
communication, ces écoliers peuvent déjà se faire une
idée des technologies innovantes.
A l'échelle secondaire, la principale évolution
s'observe à travers le nombre de candidats qui ont
présenté le Probatoire et le Baccalauréat TI (Technologies
de l'Information) lors de la session d'examen 2014. Au Baccalauréat,
l'OBC193 en a enregistré 457 tandis qu'au Probatoire, on en
dénombrait 830. En effet, après avoir reçu pendant neuf
mois des enseignements profonds sur les TIC, plusieurs élèves de
la série TI ont bravé avec succès leurs examens de fin
d'année.
Au niveau supérieur, la filière informatique et
tous les autres parcours académiques qui ont trait aux
Télécommunications/TIC font l'objet d'un intérêt de
plus en plus grandissant de la part des apprenants. Le taux d'inscription dans
ces différentes options s'agrandit chaque
193 Office du Baccalauréat du Cameroun
83
année. De même, les institutions universitaires
telles que l'ENSP194, l'ENSPT195 et l'IAI196
Cameroun forment chaque année plus de 200 ingénieurs en
télécommunication/TIC. Ces derniers font valoir leurs
compétences dans les entreprises du secteur concerné. A titre
indicatif, plusieurs jeunes diplômés de l'ENSPT et de l'ENSP ont
été recrutés par l'opérateur asiatique de
téléphonie mobile en 2013. Toujours dans le volet formation,
l'IAI, dans le cadre de son opération cent mille (100.000) femmes
horizon 2012 a édifié 103.350 femmes appartenant à
diverses couches sociales et d'horizons variés à la
maîtrise des TIC. Le tableau ci-dessous nous sert d'indicateur.
Tableau 10 : Nombre de femmes formées
par catégorie dans le cadre de l'opération 100.000 femmes
horizons 2012
N°
|
Statut
|
Nombre
|
Pourcentage (%)
|
1
|
Fonctionnaires et cadres d'administration
|
12.215
|
11.82
|
2
|
Elèves et étudiants
|
21.104
|
20.42
|
3
|
Sans emploi
|
37.872
|
36.64
|
4
|
Femmes d'affaires/ Commerçantes
|
21.253
|
20.56
|
5
|
Cadre d'entreprises privées et para publiques et
Responsables d'associations féminines
|
7.403
|
7.16
|
6
|
Populations vulnérables
|
3.503
|
3.39
|
TOTAL
|
103.350
|
100.00
|
Source : Livre d'or. Opération
100.000 femmes/ horizons 2012, page 25
Le présent tableau laisse entrevoir que cette
opération a pris en considération toutes les catégories de
femmes. Même celles issues des couches vulnérables ont
été formées. Au cours de l'année 2014, l'institut
panafricain s'est engagé, dans un horizon indéterminé,
à initier près d'un million de citoyens à la maitrise des
modes d'utilisation des TIC en vue de promouvoir le développement des
compétences numériques des populations.
Toutefois, malgré le fait qu'on observe une
réelle hausse au niveau des ressources humaines dans le domaine des
télécommunications/TIC, bon nombre de citoyens ne
maîtrisent pas encore suffisamment les modes de fonctionnement des
technologies
194 Ecole Nationale Supérieure Polytechnique
195 Ecole Nationale Supérieure des Postes et
Télécommunications
196 Institut Africain d'Informatique
84
numériques. En effet, plusieurs individus appartenant
aux couches défavorisées tels que les handicapés, les
enfants, les femmes... ne savent pas se servir de l'outil internet. Très
souvent, lorsque l'occasion leur est même donnée d'en faire usage,
ils paraissent hébétés devant les images ne sachant que
faire. De même, malgré l'opérationnalisation de
l'opération 100.000 femmes horizons 2012 bon nombre de citoyens, en
majorité les femmes, ne savent ni manipuler un ordinateur ni utiliser la
technologie internet. C'est dans cette logique que Robertine Tankeu parle d'une
fracture numérique de genre197.
Par ailleurs, bien que l'Etat envisage multiplier par 50 le
nombre d'emplois dans le domaine des télécommunications/TIC on
remarque que la capacité d'accueil des instituts de formation dans le
domaine concerné reste insuffisante par rapport à la demande.
Plusieurs élèves et étudiants s'intéressent
davantage à l'étude des TIC comme une spécialisation. Mais
il existe peu d'institutions académiques offrant des formations
adéquates. Celles présentes peuvent seulement accueillir une
quantité réduite d'apprenants. Par conséquent, le nombre
de spécialistes dans le secteur des TIC demeure limité pour
combler le déficit en ressources humaines dans cette filière.
En dehors du développement permanent des ressources
humaines, les autres stratégies mises en place par les pouvoirs publics
permettent une modernisation progressive des services publics.
2.3.2 La modernisation progressive du service
public
Pour moderniser le service public, les pouvoirs publics ont
mis en place le projet e-government. De par
l'opérationnalisation de ce projet, certains services administratifs des
grandes métropoles ont déjà été
équipés d'un ensemble de dispositifs techniques. Selon un rapport
de la CEA/BSR-AC de 2013 sur l'état d'avancement des TIC en Afrique
Centrale, 45 administrations publiques camerounaises situées dans la
ville de Yaoundé sont déjà interconnectées par le
réseau national à fibre optique.
Dans le même ordre d'idée, les services en lignes
commencent à devenir une réalité dans plusieurs
administrations publiques. C'est le cas notamment au MINFOPRA198, au
MINFI199, au MINSANTE200, au MINESUP201,
à l'ARMP202 et au MINESEC203... Au
197 Tankeu Robertine, Fracture numérique de genre au
Cameroun : Quelle ampleur ?, Yaoundé, ANAI-AC, 2005.
198 Ministère de la Fonction Publique et de la
Réforme Administrative
199 Ministère des Finances
200 Ministère de la Santé
85
MINESEC par exemple, les affectations se gèrent
maintenant en ligne. L'enseignant nouvellement diplômé de
l'ENS204 ou de l'ENSET205 suit toute la procédure
relative à son affectation à travers l'interface
internet206 de ce département ministériel. Une telle
innovation minore les déplacements et diminue les dépenses
à ces jeunes futurs fonctionnaires dont les moyens sont souvent modestes
au début de leur carrière.
Il importe également de noter que presque tous les
départements ministériels et la majorité des
établissements publics possèdent des sites web à partir
desquels les usagers peuvent obtenir des informations importantes.
Cependant, malgré ces avancées remarquables la
plupart des services administratifs camerounais s'illustrent par un manque de
célérité qui paralyse leur efficacité.
Présentement, la majorité des services centraux de l'Etat sont
équipés en ordinateurs, connexion internet haut débit,
photocopieuses, scanners... Mais, certains services déconcentrés
ne disposent même pas d'un ordinateur ou d'une photocopieuse. Dans ce
cas, il est souvent assez difficile de rapidement acheminer les dossiers d'un
service central vers un service déconcentré.
De plus, en 2007, seulement 10,8 %207
d'organisations publiques et privées possédaient un site internet
et 9,2 %208 d'entre elles disposaient en leur sein d'une connexion
internet haut débit. En créant des sites internet, les structures
administratives voulaient faciliter l'accès à l'information
publique aux usagers. Cependant, la consultation de ces interfaces
numériques montre que les données y mentionnées sont
rarement mises à jour. Un tel état de fait démontre que
l'usage des TIC dans les administrations aussi bien publiques que
privées reste limité. Toujours dans une logique
évaluative, les autres stratégies mises en place pour
réduire la fracture numérique ont permis le déploiement
des infrastructures de télécommunications dans plusieurs
localités rurales.
201 Ministère de l'Enseignement Supérieur
202 Agence de Régulation des Marchés Publics
203 Ministère des Enseignements Secondaires
204 Ecole Normale Supérieure
205 Ecole Normale Supérieure d'Enseignement Technique
206
www.tchaytchay.com/drhminesec/
207
https://www.itu.int/ITU-D/finance/work-cost-tariffs/events/tariff-seminars/bangui-07/cameroun.PDF
site consulté le 21 août 2014.
208 Ibid.
86
2.3.3 Le déploiement des infrastructures de
télécommunications dans les campagnes
Dans l'optique de réduire le fossé
numérique entre les villes et les campagnes, les pouvoirs publics ont
décidé en 2007, de doter 40.000 villages de TCP ou de PAN d'ici
2020. A ce jour, 116 TCP et PAN ont été mis en place et
fonctionnent effectivement (Voir annexe numéro 1 sur les TCP).
Cependant, certains d'entre eux se retrouvent dans des zones non couvertes par
le réseau électrique où on se sert du groupe
électrogène ou des plaques solaires comme palliatifs. Toutefois,
ces mesures ne sont pas pérennes puisqu'une panne peut subvenir à
tout moment. Considérant ces paramètres, l'accès aux TIC
pour les populations résidant dans les zones enclavées reste
fortement réduit. Ceci démontre à suffisance que la
fracture numérique demeure entre les villes et les campagnes.
Parvenu au terme de cette section, nous pouvons dire que le
processus de réduction de la fracture numérique au Cameroun est
en cours d'évolution. Seulement, au vu des différentes
données statistiques, l'évolution de ce processus n'est pas
satisfaisante.
CONCLUSION DU CHAPITRE 3
87
En définitive, la réduction de la fracture
numérique en Afrique Centrale en général et au Cameroun en
particulier reste en cours. Au niveau sous-régional, nous avons
constaté que les stratégies mises en place par les dirigeants ont
favorisé l'accroissement de la télédensité mobile,
le déploiement du backbone large bande à fibre optique et le
développement des infrastructures de base. A l'échelle nationale,
l'opérationnalisation des stratégies a donné lieu à
la baisse du coût des produits et services, au déploiement des
infrastructures de télécommunications, à l'accroissement
des ressources humaines et à la modernisation du service public.
Toutefois, malgré la mise en oeuvre de toutes ces mesures, il n'en
demeure pas moins que l'évolution du processus de résorption du
fossé numérique aussi bien sur le plan communautaire que sur le
plan interne n'est pas satisfaisante. Ceci s'est illustré par la faible
télédensité fixe, le faible taux d'utilisation de l'outil
internet et à travers le défaut de compétence
numérique de plusieurs habitants. Ces éléments
démontrent à suffisance le manque d'efficacité des
stratégies mises en oeuvre. Dès lors, il importe, dans une
logique prospective d'apporter des axes de réajustement en vue
d'améliorer le processus de vulgarisation des TIC dans cette partie du
continent.
88
CHAPITRE 4 : PERSPECTIVES POUR UNE MEILLEURE REDUCTION
DE LA FRACTURE NUMERIQUE
Le chapitre précédent nous a permis de
démontrer que les stratégies mises en place en Afrique Centrale
en général et au Cameroun en particulier pour réduire le
fossé numérique tardent à produire les résultats
escomptés. Ce chapitre nous permettra d'énoncer quelques pistes
envisageables pour une meilleure réduction de la fracture
numérique dans la sous-région.
SECTION I : REAJUSTEMENTS AU NIVEAU SOUS-REGIONAL
L'intégration régionale se définit comme
un processus consistant à surmonter d'un commun accord, les
difficultés politiques, physiques, économiques et sociales qui
séparent les pays de leurs voisins. Elle renvoie aussi à la
collaboration dans la gestion des ressources partagées et des biens
communs régionaux209. Dès lors, l'intégration
régionale demeure la seule issue à travers laquelle l'Afrique
sortira de l'ornière. Plus de cinquante ans après les
indépendances des années 60, nombre d'Etats du continent,
précisément ceux d'Afrique Centrale quêtent encore leur
émergence dans presque tous les domaines. En ce qui concerne les TIC,
malgré la définition des politiques de développement du
secteur des télécommunications/TIC, les inégalités
demeurent entre les pays de la sous-région. Fort de ce constat, quelques
pistes de solutions restent envisageables notamment, la nécessité
de promouvoir une vision communautaire du développement qui se
focaliserait non seulement sur l'harmonisation des législations et des
politiques tarifaires mais aussi sur l'acquisition d'un satellite de
communications. Dans la même optique, il semble judicieux d'envisager la
consolidation et la mise en place de nouveaux organismes supranationaux dans ce
domaine.
1.1 Harmonisation des législations et des
politiques tarifaires
L'harmonisation renvoie à un réajustement ou
encore à la mise en cohérence des politiques dans l'optique
d'atteindre un objectif donné. Dans le domaine de l'intégration
régionale, l'harmonisation des législations peut se
définir comme un processus de rapprochement des règlementations
des Etats membres d'une Communauté Economique Régionale (CER).
L'harmonisation des législations permet de créer un certain
degré
209
http://eeas.europa.eu/delegations/madagascar/eu_madagascar/trade_relation/integration/index_fr.htm
site consulté le 04 janvier 2014.
89
d'homogénéité et de cohérence
entre les différents instruments juridiques nationaux. Ce qui favorise
la réalisation des objectifs communs. L'harmonisation des politiques
tarifaires est un processus identique à l'harmonisation des
législations car, elle permet également de rapprocher les
diverses tarifications nationales dans l'optique d'adopter une politique
tarifaire commune. Pour une meilleure réduction du fossé
numérique, il est opportun que les pays de la sous-région
harmonisent leurs législations et leurs politiques tarifaires.
a- L'harmonisation des législations
nationales
La faible démocratisation des TIC en Afrique Centrale
est souvent tributaire de l'absence d'un environnement juridique et
règlementaire favorable aux investissements et au renforcement de la
société du savoir210. Les gouvernants de la
sous-région devraient mutualiser leurs efforts pour élaborer une
législation commune dans ce sens. A propos, la CEEAC en partenariat avec
l'UIT envisage déjà à moyen terme l'élaboration des
lois types sur les transactions électroniques et la
cybersécurité211. L'aboutissement de ce partenariat
favorisera l'implantation et l'émergence de nouvelles catégories
d'entreprises en Afrique Centrale. L'extension de ce genre d'initiatives dans
d'autres domaines relevant du secteur des télécommunications/TIC
est souhaitable. De même, l'adoption d'une tarification commune s'impose
comme une solution idoine pour réduire le fossé
numérique.
b- Adoption d'une politique tarifaire
commune
La disparité au niveau des coûts des services de
télécommunications notamment les tarifs de communications
électroniques pose encore d'énormes problèmes pour une
meilleure vulgarisation des TIC dans la sous-région. A titre d'exemple,
un appel émis à partir de n'importe quel Etat d'Afrique Centrale
vers un pays occidental (Europe, Amérique...) coûte moins
chère qu'un appel en direction d'un pays de la sous-région. Il en
est de même pour l'accès à Internet qui reste encore
élevé pour les citoyens moyens. De plus, les prix de ces services
varient selon les pays. A titre illustratif, l'abonnement internet haut
débit mensuel au Gabon coûte plus de 70 % du Salaire Minimum
Interprofessionnel de Croissance (SMIC)212. Au Cameroun en revanche,
ce taux est largement supérieur au SMIC puisqu'il faut débourser
environ 60.000 FCFA pour s'offrir le même service. Ces contrastes
s'expliquent certainement
210 Etat d'avancement du processus d'intégration en
Afrique Centrale. Prospectus 2010, CEA/BSR-AC, Yaoundé, juin 2010,
p 31.
211 Ibid.
212 Ibid.
90
par le coût onéreux d'achat de la capacité
et des droits de transit des communications. Pour y remédier, les Etats
gagneraient à harmoniser leurs tarifs de communications ainsi que tous
les autres services y relatifs de manière à faciliter
l'intégration des peuples. Dans le même ordre d'idée, les
pays de la sous-région peuvent se mettre ensemble pour acquérir
un satellite de communications.
1.2 Nécessité d'acquérir un
satellite de communications
Si l'on se fie à la définition donnée par
le Dictionnaire Larousse, le satellite renvoie à un engin placé
par un système de transport spatial (fusée, navette) en orbite
autour d'un astre en particulier la terre. Les satellites favorisent «
un développement extraordinairement puissant des
télécommunications213. » Avec ces
dispositifs, il devient plus facile d'étendre et
d'accélérer les moyens de communications
actuels214.
De plus, le réseau satellitaire couvre de vastes
étendues terrestres, ce qui donne la possibilité aux populations
des zones enclavées souvent lésées en équipements
de télécommunications, de bénéficier d'une
couverture réseau plus large offrant divers services
dérivés des TIC.
Par ailleurs, compte tenu de l'environnement physique
difficile d'Afrique Centrale, il reste difficile aux pays de la
sous-région d'assurer une couverture réseau filaire sur
l'ensemble de leur territoire. A cela se greffe les multiples
dégâts matériels occasionnés par les conflits
internes dans certains pays215. Une vision commune du
développement des télécommunications demeure la solution
idoine qui faciliterait l'expansion du réseau.
De même, en conjuguant leurs efforts, les Etats de
l'espace CEEAC qui pour la plupart sont en quête d'émergence,
réaliseraient ce voeux louable d'acquérir un satellite de
communications. Pour y parvenir, ils devraient d'abord mettre un terme à
leur souverainisme exacerbé et à leur velléité
égocentrique comme c'est généralement le cas au profit de
l'idéal communautaire.
A travers l'acquisition d'un satellite, les gouvernants
résoudraient largement le problème d'accessibilité des TIC
car, cet engin diminuerait énormément le coût de plusieurs
services tels que les communications électroniques, la connexion
internet haut débit, la
213 L'information à l'ère spatiale,
UNESCO, Paris, 1968, p12.
214 Ibid.
215 Pour le cas d'espèce, on évoquera la RDC et la
Centrafrique
91
télévision numérique... Comme un effet
d'engrenage, les populations utiliseront mieux ces technologies dans la mesure
où elles ne leur seront plus hors de portée. Seulement,
l'acquisition de cette infrastructure de haute technologie demeure
coûteuse pour un seul pays d'Afrique Centrale au vu de
l'exiguïté des budgets nationaux.
Eu égard à tout ce qui précède,
l'adoption d'une législation et d'une politique tarifaire commune et la
mise en place d'un réseau satellitaire sous-régional s'imposent
comme des préalables indispensables pour une démocratisation
véloce des TIC en Afrique Centrale. Le renforcement des structures
existantes et la création des organismes supranationaux dans le secteur
concerné semblent aussi d'une grande utilité.
1.3 Renforcement des structures existantes au niveau
sous-régional
Les principales mesures prises par les pays d'Afrique Centrale
pour réduire le fossé numérique restent la mise en oeuvre
de la COPTAC, l'Association des Régulateurs des
Télécommunications (ARTAC), le centre sous-régional de
maintenance des télécommunications d'Afrique Centrale et
l'élaboration du projet CAB. Il importe de redynamiser ces structures
pour une meilleure vulgarisation des TIC dans la sous-région.
· La COPTAC
La COPTAC regroupe les ministres en charge des postes et des
télécommunications de la CEEAC. Son activité se
résume à la définition et la mise en oeuvre des politiques
d'orientation et d'élaboration des stratégies communes dans le
secteur concerné. Cette institution assure également le
développement et l'amélioration de la qualité des services
en vue de promouvoir une meilleure intégration sous-régionale,
régionale et internationale dans le domaine des
télécommunications. Seulement, plus de 25 ans après sa
création, son action tarde encore à produire les résultats
escomptés, d'où la nécessité d'insuffler à
cet organe interministériel une nouvelle dynamique afin qu'il joue
pleinement son rôle.
· L'ARTAC
Cette association oeuvre pour l'harmonisation des
réglementations en matière de fourniture et de tarification des
services de télécommunications dans les pays de la
sous-région. Mais depuis sa création en 2004, on note une absence
de législation communautaire dans le domaine des
télécommunications/TIC en Afrique Centrale. Il conviendrait alors
de
92
transformer cette structure en une véritable
organisation supranationale afin qu'elle puisse jouer un rôle plus
important dans le processus de développement des
télécommunications et de la réduction du fossé
numérique en conséquence.
· Le projet CAB
Ce projet vise le déploiement d'un réseau de
télécommunications haut débit à fibre optique dans
toute la communauté. La première phase du programme qui comprend
trois pays dont le Cameroun, le Tchad et la RCA avance considérablement
et l'on s'achemine vers la fin d'ici l'année 2016. Au terme de cette
phase, la connectivité s'améliorerait certainement pour
satisfaire le maximum d'usagers de l'outil internet. Cependant, au vu du faible
taux d'utilisation de la technologie internet dans la sous-région, il
semble nécessaire d'accélérer la mise en oeuvre du projet
afin qu'on puisse aboutir à la réduction des coûts de
connexion. De même, l'interconnexion des différentes capitales des
pays d'Afrique Centrale par le backbone à fibre optique s'impose en vue
de renforcer l'intégration des peuples.
· Le centre sous-régional de maintenance des
télécommunications d'Afrique Centrale
La création du centre sous-régional de
maintenance des télécommunications remonte à juillet 2000.
Sa mission se résume au dépannage et à l'étalonnage
des appareils de mesure des entreprises publiques et privées des
télécommunications, de la radiodiffusion, de la
télévision et éventuellement d'autres services
spécialisés. Cependant, plus de quatorze ans après sa
création, cette structure communautaire n'est toujours pas
opérationnelle. Les travaux relatifs à sa construction ont
débuté au cours de l'année 2013. Un tel état de
fait peut se justifier par le manque de volonté politique de certains
gouvernants de la communauté. Pourtant, il conviendrait
d'accélérer les travaux de construction de cet édifice
supranational de par l'affectation des fonds nécessaires.
Outre, la consolidation des structures existantes, il
faudrait envisager la création de nouveaux organismes supranationaux
pour une meilleure réduction de la fracture numérique en Afrique
Centrale.
1.4 Création de nouvelles structures
sous-régionales
93
Dans l'optique de promouvoir le développement des
télécommunications/TIC à travers l'intégration
régionale, les dirigeants d'Afrique Centrale devraient créer une
structure sous-régionale de téléphonie mobile et un
organisme commun de régulation du secteur concerné.
1.4.1 Mise en place d'un opérateur
communautaire de téléphonie mobile
Le marché des télécommunications
apparait très rentable dans la plupart des pays aujourd'hui. Toutes les
entreprises qui investissent dans ce domaine font de gros
bénéfices. D'autre part, la vente des services de
télécommunications contribue au PIB de nombreux Etats dans la
société internationale. Un rapport de l'UIT publié en 2012
a confirmé que «Le secteur des TIC est devenu en soi l'un des
principaux moteur du développement
économique216 ».
L'Afrique Centrale pourrait exploiter cette filière
porteuse non seulement pour résorber le fossé numérique
qui la caractérise mais également pour réduire le niveau
de pauvreté galopante observé grâce à la
création d'un opérateur communautaire de téléphonie
mobile. La mise en place d'une telle structure permettrait de diminuer la
tarification excessive voire inéquitable appliquée par les
filiales étrangères qui, se taillent encore les grosses parts de
marché et réalisent des chiffres d'affaires fabuleux sans
toutefois investir grandement dans le développement des infrastructures.
Ce qui est pourtant contraire à la recommandation de l'UIT sur
l'accès universel aux TIC.
Par ailleurs, la création d'un opérateur
communautaire de télécommunications diminuerait significativement
le coût des communications électroniques et d'abonnement au haut
débit. Grâce aux éventuels bénéfices que la
société pourrait engendrer, les dirigeants étendraient
aisément le réseau dans toute la sous-région. Une autre
alternative, la mise en place d'un organisme de régulation commun.
216 Voir Mesurer la société de
l'information...
1.4.2 Création d'un organe de régulation
commun
94
Sous un angle juridique, la régulation fait
référence à l'« action de régler un
phénomène pour le maîtriser dans le temps, par exemple dans
le domaine économique217.» Au vu de cette
définition, la régulation du paysage des
télécommunications renvoie à l'encadrement de toutes les
activités de ce secteur par les autorités publiques de
manière à le contrôler efficacement.
A ce jour, on dénombre 06 Etats218 sur 10
qui disposent d'un organe de régulation autonome. Un tel état de
fait ne permet pas d'harmoniser les législations et les politiques
tarifaires des Etats d'Afrique Centrale facilement. Il semble alors
nécessaire de mettre en place un organe de régulation commun qui
permettrait une meilleure régulation des activités du secteur des
télécommunications dans la sous-région.
En effet, à travers la mise en oeuvre d'une agence
communautaire de régulation des télécommunications, les
gouvernants contrôleraient mieux le marché sous-régional.
En attribuant à cette structure de hautes compétences comme c'est
le cas avec la COBAC219, l'organisme communautaire pourrait
naturellement imposer la volonté souveraine des Etats aux entreprises
étrangères. De même, la création d'un organe de
régulation communautaire pourrait facilement s'effectuer à
travers la transformation de l'ARTAC en une structure sous-régionale.
Au terme de cette section, il convient de relever qu'une
vision communautaire du développement des
télécommunications/TIC semble inévitable pour rapidement
démocratiser les technologies numériques en Afrique Centrale. En
évoluant en rangs dispersés, il serait difficile pour les
dirigeants de la sous-région de réaliser l'accès universel
sur l'ensemble de leur territoire ce qui est pourtant indispensable pour la
réduction de la pauvreté.
SECTION II : REAJUSTEMENTS AU NIVEAU NATIONAL
Pour que la politique nationale de réduction de la
fracture numérique soit plus efficace, il est nécessaire que les
pouvoirs publics allègent la fiscalité. Ils doivent
également procéder au renforcement du rôle des organismes
institutionnels qui oeuvrent pour la cause à
217 Cf. Lexique des termes juridiques, Paris, Dalloz,
14e édition, 2003, p 497.
218 Cameroun, Gabon, RCA, RDC, Sao-Tomé-Et-Principe et le
Tchad.
219 Commission Bancaire d'Afrique Centrale. Cette structure
contentieuse spécialisée de la CEMAC détient un
véritable pouvoir de censure à l'égard des
établissements de crédit exerçant dans les Etats membre de
cette communauté.
95
96
97
l'échelle nationale. Les dirigeants doivent aussi
mettre un accent particulier sur la formation des citoyens aux TIC. De
même, l'accélération du développement des
infrastructures et la promotion de l'industrialisation dans le secteur des TIC
s'impose.
2.1 Allègement de la fiscalité,
renforcement du rôle des organismes institutionnels et renforcement
des capacités des populations dans le domaine des TIC
Il s'agira ici, de mettre en évidence la
nécessité de procéder à un allègement du
fisc. Nous analyserons également le rôle que devrait davantage
jouer les structures publiques et privées dans le processus de
démocratisation des technologies numériques au Cameroun. De
même, la formation continue des citoyens aux modes d'emplois et de
fabrication des TIC suscitera un intérêt particulier.
2.1.1 Allègement de la
fiscalité
La fiscalité selon le dictionnaire Larousse renvoie au
système de perception des impôts, à l'ensemble des lois qui
se rapportent aux impôts220. En d'autres termes, la
fiscalité fait référence aux pratiques utilisées
par un État ou une collectivité territoriale pour percevoir les
impôts et autres prélèvements obligatoires221.
Dès lors, la fiscalité joue un rôle déterminant dans
l'économie d'une nation. Dans le secteur des
télécommunications, l'Etat engrange d'énormes recettes
fiscales de par l'achat par les consommateurs des dispositifs tels que les
ordinateurs, les téléphones portables, les scanners... et l'usage
permanent des services dérivés. Par contre, on note que
l'accès aux TIC demeure limité pour le citoyen moyen qui du fait
des montants prohibitifs est toujours incapable de se procurer un ordinateur,
un téléviseur, un modem internet et en faire usage de
façon permanente. Il conviendrait alors d'instituer une loi sur la
défiscalisation des intrants informatiques. Ceci permettrait à
coup sûr de réduire les coûts de vente du dispositif
su-cités et partant, de faciliter l'acquisition et l'usage de ces outils
dans les ménages.
Par ailleurs, l'Etat prélève
généralement une part importante sur les recettes des
opérateurs privés de téléphonie mobile. Un tel
état de fait ne les permet pas de réinvestir une partie de leurs
bénéficies dans le développement des réseaux. En
allégeant leur régime fiscal, les pouvoirs publics
encourageraient ces filiales étrangères à étendre
leur taux de couverture
220
http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/fiscalit%C3%A9/33867
site consulté le 05 janvier 2015.
221
http://www.journaldunet.com/business/pratique/dictionnaire-comptable-et-fiscal/17162/fiscalite-definition-traduction.html
site consulté le 05 janvier 2015.
réseau dans tout le pays. Dès lors, les
populations résidant dans les milieux ruraux accéderont à
la téléphonie mobile au même titre que les personnes vivant
en zones urbaines. En dehors de l'allègement de la fiscalité, il
importe également de renforcer le rôle des organismes
institutionnels.
2.1.2 Renforcement du rôle des acteurs
Les organisations publiques et privées sont les
principaux acteurs qui oeuvrent pour la réduction de la fracture
numérique au Cameroun. Ces derniers devraient désormais jouer un
rôle plus important. C'est dans ce sens qu'il importe de renforcer leur
action.
· Le CENADI
Créé le 12 août 1988 pour assurer le
développement, la promotion et la mise en oeuvre de la politique
nationale de l'informatique au sein des administrations publiques et
parapubliques, la mission du CENADI se résume aujourd'hui à la
gestion du patrimoine de l'Etat222. Cette structure qui
jusqu'à présent demeure logée dans l'enceinte du
ministère en charge des finances, devrait être
délogée de son ministère de tutelle et être
érigée en institution autonome223 comme c'est le cas
avec l'ART, ENEO, le CNC224 et l'ANTIC. Par ailleurs, étant
la structure en charge de l'informatique cette dernière devrait
s'assurer de la formation dans ce domaine. De plus, elle devrait donner
systématiquement son avis en matière d'acquisition du
matériel informatique sur toute l'étendue du territoire
national.
· L'ART
La création de l'ART remonte à juillet 1998
suite à la libéralisation du secteur des
télécommunications. Sa mission se résume à la
régulation, au suivi et au contrôle des opérateurs, des
exploitants des réseaux et des fournisseurs de services de
communications électroniques. Mais 17 ans après sa mise en place,
le rôle de l'agence tarde à se matérialiser de façon
concrète. Car, les prix des services dérivés de l'usage
des TIC tels que les communications électroniques et l'abonnement
à l'outil internet demeurent élevés pour le citoyen moyen.
Pour remédier à cette situation, l'ART devrait agir en
concertation avec les
222 Voir M.A Zintchem, « Problématique de
l'appropriation des Technologies de l'Information et de la Communication au
Cameroun »..., page 265.
223 Ibid.
224 Conseil National de la Communication
associations des consommateurs et en collaboration avec les
opérateurs de téléphonie mobile pour instaurer une
tarification relativement abordable pour la grande majorité des
populations. Ceci donnera la possibilité à chaque citoyen, quelle
que soit sa classe sociale de se connecter à la technologie internet et
partant, de contribuer à l'économie numérique.
· L'ANTIC
L'ANTIC oeuvre pour la promotion et le développement
des TIC sur l'ensemble du territoire. Chaque année, l'agence organise
des séminaires de sensibilisation sur l'usage des TIC, mais trop peu de
personnes y prennent part à cause du manque d'information. Par ailleurs,
la configuration des séminaires poussent parfois une bonne partie des
citoyens aux facultés de compréhension réduites à
ne pas participer aux ateliers qui sont pourtant ouverts au public. Le cas
échéant, ces conférences prennent alors l'allure des
débats entre individus aux aptitudes cognitives similaires. Dès
lors, l'Agence devrait davantage se rapprocher des usagers notamment les
couches vulnérables dans leurs campagnes de sensibilisation et de
vulgarisation des TIC.
· La CAMTEL
L'opérateur historique demeure la principale structure
chargée de la mise en oeuvre de la politique nationale des
télécommunications définie par le MINPOSTEL. Compte tenu
du fait que le réseau de téléphonie fixe
géré par CAMTEL depuis près de 17 ans évolue
lentement sur l'ensemble du territoire, il serait convenable que cet
établissement parapublic se dessaisisse de la fourniture des services
à valeur ajoutée. Aussi, la mission de l'organisation
devrait-elle se résumer au déploiement de la fibre optique dans
tout le triangle national et à l'élaboration des cadres
règlementaires pour la vente de cette technologie de pointe aux
opérateurs privés de téléphonie mobile.
· ENEO Cameroon
ENEO Cameroon gère le développement du
réseau électrique national et la fourniture de l'énergie
électrique sur l'ensemble du territoire. Seulement, à ce jour,
plusieurs localités rurales demeurent non électrifiées.
Pour remédier à cette situation, le nouvel établissement
parapublique pourrait déployer les énergies renouvelables telles
que l'énergie solaire ou l'énergie éolienne dans les
campagnes afin de permettre aux populations y
98
résidantes d'utiliser les TIC de manière
permanente. Il importe aussi de renforcer l'action des organisations
privées.
· Les opérateurs privés de
téléphonie mobile
Les principales structures privées qui oeuvrent dans
le secteur des télécommunications au Cameroun sont entre autres,
les trois opérateurs privés de téléphonie mobile,
les FAI et certaines ONG. En ce qui concerne les opérateurs de
téléphonie, on note que malgré la réalisation de
gros chiffres d'affaires225, Orange et MTN ne couvrent pas encore
tout le territoire national. Ces entreprises étendent beaucoup plus leur
réseau dans les zones à forte activité économique
où le pouvoir d'achat des populations est assez significatif. Par
conséquent, les localités reculées se retrouvent
lésées en infrastructures de télécommunications.
Aussi, les sociétés de téléphonie mobile devraient
davantage soutenir les pouvoirs publics dans leurs stratégies de
démocratisation des TIC, en assurant la couverture minimale dans tous
les coins et recoins du triangle national. Ceci facilitera la diffusion et
l'usage du téléphone portable dans tout le pays.
· Les ONG
Dans le chapitre précédent, nous avons
noté que l'action des ONG dans le cadre de la réduction du
fossé numérique n'est pas très perceptible. Ces
dernières amplifieraient leur participation au processus à
travers la sensibilisation et la formation d'un nombre plus élevé
de personnes appartenant aux couches défavorisées à
l'usage des dispositifs technologiques. De même, ces acteurs devraient
même assurer le rôle d'intermédiaire entre les gouvernants
et la population en ce qui concerne l'élaboration des programmes de
développement et la prise de certaines décisions importantes dans
le domaine visé. Notons également que de par leur
proximité avec les couches vulnérables, les membres de la
société civile peuvent facilement susciter un grand
intérêt auprès des couches défavorisées par
rapport à l'usage des TIC et de leurs effets positifs. Car, en
dépit des initiatives publiques mises en oeuvre dans ce cadre, ces
catégories de personnes se montrent encore réfractaires aux TIC
à cause de leur ignorance des modes d'emplois. Une vulgarisation rapide
des TIC exige aussi la promotion de la formation des populations à
l'usage de ces technologies.
225 Pour le compte de l'année 2012, Orange Cameroun
réalisa un chiffre d'affaires d'environ deux cent millions de FCFA.
99
2.1.3 Promotion de la formation des citoyens dans le
domaine des TIC
Grâce aux stratégies mises en oeuvre par les
dirigeants, beaucoup d'élèves et étudiants
s'intéressent de plus en plus à l'étude des technologies
numériques et plusieurs citoyens connaissent même
déjà comment utiliser un ordinateur et l'outil internet. Mais, au
vu du manque d'enseignants en TIC, de la faible couverture du réseau
électrique, du déficit d'équipements en ordinateurs et en
connexion internet dans plusieurs lycées et collèges des zones
rurales, il devient très difficile pour les élèves
d'acquérir les notions dans cette discipline. L'Etat gagnerait alors
à augmenter le nombre de places ouvertes pour la formation des
professeurs de cette discipline dans les écoles normales
supérieures.
De plus la mise en oeuvre d'un partenariat avec les ONG
oeuvrant dans le domaine des TIC permettrait de doter bon nombre
d'établissements, en particulier ceux situés dans les campagnes
en matériels informatiques. Il conviendrait aussi de multiplier les
initiatives similaires à l'opération cent mille femmes horizons
2012 de l'IAI en englobant cette fois-ci tous les groupes vulnérables
souvent marginalisées au rang desquels on distingue les orphelins, les
jeunes illettrés et les handicapés.
Par ailleurs, l'Etat devra envisager la création d'une
école supérieure essentiellement spécialisée dans
la formation des ingénieurs informaticiens. Cela favoriserait le
développement de l'entreprenariat et surtout l'innovation dans ce
secteur. Le cas échéant, le Cameroun ne figurera plus comme une
simple nation consommatrice des technologies numériques mais aussi comme
un Etat producteur de celles-ci.
Bien que l'allègement de la fiscalité, le
renforcement du rôle des organismes institutionnels et la promotion de la
formation semblent opportuns, il convient également d'instaurer un
partenariat intelligent propice au développement infrastructurel et de
promouvoir l'industrialisation dans le domaine concerné.
2.2 Mise en place du partenariat pour le
développement infrastructurel et promotion
de l'industrialisation
Il s'agira de mettre en exergue le partenariat pour le
développement infrastructurel et l'industrialisation dans le domaine des
TIC.
100
2.2.1 Le partenariat public-privé socle : du
développement infrastructurel
Le déficit infrastructurel relevé dans le
chapitre précédent impose la mise en place d'un partenariat
favorable à l'essor des équipements de
télécommunications et d'énergie électrique.
a- Dans le secteur des
télécommunications
Le réseau de télécommunications actuel
semble encore faible pour satisfaire les multiples attentes des usagers et plus
précisément ceux situés dans les zones reculées. Ce
déficit ne favorise nullement l'accélération du processus
de résorption de la fracture numérique. Malgré le
déploiement de 6500 kilomètres de fibre optique par CAMTEL et le
lancement du projet des télécentres communautaires polyvalents
par le MINPOSTEL, beaucoup de camerounais résidant en milieux ruraux
pâtissent encore du défaut d'infrastructures de
télécommunications. Cependant, comme le souligne Emmanuel KOUAKAM
dans le trimestriel Le défi numérique226, le
développement d'un partenariat intelligent entre le gouvernement, les
ONG, les organismes de développement, le secteur privé et les
communautés locales permettrait de remédier efficacement à
ce problème. L'instauration du partenariat s'impose aussi dans le
domaine énergétique.
b- Dans le secteur énergétique
L'usage permanent des TIC requiert l'existence de
l'énergie électrique. Mais compte tenu du fait que plusieurs
campagnes ne disposent pas d'électricité, le
téléviseur, le téléphone portable, l'ordinateur...
restent des appareils moins utilisés. Avec le PDSE227, les
dirigeants envisagent le triplement de la puissance énergétique
et l'extension du réseau électrique. En conséquence,
chaque citoyen, quel que soit son lieu de résidence pourra en principe,
avoir accès à l'énergie et partant, se servir des
dispositifs numériques en permanence. Néanmoins, ce programme ne
suffirait point pour fournir toutes les localités
particulièrement celles éloignées en
électricité. Aussi la constitution d'un partenariat
public-privé faciliterait-elle la desserte de ces zones. Toutefois,
faudrait-il d'abord libéraliser ce secteur afin d'y établir un
environnement concurrentiel. Il convient également de promouvoir
l'industrialisation dans le domaine des TIC.
226 Le défi numérique, ANAIS-AC,
Yaoundé, N°1, Janvier-Mars 2002.
227 Plan du Développement du Secteur de
l'Electricité
101
2.2.2 Promotion de l'industrialisation du secteur des
télécommunication/TIC
Cette activité passe par l'appui des initiatives
locales et l'attrait des investissements directs étrangers.
a- Le soutien des initiatives locales
Grâce à l'intérêt de certains
citoyens à l'étude des procédés de fabrication des
outils de télécommunications et des TIC, on observe peu à
peu de la créativité et de l'innovation dans ce domaine. Le 19
mars 2014, Théophile Abéga Moussa lançait avec l'aide de
MGSOFT, la première boutique camerounaise en ligne d'applications
mobiles baptisée Mboa-Store et répondant aux besoins locaux. Au
cours de la même année, le jeune ingénieur informaticien,
diplômé de l'Ecole Nationale Supérieure Polytechnique
(ENSP) Arthur Zang, a mis sur pied le Cardiopad228. Cette
création lui a valu la victoire en juin 2014 du concours Rolex
awards for enterprises organisé tous les deux ans. Pour mener son
projet à terme, le jeune créateur a reçu le soutien
financier du chef de l'Etat à hauteur de vingt million de FCFA. Un tel
appui est très encourageant, seulement les pouvoirs publics
soutiendraient davantage les chercheurs qui s'exercent dans l'innovation
technologique en attribuant une somme plus importante au meilleur
innovateur229 et surtout, en leur donnant les moyens
nécessaires pour accroître les performances de leurs appareils
afin de les commercialiser partout dans le monde. L'attrait des investissements
extérieurs apparaît aussi comme un facteur d'industrialisation.
b- L'attrait des Investissements Directs Etrangers
(IDE)
L'IDE, selon l'OCDE230, fait
référence à « un investissement
réalisé par une entité résidente d'une
économie dans le but d'acquérir un intérêt durable
dans une entreprise résidente d'une autre économie
»231. Les IDE favorisent la production et la
création des richesses qui se présentent comme d'importants
facteurs de développement économique.
228 Considéré comme la première tablette
tactile africaine à usage médical, cet appareil permet aux
infirmiers des zones rurales d'envoyer les résultats des examens
cardiaques aux cardiologues par le biais d'une connexion de la
téléphonie mobile.
229 Il convient de préciser qu'actuellement, la somme
attribuée au meilleur innovateur s'évalue à 300.000 FCFA.
Pourtant au Gabon, le vainqueur du prix de l'innovation technologique
perçoit la coquette somme de cent millions de FCFA.
230 Organisation pour la Coopération et le
Développement Economique
231 NGUEGUANG Fabrice, « Climat des affaires et
Investissements Directs Etrangers en zone CEMAC », Mémoire de
Master en Relations Internationales, IRIC, 2012, p 20.
Malgré la profusion de nombreuses PMI232, le
tissu industriel camerounais demeure faible, pis dans le secteur des
télécommunications/TIC. Il devient alors difficile pour cette
filière de générer un maximum d'emplois afin de
réduire le taux de chômage largement à la hausse. De par
l'attrait des IDE dans ce domaine, les gouvernants résoudraient en
partie ce problème qui affecte lourdement l'économie nationale.
La diaspora jouerait alors un très grand rôle pour l'atteinte de
cet objectif.
En effet, les citoyens de renommée internationale tels
que Jacques Bonjawo, ancien Senior Manager à Microsoft et Alain
Anyouzoa Njimoluh, travaillant également dans la même structure
peuvent facilement convaincre les hauts responsables de cette entreprise
d'implanter une usine de fabrication de matériels informatiques à
moindre coût au Cameroun. Ce d'autant plus que la stabilité
politique et les législations en la matière semblent très
favorables. L'aboutissement d'une telle idée abaisserait
inéluctablement les prix de vente de ces dispositifs et partant
faciliterait la démocratisation des TIC.
Au vu de tout ce qui précède, on constate que
beaucoup reste à faire pour accélérer le processus de
réduction de la fracture numérique.
102
232 Petites et Moyennes Industries
103
CONCLUSION DU CHAPITRE 4
En somme, les diverses insuffisances présentées
par les stratégies de vulgarisation des TIC en Afrique Centrale en
général et au Cameroun en particulier démontrent que
l'évolution du processus de réduction de la fracture
numérique n'est pas satisfaisant. En s'appuyant sur les limites de
l'existant, on peut distinguer dans une logique prospective quelques pistes
pour améliorer ledit processus. Conscient du fait qu'il serait difficile
pour les pays de la sous-région de réaliser l'accès
universel sur l'ensemble de leur territoire en évoluant en rangs
dispersés, on peut à cet effet suggérer la promotion de
l'intégration régionale dans le domaine concerné. Aussi
les gouvernants de la sous-région devraient-ils adopter une
réglementation et une politique tarifaire commune. En outre,
l'acquisition d'un satellite de communications dans la sous-région, la
consolidation des acquis et l'érection de nouveaux organismes
supranationaux s'imposent. Au niveau national, l'allègement de la
fiscalité, le renforcement du rôle des organismes institutionnels
et la promotion de la formation aux TIC semblent nécessaires pour
résoudre en partie les problèmes liés à
l'accessibilité. Toujours dans cette optique, il est opportun pour les
pouvoirs publics de mettre en place un partenariat intelligent avec le secteur
privé en vue du développement infrastructurel. Enfin, la
promotion de l'industrialisation dans la filière
télécommunication/TIC paraît inéluctable car elle
permettra au Cameroun de se positionner sur la scène internationale
comme un producteur et non plus essentiellement en tant qu'un consommateur des
technologies numériques.
104
CONCLUSION GENERALE
105
Dans un monde caractérisé par l'ouverture des
frontières du fait de la mondialisation et surtout par les enjeux de
puissances de toutes sortes, les TIC on réussi à s'imposer comme
des outils incontournables pour tous les Etats composant la
société internationale. Ces technologies restent au coeur des
multiples transformations politiques, économiques et socioculturelles
des pays développés depuis déjà plus d'un quart de
siècle.
Dans les nations en développement notamment celles de
la sous-région Afrique Centrale, les TIC suscitent un
intérêt de plus en plus grandissant mais leur diffusion demeure
insuffisante à cause de l'accessibilité limitée et de
l'analphabétisme numérique de nombreux citoyens. En
conséquence, il se crée un fossé numérique qui
contribue davantage à l'accroissement des inégalités entre
les pays développés et les pays en développement. Ce
constat nous a donc menés tout au long de cette entreprise heuristique
à l'étude du processus de réduction de la fracture
numérique en Afrique Centrale en général et au Cameroun en
particulier.
Pour mener à bien notre analyse, nous avons
subdivisé notre travail en deux parties comportant chacune deux
chapitres. La première s'est focalisée sur le cadre conceptuel et
les stratégies de réduction de la fracture numérique en
Afrique Centrale. La deuxième partie quant à elle s'est
intéressée à l'évaluation du processus de
réduction du fossé numérique en Afrique Centrale tout en
proposant des solutions pour une meilleure vulgarisation des TIC.
L'examen du cadre théorique a permis de montrer que
l'expression fracture numérique est une notion aux contours flous. En
effet, ce concept émane d'un ensemble d'inégalités au rang
desquels nous citons les inégalités face aux possibilités
d'utiliser les TIC, les inégalités à contribuer à
l'information et les inégalités d'accès au réseau.
Au-delà de ces disparités, nous avons remarqué que la
fracture numérique s'opère à diverses échelles de
comparaison. Notamment, entre les Etats, entre le Nord et le Sud, entre les
pays du Sud, entre les villes et les campagnes, les hommes et les femmes et
entre les jeunes et vieux. Par ailleurs, nous avons noté que le
fossé numérique qui caractérise les pays d'Afrique
Centrale freine considérablement l'émergence de ces nations. La
réduction de cette fracture se veut donc impérative au vu des
multiples enjeux de développement poursuivis par ces Etats. Et bien,
dans ce sens, plusieurs stratégies ont été mises en place
dans la sous-région en général et au Cameroun en
particulier pour améliorer l'accès universel.
106
A l'échelle communautaire, les gouvernants ce sont
fixés plusieurs objectifs à atteindre dans un délai
précis. Pour y parvenir, ils ont mis en place la COPTAC, l'ARTAC, le
centre sous-régional de maintenance des
télécommunications, le PEAC et le projet CAB.
Par ailleurs, au niveau national, les objectifs à
atteindre d'ici 2020 ont été définis dans le DSCE. Pour y
parvenir, les dirigeants ont élaboré un ensemble d'instruments
juridiques qui encadrent les activités dans le secteur des
télécommunications. De même, bon nombre d'organismes
institutionnels publics (le CENADI, l'ART, l'ANTIC, la CAMTEL et ENEO
Cameroon) et privés (Orange, MTN, Nexttel, les FAI et les ONG)
accompagnent l'Etat dans son processus de réduction des
inégalités liées à la diffusion des TIC. Dans le
même ordre d'idée, les gouvernants ont mis l'accent sur le
développement des compétences numériques à travers
la formation des populations aux TIC. En outre, le service public reste en
cours de modernisation de par l'opérationnalisation du projet
e-gouvernement. Enfin, le projet des télécentres communautaires
polyvalents a été mis en oeuvre dans l'optique de réduire
le fossé numérique entre les villes et les campagnes.
Dans une logique évaluative, nous avons
démontré que les stratégies mises en place en Afrique
Centrale en général et au Cameroun en particulier pour
résorber la fracture numérique ont produit des résultats
remarquables. Au plan sous-régional, nous avons noté
l'accroissement de la télédensité mobile, la mise en place
d'un réseau sous-régional large bande à fibre optique
à travers le projet CAB et le développement des infrastructures
de base de par la création des télécentres communautaires
dans la plupart des Etats. Toutefois, malgré ces quelques
avancées, le fossé numérique demeure. Ceci s'est
illustré à travers la faible télédensité
fixe (seulement 1,46 ligne téléphonique fixe pour 100 habitants
en 2011), la faible utilisation de l'outil internet (6,38% d'utilisateurs
internet sur 100 habitants en 2011) et le coût relativement
élevé des communications électroniques. Un tel état
des faits démontre à suffisance le manque d'efficacité des
structures mises en place au niveau communautaire.
Sur le plan national, les stratégies mises en oeuvre
pour résorber le fossé numérique ont conduit à la
baisse des coûts des produits et services TIC. De même, elles ont
favorisé le développement des télécommunications
notamment à travers l'évolution de la
télédensité mobile et l'amélioration du
débit de transmission des données. Dans le même ordre
d'idée, ces politiques ont également permis d'augmenter les
ressources humaines dans le domaine concerné et de moderniser
progressivement le service public. Cependant, on constate qu'en dépit du
fait que le processus de vulgarisation des TIC soit en cours d'évolution
au Cameroun,
107
le fossé numérique demeure perceptible entre les
riches et les pauvres et entre les villes et les campagnes. A titre indicatif,
plusieurs habitants des zones rurales n'ont pas facilement accès aux
technologies numériques pour diverses raisons.
De même, la télédensité fixe et le
taux d'utilisation de l'outil internet restent faibles. Pourtant, les
dirigeants envisagent porter le nombre de lignes téléphoniques
fixes qui se situait à 0,7% en 2005 à 45% en 2020. Cet objectif
semble loin d'être atteint. De plus, l'ambition de porter le taux
d'utilisation de la technologie Internet de 1% en 2007 à 40% en 2015 se
réalisera difficilement dans la mesure où en 2013, seulement 6,4%
de camerounais sur 100 utilisait cette technologie. En outre sur 40.000 TCP/PAN
que les gouvernants envisagent créer dans différentes
localités rurales et périurbaines d'ici 2020, seuls 116 sont
déjà opérationnels. Ces faits démontrent avec
suffisance que le processus de réduction de la fracture numérique
au Cameroun évolue lentement et dans une certaine mesure, demeure
insatisfaisant. Dès lors, il semblait nécessaire pour nous de
proposer des solutions qui permettront d'améliorer le processus de
démocratisation des TIC en Afrique Centrale en général et
au Cameroun en particulier.
Sous un angle prospectif, les Etats de cette partie du
continent devraient mutualiser leurs efforts afin d'harmoniser leurs
législations et leurs politiques tarifaires dans le domaine des
télécommunications/TIC. De même, ces derniers devraient
conjuguer leurs forces en vue de doter l'Afrique Centrale d'un satellite de
communications. Par ailleurs, au niveau national, il serait convenable que les
dirigeants allègent la fiscalité, renforcent le rôle des
organismes institutionnels et promeuvent la formation des citoyens dans le
secteur concerné. En outre, l'accent devrait également être
mis sur la promotion de l'industrialisation dans cette filière porteuse
et innovante.
Pour finir, la réduction de la fracture
numérique se présente comme un véritable atout
développement pour les pays d'Afrique Centrale. Après avoir
connus des décennies de guères, traversés plusieurs
années de crise économique du fait des ajustements structurels,
les Etats de la sous-région ont là une grande opportunité
pour rattraper leur gap par rapport aux pays développés. Si ces
nations ont considérablement pu transformer leur économies et
leurs modes de vie à travers l'usage des TIC, il n'est pas exclu que
celles de la sous-région en fassent autant. C'est la raison pour
laquelle les Etats composant cette partie de l'Afrique doivent se mettre en
synergie pour réduire la fracture numérique qui les
caractérise.
108
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18- UIT, Unité de Politiques et de Stratégies
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l'information et de la communication dans les pays les moins avancés
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19- Unité de Coordination du Projet CAB, Brochure
de présentation du projet CAB, Composante République du
Cameroun.
VIII- Lois, décrets et arrêtés
A- Lois
1- Loi n° 98/014 du 14 juillet 1998 sur les
télécommunications au Cameroun.
2- Loi n° 2001/0130 du 23 juillet 2001 sur le service
minimum dans le secteur des télécommunications au Cameroun.
3-
114
Loi n° 2005/013 du 29 décembre 2005 sur le Fonds
Spécial des Télécommunications au Cameroun.
4- Loi n° 2010/012 du 21 décembre 2010 sur la
cybercriminalité et la cybersécurité.
5- Loi n° 2010/013 du 21 décembre 2010 sur les
communications électroniques au Cameroun.
6- Loi n° 2010/021 du 21 décembre 2010 sur les
règles du commerce électronique au Cameroun.
7- Loi cadre n° 2011/012 du 06 mai 2011 sur la
protection du consommateur.
B- Décrets
1- Décret n° 98/108 du 08 septembre 1998 portant
création de la Cameroon Telecommunications (CAMTEL).
2- Décret n° 2012/180 du 10 avril 2012 portant
organisation et fonctionnement de l'Agence Nationale des Technologies de
l'Information et de la Communication (ANTIC).
3- Décret n° 2012/203 du 20 avril 2012 portant
organisation et fonctionnement de l'ART
4- Décret n° 2012/308 du 26 juin 2012 fixant les
modalités de gestion du FST.
5- Décret n° 2012/309 du 26 juin 2012 fixant les
modalités de gestion du Fonds Spécial des Activités de
Sécurité Electronique (FSE).
C- Arrêtés
1- Arrêté n° 066/CAB/PM du 24
février 2009 portant création du Comité de suivi de la
mise en oeuvre des résultats des Sommets Mondiaux sur la
Société de l'Information (SMSI).
2- Arrêté n° 209/CAB/PM du 21 août
2009 portant création, organisation et fonctionnement du Comité
de pilotage de la stratégie nationale de développement des
TIC.
3- Arrêté n° 25/11/MINESEC/CAB du 13
janvier 2011 portant création de la filière Technologie de
l'Information.
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117
ANNEXES
118
TABLE DES MATIERES
AVERTISSEMENT I
SOMMAIRE II
DEDICACE III
REMERCIEMENTS IV
LISTE DES SIGLES ET ABBREVIATIONS V
LISTE DES GRAPHIQUES, FIGURES ET TABLEAUX IX
RESUME X
ABSTRACT XI
INTRODUCTION GENERALE 1
PRESENTATION DU SUJET 2
II- OBJET ET INTERET DE L'ETUDE 3
A- Objet de l'étude 3
B- Intérêt du sujet 4
III- REVUE DE LA LITTERATURE 4
IV- DELIMITATION SPATIO-TEMPORELLE DE L'ETUDE 8
V- PROBLEMATIQUE DE LA RECHERCHE 10
VI- QUESTIONS DE RECHERCHE 11
VII- HYPOTHESES 12
1- Hypothèse principale 12
2- Hypothèses secondaires 12
119
VIII- CADRE THEORIQUE 12
IX- METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE 14
a- La recherche documentaire 14
b- L'entretien ouvert 15
c- Analyse qualitative du contenu des données
recueillies 15
X- ANNONCE DU PLAN 16
PREMIERE PARTIE : 17
CADRE CONCEPTUEL ET STRATEGIES DE REDUCTION DE LA FRACTURE
NUMERIQUE EN AFRIQUE CENTRALE 17
CHAPITRE 1 : CADRE CONCEPTUEL ET ENJEUX DE REDUCTION DE LA
FRACTURE NUMERIQUE EN AFRIQUE CENTRALE 19
SECTION I : DEFINITION DES NOTIONS FONDAMENTALES 19
1.1 La fracture numérique : notion aux contours flous
19
1.1.1 Inégalités face aux possibilités
d'utiliser les TIC 20
1.1.2 Inégalités à contribuer à
l'information 21
1.1.3 Inégalités d'accès au réseau
21
1.2 La fracture numérique entre les Etats 22
1.2.1 Fracture numérique Nord-Sud 22
1.2.2 Fracture numérique Sud-Sud 26
1.2.3 Fracture numérique entre villes et campagnes 28
1.2.4 Fracture numérique entre hommes et femmes 29
1.2.5 Fracture numérique entre jeunes et vieux 29
1.3 Indicateurs du fossé numérique 30
1.3.1 Les indicateurs primaires 30
1.3.2 Les indicateurs secondaires 32
1.3.3 Les indicateurs composites 32
SECTION II : ENJEUX DE LA REDUCTION DE LA FRACTURE
NUMERIQUE EN
AFRIQUE CENTRALE 33
2.1 Mise en place d'une société de l'information
inclusive 33
2.2 Croissance économique 34
2.2.1 Création des emplois 34
a- Les emplois directs 35
b- Les emplois indirects 35
2.2.2 Accroissement des richesses 36
120
2.3. Le développement social 37
2.4 Le développement politique 39
CONCLUSION DU CHAPITRE 1 41
CHAPITRE 2 : STRATEGIES DE REDUCTION DE LA FRACTURE NUMERIQUE
EN
AFRIQUE CENTRALE 42
SECTION I : STRATEGIES AU NIVEAU SOUS-REGIONAL 42
1.1 La COPTAC 43
1.2 Le centre sous-régional de maintenance des
télécommunications 44
1.3 L'ARTAC 45
1.4 Le Pool Energétique d'Afrique Centrale (PEAC) 46
1.5 Le projet CAB 46
SECTION II : STRATEGIES AU NIVEAU DU CAMEROUN 48
2.1 Le cadre règlementaire et institutionnel 48
2.1.1 La règlementation 48
a- dans le domaine des télécommunications 49
b- dans le domaine des TIC 50
2.1.2 Analyse du cadre normatif institutionnel 51
a- Les acteurs publics 51
1- Le Centre National de Développement de l'Informatique
(CENADI) 51
2- La Cameroon Telecommunications (CAMTEL) 51
3- L'Agence de Régulation des
Télécommunications (ART) 52
4- L'Agence Nationale des Technologies de l'Information et de la
Communication
(ANTIC) 53
5- ENEO Cameroon (Energy of Cameroon) 54
b- Les acteurs du secteur privé 54
1- Les opérateurs de téléphonie mobile
55
~ Orange Cameroun 55
~ Mobile Telecommunication Network (MTN) 56
~ NEXTTEL Cameroun 56
2- La participation des ONG 58 2.2 Développement des
compétences numériques, modernisation du service public et
équipement des campagnes en moyens de
télécommunications modernes 58 2.2.1 Le développement
des compétences numériques à travers la formation des
populations aux TIC 59
2.2.2 Le e-government : vers la modernisation du service public
61
2.2.3 Le projet TCP et la réduction de la fracture
numérique entre les villes et les
campagnes 62
CONCLUSION DU CHAPITRE 2 64
121
DEUXIEME PARTIE : 65
EVALUATION DU PROCESSUS DE REDUCTION DE LA FRACTURE NUMERIQUE
EN AFRIQUE CENTRALE 65
CHAPITRE 3 : ANALYSE DU PROCESSUS DE REDUCTION DE LA FRACTURE
NUMERIQUE EN AFRIQUE CENTRALE 67
SECTION I : AU NIVEAU DE L'AFRIQUE CENTRALE 67
1.1 La COPTAC 67
1.2 L'ARTAC 68
1.3 Le centre sous-régional de maintenance des
télécommunications d'Afrique Centrale 69
1.4 Le projet CAB 70
SECTION II : AU NIVEAU DU CAMEROUN 72
2.1 La législation 73
2.2 Les organismes institutionnels 73
a- Le CENADI 74
b- La CAMTEL 74
c- L'ART 76
d- L'ANTIC 77
e- ENEO Cameroon 79
f- Les opérateurs de téléphonie mobile
80
g- La société civile 81
2.3 Evaluation des autres stratégies nationales de
réduction du fossé numérique 82
2.3.1 Accroissement continue des ressources humaines 82
2.3.2 La modernisation progressive du service public 84
2.3.3 Le déploiement des infrastructures de
télécommunications dans les campagnes 86
CONCLUSION DU CHAPITRE 3 87
CHAPITRE 4 : PERSPECTIVES POUR UNE MEILLEURE REDUCTION DE LA
FRACTURE NUMERIQUE 88
SECTION I : REAJUSTEMENTS AU NIVEAU SOUS-REGIONAL 88
1.1 Harmonisation des législations et des politiques
tarifaires 88
a- L'harmonisation des législations nationales 89
b- Adoption d'une politique tarifaire commune 89
1.2 Nécessité d'acquérir un satellite de
communications 90
1.3 Renforcement des structures existantes au niveau
sous-régional 91
~ La COPTAC 91
~ L'ARTAC 91
~ Le projet CAB 92
122
~ Le centre sous-régional de maintenance des
télécommunications d'Afrique Centrale 92
1.4 Création de nouvelles structures
sous-régionales 93
1.4.1 Mise en place d'un opérateur communautaire de
téléphonie mobile 93
1.4.2 Création d'un organe de régulation commun
94
SECTION II : REAJUSTEMENTS AU NIVEAU NATIONAL 94
2.1 Allègement de la fiscalité, renforcement du
rôle des organismes institutionnels et
renforcement des capacités des populations dans le domaine
des TIC 95
2.1.1 Allègement de la fiscalité 95
2.1.2 Renforcement du rôle des acteurs 96
~ Le CENADI 96
~ L'ART 96
~ L'ANTIC 97
~ La CAMTEL 97
~ ENEO Cameroon 97
~ Les opérateurs privés de téléphonie
mobile 98
~ Les ONG 98
2.1.3 Promotion de la formation des citoyens dans le domaine des
TIC 99
2.2 Mise en place du partenariat pour le développement
infrastructurel et promotion de
l'industrialisation 99
2.2.1 Le partenariat public-privé socle : du
développement infrastructurel 100
a- Dans le secteur des télécommunications 100
b- Dans le secteur énergétique 100
2.2.2 Promotion de l'industrialisation du secteur des
télécommunication/TIC 101
a- Le soutien des initiatives locales 101
b- L'attrait des Investissements Directs Etrangers (IDE) 101
CONCLUSION DU CHAPITRE 4 103
CONCLUSION GENERALE 104
BIBLIOGRAPHIE 109
ANNEXES 117
TABLE DES MATIERES 118
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