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La réduction de la fracture numérique en Afrique centrale: cas du Cameroun

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par LEO GAËL ATANGA ONDOA
Institut des Relations Internationales du Cameroun (IRIC) - Master 2015
  

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AVERTISSEMENT

L'Institut des Relations Internationales du Cameroun (IRIC) n'entend donner aucune approbation, ni improbation aux opinions émises dans ce mémoire. Celles-ci doivent être considérées comme étant propres à l'auteur.

II

SOMMAIRE

INTRODUCTION GENERALE 1

PREMIERE PARTIE : 17

CADRE CONCEPTUEL ET STRATEGIES DE REDUCTION DE LA FRACTURE

NUMERIQUE EN AFRIQUE CENTRALE 17

CHAPITRE 1 : CADRE CONCEPTUEL ET ENJEUX DE REDUCTION DE LA

FRACTURE NUMERIQUE EN AFRIQUE CENTRALE 19

SECTION I : DEFINITION DES NOTIONS FONDAMENTALES 19

SECTION II : ENJEUX DE LA REDUCTION DE LA FRACTURE NUMERIQUE EN AFRIQUE

CENTRALE 33

CHAPITRE 2 : STRATEGIES DE REDUCTION DE LA FRACTURE NUMERIQUE EN

AFRIQUE CENTRALE 42

SECTION I : STRATEGIES AU NIVEAU SOUS-REGIONAL 42

SECTION II : STRATEGIES AU NIVEAU DU CAMEROUN 48

DEUXIEME PARTIE : 65

EVALUATION DU PROCESSUS DE REDUCTION DE LA FRACTURE NUMERIQUE

EN AFRIQUE CENTRALE 65

CHAPITRE 3 : ANALYSE DU PROCESSUS DE REDUCTION DE LA FRACTURE

NUMERIQUE EN AFRIQUE CENTRALE 67

SECTION I : AU NIVEAU DE L'AFRIQUE CENTRALE 67

SECTION II : AU NIVEAU DU CAMEROUN 72

CHAPITRE 4 : PERSPECTIVES POUR UNE MEILLEURE REDUCTION DE LA

FRACTURE NUMERIQUE 88

SECTION I : REAJUSTEMENTS AU NIVEAU SOUS-REGIONAL 88

SECTION II : REAJUSTEMENTS AU NIVEAU NATIONAL 94

CONCLUSION GENERALE 104

BIBLIOGRAPHIE 109

ANNEXES 117

TABLE DES MATIERES 118

DEDICACE

III

A mes parents,

A mes frères et soeurs,

Puissiez-vous trouver en l'aboutissement de cette entreprise heuristique, la récompense à tous les efforts que vous ne cessez de consentir pour mon ascension sociale.

iv

REMERCIEMENTS

La réalisation de ce travail est le fruit d'une conjugaison d'efforts. Ainsi je profite de cette opportunité pour exprimer ma profonde gratitude à tous ceux qui, de près ou de loin, ont contribué à l'aboutissement de cette oeuvre.

· J'adresse mes sincères remerciements et ma profonde gratitude à mon superviseur, le Professeur Laurent ZANG, chef de département de diplomatie, pour avoir accepté de superviser la rédaction de ce travail.

· Je remercie particulièrement mon directeur, le Dr Marthe Aurellie NGONO ZINTCHEM qui malgré ses occupations, à consacré une bonne partie de son temps pour nous initier à cet exercice laborieux qu'est la recherche.

· Mes remerciements vont également à l'endroit des enseignants, du personnel administratif ainsi que du personnel d'appui de l'Institut des Relations Internationales du Cameroun (IRIC) qui ont largement contribué à ma formation.

· Je remercie le Professeur Yves EMVUDU et le Docteur Gaétan Mamert BILOA NTONGA pour leurs précieux conseils dans la recherche et pour leur grand apport en matière de documentation.

· Merci à Messieurs NOA MVOGO ancien cadre à CAMTEL et au MINPOSTEL, Pierre SONFACK et Landry KAMDOUM YERIMA de l'UCP-CAB, NDONGO de l'ANTIC et Clotaire OSSENDE du MINPOSTEL pour les avis et les importantes informations fournies.

· Je tiens aussi à exprimer ma gratitude à tous mes camarades de promotion, particulièrement Armel Simon ASSOUMOU ONDO, Lionel Josselyn NJO NGIME, Yvan Brice NDOM et Constantin Glory OYONO qui ont participé à la réalisation de ce travail à travers leurs avis et suggestions.

LISTE DES SIGLES ET ABBREVIATIONS

·

V

2G : Deuxième Génération

· 3G : Troisième Génération

· ADSL : Asymetric Digital Subscriber Line

· AER: Agence d'Electrification des zones Rurales

· AISI: African Initiative for Society Information

· ANAIS - AC : Advisory Network for African Information Society- Afrique Centrale

· ANTIC : Agence Nationale des Technologies de l'Information et de la Communication

· ART : Agence de Régulation des Télécommunications

· ARTAC : Association des Régulateurs de Télécommunications d'Afrique Centrale

· BDT : Bureau de Développement des Télécommunications

· BM : Banque Mondiale

· CAMTEL : Cameroon Telecommunications

· CDMA : Code Division Multiple Accees

· CEA : Commission Economique pour l'Afrique

· CEDEAO : Communauté Economique Des Etats d'Afrique de l'Ouest

· CEEAC : Communauté Economique des Etats d'Afrique Centrale

· CEMAC : Communauté Economique et Monétaire d'Afrique Centrale

· CENADI : Centre National de Développement de l'Informatique

· Cf. Confère

· COPTAC : Conférence des Postes et des Télécommunications d'Afrique Centrale

· CRM : Centre de Ressources Multimédia

· CSC : Comité Spécial Consultatif

· DCIT : Direction Centrale de l'Informatique et de la Téléinformatique

· DGSN : Délégation Générale de la Sureté Nationale

· DIT : Direction de l'Informatique et de la Téléinformatique

· DSCE : Document de Stratégie pour la Croissance et l'Emploi

· ELECAM : Elections Cameroon

· ENSP : Ecole Nationale Supérieure Polytechnique

· ENSPT : Ecole Nationale Supérieure des Postes et des Télécommunications

·

vi

FAI : Fournisseur d'Accès Internet

· FMI : Fonds Monétaire Internationale

· FSE : Fonds spécial des activités de Sécurité Electronique

· FSN : Fonds de Solidarité Numérique

· FST : Fonds Spécial des Télécommunications

· GSM : Global System for Mobile communications

· IAI : Institut Africain d'Informatique

· IBI : Intergovernmental Bureau for Informatics

· IDE : Investissement Direct Etranger

· IDH : Indice de Développement Humain

· IDI : Indice de Développement des Technologies de l'Information et de la Communication

· IDIA : Indicateur du Développement d'Internet en Afrique

· IGAD : Inter Governmental Authority for Development

· infra : ci-après

· INTIF : Institut francophone des Nouvelles Technologies de l'Information et de la Formation

· IRIC : Institut des Relations Internationales du Cameroun

· MINCOM : Ministère de la Communication

· MINFOPRA : Ministère de la Fonction Publique et de la Réforme Administrative

· MINPOSTEL : Ministère des Postes et des Télécommunications

· MTN : Mobile Telecommunications Network

· NEPAD : New Partnership for African Development

· NTIC: Nouvelles Technologies de l'Information et de la Communication

· OCDE : Organisation pour la Coopération et le Développement Economique

· OIF : Organisation Internationale de la Francophonie

· OMC : Organisation Mondiale du Commerce

· OMD: Objectifs du Millénaire pour le Développement

· ONG : Organisme Non Gouvernemental

· ONU : Organisation des Nations Unies

· p. Page

· PAJE : Point d'Accès Jeunesse

·

VII

PAL: Plan d'Action de Lagos

· PAN : Point d'Accès Numérique

· PD : Pays Développés

· PDSE : Programme de Développement du Secteur de l'Electricité

· PIB : Produit Intérieur Brut

· PMA : Pays les Moins Avancés

· PMI : Petite et Moyenne Industrie

· PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement

· PVD : Pays en Voie de Développement

· RASCOM : Regional African Satellite Communications

· RCA: République Centrafricaine

· RDC: République Démocratique du Congo

· RI : Relations Internationales

· SADC: South African Development Community

· SAT 3 : South Atlantic 3

· SESI : Sénégalaise de Saisie Informatique

· SIGIPES : Système Informatique de Gestion Intégrée du Personnel et de la Solde

· SMIC : Salaire Minimum Interprofessionnel de Croissance

· SMSI : Sommet Mondial sur la Société de l'Information

· supra : ci-dessus

· TCIL : Telecommunications Consultants India Limited

· TCP : Télécentre Communautaire Polyvalent

· TI : Technologies de l'Information

· TIC : Technologies de l'Information et de la Communication

· UA : Union Africaine

· UAT : Union Africaine des Télécommunications

· UCP-CAB : Unité de Coordination du Projet Central African Backbone

· UIT : Union Internationale des Télécommunications

· UMA: Union du Maghreb Arabe

· UMTS : Universal Mobile Telecommunications System

· UNESCO : Organisation des Nations Unies pour Education la Science et la Culture

· UPAP : Union Panafricaine des Postes

·

VIII

UPS: Unité de Politique et Stratégie

· UPU : Union Postale Universelle

· VSAT : Very Small Aperture Terminal

· WASC : West Africa Submarine Cable

LISTE DES GRAPHIQUES, FIGURES ET TABLEAUX

I-

ix

Graphiques

- Graphique 1: Nombre de lignes téléphoniques fixes pour 100 habitants 23

- Graphique 2 : Nombre d'abonnements au cellulaire mobile dans le monde et en

fonction du niveau de développement, 2001 - 2011 24

- Graphique 3 : Nombre de ménages équipés d'un téléviseur, d'un ordinateur et ayant

accès à la technologie internet, en fonction du niveau de développement 25

- Graphique 4 : Evolution de la télédensité mobile en Afrique Centrale de 2001 à

2011 ..68

- Graphique 5 : Evolution de la télédensité fixe en Afrique Centrale de 2001 à 2003...69

- Graphique 6 : Evolution du nombre d'utilisateurs Internet pour 100 habitants en

Afrique Centrale de 2001 à 2011 .72

II- Figures

- Figure 1 : Configuration finale du réseau CAB ...47

- Figure 2 : Accès de l'Afrique aux autoroutes mondiales de l'information par câble

sous-marin à fibre optique 71

III- Tableaux

- Tableau 1 : Indice de développement des TIC (IDI), 2011 et 2012 .27

- Tableau 2 : Différence entre la 3G et la 2G 57

- Tableau 3 : Capacités d'accès Internet aux backbones internationaux exploitées par

CAMTEL .75

- Tableau 4 : Evolution de la télédensité fixe au Cameroun de 1999-2013 76

- Tableau 5 : Evolution du nombre d'utilisateurs internet pour 100 personnes .77

- Tableau 6 : Evolution du pourcentage de ménages ayant un téléviseur au Cameroun de

2002-2009 78

- Tableau 7 : Evolution du pourcentage de ménages ayant une connexion internet haut-

débit au Cameroun de 2002-2009 sur un échantillon de 100 personnes . 78

- Tableau 8 : Evolution de l'IDI de l'UIT au Cameroun et dans certains pays de la sous-

région de 2007-2012 79

- Tableau 9 : Evolution de la télédensité mobile au Cameroun de 1999-2013 80

- Tableau 10 : Nombre de femmes formées par catégories dans le cadre de l'opération

100.000 femmes horizon 2012 .83

X

RESUME

Depuis plusieurs années, les Technologies de l'Information et de la Communication (TIC) sont au coeur des multiples transformations politiques, économiques et socioculturelles qu'on observe dans la société internationale. Dans les pays développés, les TIC ont largement contribué à la prospérité économique de ces nations ces dernières années. En revanche, dans les Etats en développement particulièrement ceux d'Afrique Centrale, ces outils peinent encore à s'imposer comme de véritables opportunités de développement. Ceci se justifie par la faible accessibilité et l'usage limité de ces dispositifs causant ainsi une fracture/fossé numérique entre les Etats du Nord et ceux du Sud. Dans l'optique de réduire ce fossé, les dirigeants de la sous-région en général et ceux du Cameroun en particulier ont défini un ensemble de stratégies. L'objectif de ce travail est d'examiner, puis d'évaluer les différentes stratégies mises en place par ces états afin d'en déceler les éventuelles insuffisances et le cas échéant proposer des solutions pour leur amélioration.

xi

ABSTRACT

Information and Communication Technologies (ICT) have been at the heart of several political, economical and sociocultural mutations in the International arena. In develop countries for example, their contribution is notable. But, in Under-develop countries such as those Central African States, ICT's still struggle to be used adequately as development tools. To overcome these limits African nations, specifically those of Central Africa sub-region in general and Cameroon in particular, put in place some strategies in order to reduce the digital divide observes in their area. The objective of this study is to examine and then evaluate these different strategies in order to see whether or not they can enable these States to reach the millennium goals for development.

1

INTRODUCTION GENERALE

PRESENTATION DU SUJET

2

Depuis environ un quart de siècle, les Technologies de l'Information et de la Communication (TIC) font l'objet d'un intérêt tout particulier dans la société internationale. Grâce à l'avènement de ces technologies, il est désormais possible de minimiser les distances géographiques à travers l'utilisation du téléphone mobile et de l'outil Internet. De plus, la diffusion de l'information, le transfert de volumes importants de données d'une administration éloignée vers une autre sont devenus une réalité partout dans le monde. Selon la Commission des sciences et de la technologie au service du développement, les TIC « revêtiront une importance cruciale pour le développement durable dans les pays en développement1 ». Cette affirmation montre à suffisance la place incontournable qu'occupent les TIC pour la prospérité économique de ces pays.

Au cours des deux dernières décennies, la plupart des pays développés ont connu divers changements dans les domaines (technique, financier, économique, culturel et social) entrainant des bouleversements dans les modes de vie des populations. Aujourd'hui, l'utilisation des TIC a conduit le monde à ce qu'on appelle désormais « la société du savoir2 ». Cependant, il est constaté un écart considérable entre les pays en développement dits du Sud et les pays développés dits du nord quant à la contribution de ces technologies dans la création des richesses. De même, l'élargissement du fossé numérique entre les pays développés fournisseurs de technologies et les pays en développement récepteurs de ces technologies est perceptible.

En Afrique des écarts considérables sont constatés dans l'intégration et l'utilisation de ces technologies, lesquelles peuvent permettre la création des richesses. C'est d'ailleurs dans ce sillage que l'UNESCO à mis en place un organisme intergouvernemental pour l'informatique (IBI), dont le but était de créer les conditions nécessaires pour permettre aux pays pauvres de réussir leur développement informatique et, par la même, réduire la fracture.

1 Andreas Crede & Robin Mansell, Knowledge societies... in a nutshell: information technology for sustainable development, Ottawa, Canada: IDRC, 1998.

2 Devenue courante à partir des années 1990 conjointement à l'essor d'Internet et à son emploi dans les milieux politico-économiques tels le G7 et l'UE... la notion société de l'information ou société du savoir renvoie communément à l'idée de l'avènement d'une nouvelle période de la société liée à la diffusion généralisée des TIC. Cf. Isabelle Compiègne, Les mots de la société numérique, Paris, Belin, 2010, page 295.

3

En Afrique Centrale en général et au Cameroun en particulier, des mesures ont également été prises pour le développement du secteur des TIC (mise en place des infrastructures de télécommunications et élaboration des cadres règlementaires). Toutefois, au regard de la manière dont ces technologies sont déployées, on pourrait être tenté de dire qu'elles ne constituent pas encore de véritables opportunités de croissance économique.

De même, les Etats de cette partie du continent consentent beaucoup d'efforts pour améliorer leur accès au numérique, notamment à travers la création d'organismes tels que l'ARTAC3, la COPTAC4 et le centre sous-régional de maintenance des télécommunications ceci, dans le but d'atteindre les OMD (Objectifs du Millénaire pour le Développement) en 20155. Le Cameroun pour sa part, outre l'acquisition des infrastructures informatiques et de télécommunications a mis en place un certain nombre d'instruments juridiques et règlementaires qui favoriserait son émergence : libéralisation du secteur des télécommunications et de la communication, création de l'ANTIC... Par ailleurs, le Cameroun a fixé le cap de son émergence à l'horizon 2035 lequel doit impérativement transiter par l'utilisation et l'appropriation des TIC.

II- OBJET ET INTERET DE L'ETUDE A- Objet de l'étude

L'avènement des technologies numériques a considérablement modifié les modes de production et de diffusion de l'information dans le monde6. De plus, le traitement de l'information, le transfert de volumes importants de données d'une administration éloignée vers une autre est devenu une réalité. Cependant, il est constaté un écart considérable entre les pays en développement dits du Sud et les pays développés dits du Nord quant à la contribution de ces technologies dans la création des richesses. De même, les écarts sont constatés entre les villes et les campagnes, les femmes et les hommes et entre les jeunes et les vieux dans l'utilisation des TIC. C'est ce constat qui nous amène à nous intéresser sur la thématique de « la réduction de la fracture numérique en Afrique Centrale : cas du Cameroun ».

3 Association des Régulateurs des Télécommunications d'Afrique Centrale

4 Conférence des Postes et des Télécommunications d'Afrique Centrale

5 Nations Unies, Objectif du Millénaire pour le Développement. Rapport de 2013, New York, 2013.

6 François Ossama, Les nouvelles technologies de l'information. Enjeux pour l'Afrique subsaharienne, Paris, l'Harmattan, 2001.

4

A travers ce thème, nous voulons questionner et évaluer les instruments que les pays d'Afrique Centrale en général et le Cameroun en particulier ont mis en place pour réduire le fossé numérique existant afin d'en proposer le cas échéant des pistes d'amélioration.

B- Intérêt du sujet

Ce travail a un triple intérêt : social, économique et scientifique.

Sur le plan social, il s'intéresse à la réduction des inégalités constatées dans l'usage des TIC entre les pays de la sous-région, les villes et campagnes, entre les jeunes et les vieux et entre les femmes et les hommes. Cette préoccupation reste pertinente au vu des avantages liés à l'utilisation de ces technologies (rapprochement des peuples, raccourcissement des distances, opportunités d'affaires, développement...).

Au plan économique, il vise l'amélioration des conditions de vie de tous des peuples d'Afrique Centrale et du Cameroun précisément. En effet, une meilleure appropriation des TIC boostera davantage la croissance économique nationale et sous-régionale notamment à travers l'augmentation du pouvoir d'achat et l'accroissement des revenus des Etats. Tous ces changements influenceront significativement l'Indice de Développement Humain7 (IDH) et le Produit Intérieur Brut8 (PIB) des divers pays.

Sur le plan scientifique, cette étude se classe parmi les approches thématiques de l'intégration régionale en Afrique et particulièrement en Afrique Centrale. Elle apporte une modeste contribution aux publications sur la problématique du fossé numérique et plus précisément à celles-là sur le processus de sa réduction au dans la sous-région.

III- REVUE DE LA LITTERATURE

Il existe une littérature abondante se rapportant à la problématique de la fracture numérique d'une manière générale. On y retrouve les ouvrages, les articles, les travaux académiques et les rapports des institutions spécialisées.

7 L'IDH fait référence à la moyenne de trois indicateurs : le PIB par tête, l'espérance de vie à la naissance et la moyenne pondérée du taux d'alphabétisation et du taux de scolarisation. Cf. J. Accardo et al « L'indice de développement humain : Une approche individuelle », Paris, INSEE, 2005.

8 Selon la définition fournie par le site électronique http://definition.actufinance.fr/produit-interieur-brut-pib-675 (site consulté le 14 mai 2014), le PIB renvoie à la somme des valeurs ajoutées de toutes les entreprises situées sur le territoire national. Ces entreprises peuvent être nationales ou étrangères.

5

En 2011, Jacques Bonjawo dans Révolution numérique dans les pays en développement9 démontre que les TIC sont davantage intégrées dans les modes de gestion des pays africains. En présentant l'Inde comme un Etats aux réalités similaires avec le continent noir, l'auteur souligne que l'Afrique devrait s'inspirer des stratégies indiennes pour améliorer son accès aux autoroutes mondiales de l'information. De même, cet ouvrage édifie sur plusieurs domaines dans lesquels les TIC s'utilisent de plus en plus en Afrique. C'est le cas notamment du commerce électronique, de la télémédecine de la cybersanté, de la cyberagriculture, de l'enseignement et de la gouvernance. Ce livre explique également qu'une meilleure diffusion des Technologies de l'Information et de la Communication est très bénéfique pour les Etats africains et leurs économies. Cependant son analyse se focalise sur l'usage des technologies innovantes en Afrique plutôt que sur la réduction du fossé numérique.

Dans son article sur « La fracture numérique en Afrique » publié en 2000, Bernard Conte accorde une place très importante à la technologie Internet. Selon lui, c'est grâce à cet outil que transitent les flux d'informations qui seraient un nouveau vecteur du développement, d'où la grande nécessité de l'accélérer en Afrique. Dans cet article, l'auteur analyse le niveau de pénétration d'Internet (entre 1997 et 2000) dans les pays du Sud sur la base de cinq critères : le nombre d'utilisateurs d'Internet, la télédensité, le nombre de fournisseurs de services Internet, le débit international et le nombre d'ordinateurs connectés. Sur la base des résultats obtenus en fonction de chaque critère énuméré, il déduit l'existence d' « une large fracture numérique intra africaine10 » tendant quand même à se réduire dans le temps. Notre contribution, comme rappelé plus haut, se limite à un Etat précis de la sous-région Afrique Centrale, le Cameroun.

En 2002, un document fut rédigé par Samira Kria Chaker au sein de l'Unité de Politique et Stratégie (UPS) de l'UIT sur le thème : « Pour une stratégie des nouvelles technologies de l'information et de la communication dans les pays les moins avancés d'Afrique ». C'était dans le cadre de la préparation des SMSI de 2003 et 2005. Dans ce document, elle fait une présentation de la situation des Pays les Moins Avancés11 (PMA) et de

9 Jacques Bonjawo, op.cit.

10 Bernard Conte, « La fracture numérique en Afrique », Centre d'Economie du Développement, Bordeaux, Université Montesquieu-Bordeaux IV, page 1.

11En se référant à la définition fournie par Samira Chaker, les PMA sont des pays à faible revenu dont la croissance est entravée depuis longtemps en particulier par un faible niveau de développement des ressources humaines et/ou de graves problèmes structurels. Ces pays figurent sur une liste établie par l'Assemblée Générale des Nations Unies qui la révise tous

6

leurs différents facteurs de blocages d'accès aux technologies numériques. De plus, elle souligne que la problématique de la fracture numérique est devenue une préoccupation importante pour le G7 depuis 1995. D'autres aspects tels que les défis et les besoins en matière de TIC sans oublier la stratégie pour la réduction de la fracture numérique dans les PMA sont aussi abordés dans son travail. Son analyse propose des solutions pour réduire le fossé numérique dans les PMA. Cependant, ses travaux mentionnent sept (07) pays de la sous-région Afrique Centrale sans le Cameroun.

Au cours de l'année 2003, un article portant sur l'indice d'accès numérique en francophonie fut publié dans la revue Nordsud.org au Canada par Cyrille Simard. Cet article fournit un certain nombre de données nécessaires pour le repérage et la comparaison des niveaux d'accès aux TIC en 2002 dans l'espace francophone. Dans ce document, 17 des 25 derniers pays classées dans le monde sur 178 sont francophones. Nombreux de ces Etats sont même des pays d'Afrique Centrale. Hormis le Gabon qui, à la lecture de cet article, avait un indice d'accès numérique12 moyen (0,34) et occupait la 117ème position au classement mondial, les autres pays de la sous-région avaient un accès numérique relativement faible. C'était le cas notamment de São Tomé é Principe (0,23 et 131ème), de la Guinée Equatoriale (0,20 et 133ème), du Congo (0,17 et 146ème), du Cameroun (0,16 et 147ème), de la RDC (0,12 et 165ème), de l'Angola (0,11 et 168ème), du Burundi, de la RCA et du Tchad (0,10 et respectivement 169éme, 172ème et 175ème). Toujours dans cet écrit, certains Etats comme la Suède, le Danemark, l'Islande et la Corée du Sud viennent en tête du classement avec respectivement pour indice d'accès numérique (0,85, 0,83 et 0,82). Les données de cet article bien qu'ayant onze ans d'ancienneté témoignaient déjà toute la nécessité de procéder à une réduction du fossé numérique.

Dans son article sur les dessous des discours de la fracture numérique publié à l'issue d'une Conférence internationale portant sur les « TIC et inégalités : les fractures numériques », conférence tenue à Paris du 18 au 19 novembre 2004, Eric Georges s'intéresse aux différents discours produits dans le cadre du Sommet Mondial de la Société de l'Information (SMSI). L'analyse de ces discours montre une promotion à l'égard de l'appropriation des TIC dans les usages quotidiens. C'est pour cela qu'il perçoit la fracture numérique du point de vue des disparités au niveau de l'usage des TIC contrairement à

les trois ans. Dans la liste des 49 PMA de l'UIT, sept d'entre eux sont des Etats de la sous-région Afrique centrale. On peut citer entre autre l'Angola, le Burundi, la Guinée Equatoriale, la RCA, la RDC, Sao Tomé Et Principe et le Tchad.

12 L'IDI est un Indice permettant de mesurer la capacité globale des individus d'un territoire donné à accéder et à utiliser les Technologies de l'Information et de la Communication.

7

l'opinion des inégalités d'accès aux équipements de télécommunications modernes. Il poursuit son analyse en s'inspirant des données de l'OCDE pour démontrer que les TIC occupent une place grandissante dans l'économie au XXIème siècle. Il est donc nécessaire de réduire les grandes disparités existantes en termes d'accès à la technologie Internet entre les pays développés et les pays en développement pour rendre le système économique plus efficace.

En 2009, M.A Ngono Zintchem, dans sa thèse dont le titre portait sur la « Problématique de l'appropriation des Technologies de l'Information et de la Communication au Cameroun » fait une analyse critique du niveau d'appropriation des TIC en soulignant les différents domaines d'application des technologies numériques au Cameroun. En indiquant que la stratégie mise en oeuvre par l'Etat pour démocratiser les TIC tarde encore à produire les résultats escomptés, elle propose une nouvelle approche d'appropriation des TIC fondée sur les réalités locales. A titre indicatif, l'auteur recommande la transformation de certaines structures oeuvrant dans le domaine des TIC telles que le Centre National de Développement de l'Informatique (CENADI) et l'ANTIC en des structures autonomes. L'aboutissement d'une telle proposition permettra de rendre ces structures plus efficaces pour les missions à elles assignées.

De même, dans son avant-propos sur le résumé analytique du rapport de l'UIT intitulé « Mesurer la société de l'information de l'année 2012 », le Directeur du Bureau de Développement des Télécommunications (BDT) Brahima Sanou affirmait que «les écarts de développement des TIC entre les pays restent importants, l'indice IDI13 étant en moyenne deux fois plus élevé dans les pays développés que dans les pays en développement14. » A travers ce rapport, l'UIT fournit un tableau avec des donnés sur l'indice de développement des TIC de plusieurs Etats dans le monde y compris les Etats d'Afrique Centrale qui font l'objet de notre étude. Dans ce tableau, la République de Corée occupe la première place du classement avec un IDI de 8,56, suivie de la Suède (8,34) et du Danemark 8,29. Les Etats de la sous-région Afrique Centrale se retrouvent malheureusement au bas du classement. Le Gabon, premier pays de la sous-région avec un IDI à 2,47 vient à la 111ème place du classement. Le Cameroun le poursuit en occupant la 138ème place avec un IDI de 1,60 tout

13 Mesurer la société de l'information, Résumé analytique, Union Internationale des Télécommunications, Genève, 2012. L'Indice de Développement des Technologies de l'Information et de la Communication. C'est une valeur repère présentée sur une échelle de 0 à 10 avec 11 indicateurs. Il a pour objectif de suivre les progrès adoptés en matière de développement des TIC, tant des les pays développés que dans les pays en développement, et de mesurer l'évolution de la fracture numérique au niveau mondial. L'indice ID est divisé en trois sous-indices que sont l'accès, l'utilisation et les compétences. 14Ibid., p iii.

8

comme le Congo. La RDC occupe la 146ème place avec un IDI de 1,30. Pour expliquer ces mauvais résultats, Brahima Sanou évoque les coûts élevés dans l'acquisition des TIC dans les pays en développement.

Toutes ces approches se rapportent soit à la promotion des TIC, soit à l'impératif de réduction de la fracture numérique dans les pays en développement. L'originalité de notre travail porte sur l'analyse et l'évaluation du processus de réduction du fossé numérique en Afrique Centrale et au Cameroun spécialement. En même temps, notre travail propose des axes de réajustement en vue d'une meilleure vulgarisation des TIC.

IV- DELIMITATION SPATIO-TEMPORELLE DE L'ETUDE

Notre étude couvre un espace géographique bien déterminé et s'étend sur une période précise. S'agissant du cadre spatial, nous nous intéressons à la sous-région Afrique Centrale et particulièrement à l'Afrique Centrale géographique. Pour comprendre ce qu'on entend par sous-région Afrique Centrale, il importe de circonscrire ce concept dans le contexte des Relations Internationales (RI).

Joseph Nye définit la région internationale comme un « nombre limité d'Etats liés entre eux par une relation géographique et un degré d'interdépendance mutuelle15 ». A partir d'une telle définition, il est difficile de localiser l'Afrique Centrale en RI sur une carte géographique car, le continent africain reste une région regroupant un nombre limité d'Etats (54 Etats). Tous ces Etats partagent un même espace géographique et sont dans une certaine mesure interdépendants. Toutefois, plusieurs Organisations Internationales (OI) peuvent émerger à l'intérieur d'une région comme c'est le cas en Afrique avec les huit (08) OI reconnues par l'organisation continentale l'Union Africaine (UA). Parmi ces OI nous citons : la Communauté Economique Des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) en Afrique de l'Ouest, l'Union du Maghreb Arabe (UMA) en Afrique du Nord, la South African Developement Community (SADC) en Afrique Australe, l'Inter Governmental Autority for Developement (IGAD) en Afrique de l'Est et la Communauté Economique des Etats de l'Afrique Centrale (CEEAC) en Afrique Centrale. Ces différents regroupements étatiques se dénomment organisations sous-régionales ou organisations subrégionales16 puisqu'ils

15 Sabine Saurugger, citant Joseph Nye in Théories et concepts de l'intégration européenne, Paris, Presses de sciences politique, 2009.

16 Sabine Saurugger, Théories et concepts de l'intégration européenne,...

9

10

émanent des différentes sous-régions existant en Afrique, suite au découpage du continent en cinq zones géographiques chapeautées chacune par une Communauté Economique Régionale (CER) effectué par le Plan d'Action de Lagos (PAL) d'Avril 1980.

Ce travail privilégie l'Afrique Centrale géographique au détriment de l'Afrique Centrale institutionnelle ; l'Afrique Centrale institutionnelle renvoyant à la Communauté Economique et Monétaire de L'Afrique Centrale (CEMAC). Cette organisation sous-régionale regroupe six (06) Etats dont le Cameroun, le Congo, le Gabon, la Guinée Equatoriale, la République Centrafricaine (RCA) et le Tchad. L'Afrique Centrale géographique quant à elle désigne l'ensemble des dix (10) pays africains se regroupant au sein de la CEEAC. Parmi ces derniers, on distingue les 06 Etats membres de la CEMAC et quatre autres nations dont l'Angola, le Burundi, la République Démocratique du Congo (RDC) et São Tomée é Príncipe. Notre option pour l'Afrique centrale géographique repose sur une raison simple : cette zone émane du processus endogène17 de la construction communautaire africaine contrairement à la CEMAC qui demeure une production exogène18.

L'Afrique centrale géographique est une zone en quête de son développement économique, politique et social depuis plusieurs décennies. Mais en jetant un coup d'oeil sur les évènements passés et présents de cette partie de l'Afrique, nous constatons que les multiples difficultés auxquelles elle est confrontée ne favorisent pas son émergence et partant, le développement de certaines infrastructures telles les télécommunications. A titre illustratif, nous rappelons les conflits intra étatiques vécu en Angola, au Burundi, en RDC et en RCA sans oublier l'instabilité politique perdurant dans certains de ces pays. Nous relevons également l'extraversion des économies de la majeure partie de ces Etats. Cependant le développement par l'intégration régionale et surtout à travers l'harmonisation des politiques sectorielles se révèle comme une panacée pour sortir l'Afrique Centrale de l'ornière. Aussi l'harmonisation des politiques nationales dans le secteur des télécommunications et des TIC faciliterait l'amélioration de l'accès universel dans les pays d'Afrique Centrale notamment au Cameroun.

17 Le Plan d'Action de Lagos cité plus haut qui découpe l'Afrique en zones géographiques chapeautées chacune par une Communauté Economique sous-Régionale (CER) l'illustre parfaitement. De même, la signature du Traité d'Abuja le 03 Juin 1991 compte s'appuyer sur les CERs du continent pour construire la future Communauté Economique Africaine (CEA ou AEC) d'ici 2028. Voire La CEA et l'Afrique : 50 ans de partenariat, Addis-Abeba, Commission Economique pour l'Afrique, 2008, page 70.

18 En effet, la CEMAC tout comme son corollaire l'UEMOA (Union Economique et Monétaire Ouest Africaine) sont considérées par l'Union Africaine (UA) comme des organisations exogènes à la construction communautaire africaine. C'est d'ailleurs pour cette raison que l'organisation régionale ne les a pas reconnus en 2009 comme des Communautés Economiques Régionales (CERs) africaines. Par conséquent, l'UA leur a demandé de laisser la CEEAC et la CEDEAO jouer pleinement leur rôle.

Des raisons précises expliquent la focalisation de cette entreprise heuristique sur « l'Afrique en miniature19 » : son poids économique (13,2% du PIB de la zone CEEAC derrière l'Angola20), son poids démographique par rapport aux autres pays de la sous-région (excepté la RDC) et la facilité pour nous de collecter sur place la majorité des informations nécessaires à notre étude.

Ce travail se limite à une période définie : de 1995 à 2014. Nous partons de 1995 parce que en cette année, l'expression « digital divide » (traduction anglaise de la notion fracture numérique) s'employa pour la première fois par l'américain Long Scott. Ce dernier mettait « en évidence les risques d'exclusion des plus pauvres et des minorités communautaires des technologies de communication du point de vue de la participation à la vie démocratique21» aux Etats Unis d'Amérique (USA). Le choix de l'année 2014 est une borne chronologique très récente pour évaluer la plupart des stratégies mises en place pour réduire le fossé numérique en Afrique Centrale.

V- PROBLEMATIQUE DE LA RECHERCHE

La réduction du fossé numérique fait parti des priorités de l'Organisation des Nations Unies (ONU). En effet, la question a été largement évoquée lors du Sommet Mondial sur la Société de l'Information (SMSI) tenu à Genève du 10 au 12 décembre 2003. De même, la déclaration du millénaire22 s'intéresse également à cette problématique, laquelle fait suite au rapport alarmiste du PNUD23 qui présentait les écarts existant entre les riches et les pauvres. En outre, Dominique Mwézé, citant un autre rapport du PNUD, laissait observer que

19 Expression employée par Jean Claude Bruneau pour désigner le Cameroun.

20 Voir Les Economies de l'Afrique Centrale 2012. Les défis énergétiques en Afrique Centrale, Commission Economique des Nations Unies pour l'Afrique (CEA)/ BSR/ AC, Yaoundé, 2012, page 43.

21Rallet Alain et Rochelandet Fabrice, citant Long Scott dans son article « La fracture numérique : une faille sans fondement ? » Réseaux..., page 6.

22 Il s'agit précisément de la déclaration du millénaire du 13 septembre 2000, résolution 55/2.

23 Le 12 juillet 1999, le Programme des Nations Unies pour le Développement Humain (PNUD) publie un rapport sur le développement humain

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« les pays et les entreprises qui ne seront pas branchés sur les réseaux de la télécommunication moderne ne pourront pas s'intégrer dans la nouvelle économie mondiale(...) C'est par les mêmes télécommunications qu'ils comprendront le monde et généreront des transformations sur le plan socio-économique24.

Une telle argumentation traduit à suffisance tout l'intérêt pour les pays en développement d'intégrer les TIC pour réduire considérablement la fracture numérique et par ricochet, atteindre les OMD au travers de leur usage.

Les pays d'Afrique centrale en général et le Cameroun en particulier, ne restent pas insensibles à cette problématique. Depuis la fin des années 90 et le début des années 2000, la question fait l'objet de grands débats dans les sphères académiques et au niveau des hautes instances politiques. Ainsi, des mesures sont prises tant pour l'élaboration des cadres règlementaires, que par la création d'instances d'accompagnement de cette mouvance mondiale.

VI- QUESTIONS DE RECHERCHE

Au regard des enjeux de développement énoncés plus haut, le désir des Etats d'Afrique Centrale et du Cameroun en particulier de réduire la fracture numérique a poussé ces pays à prendre un certain nombre de mesures. C'est le lieu pour nous de vérifier si les instruments mis en place contribuent effectivement à la réduction du fossé numérique. La question principale sera posée en ces termes : l'évolution du processus de réduction du fossé numérique au Cameroun est-elle satisfaisante ?

Les questions secondaires seront formulées ainsi qu'il suit :

1) Les politiques mises en oeuvre sont-elles efficaces ?

2) Les stratégies mises en place pour réduire la fracture numérique sont-elles adéquates ?

24 Dominique Mwezé Chirhulwire, citant le rapport du PNUD de 2000 sur la Coopération Sud, numéro 1, page 20 dans son
article intitulé « Le NEPAD et sa politique relative aux Nouvelles Technologies de l'Information et de la Communication ».
Article publié dans le Bulletin de l'Académie Nationale des Sciences du Développement, Kinshasa, Volume 5, 2004, page 8.

VII- HYPOTHESES

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Selon Madeleine Grawitz, l'hypothèse est « une proposition de réponse à la question posée25». En suivant le postulat de Grawitz, l'hypothèse aide le chercheur à faire une sélection des faits observés, à les interpréter et à leur donner une signification qui, vérifiée, pourra faire l'objet d'une théorie. Cette étude s'articule autour d'une hypothèse principale et d'une hypothèse secondaire.

1- Hypothèse principale

Le processus de démocratisation des TIC est en marche au Cameroun. Mais au regard de l'accroissement permanent des inégalités entre les villes et les campagnes, les hommes et les femmes et entre les jeunes et les adultes, ce processus n'est pas satisfaisant.

2- Hypothèses secondaires

Malgré la définition des politiques, les inégalités liées à l'utilisation des TIC demeurent.

De même, les stratégies mises en oeuvre peinent à produire les résultats escomptés.

VIII- CADRE THEORIQUE

Ce travail prend appui sur trois théories : le néo fonctionnalisme, le néo institutionnalisme du choix rationnel et la pensée développementaliste.

Le néo-fonctionnalisme, dérive du fonctionnalisme dans les années 1950 avec pour pionnier Ernst Haâs. Cette théorie reconnait la valeur de l'expertise technique dans les organisations régionales ou sous-régionales. Cependant, son chantre soutient qu'on ne saurait exclure la participation du politique dans le processus d'intégration régionale. Selon lui, l'intégration s'explique « par la convergence des élites économiques nationales et technocratiques supranationales26». Cette théorie nous a permis de montrer le grand rôle que les structures techniques nationales et communautaires doivent jouer, en appui avec les

25 Madeleine Grawitz, Méthodes de recherches en sciences sociales, Paris, Dalloz, huitième édition, 1990, page 443.

26 Voir Dario Battistella, Théories des Relations Internationales, Paris, Presses de sciences politiques, 2006, p 384.

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autorités gouvernementales de chaque Etat membre de la sous-région pour promouvoir l'intégration des TIC en Afrique Centrale en général et au Cameroun en particulier.

Le néo-institutionnalisme du choix rationnel a émergé dans la communauté des politistes nord-américains avec pour pionnier principal Kenneth Shepsle. Cette variante du néo-institutionnalisme soutient que les institutions structurent les comportements des acteurs ainsi que leur pouvoir d'émettre un véto. De même, elles déterminent l'ordre du jour ou l'agenda. Deux modèles justifient cette variante. Premièrement, nous avons le modèle de principal-agent27 (mandatant-mandaté). Ici, sous certaines conditions, l'Etat, acteur principal, délègue des pouvoirs à des autorités bureaucratiques indépendantes. Deuxièmement, on a le modèle expliquant que les institutions réduisent les coûts de transactions entre les acteurs. Considérant ces aperçus théoriques, le néo-institutionnalisme du choix rationnel nous a permis de montrer que le processus de réduction de la fracture numérique en Afrique Centrale en général et au Cameroun en particulier est soutenue par divers acteurs institutionnels communautaires et nationaux qui agissent dans une certaine mesure de façon indépendante. C'est le cas des structures telles que la COPTAC et l'ARTAC au niveau sous-régional, l'ANTIC et l'ART à l'échelle nationale. Ces différentes institutions ont été mandatées par les dirigeants pour promouvoir le développement des TIC en Afrique Centrale et au Cameroun.

La théorie développementaliste dont les chantres sont légions, dans le cadre des études se rapportant à l'économie du développement, guide également cette recherche. Tout d'abord, il importe de préciser que le concept développement est une notion aux contours divers28. Malgré son ambigüité sémantique, le développement demeure une problématique très pertinente pour tous les Pays en Voie de Développement (PVD). En effet, de nos jours les PVD ne cessent d'élaborer et de mettre en oeuvre des politiques dans des domaines tout aussi variés, afin d'améliorer leur taux de croissance économique et partant se développer sur divers plans : économiques, politiques et socioculturels. Dès lors, la croissance économique apparaît comme « une condition nécessaire du développement29 » puisqu'elle favorise l'amélioration des conditions de vie à travers la création des emplois, l'augmentation du pouvoir d'achat, la mobilisation des ressources en faveur de la santé, de l'éducation et l'accroissement de la souveraineté économique nationale30. Ainsi, à la lumière de tout ce qui

27 Saurugger Sabine, Théorie et concepts de l'intégration européenne, Paris, Presses de Sciences Po, 2009, p 197.

28 Célestin Tagou, « Les théories et politiques de développement. De Truman aux OMD » in Jean Emmanuel Pondi (sd), Repenser le développement à partir de l'Afrique, Yaoundé, Afredit, 2011, pp 23-53.

29 Jacques Brasseul, Introduction à l'économie du développement, Paris, Armand Colin, 1993, Page 13.

30 Ibid.

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précède, nous avons recouru à la théorie développementaliste pour illustrer dans quelle mesure la réduction du fossé numérique dans la sous-région et au Cameroun surtout boostera davantage la croissance économique et le développement humain en conséquence.

IX- METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE

Deux méthodes nous ont permis de collecter les informations nécessaires pour ce travail : la recherche documentaire et l'entretien ouvert. Une fois ces données recueillies nous avons procédé à leur exploitation,

a- La recherche documentaire

La recherche documentaire renvoie à l'exploration de l'ensemble des travaux et des données ayant trait à une thématique. Le recours à cette méthode a favorisé l'exploitation de la majeure partie des documents se rapportant à notre sujet. Ainsi nous avons, consulté tour à tour, les ouvrages portant sur les TIC de manière générale et les ouvrages spécifiques abordant la problématique de la réduction du fossé numérique dans les pays en voie de développement en particulier. Les articles des revues scientifiques dont les travaux se rapportent à notre étude ont aussi été explorés.

Par ailleurs, la recherche documentaire a débouché sur la consultation des textes juridiques élaborés par les administrations compétentes pour promouvoir le développement des TIC en Afrique Centrale et au Cameroun précisément. Nous nous sommes aussi intéressés aux publications et aux rapports annuels des organismes institutionnels tels que le MINPOSTEL, l'ANTIC, l'ART et l'UCP-CAB31, Composante Cameroun, pour mieux cerner l'état d'avancement du processus de vulgarisation des TIC. Dans le même ordre d'idée, nous avons lu les publications de certains organismes internationaux oeuvrant dans le domaine des télécommunications/TIC. Dans ce sens, nous avons parcouru les documents officiels de la Banque Mondiale sur le suivi et l'état d'avancement du projet CAB et des rapports annuels de l'Union Internationale des Télécommunications (UIT) sur l'indice de développement des TIC dans le monde. Enfin, nous avons recouru aux données numériques afin de disposer des

31 L'UCP-CAB renvoie à l'Unité de Coordination du Projet Central African Backbone. Ce projet vise l'installation d'un réseau de télécommunications haut-débit à fibre optique en Afrique Centrale. Chaque Etat participant au projet a une UCP au niveau national.

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informations sur le niveau de pénétration et d'utilisation de la technologie Internet dans les Etats de la sous-région Afrique Centrale.

b- L'entretien ouvert

L'entretien ouvert est un autre procédé de collecte des données en sciences sociales. Par cette technique, le chercheur pose des questions précises pour l'enquête, dans un ordre arrêté à l'avance32. Le recours à cette méthode à mené à l'interrogation de certaines personnes ressources jouant un rôle important dans le processus de réduction du fossé numérique au Cameroun. Elle a permis de requérir l'avis et l'appréciation de ces acteurs sur l'évolution du processus de vulgarisation des technologies numériques au niveau national et à l'échelle sous-régionale. Dans le cadre de ce travail nous avons eu des entretiens avec :

- le coordonateur de l'Unité de Coordination du Projet CAB (composante Cameroun) ;

- un employé du Ministère des Postes et des Télécommunications (MINPOSTEL) en service à la direction des projets, des études et de la prospective.

- l'un des cadres de l'Agence Nationale des Technologies de l'Information et de la Communication (ANTIC),

- un ancien cadre de la Cameroon Telecommunications (CAMTEL).

c- Analyse qualitative du contenu des données recueillies

Les informations recueillies pour notre étude ont été exploitées de façon descriptive et analytique. Le recours à la méthode descriptive a permis de passer en revue les principales stratégies mises en oeuvre en Afrique Centrale pour réduire la fracture numérique. Ces stratégies ont été exposées de façon chronologique car la résorption des inégalités liées à la diffusion des TIC est un processus en cours depuis des années. La démarche analytique a favorisé l'évaluation de l'efficacité des politiques mises en place pour vulgariser ces technologies. Grâce à cette méthode, nous avons pu proposer des axes de rajustement en vue d'une amélioration du processus de réduction du fossé numérique.

32 Voir Madeleine Grawitz, op.cit.

X- ANNONCE DU PLAN

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Ce travail est subdivisé en deux parties comportant chacune deux chapitres. La première partie intitulée « Cadre conceptuel et politique nationale de réduction de la fracture numérique en Afrique Centrale » fournit des précisions terminologiques sur les notions fondamentales de l'étude sans oublier, de relever les grands enjeux liés à la réduction de la fracture numérique (Chapitre 1). De même, cette partie passe en revue les stratégies mises en place pour résorber le fossé numérique dans la sous-région (Chapitre 2).

La deuxième partie s'intéresse à l' « Evaluation du processus de réduction du fossé numérique en Afrique Centrale ». De façon précise, elle analyse d'une part le processus de réduction de la fracture numérique dans cette partie de l'Afrique (Chapitre 3) et d'autre part, elle propose des axes de réajustement en vue d'une meilleure vulgarisation des TIC (Chapitre 4).

PREMIERE PARTIE :

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CADRE CONCEPTUEL ET STRATEGIES DE

REDUCTION DE LA FRACTURE NUMERIQUE

EN AFRIQUE CENTRALE

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La première partie de cette étude fournit un ensemble d'éléments théoriques pour faciliter la compréhension des concepts utilisés dans ce travail. Par la suite, elle passe en revue les différentes stratégies que les Etats de la sous-région en général et le Cameroun en particulier ont mis en place pour réduire la fracture numérique qui les caractérise. Cette partie comporte deux chapitres. Le premier, apporte non seulement des précisions terminologiques sur les concepts clés de notre étude, mais également présente les différents enjeux liés à la résorption du fossé numérique en Afrique Centrale. Le deuxième chapitre quant à lui, analyse les politiques mises en place pour promouvoir la culture du numérique dans les pays de cette partie de l'Afrique.

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Chapitre 1 : CADRE CONCEPTUEL ET ENJEUX DE REDUCTION DE LA
FRACTURE NUMERIQUE EN AFRIQUE CENTRALE

Depuis leur création, les Technologies de l'Information et de la Communication (TIC) ne se développent pas à la même vitesse partout dans le monde. Dans les pays développés dits du Nord, leur essor est perceptible dans divers aspects de la vie (gestion des capitaux, développement économique et social, gouvernance etc.). A contrario, les pays en développement dits du Sud, peinent encore à intégrer concrètement ces technologies dans leur moeurs. De même, la plupart des études consacrées au développement considèrent souvent la faible intégration et la faible appropriation des TIC par toutes les couches de la société comme un facteur de sous développement33. L'objectif de ce chapitre est d'une part, de conceptualiser les termes utilisés dans le cadre de ce travail (Section I) et de préciser par la suite, les grands enjeux liés à la réduction de la fracture numérique en Afrique Centrale (Section II).

SECTION I : DEFINITION DES NOTIONS FONDAMENTALES

L'une des meilleures façons de faire connaître un concept est de définir la forme sous laquelle il est évalué. Pour le cas d'espèce, il est question de définir l'expression fracture numérique sous l'angle de l'intégration et de l'appropriation des TIC. Cette expression émerge au milieu des années 90 pour laconiquement désigner « les inégalités liées à la diffusion des TIC34 ». Il importe de fournir une définition plus approfondie de ce concept afin de mieux cerner ses différents contours.

1.1 La fracture numérique : notion aux contours flous

Le premier emploi de l'expression fracture numérique ou « digital divide » (traduction anglaise de la notion) remonterait en 1995 lorsque l'américain Long Scott voulait mettre « en évidence les risques d'exclusion des plus pauvres et des minorités communautaires des technologies de communication du point de vue de la participation à la

33 Alain Ambrosi, Valérie Peugeot et Daniel Pimienta , Enjeux de mots : regards multiculturels sur les sociétés de l'information, Paris, Edition C&F, 2005.

34 Rallet Alain et Rochelandet Fabrice, « La fracture numérique : une faille sans fondement ? », Réseaux, n° 127128,2004, page 23.

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vie démocratique35 ». Au fil des temps et avec la montée en puissance des TIC, l'utilisation de ce terme a évolué.

Si l'on s'accorde à la définition de ce terme par Long Scott, on peut tout de même admettre qu'elle demeure partielle car, elle n'est pas assez englobante. Selon Rallet et al36, la fracture numérique est causée par des déséquilibres en matière de possession et de maîtrise de l'information qu'ils caricaturent en deux groupes : les « inforiches » ou « information have » qui détient l'information et les « infopauvres » ou « information have-not » ne possédant pas l'information. Pour Elie Michel, la fracture numérique fait référence à une : « Inégalité face aux possibilités d'accéder et de contribuer à l'information, à la connaissance et aux réseaux, ainsi que de bénéficier des capacités majeures de développement offertes par les TIC 37». C'est cette dernière définition qui paraît intégratrice parce qu'elle prend en compte non seulement l'accès, la contribution et à la possession de l'information, mais aussi, elle accorde une importance à l'acquisition des connaissances dans l'optique de bénéficier des capacités majeures offertes par les TIC. Pour bien le montrer, nous allons tour à tour passer en revue ces différents aspects.

1.1.1 Inégalités face aux possibilités d'utiliser les TIC

Une inégalité au sens le plus large est une différence dans l'accès à une ressource sociale rare et valorisée. On parle généralement d'inégalités sociales, c'est à dire celles qui sont le résultat d'une distribution inégale des ressources au sein d'une société.

Dans le domaine des TIC, des inégalités existent. Celles-ci peuvent s'observer entre les espaces géographiques ou entre les individus au niveau de l'accès à l'information. Généralement, l'accès à l'information requiert l'utilisation d'un dispositif technologique tel qu'un téléviseur, une radio, un ordinateur, un téléphone mobile ou une connexion internet. En Afrique centrale, cette possibilité d'accès n'est pas donnée à tout le monde. C'est le cas par exemple des personnes résidant en campagne qui n'ont très souvent pas la possibilité de se connecter soit au réseau électrique, ou même, au réseau téléphonique faute d'infrastructures adéquates. Les inégalités face aux possibilités d'accéder à l'information font référence à la

35 Rallet et al, Op. cit page2.

36 Ibid., Page 23.

37 Elie Michel, « Le fossé numérique, l'internet facteur de nouvelles inégalités ? », Problèmes politiques et sociaux, N° 861, 2001, pp 33-38, page 32. Document cité par Bernard Conte dans son article portant sur « La fracture numérique en Afrique », Centre d'Economie du développement, Université Montesquieu-Bordeaux IV, 2001, page 3.

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dimension matérielle de la fracture numérique38. On parle alors de la « fracture numérique au premier degré39 ». Aujourd'hui avec l'explosion des moyens de télécommunications, le problème reste à ailleurs.

1.1.2 Inégalités à contribuer à l'information

Ces inégalités se rapportent à la dimension intellectuelle et sociale de la fracture numérique40. En clair, elles renvoient aux disparités de type sociocognitif notamment : le défaut de maîtrise des compétences et des connaissances fondamentales pour l'usage des TIC et l'exploitation de leurs contenus ainsi que, le manque de ressources sociales pour développer des usages permettant de négocier une position sociale valorisante au sein des milieux sociaux côtoyés41. Ces deux aspects constituent ce qu'on appelle la « fracture numérique au second degré 42». Cette dernière désigne une sorte de fracture dans la fracture. Dans ce sens, les clivages ne se situent plus au niveau de l'accès matériel aux TIC, mais parmi les utilisateurs de ces outils selon les usages qu'ils font non seulement de ces technologies mais aussi, des services et contenus accessibles en ligne43. C'est d'ailleurs dans cette logique que Warschauer affirme que « la question clé devient alors non plus l'accès inégal aux ordinateurs, mais bien les manières inégales dont les ordinateurs sont utilisés.44 »

1.1.3 Inégalités d'accès au réseau

Les inégalités d'accès au réseau renvoient aux disparités existantes en matière d'infrastructures entre les pays ou entre les villes et les campagnes. Il s'agit précisément de la densité des réseaux électriques, de la densité des équipements de télécommunications et des infrastructures internet45 (nombre de terminaux et de serveurs, taux d'équipements...). Ces inégalités se classent dans la perception techniciste du concept fracture numérique. D'ailleurs, Rallet et al affirme que « la fracture numérique est conditionnée par l'accès aux infrastructures de télécommunications ». Ceci montre que l'équipement en infrastructures est

38 Périne Brotcorne, Gérard Valenduc Construction des compétences numérique et réduction des inégalités. Une exploration de la fracture numérique au second dégré, Namur, SPP Intégration sociale, 2008, pp 88, p 10.

39 Ibid.

40 Ibid.

41 Ibid.

42 Ibid.

43 Périne Brotcorne et al, Diversité et vulnérabilité dans les usages des TIC. La fracture numérique au second degré, Gent, Academia Press, 2010, 239 pp, p 44.

44 Warschauer M., Technology and social inclusion. Rethinking the digital divide, MIT Press, Boston, 2003.

45 Rallet Alain et Rochelandet Fabrice, « La fracture numérique : une faille sans fondement ? », Réseaux, n°127-128, 2004, page 27.

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un facteur important de démocratisation des TIC. Ainsi, que les Etats qui se caractérisent par une faible densité d'équipements (réseau électrique et télécommunications) ont un accès restreint à la société de l'information car, une bonne partie de leurs habitants ne peuvent pas contribuer à l'économie numérique au même titre que les ressortissants des nations bien loties.

Au-delà des inégalités que celles observées ci-dessus, la fracture numérique peut aussi s'opérer à diverses échelles de comparaison.

1.2 La fracture numérique entre les Etats

La répartition géographique inégale des technologies de l'information et de la communication (TIC), conjuguée à l'impossibilité d'accéder à l'information par la majeure partie des habitants de la planète souvent désignée sous le vocable de « fracture numérique » - n'est autre que le reflet des fractures sociales existantes. Qu'il s'agisse des inégalités entre le Nord et le Sud, entre les riches et les pauvres, les hommes et les femmes, les populations urbaines et rurales, ou encore entre ceux qui ont accès à l'information et ceux qui n'y ont pas accès, ce sont là autant de formes que revêt la fracture numérique. De telles disparités peuvent aussi s'observer entre cultures au sein d'un même pays. Dans le cadre de cette étude, notre attention sera focalisée spécialement sur les écarts observés entre les pays développés et les pays en développement, entre les pauvres et les riches et entre les populations urbaines et rurales.

1.2.1 Fracture numérique Nord-Sud

Elle renvoie aux inégalités observées entre les Pays Développés (PD) et les Pays en voie de Développement (PVD) au niveau du développement des TIC. Compte tenu de la faible pénétration de ces outils dans les Etats en développement, le fossé numérique entre le Nord et le Sud se décline en termes d'indicateurs de diffusion des TIC46. L'obsolescence des données statistiques fait porter les efforts de comparaison sur trois variables. La première concerne les infrastructures de télécommunications, c'est-à-dire le nombre de lignes fixes et mobiles, le coût des produits et services TIC. La deuxième renvoie aux données informatiques (le nombre estimé d'ordinateurs). La troisième variable fait référence à la technologie internet

46 Rallet Alain et Rochelandet Fabrice, « La fracture numérique : une faille sans fondement ? », Réseaux, n°127-128, 2004, page 33.

(le nombre de serveurs et le nombre d'utilisateurs). Au vu des indicateurs fournis annuellement par l'UIT, il semble plus facile de percevoir les écarts numériques existants entre les PD et les PVD.

Si on se focalise sur le niveau de développement des infrastructures de télécommunications, nous constatons que d'après une publication de l'organisation mondiale du secteur concerné, on remarquait déjà un gap considérable au niveau du nombre de lignes téléphoniques fixes entre les deux catégories d'Etats de la société internationale (voir graphique 1 ci-dessous).

Graphique 1 : Nombre de lignes téléphoniques fixes pour 100 habitants

Source : UIT, base de données « Indicateurs des télécommunications dans le monde », 2006.

Au vu de ce graphique, l'UIT dénombrait 54 lignes téléphoniques fixes pour 100 habitants dans les pays développés contre seulement 13 lignes dans les pays en développement en 2006. Un tel état de fait démontre avec suffisance qu'il existe un large écart au niveau de l'usage de la téléphonie fixe entre le Nord et le Sud. Le gap s'observe également au niveau de la télédensité mobile (voir graphique 2).

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Graphique 2 : Nombre d'abonnements au cellulaire mobile dans le monde et en fonction du niveau de développement, 2001 - 2011

Source : Base de données de l'UIT sur les indicateurs de télécommunications dans le monde, 2012.

A la lecture de ce graphique, nous remarquons que la téléphonie mobile connait une forte progression depuis le début des années 2000 aussi bien dans les pays développés que dans les pays en développement. Toutefois, un écart important s'observe dans la mesure où on dénombrait 122,3 lignes téléphoniques mobiles au Nord contre 77,8 au Sud en 2011.

Par ailleurs, certains dispositifs technologiques (ordinateurs et téléviseurs) et bon nombre de services dérivés de l'usage des TIC (internet haut débit) sont encore relativement coûteux dans les pays en développement. Une telle situation ne permet pas à tous les foyers de se doter d'un téléviseur, d'un ordinateur et d'une connexion internet haut débit pour accéder et contribuer à l'information de manière effective. Dans un de ses rapports publié en 2012, l'UIT faisait ressortir un gap important entre les pays développés et les pays en développement au niveau du nombre de ménages équipés de ces trois dispositifs technologiques (voir graphique 3).

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Graphique 3 : Nombre de ménages équipés d'un téléviseur, d'un ordinateur et ayant accès à la technologie internet, en fonction du niveau de développement

Source : Base de données de l'UIT sur les indicateurs de télécommunications dans le monde, 2012.

Au vu de ce graphique, nous voyons que dans les pays développés il existe une légère différence (24%) au niveau de l'usage de la télévision, de l'ordinateur et de l'outil internet dans les ménages. Certes, le téléviseur est plus répandu (dans 100% de domiciles), mais il n'en demeure pas moins que les autres dispositifs restent aussi largement utilisés (75% pour l'ordinateur et sensiblement 73% pour Internet). En revanche, dans les pays en développement, le gap est trop élevé (67%). Environ 70% de foyers possèdent un téléviseur, seulement 25% disposent d'un ordinateur tandis que 20% sont connectés à la technologie internet. Ces inégalités se justifient essentiellement par les coûts prohibitifs de ces dispositifs dans les pays du Sud. A ces éléments s'ajoute le manque de compétences numériques de plusieurs habitants des nations en développement au niveau de l'usage de l'ordinateur et d'Internet.

Il convient de noter que tous les écarts qu'on observe entre le Nord et le Sud en matière de développement des TIC s'expliquent essentiellement par des variables socioéconomiques différentes47. En dehors du fossé numérique entre PD et PVD, il existe aussi une profonde fracture entre les pays en développement.

47 Rallet Alain et Rochelandet Fabrice, « La fracture numérique... page 33.

1.2.2 Fracture numérique Sud-Sud

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Elle renvoie aux inégalités existantes entre les pays en développement en matière d'accès et d'utilisation effective des TIC. Ces disparités s'observent essentiellement dans les Etats africains où on retrouve généralement très peu d'infrastructures de télécommunications et une faible couverture du réseau électrique dans les campagnes. Toutefois, au regard de l'indice de développement des TIC publié annuellement par l'UIT (voir tableau 1), beaucoup de pays se démarquent dans le continent. C'est le cas par exemple des pays d'Afrique du Nord qui comparativement aux pays d'Afrique subsaharienne comme ceux d'Afrique Centrale, se caractérisent par un niveau appréciable de pénétration des TIC.

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Tableau 1 : Indice de développement des TIC (IDI), 2011 et 2012

Source : Base de données de l'UIT sur les indicateurs de télécommunications dans le monde, 2013.

Comme l'illustre ce tableau, les Etats d'Afrique du Nord tels que l'Egypte, le Maroc et la Tunisie ont respectivement un IDI se situant à 3,65, 3,59 et 3,58. En revanche, les pays

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d'Afrique Centrale ont un IDI très faible par rapport à ceux d'Afrique blanche. Excepté le Gabon dont la moyenne se situe à 2,46, les autres pays de la sous-région oscillent entre 1,66 et 1,00. Ces différents chiffres attestent que le taux de pénétration des TIC reste relativement faible en Afrique subsaharienne. Ce qui confirme l'existence d'une fracture numérique Sud-Sud. Le fossé numérique peut également s'observer entre les villes et les campagnes.

1.2.3 Fracture numérique entre villes et campagnes

Selon le dictionnaire Larousse48, une ville fait référence à une agglomération relativement importante dont les habitants mènent des activités professionnelles diversifiées. Très souvent, la ville se caractérise par une forte démographie et par un grand degré d'urbanisation. La tendance n'est pas toujours la même en campagne. Celle-ci désigne un paysage rural qui se caractérise par l'absence de haies et de clôture, la juxtaposition de parcelles souvent allongées et par la division du territoire en quartiers de culture49. Les villes sont généralement pourvues en infrastructures diverses tandis que les milieux ruraux sont pour la plupart sous-équipés comme c'est le cas en Afrique Centrale.

En nous appuyant sur les travaux de Rallet et al50 qui distinguent trois types de territoires dont les grandes villes, les zones grises ou périurbaines et les zones blanches ou rurales, on comprend mieux ce qu'on entend par fracture numérique entre villes et campagnes. En fait, les grandes agglomérations se caractérisent par des infrastructures importantes : électricité, fibre optique, câble, boucle locale radio ... De même, on y retrouve une multiplicité de fournisseurs d'accès et de services et, l'accès permanent au haut débit est plus ou moins garanti. Les localités périurbaines bénéficient aussi des équipements divers notamment l'électricité, le signal de télécommunication, le haut débit (qui très souvent est assuré par l'opérateur historique) et bien d'autres. Cependant les milieux ruraux demeurent des espaces sous-équipés. Ici, on note fréquemment une vétusté des équipements disponibles51. Par extension, nous dirons que certaines zones blanches ne disposent même pas d'infrastructures. C'est le cas par exemple des pays de la sous-région suite au faible niveau de développement d'une part et au manque d'intérêt accordé aux localités enclavées par les investisseurs du secteur des télécommunications/TIC d'autre part et surtout, les entrepreneurs

48 Le petit Larousse. Grand format, Paris, Larousse, 2005.

49 Ibid.

50 Rallet et al, op cit. Page 34.

51 Ibid. Page 34.

privés qui considèrent ces villages peu rentables. Le fossé numérique se manifeste également entre les hommes et les femmes.

1.2.4 Fracture numérique entre hommes et femmes

Cette dimension du fossé numérique fait référence aux écarts qui existent entre les hommes et les femmes en matière d'usage effectif des TIC. En fait, il est constaté que les hommes utilisent plus les technologies innovantes que les femmes aussi bien dans les services administratifs que dans les ménages. C'est d'ailleurs dans cette logique qu'on parle d'une fracture numérique de genre52. De plus, d'après une étude menée par Patricia Vendramin et Gérard Valenduc53, les disparités entre les hommes et les femmes persistent, mais elles s'atténuent progressivement avec la généralisation de l'outil internet.

1.2.5 Fracture numérique entre jeunes et vieux

La fracture numérique entre les jeunes et les vieux désigne les inégalités observées entre ces deux classes d'individus dans l'usage des TIC. Elle se justifie par le fait que la proportion d'utilisateurs réguliers de ces outils diminue avec l'âge54. En s'appuyant sur les travaux de Vendramin et Valenduc55, on constate qu'il existait déjà des disparités entre classes de personnes dans l'usage des technologies innovantes. Les taux suivant l'illustrent clairement : 76% d'utilisateurs entre 15 et 21, 67% de 22 à 29 ans, 29% de 45 à 54 ans, 30% de 55 à 64 ans et 6% de 65 ans et plus. Toutefois, on note une progression considérable au niveau de l'usage de ces dispositifs chez les individus âgés de 55 ans et plus56. Cette évolution est particulièrement due à deux facteurs. Premièrement, l'arrivée dans cette tranche d'âge des personnes qui ont pu bien se familiariser avec internet au cours de leur vie professionnelle. Deuxièmement, le dynamisme des associations dans l'usage d'internet et leur offre de formation pour leur public57. Bien que ces données statistiques résultent d'une étude menée en occident, il n'en demeure pas moins qu'en dépit de l'obsolescence des données quantitatives, ces réalités sont plus ou moins similaires en Afrique Centrale et au Cameroun précisément.

52 Robertine Tankeu, Fracture numérique de genre au Cameroun : Quelle ampleur ?, Yaoundé, Anaïs-AC, 2005.

53 Vendramin P, Valenduc G., « Fractures numériques, inégalités sociales et processus d'appropriation des innovations », in Internet et inégalités - Une radiographie de la fracture numérique, Bruxelles, Editions Labor, 2003.

54 Vendramin P., Valenduc G., La lettre EMERIT numéro 39, Namur, Juin 2004, page 4.

55 Vendramin P., Valenduc G., « Fractures numériques, inégalités sociales et processus...

56 Ibidem

57 Ibid.

30

Ici, la fréquence d'utilisation des dispositifs technologiques diminue de plus en plus que l'individu vieillit.

Au vu de ces variantes de la fracture numérique, nous pouvons dire qu'il existe de profondes inégalités en matière de diffusion des TIC entre les pays, les espaces géographiques et les catégories d'individus. Ces dernières favorisent l'élargissement des disparités politiques, économiques et socioculturelles entre les Etats développés et les nations en développement. Dès lors, la résorption du fossé numérique demeure une grande nécessité surtout, pour les pays en développement dont ceux d'Afrique Centrale. En y parvenant, les Etats de la sous-région pourront davantage s'insérer dans la société de l'information. De même, il sera plus facile pour eux d'atteindre les objectifs du millénaire pour le développement qui jusque qu'ici restent une priorité majeure.

Il convient de préciser que dans le cadre de ce travail qui se focalise à l'examen et à l'évaluation du processus de réduction de la fracture numérique en Afrique Centrale et au Cameroun précisément, nous nous intéresserons à la fracture numérique Sud-Sud et au fossé numérique entre les villes et les campagnes. Pour attester et mesurer l'existence de la fracture numérique, divers indicateurs ont été élaborés.

1.3 Indicateurs du fossé numérique

Selon le dictionnaire Larousse, le terme indicateur fait référence à ce qui indique, ce qui fait connaître. Dans le cadre de cette étude, les indicateurs du fossé numérique renvoient aux différents éléments caractéristiques, aux instruments de mesure, aux diverses données statistiques qui permettent d'attester et d'évaluer l'existence de la fracture numérique entre les Etats, les zones géographiques et entre les groupes sociaux. Nous distinguerons ici, les indicateurs primaires, les indicateurs secondaires et les indicateurs composites.

1.3.1 Les indicateurs primaires

Cette première catégorie d'indicateurs renvoie aux indices de base, du premier degré, aux caractéristiques élémentaires de la fracture numérique. Ces indicateurs englobent plusieurs aspects58 notamment : le nombre d'infrastructures de télécommunications en prenant

58 Methamem Raouchen, « Note critique sur les indicateurs de la fracture numérique », Réseaux, 2004, n°127-128, pp 211229.

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en compte la télédensité59, le niveau de pénétration de la téléphonie fixe et mobile, le nombre de serveurs connectés à internet et les coûts de connexion.

En se focalisant sur les réalités de l'Afrique Centrale, on constate que les infrastructures de télécommunications demeurent insuffisantes. En effet, on note presque une obsolescence du réseau de téléphonie fixe60 dans la sous-région. Excepté le Gabon et la Guinée Equatoriale, tous les autres pays de cette partie de l'Afrique possédaient moins de 7 lignes téléphoniques fixes pour 1000 habitants61 en 2009. De même, les coûts de connexion à la technologie internet restent inaccessibles pour un bon nombre d'individus. Au Gabon par exemple, le prix d'un abonnement internet mensuel représente plus de 70%62 du SMIC63 tandis que dans les autres pays, il faut débourser environ 67 dollars (près de 30.000 FCFA64) pour s'offrir une connexion internet illimitée alors que la moyenne mondiale pour le même service oscille autour de 21 dollars (environ 10.000 FCFA).

Par ailleurs, les indicateurs primaires de la fracture numérique s'intéressent également à l'accessibilité des TIC en se focalisant précisément sur le coût de ces technologies et en cherchant à connaître les divers endroits où les individus y accèdent (les lieux de services ou les ménages). Dans la sous-région et précisément au Cameroun, en dehors des coûts prohibitifs de connexion au haut-débit internet, on observe également que plusieurs dispositifs technologiques tels que la télévision, l'ordinateur, l'imprimante, le scanner etc. demeurent hors de portée pour les citoyens moyens. Beaucoup de foyers sont certes équipés d'un téléviseur comme c'est le cas au Cameroun65, mais il n'en demeure pas moins que très peu disposent d'un ordinateur ou encore moins d'une imprimante et d'un scanner. De plus, d'après Jean Lucien Ewangue66 72% des utilisateurs de l'outil internet surfent dans les cybercafés où le coût de connexion environne 300 FCFA l'heure contre 28% dans leur lieu de travail ou à domicile. Ces différents éléments confirment l'existence d'une fracture numérique à l'échelle primaire en Afrique Centrale en général et au Cameroun en particulier. Hormis les indicateurs primaires du fossé numérique, on distingue également les indicateurs secondaires.

59 Selon un rapport de l'UIT de 1999, elle renvoie au nombre de lignes principales de téléphone pour 100 habitants.

60 Etat d'avancement du processus d'intégration en Afrique Centrale, Prospectus 2010, Yaoundé, CEA/BSR- AC, 2010, p 31.

61 Drissa Badiel Ali, Etat actuel des infrastructures de télécommunications/TIC en Afrique Centrale, UIT, 2009, p 9.

62 Etat d'avancement du processus d'intégration en Afrique Centrale...

63 Salaire Minimum Interprofessionnel de Croissance

64 Banque Mondiale, Document officiel d'évaluation du projet CAB, Septembre 2009, page 12.

65 En 2009, au vu des données fournies par la Banque Mondiale sur le pourcentage de ménages possédant un téléviseur, 33% de foyers disposaient d'une télévision au Cameroun.

66 Ewangue Jean Lucien, « La politique de développement des Technologies de l'Information et de la Communication au Cameroun : une dynamique d'accès inégalitaire à la société de l'information », Symposium Netsud, 2009.

1.3.2 Les indicateurs secondaires

32

Les indicateurs secondaires sont des indices de second degré. Ces derniers se focalisent sur le niveau d'utilisation des TIC par les individus. Notons que pour bien évaluer le niveau d'usage, les études se focalisent très souvent sur le coût d'utilisation du téléphone fixe, du téléphone portable, de l'internet etc. En Afrique Centrale en général et au Cameroun surtout, le niveau d'utilisation des technologies numériques reste faible en dépit des nombreux efforts consentis par les pouvoirs publics pour promouvoir la vulgarisation des TIC. En fait, on observe que la téléphonie fixe n'est pas suffisamment utilisée. Avec plus de quinze ans d'existence, l'opérateur historique CAMTEL ne parvient toujours pas à franchir la barre des 1 millions d'abonnés au téléphone fixe.

Eu égard au manque d'homogénéité et de fiabilité des indicateurs primaires et secondaires, d'autres instruments de mesure de la fracture numérique ont été élaborés.

1.3.3 Les indicateurs composites

Les indicateurs composites sont composés d'éléments variés. C'est ainsi qu'ils prennent en compte :

- l'IDI (Indice de Développement des TIC de l'UIT) qui évalue les progrès accomplis pour la promotion des technologies numériques dans les PD et dans les PVD en déterminant le niveau d'accès numérique de chaque Etat dans le monde. Cet indicateur est le plus pertinent. C'est une valeur repère présentée sur une échelle de 0 à 10 et composée de 11 indicateurs. L'IDI prend en compte le niveau d'accès des TIC, le niveau d'utilisation de ces outils et le niveau de compétences numériques.

- L'Info-Etat de l'Agence Canadienne de Développement International qui analyse les TIC en s'attardant sur l' « infodensité67 » et l' « info-utlisation68 » nationale.

- Les indicateurs non institutionnels conçus par des chercheurs d'Institutions académiques. Dans cette catégorie on peut citer l'IDIA (l'indicateur synthétique du développement de l'Internet en Afrique) élaboré par Conté Bernard69 qui inclut cinq variables : le nombre d'utilisateurs internet rapporté à la population, la télédensité, le nombre de Fournisseurs d'Accès Internet (FAI), le débit de la connectivité (en

67 D'après Methamem Raouchen, op.cit. l'infodensité symbolise les TIC en tant que biens de production

68 Toujours selon Raouchen, cet indicateur s'intéresse aux technologies numériques comme des biens de consommation

69 Conté Bernard, La fracture numérique en Afrique, Centre d'économie du développement, Université Montesquieu-Bordeaux IV, 2000, page 1.

33

Mégabits ou en Kilobits/secondes) et le nombre d'ordinateurs connectés rapportés à la population.

En plus de ces indicateurs, nous pouvons ajouter un indicateur des capacités de production des technologies innovantes. Ce dernier prend en compte le nombre d'industries de fabrication des TIC implantées dans un Etat ou dans une région.

Parvenus au terme de cette section, nous pouvons dire que le fossé numérique existant entre les nations du Nord et celles du Sud contribue à l'accroissement des inégalités politiques, économiques et socioculturelles entre ces deux catégories d'Etats de la société internationale. Pour les pays en développement dont ceux d'Afrique Centrale et le Cameroun en particulier, la résorption de ce fossé est un objectif impérieux.

SECTION II : ENJEUX DE LA REDUCTION DE LA FRACTURE NUMERIQUE EN
AFRIQUE CENTRALE

L'enjeu dans l'acception courante, est quelque chose que l'on risque dans une compétition, une activité économique ou une situation vis-à-vis d'un aléa. C'est également ce que l'on peut gagner ou perdre en faisant quelque chose. Parler des enjeux dans le cadre de la réduction de la fracture numérique revient à parler des possibilités qu'offrent les TIC en faveur de la réalisation des objectifs du millénaire pour le développement. Ainsi, l'objectif de cette section est de montrer les avantages liés à la mise en place d'une société de l'information inclusive.

2.1 Mise en place d'une société de l'information inclusive

La capacité pour chaque individu d'accéder à l'information, aux idées et au savoir et d'y contribuer efficacement est essentielle dans une société de l'information inclusive. L'exclusion numérique renvoie à une coupure sociale entre les « insiders » c'est-à-dire ceux qui ont accès à l'information et les « outsiders »70 ceux qui n'en ont pas à cause des difficultés liées à l'accès aux TIC pour diverses raisons. En Afrique Centrale, les « outsiders » sont pour la plupart victimes de marginalisation sociale, culturelle et économique71. Ces derniers ne participent pas véritablement à l'économie numérique. Cependant, la réduction du fossé

70 Brotcorne Périne et al, Diversité et vulnérabilité dans les usages des TIC. La fracture numérique au second degré, Gent, Academia Press, 2010, p 60.

71 Conseil national du numérique, Citoyens d'une société numérique, Rapport à la ministre déléguée chargée des petites et moyennes entreprises, de l'innovation et de l'économie numérique, Octobre 2013.

34

numérique dans la sous-région permettra de mettre en place une société de l'information inclusive qui privilégiera le développement. Dans cette société, chaque citoyen aura la possibilité de créer, d'obtenir, d'utiliser et de partager l'information et le savoir. De même les individus, les communautés et les peuples pourront mettre en oeuvre toutes leurs potentialités dans la société de l'information. Un tel état de fait favorisera le développement durable et l'amélioration des conditions de vie des populations. Ainsi, les pays d'Afrique Centrale se donneront des moyens pour atteindre les objectifs du millénaire pour le développement. En dehors de l'édification d'une société de l'information inclusive, la résorption du fossé numérique permettra également aux Etats de la sous-région d'accroître leurs économies.

2.2 Croissance économique

La croissance économique se perçoit comme un accroissement de la productivité étatique symbolisée par l'augmentation du Produit Intérieur Brut (PIB). Elle dépend généralement d'une forte création d'emplois et de la multiplication des revenus de l'Etat. La réduction du fossé numérique permettra effectivement aux Etats de la sous-région d'atteindre cet objectif de façon continue notamment, par la création des emplois et l'accroissement des richesses.

2.2.1 Création des emplois

La non-professionnalisation des enseignements qui a longtemps prévalu dans plusieurs pays d'Afrique Centrale, a engendré d'énormes difficultés d'obtention d'emploi chez les élèves et étudiants ayant terminé leur scolarité. Malgré leurs hautes qualifications intellectuelles, bon nombre de diplômés de cette partie de l'Afrique peinent encore à décrocher un travail décent leur garantissant une vie stable et paisible. Dès lors, le sous-emploi apparaît souvent comme une issue de secours pour ces individus particulièrement jeunes en quête d'équilibre social. Cependant la réduction du fossé numérique donnera la possibilité aux chômeurs d'occuper des fonctions plus convenables grâce à la création de plusieurs emplois directs et indirects.

a- Les emplois directs

35

Un emploi direct peut se définir comme une offre directe des biens et des services aux usagers ou consommateurs. L'avènement des technologies numériques a favorisé l'émergence du commerce électronique. Né de la généralisation et de l'internationalisation d'Internet72, le commerce électronique selon l'OMC désigne « l'ensemble des activités de production, de publicité, de vente et de distribution de produits effectuées par l'intermédiaire de réseaux de télécommunications73 ». Avec cette nouvelle forme d'échange, chaque individu sachant effectivement utiliser un ordinateur et l'outil Internet est en mesure de conquérir divers marchés en proposant des biens et des services sur la toile. Dans plusieurs pays africains, ce négoce rentre de plus en plus dans les pratiques. Au Cameroun à titre indicatif, le site BayamSellam.com74 met à la disposition de tout internaute ayant des produits à vendre un comptoir virtuel où il peut exposer ses objets en offrant des possibilités de transaction à l'africaine75. Ici, le potentiel acheteur négocie le prix avec le vendeur jusqu'à ce que les deux parties tombent d'accord comme sur un vrai marché africain76.

En outre, les populations résidant en milieu rural, avec pour activité principale l'agriculture, sont à même d'écouler le produit de leur labeur sur des marchés extérieurs à meilleur prix notamment à travers la vente de leurs marchandises en ligne. Toutefois, l'efficacité de ce trafic nécessite la sécurisation des modes de paiements pour éviter toutes sortes d'arnaques et l'existence d'une législation adéquate. La réduction du fossé numérique permettra également de créer des emplois indirects.

b- Les emplois indirects

Les services à distance sont devenus une réalité dans la société internationale actuelle grâce aux TIC. Ces technologies facilitent le développement des téléservices qui se définissent comme « la fourniture transfrontières, via des réseaux de TIC, de prestations dans lesquels le fournisseur de services se situe dans le pays de destination de l'externalisation ou de la délocalisation, alors que l'entreprise donneuse d'ordre se trouve dans un autre pays77 ».

72 Jacques Bonjawo, Révolution numérique dans les pays en développement. L'exemple africain, Paris, Dunod, 2011, p 58.

73 Définition tirée de l'ouvrage de Jacques Bonjawo op.cit, p 59.

74 http// www.bayamsellam.com

75 Jacques Bonjawo, op.cit, p 68.

76 Ibid.

77 Ibid. P 71.

36

A la lecture de cette définition, le téléservice reste une opportunité à saisir par les Etats de la sous-région pour multiplier les emplois.

En effet, cette nouvelle façon de faire permettra à de nombreux chômeurs de changer leur statut dans la mesure où elle leur procurera des emplois permanents et rémunérés. A propos, quelques pays africains sont déjà engagés dans la fourniture des télétravaux. Au Sénégal par exemple, SESI (Sénégalaise de Saisie Informatique) assure la numérisation, la mise en page, l'indexation et la correction des articles scientifiques en français et en anglais pour les maisons d'édition européennes78.

Par ailleurs, le télé conseil ne cesse de se répandre suite à la délocalisation des centres d'appel de plusieurs entreprises francophones dans les anciens territoires coloniaux français tels que le Maroc, la Tunisie, l'Algérie, le Sénégal, l'île Maurice, Madagascar, le Sénégal79 et même au Cameroun (avec la société Intertis). Ce service permet à plusieurs jeunes télétravailleurs africains de jouer le rôle de conseiller en ligne pour les organisations étrangères d'autant plus que ces sociétés ont constaté qu'en délocalisant certains services sur le continent, elles font d'énormes économies grâce à la main-d'oeuvre bon marché. Si le téléservice se présente comme une chance pour les multiples demandeurs d'emplois africains, les dirigeants d'Afrique Centrale gagneraient à promouvoir le développement des infrastructures modernes de télécommunications et à professionnaliser davantage les enseignements. Hormis la création des emplois, la réduction du fossé numérique favorisera aussi l'accroissement des revenus étatiques.

2.2.2 Accroissement des richesses

Très souvent, la croissance économique d'un Etat se subordonne à la présence d'un système managérial efficace facilitant la productivité. En Afrique Centrale, la gouvernance fait encore l'objet de certaines critiques par diverses institutions internationales telles que le FMI80, la Banque Mondiale et la CEA. Un tel état de fait ne favorise pas la croissance. Avec les TIC, les pays de la sous-région amélioreraient significativement leurs modes de gestion, gage de toute augmentation des revenus nationaux.

78 Ibid. P 73.

79 Ibid. P 71.

80 Fonds Monétaire Internationale

37

La diversification des entreprises fournissant les services de télécommunications encourage une meilleure offre des prestations à la clientèle81. En fait, si les avantages proposés par une société de téléphonie mobile intéressent grandement les consommateurs, nombre d'entre eux s'y abonneront. Le cas échéant, l'organisation fera de gros bénéfices. Plus ces bénéfices augmenteront, plus l'Etat accumulera ses recettes issues de la taxe sur le marché des télécommunications haussant ainsi son Produit Intérieur Brut (PIB). D'ailleurs, selon l'UIT, l'accroissement du nombre d'abonnements au service cellulaire mobile a entrainé une forte croissance des revenus dans les pays en développement82.

D'autre part, la vulgarisation des technologies numériques implique l'intensification des importations de ces technologies suite à l'extension de la demande, ceci débouche au redoublement des gains douaniers de l'Etat. Toutes ces multiples rentrées donnent la possibilité au pays de financer plusieurs projets de développement à long terme. Une bonne démocratisation des TIC en Afrique Centrale influera aussi dans les domaines politiques et socioculturels.

2.3. Le développement social

Dans la plupart des Etats du Sud, la garantie de la santé des citoyens quel que soit leur lieu de résidence n'est pas encore un acquis. Malgré tous les efforts consentis par les gouvernants pour assurer ce droit fondamental, les individus résidant dans les campagnes peinent encore à se faire soigner à cause du déficit en infrastructures sanitaires. Certes, il existe plusieurs centres de santé, mais ils sont sous-équipés et ne peuvent pas efficacement répondre aux multiples sollicitations des populations. De plus, on n'y retrouve pas toujours des médecins puisque ceux-ci refusent d'exercer en zones rurales à cause des mauvaises conditions de vie.

Par ailleurs, le manque de moyens financiers des personnes vivant en milieu rural ne favorise guère leur déplacement pour les hôpitaux situés dans les centres urbains. Une telle situation aggrave le taux de mortalité et affaiblit la main d'oeuvre qui doit pourtant être forte pour soutenir l'Etat dans la réalisation de ses projets structurants. Toutefois les technologies numériques donnent la possibilité aux Etats en développement de résoudre ce problème à travers la télémédecine et la cybersanté.

81 M.A NGONO ZINTCHEM, « Problématique de l'appropriation des TIC au Cameroun », op.cit, p 201.

82 UIT, Mesurer la société de l'information 2012. Résumé analytique, Genève, 2013, p 18.

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Selon le Ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec au Canada, la télémédecine désigne :

« les soins et les services de santé, les services sociaux, préventifs ou curatifs, rendus à distance par le biais d'une télécommunication, incluant les échanges audiovisuels à des fin d'information, d'éducation et de recherche, et le traitement de données cliniques et administratives effectués à distance par le biais d'une communication électronique83 ».

La médecine à distance devient de plus en plus une réalité en Afrique. En Afrique du Sud à titre indicatif, un projet fut lancé dans ce cadre en 1996 au sein de l'hôpital pour enfant de Tygerberg au Cap afin de permettre aux spécialistes de cette unité sanitaire de communiquer directement avec trois centres médicaux des quartiers défavorisés84. En Ouganda, depuis 2000, un programme similaire relie l'hôpital universitaire de Mulago situé en province à l'hôpital Mengo de Kampala, la capitale85. En dehors de leur appui à l'amélioration des services de santé, les TIC permettent aussi d'accéder à la connaissance.

Pour se développer, une nation a besoin d'Hommes forts capables d'impulser une dynamique positive du progrès et de veiller au suivi permanent des projets d'investissement. Pour acquérir ces aptitudes, les individus doivent bien se former. Rappelons que l'essor des PD aujourd'hui est dû au suivi et à l'efficacité dans la maîtrise des projets et stratégies de développement. Les PVD doivent en faire autant en mettant un accent sur la formation du capital humain. Malheureusement aux vu des limites présentées par certains instituts académiques du Sud, cet objectif s'avère difficile à atteindre. Les Etats recourent fréquemment à l'octroi des bourses d'études aux étudiants pour remédier à cette situation. Toutefois ceci semble insuffisant puisque très peu en bénéficient. En outre lorsque certains boursiers terminent leurs études, ils préfèrent offrir leurs services aux pays d'accueil. Le cas échéant, on parle de la fuite des cerveaux. En recourant à l'enseignement à distance, les dirigeants pourront mieux tirer profit de leurs génies.

En effet, l'e-learning ou enseignement électronique permet aux universités du Sud d'offrir les meilleures formations à distance à leurs étudiants. Il suffit juste que l'Etat intéressé signe un partenariat de coopération avec une université du Nord dans ce cadre et pourvoi les infrastructures nécessaires. Ce genre d'initiative s'observe déjà en Afrique à travers les cinq

83 Définition tirée de l'ouvrage de Jacques Bonjawo, op.cit, p 77-78.

84 Jacques Bonjawo, op.cit, p 81

85 Ibid. P 82.

39

universités virtuelles présentes dans les différentes sous-régions du continent. L'Université virtuelle offre la possibilité aux étudiants africains de se former à distance dans les grandes universités étrangères. Ces apprentis acquièrent des connaissances qu'ils mettront au profit de leurs pays.

Sinon, les TIC facilitent aussi l'épanouissement social des individus de par leur dimension ludique. Actuellement, on distingue plusieurs réseaux sociaux (Facebook, Twitter, Badoo, Hi 5, Skyrock...) et divers sites de rencontres ( Meetic.com, 123 Love.com, Drague.net...) sur Internet qui encouragent le divertissement de l'Homme. Une appropriation suffisante des TIC dans les usages augmentera le nombre d'internautes des pays en développement et partant favorisera davantage le brassage culturel entre les peuples du Nord et ceux du Sud. Cependant, il faudra redouter la prolifération d'actes cybercriminels consécutive au dédoublement des internautes. En outre, le nombre de jeunes passionnés du visionnage des films à caractère pornographiques sur la toile risque s'accroître dépravant davantage les moeurs dans les sociétés précisément en Afrique. Toutefois, les technologies numériques sont aussi un atout d'émergence politique.

2.4 Le développement politique

Si de façon classique la politique se perçoit comme l'art de diriger les Hommes ou un Etat, elle ne fait pourtant pas l'unanimité dans les pays en développement. Plusieurs fois sujette à caution du fait des multiples contestations des processus électoraux et par conséquent de la légitimité démocratique des élus, certains systèmes politiques des Etats sous-développés sont généralement considérés d'immatures ou d'autoritaires par les grandes puissances étrangères. Ces dernières accusent beaucoup de dirigeants politiques en exercice de verrouiller les systèmes électoraux pour se maintenir au pouvoir. En Afrique, ce genre de pratiques est récurrent. Les opposants au régime en place soutiennent toujours l'idée selon laquelle les différents scrutins organisés pour le choix des gouvernants sont entachés de fraudes et très souvent, ceci aboutit à des contestations pacifiques ou conflictuelles. La controverse existant au niveau des processus électoraux s'inscrit alors au rang des facteurs d'instabilité politique du continent. Pour enrayer ces conflits, la plupart des Etats ont informatisé leurs fichiers électoraux. Toutefois l'informatisation seule ne suffit pas puisque le régime en place peut toujours verrouiller le système. En plus de la numérisation, il faudrait par exemple mettre ce répertoire en ligne pour le rendre accessible à chaque citoyen. La mise

en ligne du fichier électoral sénégalais existant depuis 1977 au cours de l'année 200086 est un bon exemple d'attachement et de préservation des valeurs démocratiques. Selon Lamine Cissé, ministre de l'intérieur du Sénégal d'alors « le recours aux nouvelles technologies de l'information et de la communication a permis de clore le débat sur la fiabilité du fichier, mais surtout de banaliser l'accès à ce registre. (...) Cela donne à ces électeurs un sentiment de puissance (responsabilité citoyenne)... 87». Au regard de ces arguments, la place des TIC dans la consolidation de l'idéal démocratique des PVD n'est plus à démontrer.

Au terme de cette section, il convient de dire que la réduction de la fracture numérique en Afrique Centrale demeure un impératif pour le développement de cette partie de l'Afrique.

40

86 Ibid. P147.

87 Jacques Bonjawo citant Lamine Cissé dans son ouvrage Révolution numérique dans les pays..., p147.

CONCLUSION DU CHAPITRE 1

41

Parvenus au terme de cette analyse, nous pouvons dire que le fossé numérique qui sépare actuellement le Nord et le Sud freine considérablement le décollage des pays en développement. Pourtant, les TIC présentent de fourmillants avantages à exploiter pour devenir émergent. A titre illustratif, on peut citer la gouvernance électronique qui favorise la célérité des services administratifs et le commerce électronique qui permet à toutes catégories de personnes d'accéder aux marchés nationaux et internationaux. Si en Occident les technologies numériques ont grandement transformé le paysage politique, économique et socioculturel, il n'est pas exclu que les pays d'Afrique Centrale en quête d'émergence, puissent aspirer à des lendemains meilleurs grâce à ces mêmes dispositifs. Cependant, ils doivent d'abord réduire le fossé numérique en leur sein en définissant des stratégies efficaces. Pour ce faire, des politiques ont été mises en place pour réduire la fracture numérique en Afrique centrale en général et au Cameroun en particulier. Il sera donc question au chapitre suivant d'examiner ces différentes politiques.

42

CHAPITRE 2 : STRATEGIES DE REDUCTION DE LA FRACTURE
NUMERIQUE EN AFRIQUE CENTRALE

Le chapitre précédent était consacré à la clarification conceptuelle des terminologies utilisées et à l'énonciation des différents enjeux liés à la résorption du fossé numérique dans la sous-région. Au terme de cet exercice, il a été démontré que la réduction de la fracture numérique pourrait favoriser l'essor politique, économique et socioculturel de ces pays. Conscient de la nécessité de réduire le fossé existant en Afrique Centrale en général et au Cameroun en particulier, des stratégies ont été élaborées par ces pays. Ce chapitre va tenter de passer en revue ces différentes mesures.

SECTION I : STRATEGIES AU NIVEAU SOUS-REGIONAL

La stratégie selon le dictionnaire Larousse88, renvoie à l'art de combiner l'action des forces militaires en vue d'atteindre un but de guerre déterminé par le pouvoir politique. Le dictionnaire numérique le trésor de la langue française quant à lui, définit la stratégie comme un ensemble d'actions coordonnées, d'opérations habiles et de manoeuvres en vue d'atteindre un objectif précis89. Dans le cadre de la réduction du fossé numérique, la stratégie renvoie à l'ensemble des dispositions politiques ou techniques qui permettent de résorber les écarts entre les différentes couches sociales. En Afrique Centrale, des actions sont menées à différents niveaux par les Etats aussi bien dans l'élaboration des politiques que dans la création des structures d'accompagnement. A titre illustratif, la Conférence des ministres en charge des télécommunications et des TIC d'Afrique Centrale tenue en 2009 a identifié plusieurs axes stratégiques pour réduire la fracture numérique. Notamment, la possibilité de mettre en place un backbone large bande en fibre optique en 2010, puis la possibilité d'interconnecter les capitales de ces pays à l'horizon 2013. L'harmonisation des tarifs de communications projetée pour 2012 et la mise en place d'un système d'information sous-régionale des TIC... De même, Les organismes tels que la COPTAC, l'ARTAC, le PEAC, le centre sous-régional de maintenance des télécommunications, le projet CAB... ont été créés. Il sera question pour nous de passer en revue ces différents instruments pour mieux apprécier leur contribution dans le processus de réduction du fossé numérique en Afrique Centrale.

88 http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/strat%C3%A9gie/74818 site consulté le 02 décembre 2014.

89 http://atilf.atilf.fr/dendien/scripts/tlfiv5/advanced.exe?8;s=3559618695 site consulté le 02 décembre 2014.

1.1 La COPTAC

43

Dans le but d'harmoniser les politiques nationales en matière de postes et télécommunications90 et afin de dynamiser la construction communautaire dans ce secteur, les pays de la sous-région ont créé la Conférence des Postes et Télécommunications d'Afrique Centrale en 199891. Selon le texte qui l'a créé, la COPTAC a pour mission principale de définir et de mettre en place une politique d'orientation et une stratégie commune dans le domaine concerné. Elle doit de ce fait, assurer le développement et l'amélioration de la qualité des services dans le secteur des télécommunications au niveau sous-régional et international92.

Par ailleurs, la COPTAC promeut les échanges d'informations techniques, d'expériences, de compétences ainsi que la concertation entre les institutions nationales et les autres partenaires dans le domaine des postes et télécommunications en privilégiant l'approche participative93. Elle définit également les conditions techniques, économiques et tarifaires d'interconnexion des réseaux et harmonise les politiques nationales en matière de développement des infrastructures de communications94.

En outre, la COPTAC soutient et encourage la formation des personnels des Etats membres dans les écoles et les centres de formation de la sous-région. Elle mène des actions d'identification des projets communautaires et en assure la mise en oeuvre pour leur aboutissement. Elle milite autant que possible en faveur de l'instauration d'une tarification préférentielle dans le secteur concerné en Afrique Centrale et participe aussi à la recherche des financements auprès des institutions financières internationales et des organismes d'aide et de coopération pour les études et la réalisation des projets communautaires95. Pour l'atteinte de ses objectifs, la COPTAC bénéficie de l'appui de l'UIT, de l'UPU96, de l'UAT97, de l'UPAP98 et de la CEA.

90 Les télécommunications en Afrique. Panorama, problématiques, enjeux et perspectives, Performances Management Consulting (PMC), Octobre 2007, p 25.

91 Rapport de la réunion des experts de la CEEAC et de la COPTAC tenue à Bangui du 15 au 16 novembre 2010, p 2.

92 Ibid. P 3.

93 Ibid.

94 Ibid.

95 Ibid. P 4.

96 Union Postale Universelle

97 Union Africaine des Télécommunications

98 Union Panafricaine des Postes

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A son actif, l'organe interministériel s'est réuni plusieurs fois en assemblée plénière extraordinaire. La dernière rencontre a eu lieu du 24 au 26 avril 2014 à Yaoundé avec la participation du Burundi, du Cameroun, de la Guinée Equatoriale, de la RCA et du Tchad99. A l'issue de cette réunion, les ministres en charge des postes et télécommunications ont décidé entre autres : de mettre en place un centre sous-régional d'émulation et de soutien au développement de l'économie numérique, de réaliser une infrastructure d'interconnexion sous-régionale, de créer des points d'échanges internet dans la communauté, de procéder à la migration de la radiodiffusion télévisuelle de l'analogie au numérique et d'harmoniser les politiques communautaires en matière de cybercriminalité100.

1.2 Le centre sous-régional de maintenance des télécommunications

Le centre sous-régional de maintenance des télécommunications101 a été créé le 21 juillet 2000 à Bangui. Sa création fait suite aux difficultés rencontrées par les administrations et les entreprises en charge des télécommunications dans la gestion des réseaux de télécommunications et la mise en place des services à valeur ajoutée. Ce centre a pour siège Yaoundé et ses principales missions se résument entre autres à la réparation des cartes électroniques complexes des équipements de télécommunications (commutations, transmission numérique, terminaux d'abonnées...). Il doit également s'occuper du dépannage et de l'étalonnage des appareils de mesure des entreprises publiques et privées des télécommunications, de la radiodiffusion, de la télévision et éventuellement d'autres services spécialisés102.

De plus, le centre doit étudier la fiabilité des équipements fonctionnant sur le continent et la qualité des appareils envoyés en réparation. Il doit vérifier l'adaptation des installations au contexte africain et doit s'occuper du perfectionnement des ingénieurs et techniciens des laboratoires et centres nationaux de maintenance. L'organisation doit aussi prêter les appareils de mesures et les testeurs coûteux d'utilisation peu fréquente aux entreprises privées... Toutefois, il faudrait noter que malgré sa création, ce centre n'est toujours pas fonctionnel.

99 http://www.minpostel.gov.cm/index.php?option=com_content&view=article&id=399%3Aafrique-centrale-les-ministres-des-postes-et-telecommunications-etaient-en-conclave-a-yaounde-&catid=50%3Aa-la-une&lang=fr site consulté le 12 juin

2014. 100Ibid.

101 Voir préambule de l'accord intergouvernemental portant création du centre sous-régional de maintenance des télécommunications des pays d'Afrique Centrale membres de la CEEAC.

102 Ibidem

1.3 L'ARTAC

45

L'Association des Régulateurs de Télécommunications de l'Afrique Centrale a été créée lors de la première assemblée constitutive des régulateurs de télécommunications d'Afrique Centrale tenue à Yaoundé du 25 au 26 novembre 2004103. Sa création se justifie par la nécessité d'harmoniser les législations nationales dans le domaine des télécommunications104 en vue d'une vulgarisation des TIC pour le développement au niveau sous-régional. Elle est composée de 07 Etats membres la RCA, le Congo, le Gabon, le Tchad, la RDC et le Cameroun qui est le régulateur garant. L'ARTAC a pour objectif entre autres :

- la mise en place des structures législatives et réglementaires modernes pour ce qui concerne la fourniture des services de télécommunications dans tous les Etats de la sous-région ;

- la promotion des projets de libéralisation et de concurrence en vue de renforcer les réseaux et d'améliorer l'efficacité des services de télécommunications dans la sous-région ;

- l'élaboration de politiques visant à faciliter l'accès universel et la pénétration des
télécommunications dans les zones rurales et mal desservies de la sous-région;

- la promotion de la création et de l'exploitation dans les pays d'Afrique centrale de réseaux et services de télécommunications efficaces, adéquats et rentables, susceptibles de répondre aux besoins multiples des clients tout en étant économiquement durables...

Concernant ses missions105, l'ARTAC oeuvre pour l'élaboration et l'harmonisation des réglementations en matière de fourniture et de tarification des services de télécommunications dans les pays de la sous-région. Elle facilite les échanges d'idées, d'opinions et d'expériences entre les membres sur tous les aspects de la réglementation du secteur des télécommunications. De même, l'association est chargée de l'élaboration et de la formulation du plan directeur sur les TIC dans la sous-région. Ce plan fixe les objectifs politiques et pose les jalons de la modernisation des infrastructures de télécommunication et des services de distribution dans la communauté.

103 Présentation de l'Association des Régulateurs de Télécommunications de l'Afrique Centrale, 7ème forum sur la règlementation des télécommunications en Afrique, Yaoundé, 7-8 juin 2006, p 1.

104 Les télécommunications en Afrique. Panorama, problématiques, enjeux et perspectives, Performances Management Consulting (PMC), Octobre 2007, p 25.

105 Union Internationale des Télécommunications, Harmonisation règlementaire des TIC : Etude comparée des initiatives régionales, 2009.

1.4 Le Pool Energétique d'Afrique Centrale (PEAC)

46

L'énergie demeure la première ressource sinon la plus essentielle pour favoriser la réduction de la fracture numérique entre les peuples. La création du PEAC remonte au 12 avril 2003 à Brazzaville au Congo pour juguler la carence en énergie électrique observée dans la sous-région. Considéré, comme une institution spécialisée de la CEEAC depuis le 27 avril 2004, le PEAC a pour ambition de valoriser l'énorme potentiel énergétique de la sous-région afin de satisfaire les besoins énergétiques au sein et en dehors de l'espace communautaire d'ici 2025106 à travers la création des boulevards énergétiques interconnectés et des marchés libres d'échange d'énergie plus efficaces et prospères.

Le PEAC devra jouer un rôle assez significatif dans le cadre de la réduction de la fracture numérique en Afrique Centrale. Pascal Mawoula affirme d'ailleurs que cet organisme pourra contribuer à l'accroissement du taux d'électrification régionale à hauteur de 50 % d'ici 2025. Cette hausse en fourniture énergétique pourrait être comme une bouffée d'oxygène pour les pays de la sous région dans le processus de démocratisation des TIC. Hormis ces différentes mesures, le projet CAB est un moyen de résorption du fossé numérique en Afrique Centrale.

1.5 Le projet CAB

Le projet « réseau de télécommunications haut débit à fibre optique de l'Afrique Centrale - Central African Backbone » - CAB (projet CAB) est né en 2007 à N'djamena lors de la rencontre des Chefs d'Etat et de gouvernement de la CEMAC107. Sa mise en oeuvre émane de la nécessité d'interconnecter les différents pays africains à travers le slogan « Connecter l'Afrique » lancée au cours de la réunion qui s'est tenue à Kigali du 29 au 30 octobre 2007. Le projet CAB vise entre autre, l'augmentation effective de la connectivité, l'accroissement de l'utilisation des services régionaux à large bande et la réduction des prix des services de télécommunications/TIC en Afrique Centrale108. Il est constitué d'un ensemble de connexions terrestres à fibre optique devant relier tous les Etats membres de la CEEAC au réseau mondial à haut débit à partir des points d'atterrissement des câbles sous-marins (SAT 3, WACS, ACE et SAFE) tel qu'illustré dans la figure ci-dessous.

106 Mavoula Pascal, Le Pool Energétique d'Afrique Centrale (PEAC), Secrétariat permanent du PEAC, Brazzaville.

107 Unité de Coordination du projet CAB, Brochure de présentation du projet CAB, Composante République du Cameroun, p 3.

108 Ibid.

47

Figure 1 : Configuration finale du réseau CAB

Source : Projet CAB, composante Cameroun

La figure ci-dessus montre que le projet CAB est en cours d'opérationnalisation malgré le fait que plusieurs interconnexions restent à réaliser afin d'aboutir à un maillage totale de la sous-région en fibre optique.

En dehors de l'interconnexion, le projet CAB vise également la réduction du coût des affaires, la mutation des Etats vers l'e-governance, la création d'emplois sur toutes les formes et la création des services à valeur ajoutée109 ... Il faudrait relever que depuis sa création, la fibre optique a déjà été déployée dans plusieurs villes comme le démontre la figure 1.

109 Ibid.

48

Rendu au terme de cette section, il convient de dire que plusieurs stratégies ont été mises en oeuvre pour réduire la fracture numérique en Afrique Centrale en générale. A l'échelle nationale, des dispositions ont également été prises dans ce sens.

SECTION II : STRATEGIES AU NIVEAU DU CAMEROUN

La réduction du fossé numérique s'inscrit au rang des priorités de la vision de développement à long terme des pouvoirs publics. Ceci est d'autant plus consacré dans le DSCE110 où un accent particulier est accordé à la promotion des TIC. D'après ce cadre de référence de l'action gouvernementale, les dirigeants envisagent d'ici 2020, porter la télédensité fixe à 45% et la télédensité mobile à 65 %. De même, l'Etat s'est donné pour objectif de doter 40000 villages de moyens de télécommunications modernes, de faire passer le débit de transfert des données à 3800 Mb/s et de multiplier par 50 le nombre d'emplois directs et indirects dans le domaine des télécommunications/TIC. Pour atteindre ces différents objectifs, plusieurs textes juridiques encadrant les activités du secteur des télécommunications/TIC ont été élaborés et diverses institutions d'accompagnement ont été créées. Dans le même ordre d'idée, les dirigeants oeuvrent pour le développement du réseau national de télécommunications et pour la formation des citoyens aux TIC.

2.1 Le cadre règlementaire et institutionnel

Il nous incombe de parler des différents instruments juridiques et des diverses institutions qui soutiennent les stratégies nationales de réduction de la fracture numérique.

2.1.1 La règlementation

Au sens large, la réglementation peut se définir comme un ensemble d'indications, de lois, de prescriptions, de règles, et autres textes juridiques régissant une activité sociale. Il peut aussi simplement s'agir de l'ensemble des mesures légales et réglementaires qui régissent une question. Pour réduire la fracture numérique et projeter le Cameroun vers la modernité, les pouvoirs publics ont élaboré plusieurs textes juridiques. Il importe de passer en revue ces différents instruments. Une distinction s'impose entre les textes du domaine des télécommunications et ceux du secteur des TIC.

110 Ministère de l'Economie et des Finances, Document de Stratégie pour la Croissance et l'Emploi. Cadre de référence de l'action gouvernementale pour la période 2010-2020, Yaoundé, Août 2009.

a- dans le domaine des télécommunications

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Le développement du réseau des télécommunications nécessite l'existence d'un cadre juridique adéquat auquel se réfèrent tous les bailleurs de fonds qui veulent investir. A cet égard, le gouvernement, dans le souci de dynamiser l'activité du secteur concerné a adopté la loi n° 98/014 du 14 juillet 1998 régissant les télécommunications au Cameroun. Considéré comme le socle juridique des infrastructures, des réseaux et des services de télécommunications111, ce texte matérialise le désir de l'Etat de s'arrimer à la modernité. De manière pragmatique, ce document a mis fin à la situation de monopole qui a longtemps prévalu en faveur de l'opérateur national INTELCAM112. De même, cette loi libéralise le secteur des télécommunications en l'ouvrant au régime concurrentiel. Consécutivement à cette libéralisation quatre opérateurs de téléphonie mobile GSM ont fait leur entrée sur le marché camerounais. Il s'agit des trois opérateurs privés dont la société de télécoms française Orange (en 1999), la société sud-africaine Mobile Telecommunication Network (MTN en 2000) et plus récemment la société vietnamienne Nexttel en décembre 2012. Il faut également noter l'attribution en septembre 2014 à Camtel d'une licence de téléphonie mobile. En outre, la loi su-citée a également favorisé la création de l'Agence de Régulation des Télécommunications (ART) dont la mission principale consiste à gérer les activités de ce secteur.

L'élaboration d'autres textes de droit s'inscrit également dans cette logique de modernisation du secteur des télécommunications par les pouvoirs publics. Ainsi, la loi n° 2001/0130 du 23 juillet 2001 instituant le service minimum dans le secteur des télécommunications et la loi n° 2005/013 du 29 décembre 2005 établissant un Fonds Spécial des Télécommunications (FST) sous la forme d'un compte d'affectation spéciale sont-ils des exemples évocateurs.

La détermination des autorités publiques s'illustre davantage à travers la prise de certaines décisions importantes notamment : le décret n° 98/108 du 08 septembre 1998 créant la Cameroon Telecommunications (CAMTEL), le décret n° 2012/203 du 20 avril 2012 portant organisation et fonctionnement de l'ART et le décret n° 2012/308 du 26 juin 2012 fixant les modalités de gestion du FST. Hormis ces différents actes juridiques qui

111 Issowa Iyoni Samuel, « Le cadre juridique camerounais des réseaux et services de télécommunications face à la société de l'information : de la fracture numérique à la fracture juridique ? », in Juridis Périodique, Yaoundé, APRODA, Numéro 71, Juillet-Août-Septembre 2007, pp 103-110, p 106.

112 International Telecommunications Cameroon

50

encadrent les activités dans le secteur des télécommunications, d'autres textes ont été élaborés pour promouvoir la vulgarisation des TIC.

b- dans le domaine des TIC

Divers textes normatifs encadrent les activités du secteur des TIC au Cameroun. En effet, considérant l'intérêt de plus en plus grandissant que suscitent ces outils et au regard de leur niveau d'utilisation sans cesse croissant il semblait nécessaire de garantir la sécurité des usagers. Ainsi, les dirigeants ont adopté la loi cadre n° 2011/012 du 06 mai 2011 sur la protection du consommateur.

De même, dans le souci d'appliquer les différentes résolutions prises dans le cadre des Sommets Mondiaux sur la Société de l'Information (SMSI) tenus respectivement du 10 au 12 décembre 2003 à Genève en Suisse et du 16 au 18 novembre 2005 à Tunis113, il a été crée par arrêté n° 066/CAB/PM du 24 février 2009, le comité de suivi de la mise en oeuvre des résultats des SMSI. Dans le même ordre d'idée, l'arrêté n° 209/CAB/PM du 21 août 2009 portant création, organisation et fonctionnement du comité de pilotage de la stratégie nationale de développement des TIC a été signé.

Par ailleurs, le chef de l'exécutif a promulgué la loi n° 2010/012 du 21 décembre 2010 sur la cybercriminalité et la cyber sécurité afin de réglementer le cadre de sécurité des réseaux de communications électroniques et des systèmes d'information aussi bien que pour définir et réprimer les infractions liées à l'usage des TIC. A ce texte, s'ajoute la loi n° 2010/013 du 21 décembre 2010 régissant les communications électroniques et la loi n° 2010/021 du 21 décembre 2010 fixant les règles du commerce électronique.

D'autres initiatives confirment la détermination de l'Etat à réduire le fossé numérique. On peut citer le décret n° 2012/180 du 10 avril 2012 portant organisation et fonctionnement de l'Agence Nationale des Technologies de l'Information et de la Communication (ANTIC) et le décret n° 2012/309 du 26 juin 2012 fixant les modalités de gestion du Fonds spécial des activités de Sécurité Electronique (FSE). Outre l'élaboration des textes de droit dans le domaine des télécommunications/TIC, les pouvoirs publics ont également créé des organismes institutionnels pour réduire le fossé numérique.

113Issowa Iyoni Samuel, « Le cadre juridique camerounais des réseaux et services de télécommunications face à la société de l'information : de la fracture numérique à la fracture juridique ? », in Juridis Périodique, Yaoundé, APRODA, Numéro 71, Juillet-Août-Septembre 2007, pp 103-110, p 103.

2.1.2 Analyse du cadre normatif institutionnel

51

Le processus de réduction de la fracture numérique au Cameroun, est soutenu par des acteurs publics et des acteurs privés.

a- Les acteurs publics

Les acteurs publics font référence aux institutions étatiques qui oeuvrent pour la réduction de la fracture numérique au Cameroun. Parmi ces dernières, on distingue le CENADI, la CAMTEL, l'ART, l'ANTIC et ENEO Cameroon.

1- Le Centre National de Développement de l'Informatique (CENADI)

La création du CENADI par le décret n° 88/1087 du 12 août 1988 démontre à suffisance l'antériorité de l'intérêt pour l'Etat d'automatiser ses procédures administratives. Né d'une série de mutations organiques114 de la DCIT115 à la DIT116, le CENADI est placé sous la tutelle du Ministère des Finances. Il assure le développement, la promotion et la mise en oeuvre de la politique nationale de l'informatique au sein des administrations publiques et parapubliques.

2- La Cameroon Telecommunications (CAMTEL)

Considéré comme l'opérateur historique des télécommunications au Cameroun, l'avènement de CAMTEL date de 1998 suite à la transformation de l'ancienne direction des télécommunications du Ministère des Postes et des Télécommunications (MINPOSTEL) en Société Anonyme (SA) et à sa fusion avec l'entreprise nationale INTELCAM117 qui jusque-là s'occupait des communications téléphoniques internationales.

CAMTEL est un établissement public placé sous la tutelle du MINPOSTEL. Sa mission principale consiste à mettre en oeuvre la politique de l'Etat dans le secteur des télécommunications118. Ainsi, sur le plan pratique, elle assure les prestations d'un ensemble de services aux usagers. Au rang de ces dernières, nous citons les communications

114 M.A NGONO Zintchem et al, « Convergences technologiques et politique : opportunités et défis pour une meilleure appropriation des TIC au Cameroun », Revue camerounaise des relations internationales, Yaoundé, IRIC, 2010.

115 Direction Centrale de l'Informatique et de la Téléinformatique

116 Direction de l'Informatique et de la Téléinformatique

117 Ibid.

118 Cette politique est définie par le ministère en charge des postes et des télécommunications.

52

53

électroniques notamment par la téléphonie fixe assurée par le CT-Phone et la téléphonie mobile 3G depuis septembre 2014. De même, Camtel s'occupe de la fourniture de la bande passante aux différents fournisseurs d'accès internet et de la fourniture du haut débit aux usagers. Cette organisation gère également le backbone national à fibre optique et vend cette infrastructure de pointe aux opérateurs privés.

Par ailleurs, dans l'optique de porter la télédensité fixe à 45% comme cela est envisagé dans le DSCE, l'entreprise parapublique a déployé la technologie CDMA119 en 2004. En 2005, avec l'appui de son partenaire chinois Huawei, CAMTEL a lancé le CT-Phone sur le marché120. C'est un téléphone fixe qui se présente comme un portable. Il est assez avantageux dans la mesure où l'usager peut l'utiliser dans un rayon important grâce à la technologie d'accès sans fil et en boucle locale radio121.

3- L'Agence de Régulation des Télécommunications (ART)

Créée par la loi régissant les télécommunications au Cameroun citée plus haut, l'ART est un établissement public administratif doté de la personnalité juridique et de l'autonomie financière. Le MINPOSTEL assure la tutelle technique et le département ministériel en charge des finances s'occupe de la tutelle financière122.

L'ART s'occupe pour le compte de l'Etat de la régulation, du suivi et du contrôle des opérateurs, des exploitants des réseaux et des fournisseurs de services de communications électroniques. Elle veille également au respect du principe d'égalité du traitement des usagers dans toutes les entreprises de communications électroniques. A ces prérogatives, s'ajoute la gestion du spectre de fréquences dans le secteur des télécommunications. Concernant les dispositions relatives à l'organisation et au fonctionnement de l'Autorité il faut se référer au décret n° 2012/203 du 20 avril 2012 portant organisation et fonctionnement de l'Agence de Régulation des Télécommunications.

Il importe de noter que l'ART oeuvre également pour l'amélioration de l'offre des services dans le domaine des télécommunications/TIC au Cameroun et par ricochet pour la

119 Code Division Multiple Accees. Cette technologie offre de nombreux avantages, au rang desquels nous citons l'adaptation en zone rurale et urbaines et dans les localités non desservies par le téléphone filaire. Elle a une facilité d'installation et offre la possibilité de développer des services internet.

120 M.A Zintchem, « Problématique de l'appropriation des Technologies de l'Information et de la Communication au Cameroun »...

121 Voir Ewangue J.L, « La politique de développement des Technologies de l'Information et de la Communication au Cameroun : une dynamique d'accès inégalitaire à la société de l'information »...

122 Cf. Article 3 du décret N° 2012/203 du 20 avril 2012 portant organisation et fonctionnement de l'ART.

réduction de la fracture numérique. Dans ce sens, l'agence a joué un très grand rôle pour l'application d'une facturation à la seconde depuis 2009 dans l'optique de satisfaire les consommateurs en faisant réduire les coûts d'utilisation du téléphone mobile. De même, cette institution a milité pour le passage du plan de numérotation national de 8 à 9 chiffres dans le but d'accroitre la télédensité fixe et mobile.

4- L'Agence Nationale des Technologies de l'Information et de la Communication (ANTIC)

La naissance de l'ANTIC remonte à 2002 avec la signature du décret n° 2002/092 du 08 avril 2002 portant création de ladite structure. Ce texte a été abrogé en 2012 avec le nouveau décret fixant les modalités d'organisation et de fonctionnement de l'ANTIC. Au vu des prérogatives dévolues à l'Agence, on peut lire l'intérêt croissant des pouvoirs publics pour faire en sorte que cette structure devienne un levier pour le développement des technologies numériques au Cameroun. Placée sous la tutelle technique et financière respectivement du MINPOSTEL et du Ministère des Finances123, l'Agence veille à la promotion et au suivi de l'action des autorités publiques en matière de TIC. De plus, elle assure la régulation, le contrôle et le suivi des activités liées à la sécurité des systèmes d'informations et des réseaux de communications électroniques, ainsi qu'à la certification électronique en collaboration avec l'ART.

Depuis le démarrage de ses activités en 2006, l'entreprise parapublique ne cesse de s'affirmer comme le bras séculier de l'Etat pour le développement des technologies numériques sur l'ensemble du territoire. En 2007, elle a élaboré la stratégie nationale de développement des TIC qui jusqu'à présent oriente la politique de l'Etat dans ce sens. Dans l'optique de développer les compétences numériques des citoyens, l'ANTIC organise généralement des ateliers de formation et d'imprégnation aux modes d'utilisation des TIC à l'intention des agents publics124. De même, l'Agence organise habituellement des séminaires d'information et de sensibilisation des populations, sur la cybersécurité afin de les prévenir des actes cybercriminels125.

123 Cf. Article 3 du décret N° 2012/180 du 10 avril 2012 portant organisation et fonctionnement de l'ANTIC.

124 Entretien avec Monsieur Ndongo, ingénieur en service à l'ANTIC.

125 L'ANTIC a organisé à Yaoundé du 27 au 29 novembre 2013 un séminaire d'information sur la cybersécurité et la cybercriminalité.

5- ENEO Cameroon (Energy of Cameroon)

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La création de cet établissement parapublique remonte à 2014 suite au rachat des parts d'AES par le fonds d'investissement britannique ACTIS. ENEO Cameroon gère le développement du réseau électrique national et la fourniture de l'énergie électrique sur l'ensemble du territoire. Cette organisation dispose d'une capacité de production installée de 935 MW126. Le réseau de transport relie 24 postes et comprend 1944,29 kilomètres de lignes haute tension, 15081,48 kilomètres de lignes moyenne tension et 15209,25 kilomètres de lignes basse tension. Le réseau de distribution est constitué de 11 450 km de lignes de 5,5 à 33 KV127 et 11.158 km de lignes de 220 à 380 KV. Cette société compte plus de 900 000 clients dont environ 45% résident à Douala et Yaoundé128.

Energy of Cameroon joue un rôle très important dans le processus de réduction de la fracture numérique au Cameroun. En fait, l'accès à l'énergie électrique reste l'une des principales conditions nécessaires pour l'utilisation permanente d'un téléphone mobile, d'un téléviseur, d'un ordinateur ... Dans l'optique d'offrir l'accès à l'électricité à tous les citoyens particulièrement à ceux résidant dans les zones rurales, ENEO Cameroun oeuvre pour l'élargissement de la couverture nationale en électricité. Cette entreprise parapublique participe grandement à la réalisation du PDSE129 qui vise le triplement de la capacité énergétique à l'horizon 2030. De même, ENEO agit en faveur de l'électrification des campagnes grâce au fonds d'électrification des zones rurales. Notons que le secteur privé joue également un rôle capital dans le processus de réduction de la fracture numérique au Cameroun.

b- Les acteurs du secteur privé

Le secteur privé s'oppose généralement au secteur public ou étatique. Il désigne le domaine d'activité constitué des entreprises, associations ou organisations qui ne dépendent pas directement de l'Etat, de son administration et des collectivités territoriales. La plupart des fois, les fonds publics ne sont pas investis dans ce secteur ou ils le sont très peu130. Le secteur privé est constitué des entreprises ou associations privées, des banques à capitaux privés, des

126 Mégawatts

127 Kilovolts

128 http://bienvenueneo.com/index.php/fr/eneo-cameroon/aes-sonel-devient-eneo-cameroon site consulté le 04 décembre 2014.

129 Plan de Développement du Secteur de l'Energie

130 http://www.toupie.org/Dictionnaire/Secteur_prive.htm site consulté le 10 décembre 2014.

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Organisations Non Gouvernementales, des coopératives, des associations... Dans le cadre de cette étude, les acteurs du secteur privé renvoient aux différents opérateurs de téléphonie mobile et aux ONG qui participent activement au processus de réduction de la fracture numérique au Cameroun.

1- Les opérateurs de téléphonie mobile

Un opérateur de téléphonie mobile est une compagnie de télécommunication qui propose des services de téléphonie mobile ou d'accès mobile à Internet. Cette entreprise fournit une carte SIM au client qui l'insère dans son téléphone mobile ou dans sa tablette tactile pour avoir accès au réseau cellulaire de l'opérateur. Il peut s'agir du réseau GSM, CDMA, UMTS... L'opérateur de réseau mobile assure le marketing, la commercialisation, la facturation et l'assistance à sa clientèle. On dénombre trois opérateurs privés de téléphonie mobile au Cameroun : Orange, MTN et Nexttel.

· Orange Cameroun

Cette entreprise française a fait son entrée dans le marché des télécommunications camerounais en juillet 1999. C'était suite à la signature d'une convention de concession pour l'établissement des réseaux de communications ouverts au public entre l'Etat camerounais et la Société Camerounaise de Mobile (SCM) dont le capital était détenu à 99,97% par le groupe France Télécom131. A travers la convention signée pour une durée de trois ans, France Télécom a à nouveau réussi à s'installer sur le marché camerounais des télécommunications. En février 2000, la SCM démarre ses activités. Suite à l'acquisition en mai 2000 de la société Orange par France Télécom, la SCM devenue Mobilis va adopter le nom Orange Cameroun en juin 2002.

Orange Cameroun offre à sa clientèle plusieurs types de services. On peut citer entre autres : la téléphonie mobile, la transmission des données et d'autres services à valeur ajoutée. En dépit des données statistiques difficilement accessibles, le réseau orange couvre plusieurs villes et campagnes du pays. La filiale française emploie plus de 800 personnes de manière directe et offre près de dix mille emplois indirects132. De même, Orange Cameroun fournit

131 Sylvie Siyam, Serge Kuaté et Serge Daho, « Réformes des télécommunications : cas du Cameroun », Association for

Progressive Communications (APC), Septembre 2009.

132 Ibid.

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57

l'accès internet aux usagers, ceci est assuré par Orange Multimedia Services qui détient la licence en la matière.

· Mobile Telecommunication Network (MTN)

MTN est une multinationale sud-africaine. Elle entre dans le marché camerounais en acquérant les actions de CAMTEL Mobiles133 le 15 février 2000. Le capital de cette firme est détenu à 70% par MTN International et à 30 % par la société camerounaise Broadband Telecom134. MTN Cameroun oeuvre pour le développement et l'extension du réseau de télécommunication national à travers la fourniture du réseau de téléphonie mobile dans plusieurs localités urbaines et rurales. Elle offre les mêmes services qu'Orange Cameroun. Elle emploie plus de 400 personnes de manière directe et son réseau de distribution compte près de 45 distributeurs et plus de soixante dix mille points de vente répartis sur l'ensemble du territoire135. Notons également que MTN Cameroun fournit l'accès internet par l'entremise de sa succursale MTN Networks Solutions.

· NEXTTEL Cameroun

Nexttel est une multinationale vietnamienne. Elle entre dans le marché camerounais en 2012 suite à son attribution d'une licence de téléphonie mobile 3G par le ministère des postes et des télécommunications en décembre 2012. Dès son arrivée, le troisième opérateur de téléphonie mobile envisageait couvrir le territoire national à environ 85%. Il a démarré ses activités le 12 septembre 2014. Afin de réduire le taux de chômage qui demeure un problème épineux pour l'économie camerounaise, cette entreprise a embauché plusieurs jeunes diplômés camerounais jusque-là sans emplois. Par rapport aux deux autres opérateurs privés, Nexttel a la particularité d'offrir la téléphonie 3G à sa clientèle. En effet, la troisième génération (3G) désigne une génération de normes de téléphonie mobile. Elle est représentée principalement par les normes Universal Mobile Telecommunications System (UMTS) et CDMA 2000. Cette norme de téléphonie offre des débits de 2 à 42 Mb/s définis par la dernière génération des réseaux UMTS : l'HSPA+DC l'HSPA qui sont bien plus rapides que

133 Considérée comme une unité de projet créée par Décision N° 00011.7/MPT/DT du 29 juin 1993 du Ministre en charge des télécommunications, Camtel Mobiles exploite au cours des années 1990 la téléphonie mobile au Cameroun.

134 Sylvie Siyam, Serge Kuaté et Serge Daho, « Réformes des télécommunications : cas du Cameroun », Association for Progressive Communications (APC), Septembre 2009.

135 Ibid.

le GSM. La 3G rend possible les appels vidéos, la visioconférence, les téléchargements à une vitesse qui est vingt fois plus rapide que la 2G (norme GSM).

Le tableau ci-dessous fournit des éléments permettant de mieux percevoir la différence qui existe entre la 2G et la 3G.

Tableau 2 : Différence entre la 3G et la 2G

Opérations

Durée de réalisation avec la 2G

Durée de réalisation avec la 3G

Téléchargement
d'une vidéo de 750
mégabits

1280 minutes soit environ 21
heures 30 minutes

100 minutes soit 1heure 40 minutes

Téléchargement
d'une musique de 5
mégabits

8 minutes 52 secondes

40 secondes

Envoi d'une pièce
jointe de 2
mégabits par email

3 minutes 41 secondes

16 secondes

Téléchargement
d'une photo de 500
kilobits sur
Facebook

85 secondes

4 secondes

Source : Tableau conçu par l'auteur à partir des données fournis par Nexttel Cameroun136 sur la différence

entre la 3G et la 2G

Le tableau comparatif ci-dessus, montre clairement les capacités des deux normes en termes de débits, de services et de vitesse d'exécution des requêtes

Outre les trois opérateurs privés de téléphonie mobile que nous venons de mentionner, les Fournisseurs d'Accès Internet (FAI) jouent également un rôle non négligeable dans le processus de réduction de la fracture numérique au Cameroun. Les FAI sont des structures qui offrent des prestations internet aux consommateurs. Au Cameroun, on dénombre plus de 60 organisations spécialisées dans la fourniture d'accès et des services généralisés au rang desquels figurent : Infogénie, Matrix Télécoms, Saconnets, Ringo, Yoomee, SNS Mobility, Creolink communications... Toutefois, malgré le fait que les opérateurs privés de téléphonie mobile jouent déjà un rôle important dans le processus de démocratisation des TIC au Cameroun, il n'en demeure pas moins que les ONG jouent aussi un rôle non négligeable dans ce sens.

136 http://www.nexttel.cm/ site consulté le 10 décembre 2014.

2- La participation des ONG

58

Une Organisation Non Gouvernementale est une organisation de la société civile d'intérêt public ou ayant un caractère humanitaire. Elle ne dépend ni d'un Etat, ni d'une institution internationale137. Ce type d'organisation décide de manière autonome des actions qu'elle engage. Ses membres sont des volontaires bénévoles, le plus souvent organisés en association. Les ressources des ONG proviennent de fonds publics ou privés. Au Cameroun, on distingue plusieurs ONG qui participent au processus de réduction de la fracture numérique. Ces acteurs sont associés dans l'élaboration et la mise en oeuvre des stratégies de développement des TIC. Parmi les organismes de la société civile qui accompagnent l'Etat dans sa dynamique de vulgarisation des TIC, on peut citer les Organisations Non Gouvernementales (ONG) spécialisées dans la promotion des TIC telles que ANAIS-AC138, Genesis Telecare, Young Cameroonians Network, Forum.Net, ISOC-Cameroun... D'autres ONG non spécialisées mènent également des activités dans le secteur des technologies innovantes. Au rang de ces dernières on distingue de l'Association des Professionnelles Africaines de l'Information (APAC), l'Association des Femmes Ingénieurs du Cameroun (AFIC), l'Association pour le Soutien des Actions des Femmes et des Entrepreneurs (ASAFE), la Ligue pour l'Education de la Femme et de l'Enfant (LEFE) et bien d'autres.

En dehors de l'élaboration des instruments juridiques et de la participation des acteurs publics et privés, le développement des compétences numériques, la modernisation des services publics et l'équipement des campagnes en moyens de télécommunications modernes font aussi partir des stratégies de réduction de la fracture numérique au Cameroun.

2.2 Développement des compétences numériques, modernisation du service public et
équipement des campagnes en moyens de télécommunications modernes

A ce niveau, nous mettrons en évidence la formation des citoyens aux TIC, le projet e-gouvernement et le projet des Télécentres Communautaires Polyvalents (TCP).

137 http://www.toupie.org/Dictionnaire/Ong.htm site consulté le 15 décembre 2014.

138 Advisory Network for African Information Society- Afrique Centrale

59

2.2.1 Le développement des compétences numériques à travers la formation des
populations aux TIC

Il n'existe pas une définition précise du concept compétence numérique. Selon la direction générale « Education et culture » de la Commission Européenne, la compétence numérique implique l'usage sûr et critique des technologies de la société de l'information au travail, dans les loisirs et dans la communication139. La condition préalable pour l'utilisation effective de ces dispositifs est la maîtrise des TIC. A titre indicatif, en utilisant un ordinateur pour obtenir, évaluer, stocker, produire, présenter et échanger des informations ou encore, pour communiquer et participer via internet à des réseaux de collaboration l'usager doit au moins avoir de bonnes aptitudes cognitives sur les TIC. Ces compétences s'acquièrent le plus souvent à l'école ou parfois de façon personnelle. Dans l'optique de développer les compétences numériques des citoyens en vue d'accroitre le niveau d'utilisation et de maitrise des TIC les pouvoirs publics ont opté pour l'intégration de ces technologies dans tous les cycles éducatifs.

Dans les cycles maternels et primaires, l'existence d'enseignements relatifs à l'initiation sur les TIC devient progressivement une réalité. Plusieurs établissements sont même dotés d'un Centre de Ressources Multimédia (CRM) équipé d'ordinateurs et d'une connexion internet afin de permettre aux écoliers de se familiariser à l'usage des TIC. A titre indicatif, on peut citer le Groupe Scolaire Bilingue la Citadelle à Yaoundé, l'Ecole Primaire les Oiselets de Bafoussam et l'Ecole les Champions FCB de Mémiam située à 20 kilomètres de Mbalmayo sur l'axe routier Mbalmayo-Sangmélima. Grâce aux CRM, les formateurs effectuent facilement leurs recherches sur internet préparant ainsi mieux leurs leçons140. Ces équipements permettent également aux enseignants d'améliorer leurs modes d'évaluation de par la possibilité d'individualiser les tests soumis aux élèves141.

Au niveau secondaire, en dehors des enseignements sur l'informatique déjà dispensés dans la plupart des établissements publics et privés, les dirigeants ont ouvert la série Technologie de l'Information (TI) par l'arrêté ministériel N°25/11/MINESEC/CAB du 13 janvier 2011. Certains élèves de la classe de première titulaire du BEPC142, s'intéressent davantage à cette option dans les institutions scolaires telles, le Collège Vogt à Yaoundé,

139 http://forumeculture.net/605/la-competence-numerique/

140 Karsenti, T. et al, Intégration pédagogique des TIC : Succès et défis de 100+ écoles africaines, Ottawa, ON : IDRC, 2eme

édition, 2011, p 126.

141 Ibid.

142 Brevet d'Etude du Premier Cycle

60

l'Institut Victor Hugo à Yaoundé et le Complexe polytechnique privé laïc Tama à Bafoussam. A l'issue de leur parcours secondaire, les étudiants ayant opté pour cette filière obtiennent le baccalauréat de l'enseignement secondaire général série technologie de l'information. De plus tous les candidats aux examens du baccalauréat de l'enseignement secondaire général sont désormais soumis à une épreuve d'informatique obligatoire avec coefficient 2.

Par ailleurs, bon nombre de structures scolaires publiques et privées au rang desquels le Lycée Général Leclerc, le Lycée Bilingue de Yaoundé, le Lycée Joss de Douala, le Lycée classique et moderne de Mvomeka'a, le Longla Comprehensive College de Bamenda, le Collège les Lauréats de Bonamoussadi à Douala... disposent des CRM et pour d'aucun un laboratoire informatique143. Ces infrastructures permettent aux élèves d'apprendre à utiliser un ordinateur et à se connecter sur internet pour effectuer une recherche. Au Lycée de Mvomeka'a le laboratoire informatique favorise l'étude de l'informatique par les apprenants comme une discipline scientifique, la maîtrise de la bureautique élémentaire et l'utilisation des tableurs144.

En outre, beaucoup de professeurs suivent des cours dispensés par les moniteurs des CRM afin d'acquérir des compétences numériques. Une fois ces compétences acquises, certains intègrent les TIC dans leurs procédés d'enseignements. Au Lycée Joss à titre indicatif, pour amener tous leurs enseignants à utiliser les TIC, le staff administratif les a obligé à saisir toutes leurs épreuves d'examen avant de les déposer auprès du censeur concerné et de proposer pour chaque discipline enseignée un répertoire de sites éducatifs devant aider les élèves dans leurs recherches145.

A l'échelle universitaire, les autorités ont favorisé la profusion des instituts supérieurs de formation en technologies numériques notamment à travers l'attribution des agréments aux promoteurs. En effet, plusieurs structures académiques oeuvrant dans ce cadre ne cessent d'émerger, accompagnant alors les instituts publics existant, dans la formation des citoyens dans le domaine des télécommunications/TIC146. Elles offrent ainsi différentes spécialités aux apprenants : génie logiciel, maintenance des systèmes informatiques, informatique industriel, secrétariat de direction et bureautique bilingue... L'Institut Africain d'Informatique (IAI) se présente comme l'institution supérieure privée par excellence formant

143 C'est le cas du Lycée classique et moderne de Mvomeka'a.

144 Karsenti, T. et al, op.cit, p 117.

145 Ibid. P 120.

146 Il s'agit précisément des instituts de formations publiques tels que l'Ecole Nationale Supérieure Polytechnique (ENSP) et de l'Ecole Nationale Supérieure des Postes et des Télécommunications (ENSPT).

61

toutes catégories de personnes à la fabrication et à la maîtrise des modes d'emplois des technologies numériques.

Notons également que les pouvoirs publics ont ouvert la filière TI à l'Ecole Normale Supérieure. Depuis plusieurs années, cette nouvelle option accueille de nombreux étudiants qui sont formés en tant que professeur d'informatique. Au terme de leur parcours à l'ENS, ces individus possèdent toutes les facultés nécessaires pour dispenser des cours aux élèves du secondaire. Toutefois, on observe d'autres initiatives étatiques qui vont dans le sens de la modernisation du service public.

2.2.2 Le e-government : vers la modernisation du service public

Selon l'OCDE147, l'e-gouvernement ou administration en ligne renvoie à « l'usage des TIC dans les activités des administrations, à la fois à l'échelle nationale et locale, spécialement pour améliorer la fourniture de services et d'informations et la conduite des politiques publiques.148 » L'e-gouvernement a pour objectif de rendre les services publics plus accessibles aux usagers et d'améliorer le fonctionnement interne des administrations.

Dans l'optique de faire évoluer le service public, les décideurs politiques ont mis en place le projet e-government ou gouvernement électronique149. Il se décline en plusieurs volets. Premièrement, on note la mise en place d'un intranet gouvernemental (Govnet) en vue d'interconnecter les administrations pour permettre des échanges de données entre les différents services150. Le MINPOSTEL est l'institution chargée de mettre en oeuvre ce programme.

La deuxième articulation du projet concerne le développement de la dorsale nationale en fibre optique ceci, dans le but de couvrir tous les 10 chefs-lieux de régions et près de 40 chefs-lieux de départements en large bande filaire151.

La troisième déclinaison du projet concerne la dématérialisation des procédures administratives152. Dans ce sens, plusieurs initiatives de services en ligne ont été développées

147 Organisation pour la Coopération et le Développement Economique

148 Bonjawo Jacques, Révolution numérique dans les pays en développement. L'exemple africain, Paris, Dunod, 2011, p 140.

149 Commission Economique pour l'Afrique, Rapport annuel sur l'état d'avancement des nouvelles technologies de l'information et de la communication destinées à soutenir le développement en Afrique Centrale : Etat de la mise en oeuvre des recommandations du Sommet Mondial sur la Société de l'Information (SMSI), Libreville, BSR/AC, 2013, p 19.

150 Ibid. P4.

151 Ibid.

152 Ibid.

62

dans divers départements ministériels et dans différentes structures parapubliques. De même, la plupart des administrations publiques se sont lancées dans le développement des sites web pour davantage se rapprocher des usagers du service public.

Enfin, le dernier volet consiste au développement des sites web dans les administrations'53 ce qui favorisera d'une part la célérité des services publics et d'autre part le rapprochement des administrateurs vers les administrés. Toujours dans l'optique d'assurer l'accès universel sur toute l'étendue du territoire national, les dirigeants ont mis en place le projet des télécentres communautaires.

2.2.3 Le projet TCP et la réduction de la fracture numérique entre les villes et les

campagnes

Afin d'atteindre l'objectif fixé dans le DSCE de doter 40.000 villages de moyens de télécommunications modernes pour ainsi réduire la fracture numérique entre les villes et les campagnes, les dirigeants ont mis en place le projet Télécentre Communautaire Polyvalent (TCP).

Le projet TCP naît dans un contexte assez particulier. En effet, suite au désengagement de l'Etat dans l'exploitation du réseau de télécommunication au profit des opérateurs privés, vu la vétusté des équipements de téléphonie fixe dans les zones rurales et le délaissement des campagnes jugées peu rentables, par les entreprises privés de téléphonie mobile les pouvoirs publics ont décidé en 2007'54, de créer, les TCP et les Points d'Accès Numérique (PAN) dans plusieurs localités rurales du pays. Selon le MINPOSTEL, département ministériel en charge de la mise en oeuvre du projet TCP, un télécentre communautaire polyvalent est une infrastructure installée dans une zone rurale ou enclavée. Il offre à des prix abordables d'une part, des services de télécommunications/TIC et audiovisuels (téléphone, fax, photocopies, télévision, Internet...) et d'autre part, des services financiers postaux (transfert d'argent et messagerie)'55. Un point d'accès numérique quant à lui fait référence à un télécentre qui offre les mêmes services mais à la seule différence que ce dernier est installé dans un bureau de poste'56.

153 Ibid.

154 http://www.minpostel.gov.cm/index.php/en/les-projets/telecentres site consulté le 20 février 2014.

155 MINPOSTEL, Performances des P&T. Magazine d'informations du Ministère des Postes et Télécommunications, Yaoundé, Hors-série, 2013, p 4.

156 Ibid.

63

Les TCP et les PAN demeurent des lieux idoines pour le transfert et l'appropriation des technologies numériques en zones rurales157. Ces infrastructures vont à destination des citoyens à faible revenu qui le plus souvent, ne disposent pas dans leurs foyers ou dans leur lieu de travail d'un accès aux TIC. A travers une offre de services variée comme l'impression, le scanner, la téléphonie, le fax, la photocopie, le téléchargement des logiciels, la formation en TIC, l'hébergement des pages web, l'Internet158... ces structures permettent aux bénéficiaires de tirer profit des effets positifs dont les TIC sont porteurs.

Rendu au terme de cette section, nous pouvons dire qu'il existe plusieurs stratégies de réduction de la fracture numérique au Cameroun.

157 M.A Zintchem, « Problématique de l'appropriation des Technologies de l'Information et de la Communication (TIC) au

Cameroun »... page 124.

158 Ibid. P 5.

64

CONCLUSION DU CHAPITRE 2

En définitive, pour réduire le fossé numérique en Afrique Centrale en général et au Cameroun en particulier, plusieurs stratégies ont été mises place. Au niveau sous-régional, les dirigeants ce sont fixés des objectifs à atteindre dans un horizon très proche (2013). Pour y parvenir, des structures telles que la COPTAC, l'ARTAC et le centre sous-régional de maintenance des télécommunications ont été créées. A l'échelle national, la dynamique reste sensiblement la même. Les pouvoirs publics ont également défini des objectifs à réaliser d'ici 2020 pour le développement du domaine des télécommunications/TIC et de la résorption du fossé numérique en conséquence. C'est dans cette logique qu'un cadre règlementaire et institutionnel a été mis en place et un accent particulier a été accordé au développement des compétences numériques, à la modernisation du service public et au déploiement des télécentres communautaires dans les campagnes. Toutefois, malgré l'opérationnalisation de ces multiples stratégies, on constate que la fracture numérique demeure aussi bien en Afrique Centrale qu'au Cameroun. Il semble donc opportun d'évaluer l'efficacité de ces stratégies.

65

DEUXIEME PARTIE :

EVALUATION DU PROCESSUS DE REDUCTION

DE LA FRACTURE NUMERIQUE EN AFRIQUE

CENTRALE

66

La première partie de ce travail s'est attardée d'une part, sur la conceptualisation des termes en rapport avec notre étude et sur les enjeux de la réduction du fossé numérique en Afrique Centrale. D'autre part, elle nous a permis de passer en revue les différentes stratégies mises en place pour réduire les inégalités liées à la diffusion des TIC en Afrique Centrale en général et au Cameroun en particulier. Il sera question dans cette deuxième partie d'évaluer ces stratégies (chapitre 3), et de proposer des solutions pour une meilleure réduction de la fracture numérique (chapitre 4).

67

CHAPITRE 3 : ANALYSE DU PROCESSUS DE REDUCTION DE LA
FRACTURE NUMERIQUE EN AFRIQUE CENTRALE

La politique de réduction du fossé numérique en Afrique Centrale en général et au Cameroun en particulier repose sur un ensemble de stratégies. Ces différentes stratégies ont été passées en revue au chapitre précédent. Dans ce chapitre, il sera question pour nous d'évaluer le niveau d'opérationnalisation de toutes ces mesures afin de déterminer leur efficacité. Pour mener à bien à notre analyse, nous apprécierons l'évolution du processus au niveau sous-régional (Section I) et à l'échelle nationale (Section II).

SECTION I : AU NIVEAU DE L'AFRIQUE CENTRALE

Pour réduire la fracture numérique dans la sous-région, les Etats ont créé la COPTAC, l'ARTAC, le centre sous-régional de maintenance des télécommunications et le projet CAB. Cette section tentera de faire une analyse critique de ces différents instruments.

1.1 La COPTAC

Les missions de cette institution ont été identifiées au chapitre précédent. A titre de rappel, la COPTAC définit les politiques d'orientation et les stratégies communes dans le domaine des télécommunications en Afrique Centrale. Elle assure le développement et l'amélioration de la qualité des services pour une meilleure intégration de celle-ci. Cet organe définit également les conditions techniques, économiques et tarifaires d'interconnexion des réseaux...

Toutefois, malgré toutes les prérogatives qui lui sont dévolues, la COPTAC peine à agir efficacement. L'absence d'harmonisation des législations nationales dans le domaine concerné est un exemple évocateur. De plus, il n'existe pas encore de tarification préférentielle favorisant la réduction des coûts d'utilisation des services dérivés tel, les communications électroniques. Ces dernières demeurent encore très élevées entre les Etats de la sous-région. Au Cameroun à titre indicatif, il faut débourser 100 FCFA pour effectuer une minute d'appel vers un autre pays de cette partie de l'Afrique. Alors que, la même minute de communication à partir de n'importe quel pays de la sous-région vers un pays occidental comme la France, l'Angleterre ou les Etats-Unis coûte quatre fois moins chère (25 FCFA). Un tel état de fait ne saurait favoriser l'intégration des peuples.

1.2 L'ARTAC

68

Cette association a pour mission principale d'élaborer et d'harmoniser les réglementations en matière de fourniture et de tarification des services de télécommunications dans les pays de la sous-région. De même, elle promeut la création et l'exploitation dans les Etats d'Afrique centrale des réseaux et des services de télécommunications efficaces, adéquats et rentables, susceptibles de répondre aux besoins multiples des clients tout en étant économiquement durables. Seulement, bien qu'il existe déjà des organes indépendants de régulation des télécommunications dans 06 pays159, il n'en demeure pas moins que les législations des Etas membres dans le secteur concerné ne sont toujours pas harmonisées.

Cependant, on peut tout de même relever que grâce à la libéralisation du marché des télécommunications dans la plupart des Etats de la sous-région, les coûts d'acquisition des téléphones mobiles ont considérablement baissé, ramenant ainsi la télédensité mobile à une évolution fulgurante dans cette partie du monde comme le démontre le graphique ci-contre.

Graphique 4 : Evolution de la télédensité mobile en Afrique Centrale de 2001 à 2011

Source : Commission Economique pour l'Afrique, Bureau Sous-Régional de l'Afrique Centrale (CEA/BSR-AC)

160

A la lecture de ce graphique, on peut voir que la télédensité mobile est en hausse en Afrique Centrale depuis 2001. Hormis les pays comme le Burundi, la RDC et la RCA dont le taux oscille entre 20 et 50 lignes téléphoniques mobiles pour 100 habitants, les pays tels que le Gabon et le Congo se distinguent des autres Etats avec plus de 100 lignes de téléphone par

159 Il s'agit précisément du Cameroun, du Gabon, de la RCA, du Congo, du Tchad et la RDC.

160 Commission Economique pour l'Afrique, Rapport annuel sur l'Etat d'avancement des nouvelles technologies de l'information et de la communication destinées à soutenir le développement en Afrique Centrale : Etat de la mise en oeuvre des recommandations du Sommet Mondial sur la Société de l'Information, Libreville, Mars 2013.

69

habitants. Toutefois, malgré cette évolution, les services de télécommunications en Afrique Centrale restent inefficaces et manquent de fiabilité.

S'agissant de la téléphonie fixe, son taux de pénétration demeure très faible. Comme le démontre le graphique ci-dessous.

Graphique 5 : Evolution de la télédensité fixe en Afrique Centrale de 2001 à 2003

Source : Commission Economique pour l'Afrique, Bureau Sous-régional de l'Afrique Centrale (CEA/BSR-

AC)161

Au vu de ce graphique, nous voyons que l'évolution de la téléphonie fixe en Afrique Centrale demeure très faible. En dehors de Sao Tomé et Principe qui disposait entre 4 et 5 lignes téléphoniques fixes en 2011, les autres pays de la sous-région disposaient moins de 3 lignes. Dans l'ensemble, l'Afrique Centrale possède seulement 1,46 ligne téléphonique pour 100 habitants. Ce faible chiffre démontre à quel point les Etats de la sous-région accusent encore un grand retard en matière développement des infrastructures. Un tel état de fait ne favorise pas la réduction du fossé numérique. Tous ces arguments démontrent que l'ARTAC ne joue pas encore pleinement son rôle de régulateur.

1.3 Le centre sous-régional de maintenance des télécommunications d'Afrique Centrale

A la lecture des prérogatives qui lui sont dévolues, ce centre devra assurer la réparation des cartes électroniques complexes des équipements de télécommunications actuellement envoyés aux fabricants. De plus, il devra s'occuper du dépannage et de l'étalonnage des appareils de mesure des entreprises publiques et privées des

161 Commission Economique pour l'Afrique, Rapport annuel sur l'Etat d'avancement des nouvelles technologies, op.cit.

70

télécommunications, de la radiodiffusion, de la télévision et éventuellement d'autres utilisateurs présentement transférés aux fabricants ou aux services spécialisés.

Cependant, 14 ans après sa création en juillet 2000, l'institution sous-régionale n'est pas fonctionnelle. L'exiguïté des budgets nationaux des Etats d'Afrique Centrale, le souverainisme exacerbé des dirigeants, l'instabilité politique qui règne dans certains pays162 de cette partie de l'Afrique et le chevauchement institutionnel163 sont autant de facteurs qui peuvent justifier la grande difficulté pour les Etats à mobiliser les ressources financières nécessaires pour l'édification de cet organe supranational.

1.4 Le projet CAB

La création du projet CAB remonte à mai 2007 lors de la rencontre des Chefs d'Etat et de gouvernement de la CEMAC164. Ce projet vise entre autre, l'augmentation effective de la connectivité, l'accroissement de l'utilisation des services régionaux à large bande et la réduction des prix des services de télécommunications/TIC en Afrique Centrale.

Le projet CAB en cours de réalisation depuis 2009 a déjà permis de déployer le large bande à fibre optique dans la plupart des Etats d'Afrique Centrale (voir figure 2). Ce qui favorise l'amélioration progressive de la connectivité165 sous-régionale.

162 Il s'agit ici de la RCA et de la RDC

163 Appartenance d'un Etat à plusieurs Communautés Economiques Régionales. C'est le cas par exemple du Cameroun qui est à la fois membre de la CEMAC, de la CEEAC, de la Conférence du Golf de Guinée (CGG), de la Commission du Bassin du Lac Tchad (CBLT) et de l'UA.

164 Unité de Coordination du projet CAB, Brochure de présentation du projet CAB, Composante République du Cameroun, p 3.

165 Selon Isabelle Compiègne dans son ouvrage Les mots de la société numérique publié à Paris aux éditions Belin en 2010, la connectivité renvoie à « la capacité que possède un système de se relier à d'autres165 ». Elle désigne également le débit de connexion des appareils tels que l'ordinateur et le téléphone portable à la technologie Internet pour des services divers.

71

72

73

Figure 2 : Accès de l'Afrique aux autoroutes mondiales de l'information par câble sous-
marin à fibre optique

Source : Unité de Coordination du Projet CAB, Composante Cameroun

En effet, cette figure démontre que les pays d'Afrique Centrale ont déjà été raccordés à plusieurs câbles sous-marins à fibre optique au rang desquels nous citons le SAT3166, SAFE167, WACS168 et le ACE169. Le WACS et le ACE restent les principaux câbles en cours de déploiement dans la sous-région. Le câble WACS170 remplace le SAT3 qui en plus de son coût onéreux et de ses capacités insuffisantes, est presque arrivé au terme de sa durée de vie. Cependant, malgré le déploiement progressif du backbone large bande à fibre optique, l'objectif fixé par les Etats de la sous-région d'interconnecter les différentes capitales en 2013 n'est toujours pas atteint. De même, à cause des coûts élevés de connexion au haut-débit, le niveau d'utilisation de la technologie internet reste faible. Le graphique ci-dessous l'illustre clairement.

166 South Atlantic 3

167 South African Far East cable

168 West Africa Cable System

169 Africa Coast to Europe

170 Le projet WACS vise le déploiement d'un câble sous-marin à fibre optique dans l'océan Atlantique qui va relier l'Afrique à la Grande Bretagne en passant par certains pays de la côte ouest africaine. Cette infrastructure dispose d'une capacité de transmission de 5,2 térabits avec une longueur de 14.000 kilomètres. Le WACS a des points d'atterrissements en Afrique du Sud, en Namibie, au Togo, au Cameroun, au Congo, au Cap Vert, en Angola, en RDC et en Côte d'ivoire.

Graphique 6 : Evolution du nombre d'utilisateurs Internet pour 100 habitants en Afrique Centrale de 2001 à 2011

Source : Commission Economique pour l'Afrique, Bureau Sous-Régional de l'Afrique Centrale (CEA/BSR-

AC)171

A la lecture, ce graphique démontre qu'il existe très peu d'utilisateurs internet pour 100 habitants en Afrique Centrale. En effet, hormis Sao Tome et Principe, l'Angola et le Gabon, tous les autres pays de cette partie du continent avaient moins de 10 utilisateurs internet pour 100 habitants en 2011. De plus, le taux de pénétration sous-régional de la technologie internet pour 100 habitants environnait seulement 6,38% à la même période.

Au vu de ces différents éléments, nous pouvons dire que le projet CAB commence à produire des résultats significatifs. Néanmoins, beaucoup reste à faire afin d'aboutir à un maillage total de la sous-région en fibre optique et pour accroître le niveau d'utilisation de l'outil internet.

Rendu au terme de cette section, nous pouvons dire que la réduction de la fracture numérique est un processus en cours d'évolution en Afrique Centrale. Toutefois, les Etats de la sous-région doivent encore relever plusieurs défis afin de parvenir à une couverture universelle sur l'ensemble de leur territoire. Il convient également d'évaluer les stratégies mise en place à l'échelle nationale.

SECTION II : AU NIVEAU DU CAMEROUN

Dans Dans l'optique de résorber les inégalités liées à la diffusion des TIC à l'échelle nationale, les pouvoirs publics ont élaborés un ensemble d'instruments juridiques. En outre, ils ont mis en place plusieurs organismes d'accompagnement aussi bien dans le secteur public

171 Commission Economique pour l'Afrique, Rapport annuel sur l'Etat d'avancement des nouvelles technologies de l'information...

que dans le secteur privé. De même, l'accent a été mis sur le développement des compétences numériques, la modernisation du service public et sur l'équipement des campagnes en moyens de télécommunications modernes. Dans cette partie, il sera question pour nous d'évaluer ces différentes stratégies afin de déterminer leur efficacité. Pour y parvenir, nous commencerons par la législation.

2.1 La législation

Au Cameroun, plusieurs lois, décrets et arrêtés encadrent les activités dans le secteur des télécommunications/TIC. Toutefois, malgré l'existence de toutes ces normes juridiques, il n'en demeure pas moins qu'il n'existe pas encore une loi ou un décret relatif à la défiscalisation des intrants informatiques. Un tel état de fait a des répercutions importantes sur les coûts de vente des appareils tels que l'ordinateur, l'imprimante, le scanner... En effet, le coût d'acquisition d'un ordinateur à l'état neuf nécessite le déboursement d'au moins 150.000 FCFA, une somme excessive pour le camerounais qui perçoit mensuellement un revenu minimum172. Une telle situation ne facilite pas l'accroissement rapide du parc informatique qui se situe actuellement autour 200.000 ordinateurs173.

Par ailleurs, dans le code de procédure pénal camerounais, aucunes dispositions ne prévoient la répression des actes cybercriminels. Dès lors, le champ reste ouvert aux hackers qui se livrent à des pratiques malsaines174. Il convient également d'évaluer la contribution des institutions d'accompagnements.

2.2 Les organismes institutionnels

Le processus de réduction de la fracture numérique au Cameroun est soutenu par les acteurs publics et privés. Parmi les acteurs publics, nous citons le CENADI, la CAMTEL l'ART, l'ANTIC et ENEO Cameroon. Au rang des organismes privés, on distingue les opérateurs de téléphonies mobiles et les ONG. Il importe d'évaluer la participation de ces différentes structures dans le processus de résorption du fossé numérique au Cameroun. Commençons par les institutions publiques.

172 A titre de rappel, le Salaire Minimum Interprofessionnel de Croissance (SMIC) s'élève à 36250

173 http://emploi-jeunes-cameroun.net/IMG/pdf/Business_plan_demantelement_materiel_informatique.pdf site consulté le 30 juillet 2014.

174 A titre indicatif, des invitations fictives ont été adressées par le Président de la République du Cameroun à Madame MAXIMILIANO FABIANO, Consul Honoraire du Cameroun à Trieste en Italie, 15 Janvier 2012 et à Madame Mette SUNNERGEN, Ambassadrice du Royaume de SUEDE au Cameroun, 16 Mars 2012.

a- Le CENADI

74

Le CENADI a été créée en 1988 pour assurer le développement, la promotion et la mise en oeuvre de la politique nationale de l'informatique au sein des administrations publiques et parapubliques. Cependant, on constate qu'aujourd'hui, cette structure se contente essentiellement de la gestion du personnel et de la solde de l'Etat. En conséquence, l'usage des TIC demeure limité dans les administrations publiques. En effet, comme le soulignait Jean Lucien Ewangué en 2003, « moins d'un dixième des agents de l'Etat utilisent l'outil informatique.175 ». En dépit de l'obsolescence de données quantitatives, cette situation qui tend petitement à s'améliorer se justifie par le défaut de compétences numériques de plusieurs agents publics. Par ailleurs, selon une enquête menée par l'UIT176 en 2007, 6,2 % d'institutions possédaient plus d'un ordinateur et 27,6 % en disposaient plus d'un seul. De même, l'utilisation des photocopieurs s'évaluait à 21,5 % et l'équipement des bureaux en téléviseurs se chiffrait à 10,7 %.

b- La CAMTEL

CAMTEL est un établissement parapublic dont la mission principale se résume à la mise en oeuvre de la politique de l'Etat dans le secteur des télécommunications. Dans le cadre de la réduction du fossé numérique, CAMTEL a introduit le wireless à partir de 2001 et l'ADSL en 2004. De même, par l'entremise de cette structure, le Cameroun s'est interconnecté aux câbles sous-marins à fibre optique SAT3/WASC/SAFE177 le 23 août 2002. Ces infrastructures ont été mises en exploitation en 2005178. En outre, CAMTEL a déjà déployé près de 6500 kilomètres de fibre optique sur l'ensemble du territoire. Ce qui a permis d'améliorer la connectivité nationale. Dans le même ordre d'idée, depuis 2000, l'entreprise parapublique oeuvre grandement pour le perfectionnement du réseau local. Le présent tableau montre l'évolution du débit de connexion par années.

175 Ewangue Lucien Jean, « Stratégies d'intégration du Cameroun à la société de l'information et de la communication », Netsud (En ligne), Les fractures numériques Nord/Sud en question, mis à jour le 17/06/2011, p 3.

176 https://www.itu.int/ITU-D/finance/work-cost-tariffs/events/tariff-seminars/bangui-07/cameroun.PDF site consulté le 21 août 2014.

177 South Atlantic 3/ Western Africa Submarine Cable/ South Africa-Far East.

178 Ewangue J.L, « La politique de développement des Technologies de l'Information et de la Communication au Cameroun : une dynamique d'accès inégalitaire à la société de l'information », Symposium Netsud, 2009, p 6.

75

Tableau 3 : Capacités d'accès Internet aux backbones internationaux exploitées par

CAMTEL

Liaisons d'accès

SATELLITES

Fibre Optique / SAT 3

ANNEES

2000

5 MB/s179

0

2001

8 MB/s

0

2002

8 MB/s

0

2003

8 MB/s

34 MB/s

2004

4 MB/s

34 MB/s

2005

4 MB/s

34 MB/s

2006

0

155 MB/s

2007

0

310 MB/s

2008

0

455 MB/s

Source : http://www.antic.cm/images/stories/data/donneesTICCameroun.pdf site consulté le 05 Août

2014

La lecture de ces données démontre qu'il y a une réelle évolution du débit de connexion depuis le début des années 2000. Un tel état de fait facilite la réalisation de certaines opérations autrefois difficiles telles que le téléenseignement, la télédiplomatie et la télémédecine. En outre, avec le raccordement en septembre 2014 au câble sous-marin à fibre optique WACS dans le cadre du projet CAB, le Cameroun a augmenté sa capacité de transmission des données à 5,12 térabits.

Par ailleurs, bien que CAMTEL ait déployé la technologie CDMA en 2004 et lancé le CT-Phone sur le marché en 2005, le réseau de téléphonie fixe n'est pas assez répandu sur l'ensemble du territoire national. A titre illustratif en 2006, ce réseau ne couvrait que 107 localités du pays180. Il semble d'ailleurs plus perceptible dans les grandes métropoles comme Yaoundé et Douala où on retrouve près de 70% des abonnés au réseau CAMTEL181. Un tel état de fait justifie l'incapacité de l'opérateur historique à franchir la barre des 1.000.000

179 Mégabits par secondes

180 Ewangue J.L, « La politique de développement..., p 5.

181 Ibid.

76

d'abonnés182. En outre, la faible pénétration de la téléphonie fixe à des répercutions importantes sur la télédensité fixe. Le tableau ci-contre est un exemple évocateur.

Tableau 4 : Evolution de la télédensité fixe au Cameroun de 1999-2013

Années

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

Nombre de Lignes pour 100 habitants

1

1

1

1

1

1

1

1

1

1

2

3

3

3

4

Source : Tableau conçu par l'auteur à partir des données fournies par la Banque Mondiale sur le nombre de lignes téléphoniques pour 100 habitants.

La lecture du présent tableau démontre que la télédensité fixe connait une faible évolution. Le nombre de lignes existant reste insuffisant pour combler les multiples attentes des usagers. Pourtant, les pouvoirs publics se sont fixés pour objectif dans le DSCE de porter la télédensité fixe à 45 % en 2020. Au regard de l'évolution de la télédensité fixe ces quinze dernières années, il semble convenable de dire que l'objectif poursuivi par les dirigeants sera difficilement atteint.

c- L'ART

La création de l'Agence de Régulation des Télécommunications remonte à 1998. Comme son nom l'indique, l'autorité est chargée de la régulation des activités dans le secteur des télécommunications. De ce fait, l'agence a beaucoup oeuvré pour la baisse des coûts des services de télécommunications. A titre indicatif, la tarification téléphonique est passée d'une facturation à la minute183 pour un appel local qui a évolué de 300 FCFA à 250 FCFA, de 250 FCFA à 200 FCFA, de 200 FCFA à 150 FCFA et de 150 FCFA à 100 FCFA à une taxation à la seconde. Grâce aux recommandations de l'ART, les opérateurs de téléphonie mobile ont commencé à facturer les appels à la seconde depuis 2008. C'est ainsi que la minute d'appel coûte aujourd'hui 60 FCFA. Avec l'entrée du vietnamien Nexttel sur le marché en septembre 2014, ce montant a encore légèrement baissé pour atteindre la somme de 54 FCFA.

182 Ce n'est pourtant pas le cas pour les opérateurs de téléphonie mobile tels qu'Orange et MIN qui ont chacun plus de 4 millions d'abonnés.

183 Au début des années 2000, une minute d'appel téléphonique quel que soit l'opérateur coûtait 300 FCFA.

77

Dans le même ordre d'idée, le coût de la connexion au réseau des réseaux184 diminue au fil du temps. Présentement, en dehors des seuls forfaits mensuels qui existaient en 2000185, chaque individu a la possibilité d'accéder au haut débit grâce à un modem de connexion à partir de 500 FCFA186 tout simplement en s'achetant un forfait journalier. Cependant, malgré la réduction du coût d'accès à l'outil internet, très peu de citoyens utilisent cette technologie au Cameroun (voir tableau ci-dessous).

Tableau 5 : Evolution du nombre d'utilisateurs internet pour 100 personnes

Années

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

Nombre
d'utilisateurs

0,1

0,3

0,3

0,4

0,6

1,0

1,4

2,0

2,9

3,4

3,8

4,3

5,0

5,7

6,4

Source : Tableau conçu par l'auteur à partir des données fournies par la banque mondiale sur le nombre d'utilisateurs internet pour 100 personnes

Au vu de ce tableau, on dénombre juste 6,4 utilisateurs internet pour 100 personnes. Certes l'évolution est croissante, mais il n'en demeure pas moins que l'objectif visé par les pouvoirs publics de porter le nombre d'utilisateurs de l'outil internet à 40 % en 2015 ne sera pas atteint. Ces éléments démontrent à suffisance que le rôle de l'ART pour le développement du secteur des télécommunications reste limité.

d- L'ANTIC

La création de cet établissement parapublic remonte à 2002. De manière globale, la mission de l'ANTIC se résume à la promotion et au développement des TIC sur l'ensemble du territoire national. Dans le cadre de la résorption du fossé numérique, l'agence a organisé plusieurs séminaires de sensibilisation187 sur la cybersécurité et la cybercriminalité pour sensibiliser les populations sur les actes cybercriminels. De plus, cette institution effectue généralement des audits dans les administrations publiques pour s'assurer que les données informatisées sont suffisamment sécurisées. Seulement, malgré ces quelques actions

184 Cf. : Outil Internet

185 Au début des années 2000, il fallait débourser pas moins de 30.000 FCFA par mois pour avoir une connexion internet mensuelle.

186 C'est le cas précisément chez les opérateurs tels que CAMTEL, Orange et MTN.

187 C'est le cas notamment des séminaires tenus du 27 au 29 novembre 2013 à Yaoundé et de ceux organisés au mois de décembre de la même année à Garoua.

78

remarquables, on observe que l'usage des TIC demeure limité dans les ménages. Le nombre de foyers équipés d'un téléviseur l'illustre clairement.

Tableau 6 : Evolution du pourcentage de ménages ayant un téléviseur au Cameroun de 2002-

2009

Années

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

Pourcentage
des ménages

ayant un

téléviseur

18%

20%

23%

26%

29%

31%

32%

33%

Source : Tableau conçu par l'auteur à partir des données fournies par la Banque Mondiale sur le pourcentage
de ménages possédant un téléviseur

Ces chiffres démontrent qu'en 2009, tous les foyers n'étaient pas équipés d'un téléviseur. Ceci semble beaucoup plus perceptible dans les habitations des zones rurales qui pour la plupart ne possèdent pas de téléviseurs du fait de la cherté et dans une certaine mesure, du manque d'énergie électrique. Pourtant, les dirigeants se sont fixés pour objectif de généraliser l'usage de la télévision dans tous les ménages en 2015. Avec un taux d'évolution d'environ 2% par an, on se situerait actuellement à 43% de foyers disposant d'une télévision.

De même, bien que l'ANTIC oeuvre pour la promotion et le développement des TIC au Cameroun, on constate que très peu de ménages disposent d'un accès au haut-débit internet (voir tableau ci-dessous).

Tableau 7 : Evolution du pourcentage de ménages ayant une connexion internet haut-débit au Cameroun de 2002-2009 sur un échantillon de 100 personnes

Années

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

Nombre
d'abonnés

0,00

0,00

0,00

0,00

0,00

0,00

0,00

0,00

0,00

0,03

0,05

0,06

0,08

Source : Tableau conçu par l'auteur à partir des données fournies par la Banque Mondiale sur le nombre
d'abonnés à Internet haut débit fixe pour 100 habitants

Ce tableau laisse entrevoir que la technologie internet reste très peu utilisée dans les ménages. En effet, 0,08 personnes sur 100 possèdent un abonnement Internet haut débit. Le coût élevé de l'acquisition de l'abonnement mensuel au haut débit et la faible sensibilisation

79

de l'ANTIC en faveur de l'utilisation de cet outil sont autant de facteurs justifiant ces faibles chiffres. Avec une telle évolution, les pouvoirs publics n'atteindront pas l'objectif fixé en 2007 d'accroître le taux d'utilisation à 40% en 2015.

Par ailleurs, malgré l'activisme de l'ANTIC en faveur du développement des TIC, l'indice de développement des TIC (IDI) du Cameroun évolue faiblement par rapport à d'autres pays de la sous-région. Le tableau ci-dessous est un exemple évocateur.

Tableau 8 : Evolution de l'IDI de l'UIT au Cameroun et dans certains pays de la sous-région

de 2007-2012

ANNEES PAYS

2007

2008

2010

2011

2012

GABON

Classements :
111eme/157
IDI : 2,08

113eme

2,16

112eme

2,42

111eme

2,47

112eme

2,61

CAMEROUN

Classements :
132eme/157
IDI : 1,37

138eme

1,40

136eme

1,53

138eme

1,60

136eme

1,72

ANGOLA

Classements :
138eme/157
IDI : 1,31

139eme

1,40

132eme

1,58

138eme

1,63

139eme

1,68

CONGO

Classements :
135eme/157
IDI : 1,36

132eme

1,48

133eme

1,55

140eme

1,60

140eme

1,66

Source : Tableau conçu par l'auteur à partir des indicateurs fournis par l'UIT sur l'indice de développement
des TIC dans le monde

La lecture de ce tableau démontre que sur 157 pays classés par l'UIT, les Etats d'Afrique Centrale occupent des positions pas enviables. En dehors du Gabon dont l'IDI se situe à 2,61, le Cameroun et les autres pays stagnent à la valeur inférieure. Un tel état de fait démontre que le fossé numérique demeure non seulement à l'intérieur du Cameroun, mais aussi entre ce pays et certains Etats de la sous-région.

e- ENEO Cameroon

La création de cette institution est récente. Energy of Cameroon oeuvre pour la fourniture et le développement du réseau électrique sur l'ensemble du territoire national.

80

Compte tenu du fait que l'énergie est une condition préalable pour l'utilisation permanente des TIC, cette organisation agit en faveur du triplement de la capacité énergétique nationale et pour l'électrification des campagnes. Toutefois, malgré cet activisme, la densité du réseau électrique demeure faible. Avec une puissance électrique évaluée à près de 1593 Mégawatts188, il est moins aisé de contenter toutes les localités urbaines et rurales en électricité.

De même, bien que les dirigeants aient élaboré le PDSE, créé l'Agence d'Electrification des zones Rurales (AER) et mis en place le projet d'électrification des zones rurales, plusieurs villages et localités périurbaines demeurent non électrifiées. A titre indicatif, en 2008, sur 13.014 villages électrifiables, seulement 2.300 étaient électrifiés189. Un tel état de fait influence grandement la vulgarisation des TIC dans les milieux ruraux et la réduction du fossé numérique entre ces localités et les villes en conséquence. En dehors de l'évaluation du rôle des acteurs publics, il convient également d'apprécier l'action des acteurs privés.

f- Les opérateurs de téléphonie mobile

La libéralisation du secteur des télécommunications a permis l'entrée de trois opérateurs privés de télécommunications sur le marché camerounais. Consécutivement à l'arrivée de ces filiales étrangères, la téléphonie mobile connait une évolution fulgurante au Cameroun comme le démontre ce tableau.

Tableau 9 : Evolution de la télédensité mobile au Cameroun de 1999-2013

Années

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

Nombre de
Lignes
pour 100
habitants

0

1

3

4

6

9

12

17

24

31

40

42

50

60

70

Source : Tableau conçu par l'auteur à partir des données fournies par la Banque Mondiale sur les abonnés à la téléphonie mobile pour 100 personnes

La lecture du tableau 9 démontre que la télédensité mobile évolue beaucoup au Cameroun. Actuellement, on dénombre 70 lignes téléphoniques pour 100 habitants. Ce chiffre

188 Situation énergétique du Cameroun, Rapport 2011, Ministère de l'eau et de l'énergie, Mai 2012, page 22.

189 Système d'Information Energétique du Cameroun (SIE-Cameroun), Etude sur la distribution de l'énergie électrique au Cameroun, 2008.

81

se situe au dessus de l'objectif visé dans le DSCE. Cette évolution exponentielle s'explique par le coût d'achat relativement bas du téléphone mobile190.

Cependant, malgré le bon développement de la téléphonie mobile, plusieurs localités rurales demeurent non couvertes par le réseau de télécommunications. D'après les chiffres fournis par l'ART, le taux de couverture réseau se situe entre 80 et 85 %, mais au regard des faits, il y a lieu de s'interroger sur ces chiffres. Certes, tous les départements sont déjà couverts par les différents opérateurs de téléphonie, mais ce n'est pas encore le cas pour les arrondissements particulièrement ceux situés dans les campagnes.

Dans le même ordre d'idée, on dénombre seulement une soixantaine de fournisseurs d'accès/services internet et services à valeur ajoutée déclarés191 pour une population d'environ 22 millions d'habitants. Cet effectif limité de fournisseurs ne suffit pas pour répondre à une demande nationale sans cesse croissante.

g- La société civile

Plusieurs ONG accompagnent l'Etat dans son processus de réduction de la fracture numérique. A titre indicatif, l'association ANAIS-AC organise généralement des séminaires et des ateliers sur les TIC à l'intention des populations. Elle sensibilise aussi les décideurs sur la problématique, les enjeux et les opportunités offertes par les TIC et attire l'attention des jeunes sur les enjeux de la société de l'information à travers « les rencontres jeunes et TIC4D de Anaïs.AC192 ». Toutefois, malgré ces quelques faits remarquables, l'action de la société civile en faveur de la réduction de la fracture numérique au Cameroun reste faible. Car, on note toujours une faible utilisation des TIC aussi bien au niveau des ménages que dans les milieux éducatifs.

Rendu au terme de l'appréciation du rôle des organismes institutionnels, nous pouvons dire que beaucoup reste à faire pour aboutir à une couverture universelle sur l'ensemble du territoire national. Actuellement, il semble nécessaire d'évaluer les autres dispositions prises par les pouvoirs publics pour résorber la fracture numérique.

190 En effet, il désormais possible de s'offrir un téléphone mobile à partir de 5000 FCFA et parfois même moins.

191 MINPOSTEL, Stratégie sectorielle du domaine des télécommunications/TIC..., p 6.

192 http://www.wagne.net/w3/ong/anais.html site consulté le 12 juin 2014

82

2.3 Evaluation des autres stratégies nationales de réduction du fossé numérique

Pour parvenir à la couverture universelle sur toute l'étendue du territoire, les dirigeants ont également mis l'accent sur le développement des compétences numériques, la mise en place d'une administration électronique et l'équipement des campagnes en moyens de télécommunications modernes. L'opérationnalisation de ces différentes stratégies a favorisé l'accroissement des ressources humaines dans le secteur concerné, la modernisation progressive des services publics et le déploiement des infrastructures de télécommunications.

2.3.1 Accroissement continue des ressources humaines

En accordant une place importante à la formation des populations aux TIC, les pouvoirs publics ont franchi un cap important vers la démocratisation desdits outils. Compte tenu du fait que l'usage effectif et permanent des dispositifs numériques requiert une bonne connaissance des modes d'utilisation, il semblait opportun de promouvoir leur étude afin qu'elles soient employées à bon escient par la majorité des citoyens.

De nos jours, le nombre d'individus s'intéressant à l'utilisation des TIC augmente continuellement aussi bien au niveau primaire, secondaire et universitaire. Dans la première catégorie, le nombre d'apprenants des TIC s'accroit concomitamment avec la hausse du taux de scolarisation. Chaque année, le pourcentage d'enfants allant à l'école primaire progresse considérablement. De par l'insertion au programme de formation d'un enseignement sur l'initiation aux technologies de l'information et de la communication, ces écoliers peuvent déjà se faire une idée des technologies innovantes.

A l'échelle secondaire, la principale évolution s'observe à travers le nombre de candidats qui ont présenté le Probatoire et le Baccalauréat TI (Technologies de l'Information) lors de la session d'examen 2014. Au Baccalauréat, l'OBC193 en a enregistré 457 tandis qu'au Probatoire, on en dénombrait 830. En effet, après avoir reçu pendant neuf mois des enseignements profonds sur les TIC, plusieurs élèves de la série TI ont bravé avec succès leurs examens de fin d'année.

Au niveau supérieur, la filière informatique et tous les autres parcours académiques qui ont trait aux Télécommunications/TIC font l'objet d'un intérêt de plus en plus grandissant de la part des apprenants. Le taux d'inscription dans ces différentes options s'agrandit chaque

193 Office du Baccalauréat du Cameroun

83

année. De même, les institutions universitaires telles que l'ENSP194, l'ENSPT195 et l'IAI196 Cameroun forment chaque année plus de 200 ingénieurs en télécommunication/TIC. Ces derniers font valoir leurs compétences dans les entreprises du secteur concerné. A titre indicatif, plusieurs jeunes diplômés de l'ENSPT et de l'ENSP ont été recrutés par l'opérateur asiatique de téléphonie mobile en 2013. Toujours dans le volet formation, l'IAI, dans le cadre de son opération cent mille (100.000) femmes horizon 2012 a édifié 103.350 femmes appartenant à diverses couches sociales et d'horizons variés à la maîtrise des TIC. Le tableau ci-dessous nous sert d'indicateur.

Tableau 10 : Nombre de femmes formées par catégorie dans le cadre de l'opération 100.000
femmes horizons 2012

Statut

Nombre

Pourcentage (%)

1

Fonctionnaires et cadres d'administration

12.215

11.82

2

Elèves et étudiants

21.104

20.42

3

Sans emploi

37.872

36.64

4

Femmes d'affaires/ Commerçantes

21.253

20.56

5

Cadre d'entreprises privées et para publiques et Responsables d'associations féminines

7.403

7.16

6

Populations vulnérables

3.503

3.39

TOTAL

103.350

100.00

Source : Livre d'or. Opération 100.000 femmes/ horizons 2012, page 25

Le présent tableau laisse entrevoir que cette opération a pris en considération toutes les catégories de femmes. Même celles issues des couches vulnérables ont été formées. Au cours de l'année 2014, l'institut panafricain s'est engagé, dans un horizon indéterminé, à initier près d'un million de citoyens à la maitrise des modes d'utilisation des TIC en vue de promouvoir le développement des compétences numériques des populations.

Toutefois, malgré le fait qu'on observe une réelle hausse au niveau des ressources humaines dans le domaine des télécommunications/TIC, bon nombre de citoyens ne maîtrisent pas encore suffisamment les modes de fonctionnement des technologies

194 Ecole Nationale Supérieure Polytechnique

195 Ecole Nationale Supérieure des Postes et Télécommunications

196 Institut Africain d'Informatique

84

numériques. En effet, plusieurs individus appartenant aux couches défavorisées tels que les handicapés, les enfants, les femmes... ne savent pas se servir de l'outil internet. Très souvent, lorsque l'occasion leur est même donnée d'en faire usage, ils paraissent hébétés devant les images ne sachant que faire. De même, malgré l'opérationnalisation de l'opération 100.000 femmes horizons 2012 bon nombre de citoyens, en majorité les femmes, ne savent ni manipuler un ordinateur ni utiliser la technologie internet. C'est dans cette logique que Robertine Tankeu parle d'une fracture numérique de genre197.

Par ailleurs, bien que l'Etat envisage multiplier par 50 le nombre d'emplois dans le domaine des télécommunications/TIC on remarque que la capacité d'accueil des instituts de formation dans le domaine concerné reste insuffisante par rapport à la demande. Plusieurs élèves et étudiants s'intéressent davantage à l'étude des TIC comme une spécialisation. Mais il existe peu d'institutions académiques offrant des formations adéquates. Celles présentes peuvent seulement accueillir une quantité réduite d'apprenants. Par conséquent, le nombre de spécialistes dans le secteur des TIC demeure limité pour combler le déficit en ressources humaines dans cette filière.

En dehors du développement permanent des ressources humaines, les autres stratégies mises en place par les pouvoirs publics permettent une modernisation progressive des services publics.

2.3.2 La modernisation progressive du service public

Pour moderniser le service public, les pouvoirs publics ont mis en place le projet e-government. De par l'opérationnalisation de ce projet, certains services administratifs des grandes métropoles ont déjà été équipés d'un ensemble de dispositifs techniques. Selon un rapport de la CEA/BSR-AC de 2013 sur l'état d'avancement des TIC en Afrique Centrale, 45 administrations publiques camerounaises situées dans la ville de Yaoundé sont déjà interconnectées par le réseau national à fibre optique.

Dans le même ordre d'idée, les services en lignes commencent à devenir une réalité dans plusieurs administrations publiques. C'est le cas notamment au MINFOPRA198, au MINFI199, au MINSANTE200, au MINESUP201, à l'ARMP202 et au MINESEC203... Au

197 Tankeu Robertine, Fracture numérique de genre au Cameroun : Quelle ampleur ?, Yaoundé, ANAI-AC, 2005.

198 Ministère de la Fonction Publique et de la Réforme Administrative

199 Ministère des Finances

200 Ministère de la Santé

85

MINESEC par exemple, les affectations se gèrent maintenant en ligne. L'enseignant nouvellement diplômé de l'ENS204 ou de l'ENSET205 suit toute la procédure relative à son affectation à travers l'interface internet206 de ce département ministériel. Une telle innovation minore les déplacements et diminue les dépenses à ces jeunes futurs fonctionnaires dont les moyens sont souvent modestes au début de leur carrière.

Il importe également de noter que presque tous les départements ministériels et la majorité des établissements publics possèdent des sites web à partir desquels les usagers peuvent obtenir des informations importantes.

Cependant, malgré ces avancées remarquables la plupart des services administratifs camerounais s'illustrent par un manque de célérité qui paralyse leur efficacité. Présentement, la majorité des services centraux de l'Etat sont équipés en ordinateurs, connexion internet haut débit, photocopieuses, scanners... Mais, certains services déconcentrés ne disposent même pas d'un ordinateur ou d'une photocopieuse. Dans ce cas, il est souvent assez difficile de rapidement acheminer les dossiers d'un service central vers un service déconcentré.

De plus, en 2007, seulement 10,8 %207 d'organisations publiques et privées possédaient un site internet et 9,2 %208 d'entre elles disposaient en leur sein d'une connexion internet haut débit. En créant des sites internet, les structures administratives voulaient faciliter l'accès à l'information publique aux usagers. Cependant, la consultation de ces interfaces numériques montre que les données y mentionnées sont rarement mises à jour. Un tel état de fait démontre que l'usage des TIC dans les administrations aussi bien publiques que privées reste limité. Toujours dans une logique évaluative, les autres stratégies mises en place pour réduire la fracture numérique ont permis le déploiement des infrastructures de télécommunications dans plusieurs localités rurales.

201 Ministère de l'Enseignement Supérieur

202 Agence de Régulation des Marchés Publics

203 Ministère des Enseignements Secondaires

204 Ecole Normale Supérieure

205 Ecole Normale Supérieure d'Enseignement Technique

206 www.tchaytchay.com/drhminesec/

207 https://www.itu.int/ITU-D/finance/work-cost-tariffs/events/tariff-seminars/bangui-07/cameroun.PDF site consulté le 21 août 2014.

208 Ibid.

86

2.3.3 Le déploiement des infrastructures de télécommunications dans les campagnes

Dans l'optique de réduire le fossé numérique entre les villes et les campagnes, les pouvoirs publics ont décidé en 2007, de doter 40.000 villages de TCP ou de PAN d'ici 2020. A ce jour, 116 TCP et PAN ont été mis en place et fonctionnent effectivement (Voir annexe numéro 1 sur les TCP). Cependant, certains d'entre eux se retrouvent dans des zones non couvertes par le réseau électrique où on se sert du groupe électrogène ou des plaques solaires comme palliatifs. Toutefois, ces mesures ne sont pas pérennes puisqu'une panne peut subvenir à tout moment. Considérant ces paramètres, l'accès aux TIC pour les populations résidant dans les zones enclavées reste fortement réduit. Ceci démontre à suffisance que la fracture numérique demeure entre les villes et les campagnes.

Parvenu au terme de cette section, nous pouvons dire que le processus de réduction de la fracture numérique au Cameroun est en cours d'évolution. Seulement, au vu des différentes données statistiques, l'évolution de ce processus n'est pas satisfaisante.

CONCLUSION DU CHAPITRE 3

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En définitive, la réduction de la fracture numérique en Afrique Centrale en général et au Cameroun en particulier reste en cours. Au niveau sous-régional, nous avons constaté que les stratégies mises en place par les dirigeants ont favorisé l'accroissement de la télédensité mobile, le déploiement du backbone large bande à fibre optique et le développement des infrastructures de base. A l'échelle nationale, l'opérationnalisation des stratégies a donné lieu à la baisse du coût des produits et services, au déploiement des infrastructures de télécommunications, à l'accroissement des ressources humaines et à la modernisation du service public. Toutefois, malgré la mise en oeuvre de toutes ces mesures, il n'en demeure pas moins que l'évolution du processus de résorption du fossé numérique aussi bien sur le plan communautaire que sur le plan interne n'est pas satisfaisante. Ceci s'est illustré par la faible télédensité fixe, le faible taux d'utilisation de l'outil internet et à travers le défaut de compétence numérique de plusieurs habitants. Ces éléments démontrent à suffisance le manque d'efficacité des stratégies mises en oeuvre. Dès lors, il importe, dans une logique prospective d'apporter des axes de réajustement en vue d'améliorer le processus de vulgarisation des TIC dans cette partie du continent.

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CHAPITRE 4 : PERSPECTIVES POUR UNE MEILLEURE REDUCTION DE
LA FRACTURE NUMERIQUE

Le chapitre précédent nous a permis de démontrer que les stratégies mises en place en Afrique Centrale en général et au Cameroun en particulier pour réduire le fossé numérique tardent à produire les résultats escomptés. Ce chapitre nous permettra d'énoncer quelques pistes envisageables pour une meilleure réduction de la fracture numérique dans la sous-région.

SECTION I : REAJUSTEMENTS AU NIVEAU SOUS-REGIONAL

L'intégration régionale se définit comme un processus consistant à surmonter d'un commun accord, les difficultés politiques, physiques, économiques et sociales qui séparent les pays de leurs voisins. Elle renvoie aussi à la collaboration dans la gestion des ressources partagées et des biens communs régionaux209. Dès lors, l'intégration régionale demeure la seule issue à travers laquelle l'Afrique sortira de l'ornière. Plus de cinquante ans après les indépendances des années 60, nombre d'Etats du continent, précisément ceux d'Afrique Centrale quêtent encore leur émergence dans presque tous les domaines. En ce qui concerne les TIC, malgré la définition des politiques de développement du secteur des télécommunications/TIC, les inégalités demeurent entre les pays de la sous-région. Fort de ce constat, quelques pistes de solutions restent envisageables notamment, la nécessité de promouvoir une vision communautaire du développement qui se focaliserait non seulement sur l'harmonisation des législations et des politiques tarifaires mais aussi sur l'acquisition d'un satellite de communications. Dans la même optique, il semble judicieux d'envisager la consolidation et la mise en place de nouveaux organismes supranationaux dans ce domaine.

1.1 Harmonisation des législations et des politiques tarifaires

L'harmonisation renvoie à un réajustement ou encore à la mise en cohérence des politiques dans l'optique d'atteindre un objectif donné. Dans le domaine de l'intégration régionale, l'harmonisation des législations peut se définir comme un processus de rapprochement des règlementations des Etats membres d'une Communauté Economique Régionale (CER). L'harmonisation des législations permet de créer un certain degré

209 http://eeas.europa.eu/delegations/madagascar/eu_madagascar/trade_relation/integration/index_fr.htm site consulté le 04 janvier 2014.

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d'homogénéité et de cohérence entre les différents instruments juridiques nationaux. Ce qui favorise la réalisation des objectifs communs. L'harmonisation des politiques tarifaires est un processus identique à l'harmonisation des législations car, elle permet également de rapprocher les diverses tarifications nationales dans l'optique d'adopter une politique tarifaire commune. Pour une meilleure réduction du fossé numérique, il est opportun que les pays de la sous-région harmonisent leurs législations et leurs politiques tarifaires.

a- L'harmonisation des législations nationales

La faible démocratisation des TIC en Afrique Centrale est souvent tributaire de l'absence d'un environnement juridique et règlementaire favorable aux investissements et au renforcement de la société du savoir210. Les gouvernants de la sous-région devraient mutualiser leurs efforts pour élaborer une législation commune dans ce sens. A propos, la CEEAC en partenariat avec l'UIT envisage déjà à moyen terme l'élaboration des lois types sur les transactions électroniques et la cybersécurité211. L'aboutissement de ce partenariat favorisera l'implantation et l'émergence de nouvelles catégories d'entreprises en Afrique Centrale. L'extension de ce genre d'initiatives dans d'autres domaines relevant du secteur des télécommunications/TIC est souhaitable. De même, l'adoption d'une tarification commune s'impose comme une solution idoine pour réduire le fossé numérique.

b- Adoption d'une politique tarifaire commune

La disparité au niveau des coûts des services de télécommunications notamment les tarifs de communications électroniques pose encore d'énormes problèmes pour une meilleure vulgarisation des TIC dans la sous-région. A titre d'exemple, un appel émis à partir de n'importe quel Etat d'Afrique Centrale vers un pays occidental (Europe, Amérique...) coûte moins chère qu'un appel en direction d'un pays de la sous-région. Il en est de même pour l'accès à Internet qui reste encore élevé pour les citoyens moyens. De plus, les prix de ces services varient selon les pays. A titre illustratif, l'abonnement internet haut débit mensuel au Gabon coûte plus de 70 % du Salaire Minimum Interprofessionnel de Croissance (SMIC)212. Au Cameroun en revanche, ce taux est largement supérieur au SMIC puisqu'il faut débourser environ 60.000 FCFA pour s'offrir le même service. Ces contrastes s'expliquent certainement

210 Etat d'avancement du processus d'intégration en Afrique Centrale. Prospectus 2010, CEA/BSR-AC, Yaoundé, juin 2010, p 31.

211 Ibid.

212 Ibid.

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par le coût onéreux d'achat de la capacité et des droits de transit des communications. Pour y remédier, les Etats gagneraient à harmoniser leurs tarifs de communications ainsi que tous les autres services y relatifs de manière à faciliter l'intégration des peuples. Dans le même ordre d'idée, les pays de la sous-région peuvent se mettre ensemble pour acquérir un satellite de communications.

1.2 Nécessité d'acquérir un satellite de communications

Si l'on se fie à la définition donnée par le Dictionnaire Larousse, le satellite renvoie à un engin placé par un système de transport spatial (fusée, navette) en orbite autour d'un astre en particulier la terre. Les satellites favorisent « un développement extraordinairement puissant des télécommunications213. » Avec ces dispositifs, il devient plus facile d'étendre et d'accélérer les moyens de communications actuels214.

De plus, le réseau satellitaire couvre de vastes étendues terrestres, ce qui donne la possibilité aux populations des zones enclavées souvent lésées en équipements de télécommunications, de bénéficier d'une couverture réseau plus large offrant divers services dérivés des TIC.

Par ailleurs, compte tenu de l'environnement physique difficile d'Afrique Centrale, il reste difficile aux pays de la sous-région d'assurer une couverture réseau filaire sur l'ensemble de leur territoire. A cela se greffe les multiples dégâts matériels occasionnés par les conflits internes dans certains pays215. Une vision commune du développement des télécommunications demeure la solution idoine qui faciliterait l'expansion du réseau.

De même, en conjuguant leurs efforts, les Etats de l'espace CEEAC qui pour la plupart sont en quête d'émergence, réaliseraient ce voeux louable d'acquérir un satellite de communications. Pour y parvenir, ils devraient d'abord mettre un terme à leur souverainisme exacerbé et à leur velléité égocentrique comme c'est généralement le cas au profit de l'idéal communautaire.

A travers l'acquisition d'un satellite, les gouvernants résoudraient largement le problème d'accessibilité des TIC car, cet engin diminuerait énormément le coût de plusieurs services tels que les communications électroniques, la connexion internet haut débit, la

213 L'information à l'ère spatiale, UNESCO, Paris, 1968, p12.

214 Ibid.

215 Pour le cas d'espèce, on évoquera la RDC et la Centrafrique

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télévision numérique... Comme un effet d'engrenage, les populations utiliseront mieux ces technologies dans la mesure où elles ne leur seront plus hors de portée. Seulement, l'acquisition de cette infrastructure de haute technologie demeure coûteuse pour un seul pays d'Afrique Centrale au vu de l'exiguïté des budgets nationaux.

Eu égard à tout ce qui précède, l'adoption d'une législation et d'une politique tarifaire commune et la mise en place d'un réseau satellitaire sous-régional s'imposent comme des préalables indispensables pour une démocratisation véloce des TIC en Afrique Centrale. Le renforcement des structures existantes et la création des organismes supranationaux dans le secteur concerné semblent aussi d'une grande utilité.

1.3 Renforcement des structures existantes au niveau sous-régional

Les principales mesures prises par les pays d'Afrique Centrale pour réduire le fossé numérique restent la mise en oeuvre de la COPTAC, l'Association des Régulateurs des Télécommunications (ARTAC), le centre sous-régional de maintenance des télécommunications d'Afrique Centrale et l'élaboration du projet CAB. Il importe de redynamiser ces structures pour une meilleure vulgarisation des TIC dans la sous-région.

· La COPTAC

La COPTAC regroupe les ministres en charge des postes et des télécommunications de la CEEAC. Son activité se résume à la définition et la mise en oeuvre des politiques d'orientation et d'élaboration des stratégies communes dans le secteur concerné. Cette institution assure également le développement et l'amélioration de la qualité des services en vue de promouvoir une meilleure intégration sous-régionale, régionale et internationale dans le domaine des télécommunications. Seulement, plus de 25 ans après sa création, son action tarde encore à produire les résultats escomptés, d'où la nécessité d'insuffler à cet organe interministériel une nouvelle dynamique afin qu'il joue pleinement son rôle.

· L'ARTAC

Cette association oeuvre pour l'harmonisation des réglementations en matière de fourniture et de tarification des services de télécommunications dans les pays de la sous-région. Mais depuis sa création en 2004, on note une absence de législation communautaire dans le domaine des télécommunications/TIC en Afrique Centrale. Il conviendrait alors de

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transformer cette structure en une véritable organisation supranationale afin qu'elle puisse jouer un rôle plus important dans le processus de développement des télécommunications et de la réduction du fossé numérique en conséquence.

· Le projet CAB

Ce projet vise le déploiement d'un réseau de télécommunications haut débit à fibre optique dans toute la communauté. La première phase du programme qui comprend trois pays dont le Cameroun, le Tchad et la RCA avance considérablement et l'on s'achemine vers la fin d'ici l'année 2016. Au terme de cette phase, la connectivité s'améliorerait certainement pour satisfaire le maximum d'usagers de l'outil internet. Cependant, au vu du faible taux d'utilisation de la technologie internet dans la sous-région, il semble nécessaire d'accélérer la mise en oeuvre du projet afin qu'on puisse aboutir à la réduction des coûts de connexion. De même, l'interconnexion des différentes capitales des pays d'Afrique Centrale par le backbone à fibre optique s'impose en vue de renforcer l'intégration des peuples.

· Le centre sous-régional de maintenance des télécommunications d'Afrique Centrale

La création du centre sous-régional de maintenance des télécommunications remonte à juillet 2000. Sa mission se résume au dépannage et à l'étalonnage des appareils de mesure des entreprises publiques et privées des télécommunications, de la radiodiffusion, de la télévision et éventuellement d'autres services spécialisés. Cependant, plus de quatorze ans après sa création, cette structure communautaire n'est toujours pas opérationnelle. Les travaux relatifs à sa construction ont débuté au cours de l'année 2013. Un tel état de fait peut se justifier par le manque de volonté politique de certains gouvernants de la communauté. Pourtant, il conviendrait d'accélérer les travaux de construction de cet édifice supranational de par l'affectation des fonds nécessaires.

Outre, la consolidation des structures existantes, il faudrait envisager la création de nouveaux organismes supranationaux pour une meilleure réduction de la fracture numérique en Afrique Centrale.

1.4 Création de nouvelles structures sous-régionales

93

Dans l'optique de promouvoir le développement des télécommunications/TIC à travers l'intégration régionale, les dirigeants d'Afrique Centrale devraient créer une structure sous-régionale de téléphonie mobile et un organisme commun de régulation du secteur concerné.

1.4.1 Mise en place d'un opérateur communautaire de téléphonie mobile

Le marché des télécommunications apparait très rentable dans la plupart des pays aujourd'hui. Toutes les entreprises qui investissent dans ce domaine font de gros bénéfices. D'autre part, la vente des services de télécommunications contribue au PIB de nombreux Etats dans la société internationale. Un rapport de l'UIT publié en 2012 a confirmé que «Le secteur des TIC est devenu en soi l'un des principaux moteur du développement économique216 ».

L'Afrique Centrale pourrait exploiter cette filière porteuse non seulement pour résorber le fossé numérique qui la caractérise mais également pour réduire le niveau de pauvreté galopante observé grâce à la création d'un opérateur communautaire de téléphonie mobile. La mise en place d'une telle structure permettrait de diminuer la tarification excessive voire inéquitable appliquée par les filiales étrangères qui, se taillent encore les grosses parts de marché et réalisent des chiffres d'affaires fabuleux sans toutefois investir grandement dans le développement des infrastructures. Ce qui est pourtant contraire à la recommandation de l'UIT sur l'accès universel aux TIC.

Par ailleurs, la création d'un opérateur communautaire de télécommunications diminuerait significativement le coût des communications électroniques et d'abonnement au haut débit. Grâce aux éventuels bénéfices que la société pourrait engendrer, les dirigeants étendraient aisément le réseau dans toute la sous-région. Une autre alternative, la mise en place d'un organisme de régulation commun.

216 Voir Mesurer la société de l'information...

1.4.2 Création d'un organe de régulation commun

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Sous un angle juridique, la régulation fait référence à l'« action de régler un phénomène pour le maîtriser dans le temps, par exemple dans le domaine économique217Au vu de cette définition, la régulation du paysage des télécommunications renvoie à l'encadrement de toutes les activités de ce secteur par les autorités publiques de manière à le contrôler efficacement.

A ce jour, on dénombre 06 Etats218 sur 10 qui disposent d'un organe de régulation autonome. Un tel état de fait ne permet pas d'harmoniser les législations et les politiques tarifaires des Etats d'Afrique Centrale facilement. Il semble alors nécessaire de mettre en place un organe de régulation commun qui permettrait une meilleure régulation des activités du secteur des télécommunications dans la sous-région.

En effet, à travers la mise en oeuvre d'une agence communautaire de régulation des télécommunications, les gouvernants contrôleraient mieux le marché sous-régional. En attribuant à cette structure de hautes compétences comme c'est le cas avec la COBAC219, l'organisme communautaire pourrait naturellement imposer la volonté souveraine des Etats aux entreprises étrangères. De même, la création d'un organe de régulation communautaire pourrait facilement s'effectuer à travers la transformation de l'ARTAC en une structure sous-régionale.

Au terme de cette section, il convient de relever qu'une vision communautaire du développement des télécommunications/TIC semble inévitable pour rapidement démocratiser les technologies numériques en Afrique Centrale. En évoluant en rangs dispersés, il serait difficile pour les dirigeants de la sous-région de réaliser l'accès universel sur l'ensemble de leur territoire ce qui est pourtant indispensable pour la réduction de la pauvreté.

SECTION II : REAJUSTEMENTS AU NIVEAU NATIONAL

Pour que la politique nationale de réduction de la fracture numérique soit plus efficace, il est nécessaire que les pouvoirs publics allègent la fiscalité. Ils doivent également procéder au renforcement du rôle des organismes institutionnels qui oeuvrent pour la cause à

217 Cf. Lexique des termes juridiques, Paris, Dalloz, 14e édition, 2003, p 497.

218 Cameroun, Gabon, RCA, RDC, Sao-Tomé-Et-Principe et le Tchad.

219 Commission Bancaire d'Afrique Centrale. Cette structure contentieuse spécialisée de la CEMAC détient un véritable pouvoir de censure à l'égard des établissements de crédit exerçant dans les Etats membre de cette communauté.

95

96

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l'échelle nationale. Les dirigeants doivent aussi mettre un accent particulier sur la formation des citoyens aux TIC. De même, l'accélération du développement des infrastructures et la promotion de l'industrialisation dans le secteur des TIC s'impose.

2.1 Allègement de la fiscalité, renforcement du rôle des organismes institutionnels et
renforcement des capacités des populations dans le domaine des TIC

Il s'agira ici, de mettre en évidence la nécessité de procéder à un allègement du fisc. Nous analyserons également le rôle que devrait davantage jouer les structures publiques et privées dans le processus de démocratisation des technologies numériques au Cameroun. De même, la formation continue des citoyens aux modes d'emplois et de fabrication des TIC suscitera un intérêt particulier.

2.1.1 Allègement de la fiscalité

La fiscalité selon le dictionnaire Larousse renvoie au système de perception des impôts, à l'ensemble des lois qui se rapportent aux impôts220. En d'autres termes, la fiscalité fait référence aux pratiques utilisées par un État ou une collectivité territoriale pour percevoir les impôts et autres prélèvements obligatoires221. Dès lors, la fiscalité joue un rôle déterminant dans l'économie d'une nation. Dans le secteur des télécommunications, l'Etat engrange d'énormes recettes fiscales de par l'achat par les consommateurs des dispositifs tels que les ordinateurs, les téléphones portables, les scanners... et l'usage permanent des services dérivés. Par contre, on note que l'accès aux TIC demeure limité pour le citoyen moyen qui du fait des montants prohibitifs est toujours incapable de se procurer un ordinateur, un téléviseur, un modem internet et en faire usage de façon permanente. Il conviendrait alors d'instituer une loi sur la défiscalisation des intrants informatiques. Ceci permettrait à coup sûr de réduire les coûts de vente du dispositif su-cités et partant, de faciliter l'acquisition et l'usage de ces outils dans les ménages.

Par ailleurs, l'Etat prélève généralement une part importante sur les recettes des opérateurs privés de téléphonie mobile. Un tel état de fait ne les permet pas de réinvestir une partie de leurs bénéficies dans le développement des réseaux. En allégeant leur régime fiscal, les pouvoirs publics encourageraient ces filiales étrangères à étendre leur taux de couverture

220 http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/fiscalit%C3%A9/33867 site consulté le 05 janvier 2015.

221 http://www.journaldunet.com/business/pratique/dictionnaire-comptable-et-fiscal/17162/fiscalite-definition-traduction.html site consulté le 05 janvier 2015.

réseau dans tout le pays. Dès lors, les populations résidant dans les milieux ruraux accéderont à la téléphonie mobile au même titre que les personnes vivant en zones urbaines. En dehors de l'allègement de la fiscalité, il importe également de renforcer le rôle des organismes institutionnels.

2.1.2 Renforcement du rôle des acteurs

Les organisations publiques et privées sont les principaux acteurs qui oeuvrent pour la réduction de la fracture numérique au Cameroun. Ces derniers devraient désormais jouer un rôle plus important. C'est dans ce sens qu'il importe de renforcer leur action.

· Le CENADI

Créé le 12 août 1988 pour assurer le développement, la promotion et la mise en oeuvre de la politique nationale de l'informatique au sein des administrations publiques et parapubliques, la mission du CENADI se résume aujourd'hui à la gestion du patrimoine de l'Etat222. Cette structure qui jusqu'à présent demeure logée dans l'enceinte du ministère en charge des finances, devrait être délogée de son ministère de tutelle et être érigée en institution autonome223 comme c'est le cas avec l'ART, ENEO, le CNC224 et l'ANTIC. Par ailleurs, étant la structure en charge de l'informatique cette dernière devrait s'assurer de la formation dans ce domaine. De plus, elle devrait donner systématiquement son avis en matière d'acquisition du matériel informatique sur toute l'étendue du territoire national.

· L'ART

La création de l'ART remonte à juillet 1998 suite à la libéralisation du secteur des télécommunications. Sa mission se résume à la régulation, au suivi et au contrôle des opérateurs, des exploitants des réseaux et des fournisseurs de services de communications électroniques. Mais 17 ans après sa mise en place, le rôle de l'agence tarde à se matérialiser de façon concrète. Car, les prix des services dérivés de l'usage des TIC tels que les communications électroniques et l'abonnement à l'outil internet demeurent élevés pour le citoyen moyen. Pour remédier à cette situation, l'ART devrait agir en concertation avec les

222 Voir M.A Zintchem, « Problématique de l'appropriation des Technologies de l'Information et de la Communication au

Cameroun »..., page 265.

223 Ibid.

224 Conseil National de la Communication

associations des consommateurs et en collaboration avec les opérateurs de téléphonie mobile pour instaurer une tarification relativement abordable pour la grande majorité des populations. Ceci donnera la possibilité à chaque citoyen, quelle que soit sa classe sociale de se connecter à la technologie internet et partant, de contribuer à l'économie numérique.

· L'ANTIC

L'ANTIC oeuvre pour la promotion et le développement des TIC sur l'ensemble du territoire. Chaque année, l'agence organise des séminaires de sensibilisation sur l'usage des TIC, mais trop peu de personnes y prennent part à cause du manque d'information. Par ailleurs, la configuration des séminaires poussent parfois une bonne partie des citoyens aux facultés de compréhension réduites à ne pas participer aux ateliers qui sont pourtant ouverts au public. Le cas échéant, ces conférences prennent alors l'allure des débats entre individus aux aptitudes cognitives similaires. Dès lors, l'Agence devrait davantage se rapprocher des usagers notamment les couches vulnérables dans leurs campagnes de sensibilisation et de vulgarisation des TIC.

· La CAMTEL

L'opérateur historique demeure la principale structure chargée de la mise en oeuvre de la politique nationale des télécommunications définie par le MINPOSTEL. Compte tenu du fait que le réseau de téléphonie fixe géré par CAMTEL depuis près de 17 ans évolue lentement sur l'ensemble du territoire, il serait convenable que cet établissement parapublic se dessaisisse de la fourniture des services à valeur ajoutée. Aussi, la mission de l'organisation devrait-elle se résumer au déploiement de la fibre optique dans tout le triangle national et à l'élaboration des cadres règlementaires pour la vente de cette technologie de pointe aux opérateurs privés de téléphonie mobile.

· ENEO Cameroon

ENEO Cameroon gère le développement du réseau électrique national et la fourniture de l'énergie électrique sur l'ensemble du territoire. Seulement, à ce jour, plusieurs localités rurales demeurent non électrifiées. Pour remédier à cette situation, le nouvel établissement parapublique pourrait déployer les énergies renouvelables telles que l'énergie solaire ou l'énergie éolienne dans les campagnes afin de permettre aux populations y

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résidantes d'utiliser les TIC de manière permanente. Il importe aussi de renforcer l'action des organisations privées.

· Les opérateurs privés de téléphonie mobile

Les principales structures privées qui oeuvrent dans le secteur des télécommunications au Cameroun sont entre autres, les trois opérateurs privés de téléphonie mobile, les FAI et certaines ONG. En ce qui concerne les opérateurs de téléphonie, on note que malgré la réalisation de gros chiffres d'affaires225, Orange et MTN ne couvrent pas encore tout le territoire national. Ces entreprises étendent beaucoup plus leur réseau dans les zones à forte activité économique où le pouvoir d'achat des populations est assez significatif. Par conséquent, les localités reculées se retrouvent lésées en infrastructures de télécommunications. Aussi, les sociétés de téléphonie mobile devraient davantage soutenir les pouvoirs publics dans leurs stratégies de démocratisation des TIC, en assurant la couverture minimale dans tous les coins et recoins du triangle national. Ceci facilitera la diffusion et l'usage du téléphone portable dans tout le pays.

· Les ONG

Dans le chapitre précédent, nous avons noté que l'action des ONG dans le cadre de la réduction du fossé numérique n'est pas très perceptible. Ces dernières amplifieraient leur participation au processus à travers la sensibilisation et la formation d'un nombre plus élevé de personnes appartenant aux couches défavorisées à l'usage des dispositifs technologiques. De même, ces acteurs devraient même assurer le rôle d'intermédiaire entre les gouvernants et la population en ce qui concerne l'élaboration des programmes de développement et la prise de certaines décisions importantes dans le domaine visé. Notons également que de par leur proximité avec les couches vulnérables, les membres de la société civile peuvent facilement susciter un grand intérêt auprès des couches défavorisées par rapport à l'usage des TIC et de leurs effets positifs. Car, en dépit des initiatives publiques mises en oeuvre dans ce cadre, ces catégories de personnes se montrent encore réfractaires aux TIC à cause de leur ignorance des modes d'emplois. Une vulgarisation rapide des TIC exige aussi la promotion de la formation des populations à l'usage de ces technologies.

225 Pour le compte de l'année 2012, Orange Cameroun réalisa un chiffre d'affaires d'environ deux cent millions de FCFA.

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2.1.3 Promotion de la formation des citoyens dans le domaine des TIC

Grâce aux stratégies mises en oeuvre par les dirigeants, beaucoup d'élèves et étudiants s'intéressent de plus en plus à l'étude des technologies numériques et plusieurs citoyens connaissent même déjà comment utiliser un ordinateur et l'outil internet. Mais, au vu du manque d'enseignants en TIC, de la faible couverture du réseau électrique, du déficit d'équipements en ordinateurs et en connexion internet dans plusieurs lycées et collèges des zones rurales, il devient très difficile pour les élèves d'acquérir les notions dans cette discipline. L'Etat gagnerait alors à augmenter le nombre de places ouvertes pour la formation des professeurs de cette discipline dans les écoles normales supérieures.

De plus la mise en oeuvre d'un partenariat avec les ONG oeuvrant dans le domaine des TIC permettrait de doter bon nombre d'établissements, en particulier ceux situés dans les campagnes en matériels informatiques. Il conviendrait aussi de multiplier les initiatives similaires à l'opération cent mille femmes horizons 2012 de l'IAI en englobant cette fois-ci tous les groupes vulnérables souvent marginalisées au rang desquels on distingue les orphelins, les jeunes illettrés et les handicapés.

Par ailleurs, l'Etat devra envisager la création d'une école supérieure essentiellement spécialisée dans la formation des ingénieurs informaticiens. Cela favoriserait le développement de l'entreprenariat et surtout l'innovation dans ce secteur. Le cas échéant, le Cameroun ne figurera plus comme une simple nation consommatrice des technologies numériques mais aussi comme un Etat producteur de celles-ci.

Bien que l'allègement de la fiscalité, le renforcement du rôle des organismes institutionnels et la promotion de la formation semblent opportuns, il convient également d'instaurer un partenariat intelligent propice au développement infrastructurel et de promouvoir l'industrialisation dans le domaine concerné.

2.2 Mise en place du partenariat pour le développement infrastructurel et promotion de
l'industrialisation

Il s'agira de mettre en exergue le partenariat pour le développement infrastructurel et l'industrialisation dans le domaine des TIC.

100

2.2.1 Le partenariat public-privé socle : du développement infrastructurel

Le déficit infrastructurel relevé dans le chapitre précédent impose la mise en place d'un partenariat favorable à l'essor des équipements de télécommunications et d'énergie électrique.

a- Dans le secteur des télécommunications

Le réseau de télécommunications actuel semble encore faible pour satisfaire les multiples attentes des usagers et plus précisément ceux situés dans les zones reculées. Ce déficit ne favorise nullement l'accélération du processus de résorption de la fracture numérique. Malgré le déploiement de 6500 kilomètres de fibre optique par CAMTEL et le lancement du projet des télécentres communautaires polyvalents par le MINPOSTEL, beaucoup de camerounais résidant en milieux ruraux pâtissent encore du défaut d'infrastructures de télécommunications. Cependant, comme le souligne Emmanuel KOUAKAM dans le trimestriel Le défi numérique226, le développement d'un partenariat intelligent entre le gouvernement, les ONG, les organismes de développement, le secteur privé et les communautés locales permettrait de remédier efficacement à ce problème. L'instauration du partenariat s'impose aussi dans le domaine énergétique.

b- Dans le secteur énergétique

L'usage permanent des TIC requiert l'existence de l'énergie électrique. Mais compte tenu du fait que plusieurs campagnes ne disposent pas d'électricité, le téléviseur, le téléphone portable, l'ordinateur... restent des appareils moins utilisés. Avec le PDSE227, les dirigeants envisagent le triplement de la puissance énergétique et l'extension du réseau électrique. En conséquence, chaque citoyen, quel que soit son lieu de résidence pourra en principe, avoir accès à l'énergie et partant, se servir des dispositifs numériques en permanence. Néanmoins, ce programme ne suffirait point pour fournir toutes les localités particulièrement celles éloignées en électricité. Aussi la constitution d'un partenariat public-privé faciliterait-elle la desserte de ces zones. Toutefois, faudrait-il d'abord libéraliser ce secteur afin d'y établir un environnement concurrentiel. Il convient également de promouvoir l'industrialisation dans le domaine des TIC.

226 Le défi numérique, ANAIS-AC, Yaoundé, N°1, Janvier-Mars 2002.

227 Plan du Développement du Secteur de l'Electricité

101

2.2.2 Promotion de l'industrialisation du secteur des télécommunication/TIC

Cette activité passe par l'appui des initiatives locales et l'attrait des investissements directs étrangers.

a- Le soutien des initiatives locales

Grâce à l'intérêt de certains citoyens à l'étude des procédés de fabrication des outils de télécommunications et des TIC, on observe peu à peu de la créativité et de l'innovation dans ce domaine. Le 19 mars 2014, Théophile Abéga Moussa lançait avec l'aide de MGSOFT, la première boutique camerounaise en ligne d'applications mobiles baptisée Mboa-Store et répondant aux besoins locaux. Au cours de la même année, le jeune ingénieur informaticien, diplômé de l'Ecole Nationale Supérieure Polytechnique (ENSP) Arthur Zang, a mis sur pied le Cardiopad228. Cette création lui a valu la victoire en juin 2014 du concours Rolex awards for enterprises organisé tous les deux ans. Pour mener son projet à terme, le jeune créateur a reçu le soutien financier du chef de l'Etat à hauteur de vingt million de FCFA. Un tel appui est très encourageant, seulement les pouvoirs publics soutiendraient davantage les chercheurs qui s'exercent dans l'innovation technologique en attribuant une somme plus importante au meilleur innovateur229 et surtout, en leur donnant les moyens nécessaires pour accroître les performances de leurs appareils afin de les commercialiser partout dans le monde. L'attrait des investissements extérieurs apparaît aussi comme un facteur d'industrialisation.

b- L'attrait des Investissements Directs Etrangers (IDE)

L'IDE, selon l'OCDE230, fait référence à « un investissement réalisé par une entité résidente d'une économie dans le but d'acquérir un intérêt durable dans une entreprise résidente d'une autre économie »231. Les IDE favorisent la production et la création des richesses qui se présentent comme d'importants facteurs de développement économique.

228 Considéré comme la première tablette tactile africaine à usage médical, cet appareil permet aux infirmiers des zones rurales d'envoyer les résultats des examens cardiaques aux cardiologues par le biais d'une connexion de la téléphonie mobile.

229 Il convient de préciser qu'actuellement, la somme attribuée au meilleur innovateur s'évalue à 300.000 FCFA. Pourtant au Gabon, le vainqueur du prix de l'innovation technologique perçoit la coquette somme de cent millions de FCFA.

230 Organisation pour la Coopération et le Développement Economique

231 NGUEGUANG Fabrice, « Climat des affaires et Investissements Directs Etrangers en zone CEMAC », Mémoire de Master en Relations Internationales, IRIC, 2012, p 20.

Malgré la profusion de nombreuses PMI232, le tissu industriel camerounais demeure faible, pis dans le secteur des télécommunications/TIC. Il devient alors difficile pour cette filière de générer un maximum d'emplois afin de réduire le taux de chômage largement à la hausse. De par l'attrait des IDE dans ce domaine, les gouvernants résoudraient en partie ce problème qui affecte lourdement l'économie nationale. La diaspora jouerait alors un très grand rôle pour l'atteinte de cet objectif.

En effet, les citoyens de renommée internationale tels que Jacques Bonjawo, ancien Senior Manager à Microsoft et Alain Anyouzoa Njimoluh, travaillant également dans la même structure peuvent facilement convaincre les hauts responsables de cette entreprise d'implanter une usine de fabrication de matériels informatiques à moindre coût au Cameroun. Ce d'autant plus que la stabilité politique et les législations en la matière semblent très favorables. L'aboutissement d'une telle idée abaisserait inéluctablement les prix de vente de ces dispositifs et partant faciliterait la démocratisation des TIC.

Au vu de tout ce qui précède, on constate que beaucoup reste à faire pour accélérer le processus de réduction de la fracture numérique.

102

232 Petites et Moyennes Industries

103

CONCLUSION DU CHAPITRE 4

En somme, les diverses insuffisances présentées par les stratégies de vulgarisation des TIC en Afrique Centrale en général et au Cameroun en particulier démontrent que l'évolution du processus de réduction de la fracture numérique n'est pas satisfaisant. En s'appuyant sur les limites de l'existant, on peut distinguer dans une logique prospective quelques pistes pour améliorer ledit processus. Conscient du fait qu'il serait difficile pour les pays de la sous-région de réaliser l'accès universel sur l'ensemble de leur territoire en évoluant en rangs dispersés, on peut à cet effet suggérer la promotion de l'intégration régionale dans le domaine concerné. Aussi les gouvernants de la sous-région devraient-ils adopter une réglementation et une politique tarifaire commune. En outre, l'acquisition d'un satellite de communications dans la sous-région, la consolidation des acquis et l'érection de nouveaux organismes supranationaux s'imposent. Au niveau national, l'allègement de la fiscalité, le renforcement du rôle des organismes institutionnels et la promotion de la formation aux TIC semblent nécessaires pour résoudre en partie les problèmes liés à l'accessibilité. Toujours dans cette optique, il est opportun pour les pouvoirs publics de mettre en place un partenariat intelligent avec le secteur privé en vue du développement infrastructurel. Enfin, la promotion de l'industrialisation dans la filière télécommunication/TIC paraît inéluctable car elle permettra au Cameroun de se positionner sur la scène internationale comme un producteur et non plus essentiellement en tant qu'un consommateur des technologies numériques.

104

CONCLUSION GENERALE

105

Dans un monde caractérisé par l'ouverture des frontières du fait de la mondialisation et surtout par les enjeux de puissances de toutes sortes, les TIC on réussi à s'imposer comme des outils incontournables pour tous les Etats composant la société internationale. Ces technologies restent au coeur des multiples transformations politiques, économiques et socioculturelles des pays développés depuis déjà plus d'un quart de siècle.

Dans les nations en développement notamment celles de la sous-région Afrique Centrale, les TIC suscitent un intérêt de plus en plus grandissant mais leur diffusion demeure insuffisante à cause de l'accessibilité limitée et de l'analphabétisme numérique de nombreux citoyens. En conséquence, il se crée un fossé numérique qui contribue davantage à l'accroissement des inégalités entre les pays développés et les pays en développement. Ce constat nous a donc menés tout au long de cette entreprise heuristique à l'étude du processus de réduction de la fracture numérique en Afrique Centrale en général et au Cameroun en particulier.

Pour mener à bien notre analyse, nous avons subdivisé notre travail en deux parties comportant chacune deux chapitres. La première s'est focalisée sur le cadre conceptuel et les stratégies de réduction de la fracture numérique en Afrique Centrale. La deuxième partie quant à elle s'est intéressée à l'évaluation du processus de réduction du fossé numérique en Afrique Centrale tout en proposant des solutions pour une meilleure vulgarisation des TIC.

L'examen du cadre théorique a permis de montrer que l'expression fracture numérique est une notion aux contours flous. En effet, ce concept émane d'un ensemble d'inégalités au rang desquels nous citons les inégalités face aux possibilités d'utiliser les TIC, les inégalités à contribuer à l'information et les inégalités d'accès au réseau. Au-delà de ces disparités, nous avons remarqué que la fracture numérique s'opère à diverses échelles de comparaison. Notamment, entre les Etats, entre le Nord et le Sud, entre les pays du Sud, entre les villes et les campagnes, les hommes et les femmes et entre les jeunes et vieux. Par ailleurs, nous avons noté que le fossé numérique qui caractérise les pays d'Afrique Centrale freine considérablement l'émergence de ces nations. La réduction de cette fracture se veut donc impérative au vu des multiples enjeux de développement poursuivis par ces Etats. Et bien, dans ce sens, plusieurs stratégies ont été mises en place dans la sous-région en général et au Cameroun en particulier pour améliorer l'accès universel.

106

A l'échelle communautaire, les gouvernants ce sont fixés plusieurs objectifs à atteindre dans un délai précis. Pour y parvenir, ils ont mis en place la COPTAC, l'ARTAC, le centre sous-régional de maintenance des télécommunications, le PEAC et le projet CAB.

Par ailleurs, au niveau national, les objectifs à atteindre d'ici 2020 ont été définis dans le DSCE. Pour y parvenir, les dirigeants ont élaboré un ensemble d'instruments juridiques qui encadrent les activités dans le secteur des télécommunications. De même, bon nombre d'organismes institutionnels publics (le CENADI, l'ART, l'ANTIC, la CAMTEL et ENEO Cameroon) et privés (Orange, MTN, Nexttel, les FAI et les ONG) accompagnent l'Etat dans son processus de réduction des inégalités liées à la diffusion des TIC. Dans le même ordre d'idée, les gouvernants ont mis l'accent sur le développement des compétences numériques à travers la formation des populations aux TIC. En outre, le service public reste en cours de modernisation de par l'opérationnalisation du projet e-gouvernement. Enfin, le projet des télécentres communautaires polyvalents a été mis en oeuvre dans l'optique de réduire le fossé numérique entre les villes et les campagnes.

Dans une logique évaluative, nous avons démontré que les stratégies mises en place en Afrique Centrale en général et au Cameroun en particulier pour résorber la fracture numérique ont produit des résultats remarquables. Au plan sous-régional, nous avons noté l'accroissement de la télédensité mobile, la mise en place d'un réseau sous-régional large bande à fibre optique à travers le projet CAB et le développement des infrastructures de base de par la création des télécentres communautaires dans la plupart des Etats. Toutefois, malgré ces quelques avancées, le fossé numérique demeure. Ceci s'est illustré à travers la faible télédensité fixe (seulement 1,46 ligne téléphonique fixe pour 100 habitants en 2011), la faible utilisation de l'outil internet (6,38% d'utilisateurs internet sur 100 habitants en 2011) et le coût relativement élevé des communications électroniques. Un tel état des faits démontre à suffisance le manque d'efficacité des structures mises en place au niveau communautaire.

Sur le plan national, les stratégies mises en oeuvre pour résorber le fossé numérique ont conduit à la baisse des coûts des produits et services TIC. De même, elles ont favorisé le développement des télécommunications notamment à travers l'évolution de la télédensité mobile et l'amélioration du débit de transmission des données. Dans le même ordre d'idée, ces politiques ont également permis d'augmenter les ressources humaines dans le domaine concerné et de moderniser progressivement le service public. Cependant, on constate qu'en dépit du fait que le processus de vulgarisation des TIC soit en cours d'évolution au Cameroun,

107

le fossé numérique demeure perceptible entre les riches et les pauvres et entre les villes et les campagnes. A titre indicatif, plusieurs habitants des zones rurales n'ont pas facilement accès aux technologies numériques pour diverses raisons.

De même, la télédensité fixe et le taux d'utilisation de l'outil internet restent faibles. Pourtant, les dirigeants envisagent porter le nombre de lignes téléphoniques fixes qui se situait à 0,7% en 2005 à 45% en 2020. Cet objectif semble loin d'être atteint. De plus, l'ambition de porter le taux d'utilisation de la technologie Internet de 1% en 2007 à 40% en 2015 se réalisera difficilement dans la mesure où en 2013, seulement 6,4% de camerounais sur 100 utilisait cette technologie. En outre sur 40.000 TCP/PAN que les gouvernants envisagent créer dans différentes localités rurales et périurbaines d'ici 2020, seuls 116 sont déjà opérationnels. Ces faits démontrent avec suffisance que le processus de réduction de la fracture numérique au Cameroun évolue lentement et dans une certaine mesure, demeure insatisfaisant. Dès lors, il semblait nécessaire pour nous de proposer des solutions qui permettront d'améliorer le processus de démocratisation des TIC en Afrique Centrale en général et au Cameroun en particulier.

Sous un angle prospectif, les Etats de cette partie du continent devraient mutualiser leurs efforts afin d'harmoniser leurs législations et leurs politiques tarifaires dans le domaine des télécommunications/TIC. De même, ces derniers devraient conjuguer leurs forces en vue de doter l'Afrique Centrale d'un satellite de communications. Par ailleurs, au niveau national, il serait convenable que les dirigeants allègent la fiscalité, renforcent le rôle des organismes institutionnels et promeuvent la formation des citoyens dans le secteur concerné. En outre, l'accent devrait également être mis sur la promotion de l'industrialisation dans cette filière porteuse et innovante.

Pour finir, la réduction de la fracture numérique se présente comme un véritable atout développement pour les pays d'Afrique Centrale. Après avoir connus des décennies de guères, traversés plusieurs années de crise économique du fait des ajustements structurels, les Etats de la sous-région ont là une grande opportunité pour rattraper leur gap par rapport aux pays développés. Si ces nations ont considérablement pu transformer leur économies et leurs modes de vie à travers l'usage des TIC, il n'est pas exclu que celles de la sous-région en fassent autant. C'est la raison pour laquelle les Etats composant cette partie de l'Afrique doivent se mettre en synergie pour réduire la fracture numérique qui les caractérise.

108

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5- Loi n° 2010/013 du 21 décembre 2010 sur les communications électroniques au Cameroun.

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7- Loi cadre n° 2011/012 du 06 mai 2011 sur la protection du consommateur.

B- Décrets

1- Décret n° 98/108 du 08 septembre 1998 portant création de la Cameroon Telecommunications (CAMTEL).

2- Décret n° 2012/180 du 10 avril 2012 portant organisation et fonctionnement de l'Agence Nationale des Technologies de l'Information et de la Communication (ANTIC).

3- Décret n° 2012/203 du 20 avril 2012 portant organisation et fonctionnement de l'ART

4- Décret n° 2012/308 du 26 juin 2012 fixant les modalités de gestion du FST.

5- Décret n° 2012/309 du 26 juin 2012 fixant les modalités de gestion du Fonds Spécial des Activités de Sécurité Electronique (FSE).

C- Arrêtés

1- Arrêté n° 066/CAB/PM du 24 février 2009 portant création du Comité de suivi de la mise en oeuvre des résultats des Sommets Mondiaux sur la Société de l'Information (SMSI).

2- Arrêté n° 209/CAB/PM du 21 août 2009 portant création, organisation et fonctionnement du Comité de pilotage de la stratégie nationale de développement des TIC.

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117

ANNEXES

118

TABLE DES MATIERES

AVERTISSEMENT I

SOMMAIRE II

DEDICACE III

REMERCIEMENTS IV

LISTE DES SIGLES ET ABBREVIATIONS V

LISTE DES GRAPHIQUES, FIGURES ET TABLEAUX IX

RESUME X

ABSTRACT XI

INTRODUCTION GENERALE 1

PRESENTATION DU SUJET 2

II- OBJET ET INTERET DE L'ETUDE 3

A- Objet de l'étude 3

B- Intérêt du sujet 4

III- REVUE DE LA LITTERATURE 4

IV- DELIMITATION SPATIO-TEMPORELLE DE L'ETUDE 8

V- PROBLEMATIQUE DE LA RECHERCHE 10

VI- QUESTIONS DE RECHERCHE 11

VII- HYPOTHESES 12

1- Hypothèse principale 12

2- Hypothèses secondaires 12

119

VIII- CADRE THEORIQUE 12

IX- METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE 14

a- La recherche documentaire 14

b- L'entretien ouvert 15

c- Analyse qualitative du contenu des données recueillies 15

X- ANNONCE DU PLAN 16

PREMIERE PARTIE : 17

CADRE CONCEPTUEL ET STRATEGIES DE REDUCTION DE LA FRACTURE

NUMERIQUE EN AFRIQUE CENTRALE 17

CHAPITRE 1 : CADRE CONCEPTUEL ET ENJEUX DE REDUCTION DE LA

FRACTURE NUMERIQUE EN AFRIQUE CENTRALE 19

SECTION I : DEFINITION DES NOTIONS FONDAMENTALES 19

1.1 La fracture numérique : notion aux contours flous 19

1.1.1 Inégalités face aux possibilités d'utiliser les TIC 20

1.1.2 Inégalités à contribuer à l'information 21

1.1.3 Inégalités d'accès au réseau 21

1.2 La fracture numérique entre les Etats 22

1.2.1 Fracture numérique Nord-Sud 22

1.2.2 Fracture numérique Sud-Sud 26

1.2.3 Fracture numérique entre villes et campagnes 28

1.2.4 Fracture numérique entre hommes et femmes 29

1.2.5 Fracture numérique entre jeunes et vieux 29

1.3 Indicateurs du fossé numérique 30

1.3.1 Les indicateurs primaires 30

1.3.2 Les indicateurs secondaires 32

1.3.3 Les indicateurs composites 32

SECTION II : ENJEUX DE LA REDUCTION DE LA FRACTURE NUMERIQUE EN

AFRIQUE CENTRALE 33

2.1 Mise en place d'une société de l'information inclusive 33

2.2 Croissance économique 34

2.2.1 Création des emplois 34

a- Les emplois directs 35

b- Les emplois indirects 35

2.2.2 Accroissement des richesses 36

120

2.3. Le développement social 37

2.4 Le développement politique 39

CONCLUSION DU CHAPITRE 1 41

CHAPITRE 2 : STRATEGIES DE REDUCTION DE LA FRACTURE NUMERIQUE EN

AFRIQUE CENTRALE 42

SECTION I : STRATEGIES AU NIVEAU SOUS-REGIONAL 42

1.1 La COPTAC 43

1.2 Le centre sous-régional de maintenance des télécommunications 44

1.3 L'ARTAC 45

1.4 Le Pool Energétique d'Afrique Centrale (PEAC) 46

1.5 Le projet CAB 46

SECTION II : STRATEGIES AU NIVEAU DU CAMEROUN 48

2.1 Le cadre règlementaire et institutionnel 48

2.1.1 La règlementation 48

a- dans le domaine des télécommunications 49

b- dans le domaine des TIC 50

2.1.2 Analyse du cadre normatif institutionnel 51

a- Les acteurs publics 51

1- Le Centre National de Développement de l'Informatique (CENADI) 51

2- La Cameroon Telecommunications (CAMTEL) 51

3- L'Agence de Régulation des Télécommunications (ART) 52

4- L'Agence Nationale des Technologies de l'Information et de la Communication

(ANTIC) 53

5- ENEO Cameroon (Energy of Cameroon) 54

b- Les acteurs du secteur privé 54

1- Les opérateurs de téléphonie mobile 55

~ Orange Cameroun 55

~ Mobile Telecommunication Network (MTN) 56

~ NEXTTEL Cameroun 56

2- La participation des ONG 58
2.2 Développement des compétences numériques, modernisation du service public et

équipement des campagnes en moyens de télécommunications modernes 58
2.2.1 Le développement des compétences numériques à travers la formation des

populations aux TIC 59

2.2.2 Le e-government : vers la modernisation du service public 61

2.2.3 Le projet TCP et la réduction de la fracture numérique entre les villes et les

campagnes 62

CONCLUSION DU CHAPITRE 2 64

121

DEUXIEME PARTIE : 65

EVALUATION DU PROCESSUS DE REDUCTION DE LA FRACTURE NUMERIQUE

EN AFRIQUE CENTRALE 65

CHAPITRE 3 : ANALYSE DU PROCESSUS DE REDUCTION DE LA FRACTURE

NUMERIQUE EN AFRIQUE CENTRALE 67

SECTION I : AU NIVEAU DE L'AFRIQUE CENTRALE 67

1.1 La COPTAC 67

1.2 L'ARTAC 68

1.3 Le centre sous-régional de maintenance des télécommunications d'Afrique Centrale 69

1.4 Le projet CAB 70

SECTION II : AU NIVEAU DU CAMEROUN 72

2.1 La législation 73

2.2 Les organismes institutionnels 73

a- Le CENADI 74

b- La CAMTEL 74

c- L'ART 76

d- L'ANTIC 77

e- ENEO Cameroon 79

f- Les opérateurs de téléphonie mobile 80

g- La société civile 81

2.3 Evaluation des autres stratégies nationales de réduction du fossé numérique 82

2.3.1 Accroissement continue des ressources humaines 82

2.3.2 La modernisation progressive du service public 84

2.3.3 Le déploiement des infrastructures de télécommunications dans les campagnes 86

CONCLUSION DU CHAPITRE 3 87

CHAPITRE 4 : PERSPECTIVES POUR UNE MEILLEURE REDUCTION DE LA

FRACTURE NUMERIQUE 88

SECTION I : REAJUSTEMENTS AU NIVEAU SOUS-REGIONAL 88

1.1 Harmonisation des législations et des politiques tarifaires 88

a- L'harmonisation des législations nationales 89

b- Adoption d'une politique tarifaire commune 89

1.2 Nécessité d'acquérir un satellite de communications 90

1.3 Renforcement des structures existantes au niveau sous-régional 91

~ La COPTAC 91

~ L'ARTAC 91

~ Le projet CAB 92

122

~ Le centre sous-régional de maintenance des télécommunications d'Afrique Centrale 92

1.4 Création de nouvelles structures sous-régionales 93

1.4.1 Mise en place d'un opérateur communautaire de téléphonie mobile 93

1.4.2 Création d'un organe de régulation commun 94

SECTION II : REAJUSTEMENTS AU NIVEAU NATIONAL 94

2.1 Allègement de la fiscalité, renforcement du rôle des organismes institutionnels et

renforcement des capacités des populations dans le domaine des TIC 95

2.1.1 Allègement de la fiscalité 95

2.1.2 Renforcement du rôle des acteurs 96

~ Le CENADI 96

~ L'ART 96

~ L'ANTIC 97

~ La CAMTEL 97

~ ENEO Cameroon 97

~ Les opérateurs privés de téléphonie mobile 98

~ Les ONG 98

2.1.3 Promotion de la formation des citoyens dans le domaine des TIC 99

2.2 Mise en place du partenariat pour le développement infrastructurel et promotion de

l'industrialisation 99

2.2.1 Le partenariat public-privé socle : du développement infrastructurel 100

a- Dans le secteur des télécommunications 100

b- Dans le secteur énergétique 100

2.2.2 Promotion de l'industrialisation du secteur des télécommunication/TIC 101

a- Le soutien des initiatives locales 101

b- L'attrait des Investissements Directs Etrangers (IDE) 101

CONCLUSION DU CHAPITRE 4 103

CONCLUSION GENERALE 104

BIBLIOGRAPHIE 109

ANNEXES 117

TABLE DES MATIERES 118






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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard