RESUME
Le cidre, qu'il soit fermier ou industriel, se vend de mieux
en mieux. Les surfaces plantées augmentent. Le prix d'achat des pommes
à cidre se maintient. Parallèlement le contexte
socio-environnemental ainsi que les réglementations poussent la
filière cidricole à diminuer les impacts environnementaux de la
production. Dans ce contexte, le programme Verger Cidricole de Demain se
propose de créer, évaluer et diffuser des vergers à haute
performance économique et environnementale. Neuf systèmes
innovants ont été testés chez neuf producteurs
répartis de la Haute-Normandie à la Bretagne. Chaque parcelle
expérimentale est divisée en deux modalités : la
modalité innovante (ECO) est comparée à la modalité
de référence, gérée selon les pratiques habituelles
du producteur (PROD). Le but de cette expérimentation n'est pas de
tester l'effet individuel des pratiques, mais d'évaluer la
viabilité aussi bien économique qu'environnementale du
système de culture dans son contexte : on parle d'expérimentation
système. Les vergers furent plantés pour l'expérimentation
entre 2010 et 2012. Ils entrent donc en fin de période juvénile.
Une évaluation économique et environnementale ainsi qu'une
évaluation agronomique sont mises en place. L'évaluation
agronomique, sujet de ce stage, vise à comprendre les facteurs et
processus qui conditionnent rendement et croissance, afin d'identifier l'impact
des pratiques innovantes sur les résultats agronomiques des parcelles.
Les premières analyses faites concluent que les différences de
rendement et de croissance obtenues entre ECO et PROD ne seraient pas dues aux
réductions d'intrants phytosanitaires, mais aux changements des
pratiques de fertilisation et d'entretien du rang et de l'interrang. Ce rapport
se concentre donc sur l'évaluation de ces deux types de pratiques. Pour
cela, une méthodologie a été mise en place et
appliquée. La méthodologie mise en place s'appuie sur un
raisonnement par hypothèse de fonctionnement en trois étapes :
une hypothèse de fonctionnement cherche à expliquer les
différences entre ECO et PROD. Premièrement un ensemble
d'hypothèses est émis à partir de la bibliographie.
Deuxièmement cet ensemble des possibles est confronté aux
parcelles du réseau afin de ne retenir que les hypothèses
applicables aux cas présents. A l'issu de cette confrontation certaines
hypothèses sont retenues. Un niveau de confiance (douteux/à
confirmer) et un domaine de validité leur sont attribués :
vérifiable à l'échelle du réseau, d'un groupe de
parcelle ; non vérifiable sur les cas présents.
Troisièmement chaque hypothèses est
confirmée/infirmée. Cas échéant le niveau de
confiance est modifié et le contexte de validité de
l'hypothèse est défini. Pour confirmer/infirmer une
hypothèse, différentes méthodes sont utilisées.
Pour les hypothèses valables à l'échelle du réseau,
une régression linéaire permet de confirmer l'effet de certains
facteurs. Au préalable, les variables explicatives sont
étudiées au moyen de corrélations linéaires et
d'analyse en composantes principales afin d'en réduire le nombre. Pour
les hypothèses valables à l'échelle d'un groupe de
parcelles, aucune méthode générique n'a été
identifiée. Enfin certaines hypothèses ne peuvent être
vérifiées au sein du réseau soit parce que 1) elles
portent sur une seule parcelle ; 2) les effets des facteurs se confondent avec
ceux d'autres hypothèses. Ces hypothèses sont
vérifiées par expérimentation factorielle. La relation aux
pratiques initialement recherchée n'a pu être établie que
rarement. Une hypothèse forte a pu être émise sur
l'interaction bâche tissée sur le rang et interrang monté
à fleur qui gênerait le développement racinaire du pommier.
Par contre l'effet d'un amendement organique avant plantation est variable et
semble dépendre soit de la température extérieure (et donc
de la température du sol) ainsi que de la concurrence sur le
rang/interrang. En plus du lien aux pratiques initialement recherché,
des relations entre minéraux (Mg/K, Mg/Ca, N/K) ont pu être
confirmées avec notamment l'importance de la gestion de la
capacité d'échange cationique dans la gestion de l'alimentation
magnésienne et potassique.
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