Diplôme Universitaire
Dynamiques d'amélioration des pratiques
professionnelles :
De l'EPP (Evaluation des Pratiques
Professionnelles) au DPC (Développement Professionnel
Continu)
Faculté de Médecine de Nantes
Année universitaire 2011/2012
PROGRAMME D'AMELIORATION DES
PRATIQUES
DE PRISE EN CHARGE DE L'HEMORRAGIE
DU
POST-PARTUM IMMEDIAT
Démarche d'évaluation des pratiques
professionnelles
Au Centre Hospitalier de Dax-Côte
d'Argent
Mémoire soutenu à Nantes, le 21 juin
2012
Anne Callac
Encadrement du mémoire : Docteur
Leila Moret
D.U. « Dynamique d'amélioration des pratiques
professionnelles : de l'EPP au DPC » Année universitaire 2011/2012
Programme d'amélioration des pratiques de prise en charge de
l'hémorragie du post-partum immédiat - Anne Callac
REMERCIEMENTS
A Madame Leila Moret, pour ses conseils et sa
disponibilité,
A Madame Véronique Debias, pour son soutien professionnel
et sa confiance en ce projet,
A Madame Géraldine Paraclet, pour ses connaissances et sa
motivation au sein du service,
A Madame Séverine Baudot, pour son aide
méthodologique et son enthousiasme,
A mes collègues du Centre Hospitalier de Dax-Côte
d'Argent, pour leur investissement professionnel positif,
p. 2
Et aussi à ma famille et mes amis, pour leur soutien sans
faille.
p. 3
D.U. « Dynamique d'amélioration des pratiques
professionnelles : de l'EPP au DPC » Année universitaire 2011/2012
Programme d'amélioration des pratiques de prise en charge de
l'hémorragie du post-partum immédiat - Anne Callac
SOMMAIRE
INTRODUCTION 5
1. CONTEXTE 7
1.1. L'hémorragie du post-partum 7
1.1.1. Définition
1.1.2. Fréquence
1.1.3. Critères de gravité
1.1.4. Conséquences en santé publique
1.1.5. Recommandations de bonnes pratiques professionnelles
1.2. Contexte local au centre hospitalier de Dax-Côte
d'Argent 9
1.3. Visite de certification par la Haute Autorité de
Santé 11
2. OBJECTIFS 12
3. METHODE 12
3.1. Mise en place du groupe-projet 12
3.2. Diagramme de Gantt 12
3.3. Recueil des données du PMSI et de l'EFS 14
3.4. Enquête prospective ..14
3.5. Présentation du projet EPP en sous-commission
d'établissement 15
3.6. Recueil IPAQSS 2012 15
4. RESULTATS 16 4.1. Données
croisées du codage PMSI et des transfusions par la
cellule d'hémo-vigilance 16
4.2. Analyse quantitative de l'enquête 17
4.2.1. Résultats pour l'ensemble des dossiers
4.2.2. Résultats des dossiers dont l'écart entre
les deux prélèvements d'hémoglobine est supérieur
à 3 points
4.2.3. Résultats des dossiers dont le taux
d'hémoglobine à J2 est inférieur à 10 g/dl
p. 4
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Programme d'amélioration des pratiques de prise en charge de
l'hémorragie du post-partum immédiat - Anne Callac
4.2.4. Résultats des dossiers où la perte sanguine
est supérieure à 300 ml 4.2.5. Résultats des dossiers dont
le taux d'hémoglobine est inférieur à 10
g/dl et la perte sanguine supérieure à 300 ml
4.3. Mise en place d'un plan de communication 23
4.4. Résultats IPAQSS 23
5. DISCUSSION 24
5.1. Points forts 24
5.2. Dysfonctionnements évoqués 26
5.3. Biais de l'étude 28
5.4. Mise en place du groupe pluridisciplinaire 30
5.5. Recherche d'axes d'amélioration 31
5.6. Mise en place d'un plan d'action 32
6. PERSPECTIVES 33
6.1. Réalisation d'un audit clinique ciblé en
décembre 2012 33
6.2. Recueil IPAQSS pour 2013 34 6.3. Conduire une politique
d'amélioration continue des
pratiques 34
6.4. Le développement professionnel continu 35
CONCLUSION 36
BIBLIOGRAPHIE 37
ANNEXES 40
p. 5
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Programme d'amélioration des pratiques de prise en charge de
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INTRODUCTION
Assurer la qualité et la sécurité des
soins est une exigence permanente pour répondre à l'attente
légitime des usagers. L'obligation, pour les services, d'une
organisation cohérente et permanente, en tenant compte des
critères de qualité et de sécurité, est une
nécessité.
La qualité des soins est définie par l'OMS comme
: « une démarche qui doit permettre à chaque patient
l'assortiment d'actes diagnostiques et thérapeutiques qui lui assurent
le meilleur résultat en terme de santé, conformément
à l'état actuel de la science médicale, au meilleur
coût pour un même résultat, au moindre risque
iatrogène, et pour sa plus grande satisfaction, en terme de
procédures, de résultats, et de contacts humains à
l'intérieur du système de soins » (1).
Cette logique de maîtrise des risques liés aux
soins est un choix stratégique des plans régionaux de
santé mis en oeuvre par les autorités suite à la loi
Hôpital, Patient, Santé, Territoire du 21 juillet 2009 (2). La
gestion des risques est une des recommandations qui vise l'amélioration
constante de la prise en charge de l'urgence dans les hôpitaux.
Dans ce cadre, l'hémorragie du post-partum
immédiat fait partie de ces situations d'extrême urgence pour
lesquelles une prise en charge de qualité s'impose. Les
résolutions collégiales et pluridisciplinaires de cette
pathologie sont nécessaires pour éviter un retard de diagnostic
qui peut avoir de lourdes conséquences en terme de morbidité
voire de mortalité maternelle.
En décembre 2004, suite aux résultats des
enquêtes confidentielles sur la mortalité maternelle en France, le
Collège National des Gynécologues Obstétriciens
Français (CNGOF) a élaboré des recommandations pour la
pratique clinique relatives à l'hémorragie du post-partum (3).
Au Centre Hospitalier de Dax-Côte d'Argent, une
réflexion sur nos pratiques professionnelles en maternité, a
débuté en 2011 ; néanmoins, ces démarches
d'évaluation n'étaient jusqu'alors que peu structurées. La
mise en place du recueil IPAQSS (Indicateur Pour l'Amélioration de la
Qualité et de la Sécurisation des Soins) en 2012 pour « la
prévention et la prise en charge initiale de l'hémorragie du
post-partum » représente le levier qui va nous permettre
d'évaluer et d'améliorer la qualité de nos pratiques
professionnelles en ce domaine.
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Programme d'amélioration des pratiques de prise en charge de
l'hémorragie du post-partum immédiat - Anne Callac
Dans ce contexte favorable, une démarche-projet est
souhaitable afin de mettre en place un programme d'amélioration pour la
prise en charge de l'hémorragie du post-partum. C'est l'objectif
principal poursuivi dans le présent travail qui présentera tout
d'abord le contexte : la problématique de l'hémorragie du
post-partum sur le plan national, le contexte local à la
maternité de Dax et les recommandations émises lors de la visite
de certification en novembre 2010.
Les objectifs à atteindre sur la base des
éléments d'évaluation recueillis et les résultats
connus seront détaillés puis discutés, avant d'envisager
des perspectives concrètes.
p. 7
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l'hémorragie du post-partum immédiat - Anne Callac
1. CONTEXTE
1.1. L'hémorragie du post-partum immédiat
1.1.1 Définition
La définition de l'hémorragie du post-partum est
internationale : il s'agit de pertes sanguines de plus de 500 ml dans les 24
heures suivant l'accouchement.
Habituellement les pertes se situent autour de 200 ml pour un
accouchement par voie basse et d'environ 1000 ml si l'accouchement se fait par
césarienne (4).
Il existe une tolérance hémodynamique
personnelle d'une parturiente à l'autre. De ce fait l'estimation
clinique de l'hémorragie est capitale et le risque de sous-estimation
est important.
1.1.2. Fréquence
En France, la fréquence de l'hémorragie du
post-partum est de 2 à 9 % des accouchements. Dans l'étude
Pythagore 6 qui évaluait la qualité de la prise en charge des
hémorragies graves (6), la fréquence des hémorragies du
post-partum immédiat était de 6.3 % avec 1.5 %
d'hémorragies graves (5).
La variabilité de cette fréquence est due à
:
- L'hétérogénéité de sa
définition
- La difficulté du diagnostic au moment de
l'accouchement voie basse et encore plus au décours d'une
césarienne où la dissociation des pertes sanguines et du liquide
amniotique n'est pas facile.
1.1.3. Critères de gravité
Les critères de gravité servent à
définir une hémorragie particulièrement grave. Ce sont des
éléments très précis qui vont permettre une
évaluation de la situation, ainsi qu'une justesse de diagnostic.
Ils sont représentés par :
- Des pertes sanguines supérieures à 1000 ml
pour un accouchement voie basse et 1500 ml pour une césarienne.
- La perte de 4 g/dl de l'hémoglobinémie entre le
pré et le post-partum
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l'hémorragie du post-partum immédiat - Anne Callac
- La nécessité d'une transfusion sanguine au
décours de l'accouchement ou de la
délivrance
- La nécessité d'un traitement plus invasif
(l'embolisation puis des gestes chirurgicaux
conservateurs ou non).
- Le transfert de la patiente en unité de
réanimation
- Le décès de la patiente (4).
Les deux premiers critères doivent mettre l'équipe
médicale en alerte.
1.1.4. Conséquences en santé publique
En France chaque année, parmi les 800 000
accouchements, 70 femmes décèdent de leur grossesse et de ses
suites.
Le taux de mortalité corrigé est de 8 à
12 pour 100 000 naissances vivantes sur la période 2001/2006 (6). Dans
25% des cas, l'hémorragie est la cause retrouvée et les soins
sont jugés non optimaux pour 75% des cas.
En Aquitaine, le nombre de décès sur les 9
dernières années (de 2001 à 2010) s'élève
à 21 patientes pour un nombre de naissances variant de 31 150 à
35 652 sur ces mêmes années (7).
En août 2004, la loi de santé publique fixe 100
objectifs, le n°44 stipule que la fréquence de la mortalité
maternelle devra être ramenée à 5 décès pour
100 000 naissances vivantes et que la proportion des décès
évitables sera abaissée (8).
Ces chiffres prouvent que la question de l'hémorragie
du post-partum immédiat doit être revue
régulièrement pour une motivation permanente du personnel et pour
des actions individuelles et collectives.
En effet, le problème, toujours d'actualité, est
de maintenir et d'améliorer la prise en charge de l'hémorragie du
post-partum en salle de naissance.
Des audits établis par les réseaux recherchent
si l'application des recommandations est généralisée.
L'évaluation des pratiques professionnelles permet de savoir si la prise
en charge est optimale et pertinente.
p. 9
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l'hémorragie du post-partum immédiat - Anne Callac
1.1.5. Recommandations de bonnes pratiques professionnelles
Des recommandations de bonnes pratiques sont définies
comme « des propositions développées
méthodiquement pour aider le praticien et le patient à rechercher
les soins les plus appropriés dans des circonstances cliniques
données » (9). L'élaboration et la diffusion des
recommandations de bonnes pratiques se déroulent selon une
méthodologie précise et spécifique, avec la participation
d'experts concernés par le sujet.
En novembre 2004, la Haute Autorité de Santé
(HAS) et le CNGOF ont collaboré pour diffuser des recommandations de
pratiques cliniques sur l'hémorragie du post-partum immédiat.
Ces recommandations présentent la problématique
et les facteurs de risques. Les principes de base, en période
anténatale, sont : la nécessité d'une consultation
d'anesthésie, les modalités d'acheminement des produits sanguins
labiles, la description complète des modalités de prise en charge
de l'hémorragie du post-partum, la présence de documents
transfusionnels complets dans chaque dossier obstétrical, les
modalités de transfert in utero en cas de patientes à risque
très élevé d'hémorragie du post-partum. La
prévention clinique et pharmacologique au moment de l'accouchement
consiste en une surveillance régulière en salle de naissance dans
les deux heures qui suivent l'accouchement, les indications de
délivrance artificielle, l'examen soigneux du placenta, et la
réalisation d'une délivrance dirigée. Deux organigrammes
montrent le processus à suivre en cas d'hémorragie lorsqu'elle
est diagnostiquée puis lorsqu'elle s'aggrave, ainsi que les
stratégies de prise en charge par des méthodes plus invasives.
Le document complet est proposé en annexe.
1.2. Contexte local au Centre Hospitalier de Dax-Côte
d'Argent
Le centre Hospitalier de Dax-Côte d'Argent est un
établissement de santé aux activités réparties sur
6 sites, offrant un ensemble de près de 1000 lits et places.
En application de l'ordonnance du 2 mai 2005, le centre
hospitalier est organisé en pôles d'activités : chaque
pôle regroupe plusieurs unités dont les activités sont
interdépendantes. Le pôle Femme-Mère-Enfant est l'un des 7
pôles d'activités constitués dans
l'établissement.
p. 10
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Le pôle Femme-Mère-Enfant comprend 3
unités : l'unité de gynécologie-obstétrique,
l'unité de pédiatrie-néonatalogie et le C.A.M.P.S. (Centre
d'Action Médico-Sociale Précoce).
Le service d'obstétrique réalise en moyenne, sur
les 5 dernières années, 1150 accouchements (accouchements par
voie basse et césariennes) par an.
Dix-huit sages-femmes (soit quatorze
équivalent-temps-plein) et trois
gynécologues-obstétriciens et un remplaçant se partagent
ces naissances. En secteur « salle de naissance », deux sages-femmes
sont présentes en garde de jour (l'une assure les urgences
obstétricales et les accouchements, l'autre assure les consultations
prénatales et le suivi des grossesses à risques),
secondées par une aide-soignante ; en garde de nuit, une sage-femme et
une aide-soignante sont présentes. Lors de périodes d'affluence,
la sage-femme du secteur « suites de couches » peut être
amenée à venir en aide au secteur « salle de naissance
». La quasi-totalité des sages-femmes de l'équipe assure ces
gardes en salle de naissance. Le bloc central réalise les
césariennes, il est attenant au secteur « salle de naissance
». L'obstétricien de garde est sur place en journée la
semaine et assure une astreinte à son domicile la nuit et le week-end.
L'anesthésiste est sur place 24h/24, sa garde de nuit étant
partagée entre les urgences du bloc central et la salle de naissance.
Les protocoles médicaux ont été
réactualisés en novembre 2010, ils sont accessibles aux
sages-femmes dans leur bureau central et disponibles en annexe ; Le protocole
concernant la prise en charge initiale de l'hémorragie du post-partum
est fortement inspiré des recommandations de bonnes pratiques
professionnelles émises par le CNGOF en novembre 2004.
Concernant le matériel utilisé pour les
accouchements, les sages-femmes disposent de kits d'accouchements incluant des
champs stériles et un set de recueil gradué. Les
médicaments, tels le Nalador® ou la Prostine®, sont
stockés de manière accessible au niveau de la pharmacie du bloc
obstétrical.
Une unité de l'E.F.S. est présente sur le site,
rendant une éventuelle transfusion réalisable rapidement.
Par ailleurs, à l'issue de l'accouchement, un codage
P.M.S.I. (Programme de Médicalisation des Systèmes d'Information)
des actes est réalisé de façon partielle par la sage-femme
qui réalise l'accouchement, une vérification et des rajouts sont
ensuite opérés par une secrétaire médicale.
p. 11
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l'hémorragie du post-partum immédiat - Anne Callac
1.3. Visite de certification 2010
La troisième visite de la procédure de
certification, nommée V2010, s'est déroulée du 29 novembre
au 3 décembre 2010.
Bien que l'établissement soit certifié depuis la
mise en place de ces visites d'experts de la Haute Autorité de
Santé, cette certification a été émise avec 2
réserves, notamment le critère 28a pour la mise en oeuvre des
démarches d'évaluation des pratiques professionnelles. La visite
de certification a aussi émis 9 recommandations invitant
l'établissement à poursuivre sa démarche
d'amélioration de la qualité.
Suite à cette dernière visite de certification
de l'établissement, une liste des recommandations des bonnes
pratiques HAS et thèmes d'EPP du CCECQA a été
établie par la Direction Qualité et Gestion des risques afin de
proposer des outils pour mener des évaluations de pratiques
professionnelles sur des thèmes médicaux, paramédicaux
mais aussi transversaux.
Un des thèmes d'EPP suggéré en
Obstétrique-Gynécologie portait sur le diagnostic et la prise
en charge de l'hémorragie du post-partum immédiat.
Le CCECQA (Comité de Coordination de l'Evaluation
Clinique et de la Qualité en Aquitaine) accompagne le centre hospitalier
de Dax-Côte d'Argent, comme d'autres établissements en Aquitaine,
dans le domaine de l'évaluation des pratiques professionnelles. Son
activité principale porte sur la conception méthodologique et la
coordination logistique de programmes ou d'évaluations :
- L'amélioration des pratiques et l'évaluation des
pratiques professionnelles
- La gestion des risques
- Les indicateurs de qualité des soins
- Le management, l'organisation et le développement de la
culture qualité et sécurité
Le thème de l'amélioration de la prise en charge
de l'hémorragie du post-partum était donc une des
priorités pour l'établissement afin de suivre les avis
donnés par les services-experts de la HAS. Ainsi la maternité de
Dax améliorera ses pratiques et indirectement améliorera les
conséquences en matière de santé publique.
p. 12
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2. OBJECTIFS
L'objectif principal est de mettre en place un programme
d'amélioration de la prise en charge de l'hémorragie du
post-partum.
Il comprend trois sous-objectifs :
- Evaluer les pratiques de dépistage et de prise en
charge de l'hémorragie du postpartum.
- Assurer un meilleur codage P.M.S.I. de notre
activité pour une meilleure adéquation concernant la tarification
à l'activité.
- Mettre en oeuvre un plan de communication pour une
amélioration continue de nos pratiques professionnelles dans la
perspective du déploiement du développement professionnel
continu.
3. METHODE
3.1. Mise en place du groupe-projet
Grâce aux enseignements du Diplôme Universitaire
et à mon volontariat, ce groupe-projet s'est monté avec l'aide
d'un médecin praticien hospitalier, de la responsable-qualité et
de la sage-femme cadre en maternité.
Mon engagement professionnel en tant que sage-femme m'a
poussée à me former pour acquérir et utiliser les outils
de la qualité afin d'assurer une dynamique-projet en maternité.
La sage-femme cadre assure cette légitimité et soutient
institutionnellement ce projet d'EPP. Le référent médical
du groupe est un gynécologue-obstétricien très
impliqué en maternité, elle assure aussi un relais avec le
Département d'Information Médicale de l'établissement pour
le pôle Femme-Mère-Enfant.
La responsable-qualité a apporté son aide
méthodologique pour mener à bien ce projet.
3.2. Diagramme de Gantt
Grâce à un diagramme de Gantt, nous visualisons
au sein du groupe-projet les étapes de cette évaluation de nos
pratiques.
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nov déc janv fév mars avril mai juin juil aout sept
oct nov déc jan fév mars avril
1. Etude du contexte,
constitution du groupe-projet
2. Analyse du contexte
3. Recueil IPAQSS
4. Traitement des résultats
5. Recherche des causes, groupe pluridisciplinaire
|
|
6. Proposition d'axes d'amélioration
7. Définir un plan d'action
8. Conduire le changement
9.
Réévaluation
Les dates-étapes :
- Fin novembre : accord du groupe-projet pour la mise en place
d'une étude sur le mois de décembre 2011 pour aider à
situer le contexte
- Décembre : recueil des informations
- Janvier-février : analyse des données de
l'étude et recherche d'autres données (P.M.S.I. et E.F.S.)
- 13 mars : réunion du groupe-projet concernant les
résultats et programmation du recueil IPAQSS
- 21 mars : présentation du projet en sous-commission EPP
d'établissement.
- 3 mai : présentation de la démarche EPP et des
résultats à l'équipe médicale
- 4 mai : recueil IPAQSS
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- Mi-juin : résultats IPAQSS
- Début juillet : réunion d'un groupe
pluridisciplinaire pour brainstorming suite aux résultats de
l'étude locale et du recueil IPAQSS.
3.3. Recueil des données du PMSI et de l'EFS
Données du PMSI
Grâce au P.M.S.I., nous avons
récupéré les chiffres concernant ces hémorragies du
postpartum ; nous noterons qu'à Dax, 962 enfants sont nés par
voie basse en 2011, les patientes césarisées étant exclues
de l'étude du contexte.
Données de la cellule d'hémo-vigilance pour
l'EFS
Grâce à l'E.F.S. et à la cellule
d'hémo-vigilance du Centre Hospitalier, nous avons aussi recensé
les transfusions réalisées en maternité (tant en salle de
naissance qu'en suites de couches, les patientes ne sont pas
différenciées) sur l'année 2011.
3.4. Enquête prospective
Une première étude, ayant pour but d'objectiver
l'anémie du post-partum, nous a servi d'outil pour nous permettre de
situer nos dysfonctionnements et débuter une démarche
d'évaluation de pratiques professionnelles.
Cette étude a été réalisée
à partir d'une grille d'items remplie pour chaque accouchement par voie
basse, sur une période d'un mois : du 01 décembre au 31
décembre 2011.
Ont été exclues de l'enquête les patientes
ayant subi une césarienne et les patientes ayant eu une grossesse
gémellaire.
Dans cette étude, nous avons utilisé les valeurs
seuils de l'anémie proposées par l'ANAES (Agence Nationale
d'Accréditation et d'Evaluation en Santé). Pour la femme enceinte
ce seuil est fixé à 11g/dl et suite à l'accouchement, ce
seuil est abaissé à 10g/dl (11).
Nous avons repris la définition de l'hémorragie
du post-partum, où le seuil de déperdition sanguine est
fixé à 500 ml (3).
Les résultats seront présentés de
manière globale pour l'ensemble des dossiers, puis de manière
plus ciblée en fonction de ces seuils.
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3.5. Présentation du projet EPP en commission
d'établissement
Cette démarche EPP au sein du service
d'obstétrique a été présentée de
manière synthétique en sous-commission EPP d'établissement
; le service prouve ainsi sa dynamique d'engagement pour l'amélioration
et la sécurité des soins.
Un diaporama a été présenté au
directeur-adjoint en charge de la qualité et au
médecin-président de la Commission Médicale
d'Etablissement. Il comportait les objectifs poursuivis pour
l'amélioration de nos pratiques de prise en charge de
l'hémorragie du post-partum. La méthodologie et un point sur le
recueil IPAQSS ont été présenté ainsi qu'un
calendrier de suivi. Les résultats n'étant rendus qu'en juin, les
perspectives ont seulement été évoquées.
La démarche-EPP pour le service d'obstétrique a
été validée par le président de la CME et le
directeur-adjoint en charge des affaires médicales.
La fiche de suivi de ce projet d'EPP est présentée
en annexe de ce mémoire.
3.6. Recueil IPAQSS 2012
La mise en place des indicateurs représente la
perspective de développer une culture de la mesure de la qualité
et de renforcer l' « effet levier » sur l'amélioration de la
qualité des soins.
Un indicateur de qualité des soins (IPAQSS) est un
outil permettant d'évaluer dans quelle mesure, à un moment
donné, les soins qui sont délivrés sont efficaces,
sécurisés, accessibles et centrés sur le patient (10).
Un indicateur est une donnée chiffrée
décrivant un élément de situation ou une évolution.
C'est un outil d'aide à la décision, dont l'utilisation s'inscrit
dans une démarche répondant à un objectif dans un contexte
donné.
En 2012, la HAS a mis en place un nouvel indicateur en
obstétrique, cela a représenté une réelle
opportunité pour démarrer une évaluation des pratiques
professionnelles dans notre service. Cela marque aussi la pertinence d'un tel
travail pour améliorer nos pratiques.
Le thème est « la prévention et la prise en
charge de l'hémorragie du post-partum immédiat », son
analyse est centrée sur 2 niveaux de prise en charge :
- La partie 1 concerne la prévention de
l'hémorragie du post-partum pour l'ensemble des grossesses. 2
indicateurs sont en place : le premier sur la surveillance attentive des 2
heures du post-partum immédiat (Surveillance clinique minimale en
salle de
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l'hémorragie du post-partum immédiat - Anne Callac
naissance), le second (Délivrance)
sur l'injection prophylactique d'ocytocine à l'accouchement permettant
une diminution de l'incidence de l'hémorragie du postpartum.
- La partie 2 propose 3 indicateurs : Diagnostic
d'hémorragie du post-partum, Gestes endo-utérins,
Antibioprophylaxie. Elle concerne la qualité de la prise en charge
initiale de l'hémorragie du post-partum immédiat qui permet de
diminuer le risque de complications graves secondaires à
l'hémorragie.
La maternité de Dax, comme l'ensemble des
maternités, est concernée par ce recueil d'indicateurs.
Au Centre Hospitalier de Dax, nous avons effectué ce
recueil IPAQSS avec le gynécologue-obstétricien du groupe-projet,
aidées par la cellule-qualité, le 4 mai.
4. RESULTATS
4.1. Données croisées du codage PMSI et des
transfusions par la cellule d'hémo-vigilance
Données du P.M.S.I.
Item
|
Nombre
|
Pourcentage / nombre d'accouchements voie
basse
|
Délivrance incomplète avec hémorragie
|
12
|
1.24 %
|
Hémorragie de la délivrance
|
3
|
0.31 %
|
Placenta paevia avec hémorragie
|
2
|
0.21 %
|
TOTAL
|
17
|
1.76 %
|
Le nombre total d'accouchements voie basse était de 962
en 2011 (les césariennes étant exclues).
Données de l'E.F.S. pour les transfusions
sanguines
Au total 26 Culots Globulaires (CG) Dé leucocytes
(Unité Adulte) ont été transfusés à 11
femmes en maternité.
p. 17
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professionnelles : de l'EPP au DPC » Année universitaire 2011/2012
Programme d'amélioration des pratiques de prise en charge de
l'hémorragie du post-partum immédiat - Anne Callac
Le volume transfusé est de 1 CG (2 patientes), de 2 CG
(6 patientes) ou de 4 CG (3 patientes).
Nous remarquerons que sur 1142 naissances (les patientes
césarisées sont incluses ici), 11 femmes ont
bénéficié d'une transfusion, soit 0.9 %.
Données croisées
17 patientes codées "Hémorragie du
post- partum"
1
patiente
11 patientes transfusées
(de 1 à 4 CG)
En croisant les données du P.M.S.I. et celles de
l'E.F.S., sur les 17 patientes codées « hémorragie du
post-partum », une seule a bénéficié d'une
transfusion sanguine de 4 CG.
Donc, sur ces 10 autres femmes ayant été
transfusées, toutes avaient accouché sans qu'une
hémorragie du post-partum ne soit mentionnée dans leur dossier
obstétrical et non-codée.
4.2. Analyse quantitative de l'enquête
88 dossiers ont été exploités sur les 103
naissances de ce mois de décembre 2011. Les naissances
non-éligibles pour l'enquête correspondent aux césariennes
et aux accouchements de grossesses gémellaires.
La cellule-qualité du Centre Hospitalier de Dax m'a
aidé à traiter les données sur Excel.
Ici, nous présentons les résultats globaux, mais
nous avons aussi procédé à une analyse plus ciblée,
à l'aide de référentiels (11) (3) :
- les patientes qui ont perdu plus de 3 points
d'hémoglobine entre les deux prélèvements. - les patientes
anémiées en suites de couches (taux d'hémoglobine < 10
g/dl).
p. 18
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- les patientes ayant saigné plus de 300 ml, en
incluant celles qui ont saigné plus de 500 ml. Les résultats
complets sont proposés en annexe
4.2.1. Résultats pour l'ensemble des dossiers Les
prélèvements sanguins pour l'hémoglobine
La valeur moyenne de l'hémoglobinémie à
J0 (avant l'accouchement) est de 12.3 g/dl [9.5 ; 14.4]
Pour 2 patientes, ce prélèvement n'a pas
été réalisé.
8 patientes avaient un taux d'hémoglobine < à
11 g/dl, ce qui représentant une moyenne de 10,53 g/dl [9.5 ; 11]
La valeur moyenne de l'hémoglobinémie à
J2 (deux jours après l'accouchement) est de 11 g/dl [8.6 ; 13.5]
23 patientes avaient un taux d'hémoglobine <
à 10 g/dl, ce qui représentant une moyenne de 9.41 g/dl [8.6 ;
10]
La moyenne de l'écart entre le 1er et le
2ième prélèvement d'hémoglobine est de -
1.4 points [4.5 ; 1.3]
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
1er prél
|
|
2ème prél Ecart prél
|
Hb mini
|
Hb maxi
|
Hb moyenne
|
20
15
10
5
0
-5
-10
Comparaison des 2 prélèvements
d'hémoglobine / résultats globaux
p. 19
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La parité
Sur les 88 patientes, 38 sont des primipares, soit 43.2 %, et
50 patientes sont des multipares, soit 56.8 %.
Le poids de l'enfant
Seulement 3.4 % des enfants étaient macrosomes (un
poids de naissance supérieur à 3800 g). Et donc sur ces 88
enfants, 85 d'entre eux (soit 96.6 %) avaient un poids normal (inférieur
à 3800g).
La pose d'une analgésie péridurale
Sur les 88 patientes, 76.1 % ont
bénéficié d'une analgésie péridurale et 23.9
% n'en ont pas bénéficié.
Les plaies cervico-vaginales
65.9 % des patientes ont nécessité une suture
périnéale liée à une déchirure ou une
épisiotomie.
Résultats des taux de plaies
cervico-vaginales
34,1 %
65,9 %
oui
non
Le délai de reprise de cette suture n'est pas
mentionné dans 29.3 % des dossiers. Lorsqu'il est noté, dans 67.2
% des cas, cette suture est réalisée dans les 30 minutes qui
suivent la naissance. Dans 3.4 % des cas, cette suture est faite 30 minutes
après la naissance.
p. 20
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La durée du travail
Dans 82.9 % des cas, les patientes ont un travail qui dure
moins de 8 heures. Dans 11.4 % des cas, ce travail dure plus de 8 heures. On
remarquera que dans 5 dossiers, cette notion de durée de travail n'est
pas mentionnée.
La quantité de Syntocinon® utilisée pendant
le travail :
Dans 20.4 % des cas, le travail s'est déroulé
spontanément sans médication. Mais pour beaucoup de patientes
(78.4 %), 5 unités internationales d'ocytocique ont été
administrées pendant le travail en débit progressif à
l'aide d'un pousse-seringue électrique. Dans 1 dossier, cette
donnée n'est pas renseignée.
Le recours à une extraction instrumentale du foetus
(ventouse ou forceps) :
92 % des patientes ont accouché spontanément,
sans l'aide d'un forceps ou d'une ventouse obstétricale.
Taux d'accouchements avec une extraction
instrumentale
92 %
7,9 %
oui
non
La réalisation d'une délivrance
dirigée
Pour 93.2 % des patientes, une administration prophylactique
de Syntocinon® a été faite au moment de l'accouchement.
Seulement 5.7 % des patientes n'en ont pas bénéficié. Dans
un seul dossier, cette mention n'était pas notée.
Non renseigné
< 300 cc 301 à 499 cc > 500 cc NR
p. 21
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Taux de délivrance dirigée
93,2 %
oui non
NR
La quantification de la perte sanguine dans le sac de recueil
Dans 35.2 % des dossiers, la perte sanguine tracée est
inférieure à 300 ml. Dans 9.1 % des dossiers, ce volume sanguin
est compris entre 300 et 500 ml. Et seulement 2 patientes sur 88 ont eu une
perte sanguine supérieure à 500 ml suite à leur
accouchement voie basse.
On remarquera que dans 53.4 % des dossiers, ce volume sanguin
perdu n'est pas tracé.
Volume de sang perdu suite à
l'accouchement
p. 22
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l'hémorragie du post-partum immédiat - Anne Callac
4.2.2. Résultats des dossiers dont l'écart entre
les deux prélèvements d'hémoglobine est supérieur
à 3 points
Au total, 7 patientes sur 88 présentaient un
écart de plus de 3 points entre leurs taux d'hémoglobine.
4.2.3. Résultats des dossiers dont le taux
d'hémoglobine à J2 est inférieur à 10 g/dl
Au total, 23 patientes étaient
considérées comme anémiées en suites de couches,
soit 26.1%.
On notera que pour ce groupe de 23 patientes, 2 accouchements
mentionnent une difficulté au dégagement des épaules,
où la perte sanguine est supérieure à 300 ml. Et que 3
révisions utérines ont été réalisées
suite à des pertes sanguines supérieures à 300 ml.
4.2.4. Résultats des dossiers où la perte sanguine
est supérieure à 300 ml
Au total, 10 patientes ont perdu plus de 300 ml suite à
leur accouchement, dont 2 qui ont perdu plus de 500 ml. Ces deux
catégories ont été regroupées car isoler les
patientes qui ont eu une hémorragie de la délivrance
n'était pas pertinent compte tenu de la faible traçabilité
dans les dossiers médicaux.
On notera pour ces 10 patientes :
- 1 accouchement par le siège où la perte sanguine
est supérieure à 500 ml.
- 2 accouchements avec une difficulté au
dégagement des épaules, où la perte sanguine est
estimée entre 300 et 500 ml.
- 2 révisions utérines (perte sanguine
supérieure à 300 ml), geste pratiqué en raison de
l'hémorragie.
- 1 déchirure hémorragique où la perte
sanguine tracée est supérieure à 300 ml.
p. 23
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4.2.5. Résultats des dossiers dont le taux
d'hémoglobine est inférieur à 10 g/dl et la perte sanguine
supérieure à 300 ml
Pour ces résultats croisés entre les patientes
anémiées en suites de couches et dont la perte sanguine
dépasse les 300 ml, on retrouve 3 patientes.
On notera que parmi ces 3 patientes, 2 ont
présenté une difficulté au dégagement des
épaules et une s'est déchirée de manière
hémorragique.
4.3. Mise en place d'un plan de communication
Le 3 mai, en accord avec la sage-femme cadre, nous avons
présenté le projet en cours et les résultats de
l'enquête descriptive et son état d'avancement à
l'équipe médicale (sages-femmes et
gynécologues-obstétriciens). Un diaporama de 30 minutes
était présenté laissant suite à une discussion
d'équipe.
Ce rapport a permis de fédérer tous les membres de
l'équipe autour des résultats obtenus.
Ainsi, en accord avec le chef de service d'obstétrique
et la sage-femme cadre, cette réunion a aussi permis de présenter
et d'expliquer l'intérêt de l'évaluation de nos pratiques
professionnelles pour conduire à une amélioration de nos prises
en charge médicales.
Suite à cette présentation, des sages-femmes se
sont proposées de manière volontaire pour participer à un
groupe pluridisciplinaire de réflexion, des aides-soignantes ont aussi
été sollicitées pour leur rôle important joué
en salle d'accouchement, nous suggérions aussi la présence d'un
anesthésiste-réanimateur, médecin impliqué lors de
la gestion de ce type d'évènements à risque.
Une prochaine date sera arrêtée en juillet,
suivant le calendrier prévisionnel, pour que ce groupe
pluridisciplinaire se réunisse.
Ce diaporama est proposé en annexe.
4.4. Résultats IPAQSS pour 2012
Le recueil pour IPAQSS s'est déroulé le 4 mai
2012. Nous avons participé à ce recueil avec la
cellule-qualité de l'établissement.
p. 24
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Programme d'amélioration des pratiques de prise en charge de
l'hémorragie du post-partum immédiat - Anne Callac
60 dossiers (+ 20) ont été tirés au sort
sur l'année 2011 pour les séjours « accouchement » et
30 dossiers (+20) pour les séjours codés « hémorragie
du post-partum ».
A ce jour, les résultats ne sont pas encore disponibles
car traités par la cellule-qualité de l'établissement. Ils
nous seront communiqués mi-juin.
Les grilles de recueil et la présentation du thème
sont proposées en annexe du mémoire.
5. DISCUSSION 5.1. Points forts
Cette évaluation menée en maternité a
dans un premier temps fait prendre conscience de l'intérêt de
telles démarches pour améliorer nos pratiques et plusieurs points
forts sont à souligner avant de pointer nos dysfonctionnements.
Le taux d'anémie
Le chiffre relevé grâce à l'étude,
soit 9 %, montre que la population dacquoise arrive peu en état
d'anémie pour accoucher (11) : le taux moyen à l'admission
étant de 12.3 g/dl et un taux moyen à J2 à 11 g/dl.
Ce chiffre s'explique soit par une bonne hygiène
alimentaire des femmes enceintes du territoire favorisant un apport optimal en
fer, soit par un bon suivi prénatal et une supplémentation
vitaminique adaptée.
Le taux d'analgésie péridurale
Grâce aux données fournies par le Réseau
Périnat Aquitaine, le service d'obstétrique de Dax se situe dans
un taux honorable de patientes qui bénéficient de ce type
d'analgésie, soit 76% des patientes. En Aquitaine ce taux est de 62.6%
(7).
Le taux d'extractions instrumentales
Cette pratique professionnelle majore la déperdition
sanguine (12), en Aquitaine ce taux dépasse 10% des accouchements (7),
à Dax le taux d'extractions instrumentales (ventouse
obstétricale, spatules ou forceps) est de 8%.
p. 25
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l'hémorragie du post-partum immédiat - Anne Callac
On retrouve aussi davantage d'accouchements
réalisés par extractions instrumentales (42.8% contre 7.8% pour
l'ensemble des dossiers) pour les patientes dont l'écart entre les deux
taux d'hémoglobine est supérieur à 3 points.
Le taux de délivrance dirigée
On notera aussi le bon score de réalisation de
délivrance dirigée, plus de 93 %, qui montre que cette technique
est bien maîtrisée par les équipes. La délivrance
dirigée consiste à administrer 5 UI de Syntocinon® au
dégagement de l'épaule antérieure de l'enfant à
naître, injection réalisée par une tierce personne, le plus
souvent par l'aide-soignante sous la responsabilité de la sage-femme qui
pratique l'accouchement. Les 3/4 des sages-femmes exerçant en salle de
naissance sont diplômées depuis moins de 10 ans et cette pratique
est enseignée au cours de leur formation initiale en C.H.U.
Cette pratique réduit la période de
délivrance et limite les pertes sanguines (13).
On se réfère aux recommandations de bonne
pratique clinique parues en 2004 par le CNGOF proposées en annexe.
La mise en place d'un nouveau dossier obstétrical
On soulignera que lors de cette enquête, 2 types de
dossiers obstétricaux existaient : le premier était à
l'essai depuis 4 mois (où ne figurait pas de zone pour tracer ce volume)
et un second dossier, toujours utilisé, proposé par AUDIPOG
(où figure une zone pour tracer le volume de sang perdu). Ce dossier
AUDIPOG est un premier pas pour une démarche d'amélioration de la
traçabilité de nos dossiers médicaux.
Le matériel disponible
La présence du sac de recueil sous-fessier dans tous
les kits d'accouchements depuis plusieurs années en salle de naissance,
marque déjà une volonté d'amélioration de notre
prise en charge de l'hémorragie du post-partum ; Ce sac de recueil doit
permettre à la sage-femme ou au médecin qui pratique
l'accouchement de tracer la perte sanguine occasionnée à
l'accouchement, il est installé sous les fesses de la patiente suite
à l'expulsion de l'enfant et avant la phase de délivrance.
L'investissement de l'équipe
Cet investissement est aussi un point fort à souligner,
toutes les sages-femmes se sont mobilisées en décembre pour
réaliser les prélèvements sanguins des patientes en suites
de couches. Par la mise en place de cette évaluation, plusieurs
sages-femmes et aides-
p. 26
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l'hémorragie du post-partum immédiat - Anne Callac
soignantes se sont déjà interrogées sur
d'éventuels axes d'amélioration sur le terrain et ont parfois
modifié leurs habitudes pour améliorer leur organisation en
pratique
Par exemple pour assurer la surveillance clinique et
hémodynamique du post-partum immédiat en salle de naissance,
pendant au moins 2 heures, les professionnelles surveillent désormais
les accouchées sur leur table d'accouchement. Alors que jusqu'ici, les
jeunes accouchées étaient transférées dans un box,
sur leur lit d'hospitalisation, rapidement après la naissance. Cela
évite ainsi des contre-transferts en salle de naissance pour
d'éventuelles révisions utérines trop tardives et
permettant aussi un moindre souillage des lits et des salles.
Lors de la présentation des résultats à
l'équipe, une dizaine de sages-femmes étaient présentes
montrant ainsi leur intérêt pour cette
démarche-qualité.
5.2. Dysfonctionnements évoqués
L'enquête et les différents recueils
(données du PMSI, de l'EFS et IPAQSS) nous permettent, sans avoir des
résultats complets à ce jour, de remarquer plusieurs points de
dysfonctionnements.
Un codage non exhaustif pour le PMSI
Les chiffres pour l'année 2011 ne concordent pas avec
les dernières parutions, où le pourcentage d'hémorragie du
post-partum dépasse les 6 % des accouchements (4) (5).
Sommes-nous dans une pratique optimale concernant la
prévention des hémorragies du post-partum ? La population
dacquoise est-elle une population avec très peu de facteurs de risques
hémorragiques ?
Il nous semble plutôt que le codage PMSI n'est pas
réalisé de manière exhaustive : trop peu de dossiers sont
codés pour l'hémorragie du post-partum.
Ces erreurs de codages ont aussi été
perçues lors du recueil IPAQSS auquel je participais. 30 dossiers
devaient être tirés au sort pour le recueil d'indicateurs sur
« la prise en charge initiale de l'hémorragie du post-partum
», or selon les données recueillies pour notre étude,
seulement 17 dossiers pouvaient être inclus.
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l'hémorragie du post-partum immédiat - Anne Callac
Cependant, lors de ce recueil, 30 dossiers ont
été sortis mais beaucoup ont été exclus car ils
n'étaient pas en concordance avec le codage PMSI pour
l'hémorragie du post-partum. Par exemple, des dossiers étaient
codés « hémorragie du post-partum » alors que la
patiente avait seulement eu une délivrance artificielle ou une
révision utérine isolée sans pour autant avoir
saigné massivement.
Avec le gynécologue-obstétricien nous
évoquions deux hypothèses : soit un manque de
traçabilité dans les dossiers médicaux des sages-femmes
(pas de note et/ou pas de lisibilité concernant l'hémorragie),
soit une interprétation erronée des secrétaires
médicales qui apparentent à tort la délivrance
artificielle et/ou la révision utérine à une
hémorragie.
Or ce dysfonctionnement pourrait être facilement
amélioré grâce aux documents d'aide au codage PMSI que
fournit le Réseau Périnat Aquitaine (14).
La pratique professionnelle concernant les sutures
périnéales
Les lésions périnéales, notamment la
pratique de l'épisiotomie est aussi un facteur prédisposant
à la spoliation sanguine supérieure à 500 ml ; une
épisiotomie majore la déperdition sanguine de 200 ml (15).
Le taux de plaies cervico-vaginales est de 65.9 %, taux
légèrement supérieur à la moyenne nationale de 60
%. Pour les patientes anémiées en suites de couches, on retrouve
davantage de plaies périnéales, 86.9 % contre 65.9 % pour les
résultats globaux.
On notera ce problème récurrent de
traçabilité dans nos dossiers concernant le délai de
reprise de la suture, délai qui dans 1 dossier sur 3 n'est pas
renseigné.
La sous-estimation de la perte sanguine
En moyenne, les femmes perdent 1.4 g/dl d'hémoglobine
suite à leur accouchement à Dax, et 8 % de nos patientes ont une
chute de leur hémoglobinémie supérieure à 3
points.
Une diminution du taux d'hémoglobine de 1.5 g/dl
correspond à des spoliations sanguines de 500 ml et une diminution du
taux d'hémoglobine de 3 g/dl correspond à des spoliations
sanguines d'1 litre (15).
La spoliation sanguine est donc probablement
sous-estimée par les équipes pratiquant les accouchements.
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l'hémorragie du post-partum immédiat - Anne Callac
Une faible traçabilité de nos pratiques
professionnelles dans les dossiers obstétricaux
Un mémoire de sage-femme présenté en 2011
à Grenoble explique l'intérêt de la mise en place de ce sac
sous-fessier suite à l'expulsion de l'enfant. Ce sac permet la
quantification chiffrée de la perte sanguine grâce aux
graduations.
Dans notre étude, nous remarquons que dans 53.4 % des
cas la quantification n'est pas tracée dans les dossiers.
Se pose alors la question de savoir si ce sac est
installé pour quantifier les pertes et que la sage-femme visualise le
volume gradué, alors que tous les kits d'accouchements comportent ce sac
de recueil.
Le fait de ne pas tracer cette valeur chiffrée marque
initialement le manque de conscience professionnelle pour ses pratiques
professionnelles personnelles. Cela note aussi le manque de réflexion
professionnelle sur sa responsabilité morale et juridique (16).
Lors du recueil IPAQSS, nous nous sommes aussi rendus à
l'évidence avec que beaucoup d'autres données n'étaient
pas tracées (la surveillance des 2 heures du post-partum, les
modalités de réalisation de la délivrance dirigée,
...). Les résultats IPAQSS sont attendus pour étudier tous ces
réels manques de trace dans les dossiers obstétricaux.
5.3. Biais et limites de la démarche
L'enquête n'évalue pas les pratiques de prise en
charge L'enquête réalisée en décembre est
différente d'un audit clinique.
Un audit clinique est une méthode d'évaluation
qui permet de comparer les pratiques de soins à des
références admises, en vue de mesurer la qualité de ces
pratiques et des résultats de soins. Mais les items de cette grille de
recueil n'étaient pas tous liés à des pratiques
professionnelles (comme la parité, le poids de l'enfant, ...) donc non
exploitables au titre d'un audit clinique (17).
Ici, cette enquête nous a permis de situer un contexte
local, étude qui n'avait jamais été menée, et de
débuter une démarche-qualité dans ce domaine. Cette
étude nous a permis de cibler et de comprendre où se situaient
certains de nos dysfonctionnements.
p. 29
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Le codage PMSI non exhaustif pour les hémorragies du
post-partum
Le biais principal de notre travail réside dans le fait
que les sages-femmes et les secrétaires médicales sous-codent
l'item « hémorragie du post-partum ». Les sages-femmes ne
tracent pas suffisamment ce critère de manière lisible et
compréhensible dans les dossiers et les secrétaires semblent
apparenter, à tort, les gestes endo-utérins liés à
la délivrance à une hémorragie du post-partum.
Ce codage partiel du PMSI implique de lourdes
conséquences financières, notre activité étant
tarifée en fonction de ce codage.
La tarification à l'activité (T2A) est un mode
de financement dans lequel l'allocation des ressources est fondée
à la fois sur la nature et le volume de l'activité des
établissements de santé.
La T2A est un élément central de la nouvelle
gouvernance hospitalière mise en place par les ordonnances de mai et
septembre 2005, dans la mesure où ce sont désormais les recettes
issues des activités hospitalières qui vont déterminer les
dépenses et non l'inverse (18).
Prélèvements obligatoires pour les patientes en
décembre 2011
Un des freins à l'étude a aussi
été le coût occasionné par les
prélèvements sanguins obligatoires réalisés
à toutes les patientes au mois de décembre.
Généralement, ces prélèvements ne sont
réalisés que lorsque que la sage-femme ou le médecin
diagnostique cliniquement une anémie ou lorsqu'une patiente a beaucoup
saigné lors de son accouchement.
Cependant aucune patiente n'a montré de
réticence à ce prélèvement sanguin et toutes les
sages-femmes ont été coopérantes au projet.
Statut personnel
En menant cette démarche-qualité dans le
service, je me suis aussi rendue compte de la difficulté, en tant que
sage-femme, de conduire et d'impulser une dynamique-qualité
auprès du service. Mon activité est, avant tout, clinique.
Mobiliser des médecins et des personnes plus
institutionnelles dans cette démarche m'a demandé beaucoup
d'énergie et de persévérance. Mon statut de sage-femme ne
m'offrait
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Programme d'amélioration des pratiques de prise en charge de
l'hémorragie du post-partum immédiat - Anne Callac
pas naturellement la légitimité pour mettre en
oeuvre cette évaluation de pratiques professionnelles car ce projet
nécessite l'adhésion des responsables du service.
Les médecins et les cadres ont ce poids institutionnel
pour communiquer et conduire la démarche, j'ai besoin de ce soutien
hiérarchique pour mener à bien l'avancée du projet.
Cependant, j'estime que mon statut professionnel m'a aussi
permis un meilleur relais auprès de mes collègues sages-femmes.
Lors de la présentation des résultats faite à
l'équipe, j'ai beaucoup insisté sur la nécessité de
s'impliquer en tant que sage-femme dans des démarches
d'évaluation de pratiques professionnelles, afin de valoriser notre
exercice et nos compétences. Ce qui valide personnellement notre
dynamique d'amélioration professionnelle continue.
5.4. Mise en place d'un groupe pluridisciplinaire à
l'issue des résultats IPAQSS
Les résultats IPAQSS pour la prévention et la
prise en charge de l'hémorragie du postpartum nous seront
communiqués mi-juin.
Une réunion d'un groupe-pluridisciplinaire se tiendra
début juillet, les participants auront une connaissance préalable
de ces résultats. Tous ces professionnels seront des acteurs de la salle
de naissance : sages-femmes, aides-soignantes,
gynécologues-obstétriciens, anesthésistes, et la
sage-femme cadre du service. Le volontariat, la disponibilité et la
motivation sont les principales compétences requises pour participer
à ce groupe pluridisciplinaire. Tant l'aide-soignante que
l'anesthésiste peuvent apporter des idées pour trouver des points
d'amélioration pour nos pratiques, tant d'un point de vue
organisationnel que médical. Cette implication du personnel est
fondamentale pour une démarche-qualité d'équipe.
Lors de cette réunion, après un bref rappel des
chiffres, un « brainstorming » sera proposé aux
participants.
« Quelles sont toutes vos idées pour
améliorer nos pratiques de prise en charge de l'hémorragie du
post-partum ? »
Le but du « brainstorming » est de produire
aisément un grand nombre d'idées, sur un thème
donné, dans des conditions agréables.
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professionnelles : de l'EPP au DPC » Année universitaire 2011/2012
Programme d'amélioration des pratiques de prise en charge de
l'hémorragie du post-partum immédiat - Anne Callac
Toutes les idées doivent être
évoquées sans réserve ni censure, les participants peuvent
rebondir sur les idées des autres et les approfondir ou les
améliorer sans les critiquer.
Pour exploiter ce remue-méninges, il faudra rejeter les
idées hors-sujet et reformuler ou faire préciser les idées
peu claires.
On pourra soit lister toutes ces idées, ou les annoter
sur des Post-ItTM afin de faciliter leur classement ultérieur.
5.5. Recherche d'axes d'amélioration
En reprenant les idées issues du brainstorming, nous
pourrons les classer par catégories dans un diagramme d'Ishikawa ou
méthode des 5M.
Le but de cette étape est de classer et de visualiser
les causes qui expliquent nos dysfonctionnements.
On répartit chaque dysfonctionnement relevé dans
un des 5M, et la pointe de la flèche renseigne sur le problème,
c'est-à-dire l'effet (comme le défaut de
traçabilité, le sous-codage PMSI, ...).
Main d'oeuvre
Matériel
Milieu
EFFET
Méthodes
Moyens
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Cela nous permettra d'établir une représentation
claire et partagée des classements et ainsi de faciliter le travail de
réflexion.
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Programme d'amélioration des pratiques de prise en charge de
l'hémorragie du post-partum immédiat - Anne Callac
Les catégories 5M
- La main d'oeuvre : y a-t-il un nombre suffisant de
médecins, de sages-femmes et d'aides-soignantes pour le nombre
d'accouchements pratiqués annuellement ? Le personnel est-il
formé régulièrement par des réactualisations sur
les prises en charges de l'hémorragie du post-partum ?
- Le matériel : Existe-t-il du matériel
adéquat pour les accouchements ? Les médicaments pour la prise en
charge sont-ils accessibles ?
- Le milieu : L'environnement est-il optimal pour une
bonne prise en charge ? Les conditions de travail sont-elles trop
pénibles ou éprouvantes ? Les locaux sont-ils adaptés ?
- La méthode : Existe-t-il des protocoles
réactualisés régulièrement ? L'encadrement du
personnel expertise-t-il les dossiers ? Quel procédé est
utilisé pour le codage des actes ?
- Les moyens : Les caractéristiques des
patientes dacquoises représentent-elles une population à risque
hémorragique ? Un suivi prénatal optimal est-il assuré
?
Avant de passer au plan d'action, nous pourrons proposer une
étape intermédiaire, où il faudra identifier les
causes-racines grâce à la méthode des 5 Pourquoi.
C'est la base d'une méthode de résolution de
problèmes, où on se pose 5 questions qui commencent toutes par
« Pourquoi ? », afin de trouver la source, la cause principale de la
défaillance.
5.6. Mise en place d'un plan d'action
Après avoir trouvé les axes
d'amélioration, il sera nécessaire de procéder à
des changements grâce à un plan d'action.
Pour que l'environnement soit favorable à ce
changement, plusieurs critères sont nécessaires :
- Tous les professionnels qui interviennent doivent être
sollicités, de manière positive, pour le choix et la mise en
oeuvre des solutions. Il sera nécessaires de rappeler les
bénéfices individuels et collectifs, tant pour les patientes,
l'équipe et l'établissement.
- L'adhésion des responsables de services
(médecins et cadres)
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Programme d'amélioration des pratiques de prise en charge de
l'hémorragie du post-partum immédiat - Anne Callac
- Obtenir un soutien et des ressources nécessaires
à la conduite de ce plan d'action (la formation continue, l'achat de
matériel éventuel, ...)
Le plan d'action applique les concepts de la gestion de
projets, c'est un outil de communication et d'engagement. Il est
nécessaire de mettre en place une fiche descriptive du projet pour
répartir les responsabilités.
Il est indispensable de fixer des délais et des jalons
dès le début du projet et de les respecter On se
réfèrera pour assurer cette conduite de changement, au diagramme
de Gantt proposé dans la méthode.
L'amélioration continue se fera grâce au
management de l'encadrement par différentes approches.
Le Total Quality Management est une approche
générale de pilotage des organisations, l'orientation est
portée sur des résultats (ici les données chiffrées
des indicateurs IPAQSS). Le principe consiste dans un engagement de
l'équipe encadrante, et dans une participation et un engagement du
personnel ; cette approche transversale nécessite une articulation entre
les différents intervenants au sein du service (les sages-femmes, les
secrétaires médicales, ...).
L'efficience constitue l'objectif à atteindre, elle
associe l'efficacité au moindre coût. Cela permet la mesure de
performance d'un projet d'amélioration. Et toute la difficulté
consiste à mettre en balance et concilier cette efficacité (que
la patiente nécessite) et cette efficience (que le financeur exige).
6. PERSPECTIVES
6.1. Réalisation d'un audit clinique ciblé en
décembre 2012
Le changement devra s'opérer sur les mois d'automne
2012 selon notre agenda prévisionnel, mais il pourrait être
intéressant de réévaluer certaines pratiques avant le
prochain recueil IPAQSS en mai 2013.
Cet audit clinique ciblé proposerait un nombre
limité de critères, comme le taux de sutures
périnéales (peut-être en distinguant les
épisiotomies, des déchirures simples ou des éraillures) et
leur délai de reprise ou le volume de sang perdu à l'accouchement
et son annotation dans le dossier. Il permettra un traitement plus rapide des
données et des
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l'hémorragie du post-partum immédiat - Anne Callac
résultats. Aussi quelques items présents dans le
recueil IPAQSS pourraient être utilisés afin de sensibiliser
l'équipe aux attentes (comme la traçabilité du suivi
clinique et hémodynamique en post-partum immédiat). Un travail
d'équipe sera nécessaire quant au choix des critères.
Un audit clinique ciblé est un outil de management de la
qualité au niveau du service.
6.2. Recueil IPAQSS pour 2013
Ce suivi d'indicateur dont le recueil se fera annuellement
entre dans un principe d'amélioration continue de la qualité. Il
représente aussi une incitation financière à la
qualité.
Ces indicateurs pour la prévention et la prise en
charge de l'hémorragie du post-partum seront aussi diffusés
publiquement, à partir de 2013, ce qui permettra des classements
hospitaliers plus objectifs que ceux proposés par la presse.
La généralisation de ces indicateurs implique
une « culture qualité » au sein des établissements de
santé, contribue aussi à améliorer nos supports (le
dossier médical) et améliore indirectement les pratiques
cliniques.
Ce suivi d'indicateur nécessitera une méthode de
restitution graphique simple et adaptée au public ciblé. Cette
restitution graphique sous forme de radar nous permettra de voir la progression
des pratiques sur une année. D'autres graphiques en tableaux ont aussi
été expérimentés (sur le niveau 1 de l'indicateur
« délivrance » pour la prévention de
l'hémorragie du post-partum, ont été
étudiées les proportions de patientes dont le dossier comporte la
modalité de la délivrance, la mention d'une injection
prophylactique d'ocytocine et la conclusion de l'examen du placenta dans
plusieurs établissements de santé, en donnant des
résultats comparatifs).
6.3. Conduire une politique d'amélioration continue des
pratiques
Ce suivi d'indicateurs et la participation des équipes
aux évaluations de pratiques professionnelles sont une incitation
à la formation et à l'amélioration continue.
Le concept de Benchmarking est un outil-qualité pour
l'amélioration continue : c'est un échange entre professionnels
pour permettre de comprendre comment les meilleurs ont
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atteint leur niveau de performance. Ce concept est applicable
au monde de la santé, où le Benchmarking est plus qualitatif,
c'est l'effort continu pour mesurer les résultats, pour comparer ces
résultats avec ceux des autres établissements de santé,
pour apprendre de quelle manière ces résultats sont obtenus et
appliquer les leçons apprises pour s'améliorer (Gift et
Mosel, 1994).
Cette politique-qualité menée par les
équipes encadrantes est devenue nécessaire pour conduire cette
amélioration continue de nos pratiques professionnelles et être
à jour des dernières recommandations émises par la Haute
Autorité de Santé et ainsi valider plus aisément les
visites d'experts concernant les futures certifications.
6.4. Le développement professionnel continu
La formation médicale continue est un devoir
déontologique pour toute sage-femme (article 4 du Code de
déontologie) et c'est une obligation légale depuis le
décret n°2006-1268 du 17 octobre 2006 qui stipule : « La
formation continue a pour finalité le perfectionnement des connaissances
et l'amélioration de la qualité des soins. La formation continue
est obligatoire pour toutes les sages-femmes en exercice. L'obligation de
formation est satisfaite notamment par tout moyen permettant d'évaluer
les compétences et les pratiques professionnelles [...] ».
La formation médicale continue a pour but de maintenir
les acquis de la formation médicale initiale, de réactualiser les
connaissances au fur et à mesure de l'avancement des recherches
scientifiques mais également d'améliorer la qualité des
soins proposés aux usagers du système de santé.
Pour conforter cette politique d'amélioration continue
des pratiques, les sages-femmes comme tout professionnel de santé, ont
une obligation annuelle de participation à un programme de
développement professionnel continu depuis la parution des premiers
textes réglementaires publiés au Journal Officiel du
1er janvier 2012.
La participation à des évaluations de pratiques
professionnelles est un moyen répandu pour s'investir dans sa formation
médicale continue et valider les principes du développement
professionnel continu.
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professionnelles : de l'EPP au DPC » Année universitaire 2011/2012
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