Politique de réinsertion socio-économique des ex-combattants et ex membres des groupes d'auto défense du programme du service civique national: bilan et perspectives( Télécharger le fichier original )par Ekanza Gabriel YOMAN Centre de Recherche et d'Action pour la Paix/Université Alassane Ouattara - Master 2011 |
SOMMAIRE Pages 1 Sigles et abréviations II Liste des tableaux III Avant-propos IV Remerciements V Introduction 1 PREMIERE PARTIE: Le Cadre environnemental et théorique de l'étude Chapitre I : Cadre environnemental de l'étude 6 1-1 : PSCN : présentation et missions 6 1-2 : Organisation et fonctionnement du PSCN 10 Chapitre II : Cadre théorique de l'étude 21 2-1 : Définition de l'objet de l'étude 21 2-2 : Définition des concepts 29 DEUXIEME PARTIE : Le PSCN : Analyse et perspectives Chapitre I : Démarche méthodologique et résultats de l'étude 36 1-1 : Démarche méthodologique 37 1-2 : Présentation et analyse des résultats 44 Chapitre II : Implications managériales et recommandations 61 2-1 : Implications managériales 61 2-2 : Recommandations 62 Conclusion 65 BIBLIOGRAPHIE 68 TABLE DES MATIERES 69 ANNEXES 71 2 SIGLES ET ABBREVIATIONS ADDR : Autorité pour le Désarmement, la Démobilisation et la Réintégration AGEFOP : Agence de Formation Professionnelle BIT : Bureau International du Travail CERAP : Centre d'Etudes pour la Recherche et la Paix CNO : Centre, Nord et Ouest ComNat : Commission Nationale de lutte contre les Armes Légères et de ALPC Petits Calibres CSC : Centre de Service Civique DDR : Démobilisation Désarmement et Réinsertion DRF : Demande de Remboursement de Fonds DSRP : Document de Stratégie de la Réduction de la Pauvreté EEDD : Ethique Economique et Développement Durable FAFN : Forces Armées des Forces Nouvelles FDFP : Fonds de Développement de la Formation Professionnelle FNS : Fonds National de Solidarité GAD : Groupes d'Auto Défense GTZ : Coopération Allemande ONU : Organisation des Nations Unies OSCN : Office du Service Civique National PAPC : Projet d'Appui Post Conflit PIB : Produit Intérieur Brut PNDDR : Programme National de Démobilisation, Désarmement et de insertion PNRRC :Programme National de Réinsertion et de Réhabilitation communautaire PSCN : Programme du Service Civique National PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement RDC : République Démocratique du Congo SIDA : Syndrome Immuno Déficience Acquis UE : Union Européenne UFP : Unité de Formation de Proximité USD : United State Dollars (Dollar Américain) UVICOCI : Union des Villes et Communes de Côte d'Ivoire 3 LISTE DES TABLEAUX Pages Tableau1 : Bénéficiaires ayant reçu un kit d'installation au 20 novembre 2009 43 Tableau2: Répartition de l'échantillonnage par catégorie d'appartenance 43 Tableau3: Répartition de la population mère par catégorie d'appartenance 45 Tableau 4 : Répartition de la population mère par sexe 46 Tableau 5 : Appréciation du contenu de la formation civique par les Bénéficiaires 47 Tableau 6 : Appréciation du contenu de la formation civique par catégorie 48 Tableau 7: Appréciation de la Formation Technique par les Bénéficiaires 49 Tableau 8 : Appréciation du contenu de la formation technique par catégorie 50 Tableau 9 : Perception de la durée de la formation civique par les Bénéficiaires 51 Tableau 10 : Perception de la durée de la formation civique par catégorie 52 Tableau 11 : Appréciation de la compétence des formateurs 52 Tableau 12 : Appréciation de la compétence des formateurs par Catégorie 53 Tableau 13 : Perception de la durée de la formation technique Par les Bénéficiaires 54 Tableau14 : Perception de la durée de la formation technique par catégorie 54 Tableau 15 : Appréciation du kit d'installation par les Bénéficiaires 55 Tableau 16 : Appréciation du kit d'installation par catégories 56 Tableau 17 : Appréciation du suivi post-installation des bénéficiaires 57 Tableau 18 : Perception de la durée de sensibilisation par les Bénéficiaires 58 Tableau 19 : Perception de la durée de la sensibilisation par catégorie 60 4 AVANT-PROPOS Le mémoire qui fait l'objet de notre étude s'intitule Politique de Réinsertion Socioéconomique des Ex-combattants et Ex-Membres des Groupes d'Auto Défense (GAD) du Programme du Service Civique National (PSCN) : Bilan et perspectives. Cet intitulé provient inéluctablement du problème récurrent lié à la réinsertion socio-économique durable des ex combattants en Afrique, en général, et en Côte d'ivoire, en particulier. Le DDR est un processus complexe à dimensions politique, militaire, sécuritaire, humanitaire et socio-économique. Il vise à aborder les défis sécuritaires post-conflictuels que posent les ex-combattants se retrouvant sans subsistances ni réseaux de soutien, autres que ceux de leurs anciens camarades, lors du passage critique de la guerre à la paix et au développement. Le DDR cherche à assurer la réinsertion sociale et économique des ex-combattants afin qu'ils deviennent des parties prenantes au processus de paix et au développement durable du pays. Comment relever ce défi que constitue cette préoccupation et avec quel moyen? C'est à cette question que répond le Master en Ethique Economique et Développement Durable en donnant l'occasion aux auditeurs d'avoir des connaissances dans ce domaine afin de mieux gérer le Développement Durable. Ce travail de recherche se veut une contribution à la recherche de solution à la problématique de réinsertion des Ex-combattants du programme du Service Civique National après la crise militaro-politique que connait la Cote d'Ivoire depuis septembre 2002. 5 REMERCIEMENTS La réalisation de ce mémoire de Master II, Ethique Economique et Développement Durable (EEDD) a été possible grâce au concours de plusieurs personnes qu'il convient de nommer et de remercier. Tout d'abord, le Professeur Augustin ANASSE, Enseignant-chercheur à l'université Alassane Ouattara (Bouaké), qui a bien voulu accepter de diriger ce travail. Ses grandes qualités de chercheur lui ont permis de faire des critiques constructives et de donner des conseils avisés pour affiner les analyses. Il n'a jamais manqué de lire et de relire ce travail pour en extirper les coquilles éventuelles et le rendre beaucoup plus digeste. Ensuite, Monsieur Jean Emile NKIRANUYE, ancien Directeur à l'IDDH au CERAP dont le soutien ne nous a pas fait défaut. C'est lui qui nous a encouragés à suivre cette formation en insistant sur les débouchés possibles pour les auditeurs. Enfin, à ces personnes il faut associer l'ensemble des enseignants du Master II EEDD pour la qualité de leur enseignement; les camarades de promotion avec qui nous avons échangé des connaissances, pour leur contribution à la réalisation de ce travail de recherche. Nous ne pouvons terminer nos propos sans remercier Monsieur Jean Paul MALAN, premier Coordonnateur du PSCN, celui-là même qui a fait la mise en place de cette structure, en lui donnant corps et vie. Grâce à sa vision et sa maitrise du programme, il a pu nous assister dans l'élaboration de ce travail, malgré son calendrier très chargé. INTRODUCTION 6 L'image d'une mondialisation bienfaitrice a été quelque peu écorchée par l'éclatement d'une série de crises, manifestées sous la forme alimentaire, économique et financière (Ouattara, 2010). Les conséquences de ces crises, au niveau social, se sont traduites par l'exacerbation de la misère, rendue encore plus critique par la destruction de nombreux emplois. Au plan mondial, parmi les quelques 200 millions de personnes au chômage en 2009, près de 40 % avait entre 15 et 24 ans (BIT, 2011). Environ 28% des jeunes dans le monde ont une activité mais vivent dans des ménages gagnant moins de 1,25 USD1 par jour (BIT, 2011). En Côte d'Ivoire, le nombre de pauvres a été multiplié par 10 en l'espace d'une génération selon le Document de Stratégie de la Réduction de la Pauvreté (DSRP, 2009). En effet, longtemps reconnue pour sa stabilité socio politique, la Côte d'Ivoire est confrontée depuis une décennie à une série de crises sans précédent. Après le coup d'Etat du 24 décembre 1999, suivi d'une transition militaire difficile, une renaissance avait été amorcée avec la tenue d'un forum de réconciliation et la mise en place d'un Gouvernement d'Union Nationale. Cependant, les évènements du 19 septembre 2002 ont mis en cause la stabilité et la cohésion sociale. Cette crise est venue exacerber la situation et a entraîné un repli des activités économiques accompagné d'une forte régression du taux de croissance du Produit Intérieur Brut (PIB), (DSRP 2009). Pour répondre à cet impératif, le Gouvernement a créé, par Décret n° 2007-68 du 16 février 2007, le Service Civique National pour « tous les jeunes de toutes les régions de la Côte d'Ivoire ». L'Accord Politique de Ouagadougou, signé le 04 mars 2007 qui est l'aboutissement du Dialogue Direct entre les deux ex-belligérants viendra confirmer cette volonté politique en favorisant la mise en place d'un programme de Service Civique National(PSCN), par Arrêté n° 017/PM/CAB du 31 mars 2008. L'élection de 2010 annoncée pour une sortie de crise s'est transformée en une crise postélectorale. 1,25 USD = 525 F CFA 7 La crise postélectorale est venue amplifier les souffrances des Ivoiriens et de tous ceux vivant sur le sol ivoirien avec son cortège de morts, de handicapés et de sans abri. Au terme des combats que se sont livrés les différents protagonistes, les armes ont été abandonnées par les combattants dans leur retraite. Certains les ont cachées et d'autres emportées, ce qui constitue un danger pour tous. L'usage incontrôlé de ces armes abandonnées dans les mains des différents combattants constitue un enjeu majeur pour le Gouvernement. En effet, la détention de ces armes crée un climat d'insécurité dans le pays. Pour certains ex-combattants, l'arme constitue un moyen efficace de menace pour acquérir ce dont ils ont besoin pour leur survie, d'où les braquages, les vols et autres méfaits. Quant à d'autres, à l'instar des bandits de grand chemin, c'est une aubaine pour se conforter dans leur vieux métier. Parmi eux, on retrouve les braqueurs de banques, de domiciles et notamment les coupeurs de route. Face à cette situation, les autorités sont confrontées à un double défi: § Apporter, à court et moyen terme, une solution de type Démobilisation, Désarmement et Réinsertion à tous les jeunes qui se sont directement familiarisés au maniement des armes ; § Ebaucher des solutions durables pour la réinsertion professionnelle des jeunes au cours des prochaines années pour limiter l'insécurité, le chômage et réduire la pauvreté. Les attentes des populations, de la communauté internationale et surtout des jeunes sont nombreuses. Mais pour quelles raisons certains bénéficiaires des projets d'insertion économique initiés par le PSCN abandonnent-ils leurs activités? Ont-ils eu assez de temps de sensibilisation pour mieux appréhender l'essentiel de leur formation? La valeur du kit d'installation est-elle suffisante pour permettre aux bénéficiaires de développer une activité qui leur donne une autonomie économique et sociale? Ont-ils bénéficié d'un encadrement et d'un suivi après leur installation? C'est à tous ces questionnements que nous tenterons de répondre à travers l'évaluation ou le bilan que nous allons faire de tout le processus du PSCN, de la sensibilisation à la formation, en passant par les kits d'installation jusqu'au suivi post installation des bénéficiaires. 8 C'est aussi l'occasion pour nous de voir l'avenir réservé au Programme à travers des perspectives tel que la nouvelle structure dénommée Autorité pour le Désarmement, la Démobilisation et de Réintégration (ADDR) mise en place par Décret n°2012-787 du 8 août 2012 et l'Office du Service Civique National (OSCN) par Décret N°2007-644 du 20 décembre 2007. Afin de mieux cerner le sujet, nous structurons notre travail autour de deux parties: - La première partie présente le cadre environnemental et théorique de l'étude ; - La seconde est à l'analyse et aux perspectives du PSCN. PREMIERE PARTIE 9 CADRE ENVIRONNEMENTAL ET THEORIQUE DE L'ETUDE 10 La première partie de notre travail vise deux objectifs que sont le cadre environnemental et le cadre théorique de l'étude. Le cadre environnemental permet de comprendre et d'identifier les enjeux des politiques d'insertion socioéconomique des ex-combattants du PSCN. Il permet également d'identifier les notions d'insertion, de réinsertion sociale et économique selon les contextes sociaux, historiques et politiques du Programme. Enfin, le cadre environnement présente de manière générale le Programme du Service Civique National au travers de ses missions, ses objectifs, son organisation et son fonctionnement. Pour ce qui est du cadre théorique, nous retenons qu'il s'intéresse à quatre points essentiels que sont la définition de l'objet de l'étude, la revue de la littérature, la problématique et la définition des concepts. Selon Saint-Charles, le cadre théorique d'une étude se définit comme « Compte-rendu (résumé, synthèse) des idées disponibles dans la littérature et d'une justification de la rétention de certaines définitions au détriment des autres que vous avez trouvé dans la littérature. ». C'est l'organisation de l'information en un ensemble cohérent. "Une approche théorique est une structure potentielle d'explication qui comporte un certain nombre d'éléments. Elle comprend d'abord des postulats qui traduisent la vision des choses sur laquelle elle s'appuie ainsi que des concepts qui permettent de cerner et de classifier les phénomènes à étudier. Elle précise, par des propositions, l'ensemble des relations postulées entre les différents concepts et sous-concepts de l'approche et pose quelques hypothèses sur des relations entre concepts qui, si elles peuvent être vérifiées et confirmées, pourront être transformées en lois générales ou en généralisations théoriques. Ce n'est que lorsqu'on aboutit à de telles lois générales que l'on peut parler de théories." Mace, (1992). « Le cadre théorique sert principalement à présenter un cadre d'analyse et à généraliser des relations théoriques déjà prouvées dans d'autres contextes pour tenter de les appliquer au problème.» Laramée et Vallée (1991). Le cadre théorique permet de :
11 La définition de l'objet de l'étude montre les motivations ou les raisons qui ont présidé au choix du sujet de l'étude. S'agissant de la revue de la littérature, nous disons qu'elle donne une occasion de lire et de rassembler les écrits d'auteurs se rapportant au thème de l'étude. Cela permet également d'apprécier le niveau de connaissances littéraires de l'étudiant. Pour ce qui concerne la problématique, on note que toute étude vise à apporter une solution à un problème posé ou un constat fait. A travers des sous questions découlant de la question principale, la problématique va permettre de s'inscrire dans un cadre de réponses à ces questionnements. Enfin, la définition des concepts consiste à clarifier les mots clés pour la bonne compréhension, non seulement de celui qui écrit, mais également de ceux qui le lisent. C'est pour cette raison que Emile Durkheim, grand penseur de l'intégration sociale des débuts de la sociologie, dans son ouvrage intitulé les règles de la méthode propos, affirme que « le savant doit d'abord définir les choses dont il traite afin que l'on sache et qu'il sache de quoi il est question ». Chapitre I : Cadre environnemental de l'étude 12 Il s'intéresse à la présentation générale du Programme du Service Civique National (PSCN) à travers ses missions, ses activités, son organisation, son fonctionnement et ses réalisations et perspectives. 1-1: Présentation du PSCN : ses missions 1.1.1 : Présentation générale du programme du service civique national (PSCN). Le PSCN fait partie des instruments mis en place après les différents accords de paix pour participer à la pacification et à la sécurisation du pays suite à la longue crise. S'agissant de la sécurisation, les jeunes sont encouragés à déposer les armes et à s'insérer dans le tissu économique. Pour ce qui est de la pacification du pays, ils sont appelés à participer au processus de réconciliation à travers le civisme, les bonnes moeurs et la réhabilitation communautaire. 13 F Siège du PSCN Le Programme National du Service Civique (PSCN) est installé à son siège depuis le mois de juillet 2008. Il est situé aux II-Plateaux à la 7éme tranche, à l'angle des rues L135 et L100. 14 1-1-2 : MissionsPlacé sous l'autorité du Premier Ministre, Chef du Gouvernement, par décret N°2007-644 du 20 décembre 2007, le Programme du Service Civique National (PSCN) comprend trois (3) organes de mise en oeuvre que sont:
Ce sont les organes administratifs de coordination des activités du Programme dans les régions où sont implantés des centres de service civique. Le PSCN est une Institution nationale qui a pour mission de contribuer au retour de la paix et de la stabilité en Côte d'Ivoire par la formation et l'encadrement des jeunes, notamment, tous ceux qui se sont familiarisés avec le maniement des armes pendant la crise, aux valeurs républicaines ainsi qu'à certains métiers, en vue de leur insertion socio professionnelle. De façon spécifique, il s'agit de : - Renforcer les capacités citoyennes des bénéficiaires par la formation civique et qualifiante; - Promouvoir chez les jeunes une dynamique sociale par l'auto-emploi; - Faire participer les jeunes à la vie économique du pays par la création d'un corps national de volontaires, concernant particulièrement les travaux d'intérêt public, dans le cadre de la reconstruction nationale.
+ sensibiliser aux devoirs civiques et au respect : - de l'Etat de droit, - de la vie sociale et politique du pays, - de la hiérarchie, - du bien public et du bien commun, - de la constitution, des lois, des traditions et des valeurs culturelles. + éduquer à la vie communautaire et à la culture démocratique. Formation technique et professionnelle Enfin, il s'agit de donner une formation technique et professionnelle dans les différentes filières que sont l'agro-pastorale, l'artisanat, les métiers du bâtiment et des travaux publics, les Nouvelles Technologies de l'Information et de la Communication. Durée des formations et du programme - Durée des formations La durée des formations est inférieure ou égale à 9 mois. - Durée du programme Le Programme est lié au processus de sortie de crise. Quant à l'Office du Service Civique National (OSCN), créé par Décret N°2007-644 du 20 décembre 2007, il va prolonger les actions du Programme. La stratégie du programme Pour une plus grande ouverture doublée d'efficacité, le PSCN a adopté une stratégie de partenariat et d'externalisation de ses activités comme suit: - Lancement de projets pilotes - partenariat du PSCN avec le secteur public - partenariat avec le secteur Privé (Cabinets privés de formation) - Assistance technique internationale (Appui de la Coopération allemande - GTZ- pour la formation des Bénéficiaires et la réhabilitation des centres) 16 - Réhabilitation d'anciens centres de service civique (M'Bahiakro, Guingréni, Bondoukou, Gotonguoiné, Katiola) - Aménagement de sites pour la formation au service civique (Bouaké, Man, Korhogo, Daloa) - Ouverture de Centres provisoires de formation à la carte (Exemple les projets de formation à Issia, à Yopougon et en zone 4) 1-2 : Organisation et fonctionnement du PSCN La Coordination nationale, organe exécutif du Programme est chargée de la programmation et de l'exécution des activités du Programme. Elle est dirigée par un Coordonnateur National assisté d'un Coordonnateur Adjoint. Le Coordonnateur est chargé de : - La gestion administrative, technique, comptable et financière du Programme, y compris la gestion des ressources humaines et du matériel; - L'élaboration du projet de cadre organique du Programme; - L'élaboration du projet de budget du programme; - L'ordonnancement des dépenses relatives à la mise en oeuvre du Programme, conformément au manuel de procédures et aux normes des partenaires au développement qui contribuent au financement du programme; - La participation à la recherche de financements et à la mobilisation des ressources financières nécessaires à la mise en oeuvre du programme; - La liaison entre le Programme, les partenaires nationaux et les partenaires au développement qui contribuent au financement du programme. Le coordonnateur adjoint, faisant partie intégrante de la coordination, est chargé, sous la supervision directe du Coordonnateur National, de la gestion et de la coordination des activités opérationnelles du Projet. Il assure notamment la coordination et le suivi de l'exécution de toutes les activités du PSCN. Il a spécifiquement pour tâches d'élaborer le manuel de procédures relatif à l'organisation et au fonctionnement du PSCN ; d'établir le budget et des plans de travail détaillés du Programme et rapporter régulièrement sur son état d'avancement au Coordonnateur National ; d'assister le Coordonnateur National dans les activités organisationnelles du démarrage du programme; de 17 veiller à la gestion du personnel et à la bonne tenue des dossiers, rapports et documents comptables et enfin de produire régulièrement des rapports (mensuels, semestriels). Cette coordination est composée de quatre cellules:
Cellule Gestion Administrative et Financière Elle est chargée de : - L'administration et des finances; - L'élaboration des états financiers et de trésorerie; - L'élaboration du compte d'exploitation et/ou de résultats; - La reddition générale des comptes pour le Coordonnateur National; - L'élaboration et l'exécution du budget annuel; - Le suivi des relations comptables avec la Régie; - La communication et la sensibilisation; - La mise en place du système d'information; - La mise en place d'un système de suivi-évaluation des activités du Programme. Elle comprend deux grandes entités que sont l'Administration Générale et les Finances. L'Administration Générale comprend 52 agents de toute catégorie dont 8 aux finances. Les Finances comprennent le service comptabilité et la Régie financière. Le service comptabilité est géré par un chef comptable assisté de deux assistants Comptables. Quant à la Régie Financière, elle se compose d'un Régisseur (chef de la régie), d'un Assistant Régie Financière et de trois Assistants comptables. Le Régisseur est un fonctionnaire détaché par le Trésor Public auprès du PSCN pour la gestion des fonds publics. Cellule Formation Civique La Cellule Formation Civique travaille en bonne intelligence avec les cabinets et autres structures spécialisées dans ce domaine. Elle est chargée de : - La conception et de la mise en oeuvre des plans et des programmes de formation pédagogique, en matière de formation civique; - L'encadrement pédagogique des personnels enseignants et formateurs, ainsi que de l'organisation de stages de renforcement de leurs capacités; 18 - L'élaboration des modules et des plans de formation civique, ainsi que du calendrier de leur mise en oeuvre; - La vérification et l'évaluation du contenu des formations, ainsi que du suivi pédagogique. Cellule Formation Technique et Professionnelle A l'instar de la cellule formation civique, la Cellule Formation Technique et Professionnelle travaille avec les cabinets et autres structures spécialisées dans ce domaine. Elle est chargée de : - La conception et la mise en oeuvre des plans et des
programmes de formation technique et - L'encadrement pédagogique des personnels enseignants et formateurs, ainsi que de l'organisation de stages de renforcement de leurs capacités; - L'élaboration des modules et des plans de formation civique, ainsi que du calendrier de leur mise en oeuvre; - La vérification et l'évaluation du contenu des formations, ainsi que du suivi v pédagogique. Cependant, les deux Cellules (Formation Technique et Professionnelle, et Formation Civique) sont appuyées par des cabinets de formation dont le rôle essentiel est de dispenser les formations aux bénéficiaires dans les centres de formation du PSCN. Dans ces centres, il y a un minimum de personnel d'appui composé du Directeur du centre, des formateurs, d'un responsable pédagogique, d'un superviseur, d'un surveillant de Stocks, d'un agent de suivi et d'un agent de sécurité. La mission de ce personnel d'appui est la suivante: - Directeur du centre Il a spécifiquement pour tâche de Programmer et d'exécuter les activités du centre; d'organiser et de conduire des missions de sensibilisation et de promotion ; de veiller à la gestion du personnel; de Produire des rapports mensuels, trimestriels et annuels sur la gestion du centre; Il a pour rôle de déterminer et proposer chaque offre de formation un itinéraire pédagogique spécifique; il participe au recrutement des formateurs et à l'accueil et à l'orientation des jeunes vers les filières de formation; il assure également le suivi quotidien des formateurs, établit les emplois du temps et vérifie la faisabilité des projets d'affaires. - Formateur Sous l'autorité du Coordonnateur National et sous la supervision directe du Directeur du centre, le formateur a pour rôles la diffusion des enseignements, l'encadrement pédagogique, le suivi et l'évaluation des bénéficiaires. - Responsable Pédagogique 19 Sous l'autorité du Coordonnateur National et sous la supervision directe du Directeur du centre, le responsable pédagogique a pour rôles l'encadrement, l'animation pédagogique, la définition de l'offre de formation au niveau local, la programmation des enseignements, le suivi et l'évaluation des formateurs. - Superviseur Il a pour mission la gestion du CSC; la supervision des activités des formateurs et des apprenants; l'élaboration des rapports d'activités du CSC et le suivi des activités socio culturelles de fin de formation des apprenants. - Surveillant de Stocks Il Participe à la mise en place et à l'application des procédures et règlements de gestion de la cantine et des stocks du centre, à l'établissement des bons de réception et des bons de sortie pour les matériels et matériaux du projet dans son centre d'affectation et documenter tout mouvement du stock. - Agent de suivi L'Agent de suivi assure le suivi de la réinsertion des bénéficiaires. En outre, il aide les bénéficiaires à trouver des solutions leur permettant de se prendre en charge et à trouver la motivation nécessaire pour s'engager dans des spécialités techniques, agricoles ou des microprojets réalistes afin de réussir leur réinsertion sociale et économique. - Agent de sécurité Il contribue à la réalisation de l'objectif du programme qui est d'appuyer la réinsertion socio-économique d'ex-combattants et Groupes d'Auto Défense (GAD) en assurant le maintien du calme dans le Centre. Il assure la sécurité des bénéficiaires et il est chargé de veiller au respect du personnel, des biens communautaires et du règlement interne du centre par les bénéficiaires. Cellule Orientation à l'insertion Economique La Cellule Orientation à l'insertion Economique est chargée de : - L'élaboration et du suivi des conventions de partenariat avec les professionnels de l'insertion, les artisans, les Petites et Moyennes Entreprises; - L'orientation des jeunes inscrits au Programme du Service Civique National vers des structures spécialisées dans l'encadrement et le suivi post-formation. 20 1-2-1 : Activités et réalisations du PSCN depuis sa création Les activités du PSCN tournent essentiellement autour de trois (3) modules: Formation civique et citoyenne. La formation civique et citoyenne consiste à :
Relativement aux réalisations du PSCN, nous présentons essentiellement trois points: Au plan de la formation. Au cours de l'année 2008, 350 ex combattants ont été formés et insérés à Bouaké et Man. De l'année 2009 à ce jour, 5027 ex combattants et miliciens des groupes d'auto défense sont formés, soit au total 5377 bénéficiaires formés et insérés dans le tissu socioéconomique sur un total de 11.394 programmés sur la période 2009-2010. Au plan de la création de centres. A ce jour nous notons la création de 13 centres de formation par le PSCN sur 18 prévus à cet effet. 21 Ils sont situés à Bouaké, M'Bahiakro, Boundiali, Bondoukou, Man, Guiglo, Issia, Gotonguiné, Tabou, Abidjan-Yopougon et Abidjan-Marcory Zone 3, Daloa, Korhogo et Toulepleu. Cinq autres centres sont en voie de création; il s'agit de Gagnoa, Sassandra, Bouna, Nganon (Korhogo) et Odienné. Dans ces différents centres, il est dispensé des formations en agro pastorale, électricité, plomberie, saponification, sérigraphie, peinture et froid auto, et d'autres métiers comme la coiffure et la couture. Pendant la durée de ces formations, le civisme et la citoyenneté sont également dispensés aux jeunes bénéficiaires en vue de leur socialisation. Au plan de la mobilisation des ressources financières. Pour le financement du programme d'appui à la réinsertion des 11 394 ex-combattants et jeunes à risques, le PSCN a bénéficié de l'appui financier de la Banque Mondiale et de l'Union Européenne. Ce programme d'appui est mis en oeuvre par le Programme du Service Civique National en partenariat avec la GTZ (Coopération allemande) sur la période 2009-2010. Par ailleurs, pour le financement de la formation civique et citoyenne, la formation qualifiante à un métier, l'accompagnement des Groupes d'Auto Défense, l'acquisition d'équipements, de matériels et la réhabilitation du siège du PSCN, le Programme a bénéficié de l'appui du PNUD. L'Etat de Côte d'Ivoire a en charge le fonctionnement et certaines activités annexes du PSCN. Grâce à ces appuis financiers, le PSCN a obtenu les résultats suivants: - réhabilitation et équipement du siège du PSCN. - Création de treize (13) centres répartis sur le territoire national. - Insertion de 5377 ex combattants formés. La mobilisation des ressources financières ne s'est pas faite sans difficulté. En effet, le PSCN a rencontré beaucoup de difficultés lors de l'exécution du budget 2010, lesquelles sont liées au manque de trésorerie. Les plans de décaissement élaborés par le PSCN sont difficilement exécutables en raison de l'irrégularité des approvisionnements de son compte bancaire. Toutes ces difficultés sont consécutives aux problèmes de trésorerie du bailleur principal du PSCN, et de l'Etat de Côte d'Ivoire. Notons une amélioration du taux d'exécution du budget 2010 comparativement à celui de 2009. Quant aux Demandes de Remboursement de Fonds (DRF) transmis auprès du Projet d'Appui Post Conflit (PAPC) pour le renouvellement de la trésorerie du projet PSCN/PAPC, leur délai de traitement a pour conséquences la mise à jour quasi perpétuelle de notre plan de décaissement. Cela est essentiellement dû à toutes les autorisations à recueillir avant leur paiement. 22 Concernant, le projet PSCN/PAPC, le PSCN reste toujours en attente du document de procédures simplifiées devant lui permettre d'effectuer certaines dépenses essentielles dans les zones d'implantation des Unités de Formation de Proximité (UFPs). Cette disposition permettra un accroissement du taux de décaissement et l'accélération de la mise en oeuvre de la convention. 1-2-2 Partenaires du PSCN Dès sa mise en oeuvre en avril 2008, le PSCN a opté au regard des contraintes techniques et de l'urgence de la prise en charge des combattants pour la stratégie de l'externalisation, soutenue par des axes suivants : - La coopération avec l'assistance technique internationale GTZ-is ; - Les organismes internationaux tels que le Programme des Nations Unies pour le Développement, la Banque Mondiale, la Banque Islamique de Développement et l'Union Européenne. 23 Voici la cartographie des centres de formation du Programme du Service Civique National avec les différents partenaires. Les Centres de formation du Service Civique sont les lieux de mise en oeuvre des activités du Programme. Entre 1963 et 1984, la Côte d'Ivoire a construit une trentaine de centres pour abriter les activités du Service Civique. La plupart de ces centres ont été laissés à l'abandon. Certains parmi eux, ont fait l'objet de réhabilitation partielle pour la mise en oeuvre des activités du Programme du Service Civique National. Quatre ont été réhabilités en partie et abritent les services du PSCN à l'intérieur. Ce sont:
24 Le BNETD a été commis pour la réalisation d'une étude de réhabilitation complète de tous les anciens Centres de Service Civique non occupés y compris les premiers cités. A côté de ces centres de Service Civique National, et dans un souci de rapprocher le Programme de ses bénéficiaires, des centres de proximité sont créés et réhabilités, soit avec l'appui des partenaires aux développements, soit avec celui des collectivités locales.
- Issia, - Touleupleu, - Yopougon, - Tabou Ces centres sont utilisés dans le cadre de la sortie de crise. En plus des partenaires sus mentionnés, le PSCN depuis juillet 2011 a développé de nouveaux partenariats avec d'autres structures dans le cadre de la mise en place de sa nouvelle politique. Ce sont le FNS, l'AGEFOP, l'UVICOCI et le ComNat-ALPC. L'objectif de ce nouveau partenariat consiste à développer deux approches que sont: F Approche chantiers écoles Parallèlement aux CSC où les jeunes vont s`inscrire individuellement et volontairement, le concept des Chantiers Ecoles permet au PSCN de se rapprocher des jeunes à travers une approche collective. Ce sont des jeunes déjà réunis en association formelle ou informelle, résidents d'une même localité et porteurs d'un projet commun. Les Chantiers Ecoles sont sources d'espoir pour une insertion rapide, efficace et économique des jeunes. Le PSCN propose à ces jeunes une formation articulée autour des modules tels que le civisme et la citoyenneté, la gestion coopérative, l'entreprenariat et les techniques modernes. L'un des intérêts du Chantier Ecole, est que les revenus issus de la commercialisation des premières productions servent automatiquement d'apport initial. 25 Notons par ailleurs, une implication réelle des autorités des différentes localités concernées par ces projets. F Approche villages Agropastoraux et les villages artisanaux Cette nouvelle approche de l'orientation à l'insertion du PSCN va permettre de contribuer à entretenir les jeunes bénéficiaires. Elle concernera particulièrement les jeunes sortis des CSC. Les villages Agropastoraux et les villages artisanaux sont de grands centres de production agricoles et artisanaux que les jeunes pourront intégrer pour y travailler en se faisant un peu de moyens financiers. Ceux-ci pourront, plus tard, créer leurs propres activités au terme de leur passage dans ces grands centres où ils auront capitalisé des mois voire des années d'expériences. Ø Perspectives 2011 à 2013 A la lumière de ses activités précédentes et dans la vision de l'Office National du Service Civique (ONSC), le Programme fait les projections suivantes:
Chapitre II : Cadre théorique de l'étude 26 Ce chapitre traite quatre points essentiels que sont la justification du choix du sujet, la revue de littérature, la problématique, les hypothèses et la définition des concepts. 2-1 : Définition de l'objet de l'étude 2-1-1 : Justification du choix du sujet Au plan social, pour la paix et la lutte contre la pauvreté dans le monde, en Afrique et particulièrement en Côte d'ivoire, l'activité de réinsertion est fortement encouragée et soutenue par la communauté internationale. Il est essentiel de faire un bilan exhaustif en vue de corriger les faiblesses pour une insertion socio-économique durable en Côte d'ivoire. Au plan scientifique, c'est un thème qui nous intéresse à plus d'un titre. D'abord, parce qu'il est en adéquation avec notre formation qui porte sur le développement durable ; il vise en l'espèce les trois piliers et en particulier l'aspect économique et social. Ensuite, il permet de rechercher une solution durable à la réinsertion des ex combattants, socle de la lutte contre la pauvreté et d'une paix durable en Côte d'ivoire. Pour mieux maitriser les contours du sujet, il serait intéressant de se référer aux travaux antérieurs qui abordent la question, à savoir la recension des écrits ou encore appelée la revue de littérature. 2-1-2 : Revue de la littérature Du point de vue de Laramée et Vallée ( 1991), la revue de littérature ou recension des écrits permet de s'assurer que notre sujet de recherche n'a jamais été exploré de cette manière, de redéfinir la problématique, de voir les autres recherches, de vérifier nos concepts et les liens que l'on veut établir entre eux et de trouver les théories qui expliquent le mieux les faits et les relations de faits présentés dans la problématique. La littérature sur l'insertion socio-économique des ex combattants n'est pas assez abondante. Cependant, certains auteurs se sont penchés, à notre connaissance, sur la situation socio-économique. D'abord, Pierre Bourdieu, sociologue français (1930-2002), a fait un éventail de la notion d'insertion. Selon lui, la notion d'insertion renvoie en premier lieu au champ de l'action politique et sociale. Elle est apparue dans les années 70 dans le champ de la littérature sociologique. Longtemps assimilée à la notion d'intégration, l'insertion en diffère néanmoins sur plusieurs points. D'une part, 27 si le concept d'insertion est avant tout en lien avec l'action sociale, le concept d'intégration est né avec la sociologie. Mais, ce qui distingue au-delà des conditions historiques de leur apparition et de leur prise en compte dans le champ social, ce sont les réalités différentes qu'ils recouvrent, même si elles restent proches. L'insertion s'attache avant tout à définir le processus qui va conduire un individu à trouver sa place au sein de l'institution sociale, au sein d'une sphère sociale particulière. L'insertion sociale est davantage axée sur l'ensemble des démarches mises en oeuvre par et pour l'individu dans le but de s'insérer. Ainsi, l'insertion peut se décomposer en plusieurs modalités en fonction du domaine sur lequel elle se porte. On parle à ce titre d'insertion professionnelle (dans le but de trouver un emploi et d'accéder ainsi au marché de l'emploi) ou d'insertion sociale. Aujourd'hui, avec les difficultés liées au marché de l'emploi et la montée de la précarité sociale, de nouvelles formes d'insertion voient le jour. On parle notamment d'insertion par le logement, d'insertion par la culture, etc. A la différence de l'intégration, l'insertion n'est pas un concept propre à la sociologie, mais avant tout au champ social et politique. En outre, l'insertion s'attache davantage à définir le processus en cours d'un individu singulier au regard de la société, ou d'une sphère sociale particulière (emploi, logement, etc.), tandis que la notion d'intégration renvoie davantage en l'état, à un lien social d'une société et de ses membres. Une société est fortement intégrée si tous ses membres sont solidaires et complémentaires les uns des autres. L'intégration est davantage la lecture d'une situation de la société à un moment donné de son histoire. Le concept d'insertion relève néanmoins de différents positionnements intellectuels : pour faire simple, nous soulignerons les grandes dimensions sur lesquelles portent ces différences. L'insertion doit-elle être entendue dans une approche unificatrice ou bien bipolaire entre aspect économique et aspect social ? Peut-on faire de l'insertion économique sans l'insertion sociale ? Laquelle prime dans ce cas ? Il semble que la dimension économique soit considérée comme primordiale, si bien que l'insertion sociale se voit instrumentalisée, elle est un moyen d'assurer l'insertion économique qui reste dominante. 28 L'insertion est-elle une situation statique ou dynamique ? Sa définition relève-t-elle d'une approche situationnelle ou d'une approche en termes de processus ? Dans ce cas, l'insertion est-elle achevée un jour ou l'autre ? La question est souvent tranchée dans le sens d'une insertion entendue comme un processus singulier et multidimensionnel qui prend en compte la personne dans sa globalité afin d'agir à sa ré/insertion professionnelle. L'insertion est-elle globale ou particulière ? relève-t-elle d'un traitement individuel, ou collectif ? Autrement dit, est-ce l'individu dans sa trajectoire singulière, son parcours de vie qui doit être seulement pris en compte ou faut-il y lier une approche collective, en terme d'analyse structurelle ? Encore une fois, l'insertion est considérée dans une approche multidimensionnelle, avec la prise en compte de l'individu et de ses spécificités (histoires de vie, trajectoires sociales, etc.), mais en lien avec l'état de la structure économique et sociale (crise économique, diminution des solidarités, etc.) L'insertion recouvre donc des questionnements divers selon la manière de concevoir le concept. Pour faire simple, il semble acceptable de définir l'insertion comme un processus multidimensionnel (économique et social, singulier et collectif) qui a pour but d'accompagner l'individu à retrouver sa place au sein de la sphère professionnelle et/ou sociale. L'insertion, à la différence de l'intégration, et c'est peut-être là le point de distinction essentielle entre les deux concepts, ne comporte pas de dimension adhésive. L'individu n'a pas obligation d'adhérer au groupe social, au groupe professionnel dans lequel il s'insère. Ce qui est recherché c'est simplement sa participation aux règles, normes (insertion sociale), aux activités productives (insertion professionnelle) à la différence de l'intégration qui comporte une dimension adhésive forte. Mais souvent les deux notions sont employées indistinctement. Insérer ne suppose pas adhérer (même si à moyen/long terme, l'insertion conduit à l'adhésion) contrairement à l'intégration qui repose sur cette dimension adhésive avant tout. Disons que l'insertion est plus individuelle tandis que l'intégration est plus globale, la première est plus axé sur le retour à un statut particulier, la seconde à la force du lien qui unit l'individu au groupe et le groupe à l'individu. Une intégration efficace n'est possible que s'il y a une insertion réussie. Mais en revanche, l'insertion n'est pas un gage d'intégration (même si elle en est la condition). 29 On peut donc parler d'insertion sans pour autant qu'il y ait intégration. Par exemple, les rapatriés et les nombreux immigrés provenant pour l'essentiel d'Afrique du Nord dans les années 60 (ou aujourd'hui encore les immigrés chinois) disposaient d'un emploi, d'un logement. Ils étaient insérés professionnellement. Ils avaient un logement. Pour autant, l'intégration était quasiment nulle puisqu'ils ne parlaient ni ne comprenaient le français. Ils vivaient pour la plupart selon leurs rites, leurs codes et leurs règles particulières. D'ailleurs, la recherche d'intégration n'était pas le but, puisque la plupart avaient pour but de retourner au bled par la suite au départ. C'est avec l'installation dans le temps que l'insertion devient intégration. En revanche, il est intéressant de remarquer que c'est alors que l'intégration est forte (ou tente de l'être) qu'elle pose problème. Aujourd'hui la plupart des jeunes français issus de cette immigration maghrébine sont intégrés culturellement (codes, valeurs, idées, langage identiques) mais l'insertion sociale et professionnelle pose des difficultés. D'où également un repli communautaire, qu'il ne faut pas trop rapidement comprendre comme cause de la ségrégation sociale, mais davantage comme conséquence de celle-ci (mais c'est un autre sujet développé dans un billet précédent sur le « ghetto français »). Pour améliorer la réinsertion sociale des ex combattants, l'Organisation des Nations Unies (ONU) raffine ses efforts de désarmement. Rien que ces cinq dernières années, l'ONU a contribué à désarmer et à renvoyer à la vie civile quelque 400 000 ex-combattants dans le cadre de ses opérations de maintien de la paix. Un grand nombre d'entre eux se trouvaient dans des pays africains plus
de 72 000 en Sierra Leone, 100 Il est essentiel pour la stabilisation des situations d'après conflit de veiller à ce que ces ex-combattants ne reprennent pas les armes, a souligné en décembre Mark Malloch Brown, qui était alors Vice-secrétaire général de l'ONU, lors du lancement par l'Organisation de ses nouvelles Normes intégrées de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR). Selon Jean-Marie Guéhenno, Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, "Si nous raffinons notre stratégie de DDR, nous pourrons mieux aider les ex-combattants à réussir leur réinsertion sociale." L'objectif, dit-il, est de "faire en sorte qu'ils contribuent à une stabilisation accrue au lieu de constituer une cause d'insécurité." A la différence des initiatives de désarmement et de réinsertion ad hoc qui ont caractérisé de nombreuses opérations de maintien de la paix passées, les nouvelles normes cherchent à favoriser une approche globale. Elles fournissent des orientations politiques, des directives et des procédures 30 détaillées pour l'application de ces programmes de DDR, de l'étape de la conception et de la planification à l'intégration des problématiques concernant le VIH/sida, la parité entre les sexes et les jeunes2. Pour mettre au point ces nouvelles normes, de Freetown à Kinshasa, 14 départements et organismes des Nations Unies ont tiré les enseignements de plus de 15 ans de programmes de DDR à travers le monde. L'expérience acquise en Afrique a joué un rôle important à cet égard, du fait non seulement du nombre d'opérations de maintien de la paix engagées sur le continent, mais aussi en raison d'une initiative d'origine africaine visant à envisager le désarmement et la réinsertion sociale d'une manière plus systématique. En juin 2005, le Gouvernement sierra-léonais et le bureau du Conseiller spécial pour l'Afrique ont organisé à Freetown une conférence spéciale sur le DDR et la stabilité en Afrique à laquelle ont participé des experts de pays bailleurs de fonds et d'organisations internationales et régionales. L'accent a toutefois été mis sur le travail des 15 délégations africaines présentes qui comptaient dans leurs rangs des responsables gouvernementaux, des membres passés et présents de commissions nationales de DDR, des participants et ex-participants à des opérations de maintien de la paix, des bénéficiaires de programmes de DDR, des membres de forces armées, des représentantes d'associations de femmes ainsi que des membres d'organisations de la société civile et de communautés locales hébergeant des ex-combattants. En comparant les succès et les échecs rencontrés en Afrique par les programmes de DDR précédents, les participants ont pu faire un certain nombre de recommandations clés. Ils ont notamment insisté sur la nécessité de porter une attention particulière aux besoins des femmes et des enfants enrôlés parmi les combattants et de veiller à ce que la réinsertion sociale des ex-combattants soit étroitement liée à des plans de développement économique et social à long terme. A l'occasion du lancement, en décembre, de ces nouvelles normes DDR intégrées, Joe Pemagbi, l'Ambassadeur de Sierra Leone auprès de l'ONU, a noté que la plupart de ces recommandations y avaient été incorporées. Une deuxième conférence sur le DDR en Afrique, qui se tiendra à Kinshasa en République démocratique du Congo du 12 au 14 juin, permettra de promouvoir ces normes et donnera aux 2 Ces normes ont été affichées sur le Web ( www.unddr.org). 31 Africains la possibilité de tirer les enseignements de leurs propres expériences. Organisée par le bureau du Conseiller spécial pour l'Afrique et le Gouvernement congolais nouvellement élu, la conférence examinera plus particulièrement les problèmes complexes que pose la mise en oeuvre des opérations de DDR dans la région des Grands Lacs. Selon Nelson Alusala, de l'Institute for Security Studies (2011), l'échec de la réinsertion de milliers d'ex-combattants dans la région des Grands Lacs est dû à l'omission de mesures de prise en compte de l'appartenance sociale et à l'absence d'enjeu à long terme dans le développement économique. Il fait apparaître des régions exposées à la menace d'une remobilisation. Les programmes de désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR) durables, qui s'essoufflent souvent avant la phase finale de réinsertion, doivent être sensibles aux réalités sociales, culturelles et économiques. Les estimations du Programme National de Démobilisation, Désarmement et Réinsertion (PNDDR) au Congo RDC relèvent que l'impact économique et social est remarquable. Au plan économique, 17 000 bénéficiaires auront perçu le filet de sécurité pour un montant total de 5,017 millions. L'injection de cet argent, sur une période de 18 mois et dans cinq provinces qui sont parmi les plus pauvres du pays, aura un effet multiplicateur sur l'activité économique locale. Les kits d'outillages que le projet fournira à 28500 ex-combattants permettront la création d'environ 2000 exploitations d'élevage, de productions vivrières et maraîchères et de pêche artisanale; le développement de ces exploitations créera des emplois et augmentera la production agricole locale. Selon les mêmes estimations au Congo, au bout d'une année, les bénéficiaires d'une unité d'élevage de lapins pourront atteindre un effectif de 100 têtes en moyenne et un éleveur de volailles aura acquis une unité dont la valeur des effectifs sera d'environ 1000 dollars US. En ce qui concerne les cultures vivrières, chaque bénéficiaire d'un kit pourra récolter, au bout d'une année, 1 ha de maïs, 0,5 ha d'arachide et 1,5 ha de manioc, le tout représentant une valeur totale d'environ 2000 dollars US. A la fin du projet, l'ensemble des ex-combattants réinsérés pourront mettre sur le marché 600 000 tonnes de produits vivriers par an, produire au moins 5000 000 litres d'huile de palme par an et 7000 tonnes de poisson. L'effectif total des unités d'élevage sera de 700 000 têtes de bétail et volailles. Relativement à une stratégie commune de développement, avec les élus de son territoire et les acteurs socioéconomiques, Le Pays d~Alençon, trait d'union entre la Basse-Normandie et les 32 Pays de la Loire, fait la promotion des matériaux traditionnels locaux auprès des artisans, architectes et jeunes en formation à l'aide à l'investissement. Le tout participe du développement économique. C'est le cas par exemple des ex-combattants formés à BANGOLO sur l'utilisation du géo béton dans la construction; à ISSIA en élevage de poulets; à OUOKOUKRO S/P de M'BAHIAKRO en élevage de porcs etc. Tout comme le soutien à la création de commerces ambulants en zones rurales, afin de favoriser le retour de commerces alimentaires de première nécessité dans les hameaux aux populations vieillissantes et peu mobiles. Au plan social, le projet contribuera à la consolidation de la paix et de la réconciliation nationale, au développement des compétences des ex-combattants, et à une meilleure connaissance de la situation des femmes et filles ex-combattantes ou associées aux forces et groupes armés. Dans le cas de la côte d'ivoire, la formation aux différents métiers donne aux ex combattants un minimum de connaissances qui leur permet de gérer leurs activités (agricole, commerciale.) dès leur installation. Le projet a permis de prendre en charge 1000 ex-combattantes formées et insérées dans les activités agricoles. Le projet a permis également de connaitre l'ampleur exacte de la participation des femmes dans les groupes armés qui ont combattu. Dans le cadre du projet PSCN, sur trois centres que sont CSC Bouake, CSC ISSIA et CSC YOPOUGON, 920 filles ont été formées et insérées dans des activités dont l'agropastorale, la couture, la coiffure et le commerce, sur un ensemble de 3142 bénéficiaires. 2-1-3 : Problématique Michel Beaud décrit la problématique comme « l'ensemble construit autour d'une question principale, des hypothèses de recherche et des lignes d'analyses qui permettront de traiter le sujet choisi ». En clair, c'est la problématique qui conduit à la formulation d'hypothèses de recherche. L'hypothèse est en effet une réponse provisoire à la question préalablement posée. Elle tend à émettre une relation entre des faits significatifs et permet de les interpréter. Pour que la recherche soit valable, les hypothèses doivent cependant être vérifiables, plausibles et précises. Cette définition va nous guider pour énoncer les éléments de notre problématique. 33 La présente étude porte sur la politique de réinsertion socio-économique des ex- combattants et Groupes d'Auto Défense(GAD) du Programme du Service Civique National(PSCN). Selon J. Maquet, une société est un réseau des groupes majeurs en inter connexion et envisagé comme une unité qui protège une culture commune. Quel que soit le domaine où l'on se situe, une société suppose un groupe de personnes conscientes de leur communauté unies par de multiple relations, exerçant des activités des diverses natures, visant plusieurs objectifs dont la principale est son maintien. Mais alors, pourquoi certains bénéficiaires des projets d'insertion abandonnent-ils leurs activités pour retourner à leur ancienne vie (la reprise des armes)? Ont-ils été bien sensibilisés au bien-fondé du projet socio-économique mis en place? Y a-t-il eu un bon suivi après leur installation? Les kits d'installation permettent-ils aux bénéficiaires de mener une activité économique viable qui impacte socialement leur vie et celle de leur communauté? L'abandon des activités (socio-économiques) de réinsertion par les bénéficiaires peut les conduire à la reprise des conflits armés ou instaurer l'insécurité dans le pays, ce qui mettrait en mal la paix tant recherchée par les autorités du pays et la réinsertion durable des Ex-combattants du PSCN. 2-1-4: Hypothèses du travail Selon Madeleine GRAWITZ, l'hypothèse est une proposition de réponses aux questions posées dans la problématique. Par rapport à notre problématique, nous émettons les hypothèses suivantes : La sensibilisation des bénéficiaires sur le bien-fondé des projets d'insertion avant leur formation conditionne leur assiduité, leur prise de conscience et leur maintien dans leurs activités. Les kits d'installation doivent permettre aux bénéficiaires de développer des activités génératrices de revenus qui puissent les rendre socialement et économiquement autonomes, ainsi que leurs familles et leurs communautés. Le suivi des bénéficiaires après leur installation permet de les évaluer, de leur donner des conseils et les encourager à se maintenir dans leurs activités. 34 2-1-5 Objectifs de l'étude L'objectif général de cette étude est de faire l'évaluation de tout le processus du PSCN à travers son projet d'insertion, en d'autre terme, le bilan du Programme pour connaitre les causes d'abandon des activités d'insertion par certains Ex Combattants et Membres du Groupe d'Auto Défense. En termes d'objectif spécifique, il s'agit de vérifier si les hypothèses principales sont confirmées ou infirmées pour expliquer ou justifier l'abandon de certains bénéficiaires des projets d'insertion économiques. 2-2 : Définition des concepts Emile Durkheim, grand penseur de l'intégration sociale des débuts de la sociologie, dans son ouvrage intitulé les règles de la méthode propos, affirme que « le savant doit d'abord définir les choses dont il traite afin que l'on sache et qu'il sache de quoi il est question »; c'est pourquoi il est important de définir et clarifier les concepts clés pour éviter de semer une quelconque confusion dans l'esprit de nos lecteurs. De tels termes sont: Politique, Réinsertion, Social, Economique, Socio-économique, Intégration, Intégration socio-économique, Effet, Impacts et Développement Durable. Politique : Selon le dictionnaire de politique, "Toupictionnaire", le Sens étymologique du grec politikos, de la cité. La politique recouvre tout ce qui a trait au gouvernement d'une communauté ou d'un Etat :
- Initier une étude sur la situation des femmes et filles ex-combattantes ou associées aux forces et groupes armés. Les résultats de cette étude serviront de base à l'élaboration d'une stratégie d'assistance accompagnée d'un plan d'actions en faveur des femmes et filles associées aux forces et groupes armés. La mise en oeuvre de cette stratégie permettra au Gouvernement et aux partenaires au développement d'apporter des réponses appropriées aux besoins spécifiques d'assistance des femmes et filles qui ont été affectées par les conflits en Côte d'Ivoire. 2-2-1 Limites Dans le cadre de notre travail, nous avons été confrontés à plusieurs difficultés. D'abord, au niveau de la recherche bibliographique, le manque d'étude scientifique dans le domaine de l'insertion des ex combattants et ex membres d'Auto Défense en Côte d'Ivoire ne nous a pas permis de comparer nos résultats avec des études universitaires. Cependant, nous avons comblé ce déficit à partir d'autres travaux d'études réalisées au Congo, au Libéria et en Sierra Léone. Dans le déroulement de l'enquête, notre difficulté a été de convaincre les bénéficiaires de se confier à nous. En effet, la majorité des bénéficiaires étant des acteurs directs ou indirects durant 69 cette autre crise postélectorale, ceux-ci craignent pour leur vie et ont montré une réticence à notre égard. Les limites résident aussi dans le fait que le taux de représentativité des enquêtés est faible par rapport à l'ensemble des bénéficiaires repartis sur le territoire national. Le faible taux de personnes interrogées s'explique par le fait qu'à la date de l'enquête, les activités du Programme avaient pris fin par Décret N° 2012-785 du 08 Août 2012. Enfin, la conception de la notion de durabilité étant multiforme et transversale nous ne pensons pas avoir touché tous ses aspects lors de l'élaboration de ce travail. Notre travail s'est beaucoup plus accentué sur les facteurs technique, économique et financier d'une activité génératrice de revenu. A ce niveau, nous pensons que les effets sociaux et culturels peuvent avoir un impact significatif sur la durabilité d'une activité. CONCLUSION 70 Notre étude portant sur la politique d'insertion socio-économique des ex combattants et ex Groupes d'Auto Défense du Programme du Service Civique National, bilan et perspectives, a pour objectif d'évaluer tout le processus du PSCN à travers son projet d'insertion afin de connaitre les causes d'abandon des activités d'insertion par certains Ex Combattants et Membres du Groupe d'Auto Défense. C'est dans cette perspective qu'un arsenal méthodologique s'est bâti avec les moyens et outils nécessaires en vue d'atteindre les objectifs visés. Il s'est agi d'abord du cadre environnemental et théorique de l'étude. Ensuite, il a été question de montrer la démarche méthodologique avec les résultats de l'étude et relever les implications managériales. Au terme de l'analyse des résultats, les trois hypothèses de l'étude ont montré que la période de sensibilisation des bénéficiaires a été jugée trop courte (63,6%) et la valeur du kit d'installation insuffisante (80,8%). Par la même occasion, les résultats ont révélé l'absence de suivi après installation des bénéficiaires, soit 62,6%. A la lumière des diagnostics posés, nous pouvons retenir les implications suivantes : - Les bénéficiaires ont opéré de mauvais choix concernant leur métier car n'ayant pas eu assez de temps, pendant la sensibilisation, de comprendre l'activité dans laquelle ils devaient exercer. - L'insuffisance de la valeur des kits n'a pas permis aux bénéficiaires d'assoir une activité rentable qui puisse prendre en compte leurs besoins vitaux, d'où l'abandon du projet au bénéfice des armes. - La coordination du PSCN, par faute de suivi et d'évaluation des bénéficiaires, n'a pu prendre des décisions idoines pour la suite du projet, conséquence la fermeture du Programme. 71 Au regard de ce qui précède et en vue d'y apporter des mesures correctives, des recommandations essentielles ont été faites à l'attention des Responsables du PSCN, à savoir: - Le recrutement d'un responsable et des agents de suivi-évaluation pour suivre les bénéficiaires installés. - L'augmentation de la valeur des kits sur l'ensemble des activités du projet. - L'augmentation du temps de sensibilisation des futurs bénéficiaires avant leur entrée dans les centres de formation. Dans le cadre de cette étude, nous relevons des limites liées aux résultats obtenus. En effet, au niveau de la recherche bibliographique, le manque d'étude scientifique dans le domaine de l'insertion des ex combattants et ex membres d'Auto Défense en Côte d'Ivoire ne nous a pas permis de comparer nos résultats avec des études universitaires. Toutefois, nous avons pu mettre en relief, au travers de la revue de littérature, des travaux réalisées au Congo, au Libéria, en Sierra Léone et de manière générale dans la région des Grands Lacs. Dans le déroulement de l'enquête, il nous a été difficile de convaincre les bénéficiaires à se confier à nous. En effet, la majorité des bénéficiaires étant des acteurs directs ou indirects durant cette autre crise postélectorale et craignant pour leur vie, ont montré une réticence à notre égard d'où la faiblesse du taux de représentativité des enquêtés par rapport à l'ensemble des bénéficiaires repartis sur le territoire national. Ce faible taux de personnes interrogées s'explique aussi par le fait qu'à la date de l'enquête, les activités du Programme avaient pris fin par Décret N° 2012-785 du 08 Août 2012, d'où difficulté de rencontrer les personnes cibles. Enfin, la conception de la notion de durabilité étant multiforme et transversale, nous ne pensons pas avoir touché tous ses aspects lors de l'élaboration de ce travail. Notre étude s'est beaucoup focalisée sur les facteurs technique, économique et financier d'une activité génératrice de revenu. A ce niveau, nous pensons que les effets sociaux et culturels peuvent avoir un impact significatif sur la durabilité d'une activité. 72 Relativement aux perspectives, le décret cité plus haut met fin aux activités des Structures et Programmes étatiques de réinsertion dont le Programme du Service Civique Nationale. A cet effet, nous nous posons les interrogations suivantes: quel avenir peut-on envisager pour ce programme? L'Office Nationale du Service Civique, future structure dite pérenne, crée par décret en 2010, peut-t-il constituer un point de chute pour le PSCN ? Sa refonte dans la nouvelle structure (ADDR), actuellement opérationnelle, en constituerait-elle un avenir certain? 73 |
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