UNIVERSITE DE YAOUNDE
II
THE UNIVERSITY OF YAOUNDE II
![](Contribution-socio-anthropologique--lanalyse-de-la-protection-des-civils-par-les-forces-de-def1.png)
INSTITUT DES RELATIONS INTERNATIONALES DU
CAMEROUN
B.P.: 1637 Yaoundé
Tel: 242 31 03 05
Fax: (237) 242 31 89 99
E-mail: contact@iricuy2.net
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INTERNATIONAL RELATIONS INSTITUTE OF
CAMEROON
P.O Box: 1637 Yaoundé
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Mémoire de recherche
CONTRIBUTION SOCIO-ANTHROPOLOGIQUE A L'ANALYSE DE LA
PROTECTION DES CIVILS PAR LES FORCES DE DEFENSE REPUBLICAINE DANS LES CONFLITS
ARMES EN RCA
Project-Work
AMENAGEMENT DES POINTS D'EAU POUR LES REFUGIES
CENTRAFRICAINS ET LA POPULATION HOTE A L'EST CAMEROUN DANS LA ZONE DE
KETE
Mémoire présenté en vue de l'obtention
du diplôme de Master en Relations Internationales, Option :
Coopération au Développement et Action Humanitaire
Rédigé par
Blandine Laurette NGNOLO
Sous la direction
Pr. Pascal Charlemagne MESSANGA NYAMNDING
Maitre de Conférences en Sciences Politiques et en Droit
Public
Chef du département de l'Intégration et de la
Coopération pour le Développement à l'IRIC
![](Contribution-socio-anthropologique--lanalyse-de-la-protection-des-civils-par-les-forces-de-def2.png)
![](Contribution-socio-anthropologique--lanalyse-de-la-protection-des-civils-par-les-forces-de-def3.png)
![](Contribution-socio-anthropologique--lanalyse-de-la-protection-des-civils-par-les-forces-de-def4.png)
Année académique 2013-
2015
Master blended mis en oeuvre en collaboration avec
le Centre International d'Etudes pour la Recherche Didactique de
l'Université Cà Foscari de Venise (Italie)
SOMMAIRE
AVERTISSEMENT
ii
DEDICACE............................................................................................................................................iii
REMERCIEMENTS..............................................................................................................................i
vLISTE DES ACRONYMES ET
SIGLES.........................................................................................................v
LISTE DES TABLEAUX
vii
RESUME........................................................................................................................................viii
ABSTRACT.......................................................................................................................................ix
INTRODUCTION GENERALE
1
PREMIERE
PARTIE : ETAT DES LIEUX DE LA RESPONSABILITE DES FORCES DE DEFENSE DANS LA
PROTECTION DES CIVILS EN RCA
35
CHAPITRE 1 :
LES MISSIONS DEVOLUES AUX ARMEES EN PERIODE DE CONFLIT
36
SECTION 1 : LES OBLIGATIONS DES FORCES
ARMEES EN PERIODE CONFLICTUELLE
37
SECTION 2 : L'IMPARTIALITE DES FACA EN
PERIODE CONFLICTUELLE
40
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CHAPITRE 2 :
L'ENCADREMENT LEGAL DE LA PROTECTION DES CIVILS PAR L'ARMEE EN PERIODE
CONFLICTUELLE
2
SECTION 1 : CADRE LEGAL DE L'ENCADREMENT DES CIVILS
PAR L'ARMEE EN PERIODE
CONFLICTUELLE.................................................................................................................................................
50
SECTION 2 : CADRE ILLEGAL DE
L'ENCADREMENT DES CIVILS EN PERIODE CONFLICTUELLE
2
DEUXIEME
PARTIE : L'IMPACT DES FORCES DE DEFENSE REPUBICAINE SUR LA PROTECTION DES
CIVILS EN RCA
64
CHAPITRE
3 : L'INSTITUTIONNALISATION D'UNE ARMEE REPUBLICAINE EN RCA
65
SECTION 1 : MISE EN PLACE DES
MECANISMES ET PROCEDURES D'UNE ARMEE REPUBLICAINE EN RCA
66
SECTION 2 : L'ADHESION AUX PRINCIPES
DES FORCES DE DEFENSE REPUBLICAINE
75
CHAPITRE
4 : L'IMPLEMENTATION D'UNE ARMEE REPUBLICAINE DE PROTECTION DES CIVILS
83
SECTION 1 : LA SPECIFICITE MILITAIRE
VERSUS LA SOCIOLOGIE DES ARMEES
83
SECTION 2 : L'IMPACT DE LA SOCIOLOGIE
DES ARMES SUR LES OPERATIONS MILITAIRES POURLA PROTECTION EFFECTIVE DES CIVILS
PAR LES FACA
92
CONCLUSION GENERALE
100
LISTE DES FIGURES ET PHOTOS
103
ANNEXES
104
BIBLIOGRAPHIE
105
PROJECT
WORK
117
SIGLES ET ABREVIATIONS
119
INTRODUCTION GENERALE
120
CHAPITRE
1 : ETAT DES LIEUX DE L'ACCESSIBILITE A L'EAU DANS LES SITES DE L'EST
124
SECTION 1 : ETAT DES LIEUX DES SOURCES
D'APPROVISSIONEMENT EN EAU
124
SECTION 2 : NECESSITE ET AVANTAGE DE
L'APPROVISIONNEMENT EN EAU
126
CHAPITRE
2 : AMELIORATIONS DE L'ACCESSIBILITE A L'EAU
130
SECTION 1 : AMELIORATION QUALITATIVE
DE L'EAU
130
SECTION 2 : PERENNISATION DE
L'INTERVENTION ET IMPLICATION DES COMMUNAUTES
133
CONCLUSION GENERALE
136
Liste des figures et photos
137
BIBLIOGRAPHIE PROJECT WORK
138
TABLE DES MATIERES
139
AVERTISSEMENT
La production de ce Mémoire n'engage en rien la
responsabilité de l'Institut des Relations Internationales du
Cameroun.
A
· BASSAGA THERESE ma mère
· NOE KENZO mon fils
REMERCIEMENTS
Mes remerciements vont tout d'abord à tout le corps
enseignant de l'IRIC en particulier le Directeur pour la mise à notre
disposition d'un Master offrant un programme aussi riche qu'est le CA2D qui
répond parfaitement aux problématiques que connaissent les pays
africains ;
Toute ma gratitude va évidemment à mon Directeur de
mémoire, le professeur Pascal Charlemagne Messanga Nyamnding, pour ses
conseils avisés dans le domaine de la recherche.
Je remercie Monsieur Bipa Andy pour sa magnanimité dans le
financement de mes études ;
Je remercie Monsieur Wetjeng Désiré pour ses
encouragements et son soutien pendant la préparation du concours
d'entrée à l'Institut et durant toute ma formation ;
Je remercie toute ma famille pour son soutien tant moral que
physique durant la durée de ma formation.
LISTE
DES ACRONYMES ET DES SIGLES
APRD : Armée populaire pour la restauration de la
République et la démocratie
BONUCA : Bureau d'appui des Nations Unies pour la
consolidation de la paix en République Centrafricaine
CAD : Comité d'aide au développement
CDC : Code de conduite
CICR : Comité international de la croix rouge
CIJ : Cour international de justice
CPI : Cour pénal international
CREDOC : Centre de recherche pour l'étude et
l'observation des conditions de vie
CSNU : Conseil de sécurité des Nations
Unies
DCAF : Centre pour le control démocratique des forces
armées de Genève
DIH : Droit international humanitaire
EUFOR : Forces de l'union européenne
FACA : Forces armées centrafricaines
FDPC : Forces démocratiques pour le peuple
centrafricain
FIDH : Fédération internationale des ligues
des droits de l'homme
GP : Garde présidentielle
GRIP : Groupe de recherche et d'intervention sur la paix
HRW: Human rights watch
IRSEM : Institut de recherche stratégique
d'étude militaire
LCDH: Ligue centrafricaine des droits de l'homme
OCDE : Organisation pour la coopération et le
développement économique
OCHA : Bureau de coordination des affaires humanitaires
OUA : Organisation de l'unité africaine
RCA : République Centrafricaine
RDC : République démocratique du Congo
RCM : Relation civilo-militaire
RSS : Réforme du secteur de la
sécurité
SGUN : Secrétaire générale des Nations
Unies
TPIR : Tribunal pénal international pour le Rwanda
UFDR : Union des forces démocratiques pour le
rassemblement
UNHCR : Haut commissariat des Nations Unies pour les
refugiés
UNREC : Centre régional des Nations Unies pour la
paix et le désarmement en Afrique
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1 : Contrôle de la
défense par l'Assemblée National en RCA.
2
RESUME
La professionnalisation et la civilianisation de l'institution
militaire ont favorisé un effacement relatif de ses valeurs d'exception
reconnues par la spécificité militaire telle que la
cohésion, l'esprit de corps. Ce qui nous amène à parler de
l'individualisation du militaire qui au sens de la sociologie des
armées nous oblige à penser le militaire et son mode de vie
comme des lames de fond qui affectent la société dans son
ensemble, mais aussi parce qu'elle est essentielle si l'on
réfléchit à ses conséquences sous l'angle
opérationnel dans la conduite de la guerre, plus
précisément dans les opérations de secours et
d'assistance aux populations civiles. Nous avons estimé qu'un pays comme
la RCA du fait de son histoire politique particulièrement agitée
dans la sous région Afrique Centrale, du nombre incalculable d'exactions
commises par les FACA ethnicisées sur la population civile , se doit de
procéder à une républicanisation de l'armée pour
améliorer la protection des civils dans les conflits armés tout
en respectant le DIH.
Mots clés : protection des civils, force de
défense républicaine, FACA, sociologie militaire, RCA.
ABSTRACT
The professional and civil characters of military institutions
have favorisedcertain obliteration on exceptional values recognized by military
specificity such as cohesion and esprit de corps. This bring us to talk about a
soldier's individualization which in military sociology obliges us to think
about a soldier in his ways of living as ground swell which affects the entire
society, but also because it is essential if one thinks of its consequences in
a war operational angle management, and more precisely in the domain of civil
population relief and assistance operations.We have considered that a the
country such as the CAR with its agitated political history in the Central
Africa sub-region, with a certain number of violent acts undertaken by the CAAF
ethnicised on civil population, should proceed on the republicanisation of the
army so as to ameliorate on civilians protection in military conflicts as well
as respecting International humanitarian law.
Keywords: civilian protection, republican defense forces, CAAF
(Central African Arm Forces), Military sociology, CAR.
INTRODUCTION GENERALE
A.
CONTEXTE DE L'ETUDE
Autrefois surnommé la « cendrillon de
l'empire »1(*), la RCAdepuis son indépendance acquise sur
la France le 1er Aout 1960, a écrit son histoire à
travers une succession de régimes autoritaires, le plus souvent
instaurés par des coups d'états militaires, par une corruption
généralisée, par l'ethnicité et le népotisme
comme constituant la norme, par la militarisation du pouvoir, et par le
caractère continu d'une opposition armée structurée en
groupes donnant lieu à des affrontements sanglants qualifiables de
conflit armé. Les figures ci après retracent la chronologie des
évènements de la RCA, ainsi que les différents stades de
conflit qu'elle a traversé depuis son indépendance.
Figure 1 : chronologie
des événements marquants de la RCA :
Source : Sophie ESCOFIER et al , in Nature et forme de la
violence, cause du conflit en RCA, Grenoble 2014,
www.ireness.net,
consulté le, 08 Décembre 2014.
Ainsi que les divers stades du conflit :
Figure 2 : les
étapes du conflit en RCA
![](Contribution-socio-anthropologique--lanalyse-de-la-protection-des-civils-par-les-forces-de-def6.png)
Source : Sophie ESCOFIER et al , in Nature et forme
de la violence, cause du conflit en RCA, Grenoble 2014,
www.ireness.net,
consulté le, 08 Décembre 2014.
L'instabilité politique domine et dès
l'indépendance les conditions sont posées pour que s'installe un
conflit latent sur les bases du jeu démocratique. David Dacko est
porté au pouvoir et met rapidement en place un régime autoritaire
à parti unique. Dès lors, le recours à la force s'impose
comme « le mode d'accession et de maintien au pouvoir.
»2(*)Les coups
d'Etats se succèdent sur fond de manipulations et d'enrichissement
personnel des dirigeants africains soutenus par les services secrets
français, c'est ce que Verschave désigne sous le nom de
Françafrique3(*).
Un des facteurs clés de cette situation
d'instabilité à la fois politique, économique et
sécuritaire qui caractérise le pays depuis son
indépendance trouve son origine dans les FACA et la garde
présidentielle, deux corps qui ont été sujets à des
remaniements continus, par le biais de purges et de campagnes de recrutement,
afin de conserver une orientation ethnique convenant aux présidents de
la république successifs4(*). A cet effet,Melherobserve que :
« Cette formation politique étatique
postcoloniale située en Afrique Centrale est alors livrée
à de luttes tenaces et vivaces de domination entre différentes
factions et fractions sociopolitiques, des luttes à travers lesquelles
des « entrepreneurs politiques, les plus actifs créent en
utilisant (...) les organisations militaires (y compris les groupes rebelles ou
l'armée officielle) de manière plus ou moins interchangeable pour
leurs visées politiques5(*) »
C'est justement au coeur de cette perspective que le
Président Faure
Gnassingbédéclarait :« L'armée c'est
d'abord la tribu, et puis l'ethnie. »6(*)Car en RCA, les clivages
ethniques sont particulièrement intenses dans le corps militaire
divisé entre « une armée déstructurée et
délaissé FACA et les milices valorisées
ethnicisées. »7(*)
Le phénomène d'exclusion et de tribalisme au
sein des FACA voit le jour avec le Général d'armée
André Kolingba, Président de la république entre 1981 et
1993. Les proches du général et de son groupe ethnique les Yakoma
du sud ont trusté la garde présidentielle, unité
d'élite de l'armée qui servait de garde prétorienne. Les
Yakoma se trouvaient dans les FACA à des niveaux sans
précédent. Bien que l'ethnie Yakoma constituait à peine 5%
de la population, elle a rapidement représenté un quart et un
tiers des effectifs totaux de l'armée et peut être la
moitié de ses officiers pendant le mandat de Kolingba8(*).
Mehler agrée cette situation en admettant
que :
« la politique centrafricaine n'est pas
complètement délivrée des obsessions du pouvoir
perpétuel et de la possession par les démons fractionnaires et
divisionnistes de l'ethno-hégémonisme
politico-clientéliste qui met en concurrence des blocs sociopolitiques
construits autour de la clientélisation concurrentielle et ou martiale
des « clivages ethno régionaux opportunément
façonnés ou exploités par l'ingénierie identitaire
des élites ».
La gestion tribale initiée par Kolingba va aboutir
à la première guerre civile à partir de 2002 et va marquer
l'entrée dans le conflit ouvert9(*). Pour Brice Arsène Mankou,« le
tribalisme résulte de l'incapacité et de l'impuissance des
leaders politiques à asseoir les principes démocratiques dans
leur pays », et de poursuivre : « ils deviennent ainsi
des dictateurs capables de sacrifier leur peuple pour leur propres
intérêts. »10(*) A l'approche des échéances
électorales, le le politique africain se réconcilie souvent avec
sa base constituée essentiellement d'hommes et de femmes appartenant
à son ethnie d'où les expressions souvent répandues du
genre « c'est notre pouvoir » « c'est nous qui
commandons » « et vous devez attendre votre
tour ». Philippe Hugon, directeur de la recherche à l'Institut
des relations internationales stratégiques affirme : «
les satrapes centrafricains ont toujours manqué de
légitimité et ont ethnicisé leur pouvoir dans une logique
néo patrimoniale. »11(*)
Ange Félix Patassé cinquième
président de la république, sous prétextede
rééquilibrage, va s'appuyer sur des gens de la même origine
ethnique que lui. Les Yakoma de la garde présidentielle furent ainsi
renvoyés de l'armée régulière au profit des
unités originaires du Nord, frontalier au Tchad, et plus
particulièrement issues de son propre groupe ethnique, les Sara12(*).
Les tenants du régime Bozizé à fort
tropisme ethno clientéliste Gbaya13(*) aidé par la France, s'est attelé
à reformer et à renforcer l'armée, Bozizé a
intégré dans l'armée plusieurs centaines de ses partisans
armés après deux mois de formation de base14(*). Mais les avantages de
l'intégration et de la démobilisation se sont fait trop
longtemps attendre pour les anciens soldats, Anicet Saulet15(*) un fonctionnaire de
l'administration et un ex chef de la mutinerie militaire de 1997, a
déclaré que certains retards de recrutements ont
été causés par des difficultés administratives,
mais il a ajouté que les considérations ethniques constituaient
également une autre explication. Didier Bigo16(*) justifie ce
clientélisme comme acte de référence aux obligations de
solidarité familiale.
Affichant la volonté de forger enfin l'unité
nationale, François Bozizé, à l'issue du coup d'Etat de
2003, avait promis une représentation équitable de toutes les
composantes de la population. Il s'était également engagé
à développer le Nord du pays pour mettre fin à sa
marginalisation, notamment en y créant des services sociaux et en y
instaurant une réelle sécurité. Il n'en fit rien. Il agit
en despote népotique, en prévaricateur et en maquignon17(*).
Plus que jamais l'otage d'un premier cercle de parents et de
partisans jusqu'au-boutistes, le Président Bozizé a refusé
les concessions indispensables à une véritable
démocratisation en RCA. En vue de sa réélection en 2010,
il use de l'amnistie générale promise dans les accords de paix
avec les mouvements rebelles comme une arme d'exclusion. En même temps il
octroi l'impunité à ses propres forces coupables de graves
exactions, et tente d'enrayer l'action de la CPI qu'il avait pourtant lui
même saisie en 200418(*).
L'une des causes sous-jacente de la RSS
de 2008 a été l'ethnicité des FACA19(*) et cette situation a
perduré jusqu'au coup d'état de Michel Djotodja sur
François Bozizé.
La république Centrafricaine a une tragique histoire
d'atteintes aux droits humains commises par les gouvernements qui se sont
succédés, y compris celui de Bozizé dernier
président renversé, le rapport d'Amnesty international
publié en octobre 2011 a déjà mis en lumière les
atteintes systématiques et persistantes aux droits humains, notamment
les homicides illégaux, les viols et les autres formes de violences
sexuelles.
C'est donc ainsi que depuis la mi-2005, des centaines de
civils ont été tués, plus de 10 000 maisons ont
été incendiées, et environ 212 000 personnes
terrorisées ont fuit leurs domiciles pour aller vivre dans des
terribles conditions au plus profond de la brousse dans le nord de la RCA, dans
le conflit qui opposait deux importantes rébellions à savoir
l'UFDR et l'APRD contre le gouvernement du président Bozizé
dénonce HRW.
La défaillance des missions des FACA datent depuis
toujours en RCA, déjà à l'origine des mutineries, de la
guerre civile de 2002 elles n'ont pas cessé d'exceller dans cette
pratique sous la gouvernance de Bozizé entre le second semestre 2005 et
fin 2007, certains éléments des FACA se sont tristement
illustrés par de graves violations des droits de l'homme et du DIH
à l'occasion de leur offensive contre les rebelles20(*).
La toile complexe de conditions politiques difficiles et la
violence armée ont vraiment menacé presque tous les aspects de la
sécurité, remettant en question la survie, les moyens d'existence
et la dignité de la personne. Car désormais en lieu et place
d'une lutte chevaleresque, les meneurs de guerre dans les conflits armés
qui déchirent la RCA n'hésitent pas à sacrifier les
innocents, les conflits ne sont plus ce qu'ils étaient au temps d'Henri
DUNANT où les combattants s'affrontaient en armées rangées
dans les campagnes maintenant leurs déstructurations les a conduits
à se dérouler aussi bien dans les villes et les villages en
faisant des personnes civiles la cible parfaite des belligérants. Cibles
parfois des attaques dirigées délibérément contre
eux ou des objectifs militaires, les civils payent le lourd tribu, le conflit
les frappe de différente manière que ce soit à travers la
rupture des liens affectifs ou la destruction du tissu familial, ils sont
pourchassés pour leur appartenance ethnique, religieuse ou peuvent aussi
être simplement visés parce qu'ils représentent un
enjeu.Les propos de Koffi ANNAN tendent à résumer la
situation :
« Les victimes des conflits actuels sont non
seulement anonymes, mais littéralement innombrables... la terrible
réalité est que, de nos jours, les civils ne sont pas
simplement « pris entre deux feux ». Ils ne sont
pas non plus victimes accidentelles ou des « dommages
collatéraux », selon l'euphémisme en cours. Bien trop
souvent, ils sont « délibérément
visés »21(*).
Dans le cas du conflit rwandais, la rapporteuse de l'ONU
Rhadhika COOMARASWARMY dans son rapport sur les violences sexuelles
infligées aux femmes constate qu'en période de conflit
armé le viol systématique est un« message de
castration et d'émasculation du groupe ennemi »22(*), de même que le
TPIR23(*) a jugé
que les actes de violence sexuelles commises sur les femmes pendant le conflit
Rwandais étaient exclusivement dirigés vers les femmes Tutsi dont
le but était d'anéantir non seulement les victimes directes mais
également de porter atteinte aux proches des victimes, leur famille et
leur communauté, ainsi donc par delà les femmes victimes c'est
tout le groupe Tutsi qui est atteint.
Par conséquent, dans un contexte où la
sécurité est fonction de l'identitécomme le souligne
NtudaEbode, qui dans une approche plus sécuritaire des guerres
africaines post guerre froide soutient que :
« La question de l'ami dans son
référentiel à l'ennemi dans les conflits armés
renvoie essentiellement à deux alternatives : qui est pour moi et
avec moi est mon ami et qui est contre moi et avec l'autre est mon ennemi.
L'ami s'identifie à moi et l'ennemi à l'autre, ce qui signifie en
réalité que derrière l'opposition ami - ennemi en
géostratégie se joue la question de l'identité dans son
rapport par rapport à la sécurité.»24(*)
La RCA comme tous les Etats africains au Sud du Sahara,
tenant compte de leur poly-ethnicité et de leur configuration physique,
ne saurait rester en marge de ce truisme, car elle compte quatre vingt
ethnies.25(*)
Le DIH est le cadre légal qui régit la pratique
de guerre en l'occurrence la protection des civils dans les conflits. Sa mise
en oeuvre est du ressort des forces armées belligérantes plus
précisément de l'armée régulière car c'est
à l'Etat qu'il incombe en premier lieu de protéger ses
populations26(*), etcomme
le dit Dominique Bangoura « sur le plan national,
l'élément dominant de la sécurité est
l'armée.»27(*)
Cependant, une étude menée par le CICR
intitulé « people on war » les causes de violation
du DIH sont d'origine psychologique ce qui nous pousse à nous
intéresser aux personnes en charge d'assurer la protection à
savoir les forces armées et ce de manière individuelle. Car
d'après Jean Pierre Derriennic :
« la guerre est une activité typiquement
humaine elle est le fait d'un être rationnel, physique et social :
rationnel, donc capable de concevoir des buts à ses actions et d'entrer
en conflit avec ses semblables pour des enjeux divers, physique donc capable
d'exercer et de subir la violence, sociale donc capable de coopération
et d'organisation sans quoi la violence resterait individuelle et
dispersé.» 28(*)
De même d'aprèsCaplow etVennesson29(*) on ne peut comprendre une
guerre, une intervention humanitaire, un dilemme de la sécurité
ou de la diplomatie coercitive sans s'interroger sur les logiques propres aux
organisations militaires, sur les compétences des personnels,
l'influence des généraux, la qualité des systèmes
d'armes ou l'efficacité de la logistique. Inversement on ne peut
étudier durablement la forme des conflits, la transformation des menaces
sans se référer aux logiques militaires. C'est pourquoi nous
concentrons aussi le débat sur la spécificité militaire et
l'impact de la professionnalisation et de la civilianisation de l'armée
sur cette dernière car d'après les études menées en
sociologie miliaire par Caplow et Vennesson il ressort que :
« Les comportements et pratiques sociales
militaires ne semblent pas dépendre de l'évolution du
métier, des missions ou de la formation des personnels ; certains
phénomènes qui traversent la société militaire sont
autonomes, ils ne causent guère d'autre évolution et
n'enregistrent eux-mêmes que peu de transformation extérieure. Si
les tendances regroupées autour du pôle de sociabilité et
mode de vie s'expliquent mal par leur relation avec d'autres macro-tendances,
on peut formuler l'hypothèse qu'elles proviennent de deux sources :
les origines sociales et familiales des personnels militaires et la
transformation de l'ensemble de la
société ».30(*)
Cette transformation de la société militaire
estle fait de la professionnalisation et de la civilianisation du métier
qui ont fait perdre à l'institution une de ses caractéristiques
spécifiques qu'est l'autarcie, la rapprochant ainsi de la
société civile et mettant en avant les attributs personnels du
militaire pour toute analyse, c'est ainsi queSébastien Schehr remarque
que :
« La prise en compte de ce qui du point de vue de
l'institution relevait traditionnellement du
« privée », c'est-à-dire de toutes les
appartenances à des cercles sociaux extérieurs au milieu
militaire (famille, sociabilités, loisirs, consommation, habitation et
voisinage...) devient nécessaire car celles-ci comme le montrent les
études, affectent directement la condition et le quotidien du
militaire.»31(*)
Cette approche confère au militaire de nouvelle
caractéristiques, c'est donc ainsi que Bernard Boëne
considère que : « la professionnalisation des
armées induit la définition d'une nouvelle figure du
combattant »32(*), car le procès de rationalisation se situe
maintenant dans un horizon de finalité, centré sur le sujet
individuel et sur la valeur ontologique universelle de sa liberté,
engendrant ainsi l'individualisation du militaire dans un champ
opérationnel de combat.
B.
DELIMITATION DU SUJET
La protection des civils dans les conflits armés non
internationalisés est du ressort des forces de défense et de
sécurité. L'armée ayant perdu sa raison principale qui
était d'assurer la sécurité extérieure du pays
à cause de la fin de la guerre froide et de l'effondrement de l'Union
Soviétique. Ce qui a entrainé une profonde modification de
l'environnement en termes de sécurité. « Le moment
était venu d'affecter une partie de ses ressources ainsi
libérées à la satisfaction des besoins de
sécurité urgents. » Dans le cadre de cette
étude, nous analyserons l'action de l'armée dans la protection
des civils.
Tout travail scientifique nécessite une
délimitation dans le temps et dans l'espace.
1. Délimitation
géographique
Peuplée d'environ 4 millions d'habitants, la RCA est
repartie sur 622 000 km2 et totalement enclavée, soit
une densité faible de 6,5 habitants/km2. Ses traits
distinctifs sont sa jeunesse (43% ont moins de 15 ans), sa ruralité (les
deux tiers des centrafricains vivent en campagne) et sa concentration dans le
Sud et l'Ouest du pays, avec Bangui la capitale de la RCA.33(*)
La population centrafricaine constitue une véritable
mosaïque ethnique et linguistique. Les ethnies les plus importantes du
pays sont les Bandas, les Gbaya-Mandjas, les Ngbandis, les Saras et les
Zandés. 30% des centrafricains sont catholiques, 25% protestants, 20%
animistes et 15% musulmans34(*).
Elle est enclavée au coeur de l'Afrique Centrale, avec
pour voisins au Nord la République du Tchad, au Sud la République
Démocratique du Congo ainsi que la République du Congo
Brazzaville, à l'Est la République du Soudan, et à
l'Ouest la République du Cameroun.
2. Délimitation
temporelle
Elle s'étale de l'année 2005 à 2013
année du coup d'état renversant le président
Bozizé. L'année 2005,année du sommet mondial qui consacre
l'engagement des Chefs d'Etats et de gouvernement à protéger
leurs populations à travers « la
responsabilité de protéger »35(*) ( le premier pilier du
paragraphe 138 ) : « consiste dans la responsabilité
permanente incombant à l'Etat de protéger ses populations, qu'il
s'agisse ou non des ses ressortissants, du génocide, des crimes de
guerre, du nettoyage ethnique et des crimes contre l'humanité, et de
toute incitation à les commettre . » cette
responsabilité, ont affirmé les chefs d'Etats et de gouvernement
incombe avant tout à l'Etat, témoigne du fort engagement
politique dont doit faire preuve les Etats pour garantir à leur
population la survie.
C.
OBJETIFS DE L'ETUDE
L'objectif général de cette étude est
d'améliorer la protection des civils dans les conflits armés en
RCA. Nous voulons à travers cette étude apporter une contribution
analytique qui aura pour but de :
· Démontrer comment l'ethnicité des FACA
empêche l'institutionnalisation d'une armée républicaine,
le respect de ses principes et favorise les violations des droits de
l'homme ;
· Démontrer que la connaissance des règles
humanitaires ne garantit pas automatiquement le respect de celles-ci ;
· Démontrer comment une républicanisation
de l'armée peut influer de manière positive sur la protection des
civils dans les conflits armés.
D.
INTERETS DE L'ETUDE
Parler de protection des civils a toujours été
du ressort du droit humanitaire à travers ses conventions. Cependant,
Bernard Boëne Directeur général de l'enseignement et de la
recherche aux Ecoles de Coetquidan demande aux juristes lors du colloque sur
les forces armées et le DIH, s'ils se sont intéressés aux
facteurs qui ont une influence sur l'application du droit des conflits
armés ?36(*)
Quand on sait qu'il ne cesse de connaitre de grandes violations. Innocent
Biruka considère que « le DIH serait un droit nul et de
nul effet dans les « foires d'empoignes » en Afrique
et devrait être relégué à un rang de compilation de
purs voeux pieux. »37(*)Pour Joseph Owona, le DIH serait
la « branche du droit la plus faible, la plus inapplicable
non seulement du droit international mais du droit tout
court. »38(*)
Par ailleurs, s'il est admis que« la
préparation et la conduite de la guerre relèvent du politique,
alors que la direction des opérations relève du
militaire »39(*), il va de soi qu'il est censé de sortir de
cette litanie juridique pour s'intéresser aux hommes des
opérations que sont les militaires afin de mettre à jour les
facteurs ou raisons qui les animent sur le champ de guerre et qui
déterminent leur comportement vis-à-vis du DIH.
La RCA est l'un des pays de l'Afrique centrale à
connaitre des conflits récurrents, selon la pensée
Clausewitzienne, cette situation pourrait être qualifiée de
normale car pour lui la guerre est un attribut normal de l'Etat, mais un Etat
en guerre perd le monopole de la violence légitime et ne peut plus
garantir à ses citoyens de vivre en toute sécurité comme
l'exige la déclaration universelle des droits de l'homme dans son
article 3 qui stipule que «tout individu a droit à la vie
, à la liberté et à la sureté de sa
personne ».
La protection des civils dans les conflits est un sujet fort
préoccupant au vue des multiples résolutions du CSUN qui porte
sur le sujet et surtout sur les rapports accablants du SGNU, des ONG et de la
conscience humaine. Ces préoccupations anciennes et nouvelles
s'expliquent par le non respect du DIH. Face à ce manquement du DIH,
il est question pour nous ici d'ouvrir d'autres perspectives en ce qui concerne
la problématique de la protection des civils dans les conflits
armés africains compte tenu aussi de la nonchalance
avérée de la communauté international qui ne réagit
plus de manière prompte pour des interventions d'assistance et de
secours.
1.
Intérêt scientifique
Cette approche nous permet de sortir d'une lecture binaire et
clivante opposant le civil au militaire. Car elle permet de replacer
l'institution militaire dans la société, en adoptant une approche
constructiviste, les logiques des acteurs sont placées au coeur de
l'analyse pour éclairer les ajustements et arbitrages qui
s'opèrent entre les individus et les systèmes d'enjeux d'attentes
collectifs, définis comme des cadres à la fois normatifs et
stratégiques d'action. Ainsi il s'agit de faire une rupture à
cette analyse trop structuraliste où l'institution militaire serait
uniquement étudiée à travers ses règles et ses
valeurs coercitives et prescriptives. Car les études stratégiques
et militaires ne constituent plus à elles seules l'unique moyen
d'analyser l'action combattante par exemple. De plus en plus, les recherches
dans les sciences sociales relatives à la guerre mobilisent dans leur
analyse la sociologie des conflits, de l'action collective, de la violence, de
la socialisation de l'anthropologie, de l'institution pour éclairer
l'action combattante. C'est une contribution analytique qui permettra
d'appréhender les logiques anthropologiques et sociales au
détriment des logiques juridiques en matière de protection des
civils.
2.
Intérêt académique
Selon Rony Brauman, l'Action humanitaire « est
celle qui vise à préserver la vie dans le respect de la
dignité, à restaurer dans leur capacité de choix des
hommes qui en sont privées par des circonstances. Elles sont mises en
oeuvres pacifiquement et sans discrimination, en toute indépendance,
neutralité et impartialité »40(*). L'Action Humanitaire
étant notre domaine de spécialisation, nous voulons dans le
cadre de cette recherche à travers la vérification de nos
hypothèses participer à l'élaboration d'un cadre de
réflexion qui consisterait à favoriser les limitations des
violations du DIH par les forces armées dans les conflits
armés.
3. Intérêts
théoriques
· Intérêt juridique
L'étude a pour but de revaloriser la coutume qui est la
première source du droit au détriment du droit moderne
codifié en ce qui concerne la protection des civils dans les conflits
armés. En RCA, le droit coutumier a plus d'impact que le droit moderne
à cause du faible accès au droit et à la justice par la
majorité de la population analphabète d'une part et le nombre
existant des structures en terme de couverture nationale car la plupart ont
été construites depuis l'indépendance.41(*) D'autre part, les
rébellions de 2001 à 2003 ont contribué à la bonne
partie des structures judiciaires, surtout dans les zones affectées par
les conflits armés. En outre, il existe une méconnaissance par
les citoyens de leurs droits et devoirs et corrélativement, le non
respect des droits de l'homme.
La tradition centrafricaine est pluraliste en matière
de droit. Elle laisse chaque communauté juger en son sein, selon ses us
et coutumes, on a recours aux chefs de quartier ou de village, aux doyens qui
jugent selon les coutumes et qui sont considérés comme
étant plus proches. La refondation de la coutume afin d'adapter le droit
international humanitaire aux exigences de la société
centrafricaine car comme le souligne Norbert Rouland : «
Le bon droit est celui qui tient à la réalité de
chaque peuple. »42(*)
· Intérêt
anthropologique
Le militaire dans l'accomplissement de ses fonctions est
fortement influencé par son appartenance sociale et familiale. Le
militaire étant l'acteur au coeur de notre réflexion, la prise en
compte de son anthropologie sociale et culturelle dans l'analyse permet de
mieux appréhender les actes que pose ce dernier.La tradition
sociologique admet que « le conflit est quelque chose
d'intrinsèque aux relations humaines » aussi, pensons nous que
la protection des civils durant le déroulement des hostilités est
un fait inhérent aux relations humaines que les hommes entretiennent
entre eux.
· Intérêt
sociologique
L'institution militaire malgré ses traits
spécifiques demeure une société qui fonctionne comme une
organisation civile avec une éthique et une déontologie qu'elle
prône. D'autre part, elle intègre les phénomènes de
sociabilité et de mode de vie des militaires, des problèmes de
minorité dans l'armée, de fécondité, de l'influence
que l'institution a dans les rapports entre le militaire et son épouse,
utilisant là des phénomènes propres à la
sociologie en particulier celle des organisationsqui dans son
approche« gestion des émotions au travail »
soutenue par Louise Weibull, montre que les règles de gestion du
sentiment ne découlent pas uniquement des normes formulées par
l'institution, mais elles émanent également des contacts
établis avec diverses parties prenantes sur le théâtre
opérationnel. Certains auteurs tels que Bolton, Giddens, Thompson et
Durkheim s'accordent sur le fait que, quel que soit l'espace social
occupé par les divers groupes fonctionnels spécialisés,
ils répondent au besoin de contact humain, de sécurité
ontologique et d'attachement à une identité collective.
· Intérêt
stratégique
Toute stratégie élaborée se doit
d'atteindre des résultats à travers les actions
opérationnelles qui en découlent. Cette étude a pour but
de mettre en lumière les atouts dont peuvent se servir les commandants
militaires afin que les objectifs de protection et d'assistance des civils
soient atteints aussi bien en temps de paix que de conflit.
E.
DEFINITIONS DES CONCEPTS
1. Contribution
Le concept de contribution vient du mot latin
« contribuo ». Le dictionnaire petit Larousse
illustré reconnait deux sens au terme de contribution. C'est d'abord une
« aide que chacun apporte à une oeuvre
commune. »43(*) Ensuite, c'est la « part que chacun
apporte à une dépense commune, et en particulier aux
dépenses de l'Etat ou des collectivités
publiques. »44(*)
Le vocabulaire juridique quant à lui voit dans la
notion de contribution, la « part que doit supporter chacun dans
une charge incombant à plusieurs. »45(*)
Dans les sciences sociales, ce terme introduit la notion de
participation d'un élément social, c'est-à-dire
l'implication réelle, consciente et responsable d'un acteur social ou
d'un fait social à une action collective qui est entreprise.
En socio-anthropologie précisément, le concept
de contribution renvoie à la fonction sociale que remplit une
institution.
Le terme contribution est utilisé dans cette
étude comme un apport spécifique à un domaine
particulier.
2.
Socio-anthropologie
Formé du préfixe socio, société
qui renvoi à la sociologie, « étude scientifique
des faits sociaux, la branche des sciences humaines qui cherche à
comprendre et à expliquer l'impact de la dimension sociale sur les
représentations et le comportement humain »46(*) ; et du suffixe
anthropologie (anthropos : homme, logos :étude),
d'après le dictionnaire Larousse est la « théorie
philosophique qui met l'homme au centre de ses préoccupations. Elle est
aussi appréhendéecomme la science qui étudie l'homme dans
son environnement. »47(*)
Ainsi nous entendons par contribution socio-anthropologie
l'apport de ces deux sciences à l'action de protection des civils par un
examen des relations entre civil et militaire.
3. Analyse
Encarta définit analyse comme une démarche
intellectuelle qui va du plus complexe au plus simple ou encore l'examen
détaillé d'un ensemble complexe.
4. Protection des
civils
La protection des civils est un principe juridique qui
procède du Droit International Humanitaire, des instruments relatifs aux
droits de l'homme et aux droits des refugiés ; plus encore elle
renvoie aux violations du DIH et du droit de l'homme dans les situations de
conflit armé.
L'article 3 communs aux quatre conventions de Genève
reconnait comme civils :
« les personnes qui ne participent pas
directement aux hostilités, y compris les membres de forces
armées qui ont déposé les armes et les personnes qui ont
été mises hors de combat par maladie, blessure, détention,
ou pour toute autre cause, seront en toutes circonstances traitées avec
humanité sans aucune distinction de caractère défavorable
basée sur la race, la couleur, la religion ou la croyance, le sexe, la
naissance ou la fortune, ou tout autre critère analogue. »
Dans notre recherche nous parlerons de protection des civils
en termes de génocide et le crime contre l'humanité, de nettoyage
ethnique.
5. Le
génocide
D'après la convention pour la prévention et la
répression du crime de génocide48(*), le génocide s'entend comme l'un des actes
ci-après, commis dans l'intention de détruire, ou tout ou en
partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux, comme actes :
a) Meurtre de membres du groupe;
b) Atteinte grave à l'intégrité physique
ou mentale de membres du groupe;
c) Soumission intentionnelle du groupe à des conditions
d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle;
d) Mesures visant à entraver les naissances au sein du
groupe;
e) Transfert forcé d'enfants du groupe à un
autre groupe.
f) Autres actes inhumains de caractère analogue causant
intentionnellement de grandes souffrances ou des atteintes graves à
l'intégrité physique ou mentale.
6. Crime contre
l'humanité
La cour pénale internationale reconnait comme crime
contre l'humanité les actes ci après :
· meurtre ;
· extermination ;
· réduction en esclavage ;
· déportation ou transfert forcé de
population ;
· emprisonnement ;
· torture ;
· viol, esclavage sexuel, prostitution forcée,
grossesse forcée, stérilisation forcée ou toute autre
forme de violence sexuelle de gravité comparable ;
· persécution d'un groupe identifiable pour des
motifs d'ordre politique, racial, national, ethnique, culturel, religieux ou
sexiste;
· disparition forcée de personnes ;
· crime d'apartheid ;
· autres actes inhumains de caractère analogue
causant intentionnellement de grandes souffrances ou des atteintes graves
à l'intégrité physique ou mentale.
7. Nettoyage
ethnique
Le nettoyage ethnique est la déportation forcé
d'un groupe de population vers un autre pays.
8. Conflit armé
non international
C'est une situation dans laquelle les forces armées d'un
Etat luttent contre les forces armées dissidentes ou des groupes
armés ayant à leur tête un commandement responsable de ses
troupes, ayant le contrôle d'une partie du territoire national à
partir de laquelle on peut lancer des opérations militaires
régulières et concertées, des groupes capables de
respecter le droit international humanitaire.
9. Force de
défense
Pour précisions force armée et force de
défense seront utilisés dans notre devoir comme des expressions
synonymes.
Bernard Boëne49(*) définit l'armée comme un
système d'hommes élaboré conjointement à un
système d'armes, en vue d'obtenir la meilleure efficacité contre
un ennemi, une menace externe ou interne, potentielle ou réelle contre
l'intégrité territoriale et la vie des populations.
Dominique Bangoura,50(*) toute armée se conçoit comme une
organisation d'hommes élaborée conjointement à un
système d'armes en vue d'assurer la défense de
l'intégrité territoriale, des institutions librement choisies
ainsi que la vie et la survie des populations.
Pour William Windham,51(*) les forces armées constituaient
généralement une classe d'hommes qui se distinguent de la masse,
qui reçoivent une formation axée sur des objectifs particuliers,
auxquels on inculque des notions spéciales qui sont régis par des
lois spéciales et qui se caractérisent par des traits distinctifs
particuliers.
Marc Frontier52(*)définit une armée comme un rassemblement
de corps de troupe prêt à faire la guerre. Aujourd'hui c'est
entendu comme un service public qui a pour objet d'assurer, par l'entretien ou
l'emploi de forces organisées, la protection des intérêts
d'un Etat.
En clair, nous définissons Force de défense
républicaine comme une armée de la république de plusieurs
peuples sans l'intervention d'un tyran soumis au pouvoir civil
légitime.
F. REVUE DE LA LITTERATURE
La revue de littérature sera présentée en
deux points selon la structure de notre sujet d'étude. Nous avons
reparti les documents consultés de façon suivante :
1. Approche Forces
armées africaines
JakkieCilliers53(*) estime queles armées africaines ont
été constituées le plus souvent au moment de l'accession
à l'indépendance à partir d'unités
héritées de l'époque coloniale, elles vivent en marge de
la société et sont devenues « des instruments
destinés à monopoliser, préserver et redistribuer les
richesses ; bref leur raison d'être est d'assurer la
suprématie d'une faction ou d'une ethnie ». En outre
l'Afrique est dépourvue des bases politiques fondamentales sur
lesquelles asseoir le type de coopération efficace et volontaire en
matière de sécurité que l'on trouve partout dans le
monde ; impossible d'y trouver le terreau population constitué de
citoyens bien informés sur lequel puisse se développer une
culture de non violence. Pour lui, dans les pays occidentaux le principe d'une
armée constitué de « citoyens soldats » s'est
trouvé intimement lié au processus d'édification de
l'unité nationale et le service militaire est devenu un
élément essentiel de la citoyenneté
républicaine.
Comi. M. Toulabar54(*) dénonce la pratique du monoethnicisme dans les
forces armées en Afrique en prenant l'exemple sur le Togo où la
tribu régnante a toujours recours à des méthodes
éprouvées l'une d'entre elles, la plus courante est de
réduire l'armée nationale à une milice tribale qui
encercle la capitale : « sur les quelques 12 600 militaires
que comptaient en 1992 les forces armées togolaises (FAT) dont 8700
basé à Lomé la capitale près de 10 000 sont
originaire de la région nationale du chef de l'Etat (Kara) ou de ses
environs » ; cela n'est pas propre au Togo : c'est la loi
générale en Afrique. . De même que le Togo la plupart des
Etats africains sont foncièrement patrimonialisés où se
confondent le public et le privé, ou même encore la tendance
à privatiser est nettement affirmée ; et s'il existe un
secteur de l'Etat à privatiser en priorité pour des raisons
évidentes ce sont bien les forces armées qui constituent
l'armature du régime beaucoup plus que le parti unique ;
Pour Dominique BANGOURA55(*), les forces armées postcoloniales sont
placées sous l'autorité du pouvoir politique et sont
utilisés à des fins politiciennes qui les détournent de
leurs missions et de leurs fonctions elles perdent leur compétencepuis
deviennent triplement conflictuelles au regard de la société tout
d'abord qu'elles ne protègent pas et qu'elles agressent au regard
d'elles-mêmes, ensuite divisées et traitées
différemment d'un corps à un autre par le Chef de l'Etat soucieux
de les dominer au regard du pouvoir politique confisqué, enfin elles ne
sont ni aptes ni habilités à l'exercer, les forces de l'ordre les
Gardes présidentielles, les milices extrémistes contribuent
à la même logique de violence lié au pouvoir politique.
Leurs meurtres, exactions, forfaits, leur facilité à dresserles
ethnies et les populations les unes contre les autres ne diffèrent plus
de la logique des forces armées.
Jean Delors Biyogue- BI- Ntougou56(*) estime qu'au sein de
l'armée togolaise qui comptait en 1993 environ 13 000 hommes,
10 000 étaient originaires du Nord, région natale du
président Eyadema, 7 000 auraient été de la
même ethnie que lui tandis que le sud du pays n'y était
représenté qu'à hauteur de 3 000 hommes et sur les
300 officiers que comptaient ladite armée 250 étaient de l'ethnie
Kabyé ; la situation sera identique au sein de l'armée
congolaise ainsi sur 39 officiers généraux 28 sont originaires du
Nord région natale du président Sassou et les 11 autres
étaient du Sud ; au Zaïre de Mobutu par exemple chaque chef
militaire aurait procédé au recrutement massif des jeunes de sa
contrée ou de son ethnie, chaque général ou ministre de la
défense se préoccupait avant tout de la promotion et des envois
des officiers de sa tribu ou de sa région natale en formation ou en
stage à l'étranger ; la situation porte une grande marque de
ces habitudes , au Cameroun 80% des soldats de l'armée proviennent de
l'ethnie et de la région du Président ; en RCA Kolingba,
Patassé firent de même.
Dominique BANGOURA57(*) quant à elle soutient que de même
que l'Etat postcolonial n'est pas un Etat nation, faute d'une nation et en
présence d'un pluralisme social, l'armée postcoloniale n'est pas
une armée nationale. Non seulement elle ne revêt pas les traits
d'une armée au sens classique du terme, mais de plus et surtout elle ne
reflète pas la société. Les dirigeants politiques avides
de pouvoir installés durant des décennies et même
grâce à la vie au sommet de l'Etat assurent leur
longévité et leur survie politiques grâce à la
force.
Les dirigeants politiques préfèrent recruter des
éléments fiables qu'ils peuvent contrôler et manipuler. De
plus, les structures et les moyens manquent pour héberger, nourrir,
former et équiper tous les jeunes en âge d'accomplir leur service
militaire. De ce fait, la règle qui prévaut pour le recrutement
et plus encore pour l'encadrement des forces armées africaines est celle
du clientélisme politico-ethnique. L'armée n'est en aucun cas le
reflet global de la société. Dans ce contexte, la mission
première de l'armée qui est de défendre la patrie est
détournée, dénaturée. Sa finalité n'est plus
la protection de l'Etat, des citoyens et de leur patrimoine commun, mais celle
du régime autoritaire en place.
Kossi Mawuli Agokla58(*)reconnait que l'armée et les forces de
l'ordre ne sont pas le miroir des composantes de la population, par les
procédés assez sélectifs et discriminatoires de
recrutement et promotion, qui offusquent plus d'un... l'ethnicisassion de
l'armée comme déjà souligné à travers les
processus de recrutement et de carrière des éléments des
forces armées, il ya bien souvent une très forte ethnicisassions
de l'institution de défense autour de l'appartenance ethnique du chef de
l'Etat, chef suprême des armées.
Alain Fogue Tedom59(*)répertorie les maux dont souffrentles
armées africaines que sont : la dérive ethniciste,
l'affairisme, l'indiscipline, le clientélisme et une trop forte
politisation. Elles partagent en commun une indiscipline face à la
déontologie professionnelle. Les scènes de pillages auxquelles
elles se livrent régulièrement tout comme les rackets qu'elles
pratiquent sur les populations civiles aussi bien en temps de paix qu'en temps
de guerre civile confirment ce déficit de discipline. Placées en
situation de conflits, elles révèlent un manque de formation,
d'encadrement et surtout de moyens matériels. Cependant, dans le cadre
d'une réforme de fond, le défi majeur des armées
africaines reste celui de la diffusion des valeurs républicaines. La
réussite d'une telle entreprise suppose que les problèmes qui
soulèvent les antagonismes, parfois artificiellement construits par le
pouvoir politique, sont préalablement résolus. Dans de nombreux
pays du continent en effet, à force d'être instrumentalisée
par les dirigeants politiques, l'armée est parcourue par d'innombrables
divisions qui sont de nature clanique, ethnique ou politique. Néanmoins,
le clivage ethnico-politico est celui qui a dévoyé les
armées africaines.
Mathurin Houngnikpo60(*) quant à lui estime que l'ère
postcoloniale en Afrique a vu produire un dérapage des forces
armées par rapport à cette philosophie dans de nombreux Etats
africains : depuis l'avènement de l'ère de
« l'indépendance politique », les forces
armées de plusieurs Etats se sont divisées en factions, en
groupes ethniques et en forces partisanes loyales à toute une gamme
d'intérêts particuliers divers, au détriment de la
société toute entière. L'une des conséquences de
cette réalité est la détermination par les forces
armées que leur fonction première est de
« débarrasser la société des politiciens
irrécupérables ».
Pour Marc Frontier61(*), l'absence de réputation et de statut social
du métier des armes situent d'emblée les premières
armées africaines à la périphérie des Etats
qu'elles sont supposées défendre. Sur le continent africain, la
force dans toute l'acceptation du terme, jusqu'à sa dimension magique,
est un concept psychiquement omniprésent. Au moment des
indépendances, il n'en existe aucune représentation. Elle est
absente. Pire, l'antimilitarisme latent qui prévaut chez les
élites politiques ne peut être corrigé, compte tenu de
l'absence de tradition et de l'inexistence d'une classe aristocratique
d'origine féodale au sein des jeunes institutions. Plus déprimant
encore, dans la zone de succession coloniale franco-anglo-belge, les seuls
éléments entrainés au métier des armes ne sont pas
des forces de résistance, mais au contraire, des soldats africains ayant
servi les forces impériales européennes. Au moment
d'édifier les nouvelles armées nationales, seul ce noyau à
la loyauté jugée incertaine présente un minimum de
compétence. En raison de leur origine récente et de leurs
accointances tant fonctionnelles que culturelles avec les ensembles militaires
européens. Ne serait ce que par leur formation, ces armées sont
coupées de toutes les traditions militaires à enracinement
africain, lesquelles ont elles-mêmes été autrefois
érodées par la colonisation. La composition sociologique de
l'institution ne reflète donc pas la structure sociale mère.
Yves Alexandre Chouala62(*) constate que les armées africaines souffrent
pour la plupart d'une tare congénitale ; celle de leur construction
non sur des bases républicaines mais beaucoup plus sur le modèle
milicien et prétorien. Cela peut être compréhensible dans
la mesure où certaines de ces « armées
nationales » dérivent des « troupes
coloniales » ; avec leur modèle d'allégeance et
leur construction de l'obéissance et de la soumission plus aux individus
qu'aux institutions étatiques elles mêmes. La grande vaque de
monolithisme et de l'autoritarisme politique a fini par ériger le
« culte de la personnalité » et la
vénération des individus en modèle politique et par
conséquent structuré la vie des institutions et des organes de
l'Etat autour de l'omnipotence et de la magnificence des présidents-rois
déifiés. Au cour de cette période monolithique, le pouvoir
a cessé d'être une institution d'Etat pour devenir la
propriété d'un individu, qu'il se soit dénommé
« osagyefo », « guide
suprême », « empereur »,
« père de la nation », « sage »,
« léopard » etc. L'armée a cessé
d'être un corps républicain pour s'affirmer et se mettre en branle
comme une « garde prétorienne » ou, si l'on veut
faire coïncider les mots avec les choses « une
milice » quasi privée. Contrairement à la dynamique du
pouvoir de l'époque moderne qui a consisté « en un
effacement progressif de la figure du prince comme héros politique et
son remplacement par la définition des mécanismes impersonnels
qui assurent l'institutionnalisation du pouvoir dans les structures
juridico-politiques ou qui pérennisent une domination par des
procédures de reproduction de l'obéissance », les Etats
africains se sont plutôt caractérisés par des pratiques de
désinstitutionalisation du pouvoir politique au profit de sa
personnalisation. Les armées africaines (exception faite au
Bénin) ont ainsi pour la plupart subit des processus de personnalisation
qui ont finalement construit d'elles l'image et la réalité de
garde prétoriennes ou de soldatesques à la solde de quelques
leaders autoritaires et tyrans.
A travers ces différentes contributions nous pouvons
dire que les armées africaines sont comme le pensaient les philosophes
de lumière qui considéraient les armées permanentes de la
moitié du 18ème siècle comme un moyen
employé par le despotisme pour séparer artificiellement l'Etat de
la Nation.
Les propos d'Edem KODJO ancien Secrétaire de l'OUA
semblent encore être en grande partie d'actualité :
« les armées africaines telles qu'elles
sont à l'heure actuelle sont tout sauf des armées capables de
remplir la triple mission qu'elles assument dans les États
indépendant : protection du pays, protection de l'espace national,
moyen de politique extérieure [....] au lieu de se fonder sur
l'expérience historique des peuples africains et sur les
réalités de la politique mondiale actuelle pour définir
les données fondamentales de leur stratégie ... nombre de
responsables africains élaborent les plans de défense à
partir des menaces supposées provenir de leur propres
peuples.63(*)
Dans une approche critique des armées africaines en ce
qui concerne leur caractère républicain,les auteurs font
abstraction de préciser que ces armées fonctionnent malgré
tout selon la spécificité militaire qui est universelle notamment
à travers le code et les commandements du soldat, les principes de
cohésion et d'esprit de corps. Cette universalité se renforce
d'autant plus par le fait quela majorité des officiers de ces
armées se forment dans les grandes académies militaires
étrangères et aussi du fait de la coopération militaire
entre les Etats du Nord et du Sud.
C'est cette approche d'universalité que nous aborderons
en parlant des forces armées Centrafricaines.
2. Approche
protection des civils dans les conflits armés
Pour Anne-Marie KoffiKouadioBla64(*), la protection des
populations civiles aux termes de la l'article 3, du protocole additionnel aux
conventions de Genève du 12 Aout 1949 relatif à la protection des
victimes des conflits armées non internationalisés en date du 8
Juin « les personnes civiles jouissent d'une protection
générales contre les dangers résultant d'opérations
militaires » on en déduit que les personnes civiles ne
devraient être l'objet d'aucune attaque dans les conflits
armés mais les protagonistes ne respectent pas ses exigences au vue
du nombre sans cesse croissants des victimes dans les conflits armés.
Innocent Biruka65(*) quant à lui dénonce dans son
ouvrage l'insuffisance du système international de protection de
la personne en temps de conflits dans le contexte des conflits
asymétrique. Il est vrai que comme toute oeuvre humaine le droit
conventionnel de protection a ses limites. Celles-ci se manifestent
principalement face à la nature déstructuré et non
conventionnelle des conflits et particulièrement en Afrique, en effet le
conflit semble s'écarté de toute idée
d'applicabilité du droit. Le conflit armé provoque l'effondrement
de l'ordre et des mécanismes sociaux sur lesquels les personnes
vulnérables devraient pouvoir compter pour leur sécurité
physique ; ainsi donc dans une situation d'évanescence de la
souveraineté étatique, il devient difficile de
déterminer quelles voies peuvent encore assurer la protection des
populations, des femmes et des enfants en particulier. Nous estimons une limite
du système juridique face à la protection des civils dans les
conflits armés.
D'après Raymond AtcheBessou,66(*)dans les guerres civiles qui se
déroulent sur le continent, la question humanitaire est d'autant plus
préoccupante qu'elle pose le constat de graves violations des
règles humanitaires élémentaires. Les atrocités
commises au Libéria, en Coté d'ivoire, en Sierra Léone en
sont une illustration, en RCA des éléments armés auraient
lancé fin Janvier 2006 une attaque meurtrière sur la ville de
Paoua, l'armée régulière aurait lancé le 29 Janvier
de la même année une contre offensive faisant plusieurs dizaines
de morts. Les civils sont pris sous le feu quotidien des attaques et contre
offensives menées au mépris des règles du DIH. Ces
tragédies rendent compte de l'ampleur de la violation des règles
élémentaires du DIH dans les conflits armés internes en
Afrique.
Les auteurs rendent compte des limites d'application du DIH
dans les conflits armés sans toutefois s'intéresser aux
différents facteurs qui concourent à sa violation. C'est l'un des
points culminants de notre étude, nous intéresser à ses
facteurs et voire dans quelle mesure il est possible de les contourner afin de
ré-légitimer le droit humanitaire dans son essence.
G. PROBLEMATIQUE
L'origine et la constitution des forces armées en
Afrique et en particulier en RCA dénaturent en elles-mêmes la
mission de ces dernières qui n'assurent plus la défense et la
sécurité intérieure et notamment la protection des civils
dans les conflits. Avec un cadre légal qui ne parvient plus à
encadrer la conduite des hostilités dans un contexte où la
guerre n'est plus conventionnelle.Elle se déroule désormais
essentiellement au sein des populations; l'on se pose la question de savoir
comment une armée qualitativement représentative d'une faction
ethnique peut-elle objectivement assurer la protection des civils dans les
conflits dans un contexte géopolitique où la
sécurité est fonction de l'identité? En d'autres
termesquel type d'armée il faut en RCA pour assurer la protection des
civils dans les conflits armés? Première question quelle est
l'efficacité du cadre déontologique (militaire) et légal
(DIH)de protection des civils dans les opérations militaires ?
Deuxième question : comment une armée républicaine
opère- t-elle pour protéger et respecter le cadre légal de
protection des civils ?
1. Formulation des
hypothèses
D'après Madeleine GRAWITZ67(*), l'hypothèse se
définit comme une « tentative théorique de
réponse à une problématique ». Selon la
méthode hypothético-déductive, les hypothèses
doivent être confrontées aux faits pour vérification. Si
l'hypothèse est confirmée ; elle peut faire l'objet de
théorie générale. A contrario, si l'hypothèse est
infirmée, elle tombe en désuétude.68(*) Ce travail va s'articuler
autour d'une hypothèse principale et deux hypothèses
secondaires.
Hypothèse principale : Les forces
de défense républicainescontribuent à améliorer la
protection des civils dans les conflits tout en limitant les violations du
DIH.
Hypothèse 1 : Le cadre
légal et déontologique des opérations militaires
n'assurent pas la protection des civils dans les conflits armés.
Hypothèse 2 : Les forces de
défense républicaines favorisent la pacification entre civils et
soldats par une forte responsabilisation de ces derniers envers les civils.
2. Cadre
théorique
La théorie constitue une lentille conceptuelle qui
permet de simplifier le réel en distinguant ce qui est important de ce
qui ne l'est pas. L'étude des théories existantes nous apprend
à réfléchir et à ne pas prendre nos opinions pour
des vérités établies. Selon Marcel Merle, la
théorie a pour but de tracer les limites et les axes des investigations
et des études à entreprendre dans un domaine
donné69(*).Cette
clarification du rôle de la théorie consacre
l'intérêt du cadre théorique de ce travail qui
intègre à la fois la théorie de l'interdépendance
complexe, du développement, et la socio-anthropologie.
La théorie de l'interdépendance complexe
voit le jour avec Robert Keohane et Joseph Nye dans leur livre
intitulé « Power and interdépendance70(*) », c'est le
fruit du colloque « Transnational relations and world
politics » ,son hypothèse centrale est que l'Etat
n'est plus le seul acteur des Relations internationales, il ya d'autres acteurs
qui se déploient sur la scèneà savoir les peuples, les
organisations internationales gouvernementales, les organisations non
gouvernementales, les églises, les organisations culturelles,
industrielles, économiques, les mouvements d'étudiants, mais il
ya aussi l'individu comme acteur du système international. Le
modèle stato-centré de la politique internationale reflète
moins la réalité internationale qu'il n'accentue certaines
caractéristiques de celles-ci, celles concernant les relations entre les
seuls Etat-Nation.
Pour les auteurs, il faut passer au « paradigme de
la politique mondiale » qui selon Dario Battistella, «
reconnait comme acteur à la fois les Etats, les acteurs
infra-étatiques (c'est-à-dire les sous unités formant
l'appareil gouvernemental et administratif) et les acteurs non étatiques
et qui se propose comme objet d'étude à la fois des relations
interétatique, transgouvernementales et les relations
transnationales.»
C'est dans cette perspective que Bertrand Badie et
Marie-Claude Smouts définissent les relations transnationales comme
étant « toute relation qui, par la volonté
délibérée ou par destination, se construit dans l'espace
mondial au-delà du cadre étatique national et qui se
réalise en échappant au moins partiellement au contrôle et
à l'action médiatrice des Etats ».
La montée en puissance de ces « autres
acteurs » a eu pour effet de modifier la place des Etats qui selon
Jessica TuchmanMathews, joue un rôle prépondérant dans la
distribution et l'exercice du pouvoir dans les relations internationales.
Toutefois, la nouveauté n'est pas dans l'existence de ces acteurs non
étatiques, mais dans leur puissance et l'impact de leurs actions.
L'interdépendance complexe a ceci de particulier comme
le libéralisme qu'elle met comme point de départ fondamental
d'analyse l'individu agissant seul ou en groupe au centrede la
réflexion. Elle nous permet de mettre en exergue le militaire comme
acteur principal et d'expliquer ainsi l'échec du cadre normatif et
déontologique de l'armée en matière de protection de
civils.
Pour ce qui est de la théorie du
développement qui émerge dans les années 1955
à Bandoeng, elle a été mise en exergue par les chercheurs
de l'école de Chicago puis adopté par ceux du laboratoire
d'anthropologie juridique et politique de l'Université de Paris 1
Panthéon Sorbonne (L.A.J.P)71(*) à travers une approche dite de l'anthropologie
dynamique. Elaboré par Salli Falk Moore72(*), cette approche théorique privilégie le
développement d'une culture commune qui prend en compte les
différents acteurs susceptibles de garantir à diverses
échelles de la régulation sociale. L'institutionnalisation d'une
armée républicaine en RCA qui va regrouper en son sein tous les
groupes ethniques favorisant le processus d'intégration tout en
redonnant naissance à la symbolique relation armée-nation.
Plusieurs auteurs vont s'y approprier pour en faire un pôle revendicatif
qui vit naitre l'idéologie du développement dans un contexte
international dominé essentiellement par les grandes puissances. Pour
les tenants de cette théorie, donc les principaux chantres sont Mario
Bettati73(*), Mohamed
Benjaoui74(*) , Emmanuel
Pondi75(*) ou encore pour
Mohamed Bennouna76(*) il faut « interpeler le
droit international »77(*) pour la résurgence d'un monde international
plus juste et plus représentatif des Etats du tiers monde.
La théorie socio- anthropologique
renvoie à l'observation de la société, à la prise
en compte des diversités et des singularités propres à
chaque société. Elle met en évidence dans un champ de
recherche donné l'action identitaire des acteurs. Il s'agit de mettre
en valeur les déterminants multiples, différents ou encore de
mettre en valeur l'interaction différente mais complémentaire.
C'est ce qu'Etienne Leroy dans son ouvrage intitulé Théorie
et émergence du droitappelle « le jeu des
lois ». Cette approche va nous permettre de comprendre
l'influence de l'identité ethnique et culturelle du militaire dans
l'accomplissement de ses fonctions de protection et d'assistance humanitaire
envers les civils.
H. Cadre méthodologique
La méthodologie est fondamentale dans un travail de
recherche qui se veut scientifique. Elle permet de comprendre les orientations
données à la recherche et de justifier les choix du chercheur
pour atteindre ses objectifs.Les méthodes d'analyse renvoient aux
opérations intellectuelles qui concourent à une meilleure
connaissance du phénomène étudié.
Selon Jean louis Laubet Del Bayle, la méthode est
définie comme :
« L'ensemble d'opérations
intellectuelles permettant d'analyser, de comprendre et d'expliquer la
réalité étudiée. 78(*)» Quantà
Madeleine Grawitz, « la méthode est un ensemble
d'opérations intellectuelles par lesquelles une discipline cherche
à atteindre les vérités qu'elle poursuit, les
démontre et les vérifies.79(*)»
Dans le cadre de notre recherche nous ferons appel à
trois méthodes à savoir la méthode déductive,
empirique et la méthode fonctionnelle.
1. La
méthode déductive
Elle consiste à analyser le particulier à
partir du général, à lire une situation concrète
spécifique à l'aide d'une grille théorique
générale préétablie. Elle part d'une
hypothèse pour l'appliquer à un cas d'observations. Elle nous
permet d'interpeller le DIH qui est un droit universel de même que les
raisons relevées par le CICR reconnu comme universellement
présente dans les groupes de combattants prenant part aux conflits,
ainsi quel'universalité de la spécificité de l'institution
militaire l'impact de la professionnalisation des armées sur cette
dernière.Cette grille va s'appliquer à la RCA dans
l'étude.
2. La
méthode empirique
La méthode empirique selon le lexique des sciences
sociales80(*), qualifie un
fait observable, objet d'expérience. Elle s'appuie essentiellement sur
l'observation et non sur la théorie élaborée. A l'origine
l'empirisme est né, non d'une position philosophique
préconçue, mais d'une volonté de se dégager de tout
ce qui voilait la réalité. En déclarant que la dialectique
est empirique81(*),
L'empirisme constitue une attitude d'esprit, une façon
de penser mais surtout une manière de prélever les
données, de choisir des sujets de réflexion. L'empirisme croit en
la valeur de l'observation, en la soumission de la raison à
l'évidence de l'expérimentation. De plus, expérience et
empirisme sont toutes deux voués à l'humain, à tout ce par
quoi il se traduit : actes, signes. « L'expérience est
toujours humaine. Elle n'est jamais ni infra, ni supra
humaine ».82(*)
Dans notre recherche la méthode empirique nous aidera
à faire appel à une série de résultats
d'enquêtes menées pour étayer nos propos, a cet effet nous
aurons recours aux résultats de l'enquête people on war
pour connaitre quelles sont les causes des violations du DIH ; les
résultats des enquêtes sur les motivations des jeunes à
l'engagement militaire et les relations de sociabilité qui existent
entre eux.
3. La
méthode fonctionnaliste
Le fonctionnalisme est la réaction de Bronislaw
MALINOWSKI et Alfred REGINALD aux thèses évolutionnistes du
19ème siècle postulant une trajectoire
unilinéaire de la marche de l'humanité vers la civilisation. Le
fonctionnalisme est par définition une théorie faisant de la
culture et donc de la fonction un enjeu de satisfaction de besoins sociaux et
humains ; la fonction est d'un élément culturel étant
définie comme le rôle joué soit pour satisfaire les besoins
individuels, soit pour sceller la cohésion sociale. Selon
Malinowski83(*)
« dans tous les types de civilisations, chaque coutume, chaque
objet, chaque idée, chaque croyance remplit une fonction vitale, a une
tache à accomplir, représente une partie indispensable d'une
totalité organique.»
En sciences sociales, le mot fonction est
pluri-sémantique, il peut désigner une profession, un emploi, un
statut. Il désigne également l'ensemble des taches qui incombent
à un individu occupant un poste. Le fonctionnalisme considère la
société comme un organisme humain au sein duquel chaque organe
joue un rôle particulier ; c'est-à-dire assure une fonction
pour la survie de la société. En un mot le fonctionnalisme est un
système social dans lequel chaque structure a une fonction
particulière.
Le fonctionnalisme dans cette recherche va nous permettre
déjà de parler de l'action militaire en individualisant les
militaires puis de comprendre quel est l'apport de chaque militaire qui est
porteur d'une identité dans la manière de protéger et
d'assister les civils.
4. Technique de
collecte de données
Nous utiliserons la recherche documentairequi consiste
à compulser les ouvrages et autres documents consécutifs au
travail sous examen et l'entretien.
5. La recherche
documentaire
La recherche documentaire consiste à collecter des
oeuvres qui traitent d'un sujet précis relatif à un fait. De ce
fait elle apparait indispensable et fondamentale à tout travail de
recherche scientifique. C'est ainsi que Nicole Berthier84(*) affirme :
« l'observation passe par l'étude des traces recueillies
à travers des écrits divers, des inventaires d'objets
traitées comme faits de sociétés », en fait
la recherche documentaire permet au chercheur de prendre connaissance des
travaux réalisés sur le sujet qu'il veut traiter et d'avoir une
vue panoramique sur la problématique afin de mieux orienter son travail.
Nos ouvrages et autres documents de références ont
été trouvés à la Fondation Paul Ango Ella, à
la bibliothèque du CICR et à travers l'outil de communication
mondial qu'est internet.
6. L'entretien
centré
Comme son nom l'indique, son but est selon Grawitz, de
« centrer l'attention sur une expérience et les effets d'un ou
plusieurs stimuli particuliers. Les personnes interrogées sont largement
impliquées d'une manière, il existe un guide d'entretien qui
tient compte des hypothèses élaborées. L'enquête
reste libre dans les réponses mais le sujet déterminé.
Nous avons eu un entretien avec unréfugié
centrafricain. Il n'a pas été aisé d'obtenir cette
entretien à cause du sujet sur lequel il portait et aussi surtout
à cause de leur statut de refugié. L'entretien portait sur les
relations que les FACA entretenaient avec le peuple centrafricain et sur leur
efficacité dans leur mission de protection et d'assistance des
civils.
7. Plan de travail
Notre travail se subdivise en deux parties, en première
partie, nous présenterons l'état des lieux de la
responsabilité des forces de défense dans la protection des
civils en RCA, et dans ladeuxième partie, nousaborderons l'impact des
forces de défense républicainesur la protection des civils en
RCA. Ces deux parties seront articulées autour de quatre
chapitres : chapitre un les missions dévolues aux armées en
période de conflit ; chapitre deux l'encadrement légal des
civils par l'armée en période conflictuelle ; chapitre trois
l'institutionnalisation d'une armée républicaine en RCA ; et
en chapitre quatre l'implémentation d'une armée
républicaine de protection de civils en RCA.
PREMIERE PARTIE : ETAT DES
LIEUX DE LA RESPONSABILITE DES FORCES DE DEFENSE DANS LA PROTECTION DES CIVILS
EN RCA
Les forces armées agissent au nom de l'Etat en
employant la force, cette force est considérée comme
légitime parce qu'encadrée par des instruments propres à
ce corps de métier à savoir les commandementsdu soldat, au code
de conduite des forces armées et légale à travers le droit
international. Cet encadrement des forces armées ne suffit pas toujours
à porter les effets escomptés c'est-à-dire au respect
scrupuleux des instruments juridiques, les forces armées commettent des
dérives, violent les règlements.
CHAPITRE 1 : LES MISSIONS
DEVOLUES AUX ARMEES EN PERIODE DE CONFLIT
L'une des missions régaliennes de l'Etat est d'assurer
la sécurité des citoyens et ce beaucoup plus en période
conflictuelle et pour cela, il opère à travers le truchement des
forces armées. Ils incombent donc à ces forces armées des
règles à respecter dans la conduite des opérations.En
RCA,les articles 2 et 3 de la loi n° 99/017 portant organisation
générale de la défense nationale et de l'armée
nationalestipulent : article 2 « La Défense
Nationale s'appuie principalement sur l'armée nationale qui regroupe les
forces armées centrafricaines et la gendarmerie nationale.
L'armée nationale assure la défense
militaire. »,Article 3 : « A la
défense militaire sont associés en temps de paix comme en temps
de guerre la défense civile, la défense économique et la
politique extérieure en matière de défense
nationale. »
Le rôle de toute armée est d'assurer la
protection du territoire national ainsi qu'un droit essentiel de la
population : le droit à la vie. L'action militaire repose sur une
organisation et sur les capacités opérationnelles pour combattre
un adversaire, au besoin jusqu'au sacrifice ultime. Comme l'écrivait
Clausewitz, « la guerre est un acte de violence. Chacun des
adversaires fait la loi de l'autre, d'où résulte une
réaction réciproque qui, en tant que concept, doit aller aux
extrêmes. »85(*)La conduite de ses opérations requiert des
obligations de la part des forces armées en car toute stratégie
respecte des normes.
SECTION 1 : LES OBLIGATIONS
DES FORCES ARMEES EN PERIODE CONFLICTUELLE
Ces obligations ne sont pas spécifiques à chaque
Etat car comme le souligne Frédéric de Mulinen86(*) pour les forces armées,
le besoin d'adaptation aux diverses régions du globe est moindre, voir
presque nul. Ceci étant dû à la nature, l'organisation, la
structure, terminologie et les moyens et méthodes de combat qui se
ressemblent beaucoup et sont souvent identiques à peu de choses
près. En effet, la terminologie d'organisation à base
française a été reprise par la plupart des Etats et est
ainsi comprise partout, même les traductions qui se résument
souvent à une simple adaptation de la prononciation du français.
Ainsi, un Sous-officier, un Capitaine, une compagnie, l'artillerie, une
division sont des termes qui indiquent la même chose pour tout le monde,
tout comme des expressions tactiques élémentaires, telles que
attaquer, défendre, tenir, etc.
A. LES OBLIGATIONS ADMISES PAR LE CODE DE CONDUITE
Le SGNU87(*)définit le code de conduite comme un effort
pour combler l'espace démocratique élargi par des mesures
destinées à bâtir la confiance et par des exigences de
comportement minimal des forces armées.
Pour Elie MvieMeka88(*),les principes de base d'un code de conduite reposent
sur la suprématie du constitutionnalisme, l'affirmation de
l'illégalité du militarisme, le contrôle civil sur les
forces, la soumission des forces armées et de sécurité aux
principes du droit des conflits armés, l'éducation et la
formation à ces matières et aux droits humains pour porter
secours aux blessés.
Le code de conduite de l'Afrique comporte quatre chapitres et
trente trois articles, nous présentons ci-après les articles
ayant trait aux obligations des forces armées en période
conflictuelles.
Article 4 : Le personnel des forces armées et de
sécurité reçoit une éducation et une formation
spécifique en matière de droit, de droits de l'homme, de droit
international humanitaire, des règles, conventions et engagements
relatifs aux conflits armés.
Article 5 : Les actions des membres des forces
armées et de sécurité engagent leur responsabilité
individuelle en cas de violation des règles de droit national, de droit
international humanitaire et des droits de l'homme.
Chapitre 4 : Les forces armées et de
sécurité et les droits de l'homme/droit international
humanitaire
Article 27 : Les forces armées et de
sécurité renforceront leurs capacités pour répondre
aux nouveaux défis. Par conséquent, les personnels de ces forces
en plus de leur formation traditionnelle classique, recevront une formation
appropriée en droit constitutionnel, droits de l'homme, droit
international humanitaire et le maintien de la paix.
Article 28 : Le personnel des forces armées et de
sécurité surtout les commandants seront tenus responsables pour
des actes commis en violation des droits de l'homme et du droit international
humanitaire dans l'exécution d'ordres illégaux.
Article 29 : dans l'exercice de leur mission, les forces
armées et de sécurité doivent protection et assistance
à toute personne dans le besoin. Les forces armées et de
sécurité doivent s'assurer que les personnes
déplacées, les refugiés, les non nationaux, les apatrides,
les mineurs, les minorités, les femmes, les enfants, les personnes
âgées et les handicapés ne fassent l'objet de
discrimination du fait de leur race, identité, religion, appartenance
politique, statut ou fortune.
Article 31 : Les personnels des forces armées et
de sécurité s'abstiendront en toutes circonstances des actes
suivants : meurtre, torture, châtiment corporel, viol, mutilation,
tout traitement cruel, inhumain ou dégradant (tel que flagellation,
coups, bastonnades), prise d'otages, punitions collectives et tout autre acte
portant atteinte à l'intégrité physique et /ou
psychologique ainsi qu'au bien-être des individus.
Article 32 : dans le cadre des opérations de
maintien de l'ordre public, le personnel des forces armées et de
sécurité ne feront usage d'armes à feu qu'en dernier
ressort, avec un maximum de retenue et en respectant le principe des forces
minimales même dans les situations de légitime défense.
B. LES RESPONSABILITES LIEES AU CORPS MILITAIRE
Il s'agit ici des commandements du soldat89(*) qui s'énumèrent
en onze points :
1- Comporte-toi en soldat discipliné. La
désobéissance aux lois de la guerre déshonore ton
armée et toi-même : elle crée des souffrances
inutiles ; loin d'affaiblir chez l'ennemi la volonté de combattre,
elle la renforce au contraire souvent.
2- Ne combats que tes adversaires et n'attaque que des
objectifs militaires.
3- Ne cause pas plus de destructions que ne l'exige ta
mission.
4- Ne combats pas les adversaires hors de combat ou qui se
rendent. Désarme-les et remets-les à ton supérieur.
5- Recueille et soigne les blessés et malades, qu'ils
soient amis ou ennemis.
6- Traite humainement toutes les personnes civiles et tout
adversaire qui se trouve en ton pouvoir.
7- Les prisonniers de guerre doivent être traités
humainement et ne sont tenus de donner que des renseignements concernant leur
identité. Aucune torture physique ou mentale des prisonniers de guerre
n'est permise.
8- Ne prends pas d'otage.
9- Abstiens-toi de tout acte de vengeance
10- Respecte les personnes et les biens munis du signe de la
Croix-Rouge ou du lion-et-soleil rouge, du drapeau blanc du parlementaire, ou
de signes désignant des biens culturels.
11- Respecte les biens d'autrui. Le pillage est interdit.
12- Efforce-toi d'empêcher toute violation des
présents commandements. Annonce à ton supérieur les
violations commises. Toute violation des lois de la guerre est punissable.
Dans le cadre des CANI nous pouvons emprunter deux principes
à l'armée de terre90(*) qui sont :
Principe 2 : En l'absence d'adversaire clairement
identifié, le chef de groupe doit effectuer une analyse complète
et précise des menaces et des risques et donner des ordres en
conséquence.
Principe 3 : Toute mission doit être
précédée d'une analyse des risques pour les
non-belligérants. Des ordres doivent être donnés pour agir
avec discernement sans que cela ne conduise à remettre en cause la
mission. Dès que la situation le permet, le secours des blessés
civils ou de l'adversaire devient une priorité.
Nous avons présenté les responsabilités
tant du ressort du code de conduite que du métier de militaire. Ces
responsabilités ici ne sont pas présentées de
manière exhaustive. Mais de manière générale nous
pouvons avoir un aperçu de ce qui incombe aux soldats en temps de
conflits armés.
SECTION 2 : L'IMPARTIALITE
DES FACA EN PERIODE CONFLICTUELLE
L'action des forces armées doit être
profondément ancrée dans le respect les droits de l'homme. Les
militaires seront d'autant plus acceptés par les populations que si
leurs droits sont reconnus. Cependant, les forces armées sont
marquées par des a priori qui la plupart du temps, quel que soit leur
attitude et leurs actes, font des droits de l'homme une norme qui leur est
hétérogène comme c'est le cas en RCA.
Les délits perpétrés par les forces
armées ne se comptent plus, elles vont du pillage au meurtre
délibéré, des violences sexuelles au nettoyage ethnique
etc.avant de faire un état des lieux des délits des FACA nous
allons présenter de manière non exhaustive les types de violences
dont font faces les civils en RCA.
A. TYPOLOGIE DE LA VIOLENCE
Afin de mieux comprendre l'incivisme des FACA au sein de la
population civile, il convient de présenter les types de violences
subies par celle-ci à travers la figure suivante.
Figure 3 : Type de
violence en temps de paix relative ou en temps de guerre
![](Contribution-socio-anthropologique--lanalyse-de-la-protection-des-civils-par-les-forces-de-def7.png)
Source : Sophie Escoffier et al. op.cit
Pour ce qui concerne les violences perpétrées
par les FACA dans les conflits vis-à-vis des civils l'on se focalise sur
les violences directes et visibles car elles sont les plus perceptibles.
Photo 1 : soldats
FACA posant avec les corps des civils exécutés
![](Contribution-socio-anthropologique--lanalyse-de-la-protection-des-civils-par-les-forces-de-def8.png)
Source: Human Rights Watch, Septembre 2007.
Photo 2 :
Marché, maisons et église détruits par les forces
gouvernementales
![](Contribution-socio-anthropologique--lanalyse-de-la-protection-des-civils-par-les-forces-de-def9.png)
Source: Human Rights Watch, Septembre 2007.
B. L'INCIVISME DES FACA AU SEIN DE LA POPULATION :
DEFAILLANCE DE LEURS MISSIONS
« Je lui ai répété que les
troupes qui étaient gouvernementales étaient maintenant les
troupes rebelles et les troupes qui étaient rebelles étaient
maintenant les troupes gouvernementales. Elle savait aussi bien que moi que
pour nous, cela ne faisait aucune différence ; tous les camps qui
se battaient disaient le faire au nom du peuple, c'était donc au peuple
de payer pour ceux qui remportaient la victoire et de payer pour ceux qui la
perdaient. Or le peuple c'était nous. »Emmanuel
Dongala91(*)
L'incivisme des FACA est dû à l'impunité
des militaires par le Président de République pour les exactions
commises par ces derniers et à l'ethnicité de ses
dernières :
L'impunité : selon l'article 21 de la constitution
Centrafricaine le président de la république est le chef des
armées, il réunit et préside le conseil supérieur
de la défense nationale. De ce fait, il est le supérieur
hiérarchique des forces armées qui sont sous son
contrôle ; du haut donc de cette fonction il est tenu informé
de toutes les exactions commises par ses subordonnés à l'endroit
de la population civile.
D'après la FIDH92(*) les affrontements entre les FACA et les groupes
rebelles depuis le second semestre 2005 sont accompagnés de graves
violations du DIH et des droits de l'Homme : exécutions sommaires,
violences sexuelles, pillages, extorsion de fonds, enlèvements,
arrestations et détentions arbitraires, tortures et mauvais traitements.
A cet égard, les autorités centrafricaines multiplient les
déclarations publiques depuis 2007 annonçant leur volonté
de sanctionner et de juger les éléments des FACA auteurs des
crimes les plus graves. Pourtant, le président Bozizé a
promulgué le 13 Octobre 2008 une loi d'amnistie générale
couvrant l'ensemble des crimes commis depuis 2005.
D'après International Crisis Group93(*) depuis la mi-2005, des
centaines de civils ont été tués, plus de dix mille
maisons ont été incendié et environ 212 000 personnes
terrorisées ont fui pour aller vivre dans de terribles conditions au
plus profond de la brousse dans le Nord du pays de la RCA. Partageant une
frontière commune avec l'Est du Tchad et la région soudanaise du
Darfour ravagée par la guerre, cette zone a été
déstabilisée par au moins deux importantes rébellions
menées contre le gouvernement du Président Bozizé.
Toujours d'après la FIDH94(*), à l'issue des combats
entre les FACA et les rebelles dans le Nord-Ouest du pays les violations
peuvent être listées comme suit :
· Le 11 Octobre 2005, en représailles de l'attaque
rebelle sur Markounda, les FACA ont pratiqué latechnique de la terre
brulée en incendiant les maisons du village de Bele et d'autres
localités sur la route RN1 ;
· Le 29 Décembre 2005, les FACA ont lancé
une contre offensive sur une dizaine de villages en partant du Sud de Bodjomo
sur les axes Markounda et Maitakuku plus de 540 maisons ont été
incendiées et 7civils ont été tués lors de
l'opération ;
· Le 31 Janvier2006, en représailles d'une attaque
des rebelles du 29 Janvier 2006 dans la base militaire de la ville de Poua, les
forces gouvernementales appuyées par la GP, dirigées de sources
concordantes par le lieutenant Ngaikosset, ont lancé une contre
offensive meurtrière, en violation grave du DIH. Le rapport des
journalistes stipule que lors de leurs opérations de ratissage, les FACA
et la GP ont pris pour cible des civils non armés parmi lesquels
figuraient des enfants. Les quelques jours de combat auraient causé la
mort d'au moins 26 personnes parmi la population civile, dont 17 lycéens
exécutés sommairement par les FACA pour n'avoir pas pu leur
indiquer où se trouvaient les insurgés et les caches
d'armes ;
· Le 11 et 12 Février 2006, toujours en
représailles de l'attaque de Poua, la GP a lancé plusieurs
offensives le long de la RN1 entre les villages de Nana Baria et Bemal 44
civils ont été tués, dont 15 à Bémal, et
parmi ceux-ci 13 enfants. Tous les habitants des 120 villages se trouvant le
long de la RN1 sur les axes Boquila - Bemal et Markounda ;
· Le 15 Mars 2006, un camion commercial a
été attaqué à Betoko. Les FACA, arrivés sur
place le même jour, ont tué un nombre indéterminé de
personnes ;
· Le 22 Mars 2006, la population de Bémal a
deserté devant l'arrivée de 3véhicules de l'armée.
Des témoignages ont fait état de 3 morts ;
· Le 23 Mars 2006, le même scénario s'est
reproduit dans la localité de Bekoro (à 5km de Bemal) 1personne a
été tuée
· Le 23 Mai 2006, 80 habitations ont été
incendiées par les FACA à Kabo et Baboura. La population a
été prévenue qu'elle était considérée
comme complice des rebelles.
Ce listing des exactions commises par les forces
gouvernementales reste approximatif car il s'avère impossible de
dénombrer le nombre exact de victimes civils qui ont succombé
durant ces affrontements de 2005 à 2006.
HRW95(*)
estime que les décès sur lesquels des informations ont
été recueillies ne représentent qu'une fraction du nombre
total de décès imputable aux forces de sécurité
gouvernementales. Depuis le début du conflit, des centaines de personnes
auraient ainsi été tuées. Il n'est pas rare que des
dizaines de civils aient été tués par les forces de
sécurité en une seule journée et souvent avec une violence
inouïe.Cependant nous avons les chiffres de l'UNHCR96(*) où le nombre de
refugié serait passé de 3000 en 2005 à 20 000 au
Cameroun ; au Tchad il serait passé de 20 000 à
50 000.
En Janvier 2007, l'UNHCR a estimé que 50 000
personnes avaient déjà fui vers le Tchad, parmi lesquelles
48 000 vivent près de Goré au Tchad, dans les camps de
Gondjé, Amboko et Yaroungou. 20 000 déplacés
supplémentaires vivent au Cameroun. Les déplacements internes
sont encore plus importants : 150 000, dont 60 000 dans les
seules préfectures de Ouham et Ouham-Pende dans la région de
Poua.97(*)
En 2007, Selon le rapport de HRW98(*) publié en Septembre
2007, l'armée de la RCA a tué des centaines de civils innocents
et en a forcé des dizaines de milliers à fuir leurs village, des
témoignages des responsables civils et militaires des FACA recueillis
par HRW99(*), le
gouverneur de la province d'Ouham, lui même brigadier
général des FACA, s'est spontanément lancé dans une
longue diatribe au sujet du comportement des troupes gouvernementales dans la
province : « je suis contre les incendies des maisons. Je ne
comprends pas pourquoi ils font cela et cela ne fait pas partie des ordres des
soldats. Ce sont les commandants de ces unités qui donnent ces ordres
mais cela ne fait pas partie des ordres officiels. Nous devons mettre fin
à l'impunité, le problème est que ces commandants
renégats ne sont pas poursuivis... ce sont les GP qui sont le plus
craints, regardez ce qu'ils ont fait à Bémal. Ils pensent qu'ils
sont intouchables. J'ai du intervenir pour essayer d'empêcher les GP de
mettre le feu aux villages mais nous n'avons pas le droit de nous mêler
des affaires des GP... ils pillent aussi les villages et volent même
dans les voitures sur la route. »
Le lieutenant-colonel André Kada, Commandant des FACA
dans l'Ouham et l'Ouhampendé (la première région
militaire) a également été franc dans son
évaluation : « ce sont les GP qui ont commis les
exactions dans le Nord, ils ont brulé des maisons... ils n'ont
même pas un niveau d'instruction élémentaire... ils sont
autorisés à faire n'importe quoi. Ils ne savent que tirer des
coups de feu... les soldats de la GP n'ont pas reçu les ordres directs
leur ordonnant de mettre le feu aux villages, ils ont commis ces crimes de leur
propre initiative. Tout le monde se plaint de l'impunité mais c'est le
président qui prend ces décisions. »
En 2008, toujours selon l'UNHCR100(*) le nombre de
réfugié Centrafricains enregistrés est de 104 000
(56 000 au Tchad ; 45000 au Cameroun ; 3 000 au Soudan).
Le rapporteur spécial des Nations Unies101(*) sur les exécutions
extrajudiciaires a assuré que divers rapports lui ont été
présentés durant sa visite en RCA (du 31 Janvier au 7
Février 2008) faisant état d'exécutions par la GP et les
FACA qui ont apparemment été perpétrés dans le
contexte de tentatives d'extorsion ou de vol, de vengeance personnelle ou pour
faire justice soi même.Allant dans le même sens le rapport du SGNU
présenté au CSNU en juin 2008 fait état de violations
perpétrées par les forces de défense et de
sécurité durant les opérations de contre-attaque.
Un rapport du BONUCA publié le 10 Octobre 2008 insiste
sur le fait que les mauvais traitements, cruels, dégradants et inhumains
sont pour la plupart imputable aux FACA.Toutes ces violations sont bien connus
du président pour preuve le général Guillou102(*), général de
l'Eufor (militaire français conseiller du ministre de la défense
centrafricaine) reconnait « un élément des FACA
opérant dans le Nord-Est du pays a fait des choses
inacceptables » or la responsabilité de protéger les
civils incombe avant tout à l'Etat.
En privatisant l'Etat pour leur seul bénéfice,
les leaders centrafricains réussissent à prospérer, tout
en usant de la répression pour garantir leur impunité...
François Bozizé tout comme son prédécesseur Ange
Félix Patassé a nourri un état de rébellion
permanent aux conséquences humanitaires désastreuses103(*) telles que
présenté ci-dessus.
On a ainsi signalé dans le Nord des exécutions
sommaires et extrajudiciaires, des arrestations, des détentions
illégales, des cas de destruction de logements et de biens et des actes
de violence et sexiste. Les victimes de ces violations étaient
essentiellement des femmes, des enfants et d'autres membres de groupes
vulnérables. Ces abus auraient été commis par les forces
gouvernementales et d'autres groupes armés.
Cette pratique en RCA peut se justifier par l'absence de
démocratie effective, certes les pays africains se vantent d'avoir
adhéré à ce nouveau concept mais il n'en demeure pas moins
qu'il est encore abstrait dans la vie tant politique, sociale etc. Cette
absence de démocratie dans la vie politique rend l'alternance politique
impossible. Les présidents pour se maintenir au pouvoir usent souvent de
deux stratèges soit modifier la constitution à leur avantage soit
s'entourer d'une armée fidèle comme cela a été le
cas en RCA depuis l'ère de Kolingba. Pour se maintenir au pouvoir que ce
soit par voie légale ou par les armes. Le pouvoir en Afrique
contemporaine selon Achille Mbembe :
« C'est le désir de donner la mort, le pouvoir
de tout posséder : la vie, les biens, l'argent, le corps, les
femmes etc. le potentat est par définition sexuel. Le potentat sexuel
repose sur une praxis de la jouissance. Le pouvoir postcolonial, en
particulier, s'imagine comme une machine à jouir. Ici, être
souverain, c'est pouvoir jouir absolument, sans retenue ni entrave. La gamme
des plaisirs est étendue.104(*)»
Ce pouvoir tel que décrit par Achille Mbembe une fois
qu'un Président le détient il n'est pas évident pour lui
de s'en défaire alors pour lui le moyen le plus sur de le conserver est
de se constituer une armée fidèle à son service à
sa sécurité personnelle comme ce fut le cas avec la garde
présidentielle récemment sous le gouvernement de Bozizé
comme le remarque Escoffier105(*).
Dominique Bangoura le confirme en ces termes :
« Les dirigeants politiques, avides de pouvoir
installés durant des décennies et même à vie au
sommet de l'État assurent leur longévité et leur survie
politiques grâce à la force. La menace principale réside,
pour ces hommes politiques civils et militaires, dans toute atteinte
supposée ou réelle contre leurs prérogatives et celles
consenties au cercle de la famille, de l'ethnie, des fidèles, des
représentants d'intérêts divers. Toute appartenance
à ce clan devient une arme d'oppression ou de chantage contre les non
membres, c'est-à-dire contre la grande majorité de la
population.106(*) »
Les violations des droits de l'homme par les FACA
découlent sur des crimes graves tels que ceux répertoriés
dans les rapports sus-cités où sont mis en exergue les violences
militaires sur les civils de sorte à creuser davantage le fossé
entre la population et son armée.
CHAPITRE 2 :
L'ENCADREMENT LEGAL DE LA PROTECTION DES CIVILS PAR L'ARMEE EN PERIODE
CONFLICTUELLE
Nous ne saurons parler de protection des civils sans toutefois
faire un état des lieux du domaine de compétence qui encadre
cette problématique à savoir le droit international humanitaire.
Cette protection s'étend dans les opérations de secours et
d'assistance, toutefois elle semble fragile dans un monde où la
recrudescence des conflits et la multiplication des victimes civiles est
flagrante.
SECTION 1 : CADRE LEGAL DE
L'ENCADREMENT DES CIVILS PAR L'ARMEE EN PERIODE CONFLICTUELLE
Nous présenterons dans cette section le DIH et ses
principes ainsi que les instruments relatifs à la protection des civils
dans les conflits armés.
A. LE DIH ET SES PRINCIPES
Le droit international humanitaire peut être
défini comme l'ensemble des « règles
internationales, d'origine conventionnelle ou coutumière, qui sont
spécifiquement destinées à régler les
problèmes humanitaires découlant directement des conflits
armés internationaux ou non, et qui restreignent pour des raisons
humanitaire le droit des parties au conflit d'utiliser les méthodes et
moyens de guerres de leur choix ou protègent les personnes et les biens
affectés ou pouvant être affectés par le
conflit ».107(*)
On peut considérer qu'une partie du droit
international, que l'on pourrait appeler, selon Jean Pictet, le droit humain,
couvrant à la fois le droit des conflits armés et les droits de
l'homme a la vocation d'assurer un minimum de garanties et d'humanité
à tous les hommes, que ce soit en temps de paix ou en temps de
guerre.
Le principe du droit humain pourrait être formulé
comme suit : les exigences militaires et le maintien de l'ordre public
resteront toujours compatibles avec le respect de la personne humaine. Le DIH a
sa source première dans la coutume. En effet, l'idée de limiter
la violence lors des conflits armés est antérieure à la
mise en oeuvre des conventions de Genève et de la Haye. Par exemple, il
existait déjà au Moyen âge l'idée d'une trêve
de Dieu période de quarante jours durant laquelle les combats devaient
s'interrompre, pour ravitailler les villes, soigner les blessés, les
prisonniers. Ces pratiques prennent sens quand La CIJ déclare que le
DIH « est l'expression des actes élémentaires
d'humanité »
Les principes du droit humanitaire sont les suivants : le
principe de distinction, principe de limitation, et le principe de
protection ; le principe de distinction entre combattants et non
combattants, et de protection de ces derniers des effets du conflit, sont
considérés comme faisant partie de la coutume qui a force
obligatoire pour tous les Etats, ainsi :
· Les parties au conflit ne causeront pas à leurs
adversaires des maux hors de proportion avec le but de la guerre, qui est de
détruire ou d'affaiblir le potentiel militaire de l'ennemi ;
· Les personnes mises hors de combat et celles qui ne
participent pas directement aux hostilités seront respectées,
protégées et traitées avec humanité ;
· Le droit des parties au conflit de choisir des
méthodes ou moyens de guerre n'est pas illimité ;
D'autres principes sont communs au droit des conflits
armés et au droit de l'homme, ainsi le principe
d'inviolabilité :
· L'individu a droit au respect de sa vie, de son
intégrité physique et morale et des attributs inséparables
de la personnalité ;
· Nul ne sera soumis à la torture physique ou
mentale, ni à des peines corporelles ou traitements cruels ou
dégradants.108(*)
· Les personnes seront traitées sans aucune
distinction fondée sur la race, le sexe, la nationalité, la
langue, la classe sociale, la fortune, les opinions politiques, philosophiques
ou religieuses, ou sur un autre critère analogue.
Parmi les principes propres aux victimes des conflits, nous
distinguerons le principe de neutralité : l'assistance humanitaire
n'est jamais une ingérence dans le conflit. Et parmi les principes
propres au droit de la guerre : les parties au conflit feront, en tout temps,
la distinction entre la population et les biens civils et les combattants, de
façon à épargner la population civile et les biens
civils.
L'on a toujours parlé du DIH en faisant
référence aux branches qui la constituent à savoir le
droit de Genève et le droit de le Haye.
· Le droit de Genève : qui tend à
sauvegarder les militaires hors de combat, ainsi que les personnes qui ne
participent pas aux hostilités, c'est-à-dire la population
civile ;
· Le droit de la Haye : qui fixe les droits et les
obligations des belligérants dans la conduite des opérations
militaires et limite le choix des moyens de nuire à l'ennemi.
Cette distinction plutôt pratique est
dépassée avec la CIJ qui indique clairement dans son avis
consultatif du 8 Juillet 1996 sur la licéité de la menace ou de
l'emploi d'armes nucléaire que « ces deux branches du
droit applicable dans les conflits armés ont développé des
rapports si étroits qu'ils sont regardés comme ayant fondé
graduellement un seul système complexe, qu'on appelle aujourd'hui droit
international humanitaire.109(*)»
B. LES INSTRUMENTS
RELATIFS A LA PROTECTION DES CIVILS
S'agissant des conflits armés non
internationalisés l'instrument juridique qu'on interpelle est l'article
3 commun aux quatre conventions de Genève et le protocole additionnel 2
de 1977. L'article 3 commun agit comme une « mini
convention »110(*) acceptée de tous les Etats. Comme l'explique
le professeur Abi-Saab111(*) « (...) la CIJ en premier lieu, qui dans
l'affaire Nicaragua, a renversé le raisonnement conventionnel en la
matière, en représentant l'article 3 commun aux conventions de
Genève, seule disposition applicable aux conflits de caractère
non international, non pas comme maigre succédané de la
réglementation complète des conventions destinée aux
conflits de caractère international, mais plutôt comme la
quintessence du DIH, dont le reste des conventions n'est que
l'élaboration ( ce qui a permis à la cour de faire à son
tour l'économie de la qualification juridique du conflit dont il est
question). »
L'article 3 est d'autant plus puissant, qu'il est
considéré de l'ordre du jus cogens comme une norme
impérative de droit international à laquelle aucune
dérogation n'est permise. Sidoute il y avait l'article 3 vient retirer
toute forme d'ambiguïté.112(*)
L'article 3 a également le mérite
d'établir un lien direct entre les non combattants et le droit
d'initiative humanitaire (alinéa 2).113(*)Cette protection emprunte deux voies d'une part la
protection des civils dans la conduite des hostilités et d'autre part la
protection de la population civile au pouvoir de l'ennemi dans le contexte
d'occupation de guerre.
Dans le premier cas l'ensemble de règles qui sont
liées au principe de distinction et de limitation ont pour effet d'une
manière ou d'une autre de protéger les civils lors du
déroulement des hostilités. La distinction des objectifs
militaires et des objectifs non militaires des combattants et des civils , des
biens militaires et ceux destinés à la survie de la population a
pour objet de protéger l'élément civil de même que
l'interdiction des armes frappant sans discrimination causant des maux
superflus, des dommages graves à l'environnement ainsi que
l'interdiction des méthodes de combat telle que la tactique de la terre
brulée participe de la nécessité de mettre à l'abri
les civils ;
S'agissant de la protection des civils en contexte
d'occupation, il faut dire de manière générale que le
régime juridique de l'occupation de guerre combine les
prérogatives de l'occupant par rapport à sa
sécurité et les droits de la population en ce qui concerne leur
intégrité physique , intégrité patrimoniale, leur
droit de ne pas être déplacé seul sauf circonstance
spéciale de sécurité, leur droit de ne pas voir leur
terroir colonisé par les ressortissants de l'occupant dans une logique
d'annexion.
Cependant le choix de respecter le droit ou pas est loin
d'être automatique pour un Etat ou un groupe armé reconnait
Olivier Bangerter, « la connaissance des normes ne garantit en
rien son application car il existe des raisons plus fortes, subjectives qui
conditionnent le respect des normes juridiques. »114(*)
SECTION 2 : CADRE
ILLEGAL DE L'ENCADREMENT DES CIVILS EN PERIODE CONFLICTUELLE
Ayant reçu mandat des Etats signataires des
conventions de Genève, le CICR a un mandat double à savoir :
agir en faveur des victimes de guerre, c'est-à-dire protéger et
assister les victimes de la guerre et veiller au respect du DIH ; son
mandat est à l'origine du développement et de la diffusion du
DIH.
Ainsi pour fêter les cinquante ans des conventions de
Genève le CICR a fait mener une étude portait sur les origines
et comportement dans la guerre : comprendre et prévenir les
violations du DIH et le sondage « people in
war », cette consultation avait été menée
par le GreenbergResearch Inc. Cette enquête a été
menée auprès des porteurs d'armes de douze pays. Les
résultats de cette étude sont présentés par Daniel
Muñoz-Rojas et Jean-Jacques Frésard.115(*)
Il s'agit dans cette section de présenter les
résistances à l'application du DIH en période
conflictuelle, pour ce faire nous allons nous référer aux
résultatsd'une étude demandée par le CICR. Cette
étude avait pour objectif de contribuer à améliorer les
politiques et les stratégies de communication du CICR, dans le but de
prévenir efficacement les violations du DIH. Cet objectif s'articule
autour d'une double interrogation :
a. Quels sont les facteurs qui influencent de manière
décisive le comportement des combattants en situation de respecter ou de
violer le DIH ?
b. Y a-t-il adéquation entre les stratégies de
prévention développées par le CICR et les réponses
apportées à la question ci-dessus ?
Les causes de violations du DIH ont fait l'objet d'une
tentative de catégorisation, ces causes sont
1) le caractère criminogène de la
guerre ;
2) la définition des buts de la guerre ;
3) les raisons d'opportunité ;
4) les raisons psychologiques ;
5) les raisons liées à la personnalité
des individus.
Ces catégories ne sont bien sur pas étanches ni
exclusives les unes des autres.
L'étude est principalement centrée sur les
raisons psychosociologiques telles que l'influence du groupe, l'insertion dans
une structure hiérarchique ou le désengagement moral car elles
semblent universellement présentes dans tout groupe de combattants
armés qui prennent part à une guerre.
Sur la base d'un cadre conceptuel initial reprenant les
principales connaissances sociologiques et psychologiques dans ce domaine, des
modèles relatifs au changement de comportement du combattant ont
été élaborés. Ces modèles sont fondés
sur les trois hypothèses suivantes :
1) comme les civils, les combattants reconnaissent et
partagent les normes humanitaires, car elles seraient universelles ;
2) les violations du DIH impliquent des processus sociaux et
individuels de désengagement moral déclenchés par deux
mécanismes principaux : la justification des comportements et la
déresponsabilisation ;
3) dans les situations de conflit armé, les
mécanismes de déresponsabilisation sont induits principalement
par le conformisme au groupe et l'obéissance aux ordres.
A. LES CARACTERISTIQUES DES COMBATTANTS
· Le conformisme au groupe
Les combattants sont soumis à des
phénomènes de comportement de groupe qui entrainent la
dépersonnalisation, la perte de l'indépendance, et un fort
conformisme. Cette réalité est favorable au processus de dilution
de la responsabilité individuelle du combattant dans la
responsabilité collective de son unité de combat. Par nature,
l'individu n'est pas un tueur, le groupe l'est. De nombreuses études ont
montré que les hommes au combat ne sont généralement pas
motivés par la haine ou la peur, mais par la pression du groupe :
estime pour leurs camarades, défense de leur réputation
collective et volonté de contribuer aux succès du groupe. Le
combattant n'est plus un individu totalement autonome, mais il est soumis aux
règles du groupe, au respect des leaders et au conformisme. Les
études militaires sur la cohésion qui peut exister au sein d'une
unité montrent que les relations qui lient entre eux les combattants
sont souvent plus fortes que celles qui existent au sein d'un couple. Cette
réalité est favorable au processus de la dilution de la
responsabilité individuelle du combattant dans la responsabilité
collective de son unité de combat.
A ces constations il faut ajouter des observations plus
générales. L'individu dans le groupe a une tendance
« naturelle» à valoriser son groupe et à
dévaloriser les autres, à attribuer aux autres membres de son
groupe des qualités dont les membres des autres groupes sont
démunis. Le groupe, par définition génère des
préjugés, des simplifications et des discriminations. Il faut
insister sur le fait que lorsque l'autre groupe est déclaré
ennemi, ces tendances seront plus vives, et le groupe pourra assez facilement
tolérer le glissement vers des comportements criminels, et peut
être même finir par les valoriser et les encourager.
· L'obéissance à
l'autorité
Les combattants sont également soumis à un
processus de déplacement de leur responsabilité individuelle vers
la responsabilité de leurs supérieurs hiérarchiques. Les
violations du DIH peuvent découler des ordres donnés par cette
autorité, mais elles semblent le plus souvent liées à
l'absence d'ordres explicites de ne pas violer le droit ou à
l'autorisation implicite d'adopter des comportements
répréhensibles.
· La spirale de la violence
Les combattants qui ont participé aux hostilités
et ont été soumis à des situations traumatiques et de
violence (contre eux-mêmes, leurs proches ou leurs biens) sont à
court terme, amenés à perpétrer, eux aussi, des violations
du DIH.
Ces situations de violence résultent de deux processus
qui fusionnent en spirale de la violence :
1) Le cycle de la vengeance, qui entraine le combattant
« victimisé » à commettre des violations du
DIH ;
2) L'enchainement des violations suite à une
première transgression des principes humanitaires.
Ces dynamiques ne doivent pas être
négligées quand on connait le fort taux de
« victimisation » parmi les combattants engagés dans
les actions armées.
· Les comportements pathologiques
Les violations du DIH ne sont généralement pas
l'oeuvre d'individus malades, sadiques ou irrationnels.
La guerre est par essence criminogène. Certains
individus, très minoritaires, profitent des circonstances pour donner
libre cours à leurs pulsions et commettent des atrocités par
plaisir.
B. LES ATTITUDES SPECIFIQUES DES COMBATTANTS A L'EGARD DU
DIH
· Le fossé entre connaissances, attitudes
et comportements
Un décalage très important existe chez les
combattants entre leur connaissance des normes humanitaires et leur faible
intention de les respecter lors d'éventuelles hostilités.
Il ne suffit plus de connaitre une norme pour avoir une
attitude favorable à l'égard de celle-ci. De même, une
attitude favorable à cette norme, voire une adhésion
sincère à celle-ci ne signifie nullement que le comportement des
combattants en situation réelle sera conforme à cette norme.Le
fossé qui existe entre l'adhésion aux normes du DIH et le
comportement effectifs des combattants existe également entre la
reconnaissance et l'application de ces normes, au sens où nous
l'entendons dans cette étude.
Ainsi, les résultats révèlent qu'un
consensus se dégage sur la reconnaissance des normes
générales (comme le fait que certains comportements sont
prohibés en temps de guerre ou que les civils ne peuvent pas faire
l'objet d'attaques) et non sur leur application. En effet, lorsque les
combattants interrogés doivent se déterminer sur des situations
plus concrètes et qui posent un dilemme (peut-on attaquer des civils qui
aident l'ennemi?), le consensus se lézarde sérieusement.
· Le désengagement moral
Le fossé observé entre reconnaissance et
application des normes est le résultat d'une série de
mécanismes conduisant au désengagement moral du combattant et
à la perpétration de violations du DIH. Le désengagement
moral des combattants se fait principalement en ayant recours :
1) Aux justifications des violations ;
2) A la déshumanisation de l'ennemi.
En règle générale, l'individu adulte
adopte des standards moraux et évite les comportements qui violent ces
standards, pour ne pas entrer dans une logique d'auto condamnation ni
développer un sentiment de culpabilité. Pour que ces
mécanismes fonctionnent, ils doivent être activés. Or il
existe différentes manières d'éviter cette activation. Le
désengagement moral est un processus complexe, et les actes malveillants
sont toujours le produit d'interactions entre des influences personnelles,
sociales et environnementales. Dans le cas des combattants, nous avons vu que
la soumission à l'autorité et le conformisme au groupe sont des
caractéristiques importantes de leur environnement.
· Le caractère progressif du
désengagement moral
Non seulement le processus de désengagement moral est
graduel, mais il détermine aussi des comportements qui puisent dans les
actions passées, la force nécessaire pour justifier les actions
futures. Chaque action de l'individu exerce une influence sur la suivante et
peut rendre difficile un changement de comportement, parce que l'individu devra
admettre que s'il cesse d'adopter un comportement répréhensible,
tout ce qu'il aura fait jusque là aura été mal. C'est bien
pour cela qu'il est plus facile d'influencer des personnes qui admettent avoir
commis des fautes que celles qui s'enferment dans des systèmes de
justification.
Le tableau suivant pour résumer les principaux
facteurs qui déterminent le comportement des combattants :
Figure 4 : Les
principaux facteurs qui déterminent le comportement des combattants
![](Contribution-socio-anthropologique--lanalyse-de-la-protection-des-civils-par-les-forces-de-def10.png)
Source : Origines et comportement dans la
guerre : comprendre et prévenir les violations du DIH,
consulté le 18 Novembre 2014,
https://www.icrc.org/fre/resources/documents/publication/p0758.htm
Les autres résultats importants de cette autre
étude sont :
L'importance de l'encadrement des ordres et des
sanctions
L'encadrement des porteurs d'armes, les ordres stricts quant
à la conduite à adopter et les sanctions effectives en cas
d'inobservation des ordres sont les conditions essentielles qui doivent
être réunies pour espérer obtenir un meilleur respect du
DIH.
Le comportement des combattants est principalement
déterminé par trois paramètres :
1) leur incorporation dans un groupe qui les amène
à adopter une conduite conforme à ce que le groupe attend
d'eux ;
2) leur insertion dans une structure hiérarchique, qui
les amène à obéir à l'autorité (soit parce
qu'elle s'exerce sur eux de manière coercitive, soit parce qu'il y a
mélange de ces facteurs) ;
3) le processus de désengagement moral, favorisé
par la situation de guerre qui autorise le recours à la violence contre
celui qui est défini comme étant l'ennemi.
De cela découle très naturellement une
première conclusion : encadrement des combattants, ordres stricts
et sanctions effectives sont les leviers les plus efficaces pour obtenir un
meilleur respect du DIH. Pour que les combattants respectent le DIH, il faut
traduire les règles en mécanismes concrets et veiller à ce
que les moyens pratiques rendant ce respect effectif soient réunis. En
d'autres termes, il faut plébisciter chaque fois que cela est possible
(y compris avec les acteurs armés non étatique), une approche
intégrée, c'est-à-dire une approche qui prévoit que
non seulement le DIH sera inclus dans la doctrine militaire enseigné aux
officiers et aux troupes et incorporé dans les exercices de
l'entrainement, mais surtout que ses règles seront incorporées
dans tous les ordres à tous les niveaux de la hiérarchie et que
les moyens nécessaires seront donnés aux combattants pour que
leur comportement puisse effectivement être conforme au DIH.
Un ordre qui n'est pas respecté doit faire l'objet
d'une sanction. Au vu des mécanismes qui déterminent le
comportement du combattant, la sanction est centrale et peut revêtir
différentes formes (exemple : disciplinaire, pénale ou
sociale). La sanction disciplinaire ou pénale devrait être promue
pour son caractère exemplaire et sa vocation préventive. Il est
essentiel que les autorités interviennent même pour les
infractions qui n'ont pas la gravité d'un crime de guerre à la
fois pour assurer la discipline de leurs troupes et pour éviter
l'entrée dans une spirale négative où les violations
peuvent à la fois devenir de plus en plus graves, mais aussi de plus en
plus acceptables aux yeux de ceux qui les commettent.La transmission de la
connaissance du DIH peut avoir un impact négatif sur les combattants qui
ont déjà développé des justifications pour
expliquer les exactions commises.
Les transgressions du DIH relèvent dans la grande
majorité de l'aspect psychologique des combattants comme l'a
présenté cette étude, l'enseignement du DIH au sein des
académies militaires ne garantit donc en rien l'application de ces
normes pendant les conflits comme on voudrait le croire qu'il suffit de le
dispenser pour avoir des effets positifs sur la protection des civils. L'on est
tenté de dire que le DIH qui est respecté est plus coutumier que
conventionnel si l'on reconnait la psychologie comme facteur déterminant
du respect ou de violation du DIH.
Le caractère homogène des forces armées
centrafricainesfavorise les violations du DIH dans les conflits et les civils
ne cessent de subir des mauvais traitements, certains sont favorisés
à cause de leur appartenance ethnique et d'autre pour cette même
raison sont agressés voir tués. C'est pourquoi dans la seconde
partie de notre travail, nous mettrons un accent sur les moyens institutionnels
qui existent pour avoir une armée hétérogène, une
armée multiethnique, une armée républicaine afin d'assurer
un meilleur sort aux civils dans les conflits
Le DIH n'est pas pure utopie, il est ancré dans la
réalité et forme un réseau complexe de règles
impliquant des obligations spécifiques. Et les principes qui
régissent ces règles ne sont pas du droit pur, ils sont
supérieurs au droit écrit. Comme l'a dit Max
Huber, « du point de vue strictement juridique, un
véritable droit de l'humanité s'est crée en vertu duquel
la personne humaine, son intégrité, sa dignité, sont
défendues au nom d'un principe moral qui s'élève bien
au-delà des limites du droit national et de la
politique ».116(*)
Cependant comme l'a démontré l'étude
précédente, le DIH trouve beaucoup d'obstacles dans son
application par les forces armées comme l'explique Jean Nicolas Marti
qui parle du travail du CICR sur le long terme qui vise à
l'intégration du DIH dans les programmes militaires pour ce faire il
part d'un postulat simple :
« Connaitre n'est pas appliquer » et
que l'approche par rapport à la connaissance du droit n'est pas la
même que par rapport à l'application du droit ; et tout
enseignant militaire sait qu'une matière inculquée dans une salle
de cours, bien au chaud est, si elle est assimilée en termes cognitifs,
en termes intellectuels, n'est pas forcément acquise, en termes de
réflexe, le moment venu, dans le feu de l'action c'est souvent le
reflexe, c'est souvent ce que l'on a « drillé » qui
réapparait au premier plan et qui devient la réaction
automatique. »117(*)
Le général Saqui de Sannes commandant la brigade
légère de blindée marine assure qu'il faut absolument
connaitre et faire enseigner le DIH pendant son intervention au
colloque :
« C'est pour moi, pour vous un gage de
succès, notamment vis-à-vis de nos soldats qui sont les premiers
concernés. Certes c'est une affaire de cadres mais, ce sont les soldats
qui en premier doivent l'appliquer. Lorsqu'ils voient leurs cadres agir comme
des soldats, comme des officiers, ils ne se posent jamais de question, ce ne
sont jamais eux qui tireront les premiers, eux suivront le chef.
Deuxièmement, le DIH fait partie de notre éthique et de notre
métier. »118(*)
Il appuie cette déclaration à travers deux
exemples de situations assez difficiles qu'il a vécu en Somalie et au
Kosovo mais il apporte des limites à son argument par la suite en
disant « une fois que l'on y est, une fois que les militaires
sont sur place, c'est de la responsabilité des chefs militaires de faire
ce que leur conscience leur dicte. Et en aucun cas, notre conscience peut nous
dicter de laisser massacrer des gens, en aucun cas.»119(*)Parler de conscience ici
n'a pas d'objectivité car c'est une conviction intime à chaque
être humain, la qualité subjective de la conscience nous invite
ici à penser le droit humanitaire comme une morale intrinsèque
à tout militaire.
Conclusion de la première partie
Au terme de cette première partie, nous constatons bien
que l'appareil conventionnel de protection des civils qu'est le DIH et le cadre
spécifique de l'armée à savoir les commandements du
soldat, le code de conduite pour les forces armées ne garantissent pas
aux populations une protection effective par l'armée
régulière durant les conflits ; car il existe des raisons
subjectives à chaque soldat qui favorisent les violations du cadre
légal, ces multiples raisons sont révélées à
travers l'enquête menée par le CICR intitulé
« People On War.»
Louise Weibull120(*) présente une étude qualitative
s'intéressant à la gestion des émotions au sein des
troupes suédoises dans les opérations (Kosovo et Libéria)
en faveur de la paix, en s'appuyant sur une typologie établie par Sharon
Bolton concernant les émotions au travail. L'auteur montre que les
règles de gestion du sentiment ne découlent pas uniquement des
normes formulées par l'armée, mais elles émanent
également des contacts établis avec diverses parties prenantes
sur le théâtre opérationnel comme par exemple les contacts
avec la population civile. C'est la raison pour laquelle dans la
deuxième partie de notre travail nous parlerons de comment
établir le contact entre l'armée et son peuple à travers
l'institutionnalisation d'une armée républicaine.
DEUXIEME PARTIE : L'IMPACT
DES FORCES DE DEFENSE REPUBICAINE SUR LA PROTECTION DES CIVILS EN RCA
D'après Frédéric de Mulinen121(*) Les Etats qui ont
adopté des traités internationaux sur le droit de la guerre sont
tenus de « respecter et de faire respecter » ces
traités en toutes circonstances. Le droit de la guerre ne saurait
régir toutes les éventualités de manière
détaillée. Il est indispensable de le préciser, chose qui
ne peut être faite qu'au niveau national et doit être entreprise en
fonction de la situation et des besoins particuliers de l'Etat. Ainsi donc dans
chaque Etat le droit de la guerre doit être abordé par une
approche stratégique, la situation stratégique
(géographique, économique, politique et militaire) de l'Etat est
déterminante pour faire ressortir les clarifications et
précisions indispensables pour assurer le respect effectif du droit de
la guerre.
Dans cette partie il est question de démontrer comment
une armée républicaine peut assurer la protection des civils dans
les conflits.Cette démonstration s'opère à deux niveaux
d'abord le processus de création d'une armée républicaine
en RCA, et par la suite l'influence de l'armée républicaine sur
la protection des civils.
CHAPITRE 3 :
L'INSTITUTIONNALISATION D'UNE ARMEE REPUBLICAINE EN RCA
« Ce n'est pas le libre esprit créateur
des génies militaires qui a bouleversé les stratégies,
mais l'invention de meilleures armes et le changement dans la structure sociale
de l'armée ».122(*) F. ENGELS.
L'armée centrafricaine est une armée socialement
déséquilibrée. Presque embryonnaire au moment des
indépendances et encore soutenue par l'assistance de la France,
l'armée centrafricaine était restée pendant ses
premières années suffisamment discrètes dans la vie
politique de la nation.123(*)Par la suite a émergé une armée
de barons au coeur des régimes successifs où hommes politiques et
militaires gradés deviennent associés dans une sorte de
conspiration des nantis et où le pouvoir politique se sert de
l'armée qui, elle même s'engraisse du pouvoir.124(*) Au sommet de cette pyramide
trônent des officiers supérieurs, une minorité de haut
gradés enrichis par le biais de leur collision avec le pouvoir et
devenant souvent intouchables et inamovibles. Toutefois, s'il est
difficilement contestable que la complicité entre politique et le
militaire a fait de certaines unités (surtout la garde
présidentielle), des privilégiés des différents
régimes, l'état général des forces armées
centrafricaines reste préoccupant. La déliquescence et la
paupérisation de ces forces conduisent à cette naissance
d'armées à deux vitesses « divisées,
opposées et inégales ». Les règles qui
prévalent pour le recrutement, l'encadrement et parfois l'octroi des
grades sont souvent celles du « clientélisme
politico-ethniques » afin de rendre les bénéficiaires
plus sures et plus manipulables.125(*)
Dans ce chapitre il s'agit de présenter les
mécanismes institutionnels existants qui peuvent être
interpelés pour la création d'une armée
républicaine en RCA, et quels sont les avantages d'une telle
armée au sein d'un pays.
MwayilaTshiyembe126(*) en se reférant à la RDC définit
l'armée républicaine comme étant l'armée d'un homme
à l'armée de la république de plusieurs peuples,
l'armée républicaine doit être à l'image du nouveau
pacte démocratique et républicain unissant dans le même
destin les citoyens et les peuples du Congo dits ethnies. C'est dans cette
logique que nous abordons ce concept.
SECTION 1 : MISE EN PLACE
DES MECANISMES ET PROCEDURES D'UNE ARMEE REPUBLICAINE EN RCA
Le mécanisme approprié pour
l'institutionnalisation d'une armée républicaine est la
réforme du secteur de sécurité plus
précisément la réforme de la défense. Selon A.O.
Azazi127(*),
« la réforme du secteur de la sécurité
émane toujours des nations ayant connu les conflits et autres situations
instables à l'instar des coups d'état ». C'est le
cas en RCA qui a écrit son histoire en lettre de sang de ses
populations.
Le but de la réforme de la défense ici est de
mettre sur pieds une armée républicaine après des
années d'existence des structures militaires influencées par les
clivages ethno-religieux. Pour Axel Augé128(*) il faut procéder
à une « republication » des esprits, cette
« républicanisation »129(*) passe par le jeu des
institutions et en premier lieu de l'institution militaire. Elle repose
principalement sur l'action de l'Etat et sur le rôle des réformes
du secteur de la sécurité et de la défense dans la
reprofessionnalisation des militaires, chargés de la défense de
la nation. Les réformes du secteur de la sécurité et de la
défense contribuent à créer un environnement
sécuritaire sain entre société civil et militaire ;
et enfin cette réforme a pour but de
« civilianiser » les militaires qui selon Bernard
Boëne130(*)c'est
chercher à en faire par divers moyens, le miroir social et culturel de
la nation.
A. LA REFORME DU SECTEUR DE SECURITE : LA REFORME DU
SECTEUR DE LA DEFENSE AXE TAILLE ET STRUCTURE
En 2007, la RCA aidée par le gouvernement belge s'est
attelée à mettre en place une RSS. C'est ainsi qu'elle
était représentée au plus haut niveau à la
consultation des partenaires organisée à Bruxelles, quia
décidé de quatre priorités en matière de
RSS :
· Le renforcement des capacités matérielles
et humaines des forces de défenses et de
sécurité ;
· La réforme, la restructuration, la
réorganisation territoriales et la transformation participative et
coordonnée du secteur de la sécurité ;
· La sécurité de lutte
sous-régionale, la lutte contre la prolifération des armes
légères et de petit calibre ;
· L'éducation, le développement des forces
de défense et de sécurité, et le rétablissement de
la confiance131(*).
Le Président de la république y engagea
personnellement le gouvernement à travailler à la réforme
du secteur de la sécurité et annonça la création
d'un comité national préparatoire sur la RSS (le comité a
effectivement été crée par le décret
présidentiel n° 07-307, du 23 Octobre 2007)132(*). Mais suite à la
rébellion survenue en Décembre 2012 par la Séleka qui
était composée des minorités ethniques l'on sous entend
que cette RSS n'avait pas été menée à bon terme.
Selon l'OCDE, la RSS c'est « la transformation du
système de sécurité qui comprend tous les acteurs, leurs
rôles, leurs responsabilités et leurs actions, travaillant
ensemble, pour gérer et faire fonctionner le système d'une
façon plus compatible avec les normes démocratiques et leurs
principes de bonne gouvernance et contribuant ainsi au bon développement
du cadre sécuritaire. »133(*)Pourquoi une réforme
du secteur de la défense ?
L'OCDE alloue deux raisons de l'importance de la RSS au
secteur de la défense :
· les forces armées jouent un rôle central
dans la protection de la souveraineté d'un Etat contre les agressions
externes et les rébellions internes. Elles jouent également un
rôle important dans la sécurité interne ;
· Les forces armées sont également souvent
une source d'insécurité et de violation des droits de l'homme,
lorsqu'elles sont utilisées à des fins répressives ou pour
la protection d'intérêts sectoriels. Dans la mesure où leur
contrôle est central à l'exercice du pouvoir politique, les forces
armées posent parfois des défis spécifiques à la
gouvernance et au contrôle démocratique.
Selon le DCAF, la réforme de la défense
« consiste en une série d'actions coordonnées visant
à améliorer l'efficacité des forces armées d'un
Etat. Plus précisément il s'agit d'un processus selon lequel les
gouvernements :
· Evaluent l'environnement stratégique afin
d'identifier les menaces, les risques et les défis auxquels est
confronté leur pays, à court et à long terme ;
· Examinent les rôles et les objectifs des forces
armées et des institutions civiles du secteur de la
défense ;
· Réexaminent les relations entre le secteur de la
défense et les autres prestataires de services de
sécurité, ainsi que les institutions impliquées dans la
gestion et le contrôle du secteur de la défense ;
· Etablissent des priorités, des plans d'action et
des programmes de réforme appropriés ;
· Mettent en oeuvre la réforme dans un cadre qui
garantit un suivi et des ajustements réguliers. »
Le choix de l'axe de la réforme qui sied à la
RCA à savoir taille et structure résulte du séminaire sur
la problématique « conflit-pauvreté »
organisé à Bangui en Mars 2007. Il permit d'identifier les
faiblesses principales du secteur de la sécurité à
savoir :
· Faiblesse des effectifs par rapport à la taille
du pays ;
· Le caractère hétéroclite des
forces de sécurité ;
· Le manque de discipline militaire ;
· L'absence de documents clés et archives
détruits lors des pillages répétés ;
· L'insuffisance de la formation ;
· Le sous équipements des troupes134(*).
Un large éventail d'acteurs nationaux, internationaux
et régionaux est concerné par la réforme de la
défense mais compte tenu de l'axe de notre réforme nous nous
attarderons plus sur les acteurs nationaux.
Acteurs nationaux :
· Le chef de l'Etat et/ou du gouvernement et les organes
de décision, comme un conseil de sécurité nationale ou une
commission de défense ;
· Le ministère de la défense et d'autres
ministères impliqués dans la défense et la
sécurité ;
· Les forces armées ;
· Les autres forces de sécurité qui
coopèrent et assurent la liaison avec les forces armées
(gendarmerie, police, services de renseignements, etc. ;
· L'assemblée législative et ses
comités examinant les questions de défense et de
sécurité ;
· Les institutions judiciaires, pénales et celles
chargées de veiller au maintien de l'ordre ;
· Les acteurs de la société civile, tels
que les médias qui rendent compte des développements du secteur
de la défense, les groupes de réflexion qui contribuent à
la recherche sur des problématiques du secteur de la défense et
qui organisent des formations, les partis politiques qui aident à
élaborer des politiques de défense, et les communautés
locales où les militaires sont en poste ;
· Les acteurs non étatiques comme les
sociétés militaires et de sécurité privées
qui peuvent avoir besoin de travailler en coordination avec l'armée etc.
La réforme de la défense porte sur de nombreux
axes selon le DCAF mais dans le cas de la RCA nous nous baserons sur l'axe des
politiques relatives au personnel (professionnalisation, recrutement,
formation, promotion, retraite ainsi que la représentativité de
l'institution de défense d'un pays). A cet effet, le DCAF a
recensé les acteurs qui interviennent dans la politique de
représentativité des groupes ethniques dans l'armée et
leurs rôles :
Les parlements/Corps Législatifs
· Peuvent ébaucher des règles et
réglementation ;
· Peuvent établir des comités permanents
sur les questions multiethniques et être les instigateurs
d'enquêtes spéciales ou d'exercices d'établissement des
faits ;
· Peuvent mandater la création de structures de
contrôle, tels que les médiateurs militaires ou les inspecteurs
généraux
· Peuvent attribuer des fonds à des programmes
spéciaux qui s'occupent des questions multiethniques.
Les ministères de la Défense
· Peuvent ébaucher des procédures
départementales ou des ordres exécutifs ;
· Peuvent être habilités à
créer des solutions structurelles, tels que des groupes de travail, des
médiateurs militaires, etc. ;
· Peuvent appuyer la création de programmes
spéciaux pour améliorer les relations multiethniques.
Les services Militaires Individuels
· Peuvent développer des structures et programmes
pour assurer la pleine et entière protection des minorités
ethniques au sein d'un cadre national de bonnes relations
interethniques ;
· Peuvent assurer la mise en oeuvre du droit au travers
de la justice militaire.
La Branche Judiciaire
· Fait respecter le droit en assurant la
responsabilisation des individus et des institutions.
B. LE CONTROLE PARLEMENTAIRE
« Globalement, dans les Etats membres de la
CEEAC, les problèmes de sécurité sont du domaine
« réservé » du Président de la
République, Chef suprême des armées. »
remarqueElie MvieMeka135(*)c'est pourquoi dans la plupart des
constitutions, on retrouve des dispositions qui font du chef de l'Etat, le
chef suprême des forces armées ; dans la constitution de la
RCA c'est (art.22, al. 7).
Cependant, le phénomène de la
« tribalisation » des forces de défense et de
sécurité commencée sous le règne de Bokassa est
devenu récurrent, elle permet à l'armée qui ne dispose que
d'une faible conscience nationale et d'une fonction non clairement
déterminée, de se retrouver dans la figure de ses chefs et non de
la sienne ou du pays136(*). En réalité, comme l'écrit
NtudaEbodé : « l'armée centrafricaine est
l'une des plus politisées d'Afrique centrale. Socialisée à
l'ombre de l'armée française et habituée aux coups d'Etat
comme mode d'accession au pouvoir, la notion de frontière entre le
militaire et politique est devenue pour elle un objet presque sans
substance ».137(*) Même les états généraux
de la défense organisés en 1995 n'ont pu apporter de solutions
concrètes aux problèmes auxquels est confrontée cette
armée.
Le contrôle parlementaire a pour but de retirer au
pouvoir politique à l'occurrence l'exécutif, le contrôle de
l'armée pour ses desseins personnel. Alain
FogueTedompréconise « le contrôle parlementaire
comme gage de la transparence démocratique dans le domaine de la
sécurité »138(*)la volonté de monopole de
l'exécutif doit être surmontée afin que le contrôle
parlementaire, gage de la transparence démocratique sur les actions des
FDS puisse être efficace.
Cette transparence démocratique revient donc au
pouvoir législatif qui comme l'a souligné John Locke139(*) « le
législatif est le pouvoir suprême dans n'importe quelle
république qu'il soit remis à un seul ou à plusieurs, et
qu'il est une existence permanente ou seulement intermittente »
la suprématie de ce pouvoir est dû au consentement de la
société au sein duquel il s'exerce, car il a été
désigné par le peuple, elle reflète son choix et
détermine la souveraineté de celui-ci tout comme le soutient
Locke « la souveraineté ne réside pas dans l'Etat
mais dans le peuple ».
Cependant, la réalité est toute autre en Afrique
où le fonctionnement des parlements n'échappe pas aux nombreux
dysfonctionnements de l'Etat, l'exécutif tenant à conserver une
liberté d'initiative et d'action quitte à tenter d'ignorer le
principe de la séparation des pouvoirs. Alors que l'une des missions
essentielles des parlementaires est de procéder à un examen
critique des intentions et des actions de l'exécutif, on constate que
lorsqu'il s'agit des questions de sécurité, le reflexe
conservateur de l'exécutif et notamment la volonté sans partage
du Président oblige ces derniers à ne pas montrer un enthousiasme
à exiger des explications.
La pratique d'une transparence aurait des effets positifs
comme le remarqueReinhold Plate quand il dit :
« Les forces de sécurité et leurs
peuples ne font pas l'objet d'un « large débat ».
Dans un contexte de fragilisation de l'Etat, une grande transparence dans le
domaine de la sécurité renforcerait sans doute le lien
« armée - nation », conforterait la
démocratie et un effet positif multiplicateur sur les capacités
de la nation à formuler une stratégie globale,
intégrée sur la question complexe de la sécurité et
de la défense dans la globalité. (...) »140(*)
Voici présenté le contrôle de la politique
de la défense nationale en Centrafrique par l'Assemblée nationale
dans lequel se trouve le contrôle parlementaire :
Tableau1 :
Contrôle de la défense par l'Assemblée National en RCA.
CONTROLE DE LA POLITIQUE DE DEFENSE NATIONALE EN RCA
|
Commission de la défense nationale
|
· Fonction de la commission
|
Le parlement exerce un contrôle sur la politique de
défense nationale par la commission de défense nationale.
|
· Attributions de la commission
|
Excepté tout ce qui est placé sous le sceau du
secret défense, la commission a regard sur les lignes budgétaires
et leur exécution, sur les mesures visant à enrayer
l'insécurité, sur la gestion du personnel et des biens meubles et
immeubles.
|
· Composition de la commission
|
La composition de la commission reflète la force
numérique de chaque parti au parlement.
|
Contrôle parlementaire des entreprises publiques
d'armement
|
Le parlement peut exercer un contrôle sur les
entreprises publiques d'armement.
|
Circonstances et implications
|
· Modalités et procédures en cas de guerre,
d'attaque armée ou d'état d'urgence
|
Le parlement peut exercer un contrôle sur la politique
de défense lors de la déclaration de guerre, d'état
d'urgence ou suite à une agression armée.
|
· Rôle du parlement pour l'envoi des troupes
à l'étranger
|
Le parlement peut exercer un contrôle sur la politique
de défense lors de l'envoi de troupes à l'étranger.
|
Autres moyens de participer à la politique de
défense nationale par le parlement
|
en dehors des modalités mentionnées,
l'Assemblée nationale est seule habilité à autoriser la
déclaration de guerre (Article 56 de la constitution).
|
Source :
www.ipu.org/parline-f/reports/ctrlparlementaire/1059_f.htm
, consulté le 10 mai 2015.
D'après le DCAF, La défense et la
sécurité doivent généralement être
traitées par plus d'un seul comité permanent. La plupart du
temps, les comités qui sont impliqués dans la défense et
la sécurité sur une base quotidienne sont ceux qui traitent avec
les forces armées, les affaires internes et les renseignements.
En règle générale, les comités du
secteur de la défense et de la sécurité se focalisent sur
des questions liées à la taille, la structure, l'organisation, le
financement et le fonctionnement des acteurs étatiques dont le mandat
inclut le recours à la force et de celui des organes administratifs
civils qui prennent des décisions relatives au recours à la
force. S'il est incontestable qu'il revient au gouvernement de disposer des FDS
en tant de paix comme en tant de guerre, il est constant que le niveau de
pratique démocratique d'une société se mesure entre l'aune
de la capacité du parlement à exercer pleinement son droit sur
l'exécutif dans la définition de la politique nationale de
sécurité, la préparation des traités et accords
divers en matière de sécurité ainsi que dans son
utilisation des FDS.
Le contrôle parlementaire existe dans le contrôle
de la défense de l'assemblée nationale centrafricaine mais se
s'intéresse pas à la question liée à la taille et
à la structure de l'armée tel que préconisé par le
DCAF. Ce qui limite cette pratique. Alain FogueTedom préconise deux
préalables à la réussite d'un contrôle parlementaire
des FDS à savoir : la volonté politique et les dispositions
constitutionnelles légales.
En ce qui concerne la volonté politique, les dirigeants
politiques sont souvent confrontés à l'éthique de
responsabilité et à l'éthique de conviction le fameux duel
entre le devoir et la moral ; mais en ce qui concerne les politiciens
africains l'on serait tenté de dire que leurs actions sont
influencées par un profond égoïsme, tout est dans leur
intérêt personnel ils vont jusqu'à dénaturer le
contrat social de Hobbes.Joseph Kizerbo va lui aussi dans cette logiqueen
remarquant que :
« Les dirigeants se trompent d'époque et
pèchent par anachronisme structurel en s'entêtant à
gérer le statu quo d'il ya cinquante ans, alors que le siècle et
le millénaire ont basculé » dès qu'il s'agit de
transférer un soupçon d' « espace
décisionnel » vers le peuple citoyen, « les reflexes
propres aux partis uniques reprennent le dessus. »141(*)
Ils ont adhéré aux principes
démocratiques mais dans la pratique rien n'est palpable.Le pouvoir
législatif devrait voter des lois qui viseraient à faire des
forces armées une autre institution comme elle qui serait la vitrine du
peuple à travers une loi de représentativité
régionale, départementale, cantonale du peuple au sein des forces
armées dans le processus de recrutement. Par contre en RCA
l'obsolescence et voir même l'absence des textes régissant les
forces armées ne favorise pas lecontrôle démocratique.
Seule la volonté politique du Président est à même
d'assurer le contrôle parlementaire.
SECTION 2 : L'ADHESION AUX
PRINCIPES DES FORCES DE DEFENSE REPUBLICAINE
L'institutionnalisation d'une armée républicaine
renferme des avantages pour les populations civiles à travers la
pacification des relations entre civils et militaires et la neutralité
des soldats. Ainsi donc, l'armée républicaine doit être une
capacité dissuasive et crédible destinée à garantir
l'intégrité du territoire national et les frontières,
protéger la vie et les biens des citoyens et des peuples (ethnies,
nationalités), défendre la démocratie et contribuer
à la paix et ce en toute circonstance contre toute forme de menace.
A. LA PACIFICATION CIVILS ET MILITAIRES EN RCA
D'après le DCAF, l'armée a tendance à
être une institution isolée, ce qui est dû en partie
à son désir de préserver des caractéristiques
qu'elle estime indispensable à son efficacité telles que l'esprit
de corps, une rigoureuse déontologie et dans certains cas des valeurs
sociales conservatrices. Lorsque que la composition culturelle politique et
ethnique de l'armée diffère de celle de la société
dans son ensemble, il se produit alors un décalage civilo-militaire. A
titre d'exemple si l'armée n'est pas convaincue de la notion de
primauté du civil sur le militaire, il existe un risque accru de la
participation de l'armée dans la vie politique du pays. Ce
décalage peut également réduire l'acceptation publique de
l'armée, ce qui à son tour peut mener à un grand isolement
de l'armée. L'armée ne doit surtout exclure aucun individu en se
fondant sur des caractéristiques telles que la race, l'ethnie, la classe
sociale, la religion, le sexe.
L'on reconnait à travers cette remarque l'importance
d'une armée républicaine.Le lien armée-nation fait partie
inhérente de la stratégie de défense de tous les pays au
monde. Lorsqu'on lit la politique de défense des Etats européens,
asiatiques ou africains, partout la référence au lien
armée nation est permanente142(*). Toutefois ce lien en RCA n'a jamais vraiment pu se
nouer à cause de l'utilisation de l'armée à des fins
répressives et pour cause l'incivisme de ces dernières sur la
population.
Le CDC prévoit en son chapitre 3 les relations entre
les forces armées et de sécurité et les populations
civiles, il est présenté comme suit :
Article 21 : les forces armées et de
sécurité doivent respect, protection et assistance à
toutes les populations civiles en particulier aux personnes et groupes
vulnérables, surtout en temps de conflits armés.
Article 22 : le commandant des forces armées et de
sécurité veillera à ce que les relations entre leurs
personnels et la population civile soient harmonieuses et basées sur le
respect mutuel. En conséquence les forces armées et de
sécurité, en collaboration avec le gouvernement, les
organisations non gouvernementales et les médias entreprendront
d'informer et d'éduquer le public sur les programmes et
opérations non confidentielles.
Article 23 : dans leurs relations avec les populations
civiles, les personnels des forces armées et de sécurité
doivent éviter tout acte ou comportement pouvant porter préjudice
à la crédibilité et à l'honneur de leur
institution.
Pour AdedejiEbo143(*) les RCM renvoient au réseau de relations
entre les militaires et la société dans laquelle il fonctionne et
dont il est une part intégrante. Ces relations embrassent tous les
aspects du rôle des militaires considérés comme membres
d'une institution professionnelle, politique, sociale et économique)
dans l'ensemble de la stratégie nationale. Elles concernent aussi
l'attitude des militaires à l'égard de la société
civile et réciproquement, la perception qu'en a cette dernière
ainsi que le rôle des forces armées dans ses relations avec
l'Etat. Force est de constater avec Dominique Bangoura :
« Qu'après 35 ans d'existence des forces
armées en Afrique, la rupture est totale entre armée et
société. La fonction d'intégration qui consiste dans les
pays africains francophones à rassembler tous les fils sous les drapeaux
indépendamment de leurs origines raciales, ethniques, sociales,
culturelles, religieuses, selon des règles préétablies
n'existe pas. L'armée n'est en aucun cas le reflet de la
société.»144(*)Comme c'est le cas en RCA.
Marc Frontier quant à lui renchérit en disant
que :
« Contrairement à l'occident,
l'institution militaire a été un élément
intégrant du processus de développement politique : sa
nationalisation s'est trouvée au coeur de la constitution de
l'État central. Ailleurs, on observe le même
phénomène à partir des armées qui ont
précédé ou fait surgir un État moderne. En Afrique
noire, rien de tel ne se donne à constater, offrant en cela un autre
aspect du décalage entre armée et nation dans le processus de
construction du pays.»145(*)
Le décalage civilo-militaire en RCA a
été causé par les mutineries de l'armée, les coups
d'Etat militaires du fait de leur politisation, la manipulation des clivages
ethniques et religieux par celle ci, les abus et les violations des droits de
l'homme tels que présentés dans le deuxième chapitre.
Afin d'unir l'armée à son peuple et
recréer ce lien mystérieux qui unit une armée à son
peuple Moa Tsé-toung le disait encore « L'armée
doit ne faire qu'un avec le peuple, afin qu'il voit en elle sa propre
armée. Cette armée sera invincible, ... »146(*) ; cette harmonie
recherchée entre ces deux entités que sont le peuple et
l'armée est aussi bénéfique pour l'armée car elle
fait prendre conscience à celle-ci la force qu'elle gagne en s'appuyant
sur le peuple :
« il faut faire comprendre à chaque
camarade qu'aussi longtemps que nous prendrons appui sur le peuple, que nous
croirons fermement aux inépuisables forces créatrices des masses,
plaçant notre confiance et faisant corps avec lui, nous vaincrons
n'importe quelles difficultés ; et tout ennemi, quel qu'il soit,
loin de pouvoir nous écraser sera infailliblement
anéanti. »147(*)
L'armée étant le bras armée de la nation
il serait judicieux pour la population centrafricaine d'avoir une armée
qui serait pour elle un miroir, une sorte d'Etat-nation miniaturisé dans
laquelle chaque citoyen serait à même de s'identifier avec
à son sein tous les groupes ethniques ressortissants du territoire de
sorte de conférer à chacun un acquis, un lien avantageux car
comme l'a dit Mao Tsé-toung :
« Sans armée populaire le peuple n'a
rien » « cette armée est forte parce que les hommes
qui la composent obéissent à une discipline consciente ; ils
sont unis et combattent non pour les intérêts d'une poignée
de gens ou d'un groupe restreint, mais pour les intérêts des
larges masses populaires, pour les intérêts de la nation tout
entière.»148(*)
La défense est au point de rencontre entre deux
sociétés : la société civile et la
société militaire et dont l'interconnexion est nécessaire.
En effet, la défense ne peut plus se réduire à une
stratégie d'Etat ou de puissance149(*), elle suppose aussi la participation de toutes les
forces d'un peuple. Si l'armée s'éloigne ou est
éloignée du peuple, si les valeurs du peuple rentrent en
confrontation avec celle de l'armée alors la défense s'affaiblit
et la nation chancelle150(*).
En exemple le thème de la
42èmefête nationale de l'unité du Cameroun
était « armée et nation en synergie pour la
préservation de la paix et de la sécurité, gage de
l'intégration, de la stabilité et du développement
socio-économique. » Ce thème laisse entrevoir que le
lien qu'une armée entretient avec son peuple est une source profonde de
paix, la symbolique va au-delà de toute espérance dans la
promotion de la paix.
Car que défend-on par le canal de l'armée,
notamment ? On défend la nation, le peuple qui constitue cette
nation, l'existence du pays, l'âme de la nation, ses valeurs, son mode de
vie. L'armée apparait ainsi comme le dernier rempart contre les
atteintes à l'indépendance nationale et le bouclier ultime face
aux menaces contre les intérêts vitaux du pays151(*).
La figure ci après représente un type de
relationcivilo-militaire dans un pays.
![](Contribution-socio-anthropologique--lanalyse-de-la-protection-des-civils-par-les-forces-de-def11.png)
Figure 5 :
Relations civilo-militaires dans le cadre d'un système socio-politique
national
Source : Elie MviéMeka, Architecture de la
sécurité et gouvernance démocratique dans la CEEAC, P.
143.
B. LE CITOYEN EN UNIFORME OU LE CITOYEN SOLDAT
Figure 6 : le citoyen en uniforme
![](Contribution-socio-anthropologique--lanalyse-de-la-protection-des-civils-par-les-forces-de-def12.png)
Source : Colloque, L'intégration des Forces
armées et de Sécurité dans les sociétés
démocratiques », Actes du colloque international, du 29 Mars
au 1er Avril 2005, Cotonou, Benin, P. 54.
Inspiré ici du modèle de l'armée
allemande, le citoyen en uniforme prône une approche morale avec pour but
de faire valoir la conception de l'homme telle qu'elle est
énoncée dans la loi fondamentale comme principe d'orientation au
sein des forces armées. Le citoyen soldat est appelé à
être disponible pour défendre son pays.
· Personnalité libre : il ne subit point de
joug ;
· Citoyen conscient de sa responsabilité :
est responsable de ses actes devant sa communauté ;
· Militaire prêt à l'engagement : pour
défendre sa patrie, se mettre au service des autres.
Le citoyen soldat se définit par sa vertu et son
attachement à la communauté, il est dépouillé de
tout intérêt particulier, pour ne songer qu'à celui de sa
patrie et devient « l'incarnation désincarnée des
principes de la communauté républicaine. »152(*)
D'après NTUDA EBODE, la sécurité ne
signifie pas seulement éliminer la menace immédiate mais aussi
travailler sur les sources de l'insécurité. Travailler sur les
sources d'insécurité ici c'est procéder à une
réforme de la défense. Car l'ethnicité des FACA
constitue la source première d'insécurité des populations
civiles. Il est primordial que les groupes ethniques composant la population
soient proportionnellement représentés dans les forces
armées nationales. C'est la seule et unique approche qui éloigne
le risque d'avoir des armées unicolores, mono ethniques, tribales ou
claniques, à la solde d'un individu ou d'un groupe d'aventuriers qui
pourraient les manipuler pour leur dessein personnel.
Le défi qui se pose ainsi aux responsables politiques
qui ont la charge de construire des forces nationales est celui de
l'élargissement de la base sociale et des horizons géographiques
et ethniques de recrutement des soldats. Il faut une rationalisation des bases
géographiques et culturelles du recrutement des soldats dans les corps
militaires de l'Etat. Car les armées les plus stables en Afrique
s'avèrent être celles dans lesquelles il n'y a pas une
prédominance d'un groupe ethnique ou tribal153(*).
C'est dans cette perspective queAxel Augé154(*) estime que l'avenir de la
stabilité des Etats en Afrique dépend en grande partie de la
capacité des acteurs politiques et militaires à renouer les liens
de confiance entre les populations, les institutions et les organisations
clés, en particulier celles qui détiennent la coercition
légitime (l'armée) et à ré-légitimer l'Etat
postcolonial.
La républicanisation des forces de
défense permet la pacification entre les civils et les soldats, car si
les FACA étaient une armée républicaine :
« Elles ne susciteraient pas un climat de peur
au sein de la population, la vue d'un soldat est censée apporter le
réconfort, la sérénité et non l'effroi total. Elle
a toujours été l'armée du président et non celle
du peuple, déjà en temps de paix ils commettent des exactions
contre les civils et ne sont pas punis à plus forte raison pendant la
guerre. Tout ce que veut l'armée c'est en finir avec
nous. »155(*)
La républicanisation de l'armée est le
processus en amont pour la protection des civils, il convient donc pour la
suite de l'étude, de démontrer comment le militaire est
prédisposé et stimulé à agir de manière
responsable vis-à-vis des civils et par conséquent respecter le
DIH, compte tenu de la spécificité du métier des armes et
des évolutions de la société dans laquelle l'institution
évolue.
CHAPITRE 4 :
L'IMPLEMENTATION D'UNE ARMEE REPUBLICAINE DE PROTECTION DES CIVILS
Après avoir présenté le processus
d'institutionnalisation d'une armée républicainepar une
réforme de la défense, dans ce chapitre nous démontrerons
comment une armée républicainetransformée par la
sociologie militaire influe de manière positive sur la protection des
civils. Mais au préalable nous allons présenter le militaire qui
est l'acteur chargé d'assurer cette protection et les facteurs dominant
dans l'accomplissement de ses fonctions.
SECTION 1 : LA SPECIFICITE
MILITAIRE VERSUS LA SOCIOLOGIE DES ARMEES
Dans cette section nous présenterons la
spécificité militaire et comment celle-ci se voit dissoute par
l'approche de la sociologie des armées.
A. LA SPECIFICITE MILITAIRE
Selon Enriquez :« toute organisation offre
une culture, c'est-à-dire une structure de valeurs et de normes, une
manière de penser, un mode d'appréhension du monde qui oriente la
conduite historique de ses divers acteurs. »156(*)
L'institution militaire quelle qu'elle soit, s'inscrit
toujours dans un environnement politique social avec lequel elle interagit,
mais toutefois il y'a des caractéristiques qui sont immuables à
cette institution, il s'agit de la spécificité militaire. C'est
ainsi que la qualité de militaire suppose être : le
représentant du courage national, le symbole de bravoure et
d'abnégation, c'est n'avoir de meilleure de vivre que la patrie,
être prêt à mourir sur le champ de bataille pour
défendre la patrie et le drapeau national. Il agit au nom de la
république et ce par l'usage de la force, et si cette force est
légitime c'est parce qu'elle est encadrée par les
règlements propres au statut militaire, au code de conduite et du droit
international. En bref, c'est être un Homme de conviction
façonné lentement et méthodiquement par un enseignement
civique qui lui fasse aimer sa patrie157(*).
Le métier de militaire dans son origine n'est pas un
métier comme les autres. Le militaire est investi de la capacité
de détenir et d'user de la force ; cette mission exige donc
d'entretenir au sein de cette institution des spécificités par
rapport à la société civile. Il existe donc à cet
effet des règles spécifiques qui régissent le
métier de militaire qui sont du ressort de la déontologie du
métier.
Quelques caractéristiques du militaire :
· Le militaire agit dans le cadre d'un règlement
de service intérieur qui gère sa vie quotidienne, c'est un
être sociable qui agit au quotidien dans l'intérêt commun,
il est à l'écoute des ordres et les exécutent au
mieux ;
· Le militaire aime travailler en équipe
d'où l'esprit de corps ;
· Le militaire est celui qui met sa vie au service de la
nation, son action l'engage bien au-delà de sa personne ;
· Le militaire est un spécialiste, les emplois au
sein de corps sont de plus en plus diversifiés (médecins,
ingénieurs, magistrats etc.)
Nous complétons ces caractéristiques par une
présentation du code du soldat158(*) qui se décline en onze
articles :
Article 1 : au service de son pays, le soldat lui
est entièrement dévoué, en tout temps et en tout lieu.
Article 2 : il accomplit sa mission avec la
volonté de gagner et de vaincre, et si nécessaire au péril
de sa vie.
Article 3 : maitre de sa force, il respecte l'adversaire
et veille à épargner les populations.
Article 3 : il obéit aux ordres, dans le respect
des lois, des coutumes de la guerre et des conventions internationales.
Article 5 : il fait preuve d'initiative et s'adapte en
toutes circonstances.
Article 6 : soldat professionnel, il entretient ses
capacités intellectuelles et physiques et développe sa
compétence et sa force morale.
Article 7 : membre d'une équipe solidaire et
fraternelle, il agit avec honneur, franchise et loyauté.
Article 8 : attentif aux autres et
déterminé à surmonter les difficultés, il oeuvre
pour la cohésion et le dynamisme de son unité.
Article 9 : il est ouvert sur le monde et la
société, et en respecte les différences.
Article 10 : il s'exprime avec réserve pour ne pas
porter atteinte à la neutralité des armées en
matière philosophique, politique et religieuse.
Article 11 : fier de son engagement, il est toujours et
partout, un ambassadeur de l'armée et de son pays.
La déontologie militaire, il s'agit d'un ensemble de
règles et de devoirs qui régissent cette profession, on peut donc
citer :
· Subordination au pouvoir civil ;
· Abnégation ;
· Discipline ;
· Disponibilité ;
· Loyalisme ;
· L'amour de la patrie ;
· Esprit de corps ;
· Neutralité.
Etienne Schweisguth159(*) entrevoit le système symbolique militaire
non seulement comme le système de valeurs militaires constitué de
représentation et d'idées articulées (le courage,
l'héroïsme, l'honneur, l'abnégation, la discipline,
l'obéissance, etc.) mais également comme un ensemble
d'éléments qui ne sont pas nécessairement valorisés
en toutes circonstances, mais sont susceptibles, dans certains contextes,
d'être considérés comme des symboles valorisés.
Ainsi il peut s'agir d'artefacts symboliques, les règles écrites
ou non écrites, ou bien les pratiques, etc. de ce fait, le
système de symbolique militaire ne consiste pas seulement en des valeurs
particulières que se partagent les militaires, mais il est de toute
façon un élément important du fonctionnement même de
l'institution.
La société militaire a été
traversée par d'importants bouleversements dus à la
professionnalisation et à la civilianisation des armées cette
évolution est marquée par un relatif effacement de ces
caractères d'exception notamment la cohésion du groupe, le
caractère autarcique.
La spécificité militaire résume la
culture militaire cependant comme le dit Sébastien
Schehr :« appréhender la
« spécificité militaire » ne doit pas
empêcher le sociologue d'intégrer l'environnement social dans sa
réflexion,ce qui veut dire qu'il ne faut pas
découpler « le sous système militaire de
l'appréhension des autres sous systèmes et donc des grandes
tendances à l'oeuvre dans l'ensemble de la
société »160(*)
Étant entendu que la dimension sociale est prise en
compte dans la gestion des conflits, il ne faut pas découpler le
« sous système » militaire de l'appréhension
des autres sous systèmes et donc des grandes tendances à l'oeuvre
dans l'ensemble de la société, qu'il s'agisse de l'accroissement
de la différenciation sociale, du processus d'individualisation, des
mutations touchant la forme de travail, de la rationalisation et de la
marchandisation de toutes les sphères de vie, des bouleversements
touchant les temps sociaux. C'est pourquoi dans la suite nous allons
démontrer quels sont les effets de la sociologie sur la
spécificité militaire.
B. L'IMPACT DE LA SOCIOLOGIE DES ARMEES SUR LA SPECIFICITE
MILITAIRE : DISSOLUTION DES CARACTERISTIQUES DE L'INSTITUTION
Le but de la sociologie militaire est de proposer une
connaissance systématique des organisations militaires, des conflits
armés, des emplois effectifs et potentiels de la force armée et
des implications de son existence au sein des sociétés. Depuis
les années soixante-dix et quatre vingt, un grand nombre de chercheurs
surtout américains (Janowitz, Moskos, Segal, etc.), ont permis aux
raisonnements sociologiques et aux techniques des sciences sociales
d'être appliqués au champ militaire.
La sociologie militaire américaine a
permis de comprendre les motivations individuelles de recrutement et de
rétention. Elle a aussi joué un rôle important dans la
gestion des questions sociales qui agitent les forces armées, tout en
facilitant la compréhension des ressorts de l'efficience des
unités de combat, des motivations et des compétences du
personnel, des relations entre civils et militaires, etc.
La sociologie militaire, par des études statistiques ou
des observations, est devenue incontournable pour qui veut avoir une bonne
connaissance du milieu militaire sur un plan plus pratique.
Dès la fin du 19ème siècle,
Durkheim161(*) notait
déjà le recul du vieil « esprit militaire »
partout en Europe, et remarquait à son propos que les
« habitudes d'obéissance passive, de soumission absolue, en un
mot d'impersonnalisme, si l'on veut nous permettre ce barbarisme, se sont
trouvées de plus en plus en contradiction avec les exigences de la
conscience publique ». Autrement dit il voyait dans la transformation
de « la conscience publique » en général un
des facteurs fondamentaux de la transformation du monde militaire
lui-même. L'armée vit aujourd'hui, bien moins qu'à son
époque, hors de la société qui l'entoure. Sujette à
d'importants changements institutionnels (mutation technologique, changement de
nature des conflits militarisés, spécialisation professionnelle
lié à la qualification et à la division du travail de plus
en plus poussée, féminisation du personnel militaire, importance
accrue du personnel civil, etc.) elle a su pour une part au moins se
départir des traits hors d'âge qui la caractérisaient
effectivement. Ces mutations sont en grande partie dues au rapprochement entre
armée et société et ce, dans tous les secteurs de la vie
militaire : professionnel, technologique, organisationnel social,
identitaire, idéologique, etc.
Une partie des sociologues de la chose militaire fut en effet
amenée à proposer la thèse selon laquelle les institutions
militaires changent tellement, qu'elles perdent leurs caractères
distinctifs et s'apparentent aujourd'hui à de grandes bureaucraties
civiles. C'est en partie la thèse défendue par
Huntington162(*),
dès 1957.
Sébastien Jakubowski à cet effet soutient comme
hypothèse que :
« L'institution militaire de sa
professionnalisation connait un processus de convergence vers un modèle
de fonctionnement de type organisationnel qui appelle à une
recomposition de la logique de fonctionnement de
l'institution.»163(*)L'armée s'est toujours efforcée
d'établir et maintenir une relative autarcie du fait des exigences
contradictoires que lui imposait sa mission de défense, elle exige des
individus qui la constituent un mode de vie et de comportement qui les
retranche du reste de la société. Mais elle est traversée
et profondément affectée par les évolutions sociales,
l'armée se voit transformée et ses caractéristiques
sociales rejoignent la société civile. »
Ce constat se vérifie à travers les travaux de
certains chercheurs notamment ElyamineSettoul :
« Ce que j'ai pu apercevoir assez nettement au
cours de mon travail doctoral sur l'engagement des jeunes au sein des
armées, c'est qu'aujourd'hui les motivations qui fondent le désir
d'engagement sont, comme le théorisait le sociologue américain
Charles Moskos, principalement occupationnelles. Ceci signifie qu'une grande
partie des engagés abordent les métiers militaires avant tout
comme des opportunités professionnelles comparables à celles du
civil. » 164(*)
Nous nous référons à une étude
faite par le CREDOC165(*) sur la participation des militaires à la vie
à la cité
A la question posé de savoir qu'est ce que
l'armée pour vous ?
« Une opportunité parce que je sais que j'ai
ce truc alimentaire pour me permettre de vivre ma passion. Et des contraintes,
je n'en vois pas, je ne fais pas de garde, j'ai 45 jours de vacances. Je suis
payé 7400 francs et je n'ai pas de loyer (...) la grande famille de
l'armée, c'est fini » (homme, 25 ans, soldat, armée de
l'air) »
« Je me sens d'abord secrétaire et
après seulement militaire » (femme, 29 ans, second maitre
marine) »
De même l'étude menée par Jean-
François Léger166(*)auprès des jeunes militaires français
rend compte que la place occupée par l'institution militaire au sein de
la société et sa permanence historique contribuent à
crédibiliser les contrats offerts par cette dernière et à
leur conférer un caractère sécurisant. L'armée a
toujours existé, et cette existence ne saurait être remise en
cause. Elle n'est donc pas dépendante des aléas
socio-économiques, comme l'est le monde de l'entreprise. Être
militaire, c'est en quelque sorte, être protégé du risque
de licenciement économique. En ce sens, le fait de s'engager est, d'un
point de vue strictement contractuel, sécurisant : en s'engageant,
les jeunes savent que leur statut est garanti. Cette sécurité
contractuelle se double d'une rémunération qui est
compétitive par rapport à ce que l'on propose sur le
marché civil.
La RCA évoluant dans un contexte de crise sociale,
l'armée est obligée dans la plupart des cas, de recruter ses
hommes parmi une population civile désoeuvrée et souvent
analphabète, s'engageant plus pour garantir un avenir incertain que par
amour du métier.Il se trouve que le pays est l'un des plus pauvres du
monde (PIB 2012 : 2 170 000 000$, soit 446$ par habitant et
par an) : son indice de développement humain est de 0,352, ce qui
la classe au 180ème rang sur 187 pays évalués,
82% de la population dispose de moins de 2$ par jour.167(*)
Les motifs pour lesquels les individus adhèrent
à l'armée, l'esprit du service de la nation n'est pas mis en
avant, l'attrait du métier est devenu comme tous les autres la
recherche d'un gain, d'une sécurité. Ainsi le métier des
armes dont les valeurs sont primordiales se voit contourné, les motifs
d'adhésions ont trait à la personnalité voir à la
condition sociale de tout un chacun. Claude Weber, Maitre de conférences
aux écoles de Saint-Cyr Cooetquidan lui aussi relève ce constat
en disant :
« Aujourd'hui, les motivations purement ou
exclusivement militaires (gout pour la vie militaire, aventure, camaraderie,
attachement à certaines valeurs,...) ne sont plus majoritaires parmi les
candidats à l'engagement, contrairement à celles
inhérentes à l'accès à un métier, une
première expérience professionnelle ou encore une formation
qualifiante en vue d'un retour à la vie civile plus ou moins
rapide.»168(*)
La professionnalisation de l'armée est le coeur du
processus qui fait que les limites qui séparent la société
militaire de la société civile tendent à s'estomper, sans
néanmoins disparaitre, les militaires sont de plus en plus
motivés par les plans de carrière et les bénéfices
annexes et de moins en moins par la coercition ou la recherche de la gloire
militaire.
La professionnalisation des armées est
précisément le signe de son intégration à la
société civile, cette intégration de plus en plus
poussée est bien l'expression d'une banalisation même comme la
société militaire demeure une réalité
spécifique dans une société globale.
L'interpénétration profonde des cultures militaires et civiles,
la similarité des attentes des membres de la société
militaire et de la société civile.
Notons que cette professionnalisation des armées voit
le jour aux États Unies en 1973, avec le « All-Volunteer
Force » (armée de métier), le gouvernement pour
mettre fin à l'armée de conscription symbole d'injustice qu'elle
trouvait faible, à travers la commission Gates a décidé de
créer une armée professionnelle par la mise en place d'un
système de rémunération compétitif à celle
du marché dans le but de rivaliser avec le secteur civil dans le
recrutement de personnel compétent et motivé parce que leur
engagement résulte d'un choix alors que la conscription est
imposé par l'État.Les États-Unis choisissent d'abandonner
la conscription sélective.
Ce passage à l'All-Volunteer Force entraina
une véritable révolution militaire. Cette approche fut
principalement critiquée par les sociologues de l'école de
Chicago Janowitz et Mokos qui s'élevèrent contre cette
professionnalisation des armées, car, l'armée y perdait sa
spécificité et se banalisait. Pour eux le service militaire
devait être considéré comme un service consubstantiel
à la citoyenneté.
La professionnalisation des armées s'est ensuite
radicalisée en Europe par le contexte stratégique né de la
disparition de l'affrontement Est-Ouest. Elle est jusque là le plus
souvent relative : elle tend aujourd'hui à devenir
intégrale.
MorisJanowitz, considéré comme le père
fondateur de la sociologie militaire, avait abordé pour la
première fois l'organisation militaire en tant que
« système ouvert » (système en
interdépendance et en échange constant avec son environnement)
dans son livre intitulé « The professionnal
soldier » en 1960.
La thèse centrale de son ouvrage étant celle de
la convergence croissante entre organisations militaires et civiles, il
définit cette convergence par la civilisation des institutions
militaires. Le titre assez révélateur, est amplement
développé dans l'oeuvre dans la mesure où le sociologue
établit un constat montrant que les institutions ont perdu leur
spécificité martiale et s'apparentent de plus en plus aux
institutions civiles notamment à travers l'intégration du corps
civil dans l'institution militaire. Ce que nous appelons la civilianisation de
l'institution militaire.
SECTION 2 : L'IMPACT DE LA
SOCIOLOGIE DES ARMES SUR LES OPERATIONS MILITAIRES POURLA PROTECTION EFFECTIVE
DES CIVILS PAR LES FACA
La protection des civils par l'armée se traduit par le
respect du DIH dans la conduite des hostilités. Dans cette section il
est question d'expliquer comment les effets de la sociologie des
armées agissentsur le soldat et lui confèrent de nouvelles
caractéristiques intrinsèquesqui conditionnent ses relations avec
ses camarades d'armes par la dissolution du conformisme et la modification de
leur comportement par une dissolution du désengagement moral. Ces deux
facteurs sont reconnus comme des motifs qui poussent les soldats à
violer les règles juridiques édictées par les conventions
de Genève.
A. LA RESPONSABILISATION DES SOLDATS FACE AUX CIVILS
La question géopolitique et sécuritaire des
conflits en Afrique centrale post guerre froide telle que
présentée par Ntuda Ebode à savoir :
« qui est avec moi est mon ami et qui est contre moi est mon
ennemi » trouve bien sa place dans ce notre contexte. ». Ce
que l'école de Copenhague qualifie de sécurité
sociétale.
Partant du postulat selon lequel la société
comprend plusieurs sous-ensembles qui entretiennent de nombreuses relations et
qui ont des interconnexions entre eux, l'inter influence de ces sous ensembles
engendrent la dynamique qui fait bouger la société. La multitude
de ces inter influences et l'apport des facteurs externes sont à la base
des changements nombreux qui affectent la société. Ainsi donc les
mouvements de ces incessants changements affectent aussi l'armée en tant
que sous structure de la société. Comme on peut le remarquer la
société étant dynamique, l'armée qu'elle a aussi
est dynamique. C'est dans cette approche que Jakubowski remarque que :
« la création individuelle d'un lien d'articulation entre
la vie privée et la vie professionnelle est le signe que l'organisation
ne parvient pas à gérer les individus dans leur totalité,
mais encore que l'identité militaire se rétrécit au
contact de la civilité. »169(*)
Cette identité militaire se rétrécit
à cause de cette mise en commun des deux appartenances des militaires.
Pour le démontrer nous nous referons à une enquête
menée par Sébastien Scherh170(*) sur la question des évolutions des liens
sociaux et des appartenances auprès des jeunes militaires dans le cadre
du dispositif Volontaire. Le constat suivant est fait : les réseaux
de sociabilité des jeunes volontaires sont en grande partie
conservés après leur intégration. Ces militaires ajoutent
aux liens familiaux et amicaux antérieurs les liens qu'ils tissent
désormais sur le lieu du « travail » autrement dit
il n'y a en général pas de rupture dans les appartenances et les
liens sociaux mais au contraire une articulation entre ceux-ci.
D'après F. Dubet171(*), la culture militaire (de la
spécialité, de l'arme et de l'armée) n'est plus suffisante
pour définir les éléments stables de l'action ou des modes
de vie parce que les individus visent à construire une unité
à partir des éléments divers de leur vie sociale et de la
multiplicité des orientations qu'ils portent en exécution de son
métier c'est la raison pour laquelle « les militaires
n'adapteraient plus leur mode de vie en fonction des spécificités
du métier, mais tenteraient de construire leur métier en fonction
de leur mode de vie. »172(*)
L'approche sociologie militaire nous invite à parler du
militaire en tant qu'individu appartenant à un groupe ethnique,
religieux, culturel etc. avant d'être un membre d'un corps professionnel.
Etant donné que le militaire porte en lui son
environnement familial, amical dans l'exécution de son métier et
qu'il se dépouille des attributs spécifiques que lui exige sa
profession, il est assimilable à un individu ordinaire qu'on pourrait
qualifier de citoyen qui a une identité propre qui l'influence fortement
et détermine ses actions. Pour comprendre quelle est l'intensité
avec laquelle un militaire peut être influencé par cet
environnement, nous allons définir l'identité pour cela nous nous
référons à Ernest Marie Mbonda173(*) qui définit
l'identité comme : « l'appartenance de l'individu au
groupe clanique, tribal ou ethnique dans lequel il est né et
socialisé. À ce niveau, on décline son identité en
renvoyant au groupe ethnique dont on fait partie, son héritage culturel
qui le relie à une communauté particulière, laquelle se
distingue d'autres communautés, d'autres culture ».
C'est pourquoi toujours selon Mbonda :
« L'individualité est structurellement
investie par la culture particulière d'un groupe qui marque
profondément sa manière de penser, de sentir, d'agir et d'habiter
le monde. Dans l'identité d'un individu s'entrecroisent ce qui le
singularise et ce qui le rattache à une communauté. C'est
pourquoi le mépris de la communauté culturelle d'appartenance
d'un individu peut avoir sur lui le même effet offensant que le
mépris de sa personnalité individuelle. »174(*)
L'école de Copenhague, par la voie de Ole Waever,
affirme que :
« (...) la notion de sécurité
sociale, synonyme de survie identitaire, renvoie au
« nous » qui se reproduit en se distinguant des
« autres »; tout ce qui constitue une menace existentielle
à la survie de ce nous, qu'il s'agisse d'une nation, d'une ethnie, d'une
communauté religieuse, est potentiellement une question
sécuritaire ».
Dans cette acception, il en résulte que les menaces
à la sécurité sociétale sont plus subjectives
qu'objectives. Car la mobilisation qu'elle suscite fait appel à des
émotions puissantes parce que liées à des attachements
primordiaux et irrationnels. Elle permet de combiner les intérêts
et les liens affectifs c'est ce que démontre la théorie
primordialiste dans une approche d'utilisation stratégique et
politique.
C'est pourquoi par exemple l'on peut comprendre que la peine
d'un individu dont la communauté est victime d'une catastrophe soit plus
forte que si c'était une autre communauté qui était
touchée. En dépit de certaine théorie
évolutionniste comme le dit Philippe Laburthe-Tolra
« l'appartenance ethnique ou lignagère continue à
jouer un rôle capital dans la vie moderne, elle est source de
solidarité et d'armature.»175(*) C'est pourquoi un philosophe fait bien de dire
que : « L'homme aime bien ce qu'il connait bien, il
défend ce qu'il aime bien et qui est nécessaire à sa vie
et à celle des siens. » 176(*)
Ainsi donc, à chaque société correspond
une culture c'est-à-dire une mentalité propre à elle cela
parce que société et culture sont deux entités
corrélatives liées l'une à l'autre. Il n'yapas de culture
sans société, ni de société sans une culture
qu'elle reproduit et que les membres vivent et pratiquent. Aussi, les
caractéristiques d'une société, le comportement, le mode
de vie et de mentalité des membres d'une société se
retrouvent dans l'armée. Et cela dans une perspective où
l'armée est un sous ensemble de la société. D'où
cette remarque fondamentale de Fustel de coulanges
« l'état social et politique d'une nation est toujours en
rapport avec la nature et la composition de ses
armées »177(*).
Dans un tel système pourrait s'appliquer par analogie
le mécanisme décelé par Tocqueville qui stipulait :
« Lorsque les citoyens ont enfin appris à
faire un paisible et utile usage de la liberté et ont senti ses
bienfaits ; quand ils ont contracté un amour viril de l'ordre et ce
sont pliés volontairement à la règle, ces mêmes
citoyens en entrant dans la carrière des armes y apportent à leur
insu et malgré eux ces habitudes et ces moeurs. L'esprit
général de la nation pénétrant dans l'esprit
particulier de l'armée, tempère les opinions et les désirs
que l'état militaire fait naitre ou par la force toute puissante de
l'opinion publique il les comprime. Ayez des citoyens éclairés,
réglés, fermes et libres et vous aurez des soldats
disciplinés et obéissants. »178(*)
B. LA DISSOLUTION DU CONFORMISME
Les combattants sont soumis à des
phénomènes de comportement de groupe qui entrainent la
dépersonnalisation, la perte de l'indépendance et un fort
conformisme. « L'individu n'est pas un tueur mais le groupe
si », cette réalité est favorable au processus de
dilution de la responsabilité individuelle du combattant dans la
responsabilité collective de son unité de combat.
L'aspect gestion des émotions occupe une place
importante, notamment pour ce qui est des contacts avec les populations
civiles, et leur propre unité souligne Louise Weibull, les
phénomènes tels que liens personnels et forte cohésion de
groupe sont traditionnellement considérés comme des conditions
d'un bon fonctionnement groupal, même si l'on prend aussi une conscience
accrue des effets collatéraux négatifs ce de fonctionnement, tels
que la pensée collective « groupthink »
à laquelle fait référence Janis (1971).
Les règles de gestion du sentiment ne s'appliquent pas
seulement aux demandes de l'organisation d'appartenance, mais sont le fruit de
contacts avec diverses parties prenantes sur le théâtre
opérationnel. La gestion émotionnelle dans les rapports avec
d'autres militaires ou avec des civils présente de nombreuses facettes.
La typologie de Sharon Bolton sur la gestion des émotions au travail
offre de précieux aperçus des modalités selon lesquelles
la manière de servir et la motivation à bien faire sont
influencés par les attentes personnelles et la quête de la
sécurité ontologique (Giddens. 1991)
Dans la perspective des avancées de la sociologie
militaire sur la spécificité militaire Sébastien
Schehr fait la remarque suivante :
« L'individualisation du militaire nous oblige non
seulement à penser le militaire et son mode de vie comme liés aux
lames de fond qui affectent la société dans son ensemble, mais
aussi parce qu'elle est essentielle si l'on réfléchit à
ses conséquences sous l'angle stratégique et opérationnel
(à titre d'exemple : la loyauté, la cohésion sont
elles solubles dans ce processus d'individualisation?)179(*)
Schehr fait bien de se poser la question, car effectivement si
l'on se place sous l'angle stratégique et opérationnel il se
pose un problème avec ce procédé d'individualisation dans
les troupes, la loyauté et la cohésion, principes fidèles
à l'institution militaire tendent à se dissoudre. Cette
dissolution du spécifique militaire tend à améliorer la
protection des civils dans les conflits par le respect du DIH carparmi les
causes de violation du DIH recensées par le CICR il se trouve que le
conformisme en est l'une des principales si l'on se remet à la
troisième hypothèse émise par l'enquête people
on war qui est : « dans les situations de conflit
armé, les mécanismes de déresponsabilisation sont induits
principalement par le conformisme au groupe et l'obéissance aux
ordres ».
En bref la prise en compte de la sociologie des armées
pousse les militaires à mettre les facteurs psychologiques bien avant
les aspects de la spécificité militaire.Si l'on peut classer en
trois niveau le processus d'action d'un soldat on aura :
1) La conviction intime ;
2) Les règles et les lois ;
3) L'acte en lui même.
C'est ainsi que nous pouvons conclure avec le
général d'armée Bruno CUCHE :
« Les interventions de la dernière
décennie montrent clairement que l'action militaire ne peut être
dissociée d'une approche stratégique englobant tous les aspects
de la vie en société. L'action militaire demeure indispensable
mais n'est plus suffisante : elle doit s'intégrer dans une
manoeuvre globale seule en mesure de produire finalement l'effet politique
recherché (...) De ce fait le soldat moderne devrait être
« un guerrier entrainé et équipé pour vaincre
ceux qui menacent la paix et il est aussi un acteur social. Sa formation et son
entrainement sont le juste équilibre entre l'éducation qui permet
la maitrise de soi du contact avec la population et la capacité de
donner les coups lorsque c'est nécessaire. Dans un environnement
où les problématiques sociales et sécuritaires
s'entremêlent, où chaque soldat est dépositaire d'une part
de l'effet stratégique, la qualité d'un soldat se juge et se
jugera plus encore à l'avenir à sa double aptitude au combat et
à l'intégration de son environnement. »180(*)
La société militaire est passée dans la
postmodernité, si l'on se réfère à Michel Freitag,
la postmodernité renvoie d'abord et avant tout à la
transformation de la dynamique d'ensemble de la société,
dès lors que les principes de la modernité travaillent d'une
certaine manière « à vide »,
c'est-à-dire au moment où s'estompe la tradition contre laquelle
ils avaient été forgés. Une armée
républicaine est nécessaire pour la protection des civils dans
les conflits armés avec l'influence que connait aujourd'hui
l'institution militaire par la sociologie et par l'anthropologie.
Conclusion de la deuxième partie
Lors d'une de ses allocutions,ThaboMbeki a
démontré les bienfaits de la participation massive pour la cause
commune :
« Au fur et à mesure que nous
répondons aux défis auxquels nous avons à faire face, nous
devons aussi constamment nous rappeler et agir en fonction, que la mobilisation
des masses africaines demeure un point central dans la victoire que nous devons
atteindre. Nous savons à partir de notre propre lutte pour la
liberté que pour faire avancer la cause des peuples, la mobilisation
totale de la masse est cruciale. Nous savons que la paix, la démocratie
et la justice ne peuvent s'enraciner que si les composantes du peuple
deviennent elles mêmes des agents actifs du
changement. »181(*)
Pareil discours résume la seconde partie de cette
étude où nous avons procédé à une
républicanisation des FACA et avec l'impact de la sociologie militaire
sur la spécificité des armées, nous avons
démontré quelle est son incidence sur les opérations
militaires et de ce fait nous sommes arrivés au résultat selon
lequel les forces de défense républicaine favorisent la
pacification entre civils et soldats par une forte responsabilisation de ces
derniers envers les civils.
CONCLUSION GENERALE
La RCA s'est inscrite dans une tradition d'instabilité
politique depuis son indépendance avec une succession de régime
autoritaire engendrant pour conséquence directe la violation des droits
de l'homme au mépris des différentes conventions internationales
afférentes. Il est devenu banal de dire que la population est l'enjeu
des conflits actuels, elle en est la principale victime.Les centrafricains
n'ont plus de main mise sur leur destin, ils subissent l'égoïsme
de leur dirigeant par leurs pratiques clientélistes au mépris des
règles de la démocratie.
Dans un Etat moderne, l'armée est une institution
soumise aux lois ; elle se caractérise par l'obéissance, la
loyauté et la neutralité et elle a pour rôle essentiel la
défense du territoire et la protection de ses populations contre toute
attaque extérieure et intérieure, cependant les présidents
de la RCA en recrutant au sein des FACA les membres de leurs régions
ethniques, ont dépouillé ainsi l'armée de son
caractère de neutralité. Aussi il devient difficile pour cette
dernière de remplir sa mission, c'est ainsi que la question de recherche
de l'étude est de savoir quel type d'armée faut t- il en RCA
pour assurer la protection aux civils dans les conflits
armés ?
C'est donc dans cette perspective que l'étude a
porté sur les limites d'application du système particulier de
droit qu'est le DIH, qui forme un corps de règles qu'il convient
d'appréhender au regard du corps social spécifique qui lui est
destiné à savoir « la société
militaire » pour reprendre une expression de Durkheim. Son
évolution récente du fait de la professionnalisation et de la
civilianisation, est marquée par un relatif effacement de ces
caractères d'exceptions d'où sa ressemblance avec la
société civile du point de vue de la sociologie des
armées.
Nous avons ainsi envisagé une Réforme de la
défense logée dans le contexte sociopolitique local car
l'armée n'est point un isolat social c'est le reflet de la
société, l'armée est dans la société et la
société est dans l'armée en référence
Article 3 du CDC : « Les forces armées et de
sécurité sont le creuset de l'unité et de la
cohésion nationale. A cet effet, le recrutement doit être
opéré sans distinction de race, d'appartenance ethnique ou
régionale. »
La société militaire et la société
civile doivent nécessairement s'interpénétrer pour
défendre ensemble les valeurs de la république. Il faut
impérativement établir et maintenir un lien intime entre
l'armée et le peuple.
En clair, la républicanisation de l'armée aura
deux versants majeurs,une approche protection des civils qui se veut
stratégique et opérationnel :
Approche Stratégique
· Dans la perspective où l'action de l'Etat
dépend de l'action de l'individureprenantici MessangaNyamnding,
l'institutionnalisation d'une armée républicaine en RCAva
instaurer dans l'armée l'esprit de la nation toute entière,
chaque militaire y apportant sa part de valeur patriotique pour que tous
ensemble du Nord, Sud, Est et Ouest puissent donner naissance à une
armée nationale dans le but non seulement d'être légitime
et utile pour la population mais en plus d'aider l'Etat à assurer sa
mission régalienne ;
· La sécurité étant fonction de
l'identité dans une perspective géostratégique post-guerre
froide des conflits dans la sous région, désormais il convient de
réunir sous les cieux de l'armée autant de composantes sociales
qui existent en RCA.
Approche Opérationnelle
· Le respect du DIH sera observé, les soldats par
crainte de représailles de la part de l'autorité responsable du
fait de l'absence d'allégeance et de solidarité ethnique avec
cette dernière s'efforceront de se conformer aux normes de combat;
· L'absence de conformisme dueà la non
cohésion du groupe est également facteur du respect du DIH.
Comme recommandations :
· La reformulation de la constitution pour ce qui
concerne l'attribution du pouvoir suprême de l'armée au chef de
l'Etat, car cet article est un frein à la pratique du contrôle
démocratique des forces armées ;
· L'adoption d'un code de conduite des forces
armées comme préconisé par l'UNREC car si l'on se remet
à Jean Monnet « sans les hommes rien n'est possible
mais sans les institutions rien n'est durable ».
Nous avons émis l'hypothèse principale qui
était : les forces de défense républicaine
contribuent à améliorer la protection des civils dans les
conflits en limitant les violations du droit international humanitaire, nous
estimons au terme de ce travail qu'elle se vérifie. Les valeurs
humanitaires sont fortement enracinées dans la conscience de chaque
individu, elles sont souvent générées par la coutume,
qui est un fait naturel inconscient et peut être considéré
commela première source du droit, il suffit de trouver le moyen de les
activer, ce qui a été le but de ce travail de recherche.
Les armées multiethniques qui reflètent la
diversité anthropologique des configurations étatiques sont le
plus à même d'échapper à la tentative partisane qui
caractérisent largement le positionnement dans le champ de la
démocratie. Devenir des armées de démocratie exige des
armées africaines qu'elles puissent désormais faire de
l'encadrement et de la promotion de la démocratie dimension cardinale de
la défense de la souveraineté nationale.
Les Etats africains à cause de la colonisation et du
choix de l'intangibilité des frontières imposées par l'OUA
sont passées à coté de la création de l'Etat
Nation, aujourd'hui il leur est offert la possibilité de se rattraper
à travers la républicanisation de l'armée car s'il est
admis que cette dernière est l'enfant de la démocratie, les pays
africains pourront désormais respecter les droits de l'homme tels que
reconnus par les différentes conventions qu'ils ont ratifiés.
LISTE DES FIGURES ET PHOTOS
1- Figures
Figure 1 : chronologie des
événements marquants de la RCA :
1
Figure 2 : les étapes du conflit en
RCA
2
Figure 3 : Type de violence en temps de paix
relative ou en temps de guerre
40
Figure 4 : Les principaux facteurs qui
déterminent le comportement des combattants
58
Figure 5 : Relations civilo-militaires
dans le cadre d'un système socio-politique national
78
Figure 6 : le citoyen en uniforme
78
2- Photo
Photo 1 : soldats FACA
posant avec les corps des civils exécutés
41
Photo 2 :
Marché, maisons et église détruits par les forces
gouvernementales
42
ANNEXES
Liste des annexes
· Carte géographique de la RCA
· Le code de conduite des forces armées en
Africaine
· Questionnaire de l'enquête people on war
· La loi sur la défense nationale en RCA
BIBLIOGRAPHIE
I. OUVRAGES
A- OUVRAGES GENERAUX
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International, UNESCO, paris, 1979.
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2011.
B- OUVRAGES SPECIALISES
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Paris, PUF, Que sais-je ?, 1995.
Ø ALLIOT Michel, La coutume dans les droits
fondamentalement africains, Paris, Sorbonne, 1996.
Ø AMAIZO EKOUE Yves, L'Union Africaine freine
t'elle l'unité des africains ? Retrouver la confiance entre
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C - OUVRAGES METHODOLOGIQUES, ENCYCLOPEDIE,
DICTIONNAIRE
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Ø BACHELARD Gaston, La formation de l'esprit
scientifique, Paris, Vrin, 1977.
Ø BEAUDIQUEZ M.,Guide de bibliographie
générale : méthodologie et pratique,
nouv.éd.rev. et corr., Munchen, London, Paris, KG. Saur, 1989.
Ø BERTHIER Nicole, Les techniques
d'enquêtes. Méthodes e exercices corrigés, Paris,
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Ø BOULOGNE A. comment rédiger une
bibliographie, Paris, Edition Armand Colin, 2006.
Ø BOUTILLIER S. GOGUEL d'ALLONDANS A.
Méthodologie de la thèse et du mémoire, Paris,
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Ø CONSTANT (A-S), LEVY, A, Réussir
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Ø FRAGNIERE JP, Comment réussir un
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recherche, Paris, Ellipses, 2004.
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Ø ROUVEYRAN J-C, le guide de la thèse. Le guide
du mémoire : du projet à la soutenance, Paris, Maisonneuve
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Ø CORNU Gérard, Vocabulaire juridique,
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Ø ECHAUDEMAISON Claude Danielle, dictionnaire
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Ø CISYQUE Thierry, Les droits militaires en France et
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B- MEMOIRES
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d'études politiques de Lille, 2002.
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Ø MALICK FAYE Jean Paul, la protection juridique des
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Ø BOLONGI EKOTO NZOWU, l'armée dans la
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Ø KAMWANGA KILIYA Dominique, De la garantie des droits
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Ø MESSINGA Ernest Claude, Les forces armées
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Ø ZALAGOYE Blaise, Elections et transition
démocratique en République Centrafrique, Université
catholique d'Afrique centrale, 2005.
Ø ZERRARI Donia, les droits de l'enfant dans le conflit
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Ø NTUDA EBODE Joseph Vincent,
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Ø MANKOU Brice Arsène, « Le
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URL :
http://leportique.revues.org/1404
Ø MOGBA Zéphirin, « La panne
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répression du crime de génocide du 9 Décembre 1948
Ø le document final du sommet mondial de 2005
Ø Rapport du SGNU sur la situation en RCA et sur les
activités du BONUCA dans ce pays du 12 Juin 2009
Ø Rapport du SGNU sur la protection des civils dans les
conflits armés du 11 Novembre 2009
Ø Manuel de l'OCDE sur la réforme des
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sécurité et la justice, OCDE, Paris.
Ø Rapport du comité consultatif permanent des
Nations unies chargé des questions de sécurité en Afrique
Centrale, 23 Aout 2013, Kigali.
IV. AUTRES REFERENCES DE RECHERCHES
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région ? , Conférence, 9 Février 2014, UPMF,
Grenoble, Paris, France.
Ø Conférence internationale sur la paix, la
sécurité, la démocratie et le développement dans la
région des grands lacs, 27 Avril au 7mai 2002, Paris France.
Ø Conférence des chefs d'Etat du conseil de paix
et de sécurité de l'Afrique centrale, consacrée à
lutte contre le groupe terroriste Boko Haram 16 Février 2015,
Yaoundé Cameroun.
Ø Conférence, des Chefs d'Etat et de
Gouvernement de la Communauté Economique des Etats de l'Afrique
Centrale, de la Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest
et de la Commission du Golfe de Guinée sur la sûreté et la
sécurité maritimes dans le golfe de Guinée du 24 et 25
juin 2013, Yaoundé Cameroun.
Ø XXXI Conférence internationale de la
Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, Réaffirmation et mise en oeuvre du
Droit international humanitaire, 28 Novembre au 1er Décembre
2011, Genève, Suisse.
Ø Conférence internationale sur la
République Centrafricaine « de l'humanitaire à la
résilience », 26 Mai 2015, Bruxelles, Belgique.
B- ACTES DE COLLOQUES/SEMINAIRES
Ø L'intégration des Forces armées et de
Sécurité dans les sociétés
démocratiques », Actes du colloque international, du 29 Mars
au 1er Avril 2005, Cotonou, Benin.
Ø Bernard Boene, permanence et relativité de la
spécificité militaire, in la spécificité militaire
acte du colloque de Coetquidan, Paris, Armand Colin, 1990.
Ø Paix et résolutions des conflits en Afrique
centrale : que peut faire la société civile?, 20-22 Aout
2007, Kinshasa.
Ø Forces de défense et de sécurité
au coeur de la sécurité humaine, 8 au 11 Novembre 2010, Dakar,
Sénégal.
Ø Colloque sécurité et défense en
Afrique Subsaharienne : quel partenariat avec l'Europe, 29-30 Novembre
2002, Bamako, Mali.
Ø Trente-sixième réunion
ministérielle du comité consultatif permanent des Nations Unies
chargé des questions de sécurité en Afrique centrale, 20
au 23 Aout 2013, Kigali, Rwanda.
Ø Les forces armées en opération et le
DIH, Actes du Colloque Le droit international humanitaire et les forces
armées, Centre de recherche des écoles de SAINT SYR COETQUIDAN,
21 Mai 2001.
Ø Les Actes du colloque international
sur « 50 ans de défense et de sécurité en
Afrique : états et perspectives stratégiques »,
les 13 et 14 Avril 2011, Simbock, Yaoundé.
C- WEB-BIBLIORAPHY
Ø BANGOURA Dominique, « Etat et
sécurité en Afrique : des idéologies
sécuritaires à l'insécurité ou l'incapacité
de l'Etat à assurer ses fonctions de défense et de
sécurité »,
www.gemdev.org/publications/cahiers/pdf/24/cah_24_Bangoura.pdf
Ø GOURDIN Patrice,
RépubliqueCentrafricaine : géopolitique d'un pays
oubliée, http://www.diploweb.com/Republique-centrafricaine.html
Ø MAO TSE TOUNG, le petit livre rouge,
martouf.ch/utile/fichiers/2007_06_28_17_38_petit_livre_rouge.pdf
Ø MBONDA Ernest-Marie, « la justice ethnique
comme fondement de la paix dans les sociétés
pluriethniques : le cas de l'Afrique »,
www.classiques.uqac.ca/.../mbonda_ernest_marie/justice_ethnique/justice_ethnique
Ø MVIE MEKA, « Architecture de la
sécurité et gouvernance démocratique dans la
CEEAC »,
www.library.fes.de/pdf-files/bueros/kamerun/05080.pdf
Ø La réforme des systèmes de
sécurité et de justice en Afrique francophone,
francophonie.org/IMG/pdf/reformes_systèmes_sécutité.pdf
Ø La participation des militaires à la vie de la
cité,
www.credoc.fr/pdf/Sou/militaires_vie_%20cite.pdf
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www.shopmybook.com/wwaowItems/2012/04/17/.../excerpt.pdf
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www.defense.gouv.fr/terre/bloc-les-essentiels/code-du-soldat
Ø
www.st-cyr.terre.defense.gouv.fr/.../Lettre-inteìgration-Sous-Officier.pdf
Ø
www.formation.terre.defense.gouv.fr/PJ/.../militaire_face_a_la_mort.pdf
Ø
http://www.rcrcconference.org/docs_upl/fr/31IC_Implementation_report_IHL_FR.pdf
Ø
http://www.irenees.net/bdf_fiche-analyse-983_fr.html
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pageperso.lif.univ-mrs.fr/~laure.berti/pub_files/I004.pdf
Ø
www.france.cz/IMG/pdf/Guide_FR_commandement_EVAT-2010.pdf
Ø
http://www.taqadoumiya.net/fr/tribune-libre/traiter-la-question-militaire-comme-matiere-sociologique-par-badra-gaaloul/
Ø
http://www.cdef.terre.defense.gouv.fr/bibliographie/notre-selection/ft-dans-les-conflits-aujourd-hui-et-demain
Ø
www.géostratégique.net
/centrafrique.tragédie.en préparation/
Ø Slate.fr
Ø
www.ipu.org/parline-f/reports/ctrlparlementaire/1059_f.htm
Ø
http://www.defense.gouv.fr/irsem/publications/lettre-de-l-irsem/les-lettres-de-l-irsem-2012-2013
PROJECT WORK
AMENAGEMENT DES POINTS D'EAU POUR LES REFUGIES
CENTRAFRICAINS ET LA POPULATION HOTE A L'EST CAMEROUN DANS LA ZONE DE
KETE
Ce Project work s'est inspiré suite à
l'évaluation sectorielle de la situation des réfugiés
centrafricains dans les sites, les villages hôtes et les points
d'entrée dans les régions de l'Est et de l'Adamaoua au Cameroun
du 28 Juillet au 03 Aout 2014. Cette évaluation a été
menée par IEDA Relief Inc.
SIGLES ET ABREVIATIONS
DAR : Programme d'Aide au Développement pour les
Réfugiés
IEDA : International Emergency and Development Aid
OMS : Organisation Mondiale de la Santé
PNUD : Programme des Nations Unies pour le
Développement
RCA : République Centrafricaine
INTRODUCTION GENERALE
A. CONTEXTE DU PROJET
Suite à la crise politique en RCA, de centaines de
milliers des refugiés sont arrivés au Cameroun depuis le mois de
Février 2014. Le Cameroun a accueilli sur sa façade Est depuis le
début des années 2000, des populations qui fuyaient les exactions
liées aux troubles sociopolitiques en RCA. La majorité de
réfugiés centrafricains arrivés depuis la nouvelle crise
se trouvent dans la région de l'Est du Cameroun (79%), d'Adamaoua (18%),
et du Nord (3%). La forte concentration de cesréfugiés à
l'Est et à l'Adamaoua a motivé de prioriser ces deux
régions pour la mission IEDA Relief.
En Mars 2013, après l'occupation de Bangui par la
SELEKA, le HCR a enregistré l'arrivée de plus de 1000 nouveaux
réfugiés dans les régions de l'Est qui accueillait
déjà 87000 réfugiés centrafricains
disséminés dans plusieurs villages. En Juillet 2014 le HCR
dénombre 81, 199 réfugiés enregistrés ; 58,
923 réfugiés transférés sur site ; 21, 967
réfugiés au niveau de la frontière
Le Cameroun fait partie du groupe des pays en voie de
développement et endettés (Rapport du PNUD sur le
développement humain, 2013). La solidarité de la population
hôte du Cameroun qui a partagé les mêmes ressources avec les
réfugiés centrafricains à leur arrivée ne trouve
pas une contrepartie lors de l'assistance humanitaire. La population d'accueil
étant déjà pauvre, avec des besoins dans le domaine de
l'éducation, de la santé, de l'eau, de l'hygiène, de
l'assainissement et d'autres infrastructures de base se trouve
défavorisée par rapport aux refugiés centrafricains
bénéficiant de services gratuits des acteurs humanitaires.
La rareté des ressources déjà
insuffisantes pour la communauté hôte camerounaise et les
conditions difficiles des habitants ne disposant pas des moyens
conséquents pour leurs propres survie, se sont amplifiées par
l'arrivée des refugiés centrafricains dans ces communautés
étant donné qu'elles étaient obligées, soit par
les liens de parentés, soit par les liens d'amitié ou soit par
pure solidarité, d'apporter assistance en (terres de culture,
nourriture, habits, ...) à leurs frères et soeurs refugiés
centrafricains. Bref, pour ces familles d'accueil, les charges ont
augmentées pendant que les capacités demeurent les mêmes.
En effet, les 103,417 réfugiés centrafricains
(enregistrés au 27 juillet 2014) se sont ajoutés aux 102,112
réfugiés arrivés lors des précédents afflux
survenus depuis 2004. Tous ces réfugiés ont des besoins
spécifiques de protection. Ces réfugiés sont
composées de personnes de toutes les vulnérabilités
(femmes enceintes, femmes seules, enfants séparés, femmes chefs
de ménages, handicapés, malades chroniques, personnes de
3èmeâge, ....).
Depuis l'arrivée des premiers réfugiés,
le gouvernement camerounais et ses partenaires leur octroi une assistance
humanitaire alimentaire et nutritionnelle. Par ailleurs, malgré les
efforts accomplis pour améliorer les conditions de vie des
communautés de l'Est, les indicateurs micro et macroéconomiques
demeurent médiocres par rapport au reste du pays, traduisant ainsi une
précarité latente des populations (hôtes et
réfugiés) qui y résident.
En plus de l'assistance de l'autorité Camerounaise
qui a accepté d'ouvrir ses frontières pour l'accueil des
réfugiés centrafricains et l'octroi de terre pour les sites, la
sécurité et la protection de ces réfugiés, ces
derniers déclarent avoir bénéficié de la
solidarité de leurs frères dans les communautés
hôtes. L'assistance ne ciblant que les réfugiés
crée des tensions entre les réfugiés et les
communautés hôtes dans les villages. Ces tensions latentes ou
ouvertes, surviennent par-ci par-là concernant les ressources naturelles
au niveau des points d'eau, et lors de la recherche de bois de chauffe par les
réfugiés dans la communauté (tout en sachant que, dans
certains endroits, les réfugiés sont plus nombreux que la
population d'accueil et opèrent une pression intense sur le bois de
chauffe, l'eau et les pâturages). Les réfugiés commencent
à subir les menaces de ceux qui les ont accueillis. Aussi, les
populations hôtes se plaignent de ne pas bénéficier de
l'aide humanitaire alors qu'à l'arrivée des refugiés, les
populations hôtes ont partagés leurs maigres ressources avec les
réfugiés.
B. INERET DU PROJET
L'eau synonyme de vie, l'eau synonyme de mort, 1,1 milliard de
personnes dans le monde n'ont pas accès à l'eau potable et 2,4
milliards sont privées des services d'assainissement de base.15 000
personnes meurent chaque jour de maladies transmises par l'eau, soit 10 fois
plus que de tuéspar la guerre.182(*)
Aujourd'hui encore, 4 millions de personnes dans le monde,
dont 90 % d'enfants, meurent chaqueannée de maladies liée
à des conditions insatisfaisantes d'approvisionnement en eau et
d'hygiène.183(*)
En effet, l'eau synonyme de vie est hélas bien souvent
aussi synonyme de mort. La qualité de l'eau etde l'environnement
sanitaire sont responsables de nombreuses maladies favorisant notamment
ledéveloppement de la malnutrition. Dans les pays en
développement, jusqu'à 80% des maladies et plusdu tiers des
décès sont imputables à l'utilisation d'une eau
contaminée.184(*)Cependant, bien au-delà du problème de
la consommation d'eau contaminée, un accès facile à l'eau
eten quantité suffisante est un facteur primordial de santé
publique, de sécurité alimentaire et dedéveloppement
socio-économique.
C. OBJET DU PROJET
Le projet interpelle ici le programme d'aide pour le
développement des refugiés (DAR). L'aide au développement
pour les réfugiés (DAR) peut être définie comme suit
: une approche visant à inscrire les questions touchant les
réfugiés et lescommunautés d'accueil dans les agendas de
développement, à mobiliser une aidesupplémentaire au
développement et à répartir de façon plus
équitable le fardeauque supportent les communautés accueillant un
grand nombre de réfugiés. Cetteapproche cherche à
favoriser une meilleure qualité de vie et une plus grandeautosuffisance
des réfugiés et à les préparer à des
solutions durables, ainsi qu'àcontribuer à l'éradication
de la pauvreté dans les zones accueillant les réfugiés.
L'approche de la DAR vise à améliorer le partage
du fardeau avec les pays et les communautés accueillant un nombre
important de refugiés, à promouvoir une meilleure qualité
de vie pour les refugiés et les communautés les accueillant,
à faciliter l'autosuffisance des réfugiés et à les
préparer à des solutions durables, ainsi qu'à contribuer
à éradiquer la pauvreté dans les zones abritant les
réfugiés. Il s'agit à cet effet, d'inscrire des
préoccupations des réfugiés et des communautés
d'accueil dans les agendas de développement, et de mobiliser une aide
supplémentaire au développement.
Le concept de la DAR consiste en :
· Une approche intégrée
(c'est-à-dire, une approche tenant compte à la fois des
réfugiés et des communautés d'accueil et des secteurs
multiples) visant à fournir assistance et protection pendant l'asile,
sur la base de partenariats entre les gouvernements des pays d'accueil, les
partenaires humanitaires et du développement (donateurs, agences des
Nations Unies, etc.), les réfugiés, les communautés
d'accueil, les autorités locales (district/province) et autres acteurs
(par exemple, ONG, OAC, secteur privé). Le concept de la DAR encourage
également l'utilisation des structures, des plans et des processus
gouvernementaux et nationaux existants pour établir les activités
des programmes (plutôt que de créer des activités
isolées), afin de parvenir à une prise en charge nationale et
à la durabilité ;
· Un programme d'aide s'attachant à la zone et aux
communautés plutôt qu'aux bénéficiaires ; cette
approche vise à la fois les réfugiés et les
communautés les accueillant et favorise une coexistence pacifique ;
· Un processus pour préparer les
réfugiés à des solutions durables se déroulant
depuis les premières phases d'une situation de réfugiés,
pour examiner les facteurs concernant la mise en place de solutions durables,
et qui s'applique aussi aux situations de réfugiés
prolongées ; et
· Un instrument conceptuel et de planification visant
à l'éradication de la pauvreté et au développement
local des zones abritant les réfugiés et des communautés
d'accueil, et à garantir une meilleure utilisation des ressources
humanitaires et de développement.
D. OBJECTIF DU PROJET
L'objectif général de ce projet est de
créer un climat social favorable entre les réfugiés et la
population hôte par la mise en place des infrastructures plus durables et
de former les populations afin d'améliorer et de pérenniser
l'accès à l'eau.
Notre travail se divise en deux chapitres, en chapitre un, il
s'agit de faire un état de lieux de l'accessibilité à
l'eau dans les sites de Nkete et Ngarissingo et dans le chapitre deux
l'amélioration de l'accessibilité en eau.
CHAPITRE 1 : ETAT DES LIEUX DE L'ACCESSIBILITE A L'EAU
DANS LES SITES DE L'EST
Dans les sites, il ya le système de water
truckingou des forages, mais le besoin en eau demeure. Dans la
communauté, il a été constaté qu'il ya le
problème d'eau aussi. Certains refugiés et population hôte
consomment l'eau des marigots ou l'eau des puits non protégés
(juste par un pneu). le cas de Kete il ya l'eau de marigot dans une brousse que
les réfugiés consomment. En plus du risque de maladie d'origine
hydrique, le risque de SGBV est possible vue que le lieu où les femmes
vont puiser l'eau dans le marigot de Ngarissingo et de Kete est
isolé.
SECTION 1 : ETAT DES LIEUX DES SOURCES
D'APPROVISSIONEMENT EN EAU
Cet état de lieux se fera par la présentation
d'un graphisme qui présente les différentes sources
d'approvisionnement en eau existantes dans les zones étudiés et
des photos prises sur les sites des points d'approvisionnement.
![](Contribution-socio-anthropologique--lanalyse-de-la-protection-des-civils-par-les-forces-de-def13.png)
Figure1 : état des lieux des
sources d'approvisionnement eau
Source IEDA
Photo1 : marigot où les
populations puissent l'eau
![](Contribution-socio-anthropologique--lanalyse-de-la-protection-des-civils-par-les-forces-de-def14.png)
Source IEDA
![](Contribution-socio-anthropologique--lanalyse-de-la-protection-des-civils-par-les-forces-de-def15.png)
Source IEDA
SECTION 2 : NECESSITE ET AVANTAGE DE L'APPROVISIONNEMENT
EN EAU
Selon l'OMS, plus du sixième de la population mondiale
n'a toujours pas accès à une eau potable saine. Dans ce «
sixième monde », on compte 285 millions de personnes vivant en
Afrique subsaharienne et 398 millions en Asie de l'Est185(*).
Or, la mauvaise qualité de l'eau consommée
entraîne des risques de maladies qui peuvent avoir pour
conséquence de la malnutrition. Dans les pays en développement,
jusqu'à 80% des maladies et plus du tiers des décès sont
imputables à l'utilisation d'une eau contaminée comme eau de
consommation ou pour la préparation des repas186(*).
La qualité de l'eau est définie par des
paramètres chimiques, physiques et biologiques ; mais également
par l'usage qui en est fait. La qualité d'une eau dépend de
plusieurs facteurs : sa qualité inhérente, les contaminations
humaines ou naturelles et son utilisation. De plus, la qualité d'une eau
est souvent en rapport avec la quantité d'eau disponible et la nature de
la ressource en eau (puits, source, marre,...) Une eau impropre à la
consommation humaine pourra être adaptée à l'irrigation ou
à la pisciculture.
On parle de pollution quand un rejet dans le milieu
présente des conséquences négatives. Les origines d'une
pollution des eaux sont de plusieurs types :
· domestique (détergents, germes fécaux)
· industrielle
· agricole
· naturelle (pollution géologique : arsenic,
fluor...)
Les conséquences sanitaires en terme de santé
des populations peuvent être liées à l'ingestion d'une eau
polluée mais également parfois à un simple contact (les
parasites). Ces conséquences peuvent être immédiate
(diarrhées par exemple), ou lente (les cas d'intoxication aux
métaux lourds).
Les normes de qualité de l'eau fixée notamment
par l'OMS analyse à la fois la qualité micro biologique, la
présence de substances chimiques nocives et la présence de
substances dites « désagréables » à la
consommation.
On peut donc relever les avantages et les
inconvénients liés à l'accessibilité à
l'eau.
Avantages
· Eviter les épidémies : les
inondations constituent un fléau à part entière pour les
populations. A l'origine de celles-ci : des pluies Elles engendrent une
montée des eaux rapide, avec des courants importants, qui entraîne
des coulées de boue et la destruction des habitats et autres
infrastructures, donc bien souvent le déplacement de populations. En
effet, habitant des zones inondables car fertiles, les paysans doivent se
mettre à l'abri dans des zones plus hautes. Les inondations causent
souvent des dégâts matériels dans les infrastructures et
provoquent la contamination des eaux de surface, des puits et des forages. Il
convient donc de remettre en état les points d'eau pour éviter le
développement d'épidémies et permettre à la
population de retrouver rapidement une autonomie. On procède donc
à la désinfection et au nettoyage de ces sites et l'on
contrôle les vecteurs de maladies.
· Combattre la sécheresse : l'eau est
considérée comme un aliment, la pénurie d'eau de boisson
peut être à elle seule responsable du déplacement de
populations. En effet, quand, dans une région, les sources normales
d'eau potable sont taries (mares asséchées par exemple), les
habitants sont obligés de tout quitter (terres, habitat..) pour se
rapprocher de points d'eau pérennes. Ils se retrouvent alors souvent en
situation de précarité matérielle et nutritionnelle. S'il
est évident que la pénurie d'eau comme aliment met en
péril les populations touchées, l'absence d'eau pour irriguer les
terres agricoles ou abreuver les animaux a la même conséquence.
· L'eau, base de la production agricole et animale :
les régimes climatiques des zones tropicales sont soumis à des
alternances saisons des pluies/saisons sèches. C'est pourquoi les
calendriers agricoles et les cycles de transhumance pastorale suivent les
variations saisonnières. Une saison des pluies vient à manquer ;
les cultures pluviales ne produisent pas, le bétail
dépérit entre pâturages inexistants et points d'eau
asséchés.
Alors, très rapidement, la famine guette.
Conséquences
· La première conséquence porte sur le
volume d'eau consommé. Ces problèmes d'accessibilité
réduisent bien évidemment la quantité d'eau à
disposition des foyers. Bien souvent, lors de conflits, de catastrophes
naturelles ou simplement d'absence de politique gouvernementale, les
populations sont réduites à une consommation drastique pouvant
atteindre 5litres par personnes et par jour187(*).
Ce manque d'eau a des répercussions directes sur la
santé publique. En pays chaud, la
déshydratation est une menace permanente, dont les
conséquences peuvent être dramatiques notamment lors de
diarrhées ou de fortes fièvres. Le peu d'eau disponible au sein
des foyers ne garantit pas à tous les membres de la famille une
alimentation suffisante.
D'autre part, l'eau est garante d'une bonne hygiène
corporelle et domestique, aussi quand l'eau vient à manquer, les
conditions d'hygiène deviennent rapidement catastrophiques, provoquant
en premier lieu des diarrhées ; la spirale Manque d'eau- Maladies
diarrhéiques est amorcée, conduisant bien souvent au
décès des malades.
· La deuxième conséquence est liée
aux efforts et au temps dépensé pour puiser et transporter l'eau.
Cette tâche quotidienne éreintante affecte directement
l'état de santé des femmes (qui s'occupent toujours de ces
corvées), et ce, tout particulièrement, pendant les
périodes de grossesse et d'allaitement. Le développement de
l'enfant subit ainsi les conséquences de la dégradation de la
santé de sa mère.
Le temps passé à cette corvée a un effet
néfaste sur la relation mère - enfants. La mère souvent
absente consacre peu de temps à ses enfants, ce qui est
préjudiciable à l'équilibre psychologique de ceux-ci.
D'autre part le manque de surveillance dans des environnements sanitaires
déplorables favorise la contraction de maladies en tout genre.
Ce temps perdu représente également un manque
à gagner pour la réalisation d'activités agricoles ou
génératrices de revenus (d'autant plus que dans de nombreux
contextes, la femme est impliquée au premier chef dans l'agriculture).
L'évaluation de l'importance de l'accessibilité
à l'eau pour les populations dans le monde en général en
comparaison avec les points d'approvisionnements en eau dans les
localités de Nkété montre clairement qu'il se pose un
problème d'accès en eau.
CHAPITRE 2 : AMELIORATIONS DE L'ACCESSIBILITE A
L'EAU
Les points d'approvisionnements en eau existe
déjà à Nkété mais pas de manière
quantitative et encore moins qualitative. Dans ce chapitre nous allons faire
des propositions pour améliorer l'accessibilité à l'eau
tout en impliquant les bénéficiaires dans les actions à
mener pour une durabilité des installations.
SECTION 1 : AMELIORATION QUALITATIVE DE L'EAU
L'amélioration qualitative de l'eau peut se faire par
diverses méthodes à savoir l'exploitation des eaux de surface et
le captage de source, les puits et l'exploitation des eaux souterraines.
· L'exploitation des eaux de source a l'avantage de
fournir une eau, en général, de bonne qualité grâce
à un système à la fois peu coûteux et facile
à mettre en oeuvre.
Le plus souvent, il va s'agir d'aménager la sortie
d'eau de la source afin de la préserver des contaminations
extérieures. En effet, ces sources sont en général
utilisées de façon traditionnelle parles populations locales et,
si elles ne sont pas bien aménagées, on observera très
souvent des problèmes sanitaires.
· Un captage de source se réalise en 3
étapes : l'étude de la source et de son environnement
(débit, qualité, contexte humain...), le nettoyage et le
creusement de la source pour localiser les différentes sorties d'eau et
enfin, le captage de la source et l'installation du point d'arrivée
d'eau pour son utilisation.
· les puits à partir du moment où l'eau
n'est pas présente trop profondément dans la terre, la
construction de puits est possible. Les puits ont l'avantage d'avoir une grande
capacité de stockage, leur utilisation et leur entretien étant
relativement facile, ils constituent donc en général des
installations pérennes. En revanche, les puits doivent être
régulièrement réhabilités et nettoyés pour
être utilisable de façon durable. Construits en béton
armé, les puits peuvent s'enfoncer dans certaines zones
sahéliennes jusqu'à 100 mètre dans le sol. Peu
protégé des pollutions extérieures, une attention toute
particulière est portée à l'aménagement du point
d'eaupour protéger la ressource de toute contamination
(barrière...). En général, différents types de
puits seront construits en fonction de leur utilisation : pour l'eau de boisson
ou pour un usage domestique (vaisselle, toilette, linges...)
· L'exploitation des eaux souterraines :
améliorer l'accès à l'eau des populations passe souvent
par la prospection de nouvelles sources d'eau. Les eaux souterraines,
étant davantage préserver des contaminations extérieures,
sont souvent de bien meilleure qualité que les eaux de surfaces.
Cette méthode requiert un haut niveau de
compétences car il est nécessaire d'utiliser différentes
technologies à la fois pour repérer les ressources en eau puis
pour les exploiter.
La prospection des eaux souterraines regroupent plusieurs
techniques :
- la récolte d'information auprès des
populations locales (peut être ont-ils connaissance d'une zone humide qui
sans doute possède une nappe phréatique importante).
- L'étude des signes de la possible existence des eaux
souterraines dans le milieu (végétation)
- L'étude des caractéristiques
géomorphologique, géologique et hydrologique du terrain. Le
recours à la cartographie est aujourd'hui quasiment mis en place
à chaque prospection de ressources d'eau.
- Les mesures directes grâce aux points d'accès
aux aquifères (puits, marres...)
- La conductivité électrique : il s'agit
d'envoyer des « décharges » électriques dans le sol
afin d'estimer la résistivité des terrains. La
résistivité d'un sol dépend en effet de la nature et de
l'altération de la roche, de la teneur en eau, de la
minéralisation et de la température de l'eau.
16L'eau étant conductrice, l'envoi
d'électricité dans le sol et l'étude des résultats
permettront de supposer qu'il y a de l'eau.
- L'électromagnétisme : par l'envoi d'ondes
électromagnétique dans le sol et l'étude de leurs
répercussions, il est possible de déterminer la présence
ou non d'eau.
- La résonance magnético-protonique : avec cette
méthode, il s'agit de créer un champ magnétique qui va
« exciter » les molécules d'hydrogène. Ces
dernières vont réagir en envoyant à leur tour un signal
qui va donner des informations directes sur la présence, la
disponibilité et la quantité d'eau dans le sol.
L'utilisation d'une méthode plutôt qu'une autre
variera selon les contextes et les sols. Mais, le plus souvent, nos
équipes sur le terrain vont combiner toutes ces méthodes pour
optimiser les résultats et obtenir le plus d'informations possible. A
partir de ces données, des forages de prospection vont être
réalisés afin de s'assurer de la présence mais surtout de
la qualité de l'eau souterraine.
Les forages vont permettre d'atteindre et d'exploiter la nappe
d'eau souterraine même à une profondeur importante (plus de 100m).
Un système de pompage associé au forage permettra d'alimenter
concrètement en eau les populations. Les techniques de forages ainsi que
celles de pompage sont très variables selon les contextes, la
constitution du sol, les habitudes locales, les besoins... (ex : traction
animale, chadouf, pompage à motricité humaine, pompage à
énergie renouvelable...)
Pour améliorer la qualité d'une eau plusieurs
techniques sont possibles, nous proposons les éléments suivants
:
· Bien choisir le lieu d'implantation d'une installation
en eau (étude de l'environnement afin qu'il soit le plus sain possible.
Ex : loin des latrines)
· préserver et protéger un maximum l'eau
des contaminations extérieures (mettre en place des circuits de
distribution d'eau fermés, clôtures autour du point d'eau,...)
· Traiter l'eau : Le traitement de l'eau sera
incontournable pour l'approvisionnement en eau des Centres de nutrition, en cas
d'épidémie de choléra et en cas d'utilisation des eaux de
surface pour l'alimentation en eau d'un camp. Plusieurs méthodes
existent pour traiter l'eau : filtration, décantation,
ébullition, chloration, floculation, aération, chloration...
· Améliorer ou mettre en place des structures
d'assainissement. L'assainissement a pour but de protéger les
ressources en eau des contaminations mais également de limiter le
développement de maladies (choléra,...) et des vecteurs de
transmission de ces maladies (moustiques, mouches,...). Dans ces programmes
d'assainissement, il faudrait donc s'attacher à construire des
infrastructures sanitaires efficaces et propres telles que des latrines, des
douches, des aires de lavage. Il s'agira également d'éliminer les
déchets (incinération ou enfouissement) et de contrôler les
gîtes de vecteurs de transmission(drainage des eaux stagnantes,
contrôle des déchets, lutte contre la prolifération
d'insecte...Selon l'urgence et le contexte, les infrastructures seront
temporaires, semi-permanentes ou permanentes. L'assainissement sera notamment
fondamental dans les camps (forte concentration de personnes) pour
éviter tout développement d'épidémies.
· promouvoir à l'hygiène auprès des
populations bénéficiaires : Action contre la Faim met en place
des séances de sensibilisation à l'hygiène pour les
populations à chaque fois qu'elle intervient dans le domaine de l'eau.
Ces séances ont pour but d'instaurer de bonnes pratiques
d'hygiène et de préserver à la fois l'eau « à
la source » et l'eau une fois recueillie. Pour que la qualité de
l'eau ne se détériore pas entre le point d'eau et le moment
où elle sera consommée, il sera nécessaire de garantir un
minimum d'hygiène personnelle et un environnement sanitaire sain.
SECTION 2 : PERENNISATION DE L'INTERVENTION ET
IMPLICATION DES COMMUNAUTES
Il s'agit des actions qui devront être menées
pour la réduction et la prévention des souillures de l'eau que ce
soit par des risques naturelles ou de l'action de l'homme dans les
communautés. L'idée est d'impliquer les
bénéficiaires afin de pérenniser les ouvrages et d'amener
les populations bénéficiaires jusqu'à l'autonomie.
Les points d'eaux constituent un réel lieu social de
rencontre et d'échange. Leurs constructions font donc l'objet d'une
attention particulière et l'implication des futurs utilisateurs dans sa
réalisation est fondamentale. Car en plus d'être confortable, il
doit être le mieux adapté possible aux contraintes et aux
habitudes locales.
Cela passe par la mise en place des mécanismes de
circulation de l'information et de préparation des communautés
grâce à un fort réseau de volontaires et aux canaux de
communications traditionnelles. C'est en effet l'implication des populations
qui garantira l'efficacité du système.
· Implication des bénéficiaires
La participation des bénéficiaires aux
différentes étapes du programme est fondamentale :
Identification des besoins, élaboration de la
stratégie de réponse (la population résidente étant
souvent la plus à même de connaître les
caractéristiques et les variations de sa ressource en eau), mise en
oeuvre, maintenance. Cette implication garantit la pertinence et la
pérennité des actions par rapport aux besoins. Selon le contexte
d'intervention, le niveau d'implication varie de la simple consultation
jusqu'à la participation active dans la réalisation des
travaux.
La participation financière directe de la
communauté s'envisage dans certains contextes, par la création
d'une caisse gérée au niveau du village pour la maintenance des
ouvrages, par exemple ; elle ne doit cependant pas constituer un critère
d'intervention exclusif.
Avant toute intervention un accord doit être
passé avec la communauté afin de préciser les objectifs,
la planification du travail à réaliser ainsi que la
responsabilité de chacun.
· Transfert de connaissances
C'est, là aussi un volet indispensable, qui doit
accompagner la réalisation des ouvrages. On distingue la formation
destinée à rendre les équipes autonomes d'un point de vue
technique et la formation des utilisateurs. La formation peut se faire sur le
site au jour le jour ou être planifiée avec les responsables des
comités et les techniciens pour capitaliser les expériences,
mettre en avant les réussites locales et en faire
bénéficier l'ensemble des partenaires.
Les bénéficiaires de cette formation peuvent
être des personnes des chefs traditionnelles et les chefs de camps, les
personnes volontaires habitants dans les camps.
· Pérennité des ouvrages
La pérennité des ouvrages est avant tout
fonction de la qualité des réalisations et de la formation des
partenaires locaux à leur maintenance. Si les infrastructures mises en
place sont fiables, la maintenance en sera d'autant plus simple. L'entretien
des ouvrages est un aspect prioritaire, qui doit être envisagé
dès la conception de l'action. La mise en place d'une structure de
maintenance des ouvrages est indispensable et doit être
considérée comme partie intégrante du projet.
L'option la plus réaliste est souvent de
décentraliser la responsabilité de la maintenance au niveau d'un
comité qui gère localement l'ouvrage. Ce comité est
constitué par la communauté et formé de gestionnaires
(président, trésorier) et de techniciens (fontainier,
réparateur villageois).Son rôle est, de planifier et de suivre
l'entretien et les réparations des infrastructures, enfin de promouvoir
l'hygiène au sein de la communauté. la mobilisation de la
population est beaucoup plus difficile vu la situation des habitants des camps,
des relais sont nécessaires pour les périodes transitoires entre
les programmes d'urgence et ceux à plus long terme (stock de
pièces détachées, réparateur pris en charge par le
projet).
CONCLUSION GENERALE
La construction d'ouvrages hydrauliques modernes proches des
maisons permet donc aux familles de s'affranchir d'une corvée ayant des
conséquences directes sur leur santé, celle des enfants
notamment, ainsi que sur la diversification de leurs revenus et de leur
nourriture.
Là encore pour que l'action soit durable, les projets
doivent rechercher la technique la mieux adaptée et former les
populations à l'entretien de leurs ouvrages.
Liste
des figures et photos
Figure 1 : Etat des lieux des points d'approvisionnement en
eau
Photo1 : marigot où les populations puissent l'eau
BIBLIOGRAPHIE PROJECT WORK
Ø BANDIAGARA Koro, MOPTI Mali,
programme « alimentation en eau potable dans les quartiers
périurbains et les petits centres » Marseille-Paris,
SHADYC-GRET.
Ø BONJU J., TINTA S., Approche anthropologique des
stratégies d'acteurs et des jeux de pouvoirs locaux autour du service de
l'eau, 1998.
Ø JOUA, Aspect technique de l'alimentation en eau
potable en milieu rural.
Ø Manuel relatif à la planification et à
la mise en oeuvre du programme d'aide au développement.
Ø Rapport préliminaire (juillet 2001) sur le
droit à l'alimentation de Jean Ziegler, Rapporteur spécial de la
Commission des droits de l'homme sur le droit de l'alimentation.
Ø www.oms.org
TABLE DES MATIERES
SOMMAIRE
i
AVERTISSEMENT
ii
REMERCIEMENTS
iv
LISTE DES ACRONYMES ET DES SIGLES
v
LISTE DES TABLEAUX
vii
RESUME
viii
ABSTRACT
ix
INTRODUCTION GENERALE
1
A. CONTEXTE DE L'ETUDE
1
B. DELIMITATION DU SUJET
10
1. Délimitation
géographique
10
2. Délimitation temporelle
11
C. OBJETIFS DE L'ETUDE
11
D. INTERETS DE L'ETUDE
12
1. Intérêt scientifique
13
2. Intérêt
académique
13
3. Intérêts
théoriques
14
E. DEFINITIONS DES CONCEPTS
15
1. Contribution
15
2. Socio-anthropologie
16
3. Analyse
16
4. Protection des civils
17
5. Le génocide
17
6. Crime contre l'humanité
18
7. Nettoyage ethnique
18
8. Conflit armé non international
18
9. Force de défense
19
F. REVUE DE LA LITTERATURE
20
1. Approche Forces armées
africaines
20
2. Approche protection des civils dans les
conflits armés
26
G. PROBLEMATIQUE
27
1. Formulation des hypothèses
27
2. Cadre théorique
28
H. Cadre méthodologique
30
1. La méthode déductive
31
2. La méthode empirique
31
3. La méthode fonctionnaliste
32
4. Technique de collecte de
données
33
5. La recherche documentaire
33
6. L'entretien centré
33
7. Plan de travail
33
PREMIERE PARTIE : ETAT DES
LIEUX DE LA RESPONSABILITE DES FORCES DE DEFENSE DANS LA PROTECTION DES CIVILS
EN RCA
35
CHAPITRE 1 : LES MISSIONS DEVOLUES
AUX ARMEES EN PERIODE DE CONFLIT
36
SECTION 1 : LES OBLIGATIONS DES FORCES
ARMEES EN PERIODE CONFLICTUELLE
37
A. LES OBLIGATIONS ADMISES PAR LE CODE DE
CONDUITE
37
B. LES RESPONSABILITES LIEES AU CORPS
MILITAIRE
39
SECTION 2 : L'IMPARTIALITE DES FACA EN
PERIODE CONFLICTUELLE
40
A. TYPOLOGIE DE LA VIOLENCE
40
B. L'INCIVISME DES FACA AU SEIN DE LA
POPULATION : DEFAILLANCE DE LEURS MISSIONS
44
_Toc424286225
A. LE DIH ET SES PRINCIPES
50
CHAPITRE 2 :
L'ENCADREMENT LEGAL DE LA PROTECTION DES CIVILS PAR L'ARMEE EN PERIODE
CONFLICTUELLE
50
B. LES INSTRUMENTS RELATIFS A LA PROTECTION
DES CIVILS
52
SECTION 2 : CADRE ILLEGAL DE
L'ENCADREMENT DES CIVILS EN PERIODE CONFLICTUELLE
54
A. LES CARACTERISTIQUES DES COMBATTANTS
55
B. LES ATTITUDES SPECIFIQUES DES COMBATTANTS
A L'EGARD DU DIH
57
DEUXIEME PARTIE : L'IMPACT DES
FORCES DE DEFENSE REPUBICAINE SUR LA PROTECTION DES CIVILS EN RCA
64
CHAPITRE 3 :
L'INSTITUTIONNALISATION D'UNE ARMEE REPUBLICAINE EN RCA
65
SECTION 1 : MISE EN PLACE DES
MECANISMES ET PROCEDURES D'UNE ARMEE REPUBLICAINE EN RCA
66
A. LA REFORME DU SECTEUR DE SECURITE :
LA REFORME DU SECTEUR DE LA DEFENSE AXE TAILLE ET STRUCTURE
67
B. LE CONTROLE PARLEMENTAIRE
70
SECTION 2 : L'ADHESION AUX PRINCIPES
DES FORCES DE DEFENSE REPUBLICAINE
75
A. LA PACIFICATION CIVILS ET MILITAIRES EN
RCA
75
B. LE CITOYEN EN UNIFORME OU LE CITOYEN
SOLDAT
80
SECTION 1 : LA SPECIFICITE MILITAIRE
VERSUS LA SOCIOLOGIE DES ARMEES
83
A. LA SPECIFICITE MILITAIRE
83
CHAPITRE 4 : L'IMPLEMENTATION
D'UNE ARMEE REPUBLICAINE DE PROTECTION DES CIVILS
83
B. L'IMPACT DE LA SOCIOLOGIE DES ARMEES SUR
LA SPECIFICITE MILITAIRE : DISSOLUTION DES CARACTERISTIQUES DE
L'INSTITUTION
87
SECTION 2 : L'IMPACT DE LA SOCIOLOGIE
DES ARMES SUR LES OPERATIONS MILITAIRES POURLA PROTECTION EFFECTIVE DES CIVILS
PAR LES FACA
92
A. LA RESPONSABILISATION DES SOLDATS FACE
AUX CIVILS
92
B. LA DISSOLUTION DU CONFORMISME
95
CONCLUSION GENERALE
100
LISTE DES FIGURES ET PHOTOS
103
ANNEXES
104
BIBLIOGRAPHIE
105
PROJECT WORK
117
SIGLES ET ABREVIATIONS
119
INTRODUCTION GENERALE
120
A. CONTEXTE DU PROJET
120
B. INERET DU PROJET
121
C. OBJET DU PROJET
122
D. OBJECTIF DU PROJET
123
_Toc424286260
CHAPITRE 1 : ETAT DES LIEUX DE
L'ACCESSIBILITE A L'EAU DANS LES SITES DE L'EST
124
SECTION 2 : NECESSITE ET AVANTAGE DE
L'APPROVISIONNEMENT EN EAU
126
SECTION 1 : AMELIORATION QUALITATIVE
DE L'EAU
130
CHAPITRE 2 : AMELIORATIONS DE
L'ACCESSIBILITE A L'EAU
130
SECTION 2 : PERENNISATION DE
L'INTERVENTION ET IMPLICATION DES COMMUNAUTES
133
CONCLUSION GENERALE
136
Liste des figures et photos
137
BIBLIOGRAPHIE PROJECT WORK
138
TABLE DES MATIERES
139
* 1 Cité par Patrice
GOURDIN, République centrafricaine : géopolitique d'un pays
oublié, consulté le 06 Janvier 2015,
http://www.diploweb.com/Republique-centrafricaine.html
* 2 Stéphane AKOA,
La crise Centrafricaine quels risques pour la région ? ,
Conférence, 9 Février 2014, UPMF, Grenoble.
* 3 François Xavier
VERSCHAVE, De la françafrique à la mafiafrique, cité
in, Sophie ESCOFIER et al., innature et forme de la violence, cause du
conflit en RCA,
www.ireness.net, consulté
le, 08 Décembre 2014. Grenoble 2014
* 4GRIP, Marta MARTINELLI,
Emmanuel KLIMIS, La réforme du secteur de la sécurité en
RCA : quelques réflexions sur la contribution belge à une
expérience originale, 2009/5, P. 14.
* 5 MELHER, cité par Eric
Mathias OWONA NGUINI, « la Centrafrique dans la trappe à
conflits et à insécurités : aperçus
politico-stratégiques », Enjeux n° 40 La RCA à
la croisée des chemins, Juillet-Septembre 2009, P. 40.
* 6
www.lynxtogo.info,
consulté le 15 Décembre 2014.
* 7 Emmanuel
CHAUVIN, « Rivalité ethnique et guerre urbaine en
RCA », Enjeux n° 40, la RCA à la croisée
des chemins, Juillet-Septembre 2009, P. 36.
* 8 Small Arm Survey, Eric G.
Berman, la république Centrafricaine et les armes
légères » : une poudrière régionale,
consulté le 25 Novembre 2014,
http://www.smallarmssurvey.org/fileadmin/docs/C-Special-reports/SAS-SR06-Car.pdf,
P. 12.
* 9Sophie ESCOFFIER et al. ,
op cit.
* 10 Brice Arsène
MANKOU, « Le tribalisme, », Le Portique,|
Recherches, mis en ligne le
14 décembre 2007, consulté le 22 mai 2014. URL:
http://leportique.revues.org/1404.
* 11 Concept de JF
Médard, l'Etat est une coquille bureaucratique héritée de
la colonisation mais les détenteurs du pouvoir exercent des formes de
domination patrimoniales (clientélisme, népotisme...)
* 12Small Arm Survey, op.
Cit. P.11.
* 13Eric Mathias OWONA NGUINI,
op. Cit., P. 41.
* 14Small Arm Survey, op.
Cit.
* 15Ibid.
* 16 Didier BIGO, Pouvoir
et obéissance en Centrafrique, Paris, Karthala, 1988, P. 132
* 17Patrice GOURDIN,
Centrafrique : la fabrication d'un « choc des
civilisations » ?,
http://etudesgeostrategiques.com/2014/01/26/centrafrique-la-fabrication-dun-choc-des-civilisations/
consulté le 23 Janvier 2015.
* 18 International Crisis
Group, République Centrafricaine : débloqué le
dialogue politique inclusif, n° 55, 9 Décembre 2008.
* 19 Renner ONANA, in
la réforme des systèmes de sécurité en Afrique
francophone, P. 236.
* 20 Cf. le rapport de la FIDH
n° 457 : Oubliées, stigmatisées : la double peine des
victimes de crimes internationaux,
publié le 12/10/06 ; le rapport de HumanRights : Watch
État d'anarchie : Rébellion et exactions contre la
population civile, publié en septembre 2007.
* 21 Cité par Malick
Faye Jean Paul, la protection juridique des populations civiles dans les
conflits armés internes, Mémoire, université Gaston Berger
de Saint Louis, 2009, mémoire en ligne.
* 22 Innocent BIRUKA
in, La protection de la femme et de l'enfant dans les conflits
armés en Afrique, l'Harmattan 2006.
* 23Ibid.
* 24 Vincent Joseph NTUDA
EBODE, « Amis et ennemis dans les conflits d'Afrique
centrale : les rationalités d'une irrationalité
affichée » in Enjeux n°33Violence et seigneuralisme
dans les guerres d'Afrique centrale : amitiés et inimitiés
entre armées et groupes paramilitaires, Oct.-Déc. 2007,
P.37.
* 25 Patrice GOURDIN, op.
Cit.
* 26 Résolution 1894
(2009) du CSNU dans son préambule
* 27Dominique
BANGOURA, le facteur militaire et la sécurité en
Afrique : un problème national, régional et international de
1960 à nos jours , thèse pour le doctorat en Sciences
politiques, Université de Strasbourg 3, 1987.
* 28Jean Pierre DERRIENIC,
Les guerres civiles, Paris, Presses de Sciences Po, 2001, P. 14.
* 29Pascal VENNESON,
Théodore CAPLOW, Sociologie militaire, paris, Armand Colin
2000, P. 8.
* 30Ibid, P.
43-44
* 31 Le quotidien comme miroir
de l'individualisation de la condition militaire : pistes de recherches et
perspective méthodologiques, in GRESLE François, et
al. , Sociologie du milieu militaire : Les
conséquences de la professionnalisation sur les armées et
l'identité militaire, Paris, l'Harmattan, 2005, P. 206.
* 32 Bernard BOENE, Les
armées en Europe, Paris, La Découverte, 1998, P. 175
* 33 Jocelyn NGOUMBANGO
KOHETTO, L'accès au droit et à la justice des citoyens en
République Centrafricaine, thèse pour le doctorat en Droit
privé, Université de Bourgogne, 27 Septembre 2013, P. 3.
* 34 Ibid.
* 35Commission internationale
de l'intervention et de la responsabilité des Etat la
responsabilité de protéger rapport Décembre 2001
* 36Bernard BOENE, Les forces
armées en opération et le DIH, Actes du Colloque Le droit
international humanitaire et les forces armées, Centre de recherche des
écoles de SAINT SYR COETQUIDAN, 21 Mai 2001, P. 104
* 37Innocent BIRUKA, op.
Cit. P.103.
* 38 Cité par Innocent
BIRUKA, ibid.
* 39 André COLLET,
Histoire de la stratégie militaire depuis 1945, PUF, 1994, P.
5.
* 40Rony BRAUMAN,
Population en danger, Hachette, 1992, P. 12
* 41 Jocelyn NGOUMBANGO
KOHETTO, op. Cit., P. 10.
* 42Cité par P.C.
MESSANGA NYAMNDING, in Droit coutumier et Anthropologie juridique
africaine, univirtual.it/ca2d
* 43 Le petit Larousse
illustré, Paris, édition Larousse 2000, P.94.
* 44 Ibid.
* 45 Gérard CORNU,
Vocabulaire juridique, 9ème édition, Paris, PUF, 2011,
P. 934.
* 46 www.larouse.fr
* 47 Ibid.
* 48Convention pour la
prévention et la répression du crime de génocide du 9
décembre 1948,
* 49 Bernard BOENE, La
spécificité militaire, Paris, Armand Colin, 1990, P. 284.
* 50 Dominique BANGOURA,
État et sécurité : des idéologies
sécuritaires à l'insécurité ou l'incapacité
de l'Etat à assurer ses fonctions de défense et de
sécurité, in
gemdev.org/publications/cahiers/pdf/24/cah_24_Bangoura.PDF, P. 154
* 51 Cité in
Materne PENDOUE, éthique et déontologie
militaire » mon approche pour l'armée camerounaise,
www.shopmybook.com/wwaowItems/2012/04/17/.../excerpt.pdf,
P. 4
* 52Marc FRONTIER Marc, Des
armées africaines : comment et pour quoi faire ? ,Cairn
Info, Outre-Terre 2/ 2005 (no 11), p. 347-374, consulté
le 14 Mars 2014, URL :
www.cairn.info/revue-outre-terre-2005-2-page-347.htm.
* 53Jakkie CILLIERS, DIAMOND
Larry, Marc PLATTNER, Le rôle de l'armée en
démocratie, Baltimore Maryland, Nouveaux Horizons, 1996, P. 68.
* 54 Cité par Melchior
MBONIMPA, Ethnicité et démocratie en Afrique : l'homme
tribal contre l'homme citoyen, l'Harmattan, 1994, P.18
* 55Dominique
BANGOURA, « Etat et sécurité en
Afrique » in Politique Africaine n°61,Khartala ,Mars
1996.
http://www.politique-africaine.com/numeros/pdf/061039.pdf
* 56 Jean Delors
BIYOGUE-BI-NTOUGOU, Les politiques africaines de paix et de
sécurité, Paris, l'harmattan, 2010, P. 175-176
* 57 Dominique
BANGOURA, Etat et sécurité en Afrique : des
idéologies sécuritaires à l'insécurité ou
l'incapacité de l'Etat à assurer ses fonctions de défense
et de sécurité, P.154-155,
www.gemdev.org/publications/cahiers/pdf/24/cah_24_Bangoura.pdf,
consulté le 23 Octobre 2014.
* 58Kossi MAWULI AGOKLA,
« L'armée, émanation de la nation : entre
quasi-impossibilité et volontarisme » communication dans le
cadre du colloque international, forces de défense et de
sécurité au coeur de la sécurité humaine, 8-11
Novembre 2010, Dakar, Sénégal P. 62-63
* 59Alain FOGUE TEDOM,
« Le contrôle démocratique des
armées », communication dans le cadre du colloque
international « forces de défense et de sécurité
au coeur de la sécurité humaine », 8-11 Novembre 2010,
Dakar, Sénégal P. 20
* 60Mathurin HOUNGNIKPO,
« Relations entre les FDS avec la nation », communication
dans le cadre du colloque international « forces de défense
et de sécurité au coeur de la sécurité
humaine », 8-11 Novembre 2010, Dakar, Sénégal, P.
53.
* 61 Marc FRONTIER op
cit, P. 15
* 62Yves Alexandre CHOUALA
« le rôle des armées dans le processus
démocratique en Afrique », communication dans le cadre du
colloque 2011 sur « 50 ans de défense et de
sécurité en Afrique : états et perspectives
stratégiques », Simbock, Yaoundé, P. 63.
* 63 KODJO Edem, Et demain
l'Afrique, Paris, éditons Stock 1985, P.304-305
* 64Anne-Marie KOFFI KOUADIO,
La Cote d'Ivoire en crise face au droit international, Paris,
l'Harmattan, 2013, P. 249.
* 65Op. Cit. p. 2
* 66 Raymond ATCHE BESSOU, les
conflits armés internes en Afrique et le droit international,
thèse pour le doctorat en droit, Université de Cergy-Pontoise, le
21 Novembre 2008, P. 148-149
* 67 GRAWITZ Madeleine,
Méthode des sciences sociales, 10è édition,
Paris, PUF, 1991.
* 68BACHELARD Gaston, La
formation de l'esprit scientifique, Paris, Vrin, 1977
* 69 M. MERLE, sociologie
des relations internationales, 3e édition, Paris,
Dalloz, 1982, p.68.
* 70Robert Keohane ,
Joseph Nye, Power and interdépendance, New York,
éditions Addison-Wesley, 3èmeédition 2001.
* 71 Michel. Alliot ,
communautarisme et communauté
* 72Salli F. M., Law As
Process An Anthropological Approach, London, Henley and Boston, Routledge
and Kegan Paul, 1978, P. 270.
* 73 Mario. BETTATI, Le
Nouvel Ordre Economique International, PUF, paris, 1981.
* 74 M. BENDJAOUI, Pour Un
Nouvel Ordre Economique International, UNESCO, paris, 1979.
* 75 Emmanuel Pondi,
Repenser le développement de l'Afrique, Yaoundé,
Afredit, 2011.
* 76 M. BENNOUNA, Droit
international du développement du tiers monde et interpellation du droit
international, Berger Levraut, paris 1983.
* 77 M. BENNOUNA op
cit.
* 78Jean Louis LAUBET,
Initiation aux méthodes de recherche en sciences sociales,
Paris, l'Harmattan, 2000, P.120
* 79Madeleine GRAWITZ,
Méthodes de recherches en science sociales, Paris, Dalloz,
2001, P.35
* 80Madeleine GRAWITZ,
Lexique des sciences sociales, 7ème édition,
Paris, Dalloz, 1999, P. 148
* 81Ibid.
* 82Ibid.
* 83 Claude Danielle
ECHAUDEMAISON, dictionnaire d'économie et de sciences sociales, Paris,
Nathan, 6ème éd, 2003, P. 145
* 84Nicole BERTHIER, Les
techniques d'enquêtes. Méthodes e exercices corrigés,
Paris, Armand Colin, 1998, P. 12.
* 85 Alicia Paya Y Pastor, Vers
la structuration d'un champ de la sociologie militaire. Débats
théoriques, méthodologiques et stratégiques, Lettre de
l'IRSEM n°9 2012
* 86 Frédéric DE
MULINEN, Le droit de la guerre et les forces armées, Revue
internationale de la Croix Rouge 709, Juillet 1995,
www.icrc.org, consulté le 10
Décembre 2014.
* 87 Cité in Elie
MVIE MEKA, « Architecture de la sécurité et gouvernance
démocratique dans la CEEAC »,
www.library.fes.de/pdf-files/bueros/kamerun/05080.pdf,
P. 140
* 88Ibid.
* 89 Frédéric de
MULINEN, op. Cit.
* 90
Protéger-protéger,
www.st-cyr.terre.defense.gouv.fr/.../Lettre-inteìgration-Sous-Officier.pdf
* 91 Cité in
FIDH, crime de guerre en République centrafricaine : quand les
éléphants se battent c'est l'herbe qui souffre, n° 355,
Février 2003, P. 2.
* 92 FIDH, LCDH,
République Centrafricaine, 5ème session, 2009
* 93 International Crisis
Group, République Centrafricaine : Anatomie d'un Etat
fantôme, rapport Afrique n° 136, 13 Décembre 2007,
http://www.crisisgroup.org/fr/regions/afrique/afrique-centrale/republique-centrafricaine/136-central-african-republic-anatomy-of-a-phantom-state.aspx
* 94 FIDH, République
Centrafricaine oubliées, stigmatisées : la double
peine des victimes des crimes internationaux, n° 457, Octobre 2006, P.
53-54, http://www.fidh.org/IMG/pdf/RCA457-2006.pdf
* 95HumanRights Watch,
République Centrafricaine, état d'anarchie et rébellion et
exaction contre la population civile, volume 19, n°14(A), Septembre 2007,
P. 6. http://www.hrw.org/sites/default/files/reports/car0907frwebwcover.pdf
* 96ibid
* 97 Small Arms Survey,
L'évolution de la guerre autour du soudan : la prolifération
des groupes armés en RCA n°5, Janvier 2005, P. 6.
* 98 Human Rights Watch,
op. Cit., P. 71
* 99 Entretien de HumanRights
Watch avec le brigagier général Raymond Ndougou, Bozoum, 12
Février 2007
* 100 HRW, op. cit
* 101 FIDH, République
Centrafricaine déjà vu des accords pour la paix au
détriment des victimes, n° 513f, Décembre 2008, P. 23.
https://www.fidh.org/IMG/pdf/RCA513fr2008.pdf
* 102Ibid.
* 103 International Crisis
Group, op. Cit.
* 104 Achille MBEMBE,
l'Afrique peut elle sortir de la grande nuit ?, Paris, La
découverte, P. 217
* 105Op. Cit.
* 106Dominique
Bangoura, Op. Cit., P. 154
* 107Hans-Peter GASSER, Droit
international humanitaire : introduction, Genève, Institut Henry Dunant,
1993, p.
509.
* 108 HUBER Max,
« le droit des gens et l'humanité », in Revue
internationale de la Croix-Rouge (RICR), Aout 1952, PP.646-669 ad 666
* 109 CIJ, Receuil 1996,
P.226
* 110 Edith FORTIER, la mort
du civil dans les conflits modernes : quel rôle pour l'action
humanitaire ? Vers une définition d'un espace civil et de sa
relation à l'action humanitaire, Mémoire, CERAH Genève,
2010/2011, P. 14
* 111Ibid.
* 112Ibid.
* 113 BOUCHET-SAULNIER,
cité in Edith FORTIER, op. cit.
* 114 Olivier BANGERTER, Les
raisons pour les groupes armés de choisir de respecter le DIH ou
pas , Revue international de la Croix Rouge, volume 93 sélection
française 2011/2, consulté le 18 Novembre 2014,
https://www.icrc.org/fre/assets/files/review/2011/irrc-882-bangerter.pdf,
P. 51.
* 115 Origines et comportement
dans la guerre : comprendre et prévenir les violations du DIH,
consulté le 18 Novembre 2014,
https://www.icrc.org/fre/resources/documents/publication/p0758.htm
* 116 Max Huber, Le
droit des gens et l'humanité, in Revue internationale de la
Croix-Rouge (RICR), août 1952, pp.646-669, ad 666.
* 117 Les forces armées
en opération et le DIH, Colloque Le droit international humanitaire et
les forces armées, Centre de recherche des écoles de SAINT SYR
COETQUIDAN, 21 Mai 2001, P. 89
* 118Saqui de SANNES, Les
forces armées en opération et le DIH, Colloque Le droit
international humanitaire et les forces armées, Centre de recherche des
écoles de SAINT SYR COETQUIDAN, 21 Mai 2001, P. 147
* 119Ibid., P. 148
* 120 Louise WEIBULL, La
gestion des émotions en faveur de la paix, Cairn Info, P. 426,
consulté le 10 Avril 2015.
* 121 Frédéric
MULINEN Frédéric, Manuel sur le droit de la guerre pour les
forces armées, Genève, CICR, 1989, P. 107.
* 122 Cité par Thierry
CYSIQUE, P. 216.
* 123 L.GOMINA PAMPALI, Le
Centrafrique face à lui même, Yaoundé, PUCAC, 2001,
P.91.
* 124 Anatole AYISSI,Ordre
militaire et désordre politique en Afrique, Le Monde diplomatique,
Janvier 2003, P. 20-21,
http :www.monde-diplomatique.fr/2003/01/AYISSI/9857, consulté le 23
Octobre 2014.
* 125Dominique BANGOURA,
L'Etat en Afrique : indigénisation et modernité, Gemdev,
Paris, cahiers n°24, 1996.
* 126 MWAYILA TSHIYEMBE,
Le défi de l'armée républicaine en RDC, Paris,
l'Harmattan, 2005, P .24
* 127 Cité par Elie
MVIE MEKA, op. cit., P. 119.
* 128 Axel AUGE, les
réformes de la sécurité et de la défense en Afrique
subsaharienne : vers une institutionnalisation de la gouvernance du
secteur sécuritaire,
www.cairn.info, consulté le
10 Décembre 2014, P. 66.
* 129 Expression
utilisée par Axel AUGE.
* 130 Bernard BOENE,
permanence et relativité de la spécificité militaire,
in la spécificité militaire acte du colloque de
Coetquidan, Paris, Armand Colin, 1990, P. 204.
* 131GRIP, op. cit.
Réformer le secteur sécuritaire. Concertation des partenaires au
développement, Bruxelles, 26 Juin 2007, document présenté
par le gouvernement centrafricain, P. 17.
* 132Ibid.
* 133 Dylan HENDRICKSON,
« Présentation des enquêtes par région et
conséquences stratégiques pour les
donneurs » Réforme des systèmes de
sécurité et gouvernance, chapitre 4, OCDE éditions, 2005,
pp. 69-86.
* 134GRIP, op.
cit.
* 135Op. Cit., P.
46
* 136 Didier BIBO, op.
Cit., P. 81
* 137 Joseph Vincent NTUDA
EBODE, « Centrafrique : après le Cameroun... le
Tchad », in Enjeux n°10, janvier-Mars 2002, P. 37.
* 138 Alain FOGUE TEDOM,
op. Cit., P. 21
* 139JohnLOCKE, le Second
Traité du gouvernement, trad. par Jean-Fabien Spitz, Paris, PUF,
1994.
* 140In Elie MVIE
MEKA, op. Cit., P. 19
* 141Yves EKOUE AMAIZO et al.
, L'union Africaine freine t'elle l'unité des africains ?
Retrouver la confiance entre dirigeants et le peuple-citoyen, Editions
Menaibuc collection interdépendance africaine, Viennes, 2005
* 142Ernest Claude
MESSINGA, Les forces armées camerounaises face aux enjeux militaires
dans le golfe de Guinée : le cas du conflit de Bakassi,
Université de Yaoundé 2 Soa, 2007, mémoire en ligne.
* 143ADEDEJI EBO, DCAF, vers
un code de conduite pour les forces armées et de sécurité
en Afrique : occasions et défis, Genève, Mars 2005,
consulté le 14 Juillet 2014, URL :
www.dcaf.ch
* 144 Dominique BANGOURA,
op Cit., P. 155
* 145 Marc FONTRIER, op
cit. , p. 10
* 146 Mao TSE-TOUNG, le petit
livre rouge, De la guerre prolongée, tome 2, mai 1938,
* 147Ibid.
* 148 Mao TSE-TOUNG, Le petit
livre rouge, Du gouvernement de coalition (24 Avril 1945), tome 3
* 149 Camille NKOA ATENGA,
Réflexion sur la stratégie de défense en Afrique,
cité par Jean de Noel ATEMENGUE, communication dans le cadre du colloque
2011 sur « 50 ans de défense et de sécurité en
Afrique : états et perspectives stratégiques »,
Simbock, Yaoundé. P. 82.
* 150 Jacques ROBERT,
L'esprit de défense, cité par Jean de Noel ATEMENGUE,
op. Cit.
* 151Jean de Noel ATEMENGUE,
op. Cit.
* 152 Thierry CYSIQUE, les
droits militaires en France et au canada. Etude sociologique sur leur
évolution comparée depuis un siècle, thèse en
Sociologie, université de Laval, 2013, P. 225.
* 153 Yves Alexandre CHOUALA,
op. Cit., P.64.
* 154Op. Cit., P.
60.
* 155 Entretien avec
Fréderic MOKALA réfugié centrafricain au Cameroun, ancien
fonctionnaire au ministère de la justice, le 16 Janvier 2015 à
Yaoundé.
* 156 E. ENRIQUEZ,
L'organisation en analyse, Paris, PUF, 1992, P.35.
* 157 Charles YAOVI DJREKPO,
in L'intégration des Forces armées et de
Sécurité dans les sociétés
démocratiques », Actes du colloque international, du 29 Mars
au 1er Avril 2005, Cotonou, Benin P. 50.
* 158
www.defense.gouv.fr/terre/bloc-les-essentiels/code-du-soldat,
consulté le 25 Janvier 2015.
* 159Ibid. P. 221
* 160Cité in,
François GRESLE, et al. , Sociologie du milieu militaire :
les conséquences de la professionnalisation sur les armées et
l'identité militaire, Paris, l'Harmattan, 2005, P. 212
* 161 Cité par Thierry
CYSIQUE, op. Cit. , P. 6.
* 162 Ibid. P. 7.
* 163Sébastien
JAKUBOWSKI, cité in Kaya SUMBUL, « valeurs,
métiers et action : évolutions et permanences de
l'institution militaire », L'année Sociologique,
Volume 61/2011, N° 2, Octobre 2011, consulté le 23 Mars 2015,
URL : htttp//lectures.revues.org/7911
* 164Elyamine SETTOUL, Les
évolutions de la sociologie militaire : entretien croisé sur
l'engagement des militaires
http://www.defense.gouv.fr/irsem/publications/lettre-de-l-irsem/les-lettres-de-l-irsem-2012-2013
* 165 La participation des
militaires à la vie de la cité, Aout 2004, P.85
http://www.credoc.fr/pdf/Sou/militaires_vie_%20cite.pdf
* 166 Jean-François
LEGER, « Pourquoi des jeunes s'engagent-ils aujourd'hui dans les
armées ? », Revue française de sociologie,
2003/4Vol. 44, p. 713-734. DOI : 10.3917/rfs.444.0713, p 717 consulté le
27 Janvier 2015, URL :
http://www.cairn.info/revue-francaise-de-sociologie-2003-4-page-713.htm
* 167 Patrice GOURDIN, op.
cit.
* 168 Cité in Elyamine
SETTOUL, op. Cit.
* 169 Cité in
François GRESLE, op cité, P. 210
* 170Ibid, P. 206
* 171 Cité in
François GRESLE, op cité, P.
* 172 Ibid., P 212
* 173 Ernest-Marie Mbonda, la
justice sociale comme fondement de la paix dans les sociétés
pluriethniques. Le cas de l'Afrique, 2003, P. 31
* 174Ibid. P. 32
* 175Philippe
LABURTHE-TOLRA, Jean Pierre WARNIER : Ethnologie Anthropologie
Paris, PUF, 1993, P. 38.
* 176 Philosophe cité
par M. AVOCANH Adolphe, Colonel, in L'intégration des Forces
armées et de Sécurité dans les sociétés
démocratiques », Actes du colloque international, du 29 Mars
au 1er Avril 2005, Cotonou, Benin P. 50.
* 177In Marc
FRONTIER, op cité, P. 1.
* 178 Cité in
Pascal VENNESSON, Théodor CAPLOW, op cit, P. 44.
* 179In
François GRESLE, et al, op cité, P. 205
* 180Cité in
BIYOGUE-BI-NTOUGOU, op. Cit., P.178.
* 181ThaboMbeki,
président of South Africa, discours prononcé lors de
l'inauguration du parlement panafricain, le 16 Septembre 2004, GallagherEstate,
Midrad, Afrique du Sud.
http://www/anc.org.za/ancdocs/history/mbeki/2004/tm0916.html
* 182 OMS 2001
* 183 Déclaration
KofiANNAN30/08/2002sommet Johannesburg
* 184 Extraits du giés
centrafricains dans les sites de Lolo, Mbile, Timangolo,
* 185 Rapport PNUD 1999
* 186 Extraits du rapport
préliminaire (juillet 2001) sur le droit à l'alimentation de Jean
Ziegler, Rapporteur spécial de la Commission des droits de l'homme sur
le droit de l'alimentation
* 187 Dans des contextes
difficiles, l'Organisation Mondiale de la Santé considère
que12à 20 litres d'eau par personne et par Jour peuvent suffire pour la
boisson, l'alimentation ainsi que les l'hygiène corporelle et
domestique.