Les états et la construction de l'union africaine: le cas de la Libye et du Sénégal( Télécharger le fichier original )par Romaric TIOGO Université de Dschang - Master II 0000 |
2 - Les politiques publiques régionaliséesA l'heure des intégrations régionales triomphantes, la question de la communautarisation des politiques étrangères est devenue légitime140(*). A cet égard, le lien entre politique étrangère et intégration régionale est difficile à nier 141(*). Car, c'est au niveau régional que les Etats mettent en commun leurs différentes politiques nationales afin de les rendre plus efficaces. Dans l'objectif de trouver des solutions communes aux malaises économiques de l'Afrique, la Libye demanda une mise en commun des politiques publiques des Etats africains. Au sommet d'Abuja précité, outre la proposition de créer une monnaie commune, ce pays proposa l'abolition des tarifs douaniers entre les Etats membres et l'harmonisation des tarifs douaniers extérieurs. Ces offres libyennes renvoient aux politiques commerciales et monétaires capitales dans l'émergence d'un « espace de sens »142(*). Telles qu'envisagées par ZAKI LAÏDI, les éléments capitaux pour l'émergence d'un espace de sens en Afrique sont visibles dans les propositions libyennes faites en faveur de l'UA en construction. Des trois conditions et leurs contenus élaborés par ZAKI LAÏDI, nous en retiendrons deux pour l'instant. Ce dernier parle d'abord d'un ``espace délibératif''. Il s'agit selon lui du lieu où naît « une sociabilité » politique régionale. C'est-à-dire un espace où naît une certaine obligeance des Etats de vivre ensemble. Ensuite, il fait allusion à l' ``espace performatif'' qu'il considère comme le plus important. Celui-ci réside dans la capacité à atteindre un certain nombre d'objectifs. L'exemple ainsi pris dans le cadre de l'UE avec la création d'une monnaie unique143(*), l'euro correspond naturellement à la position défendue par la Libye sur ce domaine. A cet égard, la création d'une monnaie africaine commune relève d'un enjeu de souveraineté et d'affirmation de la personnalité et de la responsabilité de l'homme africain. De même, cet espace renvoie à un espace commercial144(*) qui naît de la communautarisation des politiques régionales dans ce domaine, notamment par la levée de certaines restrictions. C'est ce que promeut l'Etat libyen lorsqu'il évoque la suppression des tarifs douaniers entre pays africains. En bref, il s'agit d' « une collaboration permanente des économies »145(*) devant aboutir à la création d'un marché commun africain. Les ponts marchands ou économiques constitués à l'échelle continentale permettront le dépassement des micro-nationalismes démodés et la promotion d'un développement économique harmonieux et durable. On peut donc soutenir avec CHARILLON qu'il est nécessaire pour les Etats africains de mettre en commun leurs visions du monde qui, sans être forcément identiques, doivent au moins être « coordonnées »146(*). Pour assurer le passage de tous ces projets au niveau de l'UA, la Libye mobilise des ressources diversifiées. * 140 CHARILLON Frédéric, « Vers la régionalisation des politiques étrangères ? », dans CHARILLON Frédéric (dir), politique étrangère. Nouveaux regards, Paris, PFNSP, 2002, p.391. * 141 Ibid, p.394. * 142 La notion d'espace de sens se définit comme celle d'un ensemble de valeurs et d'identités communes, produites et partagées par les sociétés politiques qui ne sont ni égales ni homogènes mais qui aspirent à se projeter collectivement dans le champ international à des fins d'affirmation identitaire ou stratégique. Voir HERMET Guy, « Quel espace de sens pour l'Europe ? », dans LAÏDI (Z.) (dir.), Géopolitique du sens, op. cit., p. 47. * 143 ZAKI (L.), op. cit., p. 4. * 144 CHARILLON (F.), op. cit., p. 394. * 145 Ibid, p. 400. * 146 Ibid. |
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