UNITE DE FORMATION DOCTORALE DROIT ET SCIENCE
POLITIQUE
LES ETATS ET LA CONSTRUCTION
DE L'UNION AFRICAINE : LE CAS DE
LA LIBYE ET DU SENEGAL
Thèse présentée et soutenue
publiquement en vue de l'obtention du
Diplôme de Master Recherche
en
Science Politique
Par
TIOGO Romaric
Sous la supervision de :
M. ONANA Janvier
Agrégé de Science Politique
Chef de Département de Science
Politique
Université de Douala
Sous la direction de :
M. POKAM Hilaire De Prince
Docteur en Science Politique
Chargé de Cours à la FSJP
Université de Dschang
Soutenue le 05 Juin 2012
AVERTISSEMENT
L'Université de Dschang n'entend donner aucune
approbation ni improbation aux idées et opinions émises dans
cette thèse. Elles doivent être considérées comme
propres à leur auteur.
DEDICACE
Je dédie ce travail à :
-mes parents NOUMBO David et NGUEDIA Colette pour m'avoir
Soutenu et cru fermement à son aboutissement,
-ma tante FRIDA et mon oncle KANA Godefroy Ignace pour
leur soutien sans faille,
-la mémoire de ma petite soeur, NOUMBO
MEDJIODONG Doris, qui a quitté ce monde dans la vigueur, à fleur
de l'âge. Tu resteras à jamais gravée dans nos
coeurs.
REMERCIEMENTS
Cette recherche a été très laborieuse.
Tellement laborieuse que, tout seul, elle aurait été une mission
impossible. Qu'il me plaise donc d'exprimer toute ma gratitude et mes
très sincères remerciements à tous ceux qui ont
apporté leur contribution à son aboutissement.
Je remercie en premier lieu mes enseignants et principalement
le Docteur POKAM Hilaire De Prince, qui a dirigé ce travail avec
diligence et rigueur scientifique ; tout en me rappelant les enjeux d'un
travail bien fait,
Le Professeur ONANA Janvier qui a accepté de
le superviser,
Le Professeur ANOUKAHA François, Doyen de la
Faculté des Sciences Juridiques et Politiques de l'Université de
Dschang qui m'a enseigné la rigueur et l'objectivité tout au long
de mon cursus,
Le Professeur KEUTCHA TCHAPNGA Célestin, Chef de
Département de Droit Public et Science Politique pour la formation qu'il
m'a offerte,
Le Professeur TCHOUPIE André qui n'a jamais
cessé de m'encourager dans l'accomplissement de cette étude,
Le Professeur NJOYA Jean pour ses précieux
enseignements,
Le Professeur NTUDA EBODE Joseph-Vincent pour
l'intérêt exprimé pour ce sujet,
Le Professeur FOBANJONG John pour son apport
documentaire,
Le Docteur NGUEKEU DONGMO Pierre pour toutes ses
observations et la disponibilité toujours accordée à ma
modeste personne,
Le Docteur MOYE BONGYU Godwin qui a mis une
importante documentation à ma disposition,
Le Docteur FOLEFACK Ernest pour ses multiples observations et
orientations,
Le Docteur DOUNKENG ZELE Champlain pour tous les
encouragements, les suggestions et l'apport documentaire,
Le Docteur KEUTCHEU Joseph qui a toujours attiré mon
attention sur le distinguo entre le langage journalistique et celui de la
science.
Il me plaît également d'exprimer ma
reconnaissance aux missions diplomatiques sénégalaises au
Cameroun pour leur hospitalité et la très grande
disponibilité à répondre à mes
préoccupations,
Aux missions diplomatiques libyennes qui, malgré les
moments de crise, ont accepté de m'accueillir à l'Ambassade
libyenne à Yaoundé et plus particulièrement à M.
NDONGO qui m'a fourni d'importants documents,
A monsieur ONDOUA Christian du MINREX qui m'a permis de
réaliser mes entretiens.
J'ai une pensée très vigoureuse à
l'endroit de ma famille pour le soutien moral et matériel
indéfectibles. Je pense à :
Mes oncles NOUMOGNI Samuel et DONCHI Salomon,
Mes tantes MAJETIO Ester, KENFACK Cécile, TSAMO
JEANNE,
Mes frères KEMCHIO TIOGO Clovis, DONFACK Jean
Laurenty, ZEMAGHO Herman, NOUMBO Gérardin et NGUEFACK Romuald,
Mes soeurs KENFACK Elodie, NOUMBO Irène, TSAFACK
Charline,
Mes cousins KEMCHIO MOMO Boris et TIOGO Suzanne.
Je n'oublie pas mes amis et tous mes camarades de promotion
qui, de près comme de loin, m'ont toujours manifesté leur soutien
substantiel. Il s'agit de : TAKOU Elucine Dorine, qui a eu la
précieuse idée de saisir les premiers mots de ce travail, KAJEO
Victor, TSEMO Florent, WOUEDJIE Alice-Norra, PANOU Achille, SUWUN Polycarp,
TSOMEVOU Rostand, KAMGA Roger, TOUKEA D., TCHATCHOUANG Paul, BESONG G.,
TADADJEU Menda, BIDIAS NTAH E., OUAMBA SADIO, etc.
J'adresse enfin un remerciement à SIGNING Emile,
TCHAPTCHET René, VOUFO NGUIMFACK Théophile et ATEUFACK Rodrigue
qui ont eu l'amabilité de relire ce travail et pour leurs inestimables
appréciations.
SIGLES ET ABREVIATIONS
ACP : Afrique
Caraïbes Pacifique
AFRICOM : African
Commamd.
AMISSOM : Mission de
l'Union Africaine pour la Somalie
APD :
Accord de Partenariat pour le Développement
APE : Accord de
Partenariat Economique
CEDEAO :
Communauté Economique des États d'Afrique de l'Ouest
CEEAC :
Communauté Economique des Etats d'Afrique Centrale
Cen-Sad :
Communauté des Etats Sahélo-Sahariens
CER :
Communautés Economiques Régionales
CNT : Conseil
National de Transition
CRTV : Cameroon
Radio Television
EAC : East African
Community
ECOSSOC :
Conseil Economique, Social et Culturel
ESA : Eastern and
Southern Africa
FESMAN : Festival Mondial
des Arts Nègres
FMA : Fonds
Monétaire Africain
FSJP :
Faculté des Sciences Juridiques et Politiques
GMV : Grande
Muraille Verte
LAP : Libya
African Portofolio
MAEP :
Mécanisme Africain d'Evaluation par les Pairs
MARP : Millennium
African Recovery Plan
Me :
Maître
MFDC : Mouvement des
Forces Démocratiques de Casamance
MINREX :
Ministère des Relations Extérieures
NEPAD : Nouveau
Partenariat pour le Développement de l'Afrique
OMC : Organisation
Mondiale du Commerce
OMD : Objectifs du
Millénaire pour le Développement
OMS : Organisation
Mondiale de la Santé
ONU : Organisation
des Nations Unies
OTAN :
Organisation du Traité Nord Atlantique
OUA : Organisation
de l'Unité Africaine
PDS : Parti
Démocratique Sénégalais
PIB : Produit
Intérieur Brut
PMA : Pays Moins
Avancés
POA : Plan Omega
pour l'Afrique
RFI : Radio France
Internationale
RTS : Radio
Télévision Sénégalaise
SADC : Southern Africa
Development Community
SPG : Système de
Préférences tarifaires Généralisées
UA : Union
Africaine
U E : Union
Européenne
UNITA : Union Nationale pour
l'Indépendance Totale de l'Angola
UPM : Union pour la
Méditerranée.
SOMMAIRE
INTRODUCTION GENERALE
3
PREMIERE PARTIE:
LA LIBYE ET LE SENEGAL: DEUX ACTEURS DETERMINANTS DANS
LE PROCESSUS DE CONSTRUCTION DE L'UNION AFRICAINE
3
CHAPITRE I:
LA LIBYE, TETE DE PROUE DANS LA CONSTRUCTION DE
L'UNION AFRICAINE
3
SECTION I: L'INITIATEUR DU PROJET D'UNION
29
SECTION II- LA MOBILISATION DES RESSOURCES
FINANCIERES ET DIPLOMATIQUES
45
CHAPITRE II:
LE SENEGAL, DEFENSEUR ACHARNE DE L'UNION
AFRICAINE
3
SECTION I- L'OFFRE DES ACTIONS SUPRANATIONALES
61
SECTION II- LA CONSTRUCTION DISCURSIVE, SYMBOLIQUE
ET PRATIQUE DE L'UA
76
SECONDE PARTIE:
LA LIBYE ET LE SENEGAL: DEUX ACTEURS AUX ACTIONS
MOTIVEES PAR DE MULTIPLES ENJEUX MAIS SOUVENT ENTRAVEES PAR DIVERSES
CONTRAINTES
3
CHAPITRE III: LES ENJEUX DU SENEGAL ET DE LA
LIBYE
98
SECTION I- LA CONSTRUCTION DES IDENTITES ET DES
INTERETS DES ETATS
99
SECTION II - LA CONSTRUCTION DES IDENTITES ET DES
INTERETS DES PORTE-PAROLES
114
CHAPITRE IV: LES CONTRAINTES ENTRAVANT LES ACTIONS
DE LA LIBYE ET DU SENEGAL
131
SECTION I : LES CONTRAINTES INHERENTES AUX
DEUX ETATS
132
SECTION II: LES CONTRAINTES EXTERIEURES AU DEUX
ETATS
146
CONCLUSION GENERALE
167
INTRODUCTION GENERALE
Au lendemain de la seconde guerre mondiale, les Etats avaient
pris conscience qu'il convenait de dépasser la formule des Etats-nations
et créer les conditions d'une intégration régionale
minimale afin d'éviter le retour de la guerre. Peu à peu, les
vertus de cette intégration ont recouvert d'autres aspects de la vie
internationale. Très vite, on a compris que les besoins sociaux de
l'humanité ne pouvaient plus être satisfaits par le seul jeu de la
grammaire souverainiste1(*).
On a également saisi que les performances économiques dans un
système qui se mondialisait passaient par des dimensions plus larges que
celles imposées par les frontières stato-nationales. C'est
très exactement dans cette dynamique de la société
internationale que s'inscrit la naissance, puis la construction en cours de
l'Union Africaine (UA).
En effet, l'UA est une organisation régionale africaine
à compétence générale qui repose sur un
certain nombre de principes et d'objectifs2(*). Par principes, il faut entendre les
règles générales qui guident le comportement des Etats
parties et par objectifs les buts et les valeurs communément
recherchés et défendus par ces acteurs. Par ailleurs, aucune
institution ne pouvant exister d'elle-même, les organisations
internationales apparaissent avant tout comme une conjonction des rapports
entre les acteurs internationaux. Ces rapports peuvent revêtir un
caractère particulier, voire conflictuel. Dans son ouvrage Les
organisations internationales, Marie-Claude SMOUTS écrit qu'une
institution n'est pas « immanente ou naturelle ».
« C'est le fruit d'une construction sociale ».
« Elle résulte de compromis entre acteurs rivaux au terme
d'évolutions souvent très conflictuelles »3(*). L'UA actuellement en
construction n'échappe point à cette observation. Résultat
d'un accouchement douloureux, elle se structure lentement mais progressivement.
Comme l'avait d'ailleurs prévenu le colonel Mouammar KADHAFI à
Lomé (Togo), la construction d'« un Etat africain plus
fort et plus uni qui n'aura de frontière qu'avec les autres continents
n'est pas facile mais on y arrivera, car dans toute opération
chirurgicale, il y a du sang ; mais ce sang finit par
sécher »4(*).
Née dans un contexte de lutte contre le colonialisme
le 25 mai 1963 à Addis-Abeba (Ethiopie), l'Organisation de
l'Unité Africaine (OUA) avait pour objectif principal de réaliser
l'Unité de l'Afrique en la libérant totalement de
l'impérialisme occidental5(*). Ce qui peut être considéré
aujourd'hui comme un acquis tout au moins théorique. C'est à la
faveur de ce constat que les Etats qui l'ont vue naître ont
définitivement décidé de son acte de décès
le 9 juillet 2002 au stade Absa de Durban (Afrique du sud), proclamant par la
même occasion la succession de l'OUA par l'UA. Nouvelle organisation
africaine, cette dernière devra se pencher sur les crises
protéiformes6(*) qui
minent le développement du continent à savoir les conflits, la
mal gouvernance, le dépérissement de la démocratie et des
droits de l'Homme, la pauvreté, la faim, les clivages socio-politiques,
le dérèglement climatique, etc. L'UA vise donc le
repositionnement de l'Afrique dans le système de gouvernance
globale afin que celle-ci occupe la place qui est la sienne et prenne son
destin en main. Car, tout comme entre 1884/1885, certaines puissances au
XXIe siècle, la considèrent encore comme un
« no man's land », pensent sur elle et pour elle, parfois
même sans elle et prennent des décisions contre elle lors des
grands sommets dans les grandes institutions internationales. Ceci pour la
juste raison que l'organisation qui est censée porter sa voix n'occupe
encore qu'une place appendiculaire dans les relations internationales
contemporaines. Pourtant, les Etats qui agissent pour sa construction, parmi
lesquels la Libye et le Sénégal le font non sans contraintes. Ce
qui laisse évidemment penser que toute nouvelle idée, majestueuse
fût-elle, nécessite une mise en oeuvre qui peut être
longue.
L'exploration de notre étude requiert des
préalables fondamentaux qui tournent autour des étapes
importantes que sont la définition des termes, puis la justification du
choix porté sur les acteurs mobilisés(I), son
intérêt(II) et la problématique(III). Aussi, nous
présenterons la démarche (IV) qui a permis de formuler
l'hypothèse ayant constitué la charpente de ce travail.
I -DEFINITION DES TERMES DU SUJET ET JUSTIFICATION DU CHOIX DES
ACTEURS
La construction par le chercheur de son objet d'étude
est sans doute l'une des clés cardinales de toute recherche
scientifique. Aspirant à un tel statut, il nous échoit
d'emblée de définir les termes de notre sujet (A) avant de
préciser les raisons portées sur les acteurs étatiques
mobilisés(B).
A- Définition des termes du sujet
DURKHEIM indique que le savant doit d'abord définir les
choses dont il traite afin que l'on sache et qu'il sache bien de quoi il est
question6(*). Une
définition préalable des concepts permet ainsi de réaliser
la rupture épistémologique recommandée par Gaston
Bachelard. Car, l'esprit scientifique interdit au chercheur de
« se fonder une opinion »7(*) sur des questions qu'il ne
comprend pas ou même sur des questions qu'il ne sait pas formuler
clairement. Comme le suggère Mauss parlant de l'objectivité, il a
été question de ne pas nous « fier ni à nos
prénotions, ni à nos impressions, ni à celles des milieux
observés »8(*). Dès lors, les termes clés qui
nécessitent une définition sont l'Etat et l'UA.
1- L'Etat
L'Etat se définit comme l' « acteur
privilégié » et exclusif des relations
internationales jouissant de la plénitude des compétences
internationales et de la souveraineté9(*).
Dans le cadre de cette étude, il revient comme
tâche d'envisager l'Etat comme un acteur oeuvrant dans le processus de
construction de l'organisation internationale africaine qu'est l'UA.
2- L'Union Africaine
En mobilisant les propriétés
réelles qui caractérisent l'UA, nous pouvons dire ce qu'elle est
véritablement. C'est-à-dire une organisation des Etats africains
dans l'objectif global de construire une intégration économique,
politique et socio-culturelle solide des Etats et des peuples d'Afrique sur la
base des communautés économiques régionales (CER).
Reposant sur une fondation multilatérale, l'UA a pour
but de mener des activités dans tous les domaines et pour ambition de
trouver des solutions à tous les maux actuels et futurs ( la lutte
contre la désertification par exemple) qui portent directement atteinte
à la vie des Etats et des peuples du continent. Elle entend
réaliser ces objectifs par le biais d'un organe permanemment
institué qui est la Commission de l'UA. Contrairement à une
organisation comme l'Union Européenne(UE), elle connaît des
conditions très souples d'adhésion. Dès sa naissance, elle
a admis sans conditionnalité tous les 52 Etats du continent à
l'exception du Maroc10(*).
Aujourd'hui, elle compte 53 Etats membres ; le dernier en date
étant le jeune Etat du Sud-Soudan11(*) qui a accédé à la
souveraineté internationale le 9 juillet 2011. Il s'agit donc d'une
organisation qui se construit par un certain nombre d'acteurs étatiques
bien déterminés sur le continent.
B -
Justification et présentation des acteurs
La justification du choix porté sur les acteurs(1) au
centre de cette construction précédera leur
présentation(2).
1- Justification du choix des acteurs
Une organisation par son existence met en situation des
acteurs et n'existe que par cela12(*). Ces acteurs peuvent être de diverses
natures : Etats, organisations internationales, individus, groupes, etc.
Dans le cadre de cette étude, nous nous sommes particulièrement
appesanti sur les acteurs étatiques, lesquels sont
représentés par des individus jouissant d'une
légitimité certaine qui leur confère le droit d'agir au
sein de l'UA au nom de leurs pays. A cet effet, soucieux de découvrir
les vérités scientifiques qui sous-tendent la structuration de
cette organisation, nous avons suivi les conseils de Gaston BACHELARD qui
préconisait déjà de se méfier de « la
fausse doctrine du général » 13(*) qui a longtemps
« ralenti les progrès de la connaissance
scientifique »14(*). C'est ainsi que pour mieux rendre compte de cette
réalité, nous avons porté notre choix sur le duo
Libye/Sénégal. Pourtant, il convient de relever
immédiatement que le choix opéré sur ces Etats n'est point
fantaisiste et encore moins arbitraire. Il procède de l'observation
faite quant à leur implication tous azimuts dans la scène
internationale africaine, et plus particulièrement des actions multiples
qu'ils entreprennent pour la structuration de cette organisation depuis plus
d'une dizaine d'années. Ainsi, avons-nous regardé sans amour ni
passion ce que font concrètement ces deux acteurs pour la construction
de l'UA. Il n'a surtout pas été question dans ce travail
d'adopter une vue manichéenne et encore moins d'élaborer un
schéma de comparaison susceptible de déterminer qui fait plus
dans ce jeu.
En effet, la Libye joue un rôle important dans la
construction de l'UA depuis son retour dans le Concert des Nations africaines.
C'est elle qui a pour la première fois évoqué
l'idée de la constitution d'une UA. Pour transformer le rêve en
réalité, l'Etat libyen a organisé plusieurs sommets qui
ont abouti à la transformation de l'OUA en UA.
Quant au Sénégal, il a constamment soutenu le
projet porté par la Libye avec laquelle il partage largement une
même vision de l'Union. C'est ce qui a motivé le choix
porté sur ce dernier Etat.
Comme il est loisible de le constater, entre la
1ère rencontre panafricaine organisée sur le continent
africain à l'initiative du Docteur NKRUMAH en 1958 et le sommet de Syrte
de 1999, le panafricanisme a connu une nouvelle dynamique et est
désormais porté par des leaders tels Mouammar KADHAFI de Libye et
Abdoulaye WADE du Sénégal. Or, nous savons prosaïquement que
la Libye et le Sénégal sont deux Etats africains. Il convient
d'aller au-delà de cette lapalissade pour déterminer qui sont
véritablement ces deux acteurs. Au mieux, que représentent-ils
sur la scène internationale africaine ?
2- Présentation des acteurs
- La Libye
La Libye est située au Centre-Nord du continent
africain entre la longitude 9-25 Est et la latitude 18-33 Nord. Elle doit son
nom à la tribu « Libu » qui habitait la
région de la Cyrénaïque15(*). Les anciens égyptiens attribuèrent ce
nom à toute la région du Nord de l'Afrique, à l'exception
de l'Egypte. Ouvert sur la mer Méditerranée, ce pays est
limité à l'Est par l'Egypte, à l'Ouest par
l'Algérie, au Nord-Ouest par la Tunisie, au Sud-Est par le Soudan et le
Sud-Soudan et au Sud par le Tchad et le Niger. Ayant pour capitale Tripoli, et
une superficie de 1. 759. 440 km², il est le quatrième pays le plus
vaste d'Afrique après l'Algérie, la République
Démocratique du Congo et le Soudan, soit près de quatre fois le
Cameroun. En 2008, sa population était estimée à 6,1
millions d'habitants. L'arabe est la langue officielle et coexiste avec la
langue de l'ancienne puissance colonisatrice, l'Italie, et d'autres langues
telles le français et l'anglais. Le désert occupe 92 % du
territoire qui représente à peine 2% des terres arables16(*).
Grâce à l'ONU, la Libye fut la première
colonie d'Afrique à accéder à l'indépendance en
1951. Le pays se constitua en un royaume fédéral
formé des trois régions historiques que sont la
Tripolitaine, la Cyrénaïque et le Fezzan. La même
année, les troupes britanniques, étasuniennes et italiennes
occupèrent le pays et portèrent au pouvoir l'émir Muhammad
IDRIS AS-SANUSI, chef de la confrérie des Senoussis, comme roi qui prit
le nom de Idris Ier 17(*).
Du 15 au 22 avril 1958 à Accra, la Libye participa à la
première conférence des Etats indépendants d'Afrique,
idée lancée par N'KRUMAH en mars 1957, dans l'objectif d'affirmer
la « personnalité africaine »18(*) et de prendre en main les
intérêts du continent. En 1963, elle fut également l'un des
pays qui fondèrent l'OUA et se classa à
côté du groupe dit de Casablanca19(*). Caractérisé par son progressisme et
son hostilité aux groupes de Brazzaville et de
Monrovia(modérés)20(*), le groupe dit de Casablanca visait à
réaliser l'unité de l'Afrique, de liquider le colonialisme et le
néo-colonialisme.
Le 1er septembre 1969, devait s'ouvrir une
ère nouvelle dans l'histoire de la Libye. Le capitaine Mouammar KADHAFI,
âgé de 27 ans, prend la tête d'une rébellion
militaire, renverse la monarchie et proclame la République arabe
libyenne. En 1977, il proclame la Grande Jamahiriya21(*) Arabe Libyenne Populaire et
Socialiste. Déjà, en 1976, il avait publié son fameux
Livre vert qu'il qualifia de « Troisième
Théorie Universelle». Dans cet ouvrage, il fait ressortir ses
idées concernant la démocratie, les problèmes
économiques et les bases sociales. Il voudrait qu'il soit aussi
applicable à la Libye qu'à toute l'Afrique.
Sur le plan politique, la Libye de Kadhafi dont le Livre
vert est en quelque sorte la base constitutionnelle rompt avec la
«démocratie occidentale», considérée comme une
«dictature»22(*). Il instaure un système de
«démocratie directe» fondée sur les
comités populaires.
D'un point de vue économique, il défend le
« socialisme » et rêve de construire une
Libye forte. En 2009 par exemple, le produit intérieur brut (PIB) de ce
pays était estimé à 76.557 milliards de dollars, avec une
croissance annuelle de 6,7%23(*). Actuellement, la balance commerciale est largement
excédentaire avec 63 milliards de dollars d'exportations et 11,5
milliards d'importations. Les réserves de devises sont de l'ordre de 200
milliards de dollars, ce qui vient combler une dette externe estimée en
2010 à 3,30 % de son PIB24(*). Tout cela fait d'elle l'un des pays d'Afrique avec
le PIB par tête le plus élevé, 14 534 dollars25(*), et le meilleur Indice de
Développement Humain. L'espérance de vie est
évaluée à 74 ans, la mortalité infantile ne
dépasse pas 18 pour mille et l'analphabétisme de 5,5%. Les
dépenses d'éducation représentent 2,7% du PIB, alors que
le budget de la défense ne dépasse pas 1,1%. Toutefois, le taux
de pauvreté persiste à un niveau élevé de 30%
environ. Avant l'insurrection armée du 15 février 2011 qui a
conduit à la chute de Kadhafi, les travailleurs étrangers et
leurs familles représentaient près de 20 % de la population
totale et 50 % de la population active26(*).
Sur le plan social enfin, les Libyens sont, pour la plupart,
d'origine berbère. Ils ont été arabisés assez
tôt avec l'expansion de l'islam d'Est en Ouest, portée par les
tribus arabes dès le VIIIe siècle. Sous KADHAFI,
l'islam est la religion d'État. Ainsi, un peu comme le
Sénégal, la quasi-totalité de la population libyenne est
à 99% musulmane.
- Le Sénégal
La République du Sénégal se situe
à l'avancée la plus occidentale du continent africain dans
l'Océan Atlantique. Il est au confluent de l'Europe, de l'Afrique et des
Amériques, et à un carrefour de routes maritimes. D'une
superficie de 196 722 km2, il est limité au Nord par la
Mauritanie, à l'Est par le Mali, au Sud par la Guinée (Conakry)
et la Guinée Bissau, à l'Ouest par la Gambie et par
l'Océan Atlantique sur une façade de 500 km. En 2011,
la population du Sénégal est estimée à 12
855 15327(*)
habitants dont près du quart vit à Dakar sa capitale.
D'abord occupé par les Portugais (15ème
siècle), et les Français dès 1659, le
Sénégal acquiert son indépendance le 4 avril 1960.
Cependant, l'influence politique et économique de la France, ancienne
puissance coloniale, demeure très forte sur le pays. Depuis son
indépendance, il a tenté plusieurs unions avec quelques pays
ouest-africains, mais sans succès. C'était d'abord avec le Mali
avec lequel il forma une fédération le 20 juin 1960. Suite
à une mésentente entre Léopold SEDAR SENGHOR -
président du Sénégal - et MODIBO KEÏTA -
président du Mali-, le Sénégal va s'en retirer le 20
août 1960. Ensuite, le 17 décembre 1981, il signe un accord avec
la Gambie, faisant des deux pays une confédération, sur le nom de
« Sénégambie ». Elle échouera aussi en
1989.
Contrairement à la Libye, le Sénégal est
un pays moins loti sur le plan économique. En 2003 par exemple, l'aide
en direction de Dakar est estimée à 449 600 000 dollars. Celle-ci
aggrave sa dette externe d'autant qu'elle est l'une des plus
élevées sur le continent. Si l'on observe seulement la
période allant de 2006 à 2011, la dette publique
sénégalaise est allée crescendo. En 2006, elle
était de 16,30 % de son PIB. Depuis cette date, elle a vertigineusement
augmenté de 29,80% en 2009, 32,10% en 201028(*) et 36% en 201129(*). Cela entraîne un
incident sur le PIB par tête qui est de 494 871 FCFA en 2009, avec un
Indice de Développement Humain très bas de 0,499 FCFA30(*). En 2001, la population vivant
sous le seuil de pauvreté était de 54%. Cependant, le taux
d'analphabétisme qui est de 58,2% entre 2005 et 2006 a connu une
amélioration avec un taux de scolarisation passant à 92%. Car,
dans le but d'atteindre les Objectifs du Millénaire pour le
Développement (OMD), le Sénégal a affecté 40%
du budget de fonctionnement de l'Etat à l'Education.
Pays fortement islamisé, le Sénégal
compte plusieurs ethnies. Entre autres les Wolofs, les plus
représentés (40 %), les Pulaar (25 %), les
Sérènes (16 %), etc. Les Diolas (5 %) se retrouvent en
Casamance, mais aussi en Gambie et en Guinée-Bissau. Ils sont
majoritairement animistes et/ou chrétiens31(*). En dehors du français
qui est la langue officielle, le wolof est parlé par les trois-quarts de
la population sénégalaise.
Pour ce qui est des rapprochements concernant nos deux
acteurs, c'est précisément en 1984 que s'amorcent les rapports
libyo-sénégalais. Soucieuse de rompre son isolement diplomatique
d'autant plus dangereux que s'exacerbe la guerre avec les Etats-Unis, la Libye
s'affirmera disposée à aider le Sénégal dans la
lutte contre la sécheresse et lui fera un don alimentaire32(*).
Au regard de tout ce qui précède, nous avons
affaire à deux Etats africains qui s'engagent pour la construction de
l'UA. L'un la Libye, un « grand » pays et l'autre le
Sénégal, un « petit » pays. Selon GOLDHAMMER,
« le terme de « petit pays » semble
réservé aux grands pays avec une petite population, aux petits
pays avec une grande population, et accessoirement aux pays de n'importe quelle
taille pourvu qu'ils se contentent de s'occuper de leurs propres
affaires ».33(*)Comme nous le verrons d'ailleurs, les
potentialités et les faiblesses de ces deux pays justifient de
manière probante leurs actions pour la structuration de cette
organisation. Toutefois, pour saisir toutes les logiques que recèle
cette construction, nous avons fait appel à certains acteurs dont le
poids ne saurait être sous-estimé dans le processus. Cette
précision cardinale sur le choix et la connaissance des acteurs faite,
il reste à déterminer l'intérêt de cette
étude.
II-
INTERET DE L'ETUDE
Sur le plan heuristique, ce travail est riche d'un double
intérêt. D'abord, un intérêt socio-politique. Car, il
apporte une réponse rafraîchissante à ceux qui
s'intéressent de près comme de loin à l'évolution
actuelle de l'Union et au processus d'intégration des Etats et peuples
africains dans divers domaines politique, économique, social, etc.
Puisqu'il faut le relever, des idées reçues tendent à
admettre l'immobilisme du berceau de l'humanité dont on ne parle
généralement que lorsqu'il est en difficulté. Ensuite, un
intérêt académique. Ce travail s'inscrit avant tout dans le
cadre de la recherche fondamentale. Il émane de la curiosité du
chercheur néophyte que nous sommes de révéler comment les
acteurs étatiques construisent concrètement l'UA. Cette
perspective n'est que relativement analysée dans les travaux
antérieurs.
En effet, à l'image de l'OUA à laquelle elle a
succédé, l'UA ne cesse de déchaîner des passions
depuis sa création. Certains en parlent soit pour la tourner en
dérision, soit pour en relever les faiblesses. D'autres l'abordent pour
vanter ses mérites, mais à condition qu'elle atteigne les
objectifs qu'elle s'est fixée. Contrairement à ces derniers,
notre travail se révèle plus être un travail d'architecte.
Notre ambition étant de clarifier comment l'UA se construit davantage
à travers l'action du Sénégal et de la Libye. Etude qui
n'a pas encore été faite jusque-là. Pour s'en convaincre,
il est fondamental de passer en revue, mais sans exhaustivité aucune,
les travaux déjà réalisés sur l'UA.
D'entrée de jeu, citons l'ouvrage de Jean-Emmanuel
PONDI, Reine Afrique ou Racines de l'union africaine34(*) qui retrace sous la forme
d'une pièce théâtrale la naissance de l'OUA dans une
atmosphère électrique, puis de l'UA sommet après sommet.
L'on peut nettement apprécier le rôle de divers personnages dans
ce processus de transformation, en l'occurrence celui de l'acteur Kadhafi qui y
occupe une position centrale. Somme toute, cet ouvrage paraît
inachevé par rapport à notre projet. Car, il se limite non
seulement uniquement à la transformation de l'OUA en UA, mais aussi et
surtout, ne met pas suffisamment l'accent sinon sur d'autres acteurs
clés qui ont également contribué à cette
transformation, du moins sur le rôle de tous ces acteurs dans le
processus de construction de l'UA.
Ensuite, évoquons le mémoire de Djibril FOFANA ,
L'Union africaine et le projet des Etats-Unis d'Afrique : identification
et analyse des facteurs entravant la concrétisation de cet idéal
panafricain35(*),
qui revient sur un certain nombre de facteurs qui freinent la construction des
Etats-Unis d'Afrique à savoir le dépérissement de la
démocratie, les conflits armés et les divergences
idéologiques des acteurs en jeu. S'il est vrai que les Etats-Unis
d'Afrique sont l'objectif ultime des deux Etats dont les actions sont mises en
évidence dans notre étude, ce travail ne montre pas comment ces
Etats procèdent ou entendent procéder pour y parvenir.
D'où la nécessité d'insister sur cet aspect.
Nous pouvons également citer la thèse de DJUIDJE
KOUAM Reine, Les dynamiques de l'ordre international africain : un espace
d'interdépendance en mutation. Une analyse sociologique de la succession
de l'organisation de l'Unité africaine par l'Union
africaine36(*),
l'une des premières thèses soutenue sur l'UA. Elle traite
essentiellement du déroulement de la transformation de l'OUA en UA et
met en exergue les enjeux, les acteurs, les mécanismes et les
résolutions de cette mutation. Analyse pertinente, mais partielle aussi,
car antérieure à l'étude que nous menons, elle se limite
au rôle des acteurs de la mutation de l'OUA. Dans une perspective
constructiviste, il convient de montrer comment les acteurs ainsi
abordés construisent actuellement cette Union.
Nous ne saurons continuer cette lecture sans mentionner le
mémoire d'ESSONO Etiennette Ghislaine, La commission de l'Union
Africaine : entre ambition et réalité37(*), qui aborde un organe
spécifique de l'objet à savoir la commission de l'Union
Africaine, « clé de voûte » de l'organisation
qui souffre aussi bien des problèmes financiers que concurrentiels, tant
avec la présidence de l'Union qu'avec les chefs d'Etat membres.
Lesquelles difficultés ne lui permettent pas de mener à bien sa
mission pour une intégration économique, politique et sociale
réussie du continent africain. Dans le cadre de notre étude, nous
comptons aller au-delà de l'aspect purement organique qui, ainsi
abordé, réduit notre champ d'exploration.
Pour mettre un terme à cette revue de la
littérature, citons l'ouvrage de Guy MVELLE, L'Union Africaine.
Fondements, organes, programmes et actions38(*), qui analyse entre autres le contexte et les
codéterminants qui ont présidé à la création
de l'UA au détriment de l'OUA qui ne répondait plus aux nouvelles
exigences économiques et sécuritaires de l'heure et les raisons
du rejet par certains de ses pairs du projet fédérateur de
l'Afrique à l'image des États-Unis d'Amérique
proposé par Monsieur Kadhafi, qui aurait des allures
« calculatrices ». Parlant des limites de
l'organisation, l'auteur relève une kyrielle d'obstacles qui freinent le
processus d'intégration du continent à savoir le peu de cas fait
à l'endroit de la société civile qui joue pourtant un
rôle dans la résolution des conflits en Afrique, et à
l'idée de coopération décentralisée entre pays
africains issue des sommets de Windhoek, de Cotonou et de Maputo ;
l'acceptation sans conditionnalité des Etats au sein de l'Union et la
question du foisonnement des organisations sous-régionales. Enfin,
l'auteur étudie un projet phare comme le NEPAD (Nouveau
Partenariat pour le Développement de l'Afrique), mais sans donner plus
de précision sur ses fondateurs. A l'instar de nombreux travaux, ce
livre ne traite guère du rôle de tous les acteurs que nous
mobilisons dans le processus de construction de l'UA et encore moins des enjeux
qui les animent tel que nous comptons les aborder. C'est ce que nous comptons
mettre en évidence, pour mieux comprendre le comportement des acteurs
qui s'investissent pour cette organisation internationale africaine.
De tout ce qui précède, le constat est patent.
Les acteurs clés qui font de la construction de l'UA l'objet de leur
bréviaire quotidien restent sinon méconnus du moins très
peu abordés eu égard à leurs actions et stratégies
pour parvenir à une Union forte qui défende des
intérêts communs. Ce qui amplifie davantage notre soif de combler
ce manque par la réalisation des recherches sur la nouvelle voie que
nous balisons. L'essentiel de la tâche étant, comme l'a si bien
relevé SCHOPENHAUER, « de ne point contempler ce
que nul n'a encore contemplé mais de méditer comme personne n'a
encore médité sur ce que tout le monde a devant les
yeux »39(*). D'où la spécificité de notre
question.
III-
PROBLEMATIQUE
Selon Michel BEAUD, « la problématique
c'est l'ensemble construit, autour d'une question principale, [...] et des
lignes d'analyse qui permettront de traiter le sujet
choisi »40(*).
Elle est la partie intelligible d'un travail de thèse en ce sens qu'elle
est aussi importante que le cerveau pour un être humain ou le poste de
pilotage pour un avion de ligne41(*). A cet effet, la construction de l'UA par les Etats
nous amène à poser la question cardinale ci-après :
comment42(*) et pourquoi
le Sénégal et la Libye contribuent au processus de construction
de l'Union Africaine et quelles sont les contraintes auxquelles ils se
heurtent? Pour apporter une réponse à la question ainsi
posée, nous avons adopté une démarche scientifique.
IV-
DEMARCHE ADOPTEE
Toute recherche aspirant à se hisser au panthéon
des sciences passe forcément par une démarche que doit observer
le chercheur. Ce dernier doit prendre le temps de bien définir une
méthode adaptée à la fois à la discipline, au
sujet, à la matière de travail et à son approche. Les
sujets de Relations Internationales comme le nôtre, n'échappent
pas à cette règle. Dès lors, toute démarche
scientifique puise sa logique dans la méthode. Celle-ci s'entend selon
Madeleine GRAWITZ comme « un ensemble d'opérations
théoriques intellectuelles par lesquelles une discipline cherche
à atteindre les vérités qu'elle poursuit, les
dénombre, les vérifie »43(*). Dans cette
perspective, la scientificité de tout travail de recherche commande que
nous fassions impérativement recours aux techniques de collecte des
données et à un cadre théorique qui permette d'analyser
ces données. En ce qui concerne la théorie, elle se
définit comme « un ensemble de théorèmes
élaborés à partir de
l'expérimentation », comme « un ensemble de
généralisations reliées entre elles déductivement
et démontrables ou vérifiables »44(*).
A -
Techniques de collecte des données
Dans une recherche, la nature même des informations
qu'il convient de recueillir pour atteindre l'objectif commande les moyens
employés pour le faire. Selon GRAWITZ, on ne chasse pas les papillons
avec les hameçons, même si on peut admettre que l'on puisse
attraper, parfois, des poissons avec un filet de papillons45(*). Ainsi, diverses techniques
d'investigation nous ont permis de traiter notre sujet: la construction de l'UA
par les Etats. Nous avons ainsi eu recours à l'analyse documentaire, aux
entretiens et à l'analyse des objets.
1- La recherche documentaire
L'analyse documentaire est le procédé qui
consiste à rechercher dans divers documents les données qui
collent directement avec le sujet que le chercheur se propose de traiter. Cette
technique d'investigation nous a permis de collecter divers types de documents
desquels nous avons extrait les données utiles pour notre travail. Comme
le relève Maurice DUVERGER, il faut distinguer plusieurs sources de
documentation46(*). Nous
avons ainsi pu analyser : des ouvrages écrits par certains acteurs
ou personnalités47(*) dont les pays font l'objet de notre
préoccupation; des ouvrages réalisés sur l'UA et les
« Etats-Unis d'Afrique »48(*); des thèses, mémoires et articles de
revues spécialisées49(*) et ceux de presse ou de magazine; des rapports
produits dans le cadre des conférences organisées par
l'UA50(*); des documents
officiels51(*); des
documentations de sources électroniques (émissions de radio,
de télévision et divers sites Internet)52(*).
2- L'enquête sur le terrain
Selon Léon Festinger et Daniel KATZ, l'enquête
sur le terrain est un procédé d'investigation qui exige
« un contact direct avec les gens ou avec un échantillon
des gens dont les caractéristiques, les comportements ou les attitudes
constituent l'objet de la recherche »53(*). Cette technique nous a
permis de côtoyer les diplomates des pays impliqués dans le
processus de construction de l'UA ou tout simplement ceux qui sont
permanemment en contact direct avec l'institution panafricaine. Pour
l'essentiel, les entretiens ont été menés auprès
de l'Ambassade du Sénégal au Cameroun et auprès d'un
diplomate camerounais en service à l'Ambassade du Cameroun à
Addis-Abeba(Ethiopie). Il est à préciser que ce dernier a
également occupé des fonctions diplomatiques auprès de
l'Ambassade du Cameroun à Dakar au Sénégal.
3- L'analyse des objets
Les documents muets ou les objets constituent une
catégorie extrêmement hétérogène. L'on peut
entre autres y ranger les photos, l'architecture, les sculptures, les
vêtements, les tableaux, les desseins, les gravures, les statues, etc.
Ces objets constituent des symboles dont l'analyse et l'interprétation
sont susceptibles de fournir au chercheur en Science Politique et de plus en
plus en Relations Internationales des données ou des matières
à réflexion sur sa recherche. A cet effet, pour mieux comprendre
le comportement des acteurs impliqués dans le processus de construction
de l'UA, nous avons mis à contribution l'analyse du sens que produisent
par exemple la statue de la renaissance africaine érigée à
Dakar, certaines photos etc. Ce qui constitue ce que les sociologues
désignent à la suite de DURKHEIM sous le vocable
« des relations sociales
cristallisées »54(*).
B-
L'usage des théories
Il semble évident qu'une théorie à elle
seule ne puisse être en mesure d'expliquer l'ensemble des aspects de la
dynamique du processus de construction de l'UA, tel que nous envisageons de
l'étudier. A cet effet, Steven WEINBERG précise qu'on ne saurait
rêver d'une « théorie finale » (Dreams of
a final theory) dans la mesure où « la chose la plus
importante pour le progrès (de la science) n'est point de décider
qu'une théorie est vraie, mais qu'elle est sérieusement prise en
considération » 55(*). Alors, trois théories savamment
opérationnalisées nous ont permis d'analyser non seulement
comment l'UA se construit à travers les actions et interactions des
Etats africains choisis, mais aussi et surtout de déceler les
motivations sinon collectives, du moins individuelles que recèle
l'engagement des acteurs dans ce processus de construction. Il s'agit du
constructivisme(1), du multilatéralisme(2) et de l'interaction
stratégique(3).
1-Le constructivisme
Le constructivisme est une des approches les plus
récentes parmi les théories de l'intégration en relations
internationales contemporaines. C'est au cours des années 1980 et 1990
que l'on observe son essor avec la fin du monde bipolaire sous l'impulsion des
chercheurs comme Nicholas ONUF56(*), Friedrich KRATOCHWIL57(*) John RUGGIE58(*), ou encore Alexander Wendt59(*). Le « tournant
constructiviste » (constructivist turn)60(*) a permis l'émergence de
nombreuses recherches empiriques qui sont venues enrichir cette approche,
notamment sous l'angle de l'institutionnalisme sociologique. Elles portent par
exemple sur l'impact de normes morales comme les droits de l'Homme, les droits
des minorités, sur le rôle de la socialisation dans les
organisations internationales, de la diffusion des cultures administratives, de
l'application ou de la résistance des acteurs à une norme
internationale.
Le constructivisme cherche à comprendre l'origine et le
sens des relations internationales en explorant des approches sociologiques
négligées par les néo-réalistes et les
institutionnalistes néolibéraux. Par constructivisme, il
faut entendre cette intuition fondamentale qu'en relations internationales,
« les idées, les identités, et les
intérêts des acteurs sont socialement
construits »61(*). Pour scruter cette construction sociale de la
« réalité », les tenants de ce
courant mettent en relief les trois postulats62(*) ci-après:
- l'environnement dans lequel les acteurs agissent est autant
social que matériel ;
- ce cadre permet aux acteurs de déterminer leurs
intérêts ;
- la perception que les acteurs ont des valeurs et des normes
change au gré des circonstances historiques particulières et avec
le temps .
C'est cette logique qui a justifié le choix du
constructivisme comme théorie de prédilection dans l'analyse de
la construction de l'UA par les Etats. Car, comme le rappelle ONUF, le
constructivisme est d'abord « une façon
d'étudier les relations sociales, n'importe quelles relations
sociales », à partir de l'hypothèse des
« êtres humains comme êtres
sociaux »63(*). C'est-à-dire les objets tels
« l'argent, la souveraineté, les droits n'ont pas de
réalité matérielle mais n'existent que parce qu'un
ensemble de personnes croient qu'ils existent et agissent en
conséquence, est donc moins une théorie per se des relations
internationales qu'une théorie sociale sur laquelle fonder des
théories de la politique internationale »64(*). Le succès de cette
théorie dans l'élargissement des contours des relations
internationales est lié à son approche sociologique explicative
et novatrice de la politique internationale. Ainsi, elle nous a permis de
démontrer que :
- l'UA n'est pas d'abord. Elle est avant tout une
construction qu'impulsent les acteurs, laquelle leur permet de se positionner
sur la scène africaine et internationale ;
- le réalisme de la volonté politique des Etats
africains impliqués dans ce processus relève de la
résurgence du discours panafricaniste véhiculé depuis des
siècles par les « pères
fondateurs » ;
- les valeurs et normes communes construites autour du
débat sur l'identité culturelle, le développement
socio-économique et politique des peuples d'Afrique bâtissent la
consolidation de ce discours unificateur.
Au-delà de cette théorie, se profile une autre
clé d'analyse et de compréhension de la construction de l'UA sous
l'angle holistique qu'est le multilatéralisme.
2-
Le multilatéralisme
Le multilatéralisme consiste pour les Etats
à élaborer collectivement les règles régissant
leurs relations et à conduire des politiques concertées. Il
s'oppose au bilatéralisme dans lequel chaque Etat négocie des
arrangements particuliers avec chacun de ses partenaires pris un à un,
ainsi qu'à l'unilatéralisme dans lequel chaque Etat conduit sa
politique hors des instances de concertation sans tenir compte de l'avis des
autres Etats65(*). Comme
posture de pure négociation, il relève d'un paradigme
idéologique, la dimension démocratique, ayant pour but la
compétition pacifique et l'intégration des puissances
interétatiques dans les organisations de la gouvernance
internationale66(*). La
pratique du multilatéralisme, contribuant à la stabilité
internationale, appartient aux courants intellectuels que la théorie
range parmi les « régimes internationaux »67(*), situés à
l'intersection de la société internationale (ou anarchique) et de
la société interétatique (ou policée). Il s'agit
d'un mécanisme imparfait qui est investi de vertus positives et
principalement de celle de favoriser la conduite des affaires internationales,
en vue de solutions et de compromis partagés et élargis.
En réalité, l'avènement du
multilatéralisme marque la preuve de l'incapacité des Etats
à défendre unilatéralement leurs intérêts.
Dans ce sens, « les normes, principes, et institutions
multilatéraux revêtent un caractère superstructurel et leur
raison d'être est d'aider un groupe d'Etats à réaliser
leurs buts communs »68(*). La complexification de la société
internationale africaine et les défis auxquels les Etats font face les
obligent donc instantanément à agir ensemble. Aujourd'hui par
exemple, les questions récurrentes, liées à
l'environnement, la faim, les maladies infectieuses et les guerres en Afrique,
appellent tous les acteurs à une plus grande coopération, sur le
continent au sein d'une institution supranationale pour les endiguer. Cette
théorie nous interpelle d'autant que dans un continent en quête de
développement, la construction multilatérale enseignerait aux
Etats africains comment entretenir des relations harmonieuses et surtout,
comment maximiser leurs profits et minimiser les risques issus des
nationalismes périmés. L'UA, constituerait donc un avantage pour
les Etats d'Afrique. Ceux-ci n'y pouvant agir efficacement que dans la mesure
où ils s'engagent à respecter les principes multilatéraux
qui, selon Gérard RUGGIE, sont au nombre de trois69(*) :
- le principe de non-discrimination qui fait obligation aux
Etats de s'acquitter des devoirs qu'ils ont contractés en commun
à l'endroit de tout autre Etat signataire du groupe ;
- le principe d'indivisibilité. Car, Selon Marie-Claude
SMOUTS, le multilatéralisme est un discours qui n'a pas seulement une
valeur descriptive mais qui exprime également un projet politique. Le
multilatéralisme véhicule une valeur, un constat et un
projet : la valeur « universaliste » postule
l'égalité et l'unité ; le constat relève
l'indivisibilité de l'espace : le territoire des Etats
s'avère désormais trop étroit pour traiter des
problèmes communs ; le projet consiste à
« construire du sens commun » entre tous les
acteurs insérés dans les mécanismes de construction
multilatérale 70(*) ;
- Le principe de réciprocité, qui instaure
l'application des accords sous réserve de leur application par d'autres
parties.
Le multilatéralisme est donc un « pacte
social »71(*). A cet égard, les Etats se posent la question
de savoir comment sortir de l'état de nature, de la jungle à
l'état de culture, à la société. L'un de ses
principes reposant sur l'égalité, il exige que tout pole de
pouvoir soit contrôlé.
Cette théorie nous a permis de montrer que la pratique
multilatérale à l'issue de laquelle est née l'UA permet
aux Etats d'élaborer collectivement des règles gouvernant leurs
relations et à penser des actions concertées sur les domaines
politique, économique, socio-culturel et environnemental. Preuve que la
région s'impose comme le niveau approprié pour l'action et
le multilatéralisme y constituant le scénario
préférable pour aborder les problèmes communs. Une autre
clé d'étude de cette construction a partie liée avec
l'analyse stratégique.
3- L'interaction stratégique
En termes globaux, l'interaction stratégique
caractérise « une situation dans laquelle chaque acteur
se comporte stratégiquement dans la perspective d'atteindre son ou ses
objectifs, en présence d'autres acteurs qui se comportent exactement de
la même manière »72(*). Dès lors, la construction de l'UA par les
Etats nous invite à relever que chaque acteur entre en interaction avec
les autres dans un jeu sous-tendu par des enjeux multiples. Car, d'après
cette approche, « une organisation est le royaume des relations
de pouvoir, de l'influence, du marchandage, et du calcul »73(*) ; la
société étant considérée comme
« la somme des interactions des individus et des
groupes »74(*).
Pour mieux ressortir l'analyse stratégique qui se
dessine dans ces relations d'interdépendance, Jacques ROJOT propose
à la suite de Michel CROZIER une grille analytique
élaborée sous le vocable de concepts fondamentaux. Ce sont :
l'acteur, ses objectifs, ses ressources, les contraintes auxquelles il se
heurte, et enfin sa stratégie75(*). Herbert BLUMER a ainsi élaboré trois
principes76(*) de
l'interaction stratégique systématisés comme
suit :
- les acteurs agissent à l'égard des objets
aussi bien que d'autres acteurs sur la base du sens que ces objets et acteurs
ont pour eux ;
- ce sens est dérivé ou provient des
interactions de chacun avec autrui ;
- c'est dans un processus d'interprétation mis en
oeuvre par chacun dans le traitement des objets rencontrés que ce sens
est manipulé et modifié.
L'originalité de cette approche dans l'analyse de la
construction de l'UA réside en ceci qu' « une
organisation, de par son existence, crée un système complexe
d'interactions latentes potentiellement ouvertes aux acteurs qui y sont
impliqués, et que, les acteurs ainsi en interaction cherchent à
en profiter pour définir et interpréter leur rôle de la
manière la plus conforme à ce qu'ils perçoivent être
leurs intérêts »77(*).
Les théoriciens interactionnistes qui se focalisent
sur son processus l'envisagent comme « une communication
réciproque et immédiate entre deux ou plusieurs individus et le
rôle que jouent les symboles dans la production de sens à cette
communication humaine »78(*). Dans une perspective interactionniste, le symbole
représente une stratégie de communication qu'usent certains
acteurs pour amener d'autres à modifier leur comportement. Dans ce
travail, nous avons montré comment la nourriture ou de l'argent
offerts à certains acteurs, un don, une posture adoptée, des
valeurs partagées79(*), peuvent changer le comportement des autres acteurs
impliqués dans ce processus de construction. Jacques ROJOT réduit
cette communication interpersonnelle au
« langage »80(*) qui détermine la perception que les uns ont
envers les autres et envers les « objets sociaux ». Ces
éléments qui font partie de l'environnement de l'individu sont en
interaction avec lui et ils se déterminent l'un l'autre81(*). COOLEY H. Charles et Herbert
MEAD GEORGE constatent à cet effet que « nous n'aurions
pas d'identité (a self) possible sans communication avec les
autres82(*) (generalized
other) .
En substance, l'interaction stratégique nous a permis
de mettre en évidence une situation où chaque acteur agit dans
l'Union et se comporte en fonction des autres
« joueurs ». Car c'est en abordant ce sujet par
cette théorie qu'on peut mieux saisir pourquoi les acteurs se
comportent de telle ou telle manière, afin d'atteindre leurs objectifs
tant au sein de l'organisation que sur le plan international. Cette grille
analytique nous a permis de formuler notre hypothèse de travail.
V-
HYPOTHESE DE TRAVAIL
L'hypothèse peut être considérée
comme une réponse anticipée que le chercheur formule à sa
question spécifique de recherche. Madeleine GRAWITZ la considère
comme « une proposition de réponse à la question
posée »83(*). A cet effet, elle tend à formuler une
relation entre des faits significatifs. En rapport avec notre question
fondamentale, notre hypothèse est la suivante : la Libye et le
Sénégal se distinguent comme deux acteurs décisifs dans le
processus de construction de l'UA de par leurs actions multiformes. Parfois
entravées par diverses contraintes, leurs actions et interactions
construisent en même temps leurs enjeux et ceux de leurs
porte-paroles.
Au regard de ce qui précède, nous avons
organisé notre travail autour des deux parties ci-après :
PREMIERE PARTIE :
LA LIBYE ET LE SENEGAL : DEUX ACTEURS DETERMINANTS
DANS LE PROCESSUS DE CONSTRUCTION DE L'UNION AFRICAINE.
SECONDE PARTIE :
LA LIBYE ET LE SENEGAL : DEUX ACTEURS AUX ACTIONS
MOTIVEES PAR DE MULTIPLES ENJEUX MAIS SOUVENT ENTRAVEES PAR DIVERSES
CONTRAINTES.
PREMIERE PARTIE:
LA LIBYE ET LE SENEGAL: DEUX ACTEURS DETERMINANTS DANS LE
PROCESSUS DE CONSTRUCTION DE L'UNION AFRICAINE
Certains auteurs ont identifié la fin de la guerre
froide comme la période par excellence du
« décentrement de l'honneur des
Etats » 84(*), l'une des variables explicatives des
espaces de sens régionaux. De fait, la clairvoyance des hommes
politiques face aux grands enjeux mondiaux a permis de percevoir que les Etats
ne pouvaient plus seuls résoudre les problèmes qui
dépassaient désormais le stricte cadre national. C'est alors
qu'ils ont pensé à déléguer certains pouvoirs qui
ressortissent normalement de leur compétence aux structures
supranationales construites ensemble. Ce
« néo-régionalisme »85(*) qui a également
touché l'Afrique par la création d'une organisation
internationale continentale à l'instar de l'UA réside à
vrai dire en l'incorporation de dimensions plurisectorielles.
Loin du « panafricanisme
messianique »86(*) dont était marquée l'OUA, l'UA
apparaît selon MWAHILA TSHIYEMBE comme une « projection du
réel dans le futur qui est déjà dans notre
présent »87(*). Sans doute, aucun développement
économique, politique, social, technologique ou culturel n'étant
aujourd'hui efficacement pensable à l'intérieur des micro-Etats
africains eux-mêmes très fragilisés - conflits intra et
inter-étatiques, faiblesse économique quasiment
généralisée, crises socio-politiques persistantes -, les
frontières des pays d'Afrique autrefois infranchissables semblent
progressivement remises en cause rendant quasiment désuète le
paradigme westphalien de l'opposition entre « l'intérieur
et l'extérieur »88(*). Comme l'a souligné Laurent ZANG, avec
l'Acte constitutif de l'UA, « les pays africains de l'OUA ont
enfin décidé de franchir le Rubicon pour se libérer des
pesanteurs du passé en procédant à une
déstructuration/restructuration »89(*) de l'organisation
panafricaine. Cela a ouvert la voie à la naissance d'un embryon de
multilatéralisme. Car, en référence à Edmund Burke,
le contexte international devenu de plus en plus contraignant,
« ne peuvent agir avec fruit ceux qui n'agissent de
concert ; en confiance et liés par des opinions communes, des
affections communes et des intérêts communs ».
Cette nouvelle dynamique sur le continent africain est en réalité
portée par quelques Etats. Ces derniers essayent d'imprégner
leurs marques par des actions diverses afin qu'à partir d'une
construction régionale, les pays africains sortent sinon rapidement, du
moins progressivement de leur isolement et de leur marginalisation
quasi-généralisée90(*). Parmi ces acteurs, figurent un Etat pivot la Libye,
tête de proue dans la construction de l'UA (chapitre 1), et le
Sénégal qui s'affirme comme le défenseur acharné
de cette Union (chapitre2).
CHAPITRE I:
LA LIBYE, TETE DE PROUE DANS LA CONSTRUCTION DE L'UNION
AFRICAINE
Récusant la vision réaliste selon laquelle
« le monde étant ce qu'il est », il faut se
contenter de l'étudier « tel qu'il est »,
le projet constructiviste postule que le monde « n'est
pas », mais se construit socialement. C'est-à-dire,
« un processus en devenir, qui change, se transforme en permanence,
au gré des pratiques sociales les plus
diverses »91(*). Dans cette perspective, ce sont des acteurs
« bien placés » qui peuvent influencer leur
environnement. Possédant les capacités nécessaires, ils
peuvent répandre leurs convictions et les placer dans le contexte
institutionnel. Ils les rendent alors compréhensibles et donc
opérationnelles92(*). C'est à l'image de ce postulat
constructiviste que, sous la houlette de son leader le Guide de la Jamahiriya
Arabe Libyenne Populaire Socialiste, l'OUA va se lancer sur les rails d'un
nouveau départ. Rien n'étant donné, il sera effectivement
question, dans ce chapitre, de montrer d'une part que l'UA est un fruit de
l'imagination libyenne qui l'a initiée (section I), et d'autre part que
cet Etat mobilise des ressources tant financières que diplomatiques pour
sa construction (section II).
SECTION I: L'INITIATEUR DU PROJET D'UNION
L'un des éléments importants dans l'approche
constructiviste repose sur la « fenêtre
d'opportunités »93(*) (Windows of opprtunities). Ce précepte
postule que les normes fixées sont remises en cause de sorte qu'elles
soient susceptibles de changer. Ainsi, le retour de la Libye sur la
scène africaine peut être considéré comme le moment
de la remise en cause de l'OUA. Réunis au 34ème sommet
de Ouagadougou (Burkina Faso) du 8 au 10 juin 1998, les chefs d'Etat
décident d'une levée unilatérale mais partielle de
l'embargo aérien imposé par le Conseil de sécurité
de l'ONU en avril 1992 contre la Libye94(*). Un an plus tard, lors de la Conférence des
chefs d'Etat de l'OUA tenue à Alger du 12 au 14 juillet 1999, ces
derniers décideront du « retour en
grâce »95(*) de la Libye au sein de l'organisation panafricaine.
C'est en reconnaissance de ces divers soutiens que le Guide de la Grande
Jamahiriya Arabe Libyenne inspirera les sommets fondateurs de l'UA (I) à
laquelle son pays va proposer une forme et des structures (II).
PARAGRAPHE I - L'ORGANISATION DES SOMMETS FONDATEURS
En septembre 1998, la Libye annonce officiellement l'abandon
du panarabisme au profit du panafricanisme. Liant la parole à l'acte, le
président Kadhafi va convoquer plusieurs sommets extraordinaires
à l'issue desquels va naître l'UA. Il s'agit du
4ème sommet extraordinaire de l'OUA lors de sa
35ème session (A), puis de la convocation d'une session
extraordinaire des ministres des Affaires étrangères et du
5ème sommet extraordinaire de l'OUA dit Syrte II (B).
A- La convocation du 4ème sommet
extraordinaire de l'OUA lors de sa 35ème session
Après sept années d'embargo, la Libye
bénéficiait d'un retour au sein de l'organisation panafricaine.
Elle profitera du sommet d'Alger auquel elle a participé pour
introduire une motion portant sur la rénovation de l'OUA(1), laquelle
suggestion va évoluer pour aboutir à la création de
l'UA(2).
1- L'invitation des chefs d'Etat et de gouvernement
lors du 35ème sommet d'Alger
La Libye est l'Etat par lequel l'urgence d'une UA forte est
revenue comme thématique majeure à l'ordre du jour lors de la
conférence des chefs d'Etat et de gouvernement d'Alger en 1999. Lors de
ce sommet auquel il prend part dix-huit années après
sa dernière participation à un sommet panafricain, l'Etat libyen
annonce son intention d'organiser un sommet extraordinaire de l'OUA.
Convoqué en marge du sommet de la francophonie prévu à
Moncton au Canada du 3 au 6 septembre 1999, plusieurs chefs d'Etat africains,
même les plus fidèles des sommets francophones à savoir le
Togolais GNASSIMBE E.EYADEMA, le Gabonais Omar Bongo, et le
Sénégalais Abdou Diouf, qui avaient longtemps
hésité, décideront enfin de boycotter Moncton pour se
rendre à Syrte96(*). C'était là le début de
l'affirmation
des intérêts
du continent qui devaient par-dessus tout primer sur des considérations
d'ordre secondaire. Les chefs d'Etat ayant pris la résolution de ne pas
abandonner la proie pour l'ombre.
Toujours à l'initiative du maître des
« fusions avortées » comme d'aucuns se sont plus
à le qualifier, ou encore du
« pestiféré » selon l'Occident,
plusieurs autres défections de Moncton furent enregistrées. Cette
fois-ci venant de la Cen-Sad 97(*)(Communauté des Etats Sahélo-Sahariens)
d'autant que l'objet figurant à l'ordre du jour du sommet libyen
n'était pas sans intérêt pour le continent. C`est ainsi
qu'à la clôture du sommet d'Alger, les chefs d'Etat avaient
vaguement convenu sous l'impulsion de la Libye que l'un des objets de cette
rencontre extraordinaire portera sur « le lancement d'une
nouvelle initiative unitaire sur le continent ». Du coup, le
président Kadhafi a annoncé son intention de mettre sur pied de
nouveaux mécanismes de financement purement africains. A la suite de
cette invitation, les chefs d'Etat ont eux-mêmes découvert qu'il
faut changer l'OUA ; adapter ses structures de manière à ce
qu'elle puisse faire face aux nouveaux enjeux de la mondialisation qui n'a
d'égard au sentimentalisme, et auquel n'échappent aucun pays et
aucune région du monde.
A la rencontre de syrte, la Libye va proposer la mise sur pied
d'une nouvelle Union après 35 années d'existence d'une OUA
désuète dont elle était l'un des Etats fondateurs.
2- Le plaidoyer pour la création d'une
UA
Initialement prévu pour se tenir à
Tripoli98(*), le sommet
extraordinaire de l'OUA initié par la Libye aura finalement lieu du 6 au
9 septembre 1999 dans la ville mythique de Syrte. En effet, par son retour sur
la scène africaine, l'objectif de la Libye est de jouer un rôle
moteur dans le décollage économique et politique du
continent99(*). Sous
l'aiguillon du colonel KADHAFI et conformément à l'invitation
adressée aux chefs d'Etat et de gouvernement lors du sommet d'Alger, 43
représentants d'Etats africains vont se réunir à Syrte.
Lors de ce sommet, la seule question inscrite à l'ordre du jour
était la suivante : « comment renforcer la
capacité de l'Afrique à faire face aux défis du nouveau
millénaire ? ». A cette occasion
particulière, le Guide de la Jamahiriya arabe libyenne propose le
passage immédiat à une Union Africaine100(*). Pour la
Libye « l'Afrique doit s'unir. Il n'y a pas de temps
à perdre »101(*). En faveur de l'insertion de l'Afrique dans le
3ème millénaire, la Libye présente à ses
pairs un projet d'une « Union Forte »102(*), c'est-à-dire
dotée de pouvoirs supranationaux. Comme l'a expliqué
l'ancien secrétaire général de l'OUA, Salim Ahmed Salim,
« les objectifs recherchés par le président Kadhafi
en organisant ce sommet étaient d'aller plus vite dans l'application du
traité d'Abuja »103(*). Surpris par la proposition libyenne de passer
immédiatement et sans autre forme de procédure à une Union
continentale, les Etats choisiront prudemment de différer leur
réponse. C'est alors qu'à Syrte, les Africains devaient une fois
de plus se contenter d'une déclaration finale empreinte d'un bon sens
diplomatique comme ils en ont eu l'habitude depuis 1963 au moment de la
création de l'OUA : « nous, chefs d'Etat et de
gouvernement de l'Organisation de l'Unité Africaine décidons de
créer l'Union Africaine [...] et d'accélérer la mise en
oeuvre du Traité d'Abuja. Nous donnons mandat au conseil des ministres
de l'OUA et à son secrétaire général de mettre en
application ces décisions en nous soumettant leur rapport avec un projet
d'Acte constitutif au XXVIe sommet de l'OUA (du 10 au 12 juillet à
Lomé) »104(*). C'est en ces termes que les dirigeants du
continent, réunis à Syrte, en 1999, décidaient de
construire une UA supposée être l'aboutissement logique de la
communauté au stade suprême.
Mais, à peine existe-t-elle symboliquement que la
nouvelle UA est accusée par la Libye d'être phagocytée par
certains Etats qui n'entendent pas faire d'importantes réformes pour que
l'on sorte définitivement de l'orée de l'OUA. C'est ce qui
explique la convocation d'une session extraordinaire des ministres des Affaires
étrangères de l'OUA à Tripoli. Cette session marquera la
prise des décisions importantes avant de donner lieu à la
naissance de l'UA à Syrte en mars 2001 après l'ultime
étape de Lomé.
B- La convocation d'un conseil extraordinaire des
ministres et du 5ème sommet extraordinaire de
l'OUA
En prélude à la
préparation du sommet de Lomé, l'invitation des ministres
à Tripoli avait pour but d'éviter la reproduction servile de
l'OUA(1) que la Libye voulait à tout prix voir mourir effectivement.
Cette étape s'étant soldée par quelques victoires qui
allaient se muer en conflits à Lomé, la Libye prendra
l'initiative d'organiser un sommet extraordinaire en mars 2001 à Syrte.
Ce dernier à permis de réconcilier certains protagonistes et
donné naissance à l'UA (2).
1- L'invitation des ministres des Affaires
étrangères à Tripoli, éviter la reproduction de
l'OUA
Si la déclaration des chefs d'Etat et de gouvernement
restait floue quant à la forme à donner à l'Union
proposée par la Libye, un calendrier avait néanmoins
été adopté quant au processus de mise en place de
l'Union. Il prévoyait trois étapes principales à savoir
l'adoption de l'Acte constitutif de l'Union en juillet 2000 au Togo, puis sa
ratification par les Etats et enfin la création solennelle de l'Union en
2001. Mais seulement, et contre toute attente, le Guide El Fateh convoquera une
session extraordinaire du Conseil des ministres des Affaires
étrangères de l'OUA pour la fin du mois de mai 2000. Constatant
que les experts et les parlementaires choisis par l'OUA à la suite de
Syrte I avaient proposé un projet passablement vague, au pire une
« OUA bis »105(*) à peine rafistolée, KADHAFI va
prendre l'initiative de réunir en Libye un Conseil des ministres des
Affaires étrangères. L'objectif est d'éviter de tomber
servilement dans le piège d'une Union Africaine faible.
Mais comme l'a rapporté le correspondant de Jeune
Afrique, les débats étaient houleux. «Jusqu'à la
veille de la clôture des travaux, l'impasse était totale,
déclare Salim Ahmed Salim. Nous étions face à un
véritable casse-tête, tant un compromis semblait impossible entre
les partisans d'une Union forte et ceux qui souhaitaient ne rien
faire... »106(*). La Libye paraissait en effet seule..
Même plusieurs pays « amis » :
Sénégal, Mali, Algérie, Tunisie, Ghana, Libéria,
Soudan, Tchad, Togo..., étaient hostiles à une UA souveraine.
L'Afrique du Sud, le Nigeria et la Côte d'Ivoire l'étaient encore
plus. Il fallait un « sauveur ». Ce fut le
président Abdoulaye Wade qui, en visite officielle à Tripoli,
s'est adressé de manière impromptue du 1er au 2 juin
aux ministres des Affaires étrangères. Ce discours inattendu
retournera complètement la situation en leur donnant un
éclairage: « comme tous les Africains,
déclare-t-il, je rêve d'une Afrique sans frontières, mais
je veux être réaliste. Si tout le monde n'était pas
d'accord, il ne fallait pas lancer une si grande idée. Vous avez une
grande responsabilité vis-à-vis de l'Afrique et de son avenir.
Si vous échouez, tout le monde paiera l'addition. On dira : les
Américains ont les Etats-Unis, les Européens ont l'Union
Européenne, mais les Africains sont incapables de faire une Union
Africaine. Il nous faut sortir avec quelque chose »107(*). A la suite de cette
allocution, les ministres parviendront, au sortir du Conseil à
l'adoption du texte qui a conduit à ce qu'on nomme aujourd'hui :
« consensus minimal de Lomé », ce au prix de longues et
d'âpres discussions. Inachevé, ce traité fera l'objet
d'autres débats à Lomé.
Dans la capitale togolaise, les chefs d'Etat ont
officiellement discuté de la mise en oeuvre de la déclaration de
Syrte approuvée un an plus tôt, du projet d'Acte Constitutif de
l'UA et du parlement panafricain proposé par la Libye et approuvé
le 3 juin à Tripoli par les ministres des Affaires
étrangères. Au terme des discussions, la résolution
AHG/1219 (XXXVI) créant l'UA est adoptée. La signature de son
Acte constitutif par certaines délégations africaines
présentes à Lomé va marquer un évènement
majeur dans les relations internationales africaines en ce sens qu'elle a
confirmé la tendance vers une « OUA rénovée
et redynamisée »108(*).
Cependant, les dissensions débutées à
Tripoli avaient émaillé le sommet de Lomé. Certaines
délégations ayant même quitté le Togo avant la fin
du sommet. Pour surmonter ces discordes, l'Etat libyen invitera les chefs
d'Etat à participer au 5ème sommet extraordinaire de
l'OUA à Syrte.
2- L'invitation des chefs d'Etat et de gouvernement au
5ème sommet extraordinaire de l'OUA et la naissance de
l'UA
Du 1er au 2 mars 2001 à Syrte, se
déroule le « sommet du
siècle »109(*). A l'initiative une fois de plus du leader libyen,
Mouammar Kadhafi, une quarantaine de chefs d'Etat et de gouvernement
participent au 5ème sommet extraordinaire de l'OUA à
Syrte. En effet, la foire d'empoigne à l'occasion du 36
ème sommet de l'OUA avait rapidement permis de percevoir le climat
délétère qui avait plané dans l'atmosphère.
C'est pour trouver un consensus que la Libye va organiser ce
énième sommet extraordinaire. Trois points essentiels vont guider
notre analyse pour rendre compte des objectifs de cette rencontre. D'abord, il
s'agissait pour la Libye de convaincre les Etats réticents et les
belliqueux afin qu'ils signent l'Acte constitutif. Ensuite, faire adopter
certains projets tout en inspirant d'autres. Et enfin lancer solennellement
l'UA.
En ce qui concerne la première articulation, de
nombreuses discordes rappelant les rivalités qui avaient conduit
à la naissance de l'OUA en 1963 ont refait surface à Lomé.
Ici, quatre types de comportements110(*) avaient été décelés.
Premièrement, le lieu de la tenue du 36ème sommet
(Togo) avait amené certains chefs d'Etat à le boycotter. En
raison des présumés liens particuliers existants entre le chef
d'Etat togolais, Etienne GNASSIMBE EYADEMA, et le leader de l'Union Nationale
pour l'Indépendance Totale de l'Angola (UNITA) Jonas Savimbi, un bon
nombre de dirigeants africains décidèrent de ne pas faire le
déplacement de Lomé. Car, tous accusaient le Togolais
d'être à l'origine de la déstabilisation de leurs pays par
le soutien apporté à la rébellion angolaise l'(UNITA). Il
s'agissait de l'Angolais José Edouardo DOS SANTOS, du Namibien Sam
NUJOMA et du Congolais Laurent Désiré KABILA.
Deuxièmement, certains chefs d'Etat étaient
absents pour diverses raisons. Entre autres le Kényan Daniel Arap Moi,
le libérien Charles TAYLOR, le Zimbabwéen Robert MUGABE, le
soudanais Omar EL-BECHIR et bien entendu l'Egyptien Hosni MOUBARAK et le
Tunisien ZINE EL-ABIDINE Ben Ali.
Troisièmement, la catégorie des chefs d'Etat qui
étaient déclarés persona non grata par leurs pairs en
application d'une résolution du 35ème sommet d'Alger
en 1999. Résolution issue de la motion111(*) déposée par le président
nigérian Olusegun OBASSANJO et soutenue par son homologue sud-africain
Thabo MBEKI, interdisant à tout régime
« anti-constitutionnel » donc issu d'un coup d'Etat de se
faire représenter au sommet de l'organisation. Il s'agissait de
l'Ivoirien Robert GUEI, du Comorien Azali ASSOUMANI et du Nigérien
Daouda MALAM WAMKE. En quatrième lieu, certains chefs d'Etat, non
satisfaits de la proposition libyenne avaient quitté Lomé sans
signer l'Acte constitutif, qui plus est, avant la fin du sommet.
C'est pour pallier ces désaccords entre les chefs
d'Etat qui se regardaient en chiens de faïence d'une part et entre
partisans du projet libyen et ceux qui prônaient une approche prudente,
conduits par l'Afrique du Sud et le Nigeria, d'autre part que le sommet de
Syrte de mars 2001 va entrer dans les lettres d'or des relations
internationales africaines112(*). Car, à l'occasion de ce
« sommet historique »113(*), le traité de
création de l'UA est adopté et « la
nouvelle Union est solennellement
proclamée »114(*). A cette circonstance particulière, le
colonel KADHAFI prendra la parole pour inviter ses pairs à une plus
grande unité pour le développement du continent:
« voici cinq siècles que notre beau continent est
pillé et exploité par des puissances extra-africaines, mais il
demeure immensément riche. Ceux qui ont cru que, entre
1960 et aujourd'hui l'Afrique était devenue indépendante se sont
lourdement trompés, la véritable indépendance est
économique » 115(*).
A la suite de cette conférence, on connaîtra une
adhésion massive des Etats à l'Acte constitutif qui entrera en
vigueur après la signature du 36ème Etat soit les 2/3
des membres requis. En outre, c'est lors de ce sommet qu'a été
adopté le projet du parlement panafricain, une innovation majeure de
l'organisation naissante. Enfin, les chefs d'Etat seront appelés
à présenter une première mouture des projets de
développement connus aujourd'hui sous la dénomination NEPAD
(Nouveau Partenariat pour le Développement de l'Afrique). Quatre
mois après Syrte II, c'est-à-dire du 9 au 11 juillet 2001, aura
lieu à Lusaka en Zambie le 37ème sommet de l'OUA et le
dernier du genre. Porté par élection par les chefs d'Etat
à la tête du Secrétariat Général de l'OUA, le
diplomate ivoirien Amara ESSY aura un mandat intérimaire
précis : assurer dans une période de 12 mois la transition
de l'OUA à l'UA. Pendant son mandat qui sera prorogé d'un an,
cette fois-ci en tant que `'Président intérimaire'' de la
nouvelle Commission instituée par l'Acte constitutif de l'UA, il mettra
sur pied des institutions importantes pour le fonctionnement de l'UA116(*). C'est donc du 8 au 12
juillet 2002 à Durban que l'UA existera enfin dans les
« faits »117(*). « Une ironie (positive) de
l'histoire», avait estimé Yamed Ben BECHIR qui, saluant
tout de même l'initiative, constatait que l'UA devait avoir du mal
à embarquer tous les 52 Etats du continent pour l'objectif ultime qui
est de créer une supranationalité africaine. L'Union qui voit le
jour à Durban a mal à sa forme. Ses structures et politiques
publiques régionales dans le sens de la Libye, partisane de la
fédération, restent imprécises, voire inexistantes. De
nombreuses propositions vont être faites par ce pays.
PARAGRAPHE II - LA PROPOSITION D'UNE FORME, DES STRUCTURES ET
DES POLITIQUES PUBLIQUES REGIONALISEES
Les tentatives libyennes de construction d'une Union en
Afrique sont largement inspirées du projet fédéraliste de
Nkrumah (A), auquel la Libye a proposé des structures et des politiques
publiques aux envergures supranationales(B).
A-
La proposition d'une forme : le réveil du projet
fédéraliste de Nkrumah
Tout comme Nkrumah qui présenta son projet pour la
construction de « l'Afrique par les Africains eux mêmes et
pour les Africains »118(*), le colonel KADHAFI s'est réapproprié
les idées du père du « panafricanisme
africain »119(*) en proposant une fédération des Etats
africains (1), laquelle proposition connaîtra des modifications(2).
1-
La proposition d'un Etat fédéral africain
Le leader libyen est connu pour son immédiateté
sur les questions unionistes120(*). Militant par conviction idéologique
pour les Etats-Unis d'Afrique, il s'inscrit dans la lignée de NKRUMAH et
des pères fondateurs du panafricanisme qui voit le jour dès 1900
avec la première conférence de Londres (Angleterre). Au cours
des travaux du 1er sommet extraordinaire de Syrte, la Libye a
proposé l'idée d'une UA sinon sous une forme
fédérale comme les Etats-Unis d'Amérique, du moins une
confédération comme c'est le cas dans l'Union
Européenne(UE). Convaincue que « l'union fait la
force », la Libye a insisté sur le fait que les
Africains restent politiquement et économiquement faibles parce qu'ils
sont divisés dans de petits Etats. Ce constat émane du fait que
les problèmes du continent, résident en majorité dans sa
fragmentation, à ses divisions politiques et à la faiblesse de
ses micros-entités, incapables de peser d'un poids réel dans la
globalisation.
Comme l'a constaté NUMELIN RAGNAR dans ce qu'il appelle
la source du
« multilatéralisme originel »121(*), toutes les
sociétés dès leur origine développent des
intérêts communs qui deviennent le moteur de la
coopération. Cette « identité
humaine » témoigne du fait que les humains ont non
seulement besoin les uns des autres, mais aussi qu'ils ont
« l'intuition que les autres luttent pour des buts semblables par
des moyens semblables »122(*). Dans cette perspective, la construction d'une
organisation multilatérale comme l'UA, (à coté des
entités souveraines) émanerait de la volonté d'adopter
au sein de celle-ci des vues concertées sur ce qui constitue les
intérêts, ou les valeurs africaines. En conclusion de son
étude sur la genèse des institutions internationales, INIS Claude
soutient d'ailleurs de manière convaincante que l'organisation
internationale « a vu le jour non pas tant à cause de
prophètes qui la voyaient comme le successeur des Etats souverains, mais
par l'action d'hommes d'Etats qui cherchaient des modalités et
dispositifs nouveaux permettant aux éléments souverains de
l'ancien système de poursuivre leurs intérêts et de
gérer leurs affaires à l'âge de la communication et de
l'industrialisation »123(*).
Au regard des vertus du multilatéralisme, en
évoquant les enjeux d'une constitution des «Etats-Unis
d'Afrique », l'Etat libyen pense qu'ils permettront la mise en
valeur d'un continent que son leader estime riche mais se heurte à
« un véto des pays capitalistes ». C'est le
volet économique de l'Union qui repose sur les intérêts
communs à défendre par les Etats membres. « A mon
sens, explique le colonel Kadhafi, l'Afrique n'est absolument pas un continent
pauvre. Elle n'a peut être pas de liquidité, mais elle a des
ressources, des matières premières. Le problème c'est que
les pays capitalistes ne veulent pas que notre continent se développe.
Ils entendent garder l'Afrique telle qu'elle, pour lui soutirer ses
matières premières »124(*).
Sur le plan sécuritaire, il trouve que cette Union
offrira enfin au continent noir le cadre dans lequel pourront se bâtir
les infrastructures nécessaires aux investissements étrangers,
sources de paix sociale. Pour parvenir à la réalisation de ces
processus d'unification, le porte-parole libyen propose une méthode
à savoir, l'organisation d'un référendum sur le continent.
Il déclarait à cet effet : « nous demandons
aux chefs d'Etat de procéder à un référendum et ils
verront que tout le monde veut l'avènement d'un pays appelé les
Etats-Unis d'Afrique »125(*). Il menaçait même de dénoncer
les chefs d'Etat « réactionnaires »
à l'idée d'une UA forte. En 2008, à l'occasion d'une
visite au Togo, il lançait ceci : « ils sont
avertis, soit ils prennent une décision devant les masses populaires,
soit je les cloue au pilori car l'unité africaine est pour les peuples
et non pour une poignée des dirigeants. Les autres continents
s'unissent, sauf l'Afrique» s'est- il inquiété. Aussi,
en 2001, il avait déjà demandé aux leaders africains qui
ne voulaient pas de cette Union de « quitter leurs fonctions pour
rejoindre leurs maîtres »126(*).
Pour la Libye enfin, la réalisation de cette Union
déborde d'enjeux tant pour certains pays africains qui se sont souvent
livrés à la mendicité internationale dégradante que
pour la France dont les intérêts ont été combattus
sur le continent dans les années 1980127(*). En 1999, il déclarait au Figaro
que : « Celle-ci (la France) a été
vampirisée par une vingtaine de pays qui, sous prétexte de
francophonie, lui demandent toujours de les financer, de les nourrir...or, ce
qu'elle appelle de ses voeux, c'est un ensemble avec lequel traiter, tout
simplement »128(*) Il s'agit en fait pour le Guide libyen de
« décoloniser la France ».
Toutefois, le projet libyen pouvait-il passer comme une lettre
à la poste ? C'est-à-dire sans connaître de
difficultés ? Estimé trop radical et même
qualifié de « kaddafiade »129(*) il va connaître de
sérieuses modifications.
2-
La reconsidération du projet fédéraliste libyen
Le colonel Kadhafi dut recevoir l'UA comme un véritable
camouflet à sa personne qui avait tant oeuvré pour que
naquît un Etat africain : les « Etats-Unis
d'Afrique ». La première mouture du projet
fédéraliste qu'il avait soumise à ses pairs avait
été profondément modifiée tant sur le plan de la
forme que sur le fond. Sur le plan de la forme, le projet était
très ambitieux. Il préconisait un seul Etat constitué des
52 pays du continent avec à la clé l'abandon des
souverainetés au profit d'un exécutif fédéral. Or,
le fait de vouloir embarquer tous les Etats d'un coup engendra de nombreuses
divergences entre les partisans du « tout tout de
suite », c'est-à-dire ceux qui appuyaient le projet
libyen, les partisans « du pas à pas »,
ceux qui prônaient une union par évolution successive et la prise
en compte des visions des autres pays subsahariens et ceux qui ne souhaitaient
rien faire du tout. C'est à la suite de cette mésentente que
naîtra une UA réaffirmant de manière non voilée une
balkanisation de l'Afrique soutenue par les principes de
l'égalité souveraine des Etats et du respect de leurs
frontières issues de la colonisation130(*). En substance, c'est l'axe Addis-Abeba/Lomé
qui venait une fois de plus d'être consacré.
Pourtant, selon Tripoli, les décisions prises à
Lomé auraient dû être immédiatement
exécutées. L'OUA devait être directement remplacée
par une UA au caractère supranational. Mais, il n'en a rien
été. Car, à l'analyse des textes donnant naissance
à l'organisation panafricaine, il est clair que les chefs d'Etat ont
réaffirmé la toute puissance de l'Etat. D'ailleurs, pour certains
d'entre eux, à l'instar du président Algérien Abdelaziz
Bouteflika, « l'OUA, sa charte et ses institutions sont des
acquis précieux qu'il faut à l'évidence
préserver »131(*). Rêve brisé pour la Libye, ses
partisans et les populations africaines pour lesquels il fallait sans doute
toucher à la souveraineté des Etats. Pour l'ancien
secrétaire général de l'OUA Edem Kodjo, l'UA qui vient de
sortir des entrailles des dirigeants du continent, « n'est
même pas une fédération. C'est une vague
confédération »132(*).
Sur le plan du fond, observateurs et analystes sont quelque
peu départagés. Certains sont d'avis que l'UA ressemble fort
étrangement à l'OUA. C'est ce que pensent EDEM KODJO et Laurent
zang. Pour le premier, l'UA est en réalité une
« OUA débaptisée »133(*). Son argumentaire repose sur
le fait qu'au regard de ses organes, les chefs d'Etat ont juste
procédé à une simple substitution. Ainsi, la
Conférence de l'Union n'est rien d'autre que l'ancienne
conférence des chefs d'Etat et de gouvernement et le Secrétariat
de l'OUA est devenu la Commission de l'Union. De même, il constate que
le fameux Conseil exécutif consacré par l'Acte constitutif, qui
plus est avec des pouvoirs réduits équivaut au Conseil des
ministres existant. Dans la même perspective, le second
c'est-à-dire Laurent ZANG réalise qu'il s'agit « au
pire d'une OUA-bis ». Pour lui, la ressemblance avec
l'ancienne organisation est d'autant flagrante qu'autant la Charte de l'OUA que
l'Acte constitutif de l'UA comptent chacun 33 articles.
Cependant, tel n'est pas forcément l'avis de DJUIDJE
KOUAM pour qui l'UA constitue une véritable mutation à la fois
politique, normative et structurelle. Pour elle, il semble de plus en plus
incongru d'accréditer la thèse selon laquelle l'UA ne serait
qu'une OUA-bis. Cette situation poursuit-elle, ne se limiterait qu'à une
simple dénomination ; un jeu sémantique (Organisation de
l'Unité/Union) ; une jonglerie de sigles où le
« O » disparaît (OUA/UA) . C'est la
vision que nous partageons, même s'il faut y mettre un bémol.
Car, contrairement à l'ancienne OUA, l'UA a connu une évolution
certaine. Elle entend davantage communautariser les politiques des Etats
membres sur un plan multiniveaux. Entre autres la politique de défense
avec la montée en puissance du dispositif panafricain de
sécurité qui a posé sa base logistique à
Douala(Cameroun)134(*) ; le développement économique et
ses projets subséquents ; la politique monétaire avec la
naissance des institutions financières; le parlement panafricain qui est
censé être le lieu d'expression par excellence des Etats et des
peuples africains.
Il faut tout de même reconnaître que
l'effectivité de la mise en oeuvre de toutes ces structures
supposées sortir le continent africain de l'ornière, reste
empreinte de laxismes politiques non seulement de la part de certains
gouvernements africains, mais aussi de certaines contraintes d'ordre externes
comme nous le verrons dans le 4ème chapitre de cette
étude.
Il est donc clair que l'Acte constitutif de l'UA n'a inscrit
nulle part dans ses dispositions la mention « Etats-Unis
d'Afrique chers à Monsieur Kadhafi » 135(*). Certainement, qu'en
acceptant au pis aller l'UA, la Libye a-t-elle pensé qu'un jour les uns
et les autres franchiraient enfin le Rubicon en procédant à de
profondes réformes ? Telle est la question que suscite notre
observation et aiguise notre curiosité intellectuelle. Sinon, comment
comprendre l'opiniâtreté libyenne qui, après cette fin de
non recevoir de son projet le plus en vue est tout de même restée
dans l'expectative ? C'est l'analyse que nous pouvons faire au regard des
politiques supranationales proposées par ce pays à l'Union.
B-
La mise sur agenda des structures et des politiques publiques
régionalisées
Au premier sommet de Syrte, lors des différentes
rencontres avec les chefs d'Etat et de gouvernement, la Libye s'est
illustrée de par son volontarisme politique comme l'Etat
défenseur des institutions communes pour toute l'Afrique en proposant
des structures supranationales (1) et des politiques publiques
régionalisées (2).
1 -
La proposition des structures supranationales
Comme dans d'autres régions du monde, la structuration
de l'UA pourra faire d'elle la voix des Etats africains sur la scène
internationale. Un interlocuteur efficace tant au sein des institutions
multilatérales que lors des négociations qui engagent l'avenir du
continent. Dans cette perspective, elle a intérêt à unifier
ses politiques au sein des entités communes. Les propositions faites par
la Libye en vue de l'érection de cette communauté sont
nombreuses et variées. Ces structures sont : le Parlement africain,
comme nous l'avons déjà relevé; une Cour de justice qui
devra fusionner avec la cour africaine des droits de l'homme ; une Banque
centrale dont le siège est au Nigeria, la Banque africaine
d'investissement située en Libye et un Fonds Monétaire Africain
avec pour siège Yaoundé(Cameroun).
Rappelons que ces structures avaient déjà
été théorisées dans le plan d'action de Lagos en
1980 qui a donné naissance au Traité d'Abuja en 1991.
En les proposant de nouveau, le colonel KADHAFI a tout simplement
contribué à en accélérer le processus. Ainsi,
confrontés aux problèmes communs à l'instar des crises
multiformes qui minent le continent, la logique impose également des
prises de positions communes au sein des institutions supranationales
établies à cet effet. C'est ce qui explique la volonté
libyenne de prôner l'institution d'un gouvernement de l'Union doté
au moins de pouvoirs embryonnaires136(*), lequel devrait aboutir à la création
des Etats-Unis d'Afrique à l'horizon 2017. Pour y parvenir, la Libye a
fait inscrire à l'ordre du jour la transformation de l'actuelle
Commission de l'Union. Lors de la 4ème session ordinaire de
la Conférence des chefs d'Etat tenue à Abuja (Nigeria) en janvier
2005, Tripoli a proposé que ce gouvernement continental soit doté
de pouvoirs supranationaux et des structures ministérielles aux
portefeuilles diversifiés. Il s'agissait de la création des
postes ministériels ci-après : affaires
étrangères, conseil de défense, commerce extérieur,
transport et infrastructures137(*). Cette proposition va dans le même sens que
celle faite par KWAME NKRUMAH au moment où les chefs d'Etat et de
gouvernement se réunirent à Addis-Abeba pour constituer l'OUA. Il
les appela à penser à la création d'un
« exécutif continental », fût-il aux
pouvoirs réduits. Tout comme le colonel KADHAFI, il pensait qu'on ne
pouvait construire une maison sans un abri. Il déclarait avec
insistance à ses pairs : « pensons-y dès
aujourd'hui et mettons-nous à l'oeuvre pour le créer, car on ne
peut pas faire une construction sans toit ; un homme sans tête n'est
pas un homme »138(*). Pareillement, l'Etat Libyen estime que l'adoption
des politiques publiques communautarisées permettrait le
repositionnement du continent139(*) sur la scène internationale et forcera son
respect par les autres. Cela requiert la chute des barrières de toutes
natures.
2 -
Les politiques publiques régionalisées
A l'heure des intégrations régionales
triomphantes, la question de la communautarisation des politiques
étrangères est devenue légitime140(*). A cet égard,
le lien entre politique étrangère et
intégration régionale est difficile à nier 141(*). Car, c'est au niveau
régional que les Etats mettent en commun leurs différentes
politiques nationales afin de les rendre plus efficaces. Dans l'objectif de
trouver des solutions communes aux malaises économiques de l'Afrique,
la Libye demanda une mise en commun des politiques publiques des Etats
africains. Au sommet d'Abuja précité, outre la proposition de
créer une monnaie commune, ce pays proposa l'abolition des tarifs
douaniers entre les Etats membres et l'harmonisation des tarifs douaniers
extérieurs. Ces offres libyennes renvoient aux politiques commerciales
et monétaires capitales dans l'émergence
d'un « espace de sens »142(*). Telles qu'envisagées
par ZAKI LAÏDI, les éléments capitaux pour
l'émergence d'un espace de sens en Afrique sont visibles dans les
propositions libyennes faites en faveur de l'UA en construction. Des trois
conditions et leurs contenus élaborés par ZAKI LAÏDI, nous
en retiendrons deux pour l'instant. Ce dernier parle d'abord d'un
``espace délibératif''. Il s'agit selon lui du lieu
où naît « une sociabilité »
politique régionale. C'est-à-dire un espace où
naît une certaine obligeance des Etats de vivre ensemble. Ensuite, il
fait allusion à l' ``espace performatif'' qu'il considère comme
le plus important. Celui-ci réside dans la capacité à
atteindre un certain nombre d'objectifs. L'exemple ainsi pris dans le cadre de
l'UE avec la création d'une monnaie unique143(*), l'euro correspond
naturellement à la position défendue par la Libye sur ce domaine.
A cet égard, la création d'une monnaie africaine commune
relève d'un enjeu de souveraineté et d'affirmation de la
personnalité et de la responsabilité de l'homme africain.
De même, cet espace renvoie à un espace
commercial144(*) qui
naît de la communautarisation des politiques régionales dans ce
domaine, notamment par la levée de certaines restrictions. C'est ce que
promeut l'Etat libyen lorsqu'il évoque la suppression des tarifs
douaniers entre pays africains. En bref, il s'agit d' « une
collaboration permanente des économies »145(*) devant aboutir à la
création d'un marché commun africain. Les ponts marchands ou
économiques constitués à l'échelle continentale
permettront le dépassement des micro-nationalismes démodés
et la promotion d'un développement économique harmonieux et
durable. On peut donc soutenir avec CHARILLON qu'il est nécessaire pour
les Etats africains de mettre en commun leurs visions du monde qui, sans
être forcément identiques, doivent au moins être
« coordonnées »146(*). Pour assurer le passage de
tous ces projets au niveau de l'UA, la Libye mobilise des ressources
diversifiées.
SECTION II- LA MOBILISATION DES RESSOURCES FINANCIERES ET
DIPLOMATIQUES
Selon Jacques ROJOT, « les ressources
sont ce dont l'acteur a intérêt à se
servir »147(*) pour atteindre son objectif. Aujourd'hui, il est
connu que parmi les maux qui ont tué l'OUA se trouve le
désengagement de certains « dirigeants africains qui
trouvaient toujours le moyen de faire face à leurs engagements
vis-à-vis de l'ONU ou de l'UNESCO, mais ``oubliaient''
régulièrement l'OUA »148(*). Ce refus
délibéré de régler leurs cotisations a conduit
l'organisation panafricaine au bricolage des solutions alchimiques, d'où
son impuissance prononcée face aux crises nombreuses sur le continent.
C'est pourquoi dans la dynamique ayant présidé au lancement de
l'UA, la Libye a voulu assurer le succès de ce qui n'était alors
qu'un projet en mobilisant des ressources tant financières (I) que
diplomatiques (II).
PARAGRAPHE I- LA MOBILISATION DES RESSOURCES FINANCIERES
IMPORTANTES
Il fallait non seulement s'assurer qu'on passerait
effectivement de l'OUA à l'UA, mais aussi qu'un nombre important d'Etats
participeraient à ce processus. Pour cette raison, l'Etat libyen dut
éponger la dette de certains pays insolvables (A), de même qu'il
s'illustre comme le principal bailleur de fonds des projets panafricains
(B).
A-
Le règlement des arriérés de contribution des pays
insolvables
« Sans le nerf de la guerre, [...] il n'y aurait
pas d'Union Africaine, mais simplement une continuation de
l'OUA »149(*) constatait Samir Gharbi à la veille du
2ème sommet de l'UA qui devait se tenir à Maputo au
Mozambique, avec à la clé l'élection du premier
véritable président de la commission de l'UA. De même, il
est connu que sans le règlement de la dette de certains Etats
insolvables par la Libye, plusieurs pays n'auraient pas eu le droit de vote et
de participation aux débats ou encore l'autorisation de présenter
des candidats à des postes de direction au sein de l'UA. En fait, lors
de la clôture du dernier budget de l'Union entre le 1er avril
2001 et le 31 mai 2002, seuls 21 pays sur 52 avaient effectué
l'ensemble de leurs versements, soit 15,1 millions de dollars sur un total de
31 millions. Le reste à savoir, 15,9 millions avait gonflé le
montant des arriérés de cotisation qui s'élevaient
à 42,4 millions de dollars. Au 31 mai 2002, plusieurs Etats
étaient en situation irrégulière et de déficit,
justifiant des sanctions150(*). Pour éviter la faillite d'un plus grand
nombre, la Libye avait réglé la dette de 11 Etats, soit la somme
totale de 2,3 millions de dollars151(*). Un an plutôt, pour s'assurer de la
participation massive des Etats au sommet de Syrte de 2001, la Libye dut
également payer pour plus de quatre millions de dollars
américains les arriérés de cotisations de douze Etats
africains152(*).
En réalité, la crainte que partagent certains
observateurs et responsables des institutions panafricaines face à
l'irresponsabilité de certains Etats qui se désengagent
financièrement de l'Union, semble encore avoir de beaux jours devant
elle. Nombreux sont les pays africains qui manquent toujours de remplir leurs
obligations, surtout lorsqu'il s'agit d'épargner pour l'organisation
continentale. Autant qu'à son lancement en juillet 2000 à
Lomé où les arriérés de contribution
s'élevaient à 58,3 millions de dollars, nombre de dirigeants
africains ont une fois de plus plongé leurs pieds dans l'OUA. Certains
n'ont pas encore enterré les vieilles habitudes qui ont mené
l'OUA aux divinations infécondes et à sa domination par les
partenaires extérieurs, du fait du poids financier exercé sur
elle. C'est ce qui a offusqué Yves EKOUE AMAÏZO qui, s'exprimant
sur cet état de chose, a déclaré à la radio qu'on
est « surpris qu'en décembre, tout le monde n'ait pas
encore payé ses contributions [...]. Si l'UE continue de financer l'UA,
[...] elle sera envahie et influencée »153(*).
Dans son Acte constitutif, l'UA n'a prévu nulle part
des dispositions qui obligeraient les Etats membres à régler
leurs contributions envers l'organisation sous peine de sanctions
véritablement contraignantes. Les rédacteurs se sont
contentés d'énumérer quelques sanctions purement
« politiques et administratives »154(*), faisant uniquement allusion
à la privation du droit de vote ou à l'interdiction de
présenter un candidat etc. Or, de vraies sanctions comme l'exclusion
fût-elle temporaire de l'Etat insolvable d'assister aux assises
amènerait plus d'un à mesurer l'intérêt que
recèle l'appartenance à une communauté. Cette absence de
contrainte a poussé l'économiste camerounais Jean-Marie NGANKOU,
par ailleurs responsable du Fonds Monétaire Africain (FMA), à
aller plus loin en affirmant qu'on ne pouvait pas « emprisonner un
pays qui n'a pas réglé ses
contributions »155(*). A l'observation, les retards de payement et
l'accumulation excessifs des arriérés de contributions
deviendront la règle si rien n'est fait assez rapidement pour endiguer
ce cancer qui risque une fois de plus de gangréner l'organisation.
Tout compte fait, les Africains sont conscients que la
construction d'une Union continentale les amènerait à
éviter les plus graves catastrophes de l'humanité
comme la guerre, la famine, les maladies les plus morbides et la
pauvreté qui constituent le mouvement inverse des vertus de la
mondialisation sur le continent. Ils n'y investissent pas assez cependant. Or,
la Libye, un des rares Etats africains qui s'est souvent prononcé
contre les financements des puissances étrangères, et surtout
occidentales qu'il assimile au « néo-colonialisme »
ne lésine pas sur les moyens nécessaires pour cette construction.
Pour éviter une dépendance accrue de l'Union vis-à-vis de
l'extérieur, la Libye, réserve financière des projets
panafricains, se positionne au peloton comme son bailleur de fonds
imparable.
B-
Le principal bailleur de fonds des projets panafricains
En Afrique, la Libye est l'Etat pourvoyeur d'aide de premier
plan en ce qui concerne le financement des projets de l'UA. Autrefois, l'OUA
accomplissait des fonctions principalement politiques et
administratives156(*).
Aujourd'hui, l'UA est plus ambitieuse eu égard à la
multiplicité des structures et des projets économiques qui ont
été créés, et qui nécessitent d'importants
financements pour ne pas entrer dans la catégorie des voeux pieux. Mais,
les contributions statutaires instituées au sein de l'Union semblent
insuffisantes pour transformer ce rêve en réalité. C'est
pourquoi des mécanismes subsidiaires de financement ont
été conçus, notamment par l'institution des contributions
extrabudgétaires157(*). Parmi celles-ci, figurent les dons volontaires des
Etats membres. Dans cette lancée, lors de l'adoption de l'Acte
constitutif de l'UA, la Libye avait contribué à elle seule
à hauteur de 95% pour le financement du projet d'union158(*). En outre, au moment de sa
création à Syrte en mars 2001, le colonel Kadhafi constitua les
premiers fonds de l'UA en faisant un don d'un milliard de dollar comme
contribution de son pays à la dynamique de l'intégration
continentale159(*). A la
vérité, le Guide libyen s'est toujours considéré
comme un leader africain dont le but est de mettre les ressources dont dispose
exceptionnellement160(*)
son pays au service de l'Afrique et des institutions de l'UA en construction. A
l'occasion de « la conférence historique des migrants
africains de l'Europe » organisée à Tripoli du 15
au 17 janvier 2011, où il était question de
réfléchir sur l'avenir des institutions et organes de l'UA, les
migrants africains ont plaidé pour une accélération de la
mise en place des institutions et organes de l'UA. Ceci dans la dynamique
de la création des États-Unis d'Afrique, afin de promouvoir un
gouvernement fédéral doté de quelques ministères
fédéraux. Prenant la parole à cette conférence, le
colonel KADHAFI a défini son rôle sur le continent de la
manière suivante: « je suis celui qui vient au
secours d'un véhicule tombé en panne. Je ne cherche pas à
savoir qui est son conducteur et a fortiori qui en sont les passagers. Je me
mets dans le groupe qui est derrière pour pousser afin que le
véhicule puisse continuer son parcours pour atteindre le lieu de
destination. C'est cela ma place en Afrique »161(*).
Le discours libyen qui se lie ainsi à l'acte justifie
le soutien financier apporté au projet du gouvernement d'Union qu'il a
initié et soutenu à coups de « millions de
pétrodollars»162(*). Tel est aussi le cas du premier satellite
panafricain de télécommunication qui a été en
grande partie financé par la Libya African Investment Portofolio
. Créée en 1992, par 45 pays africains, la
société RASCOM avait pour objectif de réduire la fracture
numérique en Afrique en la dotant des moyens de communication modernes
pouvant permettre un développement régulier et agréable
des liaisons multiservices : téléphone,
télécopie, télex, radio, télévision,
Internet, télémédecine, enseignement à distance et
de multiples autres services. Il était donc question pour ces pays
d'assurer une communication à moindre coût tant à
l'intérieur de leurs frontières qu'entre eux et
l'extérieur. Mais, de nombreuses discordes vont naître telles que
la non-adhésion du Nigeria à ce projet et les difficultés
pour la ratification de la convention et la libération des parts et
capital-d'actions163(*).
Comme le remarquait MWAYILA TSHIYEMBE « le non paiement de
leur cotisation par les Etats membres a privé l'OUA de sa
première source de financement et l'a contraint à la
mendicité et aux incantations stériles »164(*). Fort heureusement, alors
qu'un satellite coûtait 400 millions de dollars, la Libye à elle
seule en règlera 300 millions, la Banque Africaine de
Développement, 50 millions et la Banque Ouest Africaine, 27
millions 165(*). Cet
important investissement a permis au continent tout entier de se doter de son
premier satellite en 2006, assurant ainsi son arrimage au système
communicationnel international.
Comme on peut le constater, la Libye se présente comme
un mécène important dans l'UA. Mais surtout, plus de diplomatie,
moins de déstabilisation de certains pays du continent. Telle est
l'orientation de sa nouvelle politique en Afrique. Ce changement s'est
justifié par le fait que cet Etat ambitionnait, de coopter plus de pays
et d'autorités influentes afin de se constituer une majorité dans
l'Union. L'objectif recherché étant de faire passer les projets
dont il est porteur, en enrayant les obstacles tant au sein de l'organisation
qu'à l'extérieur de celle-ci.
PARAGRAPHE II- LA MOBILISATION DES RESSOURCES DIPLOMATIQUES
DIVERSES POUR LE PASSAGE DE SES PROJETS ET LE REJET D'UNE INITIATIVE
EXTRA-AFRICAINE DEVOYEE
La Libye a fait recourt au « soft
power »166(*) , la nouvelle orientation de sa politique
étrangère en Afrique dans la quête du soutien
nécessaire pour faire passer ses projets au sein de l'UA (A). Elle a par
ailleurs mené une campagne tous azimuts au Maghreb pour appeler au
confinement du contre-projet d'Union pour la Méditerranée (UPM)
concurrent à l'UA (B).
A-
Le soft power, une stratégie libyenne d'obtention du soutien
Depuis 1998, la Libye a recentré ses relations
diplomatiques autour de la paix et du développement. Il s'est agi pour
cet Etat d'utiliser la médiation plutôt que l'intervention
militaire pour poursuivre sa politique d'influence sur le continent. Cette
nouvelle politique consiste essentiellement à apporter de l'assistance
financière tant à certains pays nécessiteux de la
Cen-Sad167(*)(1), qu'aux
autorités traditionnelles africaines dans l'objectif de rechercher leur
appui pour faire passer certains projets qui lui sont chers(2).
1 - Les suites du financement des économies de certains
Etats de la Cen-Sad
La Libye est passée d'une stratégie de
puissance de guerre à une stratégie assimilable au soft power. A
la préface de son livre, Joseph NYE définit ce concept
comme « la capacité d'obtenir par la persuasion
séductrice les résultats que l'on pourrait aussi atteindre par la
force »168(*). Selon lui, il s'agit d'abord d'amener les autres
à adhérer à des normes et à des institutions qui
incitent ou induisent un comportement désiré. Le soft power peut
donc prendre appui sur la capacité d'établir l'ordre du jour de
manière à façonner les préférences des
autres.
Ainsi, après avoir entretenu des relations tumultueuses
avec ses voisins169(*),
la Libye a par la suite procédé au changement de son fusil
d'épaule. Son retour sur la scène africaine s'est voulu plus
pragmatique et paisible. Elle a mené de nombreuses actions dans
l'objectif de redonner de la cohérence à sa politique
étrangère élaborée à coups de
« pétrodinars » et de diplomatie.
Considérée par la Libye comme « le
pilier »170(*) à partir duquel se réalisera l'UA, la
Cen-Sad a d'abord développé un tropisme sous-régional
avant de se lancer à la conquête du continent tout entier. Pure
imagination du Guide libyen, ce dernier l'a forgée afin de
« rassembler autour de lui les Etats africains dans le but de
façonner un levier économique pour, par la suite, créer
les Etats-Unis d'Afrique »171(*). Cette communauté qui compte aujourd'hui 28
pays soit plus de 14 millions de Km2 de la superficie du continent
et plus de 500 millions d'habitants172(*), dispose de nombreux atouts économiques
à l'aide desquels Tripoli tient plusieurs chefs d'Etat africains.
Depuis son lancement, l'institution conçue comme une
« Union économique globale » bénéficie
d'un bras armé financier : la Banque Sahélo-saharienne pour
l'Investissement et le Commerce (BSIC) qui dispose des filiales dans la
majorité des Etats membres de la Cen-sad. En janvier 2008, son capital
était de 500 millions d'euros. Cette banque est conçue à
l'image de la Libya Africa portofolio (LAP) 173(*), une des nombreuses institutions financières
libyennes qui aide au développement des pays de la Cen-Sad dans des
domaines diversifiés sous le règne de KADHAFI.
Comme le soutient Joseph NYE, « en politique
internationale, certains pays pourraient obtenir le résultat
escompté parce que d'autres admirent leurs valeurs, leur ouverture ou
aspirent atteindre leur niveau de
prospérité »174(*). Dans ce sens, explique-t-il,
« il est toujours nécessaire de les séduire au
lieu de les amener à modifier leur comportement par des menaces
militaires ou des sanctions économiques »175(*). C'est
là « la seconde face du pouvoir » (Second face
of power) dont fait étalage le créateur du soft power dans son
livre. Ce pouvoir de séduction peut reposer sur des valeurs culturelles,
économiques, démocratiques et bien d'autres176(*). La Libye a quant à
elle opté pour le volet économique de ce pouvoir. A travers ses
puissantes sociétés dignes des traders de New-York, elle a
énormément investi en Afrique. Mais, tous ces investissements
répondent à une logique. En contribuant au développement
des Etats, il va sans dire que la Libye en profitait pour instrumentaliser ses
alliés qui devaient porter et défendre ses projets à l'UA.
Tel est le cas du Tchad, Etat pivot à partir duquel la Libye a agi dans
l'organisation. Nombreuses sont les occasions où ce pays a
été mandaté pour défendre les positions de la
Cen-Sad177(*) au sein de
l'UA, où il a essayé plusieurs fois
d' « imposer le débat sur les Etats-Unis d'Afrique et
le gouvernement de l'Union » 178(*), deux projets importants aux yeux du Guide
libyen.
Le coup de force de la Cen-Sad à propos du débat
que voulut forcer le Président Deby a montré jusqu'où la
Libye était capable, grâce à son potentiel financier et
diplomatique. Quand on jette un regard rétrospectif sur les conflits
qui ont structuré les relations tchado-libyennes à propos de la
bande d'Aouzou, il est clair que la volonté d'enterrer la
hache de guerre pour se consacrer à la construction de l'Union a
triomphé. Même sans parvenir à imposer leur démarche
aux autres membres de l'Union, les pays membres de la Cen-Sad, conduits par la
Libye avaient clairement dévoilé leurs objectifs. S'il est vrai
que Guy MVELLE l'a classée dans la catégorie « des
obstacles à l'intégration en
Afrique »179(*), il convient surtout reconnaître que d'un
point de vue interactionniste, la Cen-Sad procède d'une stratégie
libyenne de mobilisation des ressources pour créer un contrepoids face
aux Etats d'Afrique australe et de l'Est, menés par l'Afrique du Sud et
le Nigeria ; lesquels ont souvent imposé leur tempérance en
instituant une « évolution au pas
d'âne »180(*) vers l' « Union
véritable » défendue par la Libye.
Outre cette communauté, la Libye a également
fondé sa stratégie sur l'association des autorités
traditionnelles africaines créées par KADHAFI pour influencer
sur les débats au sein de l'Union.
2-
La quête du renfort auprès des autorités traditionnelles
africaines
Le Guide libyen a pu réunir autour de lui une
très grande assemblée des autorités traditionnelles
africaines comptant plus de 15 000 membres181(*). A ces derniers, il avait
assigné la tâche d'oeuvrer tant à l'intérieur de
l'Union qu'à l'extérieur de celle-ci, notamment dans leurs pays
respectifs pour l'édification de l'UA. Cette mobilisation des chefs
traditionnels dont on pourrait avec un grand intérêt interroger le
rôle dans la construction d'une organisation aussi importante que l'UA
peut être perçue comme une nouveauté dans les relations
internationales africaines.
C'est les 28 et 29 août 2008 à
Benghazi(Libye) que le colonel Kadhafi met sur pied une association
dénommée « Forum des rois, sultans, princes, cheiks et
chefs coutumiers africains ». Le 30 août 2008 dans la
même ville, cette assemblée des chefs traditionnels d'Afrique
intronise le « Frère Guide de la Grande Jamahiriya
libyenne et populaire socialiste » qui prend
désormais le nom de « Mouammar Kaddafi, Guide de la
Jamahiriya arabe libyenne, rois des rois traditionnels
d'Afrique »182(*). Originaires de divers pays, les membres de cette
assemblée partagent tous le fait d'avoir hérité du pouvoir
traditionnel dans leur localité d'origine. De plus, elle est
composée de personnalités aux profils impressionnants. On a entre
autres profils importants, TCHIFFI ZIE Jean Gervais, chef des chefs Krou du
village Gagnoa en Côte d'Ivoire, ex-Directeur Général de la
société d'investissement italo-ivoirienne ; leur doyen
KACHALLA KACHER, sultan de N'djamena au Tchad, ancien fonctionnaire de
l'administration territoriale. D'autres profils captivants se retrouvent parmi
les têtes couronnées qui entouraient souvent le « Roi
des rois » à l'occasion des rencontres importantes sur le plan
continental. Aux côtés de TOUSSA SON SALEME BAGUIDI XIII, roi de
Sifalo au Bénin, ex-adjudant-chef, son compatriote DJIGLA TOY IKPODEGBE,
roi d'Allada, est Docteur en Sciences Economiques. Contrairement à CHIA
LOUSSY MANSOUR, homme d'affaires, d'autres sont des politiciens. Il s'agit de
MWAMI MUNONGO, roi des Bayéré et sénateur en
République Démocratique du Congo ou de l'Amenokal BAJAN AG
HAMATOU, député à l'assemblée nationale
malienne.
Comme nous le constatons, les chefs
sélectionnés dans diverses localités répondent dans
la majorité aux profils majestueux. L'imposition de ces
autorités d'un autre genre à ses pairs par le Guide obéit
à une double logique. D'abord, le souci pour la Libye de faire
représenter les peuples tel que KADHAFI l'a développé dans
son bréviaire, Le Livre vert, qu'il essaie d'appliquer
à l'Afrique. Ensuite, la volonté de voir ces autorités
influer sur ses pairs. Ces derniers sont investis d'une lourde mission
assignée par le Guide libyen qui était par ailleurs leur bras
financier. Selon la princesse Olga TOLMACH de la tribu Nzinga au Mozambique,
leur présence au sein de l'UA est une « victoire pour la
base populaire ». Car « au début,
explique-elle, il n'existait pas de réclamation au niveau des chefs
d'Etat ». En ce qui concerne « les rois,
émirs, leur rôle est de peser de leur poids au niveau social, de
faire pression sur les gouvernements africains pour réaliser les
ambitions d'un peuple... et tôt ou tard construire l'Union Africaine et
les Etats-Unis d'Afrique, conclue- t- elle ». Dans une interview
accordée à Jeune Afrique, Ali S. TRIKI, l'ancien ministre libyen
chargé des Affaires pour l'UA, a réitéré cette
position lorsqu'il a déclaré que : « si le
Guide a pris contact avec les rois traditionnels, c'est pour mobiliser les
masses populaires du continent en faveur de l'Union »183(*). En recourant ainsi à
la « diplomatie traditionnelle », « la Libye
veut contourner les Etats et collaborer directement avec les structures
tribales »184(*).
Le colonel Kadhafi trouverait surtout auprès des chefs
traditionnels une légitimité qu'il avait du mal à
conquérir auprès de certains chefs d'Etat avec lesquels il
était plutôt contraint de discuter et parfois d'égal
à égal. De plus, en saisissant directement la base qui,
semble-t-il est dans une large mesure acquise à sa cause en Afrique, il
espérait influencer sur les gouvernements des dits pays via les
populations mobilisées par ses mandataires, d'autant que bon nombre
parmi eux sont des députés et chefs traditionnels à la
fois. Cette stratégie qui vise à créer de puissants
réseaux de socialisation capables de modifier l'attitude des
gouvernements des pays sur la question de l'Union, va en droite ligne avec le
discours du colonel KADHAFI sur la place des peuples dans la construction des
organisations. Selon lui, les gouvernements africains devront suivre l'exemple
de l'UE qui est non pas une émanation des « gouvernements
européens, mais des peuples européens »185(*). C'est ce qui explique sans
doute la préférence que prenait souvent le Guide libyen à
se rendre dans plusieurs pays africains par voie terrestre, dans le cadre de sa
campagne de sensibilisation sur la question de l'Union186(*). Car, à l'occasion de
ces sorties continentales, il collaborait directement avec les populations
africaines dans divers pays. Depuis 2010, le forum des chefs traditionnels
africains, par la voix de leur porte-parole Jean Gervais ZIE demande
à l'Union de créer au sein de l'organisation une structure
où ils auront un rôle
d' « observateurs ». Acteur central dans le processus
de construction de l'Union, la Libye de KADHAFI agit sur tous les fronts. Elle
n'est pas restée indifférente face à l'offre
européenne du projet méditerranéen qu'elle a
qualifié d'indigne et mobilisé le Maghreb pour en boycotter le
lancement et le succès.
B-
La mobilisation des Etats Maghrébins pour le rejet du contre-projet
UPM
Selon Jean Jacques ROCHE, « le
fédéralisme accorde une place prépondérante aux
élites qui tirent le processus et trouvent les solutions
nécessaires pour désarmer les résistances à
l'intégration »187(*). La Libye, porteuse du fédéralisme en
Afrique a déployé nombre de stratégies pour bouter hors du
continent un projet « indigne » à l'esprit de
l'Union qu'elle défend. Déjà, faut-il le rappeler, le
continent africain comptant désormais 54 Etats est à la fois une
production de l'Europe et de l'Amérique. Une production de l'Europe par
le découpage politique et social des Etats postcoloniaux et
d'Amérique par le modèle économique de marché que
les efforts conjoints de la Banque Mondiale et du Fonds Monétaire
International (FMI) tentent d'imposer durablement dans les
sociétés africaines comme leur vecteur de modernisation.
Or, au moment où le continent aborde enfin le
21ème siècle par l'affirmation d'un
intérêt général africain et le développement
concret d'une communauté de destin et d'intérêt
intégrée à l'échelle continentale, certains
estiment que « le projet d'Union pour la
Méditerranée peut jouer un rôle de stimulant et du
développement africain »188(*). Pourtant, tel qu'il est
élaboré, ce projet ne concerne pas les Etats subsahariens, mais
uniquement ceux du Maghreb. Il s'agit de la Tunisie, du Maroc, de
l'Algérie, de la Libye et de l'Egypte. Cependant, l'Afrique tout
entière aurait été concernée si la partie Sud du
continent n'avait pas été exclue du projet d'UPM dont les
premiers jalons avaient été posés à Tanger(Maroc)
par le Président SARKOZY avant d'être définitivement
établis à Dakar189(*). La nouvelle Union brodée de toute
pièce et brandie comme la nouvelle recette-miracle pour le
progrès de l'Afrique et de l'humanité sera reçue par le
colonel KADHAFI comme un affront pour les pays africains qui espèrent
consolider leur Union sur l'ensemble du continent. Il a critiqué ce
projet, dénonçant sa tendance à
« dépecer l'Afrique » au nom des
intérêts européens. Pour en empêcher le lancement, la
Libye mit sur pied sa machine diplomatique. Ainsi, le 10 juin 2008 à
Tripoli, KADHAFI convia un mini-sommet arabe de «
concertation »190(*), en qualité de Président en exercice
de l'Union du Maghreb Arabe (UMA). A l'exception notable du roi du Maroc,
MOHAMMED VI, représenté par son premier Ministre Abbas EL FASSI
et du rais égyptien absent, plusieurs pays ont répondu à
la convocation de Kadhafi qui était étendue à
« tout Etat arabe concerné par la
question »191(*). En ce qui concerne précisément les
pays africains, ils étaient au nombre de trois,
représentés par leurs plus hautes autorités. Il s'agissait
des Présidents Abdelaziz BOUTEFLIKA d'Algérie; de Mouammar
KADHAFI, l'hôte; et de ZINE EL ABIDINE Ben Ali de Tunisie.
Lors de ce mini-sommet arabe, le colonel KADHAFI a
rejeté de manière vibrante le projet d'UPM avant d'inviter les
pays arabes et spécialement ceux du Maghreb à en boycotter le
1er sommet consacré au lancement officiel de l'UPM le 13
juillet 2008 à Paris. Comme il l'a expliqué, l'UA constitue le
seul cadre dans lequel devra évoluer la coopération avec
l'Europe192(*). S'en
prenant à cette nouvelle trouvaille de son
« ami Sarkozy », il a déclaré que
« nous ne prendrons en aucun cas le risque de déchirer
l'Unité [...] africaine »193(*). Présentant l'UPM
comme une nouvelle « forme d'humiliation », il l'a
rejetée à sa façon. Néanmoins, aucune position
commune officielle des pays invités en Libye ne sera concrètement
exprimée. C'est ce qui explique sans doute le fait qu'à sa suite,
trois pays africains à savoir le Maroc194(*), la Tunisie et l'Egypte (absente à Tripoli)
ont répondu à l'invitation de Paris, contrairement à la
Libye et l'Algérie qui l'ont boycottée. Comme nous le verrons
dans le dernier chapitre de cette étude, le discours de Dakar qui a
trouvé des poches de résistance tant en Afrique qu'en Europe
essaierait de se reconstituer quoiqu'à présent
étouffé dans l'oeuf.
Dans ce combat pour la construction de l'Union, la Libye n'est
pas tout à fait seule. Elle devra compter sur le Sénégal
qui lui a constamment apporté son soutien. De par ses actions, ce pays
se positionne sur le continent comme le défenseur de l'organisation
panafricaine.
CHAPITRE II:
LE SENEGAL, DEFENSEUR ACHARNE DE L'UNION AFRICAINE
A l'issue d'une conférence animée par Cheikh
TIDIANE GADIO, alors ministre sénégalais des Affaires
étrangères le 25 mars 2005 à l'URED (Université
Recherche et Développement) sur le thème : « le
Sénégal et l'Union Africaine »195(*), s'était
dressé un bilan somme toute vertigineux des problèmes de
l'Afrique. Le rapport présenté était aussi
coûteux en pertes humaines qu'en argent. Ainsi avait-il trouvé
qu'en dehors de la pauvreté ambiante sur le continent, 31 Millions
d'enfants avait été mal nourris. Pareillement, il avait
exposé que 68 % des adultes et 80% des enfants sidéens
étaient des Africains, ce qui amenait à conclure que les ¾
des morts du sida sont des Africains. A tout ceci, s'ajoutaient les
statistiques des polémologues selon lesquels l'Afrique avait connu 37
conflits depuis 1960. Ceux-ci avaient non seulement occasionné 7
Millions de morts, mais aussi et surtout de nombreuses familles
déplacées et désoeuvrées dont le nombre demeurait
difficile à déterminer.
Au total ces marasmes avaient fait subir des pertes
énormes estimées à 125 Millions de dollars. De
l'argent qui aurait pu servir au développement de certains secteurs
prioritaires comme l'éducation, la santé ou encore à la
construction des infrastructures pour assurer la communication
inter-régionale sur le continent. Ce bilan calamiteux qui marquait plus
de trois décennies d'existence de «l'organisation de la
nullité africaine »196(*) montrait combien « la
création d'une nouvelle organisation beaucoup plus
efficiente » était une nécessité et le
Sénégal, « pays phare », devait
jouer un rôle déterminant pour « cette noble
initiative », explique Cheikh TIDIANE GADIO. Il devait à
cet effet prendre les devants sur toutes les décisions et à
chaque sommet d'où son surnom de « Gazelle du continent
». Le pays de la « Teranga »,
l'hospitalité en wolof, est donc l'un des rares Etats africains qui
s'obstine tant sur le continent que hors de celui-ci, notamment au sein des
grandes instances multilatérales pour donner du sens à la
construction de l'UA. Comme évoqué dans le premier chapitre de
cette étude, c'est une allocution du président WADE qui a
amené les ministres des Affaires étrangères de l'OUA,
réunis à Tripoli, à inscrire l'organisation panafricaine
dans une perspective futuriste. Depuis plus d'une décennie, le
Sénégal semble s'afficher sur le continent comme un appui
exceptionnel au projet panafricain porté par les Libyens. C'est ainsi
que depuis le lancement de l'UA, il appuie sa structuration autant par la
proposition des actions supranationales (sectionI) que par une construction
théorique et symbolico- pratique (sectionII).
SECTION I- L'OFFRE DES ACTIONS SUPRANATIONALES
Le Sénégal est l'un des rares Etats africains
ayant gardé une certaine constance dans son zèle pour la
construction d'une Union sur le continent. Dans son livre Un destin pour
l'Afrique, qu'on peut à juste titre
considérer comme sa profession de foi pour le continent, le
Président WADE avertissait qu' « un espace politique
africain continental résout bien des problèmes qui ne manqueront
pas un jour d'être soulevés si chacun continue de s'enfermer dans
son égoïsme »197(*). Les faits lui donnent de plus en plus raison. Outre
la pauvreté ambiante qui structure le quotidien de la grande
majorité des populations africaines, les conflits demeurent aussi
constants que le soleil sur le continent. Ayant compris que les Etats
microscopiques d'Afrique ne peuvent survivre face aux grands ensembles
régionaux en constitution dans tous les coins et recoins du monde, le
Sénégal a fait des propositions pour édifier l'UA. Il
s'agit d'une part de la proposition des organes supranationaux
et de l'abolition des souverainetés (paragraphe I) et d'autre part de sa
participation à la conception ou à la proposition des projets de
développement (paragraphe II).
PARAGRAPHE I- LA PROPOSITION DES ORGANES SUPRANATIONAUX ET
L'ABOLITION DES SOUVERAINETES
Au gouvernement d'Union proposé par l'Etat libyen, le
Sénégal a offert des structures au caractère
supranational(A), avant de réclamer l'abolition et/ou le transfert des
souverainetés au profit de l'Union(B).
A- L'offre des structures supranationales pour le
gouvernement d'Union
Défenseur énergique de l'union politique et
économique de l'Afrique, le Sénégal rêve d'un
continent uni de Casablanca au Cap. Pour son chef de l'Etat, Me A. WADE,
défenseur du libéralisme, l'Union est plus que jamais un
impératif pour les Africains qui se sont rendus à
l'évidence que « sans intégration politique, point
de salut pour un continent aux énormes potentialités certes, mais
qui représentent à peine 2% du commerce
mondial »198(*). Dix ans auparavant, il avait eu à
préconiser dans son livre, un modèle d'union semblable à
celui exposé par le Guide libyen en 1999. Mais, comme il l'a
lui-même expliqué, « à la lumière des
réalités quotidiennes de l'Afrique, j'avais par la suite
spontanément renoncé à ce modèle qui m'est paru
irréaliste, pour en venir à un processus plus praticable à
mes yeux »199(*).
Au départ sceptique par rapport au modèle
présenté par KADHAFI à Syrte puis à Lomé, le
Président sénégalais qui avait quasiment pris le train en
marche, s'est d'abord rallié à la formule minimaliste
adoptée dans la capitale togolaise avant de tourner la veste par la
suite. Ainsi qu'en témoignent ses propos, il conseillait une
démarche prudente et progressive à
Lomé: « nous sommes 52 Etats africains ;
auxquels il faudrait ajouter d'ailleurs le Maroc, qui, un jour ou l'autre
reviendra. Une position commune ne peut être qu'une position de
compromis »200(*). Or, défenseur d'une Afrique unie, des
inquiétudes quant au réalisme du protocole de Lomé vont
l'amener à rejoindre le Guide El Fateh en prônant une
supranationalité sur le continent. Il soulignait qu'«
étant confrontés aux mêmes problèmes, nous
devons rechercher des solutions communes au sein des structures
ministérielles supranationales »201(*). C'est ainsi que lors du
sommet d'Abuja de janvier 2005, il fera inscrire dans l'agenda de l'Union
huit202(*) postes
ministériels dont le but sera d'harmoniser les politiques communes
à l'échelle continentale comme dans le cadre des
fédérations. Les ministères proposés devaient
s'occuper des domaines aussi importants et diversifiés tels :
santé, environnement, recherche scientifique, culture, finances,
éducation, énergie, et enfin intégration économique
et sociale203(*).
Ces propositions avancées au même moment que
celles de la Libye avaient fait l'objet d'étude, sous la
présidence du président ougandais Yoweri KAGUTA MUSEVENI, lors de
la réunion de Kampala du 13 juin 2005204(*) en vue d'accélérer le processus de
mise en place du gouvernement de l'Union et la transformation des commissaires
de l'UA en ministres continentaux. Mais comme nous le verrons bientôt, le
dilatoire de certains chefs d'Etat qui n'ont pas osé sortir de la
léthargie de l'OUA a conduit, depuis l'année 2005, à une
impasse. Les propositions libyennes et sénégalaises ayant
été renvoyées, repoussées aux prochains sommets.
D'ailleurs, le Président WADE s'était déjà
inquiété quant à la légèreté dont
certains pays faisaient preuve face à cette question cruciale pour le
continent. Car, des sept membres du comité des chefs d'Etat qui avaient
été commis par l'Union, seuls l'Ouganda (pays hôte) et le
Sénégal étaient représentés au plus haut
niveau, alors que le Botswana l'était au niveau ministériel et la
Libye (invitée) à celui d'ambassadeur.
Venons-en aux autres rencontres des chefs d'Etat et experts
dont l'objectif était d'analyser les propositions du couple
sénégalo-libyen. Le cycle de Kampala continua avec le sommet de
Syrte de juillet 2005. Le comité autrement constitué205(*) fut reconduit pour les
mêmes objectifs, cette fois-ci sous la présidence du
Nigérian OLUSEGUN OBASSANJO. Après deux jours de conclave, du 12
au 13 novembre 2005, à Abuja sur le thème : «
L'Afrique et les défis du changement de l'Ordre mondial : bien
fondé du gouvernement de l'Union »206(*), le comité des sept
chefs d'Etat et les experts (sociétés civiles et
intellectuels inclus) arrivent à la conclusion selon laquelle l'objectif
ultime de l'Union est de constituer « le gouvernement de
l'Union Africaine dans la perspective des Etats-Unis d'Afrique».
D'après le président Wade, le chef de ce gouvernement devait
prendre le nom de Premier Ministre investi d'une fonction consultative et
d'accréditation des ambassadeurs compétents à
l'échelle continentale207(*). Selon la feuille de route élaborée
à Abuja, ce gouvernement devait se constituer à l'horizon
2009208(*). Après
cette étape, le rapport des sept est soumis au 7ème
sommet de l'Union en juillet 2006 à Banjul (Gambie). Mais, la
conférence décide de renvoyer l'examen de l'étude et du
rapport du Comité des sept au Conseil exécutif en vue de proposer
un cadre d'action approprié209(*).
Dans une phase d'intensification, en novembre 2006 à
Addis-Abeba, le Conseil exécutif représenté par monsieur
Rodolphe ADADA, ministre des Affaires étrangères du Congo, aux
termes de sa neuvième session extraordinaire sur les propositions pour
le gouvernement de l'Union, est arrivé aux conclusions suivantes :
l'acceptation par tous les Etats membres de la création des Etats-Unis
d'Afrique comme objectif commun; la nécessité d'une
évaluation de l'état de l'Union qui porterait, entre autres, sur
le renforcement de la communauté économique régionale; la
nécessité d'adopter une approche pragmatique et progressive qui
n'impliquerait pas forcément un amendement de l'Acte constitutif, mais
viserait plutôt à combler les lacunes actuelles. Mais, en janvier
2007, saisie du rapport de la session extraordinaire du Conseil exécutif
sur le gouvernement de l'Union à Addis-Abeba, la Conférence, en
sa huitième session, a une fois plus décidé de consacrer
sa neuvième session à un « grand
débat » sur le sujet et autorisé le Conseil
exécutif à tenir un séminaire de réflexion des
ministres des Affaires étrangères sur l'état de l'Union,
suivi d'une session extraordinaire en raison de la nature des propositions
contenues dans l'étude et leurs implications aux niveaux national,
régional et continental.
Lors de ce sommet, l'examen portant sur les questions
inscrites à l'agenda de l'Union par le Sénégal et la Libye
est de nouveau reporté. Les leaders africains avaient simplement promis
au Libyen KADHAFI et au Sénégalais Abdoulaye WADE d'en discuter
véritablement lors du sommet d'Accra du 1er au 3 juillet
2007. Mais, comme on peut le constater avec Michel KOUNOU,
« Accra 2007 » fut « un
rendez-vous manqué » car, ce sommet a ressemblé
aux multiples « cacophonies inutiles organisées entre 1960
et 1963 » 210(*). Les chefs d'Etat réunis au Ghana n'avaient
donc pu s'entendre définitivement et de façon concrète sur
la formation dudit Gouvernement, afin de servir les peuples d'Afrique qui
souffrent quotidiennement du déficit d'une UA forte. Le Président
ghanéen essayait de trouver une formule de compromis selon laquelle
« il n'y a eu ni gagnant ni perdant ». Or,
Sénégalais et Libyens venaient de se plier face aux pays
d'Afrique australe et de l'Est.
Pourtant, avant son indépendance, le
Sénégal avait déjà ressenti ce besoin d'union. Pour
cette raison, il oeuvrait afin que ses voisins cèdent leurs
souverainetés pour que se réalise le rêve commun. Ce qu'il
ne manque pas d'ailleurs de perpétuer dans le cadre de l'UA.
B- Le transfert et/ou l'érosion des
souverainetés au profit de l'Union
La logique d'appartenance à une organisation
supranationale aboutit inévitablement à une érosion de la
souveraineté des Etats membres211(*). Cette érosion des souverainetés se
fait soit par transfert, soit par abandon de compétences à
l'organisation212(*). A
cet égard, les conceptions de la souveraineté fondées sur
le modèle de l'Etat, qui déterminent de manière autonome
la forme et le contenu de ses politiques publiques est devenu en partie
obsolète si l'on s'en tient au processus de construction de l'UA en
cours213(*).
A l'accession à l'indépendance, le Sénégal
s'illustrait comme un « pays avant-gardiste
en inscrivant dans sa Constitution, en 1960, un abandon tout au
moins partiel de sa souveraineté en vue de la réalisation de
l'Unité Africaine»214(*).
Restant dans cette même logique, il a successivement
modifié sa loi fondamentale afin de l'arrimer aux idéaux
unitaires qu'il diffuse à travers l'Afrique, ce avant même la
naissance de l'UA à Syrte en mars 2001. En son article 96, la
Constitution sénégalaise du 22 janvier 2001 dont la
dernière révision date du 07 Août 2008 dispose, que
« la République du Sénégal peut conclure
avec tout Etat africain des accords d'association comprenant abandon partiel ou
total de souveraineté en vue de réaliser l'unité
africaine » 215(*). Dans cette mouvance, certains pays tels la
République Démocratique du Congo, le Mali et le Burkina Faso, ont
chacun inscrit dans leurs Constitutions la possibilité de céder
leur souveraineté pour la réalisation de l'UA216(*). Ceci va en droite ligne
avec l'esprit des rédacteurs de l'Acte constitutif de Lomé qui
ont donné le ton à propos de la construction de cette
supranationalité, notamment en réalisant des changements certes
marginaux mais novateurs. Contrairement à la charte de l'OUA qui
consacrait l'étatisme en absolutisant les principes de
non-ingérence et de respect de la
« souveraineté » des Etats, l'Acte constitutif a
désormais inscrit le droit de l'Union d'intervenir dans un Etat membre
sur décision de la Conférence des chefs d'Etats, dans certaines
circonstances graves, concernant « les crimes de guerre, le
génocide et les crimes contre l'humanité » et
« le droit des Etats membres de solliciter l'intervention de
l'Union pour restaurer la paix et la sécurité ».
Cette position s'inscrit en faux contre le réalisme qui néglige
d'innombrables aspects de la politique internationale, en particulier ceux
relatifs aux échangent économiques et sociaux entre les Etats,
à leurs interactions fonctionnelles217(*), dans la mesure où les conceptions
traditionnelles de la souveraineté, qui sont un fondement de la
représentation réaliste des relations internationales, sont trop
exclusivement concernés par les questions de haute politique218(*). Il est plausible que des
apparentes avancées sont à noter en ce qui concerne la
souveraineté qui pourrait à long terme céder le pas
à une supranationalité en Afrique. Dans cette perspective, sous
l'impulsion du Sénégal, du moins en partie, de nombreux projets
de développement ont été élaborés, et
certains associés à l'UA.
PARAGRAPHE II- La co-conception des projets de
développement et la proposition des APD
Sur la base d'un projet rédigé par le
Sénégal et baptisé Plan Omega pour l'Afrique (POA),
fut créé le Nouveau Partenariat pour le Développement de
l'Afrique (NEPAD). A celui-ci, s'est ajoutée une suggestion portant sur
la gouvernance régionale à savoir, le Mécanisme Africain
d'Evaluation par les pairs (MAEP) dont le Sénégal est l'un des
promoteurs (A). Tel qu'élaborés, les Accords de Partenariat pour
le Développement (APD) proposés dans le cadre des accords
UE/ACP219(*)
apparaissent comme une arme sénégalaise contre la
départementalisation économique au sein de l'UA(B).
A-
La co-conception des projets de développement
L'histoire retient qu'au moment où trois Etats
africains entre autres l'Afrique du Sud, le Nigeria et l'Algérie
auxquels l'Egypte fut associée proposaient d'un côté le
Millenium African Recovery Plan(MARP), le Sénégal proposait de
l'autre côté le plan Omega pour l'Afrique, à travers lequel
il a participé à l'élaboration du NEPAD (1) avant de
proposer son pendant le MAEP(2).
1- La participation à l'élaboration du
NEPAD par la proposition du POA
Les origines du POA sont profondément ancrées
dans le « Sopi »220(*). En Afrique, le
Sénégal est considéré comme l'un des pays dont le
tissu démocratique semble le mieux tissé. Contrairement à
bon nombre d'Etats sur le continent, le multipartisme y existe depuis plus de
trois décennies. La création du premier parti d'opposition, le
PDS (Parti Démocratique Sénégalais), sous la houlette de
Me Wade alors avocat et consultant auprès de l'OUA à
Mogadiscio(Somalie), y remonte au 08 Août 1974. Dès sa naissance,
le PDS inscrit dans son programme l'objectif des Etats-Unis d'Afrique. Dix
années plus tard, il se dote de moyens de communication qui ont connu un
essor en 2010 avec le lancement du Groupe Sopi Media
(GSM)221(*), comprenant
une radio, un journal et une télévision.
Devenu le slogan officiel des militants du PDS dans leurs
luttes pour l'alternance et le renversement du Parti Socialiste (PS), le
« Sopi » incarne le changement et le Sénégal
voudrait que ce changement soit autant sénégalais qu'africain. Se
considérant comme un « panafricaniste
libéral »222(*), le Président Wade veut montrer, à
travers ses idées que, sur les plans économique et politique, la
constitution d'une UA est possible, et que les Africains n'ont d'autre choix si
ce n'est la communautarisation des politiques nationales. Il convient donc de
déconstruire un certain mythe entretenu autant par l'Occident que par
certains intellectuels africains selon lequel, l'Afrique ne dispose pas
d'idéologie. Le « Plan Omega » initialement
conçu pour le Sénégal part du principe que le binôme
« aide/crédit » est responsable du mal
développement de l'Afrique et qu'il faut un temps d'arrêt afin de
procéder à la reconstruction de normes partagées sur le
continent. Transposé au niveau continental, le Plan Oméga
deviendra le Plan Oméga pour l'Afrique (POA).
A l'origine de son élaboration, se trouve le souci de
« vertébrer » l'Afrique et de la doter des citoyens
éduqués qui participent à son développement. Ce que
confirme la base du raisonnement de son initiateur qui part d'un constat :
« les pays africains dépensent une bonne partie de leurs
ressources et épargnent au financement des routes, des infrastructures
de communication et de l'éducation qui sont les paramètres de la
croissance économique »223(*). Pour le Président WADE pour qui l'essentiel
des idées est contenu dans son livre Un Destin pour l'Afrique,
« le développement optimal d'une économie passe
par des options structurelles, de la même façon que la
solidité d'un édifice dépend des fondations de
l'armature »224(*). Le POA que présente le Président
sénégalais lors du sommet de Syrte en mars 2001 est un axe pour
le développement de l'Afrique sur un double plan : infrastructurel
et intellectuel. Sur le plan infrastructurel, il propose que l'Afrique
construise une vaste infrastructure continentale de communication : routes
et voies ferrées modernes. Selon lui, on ne peut parler d'une Union en
Afrique s'il est impossible d'aller d'un pays africain à un autre,
fût-ce par voie routière ou ferrée. Ce déficit
d'infrastructures sur le continent a d'ailleurs poussé le commissaire
Louis Michel à déclarer qu'il faut
« vertébrer l'Afrique » en la dotant des
routes transafricaines .
Sur le plan éducatif, « intellectuel
multidimensionnel »225(*), le porte-parole sénégalais conclut
à la « continentalisation de la recherche ».
Convaincu que les derniers développements de la science se feront en
Afrique, il axe son raisonnement sur la formation de la jeunesse.
Toutefois, la question de fond s'étant posée
était celle de savoir si ces projets pouvaient se concrétiser. En
clair, comment les financer vu les moyens réduits des Etats
africains ? Le Sénégal estimait que l'objectif du POA serait
de « réunir des ressources au niveau
international/multilatéral » pour faire face aux deux
exigences sus-évoquées. Pour avoir une certaine
légitimité sur le plan international, le projet
sénégalais sera associé à deux autres propositions
à savoir, le Millenium African Recovery Plan(MARP) et
le « programme pour le Redressement de l'Afrique »
proposé par la Commission des Nations Unies pour l'Afrique. Ces trois
projets fusionneront ensuite lors du sommet convoqué à Abuja le
23 octobre 2001 pour donner un seul texte : la Nouvelle Initiative
Africaine (NIA), avant d'être rebaptisé NEPAD à Lusaka
à la 37ème conférence de l'OUA.
L'initiative du NEPAD provient du fait que les chefs d'Etat
africains ont nourri l'ambition d'élaborer eux-mêmes des projets
de développement et de ne faire appel au monde extérieur que pour
compléter leurs efforts226(*). En avril 2002 à son lancement, le ministre
des Affaires étrangères sénégalais, Cheikh Tidiane
GADIO et la diaspora sénégalaise présentaient les enjeux
de ce projet pour le continent. Contrairement à ce que pensait
Kadhafi227(*), ces
derniers expliquaient qu'il sera une réussite parce qu'il est une
initiative des chefs d'Etat africains228(*). Malgré ces espoirs, s'il est vrai que le
NEPAD fait encore du chemin229(*), Hennig MELBER avait déjà conclu sur
son échec. Il affirmait que « le NEPAD qu'un grand nombre
considère comme la seule chance d'un avenir viable pour le continent
pourrait n'être rien de plus que du vieux vin dans de nouvelles
bouteilles »230(*). Il ajoutait même qu'il est douteux que les
efforts actuels de l'Afrique puissent faire suffisamment autorité pour
convaincre le monde et particulièrement l'Occident industrialisé
à soutenir cette initiative231(*). Le temps semble lui avoir donné raison. Car,
les nombreuses promesses faites par les Occidentaux sont une fois de plus
restées dans le catalogue des bonnes intentions. C'est le constat dans
la mesure où le NEPAD est apparu comme « une belle
Mercedes qui a manqué un bon chauffeur ». Même le
Président WADE n'y croit plus véritablement. Lors du Sommet
mondial le 14 septembre 2005, il déclarait que «les pays
développés n'ont pas toujours respecté leurs engagements,
notamment en ce qui concerne l'aide au développement fixée dans
les années 70 à 0,7 % de leur produit national brut à
transférer aux pays en voie de développement. Il en est de
même des promesses faites concernant le financement du
NEPAD »232(*).
Or, le Mécanisme Africain d'Evaluation entre les Pairs
(MAEP) qui avait été pensé au même moment que le
lancement du NEPAD, constituait un instrument de nature à faire
implémenter la bonne gouvernance afin d'éviter des obstacles
intérieurs aux pays africains. Surtout quand on sait que les bailleurs
de fonds internationaux trouvent en cette dernière une condition sine
qua non pour l'investissement.
2- La proposition d'un projet de gouvernance
régionale : le MAEP
Dès l'adoption du NEPAD, la crainte partagée par
les chefs d'Etat de ne pouvoir convaincre les pays occidentaux, notamment le
secteur privé étranger d'investir massivement en Afrique
et à soutenir les projets structurants de l'UA
les a poussé à initier un programme de bonne gouvernance. Comme
l'a déclaré le Président WADE,
« face aux pressions de nos partenaires
internationaux sur les questions de bonne gouvernance, j'ai proposé
à mes homologues l'élaboration d'un mécanisme de
surveillance mutuelle qui a abouti au
MAEP»233(*).
En fait, la bonne gouvernance est dès le début
des années quatre-vingt-dix, au coeur des exigences des partenaires au
développement en Afrique. Elle fut essentiellement
théorisée et vulgarisée par la Banque Mondiale qui la
définit comme « la manière dont le pouvoir est
exercé dans la gestion des ressources économiques et sociales
d'un pays »234(*). Pour Bernard Husson, le contenu sémantique
de la bonne gouvernance « fait appel à la transparence de
la bonne gestion de deniers publics ou mis à la disposition des Etats.
Il s'agit d'une approche financière et comptable qui réduit la
gouvernance à une dimension technique et une recherche
d'efficacité. Mieux utilisées, les ressources disponibles
devraient générer une dynamique
économique»235(*). Une bonne partie des évaluations objectives
du retard de l'Afrique met en évidence la mal gouvernance comme
étant l'un des principaux freins de son développement. Pendant
longtemps, l'on a constaté que le climat des affaires publiques y
était marqué par la corruption, la gabegie, l'absence
d'éthique, de transparence et de responsabilité dans la gestion
ou encore l'obligation de rendre compte. Pour Jean Marc ELLA,
« il suffit d'évoquer le pillage organisé par les
classes dirigeantes qui, comme au Cameroun vont jusqu'à faire de la
corruption une méthode de gouvernement. Ou bien les pratiques de
redistribution par l'Etat des ressources à ses courtisans, à
partir de mécanismes de prédation qui ont conduit à la
ruine de nombreux pays africains »236(*). C'est pour reconstruire
l'identité de l'Afrique qu'une certaine idéologie entretenue par
les afro-pessimistes, pour qui « l'Afrique n'était
pas mûre pour la démocratie » et qui voudraient
faire d'elle un « cancer » de la planète et
les Africains des « sacs à virus pour
l'humanité » 237(*) que les Etats Fondateurs du NEPAD parmi lesquels
le Sénégal ont élaboré le MAEP.
Selon son document cadre, le MAEP « est un
instrument établi suite à un accord mutuel auquel
adhèrent volontairement les Etats membres de l'Union
Africaine »238(*). Il s'agit d' « un mécanisme
d'auto-évaluation destiné à valoriser l'adoption de
politiques, de normes et de pratiques qui conduiront à la
stabilité politique, à une croissance économique accrue,
au développement durable, à une intégration
économique régionale et continentale
accélérée grâce à l'échange
d'expériences, au renforcement des méthodes et pratiques qui ont
fait leurs preuves, y compris l'identification des insuffisances et la
définition des besoins des pays participant en matière de
renforcement des capacités ». Le mécanisme
d'évaluation par les pairs du NEPAD consiste en une évaluation
systématique des résultats d'un pays par d'autres Etats (les
pairs), des institutions habilitées ou par une combinaison des
deux239(*). Depuis son
établissement le 9 avril 2002 en Afrique du Sud, suivi de son adoption
en mars 2003, des évaluations ont été faites dans 14 pays
africains entre janvier 2006 et janvier 2011240(*).
Au regard de ses objectifs, le MAEP est un programme ambitieux
et réaliste. Ambitieux d'abord dans la mesure où ce sont presque
tous les domaines de la gouvernance qui sont ciblés. Il s'agit des
quatre domaines thématiques du MAEP que sont la Démocratie et la
Gouvernance politique, la Gouvernance et la Gestion économiques, le
Développement socio-économique et bien entendu la Gouvernance
d'entreprise241(*). La
volonté est surtout de prendre en considération l'ensemble des
problèmes qui touchent les questions du développement en Afrique.
Ensuite et enfin, une démarche réaliste parce
qu'il accorde la primauté au dialogue (les contraintes coercitives n'y
sont prévues qu'en dernier ressort). Du fait de ce large
déploiement, certains spécialistes en matière de
développement ont estimé que « de tous les projets
posés par le NEPAD, le mécanisme africains d'évaluation
par les pairs est l'élément le plus novateur du programme du
NEPAD »242(*). Mais, malgré les espoirs qu'il suscite, une
critique peut lui être adressée.
Ce projet est surtout volontariste. Chaque Etat pouvant s'en
retirer lorsqu'il estime qu'il menace ses intérêts. Certains chefs
d'Etat ont même manifesté leur inquiétude à son
égard. Pour nombre d'entre eux, le MAEP risque de glisser vers une
conditionnalité à l'aide publique au développement dans la
mesure où il gagne de la crédibilité aux yeux de la
communauté internationale. D'autres ne manquent pas d'ailleurs de
rappeler que le MAEP n'a pas pour but de classer les Etats africains dans les
catégories de « bons » ou
« mauvais ». Est-ce ce qui explique paradoxalement la
réticence du Président WADE à recevoir une
évaluation de ses pairs depuis 2006 ? 243(*).
En revanche, autrefois critiqué pour sa
négligence à l'égard de la société civile,
le MAEP implique désormais cette dernière - universitaires,
représentants des instituts de recherche, etc.- dans ses
différentes activités244(*). Il ne s'agit donc pas d'un projet neutre au regard
de la coïncidence avec les premières difficultés des
initiateurs du NEPAD à convaincre le secteur privé
étranger d'investir massivement en Afrique.
Mais, malgré l'établissement de ce projet, les
pays riches n'ont pas aidé le NEPAD à accomplir ses objectifs,
pas plus qu'ils entendent aider durablement l'Afrique à booster son
développement. Ils s'attellent plutôt à imposer des accords
de développement défavorables au continent. Ce que rejette
vertement l'Etat sénégalais qui a proposé des APD en lieu
et place des APE (Accords de Partenariat Economique).
B-
La proposition des APD : contre la départementalisation
économique de l'Union
Défenseur des choix économiques de l'Union, le
Sénégal s'impose comme le protecteur du continent dans le cadre
des négociations commerciales avec l'UE. Selon les accords de
Cotonou de 2000, l'UE et les pays ACP devaient négocier des APE (Accords
de Partenariat Economiques) visant à remplacer, au plus tard le
1er janvier 2008, le cadre de leurs relations commerciales en
conformité avec celui de l'Organisation Mondiale du Commerce(OMC). La
première phase des négociations a débuté entre 2003
et 2004 pour s'accélérer et s'intensifier en 2007 sous la
pression de l'échéance de 2008245(*). Cette phase d'intensification a conduit à
l'adoption de la « Déclaration de
Lisbonne » (Portugal) le 9 décembre 2007 entre les 52
pays de l'UA plus le Maroc et les 27 pays de l'UE . Cette
déclaration adoptait « une stratégie
conjointe » dans le cadre d'un partenariat « d'égal
à égal » à travers un plan d'action sur trois
ans. Bien que les pays membres de l'UA aient réaffirmé leur
volonté de continuer leurs relations avec l'Europe, ils se sont
opposés à la nouvelle orientation que les APE entendent donner
à ces relations commerciales. Au 1er janvier 2008, ces pays
étaient censés ouvrir progressivement leurs frontières
d'au moins 80% aux produits européens sur une période transitoire
de 25 ans246(*), mettant
ainsi fin au régime préférentiel autrefois accordé
aux pays ACP. Ils devaient se conformer aux règles
édictées par l'OMC. Or, depuis le début des
négociations, il n'y a pas encore eu de suite probante. Cela est
dû à la généralisation des négociations
bilatérales de la part de l'UE qui préfère plutôt
négocier avec les Etats et les CER qu'avec l'UA. Une erreur, estime
Damien HELLY car, la commission de l'UE qui a divisé l'Afrique en zone
géographique pensait qu'elle pourrait négocier ses nouvelles
relations commerciales avec un groupe de pays homogène sur le
modèle du groupe ACP247(*). Cette attitude de l'UE à vouloir
compartimenter le continent a suscité l'opposition de certains chefs
d'Etat africains dont le Président WADE qui déclare
que, « nous sommes d'accords qu'il y ait des accords [...],
toutefois ce que l'UE nous propose ne paraît pas acceptable. Elle ne veut
pas discuter avec l'Union Africaine »248(*).
En effet, les fameux APE que veut imposer l'UE tendent
à forcer une libéralisation des marchés africains en y
instaurant entre autres la suppression des taxes d'exportation sur les
matières premières, la suppression des droits de douane sur
l'importation des produits européens et la libre concurrence. Or, en
l'état actuel des choses, il existe un fossé entre le
développement de l'Europe et celui de l'Afrique. Alors,
libéraliser le marché conduit inévitablement à
l'asphyxie des entreprises africaines qui ne sont pas loin du stade
embryonnaire. La réplique du continent est venue du
Sénégal qui a proposé les APD comme alternative aux APE.
Les APD ont pour objectif de préserver l'économie des pays
africains qui dépend foncièrement des extractions
minières. Ils prônent la libéralisation sur certains
produits uniquement. Il faut noter que lors du 3ème sommet
UE-Afrique à Tripoli en novembre 2010, l'UE a proposé des
« compensations financières » afin
d'investir le marché Africain. Le Président WADE avait
répliqué qu'on ne pouvait pas détruire une économie
et la remplacer avec de l'argent. Ce serait dit-il
« échanger ma jambe contre de
l'argent »249(*). Dans les rapports de forces qui structurent
ces négociations, la Commission de l'UE avait intimé l'ordre de
signer ces APE avant le 31 décembre 2007, sinon, « on
allait voir ce qu'on allait voir »250(*). La même
année, le responsable du commerce de l'UE avait fait preuve
d'agressivité notoire envers l'Afrique du Sud et le Nigeria251(*). Ce qui a fait
déceler trois types de comportements de la part des Etats de l'UA en
novembre 2010 à Tripoli. On a pu ainsi constater une
différenciation dans le régime de la relation
commerciale252(*) :
contrairement aux pays des Caraïbes et du Pacifique qui ont signé
les APE, certains pays africains commercent avec l'Europe sous le régime
d'APE intérimaires (SADC - Botswana, Lesotho, Swaziland -,ESA/EAC -
Madagascar, Ile Maurice, Seychelles et Zimbabwe - Cameroun, Côte
d'Ivoire), et les autres sous celui du système de
préférences tarifaires généralisées (SPG),
qui seront revues périodiquement ( Congo, Gabon, Ghana, Kenya, Namibie,
Nigeria,) ou du régime « tout sauf les armes »
(également couvert par le SPG) pour les pays les moins
avancés(PMA)253(*) et qui consiste en un régime
déjà avantageux libre de tarifs et de quotas .
D'un point de vue analytique, l'on peut constater que,
conscients des avantages acquis dans les régimes
préférentiels existants, les pays africains voient d'un mauvais
oeil le nouveau cadre de relations commerciales proposées par l'UE,
lesquelles risquent sans doute de leur faire perdre des recettes fiscales et
autres revenus informels liés aux frontières. De plus, ces
relations pourraient imposer des réformes aux gouvernements, destruction
des économies et donc compromettre la stabilité
socio-économique. Ceci conforte exactement le constat de P. MOREAU
DEFARGES qui, évoquant la crise du multilatéralisme, trouve
qu'il « ne serait qu'un instrument au service des puissances
établies afin de ligoter économiquement les pays du
Sud »254(*). Cela est d'autant évident que la nouvelle
politique commerciale imposée par l'UE aux pays africains sous la
houlette de la plus haute instance commerciale internationale permet de
percevoir que « l'Organisation Mondiale du Commerce promouvrait
dogmatiquement le libre-échange, sans prendre en
considération les énormes inégalités de fait entre
Etats »255(*). La politique libre-échangiste UA-UE fait
face à plusieurs obstacles. L'avenir des relations commerciales serait
visible sur le prisme d'un partenariat gagnant-gagnant. Pour cette raison, le
cadre adéquat pour cette négociation ne serait ailleurs si ce
n'est dans l'UA. Cependant, on peut remarquer que l'UE a pu profiter de la
perte de vitesse de l'organisation panafricaine dont la force commune reste
difficilement envisageable pour se tourner petit à petit vers le
partenariat sous-régional établissant provisoirement un
partenariat stratégique UE-SADC, UE-PMA, etc., et non plus UE-UA. Ce qui
met actuellement en lumière une certaine faiblesse du
multilatéralisme africain dans les négociations commerciales
malgré les véhémentes réticences du
Sénégal.
Toutes ces actions entreprises par ce pays ont pour
finalité de construire ce qui est désormais convenu d'appeler
« la maison commune » des Africains. A cet effet,
il mobilise dans son discours d'autres moyens et méthodes propres.
SECTION II- LA CONSTRUCTION DISCURSIVE, SYMBOLIQUE ET PRATIQUE
DE L'UA
La perception sénégalaise de l'UA est un projet
qui transcende les simples frontières du Sénégal et du
continent. Pour s'en persuader, il suffit d'analyser sa stratégie qui
procède par une construction discursive ou théorique de l'Union
(paragraphe I), laquelle est associée à l'usage des symboles et
à la pratique (paragraphe II).
PARAGRAPHE I- LA CONSTRUCTION DISCURSIVE
L'analyse du discours sénégalais sur la
construction de l'UA permettra de mettre en exergue trois axes principaux de
réflexion. D'abord il s'agit d'un discours qui vise à construire
l'UA autour du concept de la renaissance256(*) africaine (A). Ensuite, il promeut la constitution
des normes et des valeurs partagées à travers la pratique des
conférences (B). Enfin, il propose une forme médiane à
l'Union (C).
A-
La constitution de l'UA autour du discours de la renaissance africaine :
la construction de la paix
La paix, dit Jean-François GUILHAUDIS, est
l'équivalent de l'absence de guerre257(*). une condition sine qua non pour tout
développement durable. Selon les statistiques établies par les
polémologues, l'une des causes du retard de l'Afrique par rapport au
reste du monde est due aux nombreuses crises qui sévissent sur le
continent. C'est dans le souci d'y mettre fin qu'il faut lire le discours du
président sénégalais de la renaissance africaine sur la
construction de la paix sur le continent.
Au moment de la signature de l'Acte constitutif de l'UA en
2000, le président Wade avait constaté que depuis l'accession
à l'indépendance, plusieurs pays africains demeurent le
théâtre de crises multiformes qui ont mis à mal leur
sécurité interne et entraîné leur repli sur
eux-mêmes. Il affirmait que « les conflits les plus
inquiétants en Afrique pouvaient être ramenés à
certaines causes, principales, entre autres, les rivalités autour des
mines de diamant touchant la Sierra Leone et la République
Démocratique du Congo (RDC)..., la bataille autour du
pétrole »258(*). Cette bataille poursuit-il a joué
un « rôle essentiel » dans la
déstabilisation des pays comme l'Angola, ou le Congo-Brazzaville. Selon
lui, il faudrait non seulement y mettre fin, mais aussi et surtout, penser des
mesures adéquates pour éliminer « la lutte pour le
pouvoir qui fut un élément déclencheur de la guerre
»259(*) avec
les assassinats politiques comme en RDC, en Angola, en Somalie et en Ethiopie.
Sur ce point justement, les statistiques sont d'autant exécrables que,
selon le président de la Commission de l'UA Jean PING,
« 31 chefs d'Etat africains ont été
assassinés en moins de 40 ans après les
indépendances »260(*). Pour sortir de ces crises qui ont
déchiré le continent et précisément la
région des grands lacs ouvrant la voie à ce que Gérard
Prunier a qualifié de « première guerre
inter-africaine »261(*), le Président
sénégalais a adressé un discours multidimensionnel sur les
questions de paix à l'endroit de l'Afrique et du monde entier le 4 avril
2010 à l'occasion de la célébration du cinquantenaire de
l'indépendance du Sénégal.
Axé principalement sur la renaissance du continent
africain, ce discours ambitionne entretenir la denrée incommensurable
qu'est la paix. Telle qu'envisagée par Dakar, il s'agit d'une paix qui
devrait se construire à partir de la destruction des armes lourdes, ce
qui aiderait par la suite au développement et à
l'émergence de l'Afrique. En présence de 22 chefs d'Etat
africains et des représentants des missions diplomatiques des grandes
puissances, il a inscrit l'inauguration du Monument de la renaissance africaine
dans une perspective de paix mondiale pour le compte de l'Afrique. Comme on le
perçoit à travers ces mots , Abdoulaye WADE
déclare : « du sommet de la statue la plus
haute du monde, du haut, de cette oeuvre d'art qui symbolise la renaissance
africaine, au nom de l'Afrique, l'Afrique qui se reconnaît dans ce
monument, je vous transmets un message de paix, condition indispensable
à la renaissance de notre continent » 262(*); révélant
ainsi le rôle symbolique que joue ce Monument dans la construction de
ladite paix et son implication dans le succès du continent. Par la
suite, Il a conseillé « aux gouvernements de s'engager
davantage dans la destruction des stocks »
nucléaires. Le message sénégalais sur la renaissance
africaine est donc double.
D'abord, un appel lancé à tout le monde entier
en vue de la cessation de la fabrication puis de la fourniture des armes
dangereuses qui alimentent en grande partie les conflits sur le continent et
nuisent à son décollage économique politique et social.
Dans la même perspective, parlant des « ventes
illicites d'armes et de produits militaires dérivés en
Afrique sub-saharienne », lesquels ont
occasionné « 50% des morts liés aux
conflits »263(*), Yves EKOUE AMAÏZO constate amèrement
que « les principaux fournisseurs d'armes de l'Afrique sont
les pays du G8 »264(*) .
Ensuite il y a un appel à la
dénucléarisation tant civile que militaire de la planète.
De fait on constate de plus en plus que l'Afrique, tout comme beaucoup de pays
sur la planète, fait face à des crises énergétiques
graves. Pour y pallier, elle entend opter pour le nucléaire civil. Or,
au regard du spectre des catastrophes qu'engendre cette option, le
Président WADE a conseillé à l'Afrique d'y renoncer. Les
catastrophes nucléaires qui ont affecté la ville de Fukushima au
Japon en mars 2011, un des pays les mieux avancés au monde dans la
technologie nucléaire, sont venues confirmer ses inquiétudes
quant à cette voie qui, selon lui constituerait durablement un frein
dans la marche du continent. Se déliant de son projet du
nucléaire civil initialement conclu avec la Russie et dont l'objectif
était de doter le Sénégal d'une station nucléaire,
il a par la même occasion annoncé qu'au 17ème
sommet de l'UA à Malabo, il demanderait à ses pairs d'en faire
autant265(*). Ce
désengagement envers le nucléaire semble d'ailleurs le
maître-mot dans la mesure où de plus en plus, même les pays
les plus industrialisés l'abandonnent pour des options moins
dangereuses266(*). Pour
certains analystes comme Joseph Vincent NTUDA EBODE, le nucléaire
coûterait très cher et encore plus aux pays africains qui ne
maîtrisent pas encore cette technologie. Outre les accidents que nous
venons d'évoquer, il souligne également deux autres
problèmes à savoir « l'entretien des
équipements »267(*) qui fait généralement défaut
sur le continent et le « traitement des
déchets »268(*) qui n'est pas aisé. Il est donc incontestable
aux yeux de Dakar que la fin de la course à l'acquisition de l'arme
atomique permettrait le retour à la paix et au renouveau du continent
africain. C'est ce qu'il convient de comprendre par « les peuples de
la terre ne veulent plus de l'arme atomique »269(*).
En outre, le Sénégal met suffisamment l'accent
sur l'expertise des intellectuels. A travers les colloques continentaux qu'il
organise, ces derniers pensent une Union possible et contribuent par ce fait
même à la création des normes et des valeurs
partagées à travers le continent.
B-
La construction des normes et des valeurs communes à travers les
conférences
Pour ériger des valeurs partagées dans le cadre
de l'édification de l'UA, le Sénégal recours non seulement
à la communauté épistémique270(*) (1),
mais aussi aux contributions de la diaspora africaine (2).
1-
Le recours à la communauté épistémique :
l'expertise des intellectuels africains
Par définition, un intellectuel c'est quelqu'un qui
défend des idées, qui conteste, qui proteste271(*). Alors que les idées
seules permettent de construire avec beaucoup de volonté politique
aussi, les intellectuels africains ont rarement fait entendre leur voix dans
l'ancienne OUA. Lors du sommet des chefs d'Etat sur la recherche d'un
gouvernement d'Union à Abuja en novembre 2005, le Président WADE
s'était inquiété sur cette sous-utilisation de la
matière grise africaine dans le projet d'Union272(*). Or, avec une Afrique que
d'aucuns, à l'instar de René DUMONT avait prédit
« mal partie », mais qui aujourd'hui, sort progressivement
du creux de la vague, les intellectuels ont le devoir et même le pouvoir
de lui prêter main forte afin de la pousser davantage vers le haut. Pour
ce faire, le plus important reste sans doute une domestication progressive de
ces derniers qui devront être mis au service de l'organisation
panafricaine.
Le Sénégal s'en est rendu compte depuis plus
d'une décennie ainsi qu'en témoignent ces propos du
Président WADE : « ma conviction a toujours
été que l'expertise africaine devait un jour ou l'autre se mettre
à la disposition des peuples africains pour non seulement
prévenir les obstacles, mais surtout contribuer à la
définition des voies et moyens de construire notre continent avec
l'objectif de le hisser au niveau des autres
nations... »273(*). De fait, sous les auspices du
Sénégal, de nombreuses conférences ont été
organisées tant au sein de l'organisation panafricaine qu'à
l'extérieur de celle-ci. L'enjeu majeur étant d'interpeller les
intellectuels afin qu'ils jouent pleinement leur rôle dans divers
domaines et disciplines, dans la perspective d'édifier l'UA.
En ce qui concerne les conférences organisées
dans le cadre de l'organisation panafricaine, le Sénégal en a
initié une : la première conférence des intellectuels
africains et de la diaspora africaine que proposa Me WADE en juillet 2000 lors
du sommet de Lomé. Réunis dans la capitale togolaise dans le
cadre de la signature de l'acte de naissance de l'UA, les chefs d'Etat
africains avaient constaté avec amertume que la dette des pays
africains, devenue insoutenable ne cessait de s'augmenter malgré les
payements qui s'effectuaient. Les estimations, très effrayantes,
établies par la Banque Africaine de Développement(BAD), l'avaient
évaluée à plus de 320 milliards de dollars en 1998 contre
116 milliards en 1980274(*). C'est le Président GNASSIMBE Etienne EYADEMA
qui avait donné le ton. Il rappelait que « le fardeau de
la dette aggravait de jour en jour la vulnérabilité des pays les
moins avancés de l'Afrique ». Comme solution, le
président algérien Abdelaziz BOUTEFLIKA avait
préconisé « l'annulation de tous les
arriérés de la dette africaine antérieurs à
l'avènement du nouveau millénaire ». Or, la
question n'avait été jusque-là débattue que par les
seuls chefs d'Etat qui, de surcroit, n'y comprenaient pas grand-chose. Car, ne
maîtrisant pas trop comment leurs pays étaient devenus très
endettés et encore moins comment sortir de cet endettement qui freinait
le développement de l'économie du continent tout
entier. « Nous ignorons jusqu'à l'origine de
certaines de nos dettes : fondement juridique, portée
économique des investissements devenus dettes, taux
d'intérêt », avait rappelé le
Sénégal qui démontrait que « tout se
perd dans le rééchelonnement et l'effacement partiel ou total.
Or, même si nos dettes faisaient l'objet d'une remise de créance,
la situation peut se reproduire si nous ne connaissons pas et ne
maîtrisons pas l'origine de la dette »275(*). Pour ne pas faire
comme le médecin qui administre les médicaments sans
chercher l'origine et les mécanismes de la maladie, le
Sénégal proposa la tenue d'un séminaire continental sur la
dette de l'Afrique276(*). Cette proposition sénégalaise
reçut immédiatement l'approbation du conseil de décision
de l'OUA. Dès son retour au Sénégal, le Président
WADE va tenir un Conseil des Ministres le 13 juillet 2000 à l'issue
duquel il ordonnera la constitution d'une commission devant apporter la
contribution sénégalaise sur la maîtrise des
problèmes de la dette africaine277(*).
La conférence se tint au Sénégal du 6 au
09 octobre 2004 sur le thème : « L'Afrique au 21ème
siècle : Intégration et Renaissance ». Elle réunit
environ 700 intellectuels provenant du continent et de la diaspora. Prenant la
parole à son ouverture, le Président WADE a indiqué que le
séminaire devait « revisiter l'histoire de l'Afrique,
bâtir la conscience collective et une nouvelle identité africaine
d'une part et penser l'Afrique dans un monde en changement et
complexe »278(*). Les intellectuels ont par la suite insisté
sur un certain nombre de préalables qui devaient être
observés afin que l'UA et ses projets soient un succès. Des
débats, ont émergé quelques idées forces qui
tournaient autour des valeurs et normes communes telles la liberté, le
développement et la bonne gouvernance qui devaient être
défendus et assimilés279(*). Selon eux, l'Afrique doit, à travers l'UA,
pouvoir renforcer ses marges de manoeuvre dans les négociations
internationales pour que les décisions prises ne soient plus à
son détriment : « renégocier la dette et
renégocier les modalités de son insertion dans le commerce
mondial ». Cette vision africaine conforte bien l'un des
paradigmes du constructivisme selon lequel les valeurs qui se diffusent au sein
de la société transnationale, les normes que partagent la
société internationale, les règles que codifie le droit
international, modifient le comportement des Etats280(*). Pour Martha FINNEMORE par
exemple, le fait que des Etats nombreux et aussi divers que possible aient
successivement et sans intérêt immédiat apparent
été amenés à redéfinir leurs politiques
scientifiques, leur conduite, leurs stratégies de développement
prouve que des organisations internationales intergouvernementales changent
leurs préférences281(*).
Pour ce qui est des conférences organisées en
dehors de l'organisation, et dont l'objectif était également de
requérir le savoir-faire des intellectuels africains pour la
constitution de l'Union, nous en dénombrons deux.
D'abord, celle de 1996. « La première
réunion des intellectuels et hommes de cultures d'Afrique »
tenue à Dakar. Au sortir de cette conférence, sera
créée une structure de mobilisation, pour la promotion du
mouvement panafricaniste à savoir la coordination des intellectuels
africains qui, selon Me WADE, existe dans plusieurs pays
africains282(*).
Enfin, le Symposium de Dakar sur les Etats-Unis d'Afrique
tenu du 27 au 30 juillet 2009. C'est probablement l'une des conférences
les plus importantes dans la promotion du mouvement panafricaniste en vue de
bâtir l'UA. Elle a été organisée par le
ministère sénégalais des Affaires étrangères
et l'Université Cheikh ANTA DIOP de Dakar. Lors de cette
conférence dont le thème était : « les
Etats-Unis d'Afrique, le rôle et la place de l'Afrique dans la
gouvernance mondiale », Me WADE a invité les
intellectuels à jouer effectivement leur rôle, à combattre
les forces externes « dé-unionistes » et à
réfléchir également sur la mise en place d'un gouvernement
continental en vue de créer les Etats-Unis d'Afrique à l'horizon
2017.
Aux 300 intellectuels venus des pays d'Afrique et de la
diaspora, le Président sénégalais a demandé
d'être plus audacieux en s'engageant particulièrement pour l'UA.
Il a constaté pour le déplorer que: « si les
intellectuels s'étaient mobilisés de façon efficace pour
accélérer les choses, ce serait formidable. Mais tels n'est pas
le cas ». En réplique, un participant, Guy MVELLE a
rappelé que c'est plutôt l'UA anciennement OUA, qui
« manque d'audace parce que en proie à des divergences,
mais aussi aux rébellions créées de toutes pièces
par les puissances occidentales ». Le Président WADE a
par la suite regretté que le monde évolue sans l'Afrique. Ainsi,
« dans le monde entier, les gens vont ensemble. Il n'y a qu'en
Afrique où l'on fait le mouvement inverse », en faisant
remarquer que « ce mouvement n'est pas réaliste et ne va
pas dans les intérêts du continent »283(*). Les intellectuels ont par
la suite apporté leurs contributions à la construction de l'UA
en abordant divers sujets dans diverses disciplines. Pour le politologue
camerounais Hilaire de Prince POKAM : « la
souveraineté doit être revisitée et
redéployée, se mettre au service de la responsabilité qui
est l'expression de sa transcendance ». Selon cet universitaire,
« certains Etats africains semblent encore trop accrochés
à leur souveraineté », or « l'Union
Africaine s'avère indispensable pour le
continent »284(*). Il a par ailleurs recommandé que la question
de l'Union ne soit plus qu'une simple affaire des autorités politiques.
En bref, il faudrait propose-t-il davantage inclure « les peuples
africains qui doivent être associés au processus
décisionnel dans tous les Etats... »285(*). Cette contribution rejoint
l'analyse multilatérale de KNIGHT Andrew qui soutient que
« la société civile ne considère plus les
gouvernements comme les seuls mandataires habilités à agir en son
nom. Partout, les citoyens semblent réclamer une représentation
plus directe dans la prise de décisions politiques qui les
affectent »286(*). Les chefs d'Etat africains semblent avoir pris acte
de ces contributions. A Malabo, lors de la 17ème
conférence de l'Union, ils ont réalisé d'importantes
avancées dans ce sens en instituant ce que Robert COX appelle le
« nouveau multilatéralisme »287(*) c'est-à-dire, partant
du « bas vers le haut »288(*).
En donnant la possibilité aux jeunes africains, de
diverses régions du continent, à s'exprimer sur leur situation,
et celle de l'Afrique d'autant que ladite conférence avait pour
thème « Accélérer l'autonomisation des jeunes
par le développement durable », les dirigeants africains ont
créé une certaine légitimité dans la mesure
où la jeunesse tout entière du continent a eu le sentiment
d'être impliquée dans les décisions la concernant. En
clair, si des initiatives de la sorte sont maintenues, elles accorderont plus
de crédibilité à l'UA. Car il faut le dire, celle-ci donne
encore trop l'impression d'être une organisation bureaucratique où
les chefs d'Etat africains expriment plus leurs désaccords ou leurs
prouesses qu'ils n'unissent les peuples africains qui plus est à leur
insu.
De même, une réforme structurale de
l'organisation s'avère nécessaire pour renforcer une
participation des « acteurs
économiques »289(*).
Si on fait un saut dans le passé, les initiatives
de rencontres panafricanistes, à savoir les conférences des
intellectuels précitées et le symposium organisé à
Dakar en juillet 2009, tout en revêtant une importance indéniable,
n'en sont pas moins travaillés par les archétypes du
panafricanisme des débuts de Londres à partir de 1900,
d'où la part belle faite à la diaspora africaine.
2-
L'implication de la diaspora africaine dans le processus
Selon Molefi ASANTE, la diaspora africaine s'entend
comme « une dispersion d'Africains hors de leurs foyers
traditionnels et composée de millions de personnes et de nombreuses
nations »290(*). C'est lors du sommet de Maputo en
2003 que le Sénégal émit l'idée d'une double
diaspora africaine291(*). A cette occasion, le président WADE
s'était offusqué de constater que l'Acte constitutif avait omis
cette partie du peuple noir qui avait posé les fondements du mouvement
panafricaniste. Faisant allusion au panafricanisme, Me WADE le définit
comme « une aspiration des Noirs d'Afrique et de la diaspora qui
s'identifient culturellement par leur appartenance à la civilisation
négro-africaine, puisant sa force dans la résistance
pluriséculaire des nègres à l'esclavage et à la
colonisation, cette aspiration se projette dans une unité politique du
continent sous la forme des Etats-Unis d'Afrique »292(*) . Cette définition
complète celle de NKRUMAH qui considérait le panafricanisme comme
« l'expression des descendants des peuples
africains »293(*).
Convaincu que la diaspora noire peut jouer un rôle dans
la construction de l'Union et le développement de l'Afrique en
général, le Sénégal a proposé et obtenu sa
consécration comme 6ème région de
l'UA294(*). Depuis lors,
on a pu constater une certaine symbiose structurante entre ces deux peuples
conjugués par l'histoire commune (esclavage, colonialisme et liens
culturels forts avec certains pays comme le Brésil, Haïti et
même jusqu'aux Etats-Unis).
S'agissant de la diaspora africaine des Etats-Unis, en 2008,
elle a contribué par un discours dénonciateur à
défendre le continent africain alors que le Président
américain Georges W. BUSH s'attelait à y imposer l'Africom
(l'African command) ou (Centre de commande américain pour l'Afrique)
après les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis.
Regroupés au sein de leur association, « la
Conférence Nationale des Avocats Noirs », ils ont
adopté une clause invalidant cette initiative du Président Bush
qui avait décidé de créer unilatéralement une force
militaire pour l'Afrique sans en informer les Africains295(*). Pour ces
Africains-américains, l'Africom n'est rien d'autre qu'
« une menace pour l'indépendance, la souveraineté
et la stabilité du continent africain » 296(*). Ils trouvèrent
par ailleurs que l'objectif inavoué de cette force était
d'exploiter les ressources naturelles du continent au détriment de ses
peuples297(*). Aucun
pays de l'Union n'ayant accepté d'accueillir l'Africom, ses bases ont
été établies à Stuttgart (Allemagne).
Comme un retour d'ascenseur, l'Etat sénégalais a
fait inscrire à l'ordre du jour de la Conférence des chefs d'Etat
d'Addis-Abeba en 2010, une proposition en vue d'amener les chefs d'Etat
africains à aider Haïti, suite au tremblement de terre qui a
violemment secoué la première République noire. Aussi,
par la voix de Me WADE, le pays de la « Teranga » avait par
la même occasion demandé aux Haïtiens qui le
désiraient de rentrer en Afrique, leur terre ancestrale. A la suite de
cet appel, 163 étudiants d'Haïti ont été reçus
au Sénégal où ils sont scolarisés. C'est donc dire
qu'il existe une certaine « interconnexion »298(*) entre la diaspora africaine
et le continent, les deux se constituant mutuellement.
Toutefois, force est de relever que, si la relation entre l'UA
et sa diaspora veut être réaliste, elle devra davantage
intégrer d'autres faits concrets, notamment ceux concernant le
développement. Quand on sait que l'Afrique est le continent le plus en
retard au monde en matière d'acquisition des connaissances
technologiques, il paraît impérieux que cette diaspora, et surtout
celle des Etats-Unis d'Amérique, puisse lui être utile. Car, en
se mettant à leur école, les Africains apprendraient à
« lier le bois au bois » tel que le conseillait le
Directeur d'école de Samba Diallo aux Diallobé dans
L'aventure ambiguë de Cheikh HAMIDOU KANE.
La contribution de haute facture intellectuelle dans la
réflexion ainsi que dans les orientations sages et pertinentes
déclinées dans ses différentes interventions qui
permettent de structurer l'UA n'en restent pas uniquement aux actions ainsi
examinées. Le temps passant, rien n'étant concrètement
fait pour l'Union voulue, le Sénégal a adopté une
stratégie médiane en vue de sa réalisation.
C -
La construction de l'Union médiane: contourner « le statu
quo » minimaliste
Dans leurs relations, certains acteurs de la construction de
l'UA perçoivent d'autres comme des partisans du « statu
quo »299(*). Or, de par la position que ces derniers occupent
sur la scène continentale, on se serait attendu qu'ils adoptent une
certaine attitude. C'est en filigrane la perception que le
Sénégal et la Libye peuvent avoir de l'Afrique du Sud ou du
Nigeria qui, du haut de leur place en Afrique, auraient pu être les
moteurs d'une Union plus forte, défendant des positions
multilatérales quasiment identiques sur le continent. C'est le cas pour
des domaines où on sait pertinemment qu'on ne peut négocier
bilatéralement avec les autres, plus puissants, sans perdre des plumes.
Face au dilatoire de certains Etats de ce processus de construction, le
Sénégal a proposé à d'autres Etats
« plus déterminés que les autres »
de procéder par un passage en force en adoptant une stratégie
propre. C'est ainsi que dans l'impossibilité d'embarquer tous les
53300(*) pays du
continent, il a opté pour une solution intermédiaire301(*). Celle-ci consiste à
avancer par étape avec un noyau d'Etats prêts à franchir le
Rubicon comme cela s'est fait en Europe, où l'on a commencé par
la CECA (Communauté Européenne du Charbon et de l'Acier) et plus
tard avec l'euro et l'espace Schengen, ou aux Etats-Unis d'Amérique
où il a fallu 183 ans pour que soit constituée la forme
fédérale que nous connaissons actuellement.
Justifiant son option, le Sénégal, par la voix
de Président WADE déclare et ce contrairement à ce
que pensent d'autres Etats que: « nous ne sommes pas
pressés par tempérament mais par le temps. C'est aujourd'hui
qu'il faut agir pour réaliser le rêve des précurseurs du
panafricanisme car, demain sera trop tard »302(*). Son discours semble avoir
suscité un écho favorable auprès d'un certain nombre de
pays africains. Lors du Symposium de Dakar par exemple, le ministre des
Affaires étrangère du Sénégal, Cheikh TIDIANE
GADIO, a révélé que vingt pays sont prêts pour
constituer les Etats-Unis d'Afrique. Ce en dépit des divergences
notées sur la mise en place de l'exécutif continental. Dans cette
même veine, le Président WADE annonçait lors du forum sur
la Renaissance africaine à Dakar que 22 Etats étaient
« déjà prêts »303(*) pour les Etats-Unis
d'Afrique. Déjà, à la 12ème
conférence de l'Union, le chef de la diplomatie
sénégalaise avait présenté une carte de cette
fédération pour l'essentiel encore virtuelle304(*). Il reste donc que toutes
ces déclarations d'intention passent effectivement de purs discours aux
actes concrets, donc pratiques.
PARAGRAPHE II : LA CONSTRUCTION SYMBOLICO-PRATIQUE
Dans le but de construire une identité africaine, un
autre fondement de l'Union en formation, le Sénégal va
au-delà des propositions organiques, normatives et du discours pour
intégrer les symboles(A), voire des activités ludiques à
consonance culturelle à l'instar des festivals(B). Pour assurer la
pérennité du continent, il participe également à la
construction d'une muraille verte(C).
A-
La concrétisation du discours de la renaissance africaine
Selon un principe de l'interactionnisme symbolique, «
les acteurs agissent envers les objets sur la base de la signification que
ces objets ont pour eux »305(*). Le monument de la renaissance africaine et bien
d'autres objets en construction par le Sénégal sont
à cet égard des symboles remplis de sens. Plus de deux
décennies auparavant, le Président WADE faisait un
rêve : « si j'étais un sculpteur, je mettrais
en place trois personnages les bras ouverts dans un élan
d'étreinte. Deux sur une marche supérieure, l'Europe et les
Etats-Unis, sont les plus rapprochés. Le troisième, l'Afrique, un
peu plus éloigné aux formes saillantes de pureté et de
force, tend aussi les mains... »306(*). Ce rêve est donc
devenu réalité. Installé à Ouakam, sur l'une des
Mamelles de la colline qui surplombe Dakar, le monument de la renaissance
africaine est une statue de bronze matérialisant la renaissance
africaine après cinq siècles d'esclavagisme et deux
siècles de colonisation. Erigée au sommet d'un escalier de 198
marches, la statue se visite de l'intérieur. Avec son imposante taille
culminant à 150 mètres, elle est la plus haute statue au monde
détrônant la statue de la liberté de New York aux
Etats-Unis d'Amérique, avec une durée de vie estimée
à 1200 ans307(*).
Auteur à 35% de l'oeuvre, 65% à l'Etat sénégalais,
le Président WADE a dit rétrocéder ses futurs dividendes
à la construction d'écoles pour les enfants du
Sénégal et d'Afrique308(*).
Il s'agit donc d'un monument à travers lequel les
Africains devront s'identifier et consolider davantage leur Union. Car, plus
remarquablement, il est entouré de 54 drapeaux africains,
c'est-à-dire des 52 pays membres de l'UA plus celui du Maroc et de l'UA.
Symbole de l'Afrique libre, il représente comme l'a expliqué le
Président Malawite BINGU WA MUTHARIKA, alors président en
exercice de l'UA, « un appel lancé aux Africains
à s'unir, à travailler ensemble pour le progrès social,
économique et culturel du continent »309(*). Lui reconnaissant une
vocation salvatrice, le Président WADE fait savoir que
« cet ouvrage digne du continent montre une Afrique sortant des
entrailles de la terre, quittant l'obscurantisme pour aller vers la
lumière ».C'est une Afrique émergente qui va vers
de nouveaux horizons, notamment à la quête d'une place honorable
de son peuple dans la mondialisation à travers son développement
économique, politique et culturel. Pour y parvenir, l'Orient et
l'Occident semblent mieux positionnés pour l'aider, surtout sur le plan
technologique. C'est ainsi qu'il convient de comprendre ces mots de Me WADE
qui indique que « l'homme, la femme et leur enfant feront face au
soleil, symbolisant l'ouverture du continent au reste du
monde » 310(*). C'est donc une force de propulsion et
d'attraction dans la grandeur, la stabilité et la
pérennité de l'Afrique.
Enfin, et non des moindres, le Sénégal s'est
engagé dans un vaste chantier de réhabilitation de la culture
africaine. En 2010, le Président WADE a annoncé qu'il fera
construire avant 2012, à Dakar entre autres le panthéon africain,
où les grands hommes d'Afrique pourraient être enterrés
s'ils le désirent ; un parc culturel comprenant le musée des
civilisations, le grand théâtre africain et une école
d'architecture qui verront le jour avant le prochain FESMAN. L'objectif selon
WADE est de magnifier les cultures et le patrimoine
« matériel et immatériel »311(*) du continent. Celui que les
Sénégalais appellent désormais le
« maçon des statues » entend faire
renaître la fierté de l'Africain et son respect à travers
des symboles qui construisent son identité qui a souvent
été culbutée par certains acteurs qui se plaisent
à représenter les populations noires africaines comme des
sauvages en manque de repères. Cette vision sénégalaise se
rapproche parfaitement des « systèmes de
valeurs »312(*) auxquels s'intéressent les constructivistes
dans le cadre de la construction européenne313(*). C'est ce qui justifie par
ailleurs l'organisation des festivals par le Sénégal, qui sont en
fait le reflet du volet festif magnifiant un retour aux profondeurs des sources
culturelles.
B-
Le rôle des festivals : le retour aux sources culturelles
Certains chercheurs comme Cheikh ANTA DIOP sont allés
au-delà du mythe pour mettre en évidence les fondements culturels
et civilisationnels d'une Union en Afrique. Dans la même
perspective, René DUMONT affirmait que « l'absence
d'un substrat philosophico-religieux dans lequel tous les Africains se
reconnaitraient (à l'image de l'islam pour les Arabes et du
christianisme pour les occidentaux) est un obstacle de taille à la
construction d'une Afrique unie »314(*). C'est ainsi qu'à la
clôture de la 12ème conférence de l'Union,
plusieurs résolutions furent prises parmi lesquelles l'organisation du
festival mondial des arts nègres à Dakar (FESMAN III).
En effet, c'est lors du premier congrès des
écrivains artistes noirs initié par Alioune DIOP, le fondateur
des éditions Présence Africaine, que pour la première
fois, l'idée d'une rencontre des artistes noirs en Afrique avait
été évoquée. C'est donc quarante-quatre ans
après les épisodes de 1966 à Dakar et de 1977 à
Lagos (Nigeria) que la troisième édition du FESMAN a eu lieu au
Sénégal. Comme l'a expliqué Alioune BEYE, après
les rencontres de Dakar et de Lagos, c'est suite à la décision
du président Wade que l'idée du festival a été
ressuscitée315(*). Du point de vue de la mobilisation, le FESMAN III a
été une démonstration magistrale d'autant que 71
pays tant d'Afrique que de sa diaspora y ont participé.
Parmi les disciplines au programme, figuraient l'art visuel, le
théâtre, la critique d'art, le cinéma, la vidéo
numérique, la danse et bien entendu des communications scientifiques et
politiques.
Sur le plan culturel, le FESMAN s'inscrit dans une dynamique
de valorisation du patrimoine culturel du peuple noir et de l'affirmation de
« l'africanité » dont parlait Léopold SEDAR
SENGHOR. Il estimait que l'existence d'une « identité
culturelle » commune à tous les peuples d'Afrique suppose
une «unité culturelle plus vaste qui transcende les
divergences ethniques et nationales»316(*).Transposée dans le
cadre de l'intégration, ZAKI LAÏDI perçoit en cette
identité la troisième condition d'émergence d'un
« espace de sens ». Il s'agit selon ses mots de construire
un « espace énonciatif »317(*). En inscrivant le volet
culturel dans son Acte constitutif et notamment dans le Conseil Economique,
Social et Culturel(ECOSSOC), les pères fondateurs de l'UA ont voulu
mettre un accent particulier sur la culture afin que par des actes concrets,
les Africains contribuent à la déconstruction de la rengaine dont
s'est gargarisée le colon, percevant l'Afrique comme un continent sans
« histoire », sans
« civilisation » et « sans
culture ». Il y a donc lieu d'entretenir un discours identitaire
plus ou moins formalisé et plus ou moins intériorisé. Se
fondant sur le passé précolonial, le président Wade
convainc d'ailleurs qu'« il y a bien plus de valeurs communes
entre les Etats africains qu'entre les pays qui composent l'Union
Européenne ou entre les multiples ethnies qui forment la mosaïque
des Etats-Unis d'Amérique »318(*). Raison de plus de construire l'UA sur cette
base.
Aussi, partant du postulat selon lequel les peuples africains
ont tous un même objectif à savoir, vaincre le sous
développement matériel en accédant au progrès
scientifique, et consolider leur union dans certains domaines, les rencontres
festives comme le FESMAN se muent en des lieux d'expression et de
création des normes communes. Cette
« intersubjectivité » 319(*) attire l'attention
au-delà des organisations internationales, sur un contexte plus large
à savoir les normes, les règles, les cultures et les
idées320(*). Ces
facteurs idéaux, loin de se confiner à des croyances et valeurs
individuelles sont par essence des modes de comportements partagés.
C'est ce que montre A. WENDT lorsqu'il affirme que les
« institutions » et les
« structures » sont fondamentalement des
constructions sociales comportant à la fois des « discours
et des organisations formelles »321(*). Ainsi, lorsqu'à
l'occasion de ce festival, Théophile OBENGA affirme que
« l'Afrique est une fiction juridique »,
« qu'elle n'existe pas dans les négociations
internationales », il entend amener les Africains à
déterminer leurs choix politiques et économiques face aux autres.
Audie KLOTZ et Cecelia LYNCH expriment bien cette idée par le fait
qu'à partir du moment où « on accorde aux acteurs
sociaux le vrai pouvoir d'entretenir et de transformer leur monde, on doit
aussi les tenir pour responsables de leur conception
du « bien » et de leurs actions en vue d'obtenir ce
qu'ils pensent possible et désirable dans la vie
internationale »322(*). Ce cadre permettant de créer un
véritable discours africain sur ce qui est « bien »
pour le monde noir, il convient d'affirmer qu'au-delà de l'aspect
purement ludique et festif qu'on lui reconnaîtrait prosaïquement, le
FESMAN constitue avant tout une véritable vitrine de défense des
intérêts du continent en général et
singulièrement ceux de l'UA.
En participant à la construction de la muraille verte,
le Sénégal contribue par ce fait même à assurer la
survie du continent africain.
C- La construction de la muraille verte : relever
le défi environnemental
La désertification constitue inexorablement un nouveau
cancer qui colonise aussi le continent africain. Ce péril qui s'attaque
à l'Afrique est une source d'aggravation de nombreux maux comme la
pauvreté, l'insécurité alimentaire, les flux migratoires
et les pertes en vies humaines tel qu'on l'observe dans la Corne de l'Afrique
depuis le début de l'année 2011. Pour combattre ce danger qui
chasse progressivement les pauvres africains de leurs terres fertiles, le
Président OLUSEGUN OBASSANJO proposa un projet de reboisement de
l'Afrique lors du 7ème sommet des Etats de la
Cen-Sad,
organisé à Ouagadougou du 1er au 2 juin 2005. L'idée sera
ensuite reprise par le Président Abdoulaye WADE qui lui donnera le nom
de « Grande Muraille Verte » (GMV) ou Great Green Wall
en anglais. Du coup, il sera nommé comme le coordinateur de la mise en
oeuvre dudit projet. Toutefois, c'est lors de la Conférence des chefs
d'Etat et de gouvernement de l'UA des
29
et 30 janvier 2007 que l'initiative de «Grande Muraille Verte du
Sahara» sera adoptée comme un projet panafricain de
développement.
En clair, les objectifs323(*) de la GMV sont : la contribution à la lutte
contre l'avancée du désert ; la mise en valeur
intégrée des zones dégradées du sahel en vue d'une
gestion durable des ressources naturelles et la lutte contre la
pauvreté, en visant de façon plus spécifique la
conservation/valorisation de la biodiversité; la
restauration/conservation des sols; la diversification des systèmes
d'exploitation; la satisfaction des besoins domestiques (produits ligneux et
non ligneux), l'accroissement des revenus grâce à de nouvelles
activités et l'installation d'infrastructures sociales de base;
l'amélioration des capacités de séquestration du carbone
dans le couvert végétal et les sols et enfin l'inversion des flux
migratoires vers les zones restaurées.
Estimé à 415 millions d'euros, l'initiative de
GMV tend à constituer une ceinture de végétation large de
15 km reliant Dakar à Djibouti sur une distance de 7000 km. La bande se
situe dans la zone sahélienne à l'isohyète comprise entre
100 et 400mm. Les 11 pays traversés sont entre autres
Sénégal, Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger, Nigeria, Tchad,
Soudan, Ethiopie, Erythrée et Djibouti. Cet ambitieux projet de
construction d'une GMV a commencé par se concrétiser au
Sénégal. Les premières plantations d'arbres ont
été faites dans le
Ferlo
(Nord-est du Sénégal) en 2008 et dans la localité de Widou
Thiengholy (région de Louga), à 370 kilomètres au Sud de
Dakar. Dans ce pays, les plantes cultivées sont autant des arbres
ordinaires que des cultures maraîchères destinées à
la nutrition et au commerce.
Comme l'a expliqué le Président WADE,
l'objectif global « est de s'opposer à
l'avancée du désert et plus tard de s'attaquer au désert
lui-même »324(*). Dans cette perspective, le Sénégal
qui est mieux avancé dans l'implémentation de cette politique
environnementale a « aidé le Burkina Faso à la
réaliser en lui procurant des plantes adéquates à ses
conditions climatiques à un prix exceptionnellement
bas »325(*)
Outre le reboisement, ce projet a aussi pour objectif
d'aménager des bassins de rétention d'eau dans les zones
sahéliennes afin d'améliorer la production agricole. Car, tel
qu'on le constate de plus en plus, le Lac tchad, jadis l'une des
réserves en eau les plus importantes en Afrique a vu sa superficie
diminuer, allant de 25000 km à environ 2500 km aujourd'hui.
Agir rapidement pour le sauver serait une manière de donner aux 30
millions d'Africains qui le partagent les moyens de leur propre
développement.
Projet novateur et d'un enjeu salvateur, la construction de la
GMV vise à faire la guerre contre un ennemi commun qui risque à
long terme non seulement de séquestrer la couche atmosphérique,
mais de dévaster une Afrique pourtant destinée aux
générations futures. A cet effet, l'UA devra penser une
stratégie multilatérale afin d'aider un pays vaste comme le Mali
et la Corne de l'Afrique qui n'auraient pas la capacité de s'offrir des
plants appropriés. Car, le scénario préférable
serait de traiter les causes du péril désertique que de s'occuper
à guérir ses conséquences généralement
irréversibles pour les Africains. Aussi, ce projet ne concerne que les
pays de la Cen-Sad, d'Est en Ouest. Or, le Sud et le Nord du continent sont
aussi menacés par la progression du désert. Il est
impérieux que l'UA pense également à ces régions
de l'Afrique.
En somme, la Libye a de l'argent et le Sénégal
des idées. Ces deux éléments peuvent permettre
d'ériger une UA forte. Mais, à condition que d'autres acteurs
étatiques et la société civile s'impliquent aussi
obstinément dans cette dynamique. Il est donc incontestable qu'en
oeuvrant pour la construction de l'UA, les actions du Sénégal et
de la Libye ne sont pas moins exemptes d'enjeux qui engendrent parfois des
contraintes de diverses natures.
SECONDE PARTIE:
LA LIBYE ET LE SENEGAL:
DEUX ACTEURS AUX ACTIONS MOTIVEES PAR DE MULTIPLES ENJEUX MAIS SOUVENT
ENTRAVEES PAR DIVERSES CONTRAINTES
Dans une situation organisationnelle, chaque acteur dans le
jeu est libre mais veut avancer ses intérêts, gagner, satisfaire
ses objectifs, défendre ses ressources. Tel est le cas du
Sénégal et de la Libye qui, en construisant l'UA comme nous
venons de le voir, construisent en même temps leurs enjeux (chapitre I).
Comme nous allons également le démontrer, la construction de l'UA
au sens sénégalais et libyen du terme connaît
temporairement des obstacles susceptibles de nuire à l'émergence
d'une communauté régionalement viable. C'est ce que nous
étudierons sous le vocable de contraintes entravant les actions du
Sénégal et de la Libye (chapitre II).
CHAPITRE III: LES ENJEUX DU SENEGAL ET DE LA LIBYE
Selon Frédéric CHARILLON, la politique
étrangère régionalisée apparaît d'abord comme
l'instrument de « stratégies
individuelles », c'est-à-dire comme l'instrument de
politiques nationales326(*). Partant du cas de l'UE, il présente des
intérêts générés par cette institution,
lesquels peuvent également être décelés au sein de
l'UA au cours de son processus de construction. Ce sont les
intérêts des « petits » pays et des
« grands » pays. Dans le cadre de cette étude, le
Sénégal a été identifié comme un
« petit » pays et la Libye un « grand »
pays. Dès lors, les acteurs dont les enjeux sont construits par l'UA
sont autant les Etats que les individus. Nous analyserons d'une part les
identités et les intérêts de la Libye et du
Sénégal, (section I) et d'autre part ceux de leurs porte-paroles
(section II).
SECTION I- LA CONSTRUCTION DES IDENTITES ET DES INTERETS DES
ETATS
Alexander WENDT affirme que « les
intérêts des Etats dépendent non pas de la configuration
objective des rapports de force matériels, mais des identités des
Etats, c'est-à-dire des représentations que les Etats se font
d'eux-mêmes et d'autrui du système international, et de leur
propre place ainsi que celle des autres au sein de ce système
international . Les identités se réfèrent
à ce que les acteurs sont [...] Les intérêts se
réfèrent à ce que les acteurs veulent [...]. Les
intérêts présupposent les identités parce qu'un
acteur ne peut savoir ce qu'il veut avant de savoir ce qu'il
est »327(*). Ainsi, la Libye et le Sénégal se
produisent socialement tant sur le plan africain qu'international. L'UA
constitue à cet effet une organisation internationale au sein de
laquelle ils construisent leurs identités, (paragraphe I) qui sont le
fondement de leurs intérêts (paragraphe II).
PARAGRAPHE I- LA CONSTRUCTION DES IDENTITES
Alexander WENDT distingue quatre types d'identités
à l'origine de la constitution des intérêts
nationaux328(*). Car,
« il y a bien dans la régionalisation de la politique
étrangère, l'idée d'une redéfinition progressive du
Nous et de l'Autre »329(*). Les identités dont parle A. WENDT sont
elles-mêmes de nature non pas subjective, mais intersubjective330(*). Non seulement elles sont
construites par l'idée qu'un Etat se fait de lui, mais elles
dépendent aussi des idées que les autres Etats se font de lui. A
cet effet, les identités du Sénégal et de la Libye sont
construites au sein de l'UA qu'ils considèrent comme un vecteur de leur
vitalité et de leur grandeur au regard des fonctions qu'ils y assument.
Si la Libye y est perçue comme une puissance
hégémonico-diplomatique (A), le Sénégal y joue le
rôle de puissance pédagogique (B).
A- La constitution d'une puissance
hégémonico-diplomatique par la Libye
Les « puissances
moyennes »331(*), ont été les grandes
bénéficiaires de la première vague d'intégration
régionale. Elles ont en effet pu se transformer en puissances
régionales et retrouver à cette échelle une posture
hégémonique qu'elles estimaient définitivement
perdue332(*). A
l'échelle africaine par exemple, les actions menées par la Libye
au sein de l'UA ont contribué en retour à la valoriser en lui
conférant la double fonction de puissance hégémonique, (1)
et diplomatique (2).
1- La constitution d'une puissance
hégémonique
Plusieurs variables peuvent permettre de conférer
à l'Etat libyen le statut d'hégémon au sein de l'UA. En
fait, son implication comme pilier dans les activités de l'Union lui a
permis d'acquérir la légitimité internationale et de
renforcer sa place au sein de cette organisation(a). En jouant un rôle
décisif en vue de la bâtir, la Libye a construit son prestige
auprès des autres Etats(b). De plus, en y contribuant à
construire l'identité collective de certains Etats, elle a davantage
renforcé son hégémonie (c).
a- L'acquisition de la légitimité
internationale et le renforcement de sa place au sein de l'UA
Frédéric CHARILLON affirme que la politique
étrangère régionalisée présente plusieurs
avantages pour les diplomaties des « grands » pays. Les
exemples étudiés dans le cadre de l'UE, sont à bien des
égards repérables dans le cas de la Libye, identifiée
comme un « grand » pays au sein de l'UA.
D'abord, CHARILLON démontre que la
régionalisation de la politique étrangère joue la double
fonction de légitimation/normalisation, après une période
relative d'exclusion du concert diplomatique333(*). Le cas de la Libye, explique parfaitement un tel
fait. En 1998, Ouedraogo ABLASSE, ministre des Affaires
étrangères burkinais révélait à la veille du
34ème sommet de l'OUA qu'à
« Ouagadougou, des décisions seront prises pour proposer
une démarche permettant de lever un embargo qui n'a que trop
duré(...).Il n'y a pas de raison que l'OUA ne le fasse
pas»334(*). Après la réinsertion de la Libye par
l'OUA dans le concert diplomatique africain, elle s'est impliquée comme
chef de file dans la construction de l'UA. Ce qui lui permit de retrouver le
circuit du Concert des Nations, duquel elle avait été
exclue335(*). C'est
ce qu'illustre parfaitement l'une des hypothèses de la théorie
constructiviste posée par Nicholas ONUF selon laquelle
« les structures et les agents se constituent, dans le sens
où les structures, bien que façonnant les intérêts
et les identités des acteurs, ne sont pas pour autant des objets
réifiés existant indépendamment des acteurs et s'imposant
à eux, comme chez WALTZ et WALLERSTEIN, mais peuvent au contraire
être changés par ces derniers, étant donné qu'elles
sont aussi issues des pratiques et discours des agents »
336(*) . En somme, dans
la foulée de la suspension de l'embargo en 1999, puis de la suppression
définitive du nom de la Libye comme sponsor du terrorisme international,
en 2005, elle a incontestablement réussi sa réinsertion dans le
Concert des Nations.
Ensuite, les « grands » pays peuvent
procéder à l'institutionnalisation de leur domination lorsqu'une
régionalisation de la politique étrangère et plus
largement lorsque les traités d'un processus d'intégration
régionale, viennent entériner leur domination de fait337(*). Cette domination a
été perçue à plusieurs reprises au sein de l'UA. A
maintes occasions, la Libye a pesé sur les débats et s'en est
parfois tirée avec des résultats déterminants pour la
structure. Lors de la 13ème conférence de l'Union,
à Syrte, entre le 28 et le 29 juin 2009, le Guide libyen s'invite au
Conseil Exécutif regroupant ordinairement et exclusivement les ministres
des Affaires étrangères où il essaie d'imposer à
ses hôtes plusieurs abandons de souveraineté dans les domaines de
défense et des affaires étrangères, et décide
unilatéralement de l'adoption d'un document338(*) portant sur les propositions
qu'il a émises.
Le document que soumettra la délégation libyenne
un jour après à la conférence des chefs d'Etat provoquera
des débats houleux339(*). Suite aux querelles institutionnelles, les
ministres des Affaires étrangères seront réunis
d' « urgence » les 02 et 03 juillet dans le but de
fusionner les deux propositions libyennes. Des accords seront nuitamment
trouvés par les chefs d'Etat, après de longues
discussions340(*).
Relevons que l'hégémon libyen s'était imposé,
d'autant que les questions normalement inscrites à l'ordre du jour et
portant sur la résolution des crises ont été
reléguées au second rang341(*). En jouant un rôle important pour la
construction de l'Union, la Libye a contribué à sa valorisation
par les Etats.
b- La construction de l'identité de
rôle : sa valorisation par les autres Etats
L'identité de rôle (role identity) renvoie aux
propriétés qui caractérisent les relations d'un Etat avec
les autres. Un Etat peut ainsi, aux yeux d'un autre avoir le rôle d'un
Etat ami, rival ou ennemi, de puissance hégémonique ou
insatisfaite, etc.342(*). Le rôle joué par la Libye pour la
construction de l'Union a participé à sa valorisation par les
Etats de cette organisation. Parlant de sa genèse, ces derniers
affirment que « c'est Kadhafi qui nous a
inspirés ». Dans un article rédigé par le
Pésident WADE, il l'a réitéré par ces mots :
« le mérite revient en grande partie au Guide libyen
Mouammar EL Kadhafi, qui au 4ème sommet extraordinaire de
l'OUA en 1999 à Syrte proposa la création de l'Union
Africaine ».
En plus, sa précieuse participation tant par le
financement que par la proposition des projets structurants à l'Union,
l'a davantage valorisée aux yeux des autres. Pour le Président
WADE encore, le leader libyen est « constructeur, bâtisseur,
combattant et unificateur ». Sans la Libye, soutient-il,
« l'Union Africaine(...) dont on parle n'aurait jamais vu le
jour »343(*). Ces actions ont permis à la Libye
d'accroître ses « amis » et son
hégémonie, surtout lorsqu'elle a procuré les moyens
à certains Etats de se valoriser sur la scène internationale
africaine.
c- L'accroissement de son
hégémonie à travers la construction de
l'identité collective des Etats
L'identité collective (collective identity) a trait
à l'identification qui existe entre deux ou plusieurs Etats, lorsque ego
ne considère plus alter comme autrui, mais comme une part de
lui-même, et à l'égard de qui il se comporte non plus de
façon égoïste mais altruiste344(*). A cet égard,
Frédéric CHARILLON poursuit que l'intérêt de la
régionalisation repose aussi sur la
« dilution » dans l'origine floue d'une politique
étrangère commune, de certaines prises de position que l'on
partage avec ses voisins, mais que l'on hésite à assumer seul et
clairement vis-à-vis d'autres puissances ou d'autres régions du
monde345(*). Ainsi, la
Libye a participé diversement à la construction de
l'identité collective de certains Etats de l'UA. Ses actions ont en
même temps accru son hégémonie au sein de cette
organisation.
D'abord, la Libye est l'un des Etats qui a ouvertement
critiqué la Cour Pénale Internationale, (CPI) en
dénonçant le mandat d'arrêt lancé contre le
Président soudanais ; poursuivi pour crime contre l'humanité
au Darfour. De peur de se heurter à l'Occident, Tripoli avait
trouvé confortable de passer ses critiques via l'UA. A la
13ème conférence de Syrte, KADHAFI soutenait que ce
mandat d'arrêt international constituait «un grave
précédent contre l'indépendance des petits Etats, leur
souveraineté et leurs choix politiques »346(*). Cela a permis le maintien
du Soudan et de son chef d'Etat dans l'organisation.
Ensuite, n'eût été la bonté de la
Libye, certains pays n'auraient pas connu de visibilité internationale
au moment du lancement de l'UA. En apurant leur passif, elle leur a permis de
concourir pour des postes347(*) et d'assister aux débats.
Enfin, agir dans un cadre commun offre naturellement un
levier considérable, si l'on peut garder la même
politique étrangère mais lui donner un label collectif qui lui
assurera plus de poids, plus de visibilité, de crédibilité
et des moyens financiers348(*). La Libye s'est efforcée de rester l'une des
inspiratrices principales de la politique de l'Union à destination du
continent. La EAC349(*),
aux côtés de l'UA, a pu intervenir avec succès à la
Grande Comores pour « sauver » la
démocratie en évinçant le colonel BAKAR du pouvoir, avec
le soutien logistique de la Libye, alors que l'Afrique du Sud s'était
opposée à cette intervention350(*). De cette manière, la Libye a construit son
hégémonie au sein de l'organisation. Et, comme le
précisent les constructivistes, « identité et sens
de l'altérité vont de pair »351(*). Aussi, la Libye s'est-elle
progressivement affichée, comme un acteur de paix au sein de l'UA.
2- La constitution d'une puissance
diplomatique
Profitant de la confiance à elle accordée, la
Libye va décider de tourner la page de l'époque des
révolutions et des luttes de libération sur le
continent352(*). Elle a
semblé plus se poser en pays de paix et de
développement. En témoignent les propos de son Guide qui
déclarait qu'« à l'époque des
libérations nationales, j'ai lutté aux côtés de
l'Angola, du Zimbabwe, de l'Afrique du Sud, de la Namibie, de la
Guinée-Bissau, du Cap Vert, de l'Algérie et de la Palestine...
Mais aujourd'hui, on peut jeter le fusil pour mettre en oeuvre la paix, le
développement. Tel est mon rôle. La guerre, poursuit-il,
a fait son temps. Est-ce que l'Afrique du Sud ou la Namibie viennent me
demander des armes ? Avant oui. Mais maintenant, ces pays sont en
quête de coopération économique, culturelle, technique,
agricole, industrielle »353(*). Ce discours sur la paix et le développement
a revitalisé la diplomatie libyenne et produit un écho favorable
auprès de nombreux Etats africains qui ont participé à
tous les sommets organisés par la Libye.
Aussi, la régionalisation de la politique
étrangère repose selon les fonctionnalistes sur des
« besoins naturels comme la sécurité et la
paix »354(*). La Libye, père fondateur de l'UA, pense les
relations entre Etats en termes de paix. Au sommet de syrte de 2009, elle avait
insisté et obtenu l'inscription de la résolution du conflit
soudano-tchadien à l'ordre du jour. De même, suite à la
crise politique qui avait frappé la Mauritanie en 2008, la Libye tenta
d'offrir ses « bons offices » pour la
résoudre.
Au total, dans les institutions multilatérales, les
« grandes puissances » peuvent construire leurs
identités, mais aussi imposer leur
« patriarcat »355(*) en établissant un régime
multilatéral, notamment par la structuration de l'organisation sur une
voie précise. La régionalisation de la politique
étrangère permettrait d'adopter des positions convergentes, de
construire, selon les mots de Karl DEUTSCH, une
« communauté de
sécurité »356(*). Ce qui limiterait l'extraversion de la
défense du continent. Contrairement à la Libye, le
Sénégal assume la fonction de pédagogue à l'UA.
B- La constitution d'une puissance pédagogique
par le Sénégal
Pédagogue de l'Union, le Sénégal valorise
son identité de type(1), d'où la construction de sa grandeur
internationale à travers l'UA (2).
1- La valorisation de l'identité de
type
L'identité de type (type identity) renvoie aux
éléments qui, au-delà des éléments
corporatifs sont relatifs au régime politique d'un pays, à son
système économique, etc.357(*).
Au sein de l'UA, le Sénégal défend les
idéaux du libéralisme tant sur les plans économique que
politique. En proposant par exemple les APD aux pays membres, il se positionne
comme l'Etat qui leur indique le type de coopération économique
dans laquelle ils devraient s'engager. Le Président Wade instruisait
à cet effet qu'on ne peut pas « libéraliser au
point de détruire nos industries naissantes ». Si on
ouvre les frontières, « toutes nos industries vont
disparaître parce qu'elles ne sont pas
compétitives »358(*). En suggérant la « protection
de certains produits »359(*), il fait de son pays une puissance
pédagogique au sein de l'UA et en Afrique. De même, on peut
analyser son discours sur la « renaissance » comme un
discours visant à proposer les choix politiques et culturels au
continent tout entier. S'étant révélé
théorique et pratique, ce discours est devenu le noyau dur de la
politique étrangère du Sénégal qui en a fait un
adjuvant de son intervention tant en Afrique que sur la scène
internationale. Il se situe donc comme l'Etat lumière
au sein de cette organisation.
Enfin, ce pays a profité d'une image positive, de son
modèle démocratique360(*) reconnu pour diffuser ses idées sur le
développement économique de l'UA. Ses multiples interventions
dans les grandes institutions multilatérales qui décident de
l'avenir du monde ont participé à la construction de sa grandeur
sur la scène internationale.
2- La construction de sa grandeur internationale
Revenant sur le paradigme de CHARILLON, la
régionalisation d'une politique étrangère entraîne
des avantages pour les « petits» pays. Elle leur donne une
visibilité qu'ils n'obtiendraient pas seuls361(*). La concertation,
lorsqu'elle est institutionnalisée, donne la parole à des Etats
que l'on écouterait peu autrement362(*). Par le biais de l'UA, le Sénégal
assure son rayonnement sur la scène internationale. A plusieurs
reprises, il s'est rendu aux sommets des huit pays les plus
industrialisés du monde (G8), et à ceux du G20, dans
l'optique de défendre les politiques économiques et
infrastructurelles de l'UA. C'est ce qu'exprime ces mots de son leader qui
écrit : « chaque fois que l'occasion m'a
été donnée de me retrouver en présence d'un
dirigeant du G8, je n'ai pas manqué de parler d'aide, de réclamer
la justice, en dénonçant la violation permanente des
règles du jeu commercial par les pays développés
eux-mêmes à notre grand
détriment »363(*). Ainsi, le Sénégal s'est ouvert au
système international à travers une « diplomatie de
marketing appliquée par les promoteurs du NEPAD doublée au
soft-lobbying »364(*).
Une politique régionalisée permet
également aux « petits» pays d'éviter la
domination des hégémons locaux ou de sortir d'un
tête-à-tête que l'histoire avait rendu difficile365(*). Dans l'UA, le
Sénégal n'est plus seul face à l'Afrique du sud ou la
Libye; ni l'Ouganda et la Tanzanie seuls face au Nigeria. Récemment, le
Sénégal a courageusement défié la Libye en intimant
l'ordre à son leader de respecter les droits de l'Homme. Mieux, d'
«arrêter les dégâts, les massacres et les
tueries »366(*). Les identités ainsi construites sont au
fondement d'un intérêt bien précis, la valorisation
collective de soi que A. WENDT considère comme le quatrième type
d'intérêt national367(*).
PARAGRAPHE II : LA CONSTRUCTION DES INTERETS
Les enjeux latents des acteurs sont leurs objectifs
réels368(*).
Alexander WENDT démontre à cet effet que le comportement d'un
Etat sur la scène internationale est guidé par les
intérêts nationaux369(*). L'UA est alors une organisation qui permet à
Tripoli de réaliser ses intérêts en Afrique(A), alors qu'en
y agissant, le Sénégal vise non seulement à construire ses
intérêts en Afrique, mais aussi sur la scène internationale
à travers son discours de la renaissance africaine (B).
A- La construction des intérêts de la
Libye
Le constructivisme s'interroge à la fois sur la nature
de l'Etat et sur l'une des clefs de voûte de l'analyse
traditionnelle de celle-ci : le concept d'intérêt national,
qui selon Alexander WENDT, doit être compris comme une construction
sociale370(*). Il
distingue quatre types d'intérêts poursuivis par les
Etats sur la scène internationale. Ce sont la survie physique,
l'autonomie, le bien être économique, la valorisation collective
de soi371(*).
L'orientation de la politique libyenne vers la construction d'une organisation
continentale en Afrique peut s'analyser comme une quête de son autonomie
alimentaire et économique(1), puis de sa
survie physique(2).
1- La quête de l'autonomie alimentaire et
économique
Le discours libyen pour l'UA rime aussi avec Libye d'abord.
Faut-il le préciser, c'est l'instinct de survie qui, en partie,
conditionne l'orientation de la politique libyenne sous les tropiques. Car, en
dépit de sa très grande superficie, la Libye est un territoire
aride. Sur sa bande littorale, longue d'environ 2000 km, vivent 94% des
Libyens. Incontestablement, cette configuration bio-climatique et topographique
austère et étouffante pousse Tripoli à se tourner vers le
sud du continent, espérant y retrouver des palliatifs terriens372(*)dans l'objectif d'assurer son
autonomie alimentaire et économique.
Sur le plan alimentaire, l'Afrique sub-saharienne est d'un
intérêt vital pour la Libye. En 2009 par exemple, KADHAFI
s'était rendu dans quatre pays373(*) sub-sahariens en vue de mobiliser ses pairs et les
peuples de ces pays pour le « gouvernement panafricain ».
Au cours de son arrêt à Freetown (sierra Léone), où
il a offert du matériel agricole, et des vivres (tracteurs, autocars,
sacs de riz...) aux populations, les chefs traditionnels lui ont offert un
« terrain agricole »374(*) en retour.
Le choix de ce don regorge de significations insondables. En
réalité, rien ne motiverait le Guide libyen à le recevoir
si ce n'est d'y faire développer l'agriculture afin d'assurer la
subsistance du peuple libyen. Car, outre l'espace terrien agricole qui manque
dans ce pays, l'eau et les pluies sont crucialement rares375(*). On peut donc saisir les
enjeux de KADHAFI qui voulait faire de « l'autonomie
alimentaire » l'une de ses priorités au sein de la Cen-Sad.
Surtout que l'intérêt porté par le gouvernement libyen
à investir sur l'agriculture en Afrique part du postulat qu'«
il n'y a pas de liberté pour un pays qui se nourrit hors de ses
frontières »376(*). Or, dans l'imaginaire libyen, les Etats d'Afrique
ne peuvent être détachés de son
« espace » parce qu'ils sont d'un
« intérêt vital »377(*).
Economiquement parlant, il convient de considérer les
importants placements des fonds libyens en Afrique sub-saharienne comme une
détermination visant à occuper économiquement et
stratégiquement le continent dont la population ne cesse de grandir,
dans la perspective de réaliser des gains fructueux378(*). En effet, l'économie
libyenne dépend trop de l'extraction des produits pétroliers et
gaziers. C'est pourquoi elle essaie de la diversifier. Ainsi, comme tous
les fonds d'investissement, dignes de ce nom, « le LAP est
obligé d'assurer un retour sur investissement »
379(*). Son
« seul critère, c'est la ``rentabilité''. Et depuis
2006, si la Libye intervient pour aider les pays à se développer,
elle le fait dans les secteurs les plus rentables et pour contrecarrer les
actions des pays comme la Chine »380(*). Il paraît donc
improbable que le nouveau gouvernement libyen prenne le risque de rompre tous
ces liens vitaux tissés avec les Etats de l'UA. Car, autant ils sont
avantageux pour ses populations, autant ils le sont aussi pour la
reconstruction d'une Libye qui a subi une intervention militaire
improvisée, et dont elle paiera seule le prix. Pourtant, la
« Grande Jamahiriya » du colonel KADHAFI entendait surtout
assurer sa survie militairement parlant.
1- La survie physique
En oeuvrant pour un « conseil de
défense » en Afrique, l'enjeu pour la Libye était
avant tout de dissuader toute nouvelle excursion militaire
externe sur son territoire. A vraie dire, le colonel KADHAFI
avait très mal digéré les bombardements de l'aviation
militaire américaine qui avaient rasé son palais et tué sa
fille adoptive en 1986. Il était donc à la recherche constante
d'un contrepoids militaire face aux menaces ennemies perçues à
l'extérieur (l'Occident) et autour de ses
frontières(Israël). Lors du FESMAN de Dakar, le 14 décembre
2010, le colonel KADHAFI avait exprimé cette anxiété lors
de son discours au pied du monument de la renaissance africaine. Il
lança ceci : « à bas l'impérialisme! Il
faut que l'Afrique ait une seule armée (...) qui se composerait d'un
million de soldats (...). La Libye n'est même pas capable de
protéger ses eaux territoriales toute seule »381(*). A l'instar de la
Libye, le Sénégal poursuit aussi ses intérêts
à l'UA.
B- La construction des intérêts du
Sénégal
Les intérêts du Sénégal sont
construits tant au sein de l'UA, (1) que par l'usage du discours de la
renaissance africaine sur la scène internationale(2).
1- La construction de ses intérêts au
sein de l'UA
Dans le débat concernant la relation entre structure et
agent et entre système et acteur, les holistes pensent
qu'« un agent n'existe pas indépendamment de la structure
dans laquelle il agit, car celle-ci a à la fois un effet causal et
constitutif sur lui : non seulement son comportement est
affecté par cette structure, mais aussi et surtout ses
intérêts et son identité sont construits par cette
structure »382(*). L'UA apparaît ainsi comme une structure
internationale au sein de laquelle le « petit pays » qu'est
le Sénégal poursuit ses intérêts nationaux. Car, une
politique étrangère régionalisée lui permettrait de
sortir de son étroitesse économique.
En effet, comparé à nombre de pays du continent
africain, le Sénégal est assez pauvre en ressources
naturelles383(*). Ses
principales recettes d'exploitation proviennent de la pêche et du
tourisme384(*). Il
espère que la construction d'une entité comme l'UA
l'amènerait à retrouver sa position d'antan en Afrique
occidentale385(*). Comme
dans l'UE où il existe un mécanisme de solidarité
économique pour ses membres les plus démunis386(*), le Sénégal
réduirait sa dépendance économique vis-à-vis de
l'extérieur à travers le parrainage des « plus
grands ». Car, il « est l'un des pays les plus aidés
au monde, grâce aux donateurs étrangers »387(*). Surtout, le
président Wade entend, à travers cette construction, sortir de la
spirale de l'endettement qui fait vivoter l'économie de son pays. Il
s'explique : « j'aurais pu me passer de la
dette s'il y avait les Etats-Unis d'Afrique »388(*) car, « les
mieux lotis devraient servir les plus économiquement
faibles »389(*).
De par sa participation à la naissance du NEPAD, le
Sénégal avait, seul, reçu quatre priorités des dix
que compte ce projet de développement390(*). Selon la feuille de route tracée par l'UA,
il devait construire le chemin de fer reliant Dakar à Djibouti, puis
Djibouti à Libreville. A la lumière des réalités,
cela s'est rendu impossible. Néanmoins, comme l'a déclaré
le Président WADE en 2010, « je ne pourrai pas
tout réaliser, mais je commencerai par le Dakar-Bamako avant de quitter
le pouvoir... »391(*). Son discours de la renaissance africaine lui permet
de constituer ses intérêts sur la scène internationale.
2- La construction de ses intérêts sur la
scène internationale à travers le discours de la renaissance
africaine
En parlant au nom de l'UA, notamment par l'usage du discours
de la renaissance africaine, le Sénégal entend occuper une
position de leadership en Afrique afin de réclamer ses
intérêts sur la scène internationale. Pour y parvenir, il
mobilise diverses références de ce discours.
D'abord, ce discours renferme un des principes chers à
la charte de l'ONU tel la paix. En oeuvrant pour celle-ci en Afrique, le
Sénégal adopte une posture morale découlant de la vision
kantienne, dont l'objectif est de « sauvegarder la
paix »392(*)
perpétuelle. C'est pourquoi, voulant valoriser ses fonctions
internationales en 2005, le Sénégal avait déclaré
sa candidature pour l'obtention d'un siège au conseil de
sécurité de l'ONU afin de « porter la voix de
l'Afrique »393(*). Dakar motivait sa candidature par la
stabilité politique du pays, son modèle démocratique, son
armée républicaine, sa longue expérience dans le domaine
du maintien de la paix : plus de trois généraux
sénégalais ont commandé les forces onusiennes, sa
diplomatie et son engagement en faveur des causes africaines394(*).
De même, en introduisant dans le processus de
construction de l'UA les « représentations
culturelles » qui ont pris une
« importance considérable dans l'analyse des relations
internationales » 395(*), les autorités sénégalaises
annonçaient que « l'enjeu était de positionner
Dakar comme le carrefour du monde »396(*). C'est ce qu'explique la
mobilisation de la diaspora lors des différentes manifestations
panafricanistes. En 2010 par exemple, avant la tenue du FESMAN, le
Président sénégalais s'était rendu aux Etats-Unis
d'Amérique. Au cours de sa visite, il a rencontré des hommes
d'affaires, des leaders politiques, les milieux économiques, artistiques
et universitaires. Comme l'a expliqué Iba DER THIAM, l'objectif
était de les inviter au FESMAN, mais aussi, de négocier pour le
pays « une coopération prochaine, extrêmement
prometteuse, dans le domaine de l'habitat social, des industries et du
commerce »397(*).
A travers l'UA, le Sénégal et la Libye
construisent leurs grandeurs. A partir de la perception qu'ils ont
d'eux-mêmes et que les autres Etats ont construite d'eux, ils recherchent
leurs intérêts tant sur les plans régional
qu'international. Par ailleurs, les porte-paroles qui sont des
acteurs agissant pour le compte de leurs Etats construisent également
leurs identités et leurs intérêts.
SECTION II - LA CONSTRUCTION DES IDENTITES ET DES INTERETS DES
PORTE-PAROLES
Jacques ROJOT soutient que « le comportement
humain dans une organisation est stratégique. Chacun est actif
dans une direction qu'il suit vers ses propres
objectifs »398(*). Autant les porte-paroles utilisent l'UA pour
construire leurs identités, (paragraphe I) autant elle construit aussi
leurs intérêts (paragraphe II).
PARAGRAPHE I - LA CONSTRUCTION DES IDENTITES
Malgré la chute du régime du colonel
KADHAFI399(*), son
implication en faveur de l'UA lui a permis de reconstruire son image sur le
plan international (A). De même, en défendant les principes
à la base de cette organisation et par l'usage du discours de la
renaissance africaine, le Président WADE s'est construit une
identité multidimensionnelle(B).
A -
La construction de l'image de Kadhafi sur la scène internationale
En paraphrasant ROJOT, on peut convenir que la face est la
possession la plus personnelle et valorisée de l'individu400(*). En un mot, c'est le centre
de sa sécurité et de son plaisir401(*). « Sauver
la face » est à cet effet le processus par lequel
l'individu tentera de donner l'impression aux autres, dans des circonstances
qui pourraient conduire à une situation de face perdue, honteuse ou
mauvaise, que cela n'est pas le cas402(*). Pendant longtemps, le colonel KADHAFI, forcé
de rester en retrait d'un système international dont il était
accusé de combattre les valeurs était en posture de
« mauvaise face »403(*). Ses
actions pour la construction de l'UA ont participé à la
construction de sa grandeur(1). A travers l'Union où il a construit
l'image d'un ``roi'' généreux (2), il a pu reconstituer son image
jadis perdue en Occident (3).
1- La construction de sa grandeur
Au-delà du rôle croissant du colonel KADHAFI dans
la construction de l'UA, qui a magnifié son image, (a) il a fait
ériger de nombreux symboles à sa hauteur dans plusieurs pays
membres(b).
a- La célébration de son image lors des
rencontres de l'UA
Au moment où les chefs d'Etat se donnent rendez-vous
à Lomé pour parapher l'Acte constitutif de l'UA, personne ne
s'attend certainement à l'honneur dont l'image du colonel KADHAFI devait
se parer. Comme en terrain conquis, son ombre dominera partout sur le
36ème sommet de l'OUA. Le jour de son ouverture, des femmes
massées dans les rues brandissaient les photos de KADHAFI. Dans la
capitale togolaise, deux grandes pancartes plantées et sur lesquelles
étaient affichées les photos de KADHAFI avaient pris d'assaut les
principales artères de Lomé. Au milieu de ces pancartes, on
pouvait apercevoir une minuscule photo du feu Président GNASSIMBE
E. EYADEMA. De part et d'autre sur celles-ci,
pouvait-on lire en arabe et en français cette
épitaphe : « le Guide du commandement populaire
Islamique mondial »404(*).
Le décor planté valorisait le colonel KADHAFI
par la grabataire OUA et ses pairs pour son engagement à se pencher
désormais à son chevet. Pour preuve, le Président Eyadema
était accueillir à la frontière Togo-Ghana le
panafricaniste KADHAFI qui avait fait le déplacement de Lomé par
voie terrestre. Un acte magnifiant le chantre de l'UA. Comme récompense
symbolique, le Président sud-africain lui avait proposé, en 2004,
de prendre la présidence de l'UA pour son rôle
« central et déterminant dans la
création de l'UA »405(*). Ces divers actes posés par les
populations africaines et les chefs d'Etat, explique Erving GOFFMAN,
témoignent du fait que la « face » n'est
que « prêtée par la
société » 406(*) à l'individu. Autant elle peut lui être
« retirée s'il ne se conduit pas de la façon qui
est digne »407(*), autant elle lui est retournée lorsqu'il
« s'ajuste »408(*).
On notera en rappel que le colonel KADHAFI a
dépensé beaucoup d'argent et d'énergie pour la cause de
l'Union. Sans doute une stratégie pour entretenir son image et se faire
connaître. Car, à travers ses diverses entreprises sur le
continent, « il a su faire beaucoup parler de
lui »409(*).
b- La personnification de l'Afrique
Sa tendance à personnifier l'Afrique et parler en son
nom et pour son compte s'est aussi illustrée par de nombreux
symboles qu'il a fait ériger en son image dans plusieurs pays du
continent, notamment dans les Etats de la Cen-sad. On peut citer entre autres
le « complexe commercial El-Fateh » du
Burkina-Faso410(*), et
la tour KADHAFI à Khartoum au Soudan. Avant la déstabilisation
dont il a été victime, KADHAFI envisageait construire d'ici
à 2012 la « Kadhafi African Tower » de 60
étages à la pointe du cap Manuel à Dakar au
Sénégal411(*).
Evidemment, grâce à ses multiples
réalisations, son image s'est davantage améliorée. Elles
lui ont construit un prestige comparable à la renommée du premier
président noir d'Afrique du Sud. C'est l'observation de François
Soudan pour qui, avec son « approche africaine »,
« Kadhafi se rachète une conduite [...], endosse les
habits d'un Mandela arabe, sage et médiateur »412(*). D'où la construction
de l'image du « roi » généreux.
2- La construction du « roi »
généreux
On ne s'étonnera pas qu'en se faisant introniser comme
« roi des rois traditionnels d'Afrique », KADHAFI
s'est construit l'image d'un grand « chef
traditionnel » respecté par les Africains et craint au
sein de l'UA qui a accepté ses « copains ».
Cette attitude témoignerait du narcissisme et de la mégalomanie
d'un colonel dont l'objectif était de se sentir valeureux et utile.
Indubitablement, il s'est comporté comme un
véritable chef traditionnel africain, soucieux de son peuple. Car, il a
toujours généreusement et profusément partagé les
biens dont il disposait avec les Africains. Au Cameroun par exemple, il a
notoirement devancé l'Organisation Mondiale de la Santé en
faisant des dons en médicaments pour tenter d'en finir avec les
misères du choléra.
Afin de réduire le phénomène de la fuite
des cerveaux et la traversée de la Méditerranée par de
nombreux africains, trépassant sur les barrières
électrifiées de Meili lia et de Lampedusa à cause du
chômage ambiant sur le continent, le « roi » KADHAFI
a réalisé des investissements salutaires dans plusieurs pays de
l'UA. Depuis 2008, en effet, il avait consacré 1,5% du produit national
brut libyen à l'aide au développement413(*), soit au total 35 milliards
de dollars en 2011. Ce qui le place étonnamment au-dessus des
Européens414(*).
Dans un pays comme le Mali, outre les nombreux chantiers qu'il a
financés, il payait via la Libyan African Investment Compagny (Laico)
les salaires des enseignants qui touchaient 350.000 FCFA par mois415(*). Des contributions riches
pour la lutte contre l'analphabétisme et la misère en Afrique, au
regard des aspirations du Conseil Economique, Social et Culturel de l'UA. Il
est donc évident que son décès pourrait faire des
fragilisés sur le continent. C'est le cas dans
les pays de l'UA où il était un grand bailleur de fonds et
surtout de l'UA même où il était un précieux
donateur. Pour cette raison, certains membres ont en vain essayé de
sauver sa peau en prêchant la négociation et la médiation
comme solutions pour rapprocher l'homme fort de Tripoli des rebelles. Mais,
comme l'a expliqué le Président sud-africain, Jacob ZUMA,
« les efforts de paix de l'Union Africaine ont été
sapés par l'OTAN qui a préféré le recours aux armes
pour résoudre le conflit ».
Au plus fort de son importance, l'UA est une structure qui a
permis à KADHAFI d'être aimé sur le continent et même
au-delà comme au Venezuela416(*). Il a pu faire naître chez de nombreux
Africains le rêve de voir une Afrique
« dé-vassalisée » aux couleurs yankee. Son
engagement dans ce projet d'Union l'a davantage rapproché des
Occidentaux qui, professionnels dans « l'art incertain de la
politique » et se « prenant pour Dieu le
Père » 417(*), l'avaient envoyé en enfer.
3- La reconquête de son image en Occident par
l'abandon des projets nucléaires et la stigmatisation du
terrorisme
Longtemps jeté aux orties, le colonel KADHAFI s'est
lancé comme mû par une nouvelle jeunesse dans son entreprise
pharaonique d'unir l'Afrique. En agissant de la sorte, il a pu retrouver le
Concert des Nations grâce aux diverses concessions faites à
l'Occident. En arborant la camisole de panafricaniste, « le super
terroriste » que les Américains ont tenté
d'éliminer physiquement en 1986, avant d'atteindre cet objectif sous la
conduite de la France le 20 octobre 2011 avait su jouer la carte de
séduction sur la scène internationale au point d'apparaître
comme « un bon élève »418(*).
En déclarant qu'il a
« changé », il a ouvert ses portes aux
firmes américaines qui ont détruit419(*) son arsenal
« non conventionnel »420(*). En contrepartie, le
gouvernement américain lui remettait huit avions de transport militaire
C-130 achetés dans les années 1970, mais jamais livrés.
Toujours, dans sa campagne de charme en direction de
Washington, KADHAFI, panafricaniste invétéré coupe les
subventions aux groupes
jugés « terroristes ». Il affirmait
que « ces terroristes ne savent pas distinguer le blanc du
noir » et se disent « agir au nom de
l'islam ».
Aussi, à travers son adoubement comme Président
en exercice de l'UA en 2009, le Guide libyen a pu retourner le cours de
l'histoire en côtoyant les plus hautes instances du directoire
international. Il a représenté l'UA au sommet du G8 de juillet
2009 à L'Aquila(Italie). La même année, il avait
« défendu avec enthousiasme
l'Afrique »421(*) au sommet du G20 à Londres et à la
tribune des Nations Unies à New-York où il qualifia le Conseil de
sécurité de l'ONU de « conseil de
terreur » contre les faibles. Ce n'était pas d'ailleurs
la première fois qu'il renouait avec les « grands »
qui l'avaient honni pendant près d'un quart de siècle. En 2000,
De la GORCE Paul-Marie tournait en dérision l'Occident suite à la
réintégration du colonel KADHAFI dans le Concert des Nations par
les mots ci-après : « dans les relations
internationales, généralement assez sinistres, s'annonce enfin un
évènement amusant : l'amorce d'un flirt, mais de plus en
plus notoire entre les pays occidentaux et le colonel Mouammar KADHAFI. Fini le
temps où celui-ci était stigmatisé comme le diable en
personne, le voici consacré comme un sage, digne du respect dû au
vice-doyen de tous les chefs d'Etat... »422(*).
« Le chien enragé », disait le
Président REAGAN, était devenu en quelques années
seulement, depuis son retour dans le Concert des Nations africaines, la
coqueluche des chancelleries occidentales423(*). Et parfois même un passage obligatoire pour
négocier avec certains pays africains424(*).
Tout comme lui, le Président WADE s'est fait une image
à travers l'UA et son discours de la renaissance africaine.
C- La construction multidimensionnelle de l'image de
Wade
Le Président WADE a pu se donner une visibilité
par ses actions de paix et de défense de la démocratie sur le
continent(1). En tenant le discours de la renaissance africaine, il a
contribué à se faire valoriser sur le plan international. Ainsi,
tente-t-il de plus en plus de l'utiliser pour des fins politiques sur le plan
national(2).
1- La construction de son image par ses actions pour
la paix et la démocratie selon les principes de l'UA
Au sein de l'UA, Me WADE essaie de jouer la carte de
l'atomisation du pôle de grandeur. Lors du Symposium de Dakar sur les
« Etats-Unis d'Afrique », il s'était
autoproclamé comme l'un des chefs d'Etat les
« plus actifs » oeuvrant pour la construction
de cette organisation. Cela s'expliquerait par son implication dans plusieurs
actions, ayant pour finalité de défendre énergiquement les
principes insérés dans l'Acte constitutif. Dans l'organisation,
tout comme à l'extérieur de celle-ci, il a souvent adopté
des positions courageuses qui lui ont permis de se positionner comme un artisan
de la paix(a) qui veut aussi être l'apôtre de la démocratie
sur le continent(b).
a- Wade, l'artisan de la paix
Tel un sapeur pompier, le Président WADE s'est investi
dans l'extinction de plusieurs conflits en Afrique. Ce, conformément
à l'Acte constitutif de l'UA dont l'un des principes fait
expressément allusion au « règlement pacifique des
conflits entre les Etats membres de l'Union... ». En 2000, il
avait recommandé la mise sur pied des « assises de la
paix »425(*) au Libéria et en côte d'Ivoire. Il
demandait alors au Président Charles TAYLOR de démissionner pour
sauver son peuple.
A Syrte, en 2009, il sera désigné par l'UA comme
médiateur pour trouver une solution de sortie de crise, suite au coup de
force militaire qui avait entraîné l'exclusion de la Mauritanie de
l'UA en 2008426(*). La
médiation aboutira sous l'égide de sa diplomatie et d'autres
acteurs à une normalisation de la situation dans ce pays en 2010. Ce que
Iba DER THIAM, un proche du Président WADE, a perçu comme :
« un succès éclatant pour notre diplomatie de
paix ...»427(*). Il semble qu'il s'investisse également pour
la démocratie dans l'UA.
b- Wade, l'apôtre de la
démocratie ?
Suite à la crise électorale qui avait
enflammé le Zimbabwe en 2008, alors que certains pays membres
réunis à la 11ème conférence de l'UA,
à Charm El-Cheikh(Egypte), tergiversaient au sujet de la nature de la
sanction à infliger au Président Mugabe, le Président WADE
concluait à une réorganisation pure et simple du scrutin
présidentiel. Il lançait au Président
zimbabwéen ceci : « vous ne pouvez pas ignorer
une force politique qui est arrivée en tête au premier
tour »428(*). Quelques mois avant, il avait appelé
l'opposant Morgan TSVANGIRAI à ne pas se présenter au second tour
de l'élection afin d' « éviter un
dérapage »429(*). Une ligne de fracture était ainsi apparue
entre les tenants de la realpolitik : ceux qui reconnaissant
Mugabe comme Président, réclamaient son maintien au pouvoir
(Omar Bongo). D'un autre côté, on avait des intraitables comme la
Libérienne Ellen JOHNSON-SIRLEAF et le Sierra-léonais Ernest
KOROMA qui réclamaient l'exclusion du Zimbabwe, et enfin ceux de la
démocratie d'abord comme le Sénégal de WADE430(*).
Récemment encore, le Président
sénégalais s'est révolté contre son homologue
libyen dont il a traité le régime de « dictature
sur le continent »431(*). Tel un policier à l'UA, il a tiré
à boulets rouges sur le panafricaniste KADHAFI dont il ne tarissait pas
d'éloges autrefois432(*). Il lui a largué ceci : «tu
arrives au pouvoir par un coup d'Etat il y a plus de quarante ans, tu n'as
jamais fait d'élection [...]. Je te regarde maintenant dans les yeux
[...] Plutôt tu partiras, mieux ça vaudra»433(*).
Pour amener le Guide libyen à lâcher du lest, il
envisageait même aller convaincre certains chefs d'Etat à Malabo
afin qu'ils reconnaissent le CNT qu'il a qualifié
d' « opposition historique et
légitime ». Mais, comme nous l'avons déjà
expliqué434(*),
il sera confronté aux émeutes délirantes des populations
sénégalaises qui l'accusaient de vouloir « tailler
la constitution à sa mesure ».
Par ces divers actes, il veut apparaître comme le chef
de l'Etat qui rappelle les autres à l'ordre lorsqu'ils sont en
contradiction flagrante avec les principes démocratiques à la
base de cette organisation. Grâce à son discours de la renaissance
africaine, il essaie d'entretenir ce prestige.
2- Le discours de la renaissance africaine, une autre
stratégie de construction de l'image de Wade
Le discours de la renaissance développé par le
Président WADE apparaît comme une stratégie ayant
participé à la construction de son prestige sur la scène
internationale(a). C'est ce qui justifie sa tendance à le mobiliser sur
le champ interne dans l'objectif de façonner une
légitimité à son régime(b).
a- Une stratégie pour sa politique d'image sur
le plan international
L'organisation des événements à
coloration symbolique tels le FESMAN, puis l'inauguration du
monument de la renaissance africaine ont construit la visibilité du
président sénégalais sur le plan international.
D'importantes délégations de la diaspora africaine parmi
lesquelles on pouvait identifier outre des Brésiliens, les descendants
des pères du panafricanisme et certains initiateurs de ce mouvement,
étaient présentes à Dakar. Etait spécialement
invitée, la communauté africaine-américaine. Une
représentation dans laquelle figuraient des hôtes de marque tels
Jessie JACKSON435(*), le
fils de Marcus GARVEY et l'un des derniers survivants de la conférence
de Manchester de 1945. Se réclamant « héritier de
Nkrumah »436(*), le Président WADE avait aussi fait inviter
la fille de ce dernier et le fils de l'éminent égyptologue et
africaniste sénégalais Cheikh ANTA DIOP. Comme l'a
remarqué Iba DER THIAM, c'était «un
hommage merveilleux à son président»437(*).
Ces actions en faveur d'un panafricanisme extraverti ne
sont pas restées sans effet sur l'image du Président WADE
à l'extérieur du continent. Comme il l'a très
fièrement exprimé lui-même, « la communauté
noire du Brésil, représentant plus de 80 millions d'âmes,
m'a envoyé un témoignage de reconnaissance, pour avoir
érigé le monument de la renaissance africaine et pour avoir
accueilli les fils d'Haïti dans notre pays »438(*). Partant de ce discours, il
entend façonner la légitimité de son régime sur le
plan interne.
b- Une stratégie de légitimation de son
régime sur le plan national
Au regard de son importance en Afrique, l'organisation
panafricaine peut être considérée comme une structure que
les politiciens récupèrent aux fins d'enjeux politiques dans
leurs pays. S'agissant particulièrement du cas du Président
WADE, il est élu comme président de la République du
Sénégal le 19 mars 2000, lors du second tour. L'alternance se
passe comme nulle part en Afrique, c'est-à-dire, dans une ambiance
presque euphorique dans tout le pays. En 2007, il est réélu au
premier tour, mais on note un fort boycott de l'opposition lors des
élections législatives. Déjà, en 2005, l'homme du
« Sopi » avait fait incarcérer Idrissa
SECK439(*), l'ancien
premier ministre et maire de Thiès. C'est alors que Wade commence
à souffrir « d'une image
brouillée »,440(*) d'autant qu'au-delà de la rupture avec
Moustapha NIASSE, l'omniprésence de sa famille alimente malaise et
suspicions. Pour beaucoup de
Sénégalais, « contrairement à Wade,
Léopold SEDAR SENGHOR et Abdou DIOUF n'ont jamais mélangé
famille et politique. C'était impensable ». Autant la
classe politique sénégalaise que certains citoyens
sénégalais lui imputent ses ambitions officiellement
cachées de vouloir se faire succéder au pouvoir par son fils
Karim WADE441(*).
En septembre 2009, le Président WADE avait
annoncé sa candidature pour la présidence de 2012 à
travers les ondes de la radio Washington « La voix
d'Amérique ». Mais, comme tout bon politicien, il mène
une campagne afin de redorer son blason. C'est ainsi que le 3 Avril 2010, il
avait suggéré à 22 présidents africains
réunis à Dakar, et en présence du Président en
exercice de l'UA, d'accepter cette date comme celle de la
« journée de la renaissance africaine ».
Or, dans l'histoire politique sénégalaise, le 3 Avril(2000)
correspond curieusement au jour de son investiture comme président de la
République du Sénégal442(*). A priori, cet acte est une oeuvre pour la cause
panafricaine. Mais, en réalité, non dénué de
calculs politiques. Il procèderait d'une manoeuvre de
récupération de la cause panafricaine au service de ses ambitions
politiques dans son pays. D'ailleurs, selon les officiels
sénégalais, le monument de la renaissance africaine est la
« matérialisation la plus parfaite des grands projets
de l'alternance ».
Ainsi, les objectifs des acteurs ne sont toujours ni
explicites ni clairs443(*). Au sein d'une structure, les individus construisent
leurs intérêts quoiqu'ils semblent ne pas exister et encore moins
identifiables au départ. Tel est le cas des Présidents Mouammar
KADHAFI et Abdoulaye WADE dont les intérêts se sont
découverts au cours de leurs actions menées au sein de l'UA.
PARAGRAPHE II - LA CONSTRUCTION DES INTERETS
Comme l'explique Alexander WENDT, « les acteurs
n'ont pas un ``portefeuille'' d'intérêts qu'ils construiraient
indépendamment d'un contexte social »444(*). Il précise
même que les acteurs individuels qui avancent dans une organisation
« définissent leurs intérêts au cours du
processus et des situations diverses » 445(*). Alors, si on a pu
percevoir dans le comportement du Guide libyen la recherche
d'intérêts hégémoniques au cours du processus de
construction de l'UA, (A) le Président WADE, quant à lui, y
rechercherait des rétributions économico-symboliques(B).
A -
Les tentatives « kadhafienne » d'emprise sur l'Union
Comme l'a remarqué René OTAYEK, la politique
d'aide de la Jamahiriya n'est pas facile à déchiffrer quant aux
objectifs poursuivis fussent-ils apparents ou latents446(*). En effet, par son
assistance, l'acteur donneur entretient ou renforce son influence sur le
récipiendaire447(*). Transposée au sein de l'UA, cette analyse
d'OTAYEK permet d'observer l'influence, ou du moins la tentative
hégémonique exercée par KADHAFI. Leader d'opinion
incontesté, économiquement puissant, KADHAFI se conjugue en
« milliards de dollars »448(*). Persuadé sans doute
que celui qui initie une idée ou qui paie commande, il a à
plusieurs reprises réclamé et défendu ses
intérêts dans l'Union en essayant d'y imposer son leadership. En
clair, il était question pour lui d'une part d'ériger sa ville
natale449(*) en capitale
de l'UA (1), et d'autre part d'en assurer continuellement la présidence
(1).
1- Les manoeuvres de transformation de Syrte en
capitale de l'UA
Depuis la transformation de l'OUA en UA sous ses auspices,
KADHAFI n'avait cessé de faire du lobbying auprès de ses pairs
afin qu'ils transfèrent le siège de l'UA à Syrte. Dans ses
prévisions, le contenu de la déclaration de Syrte devait
constituer la colonne vertébrale de l'Union et son siège devait
être installé à Syrte450(*). Cette obstination à vouloir faire de sa
ville natale la capitale de l'Union est palpable quand on dénombre les
rencontres panafricaines les plus prestigieuses qu'il y a
organisées451(*).
En 2004, le colonel KADHAFI avait fait ressusciter le
débat du transfert du siège de l'UA chez lui. Suite à une
opposition frontale de ses pairs, il n'enverra
qu' « un simple ministre de
l'information » le représenter au sommet de l'Union.
Surtout, KADHAFI se voyait-il comme le « président de
l'Afrique ».
2- Kadhafi comme « Président de
l'Afrique »
A travers ses nombreuses actions pour la construction de l'UA,
le colonel KADHAFI caressait le rêve de devenir le
« président de
ses Etats-Unis »452(*) d'Afrique. Mais, comme l'a expliqué Yves
EKOUE AMAÏZO, « la perspective d'un continent tout entier
risquant de devenir à terme un seul Etat doté d'un
président non élu, flanqué de 52 gouverneurs de provinces
fit peur »453(*) .
Aujourd'hui, il a sans doute la certitude d'être
devenu le « roi de l'Afrique », mieux le
« Président de l'Afrique ». Après avoir
longtemps refusé la présidence de l'Union parce qu'il la disait
« seulement symbolique », le Guide libyen
finit par l'accepter en vertu du mécanisme de la présidence
tournante454(*).
Dès son adoubement, il demanda aux autorités éthiopiennes
d'ajouter « roi d'Afrique » au titre de
« roi des rois traditionnels d'Afrique » déjà
acquis. Le nouveau statut lui donnera le « droit » de se
comporter tel le « président de l'Afrique »,
à l'image de cette description prenante de YERIM SECK Cheikh :
« arrivé au centre de conférences d'Addis-Abeba
escorté de sept rois aux costumes traditionnels chamarrés,
couverts d'or et de bronze, Kadhafi a cédé la place
indiquée par l'écriteau « Libye »
à son Monsieur Afrique, Ali Triki, pour aller s'installer au pied du
podium devant ses pairs, seul entouré de sa suite
royale »455(*).
Avec des rois qui montent sa garde, cette attitude
créant la distance avec ses pairs et toute l'assistance, tend à
sacraliser une présidence de l'UA pourtant iconique. Tout de
même, conscient de la visibilité qu'elle offre aux dirigeants
africains, il refusera, à la fin de son mandat, d'ouvrir la session
donnant lieu à la transition un an après456(*). Mais, cette tentative de
putsch dans l'organisation sera énergiquement
empêchée457(*).
Il est donc clair que le colonel KADHAFI considérait
l'UA comme un espace intégré à sa Libye. Toute chose qui
n'est pas du goût des chefs d'Etat qui n'entendent pas voir un
président derrière le téléphone, et donnant
des ordres comme à Washington. Le « roi d'Afrique »
avait été contraint de gérer l'Union mais, sans gouverner.
A la virgule près, le Président WADE, jouissant de certains
privilèges au nom de l'Union, n'hésite pas de frapper du poing
sur la table, lorsqu'il estime être lésé de ce qu'il y
perçoit comme sa chasse gardée.
B - Wade à la quête des
rétributions financières et symboliques
Le leader sénégalais a pu en partie tirer son
épingle du jeu en s'impliquant dans la construction de l'UA. S'il
paraît comblé des ressources financières que lui
procurerait l'exploitation lucrative du monument de la renaissance africaine,
(1) il peine toujours à imposer ses règnes sur le NEPAD auquel il
a singulièrement participé à l'élaboration en tant
que francophone(2).
1- L'exploitation lucrative du monument de la
renaissance africaine
Objet du rêve du Président
sénégalais et « discuté avec ses
pairs »458(*), le monument de la renaissance est une idée
rentable qui attirera des « centaines de milliers de
visiteurs et rapportera des centaines de milliards de
dollars »459(*). Tel que relevé dans le deuxième
chapitre de cette étude, outre sa part contributive pour la
réalisation de ce monument évaluée à 10 milliards
de FCFA, le Président WADE en est à 100% le propriétaire
intellectuel. Pour assurer son droit de préemption, la sculpture a
été déposée sous le numéro 02800 le 12
décembre 2007 à l'Organisation Africaine de la
Propriété Intellectuelle (OAPI) et enregistrée sous le
numéro 08/0023 du 31 mars 2008460(*). La même démarche a été
entreprise au niveau du Bureau sénégalais des droits d'auteur
(Bsda), pour protéger l'oeuvre.
Pourtant, au moment où les retombées du
monument, qui a fait des gorges chaudes au Sénégal pour son
coût excessif commencent à aiguiser les appétits de
certains Sénégalais, le Président WADE place sa gestion
sous la direction de la « Fondation de la
Renaissance » chapeautée par sa fille
Sindyély WADE. Répondant d'ailleurs à certains
Sénégalais qui polémiquaient sur son accaparement du site
auquel l'Etat sénégalais avait aussi contribué à la
réalisation, à hauteur de 65%, le Président WADE a
déclaré ceci dans les colonnes de
Libération:« si Senghor a écrit quatre
oeuvres durant sa présidence et que personne ne lui a
réclamé les droits d'auteur, pourquoi alors les
Sénégalais m'en
réclament ? »461(*). Dans une interview du 1er août
2009, c'est-à-dire avant même l'achèvement de cette statue,
il avait déjà révélé que 35% des
recettes issues de l'exploitation du site lui reviendront, car c'est lui qui a
imaginé l'oeuvre462(*). Comme c'est patent, en érigeant un monument
qui magnifie l'Afrique tout entière, l'enjeu pour WADE se situe avant
tout aussi au niveau des rétributions pécuniaires qui sont loin
d'être les seules récompenses recherchées.
2- La bataille pour les règnes du
NEPAD
Au regard des idées qu'il avait émises pour que
naisse le NEPAD, le Président WADE espérerait sans doute que sa
présidence lui reviendrait. C'est ainsi que depuis 2007, il a
essayé à plusieurs reprises de ravir, mais sans succès,
cette place à son homologue éthiopien Mélès ZENAWI.
Lors du sommet de Kampala, il l'avait accusé de
vouloir créer « une présidence à vie au
sein du NEPAD »463(*).
Dans le même esprit, en 2004, il avait
dénoncé la mainmise des
« anglophones »464(*) sur la gestion du NEPAD. Il soulignait en s'irritant
qu'il y a quatre experts francophones sur 30 ou 40 experts.
« C'est mauvais ». « Ne prendre en
compte que des anglophones c'est contraire à l'esprit de l'Union
Africaine et moi je ne souhaite plus cela »465(*). En agissant de la sorte, il
n'est pas exclu qu'il construise indirectement ses intérêts dans
ce projet panafricain de développement.
Nous avons donc deux Etats qui s'engagent pour construire
l'UA, mais avec des enjeux divergents. Tandis que l'un la Libye fait la
diplomatie pour se faire accepter sur la scène internationale et
sécuriser ses frontières, l'autre le Sénégal s'y
met surtout pour se faire connaître afin d'attirer des investissements
sur son territoire. S'il est clair que l'UA assure la visibilité de
leurs porte-paroles en leur permettant d'entrer dans l'histoire, on
précisera que le Libyen l'utilise pour ses ambitions
hégémoniques et mégalomaniaques, alors que le
Sénégalais tend surtout à en faire usage pour des fins
économiques et politiques.
Dès lors, le constructivisme permet d'expliquer comment
les organisations internationales peuvent enseigner aux acteurs la
manière la plus appropriée de valoriser leurs objectifs. A ce
niveau justement, il suggère d'élargir le concept de structure.
Comme le déclare Martha FINNEMORE, « des structures
de connaissance partagée et de compréhension intersubjectives
peuvent aussi former et motiver des acteurs... Ces structures sociales
peuvent fournir aux Etats (et aux individus) à la fois des
préférences et des stratégies pour poursuivre ces
préférences »466(*).
En somme, « le multilatéralisme est, en
quelque sorte fonctionnel par vocation : le servir c'est aussi attendre
qu'il puisse servir »467(*). C'est ce que démontre pertinemment la
construction en cours de l'UA. Car, comme on le constate, les identités
et les intérêts des acteurs sont générés en
partie par leurs interactions internationales.
Or, le projet sénégalo-libyen de construction
d'une UA forte ne fait pas toujours que des adeptes. Multiformes sont les
contraintes qui entravent leur marche vers une régionalisation de poids
en Afrique.
CHAPITRE IV: LES CONTRAINTES ENTRAVANT LES ACTIONS DE LA LIBYE
ET DU SENEGAL
Dans le processus de construction de l'UA, certains facteurs
défavorables empêchent parfois la progression de la Libye et du
Sénégal vers leur objectif ultime à savoir,
réaliser une Union supranationale. Il s'agit des contraintes dont parle
Jacques ROJOT468(*). Ces
contraintes sont non seulement inhérentes à eux-mêmes
(section I), mais aussi et surtout extérieures à ces deux acteurs
(section II).
SECTION I : LES CONTRAINTES INHERENTES AUX DEUX ETATS
Les contraintes intrinsèques aux acteurs proviennent de
leurs caractéristiques individuelles, leurs capacités
psychologiques, intellectuelles, culturelles ou encore de leurs
capacités sociales de mobilisation469(*). Il s'agit dans notre cadre d'étude soit du
comportement qu'un Etat affiche envers l'autre ou au sein de la structure,
lequel peut créer des dissensions ou une dissonance dans le discours
qu'il défend. C'est également la situation instable d'un pays qui
peut constituer un frein à ses ambitions régionales. Dans cette
perspective, si l'Etat libyen semble tenir un discours d'intégration qui
a du mal à trouver un terrain d'entente sur le continent (paragraphe
I), le Sénégal quant à lui souffre d'une fragilité
qui lui est congénitale (paragraphe II).
PARAGRAPHE I- LE DISCOURS CONSTRUCTIF LIBYEN EN PERTE DE
VITESSE ?
La politique étrangère libyenne en
matière d'intégration a du mal à prendre racine en Afrique
d'une part à cause des incohérences dont souffre son discours
rassembleur(A), et d'autre part du fait du doute qui plane sur la
crédibilité des ressources diplomatiques que mobilise ce
pays(B).
A-
Les incohérences d'un discours intégrateur
La Libye, chantre de la construction de l'UA semble n'avoir
pas encore assez intériorisé les normes unitaires qu'elle diffuse
à travers le continent(1), d'autant qu'on peut déceler quelques
faiblesses dans son système de socialisation sur le savoir-vivre
ensemble avec les populations sub-sahariennes(2).
1- L'internalisation en demi-teinte des normes
unitaires diffusées
Le constructivisme permet de mettre en exergue plusieurs
problèmes470(*)
restés négligés dans le cadre de la construction d'un
espace d'interdépendance comme l'UA. De fait, dans le processus de
constitution des grands ensembles, les constructivistes considèrent la
socialisation comme l'élément qui permet aux acteurs
d'intérioriser les normes qui influencent en retour la manière
dont ils se comportent et ce qu'ils perçoivent comme étant leurs
intérêts471(*). Ainsi, l'appréhension portant sur
l'assimilation des « standards de comportement
approprié »472(*) peut laisser percevoir des faiblesses dans le
discours que délivrent les acteurs immergés dans un processus
d'intégration. La Libye nous paraît mieux servir un tel exemple
en ceci que son discours vis-à-vis de certains événements
a souvent été écorné à cause des prises de
positions de son leader jugées incongrues par d'autres Etats membres de
l'Union. Du coup, cette carence dans la maîtrise des principes qui
gouvernent les relations entre acteurs dans un processus d'intégration a
créé un climat de tension et de méfiance envers
Tripoli.
Sur le continent en effet, nombreux sont les Etats qui
suspectent la Jamahiriya libyenne de tenir un discours dont la finalité
est de déstabiliser leurs situations internes aux desseins
inavoués. Toute prise de position qui cause généralement
des entorses au discours constructif dont elle souhaite être la pierre
angulaire en Afrique. En mars 2010 par exemple, le Nigeria est frappé
par de violents affrontements qui opposent les communautés
chrétiennes et musulmanes. Comme solution de sortie de crise, le Guide
libyen propose la partition du pays : « c'est la seule chose
qui pourrait faire cesser les violences entre chrétiens et
musulmans »473(*) a-t-il argumenté. En signe de
mécontentement, le président du Sénat nigérian l'a
traité de « fou » et la République
fédérale du Nigeria a rappelé son ambassadeur à
Tripoli.
Pour le Guide libyen, la cohabitation entre musulmans et
chrétiens est source de conflits. C'est alors que pour retrouver la
paix, il faudrait procéder à la scission des pays où les
conflits de ce genre sévissent. C'est en substance cette même
solution qu'il proposa le 10 octobre 2010 à l'ouverture du sommet de
coopération afro-arabe à Dakar à propos du Soudan qui,
selon lui, devait être coupé en deux afin que la paix y soit
rétablie474(*).
Or, « au regard des actions entreprises pour la construction de
l'UA, il y a une contradiction avec lui-même »,
soutient Yves EKOUE AMAÏZO.
Dès lors, il devient surtout captivant de s'interroger
sur les motivations de Tripoli au regard des solutions à l'emporte
pièce ainsi proposées. La question qu'il convient d'adresser est
de savoir si l'enjeu pour le Guide libyen résidait tellement dans la
recherche de la paix, dans la mesure où les problèmes qui
opposent les différentes communautés religieuses de ces pays sont
d'ordre politique, économique et foncier. En méconnaissance des
situations internes de ces Etats, la Libye proposait des solutions qui ne
cadrent pas forcément avec les vrais problèmes qui font partie du
quotidien de leurs populations. Selon Yves EKOUE AMAÏZO, ces conclusions
maladroites visant à ramener « la paix »
recèlent plutôt d'autres enjeux que Tripoli n'ose pas
dévoiler. Il écrit à cet effet que « si la
solution du guide libyen est réduite à couper un pays en deux,
c'est que cette solution n'a pas été réfléchie ou
repose sur d'autres considérations stratégiques d'unité du
monde arabe ». On a donc l'impression que le colonel KADHAFI
promouvait la construction d'une UA totale mais conseillait en même temps
la partition des pays devant faire partie de ce processus au profit des
religions dites « importées ».
Parlant justement de l`islam lié au monde arabe auquel
les ambitions de configuration d'un espace lui sont à tort ou à
raison prêtées, la Libye de KADHAFI l'utilisait comme un vecteur
de sa politique extérieure d'influence. Le colonel KADHAFI fervent
défenseur de cette religion, avait fait ériger une
société pour l'appel à l'islam, la « Jama-at
ad da-wa al islami », dont le siège est la
cathédrale de Tripoli. Avec plus de 500 000 membres,
elle constitue un puissant centre de diffusion de l'islam à travers le
continent475(*). Sa
finalité étant de combattre énergiquement le christianisme
que le Guide libyen assimile au colonialisme en Afrique476(*).
En 1999, l'un des motifs avancés par les chefs d'Etat
pour rejeter le projet libyen résidait dans le fait qu'il était
fondé sur le thème de l'islam477(*). Au regard de ceci, pourrait-on penser comme Y. E.
AMAÏZO que « réclamer la partition d'un pays
relèverait d'une stratégie non avouée du Guide consistant
à faire avancer non pas l'UA dans sa tentative d'imposer les
Etats-Unis d'Afrique à des chefs d'Etat africains qui n'en veulent pas
dans la grande majorité, mais bien de faire favoriser la création
d'un espace régional où les pays africains de confession
majoritairement musulmane seraient intégrés dans un espace
arabe »? Si une réponse positive ne s'impose pas
forcément dans cette hypothèse, le moins que l'on puisse dire
c'est que cet argument trouve un terrain quelque peu fécond dans
certaines circonstances spécifiques. Car, la Libye dirige
généralement ses aides dans les pays ou les régions dans
lesquelles les populations sont d'obédience islamique, si l'on s'en
tient au cas spécifique du Cameroun ces derniers temps. Depuis mai 2010,
les populations de ce pays d'Afrique centrale (du Nord au Sud comme de l'Est
à l'Ouest) sont frappées par la maladie du choléra.
Mais, seule la région septentrionale majoritairement musulmane a pu
bénéficier d'un important don de médicaments et de
consommables affrétés dans un avion cargo par le Guide, lequel a
atterri directement à l'aéroport international de Garoua (Nord
Cameroun). Le diplomate chargé d'affaires au Cameroun, Lutfi Alamin M.
MUGHRABI, porteur du message du Guide a déclaré
que : « mon président exprime au peuple
frère et ami du Cameroun toute sa solidarité suite à
l'épidémie du choléra qui sévit dans la partie
septentrionale du pays »478(*). Initiative certes louable, mais qui marque une
nette préférence envers les populations
« frères » musulmanes du septentrion au
détriment de celles qui ne le sont pas. Tout compte fait, un pays
comme le Cameroun avec le Nord musulman, et le Sud chrétien, tout
comme bon nombre de pays africains sont tenus d'anticiper ces commentaires
tendancieux susceptibles de les confronter afin de mieux renforcer la
cohabitation pacifique de leurs peuples, condition préalable pour
bâtir une UA sur du béton. Il va enfin sans dire que le Guide
libyen s'est offusqué lorsque les puissances occidentales ont
commencé par couper la Libye en deux en faisant de Benghazi, ville
où se trouve l'essentiel des richesses du pays la
« capitale » de la rébellion.
Le discours libyen sur l'Afrique regagnerait à jouer la
carte de l'apaisement en ce qui concerne la résolution des litiges au
lieu d'être un boutefeu. Car, porter un projet aussi sérieux que
celui de l'UA requiert beaucoup de responsabilité. N'est-ce pas
là aussi l'occasion pour ce pays, de repenser les pistes de
restructuration de son système social de cohabitation avec les
populations subsahariennes, lequel n'a cessé de
péricliter ?
2-
La quasi-défaillance du système d'apprentissage sur le savoir
vivre-ensemble
Une fois de plus, l'un des aspects sur lequel le
constructivisme insiste concerne le processus de « socialisation
et d'apprentissage social » dans une communauté
dans la mesure où il est important pour l'extension et la
codification des normes et leur usage à long terme 479(*). Comme le souligne
Maciej WILGA, ce processus est selon les tenants de ce courant un
élément sans lequel l'intégration ne saurait
avancer480(*). Au regard
de ceci, il faut constater que le système d'apprentissage libyen semble
en déphasage ou du moins fébrile quand on regarde son discours
panafricain qui prône l'ouverture des frontières et la
cohabitation pacifique des peuples du continent nonobstant leurs
diversités culturelles.
Ainsi, depuis 2000, les autorités libyennes ont
procédé à de nombreuses expulsions des populations
négro-africaines sans avoir eu au préalable la courtoisie d'en
informer les pays concernés. Au comble, entre 1995 et 1996 puis en fin
septembre 2000 suite aux pogroms provenant des actes racistes des populations
libyennes, le sang des Subsahariens, principalement des Nigérians, avait
été versé. Ce qui n'a cependant pas empêché
Tripoli de procéder une fois de plus deux ans après à
l'expulsion de 250 Burkinabés qui avaient été
« parqués dans de gros avions cargos comme des
moutons avant d'être acheminés à
Ouagadougou »; chose que le Président KADHAFI qualifia en
ce moment-là d'une manière très provocatrice de
« retour volontaire » 481(*). Comme si cela allait de
soi, en 2007, le pays de Mouammar KADHAFI, chantre de l'intégration
africaine et fervent défenseur des Etats-Unis d'Afrique avait
renvoyé 156 Maliens après des accès cruels sur ces
derniers482(*). Toutes
ces atteintes aux droits de l'Homme ont sonné comme un mépris
royal pour les négro-africains que la Libye dit pourtant vouloir
« unir ». De tels agissements n'ont fait qu'exacerber la
colère et la méfiance de nombreux dirigeants au Sud du Sahara,
d'autant qu'en tant que « panafricaniste
affiché », le Guide libyen avait enfin
décidé, en 2008, de limiter la présence subsaharienne en
Libye483(*). Car, la
« chasse au faciès » s'est davantage accrue avec le
soutien financier de l'UE et les méthodes sont devenues encore plus
brutales. Ce paradoxe libyen a pris de l'ampleur avec les insurrections de mars
2011 et l'ostracisme envers les Noirs a atteint son paroxysme. Comme l'a
constaté Jean MICHEL-MEYER, de plus en plus, « de
nombreux subsahariens venus travailler, sont assimilés aux mercenaires
noirs payés par le régime » 484(*). Et quand la foule s'en
prend à eux jusqu'à ce que mort s'en suive, le vrai responsable
c'est Kadhafi 485(*).
Ces faits récurrents montrent clairement que la Libye
manque certainement de la manière dans la gestion du flux de migrants
africains qui arrivent en Libye soit pour y chercher fortune soit pour trouver
des brèches afin de traverser la Méditerranée pour
l'Occident.
Ainsi, au-delà des privations de passeports et des
expulsions qui ont parfois été orchestrées par Tripoli
sans tenir compte de la situation régulière ou pas de certains
migrants africains, la vérité c'est que les autorités
libyennes qui sont pourtant porteuses d'un message d'intégration
important auraient pris à la légère
l'élément portant sur l'apprentissage social. Pourtant cet
apprentissage est le socle sur lequel peut se construire une acceptation
mutuelle des populations, fussent-elles des origines ou des aires culturelles
différentes. L'exemple que produit Maciej WILGA dans le cadre de l'UE
peut à cet effet être édifiant. Ici par exemple, beaucoup
de jeunes fonctionnaires français dont le pays est l'un des moteurs de
la construction européenne font leur carrière tout d'abord dans
les institutions européennes pour les continuer plus tard dans les
institutions nationales486(*). D'où la transposition des comportements
européens sur le plan national. Les normes qui émergent au niveau
européen se trouvent au niveau national puisque les mêmes
fonctionnaires travaillent deux jours, trois jours à Bruxelles et le
reste de la semaine dans leurs capitales nationales. Un processus qui peut se
dérouler à l' « envers »
487(*)selon James CHRISTOPH
En appliquant cet exemple au cas libyen voire à
l'Afrique488(*) qui
semble avoir emprunté le modèle européen, on pourrait
penser à la reproduction d'un tel scénario. De la sorte, les
fonctionnaires de divers pays qui travaillent ensemble dans les institutions
panafricaines à Addis-Abeba ou ailleurs avec leurs collègues
venus d'autres pays du continent surmonteraient leurs différences et
pourraient même constituer des puissants agents de socialisation sur le
plan national. Les normes vont certes circuler avec un niveau
d'intensité différent selon le pays auquel l'on a affaire mais,
permettront tout de même une certaine adaptation de la base nolens
volens aux valeurs préétablies ou même d'en
créer. C'est dans ce sens que les constructivistes portent un
intérêt particulier sur l'importance des acteurs individuels.
Car, « faisant partie intégrale du système
qu'ils construisent, ils sont également conditionnés par les
valeurs qu'ils créent eux-mêmes »489(*). Il est donc évident
que si une expérience comme celle-là est vécue au sein de
l'UA en construction, cela permettrait de changer la perception que les
populations africaines de diverses sphères culturelles, religieuses,
animistes, etc. ont envers elles-mêmes, d'où la construction
intersubjective d'une nationalité africaine acceptée sinon par
tous du moins par la majorité. Nous restons à cet effet convaincu
qu'une plus grande compréhension entre les peuples du continent et leurs
diversités peuvent être source de richesse et non de
confrontation. Quid du poids des ressources diplomatiques mobilisées par
la Libye pour la construction de cette Union ?
B-
La remise en cause des ressources diplomatiques mobilisées?
Aujourd'hui, il est important de s'interroger sur le
crédit qu'on peut accorder tant à la Cen-Sad(1) qu'à
l'assemblée des rois, sultans, princes, cheikhs et chefs coutumiers
africains, toutes constituées par Tripoli pour peser de leur poids dans
le processus de construction de l'UA (2).
1- La crédibilité de la Cen-Sad en
jeu
S'agissant de la Cen-Sad, deux questions fondamentales
suscitent notre attention. D'abord, les Etats qui la composent partageaient-ils
forcément les véritables motivations de la Libye et de son
leader ? Ensuite, l'intégraient-ils librement ?
Sur le premier point, il convient de souligner rapidement que
certains pays qui ont intégré la Cen-Sad que le Guide libyen
appelle de ses voeux la « base de l'Union
Africaine » sont majoritairement des pays pauvres en ressources
dont la Libye dispose à profusion. Aussi, certains sont farouchement
menacés par le péril désertique qui ne cesse de prendre de
l'ampleur dans la zone sahélo-saharienne. Sur le coup, ils trouvaient en
ce pays un bailleur d'aide débonnaire au développement, ce qui
leur permettait de financer leurs économies afin de baisser les
tensions sociales dans leurs pays. Comme l'a expliqué Emmanuel GREGOIRE,
« la Cen-Sad procède d'une logique rentière :
en entrant dans ce club, la plupart des Etats africains, globalement pauvres,
saisissent l'opportunité économique et financière
proposée par l'auteur du Livre Vert » 490(*). L'instinct de survie qui
poussait certains de ces Etats à intégrer cette communauté
paraît répondre à la logique qu'ils le faisaient pour plus
de nécessité que de conviction. Le projet des
« Etats-Unis d'Afrique » du Guide libyen semblait
relayé au second plan. Aussi, s'il est vrai que KADHAFI affirme que
la Cen-Sad représente « l'écrasante majorité
au sein de l'Union Africaine »491(*), il faut tout de même mettre un bémol.
Car, le Nigeria et l'Egypte qui sont deux poids lourds dans l'UA et par
ailleurs membres de ce club n'ont pas toujours défendu, comme nous le
verrons avec le cas spécifique du Nigeria, la position libyenne à
l'UA. La majorité dont s'est prévalue la Libye n'est en
réalité que de façade.
Sur le second point portant sur l'adhésion à la
Cen-Sad, si celle-ci était volontaire pour des pays qui disposent d'une
certaine capacité de se départir des positions couramment
défendues par KADHAFI, il n'en était pas toujours de même
pour les Etats « faibles » parfois contraints au regard de
la grande « capacité de nuisance » du
Guide libyen. Selon l'hebdomadaire Jeune Afrique, le colonel KADHAFI
est le « parrain » des rebelles touaregs qui
déstabilisent le Mali. « Un coup Kadhafi les soutient un
coup, il finance leur réinsertion dans le civil : 40 millions de
dollars pour ceux de Kidal, 10 millions de dollars pour ceux de
Tombouctou »492(*). Comme l'a par ailleurs confessé un diplomate
ouest-africain, « si ATT493(*) a déroulé le tapis rouge à
Kadhafi, c'est parce que la Libye finance les rebelles
touaregs »494(*). En ce qui concerne le Président EL-BECHIR du
Soudan, il a formellement exprimé son voeu de voir KADHAFI
renversé. Car, il est persuadé que sans l'aide de Tripoli, le
Mouvement pour le Justice et l'Egalité (JEM) n'aurait pas atteint les
faubourgs de Khartoum en 2008495(*). L' « antikadhafisme »
soudanais a grandi d'autant que le ministre des Affaires
étrangères du Président El-BECHIR, AIL AL Karti, a
clairement révélé son soutien militaire au CNT en arguant
que : « Kadhafi nous a fait trop de mal. Sans lui, le
Soudan ne serait pas divisé »496(*).
Alors, par l'argent et les menaces de déstabilisation,
la Libye a pu recruter des Etats qui devaient porter ses projets à
l'Union via la Cen-Sad. Ce qui jette un doute sur la coordination des
stratégies d'ensemble au sein de cette communauté. Lorsqu'on sait
par ailleurs que la Cen-Sad est en grande partie tributaire des financements du
Guide libyen, déchu, il y a des risques que le 10ème
sommet de cette CER de l'UA - qui eut lieu à Cotonou en 2008 - en soit
le dernier. Si elle lui survit même, il n'est pas certain qu'elle
poursuive encore l'objectif d'une UA forte. C'est ce qu'on peut regretter,
lorsqu'une organisation dépend non pas des institutions fortes mais d'un
individu. Aussi, que devient l'association des chefs
traditionnels admise à l'UA ?
2- A propos du sort de l'assemblée des chefs
traditionnels à l'UA
On peut également s'interroger sur le poids à
concéder aux chefs traditionnels, mieux à la chefferie
traditionnelle dans le processus de construction de l'UA. Une nouveauté
dont le Guide libyen aurait seul maîtrisé les enjeux réels.
Si pour Georges BALANDIER, « la tradition n'est pas incapable
d'énoncer, l'hégémonie politique tel que formulé
par la modernité étatique »497(*), on peut par ailleurs se
demander si cette hégémonie peut avoir des effets prolifiques
dans une organisation internationale comme l'UA. Depuis leur admission à
l'UA, les chefs traditionnels appuyés par KADHAFI demandaient à y
renforcer leur visibilité par l'acquisition d'un statut
« d'observateurs ». Les chefs d'Etat sont restés
sourds à cette revendication qui leur a paru plutôt comme une
instrumentalisation de la part du colonel KADHAFI. Pour certains comme le
Président MUSEVENI, sa tendance à vouloir faire légitimer
les chefs traditionnels tranche nettement avec sa stratégie de
domination dans l'Union.
Lors du 12ème sommet de l'UA par exemple, le
colonel Kadhafi a offert un spectacle des plus inhabituels à ses
pairs. Au cours de leur assemblée, il a donné la parole à
sa majesté TCHIFFI ZIE Jean Gervais, représentant des chefs qui a
introduit ses collègues afin que chacun dise au
« président de l'Afrique » (KADHAFI) ce que
les peuples du continent attendent de lui. Irrités par cette parade des
« rois », le Président Y. K.MUSEVENI, est sorti de
ses gongs : « s'il y a un seul Ougandais parmi ces escrocs, je le
flanquerais en prison dès son retour au pays »498(*).
Au regard de ces menaces qui visent plutôt à
intimider les rois à cause de l'attitude du Guide libyen, quelques
inquiétudes sont à partager. D'abord, celle de savoir si ces
derniers pouvaient ostensiblement jouer leur rôle au sein de l'UA face
à certains chefs d'Etat intransigeants qui n'étaient pas
prêts à les admettre dans ce qu'ils considéreraient comme
leur propriété. Ensuite et cela nous semble fondamental, que
peuvent devenir les « copains » du Guide libyen et leur
statut d'« observateurs » avec, quand on sait qu'il a
quitté le pouvoir par la petite porte?
Vraisemblablement, le statut réclamé aurait pu
leur donner une certaine crédibilité. Ce qui leur permettrait de
survivre même après le Guide libyen. S'il est vrai qu'il semble un
peu tôt de trancher sur leur situation au sein de l'UA, on peut se
demander si, même maintenus au sein de cette organisation, ils
bénéficieront des largesses des chefs d'Etat comme c'était
le cas avec KADHAFI. Au demeurant, le multilatéralisme
société civile/acteurs politiques devant être la chose la
mieux partagée à l'UA, leur maintien constituerait une
décision courageuse marquant la spécificité africaine.
Car, ils pourraient jouer un rôle socialisateur majeur au niveau de
« la base populaire ». Ceci est soutenable dans ce sens que
les peuples africains les moins instruits ou coupés des moyens de
s'informer ne savent pas grand-chose de cette UA qui est supposée les
unir. Nous soulignerons enfin que l'important est non pas de regarder la
personne de celui qui a initié leur acceptation au sein de l'UA, mais de
mesurer surtout l'ampleur du rôle qu'ils sont susceptibles de jouer dans
sa construction. Car, l'UA ne mourra pas avec l'assassinat du Guide libyen qui
l'a initiée. Au-delà des incertitudes portant sur les ressources
diplomatiques libyennes, le Sénégal connaît aussi, de temps
en temps, des obstacles qui lui sont propres.
PARAGRAPHE II : LA FRAGILITE ATAVIQUE DU SENEGAL
Le Sénégal est comme nous l'avons vu,
très impliqué dans le processus de construction de l'UA.
Cependant, la tâche ne paraît pas aisée eu égard aux
facteurs défavorables souvent rencontrés. Ces écueils
sont de deux ordres à savoir la création d'une dépendance
financière accrue vis-à-vis de l'extérieur d'une part et
la fragilité dont il souffre depuis son accession à la
souveraineté internationale d'autre part.
Le problème du financement ayant été
évoqué dans le cadre du troisième chapitre de cette
étude, nous n'y reviendrons plus profondément au risque de nous
répéter. Toutefois, Il convient au moins de retenir que cette
dépendance financière constitue un obstacle majeur dans la mesure
où rien de concret ne peut être réalisable comme cela a
été démontré sans ressources financières
considérables. C'est le cas en ce qui concerne surtout la construction
d'une organisation continentale comme celle dont nous faisons la sociologie.
Lorsque le Président WADE prend par exemple position pour le
départ de KADHAFI manu militari pour la raison qu'il n'a
« rien fait pour l'Afrique »499(*) parce qu'il a
« n'a pas financé le
NEPAD »500(*), il paraît incompris. Car, iI est douteux que
son approche largement discursive puisse efficacement impulser la construction
de l'UA. Ainsi, nous nous appesantirons sur la situation interne de ce
« petit » pays d'Afrique de l'ouest en proie au spectre de
la division.
En effet, malgré une stabilité politique
interne acceptable501(*), le Sénégal n'a pas toujours
été un havre de paix. Dès 1960, année de son
indépendance, une partie de la population de la Casamance502(*) souhaite l'autonomie pour
leur région au nom de son identité spécifique503(*). En effet, les Diolas qui
habitent la Casamance n'apprécient pas d'y voir arriver des Wolofs
souhaitant pouvoir venir y cultiver de l'arachide. Dans ce contexte, le 26
décembre 1982, des manifestants séparatistes504(*) avec à leur
tête l'abbé Diamacoune SENGHOR, armés de coupe-coupe et
autres armes blanches, pénètrent à Ziguinchor, la capitale
régionale de la Casamance, pour réclamer l'indépendance.
Le Sénégal découvre alors l'existence d'un homme
d'église qui prend la tête d'un mouvement séparatiste
dénommé MFDC (Mouvement des Forces Démocratiques de
Casamance) ou « Atika », (qui signifie la flèche ou
encore combattant en langue locale diola) qui est la branche armée du
MFDC. Conflit dit de « faible
intensité »505(*), le mouvement irrédentiste casamançais
a déjà occasionné de nombreuses victimes en 29
années de crise506(*) ayant même parfois des effets nuisibles dans
des pays voisins comme la Guinée-Bissau et la Gambie507(*). A ceci, il faut ajouter les
pertes financières enregistrées depuis la naissance de ce
conflit.
Les séparatistes casamançais ont une
conception très large de ce qu'est la Casamance (puisqu'ils
l'étendent jusqu'à la Falémé) et ne manquent pas
d'évoquer périodiquement la perspective d'une future union avec
la Gambie et la Guinée-Bissau. Parmi les points de discordes avec les
autorités de Dakar, outre l'impérialisme culturel des Wolofs
dénoncé, se trouvent les accusations faites à l'encontre
du pouvoir central qui aurait à la base délaissé le
développement de la Casamance. Contrairement au « miroir
aux alouettes »508(*) que constitue la région de Dakar, AMADY Aly
DIENG relève que « le type de mise en valeur du
Sénégal sur la base de l'arachide a contribué à
créer des régions périphériques comme le Fleuve
Sénégal, la Casamance, le Sénégal Oriental. Cet
inégal développement des régions à la suite de la
mise en valeur du bassin arachidier a sa part de responsabilité dans la
crise casamançaise ».
Pendant longtemps, en effet, Dakar n'avait souhaité
accorder d'envergure politique509(*) et encore moins internationale à ce mouvement
séparatiste. Mais de 1996 à 2009, des pourparlers de paix se sont
périodiquement déroulés entre le MFDC et une commission
nationale. En septembre 1997 par exemple, l'abbé Diamacoune SENGHOR
avait envoyé une lettre à ses ouailles pour les appeler à
cesser les violences mais, sans toutefois mettre fin a sa lutte pour
l'indépendance de la Casamance. Dans sa lettre-déclaration, le
rebelle en soutane précisait qu'il « désavoue,
réprouve et condamne toute forme de violence et d'agression contre les
personnes et leurs biens »510(*). Ces déclarations seront suivies d'effets
car, Dakar va octroyer une enveloppe de 114 milliards de FCFA pour le
développement économique de la région. Après
différents nouveaux combats, l'abbé Diamacoune SENGHOR qui avait
été relâché sera de nouveau arrêté le
26 décembre 1999. Puis, la maladie du dirigeant charismatique du MFDC va
créer des luttes de pouvoir au sein du mouvement. Toutefois, un accord
de paix est signé le 20 décembre 2004. A la fin de l'année
2006, l'abbé Diamacoune SENGHOR, rongé par la maladie, est
évacué à Paris par les autorités
sénégalaises afin d'y subir des soins où il meurt en
janvier 2007.
Aujourd'hui, ses successeurs déchirés par les
joutes du pouvoir réclament un référendum pour faire
« cesser les conflits en Casamance ». C'est dans
cette perspective qu'en 2010, Ansoumana BADJI (qui dispute le poste de
secrétaire du MFDC à Jean-Marie François BIAGUI) a
adressé une lettre au Président de la commission de l'UA Jean
PING, à Ban KI MOON de l'Organisation des Nations Unies et à
l'UE en vue d'attirer leur attention sur l'opportunité d'un
référendum devant rendre la région autonome. Selon lui,
« les gens veulent la fin du conflit en Casamance et le seul
moyen d'y parvenir c'est d'organiser un
référendum »511(*). Soutenant son option, il renchérit
que « la question relative à la Nation ne s'impose pas.
Elle ne se décrète pas, non plus, mais se construit. Or, dans
notre cas, entre le Sénégal et la Casamance, tout nous oppose. La
culture, l'organisation sociale, les pratiques religieuses, la
géographie, l'histoire, tout nous oppose »512(*).
Enfin, cette crise est extrêmement ruineuse pour l'Etat
sénégalais. Selon Mamadou Lamine DIALLO de TEKKI, le
Sénégal a injecté plus de 2500 milliards de F CFA dans
cette crise depuis son éclosion.
Même si les armes ont temporairement cessé de
crépiter dans cette partie méridionale du Sénégal,
la paix y demeure encore très fragile pour le moment, au regard des
velléités sécessionnistes qui rejaillissent et dont la
finalité est de morceler le « petit » pays qu'est le
Sénégal. De plus, les anciennes zones d'affrontement sont
parsemées de mines anti-personnel et le conflit a poussé une
partie des populations à migrer vers l'intérieur. Ce conflit mal
connu en Afrique est à vraie dire un « caillou dans la
chaussure » du Sénégal qui aspire se projeter sur la
scène continentale. Car, il devra non seulement se démener pour
le résoudre, mais aussi, le risque de perdre son contrôle sur
cette région considérée comme le « grenier
du Sénégal »513(*) le rendrait davantage dépendant de
l'extérieur. Toute chose qui n'est pas de bon augure pour ses ambitions
panafricaines. Pour le moment néanmoins, il est contraint de construire
l'UA avec un « ennemi » interne.
Au-delà des obstacles socio-économiques,
politiques et culturelles propres entre autres au Sénégal et
à la Libye, sont apparues de façon reconnaissable d'autres
entraves. Celles-ci proviennent de leur environnement externe et pèsent
d'un poids vraisemblable sur le processus de construction d'un «
espace pertinent pour l'action »514(*) en Afrique.
SECTION II: LES CONTRAINTES EXTERIEURES AU DEUX ETATS
Les constructivistes envisagent la régionalisation
comme un processus devant aboutir à l'intégration accrue des
sociétés515(*).Selon eux, la cohésion identitaire
régionale est la base de cette régionalisation en ce sens que la
construction d'une conscience régionale forte peut aboutir à un
passage obligé vers l'érection des ensembles économiques
ou politiques. Pourtant, le Sénégal et la Libye, partisans d'un
régionalisme poussé sont confrontés à un
véto plus ou moins voilé des antagonistes de la
« recomposition de la géopolitique
africaine »516(*). A l'observation des faits qui ont cours sur la
scène politique continentale, une UA forte susceptible de
conférer au continent le statut d'acteur majeur sur la scène
mondiale, voire de peser sur la marche du monde s'oppose ouvertement à
la rivalité de certains Etats au sein de l'Union (paragraphe I).Outre
cette concurrence interne qui engendre quasiment un statut quo, se profilent de
plus en plus des manoeuvres de déstabilisation provenant des puissances
externes (paragraphe II).
PARAGRAPHE I: LA RIVALITE ENTRE CERTAINS ETATS MEMBRES AU SEIN
DE L'UNION
La Libye et le Sénégal qui partagent la
même vision de l'Union ont du fil à retordre. Certains Etats
membres n'ont pas toujours été du même avis sur leur rythme
et les modalités de cette construction. En se mobilisant contre la
précipitation libyo-sénégalaise(A), les Etats rivaux ont
choisi la voie du panafricanisme dit minimaliste517(*) par un maintien du jeu
sub-régional(B).
A- La fronde anti-libyenne et
sénégalaise
L'UA globale tel que la Libye et le Sénégal
l'appellent de leurs voeux n'a pas reçu l'approbation des poids lourds
sur le continent à l'instar de l'Afrique du Sud. Contre le projet
maximaliste qui donne lieu sans attendre aux Etats-Unis d'Afrique, ce pays a
développé sa propre conception à partir du discours de la
renaissance africaine (1). Pour faire prévaloir sa vision d'une
région en Afrique, il s'est par la suite lancé à la
conquête du continent en vue de constituer une majorité contre la
domination de l'Union par les vues exclusives de la Libye et du
Sénégal (2).
1- La construction d'un imaginaire régional par
le discours sud-africain de la renaissance africaine
Dans la période heureuse qui a suivi les
élections démocratiques de 1994 après 300 ans de
colonialisme et des décennies d'apartheid, les gourous politiques de
l'African National Congress (ANC) dont le premier président noir
d'Afrique du Sud Nelson Mandela et son successeur Thabo MBEKI,
évoquaient avec enthousiasme l'aube de la « renaissance
africaine ». La fin de l'apartheid devait apporter un renouveau
politique, social, économique et culturel pour le continent africain et
l'Afrique du Sud devait en être le fer de lance.
L'idée de la renaissance avait germé bien avant
1994518(*). Partant
d'une notion d'obligation historique, comment une Afrique du Sud
démocratique pourrait aussi démocratiser l'Afrique qui avait
joué un rôle majeur et consenti de grands sacrifices pour la lutte
contre l'apartheid ? Investi président de l'Afrique du Sud le 16
juin 1999, le Président MBEKI proclamait que le
« XXIe siècle sera
africain »519(*).
D'abord systématisé en 1997 par Vusi MAVIMBELA,
un des proches conseillers de MBEKI dans un document intitulé
« The African Renaissance : a workable dream », le
Président MBEKI va par la suite préciser sa conception de la
renaissance africaine. Dans une définition
« mbekinienne », celle-ci doit être
interprétée comme « un renouveau de l'Afrique en
termes de démocratisation ainsi que de développement
économique et culturel »520(*). S'il est quelque peu proche
du discours de la renaissance africaine développé par son
homologue sénégalais et notamment sur le plan culturel521(*), il est spécifique
dans la mesure où il stigmatise « la complicité de
l'Afrique dans les mauvais résultats actuels du continent et
l'héritage du colonialisme et de l'interventionnisme de
l'extérieur »522(*). Au regard de cette différenciation, la
conception « mbekinienne » de la renaissance africaine est
une tentative plurielle qui repose sur quatre dimensions fondamentales à
savoir le politique, l'économique, le social et le culturel ;
l'objectif étant de promouvoir la position géopolitique de
l'Afrique dans le monde.
Politiquement parlant, l'avènement de la
démocratie en Afrique du Sud est le commencement d'une
« renaissance » de valeurs qui rayonneraient ensuite sur
l'Afrique. L'ancien conseiller politique et confident de MBEKI, Vusi MAVIMBELA
décrivait la renaissance comme un « troisième
moment » de l'histoire post coloniale de l'Afrique523(*). Le pilier sur lequel se
repose cette renaissance serait le miracle d'une transition sud-africaine,
non violente de la brutalité de l'apartheid à la
démocratie. Il est donc question que la nation arc-en-ciel524(*) exporte ce miracle politique
et son système de valeurs démocratiques
« indigènes » vers le reste du continent. Pour le
Président MBEKI, cette renaissance politique est un véritable
manifesto ; un appel à la rébellion. Il écrit :
« l'Afrique n'a nul besoin de gangsters qui usurpent le pouvoir
par des élections frauduleuses ou l'achètent par la
corruption »525(*). En un mot, par ce discours, il appelle à la
rébellion « contre les tyrans et les
dictateurs ». Sur un autre volet, il défend l'idée
que les Africains doivent tenter de résoudre leurs propres
problèmes. Tel est le sens du slogan « African solutions
to African problems » ; l'Occident et les autres
n'étant que des partenaires et non des donneurs d'ordres526(*).
Sur le plan économique, il s'inspirait de la
stratégie économique de l'ANC prévue pour l'Afrique du Sud
en 1996 et connue sous le nom de Stratégie pour la Croissance, l'Emploi
et la Redistribution (GEAR)527(*). A partir de ce projet, il proposera son MARP qui
fusionnera comme nous l'avons vu pour donner naissance au NEPAD. D'après
lui, le NEPAD devrait reposer sur des propositions de politique
économique orthodoxe ou néolibérale et des critères
de bonne gouvernance afin d'avoir du crédit auprès des bailleurs
de fonds internationaux. Il invitait ainsi les pays africains à faire
recours aux privatisations et aux partenariats public-privé. Dans cette
interprétation, il définit l'Afrique comme un marché
prospère en pleine expansion, à côté de l'Asie, de
l'Europe et de l'Amérique. Un marché dans lequel le capital
sud-africain est appelé à jouer un rôle particulier
à travers le développement du commerce, de partenariats
stratégiques, etc.
Pour son action en faveur de la globalisation, le continent
offrira à l'Afrique du Sud une option préférentielle sur
ce que sont ses largesses traditionnelles : le pétrole, les
minéraux et les mines. Déjà, en1940, le premier ministre
sud-africain Jan Smuts déclarait ceci : « pour
occuper une place de leader de développement panafricain dans ce vaste
continent, nous devons faire preuve de pragmatisme et saisir les
opportunités qui nous sont offertes. Ainsi, toute l'Afrique deviendrait
notre propre marché si nous le voulons,... »528(*).
D'un point de vue social, pour les dirigeants sud-africains
comme le ministre des finances Trevor MANUEL, l'Afrique a un problème
d'image. Il constate qu'une certaine vision négative de l'Afrique est
issue de l'afro-pessimisme dominant en occident, lui-même en droite ligne
de l'image coloniale de l'Afrique comme un « continent
mystérieux à exploiter ». Il est donc
nécessaire de redorer le tissu social africain. A cet effet, il
contribue à une version modernisée de la conscience noire rendue
populaire par Steve BIKO et selon laquelle les Africains doivent être
fiers d'eux-mêmes et de leurs identités. Ainsi, le gouvernement
sud-africain s'insurge-t-il contre la représentation des Africains comme
des « objets sexuels ». Dans cette perspective, il faut,
dit MBEKI, chasser le fantasme d'une conspiration des pays occidentaux qui
voudraient « faire croire que le Sida est né en
Afrique »529(*). La renaissance africaine a aussi pour ambition de
changer les structures anciennes des sociétés africaines. Et pour
cela, le Président MBEKI souhaite que les leaders traditionnels
démocratisent leur pouvoir afin d'être plus en phase avec le
nouveau siècle. Ce qui provoquera la colère de nombreux d'entre
eux en Afrique du Sud. Par ailleurs, il souhaite moderniser les relations
sociales archaïques qui subsistent en Afrique, en soutenant notamment la
candidature d'une femme à sa succession530(*).
En somme, selon une vision sud-africaine d'une région
en Afrique, il faut au préalable moderniser les institutions et
procéder à l'« africanisation » des domaines
tels l'économie, la justice, la santé, le système scolaire
ou encore les sciences sociales. Ces idées ne se confineront pas dans
les frontières sud-africaines. Le Président MBEKI va se
constituer en messager en allant à la recherche des alliés
politiques sur le continent pour faire valoir sa perception du panafricanisme
sur le plan continental. L'enjeu étant de combattre l'idée des
Etats-Unis d'Afrique qu'il dit
« précipitée ».
2- Le recrutement des clients politiques sur le
continent
Le combat idéologique et stratégique autour de
la construction de l'UA a laissé entrevoir des logiques de
positionnement sur le continent. La croisade sud-africaine en vue de
« vendre sa vision d'un renouveau
africain »531(*) en Afrique vise avant tout à le placer comme
le « symbole » 532(*) du panafricanisme que devront suivre d'autres Etats.
Le Président MBEKI a fait le tour du continent pour convaincre les uns
et les autres de partager la vision sud-africaine ainsi
développée.
Avant de traverser le Limpopo pour sa campagne contre le
panafricanisme maximaliste, il a d'abord commencé par persuader les plus
sceptiques de son camp. Par la suite, il s'est lancé à la
conquête d'une Afrique encore plus suspicieuse. Les Présidents
Robert MUGABE du Zimbabwe, Mouammar KADHAFI de Libye, le leader Kenyan Daniel
ARAP MOI et l'Angolais J.E. Dos SANTOS dénoncèrent cette vision
qu'ils assimilèrent à un stratagème malhabile de l'Afrique
du Sud pour dominer le continent533(*).
A l'inverse, d'autres comme le Président ougandais
Yoweri K. MUSEVENI, le Bostwanéen Festus MOGAE et le Mozambicain Joachim
Alberto CHISSANO, etc. furent immédiatement convertis. Nul doute que
cette mobilisation sur le continent revêtait un enjeu stratégique
pour la République sud-africaine d'autant que la Libye avait
proposé dans la première mouture du projet des Etats-Unis
d'Afrique une « nouvelle relation fondée sur la
dépendance financière »534(*) à son égard.
Autrement dit, elle se donnait pour mission de financer sans compter les
grands projets de l'Union. Une proposition qui fit naturellement peur. La
guerre quasiment ouverte contre le projet maximaliste amené par Libyens
et Sénégalais a connu beaucoup de succès auprès
d'une certaine opinion dite dominante au sein de l'Union aujourd'hui. Car, en
procédant ainsi, l'Afrique du Sud porteuse d'une vision de la
renaissance africaine à tendance minimaliste à laquelle il faut
d'ailleurs ajouter le Nigeria535(*) a pu bénéficier de l'alliance d'autres
Etats pour imposer une sub-régionalisation de la construction de
l'UA.
B- Le maintien du jeu sub-régional
Distinct du fédéralisme dont l'objectif est de
transférer à une entité supérieure les pouvoirs des
différentes communautés souveraines, le fonctionnalisme et le
néo fonctionnalisme s'entendent comme la simple coopération
intergouvernementale observable dans le cadre classique des organisations
internationales536(*).
Ces deux théories se présentent comme des méthodes de
découverte et d'apprentissage et d'un vouloir-vivre en commun des
Etats537(*). Ceci
épouse nettement la vision de certains Etats sur le continent, en ce qui
concerne la construction de l'UA : une organisation jeune qui se construit en
coordination pour ne pas dire en concurrence avec les organisations sous
régionales existantes . Et ce contrairement à
certaines organisations régionales comme l'UE qui a peut-être
vocation à devenir à terme une entité regroupant tous les
pays d'Europe sous des Unions économiques et politiques. On le
voit. Des joutes idéologiques empreintes de souverainisme ont pour le
moment ramené l'UA au rôle de coordinateur des communautés
économiques régionales (CER) (1). Pour compléter cette
étude du moins à ce niveau de réflexion, il nous
paraît judicieux de faire une exégèse du souverainisme
avancé de certains Etats africains à l'ère des
constitutions des grands blocs supranationaux(2).
1- Le ravalement de l'UA à la coordination des
CER
En Afrique, il existe une structuration sui generis
organisée sous un angle polymorphe admettant à la fois un jeu
entre les communautés économiques régionales et l'UA
considérée comme l'organisation coordinatrice des
activités des premières. En effet, une vision
étriquée d'une organisation régionale en Afrique ne date
pas de la naissance de l'UA. Elle a partie liée avec l'avènement
du mouvement panafricaniste sur le continent. Alors qu'à la seconde
conférence des Etats indépendants à Addis-Abeba en juin
1960, NKRUMAH s'efforçait à convaincre les Etats nouvellement
indépendants qu'il fallait unir l'Afrique, la délégation
nigériane représentée par Y. M. SULE tout en reconnaissant
que « le panafricanisme est la seule solution à nos
problèmes en Afrique quels qu'ils soient, relevait par la même
occasion, que l'idée de former une union des Etats africains est
prématurée, trop radicale et peut être
ambitieuse...»538(*). Ce que le Dr. NKRUMAH qualifia sans tarder de
vision à dominance
« néocolonialistes »539(*). Cette myopie politique qui
a caractérisé la vision des premiers bâtisseurs de l'OUA
s'est aujourd'hui généralisée au sein d'une certaine
élite politique africaine au point de devenir une
référence incontournable de leur politique
étrangère régionalisée.
Les décennies dernières, on a vécu un
développement sans précédent des organisations
sous-régionales qui se chevauchent et entravent le progrès de
l'UA. « Nombreuses comme des bornes au coin des
rues » 540(*) pour utiliser l'expression de Gonidec, les
organisations sous-régionales africaines évoluent, clament
les modérés pour le même but : la réalisation
d'une UA forte. Cette thèse fièrement défendue par les
chefs d'Etat des « grands pays anglophones » à
l'instar du Nigeria, de l'Afrique du Sud, du Kenya et bien d'autres
suggère une démarche par étapes en procédant
préalablement au renforcement des regroupements régionaux que
sont la communauté de l'Afrique de l'Est (EAC), la communauté des
Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), la (Communauté de
Développement de l'Afrique Australe (SADC), la Communauté
Economique des Etats d'Afrique Centrale (CEEAC) et l'Union du Maghreb
Arabe(UMA). Pour le Président Mwai KIBAKI du Kenya par exemple, ces
communautés sous régionales constitueraient les composantes du
gouvernement continental541(*). Or à l'observation, les différents
joueurs de ce camp n'entendent pas céder un seul atome de leur
souveraineté. Voici ce qu'en dit le premier ministre du
Lesotho Pakalitha MOSISILI : « l'intégration
politique complète présuppose la renonciation totale à la
souveraineté. Pour certains d'entre nous, ça peut être en
réalité beaucoup demander » 542(*). Le Président
MUSEVENI quant à lui enfonce le clou par le jeu de l'abandon de la
conscience collective du « référent
africain » au profit des « sirènes
identitaires » lorsqu'il déclare qu'« insister
sur l'intégration politique au niveau continental impliquerait un
amalgame de choses incompatibles qui peuvent créer de la tension
plutôt que de la cohésion. Il sera particulièrement le
cas, affirme-t-il, si vous mettez ensemble des groupes qui veulent imposer leur
identité aux autres. Je ne peux pas renoncer à mon
identité pour rien au monde »543(*). Défenseur
obstiné de la souveraineté de son pays, il s'opposa farouchement
à KADHAFI qui voulait commencer son mandat de président en
exercice de l'UA par la mise sur pied d'un gouvernement de l'Union. Il lui
rappela ceci: « la souveraineté de mon pays est à
Kampala et non à Addis-Abeba »544(*).
Il va sans dire que la plupart des Etats ne veulent bouger
d'un iota. La fracture entre partisans d'une UA globale et une UA minimale
étant nette. Comme l'avait déjà perçu Ide OUMAROU
l'ex-sécrétaire général de l'OUA, le
« risque contrariant sera, en effet, de faire jouer
négativement dans l'organisation naissante les contradictions et les
inerties, les enthousiasmes et les apathies, les lenteurs excessives et les
précipitations »545(*). Aujourd'hui, l'on a d'un côté
ceux qui partagent une vision dite
« modérée » constituée par les
«attendez-moi d'abord » et une vision dite
« radicale » incarnée par les « Nous
n'avons pas le temps », ainsi qu'en témoignent ces propos
de la ministre des Affaires étrangères mozambicaine Alcinda
ABREU : « il y a un groupe d' ``immédiatistes''
qui pensent que le gouvernement (d'Afrique) doit être formé
dès maintenant, mais la majorité ne pense pas que les conditions
sont réunies. Pourquoi se presser ? Regardez l'Union
Européenne, ils ne l'ont pas créée en un clin
d'oeil »546(*).
Le constat est sans équivoque. Une analyse des discours
de ces leaders africains laisse cerner qu'une UA forte resterait avant tout
une affaire de quelques chefs d'Etat minoritaires sur le continent. Alors que
d'autres partagent des visions panafricaines qui ne sont plus aujourd'hui
portées avec autant d'ambitions que celles des pères fondateurs
à l'instar de NKRUMAH. C'est ainsi qu'il convient d'interpréter
l'observation que fait Damien HELLY à propos de la défection de
certains leader et du polymorphisme institutionnel dont souffre l'UA. Pour
reprendre cette image footballistique, l'UA est encore « à
la recherche d'un coach désintéressé, d'un capitaine
stable et respecté, d'attaquants convaincus, de défenseurs
fidèles et de gestionnaires de clubs performants ». Quant
aux clubs sous-régionaux, aux capitaux politiques croisés,
« ils jouent dans des divisions de niveaux différents et leurs
tutelles souhaitent rarement transférer leurs meilleurs
éléments à la sélection
continentale »547(*). De facto plus anciennes que l'UA pour certaines,
les organisations sous-régionales dont l'efficacité est
inégale sur le terrain fonctionnent selon des logiques mouvantes et
hétérogènes influencées par quelques facteurs
clés tels puissances régionales motrices, quête de
légitimation de leaders contestés, blocages internes liés
à des conflits interétatiques, maturation inégale selon la
sous-région, solidarités entre régimes autoritaires, etc.
Si l'on peut même admettre avec Bertrand Badie que
« l'Union Africaine se porte aujourd'hui mieux qu'hier, parce
qu'elle est davantage institutionnalisée et davantage intervenante du
fait de l'alliance avec les organisations
sub-régionales »548(*), on peut cependant constater que cette
« polygamie institutionnelle » affecte gravement
la cohérence des stratégies au sein de l'organisation
coordinatrice qu'est l'UA. Car, des conflits armés paralysent davantage
certaines sous-régions telles les grands lacs (Centrafrique,
Congo-Kinshasa...) et la EAC ; avec le cas du conflit entre Sud-Soudanais
et Soudanais qui est provisoirement éteint ? On n'oubliera pas la
Somalie où les Sheebab dictent leur loi sur le terrain voire
sur le continent. Ironie de l'histoire, c'est exactement le 11 juillet 2010,
c'est-à-dire dix ans après l'adoption de l'Acte constitutif de
l'UA le 11 juillet 2000 que ces Sheebab s'attaquèrent au
drapeau de l'UA en commettant, en Ouganda, un double attentat qui causa la mort
de 76 Africains à la veille du sommet de Kampala prévu pour le
25 juillet 2010.
Comme on peut le constater, la Mission de l'UA pour la
Somalie (AMISSOM) peine à s'imposer dans la Corne de l'Afrique. Ceci
au regard de la logique selon laquelle chaque sous-région devrait
résoudre ses problèmes549(*). Sur ce point, le fantôme de l'UMA mis
à part, on peut affirmer que l'EAC et la CEEAC constituent les maillons
faibles de cette structuration à partir des CER. Ces deux blocs
régionaux sont hors-jeu au regard peut être des moyens
financiers et humains qui y font cruellement défaut. Dans la
même lancée, on peut percevoir la dispersion d'énergies que
constitue l'engagement, même financier, des Etats à la fois dans
l'UA et dans les CER dans des domaines curieusement identiques comme un
obstacle majeur pour penser une approche cohérente fondée sur des
stratégies communes pour mieux aborder les maux du continent. A ce
propos, Cheikh ANTA DIOP soulignait qu'on ne pouvait pas continuer à
ménager « la chèvre et le chou » et
que les dirigeants devaient « cesser de tromper les
masses par des rafistolages mineurs et accomplir l'acte qui consomme la rupture
avec les faux ensembles (communauté, Commonwealth) sans lendemain
historique »550(*) .
Au total, l'UA demande à être
réalisée avec un but, une vision, une mission et une rare
volonté politique des dirigeants du continent. Or, les dissensions entre
Etats suscitent dès lors la question de savoir quel peut être
l'enjeu que recèle le maintien du jeu souverainiste au détriment
d'un jeu communautaire.
2- Une exégèse du souverainisme de ces
Etats
La question souvent rebondissante et qui mérite une
attention particulière est celle de savoir ce qui motive certains Etats
africains, grands comme petits à privilégier des positions
souverainistes. Cette interrogation se justifie par le fait qu'à une
période où les Etats les plus riches et même les plus
puissants de la planète (France, Allemagne, etc.) ressentent davantage
la nécessité de renforcer leur union par la recherche constante
d'une signature unique sur la scène internationale, c'est plutôt
le mouvement inverse que l'on vit sur le berceau de l'humanité. Plus
que jamais, des crispations nationalistes voire particularistes prennent le
dessus sur toute volonté régionalement coordonnée et
cohérente sur les domaines politiques et socio-économiques. Ce
souverainisme paroxysmique conduisant immanquablement
à l'«irresponsabilité vis-à-vis de
l'autre »551(*) est à la fois l'apanage des
« grands » et des « petits » Etats
africains.
En ce qui concerne les « grands Etats »,
il faut relever qu'ils réfléchissent généralement
en termes d' « intérêt national ». Dans
une perspective réaliste, l'intérêt national est
nécessairement égoïste et par rapport aux
intérêts extranationaux552(*). Ici, les Etats se trouvent dans un système
du chacun pour soi (self-help system) synonyme de jeu à somme nulle, la
satisfaction de l'intérêt national d'un Etat ne saurait tenir
compte ni des intérêts nationaux des autres Etats, ni à
fortiori d'on ne sait quel intérêt commun de
l'humanité.
Au sein de l'UA, les politiques
« bilatéralistes » et
« transrégionales » des deux poids lourds à
savoir l'Afrique du Sud et le Nigeria nous permettent de bien comprendre cette
politique qui vise à « promouvoir la demande nationale au
détriment de l'humanité tout
entière »553(*). D'abord, les solidarités
« bilatéralistes ». Champion de la renaissance
africaine, concurrencé par d'autres leaders du continent,
« l'Afrique du Sud demeure un partenaire stratégique
majeur pour l'Union Européenne avec laquelle elle traite d'égal
à égal. Un cas unique en Afrique
subsaharienne »554(*), écrit Damien HELLY. Le partenariat
stratégique UE-Afrique du Sud prévoyant une coopération
sur une base égalitaire place ainsi la « Nation Arc-en
-ciel » de jure dans une position privilégiée par
rapport à d'autres Etats du continent. Si l'on s'en tient à cet
exemple singulier, on voit mal ce pays en train de coordonner ses politiques
sur certains domaines avec les autres membres de l'UA. Il en est ainsi parce
que dans les négociations internationales, les positions communes certes
plus efficaces pour l'ensemble engendrent des lenteurs. Car, chaque partie
cherchant à tirer son épingle du jeu tel que nous l'avons vu dans
le cadre des négociations UE-Afrique pour les APE.
Quant au Nigeria, même s'il ne se situe pas à la
pointe de l'Afrique du Sud, les grands partenaires internationaux comme l'UE,
une fois de plus, développent avec lui « une relation
spéciale visant une coopération plus riche et plus
diversifiée qu'avec d'autres pays africains »555(*). Comme on le constate dans
ces deux cas, il y aurait une crainte d'avoir à partager des dividendes
avec les autres.
Outre ces avantages dont ils bénéficient sur le
plan international, « le chacun pour soi » peut
également permettre de comprendre l'attitude de ces Etats sur le plan
continental. La construction d'une Union régionale comme nous l'avons vu
avec Ben TONRA permet aux démunis d'éviter ou de minimiser
« les affres » de toutes natures en
bénéficiant du soutien des grands. En se désengageant de
l'initiative d'un gouvernement continental dont l'objectif final est de mettre
en commun les souverainetés ces Etats évitent ainsi de payer pour
les Etats nécessiteux le cas échéant. Sans doute
n'aimeraient-ils pas se confronter aux situations inconfortables où ils
régleraient leurs dettes ou leurs déficits budgétaires.
Tel est exactement le cas de l'Allemagne, moteur dans le cadre de l'UE qui a
longtemps développé des phraséologies telles
« c'est le problème de la Grèce si elle est en
faillite » alors que ce pays se trouve dans une situation de
déficit grave depuis 2010.
S'agissant enfin du
« transrégionalisme » de ces Etats, tout va de
l'hypothèse qu'ils bénéficient tous aujourd'hui d'une
certaine aura gagnée auprès de la communauté
internationale. Notamment, avec leurs interventions pour rétablir la
paix dans leurs sous-régions respectives, et où ils essayent
d'imposer un leadership qui leur serait sans doute contesté sur le plan
continental. Bertrand BADIE voit en cela une raison du délaissement
d'une construction poussée sur le plan régional; les Etats
préférant se livrer à la « diplomatie des
clubs ». Ainsi, depuis 2005 où la perspective d'accorder
un siège permanent à un pays africain au Conseil de
Sécurité des Nations Unies a été
évoquée, chacun de ces deux « grands » pays
africains développe sa stratégie essayant d'apparaître
« clair » aux yeux des grandes puissances espérant
le briguer556(*). Ceci
rejoint les ambitions du « sous-impérialisme »
sud-africain, et dans une moindre mesure
« l'hégémonisme sous-régional »
nigérian. Ces deux Etats sont, même s'ils n'en ont pas encore les
forces suffisantes, les nouveaux `gendarmes' du continent qui, comme tout bon
gendarme, doivent dicter leur loi dans un espace bien déterminé.
Alors, réfléchir en termes
d'intérêts égoïstes s'avère périlleux
pour l'émergence de l'UA.
En ce qui concerne les « petits » pays,
une motivation au moins fondamentale peut permettre de comprendre leur
méfiance sur l'opportunité de la construction d'une UA
totale : la peur de la recolonisation ou de la dépendance.
En effet, avec la fin de la bipolarité, les
logiques de puissances régionales ont été
malmenées : dans un ordre apolaire, chacun prétend à
l'autonomie, et « les petits Etats ont de plus en plus de mal
à accepter cette nouvelle tutelle qui les place de facto en position de
dépendance à l'égard de voisins plus gros qui ont acquis
le statut de puissances régionales »557(*). Ainsi, beaucoup de
« petits » pays africains ont, depuis le mouvement de la
décolonisation, mené de longues luttes pour leur
indépendance. Certains parmi eux auraient certainement le ressentiment
du spectre de la domination ou de la recolonisation par les
« grands » s'ils se mettaient avec eux. Au moment de
l'adoption de l'Acte constitutif par exemple, la plus grande inquiétude
était venue du feu président Omar BONGO du Gabon qui trouvait que
la précipitation qui a caractérisé les initiatives
libyennes en faveur de l'adoption et de la gestion du projet de l'UA a fait
craindre de voir l'Afrique contrôlée par la Libye558(*).
Par ailleurs, le cas de certains pays ayant plus ou moins
tardivement acquis leur indépendance peut également expliquer
cette méfiance. Nous citerons entre autres la Namibie559(*), le Mozambique560(*) et le Zimbabwe561(*). La peur des
hégémons les pousse ainsi à s'enfermer dans un
« nationalisme en pacotille ».
Or, cette peur ne serait pas justifiée dans l'absolu,
si comme dans le cadre de l'UE, les institutions de l'UA offraient
« la possibilité d'exercer une certaine influence sur la
conduite des Etats plus importants, en vérifiant notamment que ces
derniers se plient aux règles et aux décisions
communautaires... »562(*). Penser l'UA recommanderait que de mécanismes
de la sorte puissent y être institués pour réduire ces
sentiments des « petits » pays qui auraient l'impression de
n'apparaître que comme des dindons de la farce.
Comme on peut le saisir, la Libye et le Sénégal
font face à la rivalité de certains Etats dans ce processus de
construction pour les raisons que nous avons évoquées. Des
obstacles pouvant être surmontés par l'élaboration des
instruments susceptibles de faire avancer la marche vers l'érection
d'une communauté digne de l'Afrique. Toutefois, les choses ne semblent
pas aussi faciles comme on l'aurait pensé. Car, les vraies
adversités leur viennent des puissances extra-africaines.
PARAGRAPHE II: LES MANOEUVRES DESTABILISATRICES DE L'UNION PAR
DES PUISSANCES EXTRA-AFRICAINES
Aujourd'hui, l'UA est victime de la rémanence des
manoeuvres déstabilisatrices qu'a connues son ancêtre l'OUA. Sans
verser dans la thèse du « complot », nous nous
proposons de démontrer à partir de l'analyse des faits concrets
tirés de l'observation de l'actualité internationale que l'UA
souffre autant de la fragilisation de son pilote qu'est la Libye (A) que du
vampirisme du projet UPM qui essaierait de se reconstituer (B).
A-
Les manoeuvres de fragilisation de la Libye
Bertrand BADIE soutient que « sur le plan
global, les puissances les plus grandes se méfient des constructions
régionales qui les contraignent beaucoup plus qu'elles ne les
confortent. Les Etats-Unis, poursuit-il, n'ont jamais été
très favorables à cette invention [...] pour les
autres »563(*). Cette remarque somme toute pertinente amène
à souligner que le poids des grandes puissances dans l'échec des
organisations régionales, a souvent été imprudemment
regardé. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, le
Président NKRUMAH et ses partenaires du groupe de Casablanca
espéraient naïvement que le soutien attendu du camp progressiste
(l'Union Soviétique et la Chine) d'un côté et des
Etats-Unis, chantre de la liberté individuelle fondatrice de toute
société politique et du droit de l'autodétermination de
l'autre, créera les conditions de remise en cause de l'ordre
colonial564(*).
Cependant, tandis que le soutien des progressistes se limitait aux simples
mots, celui des Américains est allé aux puissances coloniales
alliées au nom du principe du « containment »
destiné à stopper l'expansion communiste dans le monde
. Aujourd'hui, plus que par le passé, ces entraves
extra-africaines apparaissent de façon plus menaçante à
travers l'affaiblissement de l'Etat libyen, initiateur du projet UA et par
ailleurs le dispensateur privilégié d'aide pour sa construction.
Déclenchée le 19 mars 2011 par les puissances
occidentales avec en tête de file la France et les Etats-Unis, champions
de la préservation des « droits de l'homme » et
de la « démocratie » dans le monde, la guerre contre
la Libye a sonné comme une stratégie de déstabilisation
de l'acteur principal de la construction de l'UA, au mieux une guerre
économique. Cela est d'autant évident qu'au-delà de la
raison avancée par ces derniers pour justifier une intervention
militaire habillée sous le label « humanitaire »,
des « vrais raisons »565(*) ont été
identifiées.
En réalité, par son projet de constitution d'un
gouvernement d'Union et des Etats-Unis d'Afrique, la Jamahiriya libyenne de
KADHAFI est apparue en Afrique comme un obstacle face à l'Occident qui
considère l'Afrique comme l'affirme ce proverbe américain,
« un continent que Dieu a laissé en réserve de
l'humanité »566(*). Parmi les stratégies et les raisons de
fragilisation de cet Etat, figure en bonne place le gel des avoirs de la Libye
à l'étranger, notamment ceux destinés au financement du
FMA. Comme l'a relevé Jean POUGALA, le Président des Etats-Unis
d'Amérique, Barack OBAMA a saisi les 30 millions de dollars que l'Etat
libyen avait prévu comme sa quote-part pour le lancement du
FMA567(*). En effet,
après la troisième conférence extraordinaire des ministres
africains en charge de l'Economie et des Finances le 17 décembre 2010
à Yaoundé, ces derniers avaient invité tous les Etats
membres de l'UA à faire parvenir au plus tard le 15 février 2011
à la Commission de l'UA leur actionnariat sur le protocole relatif
à la création du FMA568(*). Les actions et avis des Etats membres devaient
permettre d' « établir le FMA » et
« savoir comment il faut calculer la quote-part » de
chaque Etat, tel que l'a expliqué le ministre camerounais des finances
Essimi MENYE569(*).
Alors, l'adoption du projet de statuts et annexes du FMA devait se faire lors
de la conférence des ministres en charge des Finances prévue en
mars 2011. Mais, curieusement, c'est le 15 février 2011 que la
rébellion sera constituée en Libye. Il est clair que les pays
occidentaux ont perçu l'actionnariat libyen de 30 millions de dollars
comme une volonté de nuire au Fonds Monétaire International et
à la Banque Mondiale, d'autant que les Africains avaient rejeté
leur demande qui visait à faire d'eux aussi des actionnaires au FMA. Par
ailleurs, en faisant l'apport le plus important pour la construction du premier
satellite panafricain RASCOM, la Libye avait mis fin au supplice du loyer que
les Etats africains payaient à l'Europe sur les transmissions
communicationnelles à partir d'un satellite européen. Une raison
de plus pour que l'Occident ne décolère pas.
Suite à l'intervention armée en Libye
d'une certaine « communauté internationale » dont le
multilatéralisme reste à bâtir570(*), la Cour Pénale
Internationale (CPI) a lancé un mandat d'arrêt international
contre le colonel KADHAFI pour « crime contre
l'humanité ». Un stratagème qui l'a poussé
à se terrer.
Mais, au regard du parachutage des armes que la France a
opéré au profit des rebelles à Benghazi en vue de
protéger les « populations civiles »571(*), on serait bien tenté
de se demander comment réagirait le Quai d'Orsay si un pays plus
puissant fournissait des armes aux Corses pour se défendre contre un
gouvernement français avec lequel ils vivent souvent en
mésintelligence. Aussi, pourquoi hier la « communauté
internationale » n'a pas donné des armes aux Noirs
sud-africains qui vivaient quotidiennement les affres de la politique
d'apartheid afin qu'ils puissent déterminer
eux-mêmes « leur propre destin » comme
le Président SARKOZY l'a voulu pour les Libyens ? Au demeurant, ce
que l'on doit retenir c'est que « la mondialisation de la
sécurité » aujourd'hui ne repose pas comme on aurait pu
le rêver sur la définition d'un bien commun transcendant la
dimension étatique, mais plutôt sur « la convergence
et l'agrégation des intérêts étatiques autour
des intérêts »572(*). C'est dans ce sens qu'on peut comprendre ces mots
de Hubert COUDURIER qui soutient brillamment à la
télévision que « La Libye, l'Afrique du Nord, c'est
vital pour la France » 573(*).
B- Les tentatives d'éveil de l'UPM
Grand visionnaire politique, le Président WADE avait
prévu dans son livre ces manoeuvres qui viseront à provoquer la
scission de l'Afrique. Parlant des Etats d'Afrique du Nord, il écrivait
que « ces pays étant arabes et
méditerranéens, sont autant sollicités par le monde arabe
que par l'Europe »574(*) . Cette parole prophétique n'a pas
tardé à se réaliser.
Depuis juin 2008, le Président français Nicolas
SARKOZY à travers son projet d'union des pays de la
Méditerranée essaie d'associer certains pays d'Afrique du Nord au
giron économique et politique européen. La perspective est comme
l'a remarqué François TAGLIONI double. D'une part elle consiste
à rééquilibrer le poids de la France par rapport à
l'Allemagne qui s'est renforcée avec l'entrée des Pays d'Europe
Centrale et Orientale (PECO) dans les priorités des 15(27 aujourd'hui),
et d'autre part à essayer de stabiliser et de sécuriser par le
développement économique ce sud de l'Europe qui se
présente comme une zone des plus instables (guerres du Golfe, crise
algérienne, montée des fondamentalismes religieux et son
corollaire antioccidental).
Au-delà des aspects sécuritaires,
l'élargissement de la zone d'influence de l'UE vers le Sud
s'avère indispensable pour essayer à terme de rivaliser avec la
zone libre-échangiste des Amériques (ZLEA). En un mot, ce
partenariat est une initiative davantage à visées politiques
qu'économiques575(*). Comme nous l'avons relevé
antérieurement, ce projet est encore en train de se frayer un chemin,
l'un des piliers du Maghreb à savoir la Libye de KADHAFI l'ayant
rejeté. C'est pourquoi le Quai d'Orsay tentera de le ressusciter tout en
misant sur la chute de KADHAFI, soutient Jean POUGALA.
En fait, à Dakar, le Président SARKOZY avait dit
désirer l'unité de l'Afrique afin qu'elle revienne
définitivement aux Africains: « vous voulez l'unité
de l'Afrique ? La France le souhaite aussi. Parce que la France souhaite
l'unité de l'Afrique. Car l'unité de l'Afrique rendra l'Afrique
aux Africains ». Mais comme nous l'observons, les bonnes
intentions à aider « `' aussi'' à l'unité
de l'Afrique», n'ont duré que le temps d'une rose. Car quelques
années après, le Président SARKOZY et l'UPM, l'anagramme
du parti UMP (Union pour un Mouvement Populaire) qui l'a porté au
pouvoir, décideront de « couper la tête du
continent africain »576(*).
Vis-à-vis de l'Afrique, le projet
méditerranéen soulève une équation que les
dirigeants du continent et principalement ceux du Maghreb devront
résoudre. Elle est un constat. On unirait autour de la
Méditerranée pour désunir davantage autour du
Sahara577(*), en
consacrant plus officiellement qu'auparavant l'existence de deux
Afriques : une Afrique « utile » à
l'Europe, qui aurait vocation à devenir sa
périphérie ; et une Afrique
« inutile » parce que
« problématique », abritant, selon les mots
du Président SARKOZY, « trop de famine et trop de
misère », caractérisée par son
« manque de route » et par « une
démographie trop forte pour une croissance économique trop
faible».
Au non cinglant de M. KADHAFI d'adhérer à ce
projet, une autre réaction est à plusieurs reprises venue du Sud
du Sahara. Celle de l'avocat de l'UA, Me. A. WADE. Contre cette union
restreinte, le Président WADE n'a pas emprunté les courtoisies
diplomatiques lorsqu'il la dénonçait de manière
véhémente à la tribune de l'UA. Rappelant les tentatives
similaires engagées dans le passé, notamment par l'ancien
président américain George W. BUSH, il a plaidé
auprès de ses homologues pour qu'ils n'aient d'yeux que pour l'UA
: « Bush avait essayé de détacher l'Afrique du
Nord pour faire le Grand Moyen-Orient. Ça n'a pas marché.
Maintenant, il y a une autre stratégie qui consiste à
créer une sorte de communauté méditerranéenne qui
va intégrer les pays de l'Afrique du Nord à l'Europe. Alors, il
faut qu'on se pose la question où on veut aller. L'idée d'une
union méditerranéenne, si elle se fait, va permettre à
l'Afrique du Nord d'être arrimée à l'Europe. C'est une
barrière qui isole l'Afrique au sud du Sahara et il faut que les
Africains en soient très conscients »578(*). Cette idée dont
l'objectif est de jouxter à long terme l'Afrique du Nord à
l'Europe a été perçue par J.V. NTUDA EBODE comme une
volonté non avouée « d'empêcher la constitution
de l'Union Africaine »579(*), d'autant que la ligne Maginot tracée
entre l'« Afrique noire » et l'« Afrique
blanche » vise à isoler la première.
Or, lorsqu'on sait que se mettre ensemble c'est avant tout
définir les priorités communes pour faire face aux grands enjeux
communs, les questions qui taraudent tout observateur de la scène
internationale africaine sont celles de savoir ce que deviendrait
véritablement l'UA sans sa « tête » et
par ailleurs, quelle opportunité pour le Maghreb à s'arrimer
à ce projet ?
En premier lieu, au regard du niveau de développement
des pays de cette région, tout de même assez avancée par
rapport aux autres régions du continent, et de leur contribution
statutaire au budget de l'UA580(*), l'aboutissement de ce projet provoquerait une
asphyxie de l'organisation panafricaine. Car ces « grands »
pays jouent significativement le rôle de leaders en tirant le processus.
Ce serait donc un coup fatal pour l'Union qui, orpheline de sa boussole, le
Nord, se verrait encore plus dominée de l'extérieur voire
sclérosée.
En second lieu, et cela nous paraît évident, les
pays du Maghreb qui ne sont pas pour le moment prêts à
égaler, les grands pays d'Europe en termes de développement
(économique, militaire, social et même politique) se perdraient
dans la périphérie sud du vieux continent. Ils se borneraient au
rôle de fournisseurs des matières premières qui serviraient
aux grands Etats de l'UE de combler les dépenses effectuées pour
le développement des pays de l'Est et du centre qui intègrent en
vrac l'UE. Le Maghreb ne peut donc manifestement tirer son épingle du
jeu. Sur ce point d'ailleurs, Philippe HUGON va même plus loin en
affirmant que « les différentes simulations
macroéconomiques montrent que ces accords aggraveront le déficit
des balances commerciales des pays du sud de la Méditerranée. Il
y aura baisse des prix, aggravation du déficit commercial, faible risque
de détournement de trafic et augmentation de la
concurrence »581(*). Il ajoute que « les différents
travaux existants sur les simulations des accords de libre-échange entre
l'Europe et la Méditerranée montrent que les avantages sont
très limités, voire négatifs, en termes de flux
commerciaux »582(*). Samir AMIN s'est montré plus sceptique en
déclarant : « je pense que le processus dit de
partenariat euro-méditerranéen amorcé à Barcelone
en 1995, n'est pas seulement en panne mais qu'il est en
faillite »583(*).
Au regard de tout ce qui précède, on peut
affirmer sans risque de se tromper que l'avenir de ces pays se trouve non pas
dans le partenariat euro-méditerranéen, mais dans l'organisation
panafricaine. Car, l'UA entend se faire de la Méditerranée au
croisement de l'Océan Indien et de l'Océan Atlantique au Cap de
Bonne Espérance584(*). Elle a donc vocation à être
entière dans la mesure où « l'Afrique n'est
entière que lorsqu'on y inclut l'Afrique du
Nord »585(*).
CONCLUSION GENERALE
En remettant à l'ordre du jour l'idée d'une UA
forte aux pouvoirs supranationaux, la Libye et le Sénégal
tranchent avec la conception bismarckienne de l'Afrique. Ils rejoignent les
aspirations des pères fondateurs de l'OUA, à l'instar de Kwame
NKRUMAH et de Sékou TOURE dont l'objectif premier était de
construire une structure continentale capable d'aider l'Afrique à se
développer et défendre efficacement les intérêts du
continent sur la scène internationale. Tel que nous l'avons
démontré tout au long de cette étude, chacun de ces deux
Etats s'efforce d'apporter sa touche particulière pour constituer le
puzzle africain qu'est l'UA afin qu'elle réponde un jour aux espoirs du
peuple le plus famélique du globe. A l'évidence, tel
que l'avait prévenu Ali SALEM TRIKI, « les
problèmes de famine, de pauvreté, de sécurité et
d'analphabétisme ne pourront pas être résolus par un
seul Etat africain »586(*).
La Libye est l'Etat par lequel cette
« métavision » a été lancée sur
le continent. En cette qualité, elle a abrité plusieurs sommets
extraordinaires afin que le projet d'Union voit le jour. Aussi, elle a
exceptionnellement mis à la disposition de la nouvelle Union
d'importants moyens financiers pour que ses organes et ses différentes
institutions soient constitués. L'enjeu majeur étant
d'éviter que l'UA ne soit comme à l'image de l'OUA un conte de
fée. Afin que cette Union se bâtisse sur des bases solides,
c'est-à-dire sur un plan supranational, elle s'est dotée
d'importants réseaux sur le continent. La Libye a pu ainsi réunir
autour d'elle autant des Etats-alliés regroupés au sein de la
Cen-Sad que des autorités traditionnelles africaines détentrices
des pouvoirs mystico-religieux et politiques pour certains dans leurs pays
respectifs. Ceci dans l'objectif de constituer une majorité pour faire
passer aisément ses projets dont les plus importants sont celui du
gouvernement de l'Union et celui des Etats-Unis d'Afrique.
De son côté, le Sénégal, avocat de
cette Union a développé le concept de la « renaissance
africaine » qu'il a fait matérialiser par un monument
symbolisant l'éclairage et la libération de tout un continent des
chaînes de l'esclavage, du colonialisme et de l'immobilisme. Un symbole
fort qui constitue pour le peuple noir une référence à
partir de laquelle pourra émerger une UA à la hauteur du
continent. Pour ce pays, l'UA doit endogénéiser les savoirs de
l'intelligentsia, tant du continent africain que de sa diaspora, afin
d'intégrer ses expertises dans sa stratégie constructive. Ce que
justifient l'organisation des colloques et des festivals ayant un volet
culturel. Ces festivals constituent par ailleurs les lieux de production des
normes et d'affirmation par excellence de
l' « africanité ». Car, en s'enfonçant
dans son histoire et sa culture, l'Afrique peut se donner les moyens de
repenser ses relations avec le monde extérieur, notamment en
érigeant une communauté qui la renforce et lui octroie la place
qui est la sienne dans l'évolution actuelle du monde. Manifestant sa
haine vis-à-vis du sous-développement, le Sénégal a
proposé des projets structurants qui devraient à terme aider le
continent africain à rattraper le retard qu'il accuse largement dans le
mouvement de la mondialisation en cours. Ceci pour la juste raison que,
malgré les montagnes d'or et de diamant dont la nature l'a
exceptionnellement dotée, « l'Afrique est une somme de
paradoxes, l'Afrique noire sans doute plus encore »587(*).
Ces actions libyennes et sénégalaises
s'inscrivent dans la perspective constructiviste qui, selon l'un de ses
précurseurs Alexander WENDT, « est désireux de
démontrer que des changements dans la politique internationale sont
susceptibles de se produire lorsque des acteurs, par leurs pratiques, changent
les règles et les normes constitutives de l'interaction
internationale »588(*). Le constructivisme reconnaît à cet
effet que les acteurs ont une certaine autonomie et leurs pratiques et
interactions contribuent à construire, à reproduire et
transformer les structures589(*). En agissant pour la structuration de la structure
qu'est l'UA, ces Etats tout comme leurs porte-paroles construisent leurs
« identités qui sont la base de leurs
intérêts »590(*) tant sur les plans national, continental,
qu'international.
Le Sénégal et la Libye sont donc deux acteurs
étatiques dont l'objectif est de faire de chaque Etat africain un rayon
du grand soleil qu'est l'UA. Cependant, ce projet ambitieux connaît de
temps à autre quelques écueils. Les entraves relevées sont
d'ordre intrinsèque et extrinsèque. Les premières sont
directement relatives à ces deux Etats. Dès lors, si le discours
libyen sur la question de l'Union est très respecté de par
l'enjeu qu'il recèle pour le continent tout entier, il ne trouve pas
toujours d'écho favorable auprès de certains Etats qui accusent
le gouvernement de Tripoli de son irresponsabilité lorsqu'il prône
par exemple la division d'un pays ou soutient une rébellion
déstabilisatrice. En ce qui concerne le Sénégal, le
terreau recherché reste la paix à l'intérieur de ses
frontières. Ainsi, ses ambitions continentales seront portées
avec toute l'audace qui lui est reconnue.
Pour ce qui est des obstacles externes, nous en avons
identifiés deux. D'abord, l'hostilité de certains Etats au sein
de l'Union qui n'approuvent pas le timing et les méthodes de cette
construction. Nous remarquons à cet effet que la part belle est
davantage faite au retour aux formules nationalistes, au repli sur soi,
même si certains chefs d'Etat disent vouloir commencer par les CER. Ce
constat découle du fait qu'à la lecture des discours tenus par
les adeptes du camp dit des « gradualistes », il est clair
que la sacralisation de la souveraineté est le maître-mot, chaque
Etat ayant pris la résolution de cultiver son propre jardin.
Cet enfermement dans une vision étriquée est en
contradiction flagrante avec cet espoir d'Union. Pourtant, la cession des
souverainetés dans certains domaines clés aurait permis de mettre
sur pied des structures communes pour faire face ensemble aux grands
défis que constituent ceux du monde actuel. L'Afrique construirait non
seulement un marché commun mais érigerait également une
communauté de sécurité qui devrait tout en
éteignant les feux du continent, le défendre face aux
expéditions punitives étrangères davantage
fréquentes.
Ensuite, les derniers obstacles majeurs demeurent à la
fois la disparition du maître à penser de cette Union et la
découpe du continent africain qui est toujours à l'ordre du jour.
Car, le Sahara a été comme nous l'avons vu avec le projet UPM
érigé en frontière. C'est pourquoi lors du symposium de
Dakar, le Président Abdoulaye WADE a appelé les intellectuels
africains à penser les stratégies pour pousser ce projet
dévoyé dans ses derniers retranchements. Cette lutte
héritée de NKRUMAH reste à jamais la seule arme de survie
du peuple d'Afrique591(*). D'ailleurs, un proverbe africain ne dit-il pas
que « la solidarité dans le troupeau oblige le lion
à dormir affamé » ?
Tout compte fait, malgré ces entraves, l'UA demeure
une vision de portée prométhéenne. On peut donc affirmer
que sa construction ne relève pas de la gageure. Elle a juste besoin
d'une véritable volonté politique de la part des Etats qui
devront prendre leurs responsabilités pour les engagements
contractés ensemble. Car, de plus en plus, on a l'impression que
certains chefs d'Etat africains jouent aux abonnés absents tout en se
réunissant pour l'Union non voulue592(*). Peut-être que la personne de KADHAFI
faisait-elle défaut eu égard à ses positions
« calculatrices » qui inspiraient la crainte chez plusieurs
chefs d'Etat africains. A présent que le pouvoir a changé de main
en Libye, deux questions au moins restent pendantes.
D'abord, les chefs d'Etat changeront-ils d'attitude envers
l'UA ? Ensuite, le nouveau gouvernement libyen portera-t-il l'UA tel que
le faisait le Guide libyen ou aura-t-il, à l'instar du Maroc, les
pieds sur le continent et l'esprit outre-Atlantique? A la vérité,
il n'est pas exclu que l'allégeance qu'il doit à la France le
pousse à s'investir dans l'UPM. De plus, le robinet financier libyen
risque de ne plus couler. Car, si l'UA a tardé à
reconnaître le CNT, c'est en partie parce que KADHAFI était son
principal mécène. D'ailleurs, parmi les conditions ayant
présidé à la reconnaissance du CNT, outre l'exigence
relative au respect des droits des travailleurs immigrés subsahariens,
figurait le souhait des Etats membres de voir la Libye s'occuper davantage de
l'UA. Sur ce point, une fois de plus, comme dans le cadre de la Cen-Sad, on
peut déplorer que l'UA veuille dépendre non pas des Etats
africains, mais majoritairement d'un individu ou d'un hégémon
sous-régional.
Tout de même, KADHAFI a frayé un chemin qui reste
juste à peaufiner. Ainsi, les Etats africains devront non seulement
cesser de garder leurs sous mais aussi adopter une politique
étrangère régionale constante et coordonnée dans la
perspective de poursuivre des intérêts supérieurs si, comme
le soutient Norbert ELIAS, les organisations créées par les
hommes ont pour but de « défendre ensemble leur existence
ou l'existence de leur propre groupe contre les attaques antagonistes
...»593(*).
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Ø COLETTE Elise, «Le Kadhafi show
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Ø DE LA GORCE Paul - Marie,
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Afrique N° 2037 du 25 août au 31 janvier 2000, p. 31.
Ø DEUTCHOUA Xavier, « De
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juin 2003, p. 3.
Ø DOTCHEVI
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dans Jeune Afrique Economie N° 313, 2000, p.13
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sang de l'Union », dans Jeune Afrique Economie N° 313, 2000,
p.17.
Ø DZINGA AMOUGOU, « Union
pour la Méditerranée, « Intentions et
motivations », dans Cameroun Tribune N° 9119/5318 du 16 juin
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Jeune Afrique Economie N° 313, du 17 juillet au 06 août 2000, pp.
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réfléchir », dans Jeune Afrique Economie N° 291
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Afrique Economie, mai-juin-juillet 2010, pp.82-85.
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au 17 janvier 2009.
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financières », dans Jeune Afrique
/l'intelligent N° 2215, du 22 au 28 juin 2003, p.79.
Ø GHOBAL Samy, « Pourquoi
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N° 372, 2008 p.144-148.
Ø KPATINDE Francis, «Une si
longue et si difficile transition », dans Jeune Afrique
l'Intelligent, N° 2215 du 22 au 28 juin 2003, pp. 76-78.
Ø Le quotidien Walfadjri du 20 décembre 2009.
Ø Le quotidien Le Soleil du 28 Juillet 2009
Ø MAROT Jean- Baptiste «
Expulsion la Libye refoule encore des Maliens. Etats-Unis d'Afrique version
Kaddafi », dans Jeune Afrique N° 2438 du 30 septembre au 6
octobre 2007 p. 81.
Ø MBOUMBA Jean-Marie,
« Armées africaines : la mauvaise
réputation », dans Jeune Afrique Economie N° 380, pp.
94-98.
Ø MEYER Jean-Michel et LEJEAL
Frédéric, «A coups de
pétrodinars », dans Jeune Afrique N° 2474 du 8 au 14
juin, pp. 25-28.
Ø MEYER
Jean-Michel, « Quand le robinet libyen ne coulera
plus », dans Jeune Afrique, N° 2617du 6 au 12 mars 2011, p.
27.
Ø MEYER
Jean-Michel, «Cen-sad, mode d'emploi », dans Jeune
Afrique N° 2474 du 8 au 14 juin, p. 24.
Ø MONDA BAKOA,
« Réticence autour d'un projet », dans Cameroun
Tribune N°9119/5318 du 16 juin 2008 pp. 29-30.
Ø MVOGO Raphaël « Union
pour la Méditerranée : intentions et
motivations », dans Cameroon Tribune N° 9119/5318, du 16 juin
2008, pp. 29-30.
Ø NTUDA EBODE Joseph-Vincent :
« Structuration de la puissance continentale : l'Afrique
occidentale hors-jeux ? », dans magazine Diplomatie Un autre
regard sur le monde, N°12, juin-juillet 2010.
http://www.diplomatie-presse.com/?p=1113.
Ø OUAZANI Cherif, « Kaddafi
éconduit la France », dans Jeune Afrique N°2478, du 6 au
12 juillet 2008 p. 62.
Ø OUAZANI Cherif, « Zones
sous haute surveillance », dans Jeune Afrique N° 2438 du 30
septembre au 6 octobre 2007 pp. 26-28.
Ø OUAZANI Cherif, «Mugabe
show à Charm el-cheikh », dans Jeune Afrique N°2478, du 6
au 12 juillet 2008, pp.46-48.
Ø OUSMANE
Amadou, « Foire d'empoigne à
Lomé », dans Jeune Afrique Economie N° 313, 2000, pp.
8-11.
Ø SARAH Jenkins, « Les
quatre chefs d'Etat qui ont compté », dans Jeune Afrique
Economie, N°379 Mars- Avril 2010, pp. 59-60.
Ø SOUDAN François,
« Affaire EL- BECHIR la polémique », dans Jeune
Afrique N° 2514 du 15 au 21 mars 2009.
Ø SOUDAN François,
« Kaddafi et l'Afrique, le retour du parrain », dans Jeune
Afrique, N° 2474 du 8 au 14 juin 2005 pp. 22-25.
Ø SOUDAN
François, « Au secours ! Les
Américains débarquent... », dans Jeune Afrique N°
2438, du 30 au septembre au 6 octobre 2007, pp. 22-24.
Ø SOUDAN
François, « L'Afrique entre peur et
soulagement », dans Jeune Afrique, N° 2617du 6 au 12 mars 2011,
pp. 23-24.
Ø SOW
Cécile « Un président, un monument et une
polémique », dans Jeune Afrique N° 2535 du 9 au 15
août 2009, p. 31.
Ø SOW GUEYE
Cécile : « Renaissance africaine à
Dakar », dans Jeune Afrique N°2419 du 20 au 26 mai 2007 p.
85.
Ø TALLA Blaise-Pascal, « Un
prophète nommé Kadhafi », dans Jeune Afrique Economie,
372, mars, avril 2008, pp. 82-86.
Ø TRIAY-KONE Philippe, «Les
hommes de Thabo Mbeki », dans Jeune Afrique Economie N° 291 du
12 juillet au 1er août 1999, pp. 94-95.
Ø TUNDE
FATUNDE, « Kadhafi en ballotage », dans
Jeune Afrique Economie N° 313, 2000, p.12.
Ø TUNDE
FATUNDE, « Quand l'OUA fait la police », dans
Jeune Afrique Economie N° 313, 2000, p.10.
Ø YAHMED BECHIR Ben,
« Ironie (positive) de l'histoire... », dans Jeune
Afrique N° 2166- du 15 au 21 juillet 2002, pp. 6-7.
Ø YAHMED Ben Béchir,
« Kaddafi, visage de l'Afrique », dans Jeune Afrique,
N°2509 du 8 au 14 février 2009, pp. 3-4.
Ø YAHMED Ben Béchir,
« pour un vrai départ », dans Jeune
Afrique/L'Intelligent N° 2215 du 22 au 28 juin 2003, p. 4.
Ø YERIM SECK Cheikh, « Au
Secours, Kaddafi arrive! », dans Jeune Afrique, N°2509 du 8 au
14 février, pp. 34-38.
Ø YERIM SECK Cheikh, « Bataille
au sommet », dans Jeune Afrique N° 2530 du 5 au 11 juillet 2009,
pp.14-17.
Ø YERIM SECK Cheikh, « Sommet des
crises », dans Jeune Afrique N° 2529 du 28 juin au juillet
2009, p. 13.
IV- THESE ET MEMOIRES
Ø ANDREDOU KATIE Jean Baptiste, Le
panafricanisme : quelle contribution à la construction des
Etats-Unis d'Afrique ? Mémoire de Maîtrise en science
politique, Université Catholique de l'Afrique de l'Ouest d'Abidjan
(UCAO/UUA), disponible sur http://
www.memoireonline.com,
Ø DJUIDJE KOUAM
Reine, « Les dynamiques de l'ordre international
africain : Un espace d'interdépendance en mutation. Une analyse
sociologique de la succession de l'organisation de l'Unité Africaine par
l'Union africaine : Thèse de doctorat de 3ème
cycle en Relations Internationales option diplomatie, Yaoundé, IRIC,
mars 2003.
Ø ESSONO Etiennette Ghislaine, La
commission de l'Union africaine : entre ambition et réalité,
Mémoire de DESS en Relations Internationales, option diplomatie,
Yaoundé, IRIC, février 2007.
Ø FALA MAYU MULEEL Popaul, l'Union
Africaine : Bilan et Perspectives (2001-2008), Mémoire de Licence
en Relations Internationales, Université de Lubumbashi, 2007-2008,
disponible sur http://
www.memoireonline.com.
Ø FOFANA Djibril, l'Union Africaine et
le projet des Etats-Unis d'Afrique : identification et analyse des
facteurs entravant la concrétisation de cet idéal panafricain,
Mémoire de Maîtrise en science politique, Université Gaston
Berger de Saint-Louis, disponible sur http://
www.memoireonline.com,
Ø ISKANDAR BOCTOR Christine A., La
coopération multilatérale et la question de l'eau au bassin du
Nil, Institut d'Etudes Politiques de Paris (IEP), Master en Relations
internationales, disponible sur http://
www.memoireonline.com,
consulté le 2 décembre 2010.
V- DOCUMENTS OFFICIELS ET
RAPPORT
Ø 37 années de travail et de donation,
Yaoundé, Edité par l'Ambassade de la Grande Jamahiriya Arabe
libyenne Populaire Socialiste, 2006, 56 p.
Ø The World Almanach and book of facts, Ed.
Famighetti Robert, 1995, 975 p.
Ø Rapport de la première conférence des
intellectuels africains et de la diaspora africaine (RAPT/RPT/CAID) (I),
VI- QUELQUES SITES INTERNET
Ø afrology.com
Ø
http://falak39.org/fr/?p=290.
Ø
http://ocpa.irmo.hr/resources/docs/Intellectuals_Dakar_Report-fr.pdf
Ø
http://www.diplomatie-presse.com/?p=1113.
Ø http://www.gouv.sn
Ø
http://www.gouv.sn/spip.php?article218
Ø http://www.lemonde.fr/,
Ø http://www.memoireonline.com
Ø http://www.mouvement-ngambo-na ngambo.org/
Ø http://www.africapresse.com/economi
ANNEXES
ANNEXE 1
Acte constitutif de l'Union Africaine, adopté le 11
juillet 2000 à Lomé, (Togo).
ANNEXE 2
Document de base du Mécanisme Africain d'Evaluation
entre Pairs (MAEP), 8 juillet 2002, Durban (Afrique du Sud).
ANNEXE 3
Discours du président Nicolas Sarkozy à
l'Université Cheikh ANTA DIOP de Dakar, le 26 juillet 2007.
ANNEXE 4
Africom threatens the sovereignty, independence and stability
of the African continent. A position paper of the National Conference of Black
Lawyers.
TABLE DES MATIERES
AVERTISSEMENT
i
DEDICACE
ii
REMERCIEMENTS
iii
SIGLES ET ABREVIATIONS
v
SOMMAIRE
vii
INTRODUCTION GENERALE
1
I -DEFINITION DES
TERMES DU SUJET ET JUSTIFICATION DU CHOIX DES ACTEURS
4
A- Définition
des termes du sujet
4
1- L'Etat
4
2- L'Union Africaine
5
B - Justification et
présentation des acteurs
5
1- Justification du
choix des acteurs
5
2- Présentation
des acteurs
7
II- INTERET DE L'ETUDE
11
III- PROBLEMATIQUE
14
IV- DEMARCHE ADOPTEE
15
A - Techniques de
collecte des données
15
1- La recherche
documentaire
15
2- L'enquête sur
le terrain
16
3- L'analyse des
objets
17
B- L'usage des
théories
17
1-Le constructivisme
18
2- Le
multilatéralisme
20
3- L'interaction
stratégique
22
V- HYPOTHESE DE
TRAVAIL
24
PREMIERE
PARTIE:
LA LIBYE ET LE
SENEGAL: DEUX ACTEURS DETERMINANTS DANS LE PROCESSUS DE CONSTRUCTION DE L'UNION
AFRICAINE
25
CHAPITRE I:
LA LIBYE, TETE DE
PROUE DANS LA CONSTRUCTION DE L'UNION AFRICAINE
28
SECTION I:
L'INITIATEUR DU PROJET D'UNION
29
PARAGRAPHE I -
L'ORGANISATION DES SOMMETS FONDATEURS
30
A- La convocation du
4ème sommet extraordinaire de l'OUA lors de sa
35ème session
30
1- L'invitation des
chefs d'Etat et de gouvernement lors du 35ème sommet d'Alger
30
2- Le plaidoyer pour
la création d'une UA
31
B- La convocation d'un
conseil extraordinaire des ministres et du 5ème sommet
extraordinaire de l'OUA
33
1- L'invitation des
ministres des Affaires étrangères à Tripoli, éviter
la reproduction de l'OUA
33
2- L'invitation des
chefs d'Etat et de gouvernement au 5ème sommet extraordinaire
de l'OUA et la naissance de l'UA
34
PARAGRAPHE II - LA
PROPOSITION D'UNE FORME, DES STRUCTURES ET DES POLITIQUES PUBLIQUES
REGIONALISEES A L'UNION
37
A- La proposition
d'une forme : le réveil du projet fédéraliste de
Nkrumah
37
1- La proposition d'un
Etat fédéral africain
38
2- La
reconsidération du projet fédéraliste libyen
40
B- La mise sur agenda
des structures et des politiques publiques régionalisées
42
1 - La proposition des
structures supranationales
43
2 - Les politiques
publiques régionalisées
44
SECTION II- LA
MOBILISATION DES RESSOURCES FINANCIERES ET DIPLOMATIQUES
45
PARAGRAPHE I- LA
MOBILISATION DES RESSOURCES FINANCIERES IMPORTANTES
46
A- Le règlement
des arriérés de contribution des pays insolvables
46
B- Le principal
bailleur de fonds des projets panafricains
48
PARAGRAPHE II- LA
MOBILISATION DES RESSOURCES DIPLOMATIQUES DIVERSES POUR LE PASSAGE DE SES
PROJETS ET LE REJET D'UNE INITIATIVE EXTRA-AFRICAINE DEVOYEE
50
A- Le soft power, une
stratégie libyenne d'obtention du soutien
50
1 - Les suites du
financement des économies de certains Etats de la Cen-Sad
................................................................................................
51
2- La quête du
renfort auprès des autorités traditionnelles africaines
53
B- La mobilisation des
Etats Maghrébins pour le rejet du contre-projet UPM
56
CHAPITRE
II:
LE SENEGAL, DEFENSEUR
ACHARNE DE L'UNION AFRICAINE
59
SECTION I- L'OFFRE DES
ACTIONS SUPRANATIONALES
61
PARAGRAPHE I- LA
PROPOSITION DES ORGANES SUPRANATIONAUX ET L'ABOLITION DES SOUVERAINETES
61
A- L'offre des
structures supranationales pour le gouvernement d'Union
61
B- Le transfert et/ou
l'érosion des souverainetés au profit de l'Union
65
PARAGRAPHE II- La
co-conception des projets de développement et la proposition des APD
66
A- La co-conception
des projets de développement
67
1- La participation
à l'élaboration du NEPAD par la proposition du POA
67
2- La proposition d'un
projet de gouvernance régionale : le MAEP
70
B- La proposition des
APD : contre la départementalisation économique de l'Union
73
SECTION II- LA
CONSTRUCTION DISCURSIVE, SYMBOLIQUE ET PRATIQUE DE L'UA
76
PARAGRAPHE I- LA
CONSTRUCTION DISCURSIVE
76
A- La constitution de l'UA autour du discours de
la renaissance africaine : la construction de la paix
.................................80
B- La construction des
normes et des valeurs communes à travers les conférences
80
1- Le recours à
la communauté épistémique : l'expertise des
intellectuels africains
80
2- L'implication de la
diaspora africaine dans le processus
85
C - La construction de
l'Union médiane: contourner « le statu quo »
minimaliste
87
PARAGRAPHE II :
LA CONSTRUCTION SYMBOLICO-PRATIQUE
89
A- La
concrétisation du discours de la renaissance africaine
89
B- Le rôle des
festivals : le retour aux sources culturelles
91
C- La construction de
la muraille verte : relever le défi environnemental
93
SECONDE
PARTIE:
LA LIBYE ET LE
SENEGAL: DEUX ACTEURS AUX ACTIONS MOTIVEES PAR DE MULTIPLES ENJEUX MAIS SOUVENT
ENTRAVEES PAR DIVERSES CONTRAINTES
96
CHAPITRE III: LES
ENJEUX DU SENEGAL ET DE LA LIBYE
98
SECTION I- LA
CONSTRUCTION DES IDENTITES ET DES INTERETS DES ETATS
99
PARAGRAPHE I- LA
CONSTRUCTION DES IDENTITES
99
A- La constitution
d'une puissance hégémonico-diplomatique par la Libye
100
1- La constitution
d'une puissance hégémonique
100
a- L'acquisition de la
légitimité internationale et le renforcement de sa place au sein
de l'UA
101
b- La construction de
l'identité de rôle : sa valorisation par les autres Etats
..............................................................................................
103
c- L'accroissement de
son hégémonie à travers la construction de
l'identité collective des Etats
104
2- La constitution
d'une puissance diplomatique
105
B- La constitution
d'une puissance pédagogique par le Sénégal
106
1- La valorisation de
l'identité de type
106
2- La construction de
sa grandeur internationale
107
PARAGRAPHE
II : LA CONSTRUCTION DES INTERETS
108
A- La construction des
intérêts de la Libye
109
1- La quête de
l'autonomie alimentaire et économique
109
1- La survie physique
111
B- La construction des
intérêts du Sénégal
111
1- La construction de
ses intérêts au sein de l'UA
111
2- La construction de
ses intérêts sur la scène internationale à travers
le discours de la renaissance africaine
113
SECTION II - LA
CONSTRUCTION DES IDENTITES ET DES INTERETS DES PORTE-PAROLES
114
PARAGRAPHE I - LA
CONSTRUCTION DES IDENTITES
114
A - La construction de
l'image de Kadhafi sur la scène internationale
115
1- La construction de
sa grandeur
115
a- La
célébration de son image lors des rencontres de l'UA
115
b- La personnification
de l'Afrique
116
2- La construction du
« roi » généreux
117
3- La reconquête
de son image en Occident par l'abandon des projets nucléaires et la
stigmatisation du terrorisme
118
C- La construction
multidimensionnelle de l'image de Wade
120
1- La construction de
son image par ses actions pour la paix et la démocratie selon les
principes de l'UA
120
a- Wade, l'artisan de
la paix
120
b- Wade,
l'apôtre de la démocratie ?
121
2- Le discours de la
renaissance africaine, une autre stratégie de construction de l'image de
Wade
122
a- Une
stratégie pour sa politique d'image sur le plan international
122
b- Une
stratégie de légitimation de son régime sur le plan
national
123
PARAGRAPHE II - LA
CONSTRUCTION DES INTERETS
125
A - Les tentatives
« kadhafienne » d'emprise sur l'Union
125
1- Les manoeuvres de
transformation de Syrte en capitale de l'UA
125
2- Kadhafi comme
« président de l'Afrique »
126
B - Wade à la
quête des rétributions financières et symboliques
127
1- L'exploitation
lucrative du monument de la renaissance africaine
128
2- La bataille pour
les règnes du NEPAD
129
CHAPITRE IV: LES
CONTRAINTES ENTRAVANT LES ACTIONS DE LA LIBYE ET DU SENEGAL
131
SECTION I : LES
CONTRAINTES INHERENTES AUX DEUX ETATS
132
PARAGRAPHE I- LE
DISCOURS CONSTRUCTIF LIBYEN EN PERTE DE VITESSE ?
132
A- Les
incohérences d'un discours intégrateur
132
1- L'internalisation
en demi-teinte des normes unitaires diffusées
133
2- La
quasi-défaillance du système d'apprentissage sur le savoir
vivre-ensemble
136
B- La remise en cause
des ressources diplomatiques mobilisées?
139
1- La
crédibilité de la Cen-Sad en jeu
139
2- A propos du sort de
l'assemblée des chefs traditionnels à l'UA
141
PARAGRAPHE II :
LA FRAGILITE ATAVIQUE DU SENEGAL
142
SECTION II: LES
CONTRAINTES EXTERIEURES AU DEUX ETATS
146
PARAGRAPHE I: LA
RIVALITE ENTRE CERTAINS ETATS MEMBRES AU SEIN DE L'UNION
147
A- La fronde
anti-libyenne et sénégalaise
147
1- La construction
d'un imaginaire régional par le discours sud-africain de la renaissance
africaine
147
2- Le recrutement des
clients politiques sur le continent
151
B- Le maintien du jeu
sub-régional
152
1- Le ravalement de
l'UA à la coordination des CER
153
2- Une
exégèse du souverainisme de ces Etats
156
PARAGRAPHE II: LES
MANOEUVRES DESTABILISATRICES DE L'UNION PAR DES PUISSANCES EXTRA-AFRICAINES
160
A- Les manoeuvres de
fragilisation de la Libye
160
B- Les tentatives
d'éveil de l'UPM
163
CONCLUSION GENERALE
167
BIBLIOGRAPHIE
...............................................................................................173
ANNEXES
185
TABLE DES MATIERES
227
UE
14
* 1 BADIE Bertrand, Un monde
sans souveraineté. Les Etats entre ruse et responsabilité, Paris,
Fayard, 1999, p. 11.
* 2
Cf. Acte constitutif de l'Union Africaine adopté le 11juillet
2000 à Lomé. Voir en annexe.
* 3 SMOUTS Marie-Claude,
cité par MVELLE Guy, L'Union Africaine. Fondements, organes, programmes
et actions, L'Harmattan, 2007, p. 35.
* 4 Ce discours
prononcé à l'occasion de la clôture de la
36ème conférence des chefs d'Etat et de gouvernement
de l'OUA, le 12 juillet 2000, a été repris par DOTCHEVI
Pascal, « Le sang de l'Union », dans Jeune Afrique
Economie N° 313 du 17 juillet au 6 août 2000, p. 17.
* 5 Objectif 4 de l'article
II de la Charte de l'OUA adoptée à Addis-Abeba le 23 mai
1963.
* 6 Lire CHAIGNEAU
Pascal : « L'Afrique face à des crises
protéiformes », dans Les cahiers de la défense
nationale : structurations stratégiques en Afrique, janvier 2010,
p. 8.
* 6 DURKHEIM Emile,
cité par GRAWITZ Madeleine, Méthodes des sciences sociales,
11e édit., Paris, Dalloz, 2001, p. 381.
* 7 BACHELARD Gaston, La
formation de l'esprit scientifique, Paris, Librairie Philosophique J. VRIN,
1986, p. 14.
* 8 Cité par GRAWITZ
(M.) op. cit., p. 381.
* 9 Cf. MERLE Marcel,
Sociologie des relations internationales, Paris Dalloz, 4e
éd., 1988, pp. 320-321.
* 10 Le Maroc s'est
officiellement retiré de l'OUA en novembre 1984 suite à
l'admission de la République Arabe Sahraouie Démocratique(RASD),
un territoire sur lequel il réclame toujours sa souveraineté.
Mais, il fait curieusement partie de l'Union du Maghreb Arabe(UMA), une CER
à partir de laquelle l'UA se structure.
* 11 Il a été
admis à l'Union africaine comme 53ème Etat membre le
27 juillet 2011.
* 12 ROJOT Jacques,
Théorie des organisations, Ed, Eska, 2003, p. 216.
* 13 BACHELARD (G.), op.
cit., p. 55.
* 14 Ibid.
* 15 37 années de
travail et de donation, Yaoundé, Edité par l'Ambassade de la
Grande Jamahiriya Arabe libyenne Populaire Socialiste, 2006, p. 6.
* 16 The World Almanac and
book of facts, Ed. Famighetti Robert, 1995, p. 795.
* 17 Le 24 décembre
1951, le roi Idris Ier proclama l'indépendance du royaume de
Libye qui rejoignit la ligue arabe en 1953 et les Nations unies en 1955.
* 18 VAÏSSE Maurice
(dir.), Dictionnaire des relations internationales au 20e
siècle 2e éd., Paris, Armand Colin, 2007, p. 202.
* 19 Ghana, Egypte, Maroc,
Libye, Ethiopie, Tunisie, Soudan, Guinée Conakry, Mali, gouvernement
provisoire de la République algérienne.
* 20 Côte d'Ivoire,
Sénégal, Nigeria
* 21 La
« Jamahiriya » est un mot arabe pouvant se traduire par
«République des masses».
* 22 EL KADHAFI Moammar, Le
livre vert : La solution du problème de la démocratie.
« Le pouvoir du peuple », première partie, 1976, p.
9.
* 23BRITTO García
Luis, « Quand la Libye brûlera », disponible sur
http://www.larevolucionvive.org.
, consulté
le 1er septembre 2011.
* 24 La dette publique
libyenne est allée décroissante. Selon les chiffres les plus
récents, en 2006, elle représentait 5,40% de son PIB et en 2009
3,90%. Voir « la Liste des pays par dette publique » sur
http://fr.wikipedia.org/wiki/.,
consulté le 1er septembre 2011.
* 25 BRITTO (G. L.),
« Quand la Libye brûlera »,
http://www.larevolucionvive.org.,
consulté le
1er septembre 2011.
* 26 Ils viennent
principalement d'Egypte, du Soudan et du Sahel (Niger, Tchad, Nigeria,
etc.).
* 27Ces chiffres sont de
l'Agence Nationale de Statistique et de la Démographie
Sénégalaise
http://www.ansd.sn/, consulté
le 1er septembre 2011.
* 28 Voir la Liste des
pays par dette publique sur http://fr.wikipedia.org/wiki/. , op. cit.
* 29 Selon une source de la
télévision camerounaise Canal 2 International le 14 avril
2011.
* 30 Agence Nationale de
Statistique et de la Démographie,
http://www.ansd.sn/ op. cit.
* 31
http://www.au-senegal.com/Population.html.,
consulté le 2 septembre 2011.
* 32 Cf. OTAYEK René,
La politique africaine de la Libye, éd., Karthala, Paris, 1986, p.
166.
* 33 Cité par TONRA
Ben, « Les petits pays ont aussi une politique
étrangère », dans CHARILLON Frédéric
(dir.), Politique étrangère : Nouveaux regards, Presse de
science po, 2002, p. 335
* 34 PONDI Jean Emmanuel,
Reine Afrique ou racines de l'Union Africaine, théâtre,
édition clé, Yaoundé 2007, 30 p.
* 35 FOFANA Djibril, l'Union
Africaine et le projet des Etats-Unis d'Afrique: identification et analyse des
facteurs entravant la concrétisation de cet idéal panafricain,
Mémoire de Maîtrise en science politique, Université Gaston
Berger de Saint- Louis, disponible sur http : //
www.memoireonline.com,
consulté le 3 janvier 2010.
* 36 DJUIDJE KOUAM
Reine, « Les dynamiques de l'ordre international africain: UN
espace d'interdépendance en mutation. Une analyse sociologique de la
succession de l'organisation de l'Unité Africaine par l'Union africaine:
Thèse de doctorat de 3ème cycle en Relations
Internationales, option diplomatie, Yaoundé, IRIC, mars 2003.
* 37 ESSONO Etiennette
Ghislaine, La commission de l'Union africaine: entre ambition et
réalité, Mémoire de DESS en Relations Internationales,
option diplomatie, Yaoundé, IRIC, février 2007.
* 38 L'Union Africaine.
Fondements, organes, programmes et actions, L'Harmattan, 2007.
* 39 Cité par GRAWITZ
Madeleine, Méthodes des sciences sociales, 10e édit.,
Editions Dalloz, 1996, Paris, p.317.
* 40 BEAUD Michel,
L'art de la thèse. Comment préparer et rédiger un
mémoire de master, une thèse de doctorat ou tout autre travail
universitaire à l'ère du Net, éd. La Découverte,
Paris, 2006, p. 11.
* 41 Ibid, p. 11.
* 42 Question fondamentale
en relations internationales déjà posée par le courant
constructiviste pour lequel le monde « n'est pas », mais
« se construit socialement ».Voir à cet effet
BARNETT Michael, cité par POKAM Hilaire de
Prince, « L'Afrique et les jeux olympiques : une analyse
constructiviste », dans Annales de la FSJP de
l'Université de Dschang, 2008, p. 303.
* 43 GRAWITZ, op.cit., p.
134.
* 44 Cf.
BATTISTELLA Dario, Théories des relations internationales,
Paris, PFNSP, 2003, p. 3.
* 45 GRAWITZ (M.), op. cit.,
p. 443.
* 46 DUVERGER Maurice,
Méthodes de la Science Politique, Paris, PUF, 1959, p. 61.
* 47 Se
référer à EL KADHAFI (M.), Le livre vert : La
solution du problème de la démocratie. « Le pouvoir du
peuple », op. cit. ; Wade Abdoulaye, Un destin pour l'Afrique,
Paris, Karthala, 1989, 190 p.
* 48 SEKOU TOURE Ahmed, Des
Etats- Unis d'Afrique, Tome XXV, édité par le Bureau de Presse de
la Présidence de la République, Imprimerie Nationale
« Patrice Lumumba », février 1980, 254 p.
* 49 On se reportera
respectivement aux revues camerounaise et françaises telles Terroirs,
revue africaine de sciences sociales et de philosophie, EBOUSSI BOULAGA Fabien
(dir.), Academia Africana, 3-4/2007. ; Les Cahiers de la Revue
Défense Nationale : structurations stratégiques en Afrique,
janvier 2010 ; l'Annuaire Français des Relations
Internationales ; la revue Politiques étrangère, etc.
* 50 Rapport de la
première conférence des intellectuels africains et de la diaspora
africaine (RAPT/RPT/CAID) (I), disponible sur
http://ocpa.irmo.hr/resources/docs/Intellectuals_Dakar_Report-fr.pdf,
consulté le 20 décembre 2010.
* 51 37 années de
travail et de donation, Yaoundé, Edité par l'Ambassade de la
Grande Jamahiriya Arabe libyenne Populaire Socialiste, 2006, 56 p.
* 52 www.
Africa-union.org ;
http://www.diplomatie.gouv;http://www.afrimap.org, etc.
* 53 Voir TCHOUPIE
André, cours de techniques de recherche en Science Politique, Master II
2009/2010, p. 34.
* 54 TCHOUPIE (A.), op.
cit., p. 34.
* 55 WEINBERG Steven
cité par WILGA Maciej, « Le constructivisme dans le domaine de
l'intégration européenne », dans l'Europe en formation,
N°322, automne 2001, p. 88.
* 56ONUF Nicholas, World of
our Making, «Rules and Rule in Social Theory and International
Relations», Columbia, University of South Carolina Press, 1989.
* 57 KRACHTOWIL Friedrich,
«The Force of Prescription», International Organization, Vol. 38,
n°4, 1984, pp. 685-708; KRACHTOWIL Friedrich, Rules, Norms and Decisions.
On the Conditions of Practical and Legal Reasoning in International Relations
and Domestic Affairs, Cambridge, Cambridge University Press, 1989.
* 58 RUGGIE John Gerard
«Introduction: What makes the world hang together? Neo-utilitarism and the
social constructivist challenge,» dans RUGGIE John Gerard, Constructing
the world polity: Essays of international institutionalization (London:
Routledge, 1998)
* 59WENDT Alexander,
«The agent-structure problem in international relations theory»,
International Organization, Vol. 41, n°3, 1987, pp. 335-370.
* 60CHECKEL T. Jeffrey,
«The Constructivist Turn in International Relations Theory», World
Politics, Vol. 50, No 2, Janvier 1998.
* 61LAMBORN Alan C. et
LEPGOLD Joseph, World politics into the twenty-first century: unique contexts
enduring patterns, 1er éd, Von Hoffman Press,
2003, p. 45.
* 62RUGGIE (J. G.); CHEKEL
(T. J.), cités par LAMBORN (A. C.) et LEPGOLD (J.), p. 46.
* 63 ONUF Nicholas,
cité par BATTISTELLA (D.), op. cit., p. 270.
* 64 Ibid, p. 71.
* 65 SMOUTS Marie-Claude,
BATTISTELLA Dario, VENESSON Pascal Dictionnaire des relations internationales.
Approches, concepts, doctrines, 2006, p. 356.
* 66 Voir SEMINATORE
Irnerio, « Multilatéralisme et multipolarité.
Distinctions éthiques, conceptuelles et
stratégiques », Institut européen des relations
internationales, Bruxelles, février 2009, disponible sur
http://www.ieri.be/en,
consulté le 28 août 2011.
* 67Ibid.
* 68 KNIGHT W.
Andrew, « Multilatéralisme ascendant ou descendant :
deux voies dans la quête d'une gouverne globale », Etudes
internationales, vol.26, N°4, 1995, p. 686.
* 69RUGGIE Gérard,
cité par NOVOSSELOFF Alexandra, « L'essor du
multilatéralisme : principes, institutions et actions
communes », Annuaires français des relations internationales,
vol.3, 2003, p. 305.
* 70 SMOUTS Marie-Claude,
cité par ISKANDAR BOCTOR Christine A., La coopération
multilatérale et la question de l'eau au bassin du Nil, Institut
d'Etudes Politiques de Paris (IEP), Master en Relations internationales,
disponible sur http://
www.memoireonline.com,
consulté le 2 décembre 2010.
* 71 MOREAU DEFARGES
Philippe, « Le multilatéralisme et la fin de
l'histoire », dans Politique
étrangère, Vol. 69,
N°3,
2004, p. 579.
* 72 LAMBORN (C.A.) /LEPGOLD
(J.), op. cit., p. 485.
* 73 CROZIER Michel et
FRIEDBERG Erhard, L'acteur et le système, les contraintes de l'action
collective, Paris, 1977, Editions du Seuil, p. 45.
* 74 KENDALL Diana,
Sociology in our times, 3e éd, 2001, p. 25.
* 75Voir ROJOT (J.),
op.cit., pp.215 à 219.
* 76 BLUMER Herbert,
Symbolic interactionionism: perspective and method, prentice-hall, Englehood
Cliffs, 1969, pp. 18-19.
* 77 ROJOT (J.), op. cit.,
p. 216.
* 78 Cf. KENDALL (D.), op.
cit., p. 25.
* 79 Ibid.
* 80 ROJOT (J.), op. cit.,
p. 327.
* 81 Ibid.
* 82 Cette idée est
développée par Cooley lorsqu'il aborde la notion de
« lookingglass self » [...], par
Mead « generalized other » ou « autrui
généralisé », qui désigne l'ensemble du groupe
en interaction. Voir KENDAL (D.), op. cit., p. 25.
* 83 GRAWITZ (M.), op. cit.
p. 360.
* 84 C'est le cas de
LAÏDI Zaki pour qui l'existence d'un système bipolaire a
renforcé la dérégionalisation des enjeux en raison du
rôle décisif des grandes puissances dans la garantie de la
sécurité de leurs alliés. Lire son article,
« La lente émergence d'un espace de sens dans le
monde », dans LAÏDI Zaki (dir.), Géopolitique du sens,
Paris, Désclées de Brouwer, 1998, p. 44.
* 85 ALBARET
Mélanie, « Les formes régionales du
multilatéralisme : entre incertitudes conceptuelles et pratiques
ambiguës », dans BADIE Bertrand, DEVIN Guillaume, (dir.), Le
multilatéralisme. Nouvelles formes de l'action internationales, Paris,
La Découverte, 2007, pp. 41-56.
* 86TSHIYEMBE
Mwahila, « L'Union Africaine et la nouvelle gouvernance
régionale », dans BANGOURA Dominique (dir.), L'Union Africaine
face aux enjeux de paix, de sécurité et de défense, Paris,
L'Harmattan, 2002, p. 51.
* 87 TSHIYEMBE Mwahila
nourrissait l'espoir que l'avènement de l'UA devait tourner rapidement
le dos à la première page du panafricanisme, qui a donné
naissance au triptyque panafricanisme messianique, panafricanisme maximaliste,
et panafricanisme minimaliste. Selon lui, la seconde page, encore
«vierge », relève de la capacité de cette Union
à intégrer le mouvement actuel que constitue la mondialisation,
Ibid.
* 88 KNIGHT (W. A.), op.
cit., p. 705.
* 89 ZANG
Laurent, « La dynamique de l'intégration et de la
construction de l'unité africaine face aux défis de la
mondialisation », dans 21e conférence des
chefs d'Etat et de gouvernement d'Afrique et de France, Actes du colloque,
volume II Yaoundé, sept. 2000, p. 358.
* 90 Le continent africain
apparaît dans une large mesure marginalisé dans les domaines tels
le commerce mondial où il a du mal à avoir accès aux
marchés internationaux, et sa mise à l'écart dans les flux
d'investissements directs étrangers(IDE) qui représentent
à peine 1%. Cette marginalisation s'étend cruellement dans les
domaines de l'écologie, de la technologie et de l'éducation
où l'Afrique représente péniblement 1% de la production
scientifique mondiale ; l'Afrique du Sud comptant à elle seule les
2/3 de cette production. Lire TSAFACK NANFOSSO Roger et TCHOUASSI
Gérard, « De la marginalisation économique de
l'Afrique », dans KAMTO Maurice, (dir.), L'Afrique dans un monde en
mutation. Dynamiques internes ; marginalisation internationale ?
Afrédit, janvier 2010, pp. 226-236.
* 91BATTISTELLA Dario,
« L'apport de Karl Deutsch à la théorie des relations
internationales », Revue internationale de politique comparée,
vol.10, No 4, 2003, p. 580.
* 92 WILGA Maciej, Le
constructivisme dans le domaine de l'intégration européenne
», op.cit., pp 73-74.
* 93 Ibid, p. 74.
* 94 MARTINEZ
Luis, « La Libye est de retour », dans Géopolitique
africaine No 1, Hiver 2000/2001, éd. OR. IMA,
International (collectif SOUSSAN André), p. 120.
* 95 PONDI (J.E.), op.cit.,
p. 22.
* 96 Selon le correspondant
de Jeune Afrique, la France ne vit pas d'un bon oeil cette initiative libyenne
qui amena beaucoup de présidents à manquer le sommet biennal de
la Francophonie, A.R.L « Diplomatie : d'un sommet à
l'autre », dans Jeune Afrique N° 2016 du 31 août au 6
septembre 1999 p. 17.
* 97 Il s'agissait du
Burkina Faso, du Bénin, du Mali, du Niger, du Tchad et de la
Centrafrique.
* 98
A.R.L « Diplomatie : d'un sommet à
l'autre », op. cit., p. 17.
* 99MARTINEZ (L.), op.
cit., p. 110.
* 100 ZORGBIBE Charles,
« De l'OUA à L'UA ?», dans Géopolitique
africaine No1, Hiver 2000/2001, éd. OR. IMA, op. cit., p.
106.
* 101 DJUIDJE KOUAM (R.),
op. cit., p. 108.
* 102 ZANG (L.), op. cit.,
p. 363.
* 103 Ibid.
* 104FALL Elimane et FAYE
Djibril, « Nouveau mort-né », dans Jeune Afrique
Economie N° 313 du 17 juillet au 6 août 2000, p. 6.
* 105 ZANG (L.), op. cit.,
p. 363.
* 106 Ibid.
* 107 Voir ZANG (L.),
op.cit., p. 363.
* 108 DJUIDJE KOUAM (R.),
op.cit., p. 2.
* 109 PONDI (J.E.) op.cit.,
p.26.
* 110 Voir l'article
d'OUSMANE Amadou, « Foire d'empoigne à
Lomé », dans Jeune Afrique Economie, N° 313, op. cit.,
pp. 8-9.
* 111 Elle fut
adoptée du 8 au 10 juillet 1999 lors de la 70ème
session ordinaire du Conseil des ministres sur les changements
anticonstitutionnels dans les Etats membres sous la dénomination
Décision CM/Draft/D2C.483 (lxx). Les 12 et 14 juillet 1999, les chefs
d'Etat vont à l'unanimité l'approuver. Voir entre autres TUNDE
FATUNDE, « Quand l'OUA fait la police », dans Jeune
Afrique Economie précité, p. 8 ; DJUIDJE KOUAM (R.), op.
cit., p. 99.
* 112 En dehors des deux
voisins de la Libye, le Tunisien Ben Ali et l'Egyptien Hosni Moubarak absents
à Syrte II, certains chefs d'Etat absents à Lomé
étaient présents. Il s'agissait de Joseph Kabila,
Gnassingbé Etienne Eyadema, Laurent Gbagbo dont le pays avait
été réhabilité, Daniel Arap Moi, Omar El-Bechir.
* 113 37 Années de
travail et de donation, op. cit., p. 5.
* 114 HOUNGNIKPO (C.M.),
op. cit., p. 154.
* 115 EL KADHAFI Mouammar,
cité par PONDI (J.E.) op. cit., p. 27.
* 116 Selon le
`'président intérimaire'' de la commission de l'UA, les chefs
d'Etat l'avaient mandaté pour lancer en priorité les organes tels
la Conférence, le Conseil exécutif, la Commission de l'UA et le
Comité des représentants permanents. Propos recueillis par FIELDS
Jonathan, dans Les Cahiers de Mutations op. cit., p. 9.
* 117 DJUIDJE KOUAM (R.),
op. cit., p. 2
* 118 KABA Lansiné,
N'krumah et le rêve de l'unité africaine, Paris, éditions
Chaka, vol.11, p. 172.
* 119 D'après
ROPIVIA Marc-Louis, le panafricanisme africain commence à partir du
moment où les Africains en l'occurrence Nkrumah se réapproprient
le mouvement. Pour approfondissement, lire, Géopolitique de
l'intégration en Afrique noire, Paris, L'Harmattan, 1994, 246 p.
* 120 En 1970 lors de la
mise sur pied de l'URA (Union de Républiques Arabes) qui devait donner
lieu à une fédération entre L'Egypte, le Soudan et la
Libye, alors que les autres plaidaient pour une intégration progressive
de l'URA, le colonel Kadhafi, fidèle à ses idées et son
tempérament proposait une union totale dans un délai de 3 ans et
la création immédiate d'institutions politiques communes. Pour
approfondissement, lire OTAYEK ( R.), op. cit., p. 33.
* 121 NUMELIN Ragnar,
cité par KNIGHT (W. A.), op. cit., pp. 691-692.
* 122 Ibid.
* 123 INIS Claude
cité par KNIGHT (W.A.), op. cit., p. 699.
* 124 Interview de Kadhafi
accordée à l'Autre Afrique, 18-24 mars 1998, reprise par MARTINEZ
(L.), article précité, p. 117.
* 125 KAFUKA RUJAMIZI (J.),
« Unité Africaine, Slogan ou
Nécessité ? », dans Jeune Afrique Economie
N° 372, 2008, p.147.
* 126 Propos
rapportés par CALLIES De Salies Bruno, cité par DJUIDJE
KOUAM (R.), op. cit., p. 107.
* 127 QADDHAFI Si Ahmed, Un
proche parent du Guide libyen déclarait à cet effet dans le
Monde du 22 janvier 1981 ceci : « ...Nous comprenions que
la France a des intérêts en Afrique. Mais elle devrait se rendre
compte que nous sommes un pays africain et que nous ne pouvons être
indifférents au sort de l'Afrique », cité par OTAYEK
(R.), op. cit., p. 203.
* 128 Voir MARTINEZ (L.),
op. cit., p.118.
* 129 COLETTE
Elise, « Bye-bye Kadhafi », dans Jeune Afrique,
No 2561 du 7 au 13 février 2010, p. 15.
* 130 Voir l'article 4 de
l'Acte constitutif de l'UA.
* 131 Interview d'Abdelaziz
Bouteflika accordée à OUSMANE Ahmadou, « Foire
d'empoigne à Lomé », dans Jeune Afrique, N° 313,
op. cit., p. 10.
* 132 Voir OUSMANE (A.),
op. cit., p.15.
* 133EDEM KODJO cité
par OUSMANE Ahmadou, op. cit., p. 15.
* 134 C'est suite au
désengagement de Dakar à abriter cette force africaine en
attente que les Etats membres ont porté leur dévolu sur la
capitale économique du Cameroun, qualifiée par les
stratèges de ``stratégique'' du fait de sa situation
« au coeur de l'Afrique ».Car, à partir de ce lieu,
des interventions peuvent être lancées dans les quatre points
cardinaux du continent.
* 135BOURGI Albert,
« L'Union Africaine entre les textes et la
réalité », article disponible sur
http://www.diplomatie.
gouv.fr /IMG/pdf/Bourgi.pdf, p. 338, consulté le 5 mai
2011.
* 136 WADE
Abdoulaye, « L'Afrique et le monde », dans
Géopolitique Africaine N° 26, avril-juin 2007, p. 81.
* 137 Ibid.
* 138 Cité par SEKOU
TOURE Ahmed, Des Etats-Unis d'Afrique, Tome XXV, édité par le
Bureau de presse de la Présidence de la République, Imprimerie
Nationale «Patrice Lumumba», fév. 1980, p. 60.
* 139 Pendant la
période coloniale, l'Afrique représentait au moins 5% de
l'économie mondiale. Mais, actuellement elle représente à
peine les 3% des échanges mondiaux. Cf. Africa's first half
Century : a retrospective assesment inédit, 218 p.
* 140 CHARILLON
Frédéric, « Vers la régionalisation des
politiques étrangères ? », dans CHARILLON
Frédéric (dir), politique étrangère. Nouveaux
regards, Paris, PFNSP, 2002, p.391.
* 141 Ibid, p.394.
* 142 La notion d'espace de
sens se définit comme celle d'un ensemble de valeurs et
d'identités communes, produites et partagées par les
sociétés politiques qui ne sont ni égales ni
homogènes mais qui aspirent à se projeter collectivement dans le
champ international à des fins d'affirmation identitaire ou
stratégique. Voir HERMET Guy, « Quel espace de sens pour
l'Europe ? », dans LAÏDI (Z.) (dir.), Géopolitique
du sens, op. cit., p. 47.
* 143 ZAKI (L.), op. cit.,
p. 4.
* 144 CHARILLON (F.), op.
cit., p. 394.
* 145 Ibid, p. 400.
* 146 Ibid.
* 147 ROJOT (J.), op. cit.,
p. 220.
* 148 GHARGI Samir,
« Bisbilles financières », dans Jeune Afrique
/l'intelligent N° 2215, du 22 au 28 juin 2003, p.79.
* 149 GHARGI Samir,
« Bisbilles financières » op. cit. p. 79.
* 150 Il s'agissait entre
autres de la Sierra Leone, de la Somalie, du Soudan, du Burundi, de la
Guinée Conakry, de la République Démocratique du Congo, de
la Centrafrique, des Comores, des Seychelles, du Libéria et de Sao
Tomé et Principe.
* 151 GHARBI (S.),
« Bisbilles financières », op. cit., p. 79.
* 152 Voir DJUIDJE KOUAM
(R.) op. cit., p. 109.
* 153Interview de Yves
Ekoué Amaïzo, accordée à la Cameroon Radio
Television (CRTV) le 19-12-2010 lors de
l'émission « Cameroon Calling » au
lendemain de la rencontre panafricaine portant sur l'établissement des
statuts du Fonds Monétaire Africain.
* 154 ESSONO (E.G.), La
commission de l'Union africaine : entre ambition et réalité,
Mémoire de DESS en Relations Internationales, option diplomatie,
Yaoundé, IRIC, février 2007, p. 108.
* 155 Interview
accordée à la CRTV le 19-12-2010 lors de l'émission
« Cameroon Calling » au lendemain de la rencontre
panafricaine portant sur l'établissement des statuts du Fonds
Monétaire Africain.
* 156 ESSONO (E.G.), op.
cit., p. 106.
* 157 Ibid, p. 108.
* 158 DJUIDJE KOUAM (R.),
op. cit., p. 108.
* 159 POKAM Hilaire De
Prince, « Construction de l'Union Africaine et souveraineté
étatique », communication faite à l'occasion du
Symposium de Dakar sur les Etats-Unis d'Afrique du 27 au 30 juillet 2009, p.
25. (En cours de publication).
* 160 Selon une interview
de Mouammar Kadhafi accordée à Der Spiegel (journal suisse) du
1er mai 2010 et reprise par Jeune Afrique N° 2574 du 9 au 15 mai 2010, p.
52, le pétrole libyen rapporte chaque année environ 50
milliards de dollars.
* 161 Voir le site
Internet, http://www.mouvement-ngambo-na ngambo.org. visité le
26 mars 2011.
* 162 Lire l'article de
YERIM SECK Cheikh, au titre alarmant « Au secours, Kaddafi
arrive!», dans Jeune Afrique No 2509 du 8 au 14 février
2009, p. 37.
* 163 KOUAM (R.), op. cit.,
p. 91.
* 164 Cité par
DEUTCHOUA (X.), « De l'OUA à l'UA », dans Les
Cahiers de Mutations N° 013, juin 2003, p. 3.
* 165 POUGALA
Jean, «Les vrais raisons d'une guerre »,
http://blogs.mediapart.fr/blog/fxavier/150411/, consulté le 19
avril 2011.
* 166 Mot d'origine
anglaise qui signifie « puissance douce », le concept
de « soft power » fut inventé par Joseph S. NYE Jr.
qui l'utilisa pour la première fois dans son livre Bound to
Lead, publié en 1990 puis dans plusieurs autres publications
à l'exemple de The Paradox of American Power, en 2001.
* 167D'abord connue sous le
nom de COMESSA, la Cen-Sad, a été créée par le
colonel Kadhafi le 4 février 1998 à Tripoli. Sa naissance
émane de la nécessité de construire un dialogue entre les
pays qui ont en commun le désert du Sahara qui constitue non seulement
une menace pour les pays riverains, mais aussi une barrière
quasi-infranchissable. Lors de la 36ème conférence des
chefs d'Etat à Lomé, elle s'est vue attribuée la
qualité de communauté économique régionale.
* 168 NYE Joseph S. Jr.,
Soft power. The means to success in world politics, publicaffairs, Sandwich,
New Hampshire, 2004, p. x.
* 169 Conflits avec le
Tchad en vue d'étendre son territoire sur la bande
pétrolifère d'Aouzou à partir de 1986,
mésintelligence en 1979 avec l'Egypte dont le président qualifia
Kadhafi de «voisin fou »...Pour approfondir, voir OTAYEK
(R.), op. cit., pp. 32 et 203 et MARTINEZ (L.), op. cit., pp. 118-119.
* 170 37 Années de
travail et de donation, op. cit., p. 5.
* 171 MEYER Jean-Michel
« Cen-sad, mode d'emploi », dans Jeune Afrique N° 2474
du 8 au 14 juin 2008, p. 24.
* 172 En 2008, elle
comptait 25 pays s'étendant sur 14 millions de Km2 et 419
millions d'habitants. Ibid.
* 173 Ce fonds
d'investissement dont le capital a grimpé à 8 milliards de
dollars à la fin, de janvier 2008 est présent dans plus de 40
pays africains et place les revenus pétroliers libyens,
supérieurs dans l'hôtellerie, la banque, le raffinage et la
distribution d'essence, l'agriculture, l'immobilier, le transport
aérien, les mines et les télécommunications. Il a
financé : une « ferme» de 100 000 hectares au
Mali, la construction de 69 villas présidentielles de très grand
standing au Benin, d'une usine de caoutchouc au Libéria, du canal de
Tombouctou, de 250 kilomètres du projet d'oléoduc Rwanda-Burundi.
Il a aussi procédé au rachat des actions de Mobil Oil Cameroon
qui est devenu Oil Libya. Lire Jean-Michel/LEJEAL
Frédéric, «A coup de pétrodinars »,
dans Jeune Afrique N° 2474..., op. cit., pp. 27-28.
* 174 NYE (J.S. Jr.), op.
cit., p. 5.
* 175 Ibid.
* 176 Ibid, p. 11.
* 177 Voir le discours du
Guide libyen, prononcé dans la capitale tchadienne, N'Djamena, à
l'ouverture de la douzième session de la présidence de la Cen-Sad
sur le site
http://falak39.org/fr/?p=290,
consulté le 30 janvier 2011.
* 178 Voir Colette Elise,
« Le Kadhafi show n'a pas eu lieu », dans Jeune Afrique
N° 2586 du 1er au 7 août 2010, p. 18.
* 179 MVELLE (G.), op.
cit., p. 280.
* 180 Nous tenons cette
expression de Nkrumah qui qualifiait ainsi la démarche de ceux de ses
pairs qui estimaient qu'il fallait construire l'unité africaine sans
empressement. Lire KABA (L.), op. cit., p. 174.
* 181 YERIM SECK (C.),
« Au secours, Kaddafi arrive !», op. cit., p. 36.
* 182 YERIM SECK (C.),
« Au secours, Kaddafi arrive !», op. cit., p. 36.
* 183 Lire cette interview
dans Jeune Afrique N° 2509, op. cit., p. 37.
* 184 Entretien avec un
diplomate camerounais en service à l'Ambassade du Cameroun à
Addis-Abeba le 27 avril 2011.
* 185 Voir Jeune Afrique
Economie, N° 313 du 6 août 2000, op. cit., p. 17.
* 186 Voir KOUNOU
Michel, « Gouvernement de l'Union Africaine. Accra : un
rendez-vous manqué », dans Terroirs, revue africaine de
sciences sociales et de philosophie, EBOUSSI BOULAGA Fabien (dir.), Academia
Africana, 3-4/2007, p. 91.
* 187 ROCHE Jean Jacques,
Théorie des relations internationales, Paris, 7e
édition, Montchrestien, p. 96
* 188 Tel est le cas de
DUFOURCQ Jean, « Intégration africaine : réflexion
sur deux continents conjugués et sur leur interface », dans
Les cahiers de la défense nationale : structurations
stratégiques en Afrique, janvier 2010, p. 205.
* 189 Lors de son discours
de Dakar du 26 juillet 2007, le président Sarkozy a d'abord
enseigné aux Africains ce que voulait l'Afrique, « ce que veut
l'Afrique, ce n'est pas que l'on prenne son avenir en main, ce n'est pas que
l'on pense à sa place, ce n'est pas que l'on prenne son avenir en main,
ce n'est pas que l'on décide à sa place ! ».
Ensuite il a expliqué que la France envisageait « préparer
l'avènement de l'Eurafrique, ce grand destin commun qui attend l'Europe
et l'Afrique ». Comme mise en garde, il rappelle à
« ceux qui, comme en Afrique, regardent avec méfiance ce grand
projet de l'Union Méditerranéenne que la France a proposé
à tous les pays riverains de la Méditerranée :
« je veux dire que dans l'esprit de la France, il ne s'agit nullement
de mettre à l'écart l'Afrique, qui s'étend au Sud du
Sahara, mais au contraire, il s'agit de faire de cette union le pivot de
l'Eurafrique, la première étape du plus grand rêve de paix
et de prospérité qu'Européens et Africains sont capables
de concevoir ensemble ». Voir l'intégralité de ce
discours en annexe.
* 190 OUAZANI
Cherif, « La Libye éconduit la France », dans
Jeune Afrique N°2478 du 6 au 12 juillet 2008.
* 191 Outre les pays du
Maghreb, la Jordanie, le Liban et la Syrie étaient également
conviés au sommet de Tripoli.
* 192 Voir MONDA BAKOA,
« réticences autour d'un projet », dans Cameroon
Tribune N° 9119/5318 du 16 juin 2008, p. 29
* 193 Ibid.
* 194 Il est à
préciser que le Maroc qui a manifesté un
désintérêt pour le mini-sommet de Tripoli, a
déposé sa candidature pour intégrer éventuellement
l'UE depuis son retrait officiel de l'OUA. Pour Joseph Vincent NTUDA
Ebodé, l'UPM serait un lot de consolation à ce pays, qui caresse
le rêve d'intégrer l'UE. Voir son interview accordée
à MVOGO Raphaël dans Cameroon Tribune, N° 9119/5318 du 16 juin
2008, p. 30.
* 195 voir
http://www.ugb.sn/, consulté le
28 août 2011.
* 196 DJUIDJE KOUAM (R.),
op. cit., p. 95.
* 197 WADE Abdoulaye, Un
destin pour l'Afrique, Paris, Karthala, 1989, pp. 21-22.
* 198WADE
(A.), « L'Afrique et le monde », op. cit., p. 81.
* 199Propos du
président Wade rapportés par ZORGBIBE Charles et BELMESOUS
Hacène pour le compte de Géopolitique africaine N°1 Hiver
2000/2001, éd. OR. IMA, op. cit., p. 15.
* 200 Ces propos ont
été repris par OUSMANE (A.), « Foire d'empoigne
à Lomé », dans Jeune Afrique Economie, op. cit., p.
11.
* 201WADE (A.), op. cit.,
p. 82.
* 202 Ibid.
* 203 Selon le
président Wade, la proposition sénégalaise est
fondée sur le fait qu'à l'exception de l'énergie où
la distinction peut exister entre pays producteurs de pétrole, tous les
autres domaines de compétence couverts par ces portefeuilles
ministériels se définissent presque dans les mêmes termes
partout en Afrique.
* 204 A Kampala, le
comité des 7 chefs d'Etat délégué par leurs pairs
avait fusionné les propositions libyennes et sénégalaises
avant de conclure que les 9 ministères communs qui devaient enfin voir
le jour étaient : défense, sécurité, finances,
éducation, transport et infrastructures, énergie, culture,
santé et recherche scientifique. Cf. AYODELE ADERINWALE, Africa and the
challenges of a union government, éd Ayodele Aderinwale, ALF, Ogun
State, Nigeria, 2005, p. 19.
* 205 Algérie,
Gabon, Kenya, Lesotho, Nigeria, Ouganda et Sénégal
* 206 AYODELE (A.), op.
cit., p. 7.
* 207 Ibid, p. 19.
* 208 A Abuja, Ali S.
Triki, le monsieur Afrique de Kadhafi proposa un calendrier selon lequel la
phase préparatoire du gouvernement de l'Union devait débuter en
janvier 2006 avant de culminer à sa formation finale en 2009.
* 209 Le sommet
s'était juste contenté de prendre note du rapport des sept et de
renvoyer son examen quant au fond à une session du conseil
exécutif de sorte que le sommet de janvier 2007 prenne une
décision.
* 210 Voir KOUNOU
(M.), op. cit., p. 71.
* 211 GAZANO Antoine, Les
relations internationales, les idées, les acteurs, les enjeux et les
défis, Paris, Gualino, 2001, p. 74.
* 212 Ibid.
* 213 POKAM
(H.D.P), « Construction de l'Union Africaine et
souveraineté étatique », op. cit., p. 10.
* 214 Entretien avec un
diplomate sénégalais le 26 avril 2011.
* 215
http://www.au-senegal.com/IMG/pdf/Constitution-senegal-2008.pdf.
Site consulté le 15/05/2011.
* 216 Voir FALA MAYU MULEEL
Popaul, l'Union Africaine : Bilan et Perspectives (2001-2008),
Mémoire de Licence en Relations Internationales, 2007-2008,
Université de Lubumbashi, Faculté des Sciences Sociales
Politiques et Administratives, disponible sur
http://www.memoireonline.com.,
visité le 20 décembre 2010.
* 217 POKAM (H.D.P.), op.
cit., p.10.
* 218 Ibid.
* 219 Afrique Caraïbes
Pacifique.
* 220 Le mot SOPI signifie
« changement » en Wolof. Ce changement est le socle sur
lequel repose les principes de la « démocratie
sénégalaise ». A l'accession de Me Wade à la
magistrature suprême au Sénégal en 2000, on est
passé du « changement dans la continuité »
incarné par Léopold Sédar Senghor et Abdou Diouf en 1982
au « changement dans la rupture »,
c'est-à-dire l'arrivée du libéral Wade au pouvoir.
Entretien avec un diplomate sénégalais, le 26 avril 2011.
* 221 Voir THIAM IBA DER,
« 2010 année de l'affirmation du leadership du
Sénégal et de son chef d'Etat », disponible sur le site
http://www.ladepechediplomatique.com/_a1438.html.,
consulté le 16 avril 2011.
* 222WADE (A.), Un destin
pour l'Afrique..., op. cit., p. 72.
* 223 A. WADE cite par
DJUIDJE KOUAM (R.), op. cit., p. 140.
* 224 WADE (A.), Un destin
pour l'Afrique, op. cit., p.145.
* 225 DEFO FOTUE FO,
«Wade. Un intellectuel multidimensionnel», dans Jeune Afrique
Economie N° 373-Eté 2008, pp. 82 85.
* 226 HOUNGNIKPO (C.M.),
op. cit., p. 146.
* 227 Ce projet ne sera pas
soutenu dès son lancement par Kadhafi qui le considère comme une
invention du président américain Georges W. Bush pour s'immiscer
dans les affaires africaines.
* 228 HOUNGNIKPO (C.M.),
op. cit., p.141.
* 229 Lors de la
17ème conférence des chefs d'Etat et de gouvernement
tenue à Malabo(Guinée Equatoriale) du 28 juin au 2 juillet 2011,
le projet NEPAD a été relancé par les chefs d'Etat.
* 230MELBER Hennig,
cité par HOUNGNIKPO (C.M.), op. cit., p. 142.
* 231 Ibid, p.143
* 232Voir son discours sur
http://www.un.org/ecosocdev/geninfo/afrec/french/vol19no3/193afrique-parle.html.,
consulté le 16 avril 2011.
* 233 Propos du
président sénégalais A. Wade recueillis par Epoté
Denise Durand sur TV5 Monde Afrique lors du 12èm e
sommet de l'UA à Addis-Abeba en février 2009.
* 234 Cf. DEME Ousmane,
« Entre espoir et scepticisme. La société civile et le
mécanisme africain d'évaluation par les pairs », dans
TAYLOR Bernard (dir.), Perspectives, Ontario, partenariat Afrique Canada, 2005,
p. 10.
* 235HUSSON Bernard
cité par DEME (O.), op. cit., p. 11.
* 236 Ibid, p.13.
* 237 DIOP Djibril,
« 50 ans d'indépendance : quelle Renaissance pour les
Etats africains ? » p. 3. Disponible sur
http://www.cerium.ca/IMG/pdf/50_ans_d.pdf.,consulté
le 12 mai 2011.
* 238 Les pays membres du
MAEP son actuellement au nombre de 31. Afrique du Sud, Algérie, Angola,
Benin, Burkina Faso, Cameroun, Djibouti, Egypte, Éthiopie, Gabon, Ghana,
Guinée Equatoriale, République du Congo, Kenya, Lesotho,
Libéria, Malawi, Mali, Mauritanie, Maurice, Mozambique, Nigeria,
Ouganda, Rwanda, Sao Tome & Principe, Sénégal, Sierra Leone,
Soudan, Tanzanie, Togo et Zambie.
* 239L'évaluation a
pour objectif final d'aider les pays concernés à mieux
élaborer leurs politiques, à adopter les meilleures pratiques
ainsi qu'à respecter les normes, les principes, les codes établis
et d'autres engagements contractés. Elle est menée sans heurts et
compte beaucoup sur la coopération, le dialogue, la confiance et la
compréhension mutuelle entre les pays concernés et les
évaluateurs, la possibilité de créer et de renforcer le
dialogue politique. Voir le document cadre du MAEP en annexe.
* 240 La dernière a
porté sur l'état de la démocratie en Zambie.
* 241 Voir le
document cadre du MAEP en annexe.
* 242Tel est l'exemple de
CART Henri-Philippe, « Le NEPAD : vision ou
illusion ? », Communication faite à l'occasion du
colloque : « politique et stratégies du
NEPAD ».Genève, 14 et 15 mai 2003, p.3.
* 243 Le président
sénégalais qui est l'un des promoteurs du NEPAD tarde pourtant
à subir une évaluation du MAEP. Voir DIOP (D.), op. cit., p. 3.
* 244Aller par exemple sur
le site
http://www.nepad.org/node/2126,
consulté le 20 mars 2011.
* 245 Cf. DAMIEN Helly,
L'Union Européenne et l'Afrique : les défis de la
cohérence, Paris, Les Cahiers de Chaillot, Institut d'Etudes de
Sécurité de l'Union Européenne, Novembre 2010, p. 46.
* 246 DIOP (D.), op. cit.,
p. 9.
* 247HELLY (D.), op. cit.,
p. 50,
* 248 Propos du
président Wade tirés de l'interview réalisée par
ROUAMBA Alexandre « A coeur ouvert avec Abdoulaye
Wade », disponible sur
http://www.rewmi.com/,
consulté le 17 avril 2011.
* 249 Propos du
président Wade tirés de l'interview réalisée par
ROUAMBA (A.), disponible sur
http://www.rewmi.com/,
consulté le 17 avril 2011.
* 250Propos du
président Wade tirés de l'interview réalisée par
ROUAMBA (A.), précité.
* 251 Voir HELLY (D.), op.
cit., p. 40.
* 252 Ibid, pp. 47-48.
* 253 Angola, Benin,
Burkina Faso, Burundi, RD Congo, République Centrafricaine, Cap Vert,
Djibouti, Erythrée, Ethiopie, Gambie, Guinée, Guinée
Equatoriale, Guinée Bissau, Comores, Liberia, Lesotho, Madagascar,
Malawi, Mali, Mauritanie, Mozambique, Niger, Ouganda, Rwanda, Sierra Leone,
Sénégal, Somalie, Soudan, Tanzanie, Tchad, Togo, Zambie.
* 254 MOREAU DEFARGES (P.),
op. cit, p. 579.
* 255 MOREAU DEFARGES
(P.), op. cit, p. 582.
* 256 Le concept de
« Renaissance » a fait son entrée dans les sciences
sociales avec la « civilisation de la Renaissance » de
Jacob Burckhardt en Italie dans les années 1800. Voir le site
www.africulture.com.,
consulté le 2 décembre 2010.
* 257GUILHAUDIS
Jean-François, Relations internationales contemporaines, paris,
éd. du Juris-classeur, 2002, p. 654.
* 258 Entretien conduit par
ZORGBIBE Charles/BELMESOUS Hacène, op. cit., p. 15.
* 259 Ibid.
* 260 Ces propos ont
été repris par MBOUMBA Jean-Marie, « Armées
africaines : la mauvaise réputation », dans Jeune Afrique
Economie N° 380 op. cit., p. 95.
* 261 A partir du 2
août 1998, la RDC est plongée dans un conflit où
s'affrontent les armées de la Namibie, de l'Angola et du Zimbabwe,
alliées du régime de Kinshasa d'une part et celles du Rwanda
Burundi et de l'Ouganda d'autre part qui lui sont opposés.
PRUNIER
Gérard, « Congo-Kinshasa:
La première guerre inter-africaine », dans Géopolitique
africaine, N° 1 op. cit., p. 109.
*
262 Voir GARENNES
Jean, « Wade érige la renaissance africaine », dans
Jeune Afrique Economie N° 380, p. 85.
* 263 AMAÏZO EKOUE
Yves, « De l'économie de l'insécurité
à l'économie durable », dans Afrique Education
N°114 du 16 au 31 août 2002, p. 21.
* 264 Ibid, p. 20.
* 265 Suite au
soulèvement des Sénégalais, le 23 juin 2011 pour
manifester contre ce qu'ils ont qualifié de « tentative
monarchique de dévolution du pouvoir», le président
Wade ayant essayé de faire modifier la constitution pour
« favoriser son fils », son héritier putatif, il
n'effectuera plus le déplacement de Malabo.
* 266 Suite à la
catastrophe japonaise, l'Allemagne, moteur de la zone euro a
décidé de remplacer progressivement ses stations
nucléaires par les énergies renouvelables comme le charbon,
l'énergie éolienne ou encore l'énergie solaire.
* 267 Il relève
à cet effet que les Africains n'entretiennent pas
régulièrement les ouvrages. Or, si cette mentalité ne peut
produire que des accidents de faible intensité dans des ouvrages tels
que les centrales thermiques, les véhicules, ou les avions, c'est
à une catastrophe qu'il faudrait s'attendre dans l'hypothèse
d'une centrale nucléaire .Car, la Russie qui investit en Afrique dans ce
domaine ne maîtrise pas elle même la chaîne technologique
dans la mesure où ce sont les Etats-Unis qui entretiennent encore leurs
centrales. Voir NTUDA EBODE Joseph Vincent, «
Russie-Afrique : retour gagnant par le
nucléaire ? », dans Diplomatie Magazine, Paris,
N°26, 2007.
* 268 La toxicité
des déchets nucléaires dure des milliers d'années dans la
mesure où si l'iode 131 ne met que huit jours pour prendre la
moitié de sa radioactivité, il faut 24000 ans pour le plutonium,
245 000 ans pour l'uranium 234 et 740 millions d'années pour
l'uranium 235. NTUDA EBODE (J. V.), op. cit., dans Diplomatie
Magazine, Paris, N°26, 2007.
* 269 A. Wade cité
par GARENNES (J.), op.cit., p. 85.
* 270Selon Haas et Adler,
la communauté épistémique renvoie aux groupes d`individus
travaillant sur des sujets partagés dans un but commun de construction
de connaissances essentielles au succès de leurs activités
cognitives. Cf.
http://.docs.google.com,
consulté le 27 septembre 2011.
* 271 Cf. YAMED BECHIR Ben,
Jeune Afrique livres. Les années d'espoir (1960-1979), Paris, Japress,
1989, p.159.
* 272 AYODELE (A.), op.
cit., p. 18.
* 273 Voir le site
http://www.gouv.sn, consulté le
05 mai 2011.
* 274 DOTCHEVI
Pascal, « Ces maux qui rongent l'Afrique », Jeune
Afrique Economie N°313... op.cit., p. 13.
* 275 Propos du
président Abdoulaye Wade repris par DOTCHEVI (P.), op. cit., p. 13.
* 276 A Lomé, le
président Wade promis qu'à cette occasion, le
Sénégal proposera une technique de gestion de la dette sous la
forme d'un Fonds Africain de Management de la dette extérieure qui se
substituera aux Etats qui maintiendront les garanties des dettes qu'ils ont
contractées.
* 277 Aller sur
http://www.gouv.sn/spip.php?article218.
Site consulté le 16 avril 2011.
* 278 Voir le rapport de la
conférence des intellectuels africains et de la diaspora africaine sur
http://ocpa.irmo.hr/ressources/docs/intellectuals_Dakar_Report-fr.pdf
(RAPT/RPT/CAID(I)), consulté le 07 janvier 2011 p. 4.
* 279 A Dakar, beaucoup
d'intellectuels ont déploré la crise de leadership, et surtout la
mauvaise gouvernance qui caractérise de nombreux pays et appelé
à une plus grande rigueur dans la gestion de la chose publique, la
maîtrise des ressources africaines afin d'en faire un meilleur usage. Ce
qui implique la redéfinition du rôle de l'Etat et des
différentes politiques à adopter.
* 280 BATTISTELLA (D.),
Théorie des relations internationales, Paris, PFNSP, 2003, pp.
144-145.
* 281 Cité par
BATTISTELLA (D.), op.cit. p. 145.
* 282 Voir le site
http://www.gouv.sn, consulté le
05 mai 2011
* 283 Voir le quotidien Le
Soleil du 28 Juillet 2009.
* 284 POKAM (H.D.P.),
« Construction de l'Union Africaine et souveraineté
étatique », ...op. cit, p. 1
* 285 Ibid, p. 29.
* 286KNIGHT (W.
A.), op. cit., p. 706.
* 287COX Robert,
cité par SMOUTS Marie-Claude, BATTISTELLA Dario, VENESSON Pascal,
Dictionnaire des relations internationales, op. cit., p. 356.
* 288 Cf. KNIGHT (W.
A.), op. cit., p. 709.
* 289 C'est ce qu'a
proposé Guy Mvelle, dans sa communication sur le sous-thème:
« Fédéralisme et autorité de l'Union : De
la nécessaire émergence d'un espace de gouvernance
panafricain ». Il a par ailleurs relevé que ce gouvernement
devra « favoriser la convergence des intérêts et veiller
à l'équilibre entre le niveau continental et les
territoires ». Lire son article disponible sur
http://www.pambazuka.org/fr/category/features/58736,
site consulté le 17 mars 2011.
* 290 Voir le RAPT/RPT/CAID
(I), op. cit., p. 21.
* 291 Le concept de
« double diaspora africaine » désigne à la
fois les peuples noirs qui vivent hors du continent africain depuis des
siècles du fait de la traite négrière, et les Africains
qui ont volontairement quitté le continent pour des raisons d'ordre
socio-économiques et politique.
* 292 WADE (A.), Un destin
pour l'Afrique...op. cit., p. 75.
* 293 KWAME Nkrumah,
Revolutionary path, Ed. Panaf, 1973, p. 421.
* 294La question de la
reconnaissance de la diaspora comme étant la 6ème
région de l'UA fit l'objet des débats pour la première
fois lors de la première conférence des intellectuels africains
et de la diaspora africaine à Dakar où le principe de sa
consécration fut acquis, avant d'être confirmé par la suite
par l'UA. A l'issue de la Réunion d'experts sur la définition de
la diaspora africaine qui s'est tenue les 11 et 12 avril 2005 à
Addis-Abeba, l'Union africaine définit la Diaspora Africaine comme suit
:"La Diaspora Africaine se compose des peuples d'origine africaine vivant
en dehors du continent, indépendamment de leur nationalité et de
leur citoyenneté et qui sont disposés à contribuer au
développement du continent et à la construction de l'Union
africaine."
* 295 Voir aussi SOUDAN
François, « Au secours ! Les Américains
débarquent... », dans Jeune Afrique N° 2438, du 30
septembre au 6 octobre 2007.
* 296 Voir la clause en
annexe: Africom threatens the sovereignty, independence and stability of the
African continent. A position paper of the National Conference of Black
Lawyers.
* 297 Ibid.
* 298 BARNES Andrew,
«Africans and African Americans : Some historical connections»,
dans southern interdisciplinary roundtable on African studies (SIRAS) and
conference proceedings, Kentucky state university , division of Behavioral and
social sciences, Frankfort, April A2-14- 2007, p. 35.
* 299 Voir GUZZINI Stefano
et RYNNING Sten, « Réalisme et analyse de la politique
étrangère », dans CHARILLON
Frédéric...op. cit., p. 42.
* 300 Le
Sénégal n'a jamais considéré le Maroc comme
étant un Etat externe à l'Union malgré le fait qu'il l'a
quittée depuis novembre 1984 pour la raison que sous avons
déjà évoquée.
* 301 Voir WADE
(A.) « L'Afrique dans le monde »...op. cit., p. 83.
* 302 Ibid, pp. 83-84.
* 303Nous tenons cette
information du journal télévisé de la chaîne
panafricaine Africa24 le 31 décembre 2010.
* 304 Au cours de notre
entretien avec le diplomate sénégalais sus-mentionné, nous
avions souhaité savoir nommément les Etats impliqués dans
cette nouvelle voie. Mais il nous a révélé que c'est nous
qui lui apprenions l'information. Toutefois, au plus profond du secret
entretenu sur cette question, quelques révélations ont
été faites par l'ex-monsieur Afrique du président Wade qui
a présenté une carte sur laquelle outre la Libye et curieusement
le Maroc, figuraient également pour la majorité plusieurs Etats
d'Afrique de l'ouest. Sur cette question, se référer à
Jeune Afrique N°2509 du 8 au 14 février 2009, op. cit. , p. 36.
* 305ROJOT (J.), op. cit.,
p. 328.
* 306 WADE (A.), Un destin
pour l'Afrique, op. cit., p. 169.
* 307SOW Cécile,
« Un président, un monument et une
polémique », dans Jeune Afrique, N° 2535 du 9 au 15
août 2009, p. 31.
* 308 DEFO FOTUE FO, op.
cit., p. 84.
* 309 DEFO FOTUE FO, op.
cit., p. 85.
* 310Ibid, p. 84.
* 311 SOW (C.), op. cit.,
p. 31.
* 312 JERVIS Robert,
cité par JUNG Dietrich, « Le retour de la culture :
l'analyse des politiques étrangères
périphériques ? », dans CHARILLON
Frédéric,..., op. cit., p. 96.
* 313 Dans une perspective
constructiviste, les systèmes culturels ouvrent la voie à une
appréhension nouvelle de la politique étrangère,
articulée autours du constat que les intérêts se
construisent par des processus d'interactions sociales, et que les
décideurs agissent sur la base de représentations soumises
à des influences culturelles et symboliques communes, JUNG (D.),
ibid.
* 314 DUMONT René,
cité par DEUTCHOUA Xavier, « De l'OUA à
l'UA », dans Les Cahiers de Mutations N° 013, juin 2003, p.
3.
* 315 Voir SOW
Cécile, « Renaissance africaine à Dakar », dans
Jeune Afrique N° 2419 du 20 au 26 mai 2007, p. 85.
* 316 SENGHOR
Léopold Sédar, cité par GONIDEC (P.- .F.), op. cit., p.
128.
* 317 Selon cet auteur,
« L'espace énonciatif » renvoie à la
production de préférences, c'est-à-dire la
capacité de produire un « Nous » opposable au reste
du monde. On dira ainsi « Nous les Africains » par
exemple. Voir ZAKI (L.), La lente émergence d'un espace de sens dans le
monde »...op. cit., p. 39.
* 318 Il affirmait à
cet effet qu'il n'existe aucune différence philosophique entre le
président Mbeki et lui. Entretien conduit par ZORGBIBE Charles/BELMESOUS
Hacène, op. cit., p. 15.
* 319 KLOTZ Audie et LYNCH
Cecelia, « Le constructivisme dans la théorie des relations
internationales », dans Critique internationale N° 2- hiver
1999, p. 53.
* 320 Ibid.
* 321 WENDT Alexander,
cité par KLOTZ (A.) et LYNCH(C.), op. cit., p. 53.
* 322 KLOTZ (A.) et
LYNCH(C.), op. cit., p. 61.
* 323 Cf.
http://www.chaire-unesco-bordeaux.fr/, consulté le 13 septembre
2011.
* 324 Voir son discours
prononcé lors de la Session Ministérielle de la Conférence
sur la Grande Muraille Verte le 13 février 2008 sur
http://www.grandemurailleverte.org/, consulté le 13 septembre
2011.
* 325 Entretien avec un
diplomate sénégalais, le 26 avril 2011.
* 326 CHARILLON (F.), op.
cit., p. 401.
* 327 Alexander Wendt
cité par BATTISTELLA (D.), op. cit., p. 282.
* 328 Il s'agit de
l'identité corporative (corporate identity), de l'identité de
rôle (role identity), de l'identité collective (collective
identity) et de l'identité et de l'identité de type (type
identity), cité par BATTISTELLA (D.), op. cit., p. 283.
* 329 CHARILLON (F.), op.
cit., p. 395.
* 330 BATTISTELLA (D.), op.
cit., p. 283.
* 331 Badie Bertrand,
« La crise des organisations internationales ». Voir
http://www.lemonde.fr/,
consulté le 20 décembre 2010.
* 332 Tel est actuellement
l'exemple du couple franco-allemand dans l'Europe des 27 ou encore du
Brésil au sein du Mercosur (Merco Del Sur).
* 333 CHARILLON (F.), op.
cit., p. 403.
* 334 Propos recueillis par
SATOU Yessoufou, voir Jeune Afrique Economie N° 265 du 1er au
14 juin 1998, p. 97.
* 335 En décembre
1988, la responsabilité de Tripoli est établie dans l'explosion
d'un DC-10 d'UTA dans le désert du Niger, qui avait fait 170 morts (88
Africains, 71 Européens et 11 Nord-Américains), ainsi que du
crash d'un Boeing 747 de la Pan Am, au dessus du village écossais de
Lockerbie où 270 personnes périrent. Le 11 mars 1999, la Libye
versera la somme de 2,7 milliards de dollars à titre de
dédommagement aux familles des victimes de l'attentat de Lockerbie.
Convaincu par Mandela, le Guide livrera deux de ses compatriotes
suspectés d'avoir perpétré ces attentats. Soumise à
des sévères sanctions internationales, le retour de Tripoli sur
la scène diplomatique s'est s'amorcé grâce aux Etats
membres de l'OUA qui décidaient de sa normalisation par la levée
de l'embargo. Cette légitimation internationale connaîtra un
succès éclatant avec la foire internationale de Tripoli,
organisée en avril 2000, avant d'atteindre son apogée en mars
2009, date à laquelle Tripoli eut l'honneur d'assurer pour un mois
la présidence tournante du Conseil de Sécurité de l'ONU.
* 336 Selon Onuf,
« les relations sociales font les gens tels qu'ils sont, les
construisent tels les êtres qu'ils sont. Réciproquement, nous
faisons le monde tel qu'il est, à partir des matériaux brutes
fournis par la nature, en faisant ce que nous faisons les uns avec les autres
et en disant ce que nous disons les uns aux
autres », cité par BATTISTELLA (D.), Théories des
relations internationales, op.cit., p. 273.
* 337 CHARILLON (F.),
op.cit., p. 404.
* 338 Malgré le
rejet par la majorité des délégués du document
proposé, il s'était emparé du marteau du président
de séance et à frappé la table en déclarant :
« le document est adopté ». En fait, à la
veille de la réunion, le colonel Kadhafi avait stratégiquement et
gratuitement servi, à jet continu, aux centaines de
délégués du thé, des dattes et des petits
gâteaux. Aussi, avait-il assuré à ces derniers des navettes
gratuites par avion entre Tripoli et Syrte. Ce qui avait naturellement un prix.
* 339 Le 30 juin, la Libye
avait soumis le document imposé par son chef de l'Etat à la
conférence des chefs d'Etat et de gouvernement, tout en leur faisant
croire qu'il émanait des délégués.
* 340 Aux attributions du
conseil de paix et de sécurité proposés par la Libye, ont
été ajoutées « la coordination des positions des
Etats membres de l'Union lors des négociations
internationales » et « la mise en oeuvre de la
politique africaine commune de défense et de sécurité,
ainsi que les stratégies de mobilisation des ressources
nécessaires pour la défense du continent ». Deux autres
postes ont vu leurs compétences s'élargir pour devenir
« secrétaires paix, sécurité, défense
commune, et médiation », puis « secrétaires
affaires politiques et coordination des positions communes dans les domaines
des relations extérieures ».
* 341 On se reportera aux
dossiers brûlants, liés entre autres à la recrudescence des
coups d'Etat armés et institutionnels comme à Madagascar, en
Mauritanie, en Guinée et au Niger, aux conflits frontaliers
soudano-tchadiens et érythréo-éthiopiens et enfin aux
conflits postélectoraux qui perduraient comme en Côte d'Ivoire.
Voir Jeune Afrique N°2529 du 28 juin au 4 juillet 2009, pp. 12-13 /
Jeune Afrique N° 2530 du 05 au 11 juillet 2009, pp. 14-15.
* 342 BATTISTELLA (D.),
« L'intérêt national. Une notion, trois
discours », dans CHARILLON (F.), op. cit., p. 155.
* 343 Wade Abdoulaye,
cité par DIAGNE
Assane, « Me Wade salue
le rôle de Mouammar Kadhafi dans la construction de l'Union
Africaine », Agence de Presse Sénégalaise, jeudi 6
avril 2006. S'adressant à son hôte, invité d'honneur de la
46ème fête de l'indépendance du
Sénégal, Me Wade avait par ailleurs souligné qu'il est
« l'homme de la tradition africaine » et
« l'homme des idées qui mènent l'Afrique en avant
».
* 344 Wendt A., cité
par BATTISTELA (D.), Théories des relations internationales, op. cit.,
p. 279.
* 345 CHARILLON (F.), op.
cit., p. 403.
* 346 Voir BOISBOUVIER
Christophe, « Le cas El-BECHIR », dans Jeune Afrique,
N° 2529 du 28 juin au 4 juillet 2009.p.
* 347 Miguel A. Dacunta
Trovoada, ex-président de São Tomé et Principe avait
été déclaré hors compétition pour
l'élection du président de la commission de l'UA à
Maputo(Mozambique) pour la raison que son pays n'avait pas encore payé
ses cotisations à l'Union, lesquelles représentaient en 2003,
huit années de cotisation soit plus de 1,7 million de FCFA. Lire YAHMED
Ben Béchir : « pour un vrai départ »,
dans Jeune Afrique/L'Intelligent N° 2215 du 22 au 28 juin 2003, p. 4.
* 348 CHARILLON (F.), op.
cit., p. 404.
* 349 East African
Community
* 350 Entretien avec un
diplomate camerounais le 27 avril 2011.
* 351 MCLEOD Alex,
« L'approche constructiviste de la politique
étrangère », dans CHARILLON (F.), La politique
étrangère, op. cit., p. 72.
* 352 A la fin de la
décennie soixante-dix, l'emprise libyenne sur les enjeux politiques
africains étaient devenue considérable. Elle avait réussi
à obtenir d'un grand nombre d'Etats africain comme le Burkina Faso,
qu'ils cessent leurs relations avec Israël, n'hésitant pas à
faire pression sur d'autres en soutenant leurs oppositions armées
à l'exemple du Frolimat d'Abba Siddick au Tchad, afin de contraindre
Ngarta Tombalbaye à rompre avec les Juifs. En quelques années
seulement, Tripoli était devenue la capitale des « rebelles
africains » (Jerry John Rawlings, Museveni, Kabila...) et la Libye a
servi de camp d'entraînement d'oppositions armées à
certains rebelles à l'instar de l'Union Démocratique
républicaine du Mali forte d'environ 7000 combattants susceptibles de
déstabiliser le régime malien.
* 353 Cité par
MARTINEZ (L.), op. cit., p. 117.
* 354 WILGA (M.), op. cit.,
p. 81.
* 355 KNIGHT (W. A.), op.
cit., p. 709.
* 356DEUTSCH Karl
cité par BATTISTELLA (D.), Théories des relations
internationales, op. cit., p. 443.
* 357 WENDT Alexander
cité par BATTISTELLA (D.), op. cit., p. 284.
* 358 Voir son entretien
précité avec ROUAMBA (A.), sur
http://www.rewmi.com/.
* 359 WADE (A.),
«L'Afrique et le monde », op.cit., p. 78.
* 360 Avant l'annonce des
résultats du deuxième tour des élections
présidentielles du 19 avril 2000, le président Abdou Diouf pris
une position courageuse en reconnaissant sa défaite en disant aux
Sénégalais ceci : "Moi, Abdou Diouf, candidat, je sais que j'ai
perdu». Puis au futur président Wade « Je te
félicite parce que tu as gagné».
* 361 CHARILLON (F.), op.
cit., p. 401.
* 362 Dans l'UA tout comme
dans l'UE, il y a une certaine égalité qui est
créée par le Mécanisme de la présidence tournante.
A cet effet, le pays qui assure la direction de l'UA pour la période
d'un an la représente dans les grandes institutions clubistes telles le
G8 ou le G20. Si l'on s'en tient à cette règle, la Guinée
Equatoriale qui assure actuellement cette présidence ira défendre
les politiques de l'Union autant au G8 qu'au G20.
* 363 WADE (A.),
«L'Afrique et le monde», op. cit., p. 78.
* 364 DJUIDJE KOUAM (R.),
op. cit., p. 166.
* 365 CHARILLON (F.), op.
cit, p. 402.
* 366 Abdoulaye Wade
cité par DEDET Joséphine et FOURNIER Vincent,
« Sénégal-Libye. Une journée à
Benghazi », dans Jeune Afrique N° 2631 du 12 au 18 juin 2011, p.
13.
* 367 WENDT Alexander
cité par BATTISTELLA (D.), op.cit., p. 75.
* 368 ROJOT (J.), op. cit.,
p. 219.
* 369 Cité par
BATTISTELLA (D.), op. cit., p. 282.
* 370 BATTISTELLA (D.),
« l'intérêt national. Une notion, trois
discours », op. cit., pp. 151-152.
* 371 WENDT Alexander,
cité par BATTISTELLA (D.), Théories des relations
internationales, op. cit., p. 75.
* 372 A titre de rappel,
les terres arables libyennes sont d'ordre de 2% seulement.
* 373 Il s'agissait de la
Sierra Léone, du Libéria, de la Guinée Conakry et du Mali
* 374 Lire
« Kadhafi roi des rois d'Afrique », dans Jeune
Afrique N°2505 du 11 au 17 janvier 2009, p. 53.
* 375 S'il est vrai que le
projet pharaonique de « Grande rivière souterraine »
ou « artificielle » estimé à 25 milliards de
dollars, et dont l'objectif était de récupérer l'eau
potable du sud aride(bassins de Murzuq, de Kufra, de Sarir...) pour la
côte, a permis la distribution de l'eau dans les grandes villes du
littoral (Tripoli et Benghazi ou Syrte), il faut tout de même relever que
les nappes phréatiques de la Libye s'épuisent assez rapidement.
Au Nord du pays par exemple, l'accroissement exponentiel de la population, puis
de l'activité industrielle et agricole ont augmenté les besoins
des populations en eau. Ce qui a par conséquent
détérioré la qualité de cette eau. Aussi, l'eau
potable est souvent polluée à cause des rencontres souterraines
avec les eaux salées de la méditerranée, qui produisent
un impact négatif sur l'agriculture et les sols, d'où la mauvaise
productivité agraire. Cf. 37 années de travail et de donation,
op. cit., p. 37.
* 376 « No
Independence to a Nation that eats from beyond its borders », 37
années de travail et de donation...op. cit., p.17.
* 377 OTAYEK
René, « La Libye et l'Afrique : assistance
financière et stratégie de puissance », dans Politique
africaine, I (2), mai 1981, p. 77.
* 378 Des 6,1millions des
Libyens, 6 % seulement vivent dans d'autres régions du pays en dehors du
Nord où sont concentrées les grandes villes. Les industries ne
peuvent donc réellement prospérer dans les régions peu
peuplées.
* 379 Voir MEYER (J.-M.) /
LEJEAL (F.), « A coups de pétrodinars », op.
cit., p. 26.
* 380 Ibid.
* 381 Voir le site
Internet
http://www.europe1.fr,
consulté le 31 décembre 2010.
* 382 BATTISTELLA (D.), op.
cit, p. 276.
* 383 DUMONT
Gérard-François et KANTE Seydou, « Le
Sénégal. Une géopolitique exceptionnelle en
Afrique », dans Géostratégiques N° 25, 10/09, p.
128.
* 384 Ibid.
* 385 Pendant la
période coloniale, le Sénégal jouissait du
privilège d'abriter la capitale de l'Afrique Occidentale
Française(AOF). Cela lui a permis de bénéficier des
faveurs du colon français qui y a implanté d'importantes
multinationales, faisant de lui l'un des pays les plus industrialisés de
l'AOF. Entretien avec un diplomate camerounais, op.cit.
* 386 TONRA (B.), op. cit.,
p. 347.
* 387 Voir GHORBAL samy,
« Pourquoi Wade ne fait plus rêver ? », dans
Jeune Afrique l'Intelligent du N° 2337 du 23 au 29 octobre 2005, p.
66.
* 388 ROUAMBA (A),
« A coeur ouvert avec le président Wade », entretien
précité.
* 389 WADE (A.),
« L'Afrique et le monde », op. cit., p. 80.
* 390 Il s'agit du
transport, des Nouvelles technologies de l'information et de la communication
(NTIC), de l'environnement et des télécommunications
* 391 Xinhuanet,
« Construction du chemin de fer Dakar-Bamako : le
président Wade annonce des négociations avec la
Chine », http:// www. malijet.com, consulté le 14 avril
2011.
* 392 Cf. BATTISTELLA
(D.), Théories de relations internationales, op. cit., p. 474.
* 393 Voir DURMONT (G.-.F)
et KANTE (S.), op. cit., p. 120.
* 394 Ibid.
* 395 JUNG (D.), op.
cit., p. 96.
* 396 SOW Cécile,
« renaissance africaine à Dakar », dans Jeune
Afrique, du 20 au 26 mai 2007, N°2419, p. 85.
* 397 THIAM IBA DER,
http://www.ladepechediplomatique.com,
op. cit.
* 398 ROJOT (J.), op. cit.,
p. 217.
* 399 Les mobilisations
socio-politiques dites du « printemps arabe », qui ont
embrasé un bon nombre de pays du Maghreb se sont soldées par une
intervention armée des puissances étrangères en Libye,
provoquant la capitulation de Kadhafi le 22 août 2011. Ceci en vertu de
« L'opération Harmattan » qui y a été
lancée le 19 Mars 2011, suite à la résolution 1973
votée par l'Assemblée générale des
Nations-Unies.
* 400 ROJOT (J.), op. cit.,
p. 335.
* 401 Ibid.
* 402 Ibid.
* 403 Selon
ROJOT, « Un individu peut être dit « en
mauvaise face » quand une information regardant sa valeur sociale est
portée de quelque manière que ce soit qui ne peut être
intégrable, même au prix d'un effort dans la ligne de conduite
soutenue par lui et pour lui (par les autres) ».
* 404 Voir la photo
interprétée par nous, dans Jeune Afrique Economie, N°313,
op. cit., p.13.
* 405 Le président
Kadhafi l'avait refusée pour la raison qu'il pensait qu'il devait
« laisser la place aux autres » et « aider
l'Afrique à réaliser son unité continentale
indépendamment de toute position officielle ».
* 406 GOFFMAN Erving,
cité par ROJOT (J.), op. cit, p. 335.
* 407 Ibid.
* 408 GOFFMAN Erving,
cité par ROJOT (J.), op. cit, p. 336.
* 409 YAHMED Ben
Béchir, « Kadhafi, visage de l'Afrique », dans
Jeune Afrique N°2509 du 8 au 14 février 2009, p. 3.
* 410 Ce complexe,
situé à Ouagadougou 2000 est doté d'une cinquantaine de
boutiques, de bureaux, et restaurants. Il est le plus vaste et sans
équivalent au Burkina Faso. Voir Jeune Afrique N°2474 du 8 au 14
Juin 2008 p. 27.
* 411Lire MEYER
Jean-Michel, « Quand le robinet libyen ne coulera
plus... », dans Jeune Afrique N°2617 du 6 au 12 Mars 2011, p.
27.
* 412 SOUDAN (F.),
« Kaddafi et l'Afrique. Le retour du parrain », op. cit.,
p. 24.
* 413Ibid.
* 414 Ibid.
* 415 Voir Jeune Afrique
N° 2616 du 27 février au 5 mars 2011, p. 28.
* 416 Dans ce pays par
exemple, outre le président Hugo Chavez qui a à plusieurs
reprises dénoncé les exactions des forces de la coalition en
Libye, les populations ont parfois manifesté leur sympathie au colonel
libyen en faisant des marches de soutien.
* 417 DE LA GORCE
Paul-Marie, « Kadhafi et les leçons de l'histoire »,
dans Jeune Afrique N°2037 du 25 au 31 janvier 2000, p. 31.
* 418 ABDALLAH Ben Ali,
« Kadhafi, le bon élève arabe », dans Jeune
Afrique, N°2337 du 23 au 29 octobre 2005, p. 40.
* 419 Le sénateur
américain Richard, déclarait à cet effet
que « Kadhafi nous a fourni en deux jours plus que ce que nous
demandions en vain depuis deux ans à l'Iran », Lire Jeune
Afrique N°2474 du 8 au 14 Juin 2008, op. cit., p. 41.
* 420 Le courant
constructiviste permet d'expliquer cette attitude des puissances occidentales
comme les Etats-Unis par exemple, qui ne cautionnent « la
distribution des armes hors de leurs frontières qu'en fonction des
Etats destinataires. Ils en acclameront la détention par les Anglais
mais en auront peur lorsqu'elles se retrouveront entre les mains des Nord
Coréens et des Iraniens », Cf. LAMBORN (C.A.) et LEPGOLD (J.),
op. cit, p. 46.
* 421 Propos d'Ali Triki,
rapportés par Jeune Afrique N° 2509 du 8 au le 14 février
2009, p. 37.
* 422 DE LA GORCE
Paul-Marie, op. cit., p. 31.
* 423 Pratiquement, tous
les grands leaders politiques du monde occidental ont rendu visite au leader
libyen. Il s'agit de Tony Blair, ex-premier ministre britannique, de
l'intransigeante et ex-secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza
Rice du président du conseil italien, Silvio Berlusconi... Il
était également reçu en grande pompe en France (2007) et
en Italie (2010).
* 424 TALLA Blaise-Pascal,
« Un prophète nommé Kadhafi », dans Jeune
Afrique Economie, NO 372, mars- avril 2008, pp. 82-86.
* 425 Voir le site Internet
http://www.ugb.sn/, consulté le
28 août 2011.
* 426 YERIM SECK
C., « Sommet des crises », dans Jeune Afrique N°2529
du 28 juin au 4 juillet 2009, p.13.
* 427 THIAM IBA DER,
http://www.ladepechediplomatique.com/_a1438.html.,
consulté le 16 avril 2011.
* 428 Cité par
BOISBOUVIER Christophe, « Parfum de guerre froide »,
dans Jeune Afrique, N°2478 du 6 au 12 juillet 2008, p.48.
Discours du président Wade diffusé sur les
antennes de Radio France Internationale le 11 juin 2011.
* 429 Voir OUAZANI
Chérif, « Mugabe-show à Charm el-
Cheikh », dans Jeune Afrique, op. cit., pp. 47- 48.
* 430 Evidemment, le
président Wade se fondait sans doute stricto sensu sur les dispositions
de l'Acte constitutif qui n'a pas inscrit les cas de
« fraudes » électorales dans ses principes, comme
motif d'exclusion d'un Etat de l'organisation tel qu'on l'observe pour des
gouvernements issus d'un coup d'Etat. Voir L'article 4(p) de l'Acte Constitutif
en annexe.
* 431Extrait du discours du
président Wade diffusé sur les antennes de RFI le 9 juin
2011.
* 432 Voir la page 103 de
cette thèse.
* 433Wade Abdoulaye
cité par DEDET (J.) et FOURNIER (V.), dans Jeune Afrique, op. cit., p.
13.
* 434 Voir ladite explication
en note de page no 266 à la page 79.
* 435 JESSIE Jackson fut le
compagnon de lutte de Martin Luther King pour les droits civiques et
l'égalité raciale et par ailleurs premier noir candidat à
une élection présidentielle aux Etats-Unis d'Amérique.
* 436 Il l'a
déclaré lors d'une interview accordée à Africa24 le
11 septembre 2011.
* 437 THIAM IBA DER,
http://www.ladepechediplomatique.com/_a1438.html.,
consulté le 16 avril 2011
* 438 Entretien avec
ROUAMBA (A.), voir http://www.rewmi.com/ op.cit.
* 439 Ce dernier
était accusé d'atteinte à la sécurité de
l'Etat et de détournements de fonds. Se référer à
GHORBAL (S.), op. cit., p. 64.
* 440 Ibid.
* 441 Suite à sa
sortie médiatique subséquente aux vagues de contestation qui ont
émaillé le climat socio-politique sénégalais, le 23
juin 2011, le président Wade avait qualifié son projet soumis
à l'Assemblée Nationale, visant à faire élire un
vice-président, objet de la pomme de discorde,
d' « idée généreuse » et de
« véritable démocratie ». Idée que ne
partagent les jeunes regroupés au sein du Mouvement « Y'EN A
MARE ». Discours au peuple sénégalais le 14 juillet
2011 sur la RTS.
* 442 Entretien avec un
diplomate camerounais, le 27 avril 2011.
* 443 ROJOT (J.), op. cit.,
p. 217.
* 444 WENDT Alexander,
cité par LAMBORN (C.A.) /LEPGOLD (J.), op. cit, p. 46.
* 445 WENDT Alexander,
cité par LAMBORN (C.A.) /LEPGOLD (J.), op. cit, p. 46.
* 446 OTAYEK René,
« Libye et Afrique. Assistance financière et stratégie
de puissance. », op. cit., p. 77.
* 447 Ibid.
* 448 Selon un classement
rendu public par l'hebdomadaire Jeune Afrique, le leader libyen était
parmi ses pairs le numéro1 tant sur les domaines de
notoriété, de rôle diplomatique joué, de puissance
économique que de production des idées. Voir « les 50
personnalités les plus influentes en Afrique », dans Jeune
Afrique N°2607-2608 du 26 décembre 2010 au 8 janvier 2011, p.
40.
* 449 Le président
Nkrumah, par exemple, ignorait son village natal N'Krofoul; Houphouët
mettait le sien, Yamoussoukro, sur la carte du monde. Voir KABA (L.), op. cit.,
p. 105.
* 450 TUNDE Fatundé,
« Kadhafi en ballottage », dans Jeune Afrique Economie
No 313, op. cit., p. 12.
* 451 Outre les deux
premiers sommets fondateurs de l'Union (Syrte I et Syrte II organisés en
1999 et 2001 respectivement), la Libye a également organisé cinq
sommets panafricains à savoir les sommets de Tripoli de 2000 et 2003, le
sommet extraordinaire de Syrte en 2004, la rencontre de Syrte en juillet 2005
et, enfin, la 13ème conférence de l'Union en 2009, une
fois de plus à Syrte. En ce qui concerne cette dernière, elle
était initialement prévue pour être organisée
à Antananarivo (Madagascar). Mais, le coup d'Etat perpétré
le 17 mars 2009 par Andry Rajoelina l'en privera. Président de l'Union
depuis le 2 février 2009, le colonel Kadhafi fera du
« forcing » auprès de l'île Maurice,
candidate elle aussi pour cette organisation afin qu'elle retire sa
candidature. Il y a lieu de rappeler que les trois pays en lice pour
l'organisation de ce sommet étaient entre autres l'Ethiopie, la Libye et
l'île Maurice. Le premier ayant organisé le
12ème sommet, trois mois seulement avant, logiquement, les
Mauriciens devaient être un véritable concurrent pour la Libye.
Cf. http://www.lesoleil du 30 juin 2011, consulté le 2 juillet
2011 et Anonyme, « Kadhafi veut le prochain sommet », dans
Jeune Afrique N°2519 du 19 au 25 avril 2009, p. 9.
* 452 DEUTCHOUA (X.), op.
cit., p. 3.
* 453 AMAÏZO EKOUE
(Y.), cité par DJUIDJE kOUAM (R.), op. cit., p. 120.
* 454 Au
12ème sommet des chefs d'Etat et de gouvernement, elle
revenait normalement à l'Afrique du Nord. Comme c'est la coutume, les
dirigeants de ladite sous-région devaient choisir parmi eux un
président pour l'assurer. Au grand désarroi de quelques pays
d'Afrique australe (Lesotho, Malawi, Botswana, Ouganda...) qui se
sont énergiquement opposés à l'élection de
Kadhafi, ses pairs vont lui concéder ce rôle pour un an.
* 455 YERIM SECK (C.),
«Au secours Kaddafi arrive !», op. cit., p. 34.
* 456 A Maputo, comme lors
de la première session extraordinaire de la conférence de l'UA
tenue à Tripoli en février 2003, et appelée à se
prononcer sur des amendements à l'Acte constitutif proposé par
le pays hôte, les débats ont clairement ressorti les
réticences des Etats membres, petits comme grands, à renforcer et
singulièrement, le statut du président en exercice de l'UA. Ils
avaient refusé d'accéder à la demande du colonel Kadhafi
d'allonger le mandat du président de l'Union, à quatre ans, et
s'en tenant à une formule de compromis prévoyant que
l'élection pour un an était susceptible d'être reconduite.
Voir BOURGI (A.), op. cit., p. 333.
* 457 Malgré le
déploiement de ses équipes dans plusieurs pays membres afin de
convaincre ses pairs de lui permettre de continuer sa royauté sur
l'Afrique, Kadhafi fit face à leur opposition. Lors du
14ème sommet d'Addis-Abeba, suite à la pression des
pays d'Afrique australe qui voulaient « sauver
l'honneur » de l'Union, il pliera l'échine.
* 458 Entretien avec un
diplomate sénégalais, le 26 avril 2011.
* 459 Propos du
président Wade rapportés par SOW (C.), op. cit., p. 31.
* 460 Cf.
http://www.afriscoop.net/journal/,
consulté le 27 août 2011.
* 461 Propos du
président Abdoulaye, repris par le quotidien Walfadjri, du 20
décembre 2009.
* 462 Propos du
président sénégalais rapportés par SOW
(C.), op. cit., p. 31.
* 463 COLETTE Elise,
« Le Kadhafi show n'a pas eu lieu », dans Jeune Afrique
N° 2586 du 1er au 7 août 2010, p. 18.
* 464 En
référence aux présidents Thabo Mbeki et Olusegun Obassanjo
dont les compatriotes semblent dominants dans le projet.
* 465 Cité par DEME
(O.), «Entre espoir et scepticisme. La société civile
et le Mécanisme africain d'évaluation par les pairs »,
dans TAYLOR Bernard (dir.), Perspectives, Ontario, partenariat Afrique Canada,
2005, p. 8.
* 466 FINNEMORE Martha,
cité MCLEOD (A.), op. cit., p. 70.
* 467DEVIN Guillaume,
cité par POKAM (H. D.P.), « Construction de l'Union
Africaine... », op. cit., p. 18.
* 468 Voir ROJOT (J.), op.
cit., p. 220.
* 469 Ibid.
* 470 Il s'agit dans une
large mesure du changement d'identités nationales des Etats membres, de
l'impact des normes sur les processus de prise de décision au niveau
communautaire et national, du processus d'internalisation des buts de
l'intégration, de la socialisation des Etats membres par la
participation directe au processus de l'intégration. Voir WILGA (M.),
op. cit., p. 83.
* 471 Ibid, p. 71.
* 472 Telle est la
définition de la norme selon KATZENSTEIN Peter, cité par
BENDJABALLAH Selma et al, Vers un « constructivisme tempéré
». Le constructivisme et les études européennes. Centre
d'Etudes Européennes, Avril 2008, p. 6.
* 473EL KADHAFI,
cité par AMAÏZO EKOUE Yves, «Faut-il couper le Nigeria en
deux ? », disponible sur afrology.com, consulté le 20
décembre 2011.
* 474Pour séduisante
qu'elle soit, s'il est vrai que la partition du Soudan, comme elle s'est
finalement réalisée, apparaît comme une
« chance » pour les populations négro-africaines du
nouveau Sud-soudan, il n'en demeure pas moins vrai que cela porte un coup de
massue à la construction de l'UA en cours surtout quand on sait que la
rébellion de John Garang qui a lutté dès les débuts
pour cette scission a bénéficié du soutien des grandes
puissances pour des raisons stratégiques. Ce que semble oublier le Guide
libyen. Sur cet élément, voir également OUAZANI
Chérif et GESLIN Jean-Dominique, « Zones sous haute
surveillance », dans Jeune Afrique N°2438 op. cit., p. 29.
* 475 Voir MARTINEZ (L.),
op. cit., p. 121.
* 476 OTAYEK (R.), La
politique africaine de la Libye,... op. cit., p. 29.
* 477 DEUTCHOUA (X.), op.
cit., p. 3.
* 478Cité par DIKWE
FODAMBELE, « Choléra : la Libye offre des
médicaments », dans Cameroun Tribune, 9 septembre 2010, p.
17.
* 479 WILGA (M.), op. cit.,
p. 75.
* 480 Ibid.
* 481 Cf. Afrique
Education, N°114 du 16 au 31août, « L'Union Africaine
tourne au vinaigre pour 250 Burkinabés », 2002, p. 12.
* 482 MAROT Jean- Baptiste
« La Libye refoule encore des Maliens. Etats-Unis d'Afrique version
Kaddafi », dans Jeune Afrique N° 2438 du 30 septembre au 6
octobre 2007 p. 81.
* 483 BOUILLON Sophie,
« Rêves et déboires des immigrés de
l'intérieur », dans Jeune Afrique N° 248 du 14 au 20
septembre 2008, p. 24
* 484 MEYER
Jean-Michel, « La révolution jusqu'au bout »,
dans Jeune Afrique N° 2617 du 6 au 12 mars 2011, p. 28.
* 485 SOUDAN
François, « Kaddafi l'Afrique entre peur et
soulagement », dans Jeune Afrique N° 2617 du 6 au 12 mars 2011,
p. 24.
* 486 WILGA (M.), op. cit.,
p. 84.
* 487 CHRISTOPH James,
cité par WILGA (M.), op. cit., p. 85.
* 488 Nous tenons à
relever que les expulsions des immigrés à l'intérieur du
continent ne sont pas uniquement une caractéristique libyenne et que
cette expérience peut également être observée afin
que l'Afrique construise son Union sur des bases communes.
* 489 WILGA (M.), op.
cit., p. 84.
* 490Il est en ce
moment-là directeur de recherche à l'Institut de Recherche pour
le Développement (IRD), cité par MEYER (J.-M.),
« Cen-Sad, mode d'emploi », op.cit., p. 24.
* 491 Voir le discours du
Guide libyen, op.cit.
* 492 BOISBOUVIER
Christophe et PERDRIX Philippe « Fini le temps de
l'allégeance », dans Jeune Afrique N° 2617 du 6 au 12
mars 2011. p. 25.
* 493 Amadou Toumani
Touré est le président de la République du Mali.
* 494 BOISBOUVIER (C.) et
(P.) op. cit., p. 25.
* 495 Ibid, p. 26.
* 496 Propos tenus par AIL
AL Karti lors du journal télévisé sur les antennes
d'Africa 24 le 28 août 2011.
* 497BALANDIER Georges,
cité par SINDJOUN Luc, L'Etat ailleurs. Entre noyau dur et case vide,
Paris, Economica, 2002, p. 78.
* 498Voir YERIM SECK (C.),
« Au secours, Kadhafi arrive ! », op. cit., pp.
34-36.
* 499Propos tenus par le
président Wade lors de l'interview accordée à Africa24 le
11 septembre 2011.
* 500 Ibid.
* 501 Le
Sénégal est l'un des rares pays ouest-africain n'ayant jamais
connu de coup d'Etat en 51 ans d'indépendance.
* 502Découverte et
occupée successivement par les Portugais, les Anglais et les
Français, la région de la Casamance, séparée d'une
grande partie du reste du territoire du Sénégal par un
État étranger, la Gambie, occupe la partie méridionale du
Sénégal. Initialement constituée d'une seule entité
depuis l'indépendance du Sénégal en 1960, elle a
été divisée à partir de 1984, en deux
régions : la région de Kolda d'une superficie de 21 011 km2
estimée à 932 014 habitants et celle de Ziguinchor d'une
superficie de 7 300 km2 avec une population de 517 141 habitants. Pour beaucoup
de Casamançais, il s'agit d'une stratégie du
« gouvernement sénégalais » qui vise à
les diviser afin de les rendre plus faibles.
* 503DUMONT (G.-F.) et
KANTE (S.), op. cit., p. 124.
* 504Parmi les
événements qui ont contribué au pourrissement de la crise
casamançaise, on peut citer entre autres la sévère
répression par les forces de l'ordre sénégalaises de la
marche indépendantiste de 1982 à Ziguinchor sur la gouvernance,
la grève des lycéens ayant abouti à la mort de
l'élève Idrissa Sagna, tué par la balle d'un policier,
l'arrestation de l'abbé Diamacoune Senghor condamné à cinq
ans de prison ferme, etc. Pour approfondir, Lire BOUCOUNTA Diallo, La crise
casamançaise : Problématique et voies de solutions, L'Harmattan,
2009,154 p. ; MARUT Jean-Claude,« Le problème
casamançais est-il soluble dans l'Etat- nation ?»,
http://www.cean.pdf
,
consulté le 18 juillet 2011.
* 505 AMAÏZO EKOUE
(Y.), De l'économie de l'insécurité à
l'économie durable », dans Afrique Education, op. cit., p.
20.
* 506 En 1990, d'importants
affrontements, causant environ 150 morts, opposent l'armée
sénégalaise et les séparatistes. Puis, le 31 mai 1991,
d'autres heurts ont encore lieu. En 2011, le nombre de morts suite aux
affrontements est estimé à près de 800 personnes. Lire
respectivement MARUT (J.-C.), op. cit., p. 125, et CARAYOL Rémy,
« Casamance. De guerre lasse », dans Jeune Afrique, N°
2642 du 28 août au 3 septembre 2011, p. 37.
* 507La Gambie par exemple
n'a pas toujours été tranquille avec une Casamance instable. En
1994, 1996, et 1999, elle a été confrontée à des
menées subversives venues de cette région du
Sénégal. Voir FALL Elimane, « Quand la Casamance se
prend à réfléchir », dans Jeune Afrique Economie
N° 291 du 12 juillet au 1er août 1999, p. 89.
* 508 FAYE Mamadou
M., « Mes vérités sur la crise
casamançaise », http://www.walf.sn/, consulté le
18 juillet 2011.
* 509 MARUT (J.-C.), op.
cit., p. 3.
* 510 FALL (E.),
« Quand la Casamance se prend à
réfléchir », op. cit., p. 88
* 511 Propos recueillis par
SANE Idrissa Benjamin, voir le site
http://www.popxibaar.com
/, consulté le 18 Juillet 2011.
* 512 Il convient de
signaler aussi que le soulèvement dans cette région a eu, au
début, l'air d'une croisade. C'est après la démission de
Léopold Sédar Senghor en 1982, président catholique,
auquel succéda Abdou Diouf, musulman, que l'abbé Diamacoune
Senghor se portera à la tête d'un mouvement armé. Les
premières victimes de cette insurrection meurtrière furent
d'ailleurs des imams de mosquées.
* 513 Outre la crise qui
décourage les investisseurs dans cette région, il faut noter
qu'en plus des usines de pêche qui ont fermé les portes, la
Casamance qui produisait 200.000 tonnes de riz en 1982 en fait deux fois moins
aujourd'hui. Cf. CARAYOL (R.), op. cit. p. 37.
* 514 SMOUTS (M-C.),
cité par TAGLIONI François, La régionalisation : un
processus mondial, p.3. Disponible sur
http://www.scribd.com/doc/54687495/2/,
consulté le 18 juillet 2011.
* 515 TAGLIONI (F.), op.
cit., p. 3.
* 516 TSHIYEMBE (M.) parle
ainsi de la reconstitution de l'Afrique en référence à sa
balkanisation qui a été instituée depuis la
conférence de Berlin entre1884-1885, op. cit., p. 53.
* 517 Le panafricanisme
minimaliste est une stratégie de statu quo ante, fondée sur le
droit inaliénable de chaque Etat à une existence
indépendante. Son mot d'ordre est l'intangibilité des
frontières héritées de la colonisation et son principe est
le respect de la souveraineté et la non-ingérence dans les
affaires intérieures des Etats. Voir TSHIYEMBE (M.)
précité, p. 55.
* 518 Cette idée
avait été lancée dès 1906 par Pixley Ka Isaka
Seme, l'un des pères fondateurs de l'ANC, suivi par beaucoup d'autres
intellectuels et leaders noirs à savoir Kwame Nkrumah, W E.B Dubois,
Cheikh Anta Diop, Julius Nyerere, Sékou Toure et Kenneth Kaunda .
* 519 CROUZEL Ivan,
« la renaissance africaine » un discours
sud-africain ? dans politique africaine, N° 77, mars 2000, p.
171.
* 520 Ibid., p. 172.
* 521 La renaissance
africaine de Mbeki revendique le retour à la culture africaine. Lors de
sa présidence de l'Union, il fit de la réhabilitation du
patrimoine culturel africain l'une de ses priorités majeures.
« L'opération Tombouctou » initiée par la
présidence sud africaine constituera le premier projet officiel
culturel du NEPAD dans les efforts de conservation des manuscrits de
Tombouctou qui remettent en question la vision historique conventionnelle d'une
histoire africaine reposant uniquement sur des sources orales. GUMEDE William,
Thabo Mbeki et la Renaissance africaine, disponible sur
www.africulture.com,
visité le 2 décembre 2010.
* 522 GUMEDE (W.),
www.africulture.com,
visité le 2 décembre 2010.
* 523 Selon cette analyse,
la période de décolonisation serait le premier moment
et la transition démocratique, le second.
* 524 Ce concept fut
développé par le cardinal Desmond Tutu, architecte de la
commission nationale vérité et réconciliation dont
l'objectif était de panser les plaies de l'apartheid, pour magnifier le
caractère multiracial et paisible de l'Afrique du Sud.
* 525 THABO MBEKI,
« La renaissance panafricaine », juillet 2006 disponible sur
www.africamaat.com,
Visité le 2 décembre 2010.
* 526 Sur cet aspect par
exemple, l'Afrique du Sud s'est beaucoup investie dans les efforts de
médiation et de maintien de la paix sur le continent. Ainsi, quand le
président Mbeki tentait de résoudre le conflit ivoirien, il
estimait que le président français Jacques Chirac, ne devait
intervenir qu'en soutien et seulement à la demande des Ivoiriens. Il en
est de même pour la crise politique malgache où le
président de la commission de l'UA Jean Ping entra en désaccord
avec Mbeki qui le soupçonnait de vouloir introduire la France dans les
affaires internes de Madagascar. De même, on a pu percevoir le
mécontentement du président Jacob Zuma qui s'est volé la
vedette dans la crise libyenne. Alors qu'il essayait de prôner la
médiation, l'Occident ne ménageait pas sa force armée.
* 527 Cette nouvelle
politique macro-économique est dévoilée en 1996 : le
Growth Employment and Redistribution (GEAR) se fixe comme objectifs une
croissance annuelle de 10% des exportations de produits manufacturés et
une augmentation de 36% des échanges commerciaux avec l'Afrique. Elle
vise par ailleurs à rétablir l'équilibre rompu depuis la
colonisation et l'apartheid institué par la minorité blanche
notamment en privilégiant les Noirs dans le monde du travail.
* 528 JAN Smuts,
cité par CROUZEL (I.), op. cit., pp. 175-176.
* 529Son obsession sur la
question du Sida l'a en partie aveuglé, le conduisant dans une impasse
à concevoir une conspiration occidentale derrière la propagation
de la pandémie et à délaisser le traitement de la
maladie. Les conséquences en ont été désastreuses
pour de nombreux Sud-Africains malades et pour lui-même en tant que homme
politique. C'est suite à de nombreuses critiques qu'il finira par
décider de ne plus aborder la question en public, et un programme de
distribution d'antirétroviraux gratuits verra le jour en 2004.Voir
GUMEDE (W.), op.cit. ; SAVARIAUD Stéphanie, « Espoirs et
déceptions de la renaissance africaine », disponible sur le
site www.RFI.fr/Afrique, 16/04/2004, visité le 2 décembre
2010.
* 530Il a nommé de
nombreuses femmes à des positions élevées, y compris
Nkozona Dlaminizuma en tant que ministre des affaires étrangères
dans un domaine qui est traditionnellement perçu par les moeurs
politiques machistes de l'Afrique comme une chasse gardée des hommes.
Voir TRAIY-KONE Philippe, « Les hommes de Thabo Mbeki »,
Jeune Afrique Economie N°291 du 12 juillet au 1er août
1999, pp. 94-95.
* 531 GUMEDE (W.),
www.africulture.com,
visité le 2 décembre 2010.
* 532 POKAM (H.D.P.), op.
cit, p. 114.
* 533 Dans son objectif
d'exporter son slogan d'« African solutions to African
problems » et d'en finir avec les mouvements de libération en
Afrique, le président Mbeki s'est démené à
convaincre l'irascible Robert Mugabe et la frange radicale du Zanu. PF de
s'allier au principal parti d'opposition, le mouvement pour le changement
démocratique, au sein du gouvernement d'unité nationale. De
même, en Angola, les pressions sud-africaines pour que le parti au
pouvoir s'associe à l'UNITA de feu Jonas Savimbi n'ont fait que nourrir
le ressentiment des élites dirigeantes de ce pays. D'où une
hostilité presque ouverte entre les deux pays. Cf. GUMEDE (W.),
www.africulture.com,
visité le 2 décembre 2010.
* 534 DJUIDJE KOUAM (R.),
op.cit., p. 22.
* 535 Un des facteurs
majeurs qui a permis au président Mbéki de surmonter les
réticences de ses pairs a été son alliance avec le Nigeria
d'Obassanjo. Etant donné la taille et l'importance de ce pays sur le
continent, qui fait figure de seconde puissance continentale justement
après l'Afrique du Sud.
* 536 Roche (J-J.), op.
cit, p. 96.
* 537 Ibid.
* 538SULE Y. M.,
cité par KABA (L.), op. cit., p. 130.
* 539 Ibid.
* 540 GONIDEC Pierre
François, Relations Internationales africaines, éd, EJA, LGDJ,
1996, Paris, p. 106.
* 541Voir KAFUKA RUJAMIZI
(J.), « Unité africaine. Slogan ou
nécessité ?», op. cit., p. 147
* 542Pakalitha Mosisili,
cité par KAFUKA RUJAMIZI (J.), op. cit., p. 147.
* 543 MUSEVENI Yoweri,
cité par KAFAKU RUJAMIZI (J.), op. cit., p. 147.
* 544 Voir YERIM SECK (C.),
« Au secours, Kadhafi arrive!», op. cit, p. 36.
* 545 Voir son interview
accordée à OUSMANE (A.), dans Jeune Afrique Economie, N°
313, op.cit., p. 14.
* 546 ALCINDA ABREU,
cité par POKAM (H.D.P.), op. cit., p. 26.
* 547Cf. HELLY (D), op.
cit., pp. 44-45.
* 548 Il constate
que, alliées aux organisations sous-régionales comme la SADC
ou la CEDEAO, elle est intervenue avec succès dans l'endiguement de
certaines crises en Afrique. Voir BADIE Bertrand.,
http://www.lemonde.fr/, consulté le 20 décembre 2010.
* 549 Le président
Obanssanjo déclarait sur cette question que « la CEDEAO
représente le cadre privilégié pour l'élaboration
des solutions ». Interview accordée à
Géopolitique africaine N°1..., op.cit, p. 44.
* 550 Voir DIOP ANTA
Cheikh, Les fondements culturels techniques et industriels d'un futur Etat
fédéral d'Afrique noire, Paris, Présence Africaine, 1960,
p. 29.
* 551 BADIE (B.), Un monde
sans souveraineté, op. cit., p. 8.
* 552
BATTISTELLA (D.), « L'intérêt national. Une notion,
trois discours », op. cit., p. 144.
* 553 WOLFERS Arnold,
cité par BATTISTELLA (D.), ibid, p. 145.
* 554 HELLY (D.), op. cit.,
p. 59.
* 555 HELLY (D.), op. cit.,
p. 61.
* 556 Pour en
écarter l'Afrique du sud, le Nigeria est allé jusqu'à
révéler qu'il n'est pas un « vrai pays
africain » Voir NTUDA EBODE Joseph -Vincent,
« Structuration de la puissance continentale : l'Afrique
occidentale hors-jeux ? », dans magazine Diplomatie. Un autre
regard sur le monde, N°12, juin-juillet 2010 sur
http://www.diplomatie-presse.com/?p=1113,
consulté le 01 juillet 2011.
* 557 BADIE (B.),
http://www.lemonde.fr/, consulté le 20 décembre 2010.
* 558 Omar Bongo,
cité par DJUIDJE KOUAM, (R.), op. cit., p. 123.
* 559 Indépendant le
9 février 1990 après plusieurs années de guérilla
contre l'administration sud-africaine, cf. The World Almanach and book of
facts, op. cit., p. 803.
* 560 Indépendant le
25 juin 1975 après 10 années de guerres acerbes contre le colon
portugais, ibid, p. 802.
* 561 Indépendant le
18 avril 1980, ibid, p. 839.
* 562 TONRA (B.), op. cit.,
p. 348.
* 563 BADIE (B.),
« La crise des organisations régionales », sur
http://www.lemonde.fr/, visité le 20 décembre 2010.
* 564 TSHIYEMBE (M.), op.
cit, p. 54.
* 565 POUGALA (J.),
http: //blogs.mediapart.fr/blog/fxavier/, précité.
* 566 Wade (A), Un destin
pour l'Afrique..., op. cit, p.17.
* 567 Au terme de la
rencontre des ministres africains des finances à Yaoundé, avait
été adopté le projet de protocole relatif à la
création du Fonds Monétaire Africain (FMA). Ils ont
également fixé son capital à 42,68 milliards de dollars,
soit environ 22244 milliards de francs Cfa. Voir DJOYUM Beaugas-Orain,
« Fonds monétaire africain : les premières
fondations à Yaoundé », Le Jour du 20 décembre
2010 disponible sur
http://www.africapresse.com/economie/,
consulté le 8 janvier 2010
* 568 Cf. DJOYUM
Beaugas-Orain, « Fonds monétaire africain : les
premières fondations à Yaoundé », Le Jour du 20
décembre 2010 disponible sur
http://www.africapresse.com/economie/,
consulté le 8 janvier 2010.
* 569 ESSIMI MENYE,
cité par DJOYUM (B.-O.), op. cit.
* 570 On a pu observer des
désaccords entre les différents Etats membres de l'OTAN
engagés dans cette guerre. La Norvège ayant plié 4 mois
après, l'Italie menaçant d'abandonner l'opération
« Protecteur unifié », d'autres menaçant
même de déposer les armes si les « grands » ne
la financent pas. La France n'étant pas matériellement capable de
se donner les moyens de sa politique expansionniste, c'est finalement
l'Allemagne au départ réticente face à cette intervention
qui a déboursé la somme de 100 millions d'euros pour
épauler les rebelles libyens déterminés à en
découdre avec le régime de Tripoli.
* 571 En
réalité, tout Etat souverain ne dispose que d'une seule
armée légitime et une fois que des populations civiles
s'attaquent à ce dernier manu militari, il devient impensable pour cet
Etat de les considérer davantage comme telles.
* 572 DAVID
Charles-Philippe, « La mondialisation de la sécurité :
espoir ou leurre ? », dans Annuaire Français des Relations
Internationales, vol. III 2002, p. 108.
* 573 COUDURIER Hubert,
Rédacteur en chef de l'info. Le Télégramme, sur les
antennes de France24 le 15 juillet 2011.
* 574 Wade (A.) Un destin
pour l'Afrique...op. cit., p. 120.
* 575 TAGLIONI (F.), op.
cit., p. 46.
* 576 Propos de NTUDA EBODE
(J-V.), interviewé par MVOGO (R.), op. cit., p. 30.
* 577 NDAYWEL E
Nziem (I), op. cit., p. 275.
* 578WADE Abdoulaye,
cité par JENKINS Sarah, « Les quatre chefs d'Etat qui ont
compté », dans Jeune Afrique Economie, N°379, mars-avril
2010, p. 58.
* 579NTUDA EBODE (J-V),
interviewé par MVOGO (R.), op. cit., p. 30.
* 580Hormis l'Afrique du
Sud 8,25%, et le Nigeria 8,25% qui sont parmi les plus grand contributeurs,
les pays du Maghreb contribuent au budget de l'UA à hauteur de 7,25%
pour l'Algérie, 8,75% pour l'Egypte, 6,89% pour la Tunisie, 8,25% pour
la Libye et enfin 0,75% pour le Maroc. Cf. BIA Barthelemy, cité par
Essono (E.-G.), op. cit., pp. 102-103.
* 581 TAGLIONI (F.), op.
cit., p. 161.
* 582 Ibid.
* 583 Cité par
TAGLIONI (F.), op. cit., p. 161.
* 584 EDEM KODJO,
cité par NZIEM E NDAYWEL (I.), op. cit., p. 276.
* 585SIDHOUM-RACHAL Djohar
« Le Sahara n'est pas une frontière : identité
africaine, racialisation et hiérarchisation », dans BA KONARE
(A.) (dir.), Petit précis de remise à niveau sur l'histoire
africaine à l'usage du président Sarkozy, op. cit., p. 292.
* 586 Ali Salem Triki
cité par AYODELE (A.), op.cit., p.15.
* 587 KAMTO Maurice (dir.),
L'Afrique dans un monde en mutation. Dynamiques internes ; marginalisation
internationale ?, op. cit., p. 253.
* 588 BATTISTELLA (D.),
cité par POKAM (H.D.P.), « L'Afrique et les jeux
olympiques.. », op. cit., p. 306.
* 589 BARNET(M.),
cité par POKAM (H.D.P.), ibid.
* 590 WENDT (A.),
cité par LAMBORN C. (A.) /LEPGOLD (J.), op. cit., p. 46.
* 591 Il affirmait en
substance que les colons pour être sûrs que leurs
hégémonie sur le continent ne cessera pas, ils feront tout pour
combattre chez les masses africaines la volonté croissante
d'unité. Cf. NKRUMAH Kwame, L'Afrique doit s'unir, Paris,
Présence Africaine, 1994, p.15.
* 592 Au moment où
il fallut par exemple mettre sur pied l'Autorité de l'Union au sein de
laquelle les commissaires devaient se muer non plus en Ministres comme le
réclamait la Cen-Sad, mais en Secrétaires, les présidents
Museveni, Zenawi et le président intérimaire sud-africain Kgalema
Montelanthé exigèrent que cela passe préalablement par de
nouvelles ratifications au niveau des parlements nationaux. Ceci contrairement
aux conclusions du Conseil exécutif d'Addis-Abeba de 2006 qui excluait
cette hypothèse.
* 593 ELIAS Norbert,
Qu'est-ce que la sociologie?, Paris, Ed. de l'Aube, 1991, p.169.