Les analyses et les conclusions de ce travail
d'étudiant n'engagent que la responsabilité de son auteur et non
celle d'AGROCAMPUS OUEST
Année universitaire : 2014-2015 Mémoire de
Fin d'Études
Spécialité:
Développement Agricole et Rural au Sud (DARS)
Spécialisation:
Marchés, Organisation, Qualité, Services dans les
Agricultures du Sud (MOQUAS)
Quels sont les effets du Programme de Transfert de
Technologie aux Agriculteurs sur les fournisseurs de
biens et services agricoles et leur offre dans des
communes du Nord et du Nord Est d'Haïti ?
Par : Bruno PECH
Soutenu à Montpellier le 27 octobre
2015
Devant le jury composé de :
Président : Elisabeth RASSE-MERCAT, IRC Autres membres du
jury
Maître de stage : Bruno JACQUET, BID Michel BROCHET,
retraité
Enseignant référent : Christian BARANGER, IRC
Banque Interaméricaine de Développement
2015
Mémoire de fin d'études
Présenté pour l'obtention du diplôme
d'ingénieur agronome, option Développement Agricole Rural au Sud
(DARS), parcours Marchés, Organisations, Qualités et Services
dans les Agricultures du Sud (MOQUAS)
Quels sont les effets du Programme de Transfert de
Technologies aux Agriculteurs sur les fournisseurs de
biens et services agricoles et leur offre dans des
communes du Nord et du Nord Est d Haïti ?
par Bruno PECH
3
Mémoire de fin d'études
Présenté pour l'obtention du
diplôme d'ingénieur agronome, option Développement
Agricole Rural au Sud (DARS), parcours Marchés, Organisations,
Qualités et Services dans les Agricultures du
Sud (MOQUAS)
Quels sont les effets du Programme de
Transfert de Technologies aux Agriculteurs
sur les fournisseurs de biens et services
agricoles et leur offre dans des communes
du Nord et du Nord Est d Haïti?
par Bruno PECH
Octobre 2015
Mémoire préparé sous la direction
de : Christian BARANGER (IRC) Maître de stage Bruno
JACQUET
Membres du jury
Elisabeth RASSE-MERCAT (IRC) Bruno Jacquet
(BID) Christian BARANGER (IRC) Michel BROCHET (consultant)
Organisme d'accueil : Banque Interaméricaine de
Développement
4
RESUME
Dans le cadre de la réforme de l'appui au secteur
agricole, voulue par l'état haïtien, la Banque
Interaméricaine de Développement finance le Programme de
Transfert de Technologie dans les départements du Nord et du Nord Est
d'Haïti (PTTA). Ce programme se base sur l'utilisation de coupons «
vouchers » correspondant à des subventions adaptées à
chaque agriculteur participant. En échange de ces coupons, les
bénéficiaires reçoivent des biens et services agricoles
auprès de fournisseurs agréés. Le but de cette
étude est de comprendre si les actions menées dans le cadre du
PTTA permettent de développer une offre de biens et services durable.
Dans cet objectif, l'évaluation des composantes
économique, technique, juridique, organisationnelle, environnementale et
sociale de la durabilité permet d'analyser les contraintes au
développement et proposer des actions de renforcement des fournisseurs
de biens et services agricoles.
En l'absence d'appui financier officiel, les fournisseurs ont
recours massivement à l'usure ou à des emprunts inadaptés
qui impactent fortement leurs finances et limitent leur capacité
d'investissement. Pour être adaptée aux besoins des producteurs,
l'offre de service doit également être renforcée
techniquement. Des fournisseurs déjà présents avant le
programme ont été renforcés et d'autres émergent,
mais des outils sont nécessaire pour consolider l'offre de biens et
services dans un objectif de durabilité. La constitution d'un fond de
garantie et la mise en place d'un système d'accompagnement des
fournisseurs font partie des pistes explorées.
Mots clés
Haïti, Programme de Transfert de Technologies aux
Agriculteurs, analyse de la durabilité, fournisseurs de biens et
services, renforcement de l'offre de biens et services agricoles
5
ABSTRACT
Which effects on agricultural goods and services suppliers
does the Transfer Technology Program to smallholder's farmers have in North and
North-Eastern Haiti?
Agriculture is essential for the Haitian economy. Over 66% of
employment in rural areas is linked with agricultural production while 59% of
the rural population lives with less than 1 USD$ per day (MARNDR-PNIA, 2010).
The InterAmerican Development Bank (IADB) gives support to the Haitian
Agriculture Ministry (MARNDR) in order to strengthen smallholder's farmers in
the North and North Earthen Departments. Through targeted subsidies on special
crops and farming techniques, the «Technology Transfer to Small
Farmers» program is providing non-reimbursable financial support for
eligible farmers. The «smart subsidy» scheme includes the
participation of the private sector involved as «agro-dealers»
or «agro-suppliers». Those agro-suppliers must
provide agricultural services for the program beneficiaries although being
able to pursue the services delivery after the program.
The aim of this study is to assess the sustainability of
agro-suppliers in order to suggest enhancements during the program as well as
helping IADB developing tools for medium and long-run sustainability. The
assessment is implemented through an analytical framework considering various
pillars of sustainability. The study shows that many agro-suppliers are able to
supply some goods and services subsidized by the program, but without financial
and technical support, the goods and services offer risk to disappear after the
project or to go back to its baseline. Most of agro-suppliers use formal or
informal credit with high rates in both cases and inappropriate line of credits
which results in weak economic efficiency. The technical skills are linked with
local technicians and suppliers need more training to add a real value to their
practices.
A credit guarantee fund would be an interesting option to give
credit access to agro-suppliers. Moreover other tools could be implemented to
ensure that the effects of the program pursue after its closure.
Key words
Agro-dealers, suppliers, agricultural goods and services,
sustainability, Interamerican Development Bank, Haiti, PTTA, Technology
Transfer to Small Farmers» program
6
Remerciements
Je tiens à remercier l'ensemble des personnes
enquêtées : agriculteurs, entrepreneurs, fournisseurs, cadres des
OPS et du Ministère cadres pour leur patience, leur disponibilité
et leur coopération au travail de mémoire.
Merci
À James Merrinvil, mon binôme, sans qui ce travail
n'aurait pu aboutir. A Manon et Xuan pour l'aventure vécue ensemble.
Aux familles Pregina et Boullin pour leur accueil et la
leçon de vie.
À Christian Baranger qui a su m'accompagner tout au long
du mémoire et sans qui je n'aurai pu avancer.
À Bruno Jacquet pour cette opportunité de stage,
ses conseils et son suivi au cours du travail. À Elisabeth
Rasse-Mercat.
À Apolline Gamet pour la relecture, les conseils et son
aide au retour !
À la chorale de Fort Saint Michel du Cap Haïtien,
notamment Patrick et Mackenson, Mesi anpil pou tout bèl bagay ke nou te
fe ansamn !
A mes grands-parents, pour leur présence à mes
côtés et pour les valeurs qu'ils défendent.
A tout ceux que je ne cite pas ici mais que je n'oublie pas...
7
Glossaire
Carreau : unité de surface, un carreau
correspond à 1.29 ha
Extensioniste : agriculteur membre d'une
coopérative formé pour accompagner techniquement d'autres
membres
Global Agriculture and Food Security Program
:programme de financement multilatéral administré par la
Banque Mondiale)
Gobelet : sous-unité de mesure, une
marmite correspond à 5 ou 7 gobelets
Kombite : groupe de travail assurant des
tâches agricoles en l'échange de nourriture ou d'une aide pour
d'autres travaux agricoles
Manuel d'incitation : document
rédigé par le Ministère de l'Agriculture des Ressources
Naturelles et du Développement Rural Haïtien pour capitaliser les
leçons tirées des programmes pilotes d'incitation par la demande
et proposer des règles de mise en place de ces programmes.
Marmite : unité de mesure, une marmite
frappée correspond environ à 3kg de céréales
(variation selon les communes)
Plan d'ajustement structurel : mesure de
politique économique qui vise à améliorer le
fonctionnement économique d'un pays
Rampono : groupe de travail assurant des
tâches agricoles en l'échange d'argent ou d'une aide pour d'autres
travaux agricoles
Scolyte : insecte ravageur du café
Talet : unité de surface utilisée
dans le Nord-Est, 1 talet est un seizième de carreau
Trouaison : technique de plantation d'arbustes
et de plants qui cherche à faciliter l'accumulation d'eau et de
matière organique au niveau des racines du jeune plant
Zone agro écologique : zone
homogène du point de vue de la géomorphologie, du climat, des
caractéristiques de sol et caractérisée par une
combinaison de contraintes et de potentiels pour l'exploitation des terres
(FAO)
8
Liste des abréviations
BAC : bureau agricole communal
BID : Banque Interaméricaine de Développement
BM : Banque Mondiale
FECCANO : Fédération des Coopératives
Cacaoyères du Nord d'Haïti
GAFSP : Global Agriculture and Food Security Program
MARNDR : Ministère de l'Agriculture des Ressources
Naturelles et du Développement Rural
OPS : Opérateur de Service
PMDN : Programme de Mitigation des Désastres Naturels
PTTA : Programme de Transfert de Technologies aux Agriculteurs
RECOCARNO : Réseau des Coopératives
Caféières de la Région Nord
RESEPAG 2 : projet de Renforcement des Services Publics Agricoles
du Ministère de l`Agriculture, des Ressources Naturelles et du
Développement Rural, deuxième volet
9
Sommaire
1. Introduction 16
2. Haïti : un pays des Caraïbes lié
à l'agriculture 17
2.1. Un pays de montagnes 17
2.2. Lié à l'agriculture 17
2.3. Le Programme de Transfert de Technologie aux
Agriculteurs : un programme de
relance de la production agricole dans le cadre d'une
réforme de l'état haïtien 19
2.3.1. Le PTTA s'inscrit dans une réforme de
l'appui au secteur agricole 19
2.3.2. Le programme PTTA a pour objectif d'augmenter
durablement la production agricole en lien avec l'émergence d'un
marché des biens et services structuré par des
fournisseurs. 21
2.3.3. La mise en oeuvre du programme est
réalisée par un ensemble d'acteurs
interdépendants 21
3. Problématique et méthodologie de
travail 23
3.1. Formulation de la problématique
23
3.2. Les questions et hypothèses liées
25
3.3. Méthodologie 26
3.3.1. Etapes de travail et résultats
26
3.3.2. Limites de l'étude 28
4. Quels biens et services choisis et pour quelles zones
? 29
4.1. Un choix de subventions effectué par des
groupes de producteurs et de
fournisseurs.. 29
4.2. Les variations dans la mise en oeuvre du programme
entrainent une première
différenciation des fournisseurs 29
4.3. Quels biens et services dans les zones
d'étude ? 30
5. Les zones forestières 31
5.1. Dondon 31
10
5.1.1. Une commune liée à la production
caféiere 31
5.1.2. L'offre de biens et services est assurée
entre agriculteurs et par les coopératives
avant le PTTA 32
5.1.3. Le PTTA renforce les coopératives et
favorise l'émergence de nouveaux
fournisseurs locaux 33
5.1.4. Les structures non retenues approvisionnent les
fournisseurs en plantules 41
5.2. Milot 42
5.2.1. Présentation de la commune 42
5.2.2. L'offre de biens et services est assurée
essentiellement entre agriculteurs avant
le PTTA.. 42
5.2.3. L'offre en biens et services est assurée
principalement par des fournisseurs
extérieurs à Milot pendant le PTTA
44
5.2.4. Des techniques maitrisées par les
pépiniéristes du Cap et les techniciens locaux .
49
5.2.5. Structures non retenues 50
5.3. Durabilité des fournisseurs en zones
agroforestières 51
5.3.1. Rappel du contexte 51
5.3.2. Durabilité économique 51
5.3.3. Durabilité environnementale 52
5.3.4. Durabilité sociale 52
5.3.5. Durabilité juridique 52
5.3.6. Durabilité organisationnelle 53
5.3.7. Durabilité technique 53
5.3.8. Quels fournisseurs après le PTTA ?
55
6. Les zones irriguées 56
6.1. Saint Raphaël 56
6.1.1. Présentation de la commune 56
6.1.2. Des services assurés entre agriculteurs et
des biens vendus par une diversité
d'acteurs avant le PTTA 56
6.1.3. Les biens et services subventionnés par le
PTTA ne sont pas délivrés par les
fournisseurs présents avant le programme
58
11
6.1.4. Les structures non retenues : acteurs clés
de l'approvisionnement des
fournisseurs officiels 65
6.2. Le Nord Est rizicole 66
6.2.1. Des périmètres irrigués
spécialisés dans la culture du riz et en manque
d'infrastructures de gestion de l'eau 66
6.2.2. Une offre de biens et services préexistante
au programme PTTA et une expertise
technique apportée par la République
Dominicaine 67
6.2.3. Les intrants ont été vendus
principalement par des boutiques spécialisés et
l'offre de services a été modifiée
par le PTTA 69
6.2.4. Les structures non retenues 75
6.3. Durabilité des fournisseurs en zones
irriguées 77
6.3.1. Rappel du contexte 77
6.3.2. Durabilité économique : des
stratégies économiques basées sur l'emprunt et
dépendantes des prix de l'engrais 77
6.3.3. Durabilité environnementale 78
6.3.4. Durabilité sociale 78
6.3.5. Durabilité juridique 78
6.3.6. Durabilité organisationnelle - gouvernance
79
6.3.7. Durabilité technique 79
6.3.8. Quels fournisseurs susceptibles de rester
après le PTTA ' 80
7. Les biens et services sont-ils adaptés aux
besoins des producteurs ' 81
7.1. Le rôle clé des techniciens dans le
montage des incitations 81
7.2. Sont-ils adaptés aux attentes des
bénéficiaires ' 81
7.2.1. L'assistance technique 81
7.2.2. La préparation du sol 82
7.2.3. Les semences 84
7.2.4. Les engrais 85
7.2.5. Les plantules 86
7.3. Conséquences du PTTA sur les filières
(approvisionnement et aval) 87
8. Quelles durabilités pour les fournisseurs du
PTTA ' 88
9. 12
Quels outils d'appuis aux fournisseurs ? Quelles pistes
d'amélioration du programme ? ...
90
9.1. Améliorer la communication autour du PTTA
pour améliorer la durabilité des effets ..
90
9.1.1. Annoncer la durée et la stratégie
de sortie du programme 90
9.1.2. Clarifier le rôle des techniciens sur le
terrain et mieux encadrer leurs actions 90
9.2. Pistes de renforcement économique
90
9.2.1. Diminuer les retards de la BNC en innovant
90
9.2.2. La constitution d'un fonds de garantie
générant des bénéfices au service du
développement agricole 91
9.2.3. Des formations en comptabilité-gestion
92
9.2.4. Un appui au crédit intrant 92
9.2.5. La mise en place d'un système
d'information de marché performant 92
9.3. Pistes de renforcement technique 93
9.3.1. Des formations techniques de base pour renforcer
directement les compétences
des agriculteurs 93
9.3.2. Appuyer l'accès à du
matériel et des structures de qualité 93
9.4. Un appui aux organisations agricoles pour renforcer
leurs durabilités 94
10. Conclusion 95 Annexes
13
Tableau des figures
Figure 1 Carte d'Haïti 17
Figure 2 Fonctionnement opérationnel du
PTTA 22
Figure 3 Système d'acteurs autour des
fournisseurs du PTTA 23
Figure 4 Zones choisies pour l'étude
30
Figure 5 Dondon 31
Figure 6 Paquets techniques mis en place par le
PTTA à Dondon 34
Figure 7 PB et MB dégagés pour les
biens et services,campagne café nouvelle plantation à Dondon en
2014 37
Figure 8 Dépenses, chiffre d'affaires et MB
réalisées en moyenne par bénéficiaire
approvisionné à Dondon 38
Figure 9 Milot 42
Figure 10 Paquets techniques mis en place par le
PTTA à Milot 45
Figure 11 PB et MB dégagés pour les
biens et services , campagne cacao nouvelle plantation à Milot en 2014
47
Figure 12 Dépenses, chiffre d'affaires et
MB réalisées en moyenne par bénéficiaire
approvisionné à Milot 47
Figure 13 Evolution des bénéfices
d'un fournisseur de Milot 48
Figure 14 Pépinière à Dondon
52
Figure 15 Rampes de conservation du sol
53
Figure 16 Fournisseurs susceptibles de perdurer
après le programme PTTA dans les zones agroforestières
55
Figure 17 Paquets techniques mis en place par le
PTTA à Saint Raphaël 58
Figure 18 PB et MB dégagés pour les
biens et services de la campagne de riz en 2014 à Saint Raphaël
61
Figure 19 Dépenses, chiffre d'affaires et
MB réalisées en moyenne par
bénéf.approvisionné à Saint Raphaël
61
Figure 20 Evolution de la marge nette du
fournisseur GAPA à Saint Raphaël 62
Figure 21 Périmètre irrigué
de Couacou 1 66
Figure 22 Paquets techniques rizicoles mis en
place par le PTTA dans le Nord Est 70
Figure 23 Fournisseurs susceptibles de perdurer
après le programme PTTA dans les zones irriguées
80
Figure 24 Périmètre irrigué
de Saint Raphaël 76
Figure 1 Fournisseurs susceptibles de perdurer
après le programme PTTA dans les zones irriguées
80
14
Liste des Tableaux
Tableau 1 Liste des programmes d'incitation par la
demande en Haïti 20
Tableau 2Questions et hypothèses
liées pour chaque pilier de la durabilité 25
Tableau 3 Dépenses du PTTA en zones
irriguées 30
Tableau 4 Dépenses du PTTA en zones
agroforestières 30
Tableau 5 Présentation des
coopératives caféières de Dondon 31
Tableau 6 Offre de Biens et Services avant le PTTA
à Dondon 32
Tableau 7 Biens et services subventionnés
par le PTTA à Dondon 34
Tableau 8 Typologie des fournisseurs PTTA à
Dondon 36
Tableau 9 Taux de rentabilité de
l'activité économique de fournisseurs à Dondon
38
Tableau 10 Biens et services agricoles vendus
avant le PTTA à Milot 42
Tableau 11 Biens et services subventionnés
par le PTTA à Milot 44
Tableau 12 Typologie des fournisseurs de Milot
46
Tableau 13 Taux de rentabilité de
l'activité de certains fournisseurs de Milot 47
Tableau 14 Offre de biens et services avant le
PTTA à Saint Raphaël avant le programme PTTA 56
Tableau 15 Biens et services subventionnés
par le PTTA 58
Tableau 16 Typologie des fournisseurs de biens et
services à Saint Raphaël pendant le PTTA 60
Tableau 17 Taux de rentabilité de
l'activité de certains fournisseurs de Saint Raphaël
61
Tableau 18 Offre de biens et services dans le Nord
Est rizicole avant le programme PTTA 67
Tableau 19 Biens et services subventionnés
par le PTTA 69
Tableau 20Typologie de fournisseurs de biens et
services du PTTA dans le Nord Est rizicole 71
Tableau 21 Evaluation globale de la durabilite des
fournisseurs - synthese 89
15
Liste des annexes
Annexe 1 Exemples d'indicateurs de
suivi-évaluation des fournisseurs 99
Annexe 2 Coûts de production des plantules
de café, exemple d'un fournisseur de Dondon 100
Annexe 3 Calculs des couts de production des
semences d'igname minisett 102
Annexe 4 Calculs des coûts de fonctionnement
d'un fournisseur de repiquage et de labour dans le Nord-Est
103
Annexe 5 V.1. Calcul des dépenses et MB
moyennes par bénéficiaire. Campagne riz 2014 Saint Raphaël
104
Annexe 6 Calcul des dépenses et MB moyennes
par bénéficiaire. Campagne maraîchage 2014 Saint
Raphaël 105
Annexe 7 Calcul des dépenses et MB moyennes
par bénéficiaire. Campagne riz 2015 Saint Raphaël
106
Annexe 8 Calcul des dépenses et MB moyennes
par bénéficiaire.Campagnes café 2014 Dondon
107
Annexe 9 Calcul des dépenses et MB moyennes
par bénéficiaire. Campagne J.Créole et café 2015
Dondon 108
Annexe 10 Calcul des dépenses et MB
moyennes par bénéficiaire. Campagnes cacao 2014 Milot
109
Annexe 11 Calcul des dépenses et MB
moyennes par bénéficiaire. Campagnes J. Créole et cacao
2015 Milot 110
Annexe 12 Calcul des dépenses et MB
moyennes par bénéficiaire. Campagnes riz Nord Est
111
Annexe 13 Mod. des dépenses et des recettes
d'un four. d'intrants de Saint Raphael appro. 100 bénéficiaire
112
Annexe 14 Etapes de travail. Méthodologie
113
Annexe 15 Grilles d'enquêtes. Grille
enquêtes qualitatives fournisseurs 116
Annexe 16 Grilles d'enquêtes. Grille
enquêtes producteurs (a) et (b) 117
Annexe 17 Liste des fournisseurs
enquêtés 122
Annexe 18 Rappel bibliographique sur les Objectifs et le
fonctionnement des programmes d'incitations -
programmes vouchers 124
16
1. Introduction
Dans le cadre de son appui à l'état
haïtien, la Banque Interaméricaine de Développement finance
le Programme de Transfert de Technologie aux Agriculteurs (PTTA). Ce programme
a pour objectif d'augmenter durablement le revenu agricole et la
sécurité alimentaire de 30 000 agriculteurs du Nord et du
Nord-Est d'Haïti. Le système de subvention mis en place est un
système dit de « smart subsidies » ou de subventions
intelligentes. Les agriculteurs bénéficiaires du programme
reçoivent des bons d'achat ou « vouchers » qui leur permettent
d'acquérir des biens et services agricoles auprès de fournisseurs
agréés. Ces fournisseurs référencés sont
environ deux cent.
Pour comprendre le fonctionnement de ces fournisseurs et
chercher des pistes de renforcement, la Banque Interaméricaine de
Développement a commandité une étude entre avril et
septembre 2015. Ce travail a été l'opportunité de
réaliser un travail de recherche correspondant au mémoire de fin
d'étude d'ingénieur agronome Agrocampus-Ouest au sein de l'option
Marché Organisation Qualité et Services (MOQUAS) de Montpellier
Supagro.
La problématique d'étude choisie est celle de
l'évaluation de la durabilité des biens et services
subventionnés par le PTTA et des fournisseurs impliqués
directement ou indirectement dans le programme. Analyser les différentes
composantes de la durabilité permet de caractériser et analyser
les fournisseurs dans l'objectif de mettre en oeuvre des actions de
renforcement.
Après un rappel sur le contexte haïtien et les
biens et services appuyés par le PTTA, une évaluation de la
durabilité des fournisseurs est présentée pour 4 communes
regroupées en 2 grandes zones agro-écologiques. Pour chaque
commune, une typologie dynamique des fournisseurs et de
l'offre de biens et services est établies et les
stratégies technico-économiques des fournisseurs
sont questionnées et modélisées pour en évaluer la
durabilité. Une analyse globale de la durabilité par zone agro
écologique est ensuite proposée avant de vérifier
l'adéquation de l'offre de Biens et Services aux besoins des
producteurs. Ces différentes étapes points sont enfin
complétées par une analyse transversale de la
durabilité qui reprend les questions posées et
l'ensemble des piliers de la durabilité avant de s'intéresser aux
pistes de renforcement des fournisseurs.
17
2. Haïti : un pays des Caraïbes lié
à l'agriculture 2.1. Un pays de montagnes
La République d'Haïti est située sur la
partie Ouest de l'île d'Hispaniola, partagée avec la
République Dominicaine qui en occupe les deux tiers Est. Haïti est
entouré par l'île de Cuba au Nord-Ouest, la Jamaïque à
l'Ouest, et le Venezuela au Sud. La superficie totale est de 27 750 km2 et la
population compte 10,10 millions d'habitants dont 2 millions résident
à Port au Prince, pour une densité démographique hors
capitale d'environ 360 habitants/km2. Les principales zones
agro-écologiques sont les zones de Mornes (zones montagneuses
couvrant plus de 60% de la superficie du pays), les zones de piémont et
les zones de plaines.
Figure 2 Carte d'Haïti source :
http://www.ezilon.com/
2.2. Lié à l'agriculture
Premier pays indépendant des Caraïbes en 1804,
Haïti a connu de nombreuses périodes d'instabilité
économique et politique aggravées par des catastrophes naturelles
dont les plus récentes sont le séisme de 2010 et les cyclones de
2008 et 2012. Les indicateurs socio-économiques classent actuellement
Haïti parmi les pays les plus pauvres de l'hémisphère Nord
avec un PIB estimé en 2014 à 18.31 milliards de dollars US et
58,5% de la population vivant sous le seuil de pauvreté (CIA
World Factbook, 2014).
Après avoir été le moteur de
l'économie nationale pendant les périodes coloniales et
postcoloniales avec les exportations de sucre de café, d'indigo puis de
bois [19], le secteur agricole a connu plusieurs grandes transformations qui
ont permis l'émergence d'une véritable économie paysanne
haïtienne. L'agriculture joue encore un rôle important dans l
économie (24.7% du PIB en
18
2014) et la stabilité du pays: 41% de la population vit
en milieu rural et dépend en partie de la production agricole pour
vivre. Malgré les importations massives d'aliments et l'aide
internationale, 46% de la population est encore sous-alimentée (PNUD,
2006)
L'essentiel de la production est assuré par des
exploitations familiales qui possèdent en majorité moins de 5
carreaux de terre (6.15 hectares). Ces exploitations produisent des
denrées alimentaires (haricots, maïs, tubercules...) et
commercialisent les surplus ainsi que des cultures dites de rente (café,
cacao, tabac...) quand elles en ont la possibilité. En termes de volumes
produits, les trois cultures les plus importantes sont la canne à sucre,
le manioc (à égalité avec l'igname) et les patates douces.
Ces cultures sont vitales pour les producteurs mais sont en concurrence directe
avec des produits d'importation, notamment le riz.
Les agriculteurs font face à de nombreuses
difficultés pour augmenter leur productivité et vendre leurs
productions à des prix leur permettant de dégager des revenus
suffisants. L'accès aux intrants (engrais, semences...) et à
l'outillage reste très inégal selon les régions du pays et
les années. L'encadrement technique des agriculteurs est assuré
en théorie par les Services Déconcentrés de l'Etat sous la
forme de Bureaux Agricoles Communaux (BAC) mais ne disposant pour la plupart
que de moyens très limités. Les nombreux projets internationaux
de développement agricole se succédant en zone rurale proposent
un accompagnement technique et ou financier pour les producteurs ou leurs
organisations mais pendant une durée généralement courte,
ce qui limite leurs impacts à moyen et long terme. L'accès aux
marchés est limité par la faiblesse des réseaux et
infrastructures de transports ainsi que par la présence de nombreux
intermédiaires commerciaux. Enfin, les zones rurales haïtiennes
font face à un exode rural qui entraine un manque en force de travail et
une augmentation du coût de la main d'oeuvre pour les travaux
agricoles.
L'abaissement des tarifs douaniers et la libéralisation
de l'économie à partir de 1980 lors des plans d'ajustement
structurel, associés aux facteurs cités, ont entrainé
la chute de la production agricole et une paupérisation croissante des
zones rurales. Cette augmentation de la pauvreté entraine un exode rural
vers les principales villes du pays, mais ces dernières ne sont plus en
mesure de fournir du travail et des conditions de vie décentes à
leurs populations.
Après une période d'abandon du soutien à
l'agriculture, l'état haïtien a progressivement pris conscience de
l'urgence d'un appui fort au secteur agricole et a décidé
d'appuyer sa relance avec l'aide des principaux financeurs internationaux.
? L'agriculture haïtienne a su s'adapter et évoluer
face de nombreuses contraintes internes et externes en
développant une véritable économie
paysanne.
? Avec les transformations rapides de l'économie
nationale et internationale, le secteur agricole n'est plus capable
d'assurer ses rôles de maintien de l'emploi en zone rurale et de
sécurité alimentaire.
? Une part importante de la population dépend toujours
d'une agriculture qui n'est plus compétitive face aux importations
massives de produits alimentaires et dont la productivité est
limitée par : le manque d'investissement et d'accès au
matériel, les problèmes de gestion du foncier, le faible
d'encadrement technique et son inadéquation aux besoins, le manque
d'accès à des marchés rémunérateurs.
|
19
2.3. Le Programme de Transfert de Technologie aux
Agriculteurs : un programme de relance de la production agricole dans le cadre
d'une réforme de l'état haïtien
2.3.1. Le PTTA s'inscrit dans une réforme de
l'appui au secteur agricole
Le secteur des intrants agricoles est l'un des sous-secteurs
agricoles traditionnellement appuyé par l'état haïtien.
L'état subventionne actuellement le prix du sac d'engrais en fixant un
prix de référence pour les consommateurs et en payant le
différentiel avec le marché international aux importateurs. Ce
système a permis d'assurer des livraisons d'engrais aux agriculteurs
mais est critiqué pour sa lourdeur administrative, son manque de
transparence, ses effets sur le secteur privé et son coût
élevé pour l'état haïtien.
Dans ce contexte, un changement de stratégie d'appui au
secteur agricole est souhaité par l'état haïtien avec l'aval
des principaux bailleurs. Comme pour les pays qui ont abandonné les
systèmes de subventions universelles (Annexe 18),
Haïti veut passer d'une subvention de l'offre (subvention directe du
produit ou du service vendu) à une subvention de la demande
(renforcement des capacités de producteurs à acheter le bien ou
le service). Dans le Plan National d'Investissement agricole pour Haïti
(PNIA) rédigé en 2010 pour la période 2010-2016, il est
indiqué que « La stratégie à mettre en oeuvre vise
à une réduction progressive des subventions et le retrait du
secteur public de la distribution, tout en s'assurant d'une augmentation et
optimisation technique et économique de l'usage des engrais par les
agriculteurs » (PNIA, 2010).
Pour accompagner cette transition, différents bailleurs
de fonds appuient le déploiement de programmes pilotes visant à
tester des subventions se basant sur des coupons ou « vouchers ».
L'objectif affiché étant que « le Programme de Coupons
Productifs prenant ainsi la relève de la gestion des subventions
publiques au secteur agricole » (Programme Triennal d'appui à
la Relance Agricole 2012-2015).
Avec les coupons imprimés, les agriculteurs ont
accès à des biens et services agricoles partiellement ou
entièrement subventionnés selon les programmes. Les biens et
services agricoles sont inclus dans des paquets techniques qui
correspondent à un ensemble de pratiques, de biens et de services visant
à améliorer la productivité agricole. Ces paquets sont
définis lors de la conception des programmes et ciblent des productions
particulières. Le terme « incitation » peut être
utilisé pour désigner les vouchers. Cette dénomination
renvoie à la nature des programmes qui veulent appuyer les productions
agricoles en favorisant l'implication de l'agriculteur dans le système
de subvention.
20
Voici les différents programmes mis en oeuvre pour
tester la stratégie de sortie d'une subvention de l'offre vers une
subvention de la demande.
Nom du programme
|
Financeur
|
Montant total
|
Départements
|
Durée
|
|
|
|
5 M USD
|
|
2010-2014
|
|
|
BID
|
30 M USD
|
|
2009-2014
|
|
|
|
12 M USD
|
Sud
|
2013-2016
|
Maitre
|
Programme de
Renforcement des
Services Publics
|
Banque
Mondiale
|
40 M USD
|
Sud
Sud Est
|
2011-2016
|
d'oeuvre
MARDNDR
|
Agricoles (RESEPAG I)
Programme de
AVANSE
|
USAID
|
80 M USD
|
Sud
Nord
|
2013-2018
|
|
Mitigation des
Désastres Naturels
(PMDN)
Nord
Programme de
Transfert de
Technologies aux
Agriculteurs (PTTA)
BID-
GAFSP
Nord
Nord Est
Tableau1 : liste des programmes d'incitation par la
demande en Haïti (source: auteur)
MARNDR
Projet de Sécurité
Alimentaire en Haïti
(SECAL)
AFD - UE
MARNDR
MARNDR
USAID-DAI
Ces programmes ont vocation à être comparés
et leurs résultats analysés pour permettre au
Ministère de l'Agriculture, des Ressources Naturelles et
du Développement Rural (MARNDR) de définir
une Politique de subvention des intrants agricoles appuyant la
relance du secteur agricole.
? L'état haïtien passe d'un système de
subvention de l'offre à un système de subvention de la demande
pour appuyer le secteur agricole
? Ce système de subvention se base sur l'attribution de
coupons « vouchers » qui permettent aux agriculteurs
d'acquérir des intrants à prix subventionné
? Pour tester les modalités optimales de mise en oeuvre et
de subvention, différents programmes pilotes sont mis en place. Ils
doivent permettre de concevoir une nouvelle politique d'appui à
l'agriculture
|
21
2.3.2. Le programme PTTA a pour objectif d'augmenter
durablement la production agricole en lien avec l'émergence d'un
marché des biens et services structuré par des
fournisseurs.
Le Programme de Transfert de Technologie aux Agriculteurs
(PTTA) est financé par la Banque Interaméricaine de
Développement et le GAFSP, et mis en oeuvre par le MARNDR
d'octobre 2011 à octobre 2016. Ses deux grandes composantes sont la
promotion et l'adoption de technologies agricoles durables et adaptées
et le renforcement du Service National Semencier. Ses objectifs sont :
? l'augmentation de la productivité et du revenu
agricoles
? l'adoption de nouvelles pratiques
? l'émergence et développement d'un marché
des biens et services agricoles ? le renforcement du service national
semencier
Au travers de coupons ou « vouchers », les
agriculteurs ont accès à des biens et services auprès de
fournisseurs agréés qui sont définis comme « un
individu, d'une entreprise privée ou toutes autres organisations
capables de fournir les intrants ou services nécessaires à la
mise en oeuvre des paquets techniques proposés » (Manuel
d'incitations actualisé des projets du MARNDR, avril 2015). En plus
de l'appui aux agriculteurs, le PTTA souhaite aider à la constitution
d'un registre national d'agriculteurs, ainsi qu'un registre de fournisseurs
d'intrants et de services agricoles. Les producteurs éligibles au
programme ne le sont qu'une seule fois. L'objectif du programme
étant que l'augmentation du revenu agricole permise grâce à
l'adoption du paquet technique soit réinvestie dans l'achat de biens et
services agricoles.
Les filières et productions agricoles ciblées
initialement sont variées : café, cacao, noix de cajou,
céréales (riz et maïs), tubercules (igname, manioc et
patate), cultures maraîchères (oignon, tomate, piment, carotte et
betterave), des fruits (citrus, ananas et figue-banane), la banane plantain et
élevage. Initialement le projet PTTA devait intégrer la partie
aval de la production en plus de renforcer la productivité agricole.
Pour des raisons d'organisation entre bailleurs le PTTA a été
scindé en deux et la partie d'appui aux filières est devenue le
projet RESEPAG 2 financé par la Banque Mondiale. Nous aborderons en
partie7 et 8 les conséquences négatives de cette scission.
2.3.3. La mise en oeuvre du programme est
réalisée par un ensemble d'acteurs
interdépendants
Les départements du Nord et du Nord Est ont
été choisis pour la mise en oeuvre du programme car ils
présentent un potentiel agricole important et sont proches de
marchés économiques en croissance. L'ensemble du territoire
couvert par le programme a été divisé en trois zones
opérationnelles ou « lots » gérés chacun par une
organisation non gouvernementale ou des consultants contractualisés par
le MARNDR appelés opérateurs de services (OPS). Ce sont ces OPS
qui gèrent la mise en oeuvre opérationnelle du programme et son
application. Les communes couvertes par le PTTA et les zones
gérées par les OPS sont rappelées en
annexe.
BID
PTTA
MARNDN
OPS
Agriculteurs
1
BAC
1 $
2
Fournisseurs
2
BNC
3
Contrôle Supervision Coordination
Décaissement
Circulation du voucher
Vente de Biens ou Services
d'approvisionnement
SNS
Figure 3 Fonctionnement opérationnel du PTTA
(source : auteur)
On peut résumer le fonctionnement théorique du
programme en trois grandes étapes.
1) La Banque Nationale de Crédit émet les coupons
donnant accès au bien ou au service. L OPS distribue les coupons aux
bénéficiaires
2) Les agriculteurs bénéficiaires échangent
les coupons contre le bien ou le service indiqué et le signent. Le
fournisseur apporte le coupon à l OPS qui contrôle le travail du
fournisseur
3) Après validation du coupon par l OPS, celui-ci est
envoyé a la BNC qui décaisse la valeur du coupon au
fournisseur
22
Unité R d'exécution
Coordination
régionale PTTA
La coordination entre OPS et le suivi de la mise en oeuvre du
programme sont assurés par des cadres du MARNDR engagés
exclusivement pour le PTTA au sein de la Coordination Régionale du PTTA.
Le suivi national et le relais avec les acteurs liés (BNC, BID, autres
programmes...) est effectué par l'Unité d'Exécution du
Programme basée à Port au Prince.
La BNC a été choisie comme opérateur pour
gérer les flux financiers liés aux coupons. Elle reçoit
les demandes d'impression de coupons envoyées par les OPS, les imprime
et les renvoie. Une fois les coupons utilisés, la BNC est en charge de
payer les fournisseurs. La vitesse de paiement des fournisseurs est donc
dépendante de sa capacité à gérer
le système d'incitation.
Filières
Les fournisseurs occupent une place centrale dans
l'exécution du programme. S'assurer de leur bon fonctionnement et de la
pertinence des biens et services proposés est donc fondamental pour la
réussite ou du programme. La Banque Interaméricaine de
Développement et le MARNDR ont donc sollicité un travail
d'analyse et d'évaluation des fournisseurs dans le but de «
caractériser, analyser les contraintes au développement et
proposer des actions de renforcement des fournisseurs de biens et services
agricoles. » (TDR stage BID)
? Le PTTA est un programme pilote de subvention par la demande et
se base sur l'utilisation d'incitations sous formes de coupons
? Au travers de la subvention de biens et services agricoles il
vise le transfert de technologies et de techniques agricoles
«durables»
? Les biens et services subventionnés sont
délivrés par des fournisseurs
? La Banque Interamericaine de Développement et le
Ministère de l'Agriculture Haïtien ont sollicité un travail
d'analyse de ces fournisseurs
|
23
3. Problématique et méthodologie de travail
3.1. Formulation de la problématique
La composante 1 du PTTA correspond à la «
Promotion de l'adoption de technologies agricoles améliorées et
durables », notamment via des fournisseurs de biens et de services qui
doivent être capable de proposer aux producteurs
bénéficiaires les différents éléments
techniques identifiés par le programme.
Les fournisseurs de Biens et Services s'insèrent dans
un système d'acteurs, ou mésosystème
plus ou moins influencé par la présence de programmes de
soutien au développement de l'agriculture. Un mésosystème
peut être défini comme « « un ensemble organisé
et finalisé de relations qui est doté d'une dynamique autonome,
mais qui n'en est pas moins ouvert sur et en interaction avec, d'autres
sous-systèmes (De Bandt, 1988).
Services
publiques
de fond
SNS
Programmes de développement
Fournisseurs
BNC
Filières
commerciales
Agriculteurs
intrants
Figure 4 Système d'acteurs autour des fournisseurs
du PTTA (source : auteur)
Bailleurs
Filières
L'observation du système autour des fournisseurs et de
leurs rôles dans le programme PTTA
permet de poser la problématique de l'étude en
formulant la question suivante :
« Les actions menées dans le cadre du PTTA
auprès des bénéficiaires via des fournisseurs
permettent-elles de développer une offre de biens
et services durable ? »
Plusieurs hypothèses structurent le travail d'analyse :
Pour être durable, l'offre de biens et services
impulsée par le PTTA doit être à la fois :
24
Hypothèse 1 : une activité bien
gérée par les fournisseurs, viable économiquement pour ces
derniers (durabilité des structures)
Hypothèse 2 : et adaptée aux besoins des
producteurs (durabilité des services rendus)
Si les hypothèses 1 et 2 ne peuvent être
complètement vérifiées, il conviendra de répondre
à la dernière hypothèse :
Hypothèse 3 : les actions
développées dans le cadre du PTTA ne permettent pas actuellement
d'assurer la durabilité des biens et des services aux producteurs
bénéficiaires, des actions spécifiques peuvent être
identifiées afin d'améliorer les impacts du programme pour
développer des services plus durables.
Les questions liées à la durabilité
renvoient à différents concepts et référentiels.
L'analyse de la durabilité des fournisseurs peut être
décomposée en 6 piliers : Technique, Economique et Financier,
Social, Environnemental, Organisationnel, Juridique et Institutionnel. Cette
approche transversale et structurée en grands points d'analyse parait
pertinente dans le cas d'un travail de compréhension et
d'évaluation. Dans le cas de l'étude commanditée, un
fournisseur doit obtenir des résultats dans tous les champs de la
durabilité pour considérer que son fonctionnement et son offre de
service sont durables.
La durabilité technique, économique et
financière des fournisseurs priment sur les autres car sans ces
durabilités, aucun autre pilier de durabilité ne peut être
atteint. Nous voulons savoir en priorité si l'offre de biens et
services est adaptée aux besoins des agriculteurs (durabilité
technique), notamment sa composante de suivi-conseil ; et si cette
offre est viable économiquement et dans quelles conditions
(durabilité économique et financière). Au travers
de ces deux composantes nous allons donc nous intéresser en particulier
à l'adaptation des services à la demande et
à leur gestion.
A chaque pilier de la durabilité correspondent une ou
plusieurs questions et des sous hypothèses liées. Chaque question
principale est ensuite divisée en questions secondaires puis
sous-questions. Ce sont ces sous-questions structurées et
adaptées qui donne une grille d'analyse de la durabilité des
fournisseurs du PTTA. Cette grille est ensuite adaptée dans les
questionnaires utilisés lors du recueil de données.
25
3.2. Les questions et hypothèses
liées
Durabilité technique
|
L'offre de services (intrants,
équipements
et prestations de service) accompagnée par le
PTTA est-elle adaptée aux besoins des producteurs ?
|
· Le PTTA a permis de développer une offre de
service diversifiée sur le territoire
· la qualité de l'offre de service est fonction
des compétences techniques des fournisseurs et de leur accès
à des moyens et des dispositifs adaptés
· l'offre de service est durable si elle est de
qualité et si elle s'insère dans un dispositif de soutien aux
services
· Les agriculteurs désirent des intrants
adaptés aux spéculations, livrés au bon moment et de
qualité
· En l'absence de compétences techniques
cohérentes l'offre n'est pas adaptée donc non durable
· Le service de conseil est inclus dans une offre de
service plus
large, il n'est pas forcément
rémunéré mais fait partie des services associés
aux services principaux
|
Durabilité économique
|
Quelles sont les performances
économiques et financières
des fournisseurs ?
|
· la qualité et la durabilité d'un service
est liée aux performances
économiques de l'activité et aux
capacités de gestion du fournisseur
· le projet PTTA modifie la gestion de la
trésorerie et les stratégies économiques des
fournisseurs
|
Durabilité juridique
|
Quel est le statut du fournisseur par
rapport à ses clients (particuliers, OP...)
?
|
· La nature du contrat influence la dépendance du
fournisseur au système d'approvisionnement
· L'environnement juridique peut appuyer ou limiter
le développement des fournisseurs
|
Durabilité sociale
|
Quelles sont les retombées économiques
et sociales des activités de services agricoles?
|
· les services appuyés par le PTTA ont permis une
augmentation des rendements agricoles
· un marché des biens et services agricoles est
en émergence grâce aux systèmes de coupons
subventionnés et doit être soutenu jusqu'à son autonomie
|
Durabilité environnementale
|
Quelles sont les conséquences pour la
santé humaine et l'environnement des activités de l'agriculteur
et du fournisseur ?
|
· Les intrants délivrés peuvent impacter
les cultures environnantes et l'environnement
· Les doses d'intrants prescrites dans les paquets
techniques ne sont pas respectées
· Les producteurs et les fournisseurs ne sont pas
protégés contre les produits chimiques
|
Durabilité organisationnelle et
gouvernance
|
· Comment les fournisseurs s'organisent-ils
pour répondre à la demande?
· Dans le cas des fournisseurs liés
à des organisations de producteurs : comment s'organise le
travail?
|
· Les groupements d'agriculteurs sont une force pour
attirer une offre de service de qualité
· Les compétences techniques sont détenues
par les employés plus que par les dirigeants des entreprises
· La coordination du travail des fournisseurs est
liée à l'ancrage territorial
|
|
Tableau 2 Questions et hypothèses liées
pour chaque pilier de la durabilité (source : CB, auteur)
26
C'est donc en cherchant à répondre à
l'ensemble de ces questions et en évaluant l'état d'avancement
des fournisseurs par rapport à ces thématiques qu'il va
être possible de proposer une analyse de la durabilité des
fournisseurs de biens et services dans le cadre du PTTA.
Répondre à ces questions nécessite une
méthodologie de travail associant enquêtes de terrain, analyses de
données et restitutions aux acteurs concernés.
? Le but de l'étude est de comprendre les structures
appelées fournisseurs et d'analyser leur
fonctionnement en lien avec leur mésosystème
? Suivant les objectifs du programme PTTA, l'analyse
proposée est une analyse de la durabilité des fournisseurs et
de l'offre de biens et services
? Cette analyse est structurée en 6 points : Technique,
Economique et Financier, Social, Environnemental, Organisationnel, Juridique
et Institutionnel
? Après structuration des questions et des
hypothèses, la problématique est résumée avec la
question suivante « Les actions menées dans le cadre du
PTTA auprès des bénéficiaires via des fournisseurs
permettent-elles de développer une offre de biens et services durable
? »
|
3.3. Méthodologie
3.3.1. Etapes de travail et résultats
Par définition, il existe de nombreux types de
fournisseurs. Il est donc nécessaire
d'appréhender
leur diversité, de la
comprendre et de l'évaluer selon les
différents critères de la durabilité. Cela a fait l'objet
d'un travail qui s'est décomposé en 7 phases (Annexe 14).
La première étape a permis la compréhension
du mésosystème autour des fournisseurs,
d'appréhender leur diversité et de raisonner le
choix des zones d'enquêtes. Les critères de sélection de
ces zones sont :
o L'application du PTTA depuis au moins un cycle de
subvention. Le but est d'avoir une première évaluation des effets
du programme sur l'offre de biens et services dans le temps ;
o La mise en oeuvre de diagnostics agraires. Cette
méthodologie permet d'avoir une analyse des effets du programme sur les
systèmes de production ce qui facilite l'analyse
27
de la pertinence des paquets techniques et de leur adaptation
aux besoins des agriculteurs ;
o Les paquets techniques des zones étudiées
couvrent l'ensemble des productions agricoles renforcées par le PTTA. Ce
critère permet d'avoir un regard global sur les effets du PTTA ;
o Les fournisseurs semblent en partie issus de la zone. Ce
lien initial à la zone est choisi comme un facteur de durabilité
du fournisseur. L'origine des fournisseurs est vérifiée avec les
listes fournies par les OPS.
Au regard des ces critères les zones d'enquêtes
retenues sont :
? Milot
? Dondon
? Saint Raphael
? Le Nord-Est Rizicole : Fort-Liberté, Ferrier,
Ouanaminthe
Ces communes peuvent être regroupées en deux
grandes zones agro-écologiques : les zones
agroforestières (Milot, Dondon) et les zones
irriguées(Saint Raphael et le Nord-Est rizicole).
La deuxième phase du travail a consisté
à réaliser un total de 90 enquêtes qualitatives
auprès des fournisseurs des zones retenues (200 fournisseurs ont
été référencé par le PTTA au total).
L'échantillon a été raisonné pour enquêter
l'ensemble des fournisseurs officiels et des individus ou structures non
fournisseurs officiels mais liés à l'approvisionnement des
fournisseurs. Cette phase a permis de comprendre les trajectoires et les types
de fournisseurs présents pendant le programme PTTA.
Pour vérifier si l'offre de biens et services est
adaptée à la demande des agriculteurs, 50
enquêtes ont été réalisée en phase 3. Ces
enquêtes ont été menées auprès des
producteurs et des acteurs des principales filières agricoles
concernées par le PTTA. Les producteurs enquêtés ont
été choisis de manière à couvrir l'ensemble des
campagnes PTTA pour chaque zone ainsi que des producteurs non
bénéficiaires. Les diagnostics agraires réalisés
sur ces mêmes zones sont fondamentaux pour comprendre le fonctionnement
des systèmes de productions agricoles et les effets ou non du PTTA sur
ces systèmes.
Après une phase d'analyse des résultats (phase
4), 20 enquêtes technico-économiques quantitatives
détaillées (phase 5) ont été
réalisées pour permettre un approfondissement des
stratégies économiques les plus représentatives des types
de fournisseurs observés. Les phases 6 et 7 ont été
consacrées à l'analyse transversale des durabilités et
à la rédaction du mémoire en lien avec la recherche de
pistes d'amélioration et de renforcement des fournisseurs comme de leur
offre.
28
3.3.2. Limites de l'étude
La récolte de données qualitatives a pu
être gênée en début de travail par une
méfiance des fournisseurs comme des agriculteurs vis-à-vis des
enquêteurs. Certains acteurs ont pensé que nous étions dans
la conception d'un nouveau programme de développement, ce qui a pu
biaiser certaines enquêtes.
Au niveau économique le calcul des marges
dégagées est complexifié par la sous-traitance de certains
services par les fournisseurs. Le prix des services sous-traités est
très variable au sein d'une même commune selon les secteurs, la
disponibilité du service au moment du besoin et les relations entre
vendeurs de service, fournisseur et agriculteur bénéficiaire, ce
qui limite les possibilités d'évaluer correctement l'argent
gagné par les fournisseurs sur ces opérations.
De plus, l'analyse des paiements réalisés par
la BNC aux fournisseurs est freinée par l'absence d'harmonisation dans
les noms des coupons imprimés entre campagnes. De même, les
retards d'impression comme de paiement des incitations entrainent un
chevauchement des décaissements dans le temps.
Enfin, les modalités d'exécution du PTTA
peuvent varier entre OPS ce qui peut entraver la compréhension du
fonctionnement du programme mais un des résultats de l'étude est
la clarification de la mise en oeuvre du PTTA dans les différentes
zones, sa compréhension et sa comparaison.
Avant de décrire l'évolution des fournisseurs
dans chaque commune retenue, la description des principaux chiffres par zone
permet d'avoir une vision globale des dépenses du programme.
? L'analyse des fournisseurs est divisée en 7
étapes de travail
? Les enquêtes ont été menées sur 4
communes où le PTTA est en cours d'application et qui correspondent
à deux grandes zones agro-écologiques :
o Zones agroforestières : Milot, Dondon
o Zones irriguées : Saint Raphaël, Fort
Liberté, Ferrier, Ouanaminthe
? L'objectif final de l'analyse est :
o Comprendre les effets du PTTA sur les fournisseurs
o Vérifier si l'offre de biens et services est
adaptée
o Proposer un bilan global du PTTA en lien avec des pistes
d'amélioration de l'offre de biens et services et de renforcement des
fournisseurs
|
29
4. Quels biens et services choisis et pour quelles zones
?
4.1. Un choix de subventions effectué par des
groupes de producteurs et de fournisseurs
Deux phases clés ont lieu avant la distribution des
coupons: l'adaptation des paquets techniques et l'enregistrement des
fournisseurs et des bénéficiaires. Le choix des biens et services
délivrés par zone agro-écologique est défini dans
le Manuel d'incitation. L'OPS adapte les paquets
techniques prédéfinis aux conditions locales en lien avec les
BACs et les acteurs agricoles locaux au cours d'au moins deux rencontres :
· la première avec des agriculteurs
sélectionnés par l'OPS avec l'appui du BAC
· la deuxième avec des fournisseurs
Après ces rencontres, le paquet est défini et
la valeur de chaque bien et service est fixée. Les prix fixés par
le projet doivent ne pas provoquer une distorsion sur les marchés locaux
pendant et après le projet tout en permettant aux fournisseurs de
dégager une marge suffisante.
4.2. Les variations dans la mise en oeuvre du programme
entrainent une première différenciation des
fournisseurs
L'ensemble des biens et services subventionné a
été délivré par des fournisseurs enregistrés
par les opérateurs de service CA17 (communes de Fort
Liberté, Ferrier, Ouanaminthe) et CECI-AAI(communes de
Dondon, Milot, Saint Raphaël). Sur l'ensemble des communes
étudiées plus de 122 fournisseurs ont
participé au programme.
Les fournisseurs des zones gérées par CECI
délivrent l'ensemble des biens et services indiqués dans le
paquet technique. Cela signifie que si un fournisseur ne réalise pas
toutes les activités lui-même, il va sous-traiter
les autres à des fournisseurs et vendeurs non officiels. Il
reste néanmoins le fournisseur de référence et
récupère l'argent décaissé par la BNC.
Les fournisseurs des zones gérées par CA17 sont
plus spécialisés par grande catégorie de biens (vente
d'intrants...) ou service (labour, assistance technique...), la
sous-traitance des activités est donc moins importante.
· Les biens et services subventionnés appuient des
productions cibles par zone agro-écologique
· Les zones agro forestières ont reçu plus
d'argent que les zones irriguées malgré un nombre de
bénéficiaires moindre, car le PTTA dépense plus par
producteur en zone agroforestière
· Cette différence d'investissement sous-entend
une augmentation de production espérée rapide dans les zones
irriguées et à moyen et long terme dans les zones de Mornes
· Les fournisseurs peuvent être en charge de la
totalité du paquet technique ou juste de quelques biens ou services
suivant l'opérateur de service
|
Zones irriguées 6890 bénéficiaires 2
259 455 USD
Figure 5 Zones choisies pour l'étude (source :
Google Earth_)
Zones agroforestières 4337
bénéficiaires
4 309 209 USD
Bien ou service
|
Dépenses du PTTA (USD)
|
%
|
Préparation de sol
|
620896
|
27
|
Semence Riz
|
172515
|
8
|
Semence Piment
|
89735
|
4
|
Semence Carotte
|
4612
|
0.20
|
Semence Tomate
|
1472
|
0.07
|
Semence Oignon
|
95106
|
4
|
Semence Poireau
|
185075
|
8
|
Application phyto.
|
13365
|
1
|
Produits phytosanitaires
|
113087
|
5
|
Repiquage
|
170250
|
8
|
Engrais
|
653950
|
29
|
Asst. Tech.
|
139534
|
6
|
Tableau 3 Dépenses du PTTA en zones
irriguées (source : auteur)
Bien ou service
|
Dépenses du PTTA (USD)
|
%
|
Préparation du sol
|
1168796
|
27
|
Arbres de couverture
|
118462
|
3
|
Plantules Café
|
981269
|
23
|
Plantules cacao
|
201698
|
5
|
Semences igname
|
1086370
|
25
|
Drageons Banane
|
254900
|
6
|
Taille
|
20588
|
0
|
Contrôle scolytes
|
91264
|
2
|
Sac de compost/fumier
|
250927
|
6
|
Boutures de canne
|
9385
|
0
|
Cayeux d'ananas
|
7319
|
0
|
Asst. Tech.
|
118232
|
3
|
Tableau 4 Dépenses du PTTA en zones
agroforestières (source : auteur)
30
4.3. Quels biens et services dans les zones
d'étude ?
31
5. Les zones forestières
5.1. Dondon
5.1.1. Une commune liée à la production
caféiere
Figure Figure 6 6 Dondon Dondon (photo (photo: :
auteur)auteu
Dondon est une commune du département
du Nord située en zone de montagnes (Mornes)
semi-humides à humides. Plus de 27 322 habitants
(IHSI, 2005) y sont répartis dans 5 sections
communales : Matador, Brostage, Laguille, Haut du
Trou, Bassin Caïman. Les systèmes de
productions
actuels sont principalement de type agro-forestier
avec des associations de cultures vivrières (banane,
maïs, pois, igname, arbre à pain, manguier, arbre
véritable...) et de rente (café). La caféiculture y est
pratiquée depuis le XVIIIe siècle et le secteur agricole s'est
progressivement restructuré à partir des années 1970 avec
l'émergence de différentes coopératives
caféières en réaction à la monopolisation de la
transformation et de la vente du café par de grandes compagnies
exportatrices. Les filières dominantes à Dondon sont le
café avec des organisations bien structurées et la filière
fruits avec deux organisations fonctionnant en coopératives. La
production de café a chuté depuis une dizaine d'année
suite à la cumulation de plusieurs facteurs : exode de la main d'oeuvre
en République Dominicaine, développement de ravageurs du
café (nématodes, pourridiés, scolytes), vieillissement des
parcelles et leur non-renouvellement. Les acteurs économiques
clés de Dondon sont les quatre 4 principales coopératives
caféières :
Coopérative agricole Vincent Ogé (COPAGVOD)
|
860 membres
|
Coopérative des Productions Agricoles de Dondon
(COPROCAD)
|
400 membres
|
Coopérative Agricole Capois la Mort (KKKLD)
|
430 membres
|
Coopérative Agricole Gabard Levaillant (CACGAVA)
|
900 membres
|
Tableau 5 Présentation des coopératives
caféières de Dondon (source : auteur)
La KKKLD et CAGGAVA sont membres du réseau RECOCARNO
qui est un réseau de coopératives caféières
permettant de mutualiser les productions pour vendre des volumes plus
importants. Pour ces deux coopératives, les producteurs sont
organisés en groupe de 10 individus pour toutes les activités
liées à la coopérative. Avant le PTTA ces groupes
étaient également responsables de petites
pépinières de production de plantules de café
réparties sur l'ensemble de la commune.
Les organisations présentes sur la zone avant
l'arrivée du programme peuvent être classées en deux
catégories : organisations agricoles ou
organisations sociales avec activités agricoles.
32
Les organisations agricoles ont été
créées par des techniciens agricoles et ont des objectifs de
production voire de formation technique.
Les organisations sociales avec activités agricoles
sont des organisations de jeunes ou de quartier qui intègrent une
composante agricole (production de plantules) en plus des autres
activités (nettoyage des rues, activités culturelles,
activités sportives...).
5.1.2. L'offre de biens et services est assurée
entre agriculteurs et par les coopératives avant le PTTA
Biens et
|
Plantules de café
Plantules d'arbres de couverture
Assistance technique Commercialisation
Transformation
Travail du sol -Sarclage
Semences de cultures annuelles
Semences d'igname Drageons de banane Cailleux d'ananas
Boutures de canne Compost
Outils
|
Services
|
Fournisseurs
|
Agriculteurs
|
X
|
X
|
|
|
|
X
|
X
|
X
|
X
|
X
|
X
|
|
|
Coopératives
|
X
|
X
|
X
|
X
|
X
|
|
|
|
|
|
|
X
|
X
|
Organisations sociales
|
|
X
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Organisations agricoles
|
|
X
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
X
|
|
Pépiniéristes
|
X
|
X
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Tableau 6 Offre de Biens et Services avant le PTTA
à Dondon (source : auteur)
La production de plantules de café,
était assurée principalement par les coopératives (avec
des appuis financiers internationaux pour la COPAGVOD et le soutien du
réseau RECOCARNO pour la CACGAVA et KKKLD). Des
pépiniéristes locaux avaient également une production
à très petite échelle.
L'assistance technique n'est pas un service
payé par les agriculteurs et les moyens du Bureau Agricole Communal sont
très limités. Seuls les producteurs membres des
coopératives bénéficient d'un accompagnement technique
délivré par des techniciens ou de membres (appelés
extensionistes) formés par des programmes d'aides et d'appui au
secteur caféier. Cet appui technique concerne la culture du café
: suivi des parcelles de membres, formations sur la taille, lutte contre le
scolyte.
Les coopératives caféières fournissent
enfin un service de transformation et de
commercialisation du café à leurs membres. Selon
les appuis internationaux reçus, certaines d'entre elles ont pu
développer des services annexes diversifiés
comme le microcrédit, l'appui à la production maraichère,
la formation des enfants des membres.
Les agriculteurs ont l'habitude de produire eux-mêmes
les plants d'arbres fruitiers ou forestiers
en récupérant les pousses spontanées ou en
ressemant les graines des fruits consommés. Selon les
33
appuis internationaux, les coopératives peuvent en
produire pour fournir des arbres de couverture aux parcelles
caféières. Quelques organisations locales en produisent
également de manière régulière ou ponctuelle pour
des événements comme la fête de l'agriculture.
Les services de labour et de sarclage
sont effectués par les agriculteurs eux-mêmes, souvent
sous forme d'échange de main d'oeuvre rémunérée
(rampono) ou non (kombite). Des techniciens ont été formés
par des projets de développement aux techniques de conservation
du sol (rampes végétalisées, cordons de pierre..)
mais ces techniques ne sont pas reproduites par les paysans en dehors des
projets financés en raison de leur cout élevé en main
d'oeuvre et en entretien.
Les semences d'igname, de banane
(drageons), d'ananas (cailleux) et canne
(boutures) sont produites sur l'exploitation agricole ou
achetées auprès d'autres agriculteurs de la zone. Les semences de
maïs, de haricot et de pois
sont achetées sur les marchés locaux.
Du compost est produit par les
coopératives à partir des résidus de transformation
(lavage et dépulpage) et une organisation de techniciens propose des
formations sur les techniques de compostage. Au niveau des exploitations
agricoles, les agriculteurs n'achètent pas de compost et le compostage
en fosse ou en andain n'est pas utilisé. Un compostage des adventices
sarclées et des feuilles des arbres est fait naturellement en
surface.
Les outils sont peu renouvelés. Ils
peuvent être achetés auprès des boutiques des
coopératives COPFAD et CAGGAVA ainsi qu'auprès de marchandes
ambulantes ou au Cap Haïtien.
? Les agriculteurs produisent et achètent entre eux la
majorité des semences et du matériel végétal ainsi
que les services de travail du sol
? Les biens et services liés à la production
caféière sont fournis par les coopératives
caféières et les autres coopératives : plantules de
café, appui technique à la taille, lutte contre les ravageurs.
? Quelques organisations locales et des
pépiniéristes produisent des plantules de fruitiers et forestiers
à petite échelle ou ponctuellement.
|
5.1.3. Le PTTA renforce les coopératives et
favorise l'émergence de nouveaux fournisseurs locaux
a. Le paquet technique « Café en
agroforesterie »
Le choix a été fait par les groupes de montage
des incitations d'axer les paquets techniques sur la production
caféière et sa relance. L'application du programme a
été divisée en trois campagnes : Café 2014,Nouvelle
plantation et Régénération (427 et 217
bénéficiaires), Jardin Créole 2014-2015 (660
34
bénéficiaires), Café 2015 (1193
bénéficiaires).Les biens et services choisis (initialement) au
cours des trois campagnes sont les suivants :
Bien ou Service
|
Justification
|
Plantules de café
|
Augmenter la densité en caféiers Relancer la
production caféière
|
Igname
|
Semences minisett pour transférer cette technologie aux
agriculteurs. Augmentation de la sécurité alimentaire Incitation
à étendre les couverts forestiers
|
Drageons Banane
|
Donner une couverture végétale temporaire aux
plantules Compenser les pertes dues à la taille des cacaoyers
|
Arbres de
couverture
|
Régénération du couvert
végétal au dessus des cacaoyers
|
Préparation sol:
sarclage
conservation
|
Paiement du labour ou sarclage pour inciter l'agriculture
à entretenir la parcelle Mise en place de structures de conservation du
sol pour transférer des technologies de lutte contre l'érosion et
préserver la fertilité des jardins
|
Compost
|
Améliorer la fertilité des sols et favoriser la
croissance des plantules mis en terre
|
Assistance technique : piquetage
|
Etablir les distances de plantation préconisées
dans le paquet technique (piquetage) Montrer la technique de trouaison pour
préparer les plantations
|
Contrôle scolytes
|
Au travers de la mise en place de pièges à
hormones et du nettoyage des parcelles (ramassage des baies au sol,
sarclage...)
|
Taille
|
Taille de régénération des anciens
caféiers pour relancer la production
|
Tableau 7 Biens et services subventionnés par le
PTTA à Dondon (sources : CECI, coordination PTTA, Manuel
d'incitation)
La composition des paquets techniques a évolué au
cours des campagnes
.
Régénération
? Plantules café
? Drageons banane ? Arbres de
couverture
? Contrôle des
scolytes
? Taille
Figure 7 Paquets techniques mis en place par le PTTA
à Dondon (source : auteur)
35
b. Typologie des fournisseurs : des
coopératives acteurs essentiels de la
fourniture d'intrants pendant le
programme
Les fournisseurs du PTTA à Dondon ont été
en charge de l'application de la totalité du paquet technique sauf du
coupon assistance technique. Il n'y a donc pas de spécialisation des
fournisseurs pour des biens ou des services particuliers mais une
sous-traitance de certains achats à l'agriculteur directement ou
à une autre personne.
La quantité de bénéficiaires par
fournisseur a été attribuée par l'OPS, après
évaluation des capacités financières et des visites de
contrôle des infrastructures (pépinières...). Selon ces
critères le nombre de bénéficiaires attribués
devrait donc en partie refléter la capacité économique du
fournisseur à délivrer des biens et services.
Après une phase de méfiance par rapport au
programme, beaucoup d'acteurs locaux ont réalisé les
bénéfices que le PTTA pouvait potentiellement rapporter. La
présence de structures extérieures (32% des
bénéficiaires) s'explique par la sollicitation de fournisseurs
extérieurs par l'OPS pour couvrir les besoins
générés par le programme.
Les coopératives ont approvisionné le plus grand
nombre de bénéficiaires. Présentes depuis longtemps sur la
commune, elles ont utilisé le programme PTTA comme une
opportunité de développement. Elles disposaient
déjà des infrastructures de production de plantules et sont
liées à de nombreux producteurs, ce qui a facilité leurs
achats en matériel végétal.
Les entreprises locales ont fourni presque autant de
bénéficiaires que les entreprises extérieures. Ces deux
types de fournisseurs se sont renforcés au cours des campagnes et leur
nombre a augmenté. L'émergence de ces entreprises est liée
à l'augmentation de la confiance des différents acteurs
économiques dans le PTTA
Les organisations locales agricoles ont également
joué un rôle important dans l'approvisionnement des agriculteurs
bénéficiaires. Bien que ne disposant que de peu de
pépinières en début de programme, elles se sont
renforcées progressivement et ont participé activement au
programme. Les organisations locales sociales n'ont eu qu'une
participation fluctuante au programme. Leur implication était souvent
dépendante de l'engagement des dirigeants et leur capacité de
production ou d'achat limitée par leur faible trésorerie.
? Les coopératives agricoles ont été les
fournisseurs principaux lors des campagnes du PTTA
? Des techniciens locaux ont souhaité également
démarrer une activité économique et ont
progressivement pris confiance dans le programme
? Pour compenser le manque de fournisseurs locaux, l'OPS a eu
recours à quelques fournisseurs extérieurs en début de
programme
? L'intérêt pour le programme PTTA a ensuite
attiré de nouveaux investisseurs extérieurs
|
36
Type de fournisseur
|
Sous-types
|
Description
|
Noms
|
Pourcentage
de bénéficiaires accompagnés
|
Coopératives
|
Coopératives caféières ou d'autres
filières (fruits et
légumes)
|
CACGAVA, KKKLD, COPROCAD, COPAGVOD, COPFAD
|
32%
|
Organisations locales
|
Agricoles
|
Les organisations agricoles à Dondon sont
essentiellement
des organisations de techniciens. Ce sous-type
de fournisseur n'avait pas d'activité de production importante
et vendait quelques biens (semences maraichères)
et services (formation en compostage) avant le programme.
|
ATAD, IRFODA
|
13%
|
à but social
avec activités agricoles
|
Organisations de jeunes ou de quartier qui intègrent
une composante agricole en plus d'autres activités
|
ATD, ODCOB,
MORUJPAD
|
4%
|
Entreprises à Dondon
créées
pendant le
programme
|
pépiniériste déjà
existant
|
Existait avant le programme mais patente acquis pour
être fournisseur officiel
|
Pierre Jacquecius
|
3%
|
techniciens agricoles qui démarrent une
activité économique
|
Techniciens au sein des coopératives ou d'organisations
qui utilisent le PTTA comme opportunité d'investissement
|
Lindor Wisly,
Jesper Dorsinville,
Jardin des Trois Rois Mages, Vision Verte, AgriH.Vert,
CEPROSA
|
16%
|
Fournisseurs extérieurs
|
organisations agricoles
|
Organisations extérieures à Dondon qui utilisent
les
programmes d'aide pour se développer
économiquement
|
OPNP, OPDS,
AJTDN
|
16%
|
entreprises extérieures
|
Entrepreneurs spécialisés ou non dans la
production
agricole investissant dans le PTTA
|
Jardin Fleuri
Etech,
ProconsaMutation
Entreprise, ISA, Belle Plantule
|
15%
|
Tableau 8 Typologie des fournisseurs PTTA à Dondon
(source : auteur)
c. Analyse de la durabilité économique
: l'activité de fournisseur est rentable
pendant le programme mais valorisée
différemment selon les stratégies des
fournisseurs
La marge brute est le premier résultat
économique d'une activité. Pour la calculer, il faut
faire la différence entre la richesse créée par
l'activité (produits) et la valeur des biens et services
consommés pour arriver (charges ou consommations). Dans le cadre du
PTTA, le produit brut correspond au montant de la subvention
décaissée par la BNC (le fournisseur reçoit la
totalité de la valeur du coupon) et les charges sont l'ensemble des
coûts de production ou d'achat des biens et services
délivrés par le fournisseur.
L'étude des marges brutes permet d'analyser quels biens
ou services permettent aux fournisseurs de gagner le plus d'argent.
37
Figure 8 PB et MB dégagés pour les biens
et services de la campagne de café nouvelle plantation à Dondon
en 2014 (source : auteur)
Pour toutes les campagnes de café, la marge brute la
plus élevée est celle des plantules de café
qui constituent plus de 60% de la marge finale. Pour
la campagne de Jardin Créole, la marge brute la plus importante est
celle des semences d'igname avec environ 60% de la
marge finale. La marge brute du travail du sol est très
variable car les fournisseurs s'arrangent avec les bénéficiaires
sur le pourcentage du coupon laissé au bénéficiaire. Les
fournisseurs prélèvent en moyenne 30% de la valeur du
coupon de préparation du sol.
La marge brute, le chiffre d'affaire et les dépenses
sont ramenées par bénéficiaire (Annexe 8). Cela signifie
que par bénéficiaire approvisionné, sur les trois
campagnes, un fournisseur réalise en moyenne les performances suivantes
:
Dépenses du fourniseur 448 USD
Chiffre d'affaires 729 USD
Marge Brute 323 USD
38
Figure 9 Dépenses, chiffre d'affaires et MB
réalisées en moyenne par bénéficiaire
approvisionné Dondon
Le taux de rentabilité a été
calculé pour vérifier si le PTTA permet aux fournisseurs de
réellement dégager des revenus pendant le programme. Il
correspond au bénéfice (ou marge nette) divisé par la
somme de l'investissement et des dépenses (charges).
Fournisseur
|
ATAD
|
CASSEUS
|
CEPROSA
|
COPAGVOD
|
Pierre Jacquecius
|
Taux de
rentabilité
|
0.31
|
0.46
|
0.64
|
1
|
0.2
|
Tableau 9 Taux de rentabilité de l'activité
économique de fournisseurs à Dondon (source : auteur)
Ces calculs ne sont pas représentatif statistiquement
mais indiquent néanmoins que l'activité de fournisseur dans le
cadre du PTTA est rentable. Selon les compétences en
gestion, l'accès au crédit et la vision de l'activité
à moyen et long terme, les fournisseurs développent des
stratégies économiques. Ce sont ces
stratégies qui vont influencer le bénéfice final ou marge
nette. Ces différentes stratégies expliquent les
différences de taux de rentabilité.
A. Un investissement économique dès le
début du programme avec les fonds propres de la structure et des apports
des cadres dirigeants.
Cette stratégie concerne les quatre
coopératives fournisseurs du PTTA dès la première
campagne. Les coûts de production sont diminués par le travail non
rémunéré des membres.
Cette stratégie peut être source de tensions et
de confusions lors de la redistribution des bénéfices car les
cadres dirigeants ont également investi et contrôlent
l'organisation du travail. Ces tensions ont provoqué le départ du
directeur d'une de coopérative et l'arrêt de l'activité
comme fournisseur lors de la deuxième campagne.
Une part des bénéfices des coopératives a
été utilisée pour fournir les membres non
bénéficiaires en plantules de café et d'arbres de
couverture.
B. La constitution progressive d'un fonds de
trésorerie suffisant avant l'investissement dans l'activité de
fournisseur PTTA.
Différents types de fournisseurs ont attendu d'avoir
des fonds suffisants avant de démarrer leur activité au sein du
PTTA. L'apport de fonds est complété dans certains cas par un
emprunt unique en début d'activité.
La bonne gestion des bénéfices permet de ne pas
avoir à recourir à d'autres emprunts ou apports de fonds par la
suite. Cette stratégie est la plus transversale et employée par
plusieurs types de
39
fournisseurs : coopérative, techniciens agricoles qui
démarrent une activité économique, organisation locale et
entreprise extérieure.
C. Un investissement massif dans le programme avec le
recours à des emprunts importants à chaque campagne.
Une organisation de techniciens et un technicien agricole ont
eu recours à des emprunts à chaque campagne malgré un
investissement conséquent en début de programme. Les
bénéfices sont peu réinvestis pour augmenter la
capacité de production et surtout utilisés à des fins
personnelles.
D. Un investissement partagé entre les membres de
l'organisation
Cette stratégie concerne des organisations qui
approvisionnent régulièrement des projets de développement
agricoles ou démarrent une activité. Les bénéfices
servent à financer leurs projets internes et à constituer un
fonds de trésorerie pour approvisionner de nouveaux programmes. Une part
des gains a été également répartie entre les
membres et réinvestis après chaque campagne dans la production de
plantules, ce qui a permis d'augmenter les capacités de production sans
avoir recours à des emprunts.
E. Le projet est porté par un leader de
l'organisation mais la participation au PTTA n'est pas constante
Hormis les dirigeants de l'organisation, le reste des membres
semble peu impliqué ou est juste contractualisé pour travailler
lors du programme. Cette gestion exclusive par les dirigeants pose la question
de la répartition des bénéfices et de leur
réinvestissement. Par exemple, un cadre d'une organisation sociale a
incité l'organisation à se proposer comme fournisseur en
début de programme mais a quitté la structure et monté son
entreprise pour les campagnes suivantes.
? L'activité de fournisseur PTTA à Dondon est
rentable économiquement
? Mais une part importante de cette rentabilité repose sur
la vente de plantules de café au programme
? La marge brute dégagée par l'activité des
fournisseurs est valorisée de manière différente selon les
stratégies économiques mises en place par les fournisseurs
? Ces stratégies sont également des indicateurs de
la durabilité économique des fournisseurs
|
40
Montée en puissance d'un fournisseur de Dondon :
l'exemple de Pierre Jacquecius
MB Emprunt MN
20000
15000
10000
5000
0
|
|
|
Café 1 JK Café 2
|
Pépiniériste en activité avant le programme,
Pierre Jacquecius a profité du PTTA pour acquérir un statut
légal et se proposer comme fournisseur. Seulement 7
bénéficiaires lui ont été attribués lors de
la première campagne. Cette campagne a été financée
grâce à un emprunt commercial de faible montant au taux de 6% par
mois. Ne pouvant emprunter plus auprès de l'institution
financière, il a emprunté des sommes importantes à des
amis au taux de 3% par mois. Ces emprunts lui ont permis d'augmenter la taille
de sa pépinière et d'approvisionner un nombre plus important de
bénéficiaires. Les bénéfices dégagés
n'ont pas été réinvesti dans la production ou l'achat de
matériel végétal. Cette stratégie correspond
à celle décrite au point B.
Encadre 1 : Montée en puissance d'un fournisseur
de Dondon : l'exemple de Pierre Jacquecius
d. Des compétences techniques peu
différenciées qui dépendent fortement de
celles des techniciens
employés
La majorité des techniciens agricoles de Dondon ont
reçu une formation au sein de structures techniques (Ecoles moyennes
d'agriculture, centres spécialisés).Certains d'entre eux ont
complété leurs compétences avec différents projets
internationaux intervenus sur la zone (PADF, PADF+,...).
Ils connaissent les techniques de base en construction de
pépinières, conservation du sol et entretien de parcelles
agroforestières ; mais peu maitrisent les techniques de production de
semences d'igname sous forme minisett ainsi que les principes de protection
phytosanitaire du matériel végétal.
Ces techniciens sont employés par les fournisseurs ou
sont eux-mêmes fournisseurs du PTTA. Par conséquent il y a peu
de différences de compétences techniques entre
fournisseurs sauf dans le cas des coopératives
caféières. Ces dernières ont un service d'accompagnement
technique de base, appuyé ou non par une structure faitière
(RECOCARNO). Leurs techniciens sont régulièrement au contact des
producteurs et reçoivent des formations en lien avec la relance de la
production caféière.
41
L'assistance technique (coupon « assistance technique
») proposée dans le paquet technique n'a pas
été délivrée par les fournisseurs lors des deux
premières campagnes. Des techniciens agricoles ont
été sélectionnés directement par l'OPS avec l'appui
du bureau agricole communal. Ces techniciens ont été
chargés du piquetage et de la trouaison. Pour la troisième
campagne, deux coopératives et une organisation de techniciens ont
été chargées de gérer l'assistance technique. Les
raisons de cette évolution sont décris en 4.3.
· Les techniques agricoles de base sont maitrisées
par les fournisseurs, les agriculteurs et les techniciens employés
· L'assistance technique mis en place par le programme
repose sur des techniciens locaux
|
|
5.1.4. Les structures non retenues approvisionnent les
fournisseurs en plantules
Lors de la première campagne, les fournisseurs se sont
approvisionnés en priorité auprès des producteurs ou dans
les pépinières présentes avant le PTTA. Ces achats ont
renforcé ponctuellement des petites structures ou des agriculteurs qui
n'étaient pas fournisseurs officiels.
A partir de la deuxième campagne, beaucoup de
fournisseurs ont mis en place leurs propres pépinières pour
être capable de fournir un plus grand nombre de
bénéficiaires car la quantité de
bénéficiaires attribués est en partie liée à
la taille de pépinières. Les petits producteurs qui avaient
approvisionné les fournisseurs ont pensé pouvoir vendre de
nouveau leurs productions, et ont produit de grandes quantités de
plantules.
Il y a donc eu une production très importante de
plantules de café à Dondon sans assurance de ventes ni analyse de
marché préalable. Certains de ces petits producteurs cherchent
des débouchés dans d'autres zones appuyées par le PTTA ou
dans d'autres programmes.
· Malgré l'importance des coopératives, de
nombreux nouveaux fournisseurs sont apparus progressivement pour approvisionner
le programme
· L'activité de fournisseur est rentable pendant le
PTTA mais le bénéfice final reste dépendant des
compétences en gestion, de la capacité d'investissement et de
l'accès au crédit
· Peu de fournisseurs ont de vrais projets
d'investissements hormis augmenter leur capacité de productions de
plantules
· Seules les coopératives et quelques entreprises
locales ont actuellement une vision de leur activité dans la zone sur le
moyen et long terme
· Les compétences techniques des fournisseurs sont
celles des techniciens de Dondon
· Ces compétences n'ont pas été
renforcées et peuvent varier d'un individu à l'autre
|
42
5.2. Milot
5.2.1. Présentation de la commune
Figure 10 Milot (photo : auteur)
Milot compte 29 000 habitants répartis en 3 sections
communales : Perche du bonnet, Genipaille et Bonnet a l'Evêque. Les
systèmes de production agricoles occupent trois grandes classes de zones
agro-écologiques : plaine, piémont et mornes. La culture de la
canne est dominante dans les zones de plaine. Les zones de piémont et de
Mornes sont caractérisées par des systèmes de production
agro-forestiers diversifiés qui ont connu différentes crises :
diminution importante de la culture du café, mortalité des
agrumes (Dao, 2015). La ville du Cap Haïtien est proche et permet d'avoir
accès à un marché pour la vente des
productions et l'approvisionnement en denrées de base
et outils agricoles. Une seule coopérative de
collecte de café et de cacao est présente sur la
zone.
5.2.2. L'offre de biens et services est assurée
essentiellement entre agriculteurs avant le PTTA
Comme pour la commune de Dondon, la notion de fournisseur
n'existait pas avant le programme et l'approvisionnement en biens et services
était assuré avant tout par les agriculteurs eux-mêmes.
Biens et
|
Plantules de cacao
Plantules d'arbres de couverture
Techniques d élagage et de
régénération
Commercialisation
Transformation
Travail du sol -Sarclage
Semences de cultures annuelles
Semences d'igname, Drageons de banane Cailleux d'ananas
Boutures de canne Compost
Outils
|
Services
|
Fournisseurs
|
Agriculteurs
|
X
|
X
|
|
|
|
X
|
|
X
|
X
|
X
|
X
|
|
|
Organisations agricoles
|
X
|
X
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
X
|
|
Coopérative
|
|
|
X
|
X
|
X
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Marchés
|
|
|
|
|
|
|
X
|
|
|
|
|
|
|
Vendeurs ambulants
|
|
|
|
X
|
|
|
|
|
|
|
|
|
X
|
Particuliers
|
|
|
|
|
X
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Tableau 10 Biens et services agricoles vendus avant le
PTTA à Milot (source: auteur)
43
Les plantules de cacao et d'arbres de couverture
(saaman, sucrin principalement) ne sont quasiment pas produits pas les
agriculteurs. Ceux-ci transplantent des pousses développées au
sol ou en sèment directement des graines dans leurs parcelles. Quelques
agriculteurs réalisent des pépinières pour leur
organisation agricole ou la vente. Les achats massifs de plantules sont rares
ou concernent des grands propriétaires voulant replanter une
parcelle.
La fédération des coopératives
cacaoyères du Nord (FECCANO) a démarré un projet de
formation technique des coopérateurs aux techniques
d'élagage et de régénération des
cacaoyères anciennes. Les membres de la coopérative SOCAT sont
organisés en groupement de base et reçoivent un appui technique
régulier. Le projet DEED de l USAID a également formé des
agriculteurs et des techniciens aux techniques de taille au travers de champs
écoles et de sessions de formation.
Concernant la commercialisation, le cacao et
le café sont principalement achetés par des « voltigeurs
» ou intermédiaires commerciaux de grandes compagnies exportatrices
disposant de trésorerie et capables de payer directement les planteurs.
Les cultures annuelles sont vendues au Cap, localement ou à Milot. Les
plus grands producteurs de banane peuvent vendre à Port au Prince.
Le travail du sol est effectué
manuellement par les agriculteurs eux-mêmes en zone de piémont et
montagne avec recours à de la main d'oeuvre salariée (rampono) ou
volontaire (kombite). En zone de plaine et piémont quelques bouviers
peuvent donner du service de labour. Lors des saisons de plantation (pluie de
juin-juillet et octobre environ) des bouviers viennent également de
Saint Raphael et Saint Michel de l Attalaye. Le labour mécanisé
est peu répandu : entre deux et trois tracteurs ont été
signalés dans la plaine au niveau de Quartier Morin. L'organisation If
propose également du labour avec un tracteur.
Le sarclage est réalisé par
l'agriculteur ou sous-traité s'il dispose de trésorerie.
Les semences de cultures annuelles
(maïs, pois, haricots) sont rachetées faute de
systèmes de stockage et de conservation des cultures. Les lieux d
approvisionnement sont les marchés du Cap Haïtien et de Milot ainsi
que les marchandes ambulantes. Les semences sont également acquises lors
de campagnes de distribution du MARNDR et de l'USAID. Il n'y a pas de boutiques
d'intrants à Milot. Les semences d'igname, de banane (drageons),
d'ananas (cailleux) et canne (boutures) sont produites sur l'exploitation
agricole ou achetées auprès d'autres agriculteurs de la zone
Le compost est produit avec de la bagasse
récupérée dans les guildives en zone de plaine. Les
agriculteurs en zone de piémont et mornes ne pratiquent
pas les techniques de compostage. Les outils
utilisés sont achetés auprès de vendeurs
ambulants ou au Cap. Il n y a pas de boutique d intrants dans la zone de Milot.
La coopérative SOCAT, reliée au réseau FECCANO met des
outils d élagage des cacaoyers à disposition des membres.
? Les productions de café, cacao et agrumes ont connu
des crises économiques et écologiques provoquant la
quasi-disparition de ces cultures dans les parcelles agroforestières
? Les biens et services agricoles sont achetés ou
échangés majoritairement entre agriculteurs
? Quelques organisations agricoles sont dans une démarche
de construction de services aux planteurs de la
commune
|
44
5.2.3. L'offre en biens et services est assurée
principalement par des fournisseurs extérieurs à Milot pendant le
PTTA
a. Choix du paquet technique «
Cacao en agroforesterie »
L'objectif de ce paquet est de renforcer les jardins
agro-forestiers des bénéficiaires en appuyant les productions
existantes et en augmentant la densité en cacaoyers. Les biens et
services subventionnés sont présentés dans le Tableau.
Bien ou Service
|
Justification
|
Cacao
|
Augmenter la densité en cacaoyers Relancer la
production
|
Igname
|
Semences minisett pour transférer cette
technologie aux agriculteurs (encadré).
Augmentation de la sécurité
alimentaire Incitation à étendre les couverts forestiers
|
Banane
|
Couverture végétale temporaire aux plantules
|
Arbres de couverture
|
Régénération du couvert
végétal au dessus des cacaoyers
|
Préparation sol : sarclage + conservation
|
Paiement du labour ou sarclage pour inciter l'agriculture
à entretenir la parcelle
Mise en place de structures de conservation du sol pour
transférer des technologies de lutte contre l'érosion et
préserver la fertilité des jardins
|
Compost
|
Améliorer la fertilité des sols et favoriser la
croissance des plantules mis en terre
|
Assistance technique : piquetage
|
Etablir les distances de plantation préconisées
dans le paquet technique (piquetage)
Montrer la technique de trouaison pour préparer les
plantations
|
Emondage des abris et des cacaoyers
|
Taille d'entretien des anciens cacaoyers pour relancer la
production des vieux arbres
|
Nettoyage parcelle
|
Elimination des anciennes cabosses et
entretien des anciennes parcelles cacaoyères
|
Tableau 11 Biens et services subventionnés par le
PTTA à Milot (source: Coordination Régionale, CECI,
auteur)
45
Voici l'évolution des paquets techniques au cours des
campagnes.
Cacao 2014
"Nouvelle plantation" et Regeneration"
· Nouvelle Plantation
· Plantules cacao
· Igname miniset
· Drageons banane
· Arbres de couverture
· Preparation sol : sarclage +
conservation
· Compost
· Assistance technique : piquetage
Régénération
· Plantules cacao
· Igname minisett
· Drageons banane
· Emondage abris + cacaoyers
· Nettoyage parcelle
· Assistance technique : piquetage
· Compost
Jardin Creole 20142015
· Igname Miniset (50%) et traditionnel (50%)
· Drageons banane
· Fruitiers-forestiers
· Préparation sol :
avec vegetalisation des rampes (canne + ananas)
· Compost
sarclage + conservation so
l
Cacao 2015
· Cacao
· Igname traditionnel
· Drageons banane
· Arbres de couverture
· Preparation sol : sarclage + conservation
· Compost
· Assistance technique : piquetage et suivi
Figure 11 Paquets techniques mis en place par le PTTA
à Milot (source : auteur)
Le paquet régénération a
été délivré par trois types de fournisseurs
différents choisis par l'OPS: une organisation agricole, un
pépiniériste du Cap Haïtien et une entreprise de Milot
choisis par l'OPS.
b. Typologie des fournisseurs : des fournisseurs du
Cap Haïtien majoritaires et
des organisations agricoles locales en
croissance
Nous avons vu en 4.2.1. que les fournisseurs présents
à Milot avant le programme étaient des agriculteurs, des
organisations agricoles et une coopérative mais qu'aucuns ne
fournissaient de manière régulière et en volume des biens
et services. Comme pour Dondon les fournisseurs devaient délivrer
l'ensemble des biens et services subventionnés sauf le compost. CECI a
fait le choix de faire appel à des fournisseurs
spécialisés dans la production de compost pour assurer une
livraison dans les délais impartis. Après enquêtes, voici
les types et sous-types de fournisseurs présents a Dondon pour le
programme PTTA.
46
Type de fournisseur
|
Sous-types
|
Description
|
Noms
|
Pourcentage de bénéficiaires
accompagnés
|
Entreprises extérieures
à Milot
|
Pépiniéristes du Cap
|
Installés au Cap depuis longtemps
avec activités de production de plantes ornementales,
fruitiers
« spécialisés » dans
l approvisionnement de programmes internationaux
|
Agendel, Agrida, PCN,
Pepdiplan, PME,
AGRISOL, AJTDN,
CADPANH, CEPREVA,
ISA, JARDIN DE BETHEL
|
47%
|
Entrepreneurs ponctuels
|
Sont apparus avec le PTTA, ne
disposent pas forcement de compétences en agriculture
mais se
basent sur des agriculteurs et techniciens de Milot comme
relais
|
Le Fermier, PVN,
EPRINASA, Jardin Fleuri, AJEPDA
|
32%
|
Organisation locale
|
agricole
|
Organisation proposant des activités agricoles à
ses membres
|
JEAN, MPPT, OPM,
OPPBP, RPM
|
9%
|
Entreprises agricoles de Milot
|
|
Techniciens agricoles ou
pépiniéristes qui se sont lances dans l
activité de production de plantules a plus grande échelle.
|
DENA, PCF, Sans
Soucis Agroentreprise
|
12%
|
Tableau 12 Typologie des fournisseurs de Milot (source :
auteur)
L'opérateur de service et la coordination
régionale du PTTA ont eu des difficultés à trouver
suffisamment de fournisseurs pour couvrir les besoins en biens (plantules,
semences et drageons) générés par le programme. Le choix a
été fait de faire appel à des pépiniéristes
établis au Cap Haïtien, notamment dans la zone de Madeline. Ces
fournisseurs sont pépiniéristes de métier et plusieurs se
sont spécialisés dans l'approvisionnement des projets de
développement agricole. A ces fournisseurs se sont ajoutés des
entrepreneurs souhaitant investir dans le PTTA. Ces deux types ont fourni
79 % des bénéficiaires du PTTA. Parmi les
fournisseurs issus de Milot, les organisations locales agricoles sont les
fournisseurs qui sont restés présents tout au long du programme.
Deux entreprises fondées par les techniciens agricoles ont
été exclues du programme pour fraude.
La seule coopérative cacaoyère de Milot ne s'est
pas proposée comme fournisseur du PTTA car elle ne disposait pas de
fonds suffisants pour investir dans la production de plantules ou l'achat de
matériel végétal. Parmi tous les fournisseurs officiels du
programme à Milot, seule l'organisation RPM a une activité de
transformation de cacao.
c. Analyse de la durabilité économique
: des profits réalisés avec la vente de
biens et services traditionnellement achetés
entre planteurs
La marge brute des fournisseurs à Milot est
principalement constituée des marges réalisées avec la
vente des plantules de cacao (env.30%), de
la préparation du sol (env. 27%) et
des drageons de banane (env.23%). Lors de la
campagne de Jardin Créole, les fournisseurs ont réalisé la
marge la plus importante avec la vente des semences d'igname traditionnelles
Calcul des dépenses et MB moyennes par bénéficiaire.
Campagnes cacao 2014 Milot(Annexe 10).
MB totale Taille Banane
Semences Igname miniset Plantules Cacao Arbres de
couverture Preparation du sol
|
|
PB
MB
|
0 50 100 150 200
Figure 12 PB et MB dégagés pour les biens
et services de la campagne de cacao nouvelle plantation à Milot en 2014
(source : auteur)
Dépenses du fourniseur 325 USD
Chiffre d'affaires 534 USD
Marge Brute 212 USD
47
Figure 13 Dépenses, chiffre d'affaires et MB
réalisées en moyenne par bénéficiaire
approvisionné à Milot
JEAN
|
AJTDN
|
PEPDIPLAN
|
PME
|
0.65
|
0.75
|
0.07
|
0.87
|
Tableau 13 Taux de rentabilité de
l'activité de certains fournisseurs de Milot (source :
auteur)
.L'activité de fournisseur à Milot est rentable.
Cette rentabilité est valorisée différemment suivant des
stratégies économiques transversales aux différents types
de fournisseurs
A. L'utilisation des fonds propres sans recours aux
emprunts
Les pépiniéristes installés au Cap depuis
longtemps (activité de production de plantes ornementales et de
fruitiers) utilisent en priorité leurs fonds propres sans avoir à
emprunter. Les bénéfices
générés par les projets précédemment
exécutés ou en cours d'exécution (PMDN, DEED, AVANSE,
...)permettent de financer l'investissement dans le programme.
B. 48
Le recours à des emprunts pour financer la
première campagne
Les entrepreneurs du Cap Haïtien ou d'autres zones ont
accès à des emprunts importants grâce à l'usure et
réutilisent les bénéfices dégagés lors de la
première campagne pour financer les suivantes. Le recours à
l'usure implique des taux d'intérêts élevés qui
diminuent la marge nette en fin d'exercice. Ces fournisseurs n'ont pas
forcément de compétences en agriculture mais utilisent le PTTA
comme opportunité d'investissement. Ils se basent sur des relais locaux
pour produire les plantules et coordonner les distributions.
Les bénéfices dégagés grâce
au PTTA sont utilisés en partie pour agrandir les
pépinières et fournir plus de bénéficiaires lors
des campagnes suivantes ou pour d'autres programmes. Deux entreprises ont fait
part de leur intérêt pour investir dans l'agro-transformation.
Cette même stratégie a été
employée par des entreprises de Milot. Trois agriculteurs de Milot ayant
créés leur entreprise ont été fournisseur au cours
du PTTA. Deux de ces entreprises n'existaient pas avant le programme et le 3e
est celle d'un pépiniériste qui avait une petite activité
avant le lancement du programme.
25000
Cacao 1 Jardin Creole Café 2
20000
15000
10000
5000
MB
MN
Emprunt
0
Figure 14 Evolution des bénéfices d'un
fournisseur de Milot (source : auteur)
La figure 15 illustre cette stratégie. Après un
emprunt pour financer la première campagne, le fournisseur a
utilisé les bénéfices dégagés pour agrandir
sa pépinière et approvisionner un nombre plus importants de
bénéficiaires.
C. Le décalage des paiements en jouant sur les
dates de décaissement des coupons
Plusieurs fournisseurs n'ont pas de réserves
financières ni d'accès aux systèmes de crédit
formel ou informel. Faute de trésorerie suffisante, le fournisseur ne
paye pas tout de suite ses sources d'approvisionnement. Une fois les premiers
coupons décaissés par la BNC, le fournisseur rembourse ses dettes
et achète les biens et services qu'il lui reste à livrer.
Si la BNC tarde à décaisser les coupons rendus,
les fournisseurs ne pourront pas délivrer la totalité du paquet
dans les temps. Les problèmes de versement de la BNC en début de
programme ont
49
provoqué des retards importants de la part des
fournisseurs. Ce sont souvent de petits fournisseurs
sans compétences comptables ou d'entrepreneuriat qui ont
eu recours à cette stratégie.
D. Un investissement partagé entre les
membres de l'organisation
Cette stratégie concerne deux organisations agricoles
de Milot. L'ensemble de l'organisation est impliquée et participe
à l'activité. Des emprunts peuvent être effectués au
nom de l'organisation pour financer les investissements.
Les coûts de production sont diminués grâce
au travail collectif non rémunéré des membres et une
partie des bénéfices est mis dans la caisse de l organisation
pour financer des projets communs : nouvelles parcelles, animaux, caisse de
crédit commercial. Un exemple intéressant de gestion
partagée de l'activité de fournisseur est présente dans
l'encadre 2.
5.2.4. Des techniques maitrisées par les
pépiniéristes du Cap et les techniciens locaux
Des techniciens sont souvent à l'origine de la
création des organisations agricoles de Milot ou sont inclus dans la
structure. Ils maitrisent les techniques de production de plantules, de
compostage et de conservation du sol. Certains d'entre eux ont acquis des
compétences supplémentaires lors de projets donnant une formation
technique sur les tailles des cacaoyers (DEED USAID) ou le compostage. Les
techniques de production de semences d'igname minisett sont connues par
quelques techniciens
Les pépiniéristes du Cap ont de vraies
compétences en production de plantules mais ont acheté la plupart
des autres biens vendus sans chercher à en contrôler la
qualité. Le projet PTTA est pour eux un investissement temporaire et ils
ne pensent pas garder un lien à long terme avec la zone en l'absence de
projet de développement.
D'une manière générale, la qualité
et le soin donnés aux plantules comme aux autres biens sont liés
aux projets de développement des fournisseurs. Quand l'objectif est de
produire des plantules sur le moyen et long terme, ils investissent dans du
matériel d'irrigation et de protection des plantules contre le soleil
(ombragère ou tulle). Mais si la production est temporaire et s'ils ne
souhaitent pas dépenser trop dans ces infrastructures, ils assurent la
protection des plantules en les plaçant sous des arbres ou en couvrant
les pépinières de feuilles de cocotier. Ce type de protection
peut poser des problèmes de transmission de maladies.
· Le paquet technique a été choisi pour
appuyer la relance de la production cacaoyère
· Mais un seul fournisseur est en lien direct avec la
filière cacao
· Peu de fournisseurs étaient présents sur la
zone de Milot avant le projet PTTA
· L'OPS a fait appel à des fournisseurs sans lien au
territoire pour combler les déficits d'approvisionnement
· Au cours des campagnes des fournisseurs locaux ont su
profiter du PTTA pour se renforcer mais n'ont pas amélioré
l'offre en elle-même
· L'activité comme fournisseur à Milot est
rentable mais liée à des biens que les agriculteurs
n'achètent pas en dehors du programme
· Les pépiniéristes du Cap et les
techniciens locaux ont des compétences techniques de base mais n'ont pas
été en mesure de produire des semences d'igname minisett de
qualité
|
|
50
5.2.5. Structures non retenues
A la différence de Dondon, les fournisseurs ont pris
en charge eux-mêmes la production de plantules dès le début
du programme et ont acheté le reste des matériels
végétaux. Les effets du PTTA sur les filières
d'approvisionnement sont analysés en 7.3. . L'approvisionnement en biens
étant géré en majorité par des
pépiniéristes professionnels et spécialisés dans la
fourniture de programmes de développement, peu de structures
parallèles ont émergées.
Un exemple de gestion partagée de
l'activité : l'organisation JEAN
L'organisation agricole JEAN a été
créée en 2009 suite au sous-projet de renforcement des
filières agricoles porteuses par l'appui à de jeunes
agriculteurs. Ce sous-projet était inclus dans la composante II
du Projet de Transport et Développement Territorial (PTDT)
financé par la Banque Mondiale et mis en oeuvre par CECI dans le
département du Nord.
Des jeunes agriculteurs ont reçu une formation
technique complète par CECI dans des domaines variés ainsi qu'une
formation en gestion-entrepreneuriat. Les jeunes agriculteurs formés se
sont rassemblés en une association pour continuer à travailler
ensemble et garder la dynamique impulsée par le projet. L'organisation a
été suivie par CECI et a créée une entreprise
prestataire de services (vétérinaires, appui technique...) et
capable de vendre différents biens (miel, ananas, plantules...).
Mise en commun des productions
Membre Membre Membre Membre Membre
Redistribution
$
Vente
Caisse commune
La production des biens est répartie entre les membres
et une partie des bénéfices (10% environ) est
versée dans une caisse de crédit commune. Le reste est
partagé enter les membres selon la production de chacun. Ces jeunes
agriculteurs sont dans une logique de diversification de leurs activités
et utilisent les bénéfices dégagés par
l'approvisionnement des projets de développement pour financer leurs
propres objectifs : caisse de crédit agricole, agro-transformation,
commercialisation....
Encadre 2 L'organisation JEAN, un exemple de gestion
partagée de l'activité de production
51
5.3. Durabilité des fournisseurs en zones
agroforestières
5.3.1. Rappel du contexte
Deux facteurs peuvent expliquer les difficultés de
l'opérateur de service et de la coordination régionale à
mobiliser les fournisseurs en début de programme. En premier lieu, le
contexte de méfiance des agriculteurs et des acteurs économiques
concernant les projets menés par le gouvernement dans le secteur
agricole. En second lieu, le fonctionnement même du PTTA demande aux
fournisseurs de d'abord dépenser avant de recevoir les paiements, ce qui
pour eux peut être une difficulté s'ils n'ont pas accès
à des systèmes de financement.
Les premières campagnes ont été
approvisionnées en grande partie par des fournisseurs extérieurs
aux zones d'étude. Pour inciter ces fournisseurs à investir et
face à l'absence de marchés préexistant au PTTA, les
fournisseurs ont reçus des listes de bénéficiaires et
n'ont pas eu à se démarquer de leurs concurrents.
En parallèle d`une adhésion croissante des
agriculteurs au programme, le nombre de fournisseurs locaux a
considérablement augmenté une fois la rentabilité du
programme constatée. Cette augmentation généralisée
des fournisseurs locaux a favorisé dans certains cas une surproduction
de plantules et une participation au PTTA de fournisseurs ne cherchant pas
forcément à pérenniser leurs actions dans les communes.
5.3.2. Durabilité économique
Les fournisseurs des deux communes étudiées ont
eu recours à des emprunts pour financer leurs activités. Les taux
élevés des emprunts combinés aux retards de paiement de la
BNC ont un effet important sur le bénéfice final
dégagé par les fournisseurs.
L'étude des stratégies économiques
révèle de grandes différences dans les capacités de
gestion et de comptabilité au sein même des types de fournisseurs.
Certains utilisent le PTTA comme une opportunité pour appuyer leurs
activités agricoles existantes ou à venir. D'autres voient dans
ce programme un moyen de gagner rapidement de l'argent et ne portent pas de
projets de développement local à moyen et long terme.
Le programme PTTA a permis de renforcer des structures
déjà existantes dans les deux zones et a aussi favorisé
l'émergence de nouveaux acteurs qui pourraient jouer un rôle
intéressant dans le développement des productions agricoles. A
Dondon, les coopératives restent des acteurs économiques
clés mais des entrepreneurs locaux sont en recherche
d'opportunités d'investissement et semblent disposer de
compétences pour développer des activités à moyen
et long terme. A Milot, des organisations agricoles dynamiques avec de vrais
projets de développement agricole pour leurs membres et leur commune se
sont renforcées grâce au programme.
52
5.3.3. Durabilité environnementale
Les fournisseurs ne produisent qu'une partie du
matériel végétal délivré et achètent
l'autre à des intermédiaires ou directement au
bénéficiaire(semences d'igname, drageons de banane). Cette
sous-traitance ne permet pas les contrôles phytosanitaires ni la maitrise
des variétés diffusées.
Ce manque de contrôle peut favoriser la diffusion de
nématodes et d'autres ravageurs des cultures entre parcelles. De plus,
les techniciens réalisant les traitements ne sont pas forcément
équipés et protégés correctement lors des
traitements insecticides et fongicides.
En délivrant des plantules d'arbres sans ni
contrôle du substrat, le PTTA participe à la diffusion potentielle
de maladies telluriques. La grande quantité de sachets livrés aux
planteurs pose également la question de la gestion des déchets
plastiques.
5.3.4. Durabilité sociale
La production massive de plantules toutes zones confondues a
permis d'employer ponctuellement une main d'oeuvre importante. A chaque
étape de la production, du personnel a été employé
ce qui a permis un apport ponctuel d'argent dans l'économie
locale.
|
Sur le long terme cette production n'est pas assurée
en l'absence de débouchés et il n'existe pas encore de
marché réel pour la plupart des biens subventionnés. Le
nombre de bénéficiaires est attribué pour chaque
fournisseur après évaluation de sa pépinière par
l'OPS. Les fournisseurs ont donc produit une grande quantité de
plantules dans l'espoir de recevoir des listes importantes de
bénéficiaires mais la quantité actuelle de plantules
dépasse les besoins du programme (source : BAC , OPS). Néanmoins
des fournisseurs d'autres programmes seraient venus s'approvisionner en
plantules à Dondon.
|
Figure 15 Pépinière à Dondon
(photo : auteur)
|
|
Des agriculteurs accusent certains fournisseurs de
s'être enrichis au détriment de la qualité des biens et
services délivrés ce qui peut remettre en question
l'intégration locale sur le moyen terme de ces fournisseurs.
5.3.5. Durabilité juridique
Il n'y a pas eu de contraintes juridiques particulières
sur les fournisseurs agro-forestiers.
53
La principale limite de durabilité juridique est
liée à la gouvernance de certaines organisations. Un ou quelques
membres d'une organisation utilisent la reconnaissance légale de la
structure pour s'enrichir personnellement. Les bénéfices ne sont
alors pas forcement réutilisés pour la croissance du fournisseur
ou sa diversification. Ces cas remettent également en question la
durabilité de la gouvernance de ces fournisseurs.
5.3.6. Durabilité organisationnelle
Le PTTA n'impose pas de règles sur les modes de
gestion et la gouvernance des fournisseurs. Cependant, certains cas
d'organisations agricoles et de coopératives risquent de poser
problème sur le moyen et long terme. Les confusions entre participations
des cadres dirigeants, apports des membres et utilisation des réserves
de l'organisation agricole peuvent engendrer des tensions au sein même
des structures et mettre en péril la confiance des membres envers leur
organisation.
Le lien aux filières devait être un volet du
PTTA (2.3.2) mais n'a finalement pas été intégré.
Malgré la mise en place du programme RESEPAG2 sur les mêmes zones,
il n'y a pas eu de coordination suffisante entre l'appui aux productions
agricoles et leur commercialisation et transformation.
De même, les OP faitières des principales
filières : RECOCARNO pour le café et FECCANO pour le cacao ne se
sont pas assez ou n'ont pas été assez impliquées dans la
mise en oeuvre du programme. Ces structures disposent d'une expertise technique
pour l'entretien des parcelles caféières ou cacaoyères,
mais la composante d'appui technique n'a pas été
développée en lien avec ces organisations. L'enrichissement de
certaines coopératives sans implication de la structure faitière
entraine également des tensions entre coopératives membres d'une
même structure.
5.3.7. Durabilité technique
Les compétences techniques des fournisseurs sont plus
liées aux compétences de chaque individu qu'au type de
fournisseur. Pour les zones agroforestières étudiées, les
techniciens locaux sont des composantes essentielles de la durabilité
technique du programme. Ils sont eux-mêmes fournisseurs ou
employés par les fournisseurs et de leurs compétences
dépend la qualité des biens produits (plantules, semences...)
ainsi que l'application des traitements phytosanitaires.
|
Le choix de laisser les fournisseurs gérer l'ensemble
des biens et des services n'a pas permis le développement de vrais
services de préparation et de conservation du sol. La préparation
a été sous-traitée au bénéficiaire sous
forme de transferts d'argent et la conservation a été
réalisée par des techniciens sans présence obligatoire du
propriétaire de la parcelle. Il n'y a donc pas eu de transfert de
technologies liées à ces services.
|
Figure 16 Rampes de conservation du sol (photo :
auteur)
|
|
|
54
Pour les deux communes étudiées, l'assistance
technique a d'abord pris la forme d'un piquetage. Les
techniciens recrutés par le bureau agricole communal et l'OPS n'ont
été engagés que pour marquer les distances de
plantation et montrer la technique de trouaison. Pour la
troisième campagne, des fournisseurs ont été
chargés de gérer le recrutement des techniciens et d'organiser le
suivi technique des parcelles bénéficiaires. Les techniques
promues restent le piquetage et de la trouaison avec l'obligation pour chaque
technicien de réaliser un suivi des parcelles encadrées.
La coordination régionale a rédigé un
Manuel des standards de qualité pour guider les fournisseurs
lors de la production des biens ou la réalisation des services. Ces
standards sont une première étape pour encadrer les biens et
services délivrés par le PTTA mais les techniques de traitements
phytosanitaires comme de désinfection du substrat ne sont pas
maîtrisées par les fournisseurs hormis quelques
coopératives.
Une forme intéressante d'appui technique pour la
culture de l'igname a été testée par l'OPS CECI dans les
zones de Ranquitte et La Victoire. Cet appui se base sur une formation
préalable des techniciens à un itinéraire technique
précis puis un suivi rapproché des bénéficiaires.
Cette approche semble correspondre aux attentes des producteurs qui acceptent
de suivre les itinéraires techniques proposés par les
techniciens.
· En zone agro-forestière, les biens et services
choisis par le PTTA étaient vendus ou échangés entre
agriculteurs avant le programme, le PTTA a donc créé un
marché artificiel
· Après une période d'observation, de
nombreux fournisseurs ont émergé
· Ces fournisseurs ont des compétences techniques
de base mais peu ont une stratégie de développement
économique sur le moyen et long terme
· Les fournisseurs les plus durables sont principalement
ceux présents avant le programme car ils sont liés aux
filières de commercialisation ou ont une vraie stratégie de
développement
· Des fournisseurs émergents ont également
des compétences en entrepreneuriat mais ils manquent
d'opportunités pour investir et ne sont pas accompagnés pour se
renforcer techniquement
· L'offre de biens et services ne s'est pas
diversifiée au cours du PTTA
· L'assistance technique s'est progressivement
structurée et des formes de suivi-conseil plus proches des attentes des
producteurs sont proposées
|
55
5.3.8. Quels fournisseurs après le PTTA
?
Dans les conditions actuelles, il est probable que les
fournisseurs restant sur les zones après le PTTA soient les mêmes
que ceux présents avant. Les planteurs n'ont pas l'habitude d'acheter
des plantules de café et de caco au prix payé par le programme et
font eux-mêmes leur pépinière en cas de besoin ou
récupèrent des graines. Les autres biens proposés :
igname, plantules de fruitiers et forestiers, drageons de banane sont
traditionnellement achetés entre planteurs et le PTTA n'a pas
réussi à donner une plus-value technique à ces biens au
travers des fournisseurs.
Figure 17 Fournisseurs susceptibles de perdurer
après le programme PTTA dans les zones agroforestières (source :
auteur)
56
6. Les zones irriguées 6.1. Saint
Raphaël
6.1.1. Présentation de la commune
Saint Raphaël est une commune située en zone de
plateau entre Dondon et Saint Michel de l'Attalaye. Les productions agricoles
sont reparties entre zones sèches et zones irriguées. En zone
sèche les cultures principales sont les céréales
(maïs, sorgho), les pois et les haricots, les tubercules et la canne
à sucre. En zone irriguée, trois périmètres
permettent d'alimenter en eau plus de 1200 hectares. Les systèmes de
cultures sont complexes avec des associations maraichères et du riz. La
culture du riz se pratique toute l'année et le maraichage de septembre
à février avec trois grands types d'association (Ruffy, 2015)
6.1.2. Des services assurés entre agriculteurs
et des biens vendus par une diversité d'acteurs avant le
PTTA
Le développement des cultures irriguées avec la
construction puis le bétonnage du périmètre irrigué
a favorisé la demande en intrants de base (Ruffy, 2015) : engrais,
semences, outils, ainsi que le développement de certains services
propres aux cultures locales : repiquage, transplantation, labour. Voici les
principaux biens et services vendus aux agriculteurs de Saint Raphaël
avant le PTTA.
Biens et Services
|
Engrais
Semences de riz
Semences maraichères
Produits phytosanitaires
Outils
Labour à traction animale
Labour motorisé
Repiquage - transplantation
Traitements phytosanitaires
Conseil technique
Transformation
Commercialisation
|
Vente à Crédit ?
|
Fournisseurs
|
Importateurs
|
X
|
X
|
X
|
X
|
X
|
|
|
|
|
X
|
|
|
N
|
Boutiques pluriactives
|
X
|
X
|
X
|
X
|
|
|
|
|
|
X
|
|
|
O
|
Boutiques d'intrants
|
X
|
X
|
X
|
X
|
X
|
|
|
|
X
|
X
|
|
|
O
|
Vendeurs de rue
|
|
|
X
|
X
|
|
|
|
|
X
|
|
|
|
O
|
Agriculteurs
|
|
X
|
|
|
|
X
|
|
X
|
X
|
X
|
X
|
|
O
|
Services de l'état
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
N
|
Organisations agricoles
|
|
|
|
|
|
|
X
|
|
|
|
X
|
|
N
|
Vendeuses ambulantes
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
X
|
O
|
Tableau 14 Offre de biens et services avant le PTTA
à Saint Raphaël avant le programme PTTA
57
Avant l'arrivée du PTTA, le marché des intrants
agricoles est dominé par deux importateurs, quatre
à cinq grandes boutiques d'intrants, et des
boutiques pluriactives qui ont une autre activité
commerciale en plus de l'activité de vente d'intrants.
Ces grands vendeurs disposent de fonds importants et de contacts dans
l'Artibonite, en République Dominicaine et au sein du
ministère.
Trois organisations agricoles ont reçu
un appui de l'AgroAction Allemande au début des années 2000 pour
développer un service de vente d'intrants. Ces organisations sont
autorisées à acheter l'engrais subventionné par
l'état haïtien et ont géré des boutiques
jusqu'à 2006 où plusieurs problèmes de sécheresses
et des défauts d'approvisionnement ont provoqué l'arrêt des
ventes.
Les deux importateurs d'engrais présents à Saint
Raphaël jouent donc un rôle clé dans l'acquisition et la
distribution d'intrants. La majorité des boutiques et des agriculteurs
s'approvisionnent auprès d'eux pour les engrais, les semences
maraichères et les produits phytosanitaires. Les importateurs ne
pratiquent pas la vente à crédit. Les
agriculteurs ayant besoin de s'approvisionner en intrants peuvent acheter les
semences, les produits phytosanitaires et les engrais à crédit
auprès des boutiques ou des vendeurs de rue.
Les semences de riz sont principalement
achetées entre agriculteurs qui gardent une partie de leurs
récoltes. Les outils agricoles de base (machette,
houe...) sont vendus au marché de Saint Raphaël, du Cap
Haïtien et dans les boutiques pluriactives. Des pulvérisateurs sont
vendus dans les magasins des importateurs et quelques grandes boutiques. Le
service de pulvérisation et de traitement phytosanitaire est
généralement vendu par un agriculteur possédant un
pulvérisateur manuel ou par un vendeur d'intrants possédant un
pulvérisateur.
Le service d'assistance technique et de
suivi-conseil n'existent pas. Les conseils d'utilisation des
produits sont délivrés à l'achat dans les boutiques et
entre agriculteurs. L'appui technique reçu au cours d'autres programmes
a permis de former des techniciens agricoles au sein de certaines organisations
mais les acteurs rencontrés n'ont pas signalé une activité
de suivi-conseil technique en dehors de celui financé par le PTTA.
Les agriculteurs possédant un attelage vendent du
service de labour mais l'offre en labour à traction animale
est insuffisante pour couvrir la demande lors des campagnes rizicoles
malgré la venue ponctuelle de bouviers des zones environnantes lors des
pics de travail. Le labour motorisé est quasiment
inexistant hormis quelques tracteurs mis à disposition par le
ministère lors des campagnes et deux agriculteurs possédant leurs
propres tracteurs.
? L'offre en biens est dominée par les importateurs et des
grandes boutiques
? Les boutiques et les revendeurs d'intrant sont toujours
sollicités par les agriculteurs car ils pratiquent la
vente à crédit de petites quantités
d'intrants et la location ou le prêt de pulvérisateurs
? Les services agricoles de base (repiquage, labour...) sont
gérés par et entre agriculteurs
? La seule assistance technique est celle donnée sous la
forme de conseils sur l'utilisation des intrants par
les vendeurs
? L'offre en service de labour est faible et n'a pas fait
l'objet d'un renforcement par des programmes de développement depuis
la fin de l'ODN
|
58
6.1.3. Les biens et services subventionnés par
le PTTA ne sont pas délivrés par les fournisseurs présents
avant le programme
a. Choix des paquets techniques riz et
maraîchage
Les paquets techniques mis en oeuvre à Saint
Raphaël ont également été conçus pour appuyer
les principales productions annuelles locales.
Bien ou Service
|
Justification
|
Semences de riz améliorées
|
Permettre l'accès à des semences de
qualité et à des variétés
améliorées
|
Semences maraichères : oignon, poireau, piment,
carotte
|
Permettre l'accès à des semences de
qualité et à des variétés
améliorées
|
Engrais : complet, urée, sulfate
|
Permettre aux agriculteurs de réaliser toutes les
fertilisations préconisées sur la parcelle
subventionnée
|
Produits phytosanitaires
|
Assurer le contrôle phytosanitaire en cas de besoin
|
Préparation du sol : Labourage, Hersage,
Nivellement et planage ou Préparation
des planches)
|
Aider l'agriculteur bénéficiaire à avoir
accès à ce service dans les délais impartis par les
calendriers culturaux
|
Repiquage
|
Favoriser le transfert de la technique du repiquage en ligne
et 3 brins par poquet. Alléger le coût de cette
opération.
|
Assistance technique
|
Accompagner l'agriculteur dans le suivi de sa parcelle et
transférer les recommandations du paquet technique sur le repiquage, la
fertilisation et la phytosanitation
|
Tableau 15 Biens et services subventionnés par le
PTTA (Source : Manuel d'incitations, Entretiens CECI, Coordination
Régionale, BAC Saint Raphaël)
· Préparation sol
· Semences riz
· Engrais
· Repiquage
· Assistance technique
Riz 2014
Maraîchage
2014
· Préparation sol
· Semences
· Engrais
· Contrôle phytosanitaire
Riz 2015
· Préparation sol
· Semences riz
· Engrais
· Repiquage
· Assistance technique
Maraîchage 2015
· Préparation sol
· Semences
· Engrais
· Contrôle phytosanitaire
· Assistance technique
Figure 18 Paquets techniques mis en place par le PTTA
à Saint Raphaël (source : auteur)
Pour des raisons de budget alloué par agriculteur et de
choix technique, les traitements phytosanitaires ne sont subventionnés
que pour le maraichage et le repiquage n'est payé que pour le riz. L'OPS
et la coordination régionale n'ont également pas gardé le
coupon assistance technique lors de la campagne de maraichage. Ce coupon a
été rétabli pour les campagnes de riz et maraichage
2015.
59
Les campagnes PTTA suivent le cycle des cultures a Saint
Raphaël, elles ont débuté avec le riz en avril-mai 2014 et
se terminent avec le maraîchage de septembre à janvier 2015
environ.
b. Typologie des fournisseurs : des structures
étrangères à Saint Raphaël ou
apparues pendant le programme approvisionnent les
bénéficiaires
Les planteurs avaient déjà accès à
une offre de biens et services avant le PTTA mais malgré leur rôle
fondamental dans l'approvisionnement des agriculteurs, la majorité des
vendeurs d'intrants de Saint Raphaël ne sont pas fournisseurs officiels du
programme.
D'après les enquêtes effectuées, l'OPS et
la coordination régionale ont eu de grandes difficultés à
mobiliser ces vendeurs et peu de vendeurs présents avant le programme
ont participé. Les principales raisons évoquées sont le
manque de confiance dans le programme et le besoin trop important en
liquidités en début d'activité.
Il apparait clairement que les structures qui n'avaient aucune
activité de vente avant le PTTA avant le programme ont reçu le
plus grand nombre de bénéficiaires. Le fait que les deux types de
fournisseur principaux ne soient pas des acteurs importants de la vente
d'intrants soulève des interrogations quant à la gestion des
listes de bénéficiaires, et pose l'hypothèse d'une
sélection opérée par des réseaux proches du bureau
agricole communal.
Les organisations agricoles de Saint
Raphaël ont également approvisionné un nombre important de
bénéficiaires (28%), et leur implantation locale
leur a permis de d'avoir accès à de l'engrais auprès des
grossistes et des boutiques au moment des pénuries. La seule
boutique d'intrants inscrite comme fournisseur a
délivré à elle seule des biens et services à
14% des bénéficiaires, ce qui témoigne de
sa volonté à s'engager dans le programme.
Les vendeurs de labour n'ont pas
été retenus ni mobilisés pour être fournisseurs
directs de labour, de même que les agriculteurs pratiquant le repiquage.
Ces choix sont justifiés par une application stricte des critères
de sélection des fournisseurs qui demandent des documents autorisant
l'exercice légal de l'activité, or ces documents ne sont pas
possédés par les bouviers et les agriculteurs.
Il y a donc eu sous-traitance des services de labour et de
repiquage par les fournisseurs. Cette sous-traitance a pris la forme de
transferts d'argents entre le fournisseur et le bénéficiaire, ou
d'emploi du vendeur de service par le fournisseur.
60
Type de fournisseur
|
Sous-types
|
Description
|
Noms
|
Pourcentage
de bénéficiaires accompagnés
|
Boutiques d'intrants présentes avant
le programme
|
Boutiques spécialisées dans la vente d'intrants.
Gérées par des agronomes ou des techniciens. Une seule de ces
boutiques s'est proposée comme fournisseur
|
Agwo Lakay
|
13%
|
Organisations agricoles de
Saint Raphael
|
Qui ont ou ont eu une boutique d'intrants
|
Organisations qui ont reçues un appui de l'Agro
Action
Allemande pour développer un service de
vente d'intrants
|
CCISR, OD4SS, AIB
|
22%
|
Qui n'avaient pas de
boutiques d'intrants
|
Organisations sans activités de vente avant le
programme. Elles ont saisies l'opportunité du PTTA pour
générer des revenus.
|
OASR, RERAS
|
6%
|
Organisations de techniciens
|
Ces organisations ne sont intervenues qu'à partir de la
troisième campagne. Elles sont en charge de gérer l'assistance
technique. Chacune coordonne le travail de ses techniciens.
|
OTADAS, ATADS, Agro Lumière
|
|
Entrepreneurs de Saint Raphael
|
Ces structures et individus ne vendaient pas de biens et
services agricoles avant le PTTA. Deux fournisseurs avaient
gérés des boutiques agricoles dans le passé mais
avaient d'autres activités à l'arrivée du
programme (politique, investissements au Cap Haïtien). Le
troisième fournisseur est une structure incorporant des cadres du bureau
agricole communal et des techniciens locaux.
|
BIAS, GPR, Jardin Fleuri
|
50%
|
Fournisseurs extérieurs à
Saint Raphael
|
Organisation de techniciens
|
Organisation de techniciens de Dondon qui génère
des
profits en participant à différents programmes
de développement
|
ATAD
|
5%
|
Entreprise en nom collectif
|
Groupement d'agronomes et de techniciens. Participe à
différents projets de développement et à une
activité de productions de semences.
|
GAPA
|
4%
|
Tableau 16 Typologie des fournisseurs de biens et
services à Saint Raphaël pendant le PTTA (source :
auteur)
c. Durabilité économique : une
activité rentable grâce à la vente d'un
service
non délivré directement par les
fournisseurs
Les paquets techniques en riz et maraîchage ne
nécessitent pas une activité de production de la
part du fournisseur car il achète et revend les biens. De plus, il
sous-traite les services de labour et de repiquage sans y participer.
MB totale
Engrais (sac)
Repiquage (hj)
(marmites)
Preparation de sol
|
|
|
PB
MB
|
|
|
USD
|
0 50 100 150 200
Figure 19 PB et MB dégagés pour les biens
et services de la campagne de riz en 2014 à Saint Raphaël (source :
auteur)
Semence Riz
L'étude des marges brutes par biens et services
révèle que la marge brute des fournisseurs dépend
essentiellement du labour (75%), alors
même qu'ils ne délivrent pas eux-mêmes ce service. Pour la
campagne de maraichage, le labour et la vente de
produits phytosanitaires sont les deux services rapportant le
plus d'argent aux fournisseurs.
Fournisseurs
|
BIAS
|
GAPA
|
Jardin Fleuri
|
Agwo Lakay
|
Taux de rentabilité
|
0.08
|
0.05
|
0.27
|
0.09
|
Tableau 17 Taux de rentabilité de
l'activité de certains fournisseurs de Saint Raphaël (source :
auteur)
Les taux de rentabilité calculés montrent que
l'activité est rentable mais que cette rentabilité est
très variable selon les fournisseurs.
61
Figure 20 Dépenses, chiffre d'affaires et MB
réalisées en moyenne par bénéficiaire
approvisionné à Saint Raphaël
Quel que soit le type ou le sous-type de fournisseur, les
stratégies économiques mises en oeuvre présentent des
similitudes.
Tout d'abord, tous les fournisseurs ont recours au
crédit commercial ou à l'usure car l'investissement initial est
important à cause du prix des intrants et des avances de
trésorerie pour la préparation du sol. Ensuite, la fluctuation
des prix de l'engrais impacte la trésorerie des fournisseurs qui ont du
payer plus cher les fertilisants par rapport au prix considéré
lors de la conception des paquets. Enfin ces deux effets sont renforcés
par les retards de paiement de la BNC qui entrainent une augmentation des
pénalités de paiement auprès des structures d'emprunt.
Voici les principales stratégies :
A. Le recours à des emprunts
très importants (commerciaux ou informels), tout au long du
programme
Principalement utilisée par les entrepreneurs internes
à Saint Raphaël et une organisation agricole extérieure,
cette stratégie a permis de vendre des biens et services à un
grand nombre de bénéficiaires mais les taux
d'intérêts élevés associés aux retards de
paiement de la BNC ont impactés les bénéfices finaux
(marge nette) qui sont moindre qu'espérés.
Les bénéfices obtenus ont peu été
réinvesti dans les campagnes suivantes et des emprunts ont
été réalisés à chaque campagne. Des
investissements locaux sont prévus pour un seul de ces fournisseurs qui
souhaite poursuivre la vente d'intrants après le programme et s'engager
en politique.
800000 HTG
700000
|
|
|
|
600000 500000 400000 300000 200000 100000
0
|
|
MB
Emprunts MN
|
|
|
|
Maraichage
2014
|
Riz 2015
|
Dans cet exemple, le fournisseur GAPA a eu recours à des
emprunts très important pour financer l'achat des biens lors du PTTA. En
approvisionnant de nombreux bénéficiaires il réussit a
dégager une marge nette intéressante en fin de troisième
campagne mais les sommes récupérées par les usuriers sont
très importantes (taux de 9 et 10% par mois).
62
Figure 21 Evolution de la marge nette du fournisseur GAPA
à Saint Raphaël (source : auteur)
B. L'utilisation de réserves de
trésorerie associées à des emprunts réalisés
dans des banques commerciales ou des caisses populaires
Les organisations agricoles de Saint Raphaël qui avaient
été appuyées par l'Agro Action Allemande avaient
constituées des réserves de trésorerie et les ont
été réutilisées pour financer
63
l'investissement dans le PTTA. Pour compléter
l'investissement, des emprunts ont été effectués. Deux
organisations ont indiqué avoir sollicité une participation des
membres.
Une partie de l'argent gagné à chaque campagne a
permis de financer la campagne suivante et le reste a été
affecté aux activités de l'organisation. Ces activités
peuvent être agricoles (relance de la boutique d'intrants, construction
prévue d'un entrepôt de stockage) ou autres (achats de
médicaments pour les membres...). Une de ces organisations est en charge
de coordonner le curage des canaux du périmètre irrigué
principal, les bénéfices de la participation au PTTA devaient
être utilisés pour financer ce curage, à date il n'a pas
été fait.
L'analyse des organisations ne possédant pas de
boutique avant le programme est compliquée. Une de ces organisations a
connu des dissensions internes après la répartition de l'argent
en fin de première campagne et a cessé son activité. Pour
une autre, les bénéfices dégagés auraient servi
à développer une caisse de crédit commercial pour les
membres, mais les données exactes sur l'organisation du système
de crédit n'ont pas pu être consultées. Le dirigeant est le
même qu'une autre organisation agricole présente avant le
programme et les membres semblent peu impliqués dans la gestion de
l'activité.
C. Le recours ponctuel à des emprunts
inclus dans une stratégie d'investissement et de développement
à moyen et long terme.
La boutique d'intrants présentes avant le programme et
une entreprise extérieure à Saint Raphaël se
caractérisent par leurs bonnes capacités de gestion et la vision
de développement à long terme de leur activité. Ces
entreprises sont gérées par plusieurs associés mutualisant
leurs dépenses. Des crédits commerciaux et informels ont
été utilisés tout au long du programme PTTA mais une bonne
anticipation des dépenses et un recours raisonné à l'usure
ont permis de dégager une marge nette conséquente.
Les bénéfices sont répartis entre les
membres et dans d'autres activités (autres programmes, dépenses
personnelles...). Un des fournisseurs a investi à Saint Raphaël en
faisant l'acquisition d'un local et souhaite pérenniser son
activité de vente d'intrants en l'associant à du conseil
technique et à de la production de semences. L'argent gagné par
un autre va permettre d'investir dans un tracteur et d'augmenter les stocks
d'intrants disponibles
? L'activité de fournisseur PTTA à Saint
Raphaël est rentable économiquement
? Cette rentabilité est obtenue grâce à
l'argent gagné avec le coupon de préparation du sol
? Mais ce service n'est pas délivré par les
fournisseurs d'intrants en dehors du PTTA
? L'étude des stratégies économiques montre
un recours systématique à l'emprunt et des visions de
l'activité à moyen et long terme variées
|
d. 64
Organisations de techniciens - émergence d'une
offre technique structurée
Lors des deux premières campagnes, l'assistance
technique était réalisée par les techniciens
employés par les fournisseurs officiels. En l'absence de cahier des
charges clair et d'indications explicites sur le rôle des techniciens en
riziculture et maraichage, le mode de suivi des bénéficiaires a
été laissé à l'appréciation de chaque
fournisseur et de chaque technicien sans outils de contrôle et
d'évaluation. Il en a résulté une grande confusion quant
au rôle de chaque acteur et une faible présence des techniciens
sur les parcelles subventionnées.
Des bénéficiaires et des techniciens n'ont pas
compris si le coupon de contrôle phytosanitaire en maraîchage
couvrait les dépenses d'achats des produits, leur application ou les
deux. La coordination, l'animation et le suivi des équipes
n'étaient pas compris dans le prix de la subvention (1000HTG par
bénéficiaire accompagné) et peu de moyens logistiques ont
été mis à disposition des techniciens qui se sont souvent
déplacés à leurs frais. Enfin, la répartition du
nombre de bénéficiaires par technicien était
gérée par le fournisseur ce qui a généré des
inégalités entre techniciens.
A partir de 2015 de nouvelles structures ont
émergées à Saint Raphaël. Des techniciens agricoles
se sont rassemblés en organisations et ont demandé à l'OPS
l`exclusivité de la gestion de l'assistance technique. Ces techniciens
s'estimaient spoliés par les fournisseurs officiels et ont
souhaité récupérer pour eux la marge gardée
auparavant par les fournisseurs. Trois organisations se sont
positionnées pour fournir du conseil technique de proximité aux
agriculteurs tout au long du cycle de culture. Les frais de fonctionnement des
organisations sont couverts par une participation des membres et des formations
ont été planifiées pour améliorer les
compétences des techniciens. Les bénéfices seront
partagés entre membres et ces organisations souhaitent devenir des
interlocuteurs privilégiés en cas de nouveaux projets de
développement financés sur la commune.
e. Labour : de l'argent investi par le programme
sans effets sur l'offre
Le choix ne pas laisser les bouviers ou les
propriétaires d'attelage être directement fournisseurs de labour
semble avoir limité l'évolution du service et des structures
pendant le programme. Avec l'argent donné par les fournisseurs, les
agriculteurs bénéficiaires sont passés par leurs
interlocuteurs habituels : amis, voisins ou bouviers des zones
environnantes.
Ces vendeurs temporaires de labour ont réalisé
le travail mais n'ont pas réinvesti les gains dans de nouveaux attelages
en l'absence de formation et d'opportunités d'investissement. De plus,
un prélèvement a été parfois réalisé
par le fournisseur sur le coupon labour, mais ce prélèvement n'a
pas été réinvesti dans l'offre de labour.
65
6.1.4. Les structures non retenues : acteurs
clés de l'approvisionnement des
fournisseurs officiels
La majorité des structures décrites en
6.1.2.hormis deux boutiques d'intrants ont bénéficié du
programme PTTA de manière indirecte. En premier lieu elles ont
continué à approvisionner les agriculteurs non
bénéficiaires du programme alors que les fournisseurs officiels
se sont concentrés prioritairement sur leurs listes de
bénéficiaires.
En second lieu les importateurs et les grandes boutiques
d'intrants ont approvisionnés les fournisseurs
officiels en intrants. De part leurs réseaux et leur expérience
ces vendeurs ont été capable d'avoir des semences et des engrais
à revendre tout au long du programme. Alors même que le contrat
passé entre le ministère de l'agriculture et un importateur
d'engrais devait assurer la livraison d'engrais spécialement pour les
bénéficiaires du PTTA, les retards importants ont permis aux
revendeurs de continuer a vendre de l'engrais non contrôlé aux
fournisseurs.
Pour conclure, les agriculteurs qui ont été
bénéficiaires reviennent acheter leurs intrants dans les
structures présentes avant le programme et ne pensent pas retourner
s'approvisionner chez les fournisseurs officiels du PTTA (Ruffy, 2015).
L'analyse des fournisseurs de Biens et Services dans les
périmètres rizicoles du Nord Est permet de comparer les effets du
PTTA sur l'offre de biens et services et de comprendre les facteurs pouvant
faciliter l'émergence d'une offre durable.
? Les vendeurs d'intrants historiques de Saint Raphaël n'ont
pas participé au programme directement
et leur absence remet en question la gestion de la
sélection des fournisseurs dans cette zone
? Malgré leur non implication directe, ces vendeurs ont
joué et jouent un rôle essentiel dans l'approvisionnement du
PTTA
? Les services de labour et de repiquage n'ont pas
été considérés comme des services à part
entière, ils n'ont donc pas évolué grâce au
PTTA
? L'assistance technique a progressivement
évoluée pour se structurer et se professionnaliser mais la
pérennité du service n'est pas assurée en
l'absence de programme de développement à Saint
|
66
6.2. Le Nord Est rizicole
6.2.1. Des périmètres irrigués
spécialisés dans la culture du riz et en manque d'infrastructures
de gestion de l'eau
|
Le département du Nord-Est est structuré en 13
communes et 4 arrondissements : Fort-Liberté, Ouanaminthe, Trou du Nord
et Vallières. (LAINE M. et al. 2004). Trois grands types de zones
agro-écologiques sont identifiables : les plateaux d'altitude, la zone
de piémont et les zones de plaine. Les zones de plaine sont
divisées en plaines sèches et plaines humides. Les communes de
l'étude sont Ouanaminthe, Ferrier et Fort Liberté, elles sont
situées en zone de plaine. Les cultures sont partagées entre
cultures de zone sèche : arachide, maïs, manioc, pois nègre,
banane... et cultures irriguées ou
|
Figure 22 Périmètre irrigué de
Couacou 1 (photo : auteur)
|
la riziculture est dominante.
|
L'accès à l'eau et la présence
d'infrastructures adaptées est déterminant pour mettre en place
des systèmes de cultures irrigués. Quelques
périmètres irrigués ont été
bétonné près de Ouanaminthe ou de Fort Liberté
(Couacou) mais la majorité des canaux sont encore en terre et l'eau est
dirigée grâce à des aménagements de fortune (Rambao,
2014).
La proximité avec la frontière dominicaine est
un facteur déterminant pour l'économie locale. Les flux
migratoires journaliers ou saisonniers sont très importants. Beaucoup
d'Haïtiens sont employés dans les exploitations agricoles
dominicaines comme main d'oeuvre. Ces échanges réguliers
favorisent la transmission de techniques agricoles, de produits phytosanitaires
et de nouvelles variétés de riz employés en
République Dominicaine.
La zone de Maribahoux se caractérise également
par la présence de nombreuses organisations agricoles et la
superposition de projets d'appui au développement (agricole, sociale,
éducatif...). Ces organisations ont rarement une activité
continue et se mobilisent en présence de nouveaux projets.
6.2.2. Une offre de biens et services préexistante
au programme PTTA et une expertise technique apportée par la
République Dominicaine
X X X X X
X X X X X
X X X X
X X X (X)
X X X X
X X X X
X
X X X
Labour à traction animale
Labou r motorisé
Récolte mécanisée
Repiquage - trans plantation
Engrais
Produits p hytosan itaires
Transformation
Conseil technique
Traitements phytosanitaires
Semences de riz
Commercialisation
Outils
Vente à Crédit ?
Vendeurs dominicains
Vendeuses ambulantes
Agriculteurs
Boutiques d'intrants
Organisations agricoles
Prestataires dominicains
Fournisseurs
Boutiques d'OP
Bouviers*
Biens et Services
X
X
X
67
Tableau 18 Offre de biens et services dans le Nord Est
rizicole avant le programme PTTA (* regroupe différents
sous-types)
La vente d'engrais est assurée
principalement par des boutiques d'intrants spécialisées dans
l'agriculture et quelques boutiques pluriactives. Les boutiques d'intrants sont
reliées entre elles par des liens d'amitié et professionnels
entre cadres dirigeant. Elles sont présentes dans tous les centres
urbains de la zone d'étude. Quelques organisations agricoles ont
reçu un appui du programme PPID du Ministère de l'Agriculture
haïtien et ont pu mettre en place un service de vente d'intrants. Lors des
migrations périodiques, les travailleurs haïtiens profitent de leur
passage en République Dominicaine pour acheter des intrants
également.
Les semences de riz sont multipliées
et vendues entre agriculteurs qui en achètent en République
Dominicaine. Les principales boutiques d'intrants et celles des organisations
agricoles proposent également des semences.
Les produits phytosanitaires sont vendus
également dans les boutiques mais de nombreux agriculteurs en
achètent directement en République Dominicaine. En plus de prix
avantageux, les vendeurs dominicains sont reconnus pour avoir des produits
adaptés aux besoins des planteurs et sont capables de délivrer
des conseils personnalisés d'utilisation. Certains vendeurs dominicains
proposent même un service d'expertise technico-commercial. Un technicien
visite les parcelles du client haïtien et
68
lui propose des produits adaptés issus de son magasin.
L'application des produits phytosanitaires est souvent
réalisée par les agriculteurs eux-mêmes ou
sous-traitée à un agriculteur possédant un
pulvérisateur.
Les outils sont achetés dans les centres
urbains et en République Dominicaine.
Le service de labour à traction animale
est assuré par des bouviers spécialisés dans ce
travail. Ils sont employés par les propriétaires de l'attelage ou
possèdent eux-mêmes une ou plusieurs paires de boeufs.
Différents projets de développement ont renforcé ce
service. Des agriculteurs ont eu l'opportunité d'investir dans des
attelages et ont reçu une formation technique en dressage et labour. La
culture du riz toute l'année explique également la
présence de bouviers en permanence sur les zones de culture.
Le labour mécanisé est
délivré par quelques agriculteurs et une ONG possédant des
tracteurs mais est peu développé actuellement. Ce sont surtout
des prestataires de service dominicains qui passent la frontière pour
vendre des services de labour et de récolte
mécanisée du riz (moissonneuse-batteuse).
Le repiquage est un service vendu entre
agriculteurs et effectué par des individus ou des groupes de travail
spécialisés.
L'assistance technique est
délivrée sous la forme de conseils d'utilisation des produits
phytosanitaires et des semences. Ces conseils sont donnés par les
techniciens des boutiques d'intrants haïtiennes ou les vendeurs
dominicains lors des achats. Des programmes de développement ont
appuyé la diffusion des techniques de repiquage du riz en ligne avec une
faible densité par poquet, l'absence de maitrise de l'eau et la pression
des ravageurs du riz (caracole) a limité l'adoption de ces pratiques.
Les services de transformation sont surtout
des moulins de décorticage du riz possédés par des
organisations agricoles (Ferrier) ou des vendeuses ambulantes (Madam Sara). Ces
vendeuses gèrent également l'achat des récoltes, souvent
sur pied, et leur commercialisation.
? Un groupe de boutiques d'intrants dynamiques approvisionnent
les agriculteurs et les autres vendeurs
de la zone
? Le service de labour est vendu par des opérateurs
spécialisés
? La traction animale est dominante sauf à Ferrier ou des
propriétaires de tracteurs fournissent un
service de labour mécanisé
? La proximité avec la République Dominicaine
facilite l'approvisionnement en engrais et phytosanitaires
? Les conseils pour l'utilisation des intrants sont
délivrés principalement dans les boutiques, entre
agriculteurs et en République Dominicaine
|
69
6.2.3. Les intrants ont été vendus
principalement par des boutiques spécialisés et l'offre de
services a été modifiée par le PTTA
a. Des paquets techniques rizicoles
Les paquets choisis pour les zones irriguées du Nord
Est sont tous des paquets appuyant la riziculture. Les biens et services
subventionnés sont donc quasiment les mêmes qu'à Saint
Raphaël.
Bien ou Service
|
Justification
|
Semences de riz améliorées
|
Permettre l'accès à des semences de
qualité et à des variétés
améliorées
|
Engrais : complet, urée,
sulfate
|
Permettre aux agriculteurs de réaliser toutes les
fertilisations préconisées sur la parcelle
subventionnée
|
Produits phytosanitaires
|
Assurer le contrôle phytosanitaire en cas de besoin
|
Application phytosanitaires
|
Payer à l'agriculteur un service d'appui technique pour
l'utilisation de pesticides. Avec ce coupon l'agriculteur peut
payer un prestataire pour réaliser les traitements phytosanitaires.
|
Préparation du sol :
Labourage, Hersage,
Nivellement et planage ou Préparation des planches)
|
Aider l'agriculteur bénéficiaire à avoir
accès à ce service dans les délais impartis par les
calendriers culturaux
|
Repiquage
|
Favoriser le transfert de la technique du repiquage en ligne
et 3 brins par poquet. Alléger le coût de cette
opération.
|
Assistance technique
|
Accompagner l'agriculteur dans le suivi de sa parcelle et
transférer les recommandations du paquet technique sur le repiquage, la
fertilisation et la phytosanitation
|
Tableau 19 Biens et services subventionnés par le
PTTA (source : CECI, Coordination Régionale, auteur)
La principale évolution des paquets techniques consiste
dans l'apparition d'un coupon assistance technique visant à donner
l'accès à un suivi technique aux bénéficiaires du
programme.
Les bénéficiaires ont eu le choix entre le
labour à traction animale ou mécanisé (motoculteur ou
tracteur). Le choix était également possible entre la subvention
du repiquage ou celle de l'application des produits phytosanitaires puis entre
la subvention du repiquage et l'acquisition des pesticides. Ce changement
s'explique par la nécessite d'intégrer l'application des produits
phytosanitaires dans l'assistance technique.
· Préparation sol : labour à traction
bovine ou mécanisé
· Semences riz
· Engrais
· Acquisition de pesticides
· Repiquage ou application pesticide
Riz d'hiver 2013-2014
· Préparation sol : labour à traction
bovine ou mécanisé
· Semences riz
· Engrais
· Acquisition de pesticide ou Repiquage
· Assistance technique
Riz d'été 2014
· Préparation sol : labour à traction
bovine ou mécanisé
· Semences riz
· Engrais
· Acquisition de pesticides ou
Repiquage
· Assistance technique
Riz 2015
70
Figure 23 Paquets techniques rizicoles mis en place par
le PTTA dans le Nord Est (source : auteur)
b. Une première spécialisation des
fournisseurs par biens ou services vendus
puis une intégration des vendeurs de services
au sein d'autres structures
A la différence des zones décrites
précédemment, il y a eu dans le Nord Est rizicole une
organisation des fournisseurs par service. L'opérateur de service CA17 a
laissé les structures et individus qui le souhaitaient s'inscrire comme
fournisseurs et a laissé le marché des biens et services «
libre ». Par conséquent, tous les fournisseurs qui le souhaitaient
ont pu s'inscrire et proposer les biens et services dont ils disposaient. Les
bénéficiaires ont ensuite eu le choix de leur fournisseur pour
chaque bien ou service. Lors de la troisième des listes de
bénéficiaires ont été attribuées par
fournisseur suite à une décision de la coordination
régionale du PTTA.
Au cours des campagnes successives les
bénéficiaires se sont orientés principalement vers les
boutiques spécialisées dans la vente d'intrants agricoles. Les
boutiques d'organisations agricoles ont permis un approvisionnement de
certaines zones reculées mais n'ont pas continuées à
approvisionner le programme après la première campagne. Quelques
boutiques pluriactives et des vendeurs isolés ont également
participé au programme mais leurs activités ont diminuées
au cours des campagnes. Les principaux volumes ont donc été
vendus par des grandes boutiques spécialisées. Ces boutiques
investissent également dans le labour et sont prêtes à
développer une offre de conseil technique.
Les bouviers qui souhaitaient s'inscrire comme fournisseurs de
labour l'ont fait et différents types de fournisseurs ont eu à
charge la gestion de la préparation du sol. L'application stricte des
règles de sélection légale des fournisseurs (obligation de
posséder un patente ou un document du ministère des affaires
sociales) à partir de la troisième campagne (riz 2015) a
poussé certains bouviers à intégrer des organisations
agricoles disposant de la reconnaissance du Ministère des Affaires
sociales, ou de travailler pour des boutiques d'intrants disposant d'un
patente.
71
Type de fournisseur
|
Description
|
Noms
|
Pourcentage de bénéficiaires accompagnés
|
Vente d'intrants : semences, engrais,
pesticides
|
Boutiques d'intrants
|
Entreprises dynamiques créées par des agronomes
haïtiens. Elles approvisionnent les autres
vendeurs d'intrants de la zone.
|
Jardin Lakay, Kay Ti
Plante, Tout Sezon Boutik Agricole, Bej Jardin G & G,
Bolivar Erilien, Jaden Peyzan
|
82%
|
Boutiques pluriactives
|
Magasins de matériaux de construction ou autre qui ont
une activité de vente d'intrants
|
Confiance en Dieu
|
1%
|
Boutiques d'OP
|
Boutiques mises en place avec l'appui du
programme PPID.
|
OPD, APDB
|
10%
|
Vendeurs isolés
|
agriculteurs possédant suffisamment de
trésorerie pour acheter des intrants et en revendre
|
Victor Jeanty,
Brenord Deles,
Etienne Jocelin,
Michel Raoul, Norvin
Pierrelus, Victor Jodney
|
7%
|
Service de labour
|
Propriétaire d'attelage (s) réalisant
rarement le service lui-même
|
Possède plusieurs attelages et lui-même grand
propriétaire terrien, ce fournisseur emploie plusieurs bouviers
|
Possède un seul attelage et a été
formé par un programme de développement. Emploie un bouvier ou
fait le travail lui-même.
|
Agriculteur ou entrepreneur investissant dans le
labour
|
Achète un attelage juste avant le programme ou au
début pour fournir du service de labour
|
Organisation agricole
|
Des organisations possèdent un ou plusieurs attelages
et différents operateurs travaillent pour l'organisation ou sont
membres
|
Sous-traitance du service par des boutiques
|
Les attelages sont possédés par la boutique
d'intrant ou elle paye un bouvier (sous-traitance à des
propriétaires d attelages)
|
Labour mécanisé
|
Ce labour a été proposé par des
propriétaires de tracteurs à Fort Liberté, Ferrier et
Ouanaminthe
|
Tableau 20 Typologie de fournisseurs de biens et services
du PTTA dans le Nord Est rizicole (source : auteur)
72
c. Analyse de la durabilité économique
: les marges brutes des vendeurs
d'intrants sont liées essentiellement
à la vente d'engrais donc sensibles aux fluctuations du
marché
Engrais
Produits
phytosanitaires Application produits phytosanitaires Semence
Riz
(marmites)
|
|
PB USD MB USD
USD
|
0 50 100
Figure 24 PB et MB dégagés pour les biens
de la campagne riz d'hiver 2013-2014 dans le Nord-Est
A la différence de Saint Raphael, les vendeurs
d'intrants ont peu vendu de services de labour. La marge brute
dégagée par les fournisseurs d'intrants (pesticides, semences,
engrais) est due à 60% à la vente
d'engrais dans le cas des campagnes de riz d'hiver 2013-2014
et riz d'été 2014. Néanmoins cette marge brute pour
l'engrais est très variable selon les sources d'approvisionnement des
fournisseurs. Les boutiques spécialisées ont pu s'approvisionner
plus rapidement et à meilleur marché que d'autres types de
fournisseurs ce qui à contribuer à les renforcer. De plus, le
marché des fertilisants a connu de grandes fluctuations qui ont
été compensée en partie par un accord entre le MARNDR et
l'importateur d'engrais COMAG en août 2014.
Les marges par bien vendu et les calculs pour les services de
repiquage et de labour sont présentés en Annexe 4 et en Annexe
12.
Le fait que les bénéficiaires puissent
s'approvisionner pour chaque bien ou service auprès du fournisseur de
leur choix rend difficile l'estimation de la rentabilité de
l'activité pendant le PTTA. De plus, beaucoup de vendeurs ont d'autres
clients en plus des bénéficiaires du programme et le PTTA
s'inscrit dans leurs activités sans comptabilité
différenciée. Les fournisseurs enquêtés ont tous
indiqués que l'activité de fourniture d'intrants ou de services
au PTTA est rentable mais fortement impactée par les fluctuations des
prix de l'engrais et les retards de décaissement de la BNC.
Les fournisseurs utilisent trois grandes stratégies
économiques.
A. Le recours à des emprunts importants
auprès de structures officielles ou d'usuriers
Pour être capable d'approvisionner de grandes
quantités de bénéficiaires, ces boutiques ont eu recours
à des emprunts très importants pour acheter de l'engrais et des
semences.
Ces emprunts ont été effectués
auprès d'institutions financières classiques (banques
commerciales) ou auprès de particuliers pratiquant l'usure.
L'accès au crédit commercial est facilité par
73
la présence relativement ancienne des boutiques dans la
zone. Cependant les durées fixées des prêts sont trop
courtes par rapport aux délais de décaissement de la BNC.
Les fournisseurs ont géré leurs investissements
pour que leur bénéfice final ne soit pas trop diminué par
les pénalités de retards de remboursement des emprunts. Les liens
entre boutiques d'intrants leurs permettent également de pouvoir
utiliser les stocks d'une autre boutique en cas de problème
d'approvisionnement.
B. L'utilisation des réserves de
trésorerie de l'entreprise sans recours à l'emprunt
Ces entreprises avaient des réserves de
trésorerie suffisante pour investir dans l'achat d'intrants qu'elles ont
revendues au programme. Les bénéfices dégagés ont
été réinvestis dans les campagnes suivantes dans
l'objectif de fournir un nombre plus important de bénéficiaires
et de non bénéficiaires.
Dans le cas des boutiques d'organisations agricoles, les
réserves de trésorerie correspondaient aux fonds laissés
par le projet PPID. Ces fonds ont permis d'acheter des intrants dans le but de
les revendre au PTTA. La concurrence des boutiques d'intrants localisées
dans les centres urbains et plus connues des bénéficiaires a
impacté les ventes de ces boutiques à partir de la
deuxième campagne. Les boutiques pluriactives ont également eu
peu recours aux emprunts mais les bénéficiaires n'ont pas
privilégiés ce type de fournisseurs.
C. Un faible recours à l'emprunt mais
l'utilisation importante de la trésorerie personnelle associée
aux décalages de paiement
Cette stratégie concerne essentiellement les
fournisseurs de service de labour et de repiquage. Ces fournisseurs sont
généralement des individus disposant de peu de trésorerie
et n'ayant pas accès aux services financiers classiques ou informels.
S'ils doivent payer des associés dans le cas du repiquage ou un
opérateur dans le cas du labour, ils utiliseront leurs réserves
financières en attendant de recevoir le paiement de la BNC. S'ils ne
disposent pas de réserves, ils ne paieront leurs collaborateurs qu'une
fois les coupons décaissés.
Les retards de paiement de la BNC ont donc une influence
très forte sur la trésorerie de ces fournisseurs. Des cas de
décapitalisation-capitalisation ont été observés :
suite aux retards, des fournisseurs ont du vendre des animaux pour payer leurs
associés et une fois les coupons décaissés ils ont pu
racheter leurs bêtes.
Les stratégies économiques des fournisseurs sont
donc liées en grande partie à l'utilisation d'emprunts. Mais le
marché libre laisse la responsabilité à chaque fournisseur
d'emprunter selon ses besoins pour approvisionner les
bénéficiaires qui viennent le voir. Beaucoup de fournisseurs
d'intrants sont déjà des acteurs professionnels et savent
gérer leurs investissements. La présence du projet AVANSE dans la
zone a encouragé également plusieurs boutiques à renforcer
leurs capacités pour fournir plus d'engrais.
74
Encadre 3 Des montages financiers pour appuyer
l'équipement agricole : avantages et limites (source : auteur)
Des montages financiers pour appuyer
l'équipement agricole : avantages et limites
Le fonds d'assistance économique et social (FAES) et des
caisses populaires du Nord Est ont mis en place différents programmes
d'appui à l'équipement agricole.
Des agriculteurs peuvent acheter un attelage complet (paire de
boeufs, charrue, matériel complémentaire...) à un prix
subventionné. L'achat se fait à crédit et doit être
remboursé en plusieurs tranches. En plus du crédit
contracté auprès d'une caisse populaire, l'agriculteur
reçoit une formation en labour et dressage de boeufs auprès de
l'ONG GRADES située au Cap Haïtien.
Ce système a permis à de nombreux agriculteurs de
s'équiper mais sa limite reste le taux de recouvrement insuffisant des
emprunts. Beaucoup d'agriculteurs voient dans le système un don de la
part du FAES et ne remboursent pas l'emprunt contracté auprès de
la caisse populaire.
FAES
Formation
Prêt
Agriculteur
Caisse populaire
Achat attelage
GRADES
Prêt
d. Des compétences techniques liées
à la République Dominicaine
Comme indiqué en6.2.1le travail saisonnier de nombreux
agriculteurs en République Dominicaine permet le transfert de certaines
techniques et de nouveaux intrants. Cependant, beaucoup de planteurs n'ont pas
de formation de base concernant l'utilisation des produits phytosanitaires et
peu ont la trésorerie nécessaire pour investir dans du
matériel de protection.
Les fournisseurs d'intrants délivrent des conseils
d'utilisation des produits, conseils qu'ils ont eux-mêmes souvent
reçus en République Dominicaine lors de l'achat de leurs stocks.
Le service d'application de produits phytosanitaires est encore effectué
par les planteurs eux-mêmes sans protections adéquates et beaucoup
préfèrent demander des conseils aux vendeurs dominicains
plutôt qu'aux fournisseurs haïtiens.
75
Lors du PTTA, l'assistance technique a été
délivrée par des fournisseurs spécialisés dans ce
service. Ces fournisseurs d'assistance technique ont été choisis
par l'OPS après un appel à manifestation d'intérêt
restreint et une sélection. Pour la deuxième et troisième
campagne, trois fournisseurs ont été en charge de délivrer
des formations et des démonstrations à des groupes de
bénéficiaires.
Le PTTA a permis l'émergence d'un service d'assistance
technique structuré mais les techniques proposées, bien que
potentiellement très performantes, ne sont pas adaptées aux
conditions de pression phytosanitaires locales (caracole) et à l'absence
de maitrise de la lame d'eau. Il existe enfin un besoin de formation et d'appui
technique en réparation mécanique pour assurer le fonctionnement
des tracteurs et motoculteurs.
L'assistance technique dans le Nord Est : du champ
école aux formations théoriques
Les trois fournisseurs retenus lors des campagnes riz
d'été 2014 et riz 2015 ont proposé chacun une forme
différente de mise en oeuvre de l'assistance technique.
L'OPDS a mise oeuvre un appui technique en 4 grandes
étapes : Formation théorique, formation pratique, suivi
parcellaire, contrôle phytosanitaire. Les formations associent cours en
salle donnés par un intervenant externe, champs de
démonstrations, suivi de parcelles d'agriculteurs et renforcement des
compétences de certains agriculteurs leaders. Cette approche du
suivi-conseil est intéressante car elle est gérée par une
organisation de paysans et cherche à transférer des
compétences concrètes.
Le travail de l'organisation a été limité
par le détournement de certains coupons et les retards de livraison.
« Certains agriculteurs attendaient de faire monnayer le BA et cela semble
une habitude pour une proportion importante » (Rapport d'avancement
d'activités# 2 OPDS campagne riz d'été)
Les deux autres fournisseurs ont mis en place des formations plus
courtes. Les techniciens embauchés ont donné des informations sur
la culture du riz et l'itinéraire technique préconisé par
le PTTA. Les agriculteurs présents ont peu également assister
à des démonstrations de repiquage et de traitements
phytosanitaires.
|
Encadre 4 L'assistance technique dans le Nord
Est : du champ école aux formations théoriques (source : CA17,
auteur)
6.2.4. Les structures non retenues
La possibilité était offerte à toutes les
structures volontaires de s'inscrire comme fournisseur lors des
premières campagnes. De ce fait aucune structure n'a été
rejetée initialement. Pendant le PTTA, les bénéficiaires
ont choisis en priorité les fournisseurs qu'ils connaissaient et les
fournisseurs occasionnels ont été en grande partie
écartés. Lors des campagnes suivantes l'OPS a
vérifié les activités des organisations agricoles
souhaitant intégrer le programme et a écarté celles
n'ayant aucune expérience dans la vente d'intrants ou n'étant pas
capable de présenter clairement leur trésorerie.
La proximité avec la frontière dominicaine
permet aux fournisseurs d'aller constituer leurs stocks sans passer par des
intermédiaires. Les phénomènes de marché secondaire
semblent donc avoir été moins important qu'à Saint
Raphaël.
· Un réseau professionnel de vente d'intrants
était en place avant le PTTA et a su tirer partie de
l'opportunité de développement offerte par le programme
· Le recours à l'emprunt reste une stratégie
économique employée par tous les types de fournisseur
· Les emprunts sont souvent informels ou sur des
durées inadaptées aux délais de paiement de la BNC
· Le service de labour a été renforcé
mais les contraintes juridiques à venir pourraient créer des
problèmes pour gérer la répartition des
bénéfices
· L'assistance technique s'est progressivement
structurée et professionnalisée autour de fournisseurs
spécialisés dans ce service
· Les techniques à transmettre et les
modalités de transmission ne sont pas adaptées aux pratiques
réelles des agriculteurs et à leurs conditions de production
|
76
Figure 25 Périmètre irrigué de
Saint Raphaël (photo : auteur)
77
6.3. Durabilité des fournisseurs en zones
irriguées
6.3.1. Rappel du contexte
Les deux zones d'études considérées sont
à différencier selon plusieurs grands facteurs.
De part sa proximité avec la frontière
dominicaine, le Nord Est rizicole est moins dépendant de certains grands
importateurs ou boutiques d'intrants, les planteurs ont accès à
une gamme élargie de produits agricoles et il existe une vraie expertise
agronomique dominicaine. Saint Raphaël est encore enclavé et il y a
peu de transferts de connaissances ou de technologies avec les zones
limitrophes. La riziculture y est intégrée dans des
systèmes de cultures plus complexes alliant maraîchage, autres
cultures et jachère.
De plus, le programme PTTA a été
implémenté différemment dans ces deux zones. Les
fournisseurs à Saint Raphaël ont reçu des listes de
bénéficiaires alors que le « marché libre » a
été appliqué dans le Nord-Est : les
bénéficiaires ont pu aller s'approvisionner chez le fournisseur
de leur choix.
Les deux zones d'études ont néanmoins plusieurs
points communs importants : au cours du programme PTTA, l'assistance technique
s'est structurée et professionnalisée autour de fournisseurs
spécialisés et les agriculteurs et fournisseurs des
périmètres irrigués ont subi de plein fouet les
fluctuations importantes du prix de l'engrais comme les retards de livraison de
l'importateur contractualisé par le MARNDR.
6.3.2. Durabilité économique : des
stratégies économiques basées sur l'emprunt et
dépendantes des prix de l'engrais
Dans les deux zones les fournisseurs ont eu recours
massivement à l'emprunt formel ou informel. Les crédits
utilisés étaient souvent des crédits commerciaux dont la
durée ne correspondait pas à la durée de
décaissement de la BNC, ou de l'usure dont les taux sont plus
élevés (5 à 10% par mois contre 1
à 3% par mois dans les institutions classiques). Les retards de
la BNC ont impacté fortement les résultats des fournisseurs et
ont mis en danger la trésorerie des plus faibles
économiquement.
Des fournisseurs disposent de vraies compétences en
gestion et en entrepreneuriat. Ils ont su utiliser le PTTA pour augmenter leurs
stocks et parfois diversifier leurs activités. Néanmoins une
grande partie d'entre eux ne possède encore pas de notions solides en
comptabilité et ne suit pas ses dépenses sur le long terme.
A cause de la pénurie d'engrais au niveau national et
les fortes fluctuations de prix, les fournisseurs de Saint Raphaël ont
acheté leurs stocks auprès de boutiques locales et les
fournisseurs du Nord-Est se sont approvisionnés en République
Dominicaine. Ces stratégies d'adaptation permettent de
78
disposer d'engrais dans les délais impartis mais ne
permettent ni le contrôle de la qualité des intrants ni la mise en
place de vrais filières d'approvisionnement. En l'absence de service de
labour réellement intégré à l'offre du fournisseur,
les bénéfices de ce dernier sont très liés aux
marges dégagées par la vente d'engrais.
6.3.3. Durabilité environnementale
Les règles de protection et d'utilisation des produits
phytosanitaires sont mal maitrisées par les agriculteurs et les
fournisseurs. Les connaissances en protection des plantes sont limitées
et peu de techniciens sont capables de délivrer du conseil agronomique
pertinent et adapté.
6.3.4. Durabilité sociale
Les fournisseurs de Saint Raphaël ont été
considérés comme des vendeurs temporaires par les
bénéficiaires. Les agriculteurs retournent voir les fournisseurs
présents avant le PTTA ce qui montre que l'implantation locale des
fournisseurs apparus avec le programme n'est pas encore assurée. Dans le
Nord-Est la situation est différente : les boutiques d'intrants
spécialisées ont su montrer aux bénéficiaires leur
capacité à délivrer des intrants, l'effet conjoint du
programme AVANSE et du PTTA a incité ces boutiques à
élargir leur champ d'action et ouvrir des succursales.
Les petits fournisseurs d'intrants ou de labour jouent un
rôle important pour permettre aux bénéficiaires des zones
reculées d'avoir accès au bon moment aux biens ou services
subventionnés. Dans un souci d'efficacité le PTTA peut être
tenté de ne garder que les fournisseurs capables d'approvisionner un
volume important de bénéficiaires mais ces fournisseurs n'iront
pas délivrer des biens et services en priorité dans les zones les
plus éloignées des centres urbains, notamment dans le
Nord-Est.
A Saint Raphaël, les services ont été
sous-traités par les fournisseurs. Les bénéficiaires ont
utilisé l'argent pour acheter les services à leurs amis ou
voisins et il n'y a pas eu de structuration ou d'amélioration des
services.
6.3.5. Durabilité juridique
Les fournisseurs de labour et de repiquage dans le Nord Est
sont souvent des individus ne disposant pas de statut légal. Le
durcissement des normes d'enregistrement auprès des OPS (obligation de
patente ou `inscription aux affaires sociales) pousse ces petits fournisseurs
à intégrer une organisation ou une boutique disposant d'un statut
légal.
79
Lorsque cette intégration est volontaire elle peut
être bénéfique car les différents fournisseurs au
sein d'une organisation peuvent coordonner leurs actions. Mais pour beaucoup de
fournisseur ce durcissement ne fait qu'ajouter un intermédiaire dans la
gestion du coupon sans apporter de valeur ajoutée.
6.3.6. Durabilité organisationnelle -
gouvernance
Le problème de la gestion de la trésorerie des
organisations agricoles des zones irriguées est le même que pour
celles zones agroforestières. Les confusions entre participation des
cadres dirigeants, apports des membres, et utilisation des réserves de
l'organisation agricole peuvent engendrer des tensions au sein même des
structures et mettre en péril la confiance des membres envers leur
organisation. L'utilisation des bénéfices n'est parfois pas
claire et l'argent gagné grâce au programme n'est pas
réinvesti dans l'activité agricole de la commune.
6.3.7. Durabilité technique
Le PTTA visait à transférer des technologies
durables aux producteurs mais il n'y a aucune plus-value technique à
faire sous-traiter les opérations habituellement gérées
par les agriculteurs en l'absence d'accompagnement et de formation des
fournisseurs. Les marges prélevées sur les coupons «
Préparation du sol » et « Repiquage » ont permis
d'amortir les fluctuations du prix de l'engrais acheté par les
fournisseurs lors des deux premières campagnes mais n'ont pas servi
à améliorer ou développer le service distribué.
Une offre d'assistance technique a émergé dans
les deux zones. Les associations de techniciens à Saint Raphaël et
les fournisseurs sélectionnés par l'OPS font des propositions
pertinentes de suivi-conseil aux producteurs mais ne disposent pas encore de
vrais référentiels techniques adaptés aux situations
locales. Les référentiels techniques en riziculture et
maraîchage sont ceux de la FAO testés en conditions
maitrisés dans la plaine de l'Artibonite. Enfin, les riziculteurs du
Nord-Est et en partie ceux de Saint Raphaël n'ont pas la maîtrise
totale de la lame d'eau.
La pérennité du service d'assistance n'est pas
assurée en l'absence de programme de développement et les
agriculteurs retourneront chercher des conseils auprès des principaux
vendeurs d'intrants.
80
6.3.8. Quels fournisseurs susceptibles de rester
après le PTTA ?
Le PTTA a permis le renforcement direct ou indirect des
principales boutiques d'intrants dans chaque commune. Les organisations
agricoles qui ont participé au programme ont eu des problèmes de
gouvernance ou ont du mal à définir une stratégie de
développement à moye terme de leur service de vente d'intrants.
Les vendeurs et revendeurs locaux restent sollicités par les
agriculteurs car ils délivrent de petites doses d'intrants souvent
à crédit. Les fournisseurs qui vont potentiellement rester dans
chaque zone après le programme sont donc ceux présents avant.
Figure 26 Fournisseurs susceptibles de perdurer
après le programme PTTA dans les zones irriguées (source :
auteur)
? Les zones irriguées se différencient par le choix
des fournisseurs, laissé libre ou non aux bénéficiaires
? En plus de cette différence d'implémentation, le
Nord-Est présente un contexte plus favorable à l'émergence
et au renforcement de vrais professionnels de l'agrofourniture
? L'assistance technique s'est structurée au tour de
fournisseurs spécialisés au cours du PTTA mais les vendeurs
d'intrants et des agriculteurs qualifiés restent les
références techniques des planteurs en post-programme
? Le recours au crédit est une stratégie
partagée par tous les fournisseurs d'intrants ? Le cadre juridique
favorise l'émergence d'intermédiaires dans la vente des
services
|
L'étude de la durabilité technique est
complétée en vérifiant si l'offre de service est
adaptée et pertinente par rapport aux besoins des
bénéficiaires.
81
7. Les biens et services sont-ils adaptés aux
besoins des producteurs ? 7.1. Le rôle clé des
techniciens dans le montage des incitations
Les biens et services subventionnés ainsi que leurs
prix sont inscrits dans le dossier d'incitation de chaque
bénéficiaire du programme. Ce dossier est rédigé
par l'OPS après géo-référencement de la parcelle
choisie pour être subventionnée.
Comme indiqué en 1. les techniciens chargés du
référencement jouent un rôle essentiel dans la
préparation du dossier de subvention et le choix des
bénéficiaires. La subvention est liée à la surface
pour les zones irriguées, et à la surface ainsi qu'à
l'évaluation du technicien pour les zones agroforestières. Selon
l'opérateur de service, ces techniciens sont des techniciens
locaux employés ponctuellement (CECI) ou des
techniciens internes à l'équipe de l'opérateur
(CA17).
Dans les zones agroforestières ces techniciens
réalisent également les travaux de conservation du sol pour les
fournisseurs et le piquetage (« assistance technique ») lors des
premières campagnes. Les techniciens qui montent les dossiers de
subventions sont donc ceux qui appliquent le programme sur le terrain et y
travaillent...ce mélange des rôles peut prêter à
confusion. Certains agriculteurs se plaignent de partialité dans le
choix des parcelles subventionnées et dans le choix des
bénéficiaires.
7.2. Sont-ils adaptés aux attentes des
bénéficiaires ?
En lien avec les diagnostics agraires réalisés
sur les zones d'étude, des enquêtes auprès des agriculteurs
bénéficiaires et non-bénéficiaires du PTTA ont
été réalisées. L'objectif de ces enquêtes est
de compléter l'analyse de la durabilité technique en
vérifiant si les biens et services délivrés par le PTTA
sont adaptés aux besoins des
bénéficiaires. Un bien ou un service est adapté si
sa disponibilité, son accessibilité et sa qualité sont
suffisantes. La subvention choisie par le PTTA doit également
être pertinente par rapport aux besoins et à la situation du
producteur. L'étude de la pertinence des paquets techniques est
détaillée dans les travaux de diagnostics agraires de Jery Rambao
(2014) dans le Nord Est rizicole, Manon Ruffy à Saint Raphaël
(2015), Xuan Lai Dao à Milot (2015)
7.2.1. L'assistance technique
Le PTTA a permis l'émergence d'une offre d'assistance
technique. Dans les périmètres irrigués, les techniques
proposées sont connues de la plupart des agriculteurs (repiquage en
ligne, repiquage trois brins par poquet...) mais elles nécessitent de
prendre plus de risques dans un contexte de sécheresse
récurrente, de non-maitrise de la lame d'eau et de pression des
ravageurs (Ruffy, 2015 et Rambao, 2014).
Après le programme les agriculteurs n'auront pas les
moyens de payer une assistance technique personnalisée. Les conseils
seront de nouveau délivrés par les agriculteurs les plus
compétents et les
82
vendeurs d'intrants. L'efficacité des techniques
proposées n'a pas encore été démontrée aux
agriculteurs et il faut attendre les résultats des parcelles de
démonstration mises en place pour vérifier si les agriculteurs
auront des exemples concrets de réussites dans leurs conditions de
culture.
Dans les zones agroforestières, le conseil technique
n'existait qu'au travers des coopératives et des programmes d'aide au
développement. Il n'a jamais été payé par les
producteurs. Le suivi des parcelles des membres des coopératives par des
techniciens formés permet un conseil de proximité mais il
concerne essentiellement la relance des productions cacaoyères et
caféières.
Les distances choisies par les paquets techniques du PTTA
correspondent à des stratégies d'optimisation des cultures
caféières et cacaoyères qui ne sont pas celles des
agriculteurs. Ces derniers ont une logique de diversification maximale des
cultures au sein des parcelles et cherchent à optimiser tout l'espace
disponible en mettant des cultures comme la banane ou l'igname entre les pieds
de café ou de cacao.
En post-programme ce sont de nouveaux les coopératives
ou les structures ayant un lien avec les filières de vente qui
délivreront du conseil technique. C'est donc en mettant en lien les
productions et les filières qu'un conseil pertinent peut émerger
mais aucun projet de vulgarisation agricole intégré à une
filière n'a été financé par le RESEPAG 2.
? L'efficacité des techniques promues par le PTTA n'a pas
été démontrée aux agriculteurs dans
chaque zone
? Les freins à l'adoption de nouvelles pratiques sont
liés aussi au manque d'infrastructures agricoles
? L'offre d'assistance technique s'est progressivement
structurée dans toutes les zones mais sa qualité a peu
évolué en l'absence de référentiels
adaptés
? Les agriculteurs vont chercher des conseils auprès de
leurs pairs les plus expérimentés
? Les organisations agricoles peuvent délivrer un appui
technique sur le long terme grâce à leur
ancrage territorial mais leurs compétences ont besoin
d'être renforcées
7.2.2. La préparation du sol
a. Labour à traction animale et motorisé
Pour les agriculteurs, ces deux types de labour sont
complémentaires. Le labour mécanisé permet de
réaliser les deux premières opérations de travail du sol
rapidement et sur des surfaces importantes. Le labour à traction animale
permet la dernière opération dite de tablage ou de planage en
riziculture. De plus, les boeufs peuvent circuler dans les petites parcelles et
accéder aux zones reculées.
La fenêtre de temps étroite pour préparer
les parcelles avant le repiquage du riz nécessite une grande
disponibilité en bouviers ou tracteur. Pour les deux zones
étudiées l'offre en service de labour était insuffisante
avant le PTTA. La qualité était fonction des
compétences de l'opérateur. Certains opérateurs du
Nord-Est avaient reçu une formation en labour et dressage de boeuf. Pour
le labour
83
mécanisé très peu de tracteurs sont
présents dans les zones irriguées et il n'y a pas assez de
mécaniciens compétents pour les réparer en cas de
panne.
Le PTTA a permis une augmentation de
l'accessibilité du service de labour par traction
animale grâce à la subvention. La disponibilité
ne s'est améliorée que pour le Nord Est où le
contexte et les conditions de mises en oeuvre du programme étaient
favorables (6.2) La qualité des services reste
liée aux compétences des opérateurs.
Le service de labour mécanisé est en cours de
structuration dans le Nord Est où différents fournisseurs
d'intrants investissent dans des tracteurs. Une organisation a également
pour projet de former des femmes agricultrices au labour et à la
maintenance technique des machines.
En post-programme, l'offre va donc évoluer dans le Nord
Est mais très peu à Saint Raphaël où seuls quelques
agriculteurs ont profité des bénéfices
dégagés par la campagne de maraîchage pour investir dans
des boeufs.
b. Préparation et conservation du sol en zone
agroforestières
La disponibilité de ce service est liée à
celle de la main d'oeuvre et son accessibilité
dépend des capacités financières de
l'agriculteur.
Les techniques de conservation du sol sont connues par
quelques agriculteurs et par des techniciens agricoles. L'efficacité de
certaines techniques est reconnue et quand les rampes de conservation du sol
sont renforcées par du matériel végétal (canne,
ananas...), elles peuvent présenter un intérêt
économique. Les agriculteurs les utilisent peu car elles demandent un
investissement en main d'oeuvre qui n'est amorti que si la réalisation
des rampes a été collective (kombite) ou si les cultures de
conservation (cultures de rente, annuelles, fourrage...) permettent de
compenser l'investissement, ce qui n'a pas encore été
prouvé aux paysans.
En subventionnant la préparation du sol et le sarclage
le PTTA rend ces services plus accessibles. Comme il s'agit
d'un transfert d'argent du fournisseur au bénéficiaire, celui-ci
a recours aux pratiques habituelles. La disponibilité
et la qualité du service ne sont donc pas
changées.
Les rampes de conservation du sol ont été
réalisées sans matériel végétal lors des
premières campagnes café et cacao, puis renforcées avec de
la canne à sucre et de l'ananas pour les campagnes de jardin
créole. Les structures végétales améliorent la
qualité des rampes mais en l'absence de débouchés pour ces
productions les planteurs ne sont pas intéressés à
entretenir les systèmes de conservation. Le prix de la main d'oeuvre et
le temps nécessaire à la réalisation des structures de
protection sont également des facteurs limitant l'application de ces
techniques.
? Le labour mécanisé et celui à traction
animale sont complémentaires
? L'accès à un service de labour de
proximité est insuffisant
? Les systèmes de conservation du sol demandent un
investissement en temps et en argent important aux agriculteurs
? En dehors du programme, la rentabilité de cet
investissement n'est pas démontrée
|
84
7.2.3. Les semences
a. Riz - Maraichères
A Saint Raphaël comme dans le Nord Est, les agriculteurs
échangent et achètent principalement les semences de riz entre
eux. Ces semences sont disponibles et
accessibles. La qualité est cependant
très variable selon les sources d'achat et ceux qui en ont les moyens
préfèrent acheter des semences en République Dominicaine
ou en Artibonite. Les variétés changent selon les zones. Les
planteurs de Saint Raphaël utilisent les variétés : TCS,
Taichen, IPSA 40, SICA selon la localisation de la parcelle dans le
périmètre et l'époque de plantation. Les
variétés les plus utilisées dans le Nord Est sont Room,
TCS et Alagua.
Le programme PTTA a permis d'améliorer
l'accès aux semences en subventionnant leur
acquisition. La disponibilité a peu variée mais
dans l'ensemble les planteurs ont pu recevoir la variété qu'ils
souhaitaient. La variété Alagua était en cours de
diffusion dans le Nord Est avant le programme. Il est possible que le PTTA ait
favorisé sa diffusion et son adoption par les planteurs qui n'y avaient
pas encore accès. Les techniciens agricoles de Saint Raphaël ont
donné des formations sur le tri de semences, ce qui a permis
d'améliorer la qualité du matériel
végétal mis en pépinière (moins de paille).
La qualité des semences
maraichères était un problème récurrent à
Saint Raphaël avant le PTTA. Les sources d'approvisionnement des
fournisseurs en semences maraichères n'ont pas changé pendant le
programme. Cependant, la demande importante en semences par les
bénéficiaires aurait permis une rotation et un renouvellement des
stocks qui a profité aux bénéficiaires. Les
variétés proposées par les fournisseurs correspondaient
à celles demandées par les bénéficiaires.
b. Igname
La culture de l'igname est déterminante pour la
sécurité alimentaire des ménages en zones de Mornes. La
disponibilité et l'accessibilité
varient selon les saisons. Le principal critère de
qualité est la présence ou non de marques d'attaques de ravageurs
sur le tubercule (insecte Marioka).
L'échec de la diffusion de la technique de semences
minisett est dû au manque de formation des fournisseurs et des
agriculteurs. Ne connaissant pas la technique beaucoup d'agriculteurs ont
refusé les semences, jugées trop petites, ou les ont mis en terre
dans des zones ombragées. La taille trop petite cumulée à
la sécheresse pendant l'été 2014 a entrainé une
mortalité très importante des semences mises en terre.
Le retour aux semences traditionnelles à partir des
campagnes jardin créole ont permis aux planteurs d'avoir de nouveau
accès à des semences adaptées. La distribution importante
de semences par le PTTA va permettre d'augmenter la production locale au cours
des prochaines années. La qualité des semences est fonction des
traitements insecticides réalisés par les fournisseurs. En cas
d'achat direct de semences dans les mains du bénéficiaire, ces
traitements ne sont pas garantis.
c. Banane
Les agriculteurs produisent eux-mêmes les drageons et le
marché n'existait pas avant le programme. Le PTTA n'a pas changé
la disponibilité en drageons.
L'accessibilité a été
améliorée temporairement grâce à la subvention mais
la qualité n'a pas changé car beaucoup de
fournisseurs ont acheté les drageons directement auprès des
bénéficiaires sans réaliser les traitements
phytosanitaires prescrits. En début de programme les fournisseurs ont
donné des variétés inadaptées aux conditions de
cultures en zones agroforestières (variété musquée
au lieu de jedinette). Après renforcement des contrôles par l'OPS,
les fournisseurs ont délivré les variétés
demandées par les bénéficiaires.
· L'accessibilité en semences a augmenté
temporairement grâce au programme
· La qualité des principaux intrants a
progressivement augmentée avec la mise en place de standards de
qualité par la Coordination
· Cette qualité est encore très variable
selon les fournisseurs et leurs sources d'approvisionnement
· Les achats directs de biens entre
bénéficiaires et fournisseurs ne facilitent pas le contrôle
phytosanitaire et l'amélioration variétale.
|
|
7.2.4. Les engrais
Les paquets techniques en zone agroforestière ont
prévu du compost pour fertiliser les plantations d'arbres.
L'opérateur de service a demandé à des fournisseurs de se
spécialiser dans la production et la distribution de ce bien. Les
bénéficiaires n'ont donc pas été formés
à la production d'engrais organique et le faible ancrage territorial de
certains fournisseurs de compost ne les a pas encouragés à
délivrer du matériel de qualité dans les
délais impartis.
La disponibilité et
l'accessibilité en engrais chimique sont très
variables selon les années et les appuis de l'état haïtien
aux importateurs. Au niveau des zones irriguées, la
disponibilité dépend des approvisionnements des
grossistes importateurs et des stocks des principales boutiques d'intrants.
L'accessibilité est liée aux prix du
marché donc n'est pas assurée. La qualité
des engrais n'est pas contrôlée et dépendante des
produits importés. Les premières campagnes du PTTA ont
été marquées par de grands disfonctionnement dans la
chaîne d'approvisionnement et des prix très élevés.
Les fournisseurs ont fractionné dans le temps les livraisons aux
bénéficiaires ou n'ont pas livré les quantités
demandées. Un accord a ensuite été conclu entre le MARNDR
et un importateur d'engrais. Cet accord a permis la livraison d'engrais
à temps pour les planteurs pour la seconde campagne mais de nouveaux
retards ont impacté la troisième campagne.
· La disponibilité et l'accessibilité des
engrais chimique est insuffisante malgré les partenariats entre le
MARNDR et un importateur
· La distribution d'engrais organiques est effectuée
par quelques fournisseurs
· La qualité des engrais organiques n'est pas
contrôlée et les bénéficiaires n'ont pas
été formés à la 85
production de compost ni à son utilisation
|
|
86
7.2.5. Les plantules
Comme indiqué en 4. les agriculteurs des zones
agroforestières n'avaient pas l'habitude d'acheter ou de recevoir des
plantules, sauf pour les membres d'une coopérative. La
qualité des plantules était
contrôlée dans les coopératives mais peu voire pas dans les
autres structures. Les semences de cacao, café et des arbres de
couverture étaient disponibles gratuitement ou accessibles facilement.
Les semences d'agrumes étaient rares et à des prix
élevés.
Au cours des campagnes PTTA, la qualité
des plantules s'est améliorée. Les fournisseurs
achetaient initialement les plantules auprès de petits
pépiniéristes et de producteurs ne contrôlant pas les
conditions de production. La mise en place de nouvelles
pépinières par les fournisseurs a diminué la
sous-traitance de la production et a amélioré la
qualité et le contrôle du matériel
produit.
La disponibilité en certaines
variétés ou espèces n'a pas été suffisante
au cours du programme. Concernant les arbres de couverture, les fournisseurs
ont privilégiés les espèces les plus faciles à
produire sucrin, saaman...et n'ont pas diversifié leur offre. Au regard
du coût d'acquisition des semences et de la technicité requise,
peu de fournisseurs ont produits des plantules d'agrumes alors même que
les bénéficiaires auraient aimés relancer cette
production.
Les différentes variétés de cacao ne
sont pas forcément connues des fournisseurs qui ont donc produits des
plantules en fonction des semences dont ils disposaient. La
variété Forastero a été majoritairement
distribuée alors que le Criollo peut mieux se commercialiser (source :
entretien FECCANO, AVSF).
? En subventionnant des biens et services, le PTTA a
amélioré temporairement leur accessibilité
? La disponibilité reste dépendante du contexte et
des modalités de mise en oeuvre du
programme selon les zones
? La qualité de certains biens s'est
améliorée mais un travail d'encadrement et de formation
doit être mené pour que ces effets perdurent
? L'appui du PTTA était pertinent sur la plupart des
intrants et services subventionnés en zones irriguées
? Sans renforcement des capacités techniques des
fournisseurs, cet appui est moins pertinent en zones agroforestières
car aucune plus-value n'est ajoutée au matériel
végétal
La variété de café Blue Mountain a
été largement diffusée par le PTTA. Cette
variété a été introduite en Haïti par la
coopérative Vincent Ogé (COPAGVOD). Les fournisseurs et les
autres coopératives se sont approvisionnés principalement
auprès de la COPAGVOD en semences. Le Blue Moutain semble
présenter une tolérance à la rouille plus
élevée que les variétés traditionnelles mais sa
durée de vie est inférieure à celle des autres
variétés, les agriculteurs vont donc nécessiter un
approvisionnement régulier en plantules.
87
7.3. Conséquences du PTTA sur les
filières (approvisionnement et aval)
Avec au moins 441025 plantules de café
distribués à Dondon, le PTTA va contribuer à relancer la
production caféière de la zone. Certaines coopératives
espèrent au moins doubler leur volume d'exportation au cours des 6
prochaines années. Cette augmentation se fera sous réserve d'un
bon taux de survie des plantules et d'un suivi rapproché des
parcelles.
Pour Milot, la relance de la production cacaoyère
n'est pas assurée. Beaucoup de plantules sont morts lors des
premières campagnes et la filière cacao n'a pas été
impliquée dans le programme. Il faudrait vérifier les effets du
PTTA dans les zones où d'autres paquets techniques liés au cacao
étaient délivrés.
Les achats de semences d'igname par les fournisseurs ont
augmenté sous l'effet conjoint du PTTA, du programme PMDN et du
programme AVANSE, dans un contexte de faiblesse de la gourde haïtienne
face au dollar américain (qui entraine une hausse des prix
alimentaires). Les prix de vente des paniers de semences ont augmenté
depuis 3 ans. Néanmoins, les zones traditionnellement productrices ont
augmenté les quantités cultivées pour approvisionner les
fournisseurs. Les zones bénéficiaires pourront être
également des zones de production de semences au cours des prochaines
années. Cette augmentation de la production peut avoir des
conséquences positives sur la sécurité alimentaire.
L'analyse de l'adaptation de l'offre aux attentes des
agriculteurs a permis de compléter l'évaluation de la
durabilité technique. Une synthèse globale permet de mettre en
évidence les points principaux de l'analyse des piliers de la
durabilité avant de proposer des pistes d'amélioration et de
renforcement des fournisseurs.
? L'accumulation de projets subventionnant l'igname pourrait
avoir entrainé une hausse
ponctuelle du prix des semences
? Les productions locales de café et d'igname vont
sûrement augmenter grâce au PTTA à moyen et long terme
? Ces augmentations sont des opportunités pour les
filières de commercialisation et de transformation
? Le manque de lien avec le programme RESEPAG 2 limite
l'intégration entre l'augmentation de la production et la
commercialisation-transformation
|
|
88
8. Quelles durabilités pour les fournisseurs du
PTTA ?
L'offre de services (intrants, équipements et
prestations de service) accompagnée par le PTTA est-elle adaptée
aux besoins des producteurs ?
|
· En plus des biens et services subventionnés par
le programme peu de fournisseurs ont diversifié leur offre.
· Leurs compétences techniques sont fortement
liées à celles des techniciens de chaque zone. Malgré
quelques formations données sur les standards de qualité requis
par le programme, le niveau technique des fournisseurs ne s'est pas
amélioré.
· Le PTTA ne propose pas de dispositif global ni de
stratégie de renforcement technique des fournisseurs
· La qualité des intrants s'est
améliorée au cours du programme mais les livraisons ne sont pas
encore assez coordonnées avec les calendriers culturaux
· Le service d'assistance technique implique
différents fournisseurs de manière ponctuelle mais le PTTA n'a
pas fait émerger une vision à long terme de la structuration de
ce service ni du type de compétences ou connaissances à
transférer
· L'absence de système de certification ou
d'encadrement des approvisionnements rend difficile le contrôle de la
qualité des intrants vendus. Beaucoup de fournisseurs ont encore recours
au secteur informel pour s'approvisionner.
|
|
Quelles sont les
performances économiques
et financières des fournisseurs ?
|
· Etre fournisseur PTTA est une activité
économique rentable mais cette rentabilité n'est pas gage de
durabilité
· Les performances économiques et
financières des fournisseurs ne sont pas suffisantes au regard de
l'argent investi et des objectifs du PTTA. Les emprunts informels ou les
crédits commerciaux inadaptés diminuent fortement la marge nette,
ou bénéfice final, dégagée par les fournisseurs. De
plus, les intérêts payés aux usuriers et aux banques
commerciales ne sont pas réinvestis dans le secteur agricole ce qui
représente un manque à gagner pour l'économie locale.
Enfin, peu de fournisseurs ont une vision à moyen et long terme de leur
activité par manque de compétences en gestion-entrepreneuriat.
· Le PTTA modifie la gestion de la trésorerie et
les stratégies économiques des fournisseurs. Ces derniers sont
très dépendants des décaissements de la Banque Nationale
de Crédit et tout retard impacte fortement leur activité.
· Certaines chaines d'approvisionnement, comme celle des
engrais, sont encore trop faibles pour permettre aux fournisseurs d'avoir des
stocks de qualité aux périodes clés pour les
agriculteurs.
|
|
89
DURABILITE JURIDIQUE
|
Quel est le statut du
|
·
|
L'environnement juridique peut limiter le développement
des
|
fournisseur par rapport à ses
|
|
fournisseurs en favorisant l'émergence
d'intermédiaires
|
clients (particuliers, OP...) ?
|
n'apportant aucune plus-value à la qualité de
l'offre.
|
DURABILITE SOCIALE
|
Quelles sont les retombées
|
·
|
L'augmentation du rendement puis du revenu agricole n'est pas
|
économiques et sociales des
|
|
assurée pour tous les types de producteurs. L'appui
ponctuel du
|
activités de services
|
|
PTTA permet de limiter l'endettement des agriculteurs mais
les
|
agricoles?
|
|
performances des systèmes de productions ne semblent
pas modifiées.
|
|
·
|
Le marché des biens et services, en dehors de ceux
échangés entre
agriculteurs, est virtuel en zone agro-forestière et
commence à émerger dans une des zones irriguées.
|
DURABILITE ENVIRONNEMENTALE
|
Quelles sont les
|
·
|
Les intrants délivrés peuvent impacter les
cultures environnantes et
|
conséquences pour la santé
|
|
l'environnement sans formation suffisante des fournisseurs et
des
|
humaine et l'environnement
|
|
agriculteurs.
|
des activités de l'agriculteur
|
·
|
Les doses d'intrants prescrites dans les paquets techniques ne
sont
|
et du fournisseur ?
|
|
pas respectées ou mal connues.
|
|
·
|
Les producteurs et les fournisseurs ne sont pas assez
protégés contre les produits chimiques.
|
DURABILITE ORGANISATIONNELLE ET GOUVERNANCE
|
· Comment les
|
·
|
Les organisations agricoles (coopératives comprises)
peuvent être
|
fournisseurs
|
|
une force pour attirer une offre de service de qualité
car elles
|
s'organisent-ils pour
|
|
structurent l'économie des zones agroforestières
et sont les
|
répondre à la
|
|
principaux liens aux filières. Ces groupements ont encore
besoin
|
demande?
|
|
d'être accompagnés et encadrés pour limiter
le détournement des
|
· Dans le cas des
|
|
ressources ou le contrôle de l'organisation par quelques
membres.
|
|
fournisseurs liés à
|
·
|
Les fournisseurs capables de délivrer le service
d'assistance
|
des organisations de
|
|
technique après le programme sont actuellement les
vendeurs
|
producteurs :
|
|
d'intrants, dans les périmètres irrigués, et
les organisations de
|
comment s'organise
|
|
producteurs avec vraie stratégie de développement,
dans les zones
|
le travail?
|
|
agroforestières.
|
Tableau 21 Evaluation globale de la durabilité des
fournisseurs - synthese
90
9. Quels outils d'appuis aux fournisseurs ? Quelles
pistes d'amélioration du programme ?
9.1. Améliorer la communication autour du PTTA
pour améliorer la durabilité des effets
9.1.1. Annoncer la durée et la stratégie de
sortie du programme
La méfiance des agriculteurs et des fournisseurs par
rapport aux programmes gouvernementaux a freiné sa mise en oeuvre.
Malgré le travail de sensibilisation de la Coordination et des OPS,
certains acteurs n'ont pas compris le fonctionnement et les objectifs du
programme. Beaucoup d'acteurs considèrent donc le PTTA comme une
intervention ponctuelle de l'état haïtien.
Ainsi, améliorer la communication sur la durée
d'exécution du PTTA et sa stratégie de sortie est
nécessaire. Les fournisseurs comme les bénéficiaires ont
besoin d'être informés de la durée du programme et
de son lien avec d'autres programmes. Le manque
d'investissement pourrait-être diminué en améliorant la
visibilité des acteurs sur le moyen et long terme.
9.1.2. Clarifier le rôle des techniciens sur le
terrain et mieux encadrer leurs actions
Le rôle des techniciens engagés par les OPS comme
prestataires externes ou salariés permanents doit être
clarifié et coordonné entre les zones d'intervention du PTTA. Des
techniciens sont responsables du géo-référencement pour
l'OPS mais ils délivrent également des services aux agriculteurs
pour les fournisseurs ou sont eux-mêmes fournisseurs. Sans cette
clarification et coordination du rôle de chaque intervenant, le programme
ne pourra pas gagner la confiance des bénéficiaires.
9.2. Pistes de renforcement économique
9.2.1. Diminuer les retards de la BNC en
innovant
Les retards de paiement de la Banque Nationale de
Crédit ont fortement impacté la réussite du programme dans
certaines zones ainsi que la durabilité économique des
fournisseurs. Différentes pistes sont envisageables pour réduire
les délais de décaissement.
Recourir à plusieurs institutions
financières au lieu d'une seule grande. Cette stratégie
a été employée par le projet AVANSE de l'USAID. Les
fournisseurs peuvent échanger les vouchers contre les paiements dans
l'institution de micro-finance de leur choix, sous réserve de
l'éligibilité de celle-ci au programme. L'intérêt de
cette piste étant de renforcer également des institutions de
micro-finance locales.
91
Automatiser le traitement des vouchers.
L'informatisation du système d'incitation pourrait
améliorer son efficacité. Cette analyse est partagée par
la littérature sur les programmes « vouchers » qui insiste sur
la nécessité d'être efficace dans le traitement des
données. Le projet AVANSE a également développé un
système de suivi informatisé des vouchers : chaque coupon
possède un code QR qui permet au fournisseur d'indiquer en temps
réel au programme qu'il a reçu un coupon et qu'il sollicite un
décaissement.
Mettre en place des pénalités en cas de
retards trop importants de la part de la BNC. Dans le cadre de son
contrat avec la BID, la Banque Nationale de Crédit Haïtienne est
prestataire de service externe. Si son contrat n'est pas rempli dans les
délais impartis, le Ministère de l'Agriculture haïtien et la
BID pourraient la pénaliser.
9.2.2. La constitution d'un fonds de garantie
générant des bénéfices au service du
développement agricole
La constitution d'un fonds de garantie en
collaboration avec une ou plusieurs institutions financières pourrait
faciliter le financement des fournisseurs. L'objectif est d'assurer des
liquidités aux fournisseurs pour qu'ils soient capables d'avoir
des stocks suffisants, dans les fenêtres de temps correctes, pour
répondre aux besoins des producteurs.
La Banque Interaméricaine(BID) ou un autre bailleur
pourrait couvrir un pourcentage du risque de non-recouvrement et le reste
serait couvert par l'institution financière. La BID dispose d'outils
déjà en place comme le Fond Multilatéral
d'Investissement ou les « Private Sector Guarantees
» qui peuvent appuyer les petites et micro-entreprises dans les
pays partenaires. Un programme de fonds de garantie partielle de crédit
est déjà mis en oeuvre par le Fond de Développement
Industriel Haïtien (projet HA-L1050)avec un appui financier de la BID. En
cas d'emprunt, le fournisseur recevrait en plus une formation en
comptabilité voire un accompagnement en gestion personnalisé par
des salariés de l'institution financière.
Ce type de montage financier a été
utilisé en Tanzanie sous le nom de « The Agro-dealers guarantee
scheme project » pour faciliter l'accès au crédit aux
vendeurs d'intrants impliqués dans un programme national de subvention
par la demande.
Les intérêts des emprunts réalisés
dans une institution financière accréditée pourraient
appuyer le financement d'autres microprojets, liés à
l'agro-transformation ou la commercialisation. Ces projets pourraient eux-aussi
recevoir un appui de la BID et du FAES en lien avec leurs programmes de soutien
à l'entrepreneuriat.
92
9.2.3. Des formations en
comptabilité-gestion
La participation comme fournisseur au programme PTTA
devrait être accompagnée de formations en
gestion-comptabilité. Voici quelques exemples de
capacités à renforcer (issues en partie du document «
Orientations pour la construction de programmes de renforcement des
capacités des organisations de producteurs », [23]) :
? Maitriser les outils de gestion commerciale : calculs des
coûts de production, des coûts de revient, savoir réaliser
une étude de marché, monter un plan d'affaires, plans et bilans
de campagne, marketing
? Maitriser les outils de gestion financière et
comptable : flux de trésorerie, plan comptable, compte d'exploitation,
bilans,
Un appui à l'équipement informatique pourrait
être envisagé dans les zones où l'approvisionnement en
énergie est assuré.
Dans le cas des programmes de subvention par la demande en
Afrique, des formations techniques et économiques ont été
délivrés aux « agro-dealers ». L'objectif était
d'améliorer les compétences comptables et commerciales de ces
entreprises tout en facilitant l'établissement de liens avec des
filières d'intrants voire de commercialisation [20].
9.2.4. Un appui au crédit intrant
Appuyer la mise en place d'un marché des biens
et services agricoles nécessite d'avoir une demande soutenue.
Dans les zones irriguées, les agriculteurs n'ont pas accès
à des crédits d'une durée suffisante pour couvrir toute la
campagne agricole et les taux d'intérêts sont trop
élevés. Un appui au crédit intrant, éventuellement
sous la forme de vouchers pour limiter les détournements, devrait
être envisagé.
9.2.5. La mise en place d'un système d'information
de marché performant
Les importateurs d'engrais et les grossistes ont besoin de
connaitre les besoins du marché en avance pour investir dans un contexte
d'instabilité économique et politique. Des services
d'approvisionnement groupés pourraient être mis en place au
travers des organisations agricoles et des principales boutiques d'intrants.
Ces organisations agricoles et ces boutiques devraient pouvoir transmettre
facilement leurs demandes en engrais aux principaux importateurs.
93
9.3. Pistes de renforcement technique
9.3.1. Des formations techniques de base pour
renforcer directement les compétences des agriculteurs
La typologie dynamique des fournisseurs en zone
agro-forestière montre que des techniciens et des agriculteurs
formés sont à la recherche d'opportunités de
développement.
Concernant les productions agroforestières : les
fournisseurs voire les agriculteurs pourraient recevoir un appui à la
production de semences d'igname minisett et la multiplication de drageons de
banane avec la technique PIF (plants issus de fragments de tiges). Les
techniques de sur-greffage pourraient également présenter un
intérêt pour les arbres fruitiers. En zones irriguées, les
formations techniques prioritaires dans les zones irriguées concernent
l'utilisation des produits phytosanitaire et l'amélioration de la
gestion de la fertilité en lien avec des analyses de sol (Ruffy,
2015).
Ces techniques ne peuvent être diffusées
auprès des agriculteurs sans deux composantes essentielles. Un
suivi-accompagnement des producteurs et de leurs organisations pour comprendre
les freins à l'adoption de ces pratiques. Un appui à
l'accès au marché pour assurer la vente des productions.
Pour chaque formation délivrée et
validée, une certification reconnue par les principaux bailleurs et
l'état haïtien pourrait être proposée. Cette
certification renverrait à un référentiel des
compétences nécessaires à tout technicien agricole
souhaitant participer à un programme comme prestataire d'assistance
technique. Le PTTA pourrait alors s'appuyer sur ces agriculteurs formés
comme paysans relais dans les zones du projet.
Les exemples de l'organisation JEAN (4.2) et des anciens
techniciens du programme DEED montrent qu'une formation technique et
économique auprès d'agriculteurs ou de groupes bien ciblés
continue à avoir des effets positifs après le projet. Une fois
les compétences maitrisées, les agriculteurs peuvent s'en servir
dans leurs parcelles voire vendre de la prestation de service à
d'autres planteurs ou d'autres programmes. Des voyages d'études
entre groupes de paysans relais pourraient faciliter la diffusion des
techniques minisett ou PIF. L'organisation RPM a d'elle-même choisi de
contacter des organisations d'autres zones pour se former à ces
techniques.
9.3.2. Appuyer l'accès à du matériel
et des structures de qualité
Dans un contexte de réchauffement climatique,
différentes initiatives techniques pourraient faciliter la survie du
matériel végétal mis en terre.
L'aménagement de ravines avec des retenues
collinaires. Ces retenues reliées à des citernes
pourraient différer l'utilisation des eaux pluviales. Ces citernes
permettraient aux agriculteurs d'irriguer les plantations prioritaires en cas
de sécheresse et d'abreuver le bétail. Ces aménagements
pourraient être associés à des rampes antiérosives.
Celles actuellement financées par le PTTA ne permettent pas de retenir
l'eau sur le moyen et long terme.
94
L'intégration de cristaux polymères
gonflants dans le terreau de préparation des plantules. La
survie des premiers plantules est essentielle pour le reboisement et la mise en
place de nouvelles plantations agroforestières. « Les
hydro-rétenteurs à membrane polymérique sont de petites
granules qui, incorporées à la terre, gonflent avec la pluie ou
l`arrosage et retiennent l'eau. » (Wikiwater). Intégrer cette
technologie au moins dans les plantules délivrés par les
fournisseurs pourraient améliorer la survie des plantules mis en terre
pendant le programme.
9.4. Un appui aux organisations agricoles pour
renforcer leurs durabilités
Les organisations agricoles sont des interlocuteurs importants
pour les programmes de développement. Ce sont également les types
de fournisseurs qui peuvent rester dans les zones d'intervention en post-projet
et continuer un encadrement technique des agriculteurs.
Lors de l'inscription des organisations agricoles comme
fournisseurs du PTTA, un certain nombre d'indicateurs pourraient être
vérifiés et un suivi de l'organisation mis en place à
moyen terme. Ce système permettrait un suivi-évaluation des
organisations au cours du programme et faciliter la transition avec d'autres
projets.
La première étape serait de poser un
diagnostic des besoins en renforcement de compétences de
l'organisation. Ce diagnostic a pour but d'écarter les
organisations dont la gouvernance et la stratégie de
développement ne sont pas claires ou explicitées. Sans ces
contrôles, les risques de détournement de fonds ou de mauvaise
gestion sont élevés. Une grille de suivi avec différents
indicateurs qualitatifs ou quantitatifs pour identifier les compétences
prioritaires à renforcer est présentée en annexe.
Sous réserve d'avancement des indicateurs, une OP
serait alors éligible aux programmes suivants. Les indicateurs
permettraient également de cibler les formations prioritaires pour les
organisations rattachées au programme. Dans le cas des programmes PTTA
et RESEPAG 2, seule une organisation ayant obtenue des résultats de
suivi suffisants lors du PTTA serait éligible au RESEPAG 2, ou du moins
des outils de renforcement adaptés pourraient être
proposés. Ce système de suivi est également
applicable aux autres types de fournisseurs.
Ce travail de suivi et d'accompagnement nécessite d'une
part de former les cadres du ministère et des bureaux agricoles
communaux. Mais également de pouvoir compter sur des personnes
connaissant en détails le fonctionnement et les dynamiques des
organisations agricoles locales.
95
10. Conclusion
L'objectif de l'étude était l'analyse de la
durabilité des fournisseurs et de l'offre de biens et services dans
différentes zones concernées par le programme PTTA.
Le marché des biens et services n'existait pas dans les
zones agroforestières avant le programme. Le système de
subventions a créé un marché temporaire et
différents types de fournisseurs ont saisi l'opportunité offerte
pour se développer. Comme l'explique un des cadres du MARDNR : « Le
métier de fournisseur n'existait pas, c'est le programme qui les a
créé ». Ces derniers gèrent l'activité avec
des performances économiques variables et la rentabilité
ponctuelle de la vente de biens et services au PTTA n'est pas valorisée
pour renforcer et diversifier l'offre. Certains fournisseurs ont
néanmoins une vraie vision de leur activité ainsi que des projets
de développement à moyen et long terme. Des organisations
agricoles et les coopératives sont des types de fournisseurs à
même de développer des services de soutien aux producteurs
après le programme sous réserves d'être accompagnés
et soutenus.
Dans les zones irriguées un marché
préexistait à la venue du PTTA et l'offre de biens et services
était portée par une diversité de fournisseurs. Les effets
du PTTA dépendent du contexte de chaque commune. A Saint Raphaël,
les services ne se sont pas améliorés avec le programme à
cause de l'absence d'une offre structurée en service de labour, et de la
gestion par sous-traitance des services par les vendeurs d'intrants. Dans le
Nord-Est, des fournisseurs de labour et de repiquage ont pu être
ponctuellement renforcé grâce au programme mais leur
durabilité dépend de l'évolution des contraintes
juridiques sur leur activité. Les boutiques spécialisées
dans la vente d'intrants ont été renforcées et une vraie
offre de biens est en structuration.
L'évaluation des fournisseurs a été mise
en miroir avec une étude de la durabilité de l'offre
proposée. Cette offre de biens et services subventionnés est
partiellement adaptée aux besoins de producteurs. La qualité de
certains biens s'est améliorée temporairement et le programme a
pu répondre à certaines attentes des producteurs en leur
permettant d'avoir accès à des engrais et des intrants qu'ils ne
pouvaient acheter faute de trésorerie (Rambao, 2014). Mais
l'augmentation du revenu agricole n'a pas été
démontrée pour une grande majorité des systèmes de
production concernés par le PTTA (Ruffy, 2015 ; Dao, 2015, Rambao,
2014). Enfin, en l'absence d'un revenu stable ou d'un accès au
crédit agricole, à des taux corrects, la demande en biens et
service restera limitée.
Les actions développées dans le cadre du PTTA ne
permettent pas actuellement d'assurer la durabilité des biens et des
services aux producteurs bénéficiaires mais des actions
spécifiques peuvent être identifiées afin
d'améliorer les impacts du programme à la fois lors de sa mise en
place et après sa clôture. Le secteur agricole haïtien a
également besoin d'un appui technique adapté et maintenu dans la
durée. Ce sont les agriculteurs qui sont à même
d'acquérir des compétences nouvelles et de les appliquer si elles
apportent un plus-value réelle à leurs pratiques. C'est pourquoi
adapter le pas de temps des programmes sur des cycles plus long ou du moins
améliorer le suivi et la coordination entre programmes de
développement est essentiel pour accompagner les agriculteurs du mieux
possible.
96
Bibliographie
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Frontières. 2008. Le renforcement des organisations
économiques paysannes pour une insertion favorable et juste des petits
paysans sur les marchés.
2. Aguilar Paucar EAW. 2014. Analyse de la demande en
matière de services financiers des ménages vivant de la
production cacao au Ghana. Montpellier Sup Agro Institut des
Régions Chaudes Fides: Ghana.
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agricole (PTTA). Banque Interaméricaine de Développement,
Ministère de l'Agriculture, des Ressources Naturelles et du
Développement Rural Haïti.
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2012. Note Conceptuelle du Programme National de Lutte contre la Faim et la
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subsidies in sub-SaharanAfrica. FAO.
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Haïti. 2014.
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Ministère de l'Agriculture, des Ressources Naturelles et du
Développement Rural : Haïti.
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d'agrofourniture. Sociologie du travail, 55: 369-386.
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développement agricole 2010-2025.
https://www.gafspfund.org/sites/gafspfund.org/files/Documents/Haiti
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11. Ministère de l'Agriculture, des Ressources
Naturelles et du Développement Rural Haïti. 2015. Manuel
d'Incitation Applicable aux: Programme de Mitigation des Désastres
Naturels (PMDN) Programme de Renforcement des Services Publics Agricoles
(RESEPAG) Programme de Transfert de Technologies aux Agriculteurs (PTTA) Projet
de Sécurité Alimentaire en Haïti (SECAL).
12. Mazoyer M. 1984. CRISE ET CONDITIONS DE DEVELOPPEMENT
DE L'ECONOMIE PAYSANNE HAÏTIENNE. Banque Mondiale.
13.
97
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14. M. Mugisha V. 2011. Livelihoods in Northern Haiti.
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http://idbdocs.iadb.org/wsdocs/getdocument.aspx?docnum=36234166.
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susceptibles de s'approprier l'offre de PTTA pour transformer durablement leurs
pratiques? Quel dispositif opérationnel pour mesurer de façon
compréhensive l'impact sur les revenus? Banque
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et Crise Travaux sur l'agraire haïtien Tome 1 . Histoire Agraire et
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19. S.A.C.A.D., F.A.M.V. 1993b. Paysans, Systèmes
et Crise Travaux sur l'agraire haïtien Tome 2 . Strategies et logiques
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Farmer Incomes and Promote Local Organizations in Northern Haiti | U.S.
Agency for International Development.
http://www.usaid.gov/news-information/press-releases/usaid-launches-five-year-project-boost-farmer-incomes-and-promote
(Accessed April 7, 2015).
23. Valleur R. 2014. Orientations pour la construction de
programmes de renforcement des capacités des organisations de
producteurs.
24. Waldorf A. 2013. Can «smart» subsidies save
African agriculture?
25. Wampfler B. 2014. Une grille d'analyse des
organisations paysannes.
26. Wiggins S, Brooks J. 2010. The Use of Input Subsidies
in Developing Countries.
http://www.oecd.org/tad/agricultural-policies/46340359.pdf.
Annexes
98
99
Annexe 1 Exemples d'indicateurs de
suivi-évaluation des fournisseurs
Ces indicateurs sont en partis issus de deux documents :
« Orientations pour la construction de programmes de renforcement des
capacités des organisations de producteurs. )) ( Valleur R. 2014) et
« Une grille d'analyse des organisations paysannes. )) (Wampfler B.
2014)
Durabilité
|
Durabilité
organisationnelle
|
Durabilité économique
|
Durabilité sociale
|
Durabilité technique
|
Indicateurs de suivi
|
Existence de statuts
|
Système de gestion :
Comptabilité, bilan, comptes
d'exploitation
gestion
|
Diffusion des
techniques à d'autres membres
de l'organisation
|
Maitrise des
techniques de
productions de
semences minisett
par des membres de l'organisation
|
Règlement intérieur
|
Maitrise du système
de gestion par les cadres
|
Formations sociales
et économiques
organisées par
l'organisation
|
Maitrise des
techniques de la technique PIF par des
membres de l'organisation
|
Nombre de membres actifs
|
Volumes gérés
connus et anticipés
|
L'organisation
participe à des
réunions du Ministère
|
L'organisation participe régulièrement à des
formations
|
Modalités d'adhésion
|
Transparence dans la gestion
|
|
Des journées
d'échange sont
organisées avec
d'autres organisations
|
Plan stratégique
institutionnel
|
Suivi-contrôle des
gestionnaires
|
|
L'organisation développe une filière de
production
|
Procès-verbaux
|
Contrôle externe de gestion
|
|
L'organisation est
capable de mobiliser
des compétences techniques externes
|
% de membres
payant leur cotisation
|
En cas d'activité de
production : calculs
des coûts de production, des coûts de revient,
|
|
|
Système d'élection
des dirigeants
|
Intégration d'un
système de crédit ou
lien avec une structure extérieure
|
|
|
La rémunération des
dirigeants est transparente
|
Annexe 2 Coûts de production des plantules de
café, exemple d'un fournisseur de Dondon
Coût de production plantules
café
Total couts de prod. (HTG) 590600
Coutprod/plantule 9.37
Dans cet exemple, le fournisseur a employé plusieurs
techniciens, ce qui est le cas le plus fréquent à Dondon.
La totalité des sachets ne sera pas vendu, la
quantité de plantules produite permet de faire face aux risques de
maladies ou de sécheresse. La surproduction de plantules peut être
vendue à d'autres fournisseurs et le prix du marché est à
15HTG le plantule. C'est cette valeur qui servi de référence pour
les calculs des marges brutes.
100
Charges
Main OEuvre production des plantules
|
|
Unite
|
quantite
|
prix unit.
|
Total
|
melange substrat
|
4 personnes pendant un
mois, payees 500 HTG/operation
|
120
|
500
|
60000
|
remplissage sachet
|
Sachet
|
63000
|
0.5
|
31500
|
preparation plate
bande/germoir
|
par le technician
|
|
|
0
|
transplantation -
mise en sachet
|
depense totale
|
1
|
25000
|
25000
|
technicien
|
salaire pour la duree du
cycle
|
1
|
50000
|
50000
|
pepinieriste
|
salaire pour la duree du
cycle
|
1
|
50000
|
50000
|
personnel d'entretien
|
passage chaque jour pour
ramasser les feuilles et desherber si necessaire
|
180
|
200
|
36000
|
Mise en place de la pépinière
|
Installation
|
Preparation du
terrain
|
sarclage, applanissement
|
1
|
10000
|
10000
|
Bambou
|
saaman + bamboo
|
1
|
11000
|
11000
|
Ombragere
|
|
1
|
40000
|
40000
|
101
Main Oeuvre
installation
|
|
1
|
20000
|
20000
|
Nourriture Ouvriers
|
au moins 2 repas
|
1
|
5000
|
5000
|
batiment
|
location maison pour
stocker les intrants : 15 000 HTG /an
|
1
|
15000
|
15000
|
Intrants production de plantules
|
eau
|
|
|
|
0
|
sachets
|
|
63000
|
2
|
126000
|
compost-fumier
|
5 camions de fumier a 4000 HTG de location / camion +
1500HTG pour achat du fumier= 5500G/camion
|
5
|
5500
|
27500
|
sable
|
2 camions de sable a
500HTG /camion
|
2
|
5000
|
10000
|
terre
|
achat aux environs : 30
000HTG
|
1
|
30000
|
30000
|
semences café
|
Total
|
1
|
35000
|
35000
|
TOTAL CHARGES 582000
Investissements
|
|
Outils
|
Pelle
|
4
|
1500
|
6000
|
Dure vie
|
Taux d'amortissement
|
Amortissement
|
pompe+rose
|
1
|
50000
|
50000
|
10
|
0.1
|
5000
|
Brouette
|
2
|
7000
|
14000
|
20
|
0.05
|
700
|
Doum
|
4
|
2000
|
8000
|
10
|
0.1
|
800
|
Pulverisateur
|
1
|
7500
|
7500
|
10
|
0.1
|
750
|
Piquoir
|
3
|
1000
|
3000
|
20
|
0.05
|
150
|
Arrosoir
|
4
|
1500
|
6000
|
5
|
0.2
|
1200
|
|
TOTAL
INVESTISSEMENTS
|
94500
|
TOTAL AMORTISSEMENT
|
8600
|
102
Annexe 3 Calculs des couts de production des semences
d'igname minisett
Charges
|
Operation
|
Unite
|
Cout unit
(HTG)
|
Quantite
|
Total
|
Achat tete igname
|
Tete d une livre
|
50
|
300
|
15000
|
Intermediaire achat
|
hj
|
200
|
1
|
200
|
Transport
|
camion
|
1500
|
1
|
1500
|
Decoupe
|
hj
|
300
|
4
|
1200
|
Achat insecticide
|
flacon
|
1500
|
1
|
1500
|
Traitement insecticide
|
hj
|
300
|
2
|
600
|
Mise au soleil
|
hj
|
|
|
0
|
Fabrication du germoir
|
hj
|
200
|
1
|
200
|
Mise en germoir
|
hj
|
200
|
2
|
400
|
Arrosage et entretien germoir
|
|
|
|
0
|
Preparation du plant
|
hj
|
200
|
3
|
600
|
Transport
|
|
1500
|
1
|
1500
|
Manutention
|
|
|
|
0
|
Total charges (HTG)
|
22700
|
Produits
|
Nombre de plants, 5 plants/livre de semence traditionnelle
(HTG)
|
1500
|
Prix de vente PTTA (HTG)
|
|
20
|
Total (HTG)
|
|
30000
|
Cout de production/plant
(HTG)
|
miniset
|
15.13
|
Les coûts de production des semences d'igname minisett
sont très variables selon les compétences techniques du
fournisseur ou du technicien embauché. Une personne
expérimentée pourra découper une plus grande
quantité de semences et les traiter plus rapidement.
103
Annexe 4 Calculs des coûts de fonctionnement d'un
fournisseur de repiquage et de labour dans le Nord-Est
|
Campagne 1 riz d'hiver
|
Campagne 2 riz d'été
|
Nombre de coupons
|
53
|
38
|
Surface moyenne/beneficaire
(talet)
|
5.76
|
5.6
|
Valeur des coupons
|
1 500 HTG (moins de 8 talets) ; 3 000 HTG (8 talets et plus)
|
1 500 HTG (moins de 8 talets) ; 3 000 HTG (8 talets et plus)
|
Nombre de sous-contractés
|
5 à 8 dépendant de la superficie
|
5 à 8 dépendant de la superficie
|
Salaire d'un sous contracté
|
300HTG/talet
|
300HTG/ talet
|
Location de chevaux
|
750 HTG 4 fois
|
750 HTG 6 fois
|
Carte de recharge
|
250 HTG
|
150 HTG
|
Déplacement
|
900 HTG
|
750 HTG
|
Combite/Nourriture
|
7 000 HTG
|
5 000 HTG
|
TOTAL CHARGES
|
101 834 HTG
|
85 500HTG
|
TOTAL PRODUITS
|
119 250 HTG
|
85 500 HTG
|
MB
|
17 416 HTG
|
11 260 HTG
|
MB moyenne/talet
|
57.04 HTG
|
52.9 HTG
|
Calculs des couts d`investissement dans un attelage dans
le Nord-Est
Investissement
|
prix unit. (HTG)
|
quantite
|
total (HTG)
|
Boeuf
|
25000
|
2
|
50000
|
charrue
|
40000
|
1
|
40000
|
Herse
|
Chaine
|
Joug
|
bague de nez
|
500
|
2
|
1000
|
vaccination
|
25
|
2
|
50
|
Total investissement
|
91050
|
Si le propriétaire des boeufs emploie un
opérateur les bénéfices sont partagés. Entre 60 et
70 % va à l'employé, le reste au propriétaire. Au moment
des enquêtes, le service de labour était facturé environ
2400 HTG par demi-carreau (soit 350
HTG/talet). Le PTTA subventionne le labour à hauteur de 5000
HTG/0.5c. La surface moyenne par bénéficiaire étant de
0.35c, un fournisseur de labour doit fournir du service
à environ 50 personnes pour rembourser son
investissement. Cette quantité de service à fournir est
généralement possible sur deux ou trois années voire une
seule si les conditions sont réunies (source : enquetes bouviers BP,
JM). Actuellement le travail des opérateurs de labour est limité
par le contexte de sécheresse.
104
Annexe 5 V.1. Calcul des dépenses et MB moyennes
par bénéficiaire. Campagne riz 2014 Saint Raphaël.
Saint Raphael Riz 1
|
quantitee moyenne
d'intrants delivree par beneficiaire
|
prix achat unit.
|
prix unit.
PTTA
|
Depense moyenne
du PTTA / beneficiaire = PB
|
Total des
depenses fournisseur
|
MB
|
MB USD
|
PB USD
|
% MB
|
Nombre de
beneficiaires
|
1680
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Preparation de sol
|
3718.6
|
1.5
|
2.109
|
7842.530023
|
5577.9
|
2265
|
45.293
|
157
|
0.7
589
|
Semence Riz (marmites)
|
14.87
|
80
|
100
|
1487.413579
|
1189.6
|
297.5
|
5.9497
|
29.7
|
0.0
997
|
Repiquage (hj)
|
21.99
|
200
|
200
|
4398.278168
|
4398
|
0
|
0
|
88
|
0
|
Engrais (sac)
|
4.22
|
800
|
900
|
3796.590989
|
3376
|
421.8
|
8.4369
|
75.9
|
0.1
414
|
TOTAL depense PTTA
HTG
|
17524.81
|
Les enquêtes technico-économiques approfondies ont
permis de déterminer les différents coûts de production et
d'achat des biens et services
|
TOTAL depense PTTA
USD
|
350.5
|
TOTAL depense
fournisseur HTG
|
14540.86
|
TOTAL depense USD
|
290.82
|
TOTAL MB HTG
|
2983.954316
|
TOTAL MB USD
|
59.67908633
|
105
Saint Raphael Maraichage 1
|
quantitee moyenne d'intrants
delivree par beneficiaire
|
prix achat unit.
|
prix unit. PTTA
|
Depense
moyenne du
PTTA /
beneficiaire =
PB
|
Total des
depenses fournisseur
|
MB
|
MB USD
|
PB USD
|
% MB
|
Nombre de beneficiaires
|
1271
|
|
|
|
|
|
0
|
|
|
Preparation de sol HTG
|
3891.26631
|
1.5
|
1.65
|
6420.589411
|
5836.899465
|
583.6
|
11.67
|
128
|
0.1555
|
Semence Piment (livre)
|
0.70601825
|
3000
|
5000
|
3530.091251
|
2118.054751
|
1412
|
28.24
|
70.6
|
0.3762
|
Semence Carotte (livre)
|
0.241
|
750
|
750
|
181.421
|
181.42
|
0
|
0
|
3.63
|
0
|
Semence Tomate (livre)
|
0.038600283
|
1200
|
1500
|
57.90042486
|
46.32033989
|
11.58
|
0.231
|
1.16
|
0.0030
|
Semence Oignon (livre)
|
1.360505191
|
2700
|
2750
|
3741.389274
|
3673.364015
|
68.02
|
1.360
|
74.8
|
0.0181
|
Semence Poireau (livre)
|
5.8245422
|
1200
|
1250
|
7280.67775
|
6989.45064
|
291.2
|
5.824
|
146
|
0.0776
|
Produits phytosanitaires
(aspersions)
|
3.502139679
|
300
|
550
|
1926.176823
|
1050.641904
|
875.5
|
17.51
|
38.5
|
0.2333 05
|
Engrais (sac)
|
4.5
|
1179
|
1290
|
5902
|
5391
|
510.6
|
10.21
|
118
|
0.13
|
TOTAL depense PTTA HTG
|
29040.57403
|
Annexe 6 Calcul des dépenses et MB moyennes par
bénéficiaire. Campagne maraîchage 2014 Saint
Raphaël.
|
TOTAL depense PTTA USD
|
580.8114807
|
TOTAL depense HTG
|
25287.81911
|
TOTAL depense USD
|
505.7563821
|
TOTAL MB HTG
|
3752.754927
|
TOTAL MB USD
|
75.05509854
|
Saint Raphaël Riz 2
|
quantitee moyenne
d'intrants delivree par beneficiaire
|
prix achat
unit.
|
prix unit. PTTA
|
Depense
moyenne/beneficiaire
|
Total des
depenses
|
MB
|
Nombre de beneficiaires
|
911
|
|
|
|
|
|
Surface totale
|
3134.528601
|
1.5
|
1.8
|
5642.151482
|
5140000
|
940.3 6
|
Preparation de sol
|
|
|
|
|
|
0
|
Semence Riz (marmite)
|
22.60109538
|
100
|
130
|
2938.1424
|
2676647.726
|
678.0 3
|
Repiquage (hj)
|
nc
|
|
200
|
nc
|
nc
|
|
Engrais (sac)
|
5.676867395
|
1400
|
1948.33
|
11060.41105
|
10076034.47
|
3112. 8
|
TOTAL depense PTTA
HTG
|
19640.70493
|
|
TOTAL depense PTTA
USD
|
392.8140987
|
TOTAL depense HTG
|
14909.51679
|
TOTAL depense USD
|
298.1903359
|
TOTAL MB HTG
|
4731.188141
|
TOTAL MB USD
|
94.62376281
|
106
Annexe 7Calcul des dépenses et MB moyennes par
bénéficiaire. Campagne riz 2015 Saint Raphaël
107
Annexe 8Calcul des dépenses et MB moyennes par
bénéficiaire. Campagnes café 2014 Dondon
NP Dondon 2014
|
|
B/S
|
Quantite
moyenne/beneficiaire
|
prix vente PTTA
|
prix achat/cout prod.
|
MB
|
PB
|
MB USD
|
PB USD
|
Travail du sol
|
4131
|
2
|
1
|
2479
|
8263
|
50
|
165
|
Arbres de couverture
|
41
|
25
|
15
|
413
|
1033
|
8
|
21
|
Plantules Café
|
1033
|
25
|
15
|
10328
|
25821
|
207
|
516
|
Semences Igname
miniset
|
124
|
20
|
15
|
620
|
2479
|
12
|
50
|
Drageons Banane
|
83
|
20
|
12
|
661
|
1653
|
13
|
33
|
Taille
|
|
|
|
|
0
|
0
|
0
|
Controle scolytes
|
|
|
|
|
0
|
0
|
0
|
|
TOTAL depense PTTA HTG
|
39247.8
|
TOTAL depense fourn. HTG
|
24746.7
|
TOTAL MB HTG
|
14501
|
|
TOTAL depense PTTA USD
|
784.955
|
TOTAL depense fourn. USD
|
494.935
|
TOTAL MB USD
|
290
|
RE Dondon 2014
B/S
|
Quantite
moyenne/beneficiaire
|
prix vente PTTA
|
prix achat/cout prod.
|
MB
|
PB
|
MB USD
|
PB USD
|
Travail du sol
|
4673
|
2
|
1
|
2804
|
9346
|
56
|
187
|
Arbres de couverture
|
14
|
25
|
15
|
140
|
350
|
3
|
7
|
Plantules Café
|
290
|
25
|
15
|
2900
|
7250
|
58
|
145
|
Semences Igname
miniset
|
0
|
20
|
15
|
0
|
0
|
0
|
0
|
Drageons Banane
|
23
|
20
|
12
|
187
|
467
|
4
|
9
|
Taille
|
|
|
4164
|
2082
|
0
|
42
|
0
|
Controle scolytes
|
|
|
21029
|
6309
|
0
|
126
|
0
|
TOTAL depense PTTA HTG
|
17413.5
|
TOTAL depense fourn. HTG
|
11382.7
|
TOTAL MB HTG
|
14421
|
TOTAL depense PTTA USD
|
348.271
|
TOTAL depense fourn. USD
|
227.654
|
TOTAL MB USD
|
288.4
|
108
Annexe 9 Calcul des dépenses et MB moyennes par
bénéficiaire. Campagne J.Créole et café 2015
Dondon
Jardin Creole Dondon
B/S
|
Quantite
moyenne/beneficiaire
|
prix vente PTTA
|
prix achat/cout prod.
|
MB
|
PB
|
MB USD
|
PB USD
|
Travail du sol
|
4438
|
2
|
1
|
3106
|
9319
|
62
|
186
|
Arbres de couverture
|
102
|
25
|
15
|
1016
|
2540
|
20
|
51
|
Semences Igname
miniset
|
139
|
20
|
15
|
693
|
2773
|
14
|
55
|
Semences Igname
|
139
|
150
|
60
|
12481
|
20802
|
250
|
416
|
Drageons Banane
|
70
|
20
|
12
|
560
|
1400
|
11
|
28
|
Sac de Compost/fumier
|
9
|
250
|
200
|
444
|
2219
|
9
|
44
|
Boutures de canne a
sucre
|
104
|
3
|
1
|
207
|
311
|
4
|
6
|
Cayeux d'ananas
|
45
|
7
|
5
|
90
|
315
|
2
|
6
|
TOTAL depense PTTA HTG
|
39679
|
TOTAL depense fourn. HTG
|
21081
|
TOTAL MB HTG
|
18598
|
TOTAL depense PTTA USD
|
793.58
|
TOTAL depense fourn. USD
|
421.62
|
TOTAL MB USD
|
371.95
|
Café Dondon 2015
B/S
|
Quantite
moyenne/beneficiaire
|
prix vente PTTA
|
prix achat/cout prod.
|
MB
|
PB
|
MB USD
|
PB USD
|
Travail du sol
|
4637
|
2
|
1
|
2782
|
9275
|
56
|
185
|
Arbres de couverture
|
32
|
25
|
15
|
323
|
808
|
6
|
16
|
Plantules Café
|
1159
|
25
|
15
|
11594
|
28984
|
232
|
580
|
Semences Igname trad.
|
139
|
50
|
40
|
1391
|
6956
|
28
|
139
|
Drageons Banane
|
80
|
20
|
12
|
644
|
1609
|
13
|
32
|
Sac de compost
|
7
|
250
|
200
|
371
|
1855
|
7
|
37
|
TOTAL depense PTTA HTG TOTAL depense PTTA USD
|
494868
989.737
|
TOTAL depense fourn. HTG TOTAL depense fourn.
USD
|
323818
647.636
|
TOTAL MB HTG TOTAL MB USD
|
17105
342.10
|
NP Cacao 2014
|
|
B/S
|
Quantite moyenne/beneficiaire
|
prix vente PTTA
|
prix achat/cout prod.
|
MB
|
MB USD
|
PB USD
|
Preparation du sol
|
4223
|
2
|
1
|
2160
|
43
|
144
|
Arbres de couverture
|
42
|
25
|
15
|
422
|
8
|
21
|
Plantules Cacao
|
263
|
25
|
15
|
2631
|
53
|
132
|
Semences Igname miniset
|
127
|
20
|
10
|
1265
|
25
|
51
|
Banane
|
263
|
20
|
12
|
2105
|
42
|
105
|
Taille
|
|
|
|
|
0
|
0
|
|
TOTAL depenses PTTA HTG
|
22626.03296
|
TOTAL depenses HTG
|
14043
|
TOTAL MB
HTG
|
8583
|
TOTAL depenses PTTA USD
|
452.5206593
|
TOTAL depenses USD
|
280.9
|
TOTAL MBUSD
|
171.7
|
RE Cacao 2014
|
|
B/S
|
Quantite moyenne/beneficiaire
|
prix vente PTTA
|
prix achat/cout prod.
|
MB
|
MB USD
|
PB USD
|
Preparation du sol
|
4735
|
2
|
1
|
2422
|
48
|
161
|
Arbres de couverture
|
12
|
25
|
15
|
118
|
2
|
6
|
Plantules Cacao
|
74
|
25
|
15
|
741
|
15
|
37
|
Semences Igname miniset
|
36
|
20
|
10
|
355
|
7
|
14
|
Banane
|
74
|
20
|
12
|
593
|
12
|
30
|
Taille
|
|
|
2569
|
771
|
15
|
0
|
|
TOTAL depenses PTTA HTG
|
12415
|
TOTAL depenses HTG
|
8185
|
TOTAL MB
HTG
|
5000
|
TOTAL depenses PTTA USD
|
248
|
TOTAL depenses USD
|
164
|
TOTAL MB
USD
|
100
|
109
Annexe 10Calcul des dépenses et MB moyennes par
bénéficiaire. Campagnes cacao 2014 Milot
110
Annexe 11 Calcul des dépenses et MB moyennes par
bénéficiaire. Campagnes J. Créole et cacao 2015 Milot
Jardin Creole Milot
|
|
B/S
|
Quantite moyenne/beneficiaire
|
prix vente
PTTA
|
achat/cout prod.
|
MB
PBprix
|
MB USD
|
USD
|
Preparation du sol
|
3936
|
2
|
1
|
2755
|
55
|
165
|
Arbres de couverture
|
87
|
25
|
15
|
870
|
17
|
44
|
Semences Igname miniset
|
123
|
20
|
10
|
1230
|
25
|
49
|
Semences Igname
|
123
|
150
|
60
|
11071
|
221
|
369
|
Drageons Banane
|
73
|
20
|
12
|
583
|
12
|
29
|
Sac de Compost/fumier
|
8
|
250
|
200
|
394
|
8
|
39
|
Boutures de canne a
sucre
|
95
|
3
|
1
|
190
|
4
|
6
|
Cayeux d'ananas
|
33
|
7
|
5
|
66
|
1
|
5
|
|
TOTAL depenses PTTA HTG
|
35297
|
TOTAL depenses HTG
|
18137
|
TOTAL MB
HTG
|
17160
|
TOTAL depenses PTTA USD
|
706
|
TOTAL depenses USD
|
363
|
TOTAL MB
USD
|
343
|
Cacao Milot 2015
|
|
B/S
|
Quantite moyenne/beneficiaire
|
prix ventePTTA
|
prix achat/cout prod.
|
MB
|
MB USD
|
PB USD
|
Preparation du sol
|
5607
|
2
|
1
|
3364
|
67
|
224
|
Arbres de couverture
|
46
|
25
|
15
|
465
|
9
|
23
|
Cacaoyer
|
350
|
25
|
15
|
3505
|
70
|
175
|
Plants d'igname
|
168
|
50
|
40
|
1682
|
34
|
168
|
Drageons de banane
|
349
|
20
|
12
|
2790
|
56
|
140
|
|
TOTAL depenses PTTA HTG
|
36525
|
TOTAL depenses HTG
|
24718
|
TOTAL MB
HTG
|
11806
|
TOTAL depenses PTTA USD
|
730
|
TOTAL depenses USD
|
494
|
TOTAL MB
USD
|
236
|
111
Annexe 12 Calcul des dépenses et MB moyennes par
bénéficiaire. Campagnes riz Nord Est
Riz Hiver NE 2013-2014
|
|
B/S
|
Quantite moyenne /beneficiaire
|
prix unit. PTTA
|
prix achat unit.
|
MB
|
Nombre de beneficiaires
|
|
|
|
|
Semence Riz (marmites)
|
5.61
|
250.00
|
200.00
|
281
|
Application p.phyto.
|
2.54
|
300.00
|
250.00
|
127
|
Produits phytosanitaires
|
0.84
|
2000.00
|
1500.00
|
422
|
Engrais
|
2.82
|
1500.00
|
1000.00
|
1408
|
TOTAL depense HTG
|
9187.0
|
|
TOTAL depense USD
|
183.7
|
TOTAL MB HTG
|
3872.683
|
TOTAL MB USD
|
77.454
|
Riz ete NE 2014
|
|
B/S
|
Quantite moyenne /beneficiaire
|
prix unit. PTTA
|
prix achat unit.
|
MB
|
Nombre de beneficiaires
|
|
|
|
|
Semence Riz
|
7.2
|
250.0
|
200.0
|
357.8
|
Produits phytosanitaires
|
0.7
|
2000.0
|
1500.0
|
347.9
|
Engrais
|
2.7
|
1500
|
1000
|
1354.1
|
TOTAL depense HTG
|
8707.5
|
|
TOTAL depense USD
|
174.1
|
TOTAL MB HTG
|
3742.8
|
TOTAL MB USD
|
74.9
|
112
Annexe 13 Modélisation des dépenses et
des recettes d'un fournisseur d'intrants de Saint Raphael approvisionnant 100
bénéficiaire
Besoin de recourir à l'emprunt en l'absence de fonds
propres suffisants
Cette modélisation est basée sur les
délais de décaissement de la BNC lors des deux premières
campagnes à Saint Raphaël et les calculs de dépenses par
bénéficiaire en annexe V. Le décaissement du coupon
préparation de sol a lieu 3 mois après la dépense alors
que les fournisseurs ont besoin de liquidités pour payer le repiquage,
les engrais et la suite de la préparation de sol. Les fournisseurs ont
aussi besoin d'anticiper la campagne de maraichage et tout retard de paiement
va limiter leurs investissements. Comme le montre le graphique,
l'activité de fournisseur nécessite un investissement initial
important. En raison de ce besoin, beaucoup de fournisseurs ont recours
à l'usure ou à des crédits commerciaux. La durée
des crédits commerciaux est trop courte (3 mois en moyenne) et tout
retard de décaissement entraine des pénalités qui
impacteront le résultat final.
Bilan
4
T1
T2
T3
l'adaptation
thématique avant
renforcement
...
5
Approfondissement
thématiques
6
Rédaction
Annexe 14Etapes de travail. Méthodologie
Env Juri Soc Eco
Evaluation de la durabilité
F1
F2
F3
F4
Tec
...
Quelle thématique
1 2
Focus sur les piliers
techniques et
économiques
Approfondissement
de la thématique
dans les enquêtes
Pré-typologie
des fournisseurs
Compréhension
mésosystème
3
Evaluation
attentes
Attentes des producteurs
Approfondissement
de la thématique
dans les enquêtes
Figure 27 Etapes du travail d'évaluation
(schéma CB, auteur)
d'étude privilégier?
Phase 1 : Compréhension du mésosystème
autour des fournisseurs, de leur diversité et choix des zones
d'enquêtes
|
113
Etude perception sur les services /
des
Analyse de
Offre/Demande
Etat des lieux de la
propositions de
Durée : 11 avril au 8 mai
Lieu : Cap-Haïtien - Fort Liberté
La première phase du travail a eu lieu au
Cap-Haïtien et à Fort-Liberté. Au cours de cette
étape
des enquêtes auprès des trois opérateurs de
services (OPS), des cadres de la coordination régionale du
PTTA et d'acteurs clés des structures d'aide au
développement de la zone. A partir de ces entretiens et
de l'analyse des listes de fournisseurs officiels du PTTA
donnés par les OPS, le mise en place du PTTA sur
le terrain a été mieux appréhendée,
la compréhension du mésosystème autour des
fournisseurs a été
améliorée et le choix des zones d'enquêtes a
été raisonné.
A partir du choix des zones, une pré-typologie des
fournisseurs et des grilles d'enquêtes ont été
préparées.
Outils mobilisés : entretiens de
compréhension semi directifs avec personnes ressources, recherche
bibliographique, grilles d'analyse : d'une politique publique,
d'une filière, d'une organisation de
producteurs, de la durabilité d'un service.
Phase 2 : Enquêtes qualitatives auprès des
fournisseurs
Durée : 9 mai au 19 juin 2015
Lieu : Saint Raphaël, Milot, Dondon,
Ouanaminthe, Ferrier, Fort Liberté
L'objectif de cette phase était de comprendre les biens
et services délivrés par les fournisseurs, qu'ils soient ou non
intégrés dans le programme PTTA, puis d'appréhender les
dynamiques d'émergence des fournisseurs dans chaque zone. Au total 90
enquêtes qualitatives ont été réalisées a
l'aide de guides d'entretiens adaptes a chaque pré-type de fournisseurs.
La compréhension de l'offre de Biens et Services s'est faite par zone et
par service : pour chaque zone étudiée, un repérage de
l'ensemble des services aux agriculteurs en place liés ou non au PTTA a
été effectué. Une typologie dynamique des
114
services aux agriculteurs pour les départements du Nord
et du Nord Est a été progressivement construite. Cette typologie
est présentée en partie 5.
Outils : Entrée par zone et par
services, Enquêtes semi-directives approfondies à l'aide de guides
d'entretien (annexe).
Phase 2b : Mission de suivi
Durée : du 22 au 26 juin 2015
En fin de phase deux, une mission de suivi de stage a
été réalisée par les enseignants tuteurs de
l'Institut des Régions Chaudes dans le but d'appuyer le travail des
étudiants sur le terrain. Cette mission a permis de valider les premiers
résultats d'enquêtes, de restituer des analyses sur l'offre de
Biens et Services au commanditaire et de préparer la suite du stage.
Phase 3 Enquêtes auprès des producteurs et des
acteurs des principales filières agricoles
Durée : 29 juin au 31 juillet
Lieux : Dondon, Milot, Saint Raphael,
Ouanaminthe, Ferrier, Fort Liberté
L'enjeu de cette phase était de comprendre la
perception des services par les agriculteurs, leurs attentes et leurs besoins
par rapport aux fournisseurs. Au cours d'enquêtes qualitatives
ciblées, la pertinence de l'offre des services proposés et les
effets du PTTA sur l'offre de services aux agriculteurs ont été
évalués. Une grille d'enquête recherchant
l'évolution de la disponibilité, de la
qualité, et du prix-accessibilité
de chaque bien et service a été rédigée.
Cette phase a permis de bien comprendre le système de services (formels
et informels) autour des ménages ruraux, son évolution et comment
le conseil agricole s'insère dans ce système.
Outils : Enquêtes qualitatives, analyse bibliographique,
liens aux enquêtes qualitatives des diagnostics agraires
réalisés sur les zones.
Phase 4 Analyse - préparation des dernières
enquêtes
Durée : 3 au 10 août
Lieu : Cap Haïtien
Cette phase a permis de vérifier les données
acquises depuis le début du stage, vérifier les informations
manquantes et planifier leur récupération. En comparant les types
de fournisseurs caractérisés en phase 2 et les attentes des
producteurs analysées en phase 3, un échantillon de fournisseurs
« types » a été retenu pour être
évalué économiquement et techniquement en détails.
L'objectif étant de faire ressortir des stratégies
économiques types pouvant illustrer les différents effets du PTTA
sur la durabilité économique et technique des fournisseurs.
115
Phase 5 : enquêtes technico-économiques -
évaluations
Durée : 11 au 28 août 2015
Lieux : Dondon, Milot, Saint Raphael,
Ouanaminthe, Ferrier, Fort Liberté
Les enquêtes approfondies ont été
menées auprès des fournisseurs retenus comme types. Les
stratégies technico-économiques les plus durables au regard des
grilles d analyse ont été relevées et les effets du PTTA
sur les stratégies des fournisseurs ont été
modélisés.
Outils : Enquêtes approfondies à l'aide de guides
d'entretien, groupes de travail
Phases 6 et 7: Analyse des durabilités et rédaction
du mémoire
Durée : 12 septembre au 21 octobre
2015
Cette phase de travail a permis la fin de l'analyse des
données récoltées sur le terrain, leur mise en forme par
rapport aux attentes du commanditaire ainsi que la recherche d'outils et de
solutions pour améliorer la durabilité des fournisseurs lies au
programme PTTA. Un compte rendu du travail est présenté au
commanditaire avec les différents types de fournisseurs, l'analyse de
leur durabilité et la piste de renforcement approfondie sur des
thèmes prioritaires identifiés. Des propositions concrètes
de renforcement d'une offre de service durable sont formulées.
Outils : Enquêtes, production d'un
bilan sous forme écrite, analyse des résultats avec des personnes
ressources et le tuteur de stage.
Annexe 15 Grilles d'enquêtes. Grille
enquêtes qualitatives fournisseurs
Date Lieu Heure
Nom Telephone
1. Presentation du fournisseur
2. Structure
3. Nom de la structure
4. Date de création
5. Type de structure
6. Ville d origine
7. Statut
8. A quel nom est le patente ?
9. Capital initial
10. Activités initiales - liste sources
de financement, objectifs a la création
11. Succursales
12. Nombre d employés
13. Nombre de membres
14. Si coopérative : nombres de comites
et listes des services - schéma +
origine du financement des services
15. Techniciens
16. nombre employes par la structure
17. roles
18. anciennete
19. embauches pour PTTA
20. critères de sélection
21. Activité de vente, pour
chaque activite (semences, engrais,
phytos,
ATK, labour):
22. Date début activité
23. Nombre de clients avant PTTA
24. Type de clients
25. Vente a crédit
26. Prêt de materiel : pulverisateur,
outils...
27. Approvisionnement
28. PTTA
29. Information du projet - mode de
recrutement-etapes d informations - pieces fournies
30. Campagnes PTTA
31. Nombre de bénéficiaires
32. Autres campagnes//autres programmes
116
33. Intrants consommes- Approvisionnement-Volume
34. Nombre clients pendant PTTA hors
bénéficiaires
35. Equipement
1. Entrepots, magasin, vehicules
2. équipement de labour (type, lieux d
achat, formation, entretien)
36. Financement
37. Type d emprunts (usure, amis, imf/B)
38. Nom utilise pour l emprunt
39. Montants
40. Taux/mois
41. Gestion
42. système de gestion cahier comptable ou
non
43. saisonnalités des activités donner les
moments
chauds/froids
44. Benefices degages avant PTTA - CA
45. Investissements realises avec benefices avant
PTTA
46. Benefices degages par PTTA - CA
47. Investissements realises avec benefices PTTA
48. Investissements prevus
49. Vision
50. Projets post-PTTA
51. Stratégie pour attirer des clients
52. Vision de l assistance technique - rôle
dans l activite
53. Contacts bouviers- contacts techniciens
Annexe 16 Grilles d'enquêtes. Grille
enquêtes producteurs (a) et (b)
Nom
Prénom
Téléphone
Age
Présentation de l
exploitation
Localisation de l habitation : commune, section
communale Parcellaire : nombre de parcelles :
localisation, surface, statut
Avant PTTA
Biens
Semences
/espèce :
1. variété, lieu d approvisionnement,
date-époque d achat, facilité à en obtenir,
quantité achetée, contenant, système de
stockage
2. époque de plantation, densité/carreau,
justification de la densité de semis
3. taux de germination, appréciation de la
qualité, variations repérées dans la
qualité
4. prix d achat, crédit a l achat, transport, prix
du transport
5. choix de la source d approvisionnement :
justification
Engrais
6. type, lieu d approvisionnement, date d achat,
facilité à en obtenir, quantité achetée,
contenant, système de stockage
7. époque d utilisation, densite/carreau,
appréciation de la qualité, variations
repérées dans la qualité
8. prix d achat, crédit a l achat, transport, prix
du transport
9. choix de la source d approvisionnement :
justification
Phytosanitaires
10. classes principales, lieu d approvisionnement, date
d achat, facilité à en obtenir, quantité
achetée, contenant, système de stockage
11. époque d utilisation, densite/carreau,
appréciation de la qualité, variations
repérées dans la qualité
12. prix d achat, crédit a l achat, transport, prix
du transport
13. choix de la source d approvisionnement :
justification
14. produit le plus acheté
15. qui fait la pulverisation ? prix
Compost
16.
117
fabrication personnelle
?
17. époques de fabrication
18. sources d approvisionnement en
fumier
19. mode d utilisation
Plantules
/espèce
20. variété, lieu d approvisionnement,
date-époque d achat, facilité à en obtenir,
quantité achetée, contenant,
21. époque de transplantation, densité,
justification de la densité de plantation
22. taux de réussite, appréciation de la
qualité, variations repérées dans la
qualité
23. prix d achat, crédit a l achat, transport,
prix du transport
24. choix de la source d approvisionnement :
justification
25. quelle usage a venir des arbres plantés
?
Services
Préparation du sol
26. époques, type de labour, pour
quelles cultures ?
27. labour a temps ? temps d attente avant
labour, toutes les
parcelles ont-elles pu être labourées,nombre
de
passage/parcelle
28. satisfaction, définition d un labour de
qualité ?
29. prix, nombre de jours (ou d heures) de
travail/parcelle,
recours au crédit
30. type de relation avec le bouvier (famille, autre
?)
Plantation-piquetage
31. MO : facilite a mobiliser,supervision du
travail, prix
Repiquage
32. Qui fait le travail ? Disponibilité de
la MO
34. Cout - mode de paiement : cash,
échange MO, avance...
33. Distances
Conservation du sol
35. Technique utilisée
36. Parcelles concernées
Grilles d'enquêtes. Grille enquêtes
producteurs (b).
1. Organisation du travail : époque, main
oeuvre, supervision, cout
Taille
2. Est-elle pratiquée ? pour quels
arbres ? Si non : pourquoi ? Par qui
?
3. type de taille (recepage ou émondage),
époque
4. lieu d apprentissage, outils
Greffe
5. Est-elle pratiquée ? Par qui
?
6. Type de greffe, époque
7. lieu d apprentissage, outils
Assistance technique
8. il y a-t-il un encadrement technique propose dans
la zone ?
9. formations reçues, programmes
passés
Bénéficiaire PTTA
10. Nom du fournisseur
11. Si choix du fournisseur :
justification/intrant
12. Nombre de campagnes PTTA
13. En fonction du paquet : faire la liste des
intrants théoriques
/intrant
14. La-t-il reçu ?
15. Espèces, variétés, type (si
engrais) choix possible ?, si o : justification,
quantité (respectée ?)
16. Livraison : époque,
adéquation avec les besoins,temps d attente, lieu de
livraison,
17. Qualité : observations sur l intrant,
satisfaction du bénéficiaire, comparaison
qualité avant-avec PTTA, taux de germination-survie, recours
possible pour refuser l intrant ?
18. Prix : coupon remis ala livraison ou en
avance ? Achat du même intrant en plus ?
Préparation du sol
19. Si choix du fournisseur :
justification
20. Type de labour, labour a temps ? temps d
attente avant labour, surface labourée ? Nombre de
passage/parcelle, durée labour.
21. satisfaction
22. prix : paiement a l avance ou après
labour ?, a qui le coupon a-t-il été
remis ?
Conservation du sol
23. Structures mises en place, Par qui ?
Quand ? Comment (seul, equipe, achat de MO).
Durée
24. Techniques maitrisées avant
PTTA ?
Taille
25.
118
Qui a fait la taille, type de taille (recepage ou
émondage),
26. Epoque, encadrement technique, outils,
techniques transmises
Assistance technique
27. Visites d un technicien : nombre,
époques, durée, dans quel but ?
28. Opérations exercées par le
technicien
29. Si formations : lieu, duree, demander de
decrire la formation, expliquer es sujets abordés et
les enseignements reçus
30. Point de vue sur la formation : utilite,
mise en oeuvre des techniques
31. A-t-il du payer pour venir ou assister a la
formation ?
Post PTTA
/intrant délivré pendant
PTTA
· Source d approvisionnement, justification
· Disponibilité : (facilité d
acquisition),Qualité
· Volumes achetés, prix
Labour
· Type de labour, disponibilité, prix,
Système d acteurs
· Appartenance a une OP
· Si cooperative : services fournis par la
cooperative.
· Participation a d autres programmes
Commercialisation
/production
· Lieux de vente, type de vente (sur pied, cash,
crédit...)
· Rapports avec le client :
crédit, conseils techniques, fourniture d
intrants
Transformation
· Utilisation/participationa un système
de transformation (moulin, guildive...), prix
119
Annexe 17 Liste des fournisseurs
enquêtés
Dondon
Agri H Vert
Coopérative Agricole Vincent Ogé de
Dondon (COPAGVOD)
Coopérative Agricole Caféière
Gabart Levaillant (CACGAVA)
Institut de recherche et de formation pour
l'orientation du
développement agricole (IRFODA)
Jesper Dorsinville
Organisation pour le développement
communautaire de Brostage
(ODCOB)
Lindor Wisly
Mouvement Rural des Jeunes Professionnels Actifs
(MORUJPAD)
Association des Femmes pour le développement
Dondon (AFAD)
Association des Techniciens Agricoles de Dondon
(ATAD)
Centre de produits et de services agricoles
(CEPROSA)
Coopérative Agricole Caféière
Capois la Mort (KKKLD)
Cooperative des filieres agricoles de Dondon
(COPFAD)
Cooperative de Production et de Commercialisation
Agricole de Dondon
(COPROCAD)
Jaden Fleri Etech
Jardin des trois rois mages
Jesper Dorsinville
Lindor Wisly - entreprise Jardin Producteur
Haitien
Mouvement Rural des Jeunes ProActifs
(MORUJPAD)
ODCOB (Organisation pour le Developpement Communautare
de
Bostage)
Organisation pour le Developpement de Sarrazin
(OPDS)
Vision verte
Organisation des Femmes de Bassin Caiman
(OFBK/OFBRD)
Jacquecius Pépinière
Milot
Agendel
Agrida
AGRISOL PEPINIERE
Association des Jeunes pour le Développement de
l'Agriculture (AJEPDA)
Centre Agricole pour le Développement des
Paysans du Nord (CADPAN)
CEPREVA
DENA
EPRINA SA
GAELV
ISA
JARDIN DE BETHEL PEPINIERE
120
Jardin Fleuri
Jeune Entrepreneur Agricole du Nord (JEAN)
Le Fermier
Jardin La Ferriere (Mouvement Planteur Thibau
MPPT)
Organisation des Paysans de Milot (OPM)
Organisation pour la terre pour la protection des
bassins versants Perche
Bonnet (OPPBP)
Pepdiplan
Pepiniere Centrale du Nord (PCN)
PROCONSA MUTATION ENTREPRISE
PVN
Rassemblement Paysan Milot (RPM)
Sans Soucis Agro Entreprise
Nord-Est
AgroPam
APDB
Bel Jaden Ferrier
Beljaden G et G
Beljardinsica (Bayaha)
Bolivar Erilien
CLES - Collectif de lutte contre l exclusion
sociale
Confiance en Dieu
confiance en dieu
Daddy Ferme - La valle de Berraca Ferme
Erilien Bolivar
Jaden Lakay
Jaden Peyzan
Kay ti Plante
Norvin pierrelus
Organisation Planteurs Dumas (OPD )
Saint Francois
ToutSezonBoutikAgricole
Victor Jeanty
Vincent Jocelyn
Saint Raphaël
Agroservice
AgwoLakay
Association des Irrigants de Buenabithe
(AIB)
Association des Techniciens Agricoles de Saint Raphael
(ATADS)
Boutique Intrants de Saint Raphael (BIAS)
Brodelin
COMAG sa
Comite Central d'Irrigation de Saint Raphael
(CCISR)
Groupement d'appui a la production Agricole
(GAPA)
Groupement des Professionnels Reunis (GPR)
Jardin Fleury
Jean
Jean Yves
Lakay Boutik
Mesidor
Organisation des Agriculteurs de Saint Raphael
(OASR)
Organisation des Techniciens Agricoles de Saint
Raphael (OTADAS)
Organisation pour le Developpement de Sanyago
(OD4SS)
Saintamene
Timinouse
121
Ce tableau ne présente pas les bouviers
enquêtés.
122
Annexe 18 Rappel bibliographique sur les Objectifs et le
fonctionnement des programmes d'incitations - programmes vouchers
Le secteur des engrais agricoles a été un
secteur largement subventionné et appuyé par les états
(africains notamment) jusqu' aux années 1980. Cet appui se faisait au
travers de magasins d'état ou par l'intermédiaire des grandes
filières exportatrices (coton...). Ces systèmes de subventions
dits « universels » réduisaient le coût des engrais pour
l'ensemble de la population ou pour des productions données et en
théorie sur tout le territoire national. Critiqués à cause
de leur coût élevé pour l'état, leurs
détournements ainsi que pour leurs effets négatifs sur le secteur
privé, ces systèmes de subventions ont été
arrêtés dans la plupart des pays lors des Plans d'Ajustements
Structurels (PAS) des années 1980 à 1990.
A la fin des années 1990 différents
gouvernements ont souhaité aider de nouveau la production agricole
nationale en facilitant l'accès aux intrants. Le postulat de cet
appui est que l'augmentation de la productivité agricole puis de la
sécurité alimentaire est corrélée à une
augmentation de l'utilisation d'engrais et de semences
améliorées. Le gouvernement du Malawi a
été pionnier pour le retour des subventions aux engrais en 1998
après l'arrêt d'autres programmes au début des
années 1990. D'autres pays ont suivi cette stratégie jusqu'en
2008. Après les émeutes de la faim, les institutions
internationales, les gouvernements et les principaux bailleurs de fonds ont
décidé d'appuyer le recours aux intrants pour éviter que
les productions nationales ne chutent de nouveau.
Les programmes de subvention peuvent être classés
en trois catégories : des programmes de démonstration mis en
place peu de temps et concernant un petit nombre de
bénéficiaires, des programmes de subvention sur plusieurs
années qui peuvent être ciblés, c'est à dire qu'ils
visent des catégories de producteurs ou des productions agricoles
choisies, ou être universels. Dans tous les cas ces programmes de
subvention peuvent s'appuyer sur un système de coupons ou «
vouchers » donnant l'accès aux intrants subventionnés dans
des structures reliées au programme. Ce système a pour but d
améliorer le suivi de la subvention, limiter les fraudes et dans
certains cas favoriser le renforcement du secteur prive de vente d intrants en
l incorporant dans le réseau des structures distribuant l engrais en
échange des coupons.
Dans le cas des programmes de subventions dits «
ciblés », la littérature parle de subventions intelligentes
ou « Smart subsidies ». En plus d'avoir recours à des coupons,
ces programmes se fixent des objectifs spécifiques particuliers.
L'acronyme SMART renvoie à :Specific
targeting, Measurable impacts, Achievable
goals, Results orientation, Timely duration
of implementation. Ce qui correspond à :
? Un ciblage spécifique des agriculteurs qui utilisent
d'ordinaire peu d'intrants, ou un choix de
zones où l'utilisation d'engrais peut réellement
contribuer à augmenter le rendement
? Etre capable de mesurer les impacts du programme au travers
d'indicateurs
? Avoir des objectifs atteignables et réalistes
? Orienter le programme vers des résultats concrets
? Limiter le programme dans le temps tout en incluant une
stratégie de sortie réalisable
Il y a dans ce cas un double objectif : améliorer le
système de subventions en utilisant des coupons, chercher un impact
spécifique sur le milieu rural et des productions agricoles en
intégrant la subvention dans une stratégie plus large.
Diplôme : Ingénieur agronome
Spécialité : Développement Agricole et Rural
au Sud
Spécialisation / option : Marchés, Organisation,
Qualité, Services dans les Agricultures du Sud (MOQUAS)
Enseignant référent : Christian Baranger
Auteur(s) : Bruno Pech
Date de naissance* : 13/05/1991
Nb pages : 80 Annexe(s) : 18
Année de soutenance : 2015
Organisme d'accueil : Banque Interaméricaine de
Développement
Adresse :
Bourdon 389
Port-au-Prince, Haiti
Maître de stage : Bruno Jacquet
Titre français : Quels sont les effets du Programme de
Transfert de Technologie aux Agriculteurs sur les fournisseurs de biens et
services agricoles et leur offre dans des communes du Nord et du Nord Est
d'Haïti ?
Titre anglais : Which effects on agricultural goods and
services suppliers does the Transfer Technology Program to smallholder's
farmers have in North and North-Eastern Haïti ?
Résumé (1600 caractères maximum) :
Dans le cadre de la réforme de l'appui au secteur
agricole, voulue par l'état haïtien, la Banque
Interaméricaine de Développement finance le Programme de
Transfert de Technologie dans les départements du Nord et du Nord Est
d'Haïti (PTTA). Ce programme se base sur l'utilisation de coupons «
vouchers » correspondant à des subventions adaptées à
chaque agriculteur participant. En échange de ces coupons, les
bénéficiaires reçoivent des biens et services agricoles
auprès de fournisseurs agréés. Le but de cette
étude est de comprendre si les actions menées dans le cadre du
PTTA permettent de développer une offre de biens et services durable.
Dans cet objectif, l'évaluation des composantes économique,
technique, juridique, organisationnelle, environnementale et sociale de la
durabilité permet d'analyser les contraintes au développement et
proposer des actions de renforcement des fournisseurs de biens et services
agricoles. En l'absence d'appui financier officiel, les fournisseurs ont
recours massivement à l'usure ou à des emprunts inadaptés
qui impactent fortement leurs finances et limitent leur capacité
d'investissement. Pour être adaptée aux besoins des producteurs,
l'offre de service doit également être renforcée
techniquement. Des fournisseurs déjà présents avant le
programme ont été renforcés et d'autres émergent,
mais des outils sont nécessaire pour consolider l'offre de biens et
services dans un objectif de durabilité. La constitution d'un fond de
garantie et la mise en place d'un système d'accompagnement des
fournisseurs font partie des pistes explorées.
123
Abstract (1600 caractères maximum) :
Which effects on agricultural goods and services suppliers does
the Transfer Technology Program to smallholder's farmers have in North and
North-Eastern Haïti ?
Agriculture is essential for the Haitian economy. Over 66% of
employment in rural areas is linked with agricultural production while 59% of
the rural population lives with less than 1 USD$ per day (MARNDR-PNIA, 2010).
The InterAmerican Development Bank (IADB) gives support to the Haitian
Agriculture Ministry (MARNDR) in order to strengthen smallholder's farmers in
the North and North Earthen Departments. Through targeted subsidies on special
crops and farming techniques, the «Technology Transfer to Small
Farmers» program is providing non-reimbursable financial support for
eligible farmers. The «smart subsidy» scheme includes the
participation of the private sector involved as «agro-dealers» or
«suppliers». Those agro-dealers must provide agricultural services
for the program beneficiaries although being able to pursue the services
delivery after the program.
The aim of this study is to assess the sustainability of
agro-dealers in order to suggest enhancements during the program as well as
helping IADB developing tools for medium and long-run sustainability. The
assessment is implemented through an analytical framework considering various
pillars of sustainability. The study shows that many agro-dealers are able to
supply some goods and services subsidized by the program, but without financial
and technical support, the goods and services offer risk to disappear after the
project or to go back to its baseline. Most of agro-dealers use formal or
informal credit with high rates in both cases and inappropriate line of credits
which results in weak economic efficiency. The technical skills are linked with
local technicians and suppliers need more training to add a real value to their
practices.
A credit guarantee fund would be an interesting option to give
credit access to agro-dealers. Moreover other tools could be implemented to
ensure that the effects of the program pursue after its closure.
|
124
Mots-clés :
Haïti, Programme de Transfert de Technologies aux
Agriculteurs, analyse de la durabilité, fournisseurs de biens et
services, renforcement de l'offre de biens et services agricoles
Key Words: Agro-dealers, suppliers, agricultural goods and
services, sustainability, Interamerican Development Bank, Haiti, PTTA,
Technology Transfer to Small Farmers» program
* Elément qui permet d'enregistrer les notices auteurs
dans le catalogue des bibliothèques universitaires
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