4.1.5 Forte présence d'agriculteurs
Dans l'ensemble les migrants maliens une fois au pays
pratiquent diverses activités dont l'agriculture, l'élevage, la
pêche et le petit commerce. Mais de toute évidence, l'agriculture
est l'activité qui occupe la très grande majorité (87%) de
personnes interrogées.
Les pratiques agricoles impliquent la culture de diverses
céréales (mil, sorgho, mais) sous pluie et la riziculture. La
riziculture occupe une place de choix dans les activités agricoles de
ces populations. Certains agriculteurs associent à cette activité
l'élevage.
(3,9%) des personnes interrogées affirment qu'ils sont
éleveurs ou pêcheurs. L'élevage est pratiqué par les
nomades de la région de Tombouctou. La pêche se pratique sur le
fleuve Niger notamment à Mopti.
Le commerce est l'activité principale de 7% des
personnes enquêtées. Il s'agit principalement des blanchisseurs de
retour au village. Toutefois, le commerce n'exclut pas la pratique des
activités agricoles.
4.1.6 Durée de séjour courte
La durée de séjour au Mali des blanchisseurs
varie d'un migrant à un autre. En effet, plus d'un quart (27,5%) des
personnes interrogées passent moins de 6 mois au Mali avant de revenir
au Niger pour une nouvelle expérience migratoire. Cette catégorie
concerne en majorité les migrants qui repartent au village pour les
travaux champêtres. Une fois les travaux champêtres
terminés, ils empruntent à nouveau le chemin de la migration.
Un peu plus de la moitié des répondants
affirment qu'ils passent moins d'un an au Mali avant de repartir en migration.
Cette durée de séjour cache des contrastes car une durée
de moins d'un an signifie que leur séjour au pays est compris entre 6
mois et un an. Ce groupe est le plus nombreux des personnes interrogées.
Il concerne aussi des migrants qui entrent au village pour les travaux
champêtres. A la fin de cette activité ils se consacrent
à la confection de briques ou au petit commerce.
Le séjour prolongé s'explique selon certains
migrants par le temps qu'il faut laisser au frère qui est à
Niamey d'épargner. On retrouve aussi des migrants (13,4%) qui passent
moins de 18 mois dans leurs pays tandis qu'une faible proportion (3,9%)
séjourne moins de 2 ans.
Quelle que soit la durée de séjour au pays les
résultats montrent globalement que c'est une migration circulaire que
pratiquent ces blanchisseurs maliens entre deux espaces
géographiques.
4.1.7 Une circulation Migratoire
Selon BERTHOMIERE ET HILY, (2009) « La notion de
circulation migratoire correspond à une démarche qui tente de
tenir compte à la fois des espaces concernés par les migrations,
des déplacements accrus des personnes entre différents lieux et
des flux matériels (biens, services, remises) et idéels (normes,
valeurs, représentations) induits par les migrations. Le migrant et le
circulant, plutôt que l'immigré ou l'émigré,
deviennent des figures centrales de l'activité de recherches et
l'attention est portée sur les pratiques et sur les initiatives des
personnes, sur les itinéraires et les espaces parcourus. ».
Cette circulation migratoire peut s'appréhender à travers le
nombre de séjour du migrant en migration. Pour le cas des blanchisseurs
maliens, il faut entendre par le nombre de séjour le nombre de fois que
le migrant a séjourné à Niamey en tant que blanchisseur. A
ce propos, les résultats de l'étude révèlent que
8,4 % des personnes interrogées ont séjourné au moins une
fois à Niamey en qualité de blanchisseur. Ce qui traduit une
faible circulation entre le Niger et le Mali. Il s'agit
généralement des jeunes qui sont au début de leur
expérience migratoire.
Une proportion non négligeable de migrants a
séjourné entre 8 à 10 fois à Niamey. Ce groupe
concerne pour l'essentiel des migrants de la 3ème
génération c'est à dire celle des années 2000.
Nombre de séjour à Niamey
|
Fréquence (%)
|
Moins de 2
|
8 ,4
|
2 à 4
|
18
|
4 à 6
|
1 3,3
|
6 à 8
|
12,2
|
8 à 10
|
8,5
|
10 à 12
|
6,6
|
12 et plus
|
32,1
|
Total
|
100
|
4.2 Le nombre de séjour à Niamey
Source : Ayouba Tinni Bachirou, 2015
On note aussi, que 32,1% des personnes interrogées ont
séjourné plus de 12 fois à Niamey. Il s'agit des migrants
blanchisseurs de la première, deuxième et troisième
décennie c'est-à-dire des années 1970, 1980 et 1990. Ce
groupe se distingue par des parcours migratoires très
développés.
Pour l'essentiel, notons que le nombre de séjour moyen
est de 9,35 pour un écart type de 7,28. Ce qui démontre que
l'afflux massif des migrants maliens date de la 3eme et 4eme décennie.
ENCADRE 4.1 : Biographie d'un migrant de la
première génération (1970-1980)
Mahamadou a 66 ans, il est né vers 1949 dans le
village de Mourkalla Gourgou dans la commune de Garba Korey, région de
Tombouctou en territoire malien. Il n'a pas été à
l'école.
Il est venu à Niamey pour la première fois
en 1982. A l'époque il disait que sa motivation était la
recherche de revenu. Il choisit de faire la blanchisserie car c'est le travail
qu'exerce son ami qu'il a trouvé sur place. Il entame ainsi sa
première expérience de la blanchisserie à Niamey en
ouvrant une chambre de blanchisserie au quartier Kalley Est et cela sans
difficulté majeure car il avait amené son fond de
démarrage du village.
Aujourd' hui, Mahamadou compte 32 ans d'expérience
migratoire de blanchisseur à Niamey. il affirme avoir
séjourné plus de 20 fois à Niamey en cette qualité
dans cette ville qu'il connait bien.
A son arrivée à Niamey, il logeait avec des
compatriotes, 6 au total au quartier Kalley. Ils vivaient ensemble et le matin
ils partaient au fleuve faire le linge pour revenir en début
d'après-midi pour le repassage dans la chambre de Kalley qui leur sert
d'espace d'habitation. Ils travaillaient ensembles les 6 jusqu' en
1987.
Au cours de l'année 1988, il prend une chambre
à son compte au château 9. Il y passa 7 ans. Apres la vente de
cette maison, il rejoint le quartier Balafon, où il loua une chambre
à 4000francs CFA. Après la vente de cette nouvelle maison, il
prend une autre toujours dans le même quartier.
Aujourd'hui, il est toujours au quartier Balafon dans
cette chambre dans laquelle il a 23 ans. Et il continue toujours d'aller au
fleuve faire le linge à l' exception du vendredi comme jadis il y a 32
ans. Déçu, par la gestion des fonds des premières
associations villageoises à Niamey, il ne milite dans aucune association
de blanchisseurs.
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