INTRODUCTION
0.1. CONTEXTE
La dégradation de l'environnement, si elle
connaît des variantes locales, a toujours le même scénario :
des faubourgs qui remplacent les campagnes, des marais transformés en
champs de maïs, des forêts rasés et des littoraux
rongés par le béton... de l'équateur aux régions
polaires. Les terres occupées par l'homme s'étendent, les milieux
naturels régressent. Comme résultats, on assiste à «
une véritable précarisation des espèces vivantes »,
avertit Barbault Robert (2008), spécialiste de la biodiversité et
professeur au Muséum national d'histoire naturelle de Paris. L'Union
Internationale pour la Conservation de la Nature a recensé plus de 16
000 animaux et plantes dont l'avenir est compromis (UICN, 2009). Ce chiffre
n'est que la partie émergée d'un iceberg dont on ignore la taille
réelle : une incertitude d'un facteur de 10 subsiste sur le nombre total
d'espèces vivantes (Science et Vie, 2008). Ce tableau noir est le
même pour les espèces de crevettes. Mais le problème qui se
pose n'est pas seulement la disparition de telle ou telle espèce car les
fonctions d'un organisme donné peuvent presque toujours être
exercées par un autre. C'est plutôt l'ennui causé par
l'affaiblissement général du tissu vivant de la planète
qu'est la biosphère, dont les espèces constituent des sortes de
mailles (Barbault, 2008). La communauté internationale avait pris la
mesure de la situation. Ainsi, à travers fora, colloques, sommets et
assises, elle avait entrepris et continue d'entreprendre plusieurs
activités de sauvegarde. C'est dans ce cadre que la Convention cadre des
Nations-Unies sur la Diversité Biologique avait été
élaborée et adoptée le 13 Juin 1992 lors de la
Conférence des Nations Unies sur le Développement tenue à
Rio de Janeiro. Les espèces aquatiques, dont font partie les crevettes,
constituent un secteur où les actions de sauvegarde ont
été menées.
En signant les textes de la Convention cadre des Nations-Unies
sur la Diversité Biologique, le Bénin fait d'une pierre deux
coups : d'une part, il contribue à la protection du tissu vivant de la
planète qu'est la biosphère, et d'autre part il diversifie les
revenus nationaux pour le financement de son développement.
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En effet, La pêche crevettière dans les plans
d'eau du Sud-Bénin joue un rôle prépondérant dans
l'économie nationale grâce à son apport en devises par le
biais des exportations, des créations d'emplois et des apports en
protéines pour la population (Houndekon et al., 2002). Elle
contribue, avec les autres espèces halieutiques, pour environ 3 % au
Produit Intérieur Brut (Hervé, 2011). La plus grande partie de la
production est exportée vers l'Europe (pays de l'Union Européenne
dont la France, l'Espagne, l'Italie, la Belgique).
Le danger qui menace la pêche de nos jours est la
surexploitation des espèces disponibles (Gnakadja, 1999 ; Arrignon, 2000
; Amoussou, 2010). Le cas des crevettes Penaeidae en est un. Cette pression est
aujourd'hui la principale cause des fluctuations notées au niveau des
stocks exploités. Prévenir l'impact de ces pressions sur le
capital biologique est de nos jours une préoccupation majeure. Pour y
parvenir, il convient de recueillir le maximum d'informations sur les lieux
spécifiques de prédilection de ces espèces de crevettes,
leur itinéraire de migration, afin de déterminer des
stratégies d'exploitation rationnelle et de conservation de ces milieux.
Ce travail nécessite des outils de géospatialisation pour une
nouvelle approche dans le traitement routinier des statistiques relatives aux
crevettes. L'usage des systèmes d'informations géographiques
(SIG) se révèle être le plus approprié. Le contexte
de l'étude ainsi détaillé se justifie.
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