Fonctionnalité des entités territoriales décentralisées en RDC. Analyse appliquée à la chefferie de Bukumu au Nord- Kivu( Télécharger le fichier original )par David BATAHWA HEMURA Université de Goma - Licence en sciences politiques et administratives 2013 |
I.2.2. STRUCTURE ADMINISTRATIVE DE LA CHEFFERIE DE BUKUMUI.2.2.1. Organisation politico-administrative de la chefferie de BukumuIl sera question dans ce point de décrire les structures politiques et administratives de la chefferie, mais aussi de faire ressortir les différents services qui facilitant le fonctionnement de l'organisation politique au Bukumu. A. LE MWAMI OU ROI A l'instance supérieure de la chefferie, les affaires sont conduites par le Mwami. Ce titre correspond à l'appellation Européenne de Roi, car il reste l'autorité suprême de l'organisation politique des Bakumu. Le Mwami est un homme extraordinaire qui est différent des autres. Son pouvoir est plus spirituel que temporel. Il est considéré en quelque sorte comme un « Roi divin ». Vu sa personnalité sacrée, il parait intouchable. Il est respectueux et on lui doit obéissance. Il est placé à la tête de la pyramide sociale et dispose de droit de la vie et de la mort à ses sujets. Le Roi Mwami a donc, le pouvoir théocratique et règne sur tout le royaume28(*). Si nous parlons du Mwami, ceci revient à dire qu'il s'agit du « Grand chef » de toutes les entités administratives qu'il dirige. C'est le Mwami qui nomme et destitue les chefs, les sous-chefs et les détenteurs de terres. En ce qui concerne sa vie privée et publique, le roi désigne des hommes capables pour jouer le rôle de messager au près des autres Mwami. Il tranche les affaires qui pourraient advenir entre sous-chefs et entre indigènes et sous-chefs. Le Mwami possède au sein de la collectivité des résidences que les chefs et sous-chefs n'ont pas. C'est pourquoi le titre du « Grand Chefs » lui revient. LES DROITS AU MWAMI Le grand chef a droit, de la part de ses sujets dans la chefferie des Bakumu, à une redevance à chaque récolte, à titre de droit du chef, sur son domaine éminent qu'il partage entre ses sujets pour que ceux-ci fassent des cultures et des plantations des bananes. Cette redevance consiste en un ou plusieurs paniers de produits, suivant la possibilité économique de l'individu et de l'étendue de terres à sa disposition. Les possesseurs de bananeraie apportent un pot de jus de banane KASIKSI au chef, chaque fois qu'ils brassent. Cette pratique semble diminuer petit à petit. Quant aux éleveurs et cela dépend de quel type d'élevage, petit ou gros bétail, le chef reçoit à chaque fête, plusieurs chèvres et taureaux. La tribu en chèvre s'appelle « ILALI »29(*). Le Mwami reçoit le cou et le museau de toute bête attrapée à la chasse. A l'époque du Mwami Bakungu vers les années 1978, la pointe de tout éléphant tué revenait de droit au chef car ce dernier est le promu inter pare de la région. Quand le chef est en tournée, il désigne un village qui doit exécuter les travaux personnels et a droit à la nourriture partout où il se trouve. En général, un gîte d'étape doit être entretenu dans certains villages où le Mwami a coutume de se rendre et dans chaque villa visitée, tous les villageois donnent des dons au chef pour marquer et témoigner leur soumission à ce dernier. B. LES COLLABORATIONS DU MWAMI Depuis l'époque précoloniale, la terre constituait la source principale de richesse au Bukumu. C'est l'étendue des terres et le statut social qui déterminaient les différentes classes de la population. a) Le conseil des anciens Le Mwami ne gouverne pas seul quoi soit le chef suprême. Pour cela, il a un grand nombre de dignitaires qui le secondent dans ses multiples fonctions. On les appelle ainsi des « conseils du Mwami » Parmi eux, on retrouve des griots, ceux qui possèdent à fond l'histoire de toute la famille royale et des gardiens de coutumes. Les rôles des conseilles du mwami est de discuter les grands problèmes de la chefferie au moins une fois par mois. Le cas échéant, il peut les consulter à tout moment lorsque la chose ou l'affaire s'avère indispensable. Les charges de ces conseils restent héréditaires. Dans l'ancien temps, ces derniers vivaient à la cour du Mwami et recevaient à tour de rôle quelques jours de congé pour aller séjourner dans leurs familles respectives30(*). b) Les fonctionnaires Etant des personnes qui remplissent une fonction publique dans cette région, ils exécutent directement les ordres du Mwami Parmi eux, nous trouvons ceux issus de la dynastie régnante qui peuvent être de hauts dignitaires de la région ou de simples serviteurs de Mwami. Nous y cernons également, ceux qui habitent à la cour et d'autres se trouvent éparpiller dans les contrées ou villages environnant la résidence principale du chef. On y rencontre aussi les enfants du Mwami qui sont là pour veiller à la sécurité de leur père et à celle de la région qu'il dirige. c) Les notables Ils sont intermédiaires directs entre la population villageoise et le Mwami. Ces notables tranchent en premier lieu toutes les palabres. Ils payent tribut au mwami et son chargé de la perception des impôts et d'organiser les corvées. Toutes les décisions du Mwami, à tous les échelons, doivent être exécutées grâces au concours de ces notables31(*). d) Les chefs des villages ou Kapita Chaque village du Bukumu est dirigé par un chef appelé Kapita. Celui-ci dépend du Notable de son groupement. Les Kapita ont les mêmes prérogatives que les notables. Dans le deux cas, ils doivent rassembler le tribut appelé « KALINZI » et l'apporter au Mwami. Le « KALINZI est une redevance due au Mwami pour la reconnaissance du droit d'occupation d'une terre par une personne d'une classe sociale subalterne. Il ne se paie qu'une seule fois et est valable pour toutes les générations présentes et à venir. Mais, il arrive qu'à la mort du père, les fils héritier soient contraints de renouveler son Kalinzi. Le fait de payer le Kalinzi entraînait directement et signifiait l'assujettissement tant social que politique des bénéficiaires. Le Kalinzi est donc un droit foncier qui lie un subalterne à son être. Il est payé en nature (exemple : Chèvre) ou en monnaie. Chaque homme valide et adulte doit apporter au Mwami des biens en nature par l'entremise de capita ou des notables. Ce tribut est évalué en fonction de la production agricole, ou du nombre de têtes de bétail de chaque famille établie sur le sol que supervise le Mwami. Cependant, une chose reste bien marquée au Bukumu, c'est que les Kapita des villages ne peuvent pas prendre des décisions, mais ont le droit d'assister au conseil. Il faut souligner aussi, le fait qu'au Bukumu, seul le Mwami nomme ses collaborateurs directs, de son choix et peut les maintenir ou les destituer de son bon gré et sans en respecter les droits hérédité dans la succession, comme c'était d'ailleurs la tradition avant l'arrivée de l'homme blanc. Cette structure politico-administrative de la chefferie de Bukumu peut se résumer schématique comme suite : Tableau n°2. Organigramme de la chefferie de Bukumu CHEF DE CHEFFERIE SECRETAIRE ADMINISTRATIF SERVICES SPECIALISES TRIBUNAL ETAT-CIVIL COMPTABILITE Source : archives de la chefferie32(*).
C. INTRONISATION DU MWAMI CHEZ LES BAKUMU La cérémonie d'intronisation du Mwami se déroule trois ou quatre mois après la mort du Mwami précédent suivant les rites recommandés. a) Le décès du mwami Dans la chefferie des Bakumu, quand il y a décès du Mwami, le deuil est organisé pendant quatre à cinq mois. A cet effet, il est recommandé à tous les hommes de s'abstenir des toutes relations sexuelles ou conjugales avec leurs femmes. Ils ne doivent pas aller au champ, ceci pour ne pas utiliser un instrument de fer33(*) La dépouille mortelle doit être exposée à BUSAMBARI où avaient été enterré leurs anciens Monarques comme les Bami: BUGUNDA, KAHEMBE, BIGARUKA et BAKUNGU. Mais Bikemu fut enterré à BUHIMA (kibati). Pendant le deuil, aucune personne de la région doit être rasée et ce, pendant quatre mois. b) Présentation du nouveau Mwami Chez les Bukumu, lors du décès du Mwami, c'est sont fils aîné qui sera investi grand chef (Mwami) par tous les grands chefs qui opposent le conseil permanent. Il faut noter qu'au Bukumu il n'ya pas de cérémonie prévue pour la nomination du nouveau chef. C'est l'administration qui doit instaurer le nouveau Mwami, mais ce dernier est d'abord approuvé par son père, avant sa mort34(*). Au Bukumu, les critères du choix du nouveau chef sont déterminants car le plus souvent, c'est le plus intelligent parmi les enfants du chef défunt doit succéder même si c'est le dernier né. Il y a longtemps un tel cas ne s'est pas produit encore au Bukumu. L'actuel chef de la chefferie (le Mwami Butsitsi), a été nommé par le R.C.D, un mouvement politico-militaire actuellement parti politique. Ce qui est contraire aux coutumes des Bukumu et remet ainsi en cause sa légitimité. c) Intronisation Comme jadis souligné, il n'y a pas de cérémonie d'intronisation dans la chefferie des Bakumu. Néanmoins, c'est par la nomination qu'on reconnaît le grand chef. Tous les biens et les femmes du chef défunt sont remis au fils successeur par les grands sous chefs. En principe, il s'agit de tout le bétail et de toutes les productions naturelles du sol appartenant au chef. Seule la femme qui a donné jour au fils aîné est libre et va d'habitude habiter chez le frère du chef. Signalons qu'au Bukumu, chaque frère du chef devrait avoir une multitude de femmes. d) Les insignes royaux Le chef traditionnel du Bukumu ne possède qu'un nombre très limité d'insignes royaux dont le plus important sont un rasoir, 20 bagues, une lance sculptée, un tambour royal spécial qui est l'insigne particulier de son commandement. * 28 HANGI, histoire des Bahunde, mémoire en histoire, IPN/Kinshasa, 1972, p8 * 29 Archives privée du chef de collectivité du BUKUMU (Bakungu) * 30 OLIVIER BIGARUKA, interrogé à Munigi le 20/08/2010. * 31 NDASPMBYA, K, interviewé le 21/02/2004 à Buvira cité par KWABO MUSABYA, p15 * 32 Archives privées du chef de collectivité chefferie des Bakumu, 2013. * 33 Victor MBITSE, déjà cité * 34 Archive privé du chef de collectivité chefferie de Bakumu, 1961, cité par Désiré Kwabo Musabya, p17 |
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