L'évaluation à mi- parcours des projets de développement communautaire: le cas des puits à pompe du Projet d'Appui au Développement Communautaire ( PADC ) de Mebomo et de Bikogo (Centre- Cameroun )( Télécharger le fichier original )par Yanik YANKEU YANKEU Université catholique d'Afrique Centrale Yaoundé - Master en développement et management des projets en Afrique 2008 |
1- L'idée de culture/mentalité africaine dans le changement socialLe psychologue Malanda Dem (1977 : 5-43) s'appuie sur le comportement de l'homme africain au quotidien, ses rapports avec ses semblables et surtout ses rapports avec son environnement immatériel, pour décrire les traits caractéristiques de la mentalité africaine. Pour lui, l'un des aspects de cette mentalité, est la répugnance de l'effort intellectuel et l'abstraction. Cette attitude se traduit par la démotivation à des constructions de grands ensembles. A travers des exemples précis, il relève que l'espace n'est pas structuré en un grand tout, pareil pour le temps. Concernant ce dernier point, Daniel Etounga Manguelé (1993 : 43), en s'interrogeant sur la culture africaine, arrive à la conclusion selon laquelle, l'africain refuse de se laisser tyranniser par le temps. La perte du temps est pour lui un objet peu intéressant tant qu'il peut passer le présent avec quiétude. Car, tout est un éternel recommencement. Cette vision du temps pour l'africain est appuyée par Célestin Monga (2009 : 25). Un autre aspect de cette mentalité africaine se ramène à la sacralisation d'un passé invisible selon A. Henry (1987 : 10-14). Cette sacralisation se traduit par la soumission à l'autorité des aînés et des ancêtres. L'acceptation passive se fait naturellement, et le béni-oui-oui des sujets aux chefs empêche de penser argue Daniel Etounga Manguelé (1993 : 23). Le dernier aspect de cette mentalité, que relève Malanda Dem, est relatif à la perception non-objective du monde immatériel. La magie et la sorcellerie sont à la base de toute action. La pensée mystique explique tous les phénomènes qui se produisent dans la société ou dans la vie des individus qui la composent. L'esprit magique fait des ravages en Afrique et empêche toute tentative d'effort d'invention corrobore d'ailleurs Chindji Kouleu (1982 : 52). Pour Daniel Etounga Manguélé (1993 : 66), l'initiative et le dynamisme des jeunes sont freinés par les menaces des sorciers, certains sont obligés de fuir le village natal pour la ville. Au regard de ces faits, A. Kabou (1991 : 26-28) soutient que l'Afrique ne se meurt pas mais se suicide dans une ivresse culturelle, elle stagne parce qu'elle rejette, de toutes ses forces, le développement. On est tenté au vue de cette prise de position de se demander ce qu'est la culture ? La culture, selon B. Malinowski (1994), est une base biologique. Elle est la forme d'organisation que chaque société invente pour satisfaire ses besoins élémentaires. La culture est de ce fait un processus dynamique qui transforme la nature et le niveau des besoins à satisfaire. Il estime aussi que les besoins culturels sont évolutifs et qu'ils correspondent à trois domaines différents de la réalité sociale : - les impératifs instrumentaux, issues d'activité des nature économique, normative, pédagogique et politique ; - les impératifs intégrants comme le savoir, la religion et la magie ; - les activités artistiques et récréatives. Au sens anglo-saxon, la culture est un tout, qui comprend les formes d'organisations sociales, le sens de l'histoire et de la vie ou de la mort, l'utilisation des techniques et la perception ou la conception de l'environnement. Pour François d'Adesky (1998)47(*), la culture est l'ensemble des structures sociales et des manifestations artistiques, religieuses, intellectuelles, qui définissent un groupe, une société par rapport à une autre. Pour lui, la culture, pour évoluer, a besoin du développement, et le développement ne peut se faire en l'absence de progrès culturel. Il ne faut donc pas opposer culture et développement ; car, ces deux notions sont interdépendantes. * 47 Extrait d'un discours donné lors d'une conférence à Dakar (Sénégal) en 1998. |
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