UNIVERSITE CATHOLIQUE D'AFRIQUE CENTRALE
INSTITUT CATHOLIQUE DE YAOUNDE
Faculté de sciences sociales et de
gestion
L'EVALUATION A MI-PARCOURS DES PROJETS DE DEVELOPPEMENT
COMMUNAUTAIRE : LE CAS DES PUITS A POMPE DU PROJET D'APPUI AU
DEVELOPPEMENT COMMUNAUTAIRE (PADC) DE MEBOMO ET DE BIKOGO
(Centre-Cameroun)
Mémoire présenté en vue de
l'obtention du diplôme de Master en Développement et
management des projets en Afrique
Par :
Yanik YANKEU YANKEU
Maîtrise es gestion des organisations
Sous la direction de :
Dr Samuel-Béni ELLA ELLA
PhD en sociologie du développement
Année académique 2008/2009
SOMMAIRE
Sommaire....................................................................................................i
Epigraphe
...................................................................................................i
Dédicace...................................................................................................iii
Remerciements.............................................................................................iv
Liste des abréviations, acronymes et
sigles.............................................................v
Liste des tableaux et
photos............................................................................viii
Résumé......................................................................................................ix
Abstract......................................................................................................x
Introduction
générale..............................................................................................1
Chapitre I : La présentation du milieu étudie
.........................................................18
Chapitre II : L'évaluation à mi-parcours
des puits à pompe du PADC de Mebomo et de
Bikogo................................................36
Chapitre III : Les facteurs profonds de l'adhésion
partielle des populations aux puits à pompe du
PADC.............................................53
Chapitre IV : Les voies d'impulsion du
développement communautaire.........................69
Conclusion
générale.......................................................................................83
Bibliographie...............................................................................................86
Table des matières
.........................................................................................................96
Annexes
..................................................................................................100
EPIGRAGHE
« A vouloir dicter les lois du
développement à des hommes et des femmes auxquels on veut
inculquer la conscience d'être des aveugles en face de ceux qui savent et
apportent la lumière, ces stratégies contribuent à bloquer
les ressources qui devraient être mises en valeur dès qu'on
accepte de se mettre à l'écoute des `paysans
ignorants' », dixit Jean-Marc ELA (1994 : 240-241).
DEDICACE
À mon grand-frère,
Edouard Aimé Tchuenkou
REMERCIEMENTS
Nombreuses sont les personnes envers qui nous ne
manifesterons jamais assez notre reconnaissance pour avoir contribué
à ce travail. Nos remerciements vont avant tout :
- au Docteur Samuel-Béni Ella Ella, sa
disponibilité, ses conseils et son esprit critique ont été
d'une utilité inestimable durant les deux années de
rédaction ;
- au Professeur Marie-Thérèse Mengue, ses
conseils ont été utiles pour cette recherche ;
- à Monsieur Apollinaire Etono Ngah, ses orientations
ont su nous booster jusqu'ici ;
- à l'ensemble des enseignants du département de
socio-anthropologie de l'UCAC, leur sollicitude et la formation de
qualité dont nous avons bénéficié ;
- à Jean Louis Biyada, sa disponibilité et son
rôle de guide d'enquête sociologique ;
- à tous les enquêtés pour l'accueil
chaleureux et leurs précieuses informations ;
- à Camille Abena (ENAM/assistant en droit à
l'université de Yaoundé II), Stéphan Eteme (AES Sonel/
DEPA à l'ESSEC), Daniel Danamou (Minfopra), Nadège Mouet (ENAM),
leurs lectures ont amélioré le fonds et surtout la forme de ce
mémoire ;
- à Issa Mamoudou (ISSEA d'Abidjan), pour le traitement
des données d'enquête ;
- à mes parents Christine et Philippe Djawouo, et Anne
et Jean Noukemen, pour les énormes sacrifices et les peines prises pour
faire de moi un homme dans la société ;
- à Josiane Wendeu Gadjui, pour le soutien sans faille
et l'abnégation au travail ;
- aux familles Catherine Mboyo épse Ngueyep, feu Jean
Ndjionkou, Felix Nzeina, Makoley, Ebonguè, Hamadjam et à mes
soeurs, frères et cousin (e) s : Rosine Njionkou, Véronique
Yankeu Mbiékop, Pierrette Nanyang Yankeu, Elisé Diegueu Yankeu,
Thérèse T. Yankeu, Boris T. Yankeu, Sorelle Ndonjang, Nathalie
Ndjoukwep Ndjionkou, Fernand Yaké, Stéphane Yaké, Franck
Nguetchue, Stan Mokoyam pour leur soutien matériel et moral ;
- aux amis : S. Fokoua, J.C Bella, Tchatchouang, Dassidi
pour leurs encouragements ;
- à la promotion 2008-2009 de Master en DMPA de l'UCAC,
pour le chemin parcouru ensemble et le fort sérieux qui nous habite.
C'est aussi l'occasion, à travers ce travail, de
rendre un vibrant hommage aux imminents penseurs, Séverin Cécile
Abéga et Jean Marc Ela, ils ont su faire naître en nous un profond
intérêt pour le développement et le monde rural surtout.
D'ailleurs, ce travail s'est fortement abreuvé à la source de
leurs legs scientifiques. Que leurs âmes reposent en paix.
LISTE DES ABREVIATIONS,
ACRONYMES ET SIGLES
A.F.P : Agence France Presse
AGR : Activité génératrice de revenu
APNV : Approche participative niveau village
Art. : Article
B.M : Banque mondiale
CAD : Comité d'aide au développement
CE : Commission européenne
Cf. : Confère (se référer
à)
CLV : Comité local villageois
CREPLA : Centre régional pour la promotion du livre en
Afrique
CUSO : Canadian university services overseas
DC : Développement communautaire
DEPA : Diplôme d'études professionnelles
approfondies
Dir. : Direction
DGRDC : Direction du génie rural et du
développement communautaire
Dr : Docteur
ENAM : Ecole nationale d'administration et de magistrature
Epse : Epouse
ESSEC : Ecole supérieure de sciences économiques
et commerciales
Et al. : Et alii (Et les autres)
F.A.O : Food and Agriculture Organization
(Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture)
Fcfa : Franc de la coopération financière en
Afrique (pour l'Afrique centrale)
FEICOM : Fonds spécial d'équipement et
d'intervention intercommunale
F.M.I : Fonds monétaire international
FPAE : Fondation Paul Ango Ela
GIC : Groupement d'intérêt commun
GRET : Groupe de recherche et d'échange
technologiques
G.T.Z : Gesellschaft für Technische
Zusammenarbeit (Coopération technique allemande)
IFI : Institution financière internationale
Infra : Plus bas (ou devant)
INJS : Institut national de la jeunesse et des sports
ISSEA : Institut sous-régional de statistique et
d'économie appliquée
MDMPA : Master en développement et management des
projets en Afrique
MARPP : Méthode accélérée de
recherche et de planification participative
MANADER : Ministère de l'agriculture et du
développement rural
MINATD : Ministère de l'administration territoriale et de
la décentralisation
MINEE : Ministère de l'eau et de l'énergie
MINSANTE : Ministère de la santé publique
Mr. : Monsieur
N° : Numéro
OMD : Objectif du millénaire pour le
développement
ONG : Organisation non gouvernementale
ONGN : Organisation non gouvernementale du nord
ONU : Organisation des Nations unies
ONUDI : Organisation des nations unies pour le
développement industriel
OSI : Organisation de solidarité
internationale
P. : Page
PADC : Projet d'appui au développement
communautaire
PDC : Plan de développement communautaire
PDV : Plan de développement villageois
PHV : Projet d'hydraulique villageoise
PIB : Produit interne brut
P.N.B : Produit national brut
PNDL : Programme national de développement local
P.N.U.D : Programme des Nations unies pour le
développement
PNVRA : Programme national de la vulgarisation et de la
recherche agricole
PPTE : Pays pauvres très endettés
PUCAC : Presse de l'université catholique d'Afrique
centrale
PUF : Presse universitaire de France
PUL : Presse universitaire de Laval
PUY : Presse universitaire de Yaoundé
RRA : Rapid rural appraisal (méthode
d'enquête rapide)
SIDA : Syndrome de l'immunodéficience acquise
Supra : Plus haut (ou derrière)
SODECOTON : Société de développement
du coton
UCAC : Université catholique d'Afrique centrale
U.E : Union européenne
UNESCO : United Nations Educationnal, Scientific and
Cultural Organization (Organisation des Nations unies pour
l'éducation, la science et la culture)
WWW : World Wide Web
LISTE DES TABLEAUX ET
PHOTOS
Tableau 1 : Les puits à pompe et points d'eau de
Mebomo........................21
Tableau 2 : Les puits à pompe et points d'eau de
Bikogo...........................22
Tableau 3 : La comparaison entre 2004/2008 de la
mortalité et de la morbidité au centre de santé
intégré de Nkengue...........................46-47
Tableau 4 : Les dix principales causes de consultation au
centre de santé intégré de
Nkengué.................................................................48
Tableau 5 : La liste des Gics légalisés et
actifs dans les villages Mebomo et Bikogo
...............................................................72-73
Photo 1 : Puits à pompe du PADC de Bikogo (en panne)
et celui de Mebomo
(fonctionnel)...............................................................51
RESUME
Le mémoire intitulé :
« L'évaluation à mi-parcours des projets de
développement communautaire : le cas des puits à pompe
du projet d'appui au développement communautaire de Mebomo et de Bikogo
(Centre-Cameroun) » ambitionne de mettre en exergue les raisons
de l'adhésion partielle des populations aux puits à pompe du
PADC.
Cette recherche socio-anthropologique se propose
d'évaluer ce qui fait qu'en dépit de l'importance d'une eau de
qualité pour la santé, les populations n'adhèrent pas
entièrement aux puits à pompe du PADC. Pour tester notre
hypothèse centrale et nos sous-hypothèses, nous avons lu cent
treize (113) documents, réalisé une pré-enquête
à Mebomo et Bikogo, six (06) entretiens semi-directifs avec les pouvoirs
publics (Mairie, MINADER, MINATD, MINEE, PADC), cinquante trois (53) entretiens
semi-directifs avec les villageois (chefs de village, présidents de
comité de développement villageois, gestionnaires des puits
à pompe et surtout des représentants des ménages).
L'analyse de contenu de nos données d'enquête
nous a permis de confirmer nos hypothèses. Des facteurs exogènes
(la faible implication des populations lors de la phase de préparation
du projet des puits à pompe de Mebomo et de Bikogo, l'influence des
élites contribue à l'exclusion des populations, la maintenance
des puits à pompe n'est pas assurée par les populations
utilisatrices) et ceux endogènes (l'emplacement des puits dans les
villages ne respecte pas les traditions locales, les puits du PADC sont source
de nombreux conflits), contribuent à l'adhésion partielle des
populations aux puits à pompe du PADC.
Ainsi, suggérons-nous, pour une réelle
réussite des projets de développement, aux pouvoirs publics
(Mairie, MINADER, MINATD, MINEE) de réellement impliquer les populations
dans les projets et aux projets de développement (PADC), de prendre du
temps dans la phase de préparation, et aux populations
bénéficiaires de mieux s'organiser.
ABSTRACT
The thesis entitled «Mid-way evaluation of community
development projects: case study of pump-wells of Mebomo and Bikogo
(centre-Cameroon) of sustainable community development project» aims
at putting in study reasons for the partial involvement of population to the
PADC pump-wells.
This socio-anthropological study, envisages the evaluation of
the reasons why the population does not fully engage in PADC pump-wells,
despite the importance of quality water for good health.
In order to verify our main and sub-hypothesis, we have read
one hundred and thirteen tree (113) documents, undertook a pre-inquiry at
Mebomo and Bikogo villages, six (06) semi-directive discussions with the public
authorities (council, MINADER, MINADT, MINEE, PADC), fifty-tree (53)
semi-directive discussions with villagers (village heads, presidents of village
development committees, managers of pump-wells and mostly household
representatives).
Content analysis of the enquiry data enabled us to confirm
our hypothesis. Exogenous factors (the less involvement of the population
during the preparatory phase of the Mebomo and Bikogo pump-wells project, the
influence of external elites and the management of pump-wells is not ensured by
the benefiting population) and endogenous factors (the implanting of pump-wells
in villages does not respect local traditions, PADC pump-wells are sources of
many conflicts) contribute to the partial involvement of the population to PADC
pump-wells.
We thus suggest that, for the success of development
projects, it is necessary for the public authorities (council, MINADER, MINADT,
MINEE) to effectively put the population in the first position in projects, and
to the development projects (PADC), emphasis is to be highly put on the
preparatory phase and to the beneficiary population to better organize
themselves.
INTRODUCTION
GÉNÉRALE
La forte littérature
accordée aux aspects sociaux du développement découle,
d'après Massimo Tommasoli (2004 : 37-56), de l'analyse des causes
d'une longue série d'échecs qu'ont subis les projets qui, en
négligeant l'importance des côtés non techniques de toute
technologie, ont été réalisés en pensant que le
transfert de biens, la fourniture de services d'assistance technique, et la
construction d'infrastructures engendreraient presque automatiquement le
développement. Cette certitude des formulations de politique de
coopération se révéla une illusion quand,
parallèlement à une hausse des valeurs des indicateurs de
croissance économique, dans de nombreux pays du tiers monde, on
n'enregistre aucune amélioration proportionnelle importante des
conditions de vie de la majorité des populations et qu'au contraire dans
certains cas, c'est une aggravation de leurs conditions de vie qui se fait.
« Tout se passe comme si à un moment donné, de son
histoire, les ressorts ont été subitement cassés,
l'élan brisé et la chute amorcée vers un déclin
quasi irréversible. », s'indigne à ce propos
Tidiane Diakité (1986).
Des années 70 à la première
moitié des années 80, des propositions de définitions du
développement qui, par le biais des différents qualificatifs
(autocentré, endogène, organique, auto-développement) ont
tenté de repérer des perspectives et des caractéristiques
de modèle pouvant remplacer ceux qui se fondaient uniquement sur la
croissance économique.
Dans cette mouvance, l'anthropologie a joué un
rôle important. Sa force a été de proposer des
modèles alternatifs, fondés sur l'idée maîtresse
d'un développement endogène et autocentré. Elle a permis
non seulement de connaître les coûts sociaux des interventions de
coopération à haute intensité de technologie, propre aux
années 60, et surtout d'avoir sous la main, des données de
premières enquêtes menées par des experts sociaux sur des
projets de développement.
Des changements ne se feront pas attendre dans la structure
de coopération, qui a mis en évidence, l'importance des variables
non économiques dans le processus de développement. Dans cet
appareil, cela a entrainé, note Massimo Tommasoli (2001), dans
l'identification et la formulation des projets, une attention toujours plus
grande à l'égard des facteurs comme l'impact des activités
de développement sur les conditions de vie des groupes
bénéficiaires, l'utilisation du patrimoine de connaissances
techniques des populations locales, la valorisation des institutions et des
ressources locales. L'attribution de nouvelles significations à des
termes tels que le développement communautaire s'est fait à ce
moment, pour indiquer l'idée d'un changement fondé sur la
participation de tous les sujets concernés grâce à
l'initiative des groupes et d'institutions locales qui utilisent des
réseaux de relations sociales présent dans une région.
A- Contexte de
l'étude
L'Etat camerounais, ayant fait sienne pendant plusieurs
décennies l'approche par projets, a créé des structures
couvrant une bonne partie du triangle national qu'il a appelé
« sociétés de
développement », argue Georges Courade (1994 :
294-295). Ces sociétés ont permis d'entretenir un tant soit peu
des attendus développementalistes à la mode pour justifier leur
action. Ces initiatives s'identifiaient parfois à des
« projets intégrés » visant à motiver
les développés (hommes et femmes) à s'ouvrir au
marché national ou international ; ou encore, à des
« projets sectoriels » visant à prendre en charge
les développés pour leur faire apprendre des techniques et des
pratiques nouvelles pour produire des denrées ; ou enfin, à
des « projets agro-industriels » visant à
créer, organiser, aménager et à suivre de petites
ou grandes unités paysannes. L'amélioration des conditions
de vie en milieu rural est, de ce fait, la priorité des
priorités de sa politique économique, constate Kengne Fodouop
(2003 : 171). Ainsi, poursuit Georges Courade, les discours
officiels1(*) de
l'ère Ahidjo2(*) se
fondent sur une planification régionalisée, qui s'accompagne
d'une croissance. L'ère Biya va mettre fin à ce dispositif,
certes pesant mais efficace, en termes de contrôle territorial, sans
toutefois y apporter d'autres formes de régulation. Le
déploiement d'une politique plus active bute sur une dette interne
immense vers les années 1980.
A la suite de cette crise des années 1980, les
principales mesures de soutien des institutions financières
internationales (IFI) aux pays pauvres ayant des difficultés à
honorer leur service de la dette extérieure, se sont
avérées peu concluantes pour Isaac Tamba (2001 : 39). De la
mise en oeuvre des PAS au rééchelonnement des flux convertis par
le club de Paris, les opérations sur le stock de la dette n'ont pas
produit les résultats attendus. Pour y remédier, le gouvernement
camerounais a mis en oeuvre un programme économique et financier
à moyen terme (1997-2000). Par la suite, il va adopter un nouveau
programme de réformes économiques pour la période
2001-2002. C'est dans cette lancée que le fonds international pour le
développement agricole (FIDA) a décidé de contribuer
à l'allègement de sa dette, en préparant un programme
national de développement local (PNDL), dans lequel le Projet d'Appui au
Développement Communautaire (PADC) a un rôle de choix. Le PADC
vient mettre l'accent, dans cette lancée, sur le développement
au niveau des villages et sur les relations souvent complexes entre les
villages et les autorités locales.
Au moment où le Cameroun prend de nouveau l'engagement
de « se tourner » vers le monde rural, cette étude
vient marquer un temps d'arrêt pour s'interroger sur les conditions de
réussite d'une telle ambition. Les populations des villages sont-elles
assez outillées ou aguerries pour une réelle relance du
développement ? Comment les populations s'organisent au niveau des
villages pour la promotion d'un « développement
endogène » ou au mieux est-il possible, à travers
le développement communautaire, d'amener les populations à mieux
s'auto gérer ?
Lancé en juin 2003, le PADC a fait ses premiers pas
dans six unités de planification villageoise, dont respectivement trois
au Centre et trois à l'Extrême-nord. L'une de ses composantes,
Micro infrastructure sociale et économique (MISE), permettrait de doter
les communautés en infrastructures de base3(*) dans les secteurs de l'éducation, la
santé, l'eau potable, les pistes rurales. Pour ce faire, notre
étude porte sur les puits à pompe dans les villages Mebomo et
Bikogo mise en place grâce à ce programme de
développement.
L'eau c'est la vie. Sans eau, pas de vie possible.
C'est à dessein que Mohamed Larbi Bougerra (2003 : 155) souligne
qu'un homme ne peut se passer de boire de l'eau plus de deux jours, alors qu'il
peut jeûner des semaines. Un individu sain doit boire deux litres d'eau
par jour pour rester en vie, il lui en faudrait plus s'il souffre de
malnutrition ou s'il vit en climat tropical. Or, l'eau insalubre fauche,
à elle seule, par la diarrhée4(*) 1,9 millions d'enfants de moins de 5 ans chaque
année5(*). De plus,
d'autres maladies hydriques, comme l'ascaride et le trichocéphale
(affections dues à un ver dans l'intestin grêle), l'ankylostome
(ver du duodénum), la bilharziose (affection de tout l'arbre urinaire
prévalant dans la vallée du Nil), le trachome et la dengue (qui a
fait en mai 1998 des ravages en Indonésie et est transmise par le
moustique Aedes aegypti, se développe dans les eaux sales)
affectent plusieurs milliards d'humains. En Mars 2003, le représentant
de l'OMS en Gambie, le Dr James MWANZI, affirmait que les parasitoses hydriques
font chuter le PNB de l'Afrique de 1,3% par an.
B- Délimitation du sujet
Pour mener cette étude, nous avons choisi les villages
Mebomo et Bikogo qui nous donnent la possibilité de mieux cerner et
appréhender l'évaluation à mi-parcours des projets de
développement communautaire. En plus l'occasion nous est offerte de nous
rendre compte de la mobilisation des populations dans ces villages pour la
réussite du développement communautaire.
1. Délimitation spatiale
Le choix des villages Mebomo et Bikogo dans l'arrondissement
d'Elig-Mfomo, département de la Lekié, a été fait
en fonction d'une double motivation.
La première tient à l'effectivité des
puits à pompe du PADC dans ces villages. Du 27 novembre au
1er décembre 2006, sur invitation du gouvernement
camerounais, le président du FIDA, Mr. Lennart BAGE, est venu se
rendre compte de visu des réalisations des projets FIDA au
Cameroun. La visite visait à s'imprégner de la
réalité des activités du FIDA au Cameroun. Pour permettre
au président de toucher cette réalité, une descente sur le
terrain était prévue dans des villages, dont faisaient partie
Mebomo et Bikogo. Au cours de la dite visite, il a découvert les
réalisations du projet, dont une école maternelle moderne, des
puits à pompe à motricité humaine, des étangs
piscicoles, des porcheries et un poulailler. Il était aussi prévu
une rencontre avec les différents comités de développement
et les autorités traditionnelles.
La seconde motivation épouse la recommandation de Jean
Marc ELA (2001 : 64) selon laquelle il faut éviter d'être
pris en otage par son groupe d'appartenance. Une distanciation critique est
alors une condition de liberté et d'objectivité de recherche dans
les milieux où l'ethnocentrisme guette les africanistes du dedans.
C'est, de ce fait, une aubaine pour nous de pouvoir surmonter le
dépaysement et de créer des liens de
« compagnonnage ».
2. Délimitation temporelle
Le projet est avant tout limité dans
une période de temps, et par ricochet, toute étude sur un projet
ne peut qu'être diachronique. Cela dit, le PADC a été
lancé officiellement en 2003. Notre étude va de cette
période à 2009 ; ce temps nous donne la possibilité
de voir comment les populations se mettent ensemble pour résoudre leurs
priorités de développement. En 2006, les puits à pompe ont
été inaugurés et de nouvelles orientations ont
été données au PADC. Depuis 2009, une nouvelle mouture du
Plan national de développement communautaire est en-cours de validation.
L'évaluation à mi-parcours de ce projet, qui arrive à
terme en 2011, nous permettra d'envisager les perspectives de son
déploiement dans d'autres régions du pays.
C- Intérêts de la recherche
En Afrique où la majeure partie de la population vit
dans les campagnes, l'eau est une denrée indispensable. Elle permet
d'irriguer, de produire, d'épargner et d'investir dans les services de
base. La construction de points d'eau a généré de
nouvelles ressources financières pour équiper et faire
fonctionner des écoles et des dispensaires. Philippe Langevin (2008)
reconnaît à juste titre que « l'accès
à l'eau est le premier pas vers le
développement ». De même, la communauté
internationale a pris conscience du fait que l'eau est un formidable vecteur de
développement communautaire. En plus, selon une étude de l'UNICEF
réalisé en 2006, l'objectif du millénaire pour le
développement6(*)
numéro 7 ne pourra être atteint que si les mesures
appliquées sont considérablement renforcées. Sinon, un
demi-milliard de personnes n'auront toujours pas accès en 2015 aux
installations sanitaires de base.
Cette recherche qui s'appuie sur le projet d'hydraulique
villageoise du PADC, envisage de mettre en exergue la possibilité d'un
développement endogène des villages Mebomo et Bikogo. L'un des
intérêts scientifiques de cette étude est justement de
montrer que les villages Mebomo et Bikogo ont une capacité
d'organisation qui, si elle est prise en compte, pourrait un tant soit peu,
être un élément catalyseur du développement rural.
Pour ce faire, notre étude est aussi intéressante dans la mesure
où elle permet de mettre en lumière la conjugaison de plusieurs
facteurs à l'échec des projets de développement rural.
Parmi ces facteurs, il importe de relever le poids des innovations
technologiques des projets et surtout l'influence des élites dans la
mise en mouvement des populations des villages. La responsabilité des
populations n'est pas en marge de ces facteurs. Toutes ces analyses supposent
de « faire le point sur les améliorations possibles des
interventions en milieu rural compte tenu des résultats mitigés
obtenus » comme le suggère Jean Claude Devèze
(1996 : 10).
Au plan social, l'intérêt de cette étude
sur les puits à pompe est de contribuer à résoudre les
problèmes qui naissent de sa gestion au quotidien dans les villages
Mebomo et Bikogo, et de favoriser la communion des paysans autour des puits
à pompe afin de mieux s'autogérer.
D- Définition des
concepts
Dans le cadre de notre étude, des termes techniques
propres à notre thème et des termes opératoires,
méritent d'être éclaircis. Ces termes sont :
développement communautaire, évaluation, PADC, élites,
traditions, conflits. Pour les termes évaluation et élite, nous
les définirons plus loin dans les sous-sections y afférentes.
Selon J. M. Dupont et K. Hoffman (1992 : 30), le
Développement communautaire est le fait pour les
populations de constater leurs problèmes et leurs besoins propres, et
d'entreprendre des démarches, afin de les résoudre. Le but
étant une auto-prise en charge. Dans la même veine, Yvan Comeau et
Linda Lacombe (1998 : 22) reconnaissent que le développement
communautaire est « une action conduite par les populations pour
améliorer ses conditions de vie à partir de ses propres
ressources et l'usage de techniques qui encouragent l'autonomie, l'initiative
et l'entraide. » Pour les interventions de développement
du PADC, le choix et les initiatives ont été pris par les
pouvoirs publics et les populations ont pour rôle de
l'entériner.
Le PADC est l'acronyme de projet d'appui au
développement communautaire. C'est un projet, qui a vu le jour en juin
2003 dans six unités de planifications villageoises au Cameroun. Il est
subdivisé en quatre composantes7(*).
La tradition, selon Madeleine Grawitz
(2000), est l'ensemble (culture, valeur, coutume) conservé et transmis
de façon orale ou écrite d'une génération à
une autre d'hommes.
Madeleine Grawitz (2000) définit le
conflit comme des oppositions ou affrontements plus ou moins aigus ou
violents entre deux ou plusieurs parties.
E- Revue de la
littérature
Les investigations relatives à notre recherche font
état de quelques études sur la question.
Jean Joseph Awono (1990) ramène le
développement communautaire à des groupes auxquels viennent se
greffer les anciennes structures de solidarité villageoise et
intervillageoise (les tontines, les mutuelles, les associations religieuses et
autres). Leur activité rurale revêt de plus en plus un certain
nombre d'intérêts avec ses différentes réalisations
dans les domaines aussi stratégiques que la production agricole,
l'économie domestique, l'aménagement des infrastructures sociales
et communautaires, les oeuvres sociales. Ainsi, les apparences
révèlent l'incroyable efficacité de la stratégie de
développement communautaire à stimuler le changement dans les
collectivités qui y sont encore fermées, les libérant
ainsi de leur inertie mentale et des différentes formes de contraintes
sociales instituées par la hiérarchie traditionnelle des
rôles et des statuts sociaux. Yvan Comeau et Linda Lacombe (1998 :
21-22) quant à eux, revisitent la genèse du développement
communautaire. Pour ces auteurs, le développement communautaire se
pratiquait déjà à la fin du 19e siècle
dans les milieux urbains d'Angleterre et de France. L'objectif était de
combattre la désorganisation sociale et favoriser l'intégration
sociale par des réseaux d'entraide. Avant la première guerre
mondiale, le gouvernement américain s'appuie sur le développement
communautaire, qui est en évolution, pour développer les
techniques agricoles, le niveau d'éducation et les conditions de vie en
milieu rural. Dans cette même époque, les rapports nord-sud
s'accentuent et à partir de 1920, ils relèvent que le
gouvernement britannique va utiliser le développement communautaire pour
orienter au profit de la métropole l'économie de certains pays du
tiers monde (Ghana et Inde). Et, dans les années 1950, l'ONG formalise
la notion de développement communautaire et le promeut pour les pays du
tiers monde.
Cette divergence d'approche du développement
communautaire a permis de distinguer trois modèles de
développement communautaire : le développement local, les
problèmes sont définis par les populations du milieu local et le
but est d'aider les populations à s'organiser et à obtenir plus
de pouvoir. Toutes les démarches et les décisions pour y parvenir
sont prises par les populations locales et les divers intervenants communaux
apportent un appui technique ; le planning social, présuppose que
le changement requiert des planificateurs experts qui possèdent des
habilités techniques pour identifier des problèmes et recommander
les actions rationnelles ; l'action sociale, consiste en une mobilisation
des gens qui sont directement touchées par un problème
commun.
Au moment où les discours sur la
décentralisation deviennent de plus en plus récurrents, la
responsabilité des communes8(*) vis-à-vis du développement local se
précise davantage. En effet, l'avancée de la démocratie
dans la majorité de pays d'Afrique, combinée aux politiques de
stabilisation et d'ajustement ont favorisé le retrait progressif de
l'Etat. Ce retrait se justifie, comme le reconnait Massimo Tommasoli
(2004 : 114), par la décentralisation au niveau local de
l'autorité administrative qui est cohérente avec l'encouragement
du développement. Ce qui est souhaité à travers la
décentralisation, ce sont des prises de décisions qui
reflètent mieux les priorités locales. Pour une réussite
de la décentralisation, Claude Ouattara (2003 : 5-7) recommande non
seulement de s'inspirer des mémoires collectives mais aussi d'avoir
l'esprit de prospective. L'approche du développement communautaire se
présente comme une des voies les plus autorisées pour la
régénération de l'Etat, à travers la production et
la reproduction de la vie matérielle et spirituelle. Cela permet aux
populations locales de s'exercer aux jeux démocratiques, à leur
responsabilité, aux initiatives locales et surtout à
l'autogestion, indique Claude Ouattara. La méthode de mise en oeuvre de
la décentralisation exige de la part de la commune, l'élaboration
de son plan de développement communal (PDC)9(*), outil qui recommande de plus en
plus l'implication des populations dans leur propre développement. Pour
être effectif, clarifie Deepa Narayan (2004 : 37), les actions de
développement communautaire doivent utiliser les outils de
l'autonomisation et de la participation. Car, pour qu'il y ait participation,
il faut l'empowerment qui se traduit par l'expression
« être en mesure de » ou
« rendre capable de ». On note ici un changement
de développement par des initiatives et des techniques locales visant
à résoudre des problèmes. D'ailleurs, Kengne Fodouop
(2003 : 171-185) note à dessein que la faillite des
stratégies de développement fondées sur des méga
projets a fait place aux petits projets, voir à des initiatives locales
de développement.
Dans une parution récente sur le développement
communautaire en Afrique, Yao Assogba (2008) décrit la tradition des
travaux en commun, une réalité à la fois
économique, sociologique et cérémonielle. Il met en
exergue les systèmes anglais et français, centrés sur
l'animation rurale pour le premier et la coopération pour le second. La
période postcoloniale perpétue ces modes d'organisation et les
nouveaux Etats se substitueront à la puissance coloniale. A propos de
cette substitution, Jean Marc Ela (1990 : 259) ironisait
déjà en les qualifiant, de
« nouveaux papas commandants ».
Cependant, les groupements de développement communautaire connaissent
dans les années 80 un relatif échec dans l'amélioration
des conditions de vie en relation avec une appropriation incomplète des
projets par les populations concernées. En s'appuyant sur des exemples
pris au Burkina Faso et au Mali, Yao Assogba démontre qu'à partir
des échecs, qu'ont connus les groupements de développement
communautaire dans les années 80, va naître un renouveau des
groupements d'organisations paysannes, qui prend appui sur les traditions
communautaires.
De l'ensemble des composantes du PADC, celle qui retient
notre attention est celle des micros infrastructures sociales et
économiques. A travers le projet des puits à pompe de cette
composante, nous avons la possibilité de mesurer le degré de mise
en commun des populations pour le développement de leur
communauté.
Déjà en 1989, dans un rapport sur l'impact
socio-économique de la pompe à pédale chez les paysans
maraîchers de l'Extrême-nord, Saïbou Nassourou (1989), cherche
à démontrer l'importance de l'introduction de la pompe à
pédale chez les paysans maraîchers de l'Extrême-nord dans
l'amélioration de la production agricole. De façon plus
détaillée, dans une vaste étude sur les organisations
sociales au Mali, Tobéré Tessougué (1996 : 20-25) met
en exergue la mobilisation d'associations multi-villageoises du plateau Dogon
pour la lutte contre la sécheresse. Ceci s'est fait à travers la
construction de barrages, creusement de puits, installation de bornes fontaines
et de pompes. Ce projet ayant permis la relance du maraîchage et de la
culture du mil par l'installation de jardins et de champs collectifs. Par
effets d'entrainement, l'agriculture, l'élevage et le commerce se sont
développés et ont considérablement augmenté les
revenus des villageois. Pascaline Laure Abossolo Mbang (2005), dans une
étude du projet « eau c'est la vie »,
d'Otélé dans l'archidiocèse de Yaoundé,
soutient à juste titre que ce projet participe au développement
social et contribue à l'essor des initiatives locales. Il résulte
de l'expression « l'eau, c'est la vie » le caractère
vital de l'eau dans la vie des individus. Car, elle sert, à la fois,
à la bonne santé du corps humain, à l'économie et
même au développement des activités non productrices, qui
rentrent dans le cadre des commodités de la vie. Bref, pour les travaux
de cet auteur, l'implantation des puits dans les villages garantit non
seulement une bonne santé aux paysans, mais leur laisse également
une ouverture au développement d'autres activités liées
à l'eau. Ce qui confirme l'assertion selon laquelle, « la
construction d'un puits dans un village est une opportunité offerte
à la communauté de ce village de sortir de la
pauvreté ».
F- Problématique
Sous le climat tropical, l'eau est rare, voire introuvable,
du fait de la sécheresse dans les zones sahéliennes. Dans les
zones de forêt, par contre, c'est plus la qualité de l'eau qui
fait problème. Dans ces deux zones climatiques, les conséquences
sont identiques, de nombreuses maladies hydriques, corroborant ainsi l'adage
médical selon lequel : « l'homme boit 80% de ses
maladies ». Pour atténuer ses effets, des puits à
pompe ont été mis à la disposition des populations de
Mebomo et de Bikogo par le PADC. Cependant, ces populations, dans la grande
majorité, continuent à faire recours aux sources d'eau
naturelles. D'où la question de savoir, pourquoi les populations
n'adhèrent-elles pas entièrement à l'eau des puits
à pompe du PADC ?
G- Hypothèses de recherche
1. Hypothèse centrale de
recherche :
Les populations bénéficiaires ou utilisatrices
n'adhèrent pas entièrement à l'eau des puits à
pompe, à cause de leur faible implication lors de la préparation
du projet de réalisation de ces puits.
2. Sous-hypothèses
L'hypothèse générale a été
subdivisée en quatre sous-hypothèses, à savoir :
a- L'influence des élites contribue à
l'exclusion des populations bénéficiaires du projet ;
b- L'emplacement des puits dans les villages ne respecte pas
les traditions locales ;
c- Les puits du PADC sont source de nombreux conflits ;
d- La maintenance des puits à pompe n'est pas
assurée par les populations utilisatrices.
H- Modèles théoriques
Pour notre étude, nous avons choisi deux modèles
propres à la socio-anthropologie à savoir :
l'interactionnisme symbolique et le dynamisme. La raison de ce double choix
tient à notre thème d'étude qui fait autant appel à
un modèle théorique individualiste qu'à un modèle
théorique holiste.
1. L'interactionnisme
L'interactionnisme voit le jour pour la première fois
à l'université de Chicago en 1930, suite à une rupture
paradigmatique opérée par Georges Herbert Mead.
Vers 1937, Blumer crée le terme interactionnisme
symbolique et retourne la perspective « holiste », qui voit
la culture et la structure d'encadrement des actions individuelles, et va
jusqu'à dire qu'il n'y a rien d'autre à étudier pour
comprendre la société que la vie quotidienne des individus, comme
le relève Henri Mendras (2002 : 61).
Le point de départ de E. Goffman est le plus original,
et va de la présentation de la vie sociale comme une scène de
théâtre, où les acteurs jouent un rôle et
accomplissent de nombreux rites d'interaction. Chacun s'inscrit dans
l'écart entre ce qu'il veut être et ce qu'il est aux yeux des
autres. Selon Anselm Strauss (1992), le terme
« interaction » est si ambigu qu'il ne peut ne signifier
que rencontre et effet réciproque entre des personnes. Il existe
plusieurs manières de considérer et d'analyser le processus
d'interaction. Les interactions se produisent entre des individus en tant que
membre de groupes, quelle que soit la subtilité du caractère de
leur appartenance. Il s'appuie sur l'interactionnisme pour se poser un ensemble
de questions sur les interventions de développement : que
signifient ces actes ? Pourquoi ces gens les accomplissent-ils ?
Compte tenu de ces réflexions, il s'intéresse à ce qui se
produit lorsque deux personnes d'origine sociale différentes se
rencontrent. Si l'une agit et que l'autre attribue à ses actions une
motivation. La plupart du temps, cette imputation sera en désaccord avec
la façon dont l'auteur lui-même comprend son acte. Cependant, ces
deux personnes en interaction ne sont jamais simplement des personnes mais
représentent un groupe. Une telle approche, corrobore Olivier de Sardan
(2001), est « pertinente en matière de socio-anthropologie
du développement, dans la mesure où les faits sociaux de
développement ont la particularité de produire de très
nombreuses interactions, et, des interactions entre des acteurs appartenant
à des univers sociaux très variés, relevant de statuts
différents, dotés de ressources hétérogènes
et poursuivant des stratégies distinctes ». D'où
l'usage de la métaphore de l'arène.
La pertinence de cette grille réside dans le fait
qu'elle nous offre la possibilité de saisir la perception qu'ont les
bénéficiaires des puits à pompe du PADC, des interventions
de développement. Cela nous permet en plus de
« s'intéresser non seulement aux communautés
locales, aux populations cibles, mais tout aussi aux dispositifs
d'intervention, aux médiateurs et courtiers, aux agents
extérieurs », comme le relève J.P. Olivier de
Sardan, (1995 : 47). Enfin, elle permet d'évaluer le rapport entre
l'implication de la population utilisatrice et la pérennisation des
projets de développement.
2. Le dynamisme
Pour Georges BALANDIER (1971), « les
sociétés ne sont jamais ce qu'elles paraissent être ou ce
qu'elles prétendent être. Elles s'expriment à deux niveaux
au moins ; l'un, superficiel, présente les structures
` officielles', si l'on peut dire ; l'autre, profond, assume
l'accès aux rapports réels les plus fondamentaux et aux pratiques
révélatrices de la dynamique du système
social. Dès l'instant où les sciences sociales
appréhendent ces deux niveaux d'organisation et d'expression, et
où elles déterminent leurs rapports, elles deviennent
nécessairement critiques. C'est en corrigeant les illusions de l'optique
sociale commune qu'elles progressent sur le terrain de la rigueur scientifique.
Les dynamiques sociales restent vues généralement sous l'esprit
du changement, de la transformation des structures. »
Etymologiquement, le mot « dynamique »
inclut les idées de force et de mouvement. Si la dynamique sociale prend
en compte la forme et la dimension de l'objet social (institution-objet,
institution-groupe), elle le considère sous l'angle du mouvement par
lequel il se modifie dans une certaine période de temps et selon des
rythmes propres, sujets à accélération et à
décélération.
La théorie de la dynamique sociale a pour ambition de
décrire et d'expliquer les processus par lesquels s'effectuent les
changements dans l'existence des groupes sociaux. En bref, elle a pour objet le
changement social.
Dans les sociétés en voie de
développement, il parait évident que les changements importants,
qui s'opèrent actuellement, ont pris naissance hors de ces
sociétés et résultent de l'importation initiale de la
technologie occidentale par voie de conquête. Mais, il se peut que les
changements économique, politique et religieux induits se produisent de
l'intérieur moins en imitation qu'en réaction contre des
modèles importés. Existe-t-il alors des différences tout
à fait spécifiques entre le processus de changement selon leur
origine interne ou externe ?
La différenciation peut se faire, selon que les agents
initiateurs du changement se situent à l'intérieur d'un groupe
social ou agissent du dehors, varient les modes de participation et de
résistance au changement. La différence est marquée sur le
plan des rapports qui s'établissent entre les agents du changement et le
reste de la population.
De quelle manière s'opère le changement ?
Avec des rythmes discontinus ? En rencontrant quelles
résistances ?
Les théories qui nous permettront de mieux rendre
compte des faits dans notre milieu d'étude sont donc la
théorie interactionniste symbolique, soutenue par l'école de
Chicago, et celle dynamique de Georges Balandier.
I- Grille d'analyse
1. Les techniques de collecte de
données
a- La recherche documentaire
Pour mener à terme notre étude, nous avons eu
recours à une recherche documentaire. Cette dernière nous a
donné la possibilité de parcourir des bibliothèques,
centres de documentation, des librairies et des banques de données
informatiques, pour avoir des documents, se rapportant à notre
thème, de même que les travaux réalisés dans cette
région ou sous des thèmes connexes dans d'autres régions.
Ainsi, les bibliothèques de l'UCAC, du CPPSA, de l'université de
Yaoundé 1, de l'INJS, les fonds documentaires de la FPAE, du CREPLA,
ainsi que les librairies de l'Harmattan Cameroun et Peuples Noires, ont
été particulièrement sollicitées.
b- L'observation directe
L'observation directe est celle où le chercheur
procède lui-même au recueil de l'information sans s'adresser aux
sujets concernés. Elle fait directement appel à son sens de
l'observation et d'interprétation. Pour ce qui est de notre thème
de recherche, nous avons effectué de nombreuses descentes exploratoires
dans les localités de Mebomo et de Bikogo pour obtenir des informations
qui sont venues se greffer à celles recueillies par les sources
écrites. Une représentation fidèle de cette
réalité nous a permis d'asseoir nos modèles
théoriques (l'interactionnisme et la dynamique). De même,
l'observation directe nous a permis de voir comment les personnes
interrogées se comportent vis-à-vis du sujet d'étude. Car,
entre les paroles et les actes concrets il y a parfois un gap. Et seule
l'observation directe nous permet de faire la part des choses. Cette
utilité comme le souligne si bien Jacques Lombard (1998 : 88), est
triple :
- elle nous permet d'abord, d'enregistrer des
phénomènes qu'un informateur pourrait, intentionnellement ou non,
omettre de vous dire ;
- elle donne ensuite, la possibilité de contrôler
les déclarations d'un enquêté ;
- enfin, elle permet de mesurer la distance entre
l'idéal, le droit (ce que dit généralement l'informateur)
et la réalité, les faits.
Cette observation directe reste, tout de même, un
préalable à l'enquête par entretien. Car, elle est source
d'inspiration pour de nouvelles questions ou des prochains thèmes de
discussions.
c- L'entretien semi-directif
Cette démarche consiste à faire produire
une conservation réglée entre un enquêté et un
enquêteur, muni de consignes et le plus souvent d'un guide d'entretien,
soulignent Jean-Pierre Durand et Robert Weil (1994 : 308). L'entretien
semi-directif se ramène à faire produire par
l'enquêté un discours plus ou moins linéaire avec le
minimum d'intervention de la part de l'enquêteur.
Il est question de susciter un certain nombre de
réactions en rapport avec notre thème. Ces entretiens se sont
faits à des endroits selon les disponibilités et les
volontés de l'enquêté. Ils sont personnalisés
(individuels) et parfois groupés (focus group). Ce dernier
ayant pour avantage de permettre aux enquêtés d'interagir à
des propositions de réponses d'un collègue enquêté
sans l'intermédiation de l'enquêteur.
Les entretiens sont répétés permettant un
double retour de l'anthropologue sur le précédent entretien, afin
d'éclairer des points d'ombre, les imprécisions ou les
contradictions. Aussi, l'enquêté peut retourner sur ce qu'il a
dit, effectuant de lui-même des corrections et des ajouts lors du second
entretien et ainsi de suite pour les autres entretiens.
Dans le cadre de nos entretiens, nous nous sommes servis de
blocs-notes, de crayons ordinaires et de crayons à bille pour
recueillir les informations auprès :
- des pouvoirs publics : le directeur du
développement local et communautaire (MINADER), le directeur de
l'hydraulique rurale et de l'hydrologie (MINEE) ; le sous-préfet et
le maire d'Elig-Mfomo, les chefs des villages (MINATD) ; les
responsables du PADC ;
- des présidents des comités de
développement villageois ;
- des présidents de comité de gestion des puits
à pompe des villages ;
- des ménages utilisateurs des puits à pompe.
2. Les modes de traitement des
données collectées
Selon J-P. Durand et R. Weil (1994 : 131), les
entretiens en nombre réduit ne se traitent pas comme des questionnaires
nombreux administrés à un gros échantillon
représentatif avec un dépouillement utilisant des analyses
quantitatives élaborées. Pour la transformation de nos
données recueillies à travers la recherche documentaire et sur le
terrain, nous avons eu recours à la technique de l'analyse de contenu.
Il s'agit d'une technique d'exploitation du support et du contenu d'un document
ou d'un discours écrit. C'est donc le nom donné à
l'ensemble des analyses de textes pour traiter des réponses non
immédiatement quantifiables. Il s'agit de lire le social à
travers la littérature, relève S-B. Ella Ella (2008 :
59).
J- Les difficultés rencontrées
Un travail de recherche ne se fait pas sans
difficultés. De bout en bout, nous avons fait face à des
difficultés de plusieurs ordres :
La première difficulté s'est manifestée
dès le choix du sujet. Il n'a pas été facile pour nous de
choisir un thème, à cause de l'actualité et des
différents domaines de la socio-anthropologie du développement.
Après des fouilles documentaires, des discussions avec des enseignants,
des camarades et surtout grâce à la pré-soutenance, nous
avons pu nous orienter davantage et mesurer l'enjeu de notre thème. En
plus, il a fallu arguer pour amener notre directeur à valider notre
thème.
Le choix de notre directeur n'a pas été aussi
aisé, il fallait trouver un directeur rompu à la tâche et
disponible à suivre nos premiers pas dans la recherche. A partir des
informations reçues des camarades, et surtout de la coordonatrice du
master en développement et management des projets en Afrique, nous avons
pu pallier cette difficulté.
L'accès à la documentation n'a pas
été aisé. Car, beaucoup de chercheurs ne se sont pas
penchés sur la question du développement communautaire, surtout
des données sur le lieu de notre étude. Cette difficulté a
été levée par des différentes rencontres et
l'élargissement des fouilles à des bibliothèques
multiples, la commande et l'achat de certains ouvrages
spécialisés.
L'obtention des autorisations ou des permissions d'entretien
avec les différents directeurs et responsables de programmes a
été émaillée par des hésitations à
nous accueillir, et après cela par de nombreux rendez-vous non
honorés, occasionnant par là de nombreux déplacements
infructueux. Mais, par la patience et la persévérance, dont nous
avons fait montre, nous avons pu réaliser tous les entretiens
souhaités.
Au niveau des villages, des méfiances et des
résistances à s'ouvrir à l'étranger ont
été aussi perceptibles et récurrentes de la part de
certains enquêtés. Après plusieurs descentes sur le terrain
d'étude, nous avons brisé les barrières avec les
populations. Les entretiens ont été faits dans les maisons,
autour des puits à pompe, dans des espaces publics, tôt le matin
ou le soir, soit avant ou après le départ pour les plantations,
soit à l'ouverture ou à la fermeture des puits à pompe.
Nous avons pour cette occasion été obligés de nous
installer dans les villages. Pour mieux surmonter les difficultés, qui
ne manquaient pas de perdurer à ce niveau, nous avons été
appuyés par un compagnon de route (guide d'enquête sociologique),
qui a été formé précédemment à mener
des enquêtes sociologiques. En plus, lors des entretiens pour
éviter les réticences, nous avons d'abord procéder
à l'entretien avec notre vis-à-vis, pour le mettre en confiance
et faire partager nos objectifs avant de procéder à son
identification.
K- Plan de l'étude
Notre travail comprend en plus d'une introduction
générale et d'une conclusion, quatre chapitres.
Dans le premier chapitre nous présentons les villages
étudiés, cela nous permet d'avoir la situation de
référence avant la mise en oeuvre du PADC.
Le second chapitre, nous permet de traiter de
l'évaluation à mi-parcours des puits à pompe du PADC de
Mebomo et de Bikogo. Cette évaluation permet de déceler certains
facteurs qui affectent la pérennité des puits à pompe du
PADC.
Le troisième chapitre, nous donne l'occasion de mettre
en exergue des facteurs profonds de l'adhésion partielle des populations
aux puits à pompe du PADC.
Et le quatrième, nous permet de sortir par des voies
d'impulsion du développement communautaire.
CHAPITRE I :
LA PRESENTATION DU MILIEU
ETUDIE
Ce chapitre envisage de présenter les villages Mebomo
et Bikogo afin d'avoir la situation de référence avant
l'arrivée du PADC.
I- Les villages étudiés (Mebomo et Bikogo)
Les villages Mebomo et Bikogo sont situés entre le
4° de latitude Nord et 11° de longitude Est dans l'arrondissement
d'Elig-Mfomo, département de la Lekié, région du
centre.
A-
Histoire et géographie physique des villages étudiés
1- Le profil
historique des villages étudiés
Mebomo vient de la couleur de son sol très rouge, et
signifie terre rouge, selon Alain Jules Avodo Ayissi 10(*). Les premiers habitants
étaient les Mvog-Lema. Ils viennent d'Abono par Edinding (Arrondissement
d'Obala). Le nommé Koumena Fouda avait deux fils, Ayissi Lema et Bessala
Lema. Ce dernier était le frère cadet et avait l'habitude d'aller
chasser à Mebomo. Il s'installa par la suite pour y cultiver des
ignames. La forte productivité de ces derniers l'a poussé
à rentrer chercher son frère aîné. Les deux
frères y fondèrent leur famille et procréèrent
jusqu'à trente personnes. Bessala Lema s'installa par la suite à
Nkolmba et Ayissi Lema resta sur place en compagnie d'autres voisins.
Conséquence, Mebomo est un brassage de plusieurs familles, les Mvog-Lema
étant majoritaires.
Joseph Ayissi Abongo fût le tout premier chef de
Mebomo en 1939. Le second chef fut Damien Pièrre Avodo Ayissi, Mbolo
Ayissi fut le troisième, Ayissi Mbolo le quatrième, le
cinquième Joseph Ayissi Avodo était le père de l'actuel
chef Alain jules Avodo Ayissi. Les Mvog-Lema qui détiennent la Chefferie
jusqu'à nos jours, appartiennent à la tribu des Esselé, et
pas à celle des Engab qui sont minoritaires.
Le nom Bikogo vient de la découverte d'une
rivière bondée de cailloux (granites), qui étaient
appelés bikok en langue locale, ce qui donna au village le nom Bikogo.
Pour signifier plusieurs cailloux.
En 1910, le village Bikogo était commandé par
le chef de canton des Esselé, Jean Nanga. En 1929, le premier chef de
Bikogo, au nom de N'nang Awouda, est intronisé par le chef de
subdivision de Sa'a, le français nommé Eau Claire. Après
suivra Robert Okala intronisé en 1951. A sa mort en 1973, Valentin Ngono
prit le pouvoir et règne jusqu'à nos jours. Les Esselé
majoritaires, détiennent la chefferie de 3e degré et
les Engab sont minoritaires.
2- La
géographie physique des villages Mebomo et Bikogo
a- Le relief
Mebomo est approximativement haut de 543 m
d'altitude, relief moins accentué avec des pentes relativement faibles
à 80% recouvertes de plantations de cacao. Son sol est de trois
types : le sol latéritique rougeâtre à Mebomo
chefferie et marché, sol latéritique de couleur brune à
Mebomo marché, les sols sablo-argileux avec affleurement de morceaux de
quartz en surface pour le reste. Mebomo a une superficie de 24,5 km²,
limité au Nord par Mbanedouma II et Elig Onana, à l'Ouest par
Nkolmba, au Sud-ouest par Bikogo, au Sud-est par Lekoukoua.
Ce village se trouve à 7 km d'Elig-Mfomo11(*), à 32 km d'Obala et
à 75 km de Yaoundé, capitale politique du Cameroun.
Bikogo se trouve en moyenne à 605 m d'altitude. Son
relief est moins accentué et les pentes sont relativement faibles
à 80% et couvertes de plantation de cacao. Au sommet des pentes, les
sols sont argileux, riches en humus de couleur noir. La roche la plus
répandue est le quartz. D'autre part, ce sont des sols
latéritiques de couleur brune avec les prédominances des
croûtes latéritiques qui rendent le labour des sols
effectué par les houes difficile ; c'est la conséquence de
la baisse de rendements perceptibles dans la production de tubercules et de
plantes à racines. Au niveau des bas fonds, les sols sont sablo-argileux
et limoneux. Ces derniers sont favorables aux cultures maraîchères
en saison sèche (culture de contre saison).
b- Le climat et la végétation des
villages
Le climat est le même pour les deux villages. Les
villages sont en plein coeur du climat équatorial de type
« guinéen ». Cependant, du fait des variations
climatiques, cette région reste dans l'ensemble
caractérisée par un léger chevauchement entre le climat
équatorial humide du sud et le climat sahélien du nord.
L'année comprend quatre saisons :
- une grande saison des pluies, qui va de mi-août
à mi-novembre ;
- une grande saison sèche, qui va de mi-novembre
à mi-mars ;
- une petite saison des pluies, qui va de mi-mars à
mi-juin ;
- une petite saison sèche, qui va de mi-juin à
mi-août.
La pluviométrie moyenne des villages oscille entre 1
500 mm et 2 000 mm par an. Le nombre moyen de jours de pluies est de 150
par an. La température moyenne est de 25°C. Les températures
moyennes diurnes sont de 27°C, avec des écarts de l'ordre de
7°C à 11°C. La pluviométrie influence les cultures, les
deux saisons des pluies (grande et petite) sont à l'image des deux
campagnes agricoles lancées par les communautés.
La végétation des villages est faite de
forêt secondaire arbustive à plusieurs strates. Les
fougères, graminées, sterculiacées au premier
niveau ; au second niveau, cacaoyers, avocatiers, manguiers, safoutiers,
permettent de rassurer les infiltrations d'eau au profit de la nappe
phréatique.
c- L'hydrographie des villages
A Mebomo, le principal cours d'eau est la
rivière Odinda qui prend sa source à Bikogo et traverse
tout le village en remontant vers l'Est. Les ruisseaux sont au nombre de
deux : Mambogo et Ebessa, qui se jettent tous
dans la rivière Odinda. Les différents puits à
pompe et points d'eau existant à Mebomo peuvent être
regroupés comme suit :
Tableau 1 : Les puits à pompe et points d'eau
de Mebomo
Noms et localisations
|
Année de création
|
Disponibilité
|
Entretien
|
Observation
|
Puits à volant du Volanta, localisé à la
traversée12(*) entre Mebomo marché et Mebomo
chefferie
|
1995
|
Toutes
les
saisons
|
Hors d'usage
|
Mis en place par l'ONG Volanta, son eau est de
mauvaise qualité. Selon les habitants, elle rouille les seaux en
métal de fer
|
Puits à pompe du Bossapal à Mebomo
marché
|
1998
|
Toutes
les
saisons
|
Régulier
|
Mis en place grâce à Pro-village contre
contribution d'une élite du village, elle fonctionne
|
Source : Données d'enquête
de terrain, 2009
Bikogo est arrosé par trois
rivières :
Bodo qui prend sa source au Sud et se dirige vers le
Sud-est. Trois ruisseaux s'y jettent à savoir, Mikamga, Ebebrique et
Menene qui prennent leur source au nord-est du village ; Odinda,
prend sa source du sud-ouest, traverse le hameau de la chefferie et se
dirige vers Mebomo. Parmi les ruisseaux qui s'y jettent, on
note les ruisseaux Mbog bilongui qui prend sa source au Sud-ouest,
Zébédé qui prend sa source à l'Ouest et
Ngo dzogo qui prend sa source au point d'eau traditionnel du hameau de la
chefferie ;
Bikogo prend sa source dans le hameau
Nkol otomo et prend deux directions, Lekoukoua et Mebomo. Les
puits à pompe et les points d'eau de Bikogo sont regroupés ainsi
qu'il suit :
Tableau 2 : Les puits à pompe et points
d'eau de Bikogo
Noms et localisations
|
Année de création
|
Disponibilité
|
Entretien
|
Observation
|
Puits à pompe de Mikamga
|
1990
|
Toutes
les
saisons
|
Régulier
|
Propriété privée du collège
privé laïc Popolorum Progressium
|
Puits à pompe de Nkolnanga
|
1998
|
Toutes
les
saisons
|
Hors d'usage
|
Mis en place grâce à Pro-village contre
contribution d'une élite du village
|
Puits à pompe de Nkol otomo
|
1998
|
Toutes
les
saisons
|
Régulier
|
Mis en place grâce à Pro-village contre
contribution d'une élite du village
|
Point d'eau aménagée de Ngo dzogo
|
1958
|
Faible pendant la saison sèche
|
Irrégulier
|
Ecoulement difficile des eaux qui stagnent. Point d'eau
aménagé par le géni rural et financé par le fonds
international du développement économique et social (FIDES)
|
Source : Données d'enquête
de terrain, 2009
B- Géographie
humaine : Eléments socioculturels et activités
économiques
1-
Les éléments socioculturels
a- La démographie et les
équipements de socialisation
La population de Mebomo est estimée à environ
750 habitants sur un espace de 24,5 km², soit une densité de 29
habitants au km². Mebomo comprend cinq hameaux : Mebomo
marché, Chefferie, Ossan, Nkolbikon et Nkolofumbi. Les
habitats ont une disposition linéaire, de part et d'autre du long des
routes, qui traversent les différents hameaux. Les maisons sont en forme
rectangulaire, faites soit de poto-poto ou en semi-dur. Chaque famille en
compte deux : une maison plus grande servant de salle de séjour et
de chambres à coucher, l'autre, la plus petite servant de cuisine ;
les latrines sont situées légèrement en retrait de la
maison. Le devant des maisons sert généralement de lieu de repos,
de discussion et de jeux. En saison de cacao, il est le lieu où se
sèche le cacao sur des nattes légèrement surmontées
de cailloux ou de morceaux de bois. Derrière les maisons se trouvent les
bananerais et arbres à fruits divers. Après les vergers de case,
la cacao-culture prend le relais et s'étend sur au moins 80% de la
superficie du village.
A Mebomo, on compte une école primaire publique, une
école maternelle publique et une école primaire publique bilingue
en cours de réalisation.
Le centre de santé le plus proche est le centre de
santé intégré de Nkengué, et dans une moindre
mesure l'hôpital de district de santé d'Elig Mfomo.
Les institutions religieuses présentes dans le village
sont : le catholicisme romain et l'église du Plein Evangile.
La population du village Bikogo, selon l'ECAM II, est
estimée à environ 850 habitants sur une superficie de 35 km²
soit une densité de 25 habitants au km². Le village est
constitué de six hameaux : Bikogo chefferie, Mikamga, Nkol
nanga, Nkol otomo, Zébédé nord et sud. Les habitats
ont la même spécificité que Mebomo.
On y trouve une école primaire publique, une
école maternelle publique et un collège, notamment le
collège privé laïc popolorum progressium.
Le centre de santé le plus proche est l'hôpital
de district de santé d'Elig Mfomo et le centre de santé
intégré de Nkengué.
Les institutions religieuses présentes à Bikogo
sont : le catholicisme romain, l'église du Plein Evangile et
l'église presbytérienne.
b- L'organisation sociale
La population des deux villages est composée des
Eton, qui constitue un sous-groupe du groupe septentrional ou
Beti, qui au début du 17e siècle, se divise
en quatre rameaux avant la traversé de la Sanaga à Nachtigal afin
d'échapper au mouvement d'islamisation du nord et des razzia qui s'en
suivaient.
La société éton se
caractérise de prime abord par sa structuration sociale segmentaire
lignagère. Cette structuration a permis de distinguer : les
clans13(*), les
sous-clans ou lignages et de nombreux groupements de familles appelés
« Nda-bot » selon Jean Joseph Awono (1990 :
23-26). Cette société est donc constituée d'une
pluralité d'unités claniques dispersées. Mais en suivant
les types de rapports entretenus par les groupes majeurs, que sont les clans,
des regroupements en trois grandes unités de classification permettent
de mieux cerner les imbrications entre les différents segments
sociaux : le groupe « éton beti », le
groupe « beloua beton » et le groupe
« éton beloua ».
Le préfixe « beti » qui
équivaut sémantiquement au terme français
« seigneurs », « nobles » ou
« les messieurs » et utilisé pour montrer la
filiation de ces différentes unités sociales au groupe
originellement « pur ». Les groupes « beloua
beton » et « éton beloua »
sont caractérisés par l'épithète
« beloua » qui signifie « les
esclaves » marquent le degré de corruption du groupe original
au contact des peuples « impurs » intégrés
généalogiquement avec le temps à la suite des brassages
avec les « seigneurs ». De façon précise, Le
nom « Beloua » signifie
« esclave » ou « assujetti » et
désigne un ensemble hétéroclite de clans minoritaires, qui
ont trainé les pas lors des migrations des peuples vers le Sud du pays.
Conséquence, ils se sont placés sous la protection des
« Beti » lors des guerres pour les conquêtes
de l'espace vital. Sévérin Cécile Abega (1987 :
21-23), l'a si bien mentionné, en relevant que, le travail de ses mains
(l'esclave) profite à son maître, à qui il verse une
quote-part. Il ne peut prétendre à une quelconque
paternité d'un enfant. Ainsi, ils entretiennent des rapports de
maître à esclave. Cependant note-t-il, un esclave
particulièrement méritant pouvait être affranchi par son
maître, être assimilé au rang de fils, et obtenir la
permission de s'établir à son propre compte. Aujourd'hui, les
« Beloua », qui ont généré
une forte élite, sont frustrés par le maintien de cette
dialectique, qui les place en position de « cadets
sociaux », malgré les efforts d'auto-affirmation et de
dynamisation dont ils font montre.
Le lignage est désigné par le terme
« Mvog » et se traduit par l'expression
« le lignage de ». Ainsi, chaque géniteur devient
fondateur d'un nouveau maillon de la chaîne parentale. Par ailleurs, le
lignagère se fragmente en d'autres petits regroupements, entre lesquels,
les liens de solidarité sont assez forts, les
« Nda-bot ».
De façon spécifique, les Esselés qui
sont les Eton beti, représentent plus de 80% de la population des
villages alors que les Engaps, qui représentent les 20%, font partie des
« Beloua ». Toutefois, les Esselé ont trois grandes
familles : la famille Menye Tsanga Bissane ; la famille Menye
Yii ; la famille Menye Nguene. Ainsi que les Engap : les Mvog Zogo
Mmasna (majoritaires), les Mvog Ekono Mekoua et les Mvog Ayissi.
L'occupation des sols par les tribus est
différenciée. A Mebomo, on retrouve les Engaps au sommet du
hameau de la chefferie, les Essélés sont présents dans
presque tous les hameaux. Le puits à pompe du PADC de Mebomo est
situé dans le hameau de la chefferie en aval de la côte, au milieu
des habitations des tribus Essele. A Bikogo, on retrouve les Engaps dans le
hameau Zébédé nord et d'autres du côté de
Zébédé sud, on retrouve deux à trois familles
Esselés dans ce dernier hameau. Le reste des hameaux est essentiellement
habités par les Esselés. Le puits à pompe de Bikogo, qui
se situe presque au carrefour entre Zébédé nord,
zébédé sud et Bikogo chefferie, est tout de
même, sur le terrain des Engaps à
Zébédé nord.
Le système de parenté est basé sur les
liens de consanguinité. Une fille appartient au lignage de son
père. Mais, une fois mariée, ses enfants appartiennent à
celui de leur père et jamais au lignage de sa mère même
après le divorce. En fait, la femme éton n'a pas le
même statut que l'homme, elle est destinée à un autre
lignage, qu'elle contribuera à agrandir par sa progéniture. Les
soeurs de la femme appellent affectueusement « mon
mari », l'époux de leur soeur, en cas de
décès de cette dernière, une de ses soeurs non
mariées, peut-être choisie pour s'occuper du foyer de la
défunte soeur. Le changement continu des rôles masculins
et féminins dans la production a entraîné des
conséquences importantes sur la structure sociale et dans la vie de la
famille. Les femmes apparaissent comme agents économiques les plus
importants. Elles assurent la subsistance du groupe en participant à
tous les travaux agricoles dans le champ collectif ou de la famille restreinte.
Elles travaillent aussi pour améliorer le quotidien de la famille en se
livrant à d'autres travaux champêtres dans des parcelles
octroyées par leur mari.
Le mariage constitue un acte important et décisif
dans la vie du groupe ou de l'individu. Il est, à la fois, un moyen par
lequel la société assure sa survie et sa continuité. Il
se présente aussi comme un rite de socialisation obligatoire aussi bien
pour l'homme que pour la femme. La société ne considère
comme un « vrai homme » ou une « vraie
femme » que les individus mariés et capables de former une
nouvelle famille, l' « élig ».
2- Les activités
économiques
a- Les activités agricoles
En tant que zone rurale, l'activité agricole est la
principale activité dans les villages étudiés. Ainsi, les
activités économiques sont, pour la plupart, basées sur le
commerce des produits agricoles. Néanmoins, l'on y retrouve aussi
d'autres domaines, tels que la chasse, l'élevage, et la pêche. Ces
activités sont menées, soit individuellement ; soit par des
groupes de personnes réunis en GIC ou associations.
L'agriculture d'exportation fournit l'essentiel des
ressources financières des paysans. La principale activité reste
ici la cacao-culture qui occupe les hommes. Elle s'est relativement
développée par rapport au secteur vivrier, grâce à
l'appui constant de l'Etat. Ainsi, observe-t-on une certaine croissance
régulière dans la production. Ceci a des effets directs sur la
production nationale de cacao sur le plan mondial. Cette amélioration ne
va pas de pair avec l'état des exploitations, qui sont frappées
par le vieillissement des plantations, l'appauvrissement des sols doublé
de l'usage de méthodes extensives et de la désertification
progressive.
Les secteurs vivrier et maraîcher sont les moins
développés. Malgré, leur fonction capitale dans
l'économie de la région et leur forte concentration de ressources
humaines, ils sont entièrement contrôlés par les femmes,
utilisant des techniques et des moyens rudimentaires. L'agriculture demeure
traditionnelle et de subsistance. La productivité reste faible
même si par ailleurs, cette région demeure l'une des principales
pourvoyeuses de la ville de Yaoundé en vivres. Ceci se justifie par le
fait que les productions doivent satisfaire simultanément les besoins de
consommation et de marché. Toutefois, les principales cultures
restent :
- les plantes à tubercules : manioc, macabo,
banane-plantain, banane douce, igname ;
- les plantes céréalières :
maïs, haricot, arachide ;
- les cultures maraîchères : légume,
tomate, oignon, piment.
Ces activités de subsistance procurent des faibles
revenus, car seuls les surplus sont vendus sur le marché. Les techniques
culturales restent archaïques et l'outillage est rudimentaire. Les femmes
sont bien intégrées dans le secteur agricole, dans la mesure
où elles ont la responsabilité de la production vivrière
et maraîchère, en plus de toutes les tâches
ménagères.
Les saisons agricoles varient tout au long de l'année,
nous avons :
- les cultures vivrières annuelles à cycle court
(arachides, maïs, légumes) : ici, les semis et les
récoltes se font deux fois l'an, du 15 mars au 15 juillet d'une
part ; et du 15 juillet à la fin décembre voire début
janvier d'autre part. Les cycles de ces cultures ne dépassant pas 4
à 5 mois ;
- les cultures vivrières annuelles à cycle long
(manioc, igname, macabo) : les semis et les récoltes se font une
fois l'an, par exemple semis le 15 Mai et les récoltes après 7
mois voire plusieurs années mais au bout d'un an la récolte est
prête ;
- les cultures vivrières pluriannuelles
(banane-plantain), ce sont les cultures qui vont sur plusieurs
années ; on ne peut pas les planter cette année et les
récolter cette même année. Au moins deux ans après
(bisannuelles).
Selon les saisons, les cultures vivrières à
cycle court sont les plus pratiquées du fait de leur courte durée
et s'en suivent les cultures vivrières annuelles.
Ce système de culture étant très peu
diversifié, les populations sont obligées de compléter
leurs besoins alimentaires par des achats dans les marchés.
Les activités d'élevage sont faiblement
développées. Dans l'ensemble, on note des fermes avicoles, un
petit élevage domestique de chèvres, de porcs et de moutons
presque tourné vers l'autoconsommation.
Les activités de pêche sont négligeables
et restent pratiquées par quelques femmes pendant la saison sèche
pour des besoins domestiques. Pareils pour les produits de la chasse qui se
trouvent en très faible quantité.
Ces secteurs souffrent de la mauvaise organisation, du manque
d'encadrement technique. En plus, il n'existe pas d'infrastructures de
coordination et de gestion.
La production des fruits n'est pas issue des champs potagers.
Par contre, les arbres fruitiers sont parsemés dans les champs
polyculturaux. D'où une commercialisation ponctuelle et
irrégulière. On retrouve parmi ces fruits : l'ananas, la
papaye, la canne à sucre, les goyaves, le citron, les oranges.
b- Les échanges et les activités
commerciales
Les produits des activités vivrières et
maraîchères approvisionnent les marchés périodiques
de Mebomo, d'Elig Mfomo, d'Elig Ambassa et d'Ebougsi et ceux
réguliers de Monatelé, d'Okola, d'Obala et même des
Arrondissements de Yaoundé 7ème (Nkolbisson) et de
Yaoundé 2ème (Mokolo).
L'approvisionnement en produits n'est pas du tout facile. Le
manque d'entretien des routes cause un préjudice énorme aux
populations.
Le commerce des produits manufacturés est exercé
en permanence par des commerçants locaux et périodiquement par
des marchands ambulants.
Il n'existe pas des industries de transformation,
malgré les révélations établies par des
études, selon lesquelles le village Mebomo serait riche en minerais de
fer. Cette zone est d'ailleurs l'objet d'une étude de l'ONUDI, dans
l'optique d'y réaliser une briqueterie.
II- Le Projet d'Appui au Développement Communautaire
(PADC)
A-
La conception et la stratégie d'intervention
1- Les
stratégies et la justification du projet
Le gouvernement camerounais a décidé de
travailler sur la conceptualisation d'un cadre national de politiques et
d'instruments en faveur du développement au niveau local.
a- Les objectifs
du projet
L'approche de développement proposé dans le
cadre du PADC vise les objectifs et résultats suivants :
i- L'objectif général
Il s'agit d'améliorer
durablement les conditions et les niveaux de vie des populations dans les zones
rurales les plus défavorisées.
ii- Les objectifs immédiats ou
spécifiques
Le PADC a pour objectifs immédiats : la prise en
charge de leur développement par les communautés villageoises et
les autres acteurs locaux, dans le respect des principes de participation, de
concertation et de solidarité. Il vise aussi à
l'amélioration de l'accès aux infrastructures sociales de base au
niveau des villages, de même qu'à l'augmentation des revenus des
populations ciblées.
iii- Les résultats
attendus:
A terme, le projet donnera les résultats qui suivent
:
- les capacités de planification, d'interaction, de
négociation et de gestion participatives au niveau des
communautés villageoises sont renforcées et favorisent en
particulier la participation des communautés rurales les plus
démunies ;
- des initiatives productives viables et durables sont mises
en oeuvre par des producteurs (associés ou non), en particulier des
producteurs provenant des groupes les plus démunis ;
- des micro-infrastructures de base sont identifiées,
maintenues ou construites et gérées par les
communautés ;
- les capacités organisationnelles publiques et
privées, et la coordination des efforts des différents
partenaires pour répondre à la demande des communautés
sont améliorées, en particulier, grâce à la mise en
place du PNDL.
b- La justification du
PADC
Le projet devrait jouer un rôle catalytique par la
création d'un environnement propice et par le renforcement des
capacités de tous les acteurs.
Le premier élément de la stratégie
concerne le développement de la démocratie
locale, en améliorant les espaces de concertation et
la capacité des groupes cibles à faire entendre leur voix au
moment des décisions publiques les concernant. Il s'agira de renforcer
les capacités, en premier chef, celles des communautés
villageoises de manière à ce qu'elles puissent mobiliser leurs
ressources internes, gérer leurs initiatives de développement, et
interagir et négocier avec les acteurs dans leur environnement lointain
(la région, la nation) et proche (les communes).
Le deuxième élément de la
stratégie est d'attaquer le coeur de la problématique de
pauvreté en travaillant sur les conditions de
génération de revenus (relevant du secteur
privé). Il s'agira de financer des appuis techniques aux
micro-entrepreneurs, tout en favorisant les liens entre les micro-entreprises
viables et les services de micro-finance (déjà appuyés
dans le cadre d'un autre projet FIDA).
Le troisième élément de la
stratégie sera de faire une séparation claire entre micro
infrastructures sociales et économiques (les biens publics au niveau des
villages) et les biens et services privés. Le financement de
ces biens publics se fera à travers le fonds de développement
communautaire. Ce fonds sera mis en place à travers les structures du
projet et géré par les communautés villageoises en
attendant qu'un mécanisme national durable de transfert de ressources
aux communautés soit conçu dans le cadre du PNDL.
Finalement, le projet travaillera au
développement des capacités des communes. Car,
le renforcement des capacités des communautés à prendre en
charge leur propre développement devrait amener les élus,
notamment les conseillers municipaux issus de ces villages, à contribuer
davantage au processus de démocratie locale en ouvrant des espaces de
concertation et de participation. De même, le projet soutiendra les
cadres des ministères, afin d'accompagner les réflexions en cours
sur le nouveau rôle de l'État et la notion de modernisation du
service public.
2- Les composantes du PADC
Le PADC est subdivisé en quatre composantes essentielles
à savoir :
- La composante 1 : Développement de
capacités
Le projet appuiera la consolidation des capacités de
planification participative, d'organisation, de gestion et de
négociation au niveau des villages. Il appuiera, en outre, le
développement des capacités de lutte communautaire contre le
VIH-SIDA, à travers la vulgarisation de la méthode de
prévention basée sur la méthode de la « carte
à risque ». Les capacités d'interaction entre les
communautés villageoises et les acteurs dans leur environnement seront
également renforcées. Le projet appuiera également la
promotion et le renforcement des capacités de micro-entrepreneurs au
niveau des villages. Finalement, le projet appuiera la création
d'espaces et les pratiques de concertation entre la commune et les villages,
afin de stimuler la capacité des communes à rendre service aux
communautés villageoises, ainsi qu'un renforcement des capacités
de tous les prestataires publics et privés en matière de
démarche participative.
- La composante 2 : Appui aux Activités
Génératrices de Revenus (AGR).
Le projet financera l'assistance technique aux producteurs
organisés (quels que soient leurs statuts juridiques GIC, GIE,
coopérative), en matière d'études de
marché, études de faisabilité, appui à
l'élaboration de dossier de crédit, appui à la gestion,
appui technique spécialisé. Le projet introduira, sous forme
pilote, la mise en place au sein des villages des cautions de
réalisation (dépôts tournants gérés par les
communautés), afin d'appuyer les initiatives productives de groupes les
plus pauvres, en favorisant leurs insertions dans les systèmes
microfinanciers de proximité.
- La composante 3 : Micro-infrastructures sociales et
économiques.
L'accès à l'eau potable constitue une des
premières priorités exprimées par les communautés
villageoises, notamment dans les arrondissements de la Province14(*) de l'Extrême Nord. Le
taux de couverture des besoins en eau potable est faible dans les zones
proposées pour le PADC : moins de 40% de la population rurale
dispose d'un point d'eau pérenne (ce qui n'équivaut pas toujours
à l'eau potable). En plus des difficultés d'accès à
l'eau potable, l'ignorance des règles élémentaires
d'hygiène de l'eau par la plupart des ménages explique la haute
fréquence des maladies liées à la qualité de l'eau
(diarrhées, choléra, fièvre typhoïde).
Le projet financera la réalisation des
micro-infrastructures dans les domaines de l'éducation, la santé,
l'eau potable, les pistes rurales identifiées dans les plans de
développement villageois. Par leur faible niveau de complexité
technique ou de par leur faible niveau de coûts, ces sous-projets peuvent
être réalisés au niveau des villages sans ou avec un faible
niveau d'arbitrage externe. Les projets, qui relèvent du niveau de
décision de la commune, ne seront pas financés dans le cadre du
PADC, mais seront présentés aux financements du fonds
d'équipement intercommunal (FEICOM) ou d'autres bailleurs de fonds.
- La composante 4 : Coordination du projet.
Le FIDA appuiera la mise en place d'une unité de
coordination et de gestion Nationale (UCGN) et de deux unités de
coordination et de gestion provinciales (UCGP) dans les zones retenues
(Extrême Nord et Centre). L'UCGN sera composée d'un coordonnateur
national assisté d'un responsable financier. Chacune des UCGP sera
composée de trois ingénieurs, dont l'un assurera les fonctions de
supervision régionale, et d'un gestionnaire comptable et financier. Le
FIDA apportera également un appui à la coordination nationale de
la composante développement communautaire du PNDL, située au
niveau du ministère de l'agriculture et du développement rural
(MINADER)15(*), en
l'occurrence la direction générale du développement rural
(DGDR) chargée de la coordination et du suivi de l'intervention des
différents bailleurs de fonds ayant décidé de financer le
programme.
B- Les zones cibles et
principes d'intervention du projet
1- Les zones
d'intervention
Le projet couvrira les régions de l'Extrême Nord
et du Centre. Ce choix se justifie par le taux de pauvreté
élevé en milieu rural dans ces deux provinces (plus de 50% de la
population rurale vit en dessous du seuil de pauvreté). En outre, il
répond au souhait du gouvernement de voir le FIDA intervenir dans deux
régions de caractéristiques socio-économiques et agro
écologiques différents ; ce qui permettra de tester
l'approche de développement communautaire dans deux contextes
différents comme expérience dont les leçons vont servir au
PNDL dans le cadre de la couverture nationale. Dans ces deux régions, le
FIDA pourra également s'appuyer sur les expériences des projets
identiques appuyés par la GTZ et le PNVRA.
a- La région de
l'Extrême-nord
Avec une population de plus de 2 530 000
d'habitants, l'Extrême-Nord reste la province la plus peuplée du
pays. Elle occupe une superficie de 34 262 km². Cette disproportion
entre la superficie et la population explique la densité de 74
habitants/km², supérieure à la moyenne nationale qui est de
30 habitants/Km². Ce surpeuplement a poussé les pouvoirs publics,
les bailleurs de fonds et les ONGs à organiser depuis 1970 plusieurs
vagues de déplacements des populations de cette région vers celle
du Nord.
La précarité des revenus et l'importance des
charges sociales des populations en activité limitent leur
capacité à accéder aux services de base. L'agriculture et
l'élevage, avec à un degré moindre l'artisanat, sont les
principales activités de la population de la région. Les
systèmes de cultures dominant sont de types
céréales-tubercules et de type agropastoral-mil-sorgho. Ces
systèmes tributaires d'une pluviométrie faible et
aléatoire sont extensifs et peu productifs. L'agriculture et
l'élevage, notamment l'élevage transhumant se disputent l'espace
rural entraînant de multiples conflits entre agriculteurs et
éleveurs. La culture de coton, encadrée par la SODECOTON, demeure
la principale culture de rente. Cette culture touche peu de paysans et est
pratiquée par les hommes. Les populations à risque, notamment les
femmes et les montagnards, ont un accès limité et précaire
à la terre. L'accès aux services financiers est, pour une grande
part, limité aux cotonculteurs, qui reçoivent des crédits
en intrants et en matériel agricole, à travers la SODECOTON.
Les pistes rurales sont difficilement praticables du fait d'un
manque d'entretien, notamment en saison de pluies. Plusieurs villages sont
coupés du reste de la région pendant de longues périodes.
Le taux d'accessibilité à l'eau courante est de 17,5% pour les
populations des centres urbains connectés au réseau SNEC
(actuelle, camerounaise des eaux). Ainsi, la majorité de la population
s'approvisionne en eau auprès des points d'eau (puits
aménagés, forages). D'une manière générale,
les équipements socio-collectifs sont parmi les plus bas du pays. La
région compte 38 centres de santé non équipés. Les
maladies les plus diffusées dans la région sont : le
paludisme et les infections intestinales. Il n'existe pas de données sur
la prévalence du SIDA dans la région, mais cette infection reste
une préoccupation majeure sur le plan national. La crise
économique, que connaît le pays depuis plus d'une décennie,
a réduit les moyens d'intervention de l'Etat. Cette situation
générale explique les difficultés de développement
auxquelles sont confrontées les populations rurales de cette
région en plus des contraintes naturelles et des aléas
climatiques de la zone sahélienne.
b- La région du Centre
En ce qui concerne le Centre, sa population de
2 300 000 habitants est composée en majorité de femmes
et de jeunes. En se référant aux données disponibles,
d'après ECAM II, la population âgée de plus de 65 ans
représente environ 3,8%.
Les activités agricoles sont dominantes avec
l'exploitation forestière et la chasse. Le système de culture de
type forestier comprend en général au sein d'une exploitation
type moins d'un hectare de cultures de rentes (café robusta en
général) et environ 1 ha de culture vivrières
associées. L'agriculture est extensive et à faible rendement. Les
cultures de rente café et cacao, qui sont exclusivement des cultures
d'hommes, deviennent peu rentables depuis la déréglementation du
système de commercialisation mais davantage à cause du cours bas
des prix sur le marché international. L'exploitation forestière
bénéficie davantage aux exploitants forestiers qu'aux
populations, auxquelles sont versées parfois quelques ressources
marginales mal gérées au niveau des villages. L'enclavement des
villages, le faible degré d'organisation des paysans et les
difficultés d'accès aux services financiers sont des facteurs
limitant le développement de l'agriculture, notamment pour les
populations les plus démunies.
Sur les plans sanitaire et éducatif, la région
montre une forte variabilité entre les départements de la
Lekié et du Mfoundi, qui sont les plus équipés et les
autres départements. En particulier ceux du Mbam et Kim, et de la Haute
Sanaga. Mais, c'est aussi dans les deux départements
équipés que la pression des populations sur les infrastructures
et les services est la plus élevée. Bien que l'on ne dispose pas
des données chiffrées sur les principales maladies qui touchent
la population rurale de la région. Parmi elles, il faudra
considérer le SIDA, compte tenu de la proximité de la capitale et
de la présence des grands axes routiers.
2-
Les groupes cibles
a- Groupes cibles
Toute la population des villages (hommes, femmes, jeunes)
sera mobilisée et impliquée dans le processus de
développement social et économique de leur communauté.
Elle bénéficiera d'actions et de réalisations
qu'elle-même identifiera et proposera aux instances impliquées
dans la mise en oeuvre du projet. Elle sera amenée à
réfléchir sur ses difficultés, à trouver des
solutions à ses problèmes et à se mobiliser pour mener les
actions permettant de les résoudre ou, au moins, les atténuer.
Cette démarche devrait aboutir à une prise de conscience et une
responsabilisation collective qui devra conduire la population à
identifier, parmi elle, les groupes ou catégories sociales
particulièrement en difficulté et nécessitant un appui.
Parmi les catégories les plus vulnérables
apparaissent entre autres : les femmes seules et ayant des enfants
à leur charge, les jeunes chômeurs, les handicapés, les
malades, les personnes âgées, les paysans sans terre. Ces
catégories ne devront pas toutefois être isolées ou
marginalisées, mais intégrées dans le processus de
développement de la communauté locale concernée.
b- Prise en compte des groupes cibles
La prise en compte des groupes cibles se reflétera
dans la méthodologie d'approche du monde rural et des actions d'appui du
projet. Les mécanismes seront clairement indiqués dans le manuel
de procédures et dans les termes de référence des
différents partenaires. Les indicateurs de suivi-évaluation
permettront de le vérifier. Le projet devra assurer l'intégration
des groupes les plus démunis dans les instances de concertation et de
décision, et réserver au moins 50% du financement aux femmes pour
des activités génératrices de revenu (production,
commerce, transformation).
Les groupes les plus pauvres et marginaux
bénéficieront d'un appui qui devra être ciblé selon
leurs besoins spécifiques pour leur permettre de renforcer leurs
capacités. Selon les cas, il s'agira d'un appui en formation (par
exemple pour mener une activité génératrice de revenus),
une facilitation à l'accès aux services primaires (santé,
eau, éducation) et un appui financier pour leurs activités
économiques à des conditions très favorables (fonds de
garantie). La nature et le montant de l'appui seront décidés au
niveau du comité de développement villageois, sur la base de
l'appréciation du dossier présenté par les groupes
concernés.
Dans cette mobilisation et responsabilisation de la
collectivité, les femmes seront amenées à participer
activement et à intervenir non seulement dans la planification des
actions, mais aussi dans la prise des décisions, dans la
réalisation et la gestion des activités. Des mesures
spécifiques seront prises pour s'assurer de leur participation
équitable. De plus, elles devront être parmi les
représentants des différents groupes et comités qui
signeront les bons d'engagements des dépenses et les bons de payements,
ainsi que la réception des ouvrages.
CHAPITRE II :
L'EVALUATION DES PUITS A
POMPE DU PADC DE MEBOMO ET DE BIKOGO
Ce chapitre n'a pas la prétention d'étudier dans
leur exhaustivité tous les critères d'évaluation en
vigueur dans les organismes de développement en Afrique, mais ambitionne
plutôt de voir quelques éléments institutionnels de
l'exercice de l'évaluation, afin de pouvoir appréhender les
outils méthodologiques à utiliser dans cette recherche.
I- La théorie
institutionnalisée de l'évaluation des projets de
développement
L'évaluation est devenue un
instrument officiellement reconnu, dans la mesure où, il est impossible
d'y renoncer en raison du contexte international. Elle est officialisée,
au moins dans les organigrammes.
A- La conception de
l'évaluation des projets de développement
1- La construction d'une démarche
évaluative
a- Définitions et buts de
l'évaluation
Selon F. Laot et M. Rouah (1994),
« évaluer, c'est apprécier et juger de façon
rigoureuse, logique et cohérente l'état, l'évolution et
les efforts de problèmes, d'actions, de dispositifs
d'organisations. »
Pour A. Wood, J. Apthorpe et J. Borton (2002),
l'évaluation est généralement conçue comme le
processus qui détermine le mérite, l'être et la valeur de
quelque chose, ou le produit de ce processus.
S. Arnaud et N. Boudeville (2004), stipulent qu'
« une évaluation permet de vérifier la teneur des
moyens qui sont affectés, d'affecter, d'apprécier leur pertinence
et de réorienter les axes de développement en fonction des
besoins nouveaux identifiés. »
Cette dernière définition cadre avec
notre vision de l'évaluation. Cependant, celle proposée par F.
Laot et M. Rouah est plus précise.
Ainsi définie, l'évaluation
permet :
- d'améliorer le rendement en aidant les gestionnaires,
les personnes chargées de la mise en oeuvre d'un projet et le public
cible de comprendre le rendement du projet ;
- de documenter les leçons apprises et les
intégrer aux processus de planification et aux activités
futures ;
- de renforcer la reddition des comptes en démontrant
comment les ressources étaient utilisées et les résultats
produits ;
- d'être utilisé comme un « outil de
commercialisation » pour les concours de subventions futurs et comme
des exemples des types d'activités que le programme appuie et le type de
résultats escomptés.
b. Les fonctions de l'évaluation
L'évaluation est d'abord un outil de gestion,
« gérer c'est prévoir », analyser le
passé pour programmer l'avenir, c'est une des fonctions premières
de l'évaluation. Au travers de cette fonction pionnière, elle
est un outil d'orientation de tous les éléments constitutifs de
l'action. Par exemple, la comparaison des résultats de l'action aux
objectifs initiaux (efficacité), les effets directs et indirects
(impacts), la stratégie d'intervention.
L'étude in fine de tous les aspects permet de
déterminer les points forts d'un projet et ses insuffisances. Elle sert
à dresser un bilan critique, qui conduit à conforter les acquis
ou à les réorienter.
Sur un tout autre plan, l'évaluation, en organisant une
analyse systématique sur l'action, permet de capitaliser pour mieux
faire face à l'avenir dans des situations semblables.
L'évaluation constitue de ce fait un outil d'aide à la prise de
« bonnes décisions ».
L'évaluation a en plus pour fonction d'informer les
acteurs du projet. C'est une fonction dynamique pour l'ensemble des acteurs
impliqués plus ou moins directement dans une opération :
les bénéficiaires d'abord et ceux qui réalisent le projet
ensuite, mais aussi l'administration locale, les services techniques, les
autres projets d'aide publique ou privée, et les bailleurs de fonds.
Surtout que ces différents acteurs ne connaissent très souvent
que superficiellement le projet.
Les restitutions d'une évaluation remplissent une
fonction ô combien importante d'information et d'échange mutuel
pour l'équipe de projet. C'est une occasion de diffuser une information
sur les résultats du projet, sur les objectifs en matière de
développement et sur la méthode de travail, c'est un outil
d'information interne. Pour les autres acteurs, l'évaluation offre la
chance d'avoir accès aux informations complètes.
L'évaluation sert, à ce niveau, de « medium de
communication externe ». Pour les organisations rurales, c'est
l'occasion de rencontrer l'ensemble des intervenants dans un cadre de
concertation et de dialogue.
Enfin, l'évaluation a pour fonction de contrôler
les réalisations des actions pour les bailleurs de fonds. Cette fonction
prête parfois à équivoque. Loin de ne pas faire l'apologie
de la parfaite confiance aux partenaires, la vérification renforce la
fiabilité d'une relation de coopération et permet
d'évoluer sur des fondements sérieux. Cependant, cette
vérification devra s'appuyer sur des règles d'appréciation
clairement convenues à l'avance entre les partenaires. En outre, la
fonction de contrôle peut être assortie d'une fonction de formation
des personnels responsables, afin de les renforcer sur le plan
institutionnel.
2-
Les différentes catégories d'évaluation
Les exercices d'évaluation peuvent être
regroupés en plusieurs catégories. Dans le cadre de cette
étude, nous allons retenir deux catégories : suivant les
acteurs de l'évaluation et le moment dans la vie du programme ou
projet.
a- Selon les acteurs de
l'évaluation
En tenant compte des acteurs de l'évaluation ou
suivant les rôles des différents acteurs, il est possible de
distinguer : l'évaluation externe, l'évaluation interne et
l'auto-évaluation.
- L'évaluation externe
Selon la terminologie généralement
utilisée, l'évaluation est externe, si l'acteur qui mène
l'évaluation est indépendant du commanditaire et sans aucun lien
avec l'objet à évaluer.
Bref dans une évaluation externe, l'évaluation
est réalisée par une personne qui n'a aucune
responsabilité directe dans la mise en oeuvre de l'action.
- L'évaluation interne
Une évaluation est dite interne lorsqu'elle est
réalisée par un évaluateur lié au commanditaire
(membre du personnel, administrateur), sans faire appel à un
évaluateur indépendant.
Cependant, dans ce cas, le partenaire du Sud ne
perçoit pas forcément cette évaluation comme interne. En
effet, celui-ci est une entité à part entière, distincte
de l'Ong du Nord qui parfois n'est qu'une source de financement parmi d'autres.
C'est donc généralement par rapport au commanditaire que
l'évaluation est interne.
- L'auto-évaluation
On parle d'auto-évaluation, lorsque l'acteur
évalue son propre travail (sans faire appel à qui que ce soit).
L'acteur évalue sa propre action et ne porte un
jugement que sur ses propres activités. Un intervenant extérieur
qui se conduit comme un animateur peut être utilisé : on
parle alors d'auto-évaluation assistée.
Pour E. Beaudoux et F. Douxchamps (1992), on distingue
souvent deux types d'évaluation : l'évaluation externe et
interne. Car, l'auto-évaluation ou l'évaluation participative
n'est qu'une variante de l'évaluation interne.
b- Selon le moment de réalisation de
l'évaluation du projet
On distingue :
- L'évaluation ex-ante
L'évaluation ex ante est
réalisée avant l'adoption ou avant la mise en oeuvre de
l'intervention et constitue une aide à sa conception. Elle vise à
améliorer la conception de l'intervention, dans la mesure où elle
transpose les leçons des expériences passées dans le cadre
de la nouvelle intervention.
- L'évaluation en cours ou à
mi-parcours
L'évaluation en cours ou à mi-parcours, vise
à dégager les leçons des premières années
de mise en oeuvre de l'intervention et à ajuster le contenu de
l'intervention en cours aux réalités du terrain et/ou à
l'évolution du contexte. Elle inclut souvent un bilan des
réalisations achevées et une analyse des premiers
résultats directs et impacts obtenus. Elle vise à
améliorer l'intervention en cours et ses conclusions peuvent s'appuyer
sur des observations de terrain.
C'est ce que nous ambitionnons à travers cette
recherche sur les puits à pompe du PADC.
- L'évaluation finale
Elle prend place quelques mois avant la fin du projet. Elle
donne des éléments pour initier ou non la poursuite du projet ou
des projets similaires avec ou sans modification majeure dans la conception du
projet.
- L'évaluation ex post
L'évaluation ex post est
réalisée directement ou longtemps après
l'achèvement de la mise en oeuvre. Elle se préoccupe
principalement de vérifier les impacts obtenus, d'identifier et de
juger les impacts inattendus et d'apprécier la durabilité des
bénéfices de l'intervention. Elle permet d'observer les
changements réels sur le terrain et, si le délai n'est pas trop
long, de les analyser pour estimer ceux qui sont attribuables à
l'intervention. L'évaluation ex post vise souvent à
rendre compte aux institutions, qui ont alloué les ressources. Elle aide
également à transférer l'expérience acquise dans
d'autres pays ou secteurs.
B-
Les critères d'évaluation, cadre logique et indicateurs
1-
Cadre logique et critères de l'évaluation
Les critères d'évaluation sont des outils
d'appréciation, qui produisent des analyses comparatives entre des
niveaux de réalisation d'un projet, d'un programme ou d'une politique.
L'attitude d'évaluation commence dès l'identification. C'est dire
que toutes les questions que l'on se pose dès l'idée de projet
rentrent dans l'évaluation. En général, ces questions
peuvent être synthétisées en six critères :
l'efficacité, l'efficience, l'impact, la
viabilité/reproductibilité, la stratégie d'intervention,
la participation/satisfaction des bénéficiaires. A ces six
critères, on peut y ajouter deux autres : la cohérence et la
pertinence.
L'efficacité est directement
liée à la mise en oeuvre du projet. Elle permet de comparer les
objectifs prévus au départ aux résultats atteints. Ainsi,
on peut mesurer les écarts entre le projet planifié et le projet
réalisé.
L'efficience fait intervenir les
résultats obtenus et les coûts supportés pour les
atteindre. Il s'agit de l'appréciation des résultats et de la
démarche choisie par rapport aux ressources mobilisées
(matérielles, humaines et financières).
L'impact permet de comparer les conjonctures
et tente de voir le changement qui a pu se produire sur la situation de vie des
populations concernées. Il se ramène aux effets positifs et
négatifs, prévus ou inattendus d'une action sur l'environnement,
en général technique, social, économique, politique,
écologique.
La viabilité/reproductibilité
permet non seulement d'analyser les changements dus au projet mais aussi
d'apprécier la capacité des actions à se poursuivre de
façon autonome ; on analyse ici leur chance de survie lorsque les
appuis extérieurs auront cessé.
Les stratégies d'intervention, la
pertinence et la conception de l'action sont ici remises en question pour
savoir si la technique utilisée pour aborder les
bénéficiaires était adéquate.
La participation/satisfaction des
bénéficiaires est nécessaire pour recueillir l'avis des
acteurs directs d'une action.
La cohérence permet de faire la remise
en question du projet planifié et plus largement de la phase
préparatoire ayant mené à sa conception et à sa
programmation, correspondant à l'analyse de sa cohérence. La
cohérence pose la question de la logique interne du projet
planifié et du bien-fondé des relations de causalité
prévues tout au long de la chaîne des activités
prévues-résultats attendus-objectifs spécifiques-objectifs
globaux.
La pertinence renvoie à la question de
l'adéquation du projet avec le milieu : le projet
représentait-il la meilleure solution au problème
identifié ?
La question de la pertinence peut, en effet, être
posée aussi par rapport à un stade ultérieur du projet en
cours : le projet représente-t-il la meilleure solution au
problème auquel l'action entend répondre ? Cette question
permet de reconnaître que le contexte du projet est en évolution
et que ce dernier n'est pas le seul facteur de changement dans l'environnement
et dans la vie des populations concernées.
Le cadre logique est un outil, qui vise à
améliorer la conception des actions, le plus souvent au niveau des
projets. Cela suppose d'identifier les éléments
stratégiques tels que les objectifs généraux et
spécifiques, les résultats, les activités, les ressources,
les extrants, et de déterminer les liens de causalité entre les
divers éléments de la chaîne des évènements
devant conduire à l'obtention des résultats. Cette identification
est le creuset de la spécification des critères de
l'évaluation pour chaque niveau du cadre logique, mais aussi et surtout
l'élément essentiel de la création d'indicateurs à
même de mesurer l'atteinte des objectifs fixés par le projet.
L'approche du cadre logique est avant tout un instrument de
programmation participative, mais juste utile dans l'évaluation des
projets, en ce sens qu'elle permet d'examiner
régulièrement : les objectifs généraux, les
objectifs spécifiques, les résultats attendus et chacune des
actions. A ces différentes étapes du cadre logique, correspondent
des critères-clés de l'évaluation. Mieux, chaque
critère de l'évaluation correspond à un
élément clé précis du cadre logique.
2-
Les indicateurs : éléments clés de
l'évaluation
Les indicateurs sont essentiels dans le système
d'évaluation, parce qu'ils sont ce qu'on mesure et/ou évalue. Ils
permettent de renseigner pratiquement un critère et, de ce fait,
entretiennent une liaison étroite avec ces derniers. Les indicateurs
représentent le troisième élément du triptyque du
cadre logique : étapes-critères-indicateurs.
De manière générale, les projets
induisent trois catégories d'indicateurs : les indicateurs
ex-anté (indicateurs de contexte), in itenere et
finaux (indicateurs de moyens et d'activités) et ex-post
(indicateurs de performance).
Les indicateurs ex-anté sont
les indicateurs de contexte ou de situation. Ils reflètent les
contraintes générales de la coopération et fournissent des
éléments sur l'état des lieux avant le projet
(données épidémiologiques, taux de scolarisation, sources
d'eau par exemple) ;
Les indicateurs in itenere et finaux sont
les indicateurs de moyens (intrants ou ressources). Ces indicateurs informent
sur la disponibilité, l'affectation ou la consommation des ressources
humaines, organisationnelles et financières, et, mesurent la production
des services (exemple : le taux de dépenses, le nombre de
séminaires) ; ils reflètent les résultats
intermédiaires attribuables à l'action concernée au regard
des objectifs affichés (nombre de personnes formées) ;
Les indicateurs ex-post sont les
indicateurs de résultats finaux ou de performances. Ils sont
étroitement liés aux critères de
l'évaluation :
Les indicateurs d'efficacité mettent
en rapport ce qui est obtenu et ce qui était attendu, ils doivent
recevoir une valeur cible qui décline l'objectif recherché ;
ils peuvent être accompagnés d'indicateurs de qualité, de
processus ou de satisfaction.
Les indicateurs d'efficience permettent de
comparer les résultats aux coûts de référence
(exemple : coût par personne formée).
Les indicateurs d'impact estiment les effets
du projet, qu'ils soient globaux ou qu'ils concernent seulement ses
bénéficiaires.
La mesure d'un indicateur peut être directement
quantitative ou résulter d'un classement qualitatif ; elle peut
être une valeur absolue ou un ratio.
III- Le cas des puits
à pompe du PADC de Mebomo et de Bikogo
A- Les outils méthodologiques utilisés
L'efficacité d'un travail d'évaluation
relève des outils du cycle de projet utilisés pour concevoir
et mettre en oeuvre une évaluation. Dès la préparation du
projet, il faut éclairer les questions de pertinence et de
cohérence qui dépendent aussi de la clarté des objectifs
et de la stratégie du projet ou de l'institution, ou encore de
l'organisation évaluée. Le diagnostic d'une organisation
nécessite un minimum de traçabilité de son fonctionnement,
d'apprécier les effets du projet. Même comme s'indigne J. Olivier
de Sardan (1995 : 21), le document de projet est, bien souvent,
conçu sans objectif précis, « sans point de
départ ni point d'arrivée ». Nous avons
privilégié la viabilité/reproductibilité comme
critère d'évaluation.
1-
Le critère de viabilité/reproductibilité et les puits
à pompe du PADC
La viabilité/reproductibilité nous permet de
mesurer les changements survenus dans la vie des populations de Mebomo et de
Bikogo. Ces changements devraient être corrélés à
l'introduction des puits à pompe du PADC dans leur village. Car, comme
le rappelle à dessein Pascaline Laure Abossolo Mbang (2005)
« l'implantation des puits dans les villages garantit non
seulement une bonne santé aux paysans, mais leur laisse également
une ouverture au développement d'autres activités liées
à l'eau ». A l'aune de ces changements, nous allons aussi
mesurer le degré d'adhésion de ces populations aux puits à
pompe du PADC.
En outre, le critère de
viabilité/reproductibilité permet de se poser les questions
suivantes : les modalités prévues par les maîtres
d'oeuvre permettront-elles aux bénéficiaires de continuer
à maintenir les puits à pompe en cas de panne ? A quelles
conditions ? Le cadre institutionnel promu permettra-t-il de poursuivre
efficacement la gestion au quotidien des puits à pompe ? C'est fort
de ces préoccupations que Jean Marc Ela (1990 : 256-257) affirmait
qu' « on commence à comprendre qu'une
réappropriation des technologies est une condition de réussite
d'un projet de développement. Pour être performants, les outils de
pointe doivent avoir l'adhésion des populations qui, sans cela, n'ont
pas d'autres langages pour s'exprimer que la résistance passive ou le
sabotage ».
Ce choix d'outils méthodologiques se justifie aussi par
d'autres raisons.
2- La justification pratique du choix du
critère de viabilité/reproductibilité
Chaque évaluation a sa particularité. Car, sur
le terrain, l'évaluateur commence par se faire une image globale du
projet qu'il évaluera. Il recentre cette image en fonction des questions
posées au départ de l'évaluation et des difficultés
sur le terrain. Cette étape permet d'ajuster notre méthode en
fonction de la réalité du terrain. Il peut ensuite commencer
à la collecte des données. Les données que nous avons eu
à collecter proviennent à la fois des sources primaires et
secondaires. Avec les critères d'efficacité et d'efficience,
l'obligation est faite d'avoir accès aux prévisions de
début de projet afin de les mesurer aux réalisations. Les
écarts seront les résultats de l'évaluation. Or, avec la
viabilité/reproductibilité, le chercheur a l'obligation de
s'appuyer sur d'autres indicateurs. Ces indicateurs pouvant en même temps
être collectés au niveau des populations (présidents de
comité de développement villageois, présidents de
comité de gestion des puits à pompe, ménages), des
services sociaux (district de santé des villages), services
déconcentrés de l'Etat (délégation d'arrondissement
du MINADT, du MINADER) et de la Mairie.
Dans le processus de collecte de données et
d'information nous avons pu avoir la confirmation de ce choix. Car, si nous
avons pu avoir des entretiens avec les différents responsables du
projet, l'accès au document de projet n'a pas été possible
à leur niveau. Et ce n'est que par l'entremise d'un camarade que cela
s'est rendue possible. Dans le dit document, il n'est pas fait état du
nombre de puits à pompe à réaliser ou des frais y
relatifs. Le projet est juste développé dans sa globalité
et ses différentes composantes. Cette situation est venue
réconforter notre choix méthodologique. En privilégiant,
la viabilité/reproductibilité, nous avons la possibilité
de mesurer directement les effets ou l'impact du projet dans son milieu de mise
en oeuvre.
B- La contribution des puits
à pompe du PADC dans les conditions de vie des populations des villages
Mebomo et Bikogo
Les puits à pompe dans les villages Mebomo et Bikogo
ont des effets plus ou moins positifs sur le vécu des populations.
1- Les effets positifs des puits
à pompe du PADC sur les conditions de vie des populations des
villages
Les puits à pompe ont des
effets positifs dans les villages aussi bien sur la santé des
populations que sur leurs activités.
a- Amélioration de
l'état de santé des populations des villages :
réduction des maladies hydriques ou de la morbidité et
de la mortalité ?
L'eau dans les ménages des villages est
destinée à la boisson et aux travaux ménagers
(vaisselles). Le bain se fait généralement au marigot. De par ses
différents usages, l'eau est généralement source de
nombreuses maladies. Les maladies hydriques les plus récurrentes dans
les villages Mebomo et Bikogo sont les suivantes : la typhoïde, la
Diarrhée, l'helminthiase. Ces maladies sont dites hydriques, parce
qu'elles sont dues à l'usage ou à la consommation d'une eau de
mauvaise qualitée. Faute de centre de santé dans les villages de
notre étude, nous nous sommes référés aux
données disponibles au Centre de santé intégré de
Nkengué et à l'hôpital du district de santé
d'Elig-Mfomo16(*). Des
entretiens avec les chefs des deux villages, et ceux surtout avec Abena
Faustin, il ressort que certaines maladies hydriques qui terrassaient les
populations des villages, avant l'arrivée des puits à pompe, se
sont réduites. Et des entretiens avec les représentants des
ménages, la réduction des maladies hydriques fait
l'unanimité dans les quarante huit ménages enquêtés,
parmi les avantages qu'offrent les puits à pompe aux habitants du
village.
Cependant, en rapprochant les données chiffrées
sur la mortalité et la morbidité au centre de santé
intégré de Nkengue entre les années 2004 et 2008, soit
deux ans avant la réalisation et l'inauguration des puits à pompe
du PADC (2006), et deux ans après, on s'aperçoit qu'il n'y a pas
une nette amélioration sur l'état de santé des populations
de cette aire de santé17(*). Si les taux de mortalité et de
morbidité des plus de cinq ans ont considérablement
baissé, et fluctuent d'un mois à l'autre, ceux des moins de cinq
ans n'a pas connu une amélioration considérable. Tout au
contraire, on note une hausse pour certains mois (Mai, Juin, Août 2008)
par rapport aux données de 2004 durant ces mêmes mois. Comme
l'atteste le rapprochement de chiffres. Ceci peut s'expliquer par
l'adhésion partielle des populations aux puits à pompe du PADC.
Car, comme l'approuve une étude de l'UNICEF en 2006, les enfants payent
un lourd tribut du fait de la mauvaise qualité de l'eau. L'ingestion
d'eau polluée provoque la diarrhée, conduit à la
déshydratation, à des troubles de l'assimilation des aliments et
souvent à la mort. Les enfants séropositifs sont
particulièrement touchés. Leur système immunitaire
affaibli ne résiste pas aux attaques de diarrhée. Les maladies
parasitaires, les inflammations de la peau et des yeux sont autant d'obstacles
dans la vie de ces enfants.
Tableau 3 : La comparaison entre 2004/2008 de la
mortalité et de la morbidité au centre de santé
intégré de Nkengue
Source : Statistiques de l'hôpital
de district d'Elig-Mfomo, 2009.
En plus, en 2009, les maladies hydriques constituent, dans ce
centre, la majorité des dix premières causes de
consultations18(*).
Cependant, le mode de prévention et de traitement
reste traditionnel. Le chef du village Bikogo, Valentin Ngono19(*), nous a confié que les
populations faisaient d'abord recours aux traitements traditionnels pour
combattre les maladies hydriques, qui existaient encore dans le village et
lorsque le mal perdure, elles s'adressent ensuite au centre de santé
intégré de Nkengué et enfin, à l'hôpital du
district de santé d'Elig Mfomo. Les préventions pratiques
(javellisation, ébullition) ne sont pas utilisées par les
populations. Les populations des villages Mebomo et Bikogo, du fait de la
grande paupérisation, préfèrent donc
l'automédication. Le traitement se fait dans les différents
ménages grâce à une plante. Nous remarquons d'ailleurs que
cette dernière est présente devant toutes les maisons des deux
villages de l'étude. Où elle sert d'abord d'ornement et en cas de
malaise gastrique, elle devient une excellente tisane. Cette plante,
dont le nom scientifique est le Croton, s'utilise soit par
infusion ; soit par consommation directe après être
lavée. Son utilisation remonte à plusieurs décennies comme
le confirme le chef de Mebomo Alain Jules Avodo Ayissi. Dans
les villages, il n'existe pas de pharmacies modernes et les populations en cas
de besoin font recours aux pharmacies disponibles dans les centres de
santé, qui sont approvisionnés en médicaments de
façon périodique.
Tableau 4 : Les dix principales causes de consultation
au centre de santé intégré de Nkengué
N°
|
Pathologies
|
Nombre de cas
0-5 ans
|
Nombre de cas
5-15 ans
|
Nombre de cas
15-45 ans
|
Nombre de cas
> 45 ans
|
Femmes enceintes
|
Nombre total
|
1
|
Paludisme
|
60
|
27
|
82
|
25
|
8
|
194
|
2
|
Maladies de la peau
|
8
|
15
|
64
|
10
|
0
|
97
|
3
|
Broncho-pneumonie
|
36
|
8
|
16
|
6
|
0
|
66
|
4
|
IST
|
3
|
1
|
35
|
5
|
5
|
49
|
5
|
Diarrhée
|
26
|
1
|
10
|
5
|
1
|
43
|
6
|
Helminthiase
|
12
|
3
|
11
|
4
|
1
|
31
|
7
|
Traumatisme
|
2
|
3
|
15
|
10
|
0
|
30
|
8
|
Affection de la cavité buccale
|
1
|
1
|
20
|
3
|
1
|
26
|
9
|
Anémie
|
16
|
0
|
0
|
0
|
1
|
17
|
10
|
Gastrite
|
0
|
0
|
2
|
2
|
6
|
10
|
Source : Statistiques hôpital de
district d'Elig-Mfomo, septembre 2009.
b- Puits à pompe du PADC, facteurs
d'allègement des charges féminines
Avant les puits à pompe, les femmes parcourraient de
longues distances en quête d'une eau potable. Ceci constituait une
dépense d'énergie physique et une perte de temps pour les femmes
occupées à d'autres travaux ménagers ou champêtres.
Aider en cela par les enfants qu'elles accompagnent dans leur processus de
socialisation20(*). Ces
enfants, en plus, des occupations scolaires et péri-scolaires,
constituent de véritables « lieutenants »
pour leur maman. « Les sources d'eau potable situées loin
des habitations constituent un terrible fardeau pour les femmes et les autres
usagers » reconnait John Pickford (1986 :
14).
Jean Marc Ela (1994 : 246-247), quant à lui,
considère que
« dans les sociétés où la
surcharge de travail des femmes conduit à un vieillissement
précoce, on entrevoit les transformations que des technologies
intermédiaires introduisent dans une multiplicité
d'activités qui constituent une sorte de travail invisible où,
depuis le ramassage du bois, les corvées d'eau, les travaux de cuisine
... la roue pourrait libérer des millions de
paysannes ».
Les puits à pompe du PADC allègent
considérablement les corvées des femmes et des enfants, et
constituent un véritable gain en temps, compte tenu de la distance et de
la multiplication d'autres points d'eau. Car, note l'UNICEF dans une
étude en 2006, au lieu d'être en classe et d'étudier, les
filles et les garçons passent, avec leurs mères, quatre à
huit heures par jour sous une chaleur écrasante, pour rapporter de l'eau
à la maison depuis un point d`eau éloigné.
Un autre avantage, et non des moindres, est que le puits
à pompe du PADC, en se mettant en place dans des hameaux qui n'avaient
pas de puits à pompe, a permis de stabiliser les populations autour de
leur propre point d'eau et leur situation en bordure de route donne l'occasion
même aux passants de s'abreuver en toute quiétude.
c- Des activités et des
responsabilités nouvelles dans les villages : le gestionnaire des
puits à pompe
Après la mise sur pied du puits à pompe du
PADC, le comité de développement du village s'est réuni
autour du chef du village pour élire les membres du comité de
gestion du puits à pompe21(*) nouvellement crée dans le village. Les
différents postes à pouvoir étaient ceux de
président, de secrétaire général et de
trésorier. Toutefois, comme le relève Jean Luc Camilleri,
(1993 : 20), « ce sont les paysans les plus jeunes et les
plus actifs qui entrent dans le bureau (ou comité de gestion) où
ils prennent le leadership à la place des vieux ». Le
comité de gestion ainsi formé n'a pas reçu de formation en
management et devait se contenter du terrain pour aiguiser ses armes. En plus,
le nouveau travail ne prévoit pas de compensations financières
et, de ce fait, relève du bénévolat. Cette situation a par
ailleurs concouru à la démotivation de certains membres du
comité de gestion. De trois membres, on a fini par se trouver ou
à centrer les postes en un seul, celui de président. A Bikogo,
c'est le secrétaire qui est trésorier et président en
même temps.
Mensuellement, il doit faire du porte à porte pour
collecter les sommes auprès des ménages et doit convaincre les
responsables qui refusent de payer. Au quotidien, il doit être
débout très tôt pour ouvrir les pompes et parfois
être présent pour règlementer l'usage des puits à
pompe. En cas d'absence, les tâches sont déléguées
à un proche ou à un enfant mature de la maison.
Le gestionnaire du puits à pompe procède aussi
à la sensibilisation des ménages ou des associations pour
participer aux entretiens (nettoyage, désherbage des alentours du puits
à pompe). La périodicité de cet entretien varie en
fonction du moment de l'année (saison de pluie ou sèche). Et
lorsque des pannes surviennent, c'est le gestionnaire qui, après
constat, va, avec le président du comité de développement
villageois, à la recherche de la main d'oeuvre experte pour y
remédier. En premier recours, ils se tournent d'abord vers les
responsables du PADC, cellule de coordination du centre. Après, ils vont
rencontrer le maître d'oeuvre des travaux d'exécution des puits
à pompe. La tâche n'est pas facile, mais comme l'argue Agrius
Midzomo22(*),
« la gestion du puits à pompe du PADC
m'aide à mieux gérer les humeurs et mieux organiser mes
frères du village, une responsabilité nouvelle au sein du
village. Et en cas de non disponibilité, mon fils ou ma femme s'en
occupe. Ce n'est pas facile à faire sans formation initiale mais c'est
maintenant que le puits à pompe est en panne que les populations
reconnaissent ma valeur.»
Les avantages technologiques qu'offrent le puits à
pompe aux populations locales sont ainsi perceptibles mais quelles en sont ses
limites ?
2- Le problème de la
viabilité des puits à pompe du PADC aux villages
Notons d'entré de jeux que les puits à
pompe du PADC ne sont pas d'une technologie sophistiquée, mais, le
constat qui se dégage de nos enquêtes de terrain est que la
maintenance des puits à pompe du PADC n'est pas assurée par les
populations des villages. Une des conséquences directes est que des
puits sont en panne et les populations, qui en dépendent, sont
obligées de se tourner vers les responsables du PADC, qui sont
basés à Yaoundé pour la coordination de la région
du centre. C'est le cas du puits à pompe du PADC de Bikogo, qui est en
panne depuis le mois d'Avril 2009, obligeant les populations à recourir
aux moyens traditionnels d'approvisionnement en eau (sources naturelles,
marigots, puits traditionnels, gouttières des toitures)23(*). Des entretiens avec
Benoît Ayissi Tsala24(*), il ressort aussi que la maîtrise
technologique par les populations utilisatrices n'est pas effective, le puits
actuel est en panne25(*) ; et pour y remédier, le recours a
d'abord été fait à la coordination du PADC pour avoir
l'expertise avérée. Un devis a été fait, à
hauteur de 210 000 F cfa, soit 180 000 F cfa pour les
pièces26(*) et 30 000 F cfa pour la main d'oeuvre. Or,
maintenant les caisses sont vides27(*) et les populations sont sans eau potable.
Photo 1 : Puits à pompe du PADC de Bikogo et
celui de Mebomo (en panne) (fonctionnel)
251658752
Source : Données d'enquête de
terrain, 2009
Il faut remonter à l'implantation des technologies
dans les deux villages, pour avoir des tentatives d'explication de cette
situation, où la maintenance n'est pas assurée par les
populations utilisatrices. Des entretiens avec Benoît Ayissi Tsala et
d'autres personnalités des villages (chefs de villages,
présidents de comité de développement), les populations
ont contribué en matériaux (bois, sable, gravier), qui
étaient évalués en espèces à hauteur de 10%,
comme voulu par le PADC. Les contributions ont été aussi faite en
main d'oeuvre. Sur ce dernier point, elles étaient impliquées
dans les tâches secondaires (creuser, casser les roches, ramasser du
bois, du sable), la maîtrise technologique n'était pas l'apanage
des populations locales. Ce mode de participation, dite déterministe,
conçoit le développement comme un processus linéaire
pouvant s'enclencher par l'introduction mécanique de certains facteurs
dans l'espace du développé. Il n'implique pas réellement
les populations bénéficiaires aux principales phases des projets.
Si oui, les intervenants associent les populations à la phase de mise en
oeuvre comme tâcherons. Evacuées totalement ou partiellement de la
phase d'élaboration, soit parce que le projet a été
imposé ou parce qu'il a été suggéré de
façon technocratique, les populations ne sont pas formées
à la gestion et à la maintenance. D'où leur
passivité et leur comportement de refus de prendre leur
responsabilité vis-à-vis du projet, s'indigne Yao Assogba
(1989 : 152). F. Conac (1985 : 102) constate que l'absence de la
maîtrise de la décision engendre chez les paysans l'idée
que le projet n'est pas le leur, mais celui de l'Etat. Ce qui justifie que les
populations gaspillent l'eau, refusent de contribuer mensuellement, sabotent
l'ouvrage, négligent l'entretien des équipements. Car, elles
attendent que ce soit l'Etat qui l'assure. Ces problèmes qui affectent
la viabilité/reproductibilité expliquent en partie la
problématique de l'adhésion partielle des populations aux puits
à pompe du PADC de Mebomo et Bikogo. Toutefois, des facteurs profonds
peuvent aussi justifier cette adhésion partielle.
CHAPITRE III :
LES FACTEURS PROFONDS DE
L'ADHESION PARTIELLE DES POPULATIONS AUX PUITS A POMPE DU PADC DE MEBOMO ET DE
BIKOGO
A travers ce chapitre, nous voulons nous appesantir sur
l'existence des facteurs exogènes aux bénéficiaires et des
facteurs propres aux populations, qui pourraient être à la base de
l'adhésion partielle des populations aux puits à pompe du
PADC.
I- Les facteurs exogènes d'adhésion partielle
des populations aux puits à pompe du PADC
A- L'action des élites
1- Clarification notionnelle et typologie des élites
Le concept d'élite,
selon William Genieys (2006 : 121), est d'emploi courant
dans la littérature sociologique, mais il n'est pas assuré que
les auteurs qui l'utilisent s'accordent sur une définition unique. Il
importe de ce fait, de préciser au préalable sous quel angle il
sera abordé dans cette étude.
La notion d'élite a été initialement
conceptualisée par Vilfredo Pareto (1919 : 1293-1305). Pour cet
auteur, l'aspect principal du terme élite est celui de
supériorité. En un sens large, il entend par élite d'une
société, les gens qui ont un degré remarquable des
qualités d'intelligence, de caractère, d'adresse, de
capacité de tout genre. Pour Raymond Aron
(1971 : 124-151), l'élite renvoie à
l'« ensemble de ceux qui, dans les diverses activités, se
sont élevés en haut de la hiérarchie et occupent des
positions privilégiées que consacre l'importance soit des revenus
soit du prestige ». Dans la même veine, William Genieys
(2006 : 121-147) considère que l'élite désigne
« une minorité qui dispose à un moment donné
dans une société déterminée d'un prestige
découlant de qualités naturelles valorisées socialement ou
de qualités acquises ». Pour ces différents auteurs, la
notion d'élite renvoie à une position de pouvoir, d'une force de
pression, d'une autorité définie sur une catégorie de
personnes. On note que pour ces auteurs, la richesse, à cause du pouvoir
qu'elle confère, joue un rôle important dans le prestige et dans
l'autorité dont jouit l'élite. C'est ce qui explique le fait de
considérer les élites comme formant une classe. Une telle vision
concoure à cacher la diversification d'élites, leurs fonctions
différentes et pareilles pour leurs actions, soutient Guy Rocher
(1968 : 79-94). Paul Nuembissi Kom (2007), fait une différenciation
entre élite urbaine et rurale. Pour lui, la notion d'élites
urbaines permet de discriminer entre les élites du terroir (celles qui
vivent en zone rurale) et les élites extérieures (celles qui
vivent de manière permanente en ville).
Dans cette étude, la définition de Guy Rocher
(1992 : 495) sied mieux. Selon lui, l'élite renvoie aux personnes
ou groupes de personnes qui par suite du pouvoir qu'ils détiennent ou de
l'influence qu'ils exercent contribuent à l'action historique d'une
collectivité, soit par des décisions qu'ils prennent, par les
idées, les sentiments ou les émotions qu'ils symbolisent. En
d'autres termes, pour nous, seront considérées comme
élites, les personnes détenant soit du pouvoir ; soit de
l'influence, et qui contribuent effectivement aux activités sociales,
économiques et politiques des différents villages.
Nous devons admettre, de prime abord, que l'on a
très souvent affaire à de « petites
élites » où tout le monde ou presque, citadins
originaires des villages peuvent s'y trouver28(*). Cela n'empêche pas que les mécanismes
qui ont prévalu ou qui prévalent dans les hautes sphères
soient perceptibles, c'est l'échange : un univers où dons et
contre dons, accumulation et redistribution constituent la colonne
vertébrale de légitimation du pouvoir précise Jean-Pascal
Daloz (1999 : 18).
Toutefois, il importe de noter les différents types
d'élites. On distingue de façon générale : Les
élites d'experts, les élites idéologiques et les
élites symboliques selon Guy Rocher (1968 : 79-94).
Les élites d'experts sont constituées de
différents spécialistes de domaines divers, dont les
compétences et les aptitudes sont mises au service de la population
toute entière ou d'un groupe d'individus. Cette catégorie
d'élites est généralement issue des corps universitaires.
Parallèlement, comme le corrobore Jean François Bayart
(1989 : 193-196), les associations d'étudiants et religieuses
concourent plus ou moins à travers les opinions, les attitudes, les
mentalités et les valeurs différentes, à la formation
d'une classe dominante.
A ce stade, pour ce qui est des villages Mebomo et Bikogo, ce
sont des fonctionnaires de la république qui, à travers leur
comportement bienveillant envers leur village, expriment leur attachement au
village natal. Qu'ils soient de nouveaux citadins ou d'anciens, ils font partie
du groupe d'originaires de tel ou tel village, et en tant que tels, note
Séverin Cécile Abega (1999 : 174-175), ils tiennent tous
à leur exprimer leur attachement, surtout, avec l'incapacité de
l'Etat à remplacer les familles dans les rôles d'assistance
sociale et d'encadrement social. Ils agissent de façon individuelle de
par leur position, c'est ainsi que Lucien Motsala Lebele29(*), président du
comité de développement de Bikogo, nous a laissé entendre
au cours d'un entretien que : « nous avons
bénéficié dans le choix de Bikogo, qui avait un
comité de développement villageois de Bikogo (CODEVIBI), du coup
de pousse d'un fils du village qui travaillait au PADC ». Dans
la même veine, Guillaume Atangana Messomo30(*) affirme que « mon cousin qui est cadre
au PADC nous a demandé de former des GIC pour bénéficier
du projet ». C'est surement, ce que soulignait Séverin
Cécile Abega, pour qui, les élites jouent de leur influence
auprès des autorités administratives ou des organismes d'aide
(Ong, donateurs), pour la réalisation des infrastructures sociales dans
leur village d'origine et parfois amener les villageois à se mettre en
groupe. Sur ce dernier point, très souvent, ils agissent collectivement
par le biais des associations d'élites ou de comité de
développement. Le comité de développement de
Bikogo (CODEBI) a été crée par des élites du
village, ce en opposition au CODEVIBI qui, pour eux, avait montré ses
limites. Le président d'honneur de ce comité est Awono
Ateba31(*).
Une autre catégorie d'élites, est
l'élite idéologique. Dans cette catégorie est
regroupée les politiciens, les hommes d'affaires.
Les pratiques politiques semblent plus fournies à
l'unification des élites et à la fabrication d'une classe
dominante. Les partis politiques sont devenus de vrais microcosmes
d'intégration horizontale des élites selon François Bayart
(1989 : 208). Le fonctionnement des partis politiques permet d'aboutir
moins à la circulation qu'à une fusion des élites. Ceci
favorise, comme l'atteste à juste titre Ebénézer
Njoh-Mouelle (2001 : 50-71), la perception du corps des élus,
assemblées parlementaires ou organes des partis politiques, comme
représentation de l'ordre de la domination.
Le monde des affaires, constitue aussi un lieu de fusion de
l'élite. Dans le monde des affaires et des flux privés, la
reproduction des « alliances multifonctionnelles »
regroupent en son sein des opérateurs économiques, des hommes
d'affaires de tout ordre et des réunions de
« tontines » des ressortissants de telle ou telle
autre partie du pays.
Le troisième type d'élites est l'élite
symbolique ; ce type appartient à la civilisation de masse. Il
s'agit des personnes ou groupe de personnes, qui en viennent à
représenter symboliquement une manière d'être ou de vivre,
dont les membres représentent certaines valeurs pour un segment de la
population. Ce sont des artistes, des chanteurs populaires qui
véhiculent des messages plus personnels, plus directs et parfois
teintés d'idéologie.
A Bikogo, selon Grégoire Mama Okala32(*), secrétaire du chef de
ce village lors des évènements heureux ou malheureux (maladies,
décès, funérailles), les élites du village sont
sollicitées et elles apportent leurs contributions aux familles
nécessiteuses. D'autre part, lorsqu'une nouvelle autorité est
nommée dans l'arrondissement, les élites du village viennent,
à travers des présents, marquer de leur empreinte l'appartenance
au village. De même, l'octroi de matériels didactiques lors des
rentrées scolaires et d'autres investissements ; les
cérémonies organisées par les élites (deuils,
funérailles, nominations ou promotion) sont des moments de grandes
fêtes où tout le monde est convié, nous affirme-t-il. Les
fêtes diverses et les funérailles, surtout la mise en scène
de la mort, relève si bien François Bayart (1989 : 201), est
devenue le moment privilégié où peut se voir le processus
de fusion des groupes dominants.
2- L'influence des élites sur la gestion des puits
à pompe du PADC de Mebomo et de Bikogo
Pour des motivations personnelles33(*) ou civiques34(*) ou encore
économiques35(*)
explique Kengne Fodouop (2003 : 133-166.), les élites se tournent
de plus en plus vers les villages. Séverin Cécile Abega (1999)
regroupe ces motivations en deux : le lien affectif et la
nécessité de garder sa place dans sa communauté de
départ. Cette place, si elle n'est pas négociée, voire
acheter en permanence, se perd ou devient floue. Ainsi, les villages Mebomo et
Bikogo ont, dans le passé, bénéficié des largesses
de leurs élites. Nombre de projets ou d'ouvrages ont été
réalisés dans ces villages dans le passé sans que le
paysan, qui y vit, ne sache ou n'ait été consulté. En
effet, toutes les dépenses et les charges y afférentes ont
été supportées par l'élite promotrice dudit projet
et aucun paysan n'a eu à débourser le moindre frais. Modeste
Mbonde Nock36(*), nous
confiait lors d'un entretien que, du fait des élites, beaucoup de
projets sont réalisés dans ces villages sans que les populations
n'aient été consultées ou ne sachent qui l'a fait.
D'ailleurs, certains projets d'hydraulique villageoise y ont été
réalisés sans que les populations aient eu vent du maître
d'ouvrage du projet. Selon Ndoki Ousseini37(*), la politique nationale d'approvisionnement en eau
potable en milieu rural est définie par le MINEE et est mise en oeuvre
par diverses administrations sectorielles (MINADER, MINSANTE, FEICOM, PNDP,
PADC). Or, les populations se contentent parfois du discours d'une élite
du village qui a supporté leur contribution sans leur consentement. Et
à qui on attribue la paternité de l'ouvrage. Cette situation qui
prévaut et qui a prévalue dans ces villages va affecter les puits
à pompe du PADC. Des entretiens avec Faustin Abena38(*), président du
comité de santé intégré de Nkengué et
résidant au village Mebomo, il ressort qu' « avant le
puits à pompe du PADC, le puits qui se trouve dans notre hameau
(Mebomo marché), datant de 1998, a été
réalisé par l'ONG BOSSAPAL sous la sollicitude d'une élite
du village qui était cadre au ministère de la
santé ». C'est ce dernier qui était
l'intermédiaire de cette élite au village. C'est pourquoi il
ajoute que « ma famille a entretenu39(*) pendant plus de trois mois
l'équipe technique de l'Ong BOSSAPAL ».
Dans le village Bikogo également, on a pu observer
trois autres puits40(*)
qui existaient avant celui du PADC. Soit deux qui ont été
réalisés par l'élite Atangana Kouna41(*) et le troisième, par
l'Abbé Emile Nkoa42(*) dans l'hameau Minkamga.
Ces puits à pompe, réalisés, dans ces
villages, par des élites (quatre sur cinq) ont contribué à
semer la confusion dans l'esprit des populations du village, qui continuent
à croire que le puits à pompe du PADC n'est qu'une fois de plus
l'émanation d'une autre élite du village. Cette attitude est de
plus en plus réconfortée par le fait que ces puits à pompe
du PADC sont, dans un cas comme dans l'autre, sujet à
« accaparement » de la part des élites qui
trouveraient en cette intervention, une réduction de la distance avec
leurs frères restés au village.
En effet, bien de projets de développement sont
très souvent sujet à « une
appropriation », autre que le souhaiteraient leurs maîtres
d'ouvrage. En ce sens que des groupes bien avisés dans les populations
cibles l'utilisent pour accroître leur domination ou leur
privilège. Les puits à pompe des villages Mebomo et Bikogo
n'échappent pas à ce schéma. Il nous a été
révélé lors des entretiens avec Lucien Motsala
Lebelé, qu'après les réalisations des puits à pompe
et d'autres composantes du PADC (une école primaire avec latrines
améliorées, des étangs piscicoles, des porcheries, des
poulaillers) dans le village Bikogo, les élites du village, qui au
départ, avaient coopté le village, se sont soulevés et ont
crée leur propre association, notamment le comité de
développement de Bikogo (CODEBI). Cette association a été
créée en opposition au comité de développement
villageois de Bikogo (CODEVIBI), qui existe depuis les ateliers de
planification villageoise43(*), qui ont duré presque une semaine avant le
démarrage du PADC au village. Des ménages ont versé des
contributions mensuelles, non plus au comité de gestion du puits
à pompe du PADC, mais plutôt au CODEBI. Or, cette association va
vite faire de tomber dans les erreurs de gestion dont a fait montre le
CODEVIBI. La plus significative est le manque de transparence dans la gestion
des sommes collectées. Pour preuve, les populations depuis sa
création, n'ont pas reçu un état des sommes
collectées par le CODEBI. Cette « règle de
l'accaparement », selon l'expression chère à
Olivier de Sardan (1995 : 137), fait que les mieux lotis ou les plus
influents des paysans destinataires utilisent la mise en place d'un projet pour
agrandir leur notoriété ou augmenter leur audience politique ou
leur réseau de clientèle, accumuler des capitaux, des revenus,
des ressources ou des prestiges.
Cette lutte d'intérêts entre les élites
et les responsables du comité de développement des villages se
fait au détriment des populations utilisatrices. Ceci est de nature
à pousser les populations utilisatrices à se détourner des
puits à pompe. Cette influence directe des élites sur
l'adhésion des populations aux puits à pompe se vérifie
beaucoup plus à Bikogo qu'à Mebomo. D'autres facteurs externes
liés la maintenance des puits à pompe pourraient aussi être
à la base de l'adhésion partielle des populations à ces
derniers.
B-
Les facteurs inhérents à l'innovation technologique des
projets
Cette sous-section s'engage à mettre en exergue le
poids de l'innovation technologique dans l'adhésion des populations au
puits à pompe.
1- L'innovation technologique des projets :
définition et typologie d'approche
a- La définition du concept
d'innovation
Le terme innovation est utilisé dans des contextes
différents. Toutefois, l'adoption du caractère d'innovation
à ce qui est nouveau pour un individu ou un groupe selon Roland Treillon
(1992 : 69-70), sera réitérée dans la présente
sous-section. De ce fait, l'innovation est une idée, une pratique ou un
objet considéré comme nouveau par un individu ou un groupe. Il
importe peu que cette appréciation de nouveauté soit objective ou
non, mesurée en termes de délai par rapport à une
découverte ou un premier usage. C'est la nouveauté telle qu'elle
est perçue par un individu ou un groupe qui détermine son
comportement.
Ainsi, si l'idée semble nouvelle pour l'individu ou le
groupe c'est l'innovation, confirme Rogers Shoemaker (1971 : 19).
b- Les différentes approches de
l'innovation44(*)
Il importe de relever quelques approches de l'innovation qui
prévalent et qui nous accompagneront dans la perception de celui des
puits à pompe du PADC de Mebomo et de Bikogo.
i- L'innovation comme processus de
diffusion
L'innovation comme processus de diffusion a connu deux
courants de pensée : d'abord considérée comme
classique, la diffusion sera par la suite vue sous l'angle de
l'acculturation.
Le point de vue classique s'est en grande partie appesanti
sur le recueil de données empiriques et s'est focalisé sur la
diffusion d'innovation ou de paquet d'innovation chez les peuples
d'Amériques du nord. Cependant, il se limite à une échelle
régionale et non continentale ou planétaire.
A partir du point de vue des anthropologues de
l'acculturation, l'accent est mis sur le phénomène de
compatibilité inhérente au processus de diffusion entre deux
cultures qui entrent en contact. Ainsi, on peut distinguer deux grands
registres de compatibilité expliquant l'adoption ou le rejet d'un
« trait culturel » ou d'une
« innovation » :
On peut distinguer la compatibilité de signification
(meningfull fit), d'une part c'est-à-dire la
compatibilité de signification symbolique d'une innovation par les
acteurs locaux et leur système de valeur.
Et d'autre part la compatibilité fonctionnelle
(fonctional fit), c'est-à-dire la compatibilité entre
les effets de l'innovation et le système social et technique qui
l'adopte précisent E. Kart, M. Levin et H. Hamilton (1971 :
250).
Il est à noter également le point de vue du
paradigme sociologique les « diffusions
studies », Mendras et Forsé (1983 : 75-80) parlent
d'un « paradigme épidémiologique » pour
signifier que l'innovation se diffuse comme une maladie et peut être
étudiée comme les épidémiologues étudient la
diffusion d'une maladie.
ii- L'innovation comme indexées
socialement
Le postulat, qui sous-tend cette approche, est que toute
innovation arrive dans un système social structuré et non dans
une collection d'individus atomisés mus par le besoin ou agis par
l'intérêt. Ainsi pour mieux cerner les phénomènes
d'acceptation/refus d'une innovation, il faudrait la situer dans son contexte
social. Ceci explique une nécessaire analyse de la société
locale avec ses conflits politiques, économiques et symboliques qui
influent sur l'innovation. De ce point de vue, deux conséquences
majeures en découlent :
- toute proposition ou diffusion d'innovation transite par les
porteurs sociaux, qui occupent une place de choix dans la structure sociale
locale ;
- toute innovation adoptée produit des effets, au
moins, indirects et en général, différés sur la
structure sociale locale. Il importe de ce fait de tenir compte des
conséquences de ses innovations sur les populations locales.
L'innovation comme indexée socialement permet de se
rendre à l'évidence que les sociétés ne sont pas un
ensemble homogène comme l'on pourrait l'imaginer.
iii- L'innovation comme expérimentation
populaire
L'innovation comme expérimentation populaire
s'attache aux multiples micro-innovations mises en oeuvre par les paysans, des
innovations peu visibles car diluées dans les actes quotidiens des
individus et très tôt qualifiées de primitif ou
d'irrationnel.
L'initiative de l'innovation émane des paysans qui, de
façon informelle, se passent des idées développées
par le monde scientifique. Le populisme peut, de ce fait, être
subdivisé en deux formes :
- d'une part, le populisme méthodologique qui soutient
que les paysans sont dotés de ressources cognitives et pragmatiques
capables d'être utilisées comme « savoir
populaire » pour un changement social.
- d'autre part, le populisme idéologique propose une
vision enchantée des ressources des paysans, c'est-à-dire en
surestimant les capacités d'innovation des acteurs « d'en
bas ». « Il arrive que les paysans
illettrés parviennent à une profondeur d'analyse de leur
situation dont ne sont toujours capables les intellectuels de
bureau » comme le fait remarquer J. M. Ela (1982 : 154).
Ces théories abordent dans l'ensemble l'origine et la
mise en oeuvre d'une innovation. Il importe pour nous de s'attarder sur les
effets de l'innovation technologique des puits à pompe de Mebomo et de
Bikogo.
2- L'innovation technologique du projet des puits à
pompe, entre amélioration des conditions de vie et/ou source de
problèmes ?
Les puits à pompe du PADC dans les villages Mebomo et
Bikogo ont permis d'avoir des améliorations sur le vécu des
populations. Toutefois, des points d'ombre demeurent.
Selon J. M. Ela (1992 : 96), le
développement inégal des technologies, qui caractérise
notre époque, fait que sur le plan des relations économiques
internationales, il existe un quasi monopole des 98% de toutes les
dépenses de recherche-développement sont faites, dans les pays du
Nord, notamment aux Etats-Unis, en Grande Bretagne, en Allemagne, en France et
seulement 2% sont faites dans les pays en voie de développement. La
conséquence de ce monopole est que l'acquisition de technologies et la
maîtrise de ses processus reste pour les pays
sous-développés fortement tributaires de quelques pays
développés. Il n'est pas question ici de discréditer la
technologie des projets de développement, mais en prenant appui sur le
puits à pompe du PADC, il faut relever des aspects non moins
négligeables qui pourraient motiver l'adhésion partielle des
populations aux puits à pompe du PADC.
Des entretiens avec Jean Blaise Bama
Yangona45(*), il ressort
que le sous-comité de gestion est formé en gestion des
infrastructures et des conflits. Et après la réception du projet,
six mois sont donnés au prestataire (maître d'oeuvre) pour pouvoir
suivre le sous-comité chargé de gérer les infrastructures.
Ce n'est qu'après ce délai que les populations sont
lâchées définitivement. Car, « on estime
qu'elles ont reçu tous les outils nécessaires à la
pérennisation » soutient-il.
On constate, non seulement que ce délai est
très court, car, des pannes surviennent bien des années
après ; mais, en plus les populations n'ont pas reçu de
formations ni en maintenance ni en gestion des nouvelles innovations (puits
à pompe) dans leurs villages. Ou du moins, les populations ne savent pas
maintenir ces ouvrages et sont obligées de faire recours au maître
d'oeuvre en cas de panne46(*) et par ricochet, de recourir à des moyens
traditionnels d'approvisionnement en eau en cas de besoin en eau.
Il importe de s'interroger à la suite de Jean Marc
Ela (1994 : 247), sur quels jeux et enjeux politiques dissimulent
le discours sur le transfert technologique ? Puisque selon lui, les
technologies ne sont pas neutres et leur mécanisme de mise en oeuvre
n'est pas ce que souhaite les populations cibles. De ce fait, les technologies,
qui s'implantent avec les projets de développement imposés
d'autorité, sont porteuses d'un projet hégémonique qui
entre en conflit avec les intérêts des groupes locaux. Loin de la
période du scientisme, avec le temps et les échecs qu'ont connu
des projets importés « clé en
main ». Des moments de réflexion ont été
faits sur des immenses projets qui demandent de moyens et, finalement
deviennent de « monstres
blancs », « des cathédrales en plein
désert ».
II- Les facteurs
endogènes aux populations utilisatrices des puits à pompe du
PADC
A- Le dilemme
culture/mentalité des bénéficiaires des projets et la
nécessité d'accès au développement
En s'appuyant sur des attitudes jugées
régressives, paradoxales, considérées comme inacceptable
sous d'autres cieux, qui se répètent à tous les niveaux de
l'échelle sociale en Afrique, Axelle Kabou (1991 : 12-13)
s'interroge sur le refus du développement par l'Afrique.
1- L'idée de
culture/mentalité africaine dans le changement social
Le psychologue Malanda Dem (1977 : 5-43) s'appuie sur le
comportement de l'homme africain au quotidien, ses rapports avec ses semblables
et surtout ses rapports avec son environnement immatériel, pour
décrire les traits caractéristiques de la mentalité
africaine.
Pour lui, l'un des aspects de cette mentalité, est la
répugnance de l'effort intellectuel et l'abstraction. Cette attitude se
traduit par la démotivation à des constructions de grands
ensembles. A travers des exemples précis, il relève que l'espace
n'est pas structuré en un grand tout, pareil pour le temps.
Concernant ce dernier point, Daniel Etounga Manguelé
(1993 : 43), en s'interrogeant sur la culture africaine, arrive à
la conclusion selon laquelle, l'africain refuse de se laisser tyranniser par le
temps. La perte du temps est pour lui un objet peu intéressant tant
qu'il peut passer le présent avec quiétude. Car, tout est un
éternel recommencement. Cette vision du temps pour l'africain est
appuyée par Célestin Monga (2009 : 25).
Un autre aspect de cette mentalité africaine se
ramène à la sacralisation d'un passé invisible selon A.
Henry (1987 : 10-14). Cette sacralisation se traduit par la soumission
à l'autorité des aînés et des ancêtres.
L'acceptation passive se fait naturellement, et le béni-oui-oui des
sujets aux chefs empêche de penser argue Daniel Etounga Manguelé
(1993 : 23).
Le dernier aspect de cette mentalité, que
relève Malanda Dem, est relatif à la perception non-objective du
monde immatériel. La magie et la sorcellerie sont à la base de
toute action. La pensée mystique explique tous les
phénomènes qui se produisent dans la société ou
dans la vie des individus qui la composent. L'esprit magique fait des ravages
en Afrique et empêche toute tentative d'effort d'invention corrobore
d'ailleurs Chindji Kouleu (1982 : 52). Pour Daniel Etounga
Manguélé (1993 : 66), l'initiative et le dynamisme des
jeunes sont freinés par les menaces des sorciers, certains sont
obligés de fuir le village natal pour la ville.
Au regard de ces faits, A. Kabou (1991 : 26-28) soutient
que l'Afrique ne se meurt pas mais se suicide dans une ivresse culturelle, elle
stagne parce qu'elle rejette, de toutes ses forces, le développement. On
est tenté au vue de cette prise de position de se demander ce qu'est la
culture ?
La culture, selon B. Malinowski (1994), est une base
biologique. Elle est la forme d'organisation que chaque société
invente pour satisfaire ses besoins élémentaires. La culture est
de ce fait un processus dynamique qui transforme la nature et le niveau des
besoins à satisfaire. Il estime aussi que les besoins culturels sont
évolutifs et qu'ils correspondent à trois domaines
différents de la réalité sociale :
- les impératifs instrumentaux, issues
d'activité des nature économique, normative, pédagogique
et politique ;
- les impératifs intégrants comme le savoir, la
religion et la magie ;
- les activités artistiques et
récréatives.
Au sens anglo-saxon, la culture est un tout, qui comprend les
formes d'organisations sociales, le sens de l'histoire et de la vie ou de la
mort, l'utilisation des techniques et la perception ou la conception de
l'environnement.
Pour François d'Adesky (1998)47(*), la culture est l'ensemble des
structures sociales et des manifestations artistiques, religieuses,
intellectuelles, qui définissent un groupe, une société
par rapport à une autre.
Pour lui, la culture, pour évoluer, a besoin du
développement, et le développement ne peut se faire en l'absence
de progrès culturel. Il ne faut donc pas opposer culture et
développement ; car, ces deux notions sont
interdépendantes.
2- Les croyances des paysans et
implantation des puits à pompe dans les villages
Le problème foncier occupe une place
importante dans les villages. Les différents propriétaires
d'endroits choisis pour abriter les puits à pompe, ont signé un
contrat de cession de leurs droits coutumiers sur leurs terrains. Mais, le
choix des sites devant abriter les puits à pompe de Mebomo comme de
Bikogo a fait l'objet de nombreuses controverses. L'outil technique
utilisé pour avoir accès à une nappe d'eau importante, n'a
pas permis d'avoir cette quantité à des endroits prévus au
départ.
A Bikogo, le premier lieu était le hameau de la
chefferie, et à Mebomo, c'était l'amont du hameau de la
chefferie. Après de nombreuses fouilles sans succès, à
Bikogo, c'est dans l'hameau Zébédé nord que cela a
été possible. Cet endroit a l'avantage d'être presque au
carrefour des trois hameaux (Bikogo-Chefferie, Zébédé Nord
et Zébédé Sud).
A Mebomo, le premier puits creusé ira à plus de
quarante mètres de profondeur sans possibilité d'avoir une grande
quantité d'eau. Après ces recherches en amont de l'hameau de la
chefferie, c'est finalement en aval de ce même hameau que l'eau se
trouvera être importante.
Cette exigence technique n'est pas perçue
rationnellement par les populations de cette partie du hameau chefferie. Pour
certains d'entre eux, la raison est toute simple : c'est à cause
des sorciers48(*) du
village que le premier point n'a pas pu fournir d'eau. C'est le cas de
Françoise Aliguena49(*) pour qui, les sorciers du village ne veulent pas
qu'ils bénéficient d'une eau proche des maisons d'habitation et
surtout de l'école primaire du village. Cette croyance en la sorcellerie
est une construction de l'imaginaire social, stimulée par la
pauvreté, la misère affective, le manque de confiance et la peur
selon Célestin Monga (2009 : 160). Cette construction sur l'action
des sorciers les oblige à continuer à faire recours aux sources
d'eau traditionnelle, en cas de besoin en eau. D'ailleurs à entendre
parler du puits à pompe du PADC, ces populations répondent que
cela ne leur est pas destinée, et par conséquent elles ne
contribuent pas mensuellement pour l'entretien de ces puits en cas de panne.
B- D'autres attitudes ou
responsabilités propres aux populations bénéficiaires des
puits à pompes du PADC
1- L'action des schèmes
traditionnels sur les puits à pompe des villages
Depuis la création des villages, il y a eu une
séparation entre les deux tribus qui peuplent les villages : les
Eton Beti et les Eton Beloua50(*). Eu égard à cette division,
l'occupation de l'espace des villages s'est faite en fonction de ces
préjugés tribaux. Les premiers, considérés comme
les « maîtres » octroyaient des terres aux
seconds, qui leur étaient assujettis. La place des puits dans les
parties du village, occupées par telle ou telle autre tribu, devient, de
ce fait, sujet de discorde. Pour les Engap, qui font partie des
Eton Beloua, ils ont été marginalisés. Cette
marginalisation a été accentuée par le puits à
pompe, qui se trouve dans un terrain appartenant aux Esselé. A
Mebomo, c'est le constat qui ressort des enquêtes de terrain, Baltazar
Mengue Ndongo51(*), nous
affirmait lors d'un entretien, que
« Les Esselé ont toujours eu à
décider à notre place. Même ma position de trésorier
du comité de gestion du puits à pompe n'a pas changé
grande chose. Les informations et les décisions sont toujours faites
sans nous. En cas de problème, le chef du village consulte le
président du comité de développement
villageois. Exemple palpable, le projet d'électrification
du PADC, en-cours de réalisation, se limite aux
autochtones».
Par voie de fait, en cas de besoin en eau, ils
préfèrent recourir à leur propre source d'eau naturelle.
En plus de ces raisons avancées, Gallus Otabela Avodo52(*) corrobore aussi, qu'il devrait
avoir un puits à pompe à proximité. Car, ils sont proches
de l'école publique de Mebomo et le fait que le puits soit loin de
l'école, les élèves en sont sevrés.
« On peut accepter de vivre sans électricité, mais,
sans eau de qualité ce n'est pas concevable. »
argue-t-il.
A Bikogo, dans des ménages Esselé,
certains représentants de ménage donnaient comme explication
à leur non adhésion au puits à pompe du PADC, le fait
qu'il était sur le terrain d'une autre famille53(*). D'un côté comme
de l'autre, le problème de groupe ethnique demeure latent et affecte
d'une manière comme une autre l'adhésion des populations aux
puits à pompe du PADC. A Mebomo, à peine six familles sur la
vingtaine que compte l'hameau de la chefferie se ravitaillent,
régulièrement, en eau du puits à pompe du PADC. Mais,
d'autres raisons sont évoquées pour justifier ce refus.
2- L'attitude attentiste
des populations
Les contributions mensuelles ont été
instituées et arrêtées à 150 F Cfa par
ménage. Le ménage est considéré comme l'ensemble de
personnes vivant sous un même toit et formant une famille. Dès
qu'un enfant est marié, il doit s'établir à son propre
compte, et forme dès lors un ménage qui doit contribuer.
Cependant, un fils ou petit-fils peut vivre sous le même toit que ses
parents ou grands parents et former un seul ménage. La contribution
revient à 1800F Cfa l'année par ménage. L'argent
collecté est mis sous réserve pour servir de frais de
dépannage en cas de disfonctionnement du puits à pompe du
village. Cependant, les contributions ne font pas l'unanimité dans les
villages. En effet, une bonne partie des ménages trouvent en la collecte
des sommes un abus. Car, ils savent que le puits leur a été
octroyé et ne voient pas les raisons d'une contribution mensuelle comme
condition préalable à l'utilisation des puits. Certains
n'arrivent pas à donner avec exactitude le montant des contributions,
preuve qu'ils ne contribuent pas. Sur l'ensemble des quarante huit
ménages enquêtés, la non contribution est reconnue comme
l'une des principales causes, des conflits liés aux puits à pompe
du PADC dans les deux villages. Les raisons de cette non-contribution sont
liées soit à la mauvaise volonté des usagers, soit
à la situation de manque. Cette prise de position des populations est,
selon Célestin Monga (2009 : 12), « le fruit de
l'accoutumance à l'inaction, la soumission au terrorisme du
découragement » face à leur responsabilité.
La question récurrente que se posent les populations utilisatrices des
puits à pompe sur le refus de contribuer, « on va faire
comment, alors ? » constitue un aveu manifeste de cet
attentisme et de l'inertie ajoute-t-il.
Des mesures dissuasives sont d'ailleurs prises par le
président du comité de développement de commun accord avec
le chef de village. Le président du comité de gestion du puits
à pompe du PADC a la charge de faire respecter ces décisions. Les
mesures sont parfois strictes, le refus à tout ménage qui ne
contribue pas de puiser de l'eau du puits à pompe.
Notons tout de même, que les contributions dissipent
l'équivoque. Dans la mesure où les collectes sont faites durant
des années sans que, des pannes ne surviennent. Les sommes sont
collectées et utilisées à d'autres fins sans faire de
bilan ou de compte-rendu sur l'état des cotisations aux populations.
Jusqu'au jour où le puits tombe en panne et les populations commencent
à revendiquer les sommes qu'elles ont versées au comité de
gestion. Cette opacité de gestion a été l'objet de
nombreuses critiques et source de tensions54(*) de la part des populations. Si des cas de
détournements n'ont pas encore été signalés pour
les collectes faites dans le cadre des puits à pompe du PADC, la
gestion de ces sommes collectées laisse à désirer.
D'où la nécessité de dialoguer avec les contribuables.
3- Les conflits propres à
l'utilisation des puits à pompe
Pour assurer une gestion rationnelle des ressources en eau,
éviter des gaspillages, des heures d'ouverture et de fermeture ont
été instituées par le comité de gestion. Ces
moments de mise en usage des puits à pompe varient d'un village à
l'autre. A Mebomo, le puits est ouvert deux jours sur sept dans la semaine, le
Mercredi et le Samedi. A Bikogo, le puits est ouvert chaque jour, de 5h30
à 8h30 du matin et de 14h30 à 18h30 le soir. Ces jours ou ces
horaires de mise en service des puits à pompe ne suscitent pas
l'assentiment général. Des ménages sont obligés de
se tourner vers les sources naturelles lorsque les puits à pompe sont
fermés. Et lorsqu'ils sont ouverts, les bousculades se transforment
parfois en bagarre entre usagers des puits à pompe. Des enquêtes
de terrain, les causes de ces conflits sont la précipitation et
l'impatience des usagers. « Certains arrivent avec plusieurs
récipients et veulent tout remplir sans se soucier des
autres », décrie Vital Modo Olinga55(*). Pour résoudre cette
situation, selon Lucien Motsala Lebelé, chaque usager doit puiser un ou
deux récipients à la fois au trop et céder la place au
suivant avant de revenir sur ses autres récipients. Seulement cette
mesure disciplinaire, comme le reconnaît ce dernier, n'est pas facilement
applicable et des disputes ne sont pas toujours évitables. Certains
préfèrent ne plus aller au puits à pompe du PADC pour
éviter des disputes et surtout les longues files d'attente. En plus de
nos observations de terrain, les responsables du comité de gestion ne
sont pas exemptes de tout reproche, les mesures d'ouverture et de fermeture ne
sont pas respectées par ces derniers qui, en cas de besoin pour usage
personnel, ouvrent les puits à pompe à des heures non
prévues. Ce non respect des règles établies fâche
parfois les populations qui se sentent, de ce fait mépriser.
CHAPITRE IV :
LES VOIES D'IMPULSION DU
DEVELOPPEMENT COMMUNAUTAIRE
Ce dernier chapitre se donne pour objectif d'émettre
des réserves sur le débat culture/mentalité africaine et
la nécessité de développement tel que
présenté précédemment. Ceci nous permettra de voir
ce qui est fait à Mebomo et à Bikogo pour mieux s'organiser, et
nous sortirons par des perspectives envisageables.
I- Au-delà des
débats culturel/mental sur les populations
A- Les limites des discours
sur la culture/mentalité africaine
1- Une vision désocialisée
de la vie sociale ?
Axelle Kabou, en affirmant que les africains refusent le
développement de toutes leurs forces, et dans la même veine,
lorsque Daniel Etounga Manguéllé, en s'interrogeant sur le besoin
d'un ajustement culturel pour l'Afrique, s'indigne Jean Marc Ela (2007 :
39-40), c'est beaucoup plus de la modernité que ces auteurs font
référence. D'ailleurs, un peu plus tard, le second (Daniel
Etounga Manguéllé) à travers un article,
« culture et développement : ou les conséquences
d'une modernisation tardive de nos schémas sociaux », justifie
cette confusion entre modernité et développement.
« L'on n'échappe pas ici à une
véritable fascination de la civilisation occidentale dont on ne voit pas
qu'elle est une civilisation parmi tant d'autres, avec ses tares et ses limites
en dépit des lumières qui cachent des ombres troublantes et
mortelles » s'insurge Jean Marc Ela (1994 :
131).
En positionnant la civilisation occidentale comme
modèle de référence, ces auteurs exigent de l'africain de
se mettre à l'école du blanc pour accéder aux conditions
du bien-être. Ce qui est grave ici, c'est la réappropriation
inavouée des vieilles oppositions entre
« primitif » et
« civilisé », alors que les sciences ont
remis en cause les a priori du discours colonial sur les sociétés
africaines poursuit Jean Marc Ela. Tout porte à croire que la
rationalité était le propre de l'occident. Pas surprenant que des
propos des chantres de la négritude, comme Senghor pour qui
« l'émotion est nègre et la raison
hellène », sont largement repris par ces auteurs.
2- Le non-dédouanement de la
responsabilité africaine
Au-delà de cette opposition mentale du sud et du nord,
le mérite a été d'exiger à l'africain de se
regarder en face, en s'appuyant sur les tares de sa propre
société et de sa culture. Et non plus de dédouaner
l'emprise de ces facteurs dans le développement de l'Afrique.
D'ailleurs, de l'oeuvre d'Axelle Kabou, Jean Marc Ela se demande quel
« développement refuse l'Afrique » ?
Les formes de « refus » n'étant pas rares
dans l'histoire des sociétés africaines face à l'irruption
des modèles qui sont imposés d'autorité. C'est pour
survivre face à cette adversité que les sociétés
dominées ont une attitude d'insoumission, de révolte et de
résistance. Il serait donc précipiter de parler de
« refus de développement », sans
s'interroger sur la créativité des africains face à
l'irruption des modèles qui reproduisent les aspects du capitalisme
occidental. Le reproche des analyses proches de l'argument soutenu par A. Kabou
et D. Etounga Manguéllé, c'est la prise de position sans recul et
surtout « l'administration des concepts, la réflexion,
activité douloureuse d'ouverture de la pensée à
elle-même et à ce qui n'est pas elle, ne s'astreint plus à
l'hésitation, au doute, au sondage de ses
présupposés » selon J.G. Bidima (2000 : 92).
Cette pratique des sciences sociales, qui se dispense des recherches de terrain
pour se répandre en déclarations pompeuses, relève
beaucoup plus de la monstration que de la démonstration.
Toutefois, pour Robert Horton (1990), là où
l'on continue de parler avec assurance d'animisme, de magie et de sorcellerie,
il faut tout repenser en prenant en compte les efforts d'invention, dont les
sociétés africaines font preuve dans les situations où
elles cherchent à comprendre les phénomènes naturels
auxquels elles sont confrontées. Toutes les cultures attribuent une
importance plus ou moins égale aux finalités de l'explication, de
la prédiction et du contrôle des évènements. Le
rendement cognitif élevé de la science moderne occidentale n'est
rien d'autre que la rationalité universelle fonctionnant dans un
contexte spécifique d'ordres technologique, économique et
social.
L'examen des discours traditionnels ne doit pas nous
éloigner des objectifs de la réflexion sur la pratique des
sciences dans la vie des sociétés indigènes. La question
est de savoir ce qui se fait en Afrique en matière de connaissances
scientifiques au sens strict du terme. On peut redouter qu'en négligeant
ce champ spécifique, le débat sur la pensée dite africaine
s'enlise dans les spéculations abstraites. Plus
précisément, en minimisant l'importance du champ
« scientifique » au risque de se borner à discuter
sur les relations entre ce qui serait une vision spiritualiste dans la
tradition africaine et ce qui apparaît comme une « vision
mécaniste » propre à l'occident. Pour
reconsidérer la question qui s'impose à l'examen, il faut
rappeler que l'occident a aussi ses croyances et ses traditions, y compris au
niveau culturel, intellectuel ou symbolique comme le rappellent de nombreux
mythes et rituels enracinés dans l'imagerie sociale et historique.
L'africain doit aujourd'hui s'inscrire dans une lancée
de rupture et vivre dans un état d'esprit qui suscite l'émulation
et la compétition. Il n'est plus question de s'arrêter aux savoirs
ancestraux. Au-delà d'eux, il faut mettre en lumière le savoir ou
l'organisation des populations des villages étudiés.
B- Les savoirs
endogènes : les capacités organisationnelles des villages
Mebomo et Bikogo
1- Les populations de Mebomo et de
Bikogo dans leur vie en groupe
Les populations des villages éprouvent une forte
difficulté à s'organiser en groupe. Cela ne date pas
d'aujourd'hui. L'une des causes des difficultés de structuration du
monde rural après les indépendances est la politisation du
mouvement coopératif que l'Etat souhaitait contrôler par
l'intermédiaire d'un parti unique, soutient J.C. Devèze
(1996 : 145-146). Or, avec la nouvelle ère de la
démocratisation dans un contexte libéral, l'acquisition par les
organisations rurales d'une réelle autonomie par rapport à l'Etat
et d'autres acteurs de développement est, de plus en plus, une
nécessité. Cependant, cette tâche n'est pas aisée,
le passage de coopératives étatiques à des organisations
autonomes capables de définir leurs objectifs et de recruter leur
personnel est difficile dans les régions de production de café et
de cacao au Cameroun, même si l'Etat est souvent officiellement favorable
à l'indépendance des organisations villageoise, constate J.C.
Devèze. Il est nécessaire de ne pas balayer d'un revers de la
main, les pratiques sur lesquelles les sociétés locales se
concentrent dans les villages, où les paysans sont face à leur
destin.
Loin des peintures stéréotypées et des a
priori, il faut noter ici des efforts qui sont faits au quotidien pour un
mieux-être. Devant les brèves interventions de l'Etat, les
paysans, dans la grande majorité, se mettent en groupe ou en
association. En fait, « c'est dans l'entente et l'union du plus
grand nombre que se trouve la solution » note Piet Buijsrogge
(1989 : 118). Même si ces regroupements privilégient la
dimension « intérêt collectif ». Les
organisations communautaires de base56(*) (GICs, association de jeunes, association de
femmes) sont considérées comme une solution capable d'engager la
responsabilité paysanne.
Des échanges avec Bingana Kouna57(*), il ressort que de
nombreuses associations s'activent au quotidien dans les villages Mebomo et
Bikogo. Mais, nombre d'entre elles fonctionnent dans la clandestinité,
car, ne sont pas légalisées58(*). Dans les registres
du sous-préfet, il est difficile d'en répertorier. Pour ce qui
est des GICs, ceux, actifs et régulièrement
légalisés dans les villages Mebomo et Bikogo sont listés
au niveau de la délégation d'arrondissement du MINADER. Ce
tableau se présente comme suit :
Tableau 5 : La liste des Gics
légalisés et actifs dans les villages Mebomo et
Bikogo
Identification du GIC
|
N° d'immatriculation
|
Promoteur
|
Localisation
|
Activités
|
Gic des frères réunis en Agro-pastoral de Mebomo
« GIC FRAPM »
|
CE/GP/002/O9/27874
Du 06/10/2009
|
Menounga Casimir
|
Mebomo
|
Production et commercialisation du cacao ;
Elevage, multiplication de plants, bananier-plantain,
pisciculture
|
Gic des cacao-culteur de Mebomo
« Gic GROCAME »
|
CE/GP/25/02/6630
Du 05/08/2009
|
Nouma Jean Leonard
|
Mebomo
|
Commercialisation du cacao
|
Gic agropastoral de Bikogo « GICABI »
|
CE/GP/01/04/15 127
Du 29/12/2004
|
Kouma Jean de Dieu
|
Bikogo
|
Commercialisation du cacao et élevage
|
Gic des agro-éleveurs de Bikogo
|
CE/GP/03/05/1568
Du 17/02/2005
|
Ayissi
|
Bikogo
|
Agriculture et élevage
|
Gic DECAC
|
CE/GP/01/96/3480
Du 11/12/1996
|
Okala Awolo Gérard
|
Bikogo
|
Commercialisation du cacao et élevage
|
CLD de Mebomo
|
|
Nga Otabela
|
Mebomo
|
Commercialisation du cacao
|
Union des Gics de Bikogo
UGICBIKO
|
CE/UG/03/06/1860
Du 24/01/2006
|
Tsanga Ndzana Jean
|
Bikogo
|
Elevage
|
Gic CLD Zébédé
|
CE/GP/02/03/8275
Du 13/03/2003
|
Motsala Lebele Lucien
|
Bikogo
|
Commercialisation du cacao
|
Gic communautaire de développement des planteurs de
Mebomo
« Gic CDPM »
|
|
Awono Mendjongo
|
Mebomo
|
Commercialisation du cacao, production de plants et
élevage de volailles, porcs, aulacodes, cailles
|
Gic oding Otoa
|
|
Mbassi Charles
|
Bikogo
|
Commercialisation du cacao
|
Source : Délégué
d'arrondissement du MINADER d'Elig-Mfomo, 2009
Le premier constat qui se dégage, au vue du type
d'activités de ces Gics, est qu'ils ont pour principale activité
la production et surtout la commercialisation du cacao. Pas surprenant. Car,
nous sommes dans le centre du Cameroun, qui est une zone de cacaoculture par
prédilection. Les cacaoyères occupent plus de 80 % des espaces
des villages. Les regroupements en Gics sont des stratégies pour faire
face aux acheteurs extérieurs. En plus, les regroupements sont de deux
grands ordres (tontine et regroupement pour les travaux collectifs).
Parlant des travaux collectifs, les paysans s'organisent sous
forme de brigade pour défricher les champs, combattre la pourriture
brune59(*),
récolter le cacao. Les compensations financières sont faites
après les ventes de cacao. En effet, les personnes ou groupes de
personnes qui offrent leur service dans les cacaoyères sous forme de
brigade d'intervention ne sont pas payés au comptant. Par contre, les
payes de mains d'oeuvre se font après les récoltes et vente de
cacao.
Au vue de l'identité de ces GICs, on comprend la
finalité de leur mise en commun. Des noms comme : les frères
réunis, union, développement, « réveil
matinal », « fidélité aux
engagements » permettent de comprendre l'envi et le sentiment
qui animent les populations des villages Mebomo et Bikogo. Le nombre
d'adhérents varie d'un groupe à un autre et peut aller en moyenne
de cinq à vingt personnes. Et les adhésions sont
indifférenciées. Les différentes ethnies se retrouvent
dans les groupes sans gênes ni discrimination. Le let motive de la mise
en groupe étant le partage des même objectifs sous la base de
règlement intérieur établis de commun accord.
Cette stratégie de regroupement résulte d'un
construit social. En plus de ce regroupement pour la production et la
commercialisation du cacao, les Gics regroupés atour du comité de
développement contribuent à la réalisation de certains
investissements dans les villages. L'école primaire de Bikogo a vu le
jour grâce au concours du comité de développement de ce
village.
2- La capitalisation des actions de
développement en groupe : l'expérience de Lucien Motsala
Lebelé
Les actions individuelles ont montré leur limite face
aux acheteurs de cacao. A travers de multiples interactions les paysans ont
compris la nécessité de se mettre en groupe. Cette prise de
conscience remonte à l'intervention d'une ONG italienne. En effet, c'est
à l'ONG italienne dénommée, Association Mont de
gusto que revient cette initiative. En Mai 2000, cette association fait un
premier pas dans les villages. Ce premier contact avec les paysans va se faire
sur la base de la création d'une grande coopérative
dénommée, sociétés des coopératives
agricoles d'Elig-Mfomo (SOCADEL). Malheureusement, cette tentative
connaîtra un échec. La principale cause de cet échec
était attribuée à la technique d'approche des paysans. Des
fonds alloués aux groupes de paysans par la coopération pour leur
fonctionnement n'étaient pas remboursés. Or, comme le
relève Lucien Motsala Lebelé « c'est le groupe qui
nourrit la coopérative et non le contraire ». Ceci
revient à dire que la coopération vit des contributions de ses
adhérents qui sont les Gics et non la coopérative qui fait
fonctionner les Gics en leur octroyant de l'argent60(*).
De cette mauvaise expérience, va naître la
nécessite d'amener les paysans à s'auto-développer. Ceci
va commencer par un recensement des Gics existant et une motivation des autres
à se mettre en groupe pour mieux s'organiser et s'autonomiser. A partir
des insuffisances des paysans, des ateliers d'animation vont être
initiés et ceci pendant plus de deux ans. Ces animations concernaient
tous les aspects de la vie en groupe propre à la production du cacao.
Les thèmes variaient, allant des techniques agricoles (comment faire la
multiplication de plants, les greffages, l'entretien des plantations et le
traitement des plants à partir d'atomiseurs et de pulvérisateurs
dorsaux, la maintenance des appareils agricoles, l'utilisation des intrants
à dose normale) aux techniques de vente et de commerce : la
négociation et l'achat directement chez les fournisseurs des intrants
agricoles homologués, non périmés et non contrefaits,
vente et achat groupés (les différents prix et leurs
déductions).
Ces techniques agricoles et commerciales ont
été intériorisées et capitalisées par
certains membres de la population des villages. D'ailleurs beaucoup d'entre
elles attribue à l'association Mont de Gusto le
déclenchement du processus de mise en mouvement et l'exploitation
méthodique des plantations dans les villages.
« Après l'échec des
coopératives d'Etat, le paysan voyait les fongicides61(*) comme des produits qui
viennent seulement d'Europe, il fallait attendre la manne d'un homme politique.
Maintenant, les planteurs regroupés en Gic s'organisent mieux.
Ils ne se laissent plus fragiliser comme par le passé »
reconnait à dessein Lucien Motsala Lebelé.
Nous avons pu échanger, pendant des heures, avec ce
dernier sur les interventions de l'association Mont de gusto. Il se
rappelait des dates, des techniques apprises, des fongicides conventionnels et
non conventionnels qu'ils utilisaient avant cette intervention. Or, ces
fongicides avaient déjà fait date et étaient devenus
dangereux pour les plants sous d'autres cieux pourtant les paysans les
utilisaient encore. Les fongicides (Gross plan, Tioden 35, Lendalo 20,
Lendalo 90, Penncap) qui étaient utilisés avant ont
été remplacés par d'autres (Nordox super, Calo mille,
Ok mille, Planto mille, Golden blu) et de nouveaux insecticides
(Logawa, Parastar, Plantima, Supercol cent).
La première expérience pour les paysans
n'était pas facile à cause du manque de moyens financiers. Pour
résoudre cela, il a été organisé un système
de retenu par kilogramme de cacao vendu. Ce système de retenu à
la source consistait à faire une déduction sur la production
cacao de chaque GIC. Cette retenu fongicide et insecticide se fait en fonction
des règlements intérieurs propres à chaque GIC. C'est
ainsi que les populations ont pu commencer avec cette expérience. Et les
années qui suivaient ce système s'est perpétué au
profit de la production de cacao et du paysan. Le système de retenu
s'est généralisé à d'autres sections. Ainsi, on a
des retenus santé et éducation. Même si comme le reconnait
Lucien Motsala Lebelé, « d'autres privilégient les
cocsages62(*) au
détriment des GICs, mais sont prêts à se tourner vers un
GIC en cas de besoin de fongicides lorsqu'ils sont fauchés ».
A force de mettre en pratique ses acquis au contact de ses
frères63(*), Lucien
Motsala Lebelé offre ses services en animation dans d'autres villages du
département de la Lekié (Okola, Ebanga) voir d'autres
départements (Nyong Ekellé). Actuellement, il accompagne les
responsables de certains services déconcentrés de l'Etat
d'Elig-Mfomo (MINADER, MINEPIA) dans la mise en oeuvre de certains programmes
et projets. C'est le cas du programme national de vulgarisation des recherches
agricoles (PNVRA), le but est d'améliorer les techniques agricoles, la
bonne utilisation des intrants agricoles et du projet d'amélioration de
la compétitivité agricole (PACA) qui vise à appuyer les
agriculteurs et les éleveurs.
En fait, à travers cette expérience, nous
voulons démontrer que les villages et les acteurs qui y vivent, ont des
valeurs et des potentialités sur lesquelles il est nécessaire de
s'appuyer pour le succès d'une initiative de développement
d'envergure comme le développement communautaire.
II- Les perspectives
envisageables
Quel projet pour les villages ? C'est une question qui
mérite qu'on s'y attarde. A la lumière des résultats de
notre recherche socio-anthropologique, nous recommandons :
A- A l'intention des
initiateurs des projets de développement
1- Avant la mise en oeuvre des
projets
Dans un cadre plus général, lors des entretiens
avec Ndoki Ousseini du MINEE, il nous a laissé entendre que la politique
nationale d'approvisionnement en eau en milieu rural visait à
améliorer le cadre de vie des populations en leur dotant d'une eau
potable. Cependant le choix entre le puits à pompe et le forage64(*) se faisait en fonction du
nombre d'habitants du milieu ou village. Soit un puits à pompe pour une
population de 150 à 200 personnes et un forage pour une population de
plus de 300 personnes. Or, si on tient beaucoup plus du relief et de la
typologie des sols des milieux qui vont recevoir l'ouvrage, de nombreux
problèmes seront résolus. Car, comme nous l'avons
mentionné plus haut, le fait d'avoir tâtonné sur les lieux
d'implantation des puits à pompe dans les villages Mebomo et Bikogo a
été très mal interprété par certains
villageois. Ces derniers ne voyaient pas les causes dans l'outil technologique
utilisé mais plutôt dans les manifestations mystiques de leurs
confrères. En plus, du fait du faible accès à la nappe
phréatique par les puits à pompe, les puits sont fermés
constamment, car, ils sèchent et il faut des efforts pour pomper.
Certaines sources de conflits dans les villages étudiés ont trait
aux horaires d'ouverture et de fermeture des puits à pompe. Or, avec une
eau abondante grâce au forage, ces conflits seraient résolus ou du
moins atténués.
Parlant du PADC, il a quatre composantes, ce projet, plus ou
moins bien structuré, du moins dans le document de projet, trouve des
difficultés dans sa mise en oeuvre. Des sous-composantes des MISE
(étangs piscicoles, porcheries, poulaillers), ne profitent pas à
toute la communauté, n'ont pas de débouchés certains et
les populations déplorent le manque de moyens pour son éclosion.
Pendant que le développement des pistes rurales reste encore la
sous-composante la plus attendue. Or, il importe de promouvoir une intervention
plus simplifiée et qui sied aux besoins des populations dans l'ensemble.
Une stratégie miniature sera moins agressive.
Elle comprendra une étude minutieuse du milieu, de
ses potentialités, de son dynamisme, puis en collaboration avec les
populations cibles, une sélection des actions en fonction des
potentialités et des caractéristiques du terrain comme le
recommande J.L. Camilleri (1993 : 26-27). Il importe de lancer des projets
qui correspondent aux besoins et aux possibilités des paysans. Cette
démarche s'inscrit dans la démarche marketing qui commence par la
connaissance et l'analyse d'un marché potentiel avant de prendre des
décisions. G. Belloncle (1979 : 8-9), préconise à cet
effet, l'analyse avec les populations concernées de leur situation et de
leurs problèmes, pour réfléchir avec elles aux solutions
possibles, les aider à s'organiser et se former pour passer à
l'action, et procéder enfin aux évaluations périodiques
qui permettent de corriger le tir et d'avancer. D'où les quatre autos
à promouvoir : auto-analyse, auto-programmation, auto-organisation,
auto-évaluation. Bref, comme le suggère avec force Mao Tse Toung
« A propos des méthodes de direction », nous devons,
« partir des masses pour retourner aux masses ».
Le problème fondamental ici demeure celui du temps
d'action. Le plan de développement villageois de Bikogo ne s'est fait
qu'en quelques semaines et celui de Mebomo, n'a pas eu besoin de plus de ce
temps. Conséquences, des informations simples, propres à tel
village se retrouvent dans le plan de développement villageois de
l'autre village. Le cas banal est celui du nom du chef du village Bikogo qui a
été confondu à celui de Mebomo dans son PDV. Or, au sujet
du temps de préparation, l'exemple du projet « une maison
familiale en Afrique65(*) », mis en lumière par G. Belloncle
(1979 : 211-225), est assez édifiant. Il importe de prendre du
temps pour étudier les villages, de les aider à mieux s'organiser
avant d'y réaliser des projets dans lesquels les populations se
reconnaîtront.
2- Pendant et après la mise en
oeuvre des projets
L'intervention des fonctionnaires dans le monde rural, dans
le cadre du PADC se fait de façon rapide, en des saisons où
l'accès est aisé (saison sèche). En outre, depuis la mise
en place du projet des puits à pompe, les populations déplorent
le manque de suivi et d'évaluation. En quatre ans, le puits à
pompe de Mebomo n'a été vidangé qu'une seule fois, celui
de Bikogo n'a plus vue d'agents du PADC depuis son inauguration. Beaucoup de
paysans estiment, de ce fait, que leur faible implication lors des phases
préparatoires du projet vient de la forte bureaucratisation
de ce projet. Proche des populations, le délégué
d'arrondissement du MINADER d'Elig-Mfomo reconnaît qu'il a
été exclu de toutes les phases du projet. Or, ce dernier doit
être très utile dans le dispositif de suivi du projet par exemple.
Ces pratiques qui déforment la réalité
de terrain et qui influencent la décision des développeurs,
découlent d'une analyse que Chambers (1983) qualifie de
« rapide et brouillon » qui sont utilisés
dans le cadre du « tourisme de
développement » par opposition aux méthodes
qualifiées de « longue et obscure »
utilisées pour les recherches intensives qui donnent d'importants
résultats et permettent une planification à partir du bas
(planning from below), selon N. Uphoff (1991 : 467-511).
Chambers, s'appuie sur cette pratique répandue qui se vérifie
encore aujourd'hui et qui consiste à prendre des décisions sur la
base des informations limitées, obtenues au cours des visites
impromptues et biaisées par l'optique particulière des experts de
coopération, des fonctionnaires administratifs ou des autorités
locales qui se comportent comme filtre par rapport aux
bénéficiaires finaux d'un projet qu'ils ne prennent pas la peine
de consulter avant, ou même de faire participer à leurs prises de
décisions. D'où son appel sous forme de slogan
« putting the last first ».
Pour y remédier, il faut encourager une culture de
l'évaluation. Car l'évaluation, ça se cultive. Sa pratique
usuelle permet de démystifier l'évaluation externe. Pour cela, il
est nécessaire de promouvoir l'auto-évaluation. En pratiquant de
temps en temps l'auto-évaluation, on facilite l'acquisition des rouages
utiles pour un bon usage de l'évaluation.
Cette culture doit être faite même au niveau des
bailleurs de fonds, qui doivent tenir compte des « aspects
spécifiques de chaque société et
région» et avoir des termes de référence qui varient
en fonction des réalités locales de chaque projet.
En outre, il est de plus en plus recommander que les outils
méthodologiques de la socio-anthropologie sous-tendent leurs
différentes interventions lors des évaluations. L'enquête
socio-anthropologique cherche les différences les plus fines entre
savoir et mode d'interprétation logique, et insiste sur la
difficulté pour tout intervenant extérieur d'appréhender
de telles réalités. Les tentatives d'adaptation de
l'enquête socio-anthropologique aux conditions de l'expertise ou de
l'évaluation ont permis de mettre sur pied les techniques de RRA
(Rapid Rural Appraisal), transformées en PRA (Participatory
Rural Appraisal), présentement développées dans le
monde francophone sous le nom de MARPP (Méthode
Accélérée de Recherche et de Planification Participative).
Ces techniques s'appuient généralement sur la technique de
focus group, où le savoir qu'elles produisent grâce aux
divers outils simples (nomenclature, classification, cartes,
élaborées avec les membres du groupe) qu'elles proposent, est en
principe basé sur la prise en compte des catégories de perception
locales selon les logiques propres à la socio-anthropologie comme
l'étaye Jean François Baré (2001 : 149).
Malgré leur relative simplicité, les institutions de
développement considèrent de plus en plus qu'en multipliant ce
type d'enquête, elles recourent « enfin » aux
sciences sociales, à des frais moindres et donnent
« enfin » le moyen de « comprendre le
milieu » poursuit-il. Cette technique n'est, cependant, pas
facilement applicable par des enquêteurs disposant de peu de temps et ne
disposant pas de compétence socio-anthropologique.
Pour palier ce déficit, Olivier de Sardan (1995),
propose d'autres solutions : le recours, comme
« expert » (pour les évaluations relativement
brèves), à des socio-anthropologues spécialistes d'un
thème : ceci permettrait de combiner connaissances profondes
acquises préalablement dans le cadre des
« recherches » aux contraintes de temps et de
définition du sujet propres au cadre « action » des
institutions de développement.
B- A capitaliser par les
populations
1- Les élites et les
représentants des populations
Les élites réalisent des
projets sans consulter les populations bénéficiaires. Comme nous
l'avons vu plus haut, le fait d'avoir par le passé eu à favoriser
la réalisation des puits à pompe dans leurs villages sans
impliquer les populations a contribué à semer la confusion dans
la tête des populations qui ramènent tout ouvrage dans les
villages à la générosité des élites des
villages. Dans « Députés de la Nation »,
Ebénézer Njoh-Mouelle (2001) fait écho des investissements
qu'il a eu à faire dans son département d'origine en
qualité d'élite du coin. Mais, comme il ne manque pas de le
souligner, par la suite, certains membres de la population s'accaparaient
l'ouvrage. Tout ceci a été possible parce que les informations ne
circulaient pas et les populations n'avaient pas été
consultées. Il importe que les élites fassent appel à des
experts ou des consultants en développement pour les accompagner dans la
mise en oeuvre des projets de développement.
En plus, les ingérences continuelles des élites
dans le cadre du PADC, désunies les populations des villages. Les
élites des villages doivent se rapprocher des populations, les aider
à mieux s'organiser. Elles doivent solliciter leur point de vue avant
les interventions de développement.
Les présidents de comité de
développement villageois doivent encourager la
multiplication et la diversification des organisations rurales pour une
collaboration harmonieuse avec les développeurs comme cela s'est rendue
possible avec les acheteurs de cacao. Car, du constat qui se dégage du
terrain, les organisations rurales sont essentiellement tournées vers la
production et la commercialisation du cacao. Il existe peu d'associations de
développement et d'associations de jeunes et de femmes. Or,
« il est temps pour la jeunesse de prendre en main son destin en
créent des associations » comme le recommande
Charles Ateba Eyene (2008). Et, celles qui existent, montrent
« plus d'implication que de responsabilisation »
constate Séverin Cécile Abéga (2007 : 118)
d'où son appel à construire un « rôle
d'intermédiation auprès du sommet qui est l'Etat, et la synergie
entre organisations ». De ce fait, les présidents de
comités de développement villageois doivent s'imposer comme
acteurs incontournables du développement de leur village et par voie de
conséquence, représentant, à ce niveau, des populations.
Pour cela, ils doivent aussi favoriser un dialogue et une collaboration
franche avec les élites et tous les acteurs de développement des
villages.
2- Les gestionnaires des puits à
pompe
Les gestionnaires des puits à pompe
doivent :
- décider de commun accord avec les populations des
jours et des horaires d'ouverture et de fermeture des puits à pompe et
leur imposer des heures. Ceci permettrait de réduire les conflits
nés de l'ouverture et de la fermeture des puits à pompe. A
Mebomo, par exemple, le puits n'est ouvert que deux jours par semaine ;
- intensifier les collectes de frais d'entretien des puits
à pompe lors des campagnes cacaoyères. A cause de la situation de
manque dans laquelle vivent les populations, elles sont de plus en plus
réticentes à contribuer mensuellement. Or, pendant les
périodes de vente de cacao, les populations brassent de nombreuses
sommes d'argent. D'où la nécessité de rentabiliser le
« surplus » de cette vente ;
- envisager d'autres investissements sociaux à partir
de ce « surplus » lié à la production
cacaoyère. J.C. Devèze (1996 : 150) relève l'impact
d'une telle action dans les associations villageoises en zone cotonnière
au Mali. Ceci a pour avantage d'initier un développement
véritablement impulsé par la base ;
- promouvoir des activités de productions,
initiés par certains bénéficiaires, à partir des
puits à pompe. De l'utilité de l'eau, un seul représentant
de ménage nous a avoué que l'eau était utilisée
pour le développement des activités agricoles, élevages
et/ou commerciales, il est nécessaire de susciter des initiatives de
projets à base d'eau des puits à pompe.
CONCLUSION GENERALE
Cette évaluation à mi-parcours des puits
à pompe du PADC de Mebomo et de Bikogo (Centre-Cameroun) n'a pas la
prétention d'avoir élucidé tous les aspects de cet
exercice. Nous nous sommes évertués, autant que faire se peut,
à apporter des éléments de compréhension du faible
décollage du développement communautaire en s'appuyant sur les
puits à pompe et à mettre une base de données
socio-anthropologiques non moins négligeable pour les chercheurs qui
auront l'ambition d'approfondir la recherche dans ce domaine ou ce milieu.
En définitive, l'adhésion partielle des
populations de Mebomo et Bikogo aux puits à pompe du PADC est une
réalité. Cette adhésion partielle remonte à la
préparation du projet. Les populations adhèrent partiellement aux
puits à pompe du PADC, à cause de leur faible implication lors de
la préparation du projet de réalisation de ces puits. Dans les
interventions d'approvisionnement en eau, décrie F. Conac
(1985 :102), la faible intervention des populations est facteur de leur
faible adhésion.
Pour ce qui est des sous-hypothèses, l'influence des
élites a été mesurée à l'aune des
interventions passées, pendant et après la mise en oeuvre des
puits à pompe du PADC dans les villages Mebomo et Bikogo. Des puits
à pompe ont toujours été mis dans ces villages avec le
concours des élites des villages. Le peu de recul, de marge de
liberté ou de réinterprétation des objectifs du projet
laissé aux populations a motivé cette influence. En plus,
après la mise en place des puits, par l'accaparement du projet et par la
création de comité de développement connexe à celui
qui existait déjà, les élites ont favorisé le
détour des populations des puits à pompe. Cependant, cette
sous-hypothèse s'est plus vérifiée à Bikogo.
La maintenance des puits à pompe du PADC dans les deux
villages n'est pas assurée par les populations. L'innovation
technologique des puits à pompe, à ce niveau, est un handicap
pour les populations. Cette absence de la maîtrise technologique
favorise, d'après F. Conac (1985), la non identification des populations
au projet.
Les deux villages n'ont pas d'endroits sacrés. Ainsi,
l'emplacement des puits à pompe n'a pas eu à faire à ce
pan de la tradition. Mais, lors de sa mise en oeuvre, il a été
occulté l'occupation spatiale des villages Mebomo et Bikogo par les deux
groupes ethniques qui les peuplent. Les us et coutumes de ces groupes ethniques
ont des incidences, bien que faibles, sur les puits à pompe.
Enfin, en rapport avec les conflits, il ressort que les
puits à pompe du PADC sont sources de nombreux conflits. Ces conflits
sont perceptibles tant au niveau des usagers des puits à pompe qu'au
niveau des responsables de la gestion de ces puits et des différents
leaders d'associations.
Les facteurs exogènes (élites et innovation
technologique) et endogènes (responsabilité des
bénéficiaires) contribuent à l'adhésion partielle
des populations aux puits à pompe du PADC. Il importe devant ce rejet
partiel d'en tirer les leçons qui s'imposent. Sinon faudrait-il, au vue
des échecs, limiter les interventions de développement en milieu
rural ? A cette question, O. de Sardan (1995) propose plutôt aux
développeurs de revoir leur rôle. Car, ce rôle exige un
certain type de compétence ou de savoir-faire qui ne s'improvise pas.
Chaque action de développement nécessite une analyse
spécifique du milieu auquel elle entend apporter des modifications. Les
interactions « projet-milieu » font que chaque projet sera
confronté à de multiples facteurs qu'il ne maîtrise pas et
dont il dépend en partie. Pour cela, il faudrait juste penser que
l'histoire ne démarre pas avec le projet et qu'avant lui, d'autres
interventions ont laissé des traces. H. Mendras (1984) pense que les
innovations apportées dans les villages devraient intégrer les
réalités de ces milieux, de manière que chaque membre
accepte et bénéficie pleinement des apports extérieurs.
D'ailleurs, G. Beloncle (1982) refuse d'imputer la responsabilité de
l'échec des opérations de développement à la
résistance paysanne au changement ou à la mentalité. Les
promoteurs de développement doivent faire l'effort d'écouter les
problèmes des paysans pour être sûr de l'efficacité
de leurs actions. M. Cernea (1998) relève, dans cette lancée, que
l'échec des projets de développement fait suite à la
prédominance des aspects techniques et économiques au
détriment des sciences sociales dans l'élaboration de ces
projets. C'est parce que la dimension sociale n'a pas fortement
été pris en compte que de nombreux projets censés
favoriser le développement ont échoué dont celui du PADC
de Mebomo et de Bikogo.
A la fin de cette recherche, le souhait est qu'elle soit
approfondie par de futurs chercheurs. Ce n'est que par ce moyen que des espoirs
naîtront, afin que les puits à pompe du PADC dans les villages
Mebomo et Bikogo, ne soient pas de mini « cathédrales dans le
désert » comme le souligne J.M. Ela (1994 : 247).
Toutefois, nous convenons avec Georges Balandier (1967 : 1) que tout
savoir qui se construit scientifiquement doit accepter d'être
vulnérable et partiellement contesté.
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1983 « Elites et développement rural au
Cameroun, le cas du village Bayangam dans la Mifi », Mémoire
de maîtrise, Université de Yaoundé I.
FOSSO (A.L.),
2009 « Stratégie de lutte contre le
paludisme face aux représentations locales en pays
Bamiléké : cas de la chefferie Bandjoun »,
Mémoire de Master en Socio-anthropologie, Yaoundé, UCAC.
NUEMBISSI KOM (P.),
2007 « Elites urbaines et politique locale au
Cameroun : le cas de Bayangam », Mémoire de
DEA /Master en Science Politique, Université de Yaoundé
II.
ELLA ELLA, (S-B.),
2008 « Les braconniers de l'axe EKOM-SOMALO-NJIBOT
(réserve du Dja). Sociologie du passage à l'acte de chasse
déviante », Thèse de Doctorat/PhD en sociologie du
développement durable, Université de Yaoundé I.
D- LES SITES WEB
www.icicemac.com/document/3recencement.doc,
Mbarga (B.), 3e recensement général de la population
et l'habitat, Yaoundé, 2010, visité le 27/05/2010 à 01h
20.
www.mecoop.com, LANGEVIN (P.),
« L'accès à l'eau le premier pas vers le
développement », medcoop.com, N°44, 2008,
visité le 20/05/2009 à 23h10.
www.persee.fr , OUATTARA (C.),
Développement communautaire et réduction de la pauvreté
en contexte de décentralisation, communication séminaire ENDSA,
2003, visité le 21/06/2009 à 14h 24.
www.worldwatercouncil.org,
Anonyme, « Objectifs du millénaire pour le
développement (OMD), évaluer le coût d'atteinte de la
cible 10 sur l'eau et l'assainissement ». visité le
20/05/2009 à 22h 51.
Table des
matières
SOMMAIRE
i
EPIGRAGHE
ii
DEDICACE
iii
REMERCIEMENTS
iv
LISTE DES ABREVIATIONS, ACRONYMES ET SIGLES
v
LISTE DES TABLEAUX ET PHOTOS
viii
RESUME
ix
ABSTRACT
x
INTRODUCTION GÉNÉRALE
1
A- Contexte de l'étude
3
B- Délimitation du sujet
5
C- Intérêts de la recherche
6
D- Définition des concepts
7
E- Revue de la littérature
7
F- Problématique
11
G- Hypothèses de recherche
11
H- Modèles théoriques
11
I- Grille d'analyse
14
1. Les techniques de collecte de
données
14
2. Les modes de traitement des
données collectées
15
J- Les difficultés
rencontrées
16
K- Plan de l'étude
17
CHAPITRE I :
18
LA PRESENTATION DU MILIEU ETUDIE
18
I- Les villages étudiés
(Mebomo et Bikogo)
18
A- Histoire et géographie physique des
villages étudiés
18
1- Le profil historique des villages
étudiés
18
2- La géographie physique des
villages Mebomo et Bikogo
19
B- Géographie humaine : Eléments
socioculturels et activités économiques
22
1- Les éléments
socioculturels
22
2- Les activités
économiques
25
II- Le Projet d'Appui au
Développement Communautaire (PADC)
28
A- La conception et la stratégie
d'intervention
28
1- Les stratégies et la justification
du projet
28
2- Les composantes du PADC
30
B- Les zones cibles et principes d'intervention du
projet
32
1- Les zones d'intervention
32
2- Les groupes cibles
34
CHAPITRE II :
36
L'EVALUATION DES PUITS A POMPE DU PADC DE
MEBOMO ET DE BIKOGO
36
I- La théorie
institutionnalisée de l'évaluation des projets de
développement
36
A- La conception de l'évaluation des
projets de développement
36
1- La construction d'une démarche
évaluative
36
2- Les différentes catégories
d'évaluation
38
B- Les critères d'évaluation, cadre
logique et indicateurs
40
1- Cadre logique et critères de
l'évaluation
40
2- Les indicateurs :
éléments clés de l'évaluation
42
II- Le cas des puits à pompe du PADC
de Mebomo et de Bikogo
43
A- Les outils méthodologiques
utilisés
43
1- Le critère de
viabilité/reproductibilité et les puits à pompe du
PADC
43
2- La justification pratique du choix du
critère de viabilité/reproductibilité
44
B- La contribution des puits à pompe
du PADC dans les conditions de vie des populations des villages Mebomo et
Bikogo
45
1- Les effets positifs des puits à
pompe du PADC sur les conditions de vie des populations des villages
45
2- Le problème de la viabilité
des puits à pompe du PADC aux villages
50
CHAPITRE III :
53
LES FACTEURS PROFONDS DE L'ADHESION PARTIELLE
DES POPULATIONS AUX PUITS A POMPE DU PADC DE MEBOMO ET DE BIKOGO
53
I- Les facteurs exogènes
d'adhésion partielle des populations aux puits à pompe du
PADC
53
A- L'action des élites
53
1- Clarification notionnelle et typologie
des élites
53
2- L'influence des élites sur la
gestion des puits à pompe du PADC de Mebomo et de Bikogo
56
B- Les facteurs inhérents à
l'innovation technologique des projets
59
1- L'innovation technologique des
projets : définition et typologie d'approche
59
2- L'innovation technologique du projet des
puits à pompe, entre amélioration des conditions de vie et/ou
source de problèmes ?
61
II- Les facteurs endogènes aux
populations utilisatrices des puits à pompe du PADC
62
A- Le dilemme culture/mentalité des
bénéficiaires des projets et la nécessité
d'accès au développement
62
1- L'idée de culture/mentalité
africaine dans le changement social
63
2- Les croyances des paysans et implantation
des puits à pompe dans les villages
64
B- D'autres attitudes ou responsabilités
propres aux populations bénéficiaires des puits à pompes
du PADC
65
1- L'action des schèmes traditionnels
sur les puits à pompe des villages
65
2- L'attitude attentiste des populations
66
3- Les conflits propres à
l'utilisation des puits à pompe
67
CHAPITRE IV :
69
LES VOIES D'IMPULSION DU DEVELOPPEMENT
COMMUNAUTAIRE
69
I- Au-delà des débats
culturel/mental sur les populations
69
A- Les limites des discours sur la
culture/mentalité africaine
69
1- Une vision désocialisée de
la vie sociale ?
69
2- Le non-dédouanement de la
responsabilité africaine
70
B- Les savoirs endogènes : les
capacités organisationnelles des villages Mebomo et Bikogo
71
1- Les populations de Mebomo et de Bikogo
dans leur vie en groupe
71
2- La capitalisation des actions de
développement en groupe : l'expérience de Lucien Motsala
Lebelé
74
II- Les perspectives envisageables
76
A- A l'intention des initiateurs des projets
de développement
76
1- Avant la mise en oeuvre des projets
77
2- Pendant et après la mise en oeuvre
des projets
78
B- A capitaliser par les populations
80
1- Les élites et les
représentants des populations
80
2- Les gestionnaires des puits à
pompe
81
CONCLUSION GENERALE
83
BIBLIOGRAPHIE
86
A- LES OUVRAGES GENERAUX
86
B- LES OUVRAGES SPECIALISES
89
C- LES ARTICLES ET RAPPORTS SCIENTIFIQUES,
LES MEMOIRES ET THESES
91
D- LES SITES WEB
95
Table des matières
95
ANNEXES
100
ANNEXES 1 : Le guide d'enquête
sociologique
i
ANNEXES 2 : La liste des
enquêtés
viii
ANNEXES 3 : La Comparaison des
mortalités et morbidités au CSI de Nkengué entre 2004 et
2008
x
ANNEXES 4 : La liste non exhaustive des
élites des villages
xi
ANNEXES 5 : Carte du Cameroun et du
département de la Lekié
xiii
Annexe 6 : Photos d'échange formel
et de quelques sources d'eau
xv
ANNEXES 7 : Recette médicinale à
base d'eau.
xvii
ANNEXES
ANNEXES 1 : Le
guide d'enquête sociologique
1. La grille d'observation
directe de chaque village étudié
a- Les capacités hydrauliques
- Liste des sources naturelles d'approvisionnement
en eau potable
- Liste des différents puits à
pompe
b - La
disponibilité de l'habitat
- Type et nombre de maisons
- Disposition des maisons
c - Les
équipements de socialisation
- Répartition géographique des
établissements scolaires en 2008-2009
- Liste des élèves en 2008-2009
d - Les équipements
et installations de santé
- Distribution géographique des structures et
des équipements sanitaires
e - Le système de
parenté
- Organisation lignagère des villages
étudiés
f - Le système
politique
- Liste des organisations paysannes (associations, comité de développement,
GIC, coopératives)
g - Le système religieux
- Identification des institutions religieuses
h- La démographie
Le nombre d'habitants des villages enquêtés
d'après ECAM II
2. Les guides d'entretiens
structurés
a- Avec les pouvoirs publics
Ø Directeur du développement local et
communautaire au MINADER
Identification de l'enquêté :
Nom et
prénoms :................................................
Année de
naissance :.............................................
Qualité :
.............................................................
1- Quelle est la politique de développement
communautaire du Cameroun ?
2- Comment le MINADER procède-t-il pour impliquer les
populations utilisatrices dans la préparation des projets comme le
PADC ?
3- Dans quelle mesure la mise en place des puits à
pompe dans les villages prend-elle en compte les traditions locales ?
4- Quels sont les conflits qui naissent de l'utilisation des
puits à pompe dans les villages ?
5- Que fait le MINADER pour résoudre chaque
conflit ?
6- Dans le cas du PADC, qu'est ce qui explique le fait que les
populations utilisatrices n'assurent pas convenablement la maintenance des
puits à pompe réalisés dans leur village ?
7- Avez-vous quelque chose à ajouter par rapport
à tout ce que vous avez déjà dit ?
Ø Directeur de l'hydraulique rurale et de
l'hydrologie au MINEE
Identification de l'enquêté :
Nom et
prénoms :................................................
Année de
naissance :.............................................
Qualité :
.............................................................
1- Quelle est la politique nationale d'approvisionnement en
eau potable en milieu rural ?
2- Comment la population rurale est-elle impliquée dans
les projets d'hydraulique villageoise ?
3- Dans quelle mesure la mise en place des puits à
pompe dans les villages prend-elle en compte les traditions locales ?
4- Comment s'opère la gestion des ouvrages
réalisés dans les villages, comme le puits à
pompe ?
5- Quels sont les conflits qui naissent de l'utilisation des
puits à pompe dans les villages ?
6- Quelles sont les dispositions prises pour la maintenance
des ouvrages réalisés au niveau des villages comme les puits
à pompe ?
7- Avez-vous quelque chose à ajouter par rapport
à tout ce que vous avez déjà dit ?
Ø Sous-préfet d'Elig Mfomo
Identification de l'enquêté :
Nom et
prénoms :................................................
Année de
naissance :.............................................
Qualité :
.............................................................
1- Quelle est la politique de développement
communautaire du Cameroun ?
2- Comment les populations des villages Mebomo et Bikogo
ont-elles été impliquées dans la préparation du
projet de réalisation des puits à pompe ?
3- Dans quelle mesure l'emplacement du puits à pompe
intègre-t-il les traditions locales ?
4- Quels sont les conflits qui naissent de l'utilisation des
puits à pompe dans ces deux villages ?
5- Quelles sont les résolutions prises à votre
niveau pour gérer chaque conflit ?
6- Quelles sont les dispositions prises pour que les
populations assurent la maintenance des puits à pompe du PADC au niveau
des villages Mebomo et Bikogo ?
7- Avez-vous quelque chose à ajouter par rapport
à tout ce que vous avez déjà dit ?
Ø Maire d'Elig Mfomo
Identification de l'enquêté :
Nom et
prénoms :................................................
Année de
naissance :.............................................
Qualité :
.............................................................
1- Quelles ont été les priorités en
développement des populations après les ateliers de planification
stratégique des villages Mebomo et Bikogo et dans quel cadre le PDV de
ces villages a-t-il été élaboré ?
2- Comment les populations des villages Mebomo et Bikogo
ont-elles été impliquées dans la préparation du
projet de réalisation des puits à pompe PADC ?
3- Dans quelle mesure l'emplacement du puits à pompe
intègre-t-il les traditions locales ?
4- Quels sont les conflits qui naissent de l'utilisation des
puits à pompe dans ces deux villages ?
5- Quelles sont les résolutions prises à votre
niveau pour gérer chaque conflit ?
6- Quelles sont les dispositions prises pour que les
populations assurent la maintenance des puits à pompe du PADC au niveau
des villages Mebomo et Bikogo ?
7- Avez-vous quelque chose à ajouter par rapport
à tout ce que vous avez déjà dit
Ø Délégué du MINADER
d'Elig Mfomo
Identification de l'enquêté :
Nom et
prénoms :................................................
Année de
naissance :.............................................
Qualité :
.............................................................
1- Comment la politique de développement communautaire
du Cameroun est-elle appliquée au niveau des villages ?
2- Comment le MINADER a-t-il procédé au niveau
des villages Mebomo et Bikogo pour impliquer les populations utilisatrices dans
la préparation du projet des puits à pompe du PADC ?
3- Dans quelle mesure la mise en place des puits à
pompe du PADC dans les villages Mebomo et Bikogo prend-elle en compte les
traditions locales ?
4- Quels sont les conflits qui naissent de l'utilisation des
puits à pompe du PADC dans les villages Mebomo et Bikogo ?
5- Que fait le MINADER pour résoudre chaque
conflit ?
6- Qu'est ce qui explique le fait que les populations
utilisatrices n'assurent pas convenablement la maintenance des puits à
pompe du PADC réalisés dans les villages Mebomo et
Bikogo ?
7- Avez-vous quelque chose à ajouter par rapport
à tout ce que vous avez déjà dit ?
b- Avec les responsables du PADC
Identification de l'enquêté :
Nom et
prénoms :...................................................
Année de
naissance................................................
Qualité :
...................................................................
1- Quelle est la politique d'intervention du PADC pour ce qui
est de la réalisation des puits à pompe dans les
villages ?
2- Comment les communautés villageoises sont
impliquées dans la réalisation d'un puits à
pompe ?
3- Quelle place le PADC accorde-t-il aux traditions locales
lors de l'implantation d'un puits à pompe dans un village ?
4- Comment le PADC résout-il l'adéquation
population/ nombre de puits par village ?
5- Quelles sont les dispositions prises par le PADC pour
gérer les conflits liés à l'utilisation des puits à
pompe dans les villages ?
6- Comment les populations villageoises
bénéficiaires ou utilisatrices sont-elles accompagnées par
le PADC après la réalisation du puits à pompe ?
7- Avez-vous quelque chose à ajouter par rapport
à tout ce que vous avez déjà dit ?
c- Avec les chefs de
villages et les responsables du comité de gestion des puits à
pompe et les élites extérieures du village
Identification de l'enquêté
Nom et
prénoms :...................................................
Année de
naissance :...............................................
Village :..............................................................
Qualité :
............................................................
* L'historique du village
1- Que signifie le nom de ce village ?
2- Depuis quand ce village porte-t-il ce nom ?
3- Qui a fondé ce village ? En quelle
année ? Quand est-il mort ?
4- Quelles sont les populations d'origine de ce village
(autochtones) ? Qui sont les allogènes ?
5- Quels sont les événements importants de
l'histoire de ce village ?
6- Existe-t-il des endroits sacrés dans ce
village ?
* L'hydrographie
7- Quels sont les différents cours d'eau du village
?
* Le désenclavement
8- Le village est-il accessible en saison de
pluie ?
*Les soins de santé primaires
9- Quelles sont les différentes maladies qui terrassent
beaucoup les gens de ce village ?
10- Comment soignez-vous les différentes
maladies liées à la qualité de l'eau?
*L'éducation de base
11- En dehors du puits à pompe, quoi d'autre le PADC
a-t-il réalisé dans votre village ?
* La mise en valeur des terres et activités
économiques
12- Quels sont les activités économiques
pratiquées par les habitants de ce village ?
13- Que vendez-vous ici au village pour avoir de
l'argent ?
14- Que vendez-vous hors du village pour avoir de
l'argent ?
15- Quels sont les élites extérieures du village
et leurs contacts téléphoniques ?
*La réalisation et gestion des puits à
pompe du PADC
16- A quelle phase du projet des puits à pompe du PADC
les populations de votre village ont- elles été
impliquées ?
17- Quels sont les avantages qu'offrent le puits à
pompe du PADC aux habitants de votre village ?
18- Quels sont les conflits liés à la gestion de
votre puits à pompe du PADC ?
19- Quelles sont les dispositions prises pour gérer
chaque conflit ?
20- Comment votre village assure-t-il la maintenance de votre
puits à pompe ?
21- Avez-vous quelque chose à ajouter par rapport
à tout ce que vous avez déjà dit ?
d - Avec les
ménages
Identification du représentant du
ménage :
Village....................................
Nom et prénoms :.......................
Année de naissance :..............................
Qualité : .................................
Effectif total du ménage .........................
N°............
1- Quels sont les différents usages que vous faites de
l'eau ici au village ?
2- Où puisez-vous l'eau que vous utilisez ?
3- Combien de minutes marchez-vous pour atteindre le lieu
où vous puisez l'eau ?
4- Qui a réalisé les puits à pompe de
votre village ?
5- Combien votre ménage a-t-il payé pour la
réalisation du puits à pompe PADC ?
6- Qui a-t-on contacté ici au village avant le
démarrage de la réalisation du puits à pompe du
PADC ?
7- L'emplacement du puits à pompe du PADC vous
convient-il ? Pourquoi ?
8- Quels sont les avantages qu'offrent le puits à pompe
PADC aux ménages de ce village ?
9- Quelles sont les difficultés liées à
l'utilisation du puits à pompe du PADC ?
10- Pouvez-vous nous préciser les différents
conflits causés par le puits à pompe PADC ?
11- Quelles sont les causes de chaque conflit ?
12- Qui s'occupe de l'entretien du puits à pompe du
PADC ?
13- Combien chaque ménage du village paye-t-il par
mois pour cet entretien ?
14- Comment appréciez-vous la qualité de
l'eau qui coule du puits à pompe PADC ?
15- Où puisez-vous encore de l'eau en dehors du puits
à pompe PADC ? Pourquoi ?
16- Avez-vous autre chose à ajouter par rapport
à tout ce que vous avez déjà dit ?
ANNEXES 2 : La
liste des enquêtés
Noms et Prénoms
|
Village
|
Année de naissance
|
Qualité
|
Effectif ménage
|
Abena Faustin
|
Mebomo
|
1947
|
infirmier retraité
|
21
|
Aliguena Françoise
|
Mebomo
|
1947
|
Cultivatrice
|
05
|
Atangana Messomo Guillaume
|
Bikogo
|
1942
|
Administrateur de société retraité
|
01
|
Ateba Ebassa Laurentine
|
Bikogo
|
|
Cultivatrice
|
06
|
Ayissi Biloa Joseph
|
Mebomo
|
1954
|
Maçon
|
10
|
Ayissi Protaire
|
Mebomo
|
1937
|
Chauffeur retraité
|
07
|
Ayissi Tsala Benoît
|
|
1953
|
Enseignant/Premier adjoint au Maire d'Elig-Mfomo
|
|
Avodo Ayissi Alain Jules
|
Mebomo
|
1980
|
Chef de 3e degré
|
|
Bama Yangona Jean Blaise
|
|
1961
|
Superviseur régional PADC Centre
|
|
Bessala Zombolo Didier
|
Mebomo
|
1944
|
Vannier
|
10
|
Biloa Angéline
|
Bikogo
|
1939
|
Culturelle
|
06
|
Biloa Régine
|
Mebomo
|
1973
|
Cultivatrice
|
08
|
Bingana Kouna
|
|
1953
|
Délégué d'Arrondissement du MINDER
d'Elig-Mfomo
|
|
Eloundou Chantal
|
Bikogo
|
1979
|
Cultivatrice
|
04
|
Ewolo Paul
|
Bikogo
|
1972
|
Planteur
|
09
|
Eyebe Jean Marie
|
Mebomo
|
1953
|
Gendarme retraité
|
07
|
Evengua Emilie
|
Bikogo
|
1955
|
Cultivatrice
|
02
|
Koumeda Tsimi Dieudonné Merlin
|
Mebomo
|
1987
|
Elève
|
11
|
Leku Azenaku Francis
|
|
|
Directeur du développement local et communautaire
(MINADER)
|
|
Mama Avodo Blaise
|
Mebomo
|
1962
|
Artisan
|
15
|
Mama Faustin
|
Bikogo
|
1949
|
Planteur
|
03
|
Mama François
|
Bikogo
|
1938
|
Planteur
|
11
|
Mama Okala Grégoire
|
Bikogo
|
1956
|
Planteur
|
07
|
Mballa Sylvain
|
Mebomo
|
1983
|
Chauffeur
|
03
|
Mbia Salomé
|
Bikogo
|
1956
|
Cultivatrice
|
03
|
Mbonde Nock Modeste
|
|
1957
|
Adjoint d'Arrondissement/secrétaire d'administration
à la sous-préfecture d'Elig-Mfomo
|
|
Mbouga Ateba Marie
|
Bikogo
|
1980
|
Cultivatrice
|
02
|
Mengue Ndongo Baltazar
|
Mebomo
|
1968
|
Planteur
|
12
|
Menounga Tsala
|
Bikogo
|
1951
|
Planteur
|
04
|
Messi Christophe
|
Bikogo
|
1972
|
Planteur
|
06
|
Midzomo Agrius
|
Bikogo
|
1965
|
Trésorier du comité de gestion du puits à
pompe de Bikogo
|
|
Minfegue Ayissi Benoît
|
Mebomo
|
1984
|
Vétérinaire
|
14
|
Molo Ngah Agnès
|
Bikogo
|
1945
|
Cultivatrice
|
18
|
Motsala Lebele Lucien
|
Bikogo
|
1970
|
Aide magasinier/Président du comité de
développement villageois/Délégué GIC Comité
Local de Développement
|
|
Mvoa Sinphorien
|
Bikogo
|
1936
|
Planteur
|
10
|
Nanga Eloundou Victor
|
Bikogo
|
1940
|
Maitre d'école retraité
|
03
|
Ndjie Jacqueline
|
Mebomo
|
1965
|
Cultivatrice
|
05
|
Ndoki Ousseini
|
|
1980
|
Cadre à la direction de l'hydraulique rurale et de
l'hydrologie
|
|
Ndouga Gilbert
|
Mebomo
|
1990
|
Photographe
|
05
|
Ndze Tsimi Rodrigue
|
Mebomo
|
1988
|
Elève
|
15
|
Ngah Antoinette
|
Bikogo
|
1971
|
Institutrice de l'enseignement technique
|
03
|
Ngatsanga Clotilde
|
Bikogo
|
1959
|
Cultivatrice
|
12
|
Ngoa Jean Pierre
|
Bikogo
|
1967
|
Planteur
|
09
|
Ngono Joseph
|
Bikogo
|
1947
|
Planteur
|
12
|
Ngono Thérèse
|
Bikogo
|
1956
|
Cultivatrice
|
06
|
Ngono Valentin
|
Bikogo
|
1936
|
Chef coutumier de 3e degré
|
|
Ngono Valentin
|
Bikogo
|
1972
|
Planteur
|
10
|
Nke Ayissi Jean
|
Bikogo
|
1952
|
Planteur
|
07
|
Noah Henri
|
Bikogo
|
1969
|
Planteur
|
08
|
Obama Mvoa Désiré
|
Bikogo
|
1964
|
Planteur
|
08
|
Okala Ngono Charles
|
Mebomo
|
1946
|
Planteur
|
07
|
Olinga Modo Vital
|
Bikogo
|
1938
|
Planteur
|
12
|
Onana Touna Louis-Armand
|
Bikogo
|
1976
|
Chauffeur
|
04
|
Otabela Avodo Gallus
|
Mebomo
|
1958
|
Artisant
|
18
|
Pomo Pascal
|
Bikogo
|
1982
|
Commerçant
|
07
|
Tomo Ndongo Pascal
|
Bikogo
|
1947
|
Charpentier
|
02
|
Tsala Donard
|
Bikogo
|
1940
|
Planteur
|
03
|
Tsala Otabela
|
Mebomo
|
|
Président du comité de développement
villageois
|
|
Tsimi Joseph-Marie
|
Mebomo
|
1960
|
Planteur
|
11
|
Source : Donnée d'enquête
de terrain, 2009.
ANNEXES 3 : La
Comparaison des mortalités et morbidités au CSI de Nkengué
entre 2004 et 2008
MORTALITE ET MORBIDITE AU CSI DE NKENGUE EN
2004
|
J
|
F
|
M
|
A
|
M
|
J
|
J
|
A
|
S
|
O
|
N
|
D
|
Total
|
0-11 mois
|
13
|
22
|
17
|
26
|
22
|
08
|
12
|
00
|
17
|
22
|
19
|
30
|
208
|
1-4 ans
|
18
|
29
|
27
|
33
|
29
|
24
|
22
|
06
|
24
|
28
|
35
|
32
|
307
|
5ans et +
|
160
|
194
|
54
|
71
|
113
|
66
|
57
|
90
|
84
|
128
|
162
|
144
|
1323
|
MORTALITE ET MORBIDITE AU CSI DE NKENGUE EN
2008
|
J
|
F
|
M
|
A
|
M
|
J
|
J
|
A
|
S
|
O
|
N
|
D
|
Total
|
0-11 mois
|
26
|
24
|
08
|
26
|
12
|
18
|
06
|
26
|
24
|
32
|
18
|
28
|
248
|
1-4 ans
|
19
|
17
|
12
|
15
|
08
|
19
|
09
|
19
|
16
|
26
|
21
|
21
|
202
|
5ans et +
|
16
|
63
|
32
|
17
|
09
|
21
|
12
|
18
|
21
|
18
|
32
|
31
|
290
|
Source : Statistiques hôpital de
district d'Elig-Mfomo, septembre 2009.
ANNEXES 4 : La liste
non exhaustive des élites des villages
Noms et prénom
|
Profession
|
Localisation
|
Village
|
Angoni née Tassi Sabine
|
Conseiller municipal à Elig-mfomo
|
Yaoundé
|
Mebomo
|
Ayissi Tsala Benoit
|
Directeur école primaire
|
Elig-mfomo
|
Bikogo
|
Awona Ateba
|
Préfet du Dja et lobo
|
Sangmélima
|
Bikogo
|
Bessala Philémon
|
ADC
|
Yaoundé
|
Mebomo
|
Ebodo Nke Albert
|
Chef centre des affaires sociales
|
Monatele
|
Bikogo
|
Ekani pierre
|
Opérateur économique
|
Douala
|
Mebomo
|
Eloundou Ndzana Janvier
|
Cuisinier
|
Yaoundé
|
Mebomo
|
Etaba Hubert
|
Secrétaire Général de Mairie
|
Elig-mfomo
|
Bikogo
|
Eyebe Jean Roger
|
Administrateur civil Minadt
|
Yaoundé
|
Bikogo
|
Mama Pierre Balthazar
|
Huissier de justice
|
Meiganga
|
Bikogo
|
Mba Ayissi Abel
|
|
Yaoundé
|
Mebomo
|
Menounga Georges
|
|
Douala
|
Mebomo
|
Modo Romuald
|
Directeur Sar/Sm
|
Edéa
|
Bikogo
|
Motsala Jean
|
Délégué des enseignements secondaires
|
Monatele
|
Bikogo
|
Ndjana Louis de Gonsack
|
Administrateur civil, sous-directeur du budget au Minadt
|
Yaoundé
|
Bikogo
|
Ndjana Messi Joseph
|
Mécanicien
|
Yaoundé
|
Mebomo
|
Ndjié Otabela
|
Université de Yaoundé 1
|
Yaoundé
|
Mebomo
|
Ndje Rémi
|
Technicien à la CRTV
|
Yaoundé
|
Bikogo
|
Ngah Meyongo
|
Retraité imprimerie
|
Yaoundé
|
Mebomo
|
Ngono François
|
Proviseur lycée
|
Elig-mfomo
|
Bikogo
|
Okala Mathieu
|
Professeur lycée technique
|
Obala
|
Bikogo
|
Onballa Modeste
|
Chauffeur
|
Yaoundé
|
Mebomo
|
Source : Donnée d'enquête de
terrain, 2009.
ANNEXES 5 : Carte du
Cameroun et du département de la Lekié
Source : Institut national de cartographie,
2010.
Source : Centre ORSTOM de Yaoundé,
1966.
Annexe 6 :
Photos d'échange formel et de quelques sources d'eau
Photo 1 : focus group avec le chef de Bikogo et ses
conseillers
Source : Donnée d'enquête de
terrain, 2009
Photo 2 : Point d'eau
aménagée de Ngo dzogo (à Bikogo) de 1958
Source : Donnée d'enquête de
terrain, 2009
Photo 3 : Enfants parcourant une longue distance
pour avoir de l'eau des sources d'eau
Traditionnelles
Source : Donnée d'enquête de
terrain, 2009.
Photo 4 : Puits à pompe de Bikogo
démonté et abandonné en attente de moyens financiers
pour être maintenu
Source : donnée d'enquête de
terrain, 2010
ANNEXES 7 : Recette
médicinale à base d'eau.
Boire de l'eau à jeun (l'estomac vide). C'est une
pratique populaire au Japon aujourd'hui de boire de l'eau dès le
réveil chaque matin. De plus, des tests scientifiques en ont
prouvé la valeur. Ici il est question d'une description d'autres usages
de l'eau. Pour des maladies anciennes et graves, ainsi que pour des maladies
modernes, la cure d'eau a été jugée avec succès par
une société médicale japonaise par la guérison
à 100% des maladies et symptômes suivants : douleurs
générales, système cardiaque, arthrite, pouls trop rapide,
épilepsie, excès de poids, bronchite, asthme, méningite,
maladie rénale et urinaire, gastrite, diarrhée,
hémorroïdes, diabète, constipation, toutes les maladies
d'yeux, cancer de l'utérus, difficultés de menstruation, maladies
oreilles-nez- et gorge.
Posologie :
Au réveil le matin, avant de se brosser les dents,
boire quatre (04) verres de 160 ml d'eau.
Brosser et nettoyer la bouche, mais ne pas manger ni boire
avant 45 minutes.
Après 45 minutes, on peut manger et boire comme
d'habitude.
Après 15 minutes du déjeuner, dîner et
souper, ne pas manger ou boire avant 2 heures.
Les personnes âgées ou malades qui ne peuvent pas
boire 4 verres d'eau au début peuvent commencer par une petite
quantité et augmenter progressivement jusqu'à quatre (04) verres
par jour.
Cette cure guérira les malades tandis que les autres
personnes pourront jouir d'une bonne santé.
Nombre de jours de traitement pour
guérir/contrôler/réduire les principales
maladies :
Haute tension sanguine, 30 jours
Gastrique, 10 jours
Diabète, 30 jours
Constipation, 10 jours
Cancer, 180 jours
Les patients arthritiques (maladies rhumatismales,
inflammation d'une ou de plusieurs articulations) devraient suivre ce
traitement 3 jours seulement durant la première semaine et
quotidiennement à partir de la deuxième semaine.
Bon à savoir : Cette
méthode de traitement n'a pas d'effets secondaires, cependant au
début du traitement il se peut qu'on doive uriner quelques fois. Il est
mieux de continuer et de faire de cette cure une routine dans notre vie.
Buvez de l'eau et demeurez en bonne santé et actif.
Les Chinois et les Japonais boivent du thé chaud avec leurs repas, et
non de l'eau froide. Il serait peut-être temps que nous adoptions leur
habitude de boire chaud en mangeant ! Rien à perdre, tout à
gagner. Pour nous qui aimons boire de l'eau froide, cet article s'applique
à nous. Il peut être agréable de prendre un breuvage
froid après un repas. Cependant, l'eau froide solidifie les graisses
dans la nourriture qu'on vient de consommer. Elle ralentit la
digestion. Dès que cette matière réagit avec l'acide,
la nourriture devient davantage fluide et est plus rapidement absorbée
par l'intestin que la nourriture solide. Elle se colle aux parois de
l'intestin. Bientôt, ceci devient des gras et conduit au cancer. Il est
mieux de boire de la soupe chaude ou de l'eau chaude après un repas.
Sources : Nelly Murielle Monkam
Kamga,
Médecin santé publique,
MPH Direction de la santé Familiale Ministère de
la santé publique
BP 7201 Yaoundé
Tel : +273 99 93 60 46
* 1 Djuidjeu Mbogne (1983)
relève, par exemple les discours prononcés en 1973 par le
président Ahidjo lors de l'inauguration de la foire agricole de Buea et
de la préfecture de Monatélé.
* 2 Référence
est faite ici à la période qui va de 1958 à 1982 et qui
est marquée par la présence à la tête de l'Etat
camerounais de son premier président de la république Ahmadou
Ahidjo. Il s'en suivra l'ère Biya, président actuel, qui va du 06
novembre 1982 à nos jours.
* 3 Cf.
infra, chapitre I sur la présentation du milieu
étudié.
* 4 Dans le cadre d'une
importante étude ayant trait aux représentations et pratiques
culturelles liées aux excréments, et surtout une contribution
à la grande enquête menée par l'ORSTOM-CNRS et l'IMPM sur
« l'anthropologie alimentaire des populations
camerounaises » en 1989, Flavien Tiokou Ndonko procède
à une classification des maladies diarrhéiques chez les
pêcheurs Yasas de la côte sud-Cameroun.
* 5 L'UNICEF a publié
en 2006 un rapport détaillé sur la situation dans le monde de
l'alimentation en eau, l'accès aux installations sanitaires et
l'hygiène au quotidien.
* 6 Lors du passage au
3e millénaire en 2000, les Nations unies ont adopté
huit objectifs concrets du millénaire pour le développement. La
communauté internationale s'est engagée ainsi à unir ses
forces pour encourager le développement dans l'hémisphère
Sud et éliminer la grande pauvreté d'ici 2015. Afin de relever
l'importance de l'eau pour le développement, l'objectif numéro 7
réclame des mesures d'urgence pour réduire de moitié d'ici
à 2015 le nombre de personnes sans eau potable.
* 7 Cf. infra, chapitre
I sur la présentation du milieu étudié.
* 8 Cf. la loi
N°2004/018/ du 22 Juillet 2004 fixant les règles applicables aux
communes au Cameroun.
* 9 Pour Ueli Stueki et al.
(2005), le PDC est un document de projet et de programme élaboré
par la communauté visant à planifier dans l'espace et dans le
temps les stratégies et actions de développement pour
améliorer les conditions de vie des populations d'une commune.
* 10 Alain Jules Avodo
Ayissi, née en 1980, chef de 3e degré du village
Mebomo. Entretien du 14 Octobre 2009 de retour de sa plantation.
* 11 Elig-Mfomo en
éton signifie l'«héritage de
Mfomo », originaire de Mebomo, Mfomo était
installé au centre urbain actuel sur la demande de son ami Bingana, chef
de l'une des principales familles dudit centre urbain pour fuir sa terre
natale. Car, tous ses enfants mourraient de façon mystérieuse.
Mfomo avait, pour l'occasion, obtenu de son ami Bingana une parcelle de
terrain, située en face de l'actuelle chefferie de 3e
degré, où il s'installa et eut deux enfants : un
garçon et une fille. Le garçon décéda à 20
ans et sa soeur ira en mariage. Après la mort de Mfomo et de son
épouse, sa maison demeurera abandonnée. Le chef de subdivision de
Sa'a de l'époque, lors d'une visite dans la localité, fut surpris
de trouver un immeuble de triste mine, et à la question de savoir
à qui appartenait cet immeuble, on lui répondit que
c'était l'« héritage de Mfomo ».
D'où le nom d'Elig-Mfomo, qu'on attribua par la suite à cette
localité.
* 12 Il est important de
noter que les hameaux des villages sont situés au sommet des
côtes, de façon que l'on parle beaucoup plus de
« à la traversée » pour indiquer le passage
ou le bas fond entre deux sommets de côte d'habitation.
* 13 « Tout
clan est un rassemblement des gens qui disent descendre d'un même
ancêtre, mais ne pouvant pas remonter tous les maillons de la
chaîne. Par contre, le lignage est le groupe de gens qui descendent d'un
même ancêtre commun connu. Il peut éventuellement se
répartir en différentes branches ou
lignées » note Henri Mendras (2002 : 160).
* 14 Depuis le décret
N°2008/376, portant organisation administrative de la République
du Cameroun, article 2, on parle maintenant de région.
* 15 Ex-MINAGRI.
* 16 Il faut noter que les
deux villages font partie de l'aire de santé du centre de santé
intégré de Nkengue. Les données chiffrées
concernant la santé que nous avons recueillie, sont relatives à
ce centre de santé intégré. Pour Albert Legrand Fosso
(2009), dans le parcours des patients, le centre de santé
intégré est l'unité de soins périphériques.
À l'intermédiaire, se trouve le centre médical
d'arrondissement et finalement, l'hôpital de district est l'ultime cadre
de référence des patients.
* 17 Cf.
infra le tableau comparatif entre 2004/2008 de la mortalité et
de la morbidité au centre de santé de Nkengué entre
2004/2008. Pour plus de détails, Cf. annexes.
* 18 Cf. infra,
tableau sur les dix premières causes de consultation.
* 19 Valentin Ngono,
né en 1936, chef de 3e degré de Bikogo. Entretien du
10 octobre 2009, devant la chefferie/centre d'Etat civil du village
Bikogo.
* 20 Lire à ce sujet
les études de F. Ngueyap (1996 : 393-406) qui permettent
de comprendre comment la mise au travail des enfants au sein de l'univers
familial, en vue de leur socialisation, contribue à les forger une
personnalité dans la société.
* 21 Selon la politique
nationale d'approvisionnement en eau et d'assainissement en milieu rural, elle
est mise en place avant même l'installation de la pompe et est
constituée de quelques représentants des usagers, hommes et
femmes. Sa responsabilité est d'organiser la maintenance de la pompe, en
mobilisant l'artisan réparateur en cas de besoin. Les
responsabilités du comité sont : de constituer et de
gérer une caisse destinée à financer la maintenance ;
au cas où une structure bancaire existerait à proximité,
le comité est encouragé à y déposer les
fonds ; de rassembler des contributions financières des usagers
pour alimenter cette caisse ; de mobiliser l'artisan réparateur en
cas de panne et lui payer le prix de son intervention, de ses frais de
déplacement et des pièces détachées ; de
mobiliser les usagers pour un bon entretien quotidien du point d'eau. La charge
de travail du comité est très légère et ne
nécessite pas de réunions fréquentes. Il n'est donc pas
indispensable de lui imposer trop de formalisme (réunions, registre) ni
de rémunérer ses membres. Cependant, la politique nationale ne
s'oppose pas à la rémunération de membres, si le
comité estime que s'est nécessaire pour garantir leur
assiduité.
Il est recommandé que cette structure soit
rattachée à un comité de développement villageois,
pour assurer sa pérennité, à condition que les
contributions financières pour le point d'eau ne puissent être
utilisées que pour le service de l'eau.
* 22 Agrius Midzomo,
né en 1960, maçon carreleur, est l'actuel président du
comité de gestion du puits à pompe du PADC de Bikogo en lieu et
place de feu Ngono Mebara jeanne (présidente) et de Molo Agrièce
(trésorière) partit s'installer en ville. Entretien du 13/11/09
au carrefour de Bikogo.
* 23 Cf. annexes
d'une source d'eau traditionnelle de Bikogo.
* 24Benoit Ayissi Tsala,
né en 1953, directeur de l'école primaire d'Elig-mfomo/premier
adjoint au Maire d'Elig Mfomo et élite du village Bikogo.
* 25 Cf. infra photo
des puits de Bikogo en panne et de Mebomo fonctionnel.
* 26 Pour la présente
panne, c'est le cylindre qui fait défaut, c'est lui qui permet de pomper
l'eau du puits.
* 27 Au moment de la panne,
le comité de gestion du puits à pompe de Bikogo disposait de
118 000 Fcfa. Après un premier diagnostic, le technicien a
demandé 70 000 F cfa qui a été débloqué
par ledit comité. Mais, après, c'est plutôt le cylindre qui
s'est avéré défaillant. Or, il coûte 180 000 F
cfa et la main d'oeuvre du technicien évaluée à
30 000 F cfa. Cette somme n'a pas pu être réunie par le
comité de gestion.
* 28 Cf. Liste des
élites des villages en annexes.
* 29 Lucien Motsala Lebele,
née en 1970, aide magasinier, président du comité de
développement de Bikogo, délégué du Gic
comité local de développement. Entretien du 10 Octobre 2009
à son domicile.
* 30 Guillaume Messomo
Atangana, née en 1942, administrateur de société
retraité. Entretien du 11 Octobre 2009 à son domicile avant le
départ pour sa plantation.
* 31 Fils du village Bikogo,
il est actuellement préfet du département du Dja et Lobo dans la
région du Sud-Cameroun, avec résidence à
Sangmélima.
* 32 Grégoire Mama
Okala, née en 1956, planteur, Secrétaire général du
chef du village. Entretien du 16 Octobre 2009 à son domicile de retour
de sa plantation de cacao.
* 33 Résulte du
désir d'expression de leur attachement au village natal, d'affirmer leur
notoriété, acquisition de titres de noblesse. Ils
réalisent, individuellement ou collectivement, une maison, une
école, une route, un pont ou un puits à pompe.
* 34 Ils doivent y
construire ou y faire construire une route, un dispensaire, une école,
un puits à pompe, un bureau de poste pour espérer recueillir les
voix de leurs « compatriotes », lors des
élections municipales, des députés à
l'assemblé nationale ou des membres du bureau du comité de base
des partis politiques.
* 35 Les citadins qui
recherchent du profit matériel ou financier en y lançant
certaines réalisations.
* 36 Modeste Mbonde Nock,
née en 1957, adjoint d'arrondissement du sous-préfet
d'Elig-Mfomo. Entretien du 06 février 2009 devant la
sous-préfecture, lors des préparatifs de la fête de la
jeunesse (11 février).
* 37 Ndoki Ousseini,
née en 1980, cadre à la direction de l'hydraulique rurale et
l'hydrologie au MINEE. Entretien du 02 septembre 2009 dans son bureau.
* 38 Faustin Abéna,
née en 1947, infirmier retraité, ex-président du
comité de santé intégré de Nkengué.
Entretien du 29 juillet 2009 devant son domicile, qui tient lieu de cabinet
pour des petites chirurgies et petites consultations à Mebomo.
* 39 Par
« entretien » ici, il faut entendre, l'hébergement
et parfois la nutrition de l'équipe technique. Car, il n'existe pas de
case de passage ni d'auberge, ou encore moins d'hôtel dans les deux
villages étudiés. Il est plus facile de bénéficier
de l'hospitalité d'une famille. En contre partie, l'hôte peut,
selon sa volonté, assister la famille d'accueil dans les charges
journalières (travaux champêtres, nutrition familiale). Nous avons
eu l'opportunité d'être entretenu par la famille du jeune Ndzana,
moto taximan, résidant à Bikogo.
* 40 Cf.
supra Chapitre I sur la présentation du milieu
étudié.
* 41 Cette élite,
ex-DGA au MINSANTE, est en faite originaire de Nkengue, un village voisin, mais
a financé la réalisation de ces deux puits en tant que beau-fils
de ce village, c'est d'ailleurs la raison pour la quelle ces puits se trouvent
dans les hameaux Nkolo Nanga et Nkolo Otomo, donc proche de sa belle famille,
et non dans ceux de la chefferie, de zébédé nord ou sud
qui sont par ailleurs, plus proche de Nkengue.
* 42 Il l'a
réalisé à titre personnel pour le compte de son
collège, Popolorium, mais cependant l'ouverture est
réglementée (matin et soir) et l'accès à ces heures
reste libre à toute personne sans distinction.
* 43 Les ateliers de
planification permettent d'identifier et de mettre en oeuvre les
priorités de développement des populations. Lors des ateliers de
planification de Bikogo et de Mebomo, les priorités étaient
l'électrification, l'eau potable, l'école et le centre de
santé.
* 44 Dans ce paragraphe nous
nous inspirons largement de J.P. Olivier de Sardan (1995 : 77-96).
* 45 Jean Blaise Bama
Yangona, né en1961, Superviseur régional PADC Centre. Entretien
du 02 octobre 2009 dans son bureau.
* 46 Cf. supra
Chapitre II sur l'évaluation à mi-parcours des puits
à pompe du PADC de Mebomo et de Bikogo.
* 47 Extrait d'un discours
donné lors d'une conférence à Dakar
(Sénégal) en 1998.
* 48 A ce sujet, lire Eric
de Rosny, 1996, Les yeux de ma chèvre, Paris, Plon, collection
Terre Humaine deuxième édition.
* 49 Françoise
Aliguena, née en 1947, cultivatrice, entretien du 11 octobre 2009,
à son domicile.
* 50 Cf. supra
Chapitre I sur la présentation du milieu étudié.
* 51 Baltazar Mengue Ndongo,
née en 1968, planteur. Entretien du 11 octobre 2009, à son
domicile de retour de plantation.
* 52 Gallus Otabela Avodo,
née en 1958, artisan/planteur. Entretien du 11 octobre 2009 près
de son domicile.
* 53 La famille ici fait
référence au groupe ethnique et pour le cas présent, ce
sont les Engap dont-il est fait allusion.
* 54 Le puits du Bossapal du
village Mebomo, a fait les frais de cette gestion calamiteuse. Des entretiens
du 09 Octobre 2009 avec le premier adjoint d'arrondissement du
sous-préfet d'Elig-Mfomo, Modeste Mbonde Nock, dans son bureau, il nous
a été relaté que le premier gestionnaire de ce puits
à pompe avait été démis de ses fonctions. La cause
était le détournement des fonds collectés. Pour y faire
face, il a été contraint de rembourser la somme
détournée. Dans ce cas, une difficulté demeure,
l'estimation avec exactitude de cette somme n'est connue que par le
présumé détourneur, car, aucun bilan n'était fait
jusqu'à ce que son forfait ne soit mis au grand jour. Une autre
résolution a été celle de l'obligation de faire un bilan
annuel des avoirs collectés par le prochain gestionnaire de ce puits
à pompe.
* 55 Vital Modo Olinga,
née en 1938, planteur. Entretien du 16 octobre 2009 à son
domicile.
* 56 Pour Maxime Haubert et
Pierre Phillipe Rey (2000), l'organisation communautaire de base est le premier
stade des organisations de la société civile.
* 57 Bingana Kouna,
née en 1953, délégué d'arrondissement du MINADER
d'Elig-Mfomo. Entretien du 02 décembre 2009 dans son bureau.
* 58 Cf. La loi
N° 90/053 du 19 décembre 1990 relative à la liberté
d'association au Cameroun qui prévoit que la demande de création
d'une association est déposée auprès de la
préfecture de la localité siège.
* 59 C'est une forme de
champignon microscopique qui attaque le cacao.
* 60 D'après Lucien
Motsala Lebelé, dans le processus de regroupement, le paysan va vers un
groupe ou Gic, c'est le premier niveau de regroupement ; les Gics se
regroupent en union de Gics, c'est le second niveau de regroupement ; le
troisième niveau de regroupement est la fédération ou la
coopérative de Gics ; et l'ultime niveau de regroupement est le
niveau quatre, représenté par l'union des
fédérations qui peut s'étendre sur plusieurs
départements. Par exemple, les villages étudiés sont dans
la fédération des unions des Gics des éleveurs et
agriculteurs d'Elig-Mfomo (FUGEAEM). Elle est constituée de quatre
unions de Gics (Union des Gics des éleveurs et agriculteurs de
Nkengué et de Bikogo, union des Gics des producteurs et éleveurs
d'Elig-Mfomo, union des Gics des éleveurs et agriculteurs d'Enigo et
Enobita, union des Gics des éleveurs et agriculteurs d'Endama). Chaque
Gic a son lot de cacao qu'il déclare au président de son union.
Chaque président d'union déclare son stock de cacao au
coordonnateur de la fédération. Ce dernier va négocier le
prix du cacao au niveau des exportateurs en tenant compte du prix free on
board (FOB) puis du prix coût assurance fret (CAF) et enfin du prix
port champ qui revient au paysan.
* 61 Les fongicides et les
insecticides sont les principaux intrants nécessaires à
l'entretien des cacaoyers. En fait, avant, les paysans ne savaient pas qu'ils
pouvaient eux-mêmes choisir les produits de bonne qualité, qu'ils
pouvaient négocier directement avec les fournisseurs.
* 62 Le
« cocsage » est une technique de vente
individuelle et désordonnée puis d'achat ambulant de cacao par
des commerçants qui scionnent les villages à bord de voiture
pick-up.
* 63 Référence
est faite ici à la mise sur pied des Gics, l'organisation des travaux
collectifs sous forme de brigade d'intervention avec l'atomiseur ou les
pulvérisateurs dorsaux, l'achat d'intrants de qualité chez des
fournisseurs (ADER, YARA, FIMEX), la négociation des prix avec les
exportateurs.
* 64 Les différences
entre un puits à pompe et un forage sont : un puits à pompe
a un diamètre de circonférence plus grand que le forage mais un
puits à pompe est peu profond (inférieur à 45m) par contre
le forage est plus profond (plus de 45 m). Ceci fait qu'avec un forage
l'accès à l'eau est plus abondant et le problème de
sécheresse que connait le puits à pompe est
évacué.
* 65 Une maison familiale en
Afrique est un exemple de cas de développement communautaire à
Abong-Mbang au Cameroun. Dans ce cas, il a fallu prendre une année pour
déblayer le terrain. Pour la phase de préparation
(écouter, observer, rendre visite aux gens, prendre contact avec les uns
et les autres, discuter des divers problèmes qui se posent aux villages,
présenter les objectifs à réaliser ensemble, créer
un climat de confiance). A cette phase de découverte réciproque,
succède une phase d'action dans les villages. A ce niveau, l'animateur
propose d'organiser au niveau de chaque village, des
« journées d'éducation » autour d'un certain
nombre de thèmes intéressant les villageois (amélioration
de la production caféière (régénération,
entretien), amélioration de la production cacaoyère (nettoyage,
traitement), recherche d'une meilleure utilisation de l'argent,
amélioration de l'habitat.). Dans une troisième phase, il sera
question de mettre sur pied, dans chaque village une association de personnes
intéressées par le projet. Par ce mécanisme, il
était question de créer un pôle d'adultes capable
d'entériner le projet et mieux ouvert à l'innovation. Ce n'est
qu'après tout ceci que des actions se matérialisent.
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