Remerciements
De tout coeur nous remercions tout le corps professoral
et administratif de l'IPSJM. A Gianna PALLANTE, notre professeur, qui a
bien voulu accompagner et diriger ce travail, nous disons grand merci
pour ses perspectives pédagogiques. L'attention portée
à nos recherches mérite bien les remerciements.
Nous sommes également reconnaissant envers tous
ceux et toutes celles qui nous accompagnent et nous soutiennent dans
nos efforts , notamment ma maman MUNZAKA Alphonsine, l'abbé
Jacques NZIR, mon neveu Giscard et ma nièce Faustine. Au
père Noël, omi, qui a pris soin de lire notre manuscrit,
nous disons merci. Aux Oblats de Marie Immaculée de la Maison
Yves-Plumey et surtout de la province du Congo, nous disons merci pour
leur soutien et leurs encouragements.
Introduction
Depuis la nuit des temps, l'éducation est une question
ou préoccuption centrale. Raison pour laquelle bon nombre de penseurs
qui l'ont abordé, s'accordent à la définir au plan
général, comme un fait humain fondamental. La sociologie la
présente même comme étant la socialisation des jeunes
générations. En effet, l'éducation cherche à
développer chez l'enfant et chez l'homme adulte tout ce qu'ils ont de
meilleur, qu'il s'agisse du corps, de l'intelligence ou de l'esprit.
L'éduation physique, les travaux manuels, le dessin et la musique
devraient aller de pair pour donner aux garçons et filles la meilleure
éducation qui soit en leur faisant prendre conscience de la
priorité de l'éducation. D'où son caractère
général, universel.
Platon qui, soucieux de réformer les esprits et la
cité, procède par la purification intellectuelle et la recherche
scientifique pour asseoir la réforme qu'il prône en vue d'une
éducation ou formation meilleure aux futurs dirigeants de la
cité. Si donc Platon prône une éducation par le truchement
d'une sélection des meilleurs en tenant compte de leur nature, nous
pouvons de la sorte penser qu'une telle réforme devienne une
nécessité au point que Platon dans La République
estime que les philosophes doivent être institués rois ou que
ceux-ci deviennent à leur tour des philosophes1(*).
C'est seulement dans cette quête, de qui doivent
gouverner la nouvelle cité, que nous nous assignons pour tâche de
réflechir sur l'importance et/ou la nécessité
d'éduquer l'élite. Car la situation actuelle de l'humanité
dans la perspective de l'évolution des cités ne cesse de nous
faire assister aux différents désordres qui sécouent les
cités dépourvues d'une élite bien formée. Notre
question est donc : comment Platon pense-t-il l'éducation de
l'élite gouvernante ?
Ainsi, nous voulons de manière brève parler de
la vie de Platon qui a vu le jour vers 428-427 av. J.C. à
Athènes, dans une famille aristocratique. Animé par les ambitions
politiques, il se détourna peu à peu de la vie politique
athénienne, suite à la guerre du péloponnèse, qui
fut un désastre pour Athènes et sa démocratie, dont toutes
les failles apparurent au grand jour ; mais aussi du fait de sa rencontre
avec Socrate. Ce dernier eut en effet une grande influence sur Platon.
Contemporain des malheurs et de la guerre, d'une crise profonde des valeurs et
de la faillite de la démocratie, Platon s'attache au seul but valable
aux yeux de Socrate : la recherche de la vérité. Comme lui,
il pense que le vrai est accessible à la raison humaine. Sa mort injuste
acheva de le détourner de la vie politique athénienne.
De retour à Athènes en 387, Platon fonde
l'Académie ; cette école de philosphie qui est la
première de l'histoire organisée de façon
méthodique. Il faut dire que c'était un lieu de rencontre
intellectuelle devenu rapidement célèbre. Et en 367 av. J.C.,
Denys Ier meurt ; son fils Denys II lui succède, jeune homme
insignifiant qui semble devoir se laisser mener facilement par un homme de la
famille princière, Dion, en qui Platon avait trouvé, lors de son
premier voyage un adepte fervent de ses vues.
En 361 av. J.C., Denys II invite Platon à nouveau en
Sicile pour la troisième fois. Une nouvelle brouille
éclate ; Platon est assigné à résidence et
Archytas dut faire pression sur Denys pour qu'il fût permis à
Platon de regagner Athènes. De retour cette fois à
Athènes, Platon écrit ses derniers livres dits «oeuvres de
vieillesse». Le philosophe n'a pas rénoncé à son
idéal politique : son dernier ouvrage, Les Lois,
précise en détails la constitution de la cité future.
Les Lois restent inachevées, car Platon meurt en 347 av. J.C.,
à l'âge 80 ans.
Ainsi, l'architecture de notre travail s'organise en trois
chapitres. Dans le premier chapitre, nous parlerons d'abord du pouvoir
politique chez Platon. Puis, dans le deuxième, nous présenterons
la nécessité de l'éducation de l'élite gouvernante.
Enfin, nous donnerons une appréciation critique sur le système
éducatif de Platon.
CHAP.I. LE POUVOIR POLITIQUE
CHEZ PLATON
Dans ce chapitre, il s'agira pour nous de mettre en exergue
la conception du pouvoir politique chez Platon ; laquelle politique est
modelée sur son anthropologie, car les moeurs d'un Etat sont
nécessairement modelées sur celles des individus. Platon ne se
faisait pas d'illusion sur la difficulté d'appliquer son système.
Il savait que la doctrine des idées sur laquelle il repose, était
inaccessible à la foule. Par conséquent, sa constitution devait
lui être imposée, qu'elle le voulut ou pas, et qu'elle ne pouvait
l'être que par un philosophe roi ou un roi philosophe, et philosophe
à la manière de Platon. Ainsi, ce chapitre nous permettra de
comprendre la place du philosophe-roi dans la cité, tout en montrant
certains prérecquis que ce dernier devrait avoir, afin de pouvoir bien
la gouverner.
I.1. Le philosophe-roi dans
la cité
Avant d'aborder cette question, il nous revient de nous
acquitter d'un devoir, celui d'expliquer pourquoi les philosophes peuvent-ils
gouverner la cité selon Platon.
En effet, si Platon veut que les philosophes soient rois ou
l'inverse, c'est parce que le gouvernement qu'il réclame est un
gouvernement de savoir, c'est-à-dire qu'il suppose que ces dirigeants
connaissent le Bien ou la Vérité. Et pour que la vie humaine, une
vie digne de ce nom et d'être vécue soit possible, il faudra que
les philosophes deviennent rois ou les rois philosophes. Dans ce sens, le
pouvoir sera confié aux philosophes.
Bien plus, il n'est rien de plus naturel, de plus raisonnable,
que de confier le pouvoir à celui qui sait distinguer entre le bien et
le mal, la vérité et l'erreur, le réel et la fausse
apparence. N'est-il plus juste de confier le pouvoir à celui qui sait
s'il est bon ou non de construire des arsenaux et de lancer des navires,
plutôt qu'à celui qui l'ignore, au philosophe qu'au
stratège, au banquier ou au démagogue ? N'est-il pas
raisonnable de lui laisser aussi diriger l'éducation de la jeunesse, la
sélection et la formation de l'élite, le choix et l'entrainement
des futurs dirigeants de la cité, au lieu de laisser tout cela
s'accomplir au petit bonheur, sans plan, sans méthode, sans
principes ? Est-il dit que le savoir a moins de droit d'exercer son
influence sur la direction des affaires que le courage, la richesse, le talent
oratoire ou tout simplement la naissance et la tradition ?2(*).
Toutes ces questions nous amènent à dire qu'il
sied juste voire même impérieux de laisser à la charge du
philosophe des affaires de la cité, car ce dernier a la capacité
de distinguer le bien d'avec le mal, la vérité et l'apparence,
etc. Et l'idée que le philosophe soit roi ou chef, constitue le
fondement même du pouvoir politique dans l'oeuvre la plus
émouvante de Platon qui est La République. C'est donc
cette conception qui va être à la base de la pensée
politique platonicienne après la mort de son maître Socrate, car
pour ce dernier, à la question de savoir quel type de changement,
fût-il minime, peut transformer un Etat de mauvais en bon, il
répond : un seul. C'est que les philosophes deviennent rois dans
les cités ou que les rois deviennent à leur tour philosophe.
C'est ainsi que Platon la stipule clairement par la bouche de Socrate lorsqu'il
dit :
« s'il n'arrive pas, repris-je, ou bien que les
philosophes deviennent rois dans les Etats, ou que ceux auxquels on donne le
nom de rois et de princes ne deviennent philosophes, authentiquement et comme
il faut, et cet ensemble, pouvoir politique et philosophie, se rencontre sur la
même tête, s'il n'arrive pas d'autre part qu'aux gens cheminant de
nos jours vers l'un de ces buts à l'exclusion de l'autre, (...) on ne
barre de force la route, (...), alors mon cher Glaucon, il n'y aura pas de
trêves aux maux dont souffrent les Etats, pas davantage, je pense
à ceux du genre humain... »3(*).
Il affirme en outre que « les maux ne cessent
pas pour les humains avant que la race des purs et authentiques philosophes
n'arrive au pouvoir ou que les chefs des cités, par une grâce
divine ne se mettent à philosopher
véritablement »4(*).
Platon on le sait, espéra un moment convertir Denys le
jeune et son ami Dion à ses idées poloitiques et philosophiques.
Mais son échec auprès du premier, et l'assistance du second lui
enlèvent ses illusions. Toutefois nous devons retenir que la politique
avait toujours été une de ses préoccupations dominantes,
en dépit des différentes déceptions auprès de Denys
et Dion. Signalons aussi que Platon ne se détacha jamais de son ambition
politique, raison pour laquelle, il reprit la plume de sa vieillesse pour
tracer une autre illusion. C'est bien celle qu'il a exposé dans les
Lois. Elle repose sur les mêmes principes ; mais elle est cette
fois-ci plus pratique et renonce à la communauté des biens, des
femmes et des enfants. De plus, ayant montré la place du philosophe dans
la cité, la tâche nous revient de montrer quelles sont les
qualités que doit posséder cet homme, le philosophe pour pouvoir
diriger la cité. C'est bel et bien la tâche que nous assignons au
deuxième, troisième et quatrième point de ce chapitre.
I.2. La relation entre le
vrai et le bien
Ayant dit pourquoi pour Platon les philosophes doivent ou
peuvent gouverner, il convient à présent de monter ce qui doit
caractériser le philosophe-roi. Rappelons le de prime à bord que
tout se passe dans la pensée de Platon comme si seul le Bien
était capable de rendre radicalement raison5(*) des choses, alors que toutes les
autres formes de connaissance, la connaissance mathématique y compris,
flottent comme dans un rêve. Aussi comme nous le donne la ligne au Livre
VI, de La République, la pensée discursive dont
les mathématiques sont le paradigme, ne saurait être le dernier
mot de la raison. En ce sens, la dialectique ascendante conduit à
l'idée de Bien. De même, Marrou disait
que : « Le véritable homme d'Etat, ce chef
idéal qu'il s'agit de former, se distinguera de toutes ses
contrefaçons en ce qu'il possède la science critique et directe
du commandement »6(*).
En outre au numéro 309d de La
République, nous réalisons que l'ascension dialectique
comprend deux niveaux de l'être et de la connaissance ; mais nous
allons plus nous attarder au niveau de l'être seulement. Sur ce plan,
dans le monde sensible, on s'élève des apparences ou ombres et
mirages vers les choses sensibles ; on va des objets idéaux
-mathématiques, aux Idées ; et de là, à
l'Idée la plus éminente, celle du Bien ou Un Bien, qui est
«au-delà de l'Etre en dignité et en puissance»7(*).
Bien plus, il ressort en clair que l'idée du bien a une
prééminence sur les autres formes intelligibles, étant
à la fois source de leur être et condition de possibilité
de leur intelligibilité à la manière dont le soleil est
condition de la visibilité des réalités sensibles. Et pour
soutenir cette hypothèse, Platon souligne que
« L'Idée du Bien est au sommet de la
hiérarchie des Idées : c'est le soleil qui non seulement
répand sa lumière sur les autres formes ou Idées, mais est
d'abord la source de leur existence et également la cause de la science
et de la vérité »8(*).
De ce fait, apparaît clairement la première
fonction du philosophe-roi, et la plus importante, qui est celle d'être
le législateur et le fondateur de la cité. Et pour être
stable, l'Etat doit être une reproduction de l'Idée ou de la Forme
divine de l'Etat, que seul un philosophe versé dans la plus haute des
sciences, la dialectique, est capable de voir et de copier. Platon insiste sur
ce point dans la République au Livre V lorsqu'il dit qu'
« Un véritable amoureux de la
vérité, veut contempler le tout et non les parties ; il
n'aime pas, comme les hommes ordinaires, les choses perceptibles, les belles
voix, les belles couleurs et les belles formes, il veut apercevoir et aimer la
nature du Beau en soi »9(*).
Ainsi, le mot philosophe prend un nouveau sens : celui
d'un amoureux et d'un contemplateur du monde divin des formes, ou des
Idées, apte à ce titre, à devenir fondateur d'une
cité vertueuse. Aussi Platon ajoute-t-il que « le philosophe
qui vit avec le divin dans les moeurs publiques et privées de ses
semblables ce qu'il aperçoit de là-haut, il est comme ces
artistes qui travaillent sur le modèle divin »10(*). Et de la même
manière qu'on a choisi les meilleurs citoyens pour qu'ils soient
gardiens, on choisira aussi les meilleurs gardiens pour les établir
chefs de l'Etat. Pour ce, ils seront soumis à des dures épreuves
consistant les exposer à toutes sortes de tentations et périls.
Mais seuls ceux qui auront résisté à ces
différentes épreuves, seront destinés au pouvoir
suprême. Mais avant tout, ils devront par une série
d'études appropriées, s'élever jusqu'à la
contemplation de l'idée du Bien.11(*) Au regard de ce qui précède, nous
pouvons dire que seul lui, le philosophe, peut tracer la destinée de
l'Etat d'après le modèle qu'il a pu contempler par la
lumière du vrai et du bien.
Voilà pourquoi, il devrait non seulement être
éclairé par la lumière du vrai et du bien, mais et
surtout, par celle du savoir, afin de pouvoir dissiper les ombres de
l'ignorance et libérer les autres prisonniers de la caverne.
I.3. Le savoir et
l'ignorance
La connaissance de ce qui est immuable, la connaissance du
Bien étant une des fonctions primordiales du philosophe-roi, il faudra
maintenant pour cela, un certain savoir qui puisse l'aider à parvenir
à cette idée du bien ou la connaissance de l'immuable. Rappelons
tout d'abord que la sagesse pour Platon mieux le sage de Platon, qui regarde et
contemple les objets ordonnés et immuables, est trop absorbé par
un monde supérieur pour enfin abaisser son regard sur la conduite des
hommes qui sont prisonniers de la caverne. C'est ainsi que Platon le souligne
quand il dit : « mais s'il redescend au près d'eux
pour les instruire, pour leur montrer l'inanité des fantômes de la
caverne et leur décrire le monde de la lumière, qui
l'écoutera sans rire, qui, surtout, donnera créance à sa
divine révélation ? »12(*). Et au Livre VII,
Platon illustre encore plus clairement la hiérarchie des formes de
l'Etre et la conversion à l'intelligible : les habitants de la
grotte, prisonniers enchaînés depuis toujours le dos tourné
à l'entrée, perçoivent sur le fond les ombres que
projettent des objets potés par des hommes circulants au-dehors :
ils prennent ces ombres donc pour des réalités. Ainsi, les objets
réels sont aux ombres ce que le monde des Idées est au monde
visible. Aussi, il faut dire que la conversion est-elle pénible en ce
sens qu'en allant vers la lumière, le prisonnier ébloui s'en
remplit les yeux, mais en revenant parmi ses anciens compagnons de la caverne,
il passe pour un menteur ou un ferment de désordre. Telle est selon
Platon, la signification de la mort de Socrate, le juste incompris de ses
semblables parce qu'il a vu la vérité13(*). Nous réalisons bien
là que la connaissance devient libératrice et non contemplative
comme nous l'avons ci-dessus souligné, car dans un texte
célèbre, l'allégorie de la caverne, Platon compare notre
situation d'ignorance à celle d'un prisonnier condamné à
ne voir depuis l'enfance que des ombres. Ainsi, sous le poids de nos
désirs et de nos opinions, nous ne pouvons qu'errer dans l'illusion.
Pour cela, il faut donc que le philosophe, lui qui sait, puisse délivrer
le prisonnier que nous sommes de ses chaines (ce que fit Socrate pour Platon)
pour apprendre notre raison à voir les réalités qui sont
les idées. Dans ce sens, Platon oppose la lecture sensible du monde,
mouvante, source d'erreurs et d'errance à la lecture intelligible,
source de la connaissance. Nous devons à ce juste titre saisir les
idées qui sont le modèle du sensible.
A titre d'exemple, notons que l'idée de justice est le
modèle qui permet de comprendre ce que sont les conduites justes,
l'idée du beau en ce sens, est quant à elle, le modèle qui
permet de reconnaître les choses belles, etc. Ainsi Platon ajoute-t-il
que « ...L'éducation sera une conversion de l'âme,
un passage de l'ignorance à la lumière...pour ceux qui aiment le
spectacle de la vérité »14(*). Nous voyons bien là
que le savoir vient comme pour affranchir ou libérer l'âme de son
état d'ignorance. Voilà pour quoi nous pouvons affirmer avec H.I.
Marrou que : « le mythe fameux de la caverne proclame la
puissance libératrice du savoir qui affranchit l'âme de cette
inculture, que le Gorgias déjà dénonçait comme le
plus grand des maux »15(*). La connaissance ou le savoir est à ce point
libérateur, c'es-à-dire que celui qui sait ou connaît le
bien ou la vérité, devra nécessairement redescendre comme
pour paraphraser Platon dans la caverne, non pour y demeurer, mais plutôt
pour libérer les autres qui jusque là, sont encore dans
l'esclavage de l'ignorance. Bref, le philosophe qui a été
éclairé par la lumière de la connaissance ou de la
vérité, se voit investi d'une mission spéciale qui est
celle de délivrer les autres de leur ignorance. En ce sens donc, le
philosophe sera capable de mettre chaque chose à sa place pour que la
justice règne dans la cité.
I.4. La justice
Notons tout d'abord qu'avant Socrate, les philosophes se sont
occupés des questions du monde en dehors de l'homme. Mais avec Socrate,
c'est l'homme et la société qui sont au centre. C'est d'abord la
justice ; mais ici signalons-le, la justice est en lien avec les lois.
C'est avec Platon que le concept justice va changer de connotation ; ce
n'est plus justice en lien avec les lois, mais plutôt justice dans le
sens de justesse. Selon Le Grand dictionnaire de la PHILOSOPHIE
publié sous la direction de Michel Blay, dans un sens objectif, la
justice est l'état de ce qui est juste ou dit tel ; on pourrait la
rapporter à une cité ou une âme en tant que
conformité à un certain ordre. Et dans un sens subjectif, c'est
une disposition intérieure ou une vertu, qui permet la
réalisation de cet état, et on parlera d'un citoyen juste ou d'un
homme juste, car il est apte à produire un tel ordre16(*). Et Platon l'explique
clairement dans La République lorsqu'il
dit : « la justice consiste à ne détenir que
les biens qui nous appartiennent en propre et à n'exercer que notre
fonction »17(*).
Nous réalisons que dans La République, le thème
central est celui de la justice ; mais en réalité il s'agit
du bonheur de la cité qui est en fait une harmonie lorsque chacun essaie
de se mettre au travail où il se sent le mieux capable un bon
fonctionnement de la cité. Platon prône un bonheur collectif,
c'est-à-dire, celui de la cité qui est une condition sine qua
non du bonheur individuel.
Bien plus, construire une définition de la justice est
l'objet explicite de La République de Platon. Socrate y
récuse d'abord celle que propose le sophiste
Thrasymaque : « la justice n'est autre que
l'intérêt du plus fort [...], l'intérêt du
gouvernement constitué »18(*). Etant d'admis qu'il existe une justice pour
l'individu et pour l'Etat19(*), on s'attache d'abord à définir la
seconde, puis à transposer le résultat obtenu pour dégager
la première en vertu de l'isomorphie de l'Etat et de l'individu. De
même donc que la justice, au sens politique,
sera : « que chacun fasse dans l'Etat la tâche qui
lui revient »20(*), et à l'échelle individuelle, elle
consistera à « ne pas permettre qu'aucune partie de
soi-même fasse rien qui lui soit étranger, ni que les trois
principes empiètent sur leurs fonctions
respectives »21(*). Qu'on l'examine à un niveau ou à
l'autre, la justice est donc toujours l'harmonie qui met en consonance trois
instances et qui produit l'unité d'une pluralité comme la
tempérance, la justice n'est pas le propre de citoyens ou d'une partie
de l'âme, ce qui est le cas de la sagesse et du courage. Elle (la
justice) est par contre, un principe de concorde, mais elle est de plus, source
des autres vertus, puisqu'elle donne à chacun la force de remplir la
tâche qui est la sienne22(*), et que chacun faisant ce qu'il doit faire,
possède la vertu qui lui est propre.
Par ailleurs, signalons que dans la conception grecque,
l'individu est lié à la cité : il ne vit que pour la
cité et non pour soi. Mais pour Platon, l'homme individuel ne peut rien,
il ne peut pas se procurer tout ce dont il a besoin pour atteindre son
bien-être. D'où l'idée de la réunion : de
former une cité pour une bonne complémentarité. Et pour
cela, Platon stipule que
« ainsi donc, quand l'âme se laisse mener
par la partie d'elle-même qui est amie de la sagesse et qu'il n'y a pas
en elle de sédition du fait de chacune de ses parties, c'est un fait que
chacune de ces parties accomplit en tout et pour tout, la tâche qui est
la sienne, c'est-à-dire qu'elle est juste et, naturellement aussi, que
chacune récolte les plaisirs qui sont les siens, c'est-à-dire les
meilleurs et, dans la mesure du possible, les plus
vrais »23(*).
Ainsi donc en se réunissant, chacun est heureux, s'il
fait ce dont il est doué. La justice consiste justement en cela :
le fait que dans la cité qui repose sur la division de travail, chacun
fasse bien son métier, remplisse correctement la tâche qui lui est
propre.
Donc, la justice dont parle Platon n'est pas une justice
judiciaire comme nous l'avons ci-dessus dit, mais ce qu'il a appelé
justesse et c'est cette justesse qui fait l'harmonie existante entre les
classes sociales et l'engagement de chacun dans le domaine où il est le
plus doué pour le développement d'une cité juste et
heureuse.
Tout compte fait, nous pensons que pour une meilleure
direction de la cité, une nécessité s'impose pour
l'éducation de cette élite qui doit être un modèle
pour ses compatriotes. Ceci nous amène directement à notre
deuxième chapitre intitulé : la nécessité de
l'éducation de l'élite gouvernante.
CHAP. II. LA NECESSITE DE
L'EDUCATION DE L'ELITE GOUVERNANTE
Dans ce chapitre, nous voulons mettre en exergue la
nécessité d'une éducation pour l'élite de la
cité qu'envisage réformer Platon. Ceci se révèle
d'autant plus que Platon critique ardemment la cité de son époque
gangrénée par la corruption, la mauvaise éducation, la
guerre et l'injustice, etc. Ayant donc été marqué par ces
différents maux qui menacent la cité, Platon trouve une
nécessité de former une élite gouvernante en vue de la
bonne marche de la nouvelle cité qu'il désire créer.
Ainsi, ce chapitre nous permettra-t-il de comprendre la finalité de
l'éducation, l'agent de l'éducation, le curriculum et les moyens
et méthodes pour l'éducation du philosophe.
II.1. La finalité de
l'éducation de l'élite
L'éducation étant un art, et tout art a une
finalité même si celle-ci se révèle difficile
à percevoir. En effet, la finalité de l'éducation reste
une question préoccupante dans la mesure où nous n'arrivons pas
vraiment à cerner son vrai but. A en croire Platon, l'éducation
vise le devenir meilleur de tout être humain. Ce qui revient à
dire que l'éducation que reçoit la classe dirigeante ou
élitiste, vise à lui ôter de plaisirs malsains,
dionysiaques qui la retiennent dans la caverne. En d'autres termes, convertir
son âme et la tourner vers la bonne direction, vers les idées
pures, vers les vérités éternelles.
Or pour l'élite, c'est-à-dire ceux qui sont
destinés au gouvernement de la cité, Platon veut qu'ils
deviennent non seulement meilleurs, mais aussi atteignent la connaissance de ce
qui est immuable, la connaissance du Bien. Car, « [...] ils
veulent contempler la réalité pure, et la recherchent, non dans
les choses passagères, mais dans la réalité
immuable »24(*).
Ceci nous amène à la compréhension selon
laquelle, l'éducation de l'élite doit viser à ce que la
classe dirigeante atteigne la raison qui la délivrera et commandera aux
inclinations et aux désirs malsain ; car, ceux-ci poussent les
citoyens à s'enivrer jusqu'au point qu'ils deviennent subjugués
par les passions. Et pour éviter que les gouvernants succombent dans
cette tentation, ils doivent être formés de manière
à ne pas succomber et de peur que la cité tout entière ne
sombre dans le chaos. De ce fait, Platon soutient
que « l'éducation n'a d'autre but que de bien orienter
cette faculté, c'est-à-dire de la tourner des perspectives fuyant
du devenir vers les formes immuables de l'être »25(*). Bien plus, pour que la
cité soit bien gouvernée et que ses gouvernants ne s'occupent pas
des intérêts mesquins, « il faut que les philosophes
deviennent rois, ou les rois et souverains de ce monde deviennent
réellement et sincèrement philosophes »26(*). Platon affirme en outre
que : « [...] le naturel philosophe, mûri par
l'éducation et par le temps, est le seul qui convienne aux chefs
suprêmes de la cité »27(*).
Par ailleurs, nous pensons qu'en dépit de tout ce qui
vient d'être dit, le but de l'éducation de l'élite est
certes, à devenir un chef compétent, vertueux et capable de bien
gouverner la cité, et n'avoir autre tâche que cette
dernière. Outre cette finalité que Platon assigne à
l'éducation, Auguste Dies, un des commentataires de Platon estime
que « le but immédiat [de l'éducation],
était la réforme des esprits, par la purification intellectuelle,
la recherche scientifique, et l'ascension progressive vers la
vérité totale »28(*).
Au regard de ce qui ci- dessus vient d'être dit, nous
pouvons conclure que l'éducation que Platon propose pour l'élite,
est une éducation qui conduit à l'acquisition des vertus et vise
un certain accomplissement de l'homme en tant que tel. En d'autres termes,
Platon vise une éducation qui aidera les futurs dirigeants à
être maître de soi, et à pouvoir vaincre les plaisirs
malsains. Bref, elle vise à former les dirigeants, afin que la
cité soit bien gouvernée.
II.2. Agent de
l'éducation
Déjà au Livre II, Platon souligne la place de
l'agent de l'éducation lorsqu'il soutient qu'
« [...] au contraire, si nous voulons les
persuader, que jamais un citoyen n'en a haï un autre et qu'une telle chose
est impie, nous devons leur faire dire dès l'enfance, par les vieillards
et par les vieilles femmes, et, quand ils deviennent grands, obliger les
poètes à composer pour eux des fables qui tendent au même
but »29(*).
En effet, la question de savoir qui est l'agent principal ou
le facteur dynamique de l'oeuvre éducationnelle, a été au
centre de plusieurs débats. Actuellement, elle revient en force et se
pose tel un véritable problème. Comment alors trancher entre la
vitalité interne de l'esprit de l'élève et
l'activité du maître. Quelle en est la force propulsive ?
Platon à ce propos disait que « tout l'apprendre est dans
l'apprenant et non dans celui qui enseigne »30(*).
Il s'en suit que par la contemplation des idées
éternelles, l'apprenant est avant tout au centre de sa connaissance, et
par extension au centre de toute oeuvre éducative.
II.3. Le curriculum
Il convient de le rappeler de prime abord que l'apport
novateur de Platon dans l'éducation ancienne, reste très
perceptible dans la mesure où, en dépit du fait qu'il reprend le
programme de l'ancienne éducation, c'est-à-dire celui
d'Homère et de Spartiate, caractérisé par les
études littéraires et autres, Platon vient en quelque sorte
transcender le niveau et envisage une éducation plus scientifique,
intellectuelle. Il l'exprime d'ailleurs clairement par la bouche de Socrate
lorsqu'il dit : « Mais quelle éducation leur
donnerons-nous ? N'est-il pas difficile d'en trouver une meilleure que
celle qui a été découverte au cours des âges ?
Or, pour le corps nous avons la gymnastique et pour l'âme la
musique »31(*).
Outre cette proposition, Platon proposait aussi que l'éducatioin
commence par la musique, car elle comporte deux sortes de discours qui
sont : les vrais et les mensongers. Ces discours mensongers se feront par
les fables qui sont en soit fausses, mais qui renferment certaines
vérités ; elles sont donc utitlisées pour
l'éducation des enfants, avant les exercices gymniques. Raison pour
laquelle disait-il au frère de Glaucon que la musique doit venir avant
laa gymnastique32(*).
Cette éducation ne rompt pas totalement avec l'ancienne
éducation athénienne, mais elle est plus qu'un prolongement et
bien encore un enrichissement parce que comme le souligne Marrou « au
fait du système, se situent les hautes études philosphiques,
reservées aux sujets spécialement
doués »33(*). Cependant, l'éducation préparatoire
n'amène pas directement à la science véritable,
mais « elle se contente de rendre l'être humein capable
d'y accéder un jour, en dévéloppant harmonieusement
l'esprit et le corps »34(*) . C'est pour cette raison que Platon concevra le
cycle d'études destiné aus sujets d'élite. Il postule
à cet effet qu'
« Aux adolescents les mieux doués, une
fois leur éducation gymnique terminée, nous enseignerons les
éléments des sciences préparatoires. Cet enseignement
sera, autant que possible, exempt de contrainte(...). Pareille méthode
ne profitera guère, sans doute, aux esprits médiocres, qui ne
progressent que soutenus et poussés, (...). De la sorte, elle nous
permettra de procéder judicieusement au second choix, qui aura lieu
losrque nos élèves auront atteint leur vingtième
année. Ceux que nous éliront alors se livreront jusqu'à
trente ans à une étude synoptique et approfondie des sciences
déjà abordées séparément. Ils
tâchement de découvrir les divers rapports qui unissent ces
sciences entre elles, et le rapport commun qui les unit à l'être.
Au seuil de la trentième année ceux qui se seront
distingués par la sûreté de leur jugement en même
temps que par la vivacité de leur intelligence, seront initiés
à l'étude de la dialectique »35(*).
De cete manière seulemnt, au bout des cinq
années et passant ainsi de la théorie à la pratique, ils
s'exerceront pendant quinze ans aux grandes magistratures politiques et
militaires de l'Etat. A cinq ans et ayant complété leur
expériences des choses divines par celles des choses humaines, ils
gouverneront à tour de rôle ; mais, dans leurs intervalles de
liberté, ils continueront à cultiver la philosophie, jusqu'au
moment où, après avoir désigné leurs successeurs,
ils devront partir pour les Îles Fortunées36(*).
Ainsi, hormis la gymnastique et la musique, Platon propose un
certain nombre de sciences cathartiques ou prolégomènes à
savoir : l'arithmétique, la géométrie,
qu'étudiera l'élite afin d'atteindre la vraie science qui est la
dialectique. Cette dernière devra conduire l'élite à la
connaissance de l'immuable, autrement dit, ce qui dépasse le sensible.
De cette façon, Platon affirme
que : « L'arithmétique, la géométrie,
et toutes les sciences qui doivent servir de préparation à la
dialectique, seront donc enseignées à nos élèves
dès l'enfance, mais cet enseignement sera donné sous une forme
exempte de contrainte »37(*). Pour lui justement, il faut éduquer
l'élite à l'enseignement des sciences dites préparatoires
avant la science suprême qui est la dialectique. Il insiste surtout sur
le rôle des mathématiques. Car pour lui, « les notions
mathématiques qui d'une part reflètent des idées pures,
mais d'autre part ne se peuvent traduire qu'à l'aide des symboles
sensibles, nous fournissent le type des notions mixtes de la
réalité »38(*). Platon pense que la dialectique est la
véritable science pour une élite puisqu'elle lui permettra de
bien exercer sa fonction. C'est pourquoi, il stipule que : « la
dialectique, sublime couronnement de l'édifice des sciences terminera
leur éducation et les rendra dignes d'exercer le gouvernement dans la
cité »39(*). Remarquons que Platon souligne le rôle de la
gymnastique et de la musique, surtout dans l'éducation des gardiens, en
dépit du caractère important que revêt le processus
éducatif. Il dit à cet effet
que : « gymnastique et musique, exercice dont les
règles ont été fixées par les gouvernants selon les
principes de rationalité, leur ont permis de faire de leur corps bon
serviteur de l'âme »40(*). Nous réalisons bien là que les dons
spirituels que l'on doit cultiver par la musique et corporels par la
gymnastique, occupent une place considérable dans cette éducation
des gardiens.
Car,
« Par la soumission à un régime
strict et par la pratique régulières des exercices corporels, nos
gardiens se prépareront à leur rude tâche de
défenseurs de la cité. La musique et le gymnastique
tempérées l'une et l'autre en feront des hommes complets et
harmonieux »41(*).
De ce qui précède, nous pouvons nous poser la
question de savoir quels sont les moyens et les méthodes utilisés
pour l'éducation de cette élite, mieux du philosophe ?
II.4. Les moyens et les
méthodes pour l'éducation du philosophe
Nous ne pourrons nous acquitter d'une tâche pourtant si
nécessaire, c'est-à-dire donner la signification temps soit peu
de ces termes-clés : moyen et méthode avant d'entrer dans
vif du sujet. En effet, la méthode porte sur les façons les
meilleures dont un contenu peut être présenté et
imposé à l'esprit, ou encore sur les façons dont l'esprit
peut être amené au dehors afin d'influencer le sujet de
manière à en faciliter l'acquisition et la possession42(*). En se sens, la méthode
apparaît comme une sorte de marche à suivre ou un ensemble des
démarches, règles ou principes normatifs sur lesquels reposent
l'enseignement, la pratique d'un art.
Quant au moyen, nous pouvons le définir comme une
voie, un procédé, bref quelque chose qui serve pour atteindre une
fin. Ainsi, apparaît-il clairement que la méthode employée
pour l'éducation du philosophe est la dialectique. Appelée aussi
art dialectique, elle est une méthode de discussion, de
raisonnement et de questionnement et d'interprétation qui occupent
depuis l'Antiquité une place importante dans les philosophies
occidentales et orientales. Signifiant «parler», elle aurait ainsi
été inventée par le penseur présocratique
Zénon d'Elée, mais c'est surtout son emploi systématique
dans les dialogues de Platon qui a popularisé l'usage du terme. Elle
s'enracine dans la pratique ordinaire du dialogue entre deux interlocuteurs
ayant des idées et cherchant à se convaincre mutuellement, ou
précisément entre l'éducateur et l'éduqué.
Au surplus selon Platon, « la dialectique qui est le couronnement de
l'édifice des sciences, est le dernier stade de l'éducation des
gardiens, et qui les rendra dignes d'exercer le gouvernement dans la
cité »43(*). Il s'ensuit de ce qui précède que la
dialectique est la méthode si on peut le dire ainsi par excellence pour
l'éducation du philosophe.
Elle ne peut être appliquée que par
l'intermédiaire ou par le moyen qui est ici l'éducation pour
avoir des gardiens dignes et capables de diriger et de gouverner la
cité. Et comme chaque médaille a son revers, nous avons aussi
épinglé quelques failles dans la théorie platonicienne de
l'éducation de l'élite. C'est pourquoi le point qui suit
s'intitule-t-il regard critique sur le système éducatif de
Platon.
CHAP.III. REGARD CRITIQUE
SUR LE SYSTEME EDUCATIF DE PLATON
Soulignons que les précédents chapitres nous
ont permis d'avoir une vue d'ensemble sur la théorie platonicienne de
l'éducation de l'élite gouvernante. A présent, nous
tenterons de cerner ou de relever quelque failles de cette théorie tout
en nous focalisant sur le scientisme, l'élitisme, le radicalisme
platonicien et l'utopie platonicienne.
III.1. L'éducation
scientifique ou le scientisme
Le souci de réformer la cité animait Platon,
c'est pourquoi avait-il envisagé la réformation des esprits.
Celle-ci devrait avoir pour soubassement la recherche purement scientifique. En
d'autres termes, Platon voulait réformer les esprits toute en les
soumettant à une éducation plus scientifique. Voilà
pourquoi, Henri Irenée Marrou soutient que : « cette
éducation scientifique, Platon ne l'a pas rêvée seulement
pendant près de quarante ans (387-348), il l'a dispensée aux
disciples groupés au tour de lui à
l'académie »44(*). Cette éducation scientifique nous
révèle d'une certaine façon, l'attachement de Platon aux
sciences dites préparatoires dont : l'arithmétique, la
géométrie, qui d'après lui, conduisent à la science
suprême qu'est la dialectique. Et l'estime que Platon avait pour
l'arithmétique, il l'exprime en ces termes : « la
science des nombres-logique et arithmétique est donc la première
des sciences préparatoires »45(*).
Il estime également que :
« l'étude des sciences, de l'arithmétique, de la
géométrie, de la musique et de l'astronomie nous fait un second
pas vers le sommet de la dialectique »46(*). Notons tout de même que
si Platon accorde une place de choix aux sciences, c'est parce qu'il voulait
que les chefs reçoivent une formation rationnelle. Cet amour des
sciences chez Platon se justifie par l'inscription placée au fronton de
l'académie : « que nul n'entre ici s'il n'est
géomètre »47(*). De plus, il souhaitait que la formation
élitiste se diffère de celle donnée à l'ancienne
éducation qui, selon Marrou : « l'idéal de cette
éducation ancienne reste d'ordre éthique, il tient en un mot le
fait d'être un homme bel et bon »48(*). Mais pour Platon,
l'éducation de l'élite devrait transcender celle donnée
aux gardiens qui se caractérise plus par la gymnastique et la
musique ; qui par contre, vise ce qui est scientifique. C'est dans cette
optique qu'il propose que les chefs soient d'abord imprégnés de
l'esprit scientifique, et que la science ne les échappe de peur qu'ils
restent ignorants. Il fait donc cette recommandation en ces
termes : « il faut donc autant qu'il se peut prescrire aux
citoyens de la callipolis de ne point négliger la
géométrie, elle a d'ailleurs des avantages secondaires qui ne
sont pas à mépriser »49(*).
Bref, nous pouvons même dire que Platon a
exprimé son attachement aux sciences et en a fait presque le socle de
l'éducation de l'élite. Car pour lui, l'élite devrait
connaître la science non sous sa forme particulière, mais
plutôt sous sa forme universelle. De ce fait, celui qu'il faudra
établir comme chef, devra remplir en quelque sorte cette condition.
Auguste Dies commentant Platon, « [...] insiste sur l'enseignement de
sciences des nombres, du calcul, de la géométrie et de
l'astronomie : tout homme libre doit en avoir au moins une connaissance
élémentaire »50(*). Nous réalisons aux vues de ce qui
précède que la science a une marque indélébile que
doivent avoir ceux qui devront gouverner la cité.
III.2.
L'élitisme
A en croire Platon, nous constatons que sa théorie de
l'éducation est une sorte d'élitisme en ce sens qu'il est
basé sur la nature. Car il le postule par la bouche de Socrate
que : « Eh bien ! Sois assuré qu'il faut
choisir des hommes de même nature »51(*). Ceci comme pour dire qu'il
faut une preférence des plus fermes, des plus courageux, et autant que
possible, des beaux52(*).
Et à cet effet, Martin Briba soutient que « la philosophie
pour Platon n'est pas accessible à tout le monde ; elle est le fait
de l'élite »53(*). Ce privilège se dévoile dans le souci
qui l'habite à vouloir donner une éducation différente
à l'élite ; « mais la nature de ce qu'il
entend par éducation a besoin d'être précisée et il
sert à rien que l'éducation soit une et la même pour
tous »54(*). En
outre, Irénée Marrou exprime ce privilège que Platon
accorde à l'éducation de l'élite en postulant
qu' : « il y a plus : Platon pose moins le
problème de masse de la formation du citoyen que celui du technicien, de
l'expert des choses politiques, conseiller de roi ou leader de
peuple »55(*).
Pour Platon, l'éducation pour la formation de l'élite revêt
d'un caractère plus sélectif, en ce sens que ce dernier ne
concevait guère l'idée selon laquelle tout le monde doit
gouverner. En d'autres termes, nous pouvons dire qu'il a envisagé plus
le gouvernement des meilleurs, raison pour laquelle, il nous propose un
élitisme.
Ayant donc parcouru et relevé le caractère
sélectif de l'éducation platonicienne, nous pensons que Platon a
privilégié une éducation sélective par le fait
qu'il voulait des chefs désintéressés, capables de bien
diriger la cité idéale qu'il envisageait réaliser. Mais
aussi par le fait que sa sélection était basée sur la
nature. Ainsi, nous nous rendons bien compte que ce qu'ont fait les sages
à l'époque de Platon lorsqu'ils devaient opérer le choix
de ceux qui étaient aptes à gouverner, est comparable à ce
qu'ont ou continuent à faire nos chefs africains qui, sentant leur fin
dernière, cherchent parmi ses fils lequel devrait lui succeder. A ce
sujet, Platon stipule que : « il incombera aux magistrats
d'attribuer à chacun, selon sa nature, le rang qu'il
mérite... »56(*). Et pourtant, dans un contexte de
démocratisation, il faudrait choisir des gens compétents ayant
fait des études appropriées pour le gouvernement de nos
cités ou de nos états. A ce propos donc, Marrou laisse entendre
sa voix en stipulant que : « le plan, si ambitieux, si exigeant
de Platon laisse sans solution ce problème concret : il n'a d'autre
objet de sélectionner et de former une petite équipe des
gouvernants-philosophes aptes à se saisir, pour le bien de l'Etat, des
rêves du gouvernement »57(*).
III.3. Le Radicalisme
platonicien
Avant d'aborder ce point, il nous faut certes souligner que
le radicalisme de Platon s'insère en effet dans cet idéal de
vouloir réaliser un avenir lointain, mais immédiatement, par le
simple fait de décrire les chefs, les gouvernants ou tout simplement en
leur donnant une caractéristique. Et Platon a voulu que ces chefs soient
d'une certaine manière ôtés des désirs malsains
pouvant les empêcher de bien remplir leur tâche. Car,
« aucun intérêt les détournant de leur fonction
primordiale, qui est de maintenir dans et par l'Etat, la rationalité, ne
leur sera ainsi proposé ni l'amour charnel d'une femme, ni le sentiment
paternel, ni le souci d'accroître le patrimoine »58(*). Eu égard à ce
qui précède, Auguste Dies ajoute : « ôtons,
au contraire, aux gouvernants, toute inquiétude matérielle et
jusqu' à la moindre tentation de rapine et de profit, ne leur laissons
qu'une fonction et qu'une préoccupation, celle de gouverner
l'Etat »59(*).
En ce sens, nous pouvons dire que le philosophe qui dirige doit être
celui qui se dirige lui-même, c'est-à-dire que c'est l'âme
qui doit guider le corps et non l'inverse ; sinon, il abandonnera son
peuple parce que guidé ou attiré par des passions ou sentiments
corporels.
A cet effet, nous remarquons que l'ambition de Platon, c'est
de ôter de nos chefs tous les plaisirs malsains ou tout goût
d'intérêt personnel, afin qu'ils ne s'occupent que de la
cité. Ceci nous révèle donc le radicalisme platonicien,
car ces chefs ou gouvernants, sont des hommes. Et en tant qu'hommes, ils ont
des sentiments et des plaisirs. Mais la question qui se pose est celle de
savoir comment alors réussir de les ôter ? Voilà en
quoi se dévoile l'utopie platonicienne qui est la tâche que nous
nous assignerons dans le dernier point. Disons tout de même que Platon
voulait dans sa quête des remèdes aux maux qui déchiraient
la cité, entre autre la corruption qui pervertit toute idée de
gouvernement, sinon de séparer absolument ces deux notions de pouvoirs
et d'intérêts personnels. Malgré tout cela, il reste
radical dans son voeu de réformer les esprits qui dirigeront demain la
nouvelle cité au mieux la cité idéale qu'il envisage
créer.
III.4. L'utopie
platonicienne
Il nous semble important de rappeler que le problème
central posé par la société à l'époque de
Platon, était celui de former ses cadres et ses citoyens. Mais
nonobstant son plan minutieux, l'échec semble frapper à sa porte.
Le cas échéant est celui du jeune Denis, tyran de Syracuse, chez
qui Platon voulait restaurer le royaume des philosophes. A cet égard
comme le note Marrou, « le philosophe renoncera à cette
ambition inutile, et se repliant sur lui, il se tournera vers la cité
intérieure qu'il porte en lui-même »60(*). A vrai dire, ni le citoyen,
ni l'élite, à en croire Platon, n'est formé pour une
cité idéale, étant donné que son ambition
était de réformer l'Etat athénien corrompu par les
sophistes. Devant ce repli du philosophe, la cité retombe entre les
mains des détracteurs de la vraie science, alors l'éducation
reçue devient inutile. De plus à la suite de la critique
Isocratique, Marrou dira qu' « il ne s'agit pas de remonter au
ciel des Idées, de jongler avec les paradoxes : la conduite de la
vie demande non des idées surprenantes et nouvelles, mais du bon sens
éprouvé »61(*). Pour Isocrate, en effet, l'éducation ne
devrait pas quitter la vie idéale. Il s'agit des qualités et des
actions qui rendent possible le bien poursuivi par la cité hic et
nunc et non quelque part.
En clair pour Isocrate, l'éducation platonicienne est
moins réaliste, car l'élite qu'elle forme finira un jour par
vivre dans une cité moins proche de sa situation particulière.
C'est ce que Jacques Maritain appelle « l'abstraction
platonicienne ». Eu égard à cette vision platonicienne
de l'éducation, Maritain en revanche soutient que « la
tâche de l'éducation n'est évidemment pas de former un
enfant appartenant à une nation donnée »62(*). Et à Marrou de
renchérir en disant : « plaçons-nous en face
d'un problème concret : il s'agit de savoir que faire et que dire.
Il n'existera jamais de science théorique assez précise pour nous
dicter la conduite à tenir »63(*). L'homme que l'éducation va modeler est
appelé à vivre dans une société concrète,
ayant son acquis culturel et non dans une société qu'il aurait
fondée dans sa propre intelligence. Bref, Platon ne dit pas comment
passer de la cité idéale à sa réalisation ;
mais tout ce que nous pouvons dire est qu'elle est compatible avec sa nature
humaine.
Notons que si Platon a perçu très vite
l'importance de l'éducation pour les citoyens, cependant tous n'auront
pas la même éducation, car chaque classe aura une éducation
spécifique par rapport à sa nature, nous l'avons souligné
plus haut en disant que le choix des hommes se fera d'après leur
nature64(*).
CONCLUSION
Cette investigation nous a permis de saisir comment Platon
a-t-il pensé l'éducation d'une élite, afin d'être
capable de pouvoir gouverner la nouvelle cité qui serait
carctérisée par un gouvernement du Bien. De cette façon,
nous voici au terme de notre travail qui a été consacré
à cette grande question de l'éducation de l'élite
gouvernante chez Platon. A cet effet, nous avons essayé de mettre en
exergue le privilège que Platon accorde à cette éducation
de l'élite.
De ce fait, l'urgence et la pertinence que requiert un tel
sujet, nous a conduits à l'articuler autour de trois chapitres. Nous
nous sommes axés d'abord sur le pouvoir politique Chez Platon au bout
duquel nous sommes arrivés à dire que pour une bonne gouvernance
de nos Etats actuels, il faut que les dirigeants ou que ceux qui sont
appelés à gouverner soient des philosophes et possèdent un
certain nombre de qualités entre autres : la connaissance du vrai,
du Bien, le savoir, la justice, etc. Puis dans le deuxième chapitre,
nous nous sommes focalisés sur la nécessité de
l'éducation de l'élite gouvernante, et nous avons
été amèner à dire qu'il faut une éducation
particulière pour l'élite gouvernante, car si aujourd'hui nous
assistons à des assassinats, meurtres, coups d'état, des guerres
et toute sorte des désordres dans nos Etats, c'est parce que la plupart
de nos dirigeants n'ont pas été formé, voir même
bien former pour remplir cette tâche. Enfin dans le troisième
chapitre, il était question pour nous de jetter un regard cririque sur
le système ou la théorie éducative de Platon, après
quoi nous sommes arrivés à soutenir qu'en dépit de
certaines failles épinglées, l'apport de la théorie
platonicienne de l'éducation reste indéniable dans
l'éducation actuelle de notre monde.
Ainsi, tout au long de ce travail, nous avons
été tentés de faire la lumière sur la
nécessité préssante que requiert cette éducation de
l'élite. Car, tout le monde n'est pas appeler à gouverner la
cité. Il faut donc pour cela éduquer une partie des citoyens pour
remplir cette tâche. De cette manière, nous oserons dire qu'il est
d'une grande importance de fournir une éducation de titan à
l'élite gouvernante.
Finalement, nous pensons en ce qui nous concerne, que cette
théorie platonicienne de l'éducation reste un acquis majeur,
incontestable et incontesté pour l'élite de notre temps, si nous
voulons vivre dans une cité idéale, c'est-à-dire dans la
paix, la justice, la vérité, le bien, etc. Mais une question
s'impose à nous : comment donc repenser aujourd'hui
l'éducation de notre élite gouvernante à la suite de
Platon ?
BIBLIOGRAPHIE
OUVRAGES DE PLATON
PLATON, La République, traduction de
Robert BACCOU, Paris, Garnier-Flammarion, 1966, 510p.
PLATON, Gorgias, traduction de Paul LEMAIRE,
Paris, Librairie A. Hatier, 1927, 95p.
PLATON, Les Lois, Livres (VII-XII) trad.
D'Emile CHAMBRY, Paris, Garnier-Frères,
1946,
256p.
AUTRES OUVRAGES CONSULTES
ALLARD Jean-Louis, La philosophie de
l'éducation de Jacques Maritain ou l'éducation à
la
liberté, Edition de l'Université d'Ottawa, 1978, 152p.
ARISTOTE, La Politique II, Tome1, trad. J.
TRICOT, Paris, J. Vrin, 1962, 336p.
BRIBA Martin, Le philosophe dans la cité
selon Platon, Yaoundé, PUCAC, 2009, 126p.
CHAMBRY Emile, Platon, (oeuvres
complètes, Tome VII, 1ère partie, La
République,
Livres
IV-VII, Paris, Garnier-Flammarion, 1966, 520p.
CHATELET François, Platon, Paris,
Gallimard, 1965, 251p.
DIES Auguste, Platon, Paris, Flammarion,
1930, 221p.
LEGAULT Michel, Contribution à une
recherche sur la philosophie de l'éducation, thèse
de
doctorat, Montréal, de l'UNESCO, 1987, 413p.
MARITAIN Jacques, L'éducation à la
croisée des chemins, Paris, LUF, 1947, 239p.
MARROU Henri Irénée, Histoire de
l'éducation dans l'Antiquité. Le monde grec, Tome1,
Paris,
Seuil, 1948, 448p.
REBOUL Olivier, L'éducation selon
Alain, Paris, J. Vrin, 1947, 225p.
DICTIONNAIRE
SOLERE-QUEVAL Sylvie, « La
Justice », in Grand Dictionnaire de la PHILOSOPHIE,
dirigé
par Michel BLAY, Paris, Larousse/VUEF, 2003, p.
584.
TABLE DES MATIERES
Remerciements
Erreur ! Signet non
défini.
Introduction
2
CHAP.I. LE POUVOIR POLITIQUE CHEZ PLATON
4
I.1. Le
philosophe-roi dans la cité
4
I.2.La relation entre le vrai et le
bien
6
I.3. Le savoir et l'ignorance
8
I.4. La justice
10
CHAP. II. LA NECESSITE DE L'EDUCATION DE L'ELITE
GOUVERNANTE
13
II.1. La finalité de
l'éducation de l'élite
13
II.2. Agent de
l'éducation
15
II.3. Le curriculum
15
II.4. Les moyens et les méthodes
pour l'éducation du philosophe
18
CHAP.III. REGARD CRITIQUE SUR LE SYSTEME EDUCATIF
DE PLATON
20
III.1. L'éducation scientifique ou
le scientisme
20
III.2. L'élitisme
21
III.3. Le Radicalisme
platonicien
23
III.4. L'utopie platonicienne
24
CONCLUSION
26
BIBLIOGRAPHIE
27
* 1 Cf. Platon, La
République, traduction de Robert BACCOU, Paris, Garnier-Flammarion,
1966, p. 32.
* 2 Cf. Martin Briba, Le
philosophe dans la cité selon Platon, PUCAC, Yaoundé, 2009,
p.32.
* 3 Platon, La
République, V, 473 c-d.
* 4 Cf. Platon,
Lettres, VII, 326 a.
* 5 Platon, La
République, VI, 535 e.
* 6 Henri Irénée
Marrou, Histoire de l'éducation dans l'Antiquité. Le monde
grec, Seuil, Paris, 1948, p.
109.
* 7 Cf. Platon, La
République, Op. Cit., VI, 309 d.
* 8 Platon, La
République, Op. Cit. , VI, 508 b et 508 e.
* 9 Idem., V, 474 c-502
d.
* 10 Ibid., VI, 500
d-e.
* 11 Cf. Platon, La
République, Op.cit., p.36.
* 12Idem, p.39.
* 13Cf. Platon, Op.
Cit., VII, 514 a.
* 14 Platon, La
République, V, 475 a-475 e.
* 15 Henri Irenée
Marrou, Op. Cit., p.110.
* 16 Sylvie
Solère-Queval, « La Justice », in Grand
Dictionnaire de la PHILOSOPHIE, dirigé par Michel
BLAY,
Paris, Larousse/VUEF, 2003, p. 584.
* 17 Platon, La
République, Op. Cit.,VI, 433d.
* 18 Platon, La
République, I, 338 c-339 a, trad. L. Robin, OEuvres
complètes Tome I, Paris, NRF, 1950.
* 19Cf. Idem, II, 368
e.
* 20 Ibid., IV, 434
c.
* 21 Ibid., IV, 443
d.
* 22 Cf. Ibid., IV,
433 b et 441 e-442 d.
* 23Ibid., IX,
586e-587a.
* 24 Auguste Dies,
Platon, Paris, Flammarion, 1930, p. 177.
* 25 Platon, La
République, Op. Cit., p. 39.
* 26 Idem., p. 32.
* 27 Ibid., p. 33.
* 28 Auguste Dies, Op.
Cit., p. 106.
* 29 Platon, La
République, Op. Cit., II, 378 b-379 b.
* 30 Cf. Platon,
Phédon, Paris, Les belles Lettres, 1965.
* 31 Platon, La
République, Op. Cit., II, 376 c.
* 32 Idem., II,
376c-377b.
* 33 Henri Irenée
Marrou, Histoire de l'éducation, Op. Cit., p. 113.
* 34 Idem., p. 114.
* 35 Platon, La
République, Op. Cit., p.42.
* 36 Cf. Idem., p.
43.
* 37 Cf. Platon, La
République, Op. Cit., VII, 536 a- 537 a.
* 38 Cf. Platon, La
République, Op. Cit., p. 37.
* 39 Idem, p. 42.
* 40 Cf. François
Chatelet, Platon, Paris, Gallimard, 1965, p. 219.
* 41 Platon, La
République, Op. Cit., I, 412 a.
* 42 Cf. John Dewey,
Démocratie et éducation, Paris, Armand Colin, 1990, p.
221.
* 43 Platon, La
République, op.cit, P.42.
* 44 Henri Irenée
Marrou, L'histoire de l'éducation dans l'antiquité,
OP.Cit, P.10.
* 45 Platon, La
République, Op.cit., P.40.
* 46 Platon, Gorgias,
par Paul Lemaire, Paris, Librairie, A. Hatier, 1927, P.10.
* 47 Emile Chambry,
Platon (oeuvres completes, tome VII, première partie, La
République, IV-VII, Paris, Garnier Flammarion, 1966.
* 48 Henri Irenée
Marrou, Op.Cit, P.79.
* 49 Platon, La
République, Op. Cit., VII, 527 a-527 e.
* 50 Auguste Dies, Platon,
Op. Cit., p. 208.
* 51 Platon, La
République, Op. Cit., VII, 543a-535a.
* 52 Cf. Idem.
* 53 Martin Briba, Le
philosophe dans la cité selon Platon, Op. Cit., p. 60.
* 54 Aristote, La
Politique, II, tome 1, trad. par J. Tricot, Paris, J. Vrin, 1962.
* 55 Henri Irenée
Marrou, Op. Cit., p. 109.
* 56 Cf. Platon, La
République, Op. Cit., p. 27.
* 57 Henri Irenée
Marrou, Op. Cit., p. 125.
* 58 François
Chatelet, Platon, Op. Cit., p. 217.
* 59 Auguste Dies, Op.
Cit., p. 164.
* 60 Platon, Les Lois,
II, 617è, trad. Chambry, Paris, Garnier Frères, 1946, p.125.
* 61 Henri Irenée
Marrou, Op. Cit., p. 141.
* 62 Jacques Maritain,
cité par Jean Louis Allard, Education à la liberté ou
philosophie de l'éducation de
Jacques
Maritain, Ottawa, Ed. de l'Université d'Ottawa, 1978, p. 66.
* 63 Henri Irenée
Marrou, Op. Cit., p. 140.
* 64 Cf. Platon, La
République, Op. Cit., VII, 535a-536a.
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