UNIVERSITE PROTESTANTE AU CONGO
Faculté d'Administration des Affaires et
Sciences Economiques
CENTRE CONGOLAIS-ALLEMAND DE MICROFINANCE
SCHISME DE LA MICROFINANCE :
Problématique de l'atteinte de l'autosuffisance
opérationnelle par les institutions ciblant les personnes à
faible revenu.
Par :
MPOTO MANKENI Pompon
Licence 2, Microfinance
Mémoire présenté et défendu en vue
de l'obtention du diplôme de licencié
en administration des affaires.
Option : Microfinance
Directeur de recherche : Professeur KALALA
TSHIMPAKA Frédéric
Epigraphe
Si la microfinance est la réponse, quelle est la
question ?
Professeur MARC LABIE.
Dédicace
A Michel MPOTO et Henriette MBO, mes
parents.
Remerciements
La présente dissertation est l'aboutissement de
notre parcours au sein de l'université protestante au Congo.
Au-delà d'une simple réflexion personnelle,
elle est le résultat de plusieurs contributions. Comme le disait Blaise
PASCAL, il est bon qu'un auteur dise : « notre livre, notre
commentaire, notre histoire.... » tant il est vrai que bien peu de ce
qu'il écrit lui appartient et qu'il est redevable aux autres du meilleur
de ses idées.
Que l'honneur et la gloire reviennent à notre Dieu
pour son amour, ses grâces et sa miséricorde qu'il ne cesse de
nous accorder.
Il serait preuve de prétention et d'ingratitude de
ne pas reconnaitre le mérite de tous les enseignants du centre congolais
allemande de microfinance pour les efforts consentis en vue de nous
aiguiser.
D'une manière particulière, nous pensons au
professeur KALALA TSHIMPAKA Frédéric qui a été
pour nous plus qu'un simple directeur de recherche. Il a été pour
nous un père. Qu'il trouve ici l'expression de notre gratitude.
Mêmement nous remercions le professeur BAKENGELA
SHAMBA Patrick et le Chef des travaux NSHUE MBO MOKIME Alex. Nous avons
bénéficié d'un excellent coaching de leur part pendant
nos deux années passées au CCAM. Nous leur sommes
reconnaissants.
Nous pensons également au professeur MUAYILA KABIBU
Henry pour son grand apport dans la partie méthodologique de ce travail.
Nous serions partiel si nous ne pensons pas à toute
la famille MPOTO (Gisèle, Youyou, Pathy, Carine, Herve, Afi ,
Yannick , Jonathan). A nos cousins, cousines, oncles, tantes...
A ceux-ci nous joignons volontiers tous nos
collègues de la vallée du savoir. Nous pensons plus
particulièrement à toute la promotion Microfnance 2013,
à Desiré EBONGYA, Jonathan NSIKU, Henoc IFAMBE, Grace DIAKA, Yves
MAFOLO, Vanessa LONDA, Joe KOBAKOZETE, Arsène MUTOMBO, Hervé
TANSIA sans oublier Sarah NZAMBI.
Enfin, que tous ceux qui n'ont pas été
cités, acceptent toutes nos excuses et sachent que nous leur restons
reconnaissants.
Pompon-Ludovic MPOTO
Table des matières
Epigraphe
1
Dédicace
2
Remerciements
3
Acronymes
6
Mise en contexte
7
Problématique
8
Hypothèses
9
Délimitation du sujet
10
Méthodes et techniques
10
Intérêt du sujet
10
Canevas du travail
11
Chapitre 1 : Schisme de la microfinance :
Une revue de la littérature
12
1. Généralités sur la
double mission en microfinance
12
1.1. La mission sociale de la
microfinance
13
1.2. La mission commerciale
13
1.3. Lien entre les performances sociales et
financières
14
2. L'intermédiation financière
en faveur des personnes à faible revenu
16
2.1. Mécanismes de financement des
personnes à faible revenu
16
2.2. Le coût de
l'intermédiation en faveur des personnes à faible revenu
17
2.3. Le coût des ressources
18
3. Les déterminants de
l'autosuffisance et de la portée sociale
19
3.1. Les déterminants de
l'autosuffisance
19
3.2. Déterminants de la portée
sociale
23
4. Stratégie de convergence :
Ciblage des personnes à faible revenu et autosuffisance
24
4.1. La gestion des risques
de la mission sociale
24
4.2. La Gestion des risques de
crédit
25
4.3. La fixation des taux
d'intérêt adaptés
26
4.4. La maitrise des charges
opérationnelles
28
4.5. Protection des consommateurs
28
5. Analyse des études empiriques
29
5.1. Analyse empirique du
lien « ciblage des pauvres et autosuffisance
29
5.1. Analyse empirique des
déterminants de l'autosuffisance
31
Chapitre 2 : Analyse empirique du schisme en
microfinance à Kinshasa
33
1. Aperçu de l'industrie de la
Microfinance à Kinshasa
33
1.1. Les performances financières du
secteur
33
1.2. Portée sociale
34
1.3. La gouvernance
35
2. Analyse descriptive des
données
36
2.1. Analyse uni variée sur les
performances financières
36
2.2. Analyse uni variée sur le niveau
d'encrage sociale
38
2.3. Analyse bi-variée
40
3. Méthodologie
44
Chapitre 3 : Analyse critique et
ébauche des solutions
52
1. Présentation des
résultats
52
1.1. Analyse de la convergence
52
2. Ebauche des stratégies efficaces
pour une convergence à Kinshasa.
58
2.1. Gestion du portefeuille de
crédit
59
2.2. Amélioration de la
rentabilité
61
2.3. Maitrise des charges d'exploitation
62
2.4. Gestion des ressources humaines
62
2.5. Gestion de la mission sociale
63
2.6. Système d'information de
gestion.
64
2.7. Transparence, application des taux
d'intérêt responsable mais adéquat
64
2.8. Rôle de l'organe
régulateur
64
Conclusion
66
Bibliographie
68
Annexes
71
Liste des tableaux
Tableau 1 : Interaction entre les performances
financières et sociales......................p15
Tableau 2 : Les performances financière de BG (en
2006) .....................................p31
Tableau 3 : performances de la
FENACOBU.......................................................p32
Tableau 4 : Les performances financières des
institutions sous études.................... p34
Tableau 5 : Indicateurs de portée sociale
.........................................................p36
Tableau 6 : intervalles de classe des crédits
moyens ............................................p37
Tableau 8 : Répartition géographique des
ISFD sous étude ...................................pg8
Tableau 9 : Les variables inputs et outputs du premier
modèle .............................p47
Tableau 10 : La variable endogène et les variables
exogènes du second modèle......... p49
Tableau 11 : Résultat de la première
estimation (DEA)......................................... p50
Tableau 12 : Benchmark entre les DMU efficientes et les
DMU non efficientes........... p52
Tableau 13 : Forces et faiblesses des DMU efficientes
..........................................p54
Tableau 14 : Résultat de la deuxième
estimation (TOBIT) ......................................p55
Liste des graphiques
Graphique 1 : Benchmark des performances Kinshasa vs
RDC................................. p31
Graphique 2 : Benchmark des charges Kinshasa vs RDC
........................................p32
Graphique 3 : Benchmark ROA kinshasa vs RDC
.................................................p32
Graphique 4 : répartition des ISFD en RDC
........................................................p33
Graphique 5 : Autosuffisance opérationnelle des
institutions sous études................. p35
Graphique 6 : Le portefeuille à risque 30 et le
ratio de charge d'exploitation .............p36
Graphique 7 : Intervalles de classe des crédits
moyen .........................................p37
Graphique 8 : Répartition géographique des
ISFD sous étude ..............................p39
Graphique 9 : Relation entre l'autosuffisance
opérationnelle et le crédit moyen......... p39
Graphique 10 : Relation PAR 30 et proportion des femmes
emprunteuses................ p40
Graphique 11 : Relation autosuffisance et proportion des
femmes emprunteuses ........p41
Graphique 12 : Relation proportion des femmes et
crédit moyen ............................p42
Graphique 13 : Relation entre l'ancienneté et
l'autosuffisance opérationnelle............ p42
Graphique 14 : convergence et non convergence
................................................p51
Graphique 15 : Benchmark entre les DMU efficientes et les
DMU non efficientes .........p53
Acronymes
- ACDI : Agence canadienne pour le développement
international
- AFD : Agence française de
développement
- ASO : Autosuffisance opérationnelle
- BAD : Banque africaine de développement
- BCC : Banque centrale du Congo
- BIT : Bureau international de travail
- CCAM : Centre congolais allemand de microfinance
- CGAP : Consulting Group to Assist the Poorest
- CFSI : Centre for the Study of Financial Innovation
- COOCEC : Coopérative centrale d'épargne
et de crédit
- COOPEC : Coopérative d'épargne et de
crédit
- DEA : Data enveloppement analysis
- DMU : Unité décisionnelle
(Décisionnel making unit)
- FPM : Fonds pour l'inclusion financière en
RDC
- IMF : Institution de microfinance
- ISFD : Institution du système de financement
décentralisé
- KFW : Banque de développement allemande
- MECRECO : Mutuelle d'épargne et de crédit
du Congo
- MPME : Micro, petit et moyen entreprise
- PASMIF : Programme d'appui au secteur de la
microfinance
- PAR : Portefeuille à risque
- UNHCR : Haut-commissariat des nations unies pour les
réfugiés
Mise en contexte
Les définitions de la microfinance telles
qu'évoquées par plusieurs auteurs, (Labie 1999, CGAP 2004,
Morduch 2005, BCC 2005, UNHCR 2008), font apparaître clairement le souci
de venir en aide aux personnes à faible revenu qui présidait
à sa naissance. Au fil du temps, cette approche qualifiée de
welfariste ou de bien-être a fait preuve des insuffisances pour s'aligner
dans une logique de long terme et a laissé la place à un courant
intégrant les principes du marché, de pérennité et
de performance (DEBREY V, 2005).
Ce courant applique des taux d'intérêt
relativement élevés, parfois pour juguler l'inefficacité,
en vue de couvrir toute les charges, de générer des
bénéfices permettant de rémunérer les apporteurs
des capitaux et d'être autosuffisante.
Cependant, une attention trop poussée à la
rentabilité risquerait d'éloigner l'institution des pauvres en
faisant une sélection qui écarte ces derniers en vue de minimiser
les coûts et de limiter les risques pouvant affecter le niveau de
performance (GUIRAUD L, 2009). Certains observateurs qualifient cette approche,
« orientée rentabilité », de dérive de
la mission fondamentale de la microfinance (LAPENU C, 2007) et tirent la
sonnette d'alarme en vue de la mise en place des stratégies plus
adaptées. Selon le rapport microfinance banana skins en 2011 (CFSI,
2011), le risque de dérive de mission en microfinance est passé
de la 19ième place à la 9ième
place1(*).
Par contre, une vision trop sociale pourrait aussi aiguiller
à l'application des taux d'intérêts trop bas pouvant
surseoir l'autosuffisance et la pérennité de l'institution
(GUIRAUD L, 2009, p 28). Le défi actuel des ISFD consiste donc à
trouver un juste équilibre, c'est-à-dire être viable et
autosuffisant tout en servant les personnes à faible revenu avec des
taux d'intérêt adéquats (ADAIR P et al, 2010 ; ACDI,
1999).
Sous d'autres cieux2(*), plusieurs institutions ont réussi à le
faire (Gutiérrez-Nieto et al, 2005 ; Luzzi et Weber, 2006
cités par BERGUIGA I, 2009), d'autres par contre n'ont pas pu (Woller
& Schreiner 2002 ; Paxton 2002 ; Cull, Demirguc- Kunt &
Morduch 2006 cités par BERGUIGA I, 2009). En RD Congo, il n'existe
quasiment pas d'études menées sur ce sujet. Considérant
les particularités du secteur, jeune, dynamique et peu professionnel, il
s'avère important de l'analyser.
Problématique
Construire un secteur financier viable et accessible à
tous demeure l'un des défis de plusieurs organismes internationaux (CGAP
2012, PNUD 2006, BIT 2005, AFD 2010). Cet objectif semble avoir plus
d'acception en République Démocratique du Congo où moins
de 6 % de la population a un compte bancaire (FPM, 2013), soit environ
4 millions comptes bancaires pour 72 millions d'habitants.
Malgré le nombre croissant des institutions
financières qui s'installent en RDC (KFW, 2011), la majeure partie de
la population demeure toujours hors du système financier. Le secteur
classique étant incapable d'intégrer les
laissés-pour-compte, considérés comme la couche
essentiellement pauvre (BAD, 2010) l'industrie microfinancière
congolaise, 150 fois plus visible que le secteur classique (KALALA F, 2010 p
18), se présente comme une alternative efficace pour une inclusion
financière des personnes à faible revenu en RD Congo.
Malheureusement, son insuffisance de professionnalisme (BCC 2010, KALALA F,
2006, PASMIF 2007 cité par KALALA F, 2010) constitue une entrave
à cette convergence. Son taux de pénétration a
été de 6,7%3(*) en 2011. De plus, beaucoup de ses institutions sont
encore très loin d'une autosuffisance opérationnelle. Pour
certaines, il s'ajoute une dépendance financière qui handicape
dans bien des cas la viabilité financière.
La moyenne de l'autosuffisance opérationnelle, au
niveau national, est de 98% (BCC 2011, p 44) contre une moyenne de 108% pour la
ville de Kinshasa (BCC 2011 p 92). La somme de ces éléments nous
conduit à la présomption selon laquelle, de manière
globale, les ISFD congolaises ont non seulement une portée sociale
faible mais sont aussi moins viables.
En approfondissant la réflexion, on s'aperçoit
que la plupart des institutions octroyant des crédits de taille
élevée4(*) ont
atteint l'autosuffisance à l'opposé des institutions octroyant
des crédits plus modestes qui se retrouve encore en décas du
seuil. Subséquemment, les institutions qui s'éloignent des
personnes à faible revenu deviennent plus rapidement autosuffisantes. Il
y a donc là une relation négative qui apparait entre ces deux
objectifs.
Au regard de cet état des choses, nous nous
interrogeons sur la possibilité d'une éventuelle convergence
entre l'autosuffisance opérationnelle d'une ISFD et son niveau de
portée sociale en ressortant les principaux écueils à
ladite convergence. Concrètement, nos questions se déclinent de
la manière suivante :
(i) Les institutions de microfinance actives à
Kinshasa peuvent-elles être autosuffisantes tout en ayant une grande
portée sociale ?
(ii) Quels sont les facteurs susceptibles d'être
considérés comme achoppement à ladite convergence ?
(iii) Quelles stratégies mettre en place en vue de
surmonter ces écueils ?
Hypothèses
Nous partons des hypothèses suivantes :
(i) En scrutant les analyses SWOT élaborées par
plusieurs auteurs sur la microfinance en RDC (KALALA 2010, MECRECO 2011, BCC
2011) on se rend compte qu'il est envisageable que les institutions congolaises
en général et Kinoises en particulier soient autosuffisantes en
ayant une grande portée sociale. Cependant, cette convergence se
consolide avec le temps et nécessite donc des efforts en termes de
gouvernance et de maitrise des charges.
(ii) La non maitrise des charges opérationnelles, le
coût élevé de l'octroi de crédit, la mauvaise
qualité du portefeuille, l'application des taux d'intérêt
non adapté, la faible productivité des agents de crédit,
l'ancienneté de l'institution, la non maitrise de la vision et de la
mission de l'institution, la défaillance du système d'information
de gestion, et bien d'autres facteurs peuvent expliquer la non
réalisation de cette double mission.
(iii) S'éloigner du mimétisme et appliquer un
taux effectif global selon les exigences du CGAP, renforcer les
mécanismes d'octroi de crédit, de remboursement et de
recouvrement, adopter des techniques efficaces pour la gestion des
impayés et ainsi améliorer la qualité du portefeuille
(principale de revenus). Adopter un comportement professionnel et rationnel,
tout en identifiant les rubriques de charges les plus significatives, en vue
d'y accorder plus d'attention et ainsi minimiser les coûts. Rester
focaliser sur la mission, bien définir la cible, son rayon d'action et
identifier ses besoins, afin d'offrir les produits adaptés et
réduire les coûts de transaction.
Délimitation du sujet
Les difficultés en termes d'accès aux
données ne nous ont permis de faire une analyse dynamique en vue de
prendre en compte les saisonnalités. Ainsi, nous faisons une analyse
transversale pour trente institutions actives à Kinshasa durant
l'année 2011.
Méthodes et
techniques
Les techniques documentaire, d'observation et d'interview nous
ont permis d'obtenir les informations nécessaires pour une analyse
pertinente.
Les informations recueillies ont été
analysé par les méthodes quantitatives (analyse descriptive,
estimation par enveloppement des données, estimation avec les
méthodes censurées) et qualitatives (analyse SWOT et benchmark).
Intérêt du sujet
Ce mémoire, tachant de dénicher les principaux
achoppements à l'atteinte de l'autosuffisance opérationnelle et
à la portée sociale, présente essentiellement les
intérêts suivants :
A l'issue de cette analyse, non seulement la
littérature sur la microfinance en RDC sera enrichie par cet essai, les
résultats serviront certainement de lumière aux dirigeants des
ISFD dans leur gestion des charges, politiques de crédit, politique
tarifaire, ciblage des clients, etc. Ce cheminement nous permettra aussi de
bien maitriser le fonctionnement de l'industrie microfinancière
congolaise en matière de ciblage, de performances financières en
général et de l'autosuffisance en particulier.
Canevas du travail
Hormis l'introduction et la conclusion
générales, ce travail comprend trois chapitres. . Le premier
abordera, de manière théorique, la question du schisme de la
microfinance. Le deuxième s'appesantira sur l'analyse du schisme dans le
secteur congolais. Et enfin le troisième se basera sur une analyse
critique des résultats de nos estimations et sur une ébauche des
stratégies conduisant à une convergence entre les performances
financières et la portée sociale.
Chapitre 1 : Schisme de la
microfinance : Une revue de la littérature
Après l'avènement de
différents intermédiaires financiers spécialisés
dans le financement en faveur des personnes à faible revenu, un grand
défi se présente à l'horizon. Il s'agit de savoir comment
offrir les services adéquats aux pauvres tout en restant performant et
autonome sur le plan financier. Pour apporter une lumière
théorique à ce sujet, nous partirons d'une présentation
sommaire de deux missions de la microfinance et de leurs interactions (section
1). Ensuite viendra une analyse détaillée sur
l'intermédiation en faveur des pauvres (section 2) en relevant les
éléments à apprivoiser pour son autosuffisance et
l'élargissement de sa portée sociale (section 3) et des
stratégies pour concilier le double objectif (section 4). Enfin une
étude des cas est prévue pour cerner la réalité
sous d'autres cieux (section 5).
1.
Généralités sur la double mission en microfinance
Peu d'outils de développement suscitent autant
d'enthousiasme que celui du microcrédit (LABIE M., 1999). Cela peut
s'expliquer par le fait que la microfinance donne aux pauvres les moyens de
sortir de leur condition précaire, contrairement aux politiques d'aide
au développement menées précédemment et qui
maintenaient les pauvres dans un état de dépendance par l'offre
de services sociaux gratuits (DEBREY V., 2005). Néanmoins pour
être effectivement ce levier efficace du développement, la
microfinance doit changer d'échelle et s'engager sur la voie de la
viabilité financière (CERISE, 2009).
Par l'offre de services financiers aux personnes exclues du
système financier classiques, essentiellement des pauvres, d'une
manière pérenne en vue d'améliorer leur niveau de vie, la
microfinance fait face à deux objectifs. Sociaux d'une part et
financiers d'une autre part. D'aucuns estiment qu'il y a un arbitrage entre ces
objectifs (NIYONGABO E 2007 ; GUIRAUD 2009), d'autres par contre pensent
qu'il y a compatibilité et complémentarité (LAPENU 2007).
Il y en a aussi ceux qui voient la neutralité. Pour mieux position notre
recherche par rapport à toutes ces discussions théoriques, cette
section s'articule autour de principaux aspects du « double bottom
line »5(*) en
microfinance afin de relever les différentes relations existantes.
1.1. La mission sociale de la
microfinance
Si dans les pays du Sud la majorité de la population et
des petites entreprises sont exclues des services bancaires classiques, cette
proportion est particulièrement élevée dans les
États très fragiles tels que la RDC, avec l'un des plus faibles
taux de bancarisation au monde6(*) (AFD 2010). Dans un contexte pareil, les ISFD
déploient des efforts considérables afin de servir ceux qui sont
constamment exclus des systèmes financiers (BERGUIGA 2007). Par cette
intégration des exclus, la microfinance amorce le premier pas de sa
mission sociale (Soulama, 2008 ; Guittiérez-Nieto et al., 2007 et 2009 ;
Serano-Cinca et al., 2010 et Hermes et al., 2011 cités par Kablan
Sandrine 2012). Mais au-delà d'une simple inclusion financière,
les ISFD doivent s'assurer de l'adaptabilité des services offerts aux
besoins de demandeurs. A cela s'ajoute une analyse des effets des produits
fournis sur les activités et/ou le bien-être des
bénéficiaires. Pour ce faire, l'institution est appelée
à analyser son niveau des performances sociales. A ce jour beaucoup
d'outils (le SPI7(*) du
CERISE, FFSI8(*) du CGAP,
SOCIAL9(*) d'ACCION...)
sont mis en place en vue de cerner ce niveau de performances sociales.
Cependant, les avantages à tirer par les
bénéficiaires des services ne doivent pas être
temporairement limités. Il est préférable que l'offre des
services financiers s'aligne dans une logique de long terme. Pour y parvenir,
l'institution doit associer à ses performances sociales les performances
financières. Cela passe par la concrétisation de sa mission
commerciale.
1.2. La mission commerciale
La mission commerciale est le fait, pour une ISFD, de fournir
des services financiers de manière à lui permettre de se
pérenniser et de devenir autosuffisante (Churchille et al 2001). Ceci
sous-entend que les institutions de microfinance doivent adopter des modes de
gestion efficaces basées sur des règles commerciales sûres
et claires, sans sentiment de charité.
Cela conduit naturellement à l'application des taux
d'intérêt, relativement élevé, à même
de couvrir toutes les charges d'exploitation10(*) et de générer des surplus pour la
rémunération des actionnaires. Cette logique de fonctionnement
est nécessaire surtout pour les ISFD n'optant pas pour le
« one shoot »11(*) car la croissance ne peut être financée
par les subventions12(*),
et difficilement par les bénéfices
générés13(*). Mais plutôt par les ressources du
marché. Malencontreusement, rares sont les institutions qui
définissent leur taux d'intérêt en tenant compte de tous
ces éléments (Churchill et al, op cit).
Toutefois, la recherche des performances financières,
avec des taux d'intérêt élevés, conduit parfois aux
effets pervers sur les objectifs sociaux et inversement. La question se pose
donc de savoir le lien existant entre ces deux missions.
1.3. Lien entre les performances
sociales et financières14(*)
La relation existante entre la mission sociale et
financière n'est pas toujours univoque. Pour une bonne analyse de cette
dernière, deux dimensions sont prises en compte pour formuler les
différentes hypothèses : le signe de la relation et la direction
de la causalité (O'Bannon et al, 1993 cité par BERGUIGA op
cit).
Tableau 1 : Interaction entre les performances
financières et sociales
Schéma causal
(unidirectionnel ou interactif)
|
Lien positif
|
Lien négatif
|
Les PS influent sur les PF
|
|
H1 : hypothèse du bon
management ou de l'impact
social
|
H2 : hypothèse d'arbitrage
|
|
|
|
|
Les PF influent sur les PS
|
|
H3 : hypothèse des fonds
disponibles ou slack
organisationnel
|
H4 : hypothèse de l'opportunisme
|
Les PS et les PF interagissent
|
|
H5 : hypothèse de la synergie
Positive
|
H6 : hypothèse de la synergie
Négative
|
Les PS et les PF n'interagissent pas
|
|
H7 : hypothèse du bon management ou de
neutralité
|
H8 : liens complexes entre la PS et la PF
|
Source : Adapté de GIRAUD et BERGUIGA
2007
La première hypothèse suppose que la
satisfaction des clients influe positivement sur le niveau des recettes et donc
de rentabilité, la qualité du portefeuille, bref sur les
performances financières de l'institution. Par contre
L'hypothèse 2 retient le cas de figure où le fait
d'être socialement responsable entraîne des coûts financiers
supplémentaires et, par conséquent, engendre un
désavantage compétitif (Frideman, 1962, 1970 cité par
BERGUIGA). Des charges s'enflent et réduisent par conséquent le
niveau de rentabilité (Cornée, 2006). Et cela conduit à un
arbitrage entre les objectifs sociaux et financiers (GUIRAUD, op
cit).
Concernant l'hypothèse 3, de bonnes
performances financières permettent à l'institution d'avoir une
certaine marge de manoeuvre pour investir dans le domaine social,
améliorer la qualité des services offerts, en passant
évidement par les études sur la satisfaction des clients, cible
plus des pauvres, etc.
L'hypothèse 4 suppose que la recherche de la
rentabilité détourne les yeux de l'institution sur les objectifs
sociaux, la notion d'arbitrage trouve encore du sens à ce niveau. Les
hypothèses 5 et 6 ne sont que des fusions respectives des
hypothèses 1 et 3, et 2 et 4. L'hypothèse 7 suppose l'absence de
relations que ce soit positif ou négatif. Et enfin l'hypothèse 8
suppose une relation complexe c'est-à-dire, à la fois positive,
neutre et/ou nulle. Cela dépend donc de la dimension
considérée (CERISE, 2010).
2. L'intermédiation
financière en faveur des personnes à faible revenu
Par personnes à faible revenu, nous entendons
essentiellement des personnes vivant avec un revenu inférieur au seuil
défini. En RD Congo par exemple, ce seuil est de 2$ par jours. Pour
arriver à cerner la proportion de cette catégorie des personnes
dans le portefeuille d'une ISFD, on se réfère souvent à la
taille moyenne de crédit accordé, la taille moyenne de
l'épargne par individu et le nombre des femmes emprunteuses (LAPENU
cité par CORNEE 2008). Notons que ces personnes, bien qu'exclues du
système classique, possèdent quelques mécanismes pour
obtenir le service d'épargne ou pour bénéficier d'un
crédit.
2.1. Mécanismes de
financement des personnes à faible revenu
On y retrouve principalement trois grandes classes.
Premièrement, le secteur financier informel caractérisé
par la prédominance des transactions en espèces, l'absence
d'enregistrement et de règlementation, l'échelle restreinte des
opérations, la pratique de taux usuraires, les coûts de
transaction faibles, la facilité d'entrée... (Hugon 1996
cité par KALALA 2006, KALALA 2010). Ses activités principales
sont : l'épargne coutumière, les gardes-monnaies, les
préteurs individuels ou usuriers ou clubs d'amis, les financières
et les tontines (KALALA, op cit). Dans cette sphère, l'épargne
est souvent mobilisée à des taux négatifs pour les clients
et le crédit est octroyé avec une rémunération
allant au-delà de 600% l'an.
En deuxième lieu, nous avons le secteur financier
formel. Ce secteur, qui jadis excluait les personnes à faible revenu,
adopte certaines stratégies de rapprochement à cette couche
telles que le « down-scalling ».
En fin, on a le secteur financier semi-formel se retrouvant
à cheval entre les deux premiers. Il est certes régulé,
mais il utilise certaines technologies de la finance informelle. On y inclut la
plupart des ISFD telles que : les institutions mutualistes et les ONG
à volet crédit.
Selon Koveos et al. (2004), les coûts
élevés, essentiellement financiers, du secteur informel par
rapport aux ISFD font que les clients sont de plus en plus nombreux à se
diriger vers les ISFD. Toutefois, signalons que les offres des ISFD aux
personnes n'ayant pas assez de revenus, moins encore des garanties, engendrent
elles aussi des coûts de transaction importants qui se répercutent
in fine sur les clients (TÉNIN FATIMATA 2009, LABIE M, 1999).
Ce faisant, les structures mutualistes semblent être les
plus adaptées et les mieux organisées dans l'offre des services
aux personnes à faible revenu. Cela par le fait qu'elles
développent une relation de proximité facilitant la
réduction des coûts de transactions.
2.2. Le coût de
l'intermédiation en faveur des personnes à faible revenu
Il s'agit essentiellement des coûts liés à
la minimisation des risques de défaillance, aux charges d'exploitation
et enfin aux coûts des ressources.
2.2.1. Coûts de la gestion des risques
S'il est vrai que toute relation de crédit se
caractérise par une incertitude, celle-ci est d'autant plus forte dans
une communauté des pauvres ne disposant pas de garanties telles
qu'exigées par les institutions financières. A cette incertitude
croissante, sont associés des coûts de gestion énormes.
Evoluant dans un marché avec imperfections (Stiglitz
1997, Arkelof 2001), les ISFD ne peuvent pas élucider toute
l'information sur leurs clients, elles essayent juste de minimiser le risque de
défaillance (BERGUIGA op cit).
En amont, elles commencent par optimiser la recherche des
informations sur l'emprunteur. De telles recherches entraîneraient un
coût démesuré pour les prêteurs au vu de faibles
montants de prêts demandés (DEBREY V., 2005). Ensuite, elles
adoptent des stratégies innovantes telles que la collecte
rapprochée des remboursements, la constitution des groupes solidaires,
la formation des clients à la gestion d'entreprise, l'accompagnement des
clients, etc. Ainsi, en rapportant le montant des crédits aux frais de
gestion, le coût relatif apparait élevé. (BERGUIGA, 2007).
En aval, pendant la période post contractuelle, les
ISFD sont obligées de constituer des provisions en vue de gérer
le défaut de crédit dans une certaine mesure.
2.2.2. Charges d'exploitation
L'octroi de crédit de faible montant nécessite,
comme tout crédit, des analyses approfondies en vue d'atténuer le
risque de non remboursement. Eu égard au montant faible à
octroyer, l'offre des services financiers aux personnes à faible revenu
nécessite des coûts relatifs15(*) importants (NIYONGABO E op cit ; Fernando, 2006
cité par NIZAR LAARIF 2011).
De plus, les erreurs les plus typiques et les plus lourdes se
trouvent souvent dans la politique de recrutement et de gestion du personnel
où certaines ISFD accroissent le nombre d'agents salariés au fur
et à mesure de l'augmentation des clients et de la création
d'antennes régionales, sans avoir préalablement
évalué la rentabilité à court et moyen terme de
leurs opérations (Lelart, 2006 cité par BERGUIGA op
cit). A côté de ses charges s'ajoutent les amortissements de
matériels, les frais de loyer, etc.
2.3. Le coût des ressources
Le financement traditionnel des ISFD est souvent
structuré autour de composantes principales suivantes, les fonds
propres, les subventions et emprunts soft16(*), l'endettement au marché et l'épargne
du public. A cette liste s'ajoute les VIM17(*) et la finance du marché pour certaines
institutions telles que Compartamos et Equity Bank et tant d'autres.
D'après certains praticiens de la microfinance,
l'évolution des sources de financement est expliquée par
l'âge de l'institution (De Sousa-Shield et Frankiewicz, 2004 ; Fernando,
2004; Fehr et Hishigsuren, 2006 cités par Tchakouté H, 2011
Churchille, 2001). D'autres par contre estiment que cela est expliquée
par la transformation institutionnelle (White et Campion, 2002 ; Fernando, 2004
; Ledgerwood et White, 2006 cités par Tchakouté H, 2011).
Ces deux thèses peuvent avoir du sens dans la mesure
où la plupart des institutions « start-up » ont un
statut d'organisation non lucrative. Et au fil du temps, elles
acquièrent le statut d'une organisation régulée et
lucrative.
Cela étant, au début de leurs activités,
la plupart des ISFD ont des charges financières quasi-nulles.
Néanmoins, bien que n'étant pas liées au taux
d'intérêt, les subventions sont rattachées à des
coûts d'opportunités et sociaux non négligeables. Avec le
temps, les coûts purement financiers apparaissent. Le caractère
limité et inconstant des subventions pousse les institutions à
mobiliser l'épargne et à recourir au refinancement. A ces
opérations, sont rattachées des taux d'intérêt
débiteurs que doit supporter l'institution.
Tous ces éléments mis ensemble accroissent
sensiblement les charges de l'institution et se répercutent sur la
viabilité financière de l'institution en compromettant son
autosuffisance.
A ce niveau, il est clair que les charges ont une incidence
importante sur l'autosuffisance de l'institution. Cependant il n'est pas le
seul déterminant. Alors quels en sont les autres ? La section
suivante donne un aperçu sur les principaux déterminants de
l'autosuffisance, mais aussi sur la portée sociale.
3. Les déterminants de
l'autosuffisance et de la portée sociale
Dans un premier temps, il s'agira de relever les
éléments les plus déterminants sur l'autosuffisance
opérationnelle. Ensuite, nous relèverons aussi les
déterminants pour la portée sociale.
3.1. Les déterminants de
l'autosuffisance
L'autosuffisance
opérationnelle évalue dans quelle mesure une institution couvre
ses charges d'exploitation avec ses produits d'exploitation (SEEP 2005). Les
meilleures institutions du monde affichent en moyenne une autosuffisance
opérationnelle variant autour de 133% (DESJARDIN, 2005). En RD Congo
cette norme est réduite à la baisse et se situe à 119%
(BCC 2012). Intuitivement, il semble que seuls les produits et les charges
d'exploitation soient les déterminants. Cependant, s'alignant dans le
même ordre d'idée que Ndimanya, (2003) (cité par NIYONGABO
E. 2007), il existe plusieurs autres éléments qui conditionnent
l'autosuffisance opérationnelle. Cette section vise donc à
ressortir les principaux déterminants de l'autosuffisance
opérationnelle.
3.1.1. Charges de l'institution
Parmi les grands problèmes auxquels font face les
institutions de microfinance, il y a lieu de citer la maitrise des charges
opérationnelles. Ces charges sont essentiellement constituées de
: charges financières18(*), provisions pour pertes sur créances19(*), charges
administratives20(*) et
charges salariales21(*).
Vu que les coûts relatifs inhérents à
l'octroi de petit crédit sont très élevés,
l'autosuffisance des institutions servant les personnes à faible revenu
est mise en péril. Cette situation contraint la plupart des ISFD
à un état de dépendance face aux subventions (Brau et
Woller 2004 ; Hermes et Lensink 2007 cités par Maty Sene 2009).
Encore faut-il souligner que ce ne sont pas toutes les institutions qui ont
accès à ces subsides. Celles qui n'en bénéficient
pas se retrouvent donc dans le pire des cas.
Ainsi pour franchir cette autosuffisance, les ISFD doivent
adopter les stratégies du modèle commercial basées sur les
modes de gestion efficace et rationnel (Gebons et Meehan 2000).
3.1.2. Produits de l'institution
Par ses produits sur portefeuille22(*), ses produits
d'investissement23(*) et
ses autres produits d'exploitation,24(*) l'institution doit être à même de
couvrir toutes ses charges et s'aligner dans une logique de long terme
La viabilité nécessite donc un effort
d'efficience dans le chef des institutions en vue d'avoir les charges faibles
et des recettes élevées. Eu égard aux incidences des
charges et des produits, une déduction logique nous fait voir que la
rentabilité de l'institution serait aussi un déterminant de
l'autosuffisance.
3.1.3. Productivité des travailleurs25(*)
Le fait pour un agent de crédit de gérer un
grand portefeuille de crédit permet sans nul doute de minimiser
sensiblement les coûts et par ricochet faciliter l'atteinte de
l'autosuffisance. La norme CGAP préconise qu'un agent de crédit
gère un nombre des clients compris entre 250 et 500 clients. Ce niveau
est toujours difficile à atteindre, surtout pour les institutions moins
professionnelles comme celles de la RDC. Si pour les institutions qui financent
les PME cette norme peut être revue à la baisse, il est cependant
contraire avec les ISFD ciblant les personnes à très faible
revenu.
Cette productivité peut également être
mesurée par le montant net de l'encours de crédit par agent de
crédit.
3.1.4. Qualité du portefeuille
Une mauvaise qualité du portefeuille de crédit a
comme effets : des coûts supplémentaires liés à
la gestion de la délinquance, l'accroissement du risque de non
remboursement et des revenus plus faibles (SEEP, 2005) et par conséquent
des achoppements sur la viabilité financière (KABLAN S, 2012).
La moyenne du PAR30 des IMF congolaises, en 2011, a
été 42 % (BCC 2011), très largement au-dessus du seuil qui
est de 5%.
A côté du portefeuille à risque, on a les
créances irrécouvrables qui donnent une idée sur les
pertes issues du portefeuille de crédit par contrecoup la
réduction des produits du portefeuille. La norme CGAP exige que ce ratio
soit inférieur à 3%.
La plupart des éléments repris dans les
paragraphes ci-haut sont censés figurés dans la composition du
taux effectif global tel que préconisé par le CGAP (1997). C'est
dans cette logique que certains auteurs (Littlefield et Rosenberg 2004
cité par MATY SENE ; AYAYI, 2007) estiment que les ISFD peuvent
couvrir l'intégralité de leurs charges, si elles offrent leurs
services avec des marges d'intérêts adéquates. Selon ces
derniers, le taux d'intérêt adéquat constitue
l'élément fondamental dans l'atteinte de l'autosuffisance
opérationnelle.
3.1.5. Les subventions et les ressources
bonifiées
Les subventions et les ressources bonifiées sont des
financements ne nécessitant pas d'intérêt en contrepartie
ou encore sont faiblement rémunérées. A ce stade, il
n'existe pas encore des dommages sur l'atteinte de l'autosuffisance. Le
bât blesse au niveau des coûts sociaux26(*). Les institutions
bénéficiaires sont souvent contraintes à adapter leurs
politiques de crédit, des taux d'intérêt, montant plancher,
montant plafond... aux décisions des donateurs de fonds. Pourtant ces
décisions ne sont pas souvent orientées dans la logique
commerciale. Parfois, les subventions incitent les institutions à des
comportements laxistes (KABLAN S, 2012). In fine, les institutions
bénéficiaires demeurent dans une situation de dépendance
financière et n'arrivent pas à être autosuffisantes.
De plus, les clients bénéficiaires des
crédits à des taux bonifiés perçoivent parfois cela
comme des dons déguisés. Il se suit donc un niveau
élevé de défaut stratégique. Espérant avoir
toujours les subsides, les ISFD ne prennent pas souvent des décisions
palliatives. Or en réalité, les subventions n'ont qu'un
caractère passager, ainsi la pérennité d'une institution
ne peut en dépendre de manière exclusive.
Toutefois, actuellement, certains de bailleurs de fonds
exigent à leurs partenaires ISFD un effet de levier financier important
avant la fin de leur intervention et adoptent la politique de la
dégressivité de leur apport au fonctionnement de l'ISFD.
3.1.6. Autres déterminants
Dans un premier temps, la technologie de l'institution en
terme de produits offerts, la qualité du système d'information de
l'institution, le niveau de compétence de son personnel, les politiques
de motivation des travailleurs peuvent avoir des effets, de façon
indirecte, sur l'atteinte de l'autosuffisance opérationnelle (Maty Sene
2009, Kablan S., 2012,). Cela dans la mesure où ils permettront à
l'institution d'être plus efficace et efficiente et par ricochet
contrôler ses coûts opérationnels.
Dans un second temps, l'adaptation du produit aux besoins des
clients et la satisfaction des clients permettront à ceux-ci de bien
utiliser le crédit reçu, par ricochet de rembourser facilement et
in fine accroitre les recettes de l'institution.
A côté de ces éléments, on peut
adjoindre la dimension temporelle. En effet, beaucoup d'auteurs affirment que
l'ancienneté de l'institution est très substantielle dans
l'atteinte de l'autosuffisance. Ils estiment qu'une institution ne peut
être viable financièrement qu'au-delà de cinq ans
d'existence (ACDI 2002, Debrey op cit ; ADAIR P et BERGUIGA i 2010).
A cette liste, KABLAN S. (2012) intègre les variables
telles que : le statut juridique, la taille de l'institution, la
proportion des actifs non productifs et la méthodologie du crédit
(individuel ou de groupe).
3.2. Déterminants de la
portée sociale
3.2.1. La mission et la vision
Avant toute chose, l'institution doit bien définir la
cible et son champ d'intervention. Ces éléments donneront une
ligne de conduite à l'institution de manière à
élargir sa portée sociale. Du reste, un penchant social doit se
faire remarquer dans cette formulation.
Ensuite, il s'agira d'examiner les décalages entre les
actions pratiques et la mission théorique telle que reformulée.
L'ISFD doit être à même de cibler des
bénéficiaires répondant au profil défini dans ses
orientations stratégiques. Ce ciblage peut être
géographique, c'est-à-dire l'ISFD se localise dans une zone
à faible niveau de vie et n'ayant pas ou ayant moins d'institutions
financières. Il peut aussi s'agir d'un ciblage individuel, l'ISFD
sélectionne les personnes à faible revenu et sollicitant des
crédits à faible montant. En dernier, ce ciblage peut aussi
être méthodologique, c'est-à-dire adapter sa
méthodologie au profil de personnes à faible revenu. Cela passe
souvent par la mise en place des techniques spécifiques telles
que : le crédit à caution solidaire, le crédit
warranté, le leasing...
3.2.2. Qualité des services
Une institution qui arrive à offrir des services
adaptés aux besoins de sa cible a plus des chances d'avoir une
portée sociale plus grande.
Cette bonne qualité est perçue au travers
l'étendue de la gamme des services que l'ISFD met à la
disposition de ses bénéficiaires, le niveau de proximité
de services rendus, Le taux d'intérêt qu'il applique, le temps et
tant d'autre.
3.2.3. La responsabilité sociale envers les
clients
Il s'agit pour l'institution de mettre en place des
mécanismes lui permettant d'être responsable de ses actes.
L'institution devra sécuriser ses clients contre le surendettement,
mettre en place des mécanismes adaptés dans le traitement de
recours et dans la pratique des recouvrements. L'institution doit aussi
assurer la confidentialité des données fournies par les clients
ainsi que la transparence à l'égard de ce dernier.
3.2.4. Les autres déterminants
D'aucuns prétendent que le statut juridique joue un
grand rôle dans le niveau de portée sociale. En ce sens, une
institution ayant un statut de coopérative aura une portée plus
étendue qu'une institution non mutualiste. A cela, s'ajoute les
éléments tels que le niveau de la réglementation et de la
supervision, la typologie des crédits (en groupe et individuel).
Généralement, le crédit des groupes est utilisé
pour des personnes n'ayant pas assez de revenus. Une institution qui n'offre
pas ce crédit aura théoriquement une portée sociale
faible. Comme dernière variable, il y a certains auteurs qui estiment
que l'aspect temporel est très déterminant. Selon eux, ce n'est
qu'à un certain âge qu'une institution peut se lancer dans
l'élargissement de la portée.
4. Stratégie de
convergence : Ciblage des personnes à faible revenu et
autosuffisance
Il s'agit ici de relever les principales stratégies que
doivent implémenter les ISFD afin d'élargir leur portée
sociale et d'être autosuffisante.
4.1. La gestion des risques de la
mission sociale27(*)
La mission sociale des institutions de microfinance les
expose à des risques importants si les groupes cibles ne sont pas bien
définis, et si des mécanismes de suivi ne sont pas mis en place
pour assurer une meilleure adéquation des services financiers fournis
aux besoins réels de leur clientèle actuelle et potentielle
(Churchill, 2001 p 13). Subséquemment, l'institution doit veiller
à fournir des services financiers appropriés (i) à
plusieurs personnes (ii) à faibles revenus (iii) afin d'améliorer
leurs conditions de vie (iv). Pour ce faire, un accent particulier doit donc
être mis sur les 4 M (Churchille op cit).
Encadré 1 : la gestion de la
mission sociale, la stratégie de 4M.
- La Mission : l'institution doit avoir
une mission claire, bien définie, intérioriser par les
stakeholders et s'articulant aussi bien sur l'aspect commerciale que sur le
social. Ainsi, l'institution doit avoir une mission qui exprime son attachement
à des personnes à faible revenu.
- Le Marché : l'institution doit
être en mesure de cerner les attentes et les besoins de son marché
cible. Cela peut passer les études du marché de manière
régulière.
- Le Suivi de la clientèle et la Mesure
d'Impact : au-delà de l'étude du marché, pour
déterminer si une institution satisfait le marché ciblé ou
si ses services sont en train d'atteindre les objectifs fixés on utilise
généralement deux indicateurs.
Ces indicateurs sont : le niveau moyen de prêt et
le pourcentage des clients femmes. Le suivi du niveau moyen de prêt est
surtout important pour les nouveaux clients parce que malgré le fait que
le niveau moyen de l'ensemble des clients augmente quand les IMF se
développent, les prêts aux nouveaux clients doivent demeurer
constants. Si la valeur augmente (surtout si elle augmente plus rapidement que
l'inflation), cela pourrait signifier que l'IMF s'écarte de son
marché cible d'origine.
- Manager la croissance : l'institution
est appelée à bien analyser ses capacités humaines et ses
ressources fiduciaires avant de se lancer dans une croissance. Dans cette phase
une surveillance doit se faire remarquer sur le taux de rétention de la
clientèle, indicateur par défaut du taux de fidélisation
de la clientèle.
Source : Adapté de Churchill et Al,
2001
4.2. La Gestion des risques de
crédit
Cette gestion doit débuter par la conception d'un
produit adapté aux besoins des clients. L'obtention des fonds ne doit
pas être la seule raison qui unit les clients à l'institution.
Mais bien plus, le crédit doit permettre une internalisation de la
relation client-institution.
Après la conception d'un produit adapté, une
analyse approfondie doit se faire au niveau de la sélection des clients.
A ce niveau ; il est souhaitable de ne pas omettre la technique de 5 C
dans les analyses (Churchill, 2001). C'est-à-dire, tenir compte du
caractère du client, de sa capacité à rembourser, de son
capital, de ses cautionnements et des conditions dans lesquelles son
activité évolue. Cela doit être appuyé par les
techniques innovantes telles que : la caution solidaire, les incitations
dynamiques et tant d'autres.
A ce niveau, cette théorie de 5C avec une orientation
essentiellement commerciale semble se rapprocher avec la théorie de 4M
ayant une orientation purement commerciale. Ainsi, la convergence peut avoir
encore du sens au travers de ces deux théories.
Les études des marchés menées au niveau
de la mission sociale permettra l'institution de bien comprendre les
capacités, le caractère, le cautionnement... afin de proposer un
produit répondant au maximum au profil de la cible. En ce sens,
l'analyse de 4M sert d'appui à l'analyse de 5C. Ces deux
éléments mis ensemble permettent à l'institution
d'être non seulement performante mais aussi avoir une grande
portée sociale.
Certes, cette démarche atténuera le risque de
défaillance, cependant il est irréaliste de vouloir atteindre un
niveau de risque zéro. Cela étant, les mécanismes de la
gestion des impayés doivent servir de support. La littérature en
propose plusieurs.
- Inculquer la culture institutionnelle aux clients et
membres ;
- Orienter et informer les clients sur les politiques de
l'institution ;
- Accorder les primes d'encouragement aux meilleurs agents et
mettre en place des contrats de performances ;
- Fixer les pénalités sur la
pré-défaillance (mesures de dissuasion);
- Mettre en place les incitants dynamiques pour les
clients ;
- Restructurer le crédit en cas de risque pur
(rééchelonnement et refinancement).
Certains ratios (portefeuille à risque, taux de
créance irrécouvrable, taux de provisionnement de créance,
taux de recouvrement et le taux de rééchelonnement) doivent
servir des signaux aux dirigeants de l'institution.
4.3. La fixation des taux
d'intérêt adaptés
Plusieurs institutions de microfinance africaines (PAPME,
PADME, FECECAM...) ont pu atteindre leur autosuffisance grâce non
seulement à une meilleure gestion des risques de crédit mais
à des taux d'intérêt effectif déterminés
conformément aux normes et meilleures pratiques existantes dans le
monde.
Cependant, cette question du prix des crédits n'est pas
perçue de la même manière par de différentes
tendances.
Pour la première école, constituée en
particulier des ONG du Nord et de leurs partenaires du Sud défend le
principe que les pauvres ne peuvent pas payer les taux d'intérêt
aux prix du marché et qu'en conséquence, il faut leur
prêter à des taux d'intérêt très bas28(*) (Acclassato D., 2006).
La deuxième école, celle des caisses
d'épargne et de crédit et les mutuelles, leurs
Fédérations adoptent des taux d'intérêt en dessous
de ceux du marché quand les états dans lesquels ils fonctionnent
les y autorisent. Elles le peuvent car elles rétribuent peu ou pas du
tout l'épargne collectée ou alors bénéficient des
lignes de crédit subventionnées et/ou de dons (Vincent F.
1999).
Enfin la troisième école est celle des
organisations qui veulent gérer les microcrédits en couvrant
toutes les charges afin d'atteindre l'autosuffisance et de pérenniser
leurs actions de manière à sortir les pauvres de l'exclusion
bancaire (Maty Sene, 2007).
Ainsi, ces institutions appliquent des taux
d'intérêt (R) effectif tel que le préconise CGAP (1997). Ce
taux comprend : les frais généraux (FG) (frais
administratifs et opérationnels) ; les créances
irrécouvrables(CI) ; le coût de ressource(CR) ; le taux
de capitalisation (K) et enfin les produits de placements (PP). La
formule pour le calculer se présente comme suit :
Ce taux qui dans certaines mesures apparait
élevé n'asphyxie en rien les clients micro entrepreneurs. En
réalité, Les rendements des activités de ces petits
commerçants sont aussi plus élevés par unité de
capital que ceux de plus grosses entreprises. Les travaux de recherche
menés en Inde, au Kenya et aux Philippines (Mahajan, Vijay, et Ramola,
2003) ont montré que le taux annuel moyen du rendement de
l'investissement dans des micro-entreprises pouvait aller jusqu'à 847 %
contre un taux d'intérêt variant dans le 60% annuel
appliqué en microfinance. Cela étant, l'application de ce taux
n'est donc pas un frein pour la mission sociale.
Du reste, certaines institutions utilisent cet argument pour
dissimuler leurs contre-performances. Elles appliquent des taux
d'intérêt très élevé et de manière
arbitraire afin d'accroitre leurs produits financiers tout en pensant qu'elles
pourront mieux atteindre la viabilité. Cette tarification peut
être considérée comme un élément
d'inefficacité et de non rentabilité si elle n'est pas
adaptée aux réalités de la clientèle ciblée.
4.4. La maitrise des charges
opérationnelles
Considérant la spécificité de
l'activité de microfinance, les ISFD doivent adopter une politique de
rationalisation des charges en vue de demeurer très compétitives.
Cela peut passer par plusieurs techniques. Etant donné que la part la
plus importante des charges d'une institution est composée des charges
salariales, les institutions de microfinance ne doivent pas avoir un nombre
élevé du personnel administratif au détriment des agents
de terrain. De surcroît, les agents de terrain doivent être
très productif tel que le recommande les normes
internationales.29(*) La
mise en place de contrat de performances et des autres mesures d'encouragement
est très importante à ce niveau.
4.5. La protection des
consommateurs
Pour arriver à une tarification responsable,
au-delà des recommandations CGAP sur le calcul du taux
d'intérêt, le groupe CERISE préconise une méthode
qui conduit les institutions à rationaliser leurs charges. En effet, une
institution ayant un taux d'intérêt effectif annuel
supérieur au coût de ressources en pourcentage plus 30% est ne
protège pas ces clients. En effet, ceci n'est pas un plafonnement du
taux d'intérêt. Mais seulement, l'institution est appelée
à mieux gérer ces les composantes endogènes du taux
d'intérêt selon CGAP. Le coût de ressources est mis à
coté car il est exogène à l'institution et par
conséquent non maitrisable par cette dernière.
Pour arriver à cette tarification responsable, l'autre
alternative serait de favoriser la compétitivité afin d'avoir un
secteur très concurrentielle ou les institutions cesseront d'être
des « price-maker » pour devenir des
«price-taker ».
De plus cette tarification doit être bien claire aux
clients de manière à leur permettre de faire un choix entre
différentes possibilités qui leurs seront offertes. A cela doit
s'ajouter les mécanismes de lutte contre le surendettement, un
traitement respectueux des clients et résolution efficace de leurs
plaintes, la confidentialité de leurs données.
5. Analyse des études
empiriques
Comme souligné plus haut, l'enjeu actuel de la
microfinance demeure la capacité des ISFD d'atteindre la
viabilité financière et de ne pas tourner le dos à sa
clientèle traditionnelle. Plusieurs études empiriques
démontrent qu'il est toujours possible pour une institution de servir
les pauvres et être viable sur le plan financier30(*).
Cependant, il ressort de certaines études que le
ciblage des personnes à faible revenu entraine des contre-performances
et cela handicape l'autosuffisance opérationnelle. Ces résultats
contradictoires ne permettant pas toujours de valider l'hypothèse d'un
lien univoque entre ces deux éléments sous étude.
Cette partie reprend non seulement les différents
travaux sur le lien entre soutenabilité et le ciblage des pauvres (1)
mais aussi les études sur les déterminants de l'autosuffisance
pour les institutions ciblant les pauvres (2).
5.1. Analyse empirique du lien
« ciblage des pauvres et autosuffisance »31(*)
Les travaux réalisés par Schreiner et
Woller (2002) ont confirmé la simultanéité entre
ciblage des pauvres et autosuffisance de l'institution. En effet, pour
comprendre la relation entre l'autosuffisance financière et le niveau du
ciblage des pauvres, cette étude examine les causes déterminantes
de l'autosuffisance financière de 13 institutions bancaires de village
(« village banks ») sur une période de trois ans
(1997-1999) d'une part et d'autre part, elle utilise des indicateurs exprimant
le six aspects de la portée sociale de Schreiner. Les résultats
de cette étude suggèrent que les deux volets social et financier
peuvent être conjointement atteints, exceptionnellement en adoptant des
stratégies appropriées : charger un vrai taux élevé
d'intérêt, faire l'utilisation productive des agents de
crédit, payer des salaires appropriés, et réduire les
coûts administratifs.
Gutiérrez-Nieto et al (2005)
montrent aussi qu'il n'y a pas nécessairement d'arbitrage entre le
ciblage des pauvres et la soutenabilité des activités. Ils
utilisent des outils de gestion pour tenter de valider la
complémentarité entre ces deux dimensions en appliquant la
méthode d'enveloppement des données à 30 IMF
d'Amérique Latine. Leurs résultats montrent qu'il y a
plutôt un effet « pays » et un effet
« statut » sur une combinaison efficace de deux objectifs.
Concrètement, le niveau de l'infrastructure de chaque pays et le statut
de l'institution considérée influence significativement la
convergence de cette double mission.
Morduch Cull et Demirguc-kunt (2006)
utilisent dans leur étude des données sur 124 IMF, dans 49 pays
(Asie, Afrique, MENA), pour cerner de la relation entre la viabilité
financière et la profondeur de la portée sur trois types
d'institutions: Contre toute attente, les résultats obtenus, montrent
que les institutions ne deviennent pas viables avec le temps seulement mais
plutôt et surtout avec une concentration, de plus en plus, sur ses
anciens clients en leur accordant de grands prêts ».
Pour capter les effets temporels, Paxton
(2002) a comparé dans son étude les clientèles de
18 IMF, choisies au moment de l'étude, entre 7 et 27 ans d'existence,
situées en Amérique latine et en Afrique qui octroient des
crédits aux « pauvres ». Cet auteur a corrélé le
degré de pauvreté des clients à la viabilité
financière de l'institution. Les résultats montrent
l'inefficacité de la dimension temporelle. Plus la proportion des
pauvres a été élevée et plus l'institution avait
des difficultés à être indépendant de subvention.
5.2. Analyse empirique des
déterminants de l'autosuffisance
Partant d'une étude sur la BUUSAA GONOFAA32(*) (BG) en Ethiopie,
Teshome yohannes et Marc-mees (2007), soulignent qu'il est
possible de servir les pauvres et avoir des performances élevées
sur le plan financier. La taille moyenne des crédits faibles, le
pourcentage des femmes, la localisation de cette institution entérine
que la BG cible les plus pauvres. Le tableau 2 nous donne un aperçu
globale de la dite étude.
Tableau 2 : Les performances financière
de BG (en 2006)
|
BG
|
Afrique de l'est
|
IMF africaines de petite taille
|
Moyenne des IMF africaines
|
Années d'opération
|
6
|
8
|
6
|
8
|
Clients actifs
|
17.860
|
18.640
|
9.821
|
11.698
|
Solde moyen crédit en cours
|
51,5
|
110,8
|
80,0
|
176,9
|
% de femmes
|
76
|
54
|
64
|
57
|
Frais administratifs/total
Actifs
|
5,5%
|
7,2%
|
15,3%
|
8,7%
|
Clients par agent de crédit
|
388
|
319
|
254
|
254
|
Portefeuille à risque 30 jours
|
0,3%
|
4,6%
|
4,3%
|
4,6%
|
Rendement des actifs
|
25,1%
|
-2,5%
|
-10,2%
|
-2,2%
|
Autosuffisance opérationnelle
|
132%
|
108,9%
|
81,1%
|
104,4%
|
Source : Teshome yohannes et Marc-mees 2007
(Zoom Microfinance)
Au-delà de la de sa fidélité à sa
clientèle cible, ces données mettent en exergue le niveau des
performances impressionnantes affiché par la BG. Son ratio
d'autosuffisance opérationnelle a été pratiquement
égal à la norme33(*). Les analyses de Teshome et Mees
montrent que la BG est arrivée à de tels
résultats par la mise en place des stratégies de rationalisation
des charges, la bonne maitrise de la qualité du portefeuille,
l'amélioration du rendement du personnel en général et des
agents de crédit en particulier et la décentralisation de la
décision au niveau des agences : grande rapidité de
réaction pour les renouvellements (maximum 24 heures), ce qui limite les
coûts d'opportunité.
Les conclusions de NIYONGABO Ephrem sur une
étude effectuée une année plus tard étayent les
arguments de Teshome et Mees. NIYONGABO présente les
mécanismes mise en place par une institution burundaise (FENACOBU) pour
être viable financièrement tout en servant les personnes à
faible revenu.
Tableau 3 : performances de la
FENACOBU
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Crédit moyen
|
83$
|
95$
|
98$
|
112$
|
Année d'existence
|
18
|
19
|
20
|
21
|
Rendement d'actif
|
0,53
|
4
|
4,4
|
4,88
|
Ratio de créance irrécouvrable
|
0,0156
|
0,0108
|
0,0143
|
0,2995
|
Ratio frais généraux
|
0,3879
|
0,3889
|
0,5016
|
0,7695
|
Indice de dépendance aux subventions
|
2
|
-33
|
-36
|
-50
|
Autosuffisance opérationnelle
|
108
|
139
|
138,4
|
180,7
|
Source : NIYONGABO Ephrem
Au-delà des stratégies accoutumées, la
FENACOBU avait mis en place une politique de collecte de l'épargne
à terme spéciale34(*) très efficace, celle-ci lui a permis de faire
des placements et d'accroitre ses produits financiers, par ricochet ses revenus
d'exploitation.
En ce qui concerne les charges d'exploitation, bien qu'un
écart s'exprime en 2005, une relative maitrise se fait remarquée
pendant les trois premières années. La FENACOBU a tout de
même affiché un ratio d'autosuffisance opérationnelle
au-delà de la norme.
Au regard de ce premier chapitre, il s'est avéré
que la possibilité pour une institution d'être autosuffisante tout
en servant les personnes à faible revenu est très loin
d'être exclue. Cependant, la littérature empirique
révèle quelques éléments substantiels à
endiguer. Il s'agit essentiellement du niveau de charge d'exploitation, de la
qualité du portefeuille, de la productivité des agents de
crédit, ... Certains auteurs soulignent l'importance des aspects
additionnel tel que : l'âge de l'institution, sa forme juridique, la
qualité de ses produits offerts, la méthodologie des
prêts...
Chapitre 2 : Analyse
empirique du schisme en microfinance à Kinshasa
Après une auscultation théorique, il se
suit une analyse axée directement sur la sphère d'étude.
Cette démarche nous permettra d'avoir une idée sur la
validité de nos hypothèses dans le contexte Kinois.
Pour ce faire, nous partirons d'une présentation
sommaire de l'industrie de la microfinance à Kinshasa (Section 1).
Après cela, il s'agira de faire une analyse descriptive et tendancielle
de nos données (section 2) pour finir avec la méthodologie
d'étude (Section 3). Dans cette dernière, l'accent sera mis sur
les techniques d'échantillonnage, les méthodes de traitement, la
description des données ainsi qu'une spécification des
modèles.
1. Aperçu de
l'industrie de la Microfinance à Kinshasa
Il s'agit ici de relever les performances de
l'industrie de microfinance à Kinshasa. Ainsi, nous parlerons des
performances financières et de la portée sociale.
1.1. Les performances financières du secteur
Avec un ratio d'autosuffisance opérationnelle
situé à 108% en 2011, les institutions actives à Kinshasa
font encore face au défi de la viabilité financière.
Néanmoins, comparées aux performances de la RDC, Kinshasa affiche
une situation plus satisfaisante.
Ces performances en deçà de la norme sont
expliquées entre autre par la non maitrise des charges
opérationnelles par les institutions actives à Kinshasa. Le ratio
de charge d'exploitation s'est situé à 65%, largement au-dessus
de la norme.
Graphique 1 : Benchmark des performances
Kinshasa vs RDC
Source : Adapté BCC
2011
Par ailleurs, l'une des causes de la non efficience des
institutions actives à Kinshasa est le niveau des charges du personnel
élevé par rapport aux institutions de la RDC. Eu égard au
niveau moyen de salaire relativement élevé à Kinshasa
qu'à l'intérieur du pays (FPM 2012), la forte pondération
des charges du personnel se repercute négativement sur les performances
des institutions Kinoises.
Graphique 2 : Benchmark des charges Kinshasa
vs RDC
Source : Adapté de la BCC
2011
Toutefois, cette non éfficience dans la gestion des
charges est contrebalancée par un niveau satisfaisante du rendement du
portefeuille (Graphique 1) et du rendement des fonds propres.
Graphique 3 : Benchmark ROA kinshasa vs
RDC
Source : Adapté de la BCC
2011
1.2. Portée sociale
Actuellement, Kinshasa est le deuxième pool de la
microfinance en RD Congo. Elle comptait 42 institutions (mutualiste et non
mutualiste) en décembre 2011. En termes d'encours des crédits
octroyés, les institutions de la ville de Kinshasa renfermaient 34% du
total encours en 2011.
Graphique 4 : répartition des ISFD en
RDC
Source : Adapté de la BCC
2011
Pour ce qui est des clients servis, la ville de Kinshasa a
encore occupé la première position avec près des 43% du
total épargnant. De plus, les femmes ont représenté la
plus grande proportion avec près de 80%.
En ce qui concerne leur localisation, la plupart de ces
institutions se retrouvent dans la commune de la Gombe (33%). La raison
essentielle de cette localisation est le niveau de proximité avec le
plus grand centre commercial de la ville. Du reste, certains coins
reculés se retrouvent dépourvu d'institutions de microfinance.
Faute du niveau de vie et du niveau d'activité faible, les institutions
refusent de s'installer dans ces quartiers. Bref, il ne s'agit pas vraiment du
niveau de pauvreté ou de l'adéquation avec la cible qui importe
sur le choix de la localisation. Les institutions actives à Kinshasa
sont plus orientées par le niveau d'activité commerciale car en
réalité la microfinance n'a des sens que pour les pauvres
dynamiques et rentables.
1.3. La gouvernance
La majorité des institutions actives à Kinshasa
ne disposent pas des visions stratégiques bien définies, claires
et intériorisées par les parties prenantes. Le départ
étant mal défini, il est très difficile pour ces
institutions kinoises de faire ceux pourquoi elles ont été
créée. Ce faisant, la probabilité de s'éloigner de
leur cible est donc très élevée. A cela s'ajoute le faible
niveau de capital humain dont fait preuve l'industrie de la microfinance
à Kinshasa. Une étude menée par les étudiants du
CCAM (2012) a démontré que la plupart des agents de terrain
n'avait pas assez des connaissances en matière de crédit. De
surcroit les formations reçues après l'embauche ne se limitaient
qu'à une formation d'intégration. Par conséquent, les
performances de ces agents de terrain sont restées dans la plupart de
cas faibles.
En ce qui concerne la collecte, la circulation, le traitement
et la diffusion de l'information, les analyses de la banque centrale du Congo
(2011) révèlent que seuls 33% des institutions ont disposé
d'un système d'information de gestion à même de faciliter
les transactions et de générer les informations
financières dans un délai raisonnable. Avec une base
d'informations non fiable, il est difficile pour ces institutions de prendre
des décisions efficaces de manière à améliorer
leurs performances financières ainsi que leur portée sociale.
2. Analyse descriptive des données
Cette analyse est basée sur un échantillon de
trente-une institutions actives à Kinshasa pendant la période
2011.
2.1. Analyse uni variée sur les performances
financières
- Quelques statistiques
De manière globale, le tableau suivant illustre que les
institutions sous études ne sont pas performante sur le plan financier.
La moyenne du PAR30 est largement au-dessus de la norme de 5% et se situe
approximativement à 16%. Il est de même pour les autres
indicateurs qui sont au-dessus au-delà des normes.
Tableau 4 : Les performances
financières des institutions sous étude
|
PAR 30
|
ASO
|
ROA
|
Ratio des Charges op
|
Taux d'intérêt
|
Moyenne
|
0,159
|
0,9873
|
0,017
|
0,49992
|
0,531
|
Max
|
0,567
|
1,8800
|
0,072
|
0,71700
|
0,660
|
Min
|
0,043
|
0,1990
|
0,0002
|
0,2899
|
0,280
|
Ecart-type
|
0,1313
|
0,3658
|
0,0183
|
0,108865
|
0,066
|
Médian
|
0,120
|
1,0800
|
0,0226
|
0,4670
|
0,520
|
Source : Enquêtes de
l'auteur
- L'autosuffisance opérationnelle et PAR 30
Au seuil de 119%, la plupart des institutions n'ont pas pu
franchir le cap et être autosuffisantes sur le plan opérationnel.
La moyenne a été de 98%. En effet, cette situation n'est que le
reflet d'une inefficience dans la gestion des charges et d'une mauvaise
qualité du portefeuille. Du reste, il y a des institutions qui se sont
démarquées en affichant des performances très
élevées. La valeur maximale a été de 188%. En
opposé on retrouve des institutions moins performantes avec un ratio
d'autosuffisance opérationnelle de 19%.
Graphique 5 : Autosuffisance
opérationnelle des institutions sous étude
Source : Enquêtes de
l'auteur
Pour ce qui est du portefeuille à risque, pratiquement
toutes les institutions ont affiché un PAR 30 de plus de 5% (15,9% de
moyenne). Pareille pour le ratio de charge d'exploitation qui est restée
supérieur à 40% pendant la période d'étude (49,9%
de moyenne). Néanmoins, le PAR30 minimal est de 4,3 et le ratio de
charge d'exploitation de 28,9%.
Graphique 6 : Le portefeuille à risque
30 et le ratio de charge d'exploitation
Source : Enquêtes de
l'auteur.
2.2. Analyse uni variée sur le niveau d'encrage
sociale
- Quelques statistiques
L'encours moyen de crédit en 2011 a été
de 605357 USD. Du reste, le niveau de dispersion très
élevé démontre qu'il y eu des écarts très
significatives parmi les institutions sous études.
Tableau 5 : Indicateurs de portée
sociale
|
Encours de crédit
|
Nombre des clients
|
Encours d'épargne
|
Nombre des femmes
|
Taille moyenne de crédit
|
Moyenne
|
605 357
|
3 004
|
3 935 846
|
1 951
|
267,327419
|
Max
|
12 845 747
|
61 825
|
54 611 584
|
42 041
|
1390,52
|
Min
|
950
|
35
|
3 455
|
14
|
80,62
|
Ecart-type
|
2292873
|
11070
|
13570836
|
7538
|
210,178376
|
Médian
|
105 082
|
513
|
112 856
|
236
|
141,57
|
Source : Enquête de
l'auteur.
En se basant sur la taille moyenne de crédit comme
indicateur de ciblage individuel, il s'avère que 53% des institutions
constituant notre échantillon ont une taille moyenne de crédit
inférieure à 200 dollars.
Tableau 6 : intervalles de classe des
crédits moyens
|
Nombre
|
Inferieur 200$
|
17
|
Entre 200 et 500$
|
10
|
Entre 500 et 800$
|
2
|
Supérieur à 800$
|
3
|
Source : Enquête de
l'auteur
Ce niveau faible de crédit moyen nous conduit à
la présomption selon laquelle les institutions sous études ont
un niveau d'encrage social élevé.
Graphique 7 : Intervalles de classe des
crédits moyen
Source : Enqête de l'auteur.
En faisant un rapprochement entre le critère de ciblage
géographique et le profil de pauvreté à Kinshasa, on se
rend compte que la répartition géographique des institutions sous
études est relativement équilibrée. Il y a assez
d'institutions dans les zones avec un niveau de vie faible. Ainsi, cela parait
comme un élément de plus afin de présumer d'un fort
encrage social.
Toutefois, comme dit précédemment, le
critère de base dans la localisation est plutôt le niveau
d'activité commerciale et non le profil de pauvreté.
Tableau 8 : Répartition
géographique des agences des ISFD sous étude
Répartion géographique des agences
|
Nombre
|
Pourcentage
|
Tshangu
|
7
|
19%
|
Bandal
|
2
|
6%
|
Gombe
|
5
|
14%
|
Kasavubu
|
4
|
11%
|
Ngaliema et Kintambo
|
9
|
25%
|
Matete et Lemba
|
5
|
14%
|
Mont Ngafula
|
3
|
8%
|
Limete
|
1
|
3%
|
Total
|
36
|
100%
|
Source : Enquête de
l'auteur
Graphique, il apparait de manière plus visible que
l'essentielle des agences
Graphique 8 : Répartition
géographique des ISFD sous étude
Source : Enquête de
l'auteur
2.3. Analyse bi-variée
- Relation autosuffisance opérationnelle et
crédit moyen
Graphique 9 : Relation entre l'autosuffisance
opérationnelle et le crédit moyen
Source : Enquête de
l'auteur
La lecture de ce graphique donne l'impression d'une absence de
relation inverse entre l'autosuffisance opérationnelle et la taille
moyenne de crédit.
En effet, il existe des institutions avec des crédits
moyen faibles mais affichant un bon ratio d'autosuffisance
opérationnelle. Ceci conforte la thèse d'une éventuelle
convergence entre l'autosuffisance opérationnelle et une grande
portée sociale. Ceci nous conduit a présumé que les
institutions moins performantes ne le sont pas à cause de l'arbitrage.
Pour les institutions moins performantes, le problème
n'est pas à l'arbitrage entre ces deux choses. Le problème est
certainement lié à la gouvernance de l'institution.
- Relation portefeuille à risque (30j) et nombre de femmes
emprunteuses
Graphique 10 : Relation PAR 30 et proportion
des femmes emprunteuses
Source : Enquête de
l'auteur.
De manière globale, la qualité du portefeuille
n'est pas toujours fonction du nombre des femmes emprunteuses. Comme
démontré dans plusieurs études (CORNEE 2010 ; LUMBAYA
2011), il n'existe pas une relation univoque entre la proportion des femmes
emprunteuses et le taux de remboursement ou la qualité du portefeuille.
De ce fait, on s'abstient de commentaires comme quoi les
femmes remboursent mieux ou mal.
- Relation autosuffisance et nombre des femmes
emprunteuse
Graphique 11 : Relation autosuffisance et
proportion des femmes emprunteuses
Source : Enquête de
l'auteur
Ce graphique dévoile encore l'hypothèse de la
convergence entre l'autosuffisance opérationnelle et la portée
sociale car la proportion élevée des femmes emprunteuses n'a pas
été un achoppement pour les institutions sous études. Dans
les cas extrêmes ou s'affichent une relation négative, les causes
sont certainement les variables prises en compte dans la prochaine section.
- Proportion des femmes et encours moyen de crédit
Graphique 12 : Relation proportion des femmes
et crédit moyen
Source : Enquête de
l'auteur
Au travers de ce graphique, on se rend compte que de
manière globale les pics sur la tendance de crédit moyen ont
été observé dans les institutions ayant des proportions
des femmes assez faibles.
En effet, plusieurs études réalisées en
Afrique et en Amérique latine (KOBOU 2007, CORNEE 2010) ont
démontré la vulnérabilité économique
élevée des femmes par rapports aux hommes. Cela étant
elles n'ont pas assez de garanties et évoluent souvent dans les groupes
solidaires en sollicitant des crédits pas trop importants. Ce graphique
semble confirmer cette hypothèse.
- Ancienneté et autosuffisance opérationnelle
Graphique 13 : Relation entre
l'ancienneté et l'autosuffisance opérationnelle
Source : Enquête de
l'auteur
Bien qu'il existe quelques cas exceptionnels, de
manière globale les institutions autosuffisante sur le plan
opérationnelle sont ceux ayant déjà un certain âge.
Une analyse minutieuse du graphique nous permet d'estimer cet âge
à quatre soit 48 mois d'existence.
Encore faut-il souligner que ce n'est pas une évidence
comme quoi toute institution avec au moins quatre ans d'ancienneté doit
être autosuffisante. Le niveau de gouvernance est aussi un
déterminant majeur.
3. Méthodologie
En vue d'une analyse pertinente et efficace, nous avons
utilisé les méthodes statistiques et économétriques
afin d'estimer une fonction de convergence. Etant donné que nous ne
disposons pas d'une forme fonctionnelle bien précise (à
l'égard de Coob-douglas, CES...), nous faisons donc recours à la
méthode non paramétrique qui consiste à estimer une
frontière optimale de production. Pour ce qui est de notre, la
production n'est rien d'autre que ce niveau de convergence. Dans le cadre de ce
travail, l'estimation de cet isoquant optimal passe par la méthode
d'enveloppement des données (data enveloppement analysis : DEA).
Pour ressortir les écueils à ladite convergence, une analyse
basée sur un modèle TOBIT censuré sera effectuée.
Une autre justification est que la méthode DEA permet
de réaliser une analyse de l'efficacité à des situations
multi produits et de rendements d'échelle non constants.
Elle compare toutes les unités similaires dans une
population donnée en prenant en compte simultanément plusieurs
dimensions. Il existe donc plusieurs variables dépendantes
considérées comme output et plusieurs variables
indépendantes considérées comme input. Chaque institution
de l'échantillon est considérée comme une unité
décisionnelle (Decision-making Unit - DMU) qui transforme des inputs en
outputs. Ainsi, Chaque DMU consomme un montant m de différents inputs
afin de produire s différents outputs. Autrement, la DMU (j) (j =1,...m)
consomme un montant X {ij} d'inputs (i = 1,...m) et produit un montant Y {rj}
d'outputs (r = 1,...s).
Pour arriver à déterminer la frontière
d'efficacité technique (niveau de convergence), il nous faut
résoudre quelques programmes linéaires. Selon Farell (1957)
(cité par KOBOU et al 2009), l'inverse de la fonction distance35(*) représente
génère des niveaux d'efficacité technique à partir
des informations fournies sur les inputs et les outputs. Une ISFD sera
efficiente, si elle maximise sa production pour un niveau donné
d'inputs. En d'autres termes si son niveau d'efficacité technique est
égal à l'unité, c'est-à-dire sa production
réalisée est égale à la production optimale. Dans
le cas contraire, cette ISFD sera dite moins efficiente et/ou inefficiente.
L'approche CCR développé par Charnes, Cooper et
Rhodes en 1978 et adoptée dans ce travail s'aligne dans une logique de
rendement d'échelle constant. Cependant, l'hypothèse des
rendements constants n'est appropriée que si l'entreprise opère
à une échelle optimale (Ambapour, 2001). Ce qui n'est pas
toujours le cas (concurrence imparfaite, contraintes financières...). Ce
constat a poussé Banker, Charnes et Cooper (1984), à proposer un
modèle qui permet d'intégrer l'aspect de rendement variable
(BCR).
Ainsi, le modèle CCR peut être modifié en
tenant compte de l'hypothèse des rendements variables à
l'échelle en ajoutant une contrainte de convexité
« N1'ë = 1 » aux programmes
distances. Concrètement, il s'agit de maximiser le ratio sommes
pondérées des outputs sur la sommes pondérées des
inputs.
Avec :
k : institution dont on mesure la convergence s
hk :le score de convergence
la quantité d'output r pour le DMU k
Ur : le coefficient de pondération de
l'output r
: la quantité d'input i pour le DMU k
vi : le coefficient de pondération de
l'input i
j : les DMU
Cela implique de trouver les valeurs de u et v, de telle sorte
que la mesure de l'efficacité de la iième entreprise
soit maximisée, sous les contraintes que toutes les mesures
d'efficacité soient inférieures ou égales à un.
Cependant un problème avec cette formulation particulière en
ratio est qu'il existe une infinité de solutions36(*). Pour éviter cela, on
peut poser :
Ce qui donne :
Cette forme est connue sous le nom de « forme
multiplicative » du problème de programmation linéaire. En
utilisant le programme dual de la programmation linéaire, on peut
dériver une forme équivalente de ce problème
d'enveloppement :
Sous contrainte
Avec :
le score d'efficience
Y0 : les quantités observées
d'output dont on mesure l'efficience
X0 : les quantités observées
d'input dont on mesure l'efficience
Yj :les quantités observées
d'output pour la firme j
Xj :les quantités observées
d'output pour la firme j
ëj :les coefficients de
pondérations
Pour avoir un modèle à rendements
d'échelles variables ainsi passé du modèle CCR au
modèle BCC, il suffit d'ajouter une contrainte de convexité, de
la forme :
Ainsi, le problème devient :
Sous contrainte
Avec les ajustements mathématiques, on a en fin
:
- Choix des inputs et outputs
Dans la sélection des inputs, nous n'avons pas voulu
s'aligner dans la logique traditionnelle car ce dernier est plus compatible
avec les outputs unidirectionnels (mesurer un seul aspect de la performance)
car ce travail analyse deux orientations de manière simultanée.
S'inspirant de CORNE (2006) et KOBOU et Al (2009), qui ont utilisé le
nombre du personnel, le total actif comme input et le ROA et le nombre des
femmes emprunteuses comme output. Nous nous sommes démarqués en
eux en considérant juste l'actif le plus important, c'est-à-dire
l'encours brut de crédit37(*) et les charges opérationnelles en lieu et
place de l'effectif du personnel. Nos outputs sont orientés dans la
performance sociale et dans la portée sociale, ainsi nous avons
l'autosuffisance opérationnelle et la taille moyenne de
crédit.
Tableau 9 : Les variables inputs et outputs
du premier modèle
Variables
|
Acronymes
|
Explication
|
Type de variable
|
Type de performance mesuré
|
Encours brut de crédit
|
ENCRED
|
L'ensemble des crédits accordés pendant la
période d'étude
|
Input
|
RAS38(*)
|
Charges d'exploitation
|
CHEXPL
|
L'ensemble des charges salariales, des charges administratives
et des provisions et amortissements
|
Input
|
RAS
|
La taille moyenne du crédit
|
CREDMOY
|
L'encours de crédit sur le nombre total des emprunteurs
|
Output
|
Portée sociale
|
Autosuffisance
|
ASO
|
le rapport produit d'exploitation sur charge d'exploitation
|
Output
|
Performance financière
|
Source : Analyses auteur
Les DMU39(*) qui affichent une valeur de 1 se situent sur
l'isoquant d'efficience et réalise ainsi la convergence. Les DMU qui
affichent une valeur inférieure à 1 ne sont pas optimaux. La
valeur (1 - Efficience du DMU) montre le niveau de l'inefficacité du DMU
concerné.
Après l'estimation de l'isoquant représentant le
niveau de convergence, un modèle TOBIT censuré sera
estimé. Le choix est porté sur un modèle TOBIT
censuré car notre variable dépendante (niveau de convergence)
sera définie dans un intervalle allant de 0 à 1. (Y €
]0 ; 1]). Cependant, le modèle TOBIT s'applique sous deux
contraintes : la variable dépendante est continue dans un
intervalle et la probabilité pour que la variable dépendante
prenne des valeurs nulles est positive. Concrètement, on observe la
variable seulement pour une partie de la population l'autre partie est non
observée. Et dans ce dernier cas, on pose sa valeur égale
à zéro.
Pour contourner cette contrainte, on expliquera plutôt
l'inefficacité (La non convergence) en lieu et place de
l'efficacité (la convergence). Ainsi Yi représente le
niveau d'inefficacité d'une institution. La partie de
l'échantillon constitué des institutions efficaces (convergente)
est considérées comme non observée. Le modèle se
présente donc comme suit :
Yi =
Avec :
Le terme d'erreur qui suit la loi normale de moyenne 0 et
d'écart-type ó.
Xi : est un vecteur des variables explicatives
susceptible d'expliquer la non convergence des coopératives.
âi : un vecteur représentant les
paramètres à estimer;
Yi = les scores de la non convergence
Yi * : seuil à partir duquel
les variables X affectent l'efficacité des institutions sous
études. Dans le cadre de notre étude, la variable
dépendante « inefficacité » est continue et
limitée à zéro. De plus, les erreurs sont normalement
distribuées.
Vu le niveau de biais associé aux estimateurs de la
fonction TOBIT par moindre carré ordinaire, et la restriction en une
variation binaire astreint par la méthode d'Heckman (Hurlin ), nous
faisons recours à l'optimisation de fonction de vraisemblance
associées au modèle Tobit afin de ressortir les
déterminants de la non convergence.
Le modèle de log vraisemblance s'écrit comme
suit :
Log L ( y, â, ó2å
)= - log (ó2å) -
Les variables dépendantes retenues à ce niveau
sont les suivantes :
Tableau 10 : La variable endogène et les
variables exogènes du second modèle
Variable
|
Explication
|
Type de variable
|
Mesure
|
Niveau de la non convergence
(NONCONV)
|
Cet indicateur est une variable composite qui prend en compte
la capacité de l'institution à être autosuffisante sur le
plan opérationnelle tout en servant des pauvres avec des crédits
moyen faibles.
|
Variable expliquée
|
Indice composite
|
Portefeuille à risque de 30 jours
(PAR)
|
C'est la partie du portefeuille ayant un retard de paiement de
plus de trente jours sur l'encours brut de crédit.
|
Variable explicative
|
C'est un ratio
|
Return on asset
(ROA)
|
C'est la rentabilité des actifs qui est mesuré
par le rapport entre les bénéfices net après impôts
sur le niveau d'actif total.
|
Variable explicative
|
C'est un ratio
|
Proportion des femmes emprunteuses
|
C'est le nombre des femmes emprunteuses sur le nombre total
des emprunteuses (femmes + hommes)
|
Variable explicative
|
C'est un ratio
|
Obtention des subventions et/ou appuie technique
|
Distingue les institutions qui bénéficient des
subventions et celles qui n'en ont pas
|
Variable explicative
|
Variable dichotomique
|
Age de l'institution (AGE)
|
C'est le nombre de mois de l'existence de l'institution
|
Variable explicative
|
En nombre de mois.
|
Source : Analyses Auteur
Après le développement de ce chapitre, il en
découle de manière globale que l'industrie de la microfinance
à Kinshasa n'est pas encore viable. Par ailleurs, son niveau d'encrage
social n'est pas non plus très élevé.
La situation s'accentue avec une analyse basée sur les
institutions de notre échantillon. En effet, rare sont les institutions
qui maitrise leurs charges opérationnelles et la qualité du
portefeuille. Ceci se répercute sur leur niveau d'autosuffisance
opérationnelle.
Toutefois, aucune liaison entre les éléments de
la portée sociale et les performances sociale n'a été
démontrée de manière significative. Du reste, les analyses
bi-variées ont de présumait la possibilité d'une
convergence entre l'autosuffisance opérationnelle et la portée
sociale.
Chapitre 3 : Analyse
critique et ébauche des solutions
Après une analyse descriptive et tendancielle
du le schisme à Kinshasa, ce chapitre est consacré à une
analyse empirique en vue de ressortir les conclusions les plus pertinentes sur
ledit sujet en partant d'une modélisation économétrique
(Section 1). La deuxième partie de ce chapitre sera consacré
à la mise en place des stratégies efficaces de manière
à atteindre la convergence entre l'autosuffisance opérationnelle
et la portée sociale (section 2).
1. Présentation des résultats
1.1. Analyse de la convergence
Le modèle à estimer afin d'avoir le score de
convergence se présente comme suit :
Après estimation sur le logiciel data enveloppement
analysis programme (DEAP) version 2.1, les resultats sur le niveau de
convergence sont présentés dans le tableau 11.
Tableau 11 : Résultat de la
première estimation (DEA)
|
Valeur
|
Moyenne
|
0.29103226
|
Maximum
|
1
|
Minimum
|
0,011
|
Ecart-type
|
0,34334438
|
Nombre des institutions convergentes
|
4
|
Nombre des institutions situées entre 0,5 et
0,99
|
4
|
nombre des institutions en déca de 0,5
|
23
|
Source : Analyses auteurs
Graphiquement, la situation se présente comme
suit :
Graphique 14 : convergence et non
convergence
Source : Analyse auteur
On constate que les institutions sous études
présentent un niveau de convergence entre la portée sociale et
l'autosuffisance opérationnelle faible. En moyenne le score est de
0.29103226, largement en décas de 1. De plus, la plus part des
institutions sous études (74%) ont affiché un score de
convergence de moins de 0,5.
Il y a à peine quatre institutions qui affichent le
score de 1. Cela étant, une analyse comparative sera menée entre
ces dernières et le reste de l'échantillon en vue d'identifier
les forces et les faiblesses leurs forces et faiblesses de manière
à proposer des stratégies efficaces.
Tableau 12 : Benchmark entre les DMU
efficientes et les DMU non efficientes
|
score de convergence
|
ratio charge d'exploitation
|
ASO
|
Taille moyenne de crédit
|
Encours de crédits 2011
|
Les DMU les plus efficients
|
MUFESAKIN
|
1
|
0,367
|
119%
|
198.96
|
455424
|
LIFE VEST
|
1
|
0,267
|
188%
|
194.89
|
144027
|
COOPEC BOSANGANI
|
1
|
0,234
|
123%
|
110.62
|
13164
|
MEC IDECE
|
1
|
0,28992189
|
129%
|
466.52
|
184277
|
Les DMU les mois efficients
|
MEC CAPROS
|
0,024
|
0,567
|
80,00
|
358.47
|
255589
|
IMF VIA NOVA
|
0,016
|
0,517
|
104,00
|
963.06
|
199353
|
CBCO BANDAL
|
0,015
|
0,654
|
110,00
|
65.11
|
20118
|
IMF OFED
|
0,011
|
0,463
|
98,00
|
94.02
|
7616
|
Source : Analyses de l'auteur
Parmi les IMF efficientes, on retrouve trois institutions
mutualistes et une institution non mutualiste. Ces quatre DMU ont poursuivi un
réel objectif social pendant l'année d'étude, s'il on se
réfère à la taille du prêt40(*), mais ont arboré
également de très bons résultats financiers en regardant
le niveau de l'autosuffisance opérationnelle. Bien que toutes les
institutions n'aient pas pu réaliser cette convergence, néanmoins
cet exemple illustre la capacité de certaines institutions actives
à Kinshasa de combiner la portée sociale aux performances
financières. Le 12% des institutions convergentes dans notre
échantillon nous conduit à accepter partiellement notre
première hypothèse.
Les DMU efficientes sont des structures de taille modeste et
moyenne si l'on considère leur nombre total d'emprunteurs. Le point
commun le plus frappant entre ces quatre structures est la faible proportion
des charges d'exploitation sur l'encours brut de crédit. Sans doute trop
hâtivement, on peut en déduire que le point fort de ces
institutions résident dans leur localisation et ciblage qui influence
positivement le coût de transaction et par ricochet baisse le niveau des
charges de ces institutions. On doit toutefois nuancer ce propos en
avançant que d'autres facteurs influent sur le niveau de charge
administrative comme par exemple le faible nombre des employés.
Graphique 15 : Benchmark entre les DMU
efficientes et les DMU non efficientes
Source : Analyses de l'auteur
Cette illustration graphique vient étayer l'argument
selon lequel, les DMU ayant un score de 1 sont très efficients dans la
gestion de leur charge. En opposé, on remarque que les quatre DMU les
moins efficients ont un ratio des charges d'exploitation très
élevé. Par-là, on présume donc que le niveau de
charge d'exploitation exerce une influence non négligeable sur le niveau
de convergence.
Toutefois, au-delà ces éléments, ces DMU
efficients possèdent aussi quelques faiblesses qui ne leur permettant
pas d'être performantes sur tout point de vue. La prise en compte de ces
détails améliorera sans nul doute les performances de ces
institutions.
Tableau 13 : Forces et faiblesses des DMU
efficientes
Forces
|
Faiblesses
|
- Orientation stratégique bien définie
- Concertation sur la cible ;
- Volonté d'offrir les produits dans un horizon de long
terme ;
- Gestion rationnelle des charges ;
- Structures organisationnelle bien définie.
|
- Turn over élevé ;
- Faible stratégie de mobilisation de
l'épargne ;
- Faible productivité des agents de terrain ;
- Plan de carrière inexistante ;
- Non actualisation ou absence des études de
marché ;
- Offre stéréotypée
- Non maitrise de la qualité du portefeuille ;
|
Source : Analyse de l'auteur
Le faible niveau des charges d'exploitation constaté au
niveau du benchmark peut s'expliquer par le fait que ces institutions
n'accordent pas des rémunérations adéquates à leurs
employés. Leur niveau de salaire moyen s'est situé entre de 200
à 350 dollars US en 2011 (FPM dossier d'évaluation). Cette faible
rémunération combinée à une motivation non
régulière se répercute négativement sur le niveau
de stabilité des employés et entraine par conséquent des
démissions assez importantes de ces derniers. En 2011, Le taux de
« turn over » a été supérieur à
8% pour quasiment toutes les institutions efficientes (FPM 2011). Pour
certaines institutions, les politiques de motivation ne sont plus
adéquates au contexte actuel.
A ces choses s'ajoute l'absence d'un plan de carrière
bien défini et connu par tous. Les employés n'étant
garantis en rien sur leur avenir au sein de l'institution, n'hésiterait
en aucun cas de quitter l'institution lorsqu'une bonne offre se
présente.
Pour ce qui est de ressource, il sied de noter que la plupart
de ces institutions ne disposent pas des stratégies efficaces afin
d'optimiser la collecte de l'épargne. Avec des taux de transformation
allant jusqu'à plus de 140%, certaines institutions sous étude
recourent aux emprunts en lieu et place de maximiser la collecte d'une
ressource quasiment gratuite. Les dépôts à terme occupent
une proportion très faible dans ces institutions.
Par ailleurs, le non recours ou la non actualisation des
études de marché pose un grand problème dans ces
institutions. Faute des moyens et des compétences nécessaires,
pratiquement toutes les institutions efficientes ne recourent pas aux
études de marché avant la mise en place d'un nouveau produit.
Ainsi, ces dernières ignorent la dynamique des besoins de leur public
cible dans les caractéristiques de leurs produits. Si leurs offres
connaissent encore du succès jusque-là, c'est simplement parce
que le marché de la microfinance est encore dans une phase
oligopolistique. Le manque d'information sur les vrais besoin de leurs cibles
leur pousse à offrir des produits standards.
1.2. Déterminants du non convergence
Avant de présenter les résultats de nos
enquêtes, rappelons que le modèle TOBIT estimé se
présente comme suit :
Après estimation avec la commande suivante sur Eviews
5:
CENSORED(D=N) NOCONV C APTECETFIN AGE PAR ROA
PROPFEM
Les résultats des estimations sont
présentés dans le tableau suivant :
Tableau 14 : Résultat de la
deuxième estimation (TOBIT)
|
Coefficient
|
Standard error
|
z-Statistic
|
Probabilité critique
|
C
|
-0.305863
|
0.225273
|
-1.357742
|
0.1745
|
APTECETFIN
|
-0.065302
|
0.117391
|
0.556278
|
0.5780
|
AGE
|
-0.001674
|
0.002014
|
0.830885
|
0.4060
|
PAR
|
1.002109
|
3.57E-09
|
2.286599
|
0.0222
|
ROA
|
-1.034506
|
0.000188
|
-0.005490
|
0.0436
|
PROPFEM
|
0.414177
|
0.169653
|
2.441320
|
0.0746
|
R carré
|
0.476487
|
R carré ajusté
|
0.325609
|
Probality value of residual (Jarque Bérra test)
|
0.046460
|
Source: Analyses de l'auteur
La droite de régression s'écrit comme
suit:
NOCONV = -0.3058625641 - 0.06530189031* APTECETFIN -
0.00167350056*AGE + 1.002109*PAR - -1.034506*ROA + 0.4141771106*PROPFEM
Le coefficient d'ajustement R2 nous renseigne que
les variables retenues dans ce modèle expliquent le niveau de
convergence à 47,6%. La différence est expliquée par les
variables non prises en compte dans ce travail.
Hormis le niveau de charges d'exploitation et l'encours de
crédit, il s'avère que le niveau du portefeuille à risque
et le rendement des actifs sont statistiquement significatifs.
Le ratio de portefeuille à risque trente jours varie
dans le même sens que le niveau de non convergence. En
conséquence, une mauvaise qualité du portefeuille de
crédit réduit les performances de l'institution sur le plan
financier et social. Ce faisant non seulement que la viabilité
financière de l'institution sera atteinte, mais aussi sa portée
sociale. Pour pallier à cette situation, certaines institutions
préfèrent s'accrochées aux personnes disposant des
garanties physiques et sollicitant ainsi des montants très
élevé.
Pour ce qui est du rendement des actifs, la relation est
plutôt négative par rapport au niveau de non convergence.
L'amélioration du rendement des actifs permet à l'institution
d'être non seulement autosuffisante mais aussi avoir une grande
portée sociale.
Contrairement à toute atteinte, l'ancienneté de
l'institution, l'assistance technique ou financière obtenue par
l'institution et la proportion des femmes emprunteuses n'ont pas
été significatives.
Néanmoins leurs signes dans la droite
régressée renferment beaucoup d'éléments pertinents
et susceptibles d'enrichir nos analyses.
On remarque que le niveau d'ancienneté conduit
l'institution à des performances financières ainsi qu'à
une grande portée sociale. Ceci est aussi le cas pour l'assistance
technique et financière.
Les institutions bénéficiant d'une assistance
technique et/ou financière améliorent leur mode opératoire
et deviennent donc plus professionnelles. Cette migration dans le mode de
gestion exerce une influence positive mais non significative sur le niveau de
convergence.
2. Ebauche des stratégies efficaces pour une
convergence à Kinshasa.
Au regard des résultats empiriques, il sied de
souligner que les institutions actives à Kinshasa ne seraient vraiment
efficaces en termes de portée et de performances financière
seulement s'ils arrivent à mettre en place des stratégies de
manière transversale. C'est-à-dire, toucher à la fois la
maitrise des charges, gestion du portefeuille, la gouvernance, la gestion de la
mission sociale, la gestion des ressources humaines, la gestion des
risques...
2.1. Gestion du portefeuille de crédit
L'indicateur retenu dans le cadre de ce travail a
été le portefeuille à risque pour trente jours. La non
nullité de cette variable nous révèle son importance
significative dans la réalisation de ce double objectif (financier et
social). Cela étant, les stratégies à mettre en place par
des institutions doivent à trois niveaux : avant le
déboursement de crédit, pendant les échéances et
après les échéances en cas de non remboursement. Toutefois
avant ce processus, l'institution doit s'assurer de l'adaptabilité des
produits aux besoins des clients. La quasi-totalité des institutions
Kinoises sont caractérisées par le mimétisme et la
standardisation de l'offre. En partant d'une étude de marché,
l'institution devra être à même de définir les
caractéristiques de son produit de manière à être en
phase avec les besoins de son public cible.
- Avant le déboursement
La plupart des institutions sous études fondent leurs
analyses de crédit sur la capacité de remboursement des
emprunteurs et les garanties que ces derniers possèdent. Encore faut-il
le souligner que rien ne garantit la fiabilité et la complétude
des informations recueillies 41(*) sur cette capacité de remboursement. Un client
adverse, bien qu'ayant une capacité de remboursement suffisante, sera
toujours tenté a affiché un comportement d'hasard moral. Cela
étant, il est souhaitable que les décisions d'octroi de
crédit partent d'une base d'analyse plus étendue.
En premier lieu, la prise en compte du caractère de
l'individu dans les analyses est très substantielle. Vue la nature
complexe de cette variable, il est souhaitable de procéder par des
enquêtes informelles dans les lieux d'activité ou d'habitation de
l'emprunteur. Ces enquêtes permettront d'avoir une idée sur le
niveau de moralité du prospect. Ce faisant, il n'est pas prudent
d'octroyer un crédit à une personne récemment
installée dans son environnement d'habitation ou professionnelle car
l'institution n'aura pas assez d'informations séantes. De plus, on
présume n'est pas maitrisé le niveau de la mobilité
spatiale du client.
Par la suite, l'institution devra aussi tenir compte des
conditions dans laquelle le prospect évolue. Par condition, on fait
allusion à tous les facteurs environnementaux susceptibles d'influencer
l'activité du client. L'institution a intérêt à
prendre en compte cet élément en vue de dénicher les
performances saisonnières et intégrer les risques externes dans
l'analyse.
Ensuite, il parait pertinent de prendre en compte les actifs
et le passif de l'affaire. Ceci permettra à l'institution de de
déterminer si l'affaire est solvable et de savoir combien de fonds de
commerce est à la base de l'affaire. Une institution rationnelle ne peut
pas octroyer un crédit supérieur au fonds propre du client.
- Pendant que le crédit est encours
Dans les manuels de procédures des institutions sous
études, la plupart d'entre eux déclarent faire des visites
après le décaissement pour s'assurer de la bonne affectation du
crédit telle que déclarée lors de la demande. Cependant,
rare sont ceux qui l'appliquent. Certes ces visites engagent des coûts
supplémentaires, mais aussi elle vaut leur pesant d'or.
Dans la plupart des cas, les analyses de l'institution se
basent sur une activité quelconque et le remboursement se fera sur une
activité dont l'institution ne maitrise aucun risque. Ainsi, la
négligence de la réalisation de ces visites expose donc
l'institution à un niveau de vulnérabilité énorme.
L'institution a donc intérêt à
réaliser ces visites de courtoisies pour s'assurer de la bonne
évolution de l'activité du client. De plus, ces visites serviront
à internaliser la relation « client-institution42(*) » et de
réduire l'asymétrie informationnelle.
Pour contourner les problèmes des coûts,
l'institution doit en amont bien définir son champ d'intervention en
tenant compte du principe de la proximité géographique.
- En cas de non remboursement à
l'échéance
La première des choses est d'avoir l'information selon
laquelle le client n'a pas effectué son remboursement à
l'échéance. Malencontreusement le système d'information
de gestion de certaines institutions sous étude ne génère
pas toujours cette information au moment opportun. Les efforts doivent
commencer par là. Avoir un SIG à même de produire cette
information au bon moment. Ceci n'est pas synonyme de l'achat d'un logiciel.
Même de façon manuelle, avec des rapports journaliers bien
établis, l'institution de petite taille peut contrôler son
information.
Ensuite, il faut chercher la cause du non-paiement à
l'échéance. Une segmentation des clients est souhaitable pour
appliquer des techniques spécifiques à chaque classe. Parfois
c'est juste un oubli ou un empêchement. Dans ce cas, une simple relance
suffit. Pour d'autres, il s'agit d'un risque pur. Le bât blesse encore
à ce niveau. La plupart des institutions actives sous études
adoptent des mesures agressives pendant le recouvrement bien que le client soit
de bonne foi. Rare sont les institutions qui appliquent le
rééchelonnement et moins encore le refinancement. Or ces
mécanismes sont bien repris dans leurs manuels de crédit. La mise
en application de ces mécanismes est d'une importance substantielle.
Pour les clients qui peuvent mais ne veulent pas payer,
l'institution doit appliquer la stratégie d'escalade,
c'est-à-dire accentue l'intensité de recouvrement lorsque le jour
avance. Ceci peut aller jusqu'au recouvrement juridique. Mais seulement, dans
le contexte congolais, il n'est pas rationnel d'arriver à ce niveau pour
éviter les dépenses supplémentaire ne garantissant pas le
remboursement.
2.2. Amélioration de la
rentabilité
En réalité, l'encours de crédit qui est
l'actif le plus important pour une institution de microfinance doit
représenter jusqu'à quatre-vingt pourcent du total actif. Force
est de constater que les institutions Kinoises accordent assez d'importance aux
actifs non productifs (immobilisation et autre). Pour certaines institutions
sous études, le ratio portefeuille de crédit sur actif variait
autour de 30%. Ces institutions prétendent gérer les risques avec
une telle stratégie.
L'augmentation de cet encours permettra à l'institution
d'avoir plus des revenus d'exploitation, d'améliorer le rendement du
portefeuille, d'améliorer la rentabilité économique,
d'améliorer la rentabilité commerciale et à infra courte
période améliore la qualité du portefeuille. Mais
seulement, cette augmentation souhaitée ne doit pas se faire de
manière abusive. Elle doit être en phase avec les capacités
de l'institution (humaines et financières) pour n'est pas se retrouver
dans une situation de croissance non maitrisée et ainsi
détériorée d'avantage la qualité du
portefeuille.
Par ailleurs, ces institutions doivent améliorer leurs
stratégies visant à collecter les ressources moins couteuses. Les
promotions des dépôts à terme doivent être
entreprises afin d'accumuler assez des revenus pérennants et à
moins cher. En aval, ces stratégies permettront de réduire
sensiblement les charges financières et de générer assez
des produits nets bancaires. Ainsi, les institutions peuvent recourir à
la force de vente avec des décente sur terrain en vue de sensibiliser sa
cible sur la culture et les biens faits de l'épargne et d'en collecter
encore plus.
2.3. Maitrise des charges d'exploitation
Le grand défi se retrouve à ce niveau. Comme
stratégie à adopter, les institutions sous études doivent
favoriser les agents productifs afin de contrebalancer le poids de ces charges
administratives. Ce faisant, Il est préférable que les agents
administratifs ne représentent pas plus de 40% de l'effectif total des
agents.
Les performances de ces agents de terrain doivent aussi
être contrôlées. L'évaluation de leurs
productivités peut passer par une analyse qualitative43(*) et/ou quantitative.44(*)
Par ailleurs, pour réduire les coûts
d'exploitation, l'institution peut opter pour l'externalisation ou la
sous-traitance de certaines tâches non liées directement avec la
raison sociale de celle-ci. Cette stratégie permettra à
l'institution d'éviter certaines charges liées essentiellement
aux avantages sociaux que doivent avoir les agents (prise en charge
médicale, prise en charge de la pension...).
2.4. Gestion des ressources humaines
La résolution de ce problème doit commencer en
amont, c'est-à-dire : recruter la personne qu'il faut, à la
place qu'il faut et au moment qu'il faut. Après le recrutement et la
formation d'intégration, un niveau de productivité
élevé est fonction d'une bonne rémunération et
d'une bonne motivation. Du plus cette motivation ne doit pas rester fixe, sa
subdivision en partie fixe et variable, surtout pour les agents de terrain
servira d'un stimulant efficace.
Au-delà de ces aspects, les agents doivent voir
à l'institution un avenir prometteur. Cela passe par un plan de
carrière bien définie et connu pas tous. L'égalité
de chance pour bénéficier des formations de mise à jour,
des missions et autres avantages.
Toutefois, l'institution doit songer à mettre se garder
fou afin de protéger ses compétences. Il est souhaitable à
l'institution de faire signer des clauses bien spécifiques par exemple
pour les agents ayant suivi une formation pour le compte de l'institution.
Après leurs formations, ces agents seront
condamnés à travailler pendant un temps au sein de l'institution
avant toute initiative de démission.
2.5. Gestion de la mission sociale
Avant toute chose, l'institution doit bien définir ceux
pour qui elle veut servir. Evidemment, cette reformulation de la mission doit
prendre en compte aussi bien les éléments sociaux que financiers.
Après cela, l'institution devra mettre des
stratégies qui lui permettront de répondre de manière
continuelle aux attentes de ses clients. Cela peut passer par le contrôle
des éléments liés au marché, à la mesure des
effets sur les bénéficiaires et à la gestion de sa
croissance.
Eu égard à la dynamique des besoins humains,
l'institution doit être à même de procéder aux
études de marché régulièrement afin d'adapter son
offre aux attentes de sa cible. Les institutions ne disposant pas des moyens
tant financiers qu'humains pour la réalisation de ces études
peuvent commencer par étendre leurs canaux de communication avec leurs
clients. Concrètement, elles peuvent mettre des boites à
suggestions dans les agences, bien formuler la procédure des plaintes et
l'afficher dans les corridors de l'institution. S'entretenir avec des clients
déçus...
Pour ce qui est du suivi des effets, l'institution est
appelée à analyser de manière régulière
l'évolution en terme de bien-être de ses emprunteurs. Un
élément très important à contrôler à
ce niveau est la taille moyenne de crédit (Churchill 2001). Ce suivi est
surtout important pour les nouveaux clients parce que malgré le fait que
le niveau moyen de l'ensemble des clients augmente quand les ISFD se
développent les prêts aux nouveaux clients doit demeurer
constants. Si la valeur augmente (surtout si elle augmente plus rapidement que
l'inflation) cela pourrait signifier que l'ISFD s'écartent de son
marché cible d'origine.
Pour ne pas s'affaler dans le piège d'une dérive
de mission, l'institution désirant changer de cible et/ou faire un
upscalling doit passer par une reformulation de sa mission.
En dernier lieu, l'institution doit veiller à ce que
ses ressources tant financières qu'humaines lui permettent de bien
atteindre ses objectifs. Comme dit précédemment, l'ISFD est
appelée à accorder une attention particulière à
ses employés car en réalité ces sont eux qui apportent
les bons risques à l'institution.
2.6. Système d'information de gestion.
Chaque institution doit commencer par faire un diagnostic sur
les défaillances du système actuel. En effet, le système
d'information de gestion doit cesser d'être perçu comme un
logiciel permettant de générer les ratios et les tableaux. Tous
les agents doivent être impliqués dans la production de
l'information susceptible de conduire aux bonnes décisions. En ce sens,
les dirigeants doivent bien éclaircir les deadlines sur la production de
toute information et pour tous les employés.
Au cas où le système actuel ne serait plus en
phase avec le niveau d'activité, l'institution devra songer à une
restructuration mais tenant compte de ses ressources.
2.7. Transparence, application des taux
d'intérêt responsable mais adéquat
Au-delà de la couverture des charges, le taux
d'intérêt appliqué ne doit pas non plus asphyxié les
clients. Ainsi pour éviter de faire supporter aux clients les
contre-performances, une transparence est exigée de manière
à permettre aux consommateurs de faire un choix plus rationnel. Ceci
n'est rendu possible qu'au travers une supervision de l'autorité de
régulation.
2.8. Rôle de l'organe régulateur
La banque centrale a un rôle très
prépondérant dans le processus de professionnalisation du
secteur. En amont, elle doit veiller à l'adaptabilité des lois et
textes règlementaires au contexte congolais en général et
kinois en particulier.
Après cela, une supervision efficace est souhaitable
afin d'éviter les déviations de certaines institutions.
Cependant, le faible niveau le sous-effectif de la banque centrale ne permet
pas de réaliser cette mission immense. Cela étant, cette
dernière a intérêt à renforcer son équipe en
vue d'améliorer sa supervision.
Pour faire bref, les analyses effectuées dans ce
troisième chapitre nous ont permis de valider
partiellement nos deux premières hypothèses.
Concrètement, il a été
démontré que les institutions évoluant à
Kinshasa peuvent être autosuffisantes sur le plan opérationnel
tout en ayant une grande portée sociale.
En second lieu, les facteurs à considérer comme
achoppement à la convergence entre les performances financières
et la portée sociale sont : le niveau de charges
d'exploitation, la qualité du portefeuille et le niveau de
rentabilité des actifs.
De plus, le benchmark nous a fait voir que les
éléments liés à la gestion des ressources
humaines avaient un rôle substantiel dans la réalisation
de la convergence entre les performances financières et la portée
sociale.
Ce faisant, il est souhaitable que les institutions actives
à Kinshasa réorientent leur mode opératoire enfin
d'être encore plus efficientes. Cela peut partir de l'ébauche
proposée dans ce travail.
Conclusion
Le dynamisme constaté dans le secteur de la
microfinance en RD Congo pendant ces dernières années n'a pas
permis à la plupart des institutions active à Kinshasa d'assumer
réellement leur double mission45(*).
Cette étude cherchait à dénicher la
possibilité d'une éventuelle convergence entre les performances
financières et la portée sociale. Ensuite, il a été
question de déceler les principaux écueils à ladite
convergence avant de passer à la proposition des stratégies
susceptibles de les surmonter.
Après une analyse empirique sur 31 institutions actives
à Kinshasa pendant l'année 2011, nous n'avons pas
été en mesure de valider totalement nos hypothèses de
départ.
Partant d'une analyse basée sur un modèle
d'enveloppement des données, 4 institutions seulement ont pu
être efficaces sur le plan financier et de la portée sociale. Le
score de convergence moyenne a été très faible et s'est
situé à 0,29.
Toutefois, malgré cette moyenne faible du score de
convergence, nos conclusions ont révélé la
possibilité de réalisation d'une convergence entre
l'autosuffisance opérationnelle et la portée sociale.
Hormis le niveau des charges d'exploitation
détecter à partir de la première estimation, la
régression TOBIT nous a permis d'identifier le niveau de
significativité du rendement des actifs et du portefeuille
à risque sur l'autosuffisance opérationnel et la portée
sociale.
L'ancienneté de l'institution, l'assistance technique
et/ou financière, et la proportion de femmes emprunteuses n'ont pas
été influentes sur le niveau de convergence.
En dehors des variables essentiellement quantitatives retenues
dans nos modèles, un parallélisme avec les institutions les plus
performantes de notre échantillon nous a fait voir que les aspects
liés à la gouvernance et à la gestion des
compétences restent très déterminants dans la
réalisation de cette convergence.
De ce qui précède, il s'avère que la mise
en place des stratégies efficaces semble être plus qu'opportun.
Ces mécanismes palliatifs doivent se mettre en place de manière
simultanée sur le plan micro, méso et macro environnementale.
Pour clore, cette analyse peut bien être approfondie en
élaguant les saisonnalités avec l'utilisation des données
en panel, et en intégrant d'autres variables non prise en compte.
Bibliographie
- ACDI (Août 1999), Guide de référence
pour le secteur de la microfinance, Québec- Canada
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politique, Bruxelles - Belgique.
Annexes
1. Estimation par des
déterminants (Modèle TOBIT)
Dependent Variable: NOCONV
|
|
|
Method: ML - Censored Normal (TOBIT) (Quadratic hill climbing)
|
Date: 07/21/13 Time: 17:42
|
|
|
Sample: 1 31
|
|
|
|
Included observations: 31
|
|
|
Left censoring (value) at zero
|
|
Convergence achieved after 1 iteration
|
|
Covariance matrix computed using second derivatives
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Coefficient
|
Std. Error
|
z-Statistic
|
Prob.
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
C
|
-0.305863
|
0.225273
|
-1.357742
|
0.1745
|
PAFIN
|
0.065302
|
0.117391
|
0.556278
|
0.5780
|
AGE
|
0.001674
|
0.002014
|
0.830885
|
0.4060
|
PAR
|
8.15E-09
|
3.57E-09
|
2.286599
|
0.0222
|
ROA
|
-1.03E-06
|
0.000188
|
-0.005490
|
0.0436
|
PROPFEM
|
0.414177
|
0.169653
|
2.441320
|
0.0746
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Error Distribution
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
SCALE:C(7)
|
0.316237
|
0.047675
|
6.633225
|
0.0000
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
R-squared
|
0.476487
|
Mean dependent var
|
0.291032
|
Adjusted R-squared
|
0.325609
|
S.D. dependent var
|
0.343344
|
S.E. of regression
|
0.326519
|
Akaike info criterion
|
0.793420
|
Sum squared resid
|
2.558748
|
Schwarz criterion
|
1.117223
|
Log likelihood
|
-5.298004
|
Hannan-Quinn criter.
|
0.898972
|
Avg. log likelihood
|
-0.170903
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Left censored obs
|
0
|
Right censored obs
|
0
|
Uncensored obs
|
31
|
Total obs
|
31
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
2. Estimation des
scores de convergence
|
ISFD
|
Score de convergence (VRS)
|
DMU1
|
FINCA
|
0,718
|
DMU2
|
MECREKIN
|
0,101
|
DMU3
|
IMF HOPE
|
0,16
|
DMU4
|
MEC MUFESAKIN
|
1
|
DMU5
|
MECRE NGALIEMA
|
0,035
|
DMU6
|
COOPEC CEAC KITAMBO
|
0,112
|
DMU7
|
MECRE KINTAMBO
|
0,17
|
DMU8
|
CECI PME
|
0,024
|
DMU9
|
COOPEC DIC
|
0,087
|
DMU10
|
MECREGOMBE
|
0,047
|
DMU11
|
IMF VIA NOVA
|
0,016
|
DMU12
|
MECRE MASINA
|
0,075
|
DMU13
|
LIFE VEST
|
1
|
DMU14
|
COOPECAS
|
0,519
|
DMU15
|
Mutuelle BOMOKO
|
0,052
|
DMU16
|
COOPEC CEAC MATETE
|
0,622
|
DMU17
|
IMF SODEC
|
0,053
|
DMU18
|
COOPEC ACCO
|
0,114
|
DMU19
|
COOPEC BOLINGO
|
0,085
|
DMU20
|
COOPEC MAKIN
|
0,442
|
DMU21
|
IMF COMIF
|
0,015
|
DMU22
|
CAMEC MONT NGAFULA
|
0,125
|
DMU23
|
MEC DECO
|
0,121
|
DMU24
|
COOPEC BOSANGANI
|
1
|
DMU25
|
CECPKI KITAMBO
|
0,718
|
DMU26
|
CEAC NLEMBA
|
0,087
|
DMU27
|
IMF OFED
|
0,011
|
DMU28
|
MEC CAPROS
|
0,027
|
DMU29
|
MEC APROSCAC
|
0,118
|
DMU30
|
Mec IDECE
|
1
|
DMU31
|
CBCO Bandal
|
0,0158
|
* 1 Centre for the Study of
Financial Innovation (CSFI) est une organisation qui évalue annuellement
le niveau des risques de chaque domaine en microfinance et le présente
sous forme d'un classement de 24 risques en partant des risques les plus graves
aux risques les plus mitigés. Cela se fait sur base d'un
échantillon de 86 pays dans le monde (dont la RDC) en partenariat avec
CGAP et CITYGROUPE. Selon le CFSI, la recrudescence du risque associé
à l'écart par rapport à la mission
est ainsi en raison de la perception selon laquelle les IMF sont
en train de délaisser leur mission de réduction de la
vulnérabilité en faveur de la recherche du profit financier.
* 2 Il s'agit essentiellement
des institutions de l'Amérique latine et de l'Asie centrale.
* 3
www.lamicrofinance.org
* 4 La base de données
du FPM nous révèle qu'en 2011, parmi les ISFD ayant une taille
moyenne de crédit Inférieure à 800$, seulement 17% d'entre
elles ont atteint l'autosuffisance opérationnelle. Par contre 29% des
ISFD ayant une taille moyenne de crédit de plus de 800$ ont atteint
l'autosuffisance opérationnelle.
* 5 Double botton line est une
expression anglaise couramment utilisée dans la littérature en
microfinance pour désigner sa double mission.
* 6 Selon les dernières
statistiques, ce taux est estimé à 5,6 % (BCC, 2011)
* 7 Socials performances
indicators.
* 8 Ford foundalion Social
Indicators.
* 9 Social mission, 0utreach,
Client service ,Information transparency and consumer protection, Association
with the community , Labor climat
* 10 Il s'agit de charges
administratives, le coût des ressources, le coût de créance
irrécouvrable
* 11 L'expression one shoot
équivaut à une intervention qui se suit par une disparition.
* 12 Vu son caractère
limitatif et inconstant.
* 13 Ces derniers
requièrent la capacité de créer l'excédent
considérable chose improbable pour la plupart des ISFD.
* 14 Ce point est
essentiellement conçu sur les éléments
développés par BERGUIGA Imene
* 15 Par coût relatif,
il s'agit d'une comparaison entre le montant du crédit et le coût
engagé.
* 16 Emprunt à taux
bonifié.
* 17 Ils restent encore
très concentrés dans certaines régions où la
microfinance fait preuve de beaucoup des maturités.
* 18 Montant de tous les
intérêts, frais et commissions dus au titre de l'endettement, dont
les comptes de dépôt clients détenus par une IMF, les
emprunts commerciaux et à taux bonifié, les emprunts
hypothécaires immobiliers et autres dettes. Peut comprendre
également les commissions de confirmation ou d'engagement payées
sur des lignes de crédit. Comprend les intérêts courus
aussi bien que les intérêts échus.
* 19 Ce compte enregistre la
valeur cumulée de toutes les dotations aux provisions pour
créances douteuses diminuée de la valeur cumulée des
prêts ayant fait l'objet d'un abandon de créance.
* 20 Charges
administratives, les dépenses d'amortissement, de loyer, d'eau, gaz et
électricité, les dépenses publicitaires, de transport, de
communication et de conseil. Ce poste ne comprend pas les charges sociales, les
impôts sur le revenu ou les bénéfices, mais peut inclure
les taxes sur les transactions et les achats, telles que les taxes sur la
valeur ajoutée.
* 21 Comprennent la
rémunération du personnel (salaires, primes et avantages
sociaux), ainsi que les charges sociales dues par une IMF. Il comprend aussi En
revanche, les frais de formation continue ou spécialisée pour le
personnel existant font partie des charges administratives.
* 22 il s'agit de produits
sous forme d'intérêts, de frais et commissions (dont frais et
pénalités de retard) perçus sur l'encours de prêts
brut, les intérêts reçus en trésorerie mais aussi le
montant des intérêts courus et non encore payés.
* 23 On y inclut les comptes
de dépôt de l'IMF rémunérés, achats de
certificats de dépôt ou de bons du Trésor. Comprend non
seulement les intérêts reçus en trésorerie mais
aussi le montant des intérêts courus et non encore
payés.)
* 24 Les frais
d'inscription, les frais sur cartes bancaires, les frais de virement ou autres
services financiers tels que les services de gestion des paiements ou
d'assurance. Le frais de change).
* 25 Des agents de
crédits essentiellement
* 26 Situation de
dépendance continue à l'égard des donateurs de fonds.
* 27 Essentiellement
tirée de Churchill 2001.
* 28 Inférieur à
3% le mois.
* 29 250 à 500 clients
par agents de crédit.
* 30 Toutefois il convient
d'indiquer que la microfinance ne s'adresse pas aux plus démunis. Selon
la Banque Mondiale, cette catégorie n'a pas besoin de services
financiers, mais de services beaucoup plus élémentaires
(nourriture, logement, soins, eau, électricité...), elle
s'adresse à une catégorie, certes pauvre, mais dynamique.
C'est-à-dire, exerçant déjà ou disposant des
capacités managériales démontrées.
* 31 L'essentiel de cette
partie a été tiré de BERGUIGA.
* 32 La ressemblance du
contexte Ethiopien, pays africain à faible niveau de vie, nous a conduit
à faire le choix de BG pour cette étude menée en RD Congo.
* 33 132% au lieu de 133%.
* 34 Les termes étaient
généralement de plus d'une année.
* 35 La fonction distance est
une fonction qui établit une relation entre la production
observée et la production optimale.ca permet de cerner le niveau de
l'efficacité des DMU sous études. En d'autres termes, elle
détermine l'efficacité technique des DMU sous études.
* 36 En effet, si
(u* , v*) est une solution, alors
(au* , av*)
* 37 Il représente
près de 80% dans les institutions professionnelles et est
générateurs de recettes.
* 38 Rien à signaler
* 39 Decision makin unit ou
unité décisionnelle en français qui ne représentent
les coopératives sous études
* 40 Nous rappelons que la
taille moyenne du prêt est utilisée comme proxy pour
refléter la portée sociale.
* 41 En effet, dans une
relation de crédit, l'emprunteur possède toujours plus
d'informations que le préteur. Il sera tenté d'affiché un
opportunisme précontractuel pour cacher ses faiblesses et maximiser
ainsi les chances d'obtention d'un crédit. Cet état de chose est
qualifié d'asymétrie d'information.
* 42 Proximité
relationnelle
* 43 Qualité du
portefeuille à trente jours inférieur à 5%
* 44 Nombre de client par agent
de crédit, encours de crédit par agent de crédit...
Toutefois, le nombre des clients pour un agent de crédit ayant des
groupes solidaires doit être supérieur au nombre des clients
gérer par un agent ayant des clients individuels.
* 45 Financière et
sociale
|