2.2.3.3 L'installation des éleveurs Peuls
Les années cinquante marquent aussi le début de
l'installation des peuls. Ces peuls sont originaires de Tenenkou, un village
situé à Mopti. Ces sont d'anciens transhumants qui viennent avec
leur animaux rechercher un climat plus humide. La sécheresse les a
poussé à s'installer dans cette zone qui offre des
pâturages importants. Ces peuls qui pratiquent uniquement
l'élevage vont se sédentariser et cultiver. Une
différenciation s'opère avec l'arrivée des peuls entre les
éleveurs peuls, exploitations qui s'équipent en matériel
de traction et celles qui restent manuelles avec un équipement
rudimentaire.
2.2.3.4 La sécheresse : fragilisation des
systèmes
Le facteur qui a le plus bouleversé les systèmes
antérieurs a été la sécheresse de 72/73
appelée « gnobléngokon ». Le
gnobléngokon a joué un rôle important dans les
modifications des systèmes de cultures et d'élevage et est
à l'origine de l'actuel système agraire. La famine s'installe et
les hommes ne sont pas les seuls à en souffrir. Le cheptel, peu
nombreux, diminue fortement par manque de pâturage. Le peu d'animaux
ayant survécu à la sécheresse est mis en vente pour
l'achat de vivres, mais aussi pour éviter des pertes en cas de nouvelles
sécheresses. La psychose de la sécheresse s'installe alors dans
les esprits des agriculteurs car la baisse de la pluviométrie va se
poursuivre. Toute la période 1968- 1984 est marquée par un
déficit pluviométrique de 30% par rapport aux années
antérieures (1930- 1967). Au cours de cette période la taille du
cheptel a été fortement réduite sur l'ensemble du
territoire communal. La faible importance accordée à
l'élevage par les agriculteurs aujourd'hui, témoigne encore de
ces années de sécheresse. Seules les familles peul
installées après l'indépendance possèdent des
bovins.
2.2.3.4.1 Une exploitation abusive des ressources
forestiéres
Le gnobléngokonkon a eu comme effet
immédiat un déficit céréalier qui ne s'est plus
rétabli. Une autre activité allait se développer avec des
conséquences dramatiques sur l'environnement : c'est l'exploitation du
bois de chauffe et du charbon de bois qui va plonger cette zone dans une
situation de déboisement sans précédent.
Le déboisement a été le plus important
dans les champs de brousse éloignés des habitats. Cette
destruction du couvert végétal va causer de façon
très nette une dégradation des sols et une baisse très
importante de la fertilité.
2.2.3.4.2 Le début du maraîchage de
rente
Dans les champs de case, le maraîchage de rente remplace
le maraîchage d'autoconsommation et les cultures vivrières. Seule
la culture du maïs est encore pratiquée dans le soforo
mais sur des surfaces de plus en plus petites. Les anciens cours d'eau
permanents ont tari pour donner des bas fonds dont la mise en valeur va jouer
un rôle important dans le développement des cultures
maraîchères.
32
2.2.3.4.3 Le développement des cultures sur
plaines
Avec la baisse de la pluviométrie, les cultures sur
glacis (sol gravillonaire) confrontées à des stress hydriques dus
à la faible réserve utile du sol ne parviennent plus à
boucler leur cycle. Les agriculteurs se rabattent sur la plaine et abandonnent
progressivement les sols bélé des versants au profit des
sols dié de la plaine. La pression sur ces sols a comme
conséquence la disparition de la jachère dans les rotations et la
baisse de la fertilité des sols
2.2.3.4.4 L'abandon des variétés à cycle
long
Les variétés tardives vont être
remplacées par des variétés hâtives. Les
variétés de mil de cinq mois ont disparu au profit de celles de
quatre mois, et le niébé est passé d'un cycle de quatre
mois à un cycle d'un peu moins de trois mois. C'est pendant cette
période également que la culture du coton et du tabac produits
pour l'autoconsommation est abandonnée.
|