INTRODUCTION
Les ressources marines et plus particulièrement les
ressources halieutiques, jouent un rôle capital dans l'économie et
la vie sociale du Sénégal. La pêche est la première
source d'entrée de devises avec une valeur des exportations de produits
halieutiques d'environ 200 milliards de F CFA par an (soit 304 460 000.euros).
Elle occupe 17% de la population active. Or, les tendances actuelles de
l'évolution des stocks montrent des signes inquiétants
(diminution de la taille moyenne des poissons capturés, réduction
des prises par unité d'effort de plusieurs espèces notamment les
espèces démersales côtières). L'épuisement
des stocks halieutiques entraînerait des conséquences
économiques et sociales désastreuses, DIOUF,P.S et
SIEGEL,P.(2005) ; SARR, O.(2005) ; ZEBA,S.(2003) ; PAULY,D.(2002).
Saint-Louis n'a pas échappé à ce
modèle. Les phénomènes de migration des pêcheurs de
Guet-Ndar vers d'autres centres de pêche et leur obstination à
pêcher dans les eaux sous juridiction mauritanienne démontre la
carence dont souffrent les côtes saint-louisiennes. Il est largement
admis par la communauté scientifique que cette variabilité est
provoquée par une combinaison de différents facteurs dont
essentiellement la surpêche et les conditions environnementales.
Il y a une affirmation, découlant de différents
constats : « la ressource halieutique est menacée, il est
urgent de prendre des mesures pour protéger, voire restaurer le
potentiel ». D'où, la volonté des pouvoirs publics
et des populations de pêcheurs de mettre en oeuvre des mesures de gestion
efficaces des ressources halieutiques. Aussi, en promulguant en 2004 le
décret de création de 4 Aires Marines Protégées
dont celle de Saint-Louis, le Sénégal s'est inscrit dans une
dynamique de création d'AMP et de renforcement de leur gestion.
Les organismes de développement, notamment non
gouvernementaux intervenant au Sénégal s'interrogent sur les
actions à mener à l'instar du WWF dans son programme d'appui
à la mise en place d'AMP et à l'élaboration de plans de
gestion. Les objectifs de croissance des revenus tirés de l'exploitation
des ressources halieutiques, notamment par la multiplication et
l'amélioration de l'efficacité des techniques de capture,
sont-ils contradictoires avec les objectifs de protection de
l'écosystème marin ? Cette étude réalisée
doit permettre de répondre à cette question et de rechercher les
solutions en associant toutes les parties prenantes à la
définition de règles pour une gestion concertée.
Le présent mémoire cherche à
caractériser les acteurs concernés par la mise en oeuvre de l'AMP
de Saint-Louis et à comprendre les opinions des uns et des autres sur
l'intérêt de l'AMP et le système de gestion à mettre
en place afin de protéger durablement la ressource et maintenir une
activité rentable pour les familles de pêcheurs qui en vivent.
Cette compréhension est indispensable pour les décisions et les
orientations de la gestion de la réserve et des projets de
développement visant à restaurer le milieu marin.
L'étude se base sur un travail de terrain de 6 mois et
3 mois de préparation. Elle est réalisée dans le cadre
d'un stage de fin d'études supérieures d'agronomie tropicale au
Centre National d'Études Agronomiques des Régions Chaudes
(CNEARC) de Montpellier
Dans une première partie seront présentés
le contexte général, l'historique des AMP pour définir la
problématique de l'étude et construire la démarche
méthodologique. La deuxième partie fournira des informations
générale sur la zone d'étude et la troisième partie
s'attachera à la description du milieu biophysique, à la
caractérisation des usagers de la ressources, à l'analyse des
modes d'exploitation et au recueil des points de vue sur la mise en
2
oeuvre de l'AMP. En conclusion seront repris les
éléments essentiels à considérer lors de
l'élaboration du plan de gestion afin de définir des
règles de gestion participative de l'AMP.
3
|