3.3 OBJET DU MÉMOIRE
Ce recentrage nous a amené à reformuler de
façon suivante l'objet du mémoire : « Considérant que
les activités de pêche et associées existent et sont
fondamentales pour les populations locales, comment élaborer avec les
différentes parties prenantes des règles de gestion de
l'écosystème marin qui répondront aux objectifs (ou
exigences) de la préservation et de la régénération
des ressources halieutiques et en même temps permettront la poursuite
(raisonnée et réglementée) des activités de
pêche ? »
Selon DARRE, JP (2006), « les bonnes intentions ne
suffisent pas, si elles ne sont pas traduites à la rigueur, à la
définition de principes d'action clairement
justifiés.»
En d'autres termes, comment élaborer de manière
concertée un plan de gestion efficace de l'Aire Marine
Protégée et le faire fonctionner de façon
participative?
3.4 HYPOTHÈSES DE L'ÉTUDE
La décision de création étant prise,
l'AMP étant créée, il faut maintenant créer le
dispositif qui permettra effectivement d'établir les règles
opérationnelles de « gestion ». Ce but repose sur des
hypothèses qui méritent d'être rappelées.
A- Le plan de gestion est un document indispensable pour asseoir
un bon fonctionnement de l'aire marine protégée.
Après avoir clairement identifié et
défini les objectifs de l'AMP, il faut se fixer des règles
d'usage, d'utilisation et de bonnes pratiques pour les atteindre.
B- l'AMP est bénéfique pour les pêcheurs. La
protection des zones de frai, de reproduction et de nurserie assure le
renouvellement des stocks dans l'AMP.
C- Les modes d'exploitation actuels des ressources
halieutiques présentent à Saint-Louis des risques réels de
dégradation de l'écosystème marin, mais ils ne constituent
ni la seule menace pour la ressource ni les seuls facteurs de risques
écologiques sur la zone.
3.5 BUT DE L'ÉTUDE :
Le but de l'étude est d'abord d'explorer comment les
différentes parties prenantes de cette zone parlent de
l'écosystème marin et notamment de « ce qui ne marche plus
comme avant » et qui fait souci, et expriment les difficultés
auxquelles elles sont confrontées en matière de protection ou
d'exploitation de la ressource et ensuite de voir comment elles peuvent se
mettre ensemble pour apporter des solutions consensuelles.
3.6 LA DÉMARCHE
Dans la logique de ce qui précède, le travail
que nous avons réalisé et présenté dans ce document
ne prétend pas produire un plan de gestion. Celui-ci pour être
partagé et accepté par
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le plus grand nombre devrait être le travail de
réflexion et d'élaboration participative sans doute appuyé
par des experts mais où les professionnels auront toute leur place. Il
s'agit donc d'une contribution pour d'une part mieux connaître les
parties prenantes de cette AMP et cerner leurs préoccupations au sujet
de la pêche et des menaces écologiques et d'autre part comprendre
comment s'imbriquent l'environnement naturel et les activités humaines
pour former un « éco-sociosystéme », Barrusseau P et al
(1997) pour proposer les moyens d'asseoir un dispositif concerté de
gestion participative. Pour cela, nous procéderons à
l'identification des principaux acteurs concernés par l'AMP de
Saint-Louis, au recueil des points de vue des uns et des autres, à
l'analyse des modes d'exploitation des ressources présentes dans l'AMP
(notamment les activités les plus destructrices de la ressource et du
milieu), à l'identification des facteurs de risques écologiques
après avoir décrit les principales composantes du milieu
biophysique.
Pour cela, nous nous sommes focalisés sur Guet-Ndar,
entretenus avec les pêcheurs locaux, mais aussi avec des personnes
ressources pour rassembler et analyser les données descriptives. Les
informations qui en résultent ne constituent pas seulement des
indicateurs quantitatifs sur la situation présente mais donnent aussi
des pistes de réflexion sur les mesures de conservation à
considérer dans le futur plan de gestion
La méthodologie de travail est basée sur des
entretiens avec les acteurs de l'AMP de Saint-Louis. Ils sont
complétés par une recherche documentaire. L'étude ainsi
réalisée peut être subdivisée en trois grandes
phases.
3.6.1 Phase exploratoire
Elle a duré 3 mois (janvier-avril). Elle a pour but de
faire le point sur l'état actuel des connaissances sur la mise en place
des aires marines protégées et de se faire un réseau de
personnes ressources. C'est donc d'une part une revue documentaires au niveau
des bibliothèques du Cnearc, de l'Engref et du Cirad et des entretiens
avec des personnes ressources spécialistes de la gestion du milieu
marin, des ressources naturelles et des questions environnementales,
susceptibles de nous apporter des informations sur les mode d'exploitation et
de gestion du milieu marin et de son environnement ou de nous orienter sur la
revue bibliographique.
En recherche bibliographique, plusieurs articles et revues ont
été visités particulièrement « Nature et
Ressources » (publications de l'Unesco) en plus des recherches faites
sur internet spécifiquement pour des informations
générales sur la création et la gestion des aires marines
à travers le monde. Au-delà des aires marines, la recherche
bibliographique s'est élargie sur les aires protégées
terrestres (parcs, réserves, forêts) pour croiser les informations
avec le peu recueilli sur les aires marines. Il faut souligner ici que la
politique des aires marines est récente et que les études
réalisées restent encore modestes. Se documenter sur d'autres
aires protégées permet ainsi d'avoir une vision panoramique de
leur fonctionnement et de la réglementation en vigueur et de voir ce qui
serait applicable à l'AMP de Saint-Louis.
En ce qui concerne le réseau de contacts, une liste a
été établie et des rendez-vous pris avec des personnes
ressources vivant dans la région Montpelliéraine. Deux entretiens
ont été réalisés avec Loic TREBAOL (consultant en
environnement et ressources des milieux aquatiques) qui nous a orientés
dans la recherche bibliographique, et dans la démarche
méthodologique à adopter. Des entretiens ont été
réalisés également avec Joël TARAUD (ingénieur
du Gref et professeur à l'IRC).
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Nous avons au cours de cette phase produit un projet de
mémoire que nous avons présenté devant un Jury avant de
nous rendre sur le terrain. Cette pré-soutenance nous a permis d'affiner
la problématique et le contexte de l'étude, de formuler les
premières hypothèses de travail et d'arrêter une
méthodologie.
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