4. Est -il réaliste de continuer à
créer des aires protégées dans un climat changeant, avec
risque qu'elles soient perturbées ?
Nous pensons que malgré les perturbations climatiques
ou réchauffement du climat, l'homme doit continuer à créer
les aires protégées (parcs et réserves
écologiques). Bien que les changements climatiques causent des
dégâts énormes aux écosystèmes, ces derniers
assurent beaucoup des processus biologiques régulateurs du climat
(maintien de la biodiversité et des ressources génétiques,
régulation des régimes hydriques, régulation du climat
local, régulation du climat global, etc.). Les aires
protégées constituent une arme efficace de lutte contre les
changements climatiques.
D'une part, la préservation et la restauration des
écosystèmes et des aires protégées
forestières en particulier, favorisent et augmentent leur
résilience, c'est-à-dire leur capacité à se
reconstituer suite à des perturbations. La résilience
des écosystèmes est un atout qui leur permet de retrouver leur
stabilité même après une forte perturbation.
Cependant les stratégies de gestion seront orientées de telles
sortes que les aires protégées ne subissent pas de menaces qui
leur conduisent au point de non retour. Ces aires
protégées pourraient ainsi maintenir toutes les fonctions qui
leur permettent de résister aux effets néfastes du changement
climatique.
D'autre part, les aires protégées bien
gérées (en particulier les forestières puisqu'elles ont
une grande capacité de séquestration du carbone) peuvent
être une solution d'atténuation efficace. Il apparait donc
important d'évaluer l'efficacité de la gestion des aires
protégées, afin de corriger les imperfections, mais
également de les intégrer dans des stratégies plus vastes
de conservation, à l'échelle des paysages terrestres ou marins.
(IUCN, 2011)
Selon la convention sur la biodiversité (CDB ,2004), je
cite : Face aux pressions croissantes exercées par les activités
anthropiques sur les ressources de la planète, un système mondial
efficace d'aires protégées représente le meilleur espoir
d'assurer la conservation d'aires viables et représentatives des
écosystèmes, des habitats et des espèces naturels.
La biodiversité est un moyen d'adaptation au changement
climatique ; en effet la combinaison espèces végétales et
animales s'avère indispensable au maintien de plusieurs cycles
géochimiques (de carbone, d'azote, d'hydrogène, etc.)
nécessaires pour la survie de la planète. En ce qui concerne le
cycle du carbone (dioxyde carbone, CO2), les statistiques du GIEC montrent que
les aires protégées mondiales absorbent 312 tonnes de milliards
de carbone soient 15% du stock de carbone terrestre.
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Nul n'ignore l'activité photosynthétique,
intense dans les zones forestières, son importance dans la respiration
de tout être vivant et dans l'absorption des gaz à effet de
serre.
En Amazonie brésilienne, les terres
protégées devraient empêcher la déforestation de 670
000 km2 d'ici 2050, et éviter ainsi l'émission de huit
milliards de tonnes de carbone. Les aires protégées servent aussi
de protection naturelle contre les impacts du climat et autres catastrophes
naturelles, en fournissant de l'espace pour disperser les eaux de pluie,
stabiliser les sols pour éviter les glissements de terrain et stopper
les ondes de tempête. Les aires protégées aident à
maintenir les ressources naturelles saines et productives, afin qu'elles
puissent résister aux impacts des changements climatiques. 33 des 100
plus grandes villes du monde puisent leur eau potable dans des sources
situées dans des forêts protégées (UICN, 2010).
Les aires protégées peuvent atténuer les
réchauffements climatiques en absorbant le carbone, mais, elles peuvent
y contribuer si elles sont dégradées ou détruites. Les
changements climatiques, quant à eux, pourraient provoquer la
dégradation ou la perte des aires protégées, exacerbant
par là même leur fréquence (Mansourian S. et al).
Pour que les aires protégées fassent durablement
lutte aux changements climatiques quels que points importants sont à
considérer :
? la restauration des habitats et création de nouveaux
sites : il s'agira par exemple de restaurer les habitats dans le cas où
nous avons affaire à des espèces persistantes ; ou de
créer de nouveaux habitats pour les espèces colonisatrices ;
? la gestion des perturbations : par exemple gestion des feux,
des inondations, du pâturage ;
? la translocation : translocation vers ou à partir du
site et stratégie de conservation ex situ ;
? l'augmentation de l'étendue des sites : surtout dans
le cas d'espèces persistantes et colonisatrices ;
? une gestion perméable au paysage : par exemple mise
en place de corridors écologiques pour faciliter la dispersion ou la
migration des espèces.
Les corridors écologiques sont des liens/connexions
entre des blocs ou sites de conservation. Ils augmentent la connectivité
entre les aires, et réduisent ainsi les impacts de la fragmentation des
habitats sur la biodiversité, fragmentation qui peut être le
résultat du changement climatique. Tout ceci concourt donc à une
diminution de la perte de la biodiversité. Les
corridors
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devraient donc contribuer à diminuer les impacts du
changement climatique car le maintien de cette variabilité
génétique permet aux espèces de s'adapter.
Il importe aussi, à l'heure actuelle d'associer les
communautés et populations riveraines des zones protégées
à la gestion de celles-ci, surtout dans les régions pauvres, les
sensibiliser de l'intérêt de garder les aires
protégées et des risques courus par leurs dégradations.
Bref, il est consciencieux et réaliste pour
l'humanité de continuer à créer les aires
protégées malgré les perturbations climatiques car elles
constituent plus un mécanisme de lutte que victimes face aux changements
climatiques. Cela est soutenu par Nikita Lapoukhine, Président
de la Commission mondiale des Aires Protégées de l'UICN,
je cite : « Les aires protégées constituent un
mécanisme déjà existant et répandu pour
l'atténuation et l'adaptation aux effets des changements climatiques
». Il ajoute que renforcer la capacité de résistance des
écosystèmes est l'une des alternatives les moins coûteuses
pour réduire les émissions de carbone, et elle présente
l'avantage certain de produire des bénéfices additionnels pour
les communautés vivants dans ces aires et aux alentours (UICN, 2010). De
cela ressort les intérêts économiques, sociaux et
écologiques des aires protégées.
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