Les stratégies d'optimisation de l'offre en plants de cacaoyers à la Sodecao ( Société de Développement du Cacao )( Télécharger le fichier original )par Alfred ETOM Institut supérieur de management public Yaoundé - Diplôme d'études supérieures spécialisées en management public 2009 |
III-2-8 L'amélioration des infrastructures.L'une des raisons principales précédemment évoquée par les cacaoculteurs pour justifier l'abandon de leurs plantations est l'enclavement dans lequel étaient les zones de production. En effet, même les producteurs les plus tenaces ont cédé au découragement parce qu'après s'être donné toutes les peines pour un cacao qui ne leur rapportait plus assez, après avoir disputé ardemment la récolte aux maladies et aux attaques des ravageurs, ils étaient contraints de stocker leurs produits, parce que ne pouvant pas accéder aux marchés et ne pouvant faire venir à eux les acheteurs par absence de routes de desserte ou à cause du mauvais de celles qui existaient, faute d'entretien. Or, depuis quelques années, le gouvernement a fait des efforts colossaux en matière de réhabilitation, de création et d'amélioration des infrastructures routières et de télécommunication. Les voies d'accès, dont l'état de délabrement avait provoqué l'isolement de certaines régions du pays, sont en train d'être réhabilitées. De plus, la SODECAO a repris ses opérations de désenclavement du bassin de production. Les pistes cacaoyères sont réhabilitées tandis que d'autres sont en construction. C'est ainsi que la SODECAO a inauguré en 2008 un nouveau tronçon de 13km à Bikok et s'était engagée à réaliser 50 autres km de pistes rurales pour la seule Région du Centre. Par ailleurs, avec l'extension du réseau de téléphonie non filaire, les producteurs peuvent désormais aisément communiquer entre eux, échanger à distance des informations sur les tendances en matière de prix, les quantités disponibles ou recherchées, etc. Ils peuvent également mieux s'organiser, coordonner leurs efforts, rassembler leur production et négocier avec les acheteurs qui connaissent qu'elles quantités exactes ils viennent enlever et à quel prix. Ces facilités de transport et de communication ont également suscité un engouement pour la cacaoculture et explique aussi pourquoi la demande en plants va croissante. III-2-9 La forte volonté politique.Afin de susciter l'engouement pour l'agriculture et de libérer les énergies ces citoyens, l'Etat du Cameroun a procédé à une série de réformes dont trois majeures à retenir; - La déréglementation en matière de prix et des ventes. Il y a quelques années, les producteurs étaient obligés de vendre leur cacao aux intermédiaires qui imposaient leurs prix et leurs conditions, tout en se ménageant de fortes marges bénéficiaires. Par ailleurs, le verrou des prix fixés et imposés par le gouvernement empêchait aux producteurs de bénéficier d'une remontée de prix sur le marché international. Aussi, les intermédiaires, de plus en plus nombreux, se taillaient des marges confortables alors que les agriculteurs s'appauvrissaient davantage. La déréglementation en matière de prix a fait sauter ce verrou et les cacaoculteurs reçoivent aujourd'hui le juste prix de leur cacao, ce d'autant que la filière a été assainie et débarrassée des aventuriers. Qui plus est, le producteur a aujourd'hui la possibilité de vendre lui-même son cacao à un acheteur de Moscou, de Paris ou de New-York sans passer par aucun intermédiaire. - La déréglementation en matière de fourniture des intrants agricoles, pastoraux et piscicoles. Le marché des intrants agricoles a été entièrement libéralisé et ouvert à la libre concurrence, ce qui n'était pas le cas il y a quelques décennies. Cette libre concurrence amène les différents fournisseurs d'engrais et autres intrants agricoles à se disputer les parts du marché et, par conséquent, à baisser leurs prix à la clientèle tout en améliorant leurs services ; - La définition d'une politique spécifique visant à booster le développement du monde rural. Au cours des trente dernières années, la croissance du Cameroun a été et demeure encore tirée par les exportations des matières premières d'origine agricole. Aussi, les exportations du secteur rural représentent environ 55% des recettes d'exportation du pays devant les 30 % provenant des hydrocarbures. Les principaux produits agricoles exportés sont le cacao (fèves, pâte, beurre et préparation), la fibre de coton, le café, la banane, le caoutchouc et l'huile de palme4(*). Conscient que les potentialités du monde rural demeurent largement inexploitées et qu'elles peuvent faire redécoller l'économie du Cameroun, le gouvernement a élaboré une stratégie de développement spécifique pour ce secteur. En effet, la Stratégie de Développement du Secteur rural (SDSR) définie et mise en oeuvre par le MINADER vise à replacer ce secteur au centre des préoccupations de développement et entend apporter des appuis multiformes de poids aux acteurs dudit secteur. Il en est de même pour le MINEPIA, qui dispose également d'une stratégie5(*) orientée vers ce monde rural. Ce foisonnement des programmes et projets à vocation rurale a fini par convaincre les jeunes et moins jeunes qu'ils sont le centre des attentions de l'action publique et c'est en connaissance de cause qu'ils se consacrent à nouveau aux activités pastorales, agricoles et halieutiques. En outre, le gouvernement a réhabilité et recapitalisé l'ONCC et redéfini les missions de l'IRAD. Contrairement à l'ancien IRA (Institut de recherche agronomique) qui faisait de la recherche fondamentale l'IRAD actuel a une vocation prononcée pour la recherche appliquée et le développement et est ainsi tenue à l'obligation de vulgariser ses résultats directement auprès des acteurs du monde rural. Toutes ces mesures et bien d'autres (appuis en matériels et en équipements) ont remis le cacaoculteur en confiance, l'ont remotivé car, il sait désormais qu'il est soutenu et accompagné par l'Etat camerounais. D'où son adhésion massif aux appels des autorités et plus précisément du DG de la SODECAO, à s'impliquer dans cette spéculation. Les neufs (9) facteurs ci-dessus identifiés et analysés ne sont peut-être pas exhaustifs, mais ils démontrent à suffisance pourquoi la demande actuelle en plants de cacaoyer a explosé. A l'analyse de l'environnement actuel, seul un facteur sur les neufs (et plus précisément celui lié aux prix des fèves de cacao sur le marché national et international) est susceptible de subir des modifications au regard de la crise financière actuelle. Toutefois, la population mondiale en nette croissance, ainsi que l'extension de la gamme des produits cosmiques, pharmaceutiques, alimentaires, utilisant les produits et sous produits du cacao indique que même si les prix venaient à baisser, le prix du kg de fèves ne tomberait plus aussi bas que les 150F connus dans les années 1990. Les huit autres facteurs ci-dessus cités constituent des tendances lourdes qui pourraient très difficilement s'inverser en quelques mois, ou s'inverser reverse entièrement au cours des trois prochaines années. Aussi, il est attendu que la demande en plantes de cacaoyer reste forte maintenant et dans les années à venir.
Qu'en est-il alors de l'offre en plants de cacao ? Pourquoi reste-t-elle désespérément en repli par rapport à cette forte demande ?
* 4 Sources : Document de Stratégie de Développement du Secteur rural (SDSR) du MINADER, janvier 2006 * 5 Document de Stratégie sectorielle de l'Elevage, des Pêches et des Industries animales, adopté en octobre 2002. |
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