INSTITUT SUPERIEUR DE
MANAGEMENT PUBLIC
ADVANCED INSTITUTE OF
PUBLIC MANAGEMENT
PROGRAMME DE DIPLÔME D'ÉTUDES SUPÉRIEURES
SPECIALISÉES EN MANAGEMENT PUBLIC (DESS - MP)
LES STRATEGIES D'OPTIMISATION DE L'OFFRE EN PLANTS DE
CACAOYER A LA SODECAO
Par
Alfred ETOM
Auditeur, 3eme Promotion
EN VUE DE L'OBTENTION DU DIPLÔME D'ÉTUDES
SUPÉRIEURES SPECIALISÉES EN MANAGEMENT PUBLIC (DESS - MP)
Sous la direction de Dr SCHOUAME Alexandre
Magloire
Chargé de Cours, Université de
Yaoundé, II à SOA
Et de
Mme WANGA Martine
Professeur Consultant, ISMP, Yaoundé
Mars 2009
PLAN DU MEMOIRE
Sigles et
Abréviations........................................................................................3
Dédicace........................................................................................................4
Remerciements................................................................................................5
Résumé.........................................................................................................6
Abstract...........................................................................................................................7
INTRODUCTION
GENERALE................................................................................................8
PREMIERE PARTIE :
LE CADRE D'ANALYSE DU SYSTEME D'OFFRE DES
ENTREPRISES...................................16
CHAPITRE I : LE CADRE CONCEPTUEL DE
L'ETUDE...........................................................18
I.1- LES SYSTEMES D'OFFRE ET DE
DEMANDE..................................................................18
I-2. LE SYSTEME DE
DEMANDE.........................................................................................23
I-3- LA LOI D'EQUILIBRE DE L'OFFRE ET DE LA
DEMANDE..................................................26
CHAPITRE II : LA DEMARCHE
METHODOLOGIQUE.............................................................32
II.1 LE MODELE
D'ANALYSE..............................................................................................32
II.2 LA CONTEXTUALISATION DU MODELE
D'ANALYSE.......................................................38
DEUXIEME PARTIE :
L'OPTIMISION DE L'OFFRE EN PLANTS DE CACAOYERS A LA
SODECAO........................................44
CHAPITRE III : LE DIAGNOSTIC DE SITUATION DE LA
SODECAO.......................................................46
III.1 PRESENTATION DE LA
SODECAO..............................................................................46
III.2 L'EXPLOSION DE LA DEMANDE EN PLANTS DE
CACAOYER...........................................59
III-3. LES CONTRAINTES LIEES A
L'OFFRE..........................................................................69
CHAPITRE IV : ELEMENTS DE SOLUTIONS ET
RECOMMANDATIONS...................................77
IV-1 RECOMMANDATIONS RELATIVES AUX ORIENTATIONS
STRATEGIQUES.........................77
IV-2 RECOMMANDATIONS RELATIVES A L'INSUFFISANCE DE
RESSOURCES..................80
IV-3 RECOMMANDATIONS RELATIVES A LA PRODUCTION ET A
LA DISTRIBUTION DES
PLANTS.........................................................................................................................85
IV-4 RECOMMANDATIONS RELATIVES AUX CONTRAINTES
EXTERNES A LA
SODECAO.......................................................................................................................89
CONCLUSION............................................................................................................92
BIBLIOGRAPHIE.........................................................................................................93
SIGLES ET ABREVIATIONS
1. SODECAO: Société de
Développement du Cacao
2. IDE: Investissements directs
étrangers
3. COPAL: Alliance des Pays producteurs du
Cacao
4. MINADER: Ministère de l'Agriculture et
du Développement rural
5. MINEPIA: ministère de l'Elevage, des
Pêches et des Industries animales
6. ONCC: Office national du Café et du
Cacao
7. CICC: Conseil interprofessionnel du
Café et du Cacao
8. INS: Institut nation de la Statistique
9. MINEFI: Ministère des Finances
10. PPTE : Initiative Pays pauvre très
endettés
11. FODECC : Fonds de Développement
du Cacao et du Café
DEDICACE
Je dédie ce mémoire à mes enfants
et à mon petit-fils, afin que tous s'en inspirent.
REMERCIEMENTS
Je voudrais tout d'abord remercier l'Eternel Dieu qui m'a
donné la force et les resssources pour conduire à bon port ce
travail. Le présent mémoire n'aura pas été possible
sans la participation active de mon épouse Chantale et de mes enfants
qui n'ont cessé de m'encourager face aux difficultés de tous
ordres auxquelles j'ai eu à faire face.
A mon directeur M. Alexandre Magloire SCHOUAME, à mon
co-directeur, Mme Martine WANGA, à M. BEGNE Jean Marie, Directeur de la
Formation Supérieure à l'ISMP, je voudrais dire merci du fond du
coeur pour leur patience et leurs conseils,
RESUME
La production nationale en fèves de cacao est
passée de 168.500 tonnes en 1986 à moins de 100.000 tonnes en
1992 et, malgré une légère embellie ces dernières
années, cette production reste largement en deca des
potentialités humaines, physiques, foncières, géologiques
etc. dont regorge le Cameroun. La plus value tirée de la valorisation
des sous produits du cacao, l'existence des variétés
précoces, à haut rendement et résistantes tant aux
maladies qu'aux attaques des ravageurs, l'existence de nombreux programmes qui
financent les projets ruraux, la dévaluation du franc CFA intervenue en
1994 qui a rendu le prix du cacao camerounais compétitif, l'explosion de
la demande issue des pays occidentaux traditionnellement grands consommateurs
de produits cacaotés, ajoutée à celle montante des pays
émergents pays émergents comme la Chine et l'Inde ainsi que la
forte volonté des pouvoirs publics de relancer cette spéculation,
ont amené les cacaoculteurs traditionnels à réhabiliter
les vieilles plantations tandis que de nouveaux agriculteurs se sont
intéressés à cette spéculation.
Le présent travail vise à proposer à
cette entreprise stratégique des stratégies qui lui permettront
d'affiner ses méthodes managériales, ses ressources et outils de
gestion afin de booster au maximum son potentiel productif en plants de
cacaoyer dont les prévisions s'établissent à environ 6,5
millions de plants sélectionnés de cacaoyer pour la campagne
2009-2010.
ABSTRACT
Domestic production of cocoa beans from 168.500 tons in 1986
to less than 100 000 tons in 1992 and, despite a slight upturn in recent years,
this production remains largely below the human, physical, land, geological
potentials of Cameroon. The added value from the valorization of cocoa
byproducts, the existence of early high-yielding varieties resistant to both
diseases and attacks by pests, the existence of numerous programs to finance
rural projects, the devaluation of the CFA franc in 1994 which has made the
Cameroonian cocoa price competitive, the explosion of the resulting demand from
Western countries that are traditionally large consumers of cocoa products,
adding to the rising demand from developing countries like China and India as
well as the strong political will from public authorities in revamping this
speculation have decided traditional cocoa farmers to rehabilitate their old
plantations and new farmers to get involved in this speculation.
As a consequence, cocoa farmers around the production areas
have resorted to increase their production capacity, but are currently
confronted with a deficit in cacao seedlings that is to be supplied by
SODECAO.
This research aims at proposing to this company a number of
strategies to boost seedling production in a bid to satisfy this demand.
INTRODUCTION GENERALE
Dans le cadre du programme de formation au Diplôme
d'Etudes Supérieurs Spécialisées en Management Publics
(DESS-MP) délivré à l'Institut Supérieur de
Management Public (ISMP), les auditeurs doivent réaliser un projet
d'intervention en milieu organisationnel qui se matérialise par un
rapport d'intervention.
Concrètement, il s'agit d'une activité
d'intégration des apprentissages que l'apprenant a acquis tout au long
de son parcours académique. Activité de recherche obligatoire,
ce projet consiste à effectuer une démarche auprès d'une
organisation donnée, dans le but d'identifier et d'analyser une
situation problématique à laquelle `l'auditeur doit apporter
des éléments d'une solution durable, sur la base de
recommandations réalistes et réalisables.
Admis en qualité d'auditeur au programme ci-dessus
mentionné, nous avons saisi l'opportunité que nous a offerte la
Société de Développement du Cacao (SODECAO) pour
réaliser en son sein, notre projet d'intervention qui d'une
manière globale, a porté sur "Stratégies
d'optimisation de l'offre en plants de cacaoyer à la SODECAO"
Il est utile dans ce volet introductif et conformément
au guide de réalisation des rapports d'intervention
élaboré par l'ISMP, de décrire d'abord le contexte de
l'étude (I), avant d'en préciser la
problématique (II) et la méthodologie
utilisée (III). L'intérêt et les objectifs
poursuivis sont présentés ensuite (IV), ainsi
que la structure de la recherche (V).
I- LE CONTEXTE DE L'ETUDE
Naguère grand producteur de cacao sur
l'échiquier africain et mondial1(*), le Cameroun a vu sa production péricliter au
fil des années suite à la conjonction de plusieurs facteurs. On
peut noter par exemple que de 1986 à 1992, la production nationale en
fèves de cacao est passée de 168.500 tonnes à 100.000
tonnes.
Les raisons de cette chute vertigineuse sont multiples. Mais
d'une manière globale, il y a lieu de souligner que la crise
économique intervenue à la fin des années 80 a beaucoup
affecté l'économie camerounaise qui manifestement, n'était
pas assez préparée pour y faire face de manière
efficace.
Les entreprises agricoles - notamment du secteur public
marchand - en ont fait grandement les frais avec la chute drastique des prix
des matières première agricoles qui en a résulté.
D'un autre côté, elles ont eu à faire face au tarissement
de leurs sources traditionnelles de financement : sous la pression de la
crise, l'Etat qui a travers les subventions versées constituait le
principal pourvoyeur de fonds ne pouvait plus continuer comme auparavant,
à assumer près de 90 % du financement de leur exploitation.
Ces entreprises étaient aussi contraintes de
procéder à des réajustements aux fons d'adaptation aux
nouvelles contraintes de leur milieu d'évolution. Celles-ci se
traduisaient en termes de fin de monopoles étatiques, de libre
concurrence, d'ouverture des marchés, de rentabilisation des capitaux
investis etc...
Les entreprises publiques du secteur agricoles qui n'ont pas
pu s'adapter à ce nouvel environnement ont mis la clé sous le
paillasson : on peut citer à cet égard les cas respectifs de
l'ONCPB, de l'ONDAP, des ZAPI-EST, etc... Certaines qui ont fait preuve d'un
maximum de flexibilité ont été soumises au processus de
restructuration à l'instar entre autre de la SODEBLE, de la SEMRY et de
la SODECAO, alors que d'autre étaient vouées à la
privatisation (la CDC, la SOCAPALM...)
Cela étant, on observe depuis quelques années,
un renversement significatif de la tendance à la baisse de la production
agricole.
En ce qui concerne plus particulièrement la
cacaoculture, on note que la demande en fèves et en produits
dérivés du cacao a littéralement explosé poussant
certains camerounais à s'intéresser à nouveau à
cette culture délaissée depuis plusieurs années.
Mais ce regain d'intérêt se heurte à un
obstacle de taille pour la réalisation des objectifs poursuivis :
celui de la faiblesse de l'offre en plants de cacaoyers sur le marché
national. Cette offre est principalement assurée par la SODECAO qui,
pour diverses raisons, ne parient pas à faire face à la forte
demande de plants de cacaoyers qui se manifeste sur le territoire national.
C'est dans ce contexte particulier que cette
société à capitaux essentiellement publics, nous a
donné mandat pour mener une réflexion sur la (les)
stratégie (s) à adopter pour lui permettre de répondre
à cette demande
II- LE MANDAT ET LA PROBLEMATIQUE DE L'ETUDE
Prescrites par le gouvernement en 2001, des mesures visant
l'augmentation de la production de cacao ont été mises en oeuvre
par la SODECAO dès l'année suivante1(*). Le regain d'intérêt pour la cacaoculture
qu'elles ont suscité s'est traduit notamment par la création de
nouvelles plantations, et la réhabilitation de vieilles
cacaoyères.
Cette situation a eu pour principal effet d'accroître
fortement la demande en semences qui est apparue ainsi qu'il suit :
· Campagne 2006 - 2007 : 64 millions de plants de
cacaoyers
· Campagne 2007 - 2008 : 80 millions de plants de
cacaoyers
· Campagne 2008 - 2009 (prévisions) : 100
millions de plants de cacaoyers.
Mais, à toutes ces demandes émanant des
producteurs, l'offre en cabosses de tous les champs semenciers de la SODECAO
n'a pu s'élever qu'à :
· 1,5 millions de plants sélectionnés de
cacaoyers en 2006 - 2007 ;
· 4,5 millions de plants sélectionnés de
cacaoyers en 2006 - 2007;
Au total, le déficit cumulé est de 138 millions
de plants pour les deux dernières campagnes, et ce déficit ne
fait que se creuser davantage. Pourtant, si les plants avaient
été produits et livrés, ils auraient permis aux
producteurs d'accroître le verger actuel de 115 000 hectares
supplémentaires.
C'est compte tenu de cette situation, que nous avons
reçu mandat de la SODECAO pour mener dans le cadre de cette
étude, une réflexion, sur les voies et les moyens à
combiner les plus susceptibles de favoriser la résorption de ce
déficit.
Partant de là, la problématique de cette
étude se pose globalement en termes de gestion du déficit en
plants de cacaoyers présenté par la SODECAO. Eu égard au
contexte précédemment décrit (Point I), il s'agit de
manière sommaire, de gérer le déficit entre une demande
rendue pléthorique, et une offre insuffisante de plants de
cacaoyers.
De façon plus explicite, il apparaît que la
SODECAO ne parvient pas à satisfaire une demande en plants de cacaoyers
de plus en pus croissante exprimée par les cacaoculteurs camerounais.
Dans ces conditions, l'objet de notre étude est
d'apporter des éléments de réponse à la question
centrale de cette recherche qu'il est possible de formuler en ces termes :
"Quelle (s) stratégie (s) adopter par la SODECAO pour optimiser
son offre de plants de cacaoyers en évoluant dans un contexte de
tarissement de ses sources traditionnelles de financement ?"
Telle est globalement conçue, la problématique
développée dans cette recherche et qui ne peut aboutir à
des résultats satisfaisants qu'en recourant à une
méthodologie appropriée.
III- LA METHODOLOGIE MISE EN OEUVRE
Elle est fondamentalement de type inductif, puisque nous
partons d'un constat simple résultat de l'observation in
situ : celui de la faiblesse de l'offre en plants de cacaoyers faite
par la SODECAO, face à une demande pléthorique émanant des
producteurs locaux.
La méthode inductive conduit après analyse,
à tirer des enseignements permettant à terme, de faire des
propositions pour une solution optimale au problème posé. Elle
renvoie en conséquence, à des orientations méthodologiques
spécifiques à l'objet de l'étude. Ces orientations sont
prises en compte dans le cadre de la démarche analytique adoptée
pour trouver des éléments de solutions à la
problématique de la recherche.
Cela étant, quel est l'intérêt d'une
telle étude et quels en sont les objectifs ?
IV- L'INTERET ET LES OBJECTIFS DE L'ETUDE
a) L'intérêt de la recherche
On peut l'appréhender sous deux angles :
Ø Au plan théorique, cette
étude permet de vérifier certains énoncés majeurs
de la théorie microéconomique relatifs au comportement
économique des centres de décision individuels tels que les
consommateurs, les propriétaires de ressources et les entreprises
évoluant dans une économie de marché.
Ø D'un point de vue pratique, une
telle étude est susceptible d'attirer l'attention des pouvoirs publics
soucieux du développement du secteur agricole, sur la
nécessité de favoriser l'accès à des sources de
financement alternatives pour les entreprises agricoles du secteur public
marchand, ceux fins de réalisation des missions confiées par
l'Etat-actionnaire.
b) Les objectifs poursuivis
Globalement, l'objectif visé par notre recherche est de
proposer à la SODECAO, une ou plusieurs combinaisons de oies et de
moyens la (les) plus susceptible (s) de lui permettre de réduire de
manière significative, son offre en plants de cacaoyers.
Par conséquent, les objectifs spécifiques
poursuivis ne correspondent ici qu'à des éléments de
réponse apportés pour l'optimisation de cette offre.
L'intérêt et les objectifs de l'étude
ainsi présentés, qu'elle en est la structure ?
V- LA STRUCTURE DE L'ETUDE
Suite à tout ce qui précède, notre
recherche va s'articuler autour des deux points suivant :
PREMIERE PARTIE : LE CADRE D'ANALYSE DU SYSTEME
D'OFFRE DES ENTREPRISES
DEUXIEME PARTIE : L'OPTIMISIONS DE L'OFFRE EN
PLANTS DE
CACAOYERS A LA SODECAO
* * *
*
PREMIERE PARTIE :
LE CADRE D'ANALYSE DU SYSTEME
D'OFFRE DES ENTREPRISES
L'objet de cette première partie de notre recherche,
est d'abord de présenter le cadre théorique et conceptuel dans
lequel sera menée cette étude.(Chapitre I).
Dans la seconde étape, il est utile nous semble-t-il,
de procéder au choix des méthodes d'analyses les plus
appropriées pour identifier les stratégies d'optimisation de
l'offre des plants de cacaoyers à la SODECAO (Chapitre
II)
CHAPITRE I : LE CADRE CONCEPTUEL DE L'ETUDE
Il s'agit ici d'entrée de jeu, de présenter le
cadre théorique et conceptuel dans lequel se situe cette étude.
L'objectif visé à ce niveau est de comprendre le comportement
économique de deux centres de décision qui sont, d'un
côté la SODECAO, et de l'autre le groupe des acheteurs de plants
de cacaoyer.
D'un point de vue pratique, ces centres de décision
représentent respectivement le système d'offre (la SODECAO), et
le système de demande (les consommateurs/acquéreurs des produits
de la SODECAO).
Pour développer la problématique de cette
étude qui se traduit en termes de déficit entre une offre
insuffisante et une demande pléthorique, on peut mobiliser la
théorie dite de l'offre et de la demande qu'il convient de
présenter ici en deux étapes :
- d'abord en définissant les concepts de
systèmes d'offre et de demande (I) ;
- puis, à travers la loi d'équilibre de l'offre
et de la demande (II).
I.1- LES SYSTEMES D'OFFRE ET DE DEMANDE
Examinons tour à tour le système d'offre, puis
celui de la demande.
I.I-1. La notion de système d'offre
Elle peut être appréhendée au plan
macroéconomique, ou d'un point de vue microéconomique.
I.I-1.1. La perception macroéconomique du
système d'offre
L'offre est traditionnellement définie comme la
quantité d'un bien économique que les producteurs souhaitent
vendre à un prix donné. Ses principaux déterminants
sont :
- le prix du marché ;
- et les coûts de production.
En maintenant constants tous les facteurs qui influent sur les
coûts de production alors que le prix du produit varie, on obtient
généralement la table d'offre et la courbe d'offre d'un
producteur individuel qui dans notre cas, peut être la SODECAO.
Les facteurs pris en compte sont habituellement la
technologie et l'offre de biens intermédiaires (traduits en anglais par
"inputs") nécessaires pour fabriquer les produits ; pour
les produits agricoles comme par exemple les plants de cacaoyer, on peut
évoquer le climat ou de façon plus globale les conditions
météorologiques.
L'offre d'une marchandise sur le marché
représente à divers prix possibles, l'éventail de
marchandises offertes sur le marché pour une période
donnée, par tous les producteurs de cette marchandise. Il s'agit de ce
que l'on appelle "une offre agrégée" qui dépend de tous
les facteurs déterminant l'offre individuelle de chaque producteur, et
du nombre de producteurs sur le marché.
I-1.2 : La vision microéconomique du
système d'offre
a) La conception managériale du système
d'offre.
Le système d'offre ne peut se comprendre d'un point de
vue microéconomique, qu'à partir du projet productif de
l'entreprise qui représente l'aire d'expérimentation par
excellence.
Comme le soutien J.P. BRECHET (1998, le développement
du projet productif requiert la maîtrise du système d'offre global
constitué pour assurer la (les) mission (s) que l'entreprise s'assigne.
Ce système autorise la maîtrise des ressources et des
compétences nécessaires sur une certaine durée, à
la conception, à la production et à la mise à disposition
d'une prestation.1(*)
Schématiquement, on peut le représenter ainsi
qu'il suit (Figure 1.1).
DIVERSES PARTIES PRENANTES
(Actionnaires, banquiers, administration...)
Partenaire(s) et allié(s)
Fournisseur(s)
Entreprise focale
ou
pilote
Intermédiaire(s)
Intermédiaire(s)
Intermédiaire(s)
CLIENTS
Source : Adapté de BRECHET (JP)- Op.
cit. p 32
Configuration actuelle du système d'offre
Configuration précédente du système
d'offre
Liens contractuels, financiers, marchands ou
organisationnels
La notion de système d'offre se comprend au travers
d'une lecture statique qui en privilégie la configuration, et d'une
lecture dynamique qui s'intéresse aux flux qu'il recouvre.
Le système d'offre représente, d'un
point de vue statique, un ensemble organisé de moyens, une
configuration d'acteurs qui concourent de par les ressources et les
compétences qu'ils maîtrisent, individuellement et collectivement,
à proposer une prestation au marché. Les liens entre les firmes
et notamment entre la firme focale ou pivot et les firmes satellite sont de
nature différente.
Le système d'offre recouvre d'un point de vue
dynamique, des processus d'échange (qui se traduisent des
interdépendances) entre des entités (des individus et des
organisations) au travers de flux physiques, monétaires, d'information
(d'interconnexions tangibles et intangibles de façon
générale.
Ainsi, gérer une entreprise c'est,
gérer le système d'offre qui au-delà de l'entreprise
"focale" elle-même, comprend ses divers partenaires, notamment ses
fournisseurs et ses clients. A ces acteurs s'ajoutent ceux
susceptibles d'intervenir sur la vie de l'entreprise tels que les apporteurs de
capitaux, les partenaires publics divers (plus généralement
l'ensemble des parties prenantes du projet productif).
La gestion du (des) système(s) d'offre, recouvre
plusieurs dimensions :
· La gestion de la structure
focale et les problèmes d'organisation interne au sens
large (structures, fonctionnement, attitudes) ;
· La gestion des relations entre les
sous-systèmes, qu'il s'agisse des relations entre l'entreprise
et ses "partenaires", mais aussi dans certains cas, des relations entre les
partenaires eux-mêmes Cette gestion suppose notamment une coordination
tant en ce qui concerne les projets stratégiques des divers acteurs que
l'organisation et les fonctionnements de façon
générale.
b) La gestion d'un système d'offre
Le problème de la gestion de systèmes d'offre
imbriqués se pose dès lors que l'entreprise porte
simultanément plusieurs projets productifs liés de par les
synergies qu'ils permettent d'exploiter. Par ailleurs, on peut ignorer la
difficulté que représente dans certains cas l'identification des
limites pertinentes du système d'offre.
Plusieurs schémas de l'organisation se montrent
susceptibles d'apporter un éclairage sur la mobilisation de ressources
et de compétences au travers d'un système d'offre, notamment en
proposant un repérage des activités requises pour mener à
bien un projet productif. Nous retiendrons ici la chaîne
d'activité conception/production/commercialisation et la chaîne de
valeur de M. PORTER (1982) qui permet d'affiner l'analyse.
· La chaîne d'activités Conception /
Production / Commercialisation permet de saisir l'idée selon
laquelle le développement d'un projet productif, implique d'assurer une
série de fonctions (comme la recherche et le développement, la
fabrication, la commercialisation et la distribution) dont la présence
ou l'absence au sein de l'entreprise focale reflète les choix
réalisés de constitution du système d'offre. La
chaîne d'activités recouvre l'ensemble des activités
requises pour concevoir, produire et acheminer une prestation jusqu'à
l'utilisateur (cf. figure 0.5). Elle autorise d'apprécier le
portefeuille d'activités que l'entreprise peut choisir d'assurer en
interne ou d'externaliser, de répartir sur différents sites ou
entre diverses entités.1(*)
Une analyse comparative de chaîne d'activités des
entreprises, l'appréciation de la façon dont les activités
sont exercées ou pourraient l'être, peuvent fournir des
indications utiles sur les orientations stratégiques et les sources
potentielles d'avantage concurrentiel exploitées ou exploitables.
Mais la description fine des activités que
réalise concrètement l'entreprise dans l'exercice de ses
fonctions, de même que l'analyse des sources d'avantage concurrentiel,
ont fait l'objet de développement plus important à partir de
l'idée de chaîne de valeur développée par M. PORTER
(1982).
· La chaîne de valeur
décompose les activités de l'entreprise en activités
principales recouvrant la création matérielle, la vente du
produit et sa mise à disposition jusqu'au client, et en activités
de soutien visant à permettre ou faciliter l'exécution des
activités principales.
I-2. LE SYSTEME DE DEMANDE
La demande est la quantité voulue d'un bien, à
un prix donné, par les consommateurs ayant les moyens de l'acheter. Ses
principaux déterminants seront donc le prix du bien, le revenu, les
goûts, mais aussi l'offre et le demande des biens de substitution (ainsi
l'évolution des prix de pétrole a un effet sur la demande de gaz
par exemple).
I-2.1 - Les déterminants de la demande
Généralement la demande est influencée
par cinq déterminants :
Il y a d'abord : la quantité
demandée : un marché ne peut exister pour un bien
que si le nombre d'unités ou de services demandées est assez
important. La demande du marché pour un bien est la somme des demandes
individuelles.
La loi de la demande énonce que les quantités
demandées d'un bien varient en sens inverse de son prix, revenu
monétaire et les prix nominaux des autres biens restant constants.
- Le prix du bien
considéré : plus le prix d'un bien est bas plus ce
bien est accessible et plus le consommateur a tendance à en
acquérir un plus grand nombre d'unités. Le comportement du
consommateur vis-à- vis d'un produit spécifique est donc parfois
fonction de ses ressources monétaires et du montant qu'il est
disposé à y consacrer. aussi, le prix est un
élément déterminant dans le choix du consommateur
- Le revenu nominal : il est le revenu
monétaire limité du consommateur dont il souhaite pourtant tirer
le maximum de satisfaction. Aussi, plus le revenu nominal est
élevé, plus les quantités demandées d'un bien sont
importantes.
- Les goûts et les préférences des
consommateurs : le goût ou les préférences
des consommateurs changent constamment. Un accroissement de l'intensité
du désir pour un bien par rapport aux autres biens entraine
naturellement une augmentation de la demande de ce bien. Lorsque ce
désir décroit, la demande pour ce bien baisse également
dans les mêmes proportions.
- La disponibilité et le prix des autres biens
(analogues ou de substitution) : le consommateur dispose des
informations sur les prix des autres biens auxquels il peut substituer celui
qu'il désire, et qui peuvent lui procurer la même satisfaction ou
une satisfaction analogue. Plus ces autres biens sont onéreux, plus la
demande pour le bien considéré est élevée.
I-2.2- La notion d'élasticité de la
demande
L'élasticité de la demande est un concept
économique qui permet de mesurer le degré de sensibilité
de la demande aux variations de prix (élasticité-prix) ou de
revenus (élasticité-revenu).
La demande est dite élastique par rapport au
prix si une variation du prix entraine une variation relative
identique (ou supérieure) de la quantité demandée (toutes
choses égales par ailleurs). Lorsque davantage de personnes
désirent un bien, la quantité qui en est demandée pour un
prix donné tend à augmenter.
Cette hausse de la demande peut dériver d'une
évolution des goûts, quand les consommateurs accroissent le
désir qu'ils ont bien donné. La conséquence de ce
changement est la hausse du prix d'équilibre, tandis que s'accroit
également la quantité d'équilibre.
On distingue généralement
l'élasticité-prix et l'élasticité-revenu.
On définit
l'élasticité-prix comme le rapport entre
la variation relative de la demande d'un bien et la variation relative du prix
de ce bien. Ce rapport est généralement négatif car
lorsque le prix augmente, la quantité demandée diminue et
réciproquement.
L'élasticité de la demande par rapport
au revenu est définie comme le rapport entre le pourcentage de
variation de la demande d'un bien et le pourcentage de variation de revenu.
Elle mesure l'impact d'une variation du revenu d'un consommateur sur sa demande
pour un bien particulier.
Comme tous les biens n'ont pas la même
élasticité-revenu, l'augmentation du revenu change la structure
de la consommation. On peut distinguer trois catégories de
biens :
- les biens inférieurs ou de première
nécessité : la demande d'un consommateur en ce bien
diminue quand son revenu augmente (élasticité-revenu
négatif), et augmente quand son revenu baisse. il s'agit de biens de
mauvaise qualité auxquels les consommateurs préfèrent
substituer de nouveaux biens lorsque leur revenu le permet. C'est le cas de
certains produits alimentaires tels que le pain ou les pommes de terre.
- les biens normaux : la demande d'un
consommateur en ce bien augmente quand son revenu augmente dans une proportion
inférieure ou égale à 1 (élasticité-revenu
comprise entre 0 et1). On parle également de biens nécessaires.
C'est le cas de la nourriture (prise dans son ensemble).
- les biens supérieurs ou biens de
lux : la demande d'un consommateur en ce bien augmente de
façon plus rapide que son revenu (élasticité-revenu
strictement supérieure à 1). C'est le cas des biens culturels.
I-3- LA LOI D'EQUILIBRE DE L'OFFRE ET DE LA DEMANDE
La loi de l'offre et de la demande est aussi
appelée équilibre partiel. L'équilibre partiel de tous les
marchés amène l'équilibre général.
I-3.1- Hypothèses et limites de la loi
d'équilibre de l'offre et de la demande
a) Les hypothèses
On conçoit généralement qu'un
équilibre de marché est optimal sous les hypothèses
suivantes, ceci en supposant que les goûts et les revenus sont
donnés, et que l'utilité marginale d'un bien est
décroissante:
· les acteurs du marché sont rationnels, car pour
eux, le prix résume parfaitement la valeur qu'ils accordent aux
choses ; ce type d'homme à l'existence théorique a
été nommé homo oeconomicus
· la concurrence est pure et parfaite : elle a les
propriétés suivantes :
o atomicité de l'offre et de la demande :
grand nombre d'acheteurs et de vendeurs, dont aucun n'a un rôle
dominant ;
o homogénéité des
produits : les produits sont strictement identiques du point de vue
de chaque acheteur ;
o transparence de l'information :
l'information que chaque acteur a des autres est complète,
immédiate et gratuite ;
o libre entrée et sortie sur le marché
(sous coût et sans entrave légale)
o libre circulation des facteurs de production :
le capital et le travail peuvent circuler instantanément
géographiquement et d'un domaine d'activité à un autre.
b) Les limites de la loi de l'offre et de la
demande
La remise en cause de l'application de cette loi à tous
les types de marché et du principe de l'équilibre
général a été attaquée sous
différents angles.
Ø Les faits, les conditions d'une concurrence pure et
parfaite semblent difficiles à atteindre
- Atomicité : un nombre réduit de
producteurs ou d'acheteurs peuvent imposer leur prix.
- homogénéité des
produits : il est difficile de dire qu'une voiture Porsche et une
voiture Renault sont strictement identiques. Il en est de même de
plant de cacaoyer hybride à fort rendement, d'un plant "tout
venant ". Les producteurs cherchent justement à
différencier leurs produits de ceux des concurrents.
- transparence de l'information : l'existence
même des métiers spécifiques (courtiers et cabinets
spécialisés dans l'intelligence économique et
industrielle) prouve que l'information n'est pas gratuite. Si quelqu'un veut un
plant de cacaoyer, pour mettre en concurrence tous les producteurs
d'une même zone, il devra parcourir toute la zone. Il peut tout
aussi bien décider qu'il est plus rentable pour lui de s'arrêter
chez le producteur le plus proche, peu lui importe alors le prix
pratiqué par les autres producteurs.
I-3.2- L'équilibre partiel
L'équilibre partiel constitue le concept
d'équilibre économique le plus fréquent dans la recherche
économique. L'équilibre partiel est alors défini comme le
vecteur de prix (en général un seul prix) qui égalise
l'offre et la demande sur le seul marché considéré.
a) Le principe de l'équilibre
général
L'équilibre général suppose que tous les
marchés ont atteint un équilibre partiel. Pour les
théories libérales, l'équilibre partiel de tous
les marchés amène l'équilibre
général.
La théorie des marchés contestables repose sur
un argument unique : si un monopole fait des profits, il doit exister des
entreprises voulant entrer sur le marché pour prendre une partie de ces
profits en vendant un peu plus et moins cher que le monopole en place1(*).
Dans sa version extrême, cette théorie affirme
donc que la menace que fait peser cette entrée potentielle oblige le
monopole à se comporter comme s'il était effectivement en
concurrence parfaite, et à vendre au coût marginal. Le monopole ne
se distingue alors plus de la situation de concurrence.
Ø La production : est
l'activité économique qui apporte de la valeur ajoutée par
création et fourniture de biens et de service, ce qui signifie que la
production est création de produits ou de services et en même
temps création de valeurs. Sous cette simplicité apparente se
cachent différentes réalités complexes.
Les économistes distinguent la production marchande de
la production non marchande.
La production marchande peut se subdiviser en
deux catégories :
- la production marchande simple où le
producteur vend son produit sur le marché ou rend un service marchand
à titre individuel ;
- la production marchande capitaliste
où le produit ou le service créé par des salariés
est propriété du capitaliste. Il est ensuite vendu en tant que
marchandise dans le but de réaliser un bénéfice.
S'agissant de la production non-marchande, elle s'étend
de la fourniture d'un produit gratuit à celle d'un produit dont le prix
couvre moins de la moitié du coût de production. Elle regroupe la
production des administrations publiques et des associations à but non
lucratif et à caractère social.
Les quatre principaux facteurs de production qui semblent
faire l'unanimité des experts sont les suivants :
- Le travail matériel ;
- le capital naturel (la terre) ;
- le capital physique ;
- le capital immatériel (savoir-faire, organisation,
actifs incorporels s'ils sont comptabilisés, l'esprit d'entreprise, le
travail immatériel, le savoir).
b) Les formes de concurrence
Il existe plusieurs formes de concurrence.
Généralement conçue au plan économique, la
concurrence est une situation où plusieurs agents proposent des produits
ou des services équivalents ou biens dont les domaines d'utilisation se
recouvrent. Les clients potentiels sont alors dans une situation de choix entre
les différents produits accessibles, à moins qu'ils ne produisent
eux-mêmes.
Deux formes principales peuvent être
considérées à ce niveau :
- La première a trait au modèle de
concurrence pure et parfaite qui permet de démonter qu'il
existe au moins un ensemble de prix favorisant la réalisation de ce que
l'on appelle "l'optimum de Pareto", c'est-à-dire un état dans
lequel on ne peut pas améliorer le bien être d'un individu sans
détériorer celui d'un autre.
- la seconde renvoie par contre à la
concurrence imparfaite, qui désigne toutes les situations
où les conditions de la concurrence parfaite ne sont par
respectées. C'est celle de tous les jours, où les agents peuvent
développer des stratégies de façon à maximiser
leurs gains.
En dehors de ces deux formes de concurrence, il existe une
forme classique qui renvoie au monopole. Ce terme traduit une situation dans
laquelle un offreur est seul à vendre un produit ou un service
donné à une multitude d'acheteurs.
* * *
*
En conclusion, ce chapitre a eu pour objectif de
présenter le cadre conceptuel de l'étude susceptible de favoriser
la compréhension du comportement économique des centres de
décision que sont d'un côté, la SODECAO qui évolue
en situation de quasi-monopole (l'offre), et l'autre les acheteurs des plants
de cacaoyer (la demande).
Cette présentation faite, il y a lieu de nous
interroger à présent sur les méthodes les plus
appropriées pour trouver des éléments de solutions au
problème de la gestion du déficit entre l'offre et la demande
ainsi mis à jour.
Tel est globalement conçu, l'objet du chapitre qui
suit.
CHAPITRE II : LA DEMARCHE METHODOLOGIQUE
Fondamentalement de type inductif comme nous l'avons
souligné précédemment (cf. introduction
générale), la méthodologie mise en oeuvre pour apporter
des éléments de réponse à la problématique
de gestion du déficit entre l'offre et la demande de plants de cacaoyer
à la SODECAO revêt deux (02) volets :
- Le premier a trait au choix du modèle d'analyse le
plus susceptible de favoriser la réalisation de cet objectif global
(I).
- Le second se rapporte à la contextualisation de ce
modèle. Il apparait en effet utile et nécessaire de l'adapter au
contexte d'évolution de la SODECAO (II).
II.1 LE MODELE D'ANALYSE
Le modèle d'analyse que nous nous proposons d'adopter
ici dépend évidemment de la problématique de cette
étude : celle-ci a trait aux stratégies à mettre en
oeuvre par la SODECAO pour optimiser son rendement en matière de
production de plants de cacaoyer, ceci en tenant compte du caractère
limité de ses ressources et de ses capacités.
De façon explicite, cette problématique se
réduit à l'interrogation suivante : comment booster
cette production de manière à permettre à la SODECAO de
répondre de manière satisfaisante à la forte demande qui
émane du marché ?
Pour répondre à cette interrogation, il convient
d'abord en toute logique, de faire l'état des lieux en termes de
production des plants de cacaoyer.
Ceci implique un besoin de diagnostic qui renvoie au choix du
modèle d'analyse le plus approprié pour une évaluation de
la situation (I-1).
Ensuite, il s'agira de répondre à la question de
savoir "comment s'y prendre pour optimiser le rendement en termes de production
de plants de cacaoyer à la SODECAO en univers instable et
incertain ?"
II.I-1- Le modèle d'analyse
L'approche du diagnostic de situation renvoie au choix du
modèle d'analyse à utiliser.
Ce modèle doit permettre l'évaluation du
processus de gestion de production et de commercialisation des plants de
cacaoyer à la SODECAO, eu égard aux ressources et aux
capacités limitées de cette société
Il peut donc en toute logique reposer sur le modèle
dynamique de l'organisation, encore appelé modèle fonctionnel de
management, car il a pour principale caractéristique, de décrire
le processus global de gestion par étapes correspondant chacune à
une activité managériale.
Ce modèle correspond à l'approche
planification/implantation/évaluation (PIE) du management
développée notamment par JOFFRE & KOENIG (1985) : il
donne en effet une vision de l'approche managériale qui
privilégie la planification, la réalisation et
l'évaluation.1(*).
1- La planification
Généralement, une organisation, n'existe que
pour satisfaire les besoins d'un groupe donné ou d'une clientèle
bien spécifique.
Pour cela, elle doit produire des résultats
destinés à sa clientèle en menant diverses
activités pour lesquelles elle a besoin des ressources appelées
"des intrants de transformation".
Il s'agit plus particulièrement des ressources
humaines, financières, matérielles, informationnelles et aussi du
temps.
L'activité managériale qui permet de prendre en
compte et d'organiser toutes ces activités est la planification
conçue selon WATERSON (1974) comme "un effort organisé,
conscient et continu dont le but est de choisir les moyens les meilleurs pour
atteindre les objectifs soigneusement précisés. Elles
s'accompagnent du souci d'économiser des ressources peu
abondantes"1(*).
La planification permet aussi notamment:
- d'abord d'analyser les besoins des consommateurs ou de la
clientèle ciblée ;
- de fixer les objectif à atteindre ;
- et enfin, d'identifier les activités à mener
pour produire les résultats souhaités.
De façon subsidiaire, elle permet
également :
- de définir la séquence du déroulement
de ces activités ;
- de définir aussi les méthodes et les
procédures à employer ;
- et de préciser les ressources nécessaires
à la réalisation des activités identifiées, ainsi
que les normes d'évaluation (indicateurs qualitatifs et
quantitatifs).
2- L'implantation ou la mise en oeuvre
Il s'agit ici de la mise en oeuvre des programmes et des
projets dans le but d'exécuter le plan d'action, ceci en tenant compte
de la disponibilité des ressources identifiées.
La démarche consiste donc ici à passer des
intentions aux actes en mettant d'abord en place les systèmes et les
mécanismes de fonctionnement qui favorise une bonne répartition
des responsabilités et des tâches. Ensuite, l'accent est mis sur
le suivi et le contrôle qui permettent d'atteindre les objectifs
poursuivis.
3- L'évaluation
Il s'agit d'une activité nécessairement
liée à celles-ci-dessus définies, à savoir la
planification et l'implantation.
C'est à cette étape du processus que l'on
procède au rapprochement de ces deux activités de management
(planification et réalisation) pour comparer les prévisions avec
les résultats obtenus.
Cette opération vise à vérifier la
conformité des résultats obtenus aux résultats
anticipés du programme ou du projet.
Elle se fait sur la base des critères
préalablement définis dont notamment : l'efficacité,
l'efficience, l'économie, la pertinence et la performance.
L'efficacité traduit le rapport entre
les objectifs réalisés et ceux qui sont planifiés ;
elle se détermine par le rapport objectifs
réalisés/objectifs planifiés.
L'efficience par contre, correspond au
rapport entre les résultats obtenus et les moyens utilisés (en
ressources humaines et matérielles, voire en temps, etc...). Elle se
mesure par la formule suivante :
Efficience = Résultats réalisés/intrants
utilisés.
L'économie traduit quant à
elle, le fait d'atteindre les objectifs de façon efficace et efficiente
tout en réalisant une économie dans l'utilisation des ressources
planifiées. Elle s'obtient par le rapport : intrants
réalisés/intrants planifiés.
La pertinence traduit en ce qui la concerne,
la comparaison entre les objectifs identifiés et la besoins des clients
en rapport avec les résultats obtenus.
Pour finir, la performance renvoie aux
résultats globaux produits de façon à la fois efficace,
efficiente et pertinente.
Et généralement, la mesure des
conséquences positives ou négatives sur les
bénéficiaires est alors appréciée par le rapport
impacts/effets.
Au total, il est commode de décrire
schématiquement le modèle théorique ci-dessus
décrit ainsi qu'il suit (Figure II-1).
PHASE DE PLANIFICATION
Exploitation des activités
Ressources engagées
Résultats atteints
Objectifs (Extrants)
Activités
Ressources (Intrants)
Fournisseurs
(Pourvoyeurs de ressources )
PHASE DE MISE EN OEUVRE
Environnement
Environnement
Pertinence
Efficience
PHASE D'EVALUATION
Impact
et
utilité
Besoins des clients
Efficacité
Economie
II.2 LA CONTEXTUALISATION DU MODELE D'ANALYSE
Il s'agit ici d'adapter le modèle fonctionnel de
management dont nous venons de décrire les fondements (cf. point I), au
contexte dans lequel évolue la SODECAO, ceci en tenant compte des
étapes de l'analyse situationnelle décrite dans ce
modèle.
Dans cette optique, il est logique dans un premier temps, de
présenter les approches méthodologiques spécifiques aux
processus sur lesquels va s'appuyer ce modèle.
(II-1).
Dans une seconde étape, il s'agira de décrire le
mode opératoire adopté pour atteindre à travers l'analyse
de la problématique, les résultats de l'étude
(II-2).
II.2.1- Les approches méthodologiques
spécifiques
Le modèle fonctionnel de management (encore connu
sous l'appellation de modèle dynamique de l'organisation), exprime un
besoin de diagnostic organisationnel, eu égard aux termes du mandat
reçu qui préconise de tenir compte dans les analyses
effectuées, des capacités et des ressources limitées de la
SODECAO.
Les informations collectées doivent permettre d'avoir
une vision intégrée de l'organisation, se prêtant - selon
l'expression d'A. MARION (1999) - "à une exploitation
prévisionnelle"1(*).
En nous référant aux analyses de MARMUSE
(1996), la logique de connaissance d'un diagnostic s'appuie sur trois processus
complémentaires qui peuvent nous permettre d'apprécier
l'état des lieux à la SODECAO en matière de production de
plants de cacaoyer2(*). Il
s'agit des processus d'observation, d'interprétation et d'aide
à la décision
II-1.1- Le processus d'observation
Il conduit à constater la situation qui prévaut
ou qui a prévalu jusque là à la SODECAO en matière
de production de plants de cacaoyer.
La définition des variables relatives à ce
processus ne pose pas de problèmes particuliers, car elle repose sur
l'analyse descriptive et contingente du contexte d'évolution de la
SODECAO.
II-1.2- Le processus d'interprétation
Il traduit les faits constatés, et implique une phase
d'évaluation et une phase de prédiction.
Les variables de ce processus (variables
d'interprétations) doivent favoriser l'évaluation de la situation
actuelle de la SODECAO, et donner une représentation prédictive
de son comportement en matière de gestion de plants de cacaoyer
(production, commercialisation et distribution).
La détermination de ce type de variable pourra
résulter dans le cadre de cette étude, de l'analyse des
structures managériale et économique de cette
société.
Il s'agira plus précisément de suivre
l'évolution de la production de plants de cacaoyer sur une
période donnée, en tenant compte des contraintes issues de
l'environnement socio-économique et financier de la SODECAO.
II-1.3- Le processus d'aide à la décision
Généralement, on conçoit que ce
processus doit déboucher sur une décision explicite relative
à l'action à entreprendre pour corriger les dysfonctionnements
constatés.
L'objectif à ce niveau est d'identifier les variables
susceptibles d'aider les dirigeants de la SODECAO à se déterminer
par rapport aux différentes combinaisons de voies et de moyens
possibles, leur permettant de satisfaire la demande sans cesse croissante en
plants de cacaoyer, eu égard aux ressources et aux capacités
limitées de cette entreprise.
La nécessaire complémentarité des
processus sur lesquels s'appuie généralement le diagnostic d'une
organisation, conduit à mener dans le cadre de cette étude, la
réflexion à partir des variables d'interprétation
ci-dessus évoqués
Au total, la prise en compte des processus ci-dessus
décrits, renvoie à une approche de diagnostic de type SWOT, qui
conduit à procéder d'abord à une analyse situationnelle
interne dans le but d'identifier les forces et les faiblesses de la SODECAO
(Strengths & Weaknesses), puis à un diagnostic externe visant
à repérer dans l'environnement de cette entreprise, ce qui peut
constituer des opportunités de développement (opportunities) ou
des menaces.
II-2- Le mode opératoire
Il repose sur des considérations
méthodologiques générales qui renvoient aux variables
d'analyse communes aux trois processus sur lesquels repose la connaissance du
modèle de diagnostic organisationnel adopté, à
savoir les processus d'observation, d'interprétation et d'aide
à la décision.
Ces variables communes sont essentiellement la période
de référence de la recherche et la démarche empirique.
II-2-1- La période de référence de la
recherche
La période sur laquelle nous nous proposons
d'apprécier le comportement de production en plants de cacaoyer de la
SODECAO est de cinq (05) ans, correspondant à la plage 2004 - 2008
(bornes inférieure et supérieure incluses).
Le choix de cette période n'est pas neutre, car il se
justifie par trois éléments :
- tout d'abord, ce choix tient à la
disponibilité des données relatives à la structure
managériale et à la structure économique et
financière de cette entreprise. Les données collectées
apparaissent en effet de manière homogène de 2004 à
2008.
- Ensuite, cette période correspond à celle
où la nouvelle nomenclature budgétaire à été
mise en oeuvre au Cameroun.
- Enfin, cette période s'adapte à l'arrimage de
l'exercice budgétaire à l'exercice ordinaire
réalisé au Cameroun.
II-2-2- La démarche empirique
Le développement de la
problématique de cette étude, conduit à adopter une
démarche en deux phases :
- une première phase consacrée à la
préparation ;
- et une seconde phase consacrée à la collecte
de données.
a) La phase préparatoire
Cette phase a d'abord porté sur la conception et la
validation des outils de collecte de données, dont notamment
l'élaboration de certaines questions qualitatives devant être
administrées aux dirigeants de la SODECAO.
Puis, elle s'est focalisée sur la mobilisation des
moyens financiers, matériels et logistiques nécessaires pour
mener à bien nos descentes sur le terrain.
b) La collecte des données
Les données utilisées dans cette étude
relèvent tant de la structure managériale (organisation et
fonctionnement), que de la structure économique et financière de
la SODECAO.
Ces données ont été recueillies sur la
période allant de 2004 à2008, retenue comme nous l'avons
précédemment souligné, comme période de
référence de l'étude. Elles ont été obtenues
par trois voies principales :
- par la consultation des documents ;
- par les entretiens avec certains responsables et agents de
la SODECAO ;
- puis par le biais d'un diagnostic de situation.
· La consultation des documents
Notre thème d'étude portant sur la gestion du
déficit entre l'offre et la demande en plants de cacaoyer à la
SODECAO, cette société a constitué notre principale source
d'information.
Toutefois, nous avons essayé de compléter autant
que possible les informations collectées en consultant les archives du
Ministère de l'Agriculture et du Développement Rural.
Bien évidemment, nous avons procédé
à une revue de la littérature existante en matière de
gestion de déficit au plan micro-économique, c'est-à-dire
au niveau des unités de production que sont les entreprises tant
publiques que privées.
· Les entretiens
réalisés
Les entretiens ont été réalisés
avec les responsables de la SODECAO et les principaux acteurs des processus de
production, de commercialisation et de distribution de plants de cacaoyer.
Plusieurs producteurs de cacao (cacaoculteurs) situés notamment dans les
régions du Centre-Sud-Est ont été également
approchés.
Il était indispensable de procéder à ce
dernier mode de collecte, afin d'acquérir des données
qualitatives inhérentes aux perceptions et aux valeurs. Les informations
collectées étaient diverses, mais portaient essentiellement sur
des données relatives à l'évolution de la production en
plants de cacaoyer, aux mutations du milieu d'évolution de la SODECAO,
ainsi qu'aux performances réalisées jusqu'au moment des
entretiens par cette société du point de vue des personnes
approchées.
* * *
*
En conclusion, l'optique managériale dans laquelle
nous nous situons dans le cadre de cette étude, nous a conduit à
envisager des mesures de résorption du déficit constaté
à la SODECAO entre l'offre et la demande de plants de cacaoyer, en
procédant d'abord à un diagnostic de situation qui peut s'appuyer
sur le modèle fonctionnel de management, encore connu sous l'expression
de modèle dynamique de l'organisation./-
DEUXIEME PARTIE :
L'OPTIMISATION DE L'OFFRE EN PLANTS
DE CACAOYER A LA SODECAO
Notre principale préoccupation dans cette seconde
partie de l'étude, a trait aux stratégies à adopter et
à mettre en oeuvre pour optimiser le rendement de la SODECAO en plants
de cacaoyer.
Pour tenter de répondre à cette
préoccupation essentielle, il nous parait opportun dans un premier
temps, de procéder à un diagnostic de situation
de cette entreprise en ce qui concerne la production de plants de cacaoyer
(Chapitre III).
Dans une seconde étape et après analyse des
résultats de ce diagnostic, nous nous proposons de faire des
propositions sous forme de recommandations pour une solution viable et
durable au problème de gestion du déficit de cette entreprise
publique en plants de cacaoyer (Chapitre IV).
CHAPITRE III : LE DIAGNOSTIC DE SITUATION DE LA
SODECAO
Il s'agit ici d'une suite logique à la démarche
d'analyse que nous avons adoptée. L'objet de ce chapitre est en effet,
de faire l'état des lieux ou de façon plus explicite,
d'apprécier la situation de la SODECAO en matière de production
de plants de cacaoyer sur la période de référence de la
recherche.
Dans cette optique, il semble logique dans une
première étape, de présenter cette entreprise de
manière relativement succincte, d'abord à travers son
organisation, puis à travers les missions qui lui ont été
confiées par les pouvoirs publics(I).
En second lieu, il s'agira d'identifier les facteurs qui font
obstacle à la production de plants de cacaoyer, et qui ne permettent
donc pas à cette société de répondre de
manière relativement satisfaisante à la forte demande qui
provient du marché (II).
III.1 PRESENTATION DE LA SODECAO
En nous référant au décret n°74/83
du 02 Février 1974 portant création de la SODECAO, celle-ci est
un établissement public à caractère industriel et
commercial (EPIC).
Mais, au regard de l'évolution de la
législation, la nature de cette entreprise parait quelque peu
anachronique, puisque la loi n°99/016 du 22 Décembre 1999 portant
statut général des établissements publics et des
entreprises du secteur public et parapublic, ne prévoit plus cette
catégorie d'établissement.
C'est probablement pour cela, que la Commission technique de
Réhabilitation des entreprises a proposé que la SODECAO soit
dotée du statut d'établissement public administratif (EPA),
catégorie prévue par la loi en vigueur.
A notre connaissance, la SODECAO ne semble pas avoir
changé son statut initial devenu désuet par rapport à
cette nouvelle loi. Par conséquent, elle peut être
considérée aujourd'hui comme "une entreprise sans statut
juridique"1(*)
Pourtant, cette préoccupation semble prise en compte
dans le contrat-plan (article 16), qui constitue actuellement le seul
instrument légitimant son existence.
Quoiqu'il en soit, présentons-la d'abord dans son
organisation (I-1), puis à travers ses missions et les
objectifs poursuivis (I-2).
III-1.1 L'organisation de la SODECAO
La SODECAO est placée sous la tutelle technique du
Ministère de l'Agriculture et du Développement Rural (MINADER) et
financière du Ministère de l'Economie et des Finances
(MINEFI).
La SODECAO dispose à l'heure actuelle de trois (03)
organes de gestion, à savoir :
- le Conseil d'Administration ;
- le Comité de Direction ;
- la Direction Générale.
L'organe de gestion qui semble manifestement fonctionner
aujourd'hui est la Direction Générale qui comprend :
- le Directeur Général et le Directeur
Général Adjoint ;
- les services rattachés à la Direction
Générale ;
- la Direction des Affaires Administratives et
Financières (DAAF) ;
- la Direction de l'Appui à la caco-culture
(DAC) ;
- la Cellule des Travaux et de la Logistique (CTL) ;
- la Cellule de la Coopération (CC) ;
- la Cellule des Affaires Juridiques et du Contentieux
(CAJC) ;
- les Secteurs ;
- les Centres Spécialisés.
La mise en conformité de la SODECAO avec la loi de 1999
ci-dessus évoquée, conduira inéluctablement cette
entreprise à capitaux essentiellement publics, à tenir des
sessions du Conseil d'Administration conformément à la loi.
La composition de ce Conseil ne semble pas répondre de
nos jours, à l'esprit de cette loi (par exemple, il n'y a pas de
représentant élu du personnel). Par ailleurs, le Comité de
Direction qui ne ressort pas du texte sus-évoqué (loi de 1999),
est appelé à disparaitre.
Cela étant, une analyse approfondie de l'organisation
de la SODECAO conduit à plusieurs observations, dont notamment les
suivantes :
- dans sa structuration actuelle, l'Administration centrale
parait lourde du fait de l'existence d'une kyrielle d'unités dont
certaines ne résultent pas d'un cadre organique formellement
élaboré. Plusieurs d'entre elles paraissent de nature à
hypothéquer l'efficacité des interventions de la SODECAO sur le
terrain.
- L'organisation actuelle des secteurs et des centres pourrait
être en inadéquation avec les nouvelles ambitions de la
SODECAO.
- l'organisation de la SODECAO n'établit pas une nette
démarcation entre les unités de travail "line" et
celles positionnées en "staff".
Les premières concernent tous les postes de travail qui
participent directement à la production des résultats de
l'entreprise, alors que les secondes ne viennent qu'en appui à cette
production, ainsi qu'à la prise de décision.
De cette situation peuvent découler des conflits de
compétences préjudiciables globalement, à
l'efficacité organisationnelle, et particulièrement à
l'activité de production de la SODECAO.
Soulignons ici à toutes fins utiles, que depuis 1974,
la structure organique de la SODECAO a évolué au gé des
modifications survenues au niveau de sa raison d'être
(c'est-à-dire ses missions) et des remous que la société
a connus dans sa gestion et dans son fonctionnement.
L'organigramme actuel correspond à une période
donnée de l'existence de la SODECAO, caractérisée
particulièrement par une tendance marquée au
désengagement de l'Etat, qui s'est traduite par un tarissement des
sources traditionnelles de financement et une absence de lisibilité du
positionnement de la société dans la filière cacao.
En 2004, un contrat-plan est établi entre la SODECAO
et l'Etat du Cameroun : ce contrat-plan précise les missions de la
SODECAO, ainsi que la nature et le niveau des moyens nécessaires
à son redéploiement.
Par ailleurs, la mise en conformité de cette
Société avec la loi n°99/016 du 22 décembre 1999
portant statut général des établissements publics et des
sociétés du secteur public et parapublic, devrait conduire
à un changement de statut, la SODECAO passant du statut
d'établissement public à caractère industriel et
commercial (EPIC), à celui d'établissement public administratif
(EPA).
Mais ce changement n'a pas encore été
effectué, ce qui a pour principale conséquence de rendre
l'organisation actuelle de la SODECAO peu compatible avec les missions qui lui
ont été confiées, dont notamment le développement
de la cacaoculture avec la fourniture des plants de cacaoyer aux cacaoculteurs.
III.I-2. Les missions et les objectifs de la SODECAO
- Mission
La lecture des différents textes montre que depuis sa
création en 1974 ; le consensus demeure fort par rapport à
la mission fondamentale de la SODECAO, à savoir l'appui au
développement de la cacaoculture durable.
- Objectif généraux
Par souci de recentrage des activités de la SODECAO sur
sa mission, certains objectifs initiaux ont disparu des textes en vigueur
(contrat-plan) ou en gestation (projet de décret portant
réorganisation de la SODECAO). Il s'agit des objectifs ayant trait
à :
§ la commercialisation du cacao ;
§ la participation à la diffusion et à la
récupération du crédit en milieu rural.
D'autres sont davantage assumés par d'autres
intervenants à l'instar de l'ouverture et de la réhabilitation
des pistes de collecte par le Ministère des Travaux Publics (MINTP).
Ainsi, les activités de la SODECAO
réhabilitées visent à :
§ protéger le verger cacaoyer ;
§ protéger et sécuriser les récoltes
et les revenus des cacaoculteurs ;
§ renforcer les capacités des planteurs et de
leurs organisations ;
§ améliorer la qualité du cacao ;
§ appuyer la diversification agricole en zone
cacaoyère ;
§ aménager les espaces agricoles ;
§ ouvrir et réhabiliter les pistes de collecte.
- Objectifs de développement
institutionnel
Le contrat-plan retient des objectifs ayant trait au
fonctionnement et au développement de la SODECAO dans le cadre de la
réhabilitation. Il s'agit notamment de :
§ rénover les équipements ;
§ assainir la passif fiscal, social et
commercial ;
§ élaborer et mettre en oeuvre un schéma
directeur d'informatisation ;
§ élaborer et mettre en application un manuel de
procédures ;
§ établir une adéquation entre la
subvention de fonctionnement et les charges réelles de
structure ;
§ conformer la SODECAO à la loi n°99/016 du
22 décembre 1999 portant statut général des
établissements publics et des sociétés du secteur public
et parapublic ;
§ rechercher de nouvelles sources de
financement ;
§ proposer des modalités de facilitation des
procédures de décaissement des crédits et de recouvrement
des créances.
Ces objectifs organisationnels influent directement sur
l'amélioration de la capacité d'intervention de la SODECAO et,
partant sur la réalisation des missions de la SODECAO.
Ø Clientèle de la
SODECAO
Les différents textes existant permettent d'identifier
les clientèles de la SODECAO. Celle-ci comprend :
- les populations des zones de cacaoculture en
général ;
- les cacaoculteurs en particulier ;
- les promoteurs de culture extensive ou de transformation du
cacao ;
- les promoteurs de la culture du bananier plantain, de fruits
et des arbres d'ombrage ;
- les jeunes en milieu rural.
A ces clients opérants à titre individuel ou
collectif, s'ajoutent l'Etat, les collectivités territoriales
décentralisées, les sociétés privées
intervenant dans la filière cacao.
Cette liste montrer que la SODECAO dispose d'un marché
stratégique qui légitime sa réhabilitation et lui impose
des performances à la mesure des attentes des bénéficies
de ses prestations en général et de l'Etat en particulier.
Ø Les services offerts par la
SODECAO
Les services que la SODECAO offre à sa clientèle
sont dégagés à partir de ses missions. Il s'agit notamment
de :
- la production du matériel végétal
performant ;
- la démonstration de la performance des techniques de
production proposées ;
- la production des plants de cacaoyers
sélectionnés ;
- la production de plants PIF de bananiers plantains ;
- la production de plans fruitiers et d'arbres
d'ombrage ;
- le renforcement des capacités des producteurs et de
leurs organisations ;
- l'appui-conseil et les études diverses ;
- l'installation des jeunes producteurs de cacao ;
- l'entretien et l'ouverture des pistes de collecte.
La pertinence de ces services n'est pas à
démontrer. De plus, la SODECAO reste le seul établissement qui
intègre toutes ces prestations en un tout cohérent. Il y aurait
lieu de mettre en place un plan de relance de ses activités sur la base
du contrat-plan.
Ø Les partenaires de la
SODECAO
Pour réaliser sa mission et produire ce qui est attendu
d'elle, la SODECAO bénéficie d'un réseau de partenaire au
plan national et régional.
- Sur le plan national et régional ou
international
Sans prétendre être exhaustif, on peut
citer :
§ l'Institut de recherche Agricole pour le
Développement (IRAD) ;
§ le Centre Africain de Recherche sur le Bananier
Plantain (CARBAP) ;
§ l'Office national du Cacao et du Café
(ONCC) ;
§ l'Organisation national des Professionnels du Cacao et
du Café (ONPCC) ;
§ le MINADER (PROMOPA, PSCC, PNVRA) ;
- Au plan international
§ International Cocoa and Coffee organisation
(ICCO) ;
§ Cocoa production Alliance (COPAL) ;
§ la Commission Exécutive du Plan Cacao (CEPLAC),
etc...
· Le dimensionnement de la Cellule des travaux et de la
logistique pourrait être dépassé par la charge de travail
qui lui revient dans le cadre du contrat-plan et de la réorganisation en
cours, étant entendu que cette unité se situe en droite ligne de
l'une des raisons d'âtre de la SODECAO.
· Certaines unités de support (staff) sont
surdimensionnées (CAJC, par exemple).
· Le poste d'attaché de direction est
surévalué, ses attributions pouvant entrainer des conflits de
compétences et d'autorités avec les unités
opérationnelles. Ce poste empiète par ailleurs sur les
attributions que la Directeur Général peur normalement
déléguer à son adjoint.
· Certaines attributions de la DAAF pourraient entrainer
des conflits avec d'autres unités, des incohérences et
l'insatisfaction de la clientèle. C'est le cas de la location des engins
des travaux de génie civil ou agricoles qui est confiée à
cette Direction alors que la gestion de l'exploitation de ces engins sont
assurés pat d'autres unités. l'implication de la DAAF dans cette
activité pourrait se limiter à la facturation et le recouvrement
des recettes.
· Avec la lise en place du Contrôle Financier, de
l'Agence Comptable et du poste de comptabilité-matières, la DAAF
devra être restructurée.
· Au niveau de la DAC, des risques de chevauchement sont
réels entre le service des Etudes et le service de
recherche-développement d'une part, le service de
recherche-développement et celui de la Qualité totale, d'autre
part.
· La pertinence de la valeur ajoutée des postes de
chargés d'étude au sein des directions n'est pas
dénombrée.
a) Les axes de restructuration
Au regard des faiblesses ainsi relevées par rapport
à l'organisation actuelles de la SODECAO, le schéma
organisationnel à mettre en place doit tenir compter :
- du redimensionnement des missions de la
SODECAO à la lumière du contrat-plan et du projet de texte
portant réorganisation de la SODECAO ;
- la nécessité de clarifier les attributions
des différentes unités afin d'éviter des conflits de
compétences ;
- de la nécessité de distinguer les fonctions
opérationnelles et les fonctions de support ;
- de la nécessité de renforcer les
capacités d'intervention des secteurs et des centres
spécialisés pour assurer une présence effective de la
société sur le terrain ;
- de la nécessité de minimiser les coûts
de structure et d'accroître la rentabilité de la
société.
b) Analyse des procédures, méthodes de
travail et circuits d'information.
Jusqu'en 1995, la SODECAO fonctionne sur la base des
procédures en vigueur à la Banque Mondiale, principal bailleur de
fonds. Après le retrait de cette institution, ces procédures sont
mises en veilleuse en même temps que commence l'hibernation de la
société.
A partir de l'année 2000, la mise en
réhabilitation de la SODECAO permet un redémarrage minimal des
activités. Les contrats d'objectifs n°1 et 2 viennent quelque peu
pallier l'absence de règles et procédures de gestion.
L'élaboration d'un manuel de procédures,
commencé la même année, n'a pas été
parachevée jusqu'à ce jour.
Compte tenu de la forte centralisation de la gestion, le seul
point de procédure incontournable et suffisant est l'accord verbal ou
écrit du Directeur Général, notamment en matière
de gestion des ressources financière, matérielle et humaines.
C'est ainsi qu'en matière de recrutement par exemple,
il n'est plus nécessaire que les responsables des unités dressent
un état de leurs besoins ni que la DAAF en examine l'opportunité.
Les nouvelles ressources sont mises au travail, sans appel
à candidatures, sans tests de recrutement et très souvent
à l'insu de l'unité chargée de la gestion du personnel.
La conséquence de cet état de choses est, entre
autres, que près de la moitié du personnel en poste n'a pas de
contrat de travail.
En tout état de cause, les normes et les
procédures de gestion sont à mettre en place pour assurer un
fonctionnement transparent, efficace et efficient de la
société.
c) Les méthodes de travail et circulation de
l'information.
Les méthodes de travail et la circulation de
l'information sont tributaires du style de gestion de la haute direction, trop
centralisée et opaque. C'est ainsi que l'on relève les faits
illustratifs ci-après :
- les objectifs et les priorités ne sont pas connus du
personnel ;
- les réunions de concertation au niveau de la
direction générale n'existent plus et, quand elles sont
convoquées, se transforment en tribunal ;
- le contrat-plan est un document tabou, inconnu même de
certains directeurs ;
- les circuits informels ont pris le dessus sur les circuits
formels, fonctionnels et hiérarchiques ;
- le commérage et la délation ont
été érigés en valeurs constituant les armes de
prédilection des agents et cadres à la recherche de quelques
avantages.
1- Analyse de l'organisation interne
a) Analyse de la raison d'être de la
SODECAO.
La raison d'être d'une organisation est définie
comme "ce pour quoi l'organisation existe". Elle est très souvent
confondue avec la mission qui énonce le mandat qu'une organisation
reçoit de ses fondateurs.
La raison d'être intègre cependant d'autres
éléments. Pour les besoins de cette analyse quatre
éléments sont pris en compte à savoir :
- la nature de la SODECAO ;
- les missions et les objectifs de la SODECAO ;
- la clientèle cible de la SODECAO ;
- les zones de service de la SODECAO.
Le réseau de partenariat de la société
est ainsi rappelé.
Ø Analyse de la structure
organique
De façon générale, la structure est la
somme des moyens employés par une organisation pour diviser le travail
entre tâches distinctives et pour ensuite assurer la coordination de ces
tâches. Elle a pour but, entre autres de :
§ réaliser les résultats
anticipés ;
§ permettre la coordination des
activités ;
§ identifier les lieux de décision ;
§ déterminer qui a l'autorité sur qui et
sur quoi ;
§ montrer les circuits de communication formelle.
La structure de l'organisation permet également de
faire une distinction essentielle entre les unités en "line"
c'est-à-dire tous les postes de travail qui participent directement
à la production des résultats de l'organisation d'une part, et
les unités en "staff", à savoir toutes les unités qui
apportent du support à la production des résultats et à la
prise de décision d'autre part.
A cette étape, il convient d'analyser les facteurs
ayant généré la forte demande en plants de cacaoyer
à laquelle est confrontée la SODECAO
II.2 L'EXPLOSION DE LA DEMANDE EN PLANTS DE
CACAOYER
L'explosion de la demande en plants de
cacaoyer à laquelle fait actuellement face la SODECAO s'explique par la
combinaison de plusieurs facteurs :
1. Le prix d'achat élevé du kilogramme de
fèves aux planteurs ;
2. La plus value tirée de la valorisation des sous
produits du cacao ;
3. L'existence des variétés précoces,
à haut rendement et résistantes tant aux maladies qu'aux attaques
des ravageurs ;
4. L'existence de nombreux programmes qui financent les projets
ruraux ;
5. L'engouement des élites administratives et politiques
pour la cacaoculture ;
6. L'engouement retrouvé des anciens
cacaoculteurs ;
7. La tendance au retour des jeunes urbains vers leur
village ;
8. L'amélioration des infrastructures ;
9. La forte volonté politique.
III-2-1 Le prix d'achat élevé du kilogramme
de fèves aux planteurs.
« Le Cameroun a enregistré des prix moyens
de l'ordre de 1.000F CFA le kg et nous espérons que ça va
continuer » affirmait à la presse le ministre camerounais du
Commerce M. Luc Magloire MBARGA ATANGANA1(*) au terme des travaux de la 17e
Assemblée générale du Conseil professionnel du Cacao et du
Café (CICC) qui s'est tenu en février 2009 à Douala. Cette
déclaration illustre à souhait l'embellie que connaissent les
cours du cacao au plan national dans la période des cinq
dernières années. Contrairement aux tendances baissières
et atones du début des années 1990 où le prix du kg de
fèves de cacao acheté aux planteurs camerounais était de
150 F CFA2(*), la
remontée est presque spectaculaire. Ces prix élevés
rendent la spéculation à nouveau intéressante et pousse de
nombreux Camerounais à créer des plantations de cacao dont la
superficie moyenne a triplé passant d'un demi-hectare (1/2 ha) à
un hectare et demi (1,5 ha). Ce phénomène de regain
d'intérêt a poussé à la hausse la demande en plants
de cacaoyers.
III-2-2 La plus value tirée de la valorisation des
sous produits de cacao.
Depuis bientôt trois ans, le MINADER appuie l'action de
la SODECAO à travers la formation des cacaoculteurs en techniques de
valorisation des sous- produits du cacao. Aussi, des équipes ont
sillonné tout le bassin de production pour sensibiliser les producteurs
sur la plus-value qu'ils peuvent tirer des sous-produits du cacao tels que les
jus de cacao, les coques, le beurre de cacao, etc.
En effet, les paysans ont appris comment fabriquer des
boissons alcoolisées à partir du jus de cacao. Ces boissons
très prisées des consommateurs camerounais leur rapportent, au
litre, trois à quatre fois plus que le kg de fèves vendues
brutes. D'autre part, les coques de cacao permettent de fabriquer de
manière artisanale des engrais, de la provende, du cirage qui sont des
produits très demandés dans les marchés camerounais. Par
ailleurs, les fèves de cacao transformées de manière
locale donnent, en plus du chocolat traditionnel, des produits comme du beurre
de cacao consommé brut ou recherché par les industries
cosmétique, alimentaire, pharmaceutique, etc. A titre d'illustration, le
litre de beurre de cacao, quand on le trouve parce qu'il est rare car
très demandé, se vend entre 15.000F et 20.000 F dans les
marchés de Yaoundé et de Douala. Et quand on sait qu'il faut 5kg
de fèves de cacao (soit 5.000F) pour produire un litre de beurre qui
sera vendu à 15.000F, on comprend aisément pourquoi la
cacaoculture attire de plus en plus et pourquoi la demande en plantes a
explosé.
III-2-3 L'existence des variétés
précoces, à haut rendement et résistantes tant aux
maladies qu'aux attaques des ravageurs.
Une mission de la SODECAO s'est rendue au
Brésil à l'effet de s'imprégner de la conduite des
exploitations et du niveau de recherche sur les variétés
végétales dans ce pays. Après avoir identifié
celles des variétés (parmi les plus de 2600 existantes) qui
correspondent mieux aux spécifiques agro-écologiques du bassin de
production au Cameroun, la mission a porté ses choix sur des
variétés précoces qui produisent des cabosses dès
la deuxième année de mise en terre, qui fournissent un rendement
élevé (800 kg à 2 tonnes/hectare contre les 400 kg/hectare
des variétés traditionnellement cultivées au Cameroun),
résistantes aux maladies ainsi qu'aux attaques des ravageurs. Pour le
cacaoculteur camerounais, de telles variétés introduites par la
SODECAO sont une aubaine puisqu'elles nécessitent moins de pesticides,
moins d'engrais et moins d'entretien pour un rendement intéressant. Le
planteur n'a plus à attendre cinq ans avec les plantes traditionnels et
à dépenser des sommes énormes en engrais et produits
phytosanitaires avant de goûter aux fruits de son labeur. En
conséquence, ces variétés font de la cacaoculture une
activité moins pénible et hautement rentable, d'où la
ruée constatée vers les plants de cacaoyer.
III-2-4 L'existence de nombreux programmes qui financent
les projets ruraux.
Pour accompagner et encourager les personnes qui
s'intéressent désormais à l'agriculture, le gouvernement
camerounais a mis en place bon nombre d'institutions, de programmes et de
projets à vocation rurale dont les plus importants sont :
a) Le Fonds de Développement du Cacao (FODEC) dont la
mission principale est d'accompagner et d'organiser les cacaoculteurs en vue de
doper la production.
b) Le projet conduit par le Ministère du commerce en vue
d'assainir les circuits de commercialisation des cacaos/cafés.
c) L'IRAD, sous la coupole du MINRESI, qui se consacre
à la recherche, au développement et à la mise à
disposition des variétés agricoles de qualité pour chaque
zone agro-écologique du bassin de production du cacao.
d) Projet destiné à retenir certains produits
chimiques de la culture du cacao et du café afin d'en améliorer
la qualité, donc la valeur marchande.
Grâce à tous ces projets, le cacaoculteur se sent
valorisé, mis en confiance et n'hésite plus à augmenter
les surfaces cultivées.
III-2-5 L'engouement des élites administratives et
politiques pour l'agriculture et, plus spécifiquement, pour la
cacaoculture.
Comme si c'était devenu phénomène de
mode, les élites administratives et politiques qui, pendant très
longtemps, sont restées sourdes aux appels du gouvernement à
s'impliquer dans l'agriculture, s'en donnent maintenant à coeur joie.
Les conversations sont désormais ponctuées de
« j'étais dans mon champ pendant le week-end ». Ces
hauts cadres sont désormais grandement intéressés par les
activités agro-pastorales. Chacun veut avoir qui sa palmeraie, qui son
ananeraie, qui sa cacaoyère, etc. L'existence des programmes et projets
d'accompagnement cités plus haut a fini par convaincre ces
élites, d'où cet engouement pour la cacaoculture plus
précisément. Pour ces élites de plus en plus nombreuses,
les surfaces préparées se situent entre trois (03) et cinq (05)
hectares, ce qui nécessite des quantités énormes de plants
de cacaoyer.
III-2-6 L'engouement retrouvé des anciens
cacaoculteurs.
Le témoignage d'un cacaoculteur tiré d'un
journal camerounais3(*)
illustre à souhait l'engouement retrouvé des anciens
cacaoculteurs pour cette spéculation. Interrogé sur les raisons
du retour à la cacaoculture après de longues années
d'abandon, M. Pierre AMOUGOU, 35 ans, du village Ngoulemakong (120 km au sud de
Yaoundé) déclare : « Je suis parti du village
en 1995. Le cacao se vendait mal. La plantation ne produisait pas. Un cousin du
village, maçon à Yaoundé, m'a proposé du travail
dans un chantier de construction. J'ai confié la plantation à un
frère du village. On se partageait la production. Comme la situation du
cacao a beaucoup changé, je suis rentré, j'ai regagné ma
plantation et je souhaite l'agrandir». Ce cas est loin d'être
isolé. Des anciens producteurs rencontrés dans les centres
SODECAO de production des plants de cacaoyer de Mfou et de Mengang
(localités de la Région du Centre) avancent les mêmes
arguments pour justifier leur retour à cette spéculation. M.
ATEGA, âgé de 65 ans et cacaoculteur au village Nkodom
à 5 km après Mfou nous a fait visiter sa plantation qu'il est
entrain de réhabiliter. Lui aussi a des ambitions d'augmenter ses
surfaces, mais bute sur le problème à l'accès aux plants
sélectionnés. Cet enthousiasme est clairement visible dans tout
le bassin de production tout comme l'est la préoccupation de la
disponibilité des plants pour les surfaces qui sont en nette
augmentation.
III-2-7 La tendance au retour des jeunes urbains vers leur
village.
L'un des effets de la grise économique qui a
frappé le Cameroun pendant plus de deux décennies est la forte
augmentation du taux de chômage plus particulièrement chez les
jeunes des zones urbaines. Certains de ces jeunes ayant fui le village n'ont
pas trouvé en ville l'eldorado tant recherché. D'autres,
diplômés des écoles et universités, ont
décidé de rentrer au village cultiver la terre, n'ayant pas
réussi à s'insérer dans le marché de l'emploi en
ville. Et parce que la spéculation est de nouveau attractive en termes
de prix, ils jettent leur dévolu sur la cacaoculture. Autre illustration
tirée du journal cité au paragraphe
précédent: Siméon EMANDA, patriarche du village
voisin, n'en revient pas de ce subit engouement pour le cacao chez les jeunes.
« Maintenant, on voit les enfants, revenus de la ville, se soulever
contre leurs parents pour revendiquer leur parcelle, des frères qui vont
au tribunal pour un pied de cacao situé sur une limite... Le cacao tue
déjà nos familles ». Ce retour progressif des jeunes
vers les campagnes et cette ruée vers la cacaoculture pousse à la
hausse la demande en plants.
III-2-8 L'amélioration des infrastructures.
L'une des raisons principales précédemment
évoquée par les cacaoculteurs pour justifier l'abandon de leurs
plantations est l'enclavement dans lequel étaient les zones de
production. En effet, même les producteurs les plus tenaces ont
cédé au découragement parce qu'après s'être
donné toutes les peines pour un cacao qui ne leur rapportait plus assez,
après avoir disputé ardemment la récolte aux maladies et
aux attaques des ravageurs, ils étaient contraints de stocker leurs
produits, parce que ne pouvant pas accéder aux marchés et ne
pouvant faire venir à eux les acheteurs par absence de routes de
desserte ou à cause du mauvais de celles qui existaient, faute
d'entretien. Or, depuis quelques années, le gouvernement a fait des
efforts colossaux en matière de réhabilitation, de
création et d'amélioration des infrastructures routières
et de télécommunication. Les voies d'accès, dont
l'état de délabrement avait provoqué l'isolement de
certaines régions du pays, sont en train d'être
réhabilitées. De plus, la SODECAO a repris ses opérations
de désenclavement du bassin de production. Les pistes cacaoyères
sont réhabilitées tandis que d'autres sont en construction. C'est
ainsi que la SODECAO a inauguré en 2008 un nouveau tronçon de
13km à Bikok et s'était engagée à réaliser
50 autres km de pistes rurales pour la seule Région du Centre.
Par ailleurs, avec l'extension du réseau de
téléphonie non filaire, les producteurs peuvent désormais
aisément communiquer entre eux, échanger à distance des
informations sur les tendances en matière de prix, les quantités
disponibles ou recherchées, etc. Ils peuvent également mieux
s'organiser, coordonner leurs efforts, rassembler leur production et
négocier avec les acheteurs qui connaissent qu'elles quantités
exactes ils viennent enlever et à quel prix.
Ces facilités de transport et de communication ont
également suscité un engouement pour la cacaoculture et explique
aussi pourquoi la demande en plants va croissante.
III-2-9 La forte volonté politique.
Afin de susciter l'engouement pour l'agriculture et de
libérer les énergies ces citoyens, l'Etat du Cameroun a
procédé à une série de réformes dont trois
majeures à retenir;
- La déréglementation en matière
de prix et des ventes. Il y a quelques années, les producteurs
étaient obligés de vendre leur cacao aux intermédiaires
qui imposaient leurs prix et leurs conditions, tout en se ménageant de
fortes marges bénéficiaires. Par ailleurs, le verrou des prix
fixés et imposés par le gouvernement empêchait aux
producteurs de bénéficier d'une remontée de prix sur le
marché international. Aussi, les intermédiaires, de plus en plus
nombreux, se taillaient des marges confortables alors que les agriculteurs
s'appauvrissaient davantage. La déréglementation en
matière de prix a fait sauter ce verrou et les cacaoculteurs
reçoivent aujourd'hui le juste prix de leur cacao, ce d'autant que la
filière a été assainie et débarrassée des
aventuriers. Qui plus est, le producteur a aujourd'hui la possibilité de
vendre lui-même son cacao à un acheteur de Moscou, de Paris ou de
New-York sans passer par aucun intermédiaire.
- La déréglementation en matière
de fourniture des intrants agricoles, pastoraux et piscicoles. Le
marché des intrants agricoles a été entièrement
libéralisé et ouvert à la libre concurrence, ce qui
n'était pas le cas il y a quelques décennies. Cette libre
concurrence amène les différents fournisseurs d'engrais et autres
intrants agricoles à se disputer les parts du marché et, par
conséquent, à baisser leurs prix à la clientèle
tout en améliorant leurs services ;
- La définition d'une politique
spécifique visant à booster le développement du monde
rural. Au cours des trente dernières années, la
croissance du Cameroun a été et demeure encore tirée par
les exportations des matières premières d'origine agricole.
Aussi, les exportations du secteur rural représentent environ 55% des
recettes d'exportation du pays devant les 30 % provenant des hydrocarbures. Les
principaux produits agricoles exportés sont le cacao (fèves,
pâte, beurre et préparation), la fibre de coton, le café,
la banane, le caoutchouc et l'huile de palme4(*). Conscient que les potentialités du monde
rural demeurent largement inexploitées et qu'elles peuvent faire
redécoller l'économie du Cameroun, le gouvernement a
élaboré une stratégie de développement
spécifique pour ce secteur. En effet, la Stratégie de
Développement du Secteur rural (SDSR) définie et mise en oeuvre
par le MINADER vise à replacer ce secteur au centre des
préoccupations de développement et entend apporter des appuis
multiformes de poids aux acteurs dudit secteur. Il en est de même pour le
MINEPIA, qui dispose également d'une stratégie5(*) orientée vers ce monde
rural.
Ce foisonnement des programmes et projets à vocation
rurale a fini par convaincre les jeunes et moins jeunes qu'ils sont le centre
des attentions de l'action publique et c'est en connaissance de cause qu'ils se
consacrent à nouveau aux activités pastorales, agricoles et
halieutiques.
En outre, le gouvernement a réhabilité et
recapitalisé l'ONCC et redéfini les missions de l'IRAD.
Contrairement à l'ancien IRA (Institut de recherche agronomique) qui
faisait de la recherche fondamentale l'IRAD actuel a une vocation
prononcée pour la recherche appliquée et le développement
et est ainsi tenue à l'obligation de vulgariser ses résultats
directement auprès des acteurs du monde rural.
Toutes ces mesures et bien d'autres (appuis en
matériels et en équipements) ont remis le cacaoculteur en
confiance, l'ont remotivé car, il sait désormais qu'il est
soutenu et accompagné par l'Etat camerounais. D'où son
adhésion massif aux appels des autorités et plus
précisément du DG de la SODECAO, à s'impliquer dans cette
spéculation.
Les neufs (9) facteurs ci-dessus identifiés et
analysés ne sont peut-être pas exhaustifs, mais ils
démontrent à suffisance pourquoi la demande actuelle en plants de
cacaoyer a explosé.
A l'analyse de l'environnement actuel, seul un facteur sur
les neufs (et plus précisément celui lié aux prix des
fèves de cacao sur le marché national et international) est
susceptible de subir des modifications au regard de la crise financière
actuelle. Toutefois, la population mondiale en nette croissance, ainsi que
l'extension de la gamme des produits cosmiques, pharmaceutiques, alimentaires,
utilisant les produits et sous produits du cacao indique que même si les
prix venaient à baisser, le prix du kg de fèves ne tomberait plus
aussi bas que les 150F connus dans les années 1990.
Les huit autres facteurs ci-dessus cités constituent
des tendances lourdes qui pourraient très difficilement s'inverser en
quelques mois, ou s'inverser reverse entièrement au cours des trois
prochaines années. Aussi, il est attendu que la demande en plantes de
cacaoyer reste forte maintenant et dans les années à venir.
Qu'en est-il alors de l'offre en plants de cacao ?
Pourquoi reste-t-elle désespérément en repli par rapport
à cette forte demande ?
III-3. LES CONTRAINTES LIEES A L'OFFRE
L'offre en plants de la SODECAO est tributaire d'un certain
nombre de facteurs et de contraintes à lever.
III-3.1 INSUFFISANCE DE RESSOURCES
L'analyse des ressources financières,
matérielles et humaines de la SODECAO permet de situer les
capacités réelles de l'entreprise à faire face à
ses engagements et plus spécifiquement à produire les plants
demandés par les cacaoculteurs.
III-3.1.1 Ressources financières
insuffisantes.
Conformément aux dispositions du décret
n°84/078 du 19 mars 1984 portant réorganisation de cette
organisation, les ressources financières de la SODECAO proviennent
de :
1. Réserves, provisions et reports d'exercice ;
2. Emprunts et avances ;
3. Subventions et dotations ;
4. Produits issus de ses opérations ;
5. Dons et legs de toute nature.
Or, la société étant en pleine
restructuration et du fait des ressources très limitées de
l'Etat, les rubriques ci-dessus ne se sont pas justifiées au cours des
dernières années. A partir du moment où l'entreprise
était presque en hibernation et est en pleine phase de restructuration,
les sources de revenus des rubriques 1,2,3 et 5 ci-dessus ont presque disparu.
Quant au problème spécifique des subventions et
dotations, elles sont insignifiantes et ne sont pas versées à
temps, ce qui handicape grandement la SODECAO dans la mise en oeuvre de ses
activités. Ces retards plombent également les activités
parce que la SODECAO est contrainte de mettre certaines d'entre elles en
veilleuse. Aussi, les résultats en pâtissent grandement.
Figure 1 : Tableau des subventions
versées par l'Etat à la SODECAO au cours des cinq
dernières années
Exercice budgétaire
|
Besoins de la SODECAO
|
Subvention attendue (en milliers de F CFA)
|
Part de la subvention dans le budget
|
Subvention effectivement versée (en milliers de
F CFA)
|
Taux de réalisation
|
Observations
|
2004
|
|
4 955 000
|
93,88 %
|
780 000
|
15,74
|
|
2005
|
|
790 000
|
67,92 %
|
585 000
|
91,04
|
|
2006
|
|
3 633 800
|
93,77 %
|
|
|
|
2007
|
Non communiqués
|
NC
|
NC
|
NC
|
NC
|
|
2008
|
NC
|
NC
|
NC
|
NC
|
NC
|
|
Pour ce qui est des ressources propres, elles sont
constituées de :
· Revenus locatifs de ses biens immobiliers ;
· La Vente du matériel végétal
(plants) et autres intrants agricoles ;
· La location du matériel de génie
civil ;
· Autres recettes.
Figure 2 : Tableau des ressources
propres de la SODECAO au cours des cinq dernières
années
Désignation des produits
|
2008
|
2007
|
2006
|
2005
|
2004
|
Prév.
|
Réal.
|
Taux réal.
%
|
Prév.
|
Réal.
|
Taux réal.
%
|
Prév.
|
Réal.
|
Taux réal.
%
|
Prév.
|
Réal.
|
Taux réal.
%
|
Prév.
|
Réal.
|
Taux réal.
%
|
Activités de location
|
NC
|
NC
|
NC
|
NC
|
NC
|
NC
|
35000
|
|
|
190000
|
32621
|
17,16
|
216400
|
20900
|
9,65
|
Activités Mengang et autres secteurs
|
NC
|
NC
|
NC
|
NC
|
NC
|
NC
|
85000
|
|
|
24100
|
6297
|
26,12
|
22500
|
20985
|
93,26
|
Ventes intrants
|
NC
|
NC
|
NC
|
NC
|
NC
|
NC
|
15000
|
|
|
35000
|
565
|
1,614
|
2500
|
3540
|
141,6
|
Valorisation du patrimoine
|
NC
|
NC
|
NC
|
NC
|
NC
|
NC
|
76500
|
|
|
112000
|
17251
|
15,40
|
75600
|
22640
|
29,94
|
Recouvrements
|
NC
|
NC
|
NC
|
NC
|
NC
|
NC
|
27000
|
|
|
12000
|
219
|
1,82
|
6000
|
45
|
0,75
|
Autres
|
NC
|
NC
|
NC
|
NC
|
NC
|
NC
|
3000
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Total ressources propres
|
NC
|
NC
|
NC
|
NC
|
NC
|
NC
|
241500
|
|
|
373100
|
56943
|
|
323000
|
68110
|
21,08
|
Total ressources
|
NC
|
NC
|
NC
|
NC
|
NC
|
NC
|
3875000
|
|
|
1163000
|
642543
|
15,26
|
5278000
|
848110
|
16,06
|
% des ressources propres
|
NC
|
NC
|
NC
|
NC
|
NC
|
NC
|
6,232
|
|
|
3,080
|
8,862
|
55,24
|
6,120
|
8,03
|
|
De ce tableau, il se dégage un certain nombre de
constats :
· Les ressources propres de la SODECAO n'ont jamais
atteint 10% de son budget annuel;
· Pour la rubrique Vente des intrants (dont les
plants), les revenus sont assez consistants, ce qui démontre que cette
voie a un fort potentiel ;
· Certaines rubriques comme Autres et
Recouvrements sont presque nulles.
III-3.1.2 Ressources matérielles insuffisantes
et inadaptées
Pour servir tout le bassin de production, la SODECAO ne
dispose que de quelques camions (05) quelques machines agricoles
dépassées dont plusieurs sont d'ailleurs dans un état de
délabrement.
III-3.1.3 Ressources humaines peu compétentes et
inégalement réparties
Nous avons constaté à la SODECAO une trop grande
concentration des ressources humaines au siège de l'entreprise alors que
tous les centres se plaignent d'être en sous effectif. De même,
l'entreprise ne compte qu'une trentaine d'ingénieurs en agriculture sur
un effectif total d'environ deux cents employés
III-3.1.4 Absence de partenaires financiers nationaux
et étrangers
Le texte créant la SODECAO l'a mis sous je joug des
pouvoirs publics et tant que ce texte n'est pas adapté au contexte
actuel, il empêche l'entreprise de nouer des partenariats avec des
entreprises camerounaises ou étrangères.
III-3.2 FAIBLES CAPACITES DE PRODUCTION DES CABOSSES
III-3.2.1 Cabosses de cacaoyer en nombre
insuffisant
Il faut environ dix à quinze plants par cabosse
semence, or les champs semenciers de la SODECAO sont au nombre total de trois,
ce qui est largement en deçà des capacités mêmes de
la SODECAO.
III-3.2.2 Centres de productions sous
équipés
Les trois centres de production cités ci-haut souffrent
de la vétusté et du manque criard des équipements requis
pour la production des plants de cacaoyer.
III-3.2.3 Centres de production en nombre
insuffisant
La SODECAO ne dispose que de trois centres de productions des
cabosses semences : Mfou, Mengang dans la Région du centre et
Abong-Mbang dans l'Est Cameroun. Or ces centres ne peuvent pas couvrir tout le
bassin de production composé des régions de l'Est, du Centre, du
Sud, du Littoral et du Sud-Ouest.
III-3.3 ORIENTATIONS STRATEGIQUES INADAPTEES
III-3.3.1 Trop de misions assignées à la
seule SODECAO
Voici reprises in extenso les missions assignées
à la SODECAO par le décret n°84/078 du 19 mars 1984 portant
réorganisation de cette organisation :
A) « Promouvoir le développement de la
cacaoculture à travers :
1- l'encadrement des agriculteurs en vue de la mise en oeuvre
des programmes de régénération cacaoyère et de
création de plantations nouvelles de cacaoyers ;
2- la réalisation des plantations de
démonstration ainsi que la vente et la transformation des produits
issus de ces dernières ;
3- l'intensification de la lutte phytosanitaire ;
4- l'animation des planteurs en vue de l'amélioration
de la qualité du produit ;
5- la réalisation des programmes de formation et de
recyclage en faveur du personnel d'encadrement et des agriculteurs ;
6- l'approvisionnement des planteurs en produits
agricoles ;
7- la participation à l'organisation, la distribution
et le recouvrement du crédit en milieu rural ;
8- la sensibilisation des agriculteurs en vue de la formation
des groupements socioprofessionnels et des coopératives ;
9- le soutien et l'appui au mouvement coopératif,
notamment par la formation et le recyclage des coopérateurs et des
cadres des coopératives ;
10- l'amélioration de la production vivrière en
vue d'assurer un équilibre harmonieux avec la cacaoculture ;
11- La transformation de l'environnement
socio-économique notamment par la création, la
réhabilitation et l'entretien des pistes de collecte du produit ou la
réalisation d'autres travaux d'aménagement rural.
B) La SODECAO est, en outre, chargée de la mise en
oeuvre et de la gestion du projet de développement rural
intégré de la Haute Sanaga.
C) La SODECAO pourra être chargée de toutes
études, enquêtes ou travaux dans le cadre de son objet social.
Elle peut être consultée sur tous les programmes d'études
et d'aménagement intéressant la cacaoculture ».
A l'analyse de ces missions, l'on se rend tout de suite compte
qu'elles sont trop nombreuses et ne permettent pas à la SODECAO de les
remplir toutes, d'où une dispersion du peu de ressources dont elle
dispose, ce qui handicape sérieusement ses performances.
III-3.3.2 Missions disparates et en déphasage
avec l'environnement actuel
Pour ne citer qu'ne, l'une des missions de la SODECAO datant
du décret aménagé de 1984 demeure encore la collecte de
l'épargne rurale et la distribution des crédits aux paysans. Or,
le décret de 1998 est venu abroger ces missions pour toutes les
entreprises public et parapubliques, quelles soient du secteur marchand ou
pas.
III-3.3.3 Absence d'un système de veille
stratégique
La SODECA a semblée surprise par la demande en plants
de cacaoyer qu'elle a pourtant elle-même suscitée, ce qui prouve
à suffisance une faiblesse de l'analyse de son environnement, mais aussi
et surtout une absence de veille stratégique.
III-3.4 FORTES CONTRAINTES EXTERNES A LA SODECAO
La SODECAO fait face à des fortes contraintes externes
qui handicapent fortement son action mais avec lesquelles pourtant elle doit
compter pour vaincre l'adversité et continuer à justifier de sa
raison d'être.
III-3.4.1 Calendrier agricole
III-3.4.2 Inorganisation du marché des plants de
cacaoyer
III-3.4.3 Faible implication des collectivités locales
III-3.4.4 Raréfaction et faible qualification de la main
d'oeuvre en milieu rural
CHAPITRE IV : ELEMENTS DE SOLUTIONS ET
RECOMMANDATIONS
(LES AXES D'ACTION A DEVELOPPER PAR LA SODECAO)
De l'audit de la performance qui vient d'être
établi, il ressort que la SODECAO ne peut réussir à
résorber cette forte demande en plants qu'en agissant sur plusieurs
leviers à la fois. Les actions à entreprendre doivent se faire
tant en interne afin d'adapter les ressources aux ambitions et à la
vision de l'organisation qu'en externe afin d'adapter la SODECAO à son
environnement et de capitaliser certains facteurs environnementaux.
IV-1 RECOMMANDATIONS RELATIVES AUX ORIENTATIONS
STRATEGIQUES
IV-1.1 Se concentrer sur les activités où la
SODECAO a un avantage comparatif
Lorsque l'on analyse les missions dévolues à la
SODECAO par les dispositions du décret n°84/078 du 19 mars 1984, on
constate tout de suite que la plupart d'entre elles sont désuètes
et en nette déphasage avec l'environnement actuel. Il est vrai que la
SODECAO a commencé un processus de toilettage de ces missions, mais ce
processus doit être accéléré pour deux raisons
principales :
· Mettre un terme à une situation de quasi
clandestinité par l'absence d'un cadre juridique adapté
à la situation actuelle ;
· Faire adopter des dispositions qui permettraient
à la SODECAO de solliciter des financements privés
extérieurs, les IDE par exemple.
Un tel toilettage permettrait également à la
SODECAO de ne se concentrer que sur celles des activités où elle
a un avantage comparatif et de céder certaines activités
budgétivores et non rentables au privé ou à certains
acteurs publics dont c'est la vocation première et qui sont mieux
préparés à remplir ces missions spécifiques.
Activités où la SODECAO a un avantage
comparatif :
· Production et distribution des plants de
cacaoyer;
· Encadrement des cacaoculteurs dans les aspects
suivants :
· Mise en place et gestion des
cacaoyères ;
· Gestion des cacaoyères ;
· Valorisation des sous-produits du cacao.
· Appui à la qualité du cacao à
travers les activités de :
· Lutte phytosanitaire pour protéger le verger
national ;
· Formation et recyclage des cacaoculteurs ;
· Recherche fondamentale et appliquée sur les
variétés du cacaoyer adaptées à chaque
spécificité climatique et pédologique du bassin de
production.
Activités à céder au secteur
privé ou à d'autres acteurs :
· Construction et entretien des routes et pistes
rurales ;
· Toute opération relative au crédit
rural ;
· Organisation des cacaoculteurs en groupes et
associations, etc.
IV-1.2 Harmoniser les missions avec l'environnement
actuel
· Adapter les textes de la SODECAO aux dispositions de
la loi n° 99/016 du 22 décembre 1999 portant statut
général des établissements publics et des entreprises du
secteur public et parapublic afin de faire de cette entreprise un
établissement public à caractère administratif
(EPA) ;
· Expurger des textes de la SODECAO les autres missions
dévolues par le décret n°84/078 du 19 mars 1984 mais
devenues obsolètes à ce jour, à savoir:
· Le Projet de développement rural
intégré de la Haute Sanaga ;
· L'Amélioration de la production
vivrière ;
· La participation à l'organisation, la distribution
et le recouvrement du crédit en milieu rural.
IV-1.3 Mettre en place un système de veille
stratégique
Au regard de la situation actuelle, la SODECAO donne
l'impression d'avoir été surprise par la vague de demandes en
plants de cacaoyer. Or, si elle avait scruté et analysé son
environnement, elle aurait perçu cette explosion de la demande et aurait
pris des mesures anticipatives pour y faire face. C'est ce manque de veille
stratégique qui explique en partie pourquoi la SODEDAO est
débordée et submergée par la demande qui s'exprime vers
elle. La veille stratégique permette non seulement de percevoir à
temps les menaces et les opportunités de l'environnement, mais aussi de
définir des stratégies pertinentes pour y faire fasse. La SODECAO
deviendra ainsi ce que les experts en organisation appellent une
« entreprise apprenante » parce ce qu'elle sait apprendre
de son environnement et se rajuster de manière anticipative et à
temps.
Une telle veille stratégique serait assurée par
une Cellule des Etudes et de la Coopération directement
rattachée au Directeur Général ou logée au sein de
la Direction de l'Appui à la Cacaoculture.
IV-2 RECOMMANDATIONS RELATIVES A L'INSUFFISANCE DE
RESSOURCES
IV-2.1 Redynamiser les ressources humaines
S'il est une des rares choses qui mettent tous les experts en
management d'accord, c'est le fait que les ressources humaines constituent des
ressources surdéterminantes dans toute organisation, qu'elle soit
publique ou privée. D'ailleurs, la valeur d'une organisation se mesure
aujourd'hui non seulement sur le chiffre d'affaires et le
bénéfice réalisé, mais surtout sur la
qualité des compétences et de l'expérience
accumulées par les ressources humaines. Cette valeur, les experts
l'appellent le « capital compétence » ou
« le capital intellectuel » ou encore « l'actif
intellectuel ». Bien qu'immatériel, ce capital joue un
rôle plus déterminant que les actifs physiques et financiers dans
la mesure où c'est lui qui combine les autres actifs pour produire des
bénéfices et assurer la survie de l'organisation. Celle-ci ne
peut survire aux contraintes de son environnement et atteindre ses objectifs
pour justifier de sa raison d'être que si une stratégie solide et
pertinente est mise en place pour pousser ces compétences à
donner le maximum d'elles-mêmes en vue de booster la performance de
l'organisation. Aussi, la SODECAO devra mettre en place un système de
gestion performant de ses ressources humaines. Ce système se
décline en quelques activités principales ci-
après :
Recruter uniquement des professionnels dans les
domaines d'intervention. Eviter et mettre un terme aux recrutements
à vue ou fantaisistes et respecter les quotas suivants : 1/3 de
personnels administratifs, 2/3 de personnels techniques. Le capital
intellectuel étant en mesure de créer et de soutenir un avantage
concurrentiel durable, la SODECAO a tout intérêt à ne
recruter que des personnels susceptibles de constituer un socle d'une spirale
de compétitivité c'est-à-dire des personnels capables
d'innover, de s'approprier les profits issus de l'innovation, de travailler de
manière autonomes et orientés uniquement vers l'atteinte des
résultats à eux assignés.
Offrir des formations pointues et de qualité
ainsi que des recyclages permanents. L'objectif ici est de se
constituer un capital solide de compétences variées et
complètes par rapport aux missions de la SODECAO. Avec le
phénomène de la mondialisation, les connaissances sont remises en
question et battues en brèche quelques temps seulement après
leur acquisition. Aussi, pour se constituer un capital intellectuel solide sur
le long terme, il convient de renouveler ces actifs qui se
déprécient rapidement. Et l'un des outils de renouvellement de
ces actifs est le recyclage permanent qui permet aux personnels de garder une
longueur d'avance en matière de compétences. Ce sont les
connaissances acquises et mises à contribution par les personnels qui
créent la valeur d'une entreprise. Par conséquent, des ressources
bien formées pousseront les performances de la SODECAO et l'aideront
à mieux faire face aux exigences de la clientèle que
représentent les cacaoculteurs.
Doter les personnels d'outils de travail
performants. Le tout n'est pas de recruter ou de doter ses personnels
de compétences pointues, encore faut-il pouvoir conserver au sein de la
SODECAO ces actifs sur lesquels elle aura investit d'énormes sommes
d'argent et des efforts colossaux. Pourtant, un tour dans les bureaux montre
que l'ordinateur par exemple est encore un luxe à la SODECAO. En effet,
très peu ou pas de responsables du niveau de sous-directeur
possèdent un ordinateur de bureau ou même portable. Ceci a
été constaté dans la plupart des structures
opérationnelles que sont la Direction de l'Appui à la
Cacaoculture, celle de la Qualité totale et de l'Appui aux OPA, ainsi
que celle des Pistes et des Aménagements agricoles. Si au lieu d'envoyer
une lettre au secrétariat pour saisie pour qu'elle y passe une
journée, chaque sous-directeur pouvait lui-même la saisir sur son
ordinateur de bureau, la SODECAO gagnerait grandement en temps de
réaction et en efficacité. Aussi ces investissements sont-ils
rentabilisés à court terme.
Dynamiser le système de
récompenses. Il est motivant et même dopant que les
personnels de la SODECAO reçoivent très souvent des signes
extérieurs de reconnaissance de leurs efforts. En plus de booster leurs
performances personnelles ces signes distinctions peuvent servir de ferment
à la performance des autres personnels. Les signes de reconnaissance que
la SODECAO peut instaurer sont entre autres ;
· Les lettres de félicitations à
des personnels s'étant distingués dans leurs résultats
lues publiquement et affichées dans les babillards des services centraux
et déconcentrés ;
· L'instauration d'un prix annuel de l'
« Employé de l'Année » assorti
d'une importante somme d'argent;
· La proposition des personnels aux médailles
de travail ;
· L'instauration d'une « Prix
Spécial de Rendement » à attribuer à tout
personnel ayant atteint et dépassé les objectifs à lui
assignés par la SODECAO au cours de l'année.
Améliorer le système de communication
interne. Certains personnels restent en deçà des
objectifs qu'on leur assigne non par manque de moyens de travail ou de
volonté et de compétences, mais surtout parce qu'ils ne
comprennent pas bien ce qui est attendu d'eux. De plus, ils ne savent pas bien
ce que leur poste de travail peut apporter à la performance
générale de leur organisation. Une fois ces enjeux connus et
intégrés, une fois informés de la vision de leur Directeur
Général, ces employés se muent très souvent en
véritables postes de production.
Mettre en place un service de l'action sociale.
Les sociologues des organisations affirment que l'entreprise devient
pour les personnels une seconde famille. Ici se jouent à merveille les
jeux de pouvoirs, de positionnement des groupes ou des individus. Les alliances
se forment et se défont de sorte qu'ils en résultent des
tiraillements qui s'ils ne sont pas connus et maîtrisés d'avance
peuvent aboutir à l'implosion de l'entreprise. Le service de l'action
sociale est chargé de redéfinir les liens sociaux de recueillir
les souffrances morales des personnels, règle les conflits qui
éclatent, évite les conflits larvés, etc. Bref, il sert
très souvent d'exutoire aux tensions nées de la vie
trépidante des organisations et du stress permanent auquel les
organisations exposent leurs actifs intellectuels.
IV-2.2 Améliorer le système de gestion des
ressources matérielles
Mettre en place un service de la
maintenance. Ce service permettra de s'assurer que le matériel
actuel est d'avoir bien entretenu et mieux exploiter. Il a été
constaté que du fait d'une simple panne, certaines machines sont
laissées à l'abandonné pendant des années et
finalement jetées au rebut alors qu'elles auraient dû être
réparées et remises en service avec quelques centaines de
milliers de francs seulement. D'abord sauvegarder les outils acquis avant
d'entreprendre de nouvelles acquisitions.
Utiliser de manière rationnelle les
matériels et outils acquis. Certains outils et matériels
se dégradent plus rapidement que leur durée normale de vie du
fait d'une mauvaise utilisation. Cette mauvaise utilisation n'est pas toujours
préméditée par le personnel mais relève très
souvent de l'absence des informations et indications d'utilisation. A titre
d'illustration, une fois qu'un ordinateur est installé sur la table d'un
responsable, l'installateur s'en va avec le manuel de l'utilisateur et le
responsable s'il n'a reçu que des notions sommaires à
l'informatique peut dégrader cet outil sans le savoir et sans le vouloir
par ce qu'il ne sait pas simplement comment le mettre correctement sous
tension ou hors tension.
IV-2.2 Explorer les voies pour acquérir d'autres
ressources financières
Se passer à court terme des subventions.
A rester à attendre les subventions et à trop
compter sur elles, la SODECAO n'a pas été en mesure de
réaliser une bonne partie de ses activités et ses performances
s'en sont retrouvées grandement affectées. Du fait qu'elles sont
des sources de revenues hypothétiques souvent versées en retard
et à des sommes largement inférieures à celles attendues,
il devient illusoire de compter sur les subventions de l'Etat. La SODECAO
pourrait alors recourir à d'autres sources nationales comme les
financements issus de l'initiative PPTE.
IV-2.3 Multiplier le nombre de partenaires financiers
nationaux et étrangers
« L'abondance ne nuit pas » affirme un
adage populaire. Ceci est encore plus vrai en matière de partenariats.
Plus la SODECAO a des partenaires financiers et techniques, plus elle est
à même de les solliciter et d'obtenir toute forme d'assistance de
ces derniers en matière de développement de la production des
plants de cacaoyer.
IV-2.3 Recourir aux financements privés nationaux et
étrangers
Etant donné que le Cameroun ne dispose pas encore de
banque véritablement orientée vers le financement des
activités agricoles et rurales, la SODECAO devrait se tourner vers des
financements privés. Vu la demande en nette croissance, le marché
des plants de cacaoyer est sans conteste rentable et représente des
centaines de millions de francs CFA. Ici, les investissements sont
rentabilisés en un temps relativement court.
IV-3 RECOMMANDATIONS RELATIVES A LA PRODUCTION ET A LA
DISTRIBUTION DES PLANTS
IV-3.1 Augmenter la production de cabosses de cacaoyer.
Il faut environ soixante (60) à soixante dix (70)
cabosses de cacao pour obtenir assez de plants susceptibles de constituer un
hectare de cacaoyère. Le plant de cacaoyer est obtenu à partir
des grains frais tirés de ces cabosses de cacao.
· Multiplier le nombre de pieds de cacaoyer d'où
l'on va tirer les graines revient à augmenter la capacité et le
potentiel de production des plants de cacaoyer. La demande cumulée
exprimée à la SODECAO en 2007-2008 étant de 138 millions
de plants, on saisi aisément la nécessité de mettre un
accent tout particulier dans la création des vergers destinés
à ravitailler les pépinières en graines fraîches de
cacao.
· Multiplier le nombre de champs semenciers afin de les
rapprocher des cacaoculteurs
· Limiter et/ou interdire les mouvements des plants d'une
zone agro écologique à une autre ;
· Former et spécialiser les personnes et les
groupes à la production des plants sélectionnés afin
qu'ils appuient efficacement l'action de la SODECAO sur le terrain.
(Externaliser la production des cabosses-semence et des plants).
IV-3.2 Poursuivre le processus de multiplication et de
rapprochement des centres de productions de plants des cacaoculteurs.
· Examiner les demandes au cours des quatre
dernières années et identifier les centres et régions
où la demande est la plus forte afin d'y créer d'autres centres
de production des cabosses devant ravitailler les pépinières en
grains nécessaires à la production des plants de cacaoyer.
· Augmenter les surfaces de ces champs
semenciers ;
· Augmenter le nombre de champs semenciers (contre les 3
actuels de Mengang, Nkoevone et Abong-Mbang)
· Encourager des initiatives communautaires visant
à mettre en place des GIC de producteurs de plants de cacaoyers.
IV-3.3 Renforcer l'action des centres de production par les
équipements et les personnels techniques.
· Responsabiliser ces centres de production des
plants. Faire en sorte que les centres de décisions soient
proches des centres opérationnels amènera la SODECAO soit
à mieux répondre promptement aux demandes et ne pas rallonger
inutilement la chaîne de décisions pour certaines
activités.
· Doter ces centres et secteurs en
équipements adéquats afin de leur permettre de produire
plus de cabosses et plus de plants de cacaoyer. Il a été
constaté que l'absence de petits matériels et équipements
adéquats et même du matériel végétal dans ces
centres handicape les pépiniéristes dans leur volonté
d'étendre les surfaces et d'augmenter la production des plants.
IV-3.4 Exploiter toutes les potentialités
végétales cultivables au Cameroun.
Environ deux mille six cent (2600) variétés de
cacao ont été identifiées comme existant au Cameroun, mais
neuf correspondent à toutes les zones agro-écologiques du pays.
Or jusqu'à présent la SODECAO n'exploite que cinq
variétés sur ces neuf pouvant être cultivées au
Cameroun.
· Au lieu de se limiter à exploiter quelques
variétés comme c'est encore le cas actuellement, la SODECAO
gagnerait à élargir la base des variétés de
référence afin de maximiser le potentiel de production des
cabosses et des plants de cacaoyer.
· S'assurer que les variétés de plants
correspondent bien aux types de sols pour lesquels ces plants sont
destinés à travers un contrôle stricte des plants
dits labellisés;
· Eliminer progressivement les variétés
inadaptées pour le Cameroun à travers un processus de
labellisation.
IV-3.5 Labelliser les plants « plant
labellisé SODECAO » afin de garantir la qualité.
Parce que la SODECAO peine à répondre aux
demandes des cacaoculteurs, des intermédiaires véreux proposent
à ceux-ci des plants dits traditionnels en les présentant comme
étant des plants produits par l'entreprise. Mais une fois que les
cacaoculteurs se rendent compte deux à trois ans plus tard qu'ils ont
été bernés, ils ont tendance à rejeter le
blâme sur la SODECAO, l'accusant de mettre sur le marché des
plants non productifs. Cette situation malheureuse porte un coup à a
crédibilité de la SODECAO. Pour y mettre un terme, la SODECAO
pourrait créer un label sous lequel seraient vendus les plants qu'elle
produit et qui les distinguerait des plants tout venant dont la qualité
n'est aucunement garantie.
IV-2.6 Sous traiter la production des plants
Il a été constaté que certains
pépiniéristes proposant des plants non sélectionnés
disposent tout de même des capacités techniques et du savoir en
matière de production des plants. Aussi, la SODECAO pourrait explorer
dans quelle mesure elle nouer des partenariats avec ces producteurs individuels
ou groupés pour la production des plants de cacaoyer.
IV-2.7 Améliorer le système de distribution
des plants.
Jusqu'ici, la SODECAO produit et livre elle-même ses
plants, ce qui nécessite une logistique énorme. Le peu de
véhicules affectés à ces tâches de livraison est
surexploité, ce qui les détériore rapidement et
réduit leur durée de vie. De plus, ces coûts de livraison
obèrent la trésorerie de l'entreprise, parce que la plupart des
véhicules est basé au siège de la SODECAO à
Yaoundé.
Il convient de doter chaque centre de production de deux ou
trois véhicules de livraison. Les distances parcourues seront ainsi
réduites, les coûts de livraison le seront également et les
délais de livraison seront raccourcis.
IV-4 RECOMMANDATIONS RELATIVES AUX CONTRAINTES
EXTERNES A LA SODECAO
IV-4.1 Maximiser les périodes de production du
calendrier agricole
La production des cabosses obéit à un cycle
d'alternance entre saison de pluie et saison sèche. Les cabosses ne
peuvent aucunement être produites hors saison. Mettre tout en place pour
protéger les cabosses naissantes afin que le maximum arrive à
maturité et puisse servir à la production des plants de
cacaoyer.
Il faudrait en coutre multiplier les plantations
d'expérimentation et de démonstration (PED) dans tout le bassin
de production
IV-4.2 Organiser le marché des plants de
cacaoyer
Le marché des plants de cacaoyer représente des
dizaines de milliards dont environ trente cinq milliards (35.000.000.000) de
francs CFA exprimés à la seule SODECAO de l'ordre de 138 millions
de plants à raison de 250 CFA le plant. La demande qui s'exprime
auprès des producteurs amateurs n'a pas été
évaluée, mais elle doit également être assez
consistante. Le marché n'est régi par aucune norme en
matière de production des plants quant à la qualité ou
à l'origine. En invitant le gouvernement à imposer une norme, la
SODECAO contribuerait grandement à assainir ce marché de plus en
plus envahi par des « apprentis sorciers » et charlatans de
toute sorte qui en vendant des produits de mauvaise qualité sapent les
efforts des autorités publiques dans ce domaine sensible de
l'économie nationale.
IV-4.3 Susciter une plus grande implication des
collectivités locales
Les collectivités locales (régions et mairies)
peuvent servir de relais à la SODECAO dans sa campagne de
sensibilisation et de distribution des plants. En effet, ces
collectivités disposent de véhicules qui peuvent être mis
à contribution pour le transport et la livraison des plants de cacaoyer.
De même que les responsables locaux peuvent mettre en place des champs
semenciers de grande envergure qui contribueront à alimenter leurs
localités respectives en graines servant à créer des
pépinières pour la production des plants si recherchés.
IV-4.4 Renforcer les capacités des acteurs de la
filière et surtout des cacaoculteurs
· Eduquer les acteurs de la filière sur les
dangers et les risques à s'approvisionner chez les distributeurs et
producteurs non agréés.
· Revoir et adapter les modules de formation
destinés aux producteurs de cabosses-semences ;
· Appuyer financièrement les personnes et groupes
formés pour leur faciliter l'acquisition des outils performants
(pulvérisateurs, atomiseurs, etc.).
· Encourager et inciter les jeunes à se faire
former dans la production des plants de cacaoyer en leur apportant une
assistance technique, matérielle et financière dont ils auront
besoin pour s'installer une fois la formation achevée ;
· Intensifier la formation des
pépiniéristes ;
· Former des formateurs qui auront pour mission de
transmettre à leurs pairs les techniques acquises en production des
plants sélectionnés ;
CONCLUSION GENERALE
Eu égard cette situation d'insuffisance de l'offre, la
SODECAO évolue dans un environnement où le potentiel de
croissance est énorme puisque les tendances en matière de demande
des fèves sur le marché mondial se sont pas prêtes de
s'infléchir. Par ailleurs, l'engouement des Camerounais pour la
cacaoculture semble loin de s'estomper. Aussi, la demande interne en plants de
cacaoyer va croitre davantage. Les recommandations formulées dans ce
travail ne doivent pas être vues comme des éléments
isolés.
Pour que ce déficit se réduise
considérablement, il faut que ces mesures soient mises en application de
manière concomitante, c'est à ce titre qu'elles peuvent
créer la synergie d'action attendue.
Il est également illusoire, dans un contexte de
concurrence ouverte, que la SODECAO pense qu'à elle toute seule elle
pourrait résorber ce déficit énorme que connaît le
camerounais en matière de plants de cacaoyer. Aussi, au lieu de mener
une guerre inutile aux acteurs privés qui se sont positionnés
comme des concurrents, elle agirait mieux en lui procurant un certain
encadrement./-
BIBLIOGRAPHIE
OUVRAGES
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l'Université Laval.
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8. Luc Magloire MBARGA ATANGANA, cité par
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dans son article Cameroun : le cacao s'envole, le café
recule, édition du 24.03.2009.
9. Journal Repères, édition du 1er
février 2008.
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agricoles », in Revue Lamy de la concurrence n° 7.
11. SYFIA (01.02.2008) Cameroun dans son
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planteurs.
12. Document de Stratégie de Développement
du Secteur Rural (SDSR) du MINADER, 2006
13. Document de Stratégie Sectorielle de l'Elevage, des
Pêches et des Industries animales, adopté en octobre 2002.
14. Contrat-Plan passé en 2004 entre l'Etat du Cameroun
et la SODECAO.
* 1 En 1979, le Cameroun
était classé 2ème producteur mondial avec
128.000 tonnes/an après la Côte d'Ivoire (Source :
SODECAO/Rapport d'activité 1984).
* 1 Source :
SODECAO/Document de conjoncture, 2006.
* 1 BRECHET (J.P) .-
Gestion stratégique : le développement du projet
d'entreprendre, Editions ESKA, Paris, 1996, p. 32
* 1 La chaîne
d'activités correspond aussi à la notion de "business system"
* 1 BAUMOL (W.J.), PANZAR
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Structure, H.Brace Editors, N.Y. 1992.
* 1 JOFFRE (P.) & KOENIG
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Paris 1985.
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planification du développement, Tendances actuelles,
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* 1 MARION (A.).- Le
diagnostic d'entreprise, Economica/Gestion, Paris 1999.
* 2 MARMUSE (CH.).-
Politique Générale, 2ème
Edition Economica, Paris 1996.
* 1 La SODECAO ne s'est en
effet toujours pas conformée à la loi n°99/016 du 22
Septembre 1999 (Article 112, al.1)
* 1 Luc Magloire MBARGA
ATANGANA, cité par Journal du Cameroun. Com Le
Cameroun dans le Web dans son article Cameroun : le cacao
s'envole, le café recule, édition du 24.03.2009
* 2 Journal Repères,
édition du 1er février 2008.
* 3 SYFIA
Cameroun dans son article Cameroun, le cacao enthousiasme à
nouveau les planteurs, du 01.02.2008
* 4 Sources : Document de
Stratégie de Développement du Secteur rural (SDSR) du MINADER,
janvier 2006
* 5 Document de
Stratégie sectorielle de l'Elevage, des Pêches et des Industries
animales, adopté en octobre 2002.
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