CONCLUSION
Il s'agissait dans ce chapitre d'évaluer l'impact final
du processus de décentralisation politique et administrative dans le cas
de 6 pays d'Afrique subsaharienne. A l'issu des analyses statistique et
économétrique l'on arrive à la conclusion que
jusqu'à lors la décentralisation politique a un impact
négatif sur le taux de croissance du P.I.B tandis que la
décentralisation administrative a un impact positif sur ce dernier ; ce
qui, dans le premier cas, est différent des résultats obtenu par
la BAK Basel Economics en 2009 dans le contexte Européen. Trois raisons
ont pu être avancées pour justifier ce résultat : la
jeunesse du processus de décentralisation politique en question
(d'où la faible alternance des dirigeants locaux,
l'irrégularité des élections locales...etc.), la faiblesse
de la démocratie locale dans ces pays et le degré
élevé de corruption qui entrave la bonne marche de ces pays vers
une décentralisation politique et administrative plus efficace.
L'on peut cependant confirmer que si la
décentralisation politique et administrative s'améliore dans le
contexte d'Afrique subsaharienne alors elle aura un impact positif sur la
croissance économique de ces pays, cela va passer par la maturation du
processus, l'amélioration de la participation et de la démocratie
locale, et une lutte plus forte contre la corruption. Cette analyse n'a pas
tenu en compte de la dimension financière de la décentralisation
qui a été beaucoup plus étudié d'un point de vue
empirique. Celle-ci fera l'objet du chapitre suivant.
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Alembe Ayima mathieu, diplôme d'études
supérieures en sciences économiques Option : gouvernance et
développement économique
Mémoire de Master II : Décentralisation et
croissance économique : le cas de 6 pays d'Afrique
subsaharienne
CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE :
Il était question dans cette première partie de
revisiter la théorie économique existant sur le lien entre la
décentralisation politique et administrative et la croissance
économique plus précisément comprendre comment le premier
peut favoriser le second. Il s'avère donc que c'est via le
principe de proximité, essentiellement
développé par HAYEK (1948) et OATES (1972) que la
décentralisation politique et administrative peut être
considérée comme un facteur de croissance économique. En
fait, c'est au travers de la proximité institutionnelle qui
s'établit entre les dirigeants locaux et les citoyens que la gestion
publique, via une meilleure information, fait preuve de gains
d'efficacité et d'efficience. Les politiques publiques ainsi
élaborées par les autorités locales rencontrent
efficacement la fonction de demande de la part des citoyens (RONDINELLI, 1989)
dans un environnement institutionnel décentralisé.
Une évaluation empirique à l'aide des outils
statistique et économétrique, dans le cadre de 6 pays d'Afrique
subsaharienne, objet de notre étude, révèle une relation
inverse entre l'indice de décentralisation politique et la croissance
économique. A contrario, une relation positive entre l'indice de
décentralisation administrative et la croissance économique est
mise en exergue. Ce résultat doit être compris dans un contexte
où la décentralisation politique est toute nouvelle dans la
majorité des pays de notre échantillon qui l'expérimente
notamment le Cameroun, la guinée, la RDC, et l'Afrique du sud. La
décentralisation administrative quant à elle y existe depuis fort
longtemps sous la forme de déconcentration (qui est alors une forme de
décentralisation) raison pour laquelle cette dernière est mieux
assimilée.
Il est à noter tout de même que le fonctionnement
optimal du principe de proximité requiert une volonté politique
forte, volonté qui se caractérisera par la mise en place
effective d'une démocratie locale. Très peu de pays en
développement, dont les 6 pays de notre échantillon, y font
preuve.
Des propositions de politiques économiques seront
faites en vue d'améliorer l'impact de la décentralisation
politique et administrative sur la croissance économique, notamment : la
maturation du processus de décentralisation, la mise en place effective
de la démocratie locale et la mise en place des programmes
anti-corruption pour accompagner ainsi les processus de décentralisation
dans les pays d'Afrique subsaharienne.
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Alembe Ayima mathieu, diplôme d'études
supérieures en sciences économiques Option : gouvernance et
développement économique
Mémoire de Master II : Décentralisation et
croissance économique : le cas de 6 pays d'Afrique
subsaharienne
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