I-3 PHYSIOLOGIE DE LA LACTATION (21)
La lactation est la production et
l'excretion de lait par les glandes mammaires. L'augmentation des taux
d'oestrogène, de progestérone et de lactogène (les
hormones placentaires) vers la fin de la grossesse stimule la libération
du facteur déclenchant la sécrétion de prolactine (PRF)
par l'hypothalamus, et l'adenohypophyse y réagit en secrétant la
prolactine. Après un délai de deux à trois jours, la
production de lait véritable commence. Entre-temps (et aussi vers la fin
de la grossesse), les glandes mammaires secrètent un liquide
jaunâtre appelé colostrum. Le colostrum contient moins de lactose
que le lait et pratiquement pas de matières grasses, mais il renferme
plus de protéines, de vitamine A et de minéraux que le lait
maternel proprement dit. Tout comme le lait, le colostrum est également
riche en immunoglobulines IgA. Parce que les immunoglobulines ne sont pas
digérées dans l'estomac, elles pourraient protéger le tube
digestif du bébé contre les infections bactériennes. En
outre, les immunoglobulines IgA sont absorbées par endocytose et
pénètrent dans la circulation sanguine où elles joueraient
également un rôle immunitaire.
Après l'accouchement, la sécrétion de
prolactine diminue graduellement. La production du lait dépend ensuite
de la stimulation mécanique des mamelons, normalement exercé par
le bébé qui tète. Les mécanorécepteurs du
mamelon envoient des influx nerveux afférents à l'hypothalamus,
ce qui stimule la sécrétion de PRF. Celui-ci provoque la
libération d'une giclée de prolactine qui stimulera la production
du lait nécessaire pour la tétée suivante.
Les influx nerveux provenant du mamelon entrainent
également la sécrétion d'ocytocine par l'hypothalamus, au
moyen d'un mécanisme de retro-activation. L'ocytocine provoque le
reflexe d'éjection du lait par les alvéoles des glandes
mammaires (figure 5).L'éjection se produit lorsque
l'ocytocine se lie aux cellules myoépithéliales entourant les
glandes, après quoi le lait coule des deux seins et non seulement de
celui qui est stimulé. Lorsque la femme cesse d'allaiter, le stimulus
entrainant la libération de la prolactine et la production du lait
disparait, et les glandes mammaires cessent de secréter du lait. Les
glandes mammaires peuvent produire du lait pendant plusieurs années, si
le bébé continue de boire au sein, mais les femmes qui allaitent
pendant six mois ou plus perdent une quantité importante de calcium
osseux. Quand le taux de prolactine est élevé, la
régulation hypothalamo-hypophysaire du cycle ovarien est
gênée, probablement parce que la stimulation de l'hypothalamus par
la succion provoque la libération de beta-endorphine, une hormone
peptidique qui inhibe la libération de Gn-RH et, par conséquent,
la sécrétion de FSH et de LH par l'hypophyse (figure
6). Parce que la prolactine se trouve ainsi à inhiber la
fonction ovarienne, certains pensent que l'allaitement est une méthode
de contraception.
Figure 5 : Mécanisme de
rétroaction du reflexe d'éjection du lait.
D'après Anatomie et Physiologie humaine.4e ed Elaine N
Marieb. USA
Figure 6 : Hormonologie de la
lactation.
D'après de « l'allaitement au
sevrage », Dr Marie Thirion, Albin Michel, 2004
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