b) Evolution du taux d'AME
A la naissance, 263 mamans, soit 84,8% ont mis leur
enfant exclusivement au sein. Ce taux est supérieur à celui
d'Oche et al au Nigeria qui était de 31%
(44).
Après 4 mois, plus de la moitié d'entre
elles ont introduit d'autres aliments. L'âge moyen de sevrage est ainsi
de 3,56 mois. Au niveau national, des enquêtes faites ont relevé
des âges de sevrage comparables : 3,25 mois pour Tietche et al
(45) et 3,4 mois pour Siyou
(39). Quant à l'étude faite par
Qiu et al en chine, les taux d'allaitement maternel exclusif à la
naissance pour les populations de zone urbaine, semi-urbaine et rurale
étaient respectivement de 38%, 63,4% et 61% et de 0.2%, 0.5% et 7.2%
respectivement jusqu'à 6 mois (46).
c) Raisons du sevrage précoce
La reprise du travail ou des études et la
« non satiété » de l'enfant par insuffisance
de lait maternel étaient les principales raisons avancées pour le
sevrage précoce par nos mamans. Siyou en 2006 a obtenu des
résultats presque identiques au centre mère-enfant de la FCB
(39) alors que Kobela en 1993 à
Yaoundé (37), a identifié
seulement le travail comme raison de la pratique d'une alimentation mixte.
Ceci pourrait s'expliquer par le fait que l'expression
du lait maternel pour l'allaitement en cas d'absence soit méconnu des
nos habitudes quotidiennes dans le pays et que, la conservation du lait
exprimé requiert des conditions d'hygiène rigoureuses que la
plupart des mamans ont du mal à respecter.
L'argument psycho-social de « Lait de mauvaise
qualité » ou « lait gaté » qui a
été incriminé dans 56% de sevrage précoce dans
l'étude de Guerero et al au Mexique
(14), a été
évoqué chez nous à 3,4%. Cet aspect n'a pas
été retrouvé dans les études locales.
e)Alimentation avant la tétée
Dans notre enquête, seulement 14,2% des mamans
ont introduit d'autres aliments avant la première tétée,
par comparaison à l'EDS III où ce taux était de 62%
(40) et de Kamga où il était de
30,36% (16).
Si nous ignorons les raisons exactes de cette
introduction d'alimentation précoce, l'accouchement par
césarienne peut avoir joué un rôle puisque, les mamans
séjournent au service de réanimation 24-72h après l'acte,
avant de rejoindre leur bébé, qui se trouve dans le service
néonatalogie.
Partout ailleurs, les statistiques ne sont pas
éloignées des nôtres. Par exemple, Alemayehu et al en
Ethiopie, Chandrashekhar et al au Népal, Ludvigsson en Bolivie ont eu
des taux respectifs de 13%, 14% et 17% (12,
47, 32).
Le substitut du lait maternel était le
principal aliment donné (70,5%) avant le début de l'allaitement.
Pour kamga, l'eau simple, l'eau sucrée et le substitut de lait maternel
étaient les 3 aliments les plus administrés aux
nouveau-nés avec des taux respectifs de 14,36%, 11,3%, 3,1%
(16). Chez Luvigsson, les proportions furent
les suivants : Substitut du lait maternel (61,3%), thé (30,6%),
miel (1,1%). (32). Chandrashekhar et al ont
quant à eux identifié par ordre décroissant les aliments
suivants: Le substitut du lait maternel à 6,2%, eau sucrée
à 5,9% et le lait de vache à 2,8%.
(47)
Ceci montre que les aliments reçus avant la
tétée par les bébés varient d'une région
à une autre, probablement liés aux cultures de ces
régions. Pourtant l'introduction d'autres aliments avant la
première tétée est corrélée à une
augmentation de risque de morbi-mortalité
(48).
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