2.3.Consternation
Lors d'un entretien de groupe, le débat s'est
orienté autour des prix en vigueur dans les USP ainsi que de
l'amplification du phénomène des mutuelles de santé dans
le paysage. Malgré son affiliation à la mutuelle, la
présidente de la CS de Nanergou, Tône nous explique son
scepticisme passé :
« Tu payes si bien croyant que tu es mutualiste, plus
même. Mais plus maintenant, avant c'était comme ça. Les
frais augmentent plus vite quand tu es mutualiste, ce n'est pas normal. Il y en
a qui dépensent jusqu'à 15.000 francs, mais un non-mutualiste on
ne va pas lui faire payer ça. On a prescrit à une femme
jusqu'à 15.000, le mari est venu auprès de moi, il me dit :
c'était trop dur. Je suis venu ici, j'ai dit d'aller me prendre le
carnet. On me dit qu'on ne me remet pas le carnet, on ne va pas me remettre le
carnet. Je me dis c'est grave, on va voir le produit qu'on a prescrit, et
finalement quand Julienne [spécialisée dans l'adhésion de
nouveaux membres à la mutuelle de santé] est venue, j'ai
expliqué, Julienne a pris le carnet, on nous a dit que c'est le
médecin-conseil qui dit quand ça dépasse 15.000, de ne pas
diviser, Julienne est partie soulever le problème là-bas. Le
médecin-conseil a dit que non, que lui n'a pas dit ça et il a
photocopié le produit même qu'il a prescrit et dit qu'il n'a pas
conseillé à l'USP, le produit qui a été prescrit
n'a pas été conseillé !? » [Présidente de la
CS de Nanergou, Tône].
Une rencontre avec une patiente de l'USP de Naki-est, Kpendjal
vient corroborer cette constatation :
« Elle dit, l'année passée elle est
rentrée dans la mutuelle et cette année elle est ressortie.
L'année passée quand elle n'était pas dans la mutuelle,
quand elle venait en consultation elle dépensait... le plafond
c'était deux mille. Maintenant, quand elle est rentrée dans la
mutuelle le plafond jusqu'à cinq mille et au delà. Elle dit,
c'est presque le même soin mais maintenant le plafond va à cinq
mille. Donc quand elle est dans la mutuelle les soins reviennent plus cher.
Elle trouve que maintenant, c'est comme si... comme elle est dans la mutuelle,
on se dit que, on l'aide donc c'est un avantage pour elle, donc le centre veut
maintenant profiter de ça pour augmenter les coûts de prestations
» [Traduction d'une patiente de l'USP de Naki-est, Kpendjal].
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Devant cette difficulté, la CS de Nanergou a
décidé de prendre des mesures :
« On a vu ça, on s'est dit qu'est-ce qu'il faut
faire ? Il faut qu'on se renseigne là-bas pour voir le prix de chaque
médicament, et on note chaque prix, on fait un tableau, on met ça
chez l'infirmier, quand tu viens, tu crois que c'est pas correct, bon allez
voir ce que tu as acheté là, c'est pas la même somme qu'il
y a écrit ici ? Donc là aussi, les gens ont dit que ça va
» [Présidente de la CS de Nanergou, Tône].
L'influence décisionnelle couplée aux
réseaux informels permet de telles actions. Les CS ont certes une forme
d'autorité au sein de leur aire sanitaire respective.
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