2.2.Présentation
Les vingt-deux CS furent actives, dès décembre
2008, au sein de leur aire sanitaire respective, sur la base des
critères mentionnés ci-dessous.
2.2.1. Définition
L'ONG 3ASC définit une CS de la façon suivante :
« La commission Santé est un organe mis en place
autour d'une formation sanitaire dont le but est de réfléchir et
de discuter des questions liées aux problèmes de la formation
sanitaire dans l'offre des soins des clients ».
2.2.2. Composition
En théorie, la taille d'une Commission Santé
s'échelonne de 5 à 15 membres suivant le nombre de villages dont
dispose l'aire sanitaire. En pratique, il s'avère que cette situation
est loin d'être respectée. De nombreux villages ne sont pas
représentés et semblent laissés à l'écart de
toutes prises de décisions les concernant directement. Il ne nous a pas
été possible d'observer une CS où le nombre de membres
correspondait au nombre de villages représentés dans l'aire
sanitaire en question : les villages éloignés sont la cible d'une
non-intention.
« Il y a certains villages qui n'ont pas de Commissions
Santé, eux ils ne savent pas qu'il y a ce comité-là, donc
si nous organisions des groupes pour aller dans chaque village au moins
120 Document 3ASC, 2008 « Projet Intégré de
santé dans la région des Savanes. Processus de mise en place des
Commissions Sante. (Distinction des tâches CS-COGES) ».
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une fois dans le mois ou chaque deux mois ils devraient nous
connaître » [Présidente de la CS de Nanergou, Tône].
« Moi je trouve que cette Commission Santé est
trop restreinte, si on pouvait au moins avoir encore plus de membres. Il
faudrait que chaque village, au moins, soit représenté dans cette
Commission Santé. C'est autour du centre que cette CS a
été créée, alors que nous avons des villages
à plus de quatorze kilomètres d'ici, moi je trouve que ce n'est
pas bien comme ça, qu'on est seulement les membres qui sont autour du
centre, alors que le grand problème c'est dans la communauté qui
se trouve très très très éloignés des CS, si
on pouvait élargir un peu. C'est-à-dire, ici quand tu parles avec
et tu vis avec la même personne, là ça se passe. Si ce
n'est pas le cas, c'est beaucoup plus difficile » [RFS de l'USP de Papri,
Kpendjal].
Toutefois selon un employé de 3ASC, une solution
alternative tente d'être élaborée.
« Le problème se pose parce que les Commissions
santé, ça varie quand même le nombre mais quoi qu'on dise
ça ne prend toujours pas en compte le nombre de villages qui constituent
l'aire sanitaire. Mais ce qui se passe, c'est qu'on leur permet de façon
à demi-pratique de déléguer des personnes pour
représenter tous les villages. (É) Mais honnêtement, avec
les Commissions, on ne s'arrête qu'au niveau de l'aire sanitaire, on ne
voit les ramifications au niveau du village. Alors que quoi qu'on dise, il faut
franchement qu'on sente la présence de cet organe à la cellule
villageoise, c'est très important, parce que c'est les villages, la
cellule de base, c'est à ce niveau qu'on doit veiller à la
structuration et puis remonter. La Commission Santé devrait arriver
après qu'on a réussi à asseoir le Comité de
Santé. Moi je pense que si on veut réussir franchement, il faut
qu'au niveau du village ça soit représenté. Et puis les
chances que les Commissions Santé réussissent dépendront
vraiment, si les Comités de Santé aient réussi. Si on peut
revenir à ça, ça peut être quelque chose de
très bien » [Anonyme, employé de 3ASC].
Dans tous les cas, ces groupements se composent toujours d'un
nombre impair de membres, en raison de cette volonté démocratique
permettant aux votants de se départager lors de la prise d'une
décision. De plus, il est constaté une déficience sur le
plan numérique, suite à l'abandon, au retrait ou au
décès de certains depuis la création des CS en 2008. En
guise d'illustration la présidente de la CS de Nanergou, Tône
exprime son mécontentement vis-à-vis d'un ancien membre, dont ils
ont dû se détacher :
« Aujourd'hui c'est toujours les mêmes membres,
sauf quatre personnes qui se sont désistées et deux qui sont
arrivées en cours de route. Il y en a un, il travaillait au CHR,
à chaque fois qu'on voulait se retrouver il ne venait pas, à
chaque fois qu'on lui dit qu'il y a
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réunion, il est de garde, à chaque fois qu'on
lui parle, il est de garde, mais le moment où on lui dit qu'on a besoin
de lui deux jours pour un recyclage, il est pas de garde, il vient là,
il s'assied deux jours, il prend son argent, il part [le déplacement
durant l'atelier de recyclage étant pris en charge par 3ASC]. C'est un
opportuniste, ça me gêne beaucoup, ça ce n'est pas bien. Il
faut faire d'abord un travail de groupe. Si tu viens au recyclage, tu dois
savoir ce qu'on a fait durant l'année. Aujourd'hui il est parti »
[Présidente de la CS de Nanergou, Tône].
Mis à part le RFS, considéré comme le
responsable du groupement, de nombreux membres à part entière
cumulent une double fonction, qu'elle soit officielle ou non. Nombre d'entre
eux sont intégrés au sein d'un autre groupement villageois
(COGES, CVD, ASC, etc.) ou d'un autre organisme de développement tel que
la Croix-Rouge. D'autres font partie du personnel de santé de l'USP de
leur aire sanitaire, ou encore certains exercent une fonction de
thérapeute traditionnel en parallèle.
Suivant ce dernier aspect, les propos institutionnels à
l'ordre du jour revendiquent ardument une dynamique participative et
représentative qui s'attèle à insérer l'ensemble
des protagonistes inclus dans cette mouvance « communautaire » de la
santé. Même si 3ASC mentionne la faible collaboration en vigueur
avec les thérapeutes traditionnels, cette composante, ne semble
toutefois pas inscrite à l'ordre du jour : aucune mesure actuelle ne
semble vouloir les intégrer dans ce processus. D'un autre
côté, ne sont-ils pas d'une certaine façon des «
experts de la santé locale » ? Suivant ces propos, ne serait-il pas
d'une indubitable nécessité d'intégrer ces
thérapeutes traditionnels parmi les porte-paroles des populations
villageoises ? Nous reviendrons sur ce point dans la section III. 1.1.3. La
médecine « traditionnelle ».
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