0. INTRODUCTION
0.1. PROBLEMATIQUE
Redonner une vie à un objet ou à un
matériau destiné à la destruction et à la
disparition est devenu une préoccupation pour maints créateurs.
Ce phénomène de détournement de l'usage de l'objet passe
par le truchement et l'ingéniosité des mains de l'artiste pour
devenir un objet d'art ou être prétexte à faire oeuvre de
création artistique. Ce détournement en acte de l'objet illustre
parfaitement la porosité entre la sensibilité de l'artiste et son
milieu de vie (environnement) ou d'extraction. À cet égard, la
perméabilité de l'artiste à son milieu de vie analyse le
renouvellement des visions, des pensées et des sensibilités que
permet ce nouvel agencement des matériaux.
Preuve en est ainsi faite : que ni la pauvreté, ni
l'abondance ne peuvent être des obstacles à la création,
encore moins des freins à celle-ci. Et si l'objet perd ainsi sa
fonctionnalité pratique et sociale pour laquelle il a été
pensé, conçu et confectionné, il n'en est pas moins un
dispositif de renouvellement du regard. De la fonction utilitaire
première, il acquiert d'autres fonctions formelles dont celle de support
de création esthétique aux enjeux divers.
Aujourd'hui, on fait de l'art avec toutes sortes des
matériaux. La récupération des matériaux
usagés ou les détournements d'objets sont devenus très
courants dans les travaux des artistes. Mais au début du 20e
siècle, seuls les matériaux « nobles »
étaient admis pour la réalisation d'oeuvre d'art : bronze
et marbre pour la sculpture, huile et pigments pour la peinture.
Le début du 20e siècle est une
période de révolution permanente dans l'art. Les médiums
artistiques sont alors complètement remis en question : le champ
des matériaux utilisés pour s'exprimer s'élargit
considérablement.
L'étude a pris en compte les années
succédant aux indépendances des pays africains, en
général et de la république démocratique du Congo
en particulier. Ces indépendances projetaient de bâtir des
nations, de créer et de développer des systèmes
éducatifs, socio-sanitaires et artistiques, et de préserver
l'intégrité territoriale de ce nouveau pays.
C'est dans ce contexte idéologique et à la
lumière de la politique culturelle, ainsi qu'à l'évolution
de la première génération d'artistes que nous avons
tenté de montrer la manière dont l'art de la
récupération s'est introduit dans le langage ou l'expression
plastique des artistes kinois contemporains.
Notre problématique se base sur les questions de
savoir :
1. Comment l'évolution de la peinture contemporaine
a-t-elle influencée le champ de la gestion de déchets dans la
ville de Kinshasa
2. De savoir si l'émergence d'une nouvelle vision dans
l'art de peindre kinois a-t-elle fait naitre une écologique nouvelle
dans l'art à Kinshasa?
0.2. L' HYPOTHESE DU
TRAVAIL
Pour répondre à la préoccupation qui rode
autour de notre sujet, nous avons découvert que notre
considération sur l'évolution de la peinture contemporaine, a
influencé le champ de la gestion des déchets dans la ville
province de Kinshasa.
En effet, la complexité de différentes
méthodes et pratiques de l'art contemporain et de la peinture, en
particulier, a attiré les artistes kinois à pousser leurs regards
sur des matériaux environnementaux (déchets, débris),
qu'ils ont récupérés pour être comme des nouveaux
matériaux (médiums) dans l'art pictural, dans le but de porter un
regard plastique sur des éléments déclassés.
Tout ces débris environnementaux n'avaient plus leur
utilité originelle, soit fonctionnelle, économique, symbolique ou
esthétique ; mais suite aux résultats des choix artistiques,
toujours ancrés dans le contexte social dans lequel l'artiste
évolue, il s'est efforcé à dépasser la notion du
« tout est déchet » et celle du « rien ne
se crée, rien ne se perd » de Lavoisier,
considéré comme matière première, pour une
fonction, une esthétique, une valeur ou un symbolisme nouveaux ;Les
déchet réutilisé ci-dessus devient à leur tour
comme matière première, pour une fonction, une esthétique,
une valeur ou un symbolisme nouveau ; C'est pourquoi, même le
nom des médiums environnementaux leurs sont attribués par les
peintres libristes kinois, car ils ont transformés la vision qu'on a des
déchets, en éléments de récupération servant
de créations artistiques, en nous projetant vers un art purement
écologique.
0.3. CHOIX ET INTERET DU
SUJET
Le choix de ce sujet se justifie suite à la situation
critique de l'insalubrité qui caractérise la ville de Kinshasa,
et en allant du principe que l'art disposerait des pistes de solutions pour
éradiquer certains problèmes liés à
l'environnement, grâce aux méthodes qu'il disposerait,
notamment : la récupération et le recyclage de certains
déchets plastiques, en vue de donner à cette population une
vision contraire à celle qu'elle voit pour les déchets plastiques
c'est-à-dire : illustrer le passage des déchets en
éléments de récupération, de ces dernier comme
médiums d'art.
Le présent travail se veut alors être une alerte
pour la population, pour les autorités de la ville de Kinshasa et cela
grâce à une meilleure gestion de déchets.
Celui-ci propose d'apporter quelques pistes de solutions
concourant à minimiser le problème de la dégradation de
l'environnement que connaît la ville de Kinshasa, dans l'objectif de
porter un regard nouveau sur les éléments
déclassés.
0.4. LIMITES DU TRAVAIL
L'art étant un domaine si vaste, qui touche toutes les
couches scientifiques, délimiter notre étude dans le temps et
dans l'espace serait nécessaire.
La limite spatiale et temporelle dans le présent
travail est déterminée par le choix des médiums
environnementaux dans la peinture contemporaine qui commence plus
précisément en 1945 jusqu' à nos jours.
0.5. METHODES ET
TECHNIQUES
Pour réaliser cette étude, nous avons recouru
aux méthodes descriptive et analytique. La première
méthode nous a aidés à décrire les
éléments caractéristiques de l'objet à analyser.
Quant à la seconde, elle a consisté à faire la
décomposition de notre corpus afin d'en ressortir les différentes
composantes constitutives. Ces méthodes sont appuyées par la
technique de recherches approfondies sur le contenu du sujet.
0.6. ORGANISATION DU
TRAVAIL
Le présent travail est divisé en trois
chapitres :
· Le premier chapitre est une approche
définitionnelle des termes clés du sujet,
· Le deuxième chapitre concerne les mediums usuels
dans la peinture contemporaine,
· Le troisième chapitre décrit une
nouveauté de vision écologique et artistique à
Kinshasa,
· Enfin, une conclusion va clore tout le travail.
CHAPITRE I. APPROCHE
DEFINITIONNELLE DES TERMES CLES DU SUJET
1.1 APPROCHE DEFINITIONNELLE
A la
lumière de la problématique évoquée ci-dessus, il
se dégage essentiellement trois notions de base qui s'avèrent
êtres comprises dans ce travail, il est question de medium, de
l'écologie et de la peinture contemporaine.
Pour
prévenir tout risque d'interprétation abusive pouvant surgir
à l'occasion de la lecture de ce mémoire, il importe de
préciser les sens de certains concepts clés et termes y
utilisés.
En
effet, l'étude
titrée : « L'intégration des médiums
environnementaux dans la peinture contemporaine, une nouvelle vision
écologique à Kinshasa » ne peut être bien
appréhendée que grâce à la compréhension des
concepts de base qui la constituent.
Etant
donné que le sujet comporte d'autres aspects, il nous est
nécessaire de les examiner parce que d'autres concepts singuliers
interviennent pour l'acheminement de notre travail, notamment les
concepts environnement, art contemporain, arts plastiques et peinture.
1.1.1. Medium
A l'origine, ce terme qualifie le liant (liquide servant
à détremper ou unir les pigments) utilisé en peinture.
Aujourd'hui, son sens s'est élargi à l'ensemble des
matériaux utilisés par l'artiste.1(*)
Par "médium", on entend ici le matériel de
peinture ou dessin qui sert de véhicule à la couleur. À ne
pas confondre avec le
médium
à peindre, qui désigne le mélange singulier de liant
(huile siccative, liant acrylique), de diluant (essence de
térébenthine, white spirit) et d'une résine (pin, dammar,
acrylique) permettant au peintre d'améliorer la consistance de sa
peinture. 2(*)
1.1.1.1. Quelques médiums en arts de peindre
Couleur
· Aquarelle,
Craie ,
Crayon de couleur
et
Crayon
aquarelle,
Encaustique,
Encre,
Gouache,
Pastel secs et
Crayon pastel, Pastels gras
(à l'huile ou à la cire)
Peinture
acrylique,
Peinture
à l'huile,
Huile
solide,
Pigments,
Sanguine,
Feutre,
Tempera.3(*)
Noir et blanc
· Crayon graphite
(crayon à papier),
Encre de Chine,
Fusain,
Mine de plomb, Pierre
noire
Pointe
d'argent
Le mot médium (du
latin médium, au
pluriel media) est employé dans plusieurs domaines :
· en
oenologie, un
médium
est un format de bouteilles de champagne ;
· en
spiritualité,
un
médium
est une personne qui affirme entrer en contact avec une dimension
spirituelle ;
· Avertissement: en
art et en
communication, le mot
médium n'est pas le singulier de
média ;
· en
bricolage, Medium4(*) est une marque du groupe
Isoroy pour désigner
le panneau de fibres à moyenne densité appelé aussi
MDF (Medium
Density Fiberboard) ;
· Médium est une revue dont le centre
d'intérêt est la
médiologie
En art
·
Médium est une
série
télévisée
américaine.
·
Médium est un
album de
Banco de Gaia sorti en
1991.
· En
peinture, le
médium
à peindre est une préparation à base de
liant et diluant, voire de
résine,
utilisée pour modifier la consistance de la
peinture.
· En
musique, le terme
médium
désigne un
registre,
ainsi que les
fréquences
moyennes.
· Un
médium
est un type de
haut-parleur.
·
Le Médium est un opéra de
Gian Carlo
Menotti créé le 8 mai 1946.
1.1.1.2. Les
médiums à peindre
En
peinture, un médium
à peindre est une préparation à base de
liant et diluant, voire de
résine,
utilisée pour modifier la consistance de la
peinture .
Le médium est
principalement employé avec les peintures en pâte telles que la
peinture
à l'huile et la
peinture
acrylique, plus rarement en
aquarelle ou en
gouache. Il permet notamment
d'améliorer la consistance de la pâte et de réaliser des
glacis ou des effets de texture tels que les empâtements
légers.5(*)
251658240
D'autres médiums
spécifiques, gel ou liquide, peuvent aider à rendre la peinture
opaque ou transparente, mate ou brillante, fluide ou épaisse ou l'aider
à sécher plus lentement ou plus rapidement.
Il existe de nombreux
types de médium pour l'huile, à tel point que l'on pourrait
retracer l'histoire de la peinture en les parcourant. Les médiums
à base de résine sont employés en peinture dès la
Renaissance, les médiums à base de
cire d'abeille sont
eux utilisés depuis la plus haute antiquité.
Les
Primitifs
flamands utilisaient au moins trois sortes de médium dans
l'élaboration d'une oeuvre :
La sous-couche
était obtenue en ajoutant aux pigments, préalablement liés
avec de l'huile, une émulsion huile et oeuf. Pour les
rehauts de lumière,
ils utilisaient une émulsion huile et colle.
Enfin pour réaliser
les
glacis, ils
utilisaient une huile cuite avec de la
résine
de pin et des sels métalliques. Aujourd'hui, on distingue deux types de
médiums à peindre :
Les médiums
oléo-résineux (classiques) composés d'une
résine
(naturelle ou synthétique) et d'une huile (de préférence
cuite), auxquelles sont ensuite ajoutés un solvant et des additifs
éventuels. Les recettes sont diverses et variées, plus ou moins
fidèles à celles des Anciens qu'elles essaient d'imiter.
Les médiums alkydes
(modernes) sont à base de résines alkydes, des résines
modifiées aux huiles siccatives. Ils sont plus faciles à utiliser
et rapides à sécher.
1.1.1.3.
Médiums pour l'acrylique
L'acrylique est une
technique picturale récente qui peut s'employer pure ou diluée
à l'eau comme la gouache. Il existe des médiums à peindre
pour l'acrylique qui donnent des effets variés. Certains médiums
servent à pallier les inconvénients de l'acrylique comme les
médiums à retardement pour ralentir le séchage, ou les
médiums couvrants pour augmenter l'opacité des couleurs.
Les fabricants de
peintures acryliques proposent un vaste éventail de
médiums : gels ou liquides, médium-vernis, médium
à glacis, médium d'empâtement mais aussi médium de
lissage, filant ou à effet (nacré, scintillant,
interférant). A ne pas confondre avec certains additifs
(épaississants, fluidifiant et retardateur de séchage)6(*).
1.1.1.4.
Médiums pour l'aquarelle et la gouache
Pour ces techniques, les
médiums en améliorent les propriétés. La
gomme arabique
augmente la brillance, la
glycérine
permet une meilleure fluidité dans l'application, le
fiel de boeuf sert
à faciliter l'adhérence sur des supports non absorbants7(*).
|
L'utilisation de médiums à peindre dans la
pratique de la peinture à l'huile est aussi méconnue
qu'essentielle. Avec la désintégration de l'enseignement
traditionnel de l'art et le rejet des techniques ancestrales, la pratique de la
peinture à l'huile tient aujourd'hui davantage de l'improvisation que de
la science.
Kama Pigments est fier de participer au renouveau des
techniques traditionnelles en présentant sa ligne de médiums
à peindre. Cette gamme de produits est forte d'un savoir
millénaire, tout en étant adaptée aux besoins de l'artiste
du 21e siècle
|
1.1.1.5.
Propriétés des médiums à peindre
|
|
Un médium à peindre est une solution
constituée de différents ingrédients qui a de nombreuses
propriétés désirables telles que :
· Accélérer le temps de séchage de
la peinture
· Renforcir le film de peinture et le rendre plus
flexible
· Réduire le jaunissement dû au
vieillissement
· Changer la texture de la peinture pour la rendre plus
liquide ou plus pâteuse
· Améliorer l'adhésion entre les
différentes couches picturales.
|
Les matériaux synthétiques et la performance
posent des problèmes nouveaux, mais les compétences requises pour
les envisager sont inchangées : la chimie des matériaux dans le
premier cas, l'histoire de l'art dans le second. L'obsolescence technologique,
située au niveau des matériels et non des matériaux,
suppose l'importation de compétences jusqu`alors extérieures au
champ de la conservation-restauration des oeuvres d'art. 8(*)
1.1.2. L'environnement
L'environnement peut être pris au sens d'environnement
naturel, ce qui entoure l'homme. Notion développée dans la
seconde moitié du XXe siècle.
Le mot environnement est à différencier du mot
nature. La nature désigne l'ensemble des éléments naturels
considérés seuls, alors que la notion d'environnement
s'intéresse à la nature au regard des activités humaines,
et aux interactions entre l'homme et la nature. Ces biens ou ces actifs
naturels rendent des services à l'homme en entrant9(*) :
- Dans la fonction d'utilité des consommateurs comme
l'air pur ou les aménités procurées par un paysage, qui
peuvent être altérés par les pollutions, les
déchets,
- Et dans la fonction de production comme les matières
premières, les ressources énergétiques, les
réserves de ressources naturelles ou leur fonction d'assimilation des
déchets. Mais, lors de ses activités, l'homme «
détruit ces actifs naturels la notion d'environnement englobe
aujourd'hui l'étude des milieux naturels, les impacts de l'homme sur
l'environnement et les actions engagées pour les réduire10(*).
1.1.2.1. Autres définitions de l'environnement
L'environnement se définit selon les approches
comme:
- l'ensemble des éléments, naturels ou
artificiels, qui entourent un système défini, que ce soit un
individu, une espèce, une entité spatiale, un site de
production... ;
- l'ensemble des échanges (prélèvements,
rejets, ...) entre un anthroposystème et les écosystèmes
du milieu considéré ;
- l'ensemble des éléments objectifs et
subjectifs qui constituent le cadre de vie d'un système défini
(individu, espèce...)
Dès lors, il apparaît nettement que la
dénomination générique Environnement, rassemble une
multitude de thèmes (eau, air, sols, déchets, milieux naturels,
paysage, bruit, énergie, aménagement de l'espace,
sécurité...), concernant de nombreux secteurs (industrie,
agriculture, collectivités locales, santé publique) et de
multiples niveaux d'interventions (étude, conseil, expertise,
contrôle, exploitation, ingénierie, maîtrise
d'oeuvre...).11(*)
1.1.2.2. Définition historique
Ce concept apparaît à partir des années
1970 comme un patrimoine mondial essentiel à transmettre aux
générations futures. Le philosophe HANS JONAS, a exprimé
cette préoccupation dans son livre « Le principe
responsabilité ». Au deuxième sommet de la Terre,
à Rio de Janeiro en 1992, la définition Brundtland, axée
prioritairement sur la préservation de l'environnement et la
consommation prudente des ressources naturelles non renouvelables, sera
modifiée par la définition de « trois
piliers » qui doivent être conciliés dans une
perspective de développement durable : le progrès
économique, la justice sociale et la préservation de
l'environnement.
Selon le dictionnaire wikipedia, le concept environnement est
défini comme « l'ensemble des éléments
(biotiques ou abiotiques) qui entourent un individu ou une
espèce et dont
certains contribuent directement à subvenir à ses
besoins »12(*),
ou encore comme « l'ensemble des conditions naturelles (physiques,
chimiques, biologiques) et culturelles (sociologiques) susceptibles d'agir sur
les organismes vivants et les activités humaines »13(*).
La notion d'environnement
naturel, souvent
désignée par le seul mot « environnement », a
beaucoup évolué au cours des derniers siècles et tout
particulièrement des dernières décennies. L'environnement
est compris comme l'ensemble des composants naturels de la
planète Terre, comme l'
air, l'
eau, l'
atmosphère,
les
roches, les
végétaux,
les
animaux, et l'ensemble des
phénomènes et interactions qui s'y déploient,
c'est-à-dire tout ce qui entoure l'
Homme et ses
activités bien que cette position centrale de l'Homme soit
précisément un objet de controverse dans le champ de
l'écologie.
Selon M. MALDAGUE cité par KASEREKA, le domaine de
l'Environnement peut comporter également trois dimensions à
savoir : la dimension écologique (interactions dynamiques entre
facteurs abiotiques (biotope, climat et sol) ; la dimension humaine, et la
dimension culturelle.14(*)
D'où, il définit l'environnement comme
étant l« Ensemble des milieux d'influences, milieux
humains, naturels, économiques, qui agissent sur l'individu à
tous les instants de sa vie quotidienne et déterminent en grande partie
son comportement dans toutes les dimensions de l'être sociale,
intellectuelle, affective, spirituelle et culturelle.15(*)
Du point de vue écologique, l'environnement est
perçu comme cadre de vie, réservoir des ressources et
réceptacle des déchets.
Dans le cadre de ce travail, nous optons pour cette
définition de MALDAGUE par le fait qu'elle inclut les composantes
culturelles de la population humaine.16(*)
L'Environnement urbain : Il est constitué de
facteurs abiotiques, facteurs biotiques, Homme, culture et techno
sphère17(*).
1.1.2.3. Art et environnement
Depuis quasiment les débuts de l'
art, l'environnement a
été une source d'inspiration inépuisable pour l'homme. Les
représentations d'animaux ou de paysages jalonnent l'
histoire de
l'art, et il n'est pas une époque qui fasse exception à la
règle18(*).
Les paysages occupent une part primordiale dans l'art en
Extrême-Orient,
notamment en
Chine et au
Japon, mais il faudra attendre
la en Europe pour voir les paysages prendre de l'importance dans la
peinture19(*). De nombreux
peintres seront qualifiés de paysagistes, tant parmi les
romantiques que
parmi les
impressionnistes.
Plus tard, les éléments environnementaux seront
toujours très présents dans les nouvelles formes d'art, comme la
photo, et plus tard, le
cinéma. Plus
récemment, des artistes ou des personnalités utilisent l'art pour
sensibiliser la population à la défense de l'environnement :
c'est le cas par exemple d'
Al Gore, qui réalisa
un film
An inconvenient
truth, ou le photographe
Yann-Arthus
Bertrand.
La science a connu un développement considérable
au cours du dernier siècle. Les connaissances scientifiques ont beaucoup
progressé, en particulier dans le domaine de l'environnement. Certaines
disciplines spécialement dédiées à l'environnement,
qui n'existaient pas jusque-là, sont même apparues
récemment, comme l'
écologie20(*).
1.1.3. Peinture
Il
ressort clairement que cette notion est définie fondamentalement entant
que matière et entant qu'art.
Littéralement, la peinture désigne la
matière et la pratique consistant a appliquer une couleur a laide de
différent pratique consistant a appliquer une gouache, huile, acrylique,
encre, etc.
Dans
un sens artistique, le terme peinture signifie la combinaison de cette
activité avec le dessin, la composition c'est-à-dire qu'il
intègre des considérations esthétique. Dans ce sens, la
peinture est le moyen pour l'artiste peintre de représenter une
expression personnelle sur des sujet aussi variés qu'il existe
d'artiste.
1.1.3.1. La peinture matière
La
peinture matière est un mélange des substances diverses que
l'on peut répartir comme suite d'un pigment [blanc ou coloré] et
un liant. Ce dernier est constitué d'un liquide épais lorsqu'on
l'applique sur une certaine, surface exposé à l'air, Ce liquide
forme une mince pellicule solide qui s'adhère à cette
surface.
Il
faut ajouter que la peinture matière est un solvant ou un diluant qui
est en fait, un liquide permettant de diluer suffisamment le liant pour le
rendre propre à être appliqué au pinceau ou au pistolet.
1.1.3.2. La peinture artistique
Elle
fait partie des arts de l'espace au Beaux - Arts, comme l'architecture et la
sculpture. Ses moyens propres sont : la forme et la surface, basées
sur certain caractère simultané.
La
peinture est un art traditionnel, un moyen de reproduction ou plutôt de
présentation de la réalité et du réel.
Selon
le dictionnaire petit Larousse, le mot peinture signifie art de peindre.21(*)
En
art, la peinture devient un moyen parmi tant d'autres pour s'exprimer et pour
s'épanouir. MAURIS DENIS, l'un des célèbres peintres
français contemporains, dit de la peinture ceci : ... se rappeler
qu'un tableau avant d'être un cheval de la bataille, une femme nue ou une
quelconque anecdote, est essentiellement une surface plane recouverte de
couleurs en certain ordre assemblée ; c'est-à-dire, une
harmonie mélodique et symbolique qui devient un livre ouvert au public
par lequel, l'artiste peintre exprime l'état de son âme.22(*)
La
peinture reste métaphorique et l'une des choses dont l'homme se sens
quelque fois incapable d'exprimer par le verbe, mais dont l'esprit a la
faculté de saisir le sens à partir dune certaine
représentation ou d'un certain rangement d'éléments.23(*)
L'artiste peintre range ces éléments au moyen
des techniques parmi lesquelles nous notons : peinture à huile,
à la gouache, à l'aquarelle, au pastel, a la fresque, au lavis
etc....
Ces
techniques sont utilisées selon les genres quelles représentent.
Il s'agit de la peinture d'histoire de la scène anecdotique, de la
religion, de paysage, de portrait, de nature morte, de fantastique, etc.... au
moyen de sa poétique qui donne a l'oeuvre une dimension personnelle et
forge sa singularité.24(*)
En
premier lieu, les caractères généraux et particuliers de
chaque objet dépendent des conditions matérielles et techniques
de production : les matériaux disponibles et accessibles,
l'organisation des formes sur la surface, l'apparence des touches et les effets
produits, le rapport entre couleur et le graphisme. Etc. Car la peinture, avant
de représenter des objets, n'est qu'une surface plane recouverte de
couleurs en un certain ordre assemblées tel que l'écrit MAURIS
DENIS en 1840.25(*)
On
distingue trois éléments pouvant nous permettre de comprendre les
avantages et différences respectifs a chaque technique, nous
avons : le subjectile le support de la peinture, les pigments colores
matières colorantes et enfin le diluant ou medium. Un liquide dont
l'action vise à broyer, diluer et fixer les pigments sur les
subjectiles.26(*)
Le
subjectile ou le support de l'oeuvre picturale peut être : une
toile, la feuille métallique, en bois ou en papier, un mur etc. pour les
matières colorantes ou les peintures, on en distingue plusieurs types
selon leur utilité, nous pouvons citer : celles
préparées principalement pour protéger la surface de
certain objet, par exemple la peinture antirouille [contre la carrossons des
métaux], celle destinées a la décoration esthétique
comme dans l'art de peindre : gouache, l'aquarelle, l'acrylique, le
pastel, la peinture a huile.27(*)
Enfin,
pour les mediums ou diluants, il y en a trois sortes : l'eau [pour les
peintures a l'eau], les solvants [pour peinture à base d'huile et
certaines résines : essence, plomb, alcools, etc.] et les
huiles : d'origine végétale, des résines animales des
graisses, minérale des pétroles, etc.
Nous
pouvons parler brièvement de la peinture murale ou fresque, le
principe classique de la réalisation d'une fresque consiste à
appliquer des pigments coloré dilues dans l'eau sur une paroi enduite
d'un mortier frais composé de la chaux eteinte.au moment du
séchage, le mortier absorbe les couleurs, fixe ainsi la peinture sur le
mur. L'opération se réalise en plusieurs temps. On enduit d'abord
le mur d'un mélange composé de deux tiers de sable fin ou stuc et
d'un tiers de chaux.
Au
moyen d'un poncif, on reporte sur le mur, par la technique de pochoir, les
contours du dessin d'ensemble. On divise la surface à peindre en
plusieurs secteur appelés gi ornâtes (journées) 28(*)et correspondant chacune a la
capacité quotidienne de travail de l'atelier. Chaque matin, on applique
un dernier enduit, moins épais. On peut alors étendre au dessus
les couleurs tout en ayant préalablement connaissance des modifications
qu'elles subiront au contact de la chaux.
Les
pigments employés sont des terres (chaux séchées, terre
sienne, cadmium, etc.) et des pigments d'origine végétale
(chêne aux pins calcines etc.)
La
peinture tire ses origines dans la préhistoire, elle commence avec les
premières organisations sociales de l'homme. L'action de poser des
couleurs sur une surface stable, et d'intervenir dans la distribution de ces
couleurs, marqua la naissance du phénomène artistique. Les
sociétés préhistorique utilisaient des argiles de
différentes couleurs, des cendres dos, des pigments
végétaux associes à de l'eau et de la graisse. Parmi les
oeuvres marquantes de cette période, nous pouvons citer les fresques
représentant les scènes de chasse, ces dernières leurs
donnaient l'espoir de faire une chasse avec réussite.
Les
résultats finaux d'une peinture dépendent des instruments qui
sont employés pour appliquer la couleur sur la surface : depuis les
pinceaux, brosses, couteaux, vaporisateurs de toutes sortes et de toutes
dimension jusqu'aux instruments les plus inattendus, comme le corps humain ou
des machines a priori destinées.
Les
tableaux qui représentent ces genres de thèmes sont dits
significatifs. Mais pour atteindre ces derniers, il faut respecter les
règles d'esthétique.
Ces
règles se réfèrent à la forme, à la couleur,
à la surface, à la ligne du dessin et à la
composition.
L'ensemble de tous les éléments
d'esthétique, ainsi que la technique utilisée permettent a
l'artiste peintre de pouvoir s'exprimer.
1.1.3.3. Peinture contemporaine
Après une période perturbée
d'expressionnisme abstrait la peinture disparaît des livres d'histoire de
l'art. Même s'il y avait un petit groupe d'artistes qui ont choisi la
peinture comme médium préféré d'expression
après la guerre, on en sait peu. Une explication de cette tendance
pourrait être l'apparition des autres media plus à la mode, avec
une toute nouvelle allure, et peu à peu la peinture traditionnelle c'est
à dire à l'huile sur toile est devenue démodée et
peu attirante, probablement à cause de sa lenteur de production.
Daniel Richter, dans un entretien, a résumé:
«Les raisons pour lesquelles la peinture n'est
guère présente dans les expositions contemporaines et les
institutions sont probablement les suivantes:
C'est un véhicule lent, ça prend plus de temps
à être «absorbé» par les cerveaux des gens et des
institutions; il est difficile à présenter car il a besoin d'un
certain silence une entreprise compliquée.»29(*)
Mais à partir des années 80 que toute une
génération d'artistes émergeait, qui ont activement oeuvre
à la renaissance de ce véhicule ancien, Il s'agit de :
Marlène Dumas, Peter Doig, John Currin, entre autres.
La peinture, négligée et oubliée par les artistes, rendue
inutile et maladroite par une photographie extrêmement
développée, ridiculisée par les institutions d'art
imbibée par les média modernes et numériques, a finalement
revu sa propre renaissance avec une énergie et une vitalité sans
précédent.
De quoi parle cette nouvelle perspective de la peinture? Elle
parle d'un monde qu'on voit, qu'on voudrait voir, qu'on est obligé de
voir; certains l'utilisent comme un moyen d'ouvrir une fenêtre sur
l'inconnu ou l'inconscient, d'autres pour définir et souligner les
phénomènes contemporains, tels que la
célébrité, la sexualité moderne, l'idéologie
politique, etc. Plutôt que d'essayer de reconquérir ses propres
territoires, la peinture contemporaine intègre la photographie dans son
cadre en s'appuyant sur des sources photographiques; le peintre contemporain
est aussi photographe. Ironiquement, la photographie contemporaine a
oublié de peindre comme la peinture a renoncé à son
désir de documenter; les deux peuvent donc coexister sans
rivalité. Malgré les efforts des peintres figuratifs comme Lucian
Freud ou Balthus, par exemple l'abstraction semblait dominante pour longtemps,
produisant des tableaux peu traditionnels et toujours plus originaux qu'avant,
mais cette tendance à vouloir découvrir quelque chose d'original
s'est calmé radicalement; le figuratif est aussi fort que l'abstrait,
les peintres y voient un potentiel considérable.
Les interrogations sur la nature de la peinture sont
nombreuses, et donc aussi la question sur les supports sur lesquels la peinture
est appliquée. Beaucoup d'artistes dans le monde contemporain ont choisi
de modifier ou même d'abandonner la toile, considérée comme
un support traditionnel.
Les nouveaux supports, endroits et la recherche de nouvelles
expressions ont permis à la peinture contemporaine d'évoluer. Les
supports traditionnels ne suffisent plus pour exprimer certaines idées,
ou certaines esthétiques recherchées par des artistes. Il est
clair que l'évolution la plus marquée est celle des supports.
Finalement, la peinture de nos jours n'est pas morte, comme
beaucoup de gens peuvent le croire. Il est intéressant de remarquer,
à la suite ce petit parcours, les recoupements possibles entre les
différentes façons de peindre aujourd'hui.
En fin de compte, la peinture contemporaine tend à
aller dans une seule et même direction... Cela est à
vérifier dans les décennies à venir.
La peinture est une technique artistique très ancienne
qui a subi de multiples évolutions. Certes elle a connu des heures plus
glorieuses mais elle est encore bien présente dans le champ de l'art
contemporain et a encore de beaux jours devant elle.
1.1.3.4. L'oeuvre picturale
La
peinture est une réalisation artistique qui consiste a couvrir une
surface quelconque au moyen d'une matière colorante (couleur, etc.)
ou d'une matière autre que la couleur, pouvant y être fixée
par collage, clouage, vissage, tissage, agrafage et ce soit en fond unique et
plat, soit sur une composition expriment quelque chose par exemple un point,
une ligne, une forme, une figure ou une couleur.
Pour
le peintre, réaliser une oeuvre picturale, c'est un moyen pour lui de
libérer ces sensations intérieures rien que par l'incorporation
de la couleur dans les formes qu'il crée. Son rôle, face à
l'oeuvre consiste à sélectionner, à choisir certains
éléments enfin de modeler l'objet artistique à un autre
usage. On distingue deux groupes principaux de technique : les peintures
à base d'eau, dite « tempera »30(*)
Si les
arts plastiques comportent des significations diverses, toutes au moins
impliquent l'idée de « faire », de
« produire » quelque chose selon a en accord avec
certaines méthodes ou certains modèles. L'art de peindre peut
donc être défini comme manière de faire quelque chose selon
les règles définies dans ce domaine précis, en rapport
avec l'usage des matériaux (peintre, diluants, supports,...), des
matériels (pinceaux, brosses, couteaux,...), des moyens d'expression
(lignes, couleurs, formes, volumes, perspectives,...)
La
peinture est un moyen d'extérioriser l'intériorité a la
subjectivité de l'artiste peintre, l'oeuvre d'art picturale serait alors
le « thème » ou « le reflet de l'esprit de
l'artiste, lequel définit et anime une époque dans toutes ses
manifestations »31(*)
L'expression des travaux réalisés par l'artiste
peintre, avec un idéal de beauté ou d'esthétique,
l'expression de l'esprit humain ajouté à la matière et
à la technique, en vue de capter et de provoquer consciemment le plaisir
esthétique et artistique.32(*)
1.1.4. Ecologie
1.1.4.1. Introduction
Il est vrai que l'art du XXème siècle a pris une
tournure plus que particulière comparée aux siècles
précédents, et c'est pour cette raison que le statut de l'artiste
au sein de la société est de plus en plus instable et
contesté.
De nos jours, l'artiste travaille différemment : alors
qu'autrefois l'atelier était le principal lieu de création,
aujourd'hui les plasticiens ne restent plus isolés. Bien au contraire,
ils voyagent énormément, comme le souligne Nicolas Bourriaud :
« L'artiste se déplace, il va là où les images se
font, il s'insère dans la chaîne économique et essaie de
les intercepter »33(*).Mais il faut savoir que l'art contemporain se
détache complètement des structures traditionnelles. L'artiste
n'est plus simplement celui qui "sait faire", mais c'est un théoricien
qui suit toute une démarche et un raisonnement dans son évolution
artistique.
En effet, l'artiste crée avec ce qu'il possède
déjà, « l'art des années 90. Une sorte de squat
permanent de l'artiste de tous les autres champs »34(*). Bourriaud toujours, expose sa
théorie :
« Voilà ce que nous avons, qu'est-ce qu'ont peut
en faire ? Avec cet esprit là on peut effectivement changer les choses
d'une manière plus radicale (...), l'action politique la plus efficace
pour un artiste c'est de montrer ce que l'on peut faire avec ce qui nous est
donné »35(*).
L'artiste ne va donc plus s'évertuer à innover
quelque chose comme les avant-gardistes, mais plutôt utiliser le vieux et
le transformer. Ce qui caractérise l'artiste contemporain, ce sont ses
nouvelles démarches, les nouvelles matières qu'il utilise. Il ne
suffit plus de rester isolé dans un seul domaine mais d'aller
au-delà, c'est-à-dire travailler en groupe, apprendre d'autres
choses en partageant, en dialoguant, bref l'artiste pour mieux évoluer,
doit se tourner vers d'autres formes d'art comme le cinéma, la danse, la
photographie ou bien la littérature, qui sont des sources
inépuisables.
Les enjeux eux aussi sont différents : il s'agit de
réinventer le quotidien par la manipulation des signes et des images.
Les artistes travaillent sur des dispositifs, ils cherchent des
véhicules, des installations qui pourraient manifester leurs
idées.36(*)
Dans les années 90 par exemple, les artistes ont
énormément développé le "politiquement correct". Il
est apparu un questionnement du corps motivé par l'expérience du
sida, des manipulations génétiques et de la discrimination de
minorités sexuelles ou ethniques, des productions liées à
des situations sociales en crise notamment les problèmes
écologiques.
L'art est proche de son époque, l'art contemporain est
même le reflet de la société (environnement) puisque
l'artiste y puise son inspiration.
Pourquoi demeure-t-il alors autant d'incompréhensions
?
Il faut dire que les oeuvres contemporaines sont tellement
abstraites qu'un raisonnement et des explications sont nécessaires.
Le champ d'action du plasticien est immense, il n'a pas de
limites et utilise tout ce qui l'entoure : médias, objets divers,
nouvelles technologies, lieux naturels, industriels, etc. ce pourquoi dans ce
travail, les médiums écologiques dont les artiste se servent pour
leurs créations doivent trouver leur coté explicative pour il n'y
ait plus de lacunes dans l'exercice des créations artistiques.
L'écologie, entendue au sens large, désigne le
domaine de réflexion qui prend pour objet, l'étude des
interactions, et de leurs conséquences, entre individus (pris
isolément et/ou en groupe constitué) et milieu biotique et
abiotique qui les entoure et dont ils font eux-mêmes partie ; les
conséquences sont celles qui affectent le milieu, mais aussi, en retour,
les individus eux-mêmes.
Toujours en partant de la définition « large
» du terme écologie, celle-ci joue un rôle important en tant
que générateur d'interactions interdisciplinaires en reliant des
domaines tels que l'
économie, la
sociologie, la
psychologie, l'
urbanisme, l'
architecture, la
santé individuelle et la santé publique, l'
agriculture, le design,
l'
éducation, la
technologie, le
travail, le
bien-être, la
production industrielle et
l'organisation sociale. L'ensemble de ces réflexions interdisciplinaires
est souvent rassemblé sous le terme
écologie
politique37(*).
L'écologie est une discipline scientifique qui ne peut
se limiter à des préoccupations militantes culturelles ou
politiques. Elle peut bien sûr contribuer à jeter les bases d'une
politique d'environnement et résoudre certains problèmes
posés.
1.1.4.2.
Définition
Sens 1 science qui étudie l'être
humain et son environnement
Sens 2 Protection de la nature, meilleur
équilibre entre l'homme et son environnement.38(*)
L'
écologie en
tant que science est généralement considérée comme
récente, étant seulement devenue prééminente dans
la seconde moitié du
XXe siècle.
1.1.4.3. Définition étymologique
Etymologiquement, le terme
« écologie » vient du
grec oikos
(« maison », « habitat ») et logos
(« science », « connaissance ») :
c'est la science de la maison, de l'habitat. Historiquement, il fut
inventé en
1866 par le
biologiste allemand
Ernst Haeckel, bien
que l'essayiste et poète
américain
Henry David
Thoreau l'ait peut-être employé dès
1852. Il semble avoir
été utilisé pour la première fois en
français vers
187439(*). Dans son ouvrage Morphologie générale des
organismes, Haeckel désignait en ces termes :
« (...) la science des relations des organismes avec
le monde environnant, c'est-à-dire, dans un sens large, la science des
conditions d'
existence. »
Néanmoins, ce qu'on pourrait appeler la pensée
écologique est présent depuis une période relativement
longue, et les principes fondamentaux de l'écologie furent
développés progressivement, intimement liés au
développement d'autres disciplines biologiques. Ainsi, un des premiers
écologistes a pu être
Aristote ou peut-être
un de ses élèves,
Théophraste,
tous deux s'étant intéressés à de nombreuses
espèces animales. Théophraste décrivit les relations entre
animaux ainsi que les relations entre les animaux et leur environnement
dès le
IVe siècle
av. J.-C.
L'écologie apparaît donc comme la science de
l'habitat, étudiant les conditions d'existence des êtres
vivants et les interactions de toute nature qui existent entre ces êtres
vivants et leurs milieux. Il s'agit de comprendre les mécanismes qui
permettent aux différentes espèces d'organismes de survivre et de
coexister en se partageant ou en se disputant les ressources disponibles
(espace, temps, énergie, matière).
Par extension, l'écologie s'appuie sur des sciences
connexes telles la climatologie, l'hydrologie, l'océanographie, la
chimie, la géologie, la pédologie, la physiologie, la
génétique, l'éthologie, ... etc. Ce qui fait de
l'écologie, une science pluridisciplinaire !
Entre le sens strict et l'utilisation qui en est faite dans la
vie de tous les jours, on ne sait plus très bien ce qu'est l'
écologie.
Voici une définition simple et claire de l'écologie. L'
écologie
est une science récente de la
biologie
née dans les années 1800. Mais l'
écologie
désigne aussi une préoccupation très récente
liée à l'avenir et aux conditions de vie sur la
planète40(*).
1.1.4.4. Finalités de l'écologie
En octobre 2004, lors de la réunion annuelle de
l'Environmental Grantwriters Association, paraît un rapport
intitulé « The Death of Environmentalism : Global Warming
Politics in a Post-Environmental World » (« La mort de
l'environnementalisme : la politique du réchauffement
planétaire dans un monde post-environnemental »)41(*). Fondé sur des
interviews de dizaines de dirigeants d'organisations écologistes
américaines ainsi que sur l'équivalent de plusieurs années
d'enquêtes d'opinion publique, ce rapport affirme que l'écologie a
cessé d'être un mouvement social viable en Amérique :
Il est désormais perçu comme un groupe de
pression parmi d'autres, défendant ses intérêts
particuliers à Washington D.C. Selon le rapport, les écologistes
ne recourent plus qu'au langage de la science et ne proposent plus rien d'autre
que des solutions techniques. Le principal grief du rapport réside dans
ce que les auteurs appellent la « sclérose
littérale » des écologistes, c'est-à-dire leur
façon de poser « l'environnement » comme une
« chose » déterminée qui doit être
représentée, protégée et défendue en tant
que telle par des experts, plutôt que comme le lieu de médiation
d'un réseau de forces sociales, politiques, économiques et
naturelles qui concerneraient tous les citoyens. Les ambitions de
l'écologie, ses finalités, ses buts se voient ainsi
tronquées par l'absence de questionnement sur le sens et les limites de
son objet :
« Si vous voulez que les gens agissent contre le
réchauffement climatique, dit un professionnel de l'écologie
cité dans le rapport, vous devez les convaincre qu'il faut agir sur le
réchauffement climatique et pas sur un vague but
ultérieur. » C'est ainsi qu'en se focalisant sur les
émissions de dioxines de carbone comme unique
« cause » du réchauffement climatique, on occulte le
problème de la gestion fondamentalement à court terme et non
pérenne de l'énergie intimement liée au pouvoir des
entreprises et des gouvernements. En d'autres termes, si une question comme le
réchauffement climatique n'est pas inscrite dans un terrain de luttes
ouvertes et plurielles, elle ne mobilisera pas un public décidé
à demander des comptes au complexe énergético-industriel.
Reprenant Gramsci, les auteurs du rapport jugent qu'une
« vision stratégique » de ce type serait, tout
autant qu'une démonstration scientifique, une question de coeur et
d'esprit -- « les écologistes doivent s'inspirer du monde
créatif de la construction des mythes [...] afin de comprendre ce que
nous sommes et ce qu'il nous faut être. » L'écologie,
projet dont le souci est la pérennité, ne sera pas durable tant
qu'elle ne s'intéressera pas à l'imagination et à
l'identification, ainsi qu'à leurs moyens esthético-culturels. Un
tel intérêt impliquerait pour l'art la possibilité d'un
rôle significatif en relation avec les finalités de
l'écologie, par quoi j'entends un déplacement et une
réarticulation simultanés de
« l'environnement », terrain de lutte
hégémonique. Cependant, une question demeure : dans quelle
mesure l'art doit-il être réduit à un instrument de
construction de mythes permettant d'établir « ce que nous
sommes et ce qu'il nous faut être » ? L'art peut-il se
fixer de tels buts tout en se souciant des limites de ce
« nous » qu'il aiderait à
« comprendre » ?
Cette question conserve toute son importance au regard de
l'impératif esthético-culturel invoqué, de nos jours, par
certains. Citons Bill Mc Kibben, éco-critique de premier plan :
« Cette image célèbre de la terre vue de l'espace
qu'Apollo nous a transmise à la fin des années 60 ce n'est
déjà plus le monde dans lequel nous vivons ; il y a
maintenant la fonte des pôles, la montée des océans. Les
satellites et les instruments scientifiques nous permettent d'enregistrer ce
qui est en train de se passer, mais pouvons-nous l'enregistrer dans notre
imagination, le plus sensible de tous nos outils ?42(*) »
1.1.4.5. La Terre en danger
Comme le suggère McKibben, le mouvement
écologique est encore hanté, dans les buts qu'il se fixe, par
l'image de la terre photographiée depuis Apollo, et décrite par
l'astronaute William Anders comme « une boule de sapin de Noël
fragile, bleue-verte, que nous devrions manipuler avec beaucoup de
soin ». Cette image de la fragilité est tout naturellement
devenue l'icône du mouvement Earth Day, qui s'est donné pour
mandat la survie de la planète dans son existence biophysique nue, avant
et au-delà de toute frontière nationale. Image forte et totale de
la maison commune de l'humanité (oikos), elle vient s'ajouter à
la pléthore de diagrammes écologiques apparus à la
même période, qui décrivent le
« déséquilibre » menaçant ce que
l'équipe Limits to Growth appelle le « modèle
mondial » de la circulation en boucle des ressources et de la
population43(*). Elle a
suscité de nombreux échos enthousiastes dans le champ artistique,
notamment de la part de Gyorgy Kepes qui, dans un essai intitulé
« Art and Ecological Consciousness » (1972), formule
l'impératif suivant : « Une homéostasie
écologique à échelle mondiale est maintenant
nécessaire à notre survie.
L'imagination créative, la sensibilité
artistique font partie des outils de base, autorégulés et
collectifs, qui nous aideront tous à comprendre et rejeter ce qui est
toxique pour découvrir ce qui est important dans notre vie.44(*) »
Kepes cite de manière explicite l'image
évoquée par Anders de la « boule de sapin de Noël
fragile » et juge nécessaire une nouvelle
« conscience écologique », tentant ainsi une
synthèse entre connaissance scientifique et identification
esthétique, dans le but de redonner à un monde de plus en plus
malade et désorienté des structures organiques.
À quelques exceptions près, sur les vingt
dernières années, l'art soi-disant
« écologique » est demeuré à
l'intérieur du champ dépolitisé et organiciste
délimité par des personnalités telles Kepes, qui ont
surtout abordé les questions d'architecture paysagiste, de pollution des
systèmes écologiques non humains, et de
phénoménologie de la nature. Certains artistes ont accompli des
gestes symboliques spectaculaires à l'attention des médias, comme
Joseph Beuys avec ses 3 000 arbres plantés pour l'exposition Documenta 3
en 1983, ou encore Buster Simpson et son lâcher de pilules géantes
d'antiacide au-dessus de rivières polluées.
Dans cette veine, l'oeuvre conçue par Christo pour la
couverture du numéro spécial du magazine Time en 1989, sur
laquelle la « personnalité de l'année » est
remplacée par la « planète de
l'année », représente sans doute le point culminant en
matière de volontarisme écologique à grande
échelle. Au lieu d'un visage humain, la couverture montre un globe
biophysique surdimensionné enveloppé dans du plastique,
attaché tant bien que mal avec des cordes, et accompagné de la
légende « Endangered Earth ».
Cette figure anthropomorphisée d'un globe vivant,
quelque part entre suffocation et sauvetage, reprend presque mot à mot
le rapport Brundtland de la commission des Nations unies pour l'environnement
et le développement, best-seller en 1987 sous le titre Our Common
Future.
L'introduction de ce rapport, intitulée
« From One Earth to One World », commence ainsi:
« Au milieu du XXe siècle, nous avons pour la
première fois vu notre planète depuis l'espace... [Nous sommes]
en mesure d'envisager et d'étudier la planète comme un organisme
dont la santé dépend de celle des parties qui la composent, et
capables de réconcilier les activités humaines avec les lois
naturelles, tout en prospérant. Au cours de ce processus, nos
héritages culturels et spirituels viendront renforcer nos
intérêts économiques et nos impératifs de
survie45(*). »
Évoquant la perspective de l'astronaute-dieu et les
outils de diagnostic dont dispose l'écologie, les auteurs d'Our Common
Future sont les premiers à avoir formalisé le principe de
« développement durable », selon lequel on doit
« s'efforcer de satisfaire les besoins et les aspirations du
présent sans compromettre les chances de satisfaire à ceux des
générations futures. » Écartant toute
idée d'un développement irrégulier au cours de l'histoire,
ils avancent le postulat d'une dialectique essentielle de « l'homme
et de la biosphère » qui se déploierait au fil du
temps, voyant dans le monde un objet de ce que Wolfgang Sachs appelle
« la gestion écocratique », qui aurait pour mandat
indéfectible « la survie de la planète46(*) ».
En 1992, le Sommet de la Terre, dans la lignée du
rapport Brundtland, élève officiellement la notion de
« développement durable » au rang d'idéal
devant guider l'économie mondiale de l'après-guerre froide, et
s'efforce d'inclure dans l'élaboration d'accords internationaux les
organisations non gouvernementales (ONG) en tant que voix légitime de la
« société civile ». Si les ONG prennent en
effet une part visible et inédite au fonctionnement interne du sommet,
nombreuses sont celles qui en profitent pour aller au-delà du rôle
qu'elles étaient censées jouer. Une coalition d'organisations des
pays du Nord et du Sud, la première de son genre, organise un
contre-sommet indépendant, posant de la sorte les fondations de ce qui
serait plus tard connu sous le nom de Global Justice Movement. Ces
organisations dénoncent alors le fait que le Sommet de la Terre n'a pas
abordé la question du déséquilibre mondial du pouvoir
entre les pays du G7 et le monde post-colonial, qu'il considère la
pauvreté et la surpopulation (plutôt que les modèles de
production et de consommation des pays du Nord) comme les causes
premières de la dégradation de l'environnement, et estime que les
activités des entreprises et leur croissance sont le mécanisme
fondamental du bien-être mondial et doivent, pour cette raison,
être soutenues.
Ainsi, au lieu de se contenter d'un rôle de consultants
au sein d'un processus politique international, ces ONG revendiquent un espace
indépendant depuis lequel elles demanderaient des comptes aux acteurs
gouvernementaux et économiques, tout en mettant en question les
fondements des notions d'« environnement » et de
« durabilité » précisément
invoquées par ces derniers pour justifier leurs actions.
Ce déplacement de fonctions et de fondements est alors
mis en scène à travers une intervention organisée par
Greenpeace à l'attention des médias, au cours de laquelle des
militants lâchent au-dessus du Pain de sucre de Rio une immense
bannière représentant la célèbre icône du
globe évoquée par Our Common Future, à ceci près
que ce dernier est tourné de manière à donner plus de
place à l'hémisphère sud et arbore en anglais ainsi qu'en
portugais le mot « vendu ». Cette intervention,
prolongement des tactiques audacieuses utilisées par Greenpeace pour
« témoigner », rompt de cette manière avec la
standardisation iconique de la Terre, faisant de celle-ci un espace
d'antagonisme tout en la maintenant comme échelle indispensable à
l'imagination et à l'action.
De façon schématique, on peut voir dans
l'apparition de cette bannière le signe d'un nouvel horizon de
« l'art écologique » pour les dix années
à venir au lieu de remettre l'humanité en contact avec les lois
naturelles et les schémas organiques, l'impératif artistique
serait maintenant de s'attaquer de toutes les manières possibles aux
mouvements de déplacement et de réarticulation de
l'écologie dans la perspective de l'aspiration générale
aux droits démocratiques et à la justice sociale.47(*)
1.1.5. Les grands courants de la
peinture contemporaine
Au courant de l'histoire, il y a eu beaucoup de courants
picturaux: l'impressionnisme, l'expressionnisme, le cubisme, le fauvisme, le
surréalisme, le romantisme, le réalisme, le pop art et beaucoup
plus!
Mais les peintures qui sont faites aujourd'hui? Elles
appartiennent à quel courant? On parle ici d'art contemporain (de
peinture contemporaine). Il est difficile de définir
précisément ce qu'est l'art contemporain, car il y a de multiples
visions et définitions.
Certaines personnes vont dire qu'une peinture est
contemporaine lorsqu'elle a été conçue après 1945.
D'autres diront que la période contemporaine débute en 1960,
marquée par la fin de la période de l'art moderne. D'autres
diront qu'une oeuvre est dite contemporaine tant que son artiste est encore en
vie.
Bref, s'il n'est possible de dire exactement à quel
moment débute la période contemporaine, il est encore plus
difficile de définir des caractéristiques qui sont propres
à la peinture contemporaine. Après tout, les oeuvres
d'aujourd'hui sont toutes différentes les unes des autres, car chaque
artiste à désormais sa propre technique et aussi son propre
style.
Ce qui est de plus en plus présent aujourd'hui, c'est
le deuxième sens que les peintures apportent. On remarque que plusieurs
peintures tentent de passer un message, il ne s'agit plus de peindre pour
peindre. Parce que tous les artistes ont des visions différentes du
monde et qu'ils ne veulent pas parler des mêmes sujets, on retrouve donc
beaucoup de styles différents et c'est ce qui complexifie la
définition de ce courant.
1.1.5.1 Le concept contemporain et art contemporain
1.1.5.2. La difficulté d'une définition
L'art contemporain suscite des polémiques et fait
l'objet de débats entre les professionnels de l'art, les intellectuels,
les sociologues ou encore les « simples » spectateurs.
Que ce soit à travers le discours commun, la presse, la
recherche scientifique, l'art d'aujourd'hui est discuté et ne fait pas
l'unanimité. Ce débat n'est ni nouveau, ni récent, chaque
époque est l'occasion de discussions autour de la création
contemporaine, les recherches historiques ou sociologiques permettent par la
suite de mesurer l'ampleur des débats et de repérer des moments
plus critiques que d'autres.
À travers ce débat sur la valeur et la
légitimité de l'art, trois représentations de l'art
contemporain émergent : l'art contemporain qui s'inscrit dans le
prolongement (temporel, esthétique) de l'art moderne, l'art contemporain
entendu comme l'ensemble de la création actuelle, l'art contemporain
comme courant artistique labellisé. Chacune de ces
représentations renvoie à des artistes, des oeuvres, une
esthétique, un système de l'art qui définissent un
modèle esthétique à travers lequel le reste de la
création est appréhendé. L'adhésion à une
représentation implique une réception et une appréhension
différentes des oeuvres. Ces représentations ne sont pas
pérennes et évoluent, se transforment au fur et mesure des
mutations de l'art :
L'évolution des formes artistiques (installations,
performances, etc.), le recours à des matériaux divers et
hétéroclites (le corps humain, les objets de la vie quotidienne,
etc.), l'introduction de nouvelles technologies (informatique, vidéo,
etc.), l'exploration de nouveaux espaces de création (land art, art
urbain, etc.) viennent perturber les représentations de l'art et
impliquent que les critiques et experts ajustent leur point de vue et
réévaluent leur jugement. « Du point de vue de la
réception, ces mutations entraînent un changement de régime
esthétique48(*)
», changement auquel certains adhèrent spontanément, tandis
que d'autres y résistent. « L'art n'est pas enchaîné
à la rationalité des choses ou des événements, il
peut enfreindre toutes les lois de probabilité que les
esthéticiens classiques considéraient comme des lois
constitutionnelles de l'art. Il peut nous livrer la vision la plus bizarre et
la plus grotesque et pourtant conserver sa propre rationalité49(*)
La notion de « contemporain » est d'abord
une notion historique. De ce point de vue, l'art contemporain commencerait
à partir de 1945, avec la fin de la
Seconde Guerre
mondiale et, par commodité, la plupart des ouvrages, lorsqu'ils
évoquent ce sujet, traitent de la période qui débute en
1945 et va jusqu'à nos
jours, avec le déplacement de différents lieux artistiques
médiatisés, essentiellement occidentaux jusqu'à ces
dernières années, de
Paris ou
Londres vers
New York. Avec la chute du
mur de Berlin, en
1989, et la montée en puissance de la Chine dans le même temps, le
monde de l'art contemporain s'est... mondialisé, l'Afrique et
l'Amérique latine n'échappant pas à ce mouvement. 1945 est
aussi la date repère utilisée par les
sociétés
de ventes volontaires comme
Sotheby's, pour la
peinture et la sculpture, même si
Christie's
considère que la peinture contemporaine commence après 1960
(Christie's utilise une catégorie intermédiaire « Art
des années 50 » pour la période 1945-1960).
1.1.5.3. Le concept contemporain
L'emploi de l'expression « art
contemporain » est assez récent chez nous. Certaines
personnalités locales du monde de l'art ont pu suivre en temps
réel la création de cette terminologie, mais pour la
majorité des personnes qui s'intéressent plus ou moins à
l'art, l'expression reste assez nouvelle et pleine de mystère. Son
côté mystérieux rend son emploi encore plus excitant.
Prononcer la formule magique « art contemporain » vous donne un air
distinguée, une image de celui qui sait plus que les autres. Il s'agit
d'une expression actuellement à la mode, que beaucoup de personnes
emploient mais très rares peuvent s'attaquer à la
définir.50(*)
La notion de
« contemporain » signifie également
simultanéité entre deux choses. Donc est contemporain ce qui est
dans le même temps que le sujet. L'art contemporain serait donc l'art qui
se fait aujourd'hui. Mais, appliquée à l'art, cette notion, sans
perdre son caractère historique, revêt de surcroit un
caractère esthétique. Ce caractère devient
polémique, puisque les acteurs n'ont pas le recul nécessaire pour
effectivement apprécier les oeuvres. La désignation
« art contemporain » ne doit donc pas uniquement être
prise au sens chronologique, car toutes les productions contemporaines
n'appartiennent pas à l'art contemporain, ni ne se revendiquent de l'art
contemporain.
De nouveaux critères permettent de définir ce
qu'est l'art contemporain. Un des premiers est la transgression
vis-à-vis du passé ; ainsi l'art contemporain voudrait
affirmer son indépendance non seulement par rapport aux arts dits
« classiques », aux « beaux-arts » et
à ses catégories (peinture, sculpture, etc.), mais aussi face
à l'
art moderne. L'art
contemporain possède donc en lui-même de nécessaires
partis-pris. Il s'inscrit à la suite de l'art moderne et voudrait
mettre, en quelque sorte, fin à celui-ci.
Régulièrement, l'expression « art
contemporain » n'est utilisée que pour des artistes encore
vivants et actifs ou pouvant encore l'être, ce qui placerait le
début de l'art contemporain dans les
années 1960,
avec le
pop art, le
nouveau
réalisme,
Fluxus, les
happenings ou l'
art vidéo.
C'est avec ces mouvements artistiques que prendraient fin l'art moderne et la
théorie de
Clément
Greenberg qui le définissait comme la recherche de la
spécificité du médium. À partir de 1972, certains
voient une nouvelle césure et parlent (à tort ?)
d'« art actuel » ou d'« art vivant »
marquant une scission avec le pluralisme des mouvements.
Dans cette recherche permanente d'une définition du
contemporain, la
critique d'art et
les institutions jouent un rôle de premier plan. Ainsi sont
généralement exclues de l'art contemporain
« labellisé » les formes d'art dont la
démarche ou les problématiques ne reflètent plus les
tendances promues par la critique
«
contemporaine ».
1.1.5.4. L'art contemporain
Est une expression faite de la juxtaposition de deux mots :
« Art » (ensemble des oeuvres
produites et réalisées dans les différentes disciplines
artistiques) et « contemporain » (qui est du
même temps que, qui vit à la même époque)51(*).
L'art contemporain est alors l'art qui se fait aujourd'hui, en
d'autres termes il désigne de façon générale et
globale, l'ensemble des oeuvres produites depuis 1945 à nos jours, et ce
quelle qu'en soit le
style et la pratique
esthétique.
Cette liste évoque non pas une temporalité mais
plusieurs. La première distinction que nous pouvons faire renvoie
à la perception du temps, qui est perçu de manière
objective et extrinsèque en fonction de la réalité
extérieure à l'individu
- la société, l'époque, le présent
; ou de manière subjective et intrinsèque en fonction de
l'individu lui-même, de son histoire biographique personnelle mon
époque, contemporain à ma vie. Selon le point de vue qu'il
choisit de privilégier, l'objet même de l'art contemporain en est
modifié. L'art contemporain est alors : « Ce que l'on crée
de nos jours, l'art contemporain n'est pas un style défini, il est
l'expression d'aujourd'hui » ; « Un art en train de se faire,
observateur de la réalité actuelle, et en phase avec cette
réalité, aussi bien dans les thèmes que dans les
structures de production. Un art à la fois présent et
prospectif»
Cette expression est aussi utilisée en France, avec un
sens plus restreint, pour désigner les pratiques esthétiques et
réalisations d'artistes revendiquant « une avancée dans
la progression des avant-gardes52(*) ». On parle aussi d'art contemporain pour
désigner, par convention, l'art des
années 1960
et d'après. Le
Pop Art marquerait, de ce
fait, une rupture par rapport à l'
art moderne53(*).
« La contemporanéité est donc une
singulière relation avec son propre temps auquel on adhère tout
en prenant ses distances; elle est très précisément la
relation au temps qui adhère à lui par le déphasage et par
l'anachronisme. Ceux qui coïncident trop pleinement avec l'époque,
qui conviennent parfaitement avec elle sur tous les points, ne sont pas des
contemporains, parce que pour cette raison même ils n'arrivent pas
à la voir. Ils ne peuvent pas fixer le regard qu'ils portent sur
elle.54(*)
Depuis la Renaissance, les artistes ne cessent d'innover dans
la manière de faire image, de penser la pratique artistique, de revoir
leur rôle de créateur, de solliciter le spectateur. Cette
tradition se poursuit avec rigueur, intelligence et sensibilité dans
l'art contemporain dont les fondements sont issus des expérimentations
de l'art moderne qui le précède. C'est la capacité du
spectateur à imaginer qui est sollicitée, une invitation à
la communion davantage qu'à la communication. On ne peut passer sous
silence le fait que le public se sent largué, voir non connaissant
devant une oeuvre d'art contemporain.
1.1.5.5. Origines de l'art contemporain
L'art contemporain a pour fondement les
expérimentations de l'
art moderne
(début XXe siècle), et notamment le désir de sortir
l'art des lieux traditionnels et institutionnels. En ce sens, l'art perd peu
à peu de sa fonctionnalité représentative. La
création contemporaine demeure un miroir pour une réalité
baignée des conflits et des prises de pouvoir qu'occasionnent ces
attaques contre la rationalité. L'art reflète les crises de la
société et demeure le lieu d'expression des valeurs. Les rapports
de l'art à l'histoire ne s'évaluent ni qualitativement ni
quantitativement, mais ils débouchent sur une conception plus
institutionnelle de l'art :
Collectionneurs, sièges sociaux, galeries,
musées, etc. pour s'ouvrir à un plus large public. Cependant, les
acteurs de l'art moderne dans leur volonté d'exprimer leur opinion
artistique hors des cadres institutionnels pour s'adresser au public, restent
liés aux institutions ; leur démarche était de
s'opposer à une idéologie (
Heartfield envers le
Nazisme) ou au contraire de participer à la propagation d'une
pensée politique. Malgré la fin des idéologies
imposées dans l'art moderne, les artistes actuels reprennent cet
héritage à leur compte en exprimant leur engagement profond par
rapport aux institutions. Notamment, lorsque leur sensibilité y est
perturbée.
Aujourd'hui, l'art contemporain subit le déclin des
idéologies du moderne (dans les années 1960, puis à partir
de 1990 avec la chute du communisme). Il se fonde sur de nouveaux
comportements : renouveau stylistique, brassages artistiques, origines
diverses, arts technologiques (accès à la puissance
mathématique des ordinateurs et ergonomie des logiciels), mode
d'approche de la réalité. Les technologies ont toujours
apporté des outils à l'art. Aujourd'hui, l'artiste s'en sert
comme d'un instrument de médiatisation, et en invente de nouveaux. Il se
base sur la culture historique, répertoriée; lit, visite,
comprend, cherche, se spécialise, focalise son sujet et dépasse
ce qui a été fait. Il prend position parfois, se veut
démonstratif ou choquant, en tout cas il cherche la
médiatisation.
1.1.5.6. L'art contemporain à l'ère de la
globalisation
À partir des
années 1980,
les arts à forte composante « technologique » font
leur apparition, avec l'
art vidéo,
l'esthétique de la communication, l'
art informatique
puis, par la suite, l'
art
numérique, le
bio-art, etc. La liste est
non exhaustive et suit de très près les avancées de la
recherche industrielle55(*).
Dans les
années 1990,
l'art contemporain occidental a accordé son
« label » à de nombreux artistes issus des pays dits
« en voie de développement », à peu
près absents autrefois. Les paradigmes de la globalisation et la perte
des repères spatiotemporels classiques ont valorisé les modes
d'approche personnels, ou les composantes biographiques, sociologiques, voire
religieuses, sont valorisées au sein des démarches de travail.
La communication liée à l'
internet joue un rôle
de plus en plus important dans la réception et la médiation de
l'art contemporain, en amont des expositions elles-mêmes, qui
intègrent de plus en plus les structures de médiation
étatiques. Les changements survenus au sein des pays les plus
développés (notamment la part grandissante du
tertiaire) ont
suscité un besoin de plus en plus généralisé d'art,
ce qui ne rend pas la tâche des artistes, crise oblige, plus facile pour
autant.
L'art contemporain, s'il reste souvent obscur ou provocant aux
yeux du grand public, est aujourd'hui bien plus accepté et
répandu qu'auparavant ; un déferlement de travaux de
qualités inégales le rend déroutant et requiert le plus
souvent un investissement personnel de la part du public. (Voir
Les théories modernes de
l'art)
Cotées sur l'internet, les oeuvres d'art contemporain
sont aussi une manne financière potentielle, qui n'exclut pas les
effets de mode au
détriment des travaux réellement originaux.
1.1.5.7. Entre supports et médiation
En plus des supports classiques (
peinture
à l'huile, pastel, sanguine, bronze, marbre, etc.), l'art
contemporain est particulièrement friand de nouveaux supports, voire de
non-supports. Notamment, la vocation éphémère ou
« en cours » de nombre d'oeuvres questionne la notion
même de support, qui devient souvent un simple vecteur de
médiation plutôt que quelque chose de stable ou de concret. Cela
rejoint la mutation des supports d'information entamée dans les
années 1980,
qui se dématérialisent progressivement au profit d'une logique de
« relation »56(*) :
a. Supports « tangibles »
o Déchets : Un petit déjeuner de
Daniel Spoerri,
matériaux divers (
béton, terre,
sable, etc.)
o
Excréments :
Merde d'artiste de
Piero Manzoni,
urine,
sang
o Polystyrène, polyuréthanne, silicone,
plastique, etc. : expansions de
César
o Objets divers plus ou moins transformés ou
dégradés : accumulations d'
Arman ou de
Gérard
Deschamps (Les Chiffons de La Châtre : corsets et dentelles
usagées)
b. Supports « intangibles »
o Environnement (notamment pour le
Land art, lumière
James Turrell)
o Situations hic et nunc (
Collectif
d'art sociologique)
o Projets en cours (Works in progress de
Roman Opalka)
o Expérience de presse (Space Media
Fred Forest)
c. Supports
« technologiques »
o Logiciels
informatiques
o Net.art
o Systèmes mécaniques (
Stelarc)
o Gènes vivants (
bio-art)
Rajoutons que certains supports, comme la photographie, qui
devient « plasticienne » le cinéma qui devient
« expérimental » (série des Cremaster de
Matthew Barney) ont
acquis le statut d'art à part entière (au même titre que la
peinture, la sculpture ou la musique), et constituent aujourd'hui des
catégories autonomes.57(*)
La notion d'
art
multimédia, largement remise en cause aujourd'hui, interroge le
statut d'oeuvres issues d'installations, de performances souvent
mêlées, tels qu'elles sont apparues dans les
années
1950.
CHAPITRE II LES MEDIUMS USUELS DANS LA PEINTURE
CONTEMPORAINES
La notion de médium est, en effet, beaucoup plus
complexe qu'il n'y paraît d'abord. La théorisation du
médium comme élément crucial du modernisme artistique fait
jouer deux sens apparemment opposés du mot. Dans le mot
« médium », on entend d'abord « ce qui se
tient entre »58(*) :
Entre une idée et sa réalisation, entre une
chose et sa reproduction. Le médium apparaît ainsi comme une
intermédiaire, comme le moyen d'une fin ou l'agent d'une
opération. Or la théorisation moderniste qui fait de la
« fidélité au médium » le principe de
l'art renverse la perspective. Ce médium à la
spécificité duquel il faut être fidèle n'est plus
simplement l'instrument de l'art. Il devient la matérialité
propre qui définit son essence. C'est bien le cas dans la
définition greenbergienne de la peinture fidèle à son
médium propre59(*).
La surface bidimensionnelle et le pigment coloré, et
délivrée par là des tâches serviles de la
représentation. Le médium n'est plus alors le moyen d'une fin. Il
est proprement ce qui prescrit cette fin. Mais la thèse qui identifie
l'essence d'un art à la loi de son médium se laisse lire en deux
sens opposés. D'un côté, elle dit : l'art est de l'art
quand il est délivré des tâches de la mimesis, quand il
devient seulement l'exécution dans son matériau propre de sa
propre idée.
C'est cet énoncé qu'on retient d'ordinaire. Mais
la thèse se lit aussi à l'envers : l'art est de l'art quand
la contrainte du matériau et de l'instrument le délivre de
lui-même, le délivre de la volonté de faire de l'art. La
séparation de l'art avec la mimésis est alors aussi une
séparation de la techné avec elle-même :
Séparation entre la techné comme
exécution d'une idée, mise en oeuvre d'un savoir, et la
techné comme loi de la matière et de l'instrument, loi de ce qui
n'est pas de l'art.
La thèse du médium dit ainsi deux choses
à la fois : premièrement, l'art est de l'art quand il n'est
que de l'art ; deuxièmement, l'art est de l'art quand il n'est pas
que de l'art. On peut synthétiser les deux propositions contradictoires
de la façon suivante60(*) :
L'art est de l'art pour autant qu'il est possible que ce qui
est de l'art, en même temps, ne soit pas de l'art. Il est de l'art quand
ses productions appartiennent à un milieu sensible où se brouille
la distinction entre ce qui est de l'art et ce qui n'en est pas. En bref, le
« moyen » est toujours moyen d'autre chose que de sa fin
propre.61(*) Il est aussi
le moyen de participer à la configuration d'un milieu spécifique.
La tension entre le médium comme moyen neutre et le médium comme
substance propre, entre le médium comme instrument de réalisation
d'une idée de l'art et le médium comme ce qui résiste
à l'idée et à l'art se résout dans un
troisième terme, une troisième idée, le médium
comme milieu :
Le milieu dans lequel les performances d'un dispositif
artistique déterminé viennent s'inscrire, mais aussi le milieu
que ces performances contribuent elles-mêmes à configurer.
Suspendre l'art à la loi du médium, c'est en fait postuler le
recouvrement de ces deux milieux. C'est postuler une loi d'adéquation
des performances artistiques « fidèles à leur
médium » avec un nouveau milieu d'expérience, un
nouveau monde technique qui est à la fois un nouveau monde sensible et
un nouveau monde social.62(*)
2.1. Les différents
médiums en peinture
Par "médium", on entend ici le matériel de
peinture ou dessin qui sert de véhicule à la couleur. À ne
pas confondre avec le
médium
à peindre, qui désigne le mélange singulier de liant
(huile siccative, liant acrylique), de diluant (essence de
térébenthine, white spirit) et d'une résine (pin, dammar,
acrylique) permettant au peintre d'améliorer la consistance de sa
peinture. 63(*)
Mediums (intermédiaire entre un outil et un support
pour marquer une trace): Agir sur la nature64(*) :
Gras : (brou de noix, pastels à
l'huile...)
Maigre (aquarelle, barbotine, gouache,
acrylique, encres, pastels secs...),
Solide (en crayon ou bâtonnet : craie,
pastel, fusain, sanguine...)
Liquide ou pâteux (lavis, peinture...),
Poudre (pigments),
Colles diverses (blanches, à bois,
à papier peint...), cires, enduits...
La texture : sèche/grasse,
friable/solide, lisse/granuleuse (ajout de sable...), fine/épaisse,
homogène/variée65(*)...
Les qualités : opaque
(couvrant)/translucide, souple/résistant, adhérant/glissant...
La couleur : une seule/« toute » la
gamme/deux complémentaires, un camaïeu, un
dégradé...
La luminosité : pâle/intense,
mate/terne/brillante (vernir)...
Couleur
· Aquarelle,
Craie ,
Crayon de couleur
et
Crayon
aquarelle,
Encaustique,
Encre,
Gouache,
Pastel secs et
Crayon pastel, Pastels gras
(à l'huile ou à la cire)
Peinture
acrylique,
Peinture
à l'huile,
Huile
solide,
Pigments,
Sanguine,
Feutre,
Tempera.66(*)
Noir et blanc
Crayon graphite (crayon
à papier),
Encre de Chine,
Fusain,
Mine de plomb, Pierre
noire
Pointe
d'argent
2.1.1. L'aquarelle
Chaque couleur de l'aquarelle se compose d'un pigment
végétal ou minéral finement broyé et
agglutiné dans une solution de gomme arabique. Au moment de
l'utilisation, l'artiste délaie ses pains de couleur dans un peu d'eau.
Une des qualités essentielles de l'aquarelle est la translucidité
des couleurs qui est rendue à la fois par la minceur de la couche
appliquée, la quantité de solution aqueuse et le support blanc
qui réfléchit la lumière. 67(*)
À l'origine, le nombre de couleurs est limité :
Béguin parle d'une quinzaine au maximum. D'autre part, Watrous est
d'avis que certains lavis sont faits à partir, non pas d'encre
diluée, mais plutôt d'une couleur d'aquarelle.
À l'inverse, l'encre bistre est sans contredit
utilisée comme couleur brune en aquarelle.68(*)
Bien que l'on parle souvent de « peinture à
l'aquarelle », cette technique relève d'abord du dessin, car
elle a comme support le papier dont elle utilise les qualités pour
parvenir aux résultats souhaités. « Elle tire de la
blancheur, de l'apprêt, du grain, du degré d'humidité [du
papier], ses caractéristiques, son éclat, sa
fraîcheur ».
Le papier, en effet, doit être maintenu humide afin
d'éviter les cernes et les bavochures du pinceau. De plus, un dessin
préliminaire à la plume ou à la pointe permet de contrer
l'étalement de la teinte qui est arrêtée par le trait
contour. Il est aussi important que chaque surface de couleur soit
appliquée d'un seul jet, surtout sur un papier non encollé
où l'aquarelle est rapidement absorbée par les fibres du support.
En outre, contrairement au papier encollé, le papier non encollé
ne permet pas de correction ou de lavis.
Les caractéristiques du pinceau utilisé, comme
il a été mentionné au début de ce chapitre,
permettent également de varier les effets :
Un pinceau très humide couvre toute la surface
dessinée, tandis qu'un pinceau mi- sec laisse les creux du papier
intacts; un pinceau à bout plat permet de larges applications, alors
qu'un pinceau effilé donne des traits plus fins pour bien rendre les
détails.
Bien que la plupart des exemples de dessins à
l'aquarelle que l'on connaisse soient d'origine nordique, De Tolnay propose d'y
voir une influence toute italienne, les « couleurs à
l'eau » remplaçant le bistre des dessins vénitiens
composés de grandes masses d'ombre et de lumière.
Dans un premier temps, tout comme le lavis, l'aquarelle sert
donc à marquer les ombres et à modeler les formes, comme en
témoignent les vêtements aux coloris délicats de
l'École florentine des personnages de la Chronique Cockerell,
exécutés vers 1440. À la même époque, la
Sainte Catherine d'un maître viennois montre une apposition beaucoup
moins léchée du rouge et du jaune du vêtement, ainsi que
des couleurs très diluées pour indiquer le sol. Enfin, au
tournant du siècle, Dürer utilise la même technique pour le
costume vert d'une jeune femme, mais avec davantage de finesse et de
délicatesse, les jeux d'ombre et de lumière étant plus
riches et variés (Bâle, Oeffentliche Kunst Sammlung)69(*).
Très tôt, l'aquarelle s'éloigne du
procédé de coloriage parfois utilisé en dessin, et souvent
dans l'estampe, pour devenir un genre original et indépendant. Lucas
Cranach l'Ancien, par exemple, produit une série de portraits où
il se sert de l'aquarelle pour rendre avec réalisme la texture de la
fourrure et l'ombre des chairs et, d'un trait plus sommaire, marquer les
grandes lignes des vêtements.70(*)Les détails des visages sont travaillés
avec une plume ou une fine pointe de pinceau. Le développement de la
technique se poursuit au début du 17e siècle, alors
que le peintre hollandais Hendricks Avercamp dessine de très belles
aquarelles finies, probablement destinées à la vente.
Dans Personnages jouant au « Kolf » sur la
glace de la rivière Ijssel (New York, Wonder Collection), l'artiste
s'inspire des paysages panoramiques de Breughel l'Ancien auxquels il ajoute des
détails anecdotiques, en l'occurrence la partie de Kolf, une version
hollandaise du golf joué sur la glace, et crée ainsi une nouvelle
peinture hollandaise.
Les premières tentatives de paysages à la plume
ou au pinceau donnent rapidement lieu à l'exploration d'autres solutions
pour suggérer la couleur, tels l'utilisation de teintes
différentes pour les avant-plans et les
arrière-plans ,l'emploi du lavis, des pierres ou des craies
favorisant de riches dégradés de tonalités et un rendu de
la perspective aérienne avec une diminution plus ou moins
précipitée de la taille des éléments de la
composition .
En peinture, l`emploi de la couleur à l'huile
résout ces problèmes avec plus d'aise dès le
15e siècle. Ainsi l'aquarelle, qui possède certains
avantages de la peinture à l'huile, permet au dessinateur de
s'intéresser de près à l'étude de la nature en lui
proposant des solutions de nature picturale, tout en conservant toujours son
caractère graphique.
En dessin, il faut attendre une meilleure maîtrise de la
technique du lavis pour que les propriétés de la couleur soient
suggérées plus efficacement et que l'aquarelle devienne la
technique par excellence du paysage et de la nature morte. Car, comme Meder le
fait remarquer dans son chapitre sur le paysage71(*), la couleur est détentrice de toutes les
beautés et de tous les charmes de la nature. L'aquarelle est
effectivement le procédé graphique qui s'apparente le plus
à la peinture dont elle possède certains atouts
évidents.
Anzelewsky allègue que la plus ancienne aquarelle
comportant un paysage est une vue du château impérial de Bamberg
par Wolfgang Katzheimer l'Ancien, datant d'avant 1487. Dürer qui,
déjà autour de 1500, parvient presque parfaitement à
maîtriser la technique, est sans contredit la figure de proue du paysage
pur à l'aquarelle. À ce sujet, Amman écrit72(*) : « [...] les
origines réelles de l'aquarelle dans notre monde occidental se
confondent avec les grandes dates de la vie du plus célèbre
peintre allemand [...] ».
Lors de son voyage à Venise en 1494-1495, le
maître allemand exécute, au pinceau, à l'aquarelle et
à la gouache, plusieurs paysages, dont le magnifique Paysage alpestre,
rapidement enlevé sur la route de l'aller (1494) ou du retour (1495);
les grands lavis lumineux des montagnes et le dessin un peu plus fouillé
de la ville dans la vallée traduisent davantage une impression, une
émotion qu'un souci d'exactitude topographique.
De l'Italie, l'artiste ne rapporte pas la technique, mais de
nouvelles conceptions au sujet du contraste des masses de terrain et du rendu
de la lumière dans l'atmosphère, ainsi que de la perspective et
de conception du dessin. Dans la Vue du Val d'Arco (Paris, Louvre), Dürer
ne reproduit plus fidèlement la nature, mais propose une synthèse
des meilleurs points de vue de la région, créant ainsi
« une impression de puissance tempérée et
équilibrée qui domine une composition aux fraîches et
lumineuses couleurs ».
L'examen des aquarelles du peintre allemand prouve qu'il
connaît bien le principe fondamental de l'exécution rapide, sans
hésitation devant le motif, en une seule séance, pour en ordonner
la succession des formes et les modalités de la
couleur-lumière.
Un autre emploi de l'aquarelle polychrome est le dessin
d'éléments botaniques, décoratifs ou zoologiques
destiné à des ouvrages de sciences naturelles et d'ornements
à l'usage d'autres artisans qui les reproduisent dans les bordures de
tapisserie, stucs, draps de luxe, orfèvrerie, etc. Des artistes comme
Jacques Lemoyne, à la fois miniaturistes, graveurs et dessinateurs,
exploitent surtout les qualités du vélin comme support pour
rendre avec une grande minutie et beaucoup de finesse les moindres
détails de leurs oeuvres. Monnier écrit que
« l'idée commune [de ces dessins] est de traduire quelque
chose d'aussi léger, fin et transparent que les ailes d'un insecte,
d'une mouche, d'un papillon »73(*).
Toutefois, un des inconvénients majeurs de cette
technique est la difficulté de conservation; son plus grand ennemi est
la lumière à laquelle elle est extrêmement sensible. Ainsi,
un court moment d'exposition sous une luminosité trop intense peut
rapidement provoquer un affaiblissement irréparable des couleurs.
2.1.2. La gouache
De l'italien guazzo, qui signifie
« détrempe », le mot gouache vient indirectement de
aquatio, « action d'arroser », autre dérivé
de aqua. Guazzo est déjà employé au
13e siècle dans le sens d'« eau
stagnante », mais c'est uniquement à partir du 16e
siècle qu'il désigne la technique artistique qu'on connaît
aujourd'hui. Le terme « gouache » entre dans le vocabulaire
français au 18e siècle, désignant une technique
similaire à l'aquarelle.
De nos jours, on définit la gouache comme
« une préparation où les matières colorantes
sont délayées dans de l'eau additionnée de colle et de
blanc [...] ».
La gouache se prépare de la même façon que
l'aquarelle, à partir de pigments broyés puis
délayés dans une solution de gomme arabique, dissoute dans de
l'eau chaude. Ce qui la distingue est surtout l'addition de blanc, qui rend les
couleurs opaques, ainsi que l'ajout d'un épaississant, de manière
générale du miel ou de la colle de poisson, qui lie fermement la
pâte de la gouache et la rend onctueuse. Plus consistante, elle
sèche donc un peu moins rapidement que l'aquarelle.
Si elle durcit trop vite, la gouache peut être
délayée avec un peu d'eau, en faisant toutefois bien attention de
conserver son caractère opaque. Elle s'applique aisément avec le
pinceau ou la plume sur un support solide, ni gras ni glacé,
coloré ou non, tel que le papier ordinaire, le carton, le tissu, le
bois, le marbre, le vélin, l'ivoire et le métal74(*).
Mis à part les miniatures du Moyen Âge, la
première fonction de la gouache au 14e siècle, un
liquide blanc et opaque à base de céruse, est de rehausser de
lumière les dessins à la pointe d'argent ou à la plume, et
ultérieurement à la pierre.
Si elle est généralement utilisée avec
modération par les artistes florentins quattrocentesques, qui lui
conservent aussi un caractère plus linéaire, les
maniéristes vénitiens l'appliquent plus
généreusement, en juxtaposition au procédé
principal, conférant ainsi un caractère plus pictural à
leurs dessins. Contrairement à Carpaccio qui, au 15e
siècle, utilise des traits de blanc liquide juxtaposés à
l'encre comme à la pierre noire, le Tintoret pose la céruse par
aplats, probablement avec le pinceau, ce qui crée un puissant contraste
avec l'encre noire. Le même liquide est appliqué, parfois avec la
plume, parfois avec le pinceau, dans le dessin en clair-obscur. Il existe aussi
une « gouache » de couleur or que l'on peut voir dans la
Déposition de Palma Giovane, où les rehauts dorés,
appliqués sur un fond gris-vert, assouplissent le caractère
dramatique de la scène et en accentuent le caractère mystique.
Au cours de la Renaissance, la gouache polychrome accompagne
la plupart du temps le lavis ou l'aquarelle. Elle peut d'abord être
utilisée pour renforcer l'effet dramatique d'une scène. Par
exemple, dans La Crucifixion de Fra Angelico (Vienne, Albertina), le sang
giclant de la poitrine et s'écoulant des pieds, est d'une couleur rouge
opaque de composition analogue à la gouache. Elle peut également
être employée pour rehausser des compositions de type
décoratif, en particulier des projets architecturaux. Holbein le Jeune,
par exemple, colore le fond d'une façade de maison en bleu, faisant
ainsi ressortir les éléments d'avant-plan et les motifs
sculptés et rappelant l'esthétique des façades peintes
selon la technique italienne du graffito75(*).
Enfin, la technique accompagne souvent l'aquarelle dans des
dessins naturalistes d'animaux ou de fleurs. Dans Deux oiseaux pendus à
un clou de Cranach l'Ancien, comme dans l'Aile gauche d'un oiseau de Dürer
ou dans l'Écureuil roux de Hoffman, tous deux dans la collection
Woodner, le moindre détail (plume, duvet, poil, moustache) est rendu
avec délicatesse et minutie. Les couleurs sont éclatantes et
variées comme en peinture; il s'agit de petites créations
autonomes où importe avant tout le réalisme du détail. On
peut admirer cette même attention dans les études botaniques de
Dürer.76(*)
Ces dessins sont souvent sur vélin, ce qui signifie
qu'ils sont destinés à être conservés. En effet, la
gouache adhère mieux au vélin, qui contient de la colle animale,
qu'au papier non encollé ou même encollé qui ne
possède aucune substance de cohésion, ou si peu. Enfin,
étant donné que la gouache se superpose en couches plus ou moins
épaisses, la manipulation des oeuvres devient très laborieuse,
car le moindre mouvement ou petit changement de température peut faire
craqueler la couche picturale, ou une partie de celle-ci, et même
provoquer des chutes de matière.
2.1.3. Les encre
La fabrication d'un liquide connu aujourd'hui sous le nom
d'encre, et qui sert principalement à l'écriture, remonte
à des temps très anciens.
En effet, selon le Dictionnaire des inventions, les
premières préparations d'encre solide avec de la suie et de la
gomme arabique datent de 3200 avant notre ère chez les Égyptiens.
Vers 2800, apparaît une solution à base d'oxyde de fer qui sert
à marquer le linge. L'encre rouge faite à partir de cinabre ou
d'ocre est utilisée sur les papyrus autour de 2500 et d'autres encres
à partir du minium sont connues chez les Grecs de l'Antiquité.
Enfin, à la même époque, la Chine possède une encre
noire fabriquée en mélangeant du sulfure de fer et de la
sève de l'arbre à laque. Dans leurs écrits, Pline, Vitruve
et Dioscoride fournissent tous trois des recettes d'encre.77(*)
Le mot « encre » vient du grec enkauston
qui signifie proprement « peinture à
l'encaustique ». En latin, on eut encaustum qui devint encautum, et
qui désigne plus particulièrement l'« encre rouge
réservée à l'usage des empereurs ». Au cours des
siècles, le terme en est venu à désigner une solution
colorante d'une grande variété chromatique, « qui,
apposée à l'aide d'une plume sur du papier ou sur tout autre
support approprié, se trouve être absorbée par celui-ci,
s'y fixe en séchant rapidement et permet d'obtenir des écrits [ou
dessins] permanents, se détachant plus ou moins nettement du fond sur
lequel elle est appliquée »78(*).
Une encre de qualité se mesure par sa
fluidité et sa fixité. Une texture uniforme
et fluide signifie que l'encre est débarrassée de toute scorie
granuleuse ou insoluble. Aussi, elle doit marquer le papier, soit en s'y
imprégnant, soit en y laissant une trace qui sèche rapidement
à la surface. Pour cela, elle doit posséder une coloration
prononcée; comme Watrous fait remarquer, ce qui attire le dessinateur
vers une encre noire est sa force de caractère, et vers une encre de
couleur (brune ou autre), sa puissance chromatique combinée à une
valeur forte. Chimiquement parlant, l'encre est un précipité
maintenu en suspension dans une liqueur incolore.
Cette dernière doit avoir une densité telle que
les fines parties du précipité s'y dispersent
uniformément. Si ce n'est pas le cas, l'ajout d'un liant (ou
épaississant) facilement soluble est nécessaire.
Principaux utilisateurs du liquide au cours du Moyen
Âge, les moines s'adonnent à la fabrication d'encres à
partir de matériaux les plus divers, entraînant des
résultats parfois désastreux, parfois dignes de mention. Jusqu'au
19e siècle, les encres sont fabriquées selon une
méthode empirique. Les nombreuses recettes d'encres que l'on trouve dans
les encyclopédies, traités de chimie, publications scientifiques
ou manuels d'art ne sont que des résultats d'expériences
isolées et varient d'un auteur à l'autre. Toutefois, de ces
monastères restent quelques manuscrits très anciens (datant du
7e au 10e siècle) préservés
grâce à une encre noire d'une exceptionnelle qualité. Que
ces documents médiévaux nous soient parvenus en bon état,
alors que nous avons de la difficulté à conserver un document
vieux d'à peine cinquante ans, est le résultat de la combinaison
d'une encre de bonne qualité, d'un papier (parchemin) sans substance
chimique et d'une plume d'oie qui résiste bien aux actions chimiques
environnantes (contrairement à la plume de métal qui
réagit au contact des autres matières).
À partir de la Renaissance, le papier est un produit
de plus en plus accessible à un coût moindre et les artistes ont
la possibilité de se procurer leurs encres chez le fabricant ou le
marchand d'encre. Déjà, la qualité des encres diminue, et
dans les écrits du 16e siècle, une couleur
grisâtre prédomine, marque d'une encre falsifiée par une
addition de couleur en industrie.
L'identification des encres, pour la plupart devenues brunes
aujourd'hui, est souvent impossible à l'oeil nu. Dans
l'incapacité de déterminer s'il s'agit de la couleur d'origine ou
du résultat de l'oxydation, les premiers catalogues et livres sur le
dessin mentionnent l'état des encres du dessin (encre brune, encre
noire, etc.). Depuis, plusieurs méthodes ont été mises au
point (microscopes, radiographie à l'ultra-rouge, test à l'acide
hydrochlorique, etc.) afin de connaître avec exactitude la composition
des matériaux.
2.1.4. L'encre de noix de galle
Cette encre de type métallo-gallique est le produit
d'une réaction chimique entre un acide d'origine végétale,
le tanin, et un sel de métal. Au 12e siècle, alors
qu'elle est principalement employée en écriture, la recette la
plus importante se présente comme une infusion de noix de galle
mélangée avec du vitriol (sulfate de fer) et de la colle de
poisson. Sa préparation demande un filtrage soigneux des
ingrédients en vue d'obtenir un liquide fluide et homogène, ce
qui en fait une encre d'une excellente qualité, en plus de pouvoir
être fabriquée en grande quantité.
La meilleure source de tanin demeure le chêne des
régions méridionales sur lequel se trouvent des noix de galle,
excroissances produites par les piqûres d'insectes parasites. Les
guêpes (cynips quercus folii) déposent leurs oeufs dans les tissus
de l'arbre, créant une irritation à l'endroit où se
développent les larves. Les noix ainsi formées contiennent une
forte concentration d'acide tannique et une faible proportion d'acide gallique
que l'on extrait, soit en immergeant les morceaux de noix broyées dans
de l'eau ou du vin pendant six à huit jours, soit en faisant bouillir le
mélange. Il faut toutefois noter qu'on trouve de l'acide tannique, et
par le fait même gallique, dans toute matière
végétale79(*).
À cette étape-ci, l'artiste est en
présence d'une « substance colorante de teinte
brune ». Il s'agit ensuite d'ajouter le sel métallique, soit
un sulfate de fer ou de cuivre, le vitriol des Anciens, dissout dans de
l'eau80(*).
Il se forme alors un précipité (fine poudre
noire) qui s'amalgame à la solution avec l'incorporation du liant. Pour
obtenir l'encre la plus noire possible, on la laisse reposer à l'air
libre jusqu'à huit jours en la remuant de temps en temps : le fer,
exposé à l'air, s'oxyde, rendant l'encre plus foncée. Il
est parfois recommandé d'utiliser l'encre avant qu'elle ne devienne trop
noire, car plus les particules sont fines, mieux elles pénètrent
le papier et permettent un tracé durable.
L'acidité de l'encre de noix de galle, en relation avec
les composantes chimiques de son environnement (papier, plume ou
éléments atmosphériques) lui font subir de nombreux
changements de valeur pendant et après sa préparation : au
départ elle est violacée, puis de plus en plus foncée, et
enfin, après dix à quinze ans, elle est naturellement
passée du noir au brun doré. En fait, la durée de la
transformation et son résultat dépendent de la recette originale.
Ainsi, la nature première du dessin disparaît, faisant place
à des lignes plus pâles et à un contraste avec le fond plus
subtil, si bien que l'on ne connaîtra jamais avec certitude l'aspect du
dessin d'origine et des effets recherchés par l'artiste81(*).
En Europe, elle aurait été utilisée
dès le 4e siècle, mais aucun document ne le
prouve. Au Moyen Âge, l'architecte et artiste Villard de
Honnecourt l'emploie dans son célèbre album conservé au
Cabinet des Dessins du Louvre à Paris. On reconnaît facilement
l'encre de noix de galle dans certains dessins, car contrairement aux autres
encres, elle a comme caractéristique de transformer la nature du
support.
Comme il est recommandé de l'utiliser sur un papier mou
et absorbant, elle s'y imprègne et en ronge les fibres à travers
lesquelles elle ne cesse de s'étendre. Cette corrosion de l'encre sur le
papier, qui se manifeste souvent par un cerne jaune autour du tracé, est
bien visible dans La Pentecôte de G. B. Naldini, qui se trouve aux
Offices à Florence, et dans l'étude d'un cheval de Michel-Ange.
Sur le papier bleu, son oxydation jaunâtre est facilement
repérable, tandis que dans certains dessins de Léonard et de
Raphaël, les traits semblent aujourd'hui dorés et produisent un
fort effet de découpage avec le fond.
2.1.5. L'encre « de Chine »
Originaire de Chine ou de l'Inde, cette encre demeure un
mystère quant à son procédé de fabrication. Chose
certaine, elle offre une qualité optimale sur le plan de la
durabilité, de l'inaltérabilité et de l'éclat de sa
couleur. L'encre de Chine véritable est d'un noir pur et scintillant et
se distingue par son arôme musqué. Elle est introduite en Europe
dès le Moyen Âge, et est parfois utilisée dans les
manuscrits antérieurs au 13e siècle. Toutefois,
probablement en raison de sa rareté et de son coût
élevé, son emploi tend à diminuer.
Les artistes européens tentent plutôt d'imiter
son aspect à partir de noir de fumée mélangé
à une solution d'eau et de gomme ou de colle, parfumé avec du
camphre, du musc, du bois de santal ou encore du clou de girofle. Ces recettes
artisanales requièrent des ingrédients différents d'une
préparation à l'autre et donnent des résultats aussi
incertains que variés. Aussi, les distingue-t-on aisément de
l'encre de Chine par leur tonalité noire légèrement
brunâtre, mieux perceptible dans le lavis.
Toutefois, de fabrication simple et rapide, ces
« encres de carbone »82(*)] offrent une solution de rechange intéressante
pour l'exécution, par exemple, d'un document de moindre importance.
À partir du 17e siècle, les artistes, qui en ont assez
de ces « encres de fortune », retournent à l'encre
de Chine véritable, de bonne qualité. Mais déjà,
l'habitude s'est répandue d'appeler « encre de
Chine » toute encre de coloration noire dont la composition ressemble
à celle de l'originale. Ajoutons qu'à partir de cette
époque, le liquide peut être additionné d'indigo, donnant
une teinte bleuâtre, ou encore de sanguine ou de bistre, pour le
réchauffer.
L'encre de Chine peut se présenter sous forme liquide
prête à utiliser, mais comme elle sèche rapidement, on la
préfère en bâtonnets solides d'une meilleure conservation.
Avant de se mettre à l'ouvrage, l'artiste frotte et pulvérise le
bâton d'encre sur une pierre au-dessus d'un petit godet et dilue la
poudre dans l'eau. L'intensité de la couleur obtenue dépend de la
quantité d'eau et de la qualité du broyage de la poudre. Plus
l'encre n'est noire, supérieure est sa qualité.
L'encre de Chine se prête aussi bien à la plume
qu'au pinceau et il n'est pas rare que les deux instruments soient
utilisés dans un même dessin, le premier pour tracer les lignes
noires et bien définies et le second pour ajouter le lavis dont les
nuances peuvent varier du presque noir au gris très clair. À la
Renaissance, on la retrouve surtout dans les dessins d'Europe du Nord, en
particulier les dessins en clair-obscur dont le fond coloré demande un
trait foncé.83(*)
Toutefois, son utilisation n'est pas fréquente en
Europe avant le 17e siècle, et l'encre de noix de galle
demeure la plus appréciée jusqu'à la fin du 19e
siècle, bien que, contrairement aux encres acides, la véritable
encre de Chine ne s'oxyde pas à la lumière. Au lieu de
s'imprégner dans le papier, elle sèche à la surface,
s'estompant facilement à l'eau.
Il faut aussi mentionner que certains dessins sont
exécutés à l'aide de deux encres différentes, soit
une encre brune pour le tracé et une encre noire délayée
pour le lavis. Cette façon de procéder permet des effets
chromatiques tout à fait particuliers, qu'ils soient d'origine, donc
désirés par l'artiste, ou qu'ils résultent de l'action du
temps.
2.1.6. Le bistre
Selon Lavallée, « [...] le bistre est de soi
une couleur et n'a été employé que très
exceptionnellement comme encre ». Le terme
« bistre », d'origine inconnue, n'existe d'ailleurs pas
avant le 16e siècle et apparaît d'abord en France, se
généralisant par la suite. 84(*)Jehan Le Bègue (1431) utilise les mots caligo
(« caligo est color ») et fuligo (suie noire) qui sont
ensuite repris respectivement par Lomazzo (1585, caligine) et Baldinucci (1681,
fuligine).
Tout comme l'« encre de carbone », il
s'agit d'un produit fabriqué à partir de suie ramassée
dans les cheminées, idéalement, de la suie de bois uniquement. La
substance recueillie est goudronneuse et de couleur brun foncé, presque
noire; une fois broyée, elle se dissout facilement dans l'eau pure. Il
ne reste qu'à filtrer le dépôt et l'on obtient une teinture
prête à être utilisée comme encre, lavis ou
aquarelle.
Le bistre se présente aussi sous forme de pastilles
solides à diluer dans l'eau. Lorsqu'on s'en sert sur un papier
absorbant, sa fabrication ne requiert pas de liant; cependant, on peut y
ajouter de la gomme arabique pour obtenir un fini plus lustré. En outre,
sa teinte varie d'une préparation à l'autre, selon la nature du
bois brûlé dans la cheminée, l'âge du
dépôt et sa position dans le fourneau; un même morceau
produit une couleur pâle si on utilise la couche extérieure, ou
foncée si l'on creuse un peu. L'encre bistre offre aux artistes
d'immenses possibilités quant aux variations chromatiques des traits,
qui peuvent s'échelonner du jaune safran au brun-noir foncé. De
plus, elle se mélange facilement à d'autres pigments pour donner
des tons différents. Par exemple, Rembrandt et son École y
ajoutent de la sanguine pour une teinte plus chaude.
Le bistre n'attaque pas les fibres du papier mais un trait
épais risque de transpercer la surface du support. Il ne s'oxyde pas
mais, sous l'effet de la lumière, a tendance à s'étendre
sans que la couleur soit pour autant altérée. Seule l'eau peut
brouiller les lignes, et le temps, agissant sur une encre sans liant, peut
rendre les traits gris, modifiant ainsi sa coloration. L'ajout d'une gomme ou
d'une colle dans la solution d'origine se révèle alors un
élément positif pour les historiens d'art. De plus, il importe de
bien dissoudre et filtrer le produit afin d'éviter les pigments
granuleux ou les flocons d'encre.
Recommandé aux miniaturistes qui cherchent à
créer des effets de transparence et rendre la couleur chair des hommes
et des personnes âgées, le bistre est surtout connu comme une
encre de lavis. Il semble qu'il n'ait pas été utilisé pour
l'écriture. Si l'encre de Chine produit un lavis gris, l'encre bistre
est systématiquement associée au lavis brun. On la trouve dans
les illustrations de manuscrits des ateliers monastiques du 14e
siècle italien, puis son emploi se généralise en Italie
où on la reconnaît parfois dans des dessins de différents
artistes qui s'en servent au besoin. En raison de sa coloration moins intense,
elle ne rend pas la profondeur avec conviction et n'autorise pas des traits
d'une grande force de caractère. Raphaël l'a tout de même
utilisée dans un croquis rapide de l'homme en Adoration et
Léonard dans une Étude de perspective avec figures. Il existe
aussi de très beaux dessins au bistre doré ou tirant vers le
jaune où l'artiste, fabricant de son produit, sait tirer profit de sa
transparence et de sa brillance. Nous pouvons penser aux paysages de Breughel
où l'artiste « [...] recourt en outre à des touches de
bistre, allant du violet-marron au jaune clair, pour [leur] conférer du
pittoresque, de la transparence et une perspective aérienne »;
ou bien au Portrait de Christian II de Danemark exécuté par
Mabuse où les deux nuances, plus pâle pour le visage et plus
foncé pour le reste, sont bien distinctes.
2.1.7. Les encres de couleur
Il aurait été surprenant que les artistes de la
Renaissance, qui s'appliquent avec tant de soin à la préparation
de surfaces colorées et à la fabrication de couleurs pour leurs
oeuvres picturales, n'aient pas songé à fabriquer des encres de
couleur pour leurs dessins. Les teintures de l'Antiquité,
fabriquées à partir de couleurs végétales et
minérales, sont souvent considérées comme les
« ancêtres » des encres de couleur. Dans quelques
cas, comme celui de l'indigo, cette hypothèse est plausible. En effet,
ce produit originaire de l'Inde, aurait été utilisé pour
colorer les bandes de tissus ayant servi à l'embaumement des momies
égyptiennes vieilles de 4500 ans.85(*)
L'indigo n'est toutefois pas introduit en Europe avant le
16e siècle, mais son utilisation est alors immédiate
puisqu'on trouve des encres bleues chez certains artistes vénitiens et
allemands, là où les encres de couleur sont les plus
utilisées, notamment dans l'illustration de livres ou dans le dessin
décoratif. Lavallée en mentionne d'autres : « la rouge
à base de cinabre, la bleue faite d'indigo et de blanc de céruse,
la violette qui [mêle] le cinabre et l'indigo, la verte où [entre]
du suc de rhue, du vert de gris et du safran, toutes couleurs que l'on [broie]
sur le marbre et que l'on [délaie] dans de l'eau
gommée ».
Ces encres servent surtout au lavis, peu au tracé
linéaire des figures. Il a été dit
précédemment que le bistre donne une couleur brune très
appréciée des artistes. D'autres tentatives d'encre couleur
marron ne sont pourtant pas à négliger. L'ambre et le copal, tous
deux utilisés dans la préparation des vernis pour la peinture
à l'huile, une fois pulvérisés et dilués dans une
solution aqueuse, fournissent une encre brune tirant vers le jaune. La terra
verdet brûlée et l'ocre foncée possèdent aussi les
qualités nécessaires à la fabrication d'encres dont les
teintes varient selon les mélanges (ajout d'un autre brun, d'un jaune ou
d'un rouge).
L'encre rouge est reconnue autant pour la teinture que pour
l'écriture. Les scribes égyptiens avaient l'habitude d'utiliser
deux encres : noire et rouge. Les 9e et 10e
siècles européens nous ont laissé des manuscrits
entièrement à l'encre rouge. Son ingrédient principal
demeure cependant obscur; il pourrait aussi bien s'agir de cochenille, de
cinabre ou de minium. Les mentions de recettes pour la fabrication de ces
encres sont extrêmement rares. Encore aujourd'hui, on les associe au
hasard des tentatives de productions artisanales, pouvant varier selon le
goût de l'artiste ou les ressources financières de son atelier.
Cela explique, en partie, l'importance des différences chromatiques d'un
dessin à l'autre.
Quelques dessins, dont Le Massacre des Innocents de Jacopo
Ligozzi ou La Déposition de la croix de Palma Giovane, présentent
des rehauts métalliques. Ces encres, d'or ou d'argent, font partie des
rares encres qui aient passé le test du temps. Leur fabrication est
simple : il s'agit de broyer le métal pur en feuille dans un
mortier de porcelaine avec de l'eau et un peu de gomme jusqu'à ce qu'on
obtienne un mélange homogène. On peut alors ajouter un peu d'eau,
mais l'encre doit demeurer épaisse pour avoir une certaine
opacité sur le papier86(*).
Enfin, on ne doit pas confondre les encres de couleur avec les
couleurs de l'aquarelle. Bien que leur matière colorante de base soit la
même (teinte végétale ou minérale finement
broyée), le liant servant à la polymérisation est
différent.
2.1.8. Le fusain
De tous les matériaux, le charbon de bois est fort
probablement le plus ancien utilisé en dessin. Malheureusement, sa
nature éphémère, due à la friabilité du
produit, ne permet pas de connaître l'ampleur de sa diffusion. Ce n'est
en effet qu'à partir du 15e siècle que des
exemples, plutôt rares, il faut le dire, et souvent dans un piètre
état, nous sont parvenus; la conception même du fusain, longtemps
considéré comme un matériau
« pauvre », tant par les artistes que par les
collectionneurs, n'encourage pas sa conservation. Certaines
références historiques permettent toutefois de retracer l'usage
du fusain, par exemple dans les mythes antiques, comme celui de l'origine du
disegno :
Pline, dans son Histoire naturelle, raconte comment la fille
du potier Butades de Sicyone, amoureuse d'un jeune homme sur le point de
quitter Corinthe, traça sur le mur, avec le charbon, le contour de
l'ombre de son visage projetée par la lumière d'une lanterne. On
pense aussi au Gygès lydien qui, assis près du feu, dessine son
ombre sur le mur, ou encore à Apelles qui, grâce au trait rapide
que permet le fusain, fait un portrait devant Ptolémée87(*). Plus concrètement, des
traces de charbon ont été retrouvées dans les dessins des
murs de Pompéi.
Le mot fusain, qui renvoie autant aujourd'hui au moyen
technique qu'à l'oeuvre exécutée par son entremise, entre
dans le vocabulaire français dès le 12e siècle.
Il désigne, depuis, le bois d'un arbre originaire du Japon
utilisé au cours de l'antiquité pour faire des fuseaux. Mais ce
n'est qu'à partir de 1704 que le terme est employé pour
désigner le « charbon fait avec le bois, dont on se sert pour
dessiner »88(*).
Avant cette date, depuis environ 1120, le mot utilisé
est charbon, du latin carbo qui est synonyme de « charbon de bois, ce
qui résulte de la combustion ». Déjà, dans les
textes médiévaux, on parle du « charbon à usage
graphique ». En 1549, le verbe charbonner signifie
« dessiner au charbon, au fusain ». C'est finalement en
1635 que le terme charbon passe dans le langage des arts graphiques comme un
produit servant à dessiner.
La majorité des premiers fusains de la Renaissance sont
confectionnés avec le bois de saule. Enfin, c'est ce que nous laissent
supposer des auteurs tels que Cennini, Lommazo et Baldinucci. Toutefois,
Borghini conseille plutôt le tilleul. Meder ajoute que les moines grecs
se servaient de bois de noyer et de myrte coupé à la hachette et
aiguisé au couteau, tandis qu'au 18e siècle, certains
fusains sont préparés avec le bois de prunier ou de
bouleau.89(*)
Au cours des siècles, les artistes procèdent
selon la méthode apprise des fabricants professionnels de charbon,
méthode simple et efficace. Cennini décrit la procédure
telle que prescrite au temps de Giotto et qui reste sensiblement la même
jusqu'à nos jour. : « Les paquets de baguettes de bois
formés, lie-les ensemble à trois endroits, dans le milieu et
à chaque extrémité, avec du fil de cuivre ou du fil de fer
fin. Aie un pot neuf, mets-en dedans tant que le pot soit plein, mets le
couvercle et ajoutes-y de la terre glaise afin que l'intérieur ne puisse
en aucune façon s'évaporer » Le contenant doit
être hermétiquement clos pour éviter que le bois
brûle et se transforme en cendres.
Cennini rapporte deux modes de cuisson : « Alors
va-t-en le soir au boulanger quand il a fini son ouvrage (c'est-à-dire
quand il a fini de cuire son pain) », mets ce pot dans le four et
laisses-y jusqu'au matin. Le matin tu regarderas si tes charbons sont bien
cuits; s'ils ne l'étaient pas, tu les remettras au four jusqu'à
ce qu'ils le soient ». Le second mode suppose le même type de
contenant en terre, posé sur les braises d'un four et recouvert de
cendre le temps d'une nuit. Enfin, Borghini présente une
troisième façon de préparer le fusain à partir du
tilleul qu'il enferme dans une boîte de fer puis met à cuire.
La plus grande difficulté réside dans le
degré de cuisson : un manque de cuisson laisse des
irrégularités, alors qu'une trop grande cuisson entraîne
soit une dureté excessive, soit une extrême fragilité du
bâtonnet. Afin de déterminer si le bois est carbonisé
à point, l'auteur du Livre de l'art conseille de dessiner avec un des
morceaux de bois sur un parchemin, un papier ou un panneau
préparé pour vérifier qu'il adhère bien au support.
Si tel est le cas, il est prêt; sinon, il est probablement trop
cuit90(*).
Une fois refroidi selon des conditions bien définies,
le fusain est prêt à être utilisé. Celui qui
préfère un contact direct avec la matière le tient
directement dans sa main, tandis que celui qui veut éviter de se salir
peut l'insérer dans un roseau ou encore l'attacher à une baguette
de bois.91(*)
Avant la cuisson, Cennini recommande de tailler le bois
à une des extrémités, « comme des
fuseaux ». Toutefois, la pointe du fusain s'émousse rapidement
et on peut supposer que les artistes ne la taillent généralement
pas afin d'utiliser à leur avantage la facture large de l'instrument,
comme le font si bien les Vénitiens du 16e siècle.
Contrairement à la pointe de métal, le fusain permet certaines
variations dans le trait et dans la texture, selon la teneur en carbone du bois
brûlé, l'inflexion de la main de l'artiste et les frottis qu'il
réalise.92(*)Sa
trace est grisâtre et d'un aspect plutôt froid et terne, ce qui le
distingue de la pierre noire d'un noir intense et velouté. Selon
Béguin, le plus grand inconvénient du fusain est sa
fragilité.
Plus il est tendre, plus il est friable; il glisse alors
aisément sur le papier et donne un trait foncé et soutenu. Une
certaine dureté permet une plus grande précision dans le trait,
mais l'instrument accroche alors aux aspérités du papier. Enfin,
le travail au fusain engendre des coûts moindres à l'artiste qui
peut utiliser un papier grenu et de qualité médiocre, car le
matériau adhère difficilement à un papier trop lisse.
2.1.8.1. Usage du fusain
Le fusain est un instrument fort utile pour l'apprentissage du
dessin. Contrairement à la pointe de métal, il est peu
coûteux, ne demande pas de préparation du support et permet des
corrections. Les élèves peuvent ainsi s'exercer sans peine, sans
dépense excessive et sans crainte des repentirs. Les erreurs sont
effacées, par l'apprenti ou par le maître, à l'aide d'une
peau de chamois, de mie de pain rassis, ou encore avec la barbe d'une plume de
pigeon. L'artiste doit cependant être très prudent quant au
procédé de gommage qu'il choisit. La mie de pain, par exemple,
graisse le papier et nuit au dessinateur, car, s'il veut ensuite reprendre ses
traits à la plume ou au pinceau, l'encre glissera sur le papier au lieu
de s'y imprégner93(*)
Le bâton de fusain a aussi beaucoup de succès
auprès des fresquistes du début de la Renaissance, ainsi que de
tout artiste qui veut tracer les grandes lignes de sa composition sur son
support, de façon à pouvoir les faire disparaître sans trop
de peine par la suite. Pour la fresque, sur l'arriccio sec, Cennini conseille :
« prends ton charbon et commence à dessiner, compose et prends
bien toutes tes mesures [...] ». Une fois satisfait de sa
composition, l'artiste arrête les lignes principales de ses figures avec
une peinture de terre rouge, brune ou jaune appelée sinopia. Puis,
à l'aide d'un petit plumeau, il peut aisément faire tomber le
charbon devenu inutile et, du même coup, effacer pour toujours la trace
de ses primes idées.
Notons que pour la peinture sur panneau de bois, la
façon de procéder est sensiblement la même : « Le
plâtre, une fois bien ras et poli comme l'ivoire, la première
chose que tu dois faire est de dessiner sur ce panneau ou tableau avec ces
charbons de saule [...] ».94(*)
L'usage des poncifs (spolveri) occasionne aussi l'emploi du
charbon de bois dans la pratique artistique. Alors qu'au 14e
siècle ils servent exclusivement à répéter
fidèlement les motifs de détails ornementaux, à partir de
la mi-15e, leur utilisation s'étend aux détails des
figures (têtes, mains et pieds).95(*) Encore aujourd'hui, dans la fresque de Domenico
Veneziano à Santa Croce et dans celle d'Andrea Del Castagno à
l'église Santissima Annunziata de Florence.
On peut voir les points de fusain qui ont permis de transposer
les personnages du carton à l'intonaco. Michel-Ange, pour ses fresques
de la chapelle Sixtine, utilise aussi la technique en alternance avec celle de
l'incision. Enfin, Raphaël, dans Le Couronnement de Charlemagne, doit
inévitablement se servir des spolveri en raison du grand nombre de
portraits présents dans l'oeuvre. Cette fois, le maître va
même jusqu'à inciser les traits d'abord marqués au
ponçage afin de ne pas en perdre la trace.
Le premier tracé au charbon, sur le panneau, est
précisé à la pointe de métal, à la plume ou
à la pierre. Cennini le suggère aussi pour un léger
tracé sous la pointe de métal que l'artiste peut corriger
à son aise : « [...] frotte et époussette le charbon
avec lequel tu as dessiné, tout s'en ira. Recommence à nouveau
tant que tu voies que les proportions de ta figure concordent avec celles du
modèle. Ensuite, quand tu juges que tu approches du bien, prends une
pointe d'argent, et va caressant les contours et les extrémités
de ton dessin, et ainsi sur les plis principaux. Quand tu as fini, reprends la
plume, époussette bien tout le charbon, il te restera un dessin propre
arrêté au crayon ». En fait, l e fusain joue ici le
principal rôle que l'on connaît au style de plomb, ayant en plus
comme avantage d'être effaçable. Ainsi, Dieric Bouts, dans son
Portrait d'un jeune homme (Northampton, Smith Collège Muséum of
Art) aurait eu avantage à utiliser un tracé préliminaire
au fusain afin de faire disparaître certains traits indésirables
comme les cheveux à droite du visage de son personnage. Michel-Ange se
sert parfois du fusain pour ses notations qu'il fixe à la plume par la
suite.
Le véritable dessin au fusain ne fait son apparition
qu'au tournant du 16e siècle, au moment où
apparaissent les premiers fixatifs, des méthodes plutôt
périlleuses, avec lesquelles l'artiste risque de ruiner son dessin. La
plus courante des méthodes, mentionnée par Hoogstraten en 1638,
consiste à plonger la feuille dans une bassine remplie d'eau et de
colle. Les artistes ont également la possibilité d'étendre
avec soin un peu de cette solution directement sur les traits du fusain
à l'aide d'un pinceau, ou encore de vaporiser l'eau sur la feuille
préalablement enduite de gomme.96(*)
Malgré de nombreux inconvénients, ces
procédés ont permis de conserver quelques études
importantes, très chères aux historiens de notre époque,
dont le carton pour La Foi de Pollaiuolo et une Madone à l'Enfant de
Verrocchio (Florence, Offices) dont les lignes floues, brunies et peu visibles
indiquent que le fixage a eu lieu plusieurs années après
l'élaboration du dessin. À leurs débuts, les
procédés de fixage ne sont pas très efficaces, ce qui
explique le nombre limité de dessins au fusain qui nous sont
parvenus.
La découverte du fixatif a aussi eu comme effet
bénéfique de promouvoir le fusain, non plus comme un
matériau de tracé préliminaire, mais comme un moyen
technique possédant des qualités graphiques propices à un
style pictural tel que celui des artistes vénitiens. Utilisant des
papiers de couleur bleue ou brune, les Titien, Tintoret, Barrocci, Carracci,
puis Reni, Domenichino et, plus tard, Guercino, parviennent avec le fusain
à dessiner des mouvements puissants et des ombrages hardis. Le Tintoret,
qui, selon La vallée, « [doit au fusain] tout ce qui fait son
extraordinaire personnalité de dessinateur » utilise le
matériau pour de nombreuses études de figures masculines aux
muscles saillants. Le corps y est rudement modelé avec toute la fougue
du génie. Il s'inspire souvent de petits modèles en terre ou en
cire qui, selon l'angle qu'il leur donne, provoquent d'audacieux raccourcis,
et, selon la source de lumière, des ombres dramatiques.
Ce n'est pas un hasard si les portraits et les études
de détails au fusain ne semblent faire leur apparition qu'avec le
16e siècle, et plus particulièrement en
Vénétie. Avant cette date, les artistes et les amateurs d'art ne
se préoccupent guère de conserver ces dessins au matériau
fuyant. Le fusain se prête cependant très bien au portrait
grâce à l'expressivité de son trait large et aux
corrections mineures qu'il permet .l'est ainsi, avec une ligne sûre,
une grande force d'expression et beaucoup de simplicité, que Dürer
produit cette série de portraits qui ont tous l'aspect d'oeuvres finies
et autonomes. Certaines analyses de laboratoire indiqueraient toutefois que ces
dessins ne sont pas au fusain mais à la pierre noire. Et il en est de
même du dessin italien au fusain. Par exemple, Moskowitz ne peut affirmer
avec certitude si le portrait qu'a fait le Corrège d'une femme
souffrante (New York, Pierpont Morgan Library) est au fusain ou à la
pierre noire; quoi qu'il en soit, le caractère douloureux du visage est
renforcé par l'estompage du trait, l'ajout de fusain huilé, et
les rehauts de blanc et d'encre. L'auteure signale cependant que le Portrait
d'homme portant une calotte, du peintre muranais Vivarini, est au fusain;
empreint de réalisme, ce dessin nous renseigne sur la coiffure à
la mode à la fin du 15e siècle97(*).
L'utilisation du fusain est parfois considérée
comme le début d'une nouvelle génération, qui se manifeste
par le passage de moyens techniques limités à un instrument aux
possibilités graphiques sans contrainte. Il s'agit toutefois d'une
période relativement courte. Sous l'influence des académies qui
mettent en valeur un dessin plus « propre », les artistes
retournent rapidement à l'emploi premier du fusain, le dessin
préparatoire.
2.1.8.2. Fusain huilé
Autour de 1550, peut-être dans le but de se
débarrasser de l'opération de fixage, quelques artistes,
Vénitiens pour la plupart, adoptent la technique du fusain huilé.
Sa technique de fabrication est simple : il s'agit de
plonger un bâton de fusain un certain temps dans l'huile de lin. En plus
d'offrir une meilleure fixité, un caractère solide et un trait
noir intense et velouté, le fusain huilé conserve les
propriétés du fusain ordinaire, soit une ligne douce et large
à la texture riche.
Les papiers bleus et bruns de Venise, mous, absorbants et ne
requérant aucune préparation, constituent d'excellents supports
pour le matériau. En effet, le papier doit nécessairement
être grenu, car l'huile n'adhère pas à une surface
glacée. Toutefois, rien ne peut empêcher l'huile contenue dans le
bâtonnet de s'imprégner dans le papier et de laisser un cerne
autour de la ligne. Ces traces huileuses brunâtres ou jaunâtres
sont souvent plus faciles à percevoir au verso de la feuille, bien que,
selon la qualité de l'instrument, elles apparaissent aussi normalement
au recto. Avec le temps, les taches ont tendance à s'étendre et
peuvent, à la rigueur, ruiner le dessin. Il est intéressant de
noter que sur le papier bleu, l'huile semble recouvrir le recto de la feuille
d'un enduit olivâtre, alors qu'au revers, les traces du fusain paraissent
brunes98(*).
Meder ajoute que le fusain huilé est un matériau
qui convient particulièrement au style vénitien du 16e
siècle. Plusieurs dessins du Tintoret sont d'ailleurs maculés
d'huile. Les traits tendres et foncés de son Étude pour une
figure masculine pourraient bien être ceux du fusain huilé, ainsi
que ceux de son Étude d'une figure en train de tomber. En effet, bien
que Meder et Moskowitz disent ce dessin à la pierre noire, certains
indices laissent croire qu'il est plutôt au fusain huilé : on
remarque un enduit olivâtre sur le papier bleu autour des figures, les
traits ont une texture graisseuse et la craie blanche a pris un aspect
jaunâtre. À la suite d'un voyage à Venise en 1580, les
Carrache rapportent la technique à Bologne où le jeune Giacomo
Cadevone s'en servira plus tard, en particulier pour une Étude de
tête qui se trouve au Cabinet des dessins des Offices. Malheureusement,
les exemples conservés sont, pour la plupart, plus tardifs que la
période étudiée99(*).
Enfin, il est souvent difficile de déterminer s'il
s'agit d'un dessin au fusain huilé dont l'huile n'a presque pas
coulé ou d'un dessin au fusain ordinaire autour duquel le fixatif a
produit un contour gommé. L'effet obtenu se confond aussi
aisément à celui du pastel noir. D'ailleurs,
l'amélioration du pastel noir, ainsi que l'apparition du charbon
comprimé, entraînent inévitablement l'abandon total du
fusain huilé, deux siècles après sa découverte.
2.1.9. Usage des pierres et des craies
À la fin du 15e siècle, alors que
s'introduit peu à peu la matière onctueuse de la peinture
à l'huile et que les supports s'agrandissent, le dessin se doit lui
aussi d'innover, car la pointe de métal et la plume ne permettent pas
les larges traitements atmosphériques et illusionnistes, ni les
dégradés délicats désormais recherchés dans
l'oeuvre picturale. L'instrument qui répond le mieux à ces
nouveaux besoins est la pierre qui, par sa nature, permet de produire des
lignes de différentes épaisseurs et de différentes forces
chromatiques, ainsi qu'une douce transition entre les valeurs tonales du
modelé du corps humain.
Du point de vue morphologique, les pierres et les craies sont
des minéraux naturels, extraits directement de la terre, qui, une fois
taillés en bâtonnets, sont prêts à être
utilisés. La pierre noire, la craie blanche et la sanguine, qui sont les
trois principaux représentants des pierres naturelles, possèdent
des propriétés essentielles qui en font d'excellents instruments
de dessin : une base de glaise qui leur confère une qualité de
cohésion et une texture tendre, un pigment minéralogique assez
dense pour permettre à l'artiste de tracer une ligne consistante et
d'une forte valeur chromatique, et, grâce à cet heureux amalgame,
une matière à la fois solide et friable, tendre et
adhésive. Les pierres entrent dans la pratique courante des studios
italiens à partir de la fin du 15e siècle pour se
répandre, en l'espace de quelques années, partout en l'Europe. Le
bâton de graphite, qui fait aussi partie de la catégorie des
matériaux naturels, apparaît en Europe dès la fin du
16e siècle. Il n'est toutefois utilisé que dans
certains dessins d'architecture, où la finesse et la clarté de
son trait permettent de rendre les détails, ou comme instrument de
dessin préliminaire destiné à être repassé
à la plume puis effacé à la mie de pain. La
véritable technique du graphite ne s'affirme en fait qu'au
18e siècle avec des artistes puristes comme
Jean-Auguste-Dominique Ingres et les Préraphaélites.
Toujours au 16e siècle, les artistes
commencent à fabriquer artificiellement des craies à base de noir
de fumée et de charbon finement broyé dans une solution d'eau et
de liant soluble, mis en pâte à l'aide de substances argileuses.
Cette pâte est ensuite roulée ou pressée en petits
bâtons, puis mise à sécher. La fabrication de ces
instruments est directement liée à la recherche de la perfection
du matériau, soit un grain homogène, une meilleure
compacité, plus de dureté, etc., que n'offre pas toujours la
pierre naturelle. La pierre noire artificielle possède donc la tendresse
du fusain et la précision de la pierre naturelle, au point où il
est parfois difficile de les différencier. Les pastels polychromes sont
fabriqués de la même façon, en utilisant cette fois un
pigment coloré. Les craies fabriquées à base d'huile ou de
gras sont employées de manière sporadique avant la fin du
18e siècle.
Tous ces matériaux ont la particularité de
s'estomper aisément à l'aide du doigt, qui laisse cependant une
trace graisseuse, ou d'une estompe proprement dite, faite d'un enroulement de
papier ou de peau, et qui permet de doux dégradés de valeurs et
des traits de différentes intensités. Pour ce qui est de du
gommage complet des traits, Béguin démontre qu'il s'agit d'une
opération quasi impossible avec les pierres et les pastels,
contrairement au fusain100(*).
Il existe un problème de terminologie lorsqu'il est
question des matériaux secs. À différents moments de
l'histoire, les pierres, les craies naturelles et fabriquées, les
pastels, le graphite et même les pointes de métal, l'ancêtre
de ces procédés, ont tous été appelés
« crayon » ( craion , créon ou crion ). En 1528,
créon , qui donnera craie, par métonymie désigne un
« bâtonnet pour tracer, écrire ».
Aujourd'hui, le mot crayon représente plutôt une
mine de graphite ou de matière colorée contenue dans une gaine de
bois et on appelle les autres matériaux par le nom qui
caractérise leur nature : fusain, craie, sanguine, pastel, graphite,
etc.
Dans le cas des pierres à dessiner, là encore,
la terminologie est imprécise. En effet, les pierres noires ou rouges
sont désignées comme telles par les auteurs renaissants à
partir de Cennini : « J'ai aussi pour dessiner trouvé une
certaine pierre noire (prìa nera ) [...] », puis Vasari,
jusqu'à Baldinucci. À la fin du 16e siècle, les
termes matita et lapis , désignant d'abord les pierres rouges
naturelles, s'étendent aux pierres noires et aux craies de fabrication
artificielle. Pour la pierre noire, ce sera uniquement à la fin du
18e siècle que l'on trouvera l'appellation ampélite ,
schiste produit par un mélange glaiseux de boue, qui conviendrait
très bien au matériau. Ce terme, pour une raison qui nous est
inconnue, ne sera toutefois pas conservé. Enfin, dans un effort de
clarification, Winslow Ames suggère de restreindre le terme
« crayon » aux bâtons fabriqués avec un liant
graisseux ou de cire, et de désigner les pierres naturelles par
« craie noire, rouge ou blanche ». Dans le cadre de ce
mémoire, nous emploierons les termes les plus fréquemment
utilisés dans la littérature française, soit pierre noire,
sanguine et craie blanche.
Les pierres sont des matériaux forts ductiles pour
l'artiste qui peut, grâce à elles, dessiner des lignes plus ou
moins fines selon qu'il utilise un bâtonnet taillé en pointe ou un
côté plus large du matériau. Par une simple pression de la
main, il a aussi la possibilité de varier l'intensité de la
pigmentation. Il n'est donc plus limité à un dessin
linéaire, comme c'est le cas avec la pointe de métal ou la plume,
et peut jouer sur « une plénitude d'effets jusqu'alors jamais
atteinte dans le champ graphique ». Grâce à la pierre,
l'artiste peut donc esquisser rapidement une figure en peu de traits, se servir
d'une ligne nerveuse pour bien accuser l'inflexion des rythmes et créer
une impression de vérité, ou encore rendre
« l'abstraction cérébrale » d'une figure
grâce à des dégradés subtils d'ombre et de
lumière.
Le jeu du clair-obscur reçoit avec les pierres des
résultats de loin plus satisfaisants qu'avec les hachures et le lavis.
En effet, la variété de contrastes entre les tonalités
permet une richesse de dégradé jusqu'alors inégalée
pour rendre la transition de l'ombre à la lumière. Les ombres
sont plus profondes que jamais, créant une impression de relief
saisissant sur les figures rehaussées de blanc.
Les contours, inexistants dans la nature, disparaissent
peu à peu de la feuille de papier et confèrent au dessin un
caractère davantage « spatial ». Dès lors,
les artistes se lancent dans des expérimentations de plus en plus
poussées du chiaroscuro accompagné d'effets de morbidezza.
2.1.10. Pierre noire
La pierre noire est aussi appelée pierre d'Italie car,
selon les premières sources, elle proviendrait du Piémont. Plus
tard, on la dira de France, puis d'Espagne. C'est toutefois en Italie, vers la
fin du 15e siècle, que les peintres commencent à
l'employer, d'abord dans les cartons qui remplacent la sinopia des fresques,
puis dans le dessin préliminaire d'études de figures ou de
compositions, au même titre que la pointe de métal et le
fusain101(*).
Ce schiste argileux est constitué d'une alternance de
couches dures et cassantes et de couches noires et tendres; les
premières sont récupérées par les maçons,
les tailleurs de pierre et les charpentiers, tandis que les artistes se
réservent les couches de meilleure qualité qu'ils peuvent
aiguiser à l'aide d'un couteau.
Comme il s'agit d'un matériau naturel, sa composition
renferme des impuretés granuleuses qui peuvent parfois abîmer le
support. Ainsi, la « pierre tendre à la pigmentation bien
noire, que l'on peut rendre aussi parfaite que le charbon » de
Cennini ne serait, selon Meder, qu'un ouï-dire, l'auteur du 14e
siècle n'étant pas bien informé des
caractéristiques du nouvel instrument. Pour sa part, Watrous croit que
si la texture est effectivement moins tendre et moins noire que celle du
fusain, Meder a tort de dire qu'elle est dure et rugueuse, et il donne à
l'appui les études d'Andrea Del Sarto pour ses fresques florentines dont
le trait de la pierre noire naturelle exprime parfaitement la douceur et la
texture sombre du matériau. La pierre d'Italie surpasse le fusain par la
densité chromatique de son pigment qui demeure à la surface du
papier et lui confère un caractère couvrant plus difficilement
effaçable.102(*)
Il est difficile de dire si les utilisateurs de la pierre
noire tracent un dessin préliminaire. Comme nous le savons, l'instrument
que l'on dit parfois effaçable ne l'est, en réalité, pas
tout à fait. Ainsi, comme l'indique Meder, un tracé au fusain,
qui ne laisse aucune trace, conviendrait aux artistes moins habiles ou
inexpérimentés. Et parfois, même les plus grands
préfèrent se fier à un tracé invisible de la
pointe.
La pierre noire, dans les premiers temps de son utilisation,
est employée principalement sur le papier blanc à gros grains
auquel elle adhère le mieux. À partir du 16e
siècle, donnant suite à la tradition des supports colorés
pour la pointe de métal, les artistes utilisent le matériau sur
des papiers préparés ou teintés. La pierre noire permet,
comme on le sait, une plus grande variété de reliefs et d'effets
plastiques, surtout lorsque la craie blanche ou le blanc liquide se joignent
à elle. Dans une Étude pour un homme damné, Fra Bartolomeo
se sert d'une préparation jaune-brun, tandis que Jacopo da Empoli emploi
le fameux paonazzo des florentins pour le fond d'une Étude pour une
figure de Christ (Florence, Offices).103(*) Au cours des premières décennies du
Seicento, la préparation des supports est souvent la même que pour
la plume ou que dans les carnets de croquis, c'est-à-dire une fine
poudre de sanguine ou de vermillon. La variété des teintes
demeure toutefois limitée si l'on compare aux préparations pour
la pointe d'argent du siècle précédent.
Évidemment, la popularité du papier bleu teint
dans le grain ne laisse pas indifférents les utilisateurs de la pierre
noire qui emploient, à même escient, un fond coloré.
D'abord rencontré à Venise avec Carpaccio ce type de papier se
répand dès la moitié du 16e siècle vers
Milan et Florence. Enfin, on trouve également des fonds brun pâle
et gris chez différents artistes comme les Carrache, mais aussi dans une
Étude de vieillard chauve de Léonard de Vinci datant de 1513-1516
(Windsor, Bibliothèque Royale).
Pendant longtemps, la pierre noire a eu comme rôle de
tracer le dessin préliminaire destiné à être
repassé à la pointe de métal ou à la plume.
Taillée en pointe, la pierre permet de fines lignes qui disparaissent
aisément sous un autre matériau. Grâce à la pierre
noire, l'artiste peut se laisser aller à un dessin libre et rapide qui
sera dissimulé derrière l'encre ou le tracé
métallique auxquels elle concède un trait confiant et des
détails minutieux104(*).
Selon Van Cleave, un des premiers à avoir
utilisé la technique serait Pisanello dans ses Études pour des
pendus (New York, Frick Collection); la pierre noire permet à l'artiste
de croquer ses figures sur le vif, c'est-à-dire face à la
potence, et, à son retour au studio, de les travailler proprement
à la plume. Un autre avantage du dessin préliminaire est
illustré dans le dessin d'Adam d'Antonio Pollaiuolo. Si l'on regarde le
bas des jambes, là où elles se croisent, on remarque que les
contours de la jambe droite du personnage, qui passe derrière sa jambe
gauche, ne sont pas coupés, ce qui indique que cette partie du dessin a
probablement été exécutée directement avec la
plume, car un dessin préliminaire à la pierre aurait permis
d'éviter cette erreur.
Parfois, comme c'est le cas dans l'étude de Pisanello
susmentionnée, le dessin préliminaire n'est plus visible à
l'oeil nu, tandis qu'à d'autres moments, les artistes le laissent
dépasser de chaque côté du tracé principal ou le
laissent à son état de croquis, sans se préoccuper de
repasser certaines parties de la composition à la pointe ou à
l'encre. À côté de ce manque de finition, d'autres artistes
optent pour un dessin plus poussé, offrant davantage d'indications
grâce à l'utilisation de techniques telles que le lavis.
Graduellement au cours du 15e siècle, la
pierre noire se libère de ce rôle de second plan pour finalement,
vers la fin du siècle, être employée seule.
L'avènement des cartons pour les peintures murales a, comme on le sait,
lancé la pierre noire comme instrument de dessin. Malgré le sort
réservé à plusieurs d'entre eux, certains fragments de ces
cartons ont survécu et il est intéressant de les étudier
afin de mieux comprendre l'évolution stylistique du matériau. Le
croquis d'une Tête de femme d'Andrea Del Verrocchio est un des premiers
exemples de la versatilité de la pierre noire, et ce, dans un même
dessin :
Les lignes qui indiquent le contour de la figure, ainsi que le
mouvement du drapé, des cheveux et du voile que porte la jeune femme
sont à la fois larges, fluides et pâles; à l'inverse, c'est
par estompage qu'est marqué le modelé subtil qui structure les
traits du visage et du cou. Ces ombres, qu'on ne retrouve ordinairement pas
dans les cartons, indiquent qu'il s'agit ici d'un « carton
auxiliaire », et dénotent les parties à peindre
à l'aquarelle sur le mur ou sur le panneau de bois.
C'est d'abord à Florence que les artistes tentent de se
servir autrement de la pierre noire, en particulier à des fins de rendus
de volume et de modelé sur la figure humaine. Sous la forme de croquis
rapides, des nus sans modelé intérieur ou presque,
représentent les premières tentatives de ces expériences.
Au tournant du siècle, la technique ressemble toujours à celle de
la pointe de métal, avec un contour fin et bien marqué et de
timides ombres hachurées. Par exemple, si l'on compare le Profil de
gitan de Léonard avec son Guerrier antique à la pointe d'argent,
on reconnaît la tentative du dessinateur d'utiliser la même
technique qui ne convient cependant pas à la pierre noire. Les premiers
dessins de Raphaël avec le matériau sont aussi
caractéristiques de cette mentalité.
Avec la pierre noire, Michel-Ange conserve le style
« toujours puissant et impétueux » qu'on lui
connaît avec la plume, mais dans un traitement moins minutieux. Il est
intéressant de constater que c'est Michel-Ange qui, le premier, exploite
le potentiel de la pierre dans l'étude du corps humain. Il l'emploie
surtout pour ses études de nus où il utilise à la fois la
pointe finement taillée du matériau et son côté plus
large. Malgré qu'il réussisse, avec la plume, à obtenir
des effets très poussés de jeux de lumière, faisant
ressortir la musculature de ses figures, avec la pierre noire il surpasse les
limites atteintes, et il en résulte une douce transition des tons de ses
modelés et un contraste marquant des ombres et des lumières qui
mettent davantage en évidence la tension des muscles contractés.
De plus, Michel-Ange n'hésite pas à appliquer des rehauts de
blanc liquide en juxtaposition à la pierre.
Bien qu'il ne soit pas un facteur majeur dans le changement de
mentalité qui a lieu au tournant du 16e siècle,
Signorelli parvient toutefois à ouvrir des horizons dans son milieu
artistique en ce qui a trait à la pierre noire. De loin plus talentueux
en dessin qu'en peinture, l'artiste florentin s'adonne avec
spontanéité et liberté au matériau afin de donner
du volume et du poids à ses personnages. Particulièrement
remarquable pour l'époque, son dessin d'Hercule et Antaeus se compare
aisément à ceux que Michel-Ange fera, quelques décennies
plus tard, pour la chapelle Sixtine.
Tout comme ce dernier, Signorelli concentre ses efforts sur le
modelé des corps plutôt que sur les extrémités qu'il
laisse à l'état de croquis rapide, mais empreints de beaucoup
d'expressivité. Ses proportions entre l'ombre et la lumière sont
justes, les plans picturaux sont structurés et les contours sont
souples.
Moins attachés aux conventions de la pointe de
métal et plus enclins à un style pictural, les artistes
vénitiens, à partir de Giovanni Bellini, adoptent la pierre noire
sans contrainte. Cette période est marquée par une importante
série d'études de têtes, bien souvent des portraits, qui
nous permettent de présumer une continuation de la tradition des
cartons. Au départ, le trait de la pierre noire est fin et précis
pour marquer les détails des visages, comme dans le Portrait de Filippo
Maria Visconti de Pisanello (Paris, Louvre) ou dans l'étude pour un
portrait d'homme de Francesco Monsignori exécutée pour un tableau
de 1487 et qui se rapproche du style de Mantegna que l'artiste rencontre
environ à cette époque à la cour des Gonzague. Mais
déjà dans ces études de têtes et ces portraits, la
pierre noire est utilisée pour rendre le dégradé
délicat des ombres et des lumières sur les formes des visages, ce
qui les distingue du style linéaire et rigide des Florentins.
On ne peut toutefois parler de la pierre noire sans
évoquer les noms du Titien et du Tintoret. Les Vénitiens sont
passés maîtres dans l'utilisation des papiers bleus de format
moyen sur lesquels ils dessinent des figures aux contours saccadées,
dans une recherche d'effets toujours plus picturaux. Il en résulte une
liberté d'expression et de mouvement sans frontière. Nous avons
déjà eu l'occasion d'observer quelques oeuvres du Tintoret pour
lesquelles il est difficile de dire si elles sont au fusain ou à la
pierre noire. Pour sa part, Titien, dans un amas de lignes, parvient à
décrire la fougue d'un cheval et le geste de son cavalier en train de
tomber, ou encore la passion des amants embrassés (Cambridge,
Fitzwilliam Muséum). Les figures principales de ces deux dessins se
devinent par les grands plans de lumière qui émergent d'une ombre
profonde.
Enfin, Federico Barocci et Annibal Carracci en arrivent
à une épuration des formes où, en quelques traits, la
figure est délimitée et les détails sont clairement
définis. Le travail du modelé, composé de pierre noire
estompée et de craie blanche, donne vie au personnage et semble le faire
surgir d'une lumière presque mystique. Les têtes du Baroche, tout
comme la très belle figure d'Atlante du Carrache, démontrent
parfaitement où en sont arrivés les artistes vénitiens.
Rudel dit que, dès lors, « le dessin italien a gagné en
rapidité de notation, en simplification des masses et des traits, en
équivalences tactiles, en suggestion du « relief »,
[et] surtout en accords et transitions entre l'ombre et la
lumière », toutes des qualités que l'on peut aussi
attribuer à la peinture à l'huile.
2.1.11. Sanguine
Depuis l'âge de pierre, les humains ont dessiné
sur les murs à l'aide de pigments colorés. La sanguine,
grâce à sa bonne prise sur les surfaces rugueuses, et surtout
grâce à sa propriété de dilution, est, dès
lors, employée comme couleur rouge.
On la retrouve sur les parois de tombeaux égyptiens,
dans les fresques antiques de Pompéi et d'Herculanum et sur les murs des
catacombes, tout comme dans la préparation des fresques de la fin du
Moyen Âge et de la Renaissance. Au 14e siècle, Cennini
précise, « cette couleur est bonne sur le mur; employée
à fresque, elle donne un ton cardinalesque ou violet et laqueux. Elle
n'est pas bonne à employer autrement ni à
encoller ».
Léonard, dans son Traité de la peinture, la
conseille pour marquer les ombres du premier dessin sur la toile. Sur papier,
la pierre rouge fait sa première apparition en France dans les portraits
colorés de Jean Fouquet. Ce n'est finalement qu'au 16e
siècle que Vasari, le premier, fait la distinction entre la craie rouge
naturelle pour dessiner, autrement dit la sanguine, et les autres pigments
minéraux de couleur rouge servant en peinture105(*)
La sanguine est une pierre naturelle composée d'un
oxyde ferreux qui lui donne sa force chromatique. Comme il s'agit d'une
matière « très forte et solide », pour
pouvoir s'en servir comme d'une craie, elle doit contenir un certain
degré d'argile. Bien que Vasari la dise d'origine allemande, l'Italie,
l'Espagne, la France et les Flandres possèdent aussi leurs gisements.
Dans son traité, Armenino indique que les artistes achètent la
pierre mal dégrossie, puis enlèvent eux-mêmes la couche
extérieure ainsi que toute masse dure pouvant nuire au dessin. Ils la
coupent ensuite en petits blocs rectangulaires, au couteau ou à la scie,
afin de l'introduire dans un porte-crayon et d'en effiler la pointe.
La teinte naturelle que procure la sanguine varie du rouge
clair au rouge plus foncé pouvant tirer vers le brun ou le violet. Les
dessinateurs de la Renaissance la préfèrent en rouge tendre,
couleur chaude et vivante, préférence en vigueur jusqu'au
17e siècle. Il est aussi intéressant de constater que
la sanguine humectée d'eau ou de salive immédiatement avant son
utilisation donne une couleur plus fraîche et une ligne plus solide.
L'hématite est utilisée en bâtonnet ou liquide,
c'est-à-dire délayée dans l'eau pour le lavis .Enfin,
comme il a déjà été mentionné, sa
poussière ou son lavis remplace souvent la longue préparation
à la poudre d'os dans les carnets de dessins faits à la plume.
Un élément nouveau que la sanguine apporte au
dessin est la ligne de couleur. Avant elle, l'effet pictural que procure la
couleur dépend soit de la préparation du support, soit du lavis
juxtaposé aux traits. De plus, elle constitue un excellent moyen pour
croquer les idées qui traversent l'esprit de l'artiste. Sa texture
souple répond bien et rapidement à une simple variation de la
pression exercée par la main, permettant ainsi d'ombrer largement, ou de
noter avec exactitude certains détails plus délicats comme les
plis d'un drapé, les traits d'un visage ou le contour d'une figure
humaine.
La sanguine consent moins de variations tonales que la pierre
noire mais, en revanche, offre un trait large et souple qui convient
particulièrement aux dessins de petit format et au modelé
limité. Il en est ainsi de l'étude de Michel-Ange pour La Sibylle
libyenne qui, malgré qu'elle soit destinée à un ensemble
monumental, demeure un dessin de dimension modeste traité à la
façon d'un dessinateur qui comprend les limite de son
matériau.
Les artistes de la Renaissance sont d'abord réticents
à ce nouveau moyen technique qu'ils ne savent pas utiliser. Mais les
possibilités qu'offre la sanguine, que ce ne soit que sur le plan des
effets chromatiques, ont vite fait d'éliminer toute hésitation.
Ainsi, à la fin du 15e siècle, la sanguine fait son
apparition à Florence comme matériau indépendant pour le
dessin. Grâce à elle, les études de nus, féminins
surtout, adhèrent à une nouvelle sensibilité par le rendu
velouté de la chair et les effets de lumière qui lui sont
caractéristiques. Il est toutefois recommandé de faire un dessin
préliminaire à la pointe d'argent, qui ne dépose aucune
matière sur le papier non préparé; l'argent ne laissera
qu'un mince sillon qui guidera l'artiste et sa pierre, évitant que les
particules de cette dernière se brouillent avec le tracé
préliminaire.106(*)
Il est probable que les artistes commencent par employer la
sanguine comme instrument de dessin préliminaire pour la plume, comme
ils le font déjà avec la pierre noire ou le fusain, mais se
rendent rapidement compte que sa force chromatique fait ombrage au
matériau principal et que l'effet obtenu avec la pierre rouge seule
répond parfaitement à leurs exigences.
Ceux qui combinent tout de même la sanguine à une
autre technique le font sciemment, comme Léonard de Vinci dans plusieurs
de ses planches d'anatomie, ainsi que dans un Dessin pour le monument
Trivulzio, où il reprend à la plume le mouvement exact du corps
du cheval préalablement tracé à la sanguine, mais en
modifie la position de la tête.
En fait, l'encre foncée est le seul moyen technique qui
puisse surpasser le caractère puissant de la sanguine; elle permet
d'appuyer la figure choisie et de laisser à l'arrière plan les
repentirs. Le Corrège, par exemple, retrace à la plume, dans un
mouvement rapide, certaines de ses études d'anges où demeurent,
dans un amas flou, les traits à la sanguine dont il se sert à son
avantage; les traits rouges ne sont pas indépendants de la
luminosité de ces études, malgré leur rôle
subalterne, et deviennent indispensables à la qualité tonale et
chromatique du dessin107(*).
Au départ, il est possible de suivre l'évolution
de la sanguine par les déplacements de Léonard de Vinci à
travers l'Italie. Chastel écrit d'ailleurs que Léonard est
peut-être l'inventeur du matériau; quoi qu'il en soit, il est sans
contredit un de ses premiers adeptes, et son premier promoteur. C'est à
Milan, où il séjourne de 1482 à 1499, qu'il a l'occasion
d'utiliser la sanguine pour exécuter deux importantes commandes du duc
Ludovic Sforza. En premier lieu, le duc lui demande de créer un monument
équestre à son père, le condottiere François
Sforza, puis, vers 1495, il commissionne le peintre florentin pour peindre La
Cène au couvent des frères dominicains de
Sainte-Marie-des-Grâces.
L'esquisse la plus élaborée de l'ensemble,
à la sanguine, est « l'une des plus surprenantes de toutes les
oeuvres qui nous restent de Léonard »108(*). Malgré son
envergure, ce dessin révèle que l'artiste n'est pas encore tout
à fait à l'aise avec le matériau. Clark précise que
certaines parties du Christ sont le signe d'un manque de maturité et que
l'ensemble des personnages a un aspect figé, presque sans vie. Ses
études de têtes isolées nous prouvent toutefois qu'il
considère la sanguine comme un instrument riche de potentiel graphique
et de luminosité. Sur le plan du modelé, elle lui permet de
tracer des contours énergiques et d'accentuer les traits du visage en
dégradant les tons là où la peau est tendue ou qu'elle se
plisse. Ainsi, Judas qui vient d'être accusé de trahison par
Jésus, exprime de façon convaincante, c'est-à-dire par la
tension de certains muscles et de profonds sillons dans le front et près
des yeux, toute la surprise que l'événement lui crée.
Le retour à Florence de Léonard marque le
début de l'effervescence du dessin à la sanguine. Dès
1503, il emploie la pierre seule dans des études de détails pour
La Bataille d'Anghiari, comme dans une Tête de guerrier. Les avantages
que l'on attribue au matériau, si on le compare à la pierre
noire, ne font plus aucun doute : sa texture fine et velouté rend
à merveille celle de la peau.
Raphaël est sans doute l'artiste qui utilise la sanguine
avec la plus grande variété de styles. Au départ, sous
l'influence de Léonard, le jeune peintre emploie l'instrument pour
effectuer des dessins rapides, grâce à une manipulation semblable
à celle de la pierre noire. C'est à cette époque qu'il
exécute la série de Madones qui caractérisent sa
période florentine. La sanguine est alors employée pour les primi
pensieri dans lesquels les figures sont empreintes d'un mouvement
créé par la rapidité du geste de l'artiste qui ne se
préoccupe guère des repentirs. On constate également que
la pierre rouge offre une douceur du trait que ne permet pas la plume car, bien
souvent, le même motif ou un motif semblable est
répété à la plume sur le même feuillet.
C'est toutefois à Rome que Raphaël découvre
les multiples possibilités qu'offre le matériau. Sous l'influence
de Michel-Ange, qui travaille à cette époque à la chapelle
Sixtine, il élabore à la sanguine les études de figures
pour les différents projets qui lui sont assignés. Cette pierre,
si l'on emploie une variété plus dure, permet de produire des
dessins aux formes anguleuses et au caractère sculptural. Par exemple,
dans le dessin de La Sibylle de Cumes pour l'église Santa Maria della
Pace (Vienne, Albertina), Raphaël rend les contours du personnage et les
traits principaux du drapé par des lignes fermes, de même que les
hachures parallèles et croisées qui rappellent la
linéarité et la concision de la plume. Plus tard, vers 1515,
l'artiste retourne à un dessin graphique qui, cette fois, imite
plutôt la finesse de la pointe d'argent. Les ombres du modelé et
les effets de lumière sont apposés avec soin à l'aide
d'une sanguine bien taillée en pointe, ce qui donne comme
résultat un dessin encore plus précis qu'au début de la
décennie.
Les plans d'ombres et de lumière y sont clairement
divisés. De plus, certaines études d'exécution rapide et
spontanée, comme Un ange aux bras levés (Oxford, Asmolean
Muséum), démontrent l'agilité de l'artiste : il
balaie de sa craie la surface du support pour ce qui est du bas du corps et des
ailes qui sont esquissées en quelques traits et il laisse apparents les
repentirs, notamment pour ce qui est de la main et du bras droit109(*).
Le véritable successeur de Léonard de Vinci au
titre de « maître de la sanguine » est Andrea Del
Sarto qui adopte le matériau à partir d'environ 1511. Les
influences du Sarto sont toutefois diverses. À ses débuts, il
emprunte à Filipino Lippi une technique confuse et indisciplinée;
puis, à la suite de son séjour dans l'atelier de Piero di Cosimo,
il opte pour un style large et aisé auquel il ne reste qu'un mince
rappel du souci du contour et du sfumato de Léonard. Le résultat
obtenu par l'amalgame de ses caractéristiques est un dessin
aéré où l'on sent que la main de l'artiste est libre de
tout mouvement. C'est d'ailleurs dans l'atelier du Sarto, que Pontormo
apprendra la technique en s'exerçant à copier des dessins de
Michel-Ange. Elle lui permettra, plus tard, de modeler des formes
agitées aux torsions étranges qui annoncent le premier
maniérisme.
À Parme, la sanguine trouve un adepte en Antonio
Allegri dit Le Corrège qui en fait son moyen d'expression favori.
Considéré comme l'un des grands de la technique du clair-obscur,
il parvient à rendre la douceur du modelé grâce à de
longs traits fluides et un découpage exact des plans de lumière,
qu'il raccorde par une transition subtile obtenue par le frottement de la
pierre rouge. Le Corrège aime la couleur chaude de la sanguine et
même dans ses primi pensieri repris à la plume, le rouge
prédomine.
Ainsi, grâce à Léonard et à ceux
qui lui succèdent, la sanguine devient, avant la fin du 16e
siècle, un instrument de dessin haut en estime grâce à
l'exactitude de sa ligne et le charme et l'harmonie des ombres qu'elle
produit.
2.1.12. Dessin aux deux et aux trois crayons
Le dessin aux deux crayons combine la pierre noire et la
sanguine. Il faut toutefois faire une distinction avec les études dans
lesquelles, par économie de papier ou pour corriger un premier dessin,
l'artiste emploie les deux instruments, comme c'est souvent le cas chez
Pontormo. Ce dernier ne cherche pas à exploiter le potentiel lumineux
dérivé du mélange du noir et du rouge mais utilise chacun
des matériaux de façon disjointe. Le véritable dessin aux
deux crayons est celui qui découle de motivations esthétique et
stylistique.110(*)
Le rehaussement des chairs à l'aide de touches de rouge
( tocchi di Rosso ) sur les lèvres, les paupières et les joues
dans les portraits à la pierre noire, par exemple, est de cette nature.
C'est d'ailleurs sous cette forme que le dessin aux deux crayons fait son
apparition en France au 15e siècle.111(*)
En Italie, l'intérêt pour cette technique mixte
se fonde surtout sur le contraste des couleurs et des textures que produit leur
juxtaposition. Par exemple, Luca Signorelli et Michel-Ange rehaussent de rouge
certains dessins à la pierre noire, ce qui leur permet d'atteindre un
degré extrême de finesse dans le modelé et, grâce au
jeu de lumière produit par le contraste, de mettre en évidence la
continuité des formes. À ce stade-ci de l'histoire du dessin,
l'emploi des deux crayons demeure de nature graphique et de bon goût. Il
se détériore toutefois assez rapidement avec l'arrivée des
maniéristes qui vulgarisent la technique devenue « plus
picturale que graphique ».
Le dessin aux trois crayons n'apparaît qu'au
16e siècle et se caractérise par l'ajout de la craie
blanche aux deux autres matériaux.
2.1.13. Craie blanche
Connue du monde antique, la craie blanche naturelle ne fait
son apparition dans le dessin qu'au 16e siècle, où
elle se taille lentement une place auprès de la sanguine et de la pierre
noire, au même titre que la gouache dans le dessin à la pointe de
métal ou à la plume.
La craie que l'on utilise aujourd'hui est taillée dans
du carbonate de calcium, qui se trouve à l'état naturel.
Cependant, à la Renaissance, ce composé semble surtout être
employé dans la fabrication du plâtre pour le dessin mural. La
craie à dessiner dont parle Baldinucci est plutôt une combinaison
de talc et de stéatite (ou un hydrosilicate de magnésium) qu'il
nomme gesso da Sarti. Il s'agit, comme son nom l'indique, de la craie dont se
servent les tailleurs de tissus depuis le Moyen Âge pour esquisser leurs
patrons et leurs broderies sur une étoffe sombre, qu'ils terminent
à la céruse.
La craie naturelle est une matière tendre; on la taille
et on l'aiguise facilement au couteau. Elle demeure toutefois fragile et
cassante, et, pour cette raison, elle est généralement courte et
protégée par un étui (tuyau de plume d'oie, roseau,
porte-crayon). Enfin, pour une meilleure adhérence au support, il est
conseillé de la faire cuire.
La principale fonction de la craie blanche est de rehausser de
lumière le modelé des dessins, notamment ceux à la pierre,
rouge ou noire. Bien que la gouache lui soit préférée, et
ce jusqu'au 17e siècle, le matériau employé
à sec accompagne parfois le dessin à la plume, la pierre noire ou
la sanguine. Évidemment, l'effet produit par la craie ressort davantage
sur un papier préparé d'une couleur sombre ou un papier
teinté foncé, qui permettent de faire jaillir la lumière
grâce au contraste des traits blancs.
En prend habituellement la forme de bâtonnets secs, mais
elle peut également être diluée dans une solution d'eau et
de gomme arabique et être appliquée au pinceau. Aussi, la craie
blanche subit, au 16e siècle, le même
phénomène que la pierre noire, c'est-à-dire que dans la
recherche de l'instrument parfait, les artistes essaient de fabriquer une craie
artificielle, à la façon du pastel, avec de la craie naturelle en
poudre mélangée à de la céruse112(*).
2.1.14. Craies de couleur et pastel
Le pastel, tel qu'on le connaît au 16e
siècle, désigne avant tout une craie fabriquée à
partir d'un pigment et d'un liant, façonnée en bâtonnet et
mise à sécher. La mention la plus ancienne de la technique est
attribuée à Lomazzo (1585).
L'origine de ces instruments serait toutefois
française, si l'on se fit au Codex Atlanticus où Léonard
dit qu'il apprend la technique de Jean Perréal, en séjour
à Milan à l'aube du 16e siècle. De Tolnay
ajoute que ses premières traces se trouvent dans les portraits
français. Cela n'est pas étonnant, car on peut faire le lien avec
le dessin aux trois crayons qui ouvrent la voie à une technique de plus
en plus picturale. Selon Lavallée, la plus ancienne utilisation du
pastel, dans un dessin en « demi-couleur »où les
contours sont tracés à la pierre noire et les chairs sont
rehaussées d'un peu de rouge et d'ocre, remonte à Jean Fouquet.
Il faut attendre la deuxième décennie du 16e
siècle pour voir apparaître la technique en Allemagne.113(*)
En 1574, Petrus Gregorius donne, dans son traité,
différentes recettes de craies fabriquées. La couleur du pastel
dépend du pigment mis en poudre, reconstitué à l'aide d'un
liant qui peut être de la gomme arabique, du sucre candi, de la colle de
poisson, du jus de figue, du petit-lait, etc.114(*)
Étant donné la nouveauté du produit, les
artistes de la Renaissance, qui fabriquent eux-mêmes leurs instruments,
sont encore au stade de l'expérimentation en ce qui concerne les
réactions entre les différents pigments et liants et les
proportions de chacun. C'est la raison pour laquelle les écrits anciens
sur les craies fabriquées ne contiennent pas ce type d'information; les
variantes sont trop nombreuses. Et les résultats sont aussi
diversifiés, car les mélanges produisent des craies allant de
très dures et cassantes à très tendres et poudreuses.
La période de séchage est aussi très
importante pour la qualité du matériau. La méthode
habituelle consiste à laisser sécher lentement les
bâtonnets ou encore à les placer près d'un foyer où
ne brûle aucun feu mais où les braises sont encore chaudes pour un
séchage rapide.
Il semble que jusqu'au 18e siècle, les
pastels de nature plus rigide sont les préférés des
artistes. Ils assurent un dessin aux lignes nettes et précises, au
goût de l'époque. Ces pastels sont fabriqués à
partir des liants les plus forts, comme la colle, la gomme arabique et le
plâtre de Paris. Ce penchant n'exclut toutefois pas l'utilisation de
craies plus tendres.
Les supports utilisés pour le pastel sont les
mêmes que ceux, sans préparation, utilisés pour les pierres
ou la plume.115(*)Évidemment, la dureté du
matériau employé joue sur les dimensions du papier. Lorsque les
pastels deviennent, de façon généralisée, plus
tendres, c'est-à-dire au 18e siècle, les formats
s'agrandissent et l'on tend alors vers une technique plus picturale.
Au 16e siècle, les craies de couleur sont
souvent utilisées en complément ou en juxtaposition à
d'autres techniques graphiques. Lavallée dit que le
« pastel » enrichit le dessin d'une « polychromie
linéaire ». Le Baroche, par exemple, s'en sert pour mettre en
évidence certains détails qui lui servent par la suite de guide
pictural. Piero di Cosimo est l'un des premiers à utiliser un crayon
bleu. Léonard de Vinci se sert d'un pastel jaune dans le vêtement
d'Isabella d'Este. De plus, exceptionnellement, certains artistes comme Fra
Bartolomeo et Dürer utilisent une craie de couleur brune. Enfin, la
méthode employée par Jacopo Bassano est celle qui se rapproche le
plus de la technique actuelle du pastel.
2.1.14.1. Types de bâtonnets
On dispose dans le commerce, des bâtonnets de pastels de
différentes formes et longueurs. La taille standard mesure une dizaine
de centimètres mais on trouve aussi des bâtonnets de demi-longueur
qui permettent de disposer d'un plus grand éventail de couleurs et
d'avoir une meilleure prise en main de l'outil.
Contrairement à la
peinture de type
peinture
à l'huile,
gouache ou
acrylique, qui permet de
créer une infinité de couleurs à partir de
mélanges, le pastel ne permet de mélanger les couleurs que de
manière limitée. En effet, le mélange des couleurs sature
très rapidement les
pores du papier sur lequel on
peint. Le pastelliste doit donc se munir d'une gamme de couleurs la plus large
possible.
2.1.15. Pastels secs
2.1.15.1 Pastels tendres
Le pastel tendre est le type de pastel le plus fragile car le
plus friable. Il est composé de
pigments, de craie et de
gomme arabique comme
liant. Ce sont les pastels pour lesquels on trouve une gamme chromatique la
plus étendue dans le commerce116(*).
De nombreuses marques de pastels sont disponibles, chacune
présentant des qualités différentes, notamment en termes
de tendreté du bâtonnet et donc de friabilité. Il est
conseillé d'utiliser un fixatif pour protéger le dessin.
· Les pastel allemands "
Schmincke"
sont très doux et couvrants, mais saturent rapidement le papier.
· Les pastels français "
Sennelier" ont des
couleurs éclatantes, mais sont parfois friables et fragiles.
· Les pastels anglais "
Winsor&Newton"
peuvent constituer un bon compromis entre ces deux.
· Les pastels hollandais "Rembrandt" de
Royal
Talens sont parfois durs, mais moins onéreux que les
précédents.
· Les pastels anglais
Unison
Colour sont d'une tendreté moyenne et présentent une
gamme colorée particulière.
2.1.15.2. Pastels durs
Les pastels durs sont plus solides et sont
généralement présentés sous forme de
bâtonnets carrés, apparentés aux craies. Parmi eux on
trouve les célèbres « carrés
Conté » de la marque française
Conté
à
Paris.
2.1.15.3. Crayons pastel
Les crayons pastel sont des pastels conditionnés sous
forme de crayons en bois avec une mine de pastel dur. Ils permettent un travail
précis, s'affûtent facilement et résistent au choc. Ils ne
sont en revanche pas adaptés aux larges surfaces.
2.1.15.4. Pastels gras
La technique des pastels gras est très
différente de celle des pastels tendres.
2.1.15.5 Pastels à la cire
Les pastels à la cire ont été mis au
point au Japon en 1924 par les professeurs Rinzo Satake et Shuku Sasaki afin de
procurer à leurs étudiants un moyen de s'exprimer coloré,
facile et bon marché.
Ces pastels économiques conviennent aux techniques de
dessin et de croquis. Ils saturent vite et ne permettent pas d'oeuvres
abouties, contrairement aux pastels à l'huile, plus onctueux.
2.1.15.6. Pastels à l'huile
Les pastels à l'huile auraient été mis au
point par la boutique
Sennelier à la
demande de
Pablo Picasso en 1949.
Dans ce type de pastels, la
gomme arabique est
remplacée par de l'huile, ce qui explique leur texture grasse et souple,
très agréable à travailler.
Comme à l'huile, on peut utiliser de l'
essence
de térébenthine pour diluer ou estomper la couleur, ou du
médium
à peindre pour en modifier la texture sur le support.
Les pastels du commerce contiennent souvent un mélange
d'huile et de cire, en proportion différente selon leur qualité.
Trop de cire entraine un pastel qui patine rapidement et empêche les
superpositions multiples117(*).
2.1.15.7. Pastels gras diluables à l'eau
À l'instar des
crayons
aquarellables, ces pastels contiennent une base de cire. Mais sans huile,
ils sont hydrophiles : la couleur se dissout dans l'eau et peut être
étalée au moyen d'un
pinceau humide.
Fabriqués essentiellement par la société suisse
Caran d'Ache, ils se
présentent sous forme de bâtonnets. Il ne faut pas les confondre
avec les
crayons
aquarellables qui sont plus proches des crayons de couleur classique.
2.1.16. Supports
a. Pour pastels secs
Le pastel permet un contact direct entre les pigments couleur
et le support. La texture du support est ainsi très importante car elle
conditionne directement l'aspect final de l'oeuvre. Les pastellistes utilisent
donc de préférence des papiers à grain pour une bonne
accroche.
Le support le plus courant est la feuille de papier à
dessin, type Ingres, dont la surface vergée ou alvéolée
permet de retenir la poudre de pastel. Il existe plus spécialement pour
le pastel des papiers préparés tels le papier velours à la
surface très douce, ou les pastel card à la surface plus
rêche. Ce dernier a l'avantage de saturer moins rapidement.
Alternativement, on peut utiliser un papier aquarelle à grain, voire du
contrecollé pour encadrement.
D'autres supports nécessitent d'être
préparés avec un enduit chargé (
gesso acrylique et poudre de
pierre ponce), voire directement un apprêt pour pastel. C'est le cas pour
le bois, la toile, le verre ou le métal, voire le papier ou le carton si
l'artiste souhaite personnaliser la texture.
La couleur du fond est d'une importance fondamentale au
pastel. Les papiers pastel sont proposés en différentes teintes,
sinon l'artiste peut lui-même teinter son papier à l'
aquarelle. La couleur du
fond dépend du sujet : selon le goût et l'intention de
l'artiste, elle sera choisie selon le principe des complémentaires, ou
par contraste (chaud/froid, clair/sombre).
b. Pour pastel gras
Les pastels gras s'accommodent de surfaces lisses. Toutes les
matières sont possibles : papier, carton, bois, toile, verre,
métal. Sur surface glissante, une couche de
gesso est conseillée.
Le résultat est aussi particulièrement intéressant sur des
papiers à gros grammage, Arches, Rives ou Canson, en jouant avec la
fibre ou le grain du papier. Leurs couleurs restent toniques et fraiches, et il
est préférable de les protéger avec un vernis à
l'eau, que l'on applique au pinceau.
2.1.17. Stylo-feutre
Un stylo-feutre, ou tout simplement feutre, est un type de
stylo avec sa propre source d'
encre qui sert principalement
à écrire de façon permanente ou non sur des surfaces
diverses (le
papier entre autres). Un
stylo-feutre qui forme des traits larges est appelé marqueur. En
général, la
mine est
fabriquée avec des matières
poreuses. Ainsi les
premiers stylos-feutres avaient une mine en
feutre,
d'où l'origine du nom. À l'heure actuelle, le feutre naturel a
laissé la place aux
fibres
synthétiques. La mine peut aussi être fabriquée avec
des matières non poreuses bien que ce ne soit pas très
courant.118(*)
2.1.18. Feutres de différentes couleurs
Un feutre temporaire utilise une
encre effaçable,
c'est-à-dire une encre qui adhère sur la surface sur laquelle on
veut écrire mais qui n'est pas absorbée ou chimiquement
liée à celle-ci. Ces feutres effaçables sont
destinés à être utilisés sur des
transparents
pour
rétroprojecteurs
ou sur des
ardoises blanches,
ou à être utilisé par des enfants lorsque les parents
veulent pouvoir effacer après.
Il existe également des feutres
fluorescents dont
l'encre est
invisible en temps
normal et qui sont utilisés comme
sécurité
pour les cas de vol ou de
cambriolage pour
déterminer le propriétaire d'un objet volé. Une
lumière
noire ou des rayons ultraviolets permettent ensuite de rendre l'encre
visible.
En
arts graphiques
(studios de création, agences de publicité), les feutres sont
utilisés pour réaliser les
roughs (maquette simulant
l'aspect d'une photographie à réaliser) par des illustrateurs
généralement spécialisés, les roughmen. Ils
disposent de gammes très étendues en couleurs, et les stylos ont
le plus souvent plusieurs pointes de tailles et de formes différents.
Beaucoup de ces feutres peuvent être rechargés avec des encres, et
on peut obtenir des couleurs supplémentaires par mélange de ces
encres. Il existe aussi des feutres incolores, mais remplis de solvant, qui
permettent de mélanger et de dégrader les teintes directement sur
le papier. Le papier utilisé, dit papier lay-out, est adapté
à cet usage : fin et semi-transparent, il permet de dessiner par
calque, il résiste au traversement par les solvants et ne gondole
pas.
2.1.19. Historique
L'invention du stylo-feutre revient à la
société japonaise
Pentel
qui le commercialisa en
1963. Elle fabriqua d'abord des
stylos-feutres à pointe acrylique appelés feutres, marqueurs
indélébiles
ou non, idéaux pour écrire sur les
tableaux blancs de
type
Velléda.
Sur sa lancée, Pentel fabriqua ensuite des feutres de
plus en plus techniques (à pointe bille
roller, à
pointe céramique...), mais qui ne sont plus des stylos-feutres au sens
strict.
En
1971, le stylo-feutre connait
une nouvelle évolution avec le surligneur à l'encre fluorescente (
Stabilo). Depuis cette date,
cette société a vendu plus d'un milliard de Stabilo dans le
monde.
2.1.20. Peinture à l'huile
La peinture à l'huile est une
technique
picturale, dans laquelle on utilise un mélange de
pigments et d'
huile siccative (le
liant ou véhicule),
permettant d'obtenir une pâte plus ou moins épaisse et grasse.
Cette pâte s'applique à l'aide de
brosses sur un support en
toile apprêtée montée sur un
châssis,
ou marouflée sur un panneau rigide. D'autres supports sont aussi
utilisés comme le carton ou le bois. Plusieurs types de
diluants et de
médiums
à peindre sont employés pour en faciliter l'application, ou
modifier sa texture119(*).
Elle est apparue à la fin du
Moyen
Âge en Occident et les
primitifs flamands
en ont généralisé l'usage, supplantant alors la technique
de la
tempera. Au fil des
époques, la technique de la peinture à l'huile a connu des
changements liés aux progrès techniques et aux évolutions
esthétiques. D'une technique reposant principalement sur la
superposition de
glacis, telle que la
pratiquaient les Flamands et les
Florentins, la
peinture à l'huile a évolué vers une technique plus en
pâte, enrichie à l'aide de
médiums
résineux et caractéristique des écoles
hollandaise (
Rembrandt,
Hals), flamande (
Rubens), et
Vénitienne
(
Titien,
Tintoret) et, par
après, des
impressionnistes qui
ont été les premiers à utiliser la peinture en tube
apparue avec l
'industrialisation.
La peinture à l'huile est considérée en
Occident comme la technique reine. De la
Renaissance
au XXe siècle, ce fut la première technique
apprise et utilisée par les artistes. Aujourd'hui, la
peinture
acrylique est privilégiée par rapport à cette
technique ancestrale. Raisons de cette évolution : la
nocivité des diluants nécessaires à sa pratique, sa
difficulté de mise en oeuvre (utilisation de médiums à
peindre, respect de la règle du «
gras sur
maigre ») alors que l'acrylique est dilué à
l'eau.120(*)
2.1.20.1. Particularités
L'huile utilisée est généralement l'
huile de lin ou l'
huile
d'oeillette, voire l'huile de
carthame ou de noix.
La peinture à l'huile est une technique lente à
sécher (on dit
siccativer), par opposition
à la
peinture
acrylique ou à l'
aquarelle, qui sont des
techniques aqueuses. Cette particularité permet à l'artiste de
prendre le temps de mélanger ses
couleurs, de
récupérer une erreur et de retravailler son motif pendant
plusieurs jours jusqu'à obtenir le fondu, le modelé de la forme,
la touche qu'il désire.
Ce que l'on appelle « séchage » est
en réalité un phénomène de siccativation ou
oxydation de l'huile, qui
se polymérise et durcit, sans changer l'aspect de l'oeuvre, et en
quelque sorte, emprisonne les pigments et permet la conservation de la
peinture121(*).
Il est également possible d'obtenir des effets de
matière ou de reliefs avec une pâte assez consistante.
L'utilisation d'une
spatule appelée aussi
couteau permet
d'obtenir du relief et d'augmenter ainsi la matière de l'oeuvre.
2.1.20.2. Histoire
L'invention de la peinture à l'huile est
attribuée au peintre flamand
Jan van Eyck (
1390-
1441), mais le
procédé consistant à mélanger les pigments dans
l'huile était déjà connu de
Theophilus
au
XIIIe siècle.
Il semblerait que cette technique soit bien plus
ancienne : en 2008, on découvre les plus vieilles peintures
à l'huile connues à ce jour dans les grottes afghanes de
Bamiyan. Elles sont
datées du
VIIe siècle122(*).
En réalité, l'avènement de la peinture
à l'huile en Occident a été progressif. Il n'y a pas eu de
révolution technique au sens strict, mais une longue évolution.
En effet les peintres du Moyen Âge utilisèrent beaucoup la
tempera qu'ils recouvraient
parfois d'une ultime couche huileuse en guise de protection. Au fil des
générations, cette couche d'huile s'est progressivement
chargée en pigment donnant ce que l'on peut qualifier de premier
glacis. On
retrouve d'ailleurs dans les tableaux des frères Van Eyck, sous
d'innombrables couches de glacis cette sous-couche a tempera. Les panneaux
destinés à être peints étaient
imprégnés de plusieurs couches de colle et d'enduit, lorsque le
bois était imparfait, ce qui était souvent le cas dans les pays
du sud (Italie, Espagne) ; ils étaient préalablement
marouflés d'une
fine toile afin de limiter les effets de dilatation ou de rétraction du
bois123(*).
Le passage de la tempera à l'huile voit aussi celui du
bois de la toile. Le bois avait pour inconvénient de limiter les
dimensions des tableaux, d'une part à cause de la grandeur maximale qui
pouvait être atteinte avec des planches, d'autre part par le poids des
oeuvres.
C'est à partir du
XVe siècle
que l'utilisation de la toile montée sur châssis fait son
apparition. On en trouve les premières utilisations sur des volets
d'orgue à
Venise. Ce sont d'ailleurs
les Vénitiens qui diffuseront cette pratique en Italie dans le courant
du
XVIe siècle
et en Flandres via
Rubens. La toile,
généralement de lin, doit être recouverte d'une couche
d'enduit qui permet à la peinture de s'accrocher. La peinture à
l'huile qui produit un film souple convient parfaitement à ce support
souple, qu'il est alors possible de rouler pour son transport.124(*)
2.1.20.3. Préparation
Jusqu'au
XIXe siècle,
les peintres, ou leurs élèves, broyaient eux-mêmes les
pigments en poudre avec le
liant et ils employaient
aussitôt. Chacun développait sa technique, à base de
différentes huiles, plus ou moins jaunissantes, utilisées crues
ou cuites. Ainsi l'
huile de lin, siccative
et peu jaunissante, fut adoptée devant l'
huile
d'oeillette et l'
huile de noix, plus
claires, mais moins siccatives.
Au XIXe siècle sont apparues les
premières couleurs industrielles, présentées dans des
vessies de porc puis dans des tubes à partir de 1840. Aujourd'hui, la
fabrication des couleurs à l'huile est principalement industrielle
(Lefranc et Bourgeois, Sennelier, Winsor et Newton, Talens). Quelques
fabricants ont gardé ou repris des manières traditionnelles afin
de produire des couleurs plus proches de celles d'autrefois (Blockx, Old
Holland, Isaro, Thomas Harding).
La technique est restée longtemps immuable : le
peintre dessinait sa composition sur la toile ou sur le panneau de cuivre ou de
bois préparé puis, après une éventuelle
grisaille, montait son
sujet avec les couleurs à l'huile, en couches minces, en donnant l'effet
de lumière par le jeu des ombres et des reflets. Puis, une fois ces
premières couches bien sèches, il la recouvrait de
glacis
teintés, transparents, qui harmonisait la coloration
générale. Le tout formait une surface bien unie, comme une toile
cirée.
La technique a ensuite évolué, dès la fin
de la Renaissance, les peintres commençants à expérimenter
la pâte afin d'accentuer les lumières en leur donnant par exemple
plus d'épaisseur. Ce procédé devint général
et de nouvelles techniques sont nées : peinture en pleine
pâte, à la touche, par touches séparées, avec ou
sans ébauche préparatoire. Les peintres
baroques (
Rubens,
Van Dyck) puis
rococo (
Boucher,
Fragonard)
et les Romantiques (
Delacroix,
Géricault) ont
su exploiter avec brio cette écriture enlevée qui s'oppose
à une manière plus lisse et
« léchée » de traiter le sujet (
peinture
néoclassique,
style pompier). La
peinture à l'huile a la particularité de permettre les deux
approches, entre autres.
Les découvertes des physiciens du
XIXe siècle, en particulier les théories d'
Eugene Chevreul,
influencèrent des peintres comme
Delacroix,
puis, plus tard, les
Impressionnistes.
Elles donnèrent même naissance à un mouvement, le
pointillisme ou
Néo-impressionnisme (
Signac,
Seurat) qui décompose
chaque ton en tons primaires, comme celle de la lumière solaire par le
prisme en spectre coloré. Le traditionnel procédé par
couches superposées allait alors être remplacé par une
technique plus spontanée et directe, dite alla prima autrement dit,
peindre en une seule séance, sans séchage entre les couches. Ces
courants et d'autres qui suivirent (
fauvisme,
expressionnisme)
n'ont cessé d'explorer les limites de la peinture à l'huile.
2.1.20.4. Auxiliaires
Les couleurs à l'huile sont composées de
pigments qui forment la
matière colorée et d'un
liant (huile de lin
purifiée ou d'oeillette) qui les lie et les agglomère. Le diluant
ou solvant de la peinture à l'huile est l'
essence
de térébenthine ou l'
essence de
pétrole (ou des équivalents modernes non
allergènes).
On peut améliorer la consistance de la pâte par
l'ajout de
médiums
à peindre, eux-mêmes fabriqués à partir du liant
(huile) et de solvant (essence) auxquels on rajoute, éventuellement,
pour améliorer la souplesse du film, une
résine.
Le médium rend la matière plus malléable et donc plus
facile à étaler125(*).
Les médiums à peindre permettent aussi de
respecter la règle du « gras sur maigre » (propre
à la peinture à l'huile) qui veut que chaque couche de couleur
soit plus grasse que la précédente afin que l'accroche soit
solide et durable. L'explication en est très simple : les couches
maigres, qui mettent peu de temps à sécher, entreraient en
conflit avec les précédentes plus grasses et toujours en train de
sécher, provoquant un phénomène variant entre la peau
d'orange et celle du reptile au cours de la mue... À éviter,
selon les traditions. Dans les premières étapes, la pâte
sera donc maigre, par adjonction d'essence et progressivement deviendra plus
grasse, par ajout d'huile ou de médium.L'oeuvre sera finalement vernie
grâce à un
vernis
à retoucher puis un vernis définitif.
2.1.20.5. Supports
La peinture à l'huile a une action
corrosive ou interagit
chimiquement avec sur la plupart des supports (toile, bois, papier). C'est
pourquoi une préparation de la surface est indispensable avant de
peindre.
Il existe deux grands types de préparation pour la
peinture à l'huile :
La préparation grasse ou traditionnelle, à base
d'huile de lin et de
céruse de
plomb (composé toxique, aujourd'hui interdit dans la plupart des
pays), complexe et longue à mettre en oeuvre
La préparation maigre ou universelle à base de
colle de peau et de
craie,
plâtre,
calcium ou
gesso (qui convient aussi pour
l'
acrylique)
Aujourd'hui, les supports du commerce sont déjà
enduits (préparation universelle ou synthétique) : on peut
donc peindre directement.
2.1.20.6. Technique
Né des ateliers classiques et des grands formats, le
métier traditionnel du peintre fut et demeure la base
référentielle de la technique de l'huile. Les couches picturales
du tableau sont superposées selon le principe du « gras sur
maigre » et exploitent les transparences de certains pigments,
alliées à celle des médiums. On les appelle
« jus » (très peu de pigment et beaucoup de
diluant), « glacis » (très peu de pigment et
beaucoup de médium corsé en résine),
« vellatures » (très peu de pigment, beaucoup de
médium corsé en résine et un petit peu de blanc). Par
opposition à « pâte »,
« matière »,
« charge »126(*).
2.1.21. Peinture à L'Acrylique
La peinture à l'acrylique est actuellement l'une des
techniques picturales les plus aimées par les artistes. Elle se
caractérise par l'éclat satiné et par la résistance
à l'activité de la lumière et au vieillissement. L'artiste
peut développer sa créativité sans bornes car
l'application des couleurs n'y pose aucun problème.
On peut appliquer les couleurs sur le papier pour la peinture
à l'acrylique tant en technique de l'aquarelle qu'en forme de peinture
épaisse.
Les couleurs acryliques sont des peintures épaisses,
dissolues à l'eau, à la base de la résine acrylique. On
peut les utiliser soit pour le glacis soit en tant que peinture couvrante ainsi
que pour créer des effets spéciaux. La peinture acrylique offre
de nombreux avantages :
elle est presque sans odeur, n'est pas allergisante et on peut
la dissoudre à l'eau. A part cela, elle sèche très
rapidement grâce à l'évaporation de l'eau et c'est pourquoi
on peut la couvrir très facilement.
Mais le processus de séchage est irréversible,
c'est-à-dire que la peinture une fois sèche, ne peut pas
être effacée à l'aide de l'eau. Cette peinture est
offerte en type mat ou en type satiné mais on peut appliquer une
dernière couche spéciale qui donnera de l'éclat au
tableau. La consistance de la peinture acrylique est assez pâteuse et on
peut l'appliquer directement du tube sans eau ou bien la diluer dans une grande
quantité d'eau pour l'utiliser en technique de l'aquarelle.
La combinaison des peintures à l'huile et celles
acryliques constitue une nouvelle technique picturale. Il faut commencer par
l'application de couleurs acryliques pour la couleur de base ou pour le fond.
Après le séchage, le tableau proprement dit est peint aux
peintures à l'huile. Les pinceaux (pinceaux synthétiques) et le
matériel à peindre ne peuvent pas être laissés sans
nettoyage car la peinture acrylique une fois sèche, est impossible
à effacer. Il suffit de nettoyer le pinceau à l'eau
savonneuse.
|
2.1.21.1. Histoire
Les premières peintures synthétiques sont des
nitro-celluloses
à l'huile qui apparaissent au milieu des
années 1930
à
New York pour l'industrie
automobile et le bâtiment (peintures utilisées par les peintres
mexicains et
Charles Pollock). Le
second type de peinture, qui apparaît en 1927, comporte de l'
alkyde pour le bâtiment
(utilisée par
De Kooning en
particulier). Les polyvinyle-acétate seront introduits également
dans les années 1930. La première marque commerciale Magma est
développée par les imprimeurs américains Leonor Colour et
Sam Golden, et mise sur le marché en 1949.127(*) Cette peinture se dilue avec
de l'essence de
térébenthine,
elle est utilisée par les peintres
Rothko,
de Kooning,
Barnett Newman,
Kenneth Noland ou
Morris Louis.
La peinture acrylique pour artiste diluable à l'eau est
créée en 1963 par la marque Liquitex du chimiste Henry Levinson
et est immédiatement utilisée par les peintres
Andy Warhol,
David Hockney.
Au
Mexique elle a
été inventée au milieu du
XXe siècle
vers
1950128(*). Des chimistes de l'Institut
National Polytechnique de Mexico, en collaboration avec les maîtres
peintres muralistes mexicains, l'ont mise au point lors de la
réalisation des
fresques sur les
façades de l'université de Mexico. Les écrits de
David Alfaro
Siqueiros (peintre-muraliste mexicain) : « L'art et la
Révolution », racontent dans le détail la mise au point
de cette technique picturale mise sur le marché en
1950.
Elle n'apparaît pas en
Europe avant les
années
1960 :
Pierre Alechinsky
la découvre à New York en 1965.
2.1.21.2. Composition
La peinture acrylique est constituée de deux
éléments :
Les
pigments : similaires
à ceux de la
peinture
à l'huile, d'origine minérale ou organique, naturels (rare)
ou synthétiques. Contrairement à la peinture à l'huile, le
niveau de broyage des pigments ne doit pas être trop affiné.
Le
liant : une
émulsion d'eau et de résine acrylique ou
polymère. Une
variante est le liant acrylo-vinylique (peinture vinylique). La texture du
liant est plus ou moins fluide selon le fabricant.
À cette pâte pourra ensuite être
ajoutée une charge afin d'en augmenter le volume.
2.1.21.3. Caractéristiques
La principale qualité de la peinture acrylique est sa
docilité : dilution à l'eau (sans excès),
miscibilité, mélanges faciles à préparer,
facilité d'application, polyvalence de supports, faible odeur. Elle est
très solide et indélébile. Elle a la particularité
de sécher très vite, en quelques minutes. C'est un avantage
lorsqu'il s'agit de travailler plus rapidement les différentes couches,
mais peut constituer un inconvénient en empêchant les retouches.
Aujourd'hui, on peut trouver des acryliques à séchage ralenti
(d'une heure à plusieurs jours).
Elle se différencie ainsi de la
peinture
à l'huile, très lente à sécher mais qui permet
les fondus et les
repentirs129(*).
La véritable limitation de l'acrylique est face
à un corps gras. Ainsi on ne peut pas la mélanger ou la diluer
avec de l'huile, ni de l'essence. Toutefois, selon la règle du gras
sur maigre, il est possible de peindre à l'huile sur une couche
d'acrylique. On peut ainsi commencer un tableau à l'acrylique et le
continuer à l'huile (mais non l'inverse).
Certaines marques spécialisées dans le
maquettisme utilisent
des médiums à base d'alcool isopropyle (
isopropanol) pour une
utilisation avec
pistolet ou
aérographe.
Une peinture acrylique, une fois sèche, macule
irrémédiablement un support. On ne pourra la nettoyer qu'avec des
solvants puissants. Si elle est encore fraîche, il est assez simple de
faire partir immédiatement l'acrylique de tissus avec de l'eau chaude et
des
savons végétaux
de type
savon de
Marseille ou
d'Alep.
L'
acétone permet
de nettoyer les ustensiles de peinture laissés même plusieurs
jours en l'état, précaution prise avec certaines
matières
plastiques solubles à son contact.
2.1.21.3. Médiums et additifs
Beaucoup d'effets sont possibles avec la peinture acrylique.
D'où un grand éventail de médiums proposés par les
fabricants.
Certains facilitent l'application (médiums
polyvalents), d'autres modifient le rendu (brillant ou satiné) ou la
texture (médium gel, médium d'empâtement, pâte de
texture). D'autres permettent la réalisation de
glacis (médium
à glacis).
Parmi les additifs courants, existent des fluidifiants ou
agents d'étalement, des épaississants, des retardateurs de
séchage mais aussi des médiums filants et des médiums de
lissage (pour effets marbrés, coulures, fondus).
Les mortiers de structures ou pâte de texture permettent
d'augmenter le volume de la pâte et donc de créer des
empâtements
et autres effets de texture. Ils sont constitués de liant acrylique et
d'une
charge (poudre de
pierre ponce, poudre de
marbre). On peut fabriquer
soi-même sa pâte de texture en mélangeant du liant ou du
médium gel à une charge :
sable neutre, poudre de
marbre, de pierre ponce, de bois,
mica,
talc,
craie.
Pour des effets plus originaux existent les gels de textures
prêts à l'emploi qui contiennent des particules diverses :
mica,
grenat, résines,
fibres, sable,
lave, billes, flocons.
2.1.22. Brou de noix
Le brou de noix naturel est un colorant extrait du
brou de la
noix. Il donne une
encre brune, plus chaude que
le
bistre, qui s'emploie en
lavis130(*).
2.1.22.1. Histoire
Autrefois employé pour teindre les laines, il fut
surtout utilisé en tant que
pigment par les artistes
pour réaliser des oeuvres en
lavis bruns (
Le Lorrain,
Rembrandt).
2.1.22.2. Préparation
Le brou de noix se présente sous la forme d'une poudre
(l'écale de noix broyée) qu'il suffit de diluer dans de l'eau
chaude pour obtenir une belle encre brune. On peut lui rajouter un vernis afin
de lui conférer plus de viscosité.
Le brou de noix est une encre peu teintante.
Délébile, elle permet de jouer avec la technique des
enlevés, qui consiste à ôter la couleur au pinceau
mouillé afin de révéler les lumières du motif. Pour
cette technique, l'emploi d'un
papier peu poreux (papier
dessin et non papier aquarelle) est préférable.131(*)
2.1.22.3. Imitation
La teinture brou de noix utilisée en menuiserie pour
teindre le bois (aussi appelée
extrait de Cassel)
est en fait fabriquée à partir de
terre de Cassel
(NB8) et non de véritable brou de noix (NB7).
2.1.23. Stylo à bille
Un stylo à bille (parfois appelé stylo-bille,
pointe-bille,
Bic ou stylo-Bic) est un outil
servant à écrire, plus spécifiquement un
stylo, proche d'un
crayon dans la forme et la
dimension. Les stylos à bille possèdent une réserve
interne d'encre visqueuse qui est étalée sur le papier lors de
l'écriture par l'intermédiaire d'une petite bille (en
général entre 0,7 et 1 mm de diamètre) qui est en
rotation ; l'encre sèche presque immédiatement après
le contact avec le papier. Peu chers, sûrs et ne nécessitant pas
d'entretien, ils ont fortement remplacé le
stylo-plume.132(*)
2.1.23.1. L'invention et les frères
Bíró
Si l'idée du stylo à bille est à mettre
au profit d'un américain,
John
J. Loud, et cela dès 1888, il faudra attendre trente ans pour voir
cette idée se concrétiser. Un journaliste
hongrois du nom
de
László
Bíró, aidé de son frère György,
chimiste, va
améliorer trois axes de l'idée initiale : l'encre, la bille
et le dispositif d'alimentation133(*).
Au niveau de l'encre,
László
Bíró remarque que l'encre à séchage rapide
utilisée pour l'impression des journaux permet d'éviter les
taches par frottement. Il essaie alors cette encre dans un stylo à plume
dont un certain
Slavoljub
Penkala a inventé le principe en
1907 - en vain : la
viscosité de l'encre l'empêche de s'écouler.
C'est en observant des enfants jouant avec des billes que
Bíró a l'idée de mettre une bille à
l'intérieur du stylo : il remarque en effet que lorsque les enfants
font passer la bille dans une flaque d'eau, elle entraîne derrière
elle un mince filet d'eau... C'est ainsi qu'il a l'idée de concevoir ce
qui va devenir le « stylo à bille »134(*)
En 1919, un certain Monsieur Pasquier gagne au
concours
Lépine avec son invention de stylo à bille.
Travaillant avec son frère Gyorgy,
chimiste,
Bíró développe en
1938 une nouvelle pointe,
constituée d'une bille qui, en tournant librement dans un
alvéole, entraîne l'encre d'une cartouche et la dépose sur
le papier.
Les frères Bíró déposent le brevet
de leur invention en
1938 : le
« stylo à bille » est véritablement
né.
En
1943, Bíró et son
frère Gyorgy doivent se réfugier en
Argentine, du fait des
lois anti-juives sévissant alors en Hongrie. László
Bíró change de nom, devenant Lisandro José.
Les deux frères déposent un nouveau
brevet, le
10 juin de la même
année. Ils créent alors la société des stylos Biro,
qui commercialise leur produit sous le nom de Birome resté en usage dans
ce pays
1. La
Royal Air Force
britannique l'adopte pour ses pilotes, en vertu de ses performances en
altitude.
2.1.23.2. Premier développement commercial
Eversharp,
fabricant de
portemines aux
États-Unis, s'associe avec
Eberhard-Faber
en mai
1945 pour exploiter une licence
de fabrication du Birome.
Dans le même temps, Edmond Regnault (1898-1982)
rachète en 1945 l'ensemble des brevets de l'industriel américain
Milton Reynolds. Edmond Regnault fonde, sous la marque Reynolds, son entreprise
installée à
Valence
(Drôme) depuis 1945. L'usine est délocalisée en Chine
par la société Newell Rubbermaid en 2006. The Rocket,
lancé le
29 octobre
1945 au prix de 12,5 US$, se
répand très largement aux
États-Unis,
et poursuit aussitôt sa carrière commerciale au
Royaume-Uni, puis en
Europe continentale135(*).
2.1.23.3. Le modèle du Baron Bich
Négociant le brevet avec Bíró, le baron
Marcel Bich fait le pari
de commercialiser une pointe-bille
jetable à
50 centimes.
Pour cela et après deux ans de recherches, il va améliorer le
modèle des frères Biro sur deux points importants : la
formule d'encre parfaite et l'ajustage entre la bille et le
tube-réservoir. En
1950, il lance le modèle
Cristal, sous la marque
Bic
1. Il
ressemble à un crayon muni d'un capuchon dont la couleur annonce la
couleur de l'encre, tandis que la consommation peut être suivie
grâce à la transparence des matières
plastiques du
tube souple qui la contiennent et du tube rigide à section hexagonale
qui en constitue l'enveloppe. En
1961, le
carbure de
tungstène de la bille remplace l'
acier inox
employé jusque-là et lui garantit un fonctionnement sans
crachotements. Le stylo à bille s'efforce de franchir les portes de
l'école et y réussit en
1965 en France.
Bic entre dans le club
très fermé des
marques devenues
noms communs. Il conquiert le
monde et inaugure l'ère du
jetable et la
société
de consommation. Il devient
monnaie
d'échange pour les touristes occidentaux qui visitent les pays du
bloc
soviétique. Il est l'auxiliaire modeste de l'
alphabétisation
des pays pauvres.
Aujourd'hui, le
Bic Cristal a
été vendu à plus de 100 milliards d'exemplaires à
travers le monde. Il est aussi entré dans les collections de design
contemporain de plusieurs musées. Ce succès est dû en
partie à sa forme proche du crayon à papier.
Bien qu'il ait été conçu pour
l'écriture et plus tard en couleur pour réaliser des graphiques
plus clairs, le stylo à bille a trouvé d'autres
utilisateurs.136(*)
Les artistes l'utilisent aujourd'hui à travers le monde
pour illustrer leurs visions. Plus précis et contrasté que le
crayon de couleur, le stylo bille offre au graphiste un rendu
intéressant. Grâce à une gamme de dix couleurs (bleu,
rouge, vert, jaune, orange, marron, rose, bleu, vert clair et violet)
multiplié par les différents tons entre chaque marque et
nuançable avec le noir, les stylographistes parviennent à
réaliser toutes les couleurs dont ils ont besoin pour créer
portraits, paysages et illustrations en tous genres137(*).
CHAPITRE III NOUVEAUTE DE VISION ECOLOGIQUE A KINSHASA
Il faut noter que, l'émergence des formes d'arts
écologiques liées à la fois aux nouvelles technologies et
aussi à la pollution grandissante de l'environnement a poussé les
artistes à réfléchir sur des nouveaux thèmes.
Des artistes utilisent les techniques et les sciences de
l'environnement pour une démarche qui est au croisement de l'art, de
l'écologie et de la science.138(*)
La situation environnementale dans notre pays, la
République Démocratique du Congo, est alarmant ; et nous
voulons à travers cette section apporter des propositions d'espoir en
vue de mettre en place un système adéquat de protection de
l'environnement.
Bien sûr qu'il existe des textes, mais aussi faut- il
les vulgariser, à l'endroit de tous et à des personnes
intéressées selon le domaine d'intervention. Il sied
également de signaler, que le monde est en pleine évolution sur
divers plans et que la réglementation environnementale devra être
adaptée à toutes ces circonstances pour ainsi répondre aux
besoins des populations en temps réels. 139(*)
3.1. Présentation de la ville province de Kinshasa
3.1.1. Contexte physique
3.1.2. Historique
L'histoire de la Ville de Kinshasa remonte à 1877,
lorsque l'explorateur Anglais Henry Morton STANLEY atteignit le Pool Malebo
qu'il baptisera du nom de « STANLEY POOL ». Cette région
comprenait plusieurs villages, dont les plus importants étaient «
N'shasa » (patronyme de Kinshasa) et « Lemba », habités
par quelques ethnies parmi lesquelles la plus importante était celle des
Batéké140(*).
Officiellement la Ville de Kinshasa prend naissance à
l'occasion du deuxième voyage de Stanley quand il fonda le 23
août 1881 sur les collines surplombant la baie portant le même nom
en accord avec le roi Batéké NGALIEMA, une station coloniale
qu'il dédia au roi Léopold II sous le nom de
Léopoldville.
En 1923, un décret du roi des Belges Albert
1er élève Léopoldville au rang de capitale du
Congo-Belge, en lieu et place de l'ancienne capitale VIVI (BOMA)141(*).
3.1.3. Localisation
La Ville de Kinshasa est située à l'ouest du
pays entre 3,9 et 5,1 degrés de latitude Sud et entre 15,2 et 16,6
degrés de longitude Est. Elle est limitée au Nord-Est et à
l'Est par la Province du Bandundu, au Sud par celle du Bas-Congo, au Nord-Ouest
et à l'Ouest par la République du Congo-Brazzaville, par une
frontière naturelle, à savoir le fleuve Congo. Elle couvre une
superficie de 9.985 km².
3.1.4. Relief
Le relief de Kinshasa est formé d'un plateau
continental à l'Est, d'une chaine de collines escarpée, au Sud,
entourant une plaine et de marécages aux abords du Fleuve Congo.
Le plateau couvre une superficie d'environ 7.500 Km²,
soit 75,3% de l'ensemble de l'étendue de la Ville. Il fait parti du
massif du plateau du Kwango, de 600 à 700 m d'altitude, et dont la
portion située dans la Ville de Kinshasa est appelée Plateau des
Batéké.
La chaine de collines, totalement escarpée de 350
à 675 m d'altitude où l'on trouve les Monts Ngaliema, Amba et
Ngafula, constitue la frontière commune avec le Bas-Congo et forme la
partie Sud de la Ville, jusqu'au Sud-Est, où se trouve le Plateau des
Batéké.142(*)
La plaine de Kinshasa suit le lit du Fleuve Congo et est
enfermée entre le Fleuve Congo et les collines. Elle a une largeur
moyenne de 5 à 7 km et a la forme d'un croissant. Cette plaine se situe
entre 300 et 320 m d'altitude et a une superficie d'à peu près
100 km². Elle se divise en deux parties à savoir la plaine de Lemba
à l'Ouest de la rivière Ndjili, légèrement
ondulée et la plaine à l'Est de la Ndjili. Les marécages
longent le Fleuve Congo pour s'amplifier à l'ouest autour du Pool Malebo
et y former ainsi une plaine alluviale.143(*)
3.1.5. Climat
La Ville de Kinshasa connait un climat de type tropical, chaud
et humide. Celui-ci est composé d'une grande saison de pluie d'une
durée de 8 mois, soit de la mi-septembre à la mi-mai, et d'une
saison sèche qui va de la mi-mai à la mi-septembre, mais aussi,
d'une petite saison de pluie et d'une petite saison sèche, qui court de
la mi-décembre à la mi-février, soit le climat Aw4 de la
classification climatique de KÖPPEN.
3.1.6. Hydrographie
L'hydrographie de la Ville de Kinshasa comprend : le
Fleuve Congo et plusieurs rivières de diverses dimensions. Le Fleuve
Congo connait une extension atteignant à certains endroits plus de 20 km
de large entre les deux rives et est parsemé de nombreux îles et
îlots.
Les rivières prennent leurs sources principalement des
collines, coulent parallèlement du Sud-Est vers le Nord-Ouest, baignent
la plaine et se jettent dans le Fleuve notamment au niveau du Pool
Malebo. Ces rivières sont soit de source locale comme
Bumbu, Yolo, Gombe, Basoko, Funa, etc. soit de source allogène à
l'instar de Ndjili, N'sele, Maïndombe, Bombo-Lumene etc.
3.1.7. Géologie, sols et végétation
Les caractéristiques de sols de la ville de Kinshasa
sont fonctions de la structure géomorphologique de l'endroit où
l'on se trouve. Ainsi, elles sont différentes sur le massif du Plateau
des Batéké, sur les collines, dans les plaines ou dans les
marécages. Ainsi, on retrouve sur le massif du plateau des
arénoferal sols et des podzols à roches silicifiées ou
grès polymorphes.
Les collines sont dominées par les sols minéraux
récents développés sur du sable kalaharien, avec une
teneur en argile de moins de 20% sur cent mètres de profondeur. Les sols
de plaines sont alluvionnaires à texture variable. De substrat
argilo-sableux, ces sols présentent une forte teneur en eau, synonyme de
mauvaise condition d'aération et d'oxydation et par conséquent
d'une faible capacité d'échange cationique.
De manière générale, ces sols sont
essentiellement sablonneux avec une faible capacité de rétention
en eau, présentant une utilité marginale pour les
activités agricoles.
Les types des sols conditionnent les genres de
végétation. Celle-ci est constituée de savanes
parsemées d'arbustes et entrecoupées de steppes et de galeries
forestières de faible densité.
Sur le Plateau des Batéké, on rencontre des
savanes steppiques ou steppes. Les pentes sont couvertes des forêts
secondaires semi-caducifoliées, lambeaux forestiers et des savanes
arbustives. La végétation marécageuse pousse dans le pool.
Elle est dominée par l'espèce borassus appelée «
Malebo » en langue locale et qui a donné le nom au Pool
Malebo.144(*)
3.2 Déchets en éléments des
récupérations
Toute activité humaine, matérielle consomme des
matières premières et produit à plus au moins à
long terme , des déchets. Les grandes villes, les
sociétés rurales sont confrontées à ce
problème s`il n`y a pas un système de collecte
systématique. Tout déchet, produit dans un pays ou exporté
et importé, doit être géré de façon
écologique pour protéger la santé et
l`environnement145(*)
Aussitôt que les hommes se sont
sédentarisés, ils ont vite été confrontés au
problème de leurs déchets : matières fécales,
urines, restes alimentaires, cadavres, etc.
Le plus souvent, ils les ont abandonnés à la
nature, parfois brûlés, rarement enfouis ou jetés à
l'eau. Très rapidement, le problème des déchets est vite
devenu une préoccupation, particulièrement au regard des
problèmes d'hygiène que cela posait, même si à ces
époques anciennes, ces notions restaient parfois assez floues146(*).
3.2.1. Déchets
Le déchet est tout résidu d'un processus de
production, de transformation ou d'utilisation, toute substance,
matériaux, produit ou plus généralement tout bien meuble
abandonné ou que son détenteur destine à
l'abandon » (2002)(Art. L. 541 - 1 - II), code de l'environnement,
(Journal off. 21/09/2000). (Revue Bienvenu au Sénat, France,
2007)147(*)
Dans le cas précis de nos recherches, nous nous sommes
plus occupé des déchets ménagers.
3.2.2. Nature de déchets
Par nature de déchets, on distingue les déchets
solides, déchets liquides et les déchets gazeux.
3.2.3. Déchets solides :
Les déchets solides sont ceux dits pelletables,
autrement dit ceux qu'on peut charger moyennant la pelle148(*);
3.2.4. Déchets liquides
Les déchets liquides sont des déchets qui sont
pompables, c'est-à-dire que l'on peut aspirer et rejeter avec une
pompe ; Ils sont constitués de :
- Eaux ménagères : eaux de latrines, de
caniveaux, d'écoulement, de fossés bordant les chemins,
etc. ;
- Eaux industrielles : ces sont les eaux des effluents
industriels ;
- Eaux pluviales et usées : qui sont les eaux de
pluie altérées par des actions physiques et chargées de
substance altéragènes ou non, susceptibles de perturber
l'anatomie et la physiologie des écosystèmes aquatiques149(*);
3.2.5. Déchets gazeux
Sont déchets gazeux, toute substance gazeuse
libérée par l'incinération d'un objet ou par une
réaction chimique quelconque qui puisse conduire à une nuisance
ou pollution.
- les produits de l'incinération de résidus de
bois, rebuts de caoutchouc, fumées de différentes
industries ;
- gaz carbonique, oxyde d'azote ammoniac, etc.
3.2.6. Types de déchets
Les déchets sont regroupés en trois grandes
catégories, à savoir :
- les déchets agricoles ;
- les déchets ménagers et
assimilés ;
- les déchets industriels.
3.2.7. Déchets urbains
On appelle « déchets urbains »,
tout ce qui doit être jeté quelque part, entassé quelque
part ou tout ce dont l'homme doit se débarrasser, provenant des
habitations, logements ou des infrastructures urbaines. Lorsque les
déchets urbains sont mal gérés, les nuisances et
pollutions apparaissent150(*)
3.2.8. Déchets ruraux
Les déchets ruraux sont les déchets naturels et
agricoles. Les déchets naturels comprennent particulièrement les
éléments de la litière ou de la necromasse et les
déchets agricoles sont constitués par les résidus des
cultures151(*).
3.2.9. Déchets ménagers et assimilés
Les déchets ménagers sont les déchets
dégradables de l'alimentation, associés à d'autres
déchets qui sont non dangereux152(*). « Les communes ou les
établissements publics de coopération intercommunales assurent
éventuellement, en liaison avec les départements et les
régions, l'élimination des déchets des ménages. Ces
collectivités assurent également l'élimination des autres
déchets définis par décret, qu'elles peuvent, eu
égard à leurs caractéristiques et aux quantités
produites, collecter et traiter sans sujétions techniques
particulières » (Art. L. 2224 - 13 et 14 du code
général des collectivités territoriales, cité par
BILABILA.153(*)
On peut distinguer :
- les déchets ménagers (déchets produits
par les ménages);
- les déches des espaces publics (rues, marchés,
égouts, espace vert) ;
- les déchets artisanaux et commerciaux;
- les déchets hospitaliers;
Dans le cadre de ce mémoire, ce sont les déchets
ménagers qui nous intéressent le plus.
3.2.10. Déchets Industriels
Les déchets industriels sont classés, selon
leurs caractères plus au moins polluants en trois grandes
catégories à savoir :
- les déchets industriels spéciaux (DIS) qui
contient des éléments polluants en concentration plus ou moins
forte ;
- les déchets industriels banals (DIB), appelés
quelque fois déchets industriels assimilés aux déchets
ménagers, constitués de déchets non dangereux et non
inertes ;
- les déchets industriels inertes : sont les
déchets non susceptibles d'évolution physique, chimique ou
biologique importante.
Les déchets industriels banals peuvent aussi être
pris en compte dans le cadre de ce travail, du qu'ils sont assimilés aux
déchets ménagers et constitués de déchets non
dangereux.154(*)
3.2.11. Gestion de déchets
Ce concept est né à la suite de
l'établissement de réglementations les plus strictes, la hausse
vertigineuse du coût de traitement de déchets, liée
à la pression des mouvements et associations écologistes avant
les années 1989, et qui ont « donné des idées »
aux aventureux de ce que l'on appelait « déchet connexion »,
après les premières catastrophes écologiques qui ont en
lieu en Europe (Seveso, Rhin, Mer du Nord) et en Amérique du Nord (Love
Canal), dit ALBERTIT, dans « Pas de visa pour les
déchets »155(*).
Dans le cadre de ce mémoire, le terme
« Gestion de déchets» signifie : les prendre en
charge, c'est-à-dire la valorisation ou le traitement des
déchets. Nous sommes d'avis avec cette définition du fait que
c'est dans le sens de la prise en charge de déchets que nous voulons
orienter notre étude.
3.3. Nouvelle vision sur la salubrité a Kinshasa
Le législateur a confié la gestion de
déchets essentiellement Ministère de l'environnement,
conservation de la nature et tourisme, au Programme national d'assainissement
(PNA) et à L'Office des Voiries et Drainages. (O .V.D).
Le ministère a la responsabilité de promouvoir
et coordonner toutes les activités relatives à l'environnement et
à la conservation de la nature (ordonnance n° 75/231 du 22 juillet
1975 fixant les attributions du Ministère de l'environnement,
conservation de la nature et Tourisme).
Le PNA s'occupe des travaux d'assainissement, en
l'occurrence : la lutte contre les vecteurs, l'évacuation de
déchets solides ainsi que le nettoyage de la voirie (Arrêté
départemental n°014/DCNT/CCE/du 17 février 1981 portant
création du service National d'Assainissement) tandis que l'OVD s'occupe
de la lutte antiérosives et du drainage des eaux (ordonnance
n°87/331 du 16 septembre 1987 portant création de l'office des
voiries et drainage).
Nous signalons que l'ordonnance du 10 mai 1929 prévoit
la création d'une `direction technique des travaux
d'hygiène » dans chaque chef - lieu de province (actuellement,
l'hôtel de ville de Kinshasa déploie des efforts
considérables dans la plantation du gazon sur des espaces libres
longeant les voies publiques.
Cependant, les lois et règlements doivent, en vue de
leur efficacité, comporter des sanctions en leur sein.156(*)
3.3.1. Connaissance des structures d'assainissement
Les structures d'assainissement existantes selon les
réponses fournies par les enquêtés. La majorité des
personnes interviewées ne reconnaissent pas les structures
d'assainissement de la ville de Kinshasa. Mais 6% reconnaissent l'Hôtel
de ville de Kinshasa, 1% connaît l'OVD, 6% connaissent le PAUK (Programme
d'Assainissement Urbain de Kinshasa), 2% ont une idée sur le PNA
(Programme National d'Assainissement) et 5% connaissent POUBELKIN.
Lorsqu'une grande majorité de la population se dit ne
pas reconnaître les structures d'assainissement existantes, cela peut
être interprété comme si ces structures n'ont des effets
concrets sur le terrain ; parce que lorsque une action est entreprise dans
un milieu donné, la population doit être informée de cette
activité. Nous pouvons alors conclure que ces structures n'ont pas
d'efficacité et elles n'existent que de noms.157(*)
3.3.2. Techniques utilisées par les structures
d'assainissement
Cette figure nous renseigne que la majorité des
ménages interrogés pratiquent l'incinération comme
technique utilisée dans leur mode de gestion de déchets.
La deuxième technique utilisée est le
réemploi. Par cette méthode, on suppose que certains
déchets sont récupérés et utilisés pour
être transformés en leur donnant d'autres formes
particulières pour d'autres usages précis.
C'est le cas par exemple des boîtes de lait qu'on peut
transformer en entonnoirs. La troisième couche des enquêtés
ne connaît pas les techniques utilisées par ces
structures.158(*)
D'autres pensent que ces structures font le recyclage et la
réutilisation des déchets c'est-à-dire,
récupérer les feuilles de Chikwangues dans la poubelle par
exemple, puis on les nettoie dans la rivière et on les utilise de
nouveau comme emballage. Nous constatons donc que la technique la plus
utilisée par ces structures est l'incinération
3.3.3. Collecte
D'après BINZANGI, la collecte est le fait de
collationner les déchets qui se trouvent à un endroit pour les
mettre dans une poubelle.159(*)
3.3.4. Ramassage
Pour BINZANGI, le ramassage est le fait de collecter les
déchets afin de les sortir dans le couloir avant d'aller les stocker
dans le bac à ordures public. Ce bac sera vidangé par le camion
beine qui ira les déposer à un lieu aménagé et
autorisé.
3.3.5. Stockage
Selon BINZANGI, le stockage est le fait de stocker, de
rassembler les déchets à un endroit quelconque, mais en principe,
aménagé et autorisé, mais non improvisé.160(*)
3.3.6. Traitement de déchets
Par traitement des déchets, nous entendons la
valorisation des déchets ou la transformation des utilités
négatives en utilités positives. C'est aussi le résultat
du processus suivant : collecte, ramassage, transport, stockage, trie et
valorisation ou traitement pour des fins écologiques. 161(*)
Nous sommes d'avis avec cette définition car elle
intègre le processus de la transformation de déchets.
3.3.7. Réemploi
BINZANGI, pense que le réemploi est le fait de
récupérer un déchet, en lui donnant des formes
particulières pour un usage précis. Par Exemple :
récupérer une tôle pour fabriquer un brasero, ou pour
souder un véhicule troué162(*),
3.3.8. Réutilisation
D'après BINZANGI, la réutilisation est le fait
de récupérer un déchet et de l'utiliser de nouveau sans le
moindre traitement ou la moindre transformation. Par exemple :
récupérer un sachet en plastique dans la poubelle, on
l'époussette puis on l'utilise de nouveau comme emballage ; c'est
le cas aussi d'une boite de lait qu'on réutilise comme récipient
pour garder de l'huile, etc.163(*)
3.4. Intégration
des médiums environnementaux dans la peinture kinoise
L'environnement est tout ce qui nous entoure. C'est l'ensemble
des éléments naturels et artificiels au sein desquels se
déroule la vie humaine. Aujourd'hui, il est source d'inspiration
inépuisable pour l'homme plus particulièrement chez l'artiste
car plus tard, les éléments environnementaux seront toujours
très présents dans les nouvelles formes d'art, comme la
photo, et plus tard, le
cinéma. Plus
récemment, des artistes ou des personnalités utilisent l'art pour
sensibiliser la population à la défense de l'environnement.
Redonner une vie à un objet et à un
matériau destiné à la destruction et à la
disparition est devenu une préoccupation pour maints créateurs.
Ce phénomène de détournement de l'usage de l'objet passe
par le truchement et l'ingéniosité des mains de l'artiste pour
devenir un objet d'art ou être prétexte à faire oeuvre de
création artistique. Ce détournement en acte de l'objet illustre
parfaitement la porosité entre la sensibilité de l'artiste et son
milieu de vie (environnement) ou d'extraction.
À cet égard, la perméabilité de
l'artiste à son milieu de vie analyse le renouvellement des visions, des
pensées et des sensibilités que permet ce nouvel agencement des
matériaux.
Preuve en est ainsi faite que : ni la pauvreté, ni
l'abondance ne peuvent être des obstacles à la création,
encore moins des freins à celle-ci. Et si l'objet perd ainsi sa
fonctionnalité pratique et sociale pour laquelle il a été
pensé, conçu et confectionné, il n'en est pas moins un
dispositif de renouvellement du regard. De la fonction utilitaire
première, il acquiert d'autres fonctions formelles dont celle de support
de création esthétique aux enjeux divers.
Le début du 20e siècle est une
période de révolution permanente dans l'art. Le médium
artistique est alors complètement remis en question : le champ des
matériaux utilisés pour s'exprimer s'élargit
considérablement.
Aujourd'hui, on fait de l'art avec toutes sortes des
matériaux. La récupération de matériaux
usagés ou les détournements d'objets sont devenus très
courants dans les travaux des artistes. Mais au début du 20e
siècle, seuls les matériaux « nobles »
étaient admis pour la réalisation d'oeuvre d'art : bronze
et marbre pour la sculpture, huile et pigments pour la peinture.
Suite au mouvement de l'art contemporain qui ne cesse de
séduire par sa grande complexité artistique, les peintres kinois
aujourd'hui font de l'art non en se limitant a des matériaux connus,
mais ils se sont servis des tout objets trainant sur l'environnent pour
enrichir certaine idée dont les matériaux ou supports connus ne
suffiraient pas pour leur expressions.
Cette période de révolution permanente dans la
peinture congolaise est donc caractérisée par le mouvement
artistique connu à Kinshasa sous le nom de librisme.
Les médiums artistiques sont alors complètement
remises en question : le champ des matériaux utilisés pour
s'exprimer s'élargit considérablement car les nouveaux supports,
endroits et la recherche de nouvelles expressions ont permis à la
peinture contemporaine kinoise d'évoluer sachant que les supports
traditionnels ne suffisent plus pour exprimer certaines idées, ou
certaines esthétiques recherchées.
Il est clair que l'évolution la plus marquée est
celle des supports et médiums.
En fait, il n'existe pas des matériaux connus, comme
étant médiums environnementaux, sauf, il sied de noter que,
l'artiste dans le but d'élargir sa vision sur le monde plus
précisément aux phénomènes liés à la
production humaine, s'est inventé par le truchement de la
complexité de l'art contemporain, des matériaux pris dans
l'environnement qu'il intègre dans la peinture en leur donna une
nouvelle utilité. 164(*)
Nous savons aujourd'hui, que rien ne dure pour toujours sous
la même forme et dans ses choix. L'artiste n'est guidé que par le
souci de cohérence. Il s'offre à lui une multitude de
matériaux nouveaux, tous susceptibles d'être employés dans
l'expression "plastique" de l'oeuvre165(*).
3.4.1 Voici quelques
matériaux environnementaux que l'artiste peintre kinois se sert comme
médiums
Les artistes kinois vont ainsi utilisés toutes sortes
d'objets de récupération dans leurs oeuvres. Ils construisent des
compositions en collant toutes sortes de fragments de papier, d'illustration et
des textes récupérés dans des magazine, des tickets, des
billet de banque, des morceaux de planches anatomiques, des cartons
ondulés, des ficelles, des morceaux de bois, des tissus, des
métaux usagés, des divers objets, tel que certains collent
aussi des petites toiles peintes.
Ils réalisent ainsi des véritables compositions
abstraites et géométriques, parfaitement calculées.
Progressivement, ils ne vont plus s'exprimer que par l'intermédiaire du
papier trouvé, découpé, collé et certains
déchets qui traînent sur l'environnement etc.
Les déchets constituent un improductif de la
société technologique. Or, les matières rejetées et
inutiles pour l'industrie, alimentent l'art. L'artiste en intégrant les
déchets dans sa démarche, les transformes en leur donna une
nouvelle utilité.
Finalement, la peinture de nos jours n'est pas morte, comme
beaucoup de gens peuvent le croire. Il est intéressant de remarquer,
à la suite ce petit parcours, les regroupements possibles entre les
différentes façons de peindre aujourd'hui.
Les interrogations sur la nature de la peinture sont
nombreuses, et la question sur les supports aux lesquels la peinture est
appliquée. Beaucoup d'artistes dans le monde contemporain ont choisi de
modifier ou même d'abandonner la toile, considérée comme un
support traditionnel166(*).
Les artistes kinois ont fait preuves d'une grande importance
concernant leur nouveau aperçu qu'ils ont sur les éléments
ou déchets qui traînent sur l'environnement, qui n'a plus son
utilité originelle, soit fonctionnelle, économique, symbolique ou
esthétique et qui est rejeté, dans le but de passer la notion du
« tout est déchet » et celle du « rien ne
se crée, rien ne se perd » de Lavoisier
considéré comme matière première pour une fonction,
une esthétique, une valeur ou un symbolisme nouveaux ;Les
déchets réutilisé, ci-dessus deviennent à leur tour
comme matières première, pour une fonction, une
esthétique, une valeur ou un symbolisme nouveau c'est pourquoi
même le nom est attribué chez les artistes kinois car ils ont
transformé la vision qu'on a des déchets en
éléments de récupération servant de création
des oeuvres d'arts en nous projetant vers un art purement
écologique167(*)
3.4.2 Nouvelle vision sur l'art de peindre à
Kinshasa
La créativité du librisme est
caractérisée par la diversité des matériaux
notamment ceux récupérés dans la nature, le fer, le bocal,
la bouteille, le sable, le bouchon, au lieu de la toile constituée rien
que de teinterons (tissu blanc). Par ailleurs, sur la toile, les lignes et les
formes ne se conforment à aucune règle classique apprise.
Pour Mampuya, le librisme peut révolutionner l'enseignement à
l'ABA où la course au diplôme domine alors qu'il faut former des
chercheurs en lieu et place des copistes.
L'artiste pense que le librisme a apporté un plus
à l'art congolais et à l'art d'une manière
générale dans la mesure où de nombreux ateliers des
pratiquants du librisme et des plateformes qui y sont nés,
évoluent au pays, en Afrique et en Europe.
Par ailleurs, des artistes étrangers et des revues ont
commencé à s'intéresser à ce courant
jusqu'à ce jour, au point que plusieurs artistes sont
invités aux différentes expositions. Mampuya a comme thème
de (prédilection « l'humanisme » qui place
l'homme au centre de tout, insiste-t-il. Il a participé à
des expositions collectives à Kinshasa et en Europe, entre autres en
Allemagne en 2007 où il a obtenu le prix art Missio, en Belgique en
2007, en France et à Miami aux Etats Unis en 2010. Le librisme est
né en 2006.168(*)
3.4.3 Elément de récupération
médium d'art en peinture
L'environnement est tout ce qui nous entoure. C'est
l'ensemble des éléments naturels et artificiels au sein desquels
se déroule la vie humaine. La récupération et le recyclage
des objets, préoccupent le présent travail constituent une
approche originale sur les déchets qui occupent en effet une place
importante dans l'art contemporain. Humbles rejets de la vie quotidienne,
déchets proliférant de la société industrielle,
épaves en tout genre... L'artiste positive les valeurs ordinairement
attribuées aux déchets, les prend à rebours et parfois le
sublime pour en faire des médiums d'art pour constituer sa
démarche artistique.
Notre environnement, peu écologique, croule
littéralement sous les déchets, tissus abîmés,
bois, bouteilles en plastique, vieux papiers, canettes de bière,
mobiliers usés, rebut, de l'aire électronique, etc.
Toutefois, depuis quelques temps, les artistes, designers,
décorateurs, sculpteurs, contribuent au sauvetage de notre
planète . . . en récupérant, en recyclant, en
détournant169(*).
Le déchet est un matériau surabondant, qui
« court les rues » des villes (et les campagnes), gratuit (libre
accès aux décharges, avec quelques réserves) ; il suffit
de se baisser pour le cueillir, le glaner, le récupérer. Parmi
les récupérateurs, on peut distinguer ceux qui le font par
nécessité, et ceux qui le font par goût. Parmi
ceux-là, il faut encore séparer ceux qui le font par snobisme de
ceux qui choisissent la sobriété et l'esprit d'épargne.
Le déchet occupe une place importante dans l'art
contemporain, devenu le matériau privilégié d'un grand
nombre d'artistes. Certains sont connus, d'autres moins, et il n'est pas
toujours facile de distinguer les productions artistiques de l'artisanat. Dans
notre civilisation écartelée entre la sur- consommation et la
préservation de la nature, le regard des artistes est plus que jamais
sollicité pour accompagner nos réflexions.
Ainsi certains artistes dits ferrailleurs, parmi lesquels
Freddy Tsimba tiennent une place de choix, récupèrent leurs
matières premières dans les décharges et casses
automobiles. Si l'artiste a avoué avoir récupéré
par nécessité au début de son oeuvre, il est resté
fidèle à sa matière première une fois le
succès venu. Le déchet est une source d'inspiration
esthétique, un goût sensible pour la « trouvaille ».
L'artiste choisit le déchet souvent pour des raisons
économiques, c'est un multi-matériau facile à trouver, et
généralement immédiatement disponible, mais aussi pour des
raisons idéologiques, par une démarche de rejet d'une
société dans laquelle il ne se reconnaît pas, ou qu'il
entend critiquer. En mettant en scène le déchet dans une
création artistique, il offre au spectateur sa propre réflexion
pour l'amener à s'interroger à son tour. Les artistes travaillant
autour du déchet, ne se revendiquent pas d'un courant artistique en
particulier, mais d'une démarche personnelle.
3.4.4. Le déchet :
invention d'un thème.
Bien que de très nombreux artistes tout au long de
l'histoire aient exploité des ressources disponibles issues de
déchets (la colle d'os), et que ceux-ci, surtout biologique, soit
présent dans certaines oeuvres (Bruegel, Jérôme Bosch),
l'art académique n'aborde que très peu la thématique du
déchet en tant que telle. C'est en grande partie dû au fait que le
terme même est relativement récent : il prend forme avec
l'industrialisation, remplaçant l'immondice et l'ordure. Des
démarches artistiques visant à mettre en scène le
déchet ne deviennent tangibles qu'à partir de la première
moitié du XXe siècle, au moment où les courants
artistiques d'un genre nouveau (cubisme, dadaïsme, surréalisme, art
brut...) Et particulièrement en Kinshasa sous le nom de librisme
s'intéressent à la valeur de l'art, à son objet et son
corollaire, le déchet (les rebuts environnementaux)170(*)
De la matière d'artiste au sujet de
représentation, l'utilisation de l'objet et du déchet
témoigne de pratiques artistiques parfois marginales, parfois
dérangeantes, résultat de choix artistiques toujours
ancrés dans le contexte social dans lequel l'artiste évolue.
L'objet et le déchet peuvent être
présentés tels quels ou transformés, peu importe le parti
de l'oeuvre choisi, car en deçà d'une transformation physique, le
changement peut résulter d'un autre regard, porté sur les choses,
y compris les plus courantes, les plus banales, les plus humbles.
En cela, l'artiste est plus que jamais utile à la
compréhension du monde.
3.5. Les déchets, un matériau de l'art
Aujourd'hui, on fait de l'art avec toutes sortes des
matériaux. La récupération des matériaux
usagés ou les détournements d'objets sont devenus très
courants dans les travaux des artistes. Mais au début du 20
siècle, seuls les matériaux « nobles »
étaient admis pour la réalisation d'oeuvre d'art : bronze
et marbre pour la sculpture, huile et pigments pour la peinture.
Le début du 20e siècle, est une
période de révolution permanente dans l'art. Le medium artistique
est alors complètement remis en question : le champ des
matériaux utilisés pour s'exprimer s'élargit
considérablement.
Les précurseurs de cette révolution sont les
cubistes GEORGES BRAQUE et PABLO PICASSO. Ceux-ci sont les premiers à
intégrer dans leurs tableaux des matériaux inattendus (sciure de
bois, sable, papiers collés ou morceau de toile cirée, comme dans
la nature morte à la chaise cannée, de Picasso,
réalisée en 1912).Le geste de ces artistes a initié
l'exploration de matériaux toujours plus étonnants dans les
oeuvres d'art, en particulier l'utilisation de déchets et des
matériaux de récupération.
3.5.1. DADA 1916-1922
DADA est un mouvement créé en 1916 a Zürich
par des artistes, poètes et écrivains de plusieurs pays, fui les
champs de bataille. Il s'est développé ensuite dans plusieurs
villes : Berlin, Cologne, Hanovre, paris, new York. Ce mouvement a
exercé une très grande influence sur son époque, a
bénéficié d'une importante descendance artistique et a
contribué à modifier en profondeur l'art et la sensibilité
du 20e siècle.
DADA est apparu au cours de la première guerre
mondiale, dans un contexte culturel plus général de doutes sur
les valeurs admises et de suspicion sur les conséquences de la
modernité. Le mouvement se caractérise par un esprit de
révolte, une volonté de se débarrasser de l'occident, qui
est à l'encontre de toutes les idées habituelles de l'art, afin
de montrer l'absurdité du monde. Dans cette optique, les dadaïstes
ont introduit l'utilisation de nouveaux matériaux auparavant
jugé « ignoble » : déchets,
débris, matériaux de récupération. Les choix du nom
« dada » a été déterminé par le
processus aléatoire et absurde ; il a été
trouvé en prenant un mot au hasard dans un dictionnaire.171(*)
JEAN ARP : « nous cherchions de nouveaux
matériaux sur lesquels ne pesât pas la malédiction
picturale ».
3.5.2. Dada : les collages et les assemblages
Les artistes dada vont ainsi utiliser toutes sortes d'objets
de récupération dans leurs oeuvres. Ils construisent des
compositions en collant toutes sortes de fragments de papier, d'illustration et
des textes récupérés dans des magazines, de tickets, des
billets de banque, des morceaux de planches anatomiques, comme Raoul Hausmann
dans ABCD. Certains collent aussi de petites toiles peintes.
Ils réalisent aussi des assemblages : ils
fabriquent des sculptures en assemblant différents objets, choisis pour
leurs qualités formelles et pour leur signification symbolique. Ainsi la
tête mécanique de Raoul Hausmann est une marotte de coiffeur sur
laquelle l'artiste a fixé divers objets quotidiens (règles, tuyau
de pipi, écrin a bijou...) afin de faire le portrait « d'un
homme de tous les jours » et de dévoiler
ainsi « l'esprit de notre temps ».
o Kurt Schwitters
De 1919 à 1923, ses oeuvres sont souvent de grand
format : elles sont encore réalisées avec de la peinture
à l'huile sur une toile (ou un support de bois), à laquelle sont
incorporées toutes sortes des matériaux de rebut : papiers
déchirés, cartons ondulé, ficelle, morceaux de bois, des
tissus, métaux usagés, objets tel que :
Il réalise ainsi de véritables compositions
abstraites et géométriques, parfaitement calculées.
Progressivement, il ne va plus s'exprimer que par l'intermédiaire du
papier trouvé, découpé, collé.
Ses oeuvres sont des dimensions de plus en plus petites, en
rapport avec les caractères dérisoires des déchets qu'il
utilise ; ses compositions vont se simplifier avec un sens infaillible de
l'utilisation des formes, et en mêlant intimement les formes et les mots.
Il utilise aussi la technique de l'assemblage, en récupérant des
planches et des morceaux de bois qu'il arrange avec quelques touches de
peinture.
Kurt Schwitters a voulu faire de l'art avec tout, sans
privilégier un matériau ou une forme d'expression qui serait
jugée plus noble que les autres. Il déclare en
1932 : « on peut avec des buts détruire un monde et
par la connaissance et la conformation des possibilités, construire un
monde nouveau avec des débris. »
Kurt Schwitters a donc abandonné la peinture
traditionnelle, expression de l'ordre ancien, au profil de petit support sur
lesquels sont collés des matériaux de rebuts, des déchets
qui sont ceux de la société du 20e siècle. Ces
collages sont rapidement effectués, ils demandent un savoir-faire
réduit, ils désacralisent le geste de l'artiste et
témoignent d'un souci d'économie par le réemploi de
matériaux. Kurt Schwitters donne ainsi un statut artistique à des
compositions formées des déchets. Il rend compte de l'état
de la société et de sa culture en se servant de ses
déchets et en construisant avec ses ruines.
Il se sert de toutes sortes d'objets incongrus,
ramassés au sol dans l'espace urbain. Il les utilise pour leurs
propriétés plastiques, leurs formes, leurs couleurs, leurs
volumes... afin de donner à sa construction toute la dimension
souhaitée, il découpe même le plafond de sa maison.
3.5.3. Le nouveau réalisme 1960-1963 un recyclage du
réel
Le nouveau réalisme est un mouvement artistique
fondé en 1960 par les artistes Yves Klein, François
dufrêne, Raymond Hains, martial Raysse, Daniel Spoerri, jean Tinguely,
jacques de la Villeglé, réunis autour du critique d'art Pierre
Restany. Entre la déclaration constitutive du nouveau réalisme
signée le27 octobre 1960 et la dissolution du mouvement en 1963, trois
expositions collectives, ont eu lieu.
Le regroupement de ces artistes est motivé par
l'intervention et l'apport de théorique du critique d'art Pierre
Restany, qui souligne le point commun à savoir une méthode
d'appropriation directe du réel. Celle-ci consiste, selon ses termes,
dans un « recyclage poétique du réel urbain,
industriel, publicitaire ».ce mouvement préconise un art en
prise directe avec le réel, opposé au lyrisme de la peinture
abstraite de cette epoque.il propose un mode descriptif nouveau : à
la représentation de la réalité par une image, les
nouveaux réalistes préfèrent l'intégration directe
d'objets réels dans leurs oeuvres.
Les artistes sont marqués par l'essor de la
société de consommation en France au début des
années 1960. Le nouveau réalisme présente des traits
communs avec la nouvelle tendance artistique qui se développe au
même moment dans le monde anglo-saxon :le pop art.les deux mouvement
refusent la prédominance de la peinture expressionniste abstraite
refusent la prédominance de peinture expressionniste abstraite(peinture
gestuelle)qui s'est nettement affirmée dans les années 1950.
Ils veulent créer un art qui soit davantage en
adéquation avec la nouvelle société marquée par la
profusion de nouveaux matériaux et objets.
L'artiste américain Robert Rauschenberg,
précurseur du pop art, a joué un rôle très important
dans la réappropriation par les artistes des objets quotidiens.des 1955,
il avait créé Bed, une oeuvre constituée d'un lit
redressé sur le mur, et badigeonné de peinture.
Robert Rauschenberg réinvente l'intégration
dadaïste d'objets quotidiens réels dans ses oeuvres dans le sillage
des collages de matériaux réalisés per schwitters.son
objectif est d'associer l'art et la vie. Il développe ainsi la
production de « combine painting »,c'est-à-dire
des oeuvres hybrides associant peinture, collage et assemblage d'objet les plus
divers prélevés dans le réel quotidien.ces oeuvres lui
permettent de dépasser les limites entre les arts, tout en
renonçant à toute harmonie au sens traditionnel. Ainsi, dans les
combines painting door, Rauschenberg s'est réapproprié une porte
réelle, sur laquelle il a collé éléments issus de
la banalité : morceaux de bois, de grillage, de boite de conserve,
élément vestimentaire...
En France, les artistes du nouveau réalisme vont
récupérer, détourner, accumuler, assembler, comprimer,
coller directement les objets dans leurs oeuvres. Ils font ainsi écho a
la nouvelle fascination de la France pour les objets, mais leurs travaux se
focalisent aussi sur les dangers de la modernisation ; il s'agit, pour
ARMAN, d'une « dénomination de la production en masse qui
allait nous écraser ».
Les nouveaux réalistes utilisent comme matériaux
de leurs oeuvres toutes sorte d'objet (des reliefs de repas, des débris,
des meubles brulés, des tissus, des affiches déchirées,
des ferrailles usagées...), assurant clairement leurs liens avec
l'esthétique du déchet de Kurt Schwitters. Ils créent des
oeuvres qui sont comme l'écho d'un temps disparu, comme des vestiges
archéologiques du temps présent ce qui amène le critique
d'art Alain Jouffroy à parler de « Pompéi
mental » a propos d'eux il érigent les restes de la
destruction en oeuvre d'art, les déchets en mémento mori, comme
les artistes d'une civilisation qui n'aurait exhumée les positions
esthétiques du nouveau réalisme demeurent très
contemporaines : l'appel aux objets quotidiens et aux déchets de la
civilisation postindustrielle reste une attitude très répandue
dans les pratiques artistiques actuelles.
3.5.4. Les affichistes
François Dufrêne, Jacques de la villeglé,
Raymond Hains et Mimmo Rotella puisent leur inspiration dans des promenades
urbaines : ils recueillent des affiches qui ont été
lacérées par les passants et sont ainsi devenues illisibles.
L'oeuvre est donc le fruit des facteurs aléatoires, le résultat
des déchirures effectuées par les passants anonymes.
Ces oeuvres remettent en question la reconnaissance de
l'artiste, en accordant une valeur artistique à des gestes
insignifiants. Ils tournent ainsi en dérision les artistes
expressionnistes abstraits qui dominaient les scènes artistiques de
l'époque, pour lesquels la valeur artistique reposait uniquement sur le
geste pictural du créateur.
Arman radicalise l'utilisation des déchets en les
élevant directement au statut d'oeuvres d'art.
Les débris et rebuts deviennent, dès 1959, son
matériau de prédilection.
Il est célèbre pour ses Accumulations :
assemblages d'objets usagés identiques présentés dans une
boite vitrée. L'objet acquiert ainsi une puissance expressive par la
répétition. Il utilise aussi directement les
détritus : il réalise
des « portraits » à partir des poubelles
personnelles des gens, présentées dans des boites de verre.
Travailler avec les déchets lui permet de porter un
témoignage sur la société de l'époque. Il est
persuadé que les conséquences les plus manifestes du
développement de la société de consommation sont
«l'inondation de notre monde de déchets et d'objets de
rebut ».
En 1960, il réalise une exposition intitulée Le
Plein : il remplit entièrement la galerie Iris Clert de
déchets (cageots, paniers, bicyclettes, chiffons, détritus...).
C'est une sorte de réponse à l'exposition Le Vide qu'Yves Klein
avait réalisée dans cette même galerie peu temps avant.
Dans le cadre de ses recherches artistiques sur la
sensibilité picturale, Klein avait présenté au public une
galerie entièrement vide, avec les murs peints en blanc et vitres en
bleu.
Daniel Spoerri saisit la réalité telle quelle,
il la « piège » et l'accroche au mur en un
« tableau-piège ». Le passage du plan horizontal de
la réalité au plan vertical de l'oeuvre d'art donne aux objets
une présence insolite.
Ainsi, Les puces (1961) est un tableau réalisé
à partir d'un étalage découvert sur une brocante. Spoerri
organise des « diners-piégés » : au
repas, il colle le couvert et les restes sur le plateau de la table, qu'il
accroche au mur ; c'est ce qu'il nomme ses
« tableaux-pièges ». Par exemple, Table Bleue,
Galerie J a été réalisé à la suite d'un
diner organisé par l'artiste dans une galerie parisienne.
3.6. Emergence d'une nouvelle vision dans l'art de peindre
kinois
Aucune audace n'a autant ébranlé les assises
conceptuelles de la plastique congolaise que la révolte ayant
marqué la fin du XXe siècle à Kinshasa. Au point de faire
penser au phénomène « Dada172(*) » ou de faire parler de « mauvais
art173(*) » ou
encore de faire reconnaître « une nouvelle philosophie de
l'art174(*) ».
Partagée par toute une génération de jeunes artistes
indépendants ou en formation, cette révolte fut
cristallisée et portée sur la place publique en juin 1996 par
« le Groupe exhibition libre », devenu « le Groupe des libristes
» en octobre 1997.
Le concept « librisme » a été
forgé par le jeune Francis Mampuya, à l'époque,
étudiant à l'Académie des Beaux- Arts, pour
désigner le combat délibéré que ses
collègues et lui-même ont engagé contre l'enfermement dans
les conventions artistiques scolaires et en faveur de l'éclosion des
expressions libres.
Dans les années 1970 au cours desquelles I'AICA faisait
ses premières rencontres avec l'Afrique, la section congolaise a eu
beaucoup de mal à faire partager ce genre de combat. L'appel
lancé par la jeune section en 1972 pour la création d'un groupe
de recherches artistiques, fut tout simplement boudé par les artistes
académiciens, dont la devise était « A bas la pensée
vive la pratique ! ». Mais la poursuite des débats amorcés
au troisième Congrès Extraordinaire de l'AICA et ayant en 1973
taxé l'art congolais de 50 ans de retard par rapport à celui de
l'Occident, donnant naissance en 1974 au « Groupe des avant-gardistes
congolais » (Zaïrois à l'époque). Ce groupe s'assigna
comme objectif de renouveler l'art congolais moderne avec les ressources
esthétiques ancestrales. Il en résulta deux tendances majeures
que nous avons baptisées respectivement « Néonégrisme
» et « Néorupestrisme »175(*).
La première tendance regroupe les artistes tels que les
céramistes Bamba Ndombasi et Mokengo Kwekwe, les peintres Mayemba Ma
Nkakasa, Mavinga Ma Nkondonguala, le sculpteur Tamba Ndembe. La seconde
tendance a pour chef de file le peintre Kamba Luesa. La démarche des
avant-gardistes connut une certaine constance durant une année,
période au cours de laquelle des rencontres conviviales animées
par des échanges critiques furent organisées avec les membres de
l'AICA/ Congo (Zaïre à l'époque). Mais le divorce ne tarda
à venir. En effet, le clientélisme récupéra les
artistes en 1975. L'avant-gardisme congolais s'essouffla soit en
érigeant des nouveaux ghettos esthétiques soit en redonnant force
et vigueur aux recettes de l'art occidental du XIXe siècle finissant.
Les tenants de cet art ont une prédilection pour la
recherche des «attitudes artistiques", fort prisées par les
férus des « Beaux-arts ». Leur esthétique affiche
généralement des visages humains impassibles, la beauté
plastique prenant le dessus sur le thème littéraire. Il s'agit
donc d'un art de contemplation évasive. Cet art contraste avec la
peinture populaire contemporaine.176(*)
La peinture populaire contemporaine est le produit de la
culture urbaine. Ses origines lointaines remontent cependant à la fin du
XIXe siècle, aux fresques historiées qui revêtaient les
cases rurales en pisé, dont les scènes représentaient le
regard des villageois sur l'intrusion de la civilisation coloniale. A l'instar
de leurs prédécesseurs, les peintres populaires contemporains
développent un discours dans lequel l'ingéniosité du
langage est mise au service de la communication sociale. La majorité des
peintres est autodidacte et pratique un réalisme approximatif et
ingénu.
Certains peintres sont toutefois parvenus à une bonne
maîtrise du dessin et évoluent dans l'hyperréalisme.
Longtemps considéré comme un art mineur, la peinture populaire
contemporaine du Congo a connu son tournant décisif à partir de
1978. Cette année-là, le Congrès International des
Africanistes (CIAF) organisa à Kinshasa un colloque sur le thème
"La dépendance de l'Afrique et les moyens d'y remédier", avec le
concours de la Section congolaise de l'AICA. Les assises du CIAF furent
soutenues par la première exposition officielle de la peinture populaire
du Congo. Tenue à l'Académie des Beaux-arts, cette exposition
révéla aux visiteurs un univers pictural procédant d'un
modèle culturel différent. L'on y trouve conjuguées avec
vitalité les ressources des différents arts aussi bien visuels
que littéraires.177(*)
L'attrait de la peinture populaire conduit certains jeunes
académiciens à s'y convertir pour se libérer de
l'assujettissement scolaire. Aussi, l'on retrouve aujourd'hui des anciens de
l'Académie tels que Chéri Chérin, Alpha et Mbikulu dans
l'univers des Chéri Samba, Bodo, Shula, Sim Simaro, Chéri Benga,
etc.
Quant à la relève des avant-gardistes, elle est
prise depuis 1992 par les ateliers Botembe où évoluent aussi les
artistes Dikisongele, Malambu et Matemo. Enseignant à l'Académie
de Beaux-arts, Botembe prit une sorte de congé sabbatique en 1996 pour
se consacrer à ses recherches sur l'art traditionnel africain. L'artiste
va au-delà des préoccupations de ses prédécesseurs.
En effet, tandis que les avant-gardistes se limitaient à un remodelage
de la plastique ancestrale Botembe se force d'en percevoir le symbolisme. Il
exploite les symboles africains pour ce projet un nouveau langage qui
mérite l'appellation « néonégrisme symboliste ».
L'artiste lui-même se réclame du « transymbolisme africain
».
Ce concept est encore sujet à controverse. Mais la
démarche artistique de l'artiste a des mérites réels.
Reste que Botembe reconsidère le fonctionnement décoratif du
tableau pour le rendre apte à initier le public aux arcanes de la
sagesse ancestrale ainsi encodée. Reste aussi que l'artiste
résiste au piège d'un nouvel académisme178(*).
Par rapport aux expériences des avant-gardistes et des
ateliers Botembe, le groupe des « libristes », dernier-né des
groupes kinois d'artistes académiciens en rupture de ban, voire de banc,
a inauguré, pour l'art congolais contemporain, l'ère de la
déstructuration radicale de l'art d'Académie (à ne pas
réduire à l'art académique). Germain Kapend, Francis
Mampuya et Eddy Masumbuku, fondateurs du groupe, furent
considérés comme des « étudiants rebelles ». En
dépit de son rejet par les milieux académiques, le collectif ne
tarda pas à s'élargir avec d'autres adeptes du « librisme
», notamment, les étudiants Olivier Matuti, Jean-Pierre Katembue,
Désiré Kayamba et Nganga Puati, tout comme, l'artiste
indépendant André Lukifimpa, un des précurseurs de
l'état d'esprit « libristes » qui rejoignit cet ensemble en
l'an 2000179(*).
Les « libristes » n'appartiennent pas à une
école mais plutôt à un collectif cohérent mais non
« aliénant ». Ils ont tous reçu l'enseignement de
l'Académie des Beaux-arts de Kinshasa. Exception faite de Lukifimpa dont
la révolte est ultérieure à « sa sortie de l'Alma
Mater » en 1986, c'est au cours de leur cursus « académique
» que ces plasticiens ont pris de la distance par rapport aux savoirs et
aux pratiques « non déviantes » et qu'ils ont
élaboré leur combat plastique.
L'engagement constant des libristes à prendre le train
des mutations artistiques contemporaines a nourri et continue de nourrir une
réflexion au sein de l'Espace Akhenaton. Ce « chantier de
création » au coeur de Kinshasa offre aux libristes depuis 1997 un
lieu de débat, critique mais libre et propice au cheminement de leur
démarche créative. Celle-ci a introduit dans l'art congolais
entre autres les concepts de récupération, performance, objets
usuels, installation,
peinture-sculpture, art minimal, art brut... Avec la
collaboration de la Halle de la Gombe (Centre Culturel Français) et du
Centre Wallonie-Bruxelles, l'Espace Akhenaton a livré cette nouvelle
plastique congolaise au public. Il a consacré son festival monographique
Emergence 2001-2002 à Mampuya, Kapend, Masumbuku et Katembue qui furent
à tour de rôle présentés dans les installations de
la Halle de la Gombe tandis que la rubrique « coup de coeur » du
Centre Wallonie- Bruxelles accueillait Lukifimpa dans la salle Magritte.
La présente communication voudrait proposer ce qu'il
conviendrait de noter comme le premier moment de l'art congolais du XXIe
siècle naissant.
Nous sommes conscients des risques de ce genre d'exercice mais
nous laissons le soin du jugement péremptoire à l'histoire. Pour
illustrer notre propos, nous avons jeté notre dévolu sur cinq
artistes que nous avons eu le privilège de présenter au public de
Kinshasa dans le cadre de nos activités d'animation culturelle en faveur
de la jeune création « libristes »180(*).
3.6.1. Cinq figures marquantes
3.6.1.1. Germain Kapend
Séquences d'un sommeil cauchemardesque ! Les tableaux
de Kapend en donnent l'apparence. Prenez garde, il ne s'agit nullement d'un art
psychédélique.
Kapend a intégré l'Académie des
Beaux-arts de Kinshasa en 1988, date où débute sa «
rébellion » libristes. Elle trouve toute sa force en 1996 avec la
création du groupe « Exhibition libre » où l'artiste se
forge un langage particulier combinant connaissances scientifiques et
constructions plastiques issues du surréalisme, constellé
d'équations et de diverses formules scientifiques surgissant tout droit
de l'inconscient.181(*)
La clé ? Dans un laboratoire médical, Kapend
eut, un jour, l'oeil rivé sur le foyer d'un microscope pour la
première fois. L'univers cellulaire ! Quel foisonnement de vie, quel
grouillement ! Mais quel ordre aussi ! Peut-être l'anatomie humaine,
animale, végétale, minérale, stellaire, sont-elles toutes
mathématiques ! Par contre, quelle confusion dans la
société des hommes, en dépit de l'essor scientifique et
technologique ! Où conduisent les lumières de la science moderne
? Les mathématiques, la chimie, la biologie... ? Conquête de
l'espace, conquête de puissance, conquête de la femme,
conquête... toujours conquête... Kapend s'insurge, la dérive
du génie scientifique a engendré la déshumanisation de
l'homme contemporain passé maître dans l'art de destruction.
L'art de Kapend est un art très urbain. Palettes de feu
et palettes bleues constituent des ensembles alternatifs. Folie de la ville,
délire du citadin, qui peut faire penser à l'art du «
graffiti » né à New York au milieu des années 1970.
Les corps sont parés de mille artifices qui pénètrent la
chair et l'âme, tatouages faits de formules mathématiques,
scarifications diaboliques.
Dans de nombreuses oeuvres, des éclats de miroirs
greffés invitent le spectateur à pénétrer les
tableaux. Les formes inachevées le convient à participer à
l'acte créateur, à parachever mentalement les anatomies.
L'artiste dépose, sur quelques toiles, les traces de son propre corps
cheveux, barbe... signes d'une introspection, d'une prise de conscience par
rapport à l'existence. Démarche que l'artiste appelle «
maïshisme ». Ce terme dérive de « maïsha » qui
veut dire vie, existence en swahili, une langue largement parlée
à Lubumbashi où le peintre est né le 30 novembre 1964.
On discerne, dans les peintures, les signes de reconnaissance
d'une véritable « culture urbaine africaine » qui ne
ménage ni ses ancêtres ni ses croyances ancestrales. On ne sait
où regarder. Comme au coeur de la jungle urbaine, on loupe toujours
quelque chose, on ne peut voir ni être partout. Comment accrocher ou
orienter le regard ? Peut-être avec ces quelques artifices langagiers
gros plan, surimpression, rotation voire torsion corporelle à 180°,
qui impriment à nombre de toiles une perspective multipolaire. Pouvoir
de séduction, invitation à la fête, cauchemar
apocalyptique, une sorte de débauche de "raisonnée", celle de
l'amour de l'autre et de l'espoir de voir un jour la science « s'humaniser
»182(*).
3.6.1.2. Jean-Pierre Katembue
A Lubumbashi, Katembue fut l'élève de Mwenze
Kibwanga. Son art est un témoignage éloquent du choc de
l'Académisme kinois avec la liberté picturale lushoise dont il
renouvelle la figuration linéaire.
Membre du « Groupe des libristes », il retient
l'attention du public à partir des Ateliers Dialogues de la Halle de la
Gombe (Centre Culturel Français de Kinshasa, 1999-2000).
La ligne vigoureuse, refus de la décoration, est le
répondant visuel du tempérament fougueux de Katembue. Elle est,
par ailleurs, le meilleur moyen pour l'artiste de contenir et canaliser les
impulsions binaires de ses forces spirituelles, voire nerveuses. Rare est la
polychromie, édulcorée en général à travers
les couleurs brumeuses en camaïeu, aériennes comme la rosée.
Sa palette de prédilection, que déchirent parfois de criantes
coulées larmoyantes, est la monochromie, à l'encre de Chine ou
à l'acrylique, qui rend à la ligne noire toute sa force
expressive sur le fond blanc. Qu'il s'agisse du contour des figures, toujours
schématiques et puissamment frontales, ou des méandres abstraites
qui transcrivent « les traces de l'Homme » dans sa quête
permanente d'élévation spirituelle jusqu'à l'infini.
Katembue a donc une vision linéaire du monde. Pour lui,
le monde se réduit au point et à la ligne. Cette ligne l'aide
à appréhender les personnages dans leur schéma essentiel.
Et cette réduction linéaire accentue l'expressivité de ses
personnages au regard vide, révulsé, et à la stature
hiératique.
La même ligne se déploie aussi dans un jeu des
droites, des courbes, des contre-courbes pour rendre sensibles les vibrations
subtiles qui traversent l'espace. Ailleurs cette ligne se déroule sous
une forme spiralée qui privilégie les mouvements giratoires de la
pensée conquérante de l'espace, ou génératrice des
êtres. Katembue a soif de la plénitude et de l'infinitude. Il
place sa démarche sous l'oeil vigilant du principe pensant qui voit tout
et dont le symbole, « oeil-point-ovale » est présent dans
chaque tableau et sculpture.
Toujours à la recherche du mieux-dire, le
réductionniste linéaire de Katembue a fait évoluer
l'expression de son désir de s'approprier l'espace, non vide car
traversé par l'énergie de la pensée. Il a franchi les
limites de l'art à deux dimensions, pour transposer son langage dans la
sculpture, qui lui permet de revaloriser sa vision d'un monde simple à
travers des matériaux tout aussi simples : le simili plâtre, la
barre de fer modelée, la planche laquée. Ainsi les lignes
sculptées en fer à béton dressent des personnages
ajourés sur le socle. Ailleurs, elles déroulent la pensée
ou la parole spiralée dans l'espace. Les tracés dessinés,
noires, parcourent la blancheur des reliefs concaves ou des
parallélépipèdes. L'univers linéaire crée
parfois un entrecroisement des plans agencés en des volumes sensibles ou
visuels. C'est l'étape actuelle d'autodépassement de Katembue qui
voit apparaître des personnages siamois, voire des androgynes comme
expression forte de l'aspiration à la plénitude. Ceci n'est,
certes, qu'un premier pas vers d'autres audaces encore
insoupçonnées.
3.6.1.3. André Lukifimpa
André Lukifimpa est sculpteur. Il s'est imposé
une réclusion volontaire pendant presque vingt ans pour trouver un
chemin qui fasse dissidence avec la vague des années 1970-1980, au cours
desquelles le bronze et le laiton constituaient les matières de
prédilection dans la sculpture congolaise moderne.
Sorti de l'Académie des Beaux-arts en 1986, l'artiste
tourne le dos à la salle d'exposition de cet Institut et s'enferme chez
lui dans la modeste commune de Bumbu (Kinshasa). Il consacre les
journées à l'observation de l'environnement jonché de
matériaux de rebut divers, notamment des tôles et de la ferraille
aux origines multiples : autos, vélos, ustensiles de ménage...
Au-delà de ce désordre indécent, le sculpteur
perçoit des opportunités d'ennoblissement. Il prend pour
référence sa propre personnalité et tire partie de sa
pratique des arts martiaux, de la musique et de sa formation de plasticien.
Trois éléments se posent, dès lors, comme socles de sa
création : la structure, la couleur et la composition.
Ces éléments sont orchestrés selon un
mode en contrepoint. Les structures massives se conjuguent avec les structures
filiformes. Les formes austères s'articulent avec les formes souples.
Les couleurs se veulent pures, créant ainsi entre elles des contrepoints
chromatiques qui résonnent comme de véritables accents
destinés à raffermir les structures qu'ils rehaussent.
L'orchestration des structures et des couleurs évoque
d'une manière festive les grandes compositions de musique instrumentale
où des espaces denses s'articulent avec des espaces aérés.
Cela donne aux sculptures de Lukifimpa des rythmes de respiration qui irradient
le sentiment de monumentalité. Quelle que soit la dimension des
oeuvres183(*) :
Petites, moyennes ou grandes, elles sont toutes
aériennes et d'allure spatiale. Devant moult assemblages à la
ciselure géométrique, on a l'impression d'assister à un
déploiement kaléidoscopique tridimensionnel pareil à une
transmutation de Kandinsky : des structures rythmées aux couleurs qui
riment dans l'espace. Et lorsque l'artiste laisse libre cours au camaïeu
brut du fer qui rouille, la composition mêle aération,
monumentalité et effet de matière, au point de subjuguer
l'imagination, la divertissant du danger que représente
l'éphémère résistance de la sculpture aux
intempéries. Du travail en perspective pour les restaurateurs.
Quelquefois des objets usuels créent des césures "objectives"
dans l'univers abstrait du sculpteur.
Le visiteur s'en trouve ramené à l'environnement
immédiat dont les rebuts ainsi recyclés font office de symboles.
Cadenas, lampe, guidon, pont arrière, bande de frein, casserole,
jante... Au demeurant, les différentes sculptures de Lukifimpa avouent
leur destinée finale qui est celle d'être réalisées
à de grandes échelles afin de réaménager
l'environnement de manière à le rendre vivable.
3.6.1.4. Francis Mampuya
Francis Mampuya, un esprit et un coeur en quête d'une
« réconciliation » humaine. Le témoin en est le visage,
thème récurrent dans les oeuvres de 1998 et 2000. Un leitmotiv
dont il parsème les toiles et les pans de sculptures polychromes. Un
cliché signifiant à la fois la diversité des hommes et
l'unité de l'humanité. Véritable aphorisme dont
l'assonance interpelle la conscience contemporaine sur les méfaits
engendrés par l'absence de communication interpersonnelle et
interculturelle. Déprime, désolation. Chaos.
L'artiste place donc la communication humaine au coeur du
débat social dont la clé passe pour chaque homme, par
l'apprentissage de la communication avec son propre moi intérieur.
Cernes ovales, compositions multipolaires et étalements des couleurs
chaudes et froides :
Conscience de l'attraction essentielle des
éléments. Unité et attraction que seule la parole peut
engendrer... Tâche difficile mais réalisable. La présence,
rare, des profils sereins, hommes "accomplis", est en effet évocatrice
dans l'oeuvre de Mampuya. A l'image des visages, les cases sont rarement dans
une position de stabilité. Accomplissement difficile mais possible du
village planétaire vrai où l'homme partage librement sa parole et
convie ses semblables184(*).
Les années 2000 annoncent quelques
éléments de réponse aux interrogations persistantes que
soulève l'artiste. Un face-à-face avec ses rêves, ses peurs
et ses fantasmes. L'exploration de soi et de l'environnement afin de
découvrir les forces potentielles capable de transformer l'homme «
consommateur de tout de tout temps » en un être créateur de
sens.
3.6.1.5.Eddy Masumbuku
Masumbuku a grandi dans sa cité natale, Mangai
où il vit le jour le 3 octobre 1965, dans la province de Bandundu. Son
adolescence est marquée par une nourriture « toute spirituelle
» : les contes traditionnels, empreintes de sagesse ancestrale,
l'apprentissage de la recherche avec les mathématiques et la physique
tout comme la philosophie qu'il découvre au cours de ses études
secondaires forgent un esprit critique mais serein.
1985 : Masumbuku, encore élève collégien,
se révolte contre l'esprit fataliste et résigné de ses
concitoyens de Mangai, aux yeux desquels la galère dont ils sont
accablés résulte de la « politique » :
« Tout simplement !!! Personne n'y peut rien... »
Disent-ils. Masumbuku n'est pas d'accord, il va le faire savoir. Symbole de sa
rupture avec l'idéologie officielle de l'époque, à savoir
l'authenticité qui, à ses yeux, est la cause de
l'anesthésie intellectuelle collective. Masumbuku tente de recouvrer son
identité originelle. Malgré les contraintes politiques d'alors,
il rejette son post-nom zaïrois « Alungula » qu'il remplace par
le pseudonyme d' « Eddy ».
Diplômé d'Etat en 1988, Masumbuku s'inscrit
à l'Académie des Beaux-arts de Kinshasa en 1989. En section
publicité. Malgré lui. Le défi à relever est celui
de réaliser son rêve d'exceller dans la peinture d'expression plus
que dans l'illustration publicitaire.
Dès 1995, il consacre ses heures libres à
illustrer les livres pour enfants. La sagesse des enfants du village ainsi que
les « devinettes » sont ses thèmes de prédilection.
Mais ces esquisses au pastel ne tardent pas à dévoiler leurs
limites, ce support ne permettant pas à l'artiste de s'exprimer
pleinement.
Le « choc » a lieu lors d'une première
expérience picturale à l'aide d'une brosse que Masumbuku produira
en 1996 avec le concours d'un camarade, Francis Mampuya. Le premier vrai
tableau était né : La curiosité du savoir.
Ce thème annonce le contenu fondamental, de l'art de
Masumbuku : un plaidoyer pour la connaissance.
1996 est aussi l'année où Masumbuku propose
à Mampuya une idée aussitôt partagée par un autre
collègue « étudiant rebelle » Germain Kapend : celle de
créer un groupe de jeunes artistes en rupture de ban avec l'art
académique. Ainsi naîtra, la même année, le collectif
« Exhibition libre » dont les trois étudiants sont les
fondateurs et adoptent l'appellation précitée
suggérée par Mampuya.
Sur une nouvelle proposition de Francis Mampuya, ces derniers
adopteront pour leur ensemble la dénomination de « Groupe des
libristes » en 1997. Au sein du collectif, Masumbuku va trouver un appui
à sa lutte morale, intellectuelle et plastique. Son art est â
l'écoute de toute critique susceptible, d'éclairer sa propre
recherche identitaire.185(*)
La connaissance par l'apprentissage permanent est pour
Masumbuku la clé du développement individuel et communautaire. Le
savoir libère l'homme, il en est sûr et le suggère à
partir des coupures de journaux qui habitent un grand nombre de tableaux. Plus
subtil encore est le langage baptisé « fouillisme » par
l'artiste.
Premier tableau du genre L'humanité retrouvée
créée à l'Espace Akhenaton en 1998, marque un tournant
décisif à partir duquel Masumbuku construit son langage plastique
naissant de l'observation minutieuse de l'environnement et de la nature.
Les zébrures, de véritables «
déchirures » picturales, sont conçues à partir
d'empreintes digitales qui tentent d'extraire la forme humaine... à la
manière du coq qui extrait les denrées de la terre
nourricière. Au fil des oeuvres, les touches zébrées
deviennent affaire de pinceaux. Monochromes et épaisses à leur
période digitale, les voici à présent polychromes,
filiformes et lumineuses avec un penchant certain pour la décoration.
Au terme d'une réflexion qui va le conduire à
minimiser l'aspect décoratif dans ses tableaux, Masumbuku se penche sur
l'essence même des phénomènes qu'il observe. Le moment de
la rencontre des gouttes de pluie avec le sol, par exemple, lui inspire la
création des touches acides, sortes de magmas qui font jaillir de ses
tableaux des zones gluantes qui sont celles que l'homme rencontre en traversant
« le couloir du savoir ». Gaie ou acide, unie ou zébrée
ou encore en gouttelettes, réaliste ou géométrique, la
peinture de Masumbuku rend sensibles les péripéties de
l'initiation à l'humanisme.
La volonté de faire participer l'être humain
à ces péripéties initiatiques trouve sa pleine expression
dans le genre « performance-installation » à travers lequel
l'artiste associe le public au processus créateur.186(*)
3.7. Perspectives d'avenir
La création congolaise contemporaine aujourd'hui
résulte de la mutation mentale manifestée par les jeunes artistes
qui, à l'encontre de leurs maîtres d'atelier, se révoltent
délibérément contre l'enfermement dans les traditions
esthétiques que perpétue l'enseignement officiel introduit au
Congo en 1943 par l'Ecole Saint Luc, l'actuelle Académie des Beaux-arts.
Cet enseignement est fondé sur le respect puis l'interprétation
de l'ABC de l'académisme occidental d'une part et sur la reproduction
suivie de l'interprétation de la statuaire négro-africaine
d'autre part. Le travail pédagogique inhibe tout décollage
créatif qui génère une rupture avec les repères
esthétiques admis dans l'art officiel.
Pareille pédagogie est appelée à se
remettre en question de façon que dès le banc de l'école,
l'artiste en formation puisse réaliser son rêve d'ouverture
à d'autres genres d'expressions auxquels sa personnalité est
sensible. Par exemple, aujourd'hui beaucoup des jeunes voudraient bien
embrasser les nouvelles technologies de la création, mais les
maîtres d'atelier sont accrochés à la création
manuelle. Pour le moment, seules les structures de formation alternative sont
disposées à satisfaire les besoins des jeunes talents. C'est le
cas de notre centre Espace Akhenaton qui peut soutenir les aspirants au Digiart
dès que les partenaires intéressés le dotent des
équipements appropriés.
Ce centre créé à Kinshasa en 1989,
s'illustre par le courage d'apporter son soutien à la jeune
création quand bien même celle-ci fait l'objet des railleries de
la part de la majorité des artistes dits confirmés comme de la
part de la majorité des amateurs d'art. C'est ainsi que l'Espace
Akhenaton a créé en 1994 le concept « Emergence » qui
est un espace d'encouragement, de revalorisation et d'évaluation des
expériences artistiques qui sortent des sentiers battus en même
temps qu'il voudrait servir de plate forme de rencontres interculturelles. Les
éditions 2001 et 2002 organisées avec la collaboration de la
Halle de la Gombe (Centre Culturel Français), ont montré au
public la pertinence de cette initiative qu'est le concept « Emergence
», elles ont en même temps, rendu sensible la
nécessité de diversifier les partenaires, conformément aux
prévisions initiales du projet, de façon à permettre
à ce dernier de réaliser ses différents
objectifs187(*).
Le cheminement qualitatif de la peinture populaire entre aussi
dans la ligne des préoccupations de l'Espace Akhenaton. Celui-ci a
bénéficié de la collaboration du Centre Culturel
Français et du Centre Wallonie-Bruxelles pour organiser la
première édition du projet Carrefour International de la Peinture
Populaire (CIPP) en 1994. Au moment où se tiennent les présentes
assises de l'AICA, l'Espace Akhenaton (EA) et le Centre Africain des Cultures
Populaires (CACP) qu'anime l'historien d'art Joseph Ibongo, sont heureux
d'avoir contribué à la réussite de l'exposition Kin moto
na Bruxelles [Kinshasa réchauffe Bruxelles], consacrée aux
peintres populaires de la capitale congolaise.188(*)
Les toiles occupent les cimaises de l'Hôtel de Ville de
Bruxelles ainsi que celles du Musée Royal de l'Afrique centrale de
Tervuren (MRAC). Initiée par la Ville de Bruxelles, l'exposition se
tient du 5 mai au 14 septembre 2003 avec la contribution de la
Communauté Française Wallonie-Bruxelles et le concours du
Musée précité dans le cadre d'Africalia 2003.
L'itinérance des tableaux à travers l'Europe fait l'objet de
plusieurs sollicitations.
Mais l'événement a surtout mis l'accent sur le
besoin de travailler dans la durée. C'est peut-être ici l'occasion
de rendre effective la tenue périodique du Carrefour International de la
Peinture Populaire à la faveur d'un partenariat multilatéral.
Ainsi pourrait enfin se réaliser le voeu qui nous
tenaille depuis 1994, voeu largement partagé par les jeunes artistes et
les opérateurs culturels de la République Démocratique du
Congo à l'instar de ceux que nous avons pu côtoyer pendant les
éditions de DAK'ART '96 et '98 auxquelles nous avons eu l'honneur
d'être invité. Ce voeu ardent est de voir Kinshasa abriter tous
les deux ans, de façon alternative, le concept « Emergence »
et le « Carrefour International de la Peinture Populaire ».
Par ce biais seront apportées de nouvelles pierres
à la construction des rencontres et échanges artistiques ainsi
qu'au développement du dialogue interculturel en Afrique
Centrale189(*).
3.8. Les ateliers BOTEMBE et le groupe librisme
Les librismes ce sont les groupes créés en 1996
qui sont constitués d'artistes contemporains congolais et se veulent une
oeuvre plastique de collaboration pure, un art de promotion intégrale
Ils sont à l'origine d'un art qui a un discours
fondé sur la valorisation de la richesse, du patrimoine culturel pour en
faire la rampe d'une culture d'avenir centrée sur l'homme africain et
ouverte aux valeurs universelles.
Dans les ateliers BOTEMBE, nous avons les artistes
ci-après Roger BOTEMBE, KAMBERE TSHONGO, DIKISONGELE ZATUMWA, papy
MALAMBU DIBANDI, MATEMO, etc.
Et pour le collectif libristes fondé par les
« Etudiants rebelles » Germain KAPEND, Eddy MASUMBUKU,
Francis MAMPUYA, ce collectif opère la déstructuration radicale
de l'art académique.
Le librisme n'a pas trainé à se scinder en deux
tendances la première considérant comme étant la
liberté de faire n'importe quoi s'est vue ciblé de beau coup de
critique car son essence était plus signifiante (formelle) tandis que
l'autre où le conceptuel était plus signifié (convenu).
Selon J. IBONGO, c'est sans doute J.A.Cornet qui a le mieux
précisé les étapes évolutives de la peinture
contemporaine congolaise, la première phrase se développe autour
de l'initiation des administrateurs, missionnaires et amateurs d'art qui
découvrent, pour encourager des artistes doués d'un talent
manifeste.
Une étape ultérieure fut
caractérisée par une véritable initiation
dispensée par des professeurs européens, soit dans des ateliers
libres laissant une grande liberté d'inspiration aux artistes, soit dans
un enseignement plus structurés :
La troisième étape procède de la
recherche des étudiants de l'Académie de Kinshasa qui pour se
mettre au diapason des peintures occidentaux, se murent à envier leurs
réalisation et à scruter les livres d'art pour s'en inspirer.
C'est cette phase qui suscite aujourd'hui, note J.A.Cornet, le plus de
réticence de part de la critique d'art occidentale. (190(*))
Le quatrième volet enfin, (ce n'est pas une
étape chronologique), est celui du phénomène de l'art
« populaire » destiné surtout au public urbain et
apprécié par lui comme corollaire de cette peinture. Il faut
intégrer la peinture publicitaire. Au regard de ce qui
précède. Il me parait juste d'affirmer que la peinture urbaine de
Kinshasa, multiforme, suit exactement des étapes d'une
évolution cohérente.
La période qui va de 1920 à 1950 est capitale
pour l'étude sur la peinture congolaise. C'est comme le fondement sur
lequel est construit l'édifice de la peinture congolaise
général, et singulièrement de la peinture de Kinshasa.
J.A. Cornet a réalisé une deuxième
synthèse de ses travaux sur « les précurseurs de la
peinture moderne au Zaïre ». Ces initiateurs sont
essentiellement des peintres autodidactes. Leur oeuvre se situe dans
l'intervalle des années 1920 et 1930, marqué l'art des rencontres
artistiques Belgique-Congo, dont la première étape fut
« l'entrée des aquarellistes Lubaki et Djilatendo (ou
Tshelantendu) sur la scène et marché de l'art en
Europe »
On ne peut évidemment décrire ici par le
détail les étapes de la reconnaissance de l'art traditionnel,
l'art nègre, dont la connaissance en Europe précède
largement celle des aquarellistes Lubaki et Tshelantendu. L'histoire a
été maintes fois retracée des artistes d'avant-garde qui,
à Paris, se saisirent de l'oeuvre pour y cherchez un moyen de rupture
avec les traditions figuratives héritées des anciennes
écoles européennes.
CONCLUSION
Nous voici au terme de notre travail, que nous avons
intitulé « L'intégration des
médiums environnementaux dans la peinture contemporaine, une nouvelle
vision écologique à Kinshasa. »
Notre hypothèse part de la considération selon
laquelle, l'évolution de la peinture contemporaine a influencé
le champ de la gestion des déchets dans la ville de Kinshasa.
En effet, la complexité de différentes
méthodes et pratiques de l'art contemporain et de la peinture, en
particulier, a attiré les artistes kinois à pousser leurs regards
sur des matériaux environnementaux (déchets, débris),
qu'ils ont récupérés pour être utilisés comme
des nouveaux matériaux (médiums) dans l'art pictural dont le
but de porter un regard plastique sur les éléments
déclassés.
Les déchets réutilisés ci-dessus
deviennent à leur tour des matières premières pour une
fonction, une esthétique, une valeur ou un symbolisme nouveau ;
C'est pourquoi même le nom des médiums environnementaux leurs sont
attribués par les peintres libristes kinois car, ils ont
transformé la vision qu'on a des déchets en
éléments de récupération servant de
créations artistiques en nous projetant vers un art purement
écologique.
Pour une meilleure appréhension de notre travail, nous
avons épinglé trois chapitres à savoir :
Le premier chapitre est une approche définitionnelle
des termes clés du sujet qui consiste à définir les
concepts de base qui constituent le socle de notre travail,
Le deuxième chapitre s'est appesanti sur les
différents mediums usuels dans la peinture contemporaine,
Le troisième chapitre est un aperçu sur
la nouveauté de vision écologique à
Kinshasa, qui par l'apport idéologique du librisme kinois, Kinshasa
atteint progressivement l'étape de maturation sur l'assainissement
territorial.
Pour atteindre notre objectif, nous avons recouru aux
méthodes descriptive et analytique. La première méthode
nous a aidés à décrire les éléments
caractéristiques de l'objet à analyser. Quant à la
seconde, elle a consisté à faire la décomposition de notre
corpus afin d'en ressortir les différentes composantes constitutives.
Ces méthodes sont appuyées par la technique des recherches
approfondis sur de contenu sujet.
Loin de nous d'avoir fait un travail parfait, nous pensons
que c'est un travail fruit de l'homme, en cela peut-être qu'imparfait.
La matière est tellement abondante que nous n'avons pas
pu l'épuiser, néanmoins, nous avons apporté notre modeste
contribution, qui peut être utile, aux générations à
venir.
BIBLIOGRAPHIE
OUVRAGE SPECIAUX
1. AGAMBEN, G., Qu'est-ce que le contemporain
?, Paris, Rivages, 2008
2. ALBERTIT, G., Pas de visas pour les
déchets ; vers une solidarité Afrique/Europe en
matière d'environnement, Ed. L'Harmattan, Paris,
1990.
3. BÉGUIN, André, Dictionnaire
technique et critique du dessin, Bruxelles, Oyez, 1995
4. CENNINI Cennino, Le livre de l'art ou
traité de la peinture, trad. Victor Mottez, Paris, L.
Rouart et J. Watelin Éditeurs, 1923.
5. CHASTEL, André, L'Art
italien, Paris, Flammarion, 1995, p 639.
6. CHEVEIGNE, Suzanne de, L'environnement dans
les journaux télévisés : Médiateurs et Visions
du monde, Paris, CNRS, 2000
7. L. DESMAREST, Manuel pratique de la
fabrication des encres : encres à écrire, à copier,
de couleurs, métalliques, à dessiner,
d'imprimerie , Paris, Gauthier-Villars, 1923
8. GIREL, S., La réception des arts
visuels contemporains dans les années 90, les lieux de
diffusion de l'art à Marseille, Paris, 2000
9. HEGEL, Esthétique,
Ed. Flammarion, Paris, 1983,
10. DE KEGHEL, Les encres, les cirages, les
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11.
LANGLAIS, Xavier de, La technique de la peinture
à l'huile, Paris, 2002, 1959.
12. LAVALLÉE, Pierre, Les techniques du
dessin, leur évolution dans les différentes parties de
l'Europe, Paris, Van Oest, Éditions d'art et
d'histoire, 1949.
13. MEADOWS, Donella, The Limits to
Growth, New York, Universe, 1972.
14. MEDER, Joseph, The Mastery of Drawing , 2
volumes, traduit et révisé par Winslow Ames, New York, Abaris
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15. MICHAEL, Rush, Les nouveaux médias
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16. MILLET,
C.,
L'Art contemporain,
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17. RUDEL, Jean, Technique du
dessin, Paris, Presses universitaires de France, Coll.
Que sais-je?, 1979.
18. ZILOTY, Alexandre, La découverte de
Jean Van Eyck et l'évolution du procédé de la peinture
à l'huile du Moyen Âge à nos jours,
Paris, Floury, 1947.
USUELS
1. Dictionnaire hachette, éd.2002
2. Encyclopédie encarta 2009-collection
3. Giorgio VASARI, Les vies des meilleurs
peintres, sculpteurs et architectes , traduction et
édition critique sous la direction d'André Chastel, 12 volumes,
Paris, Bibliothèque Berger-Levrault, 1981-1989
4. Le robert méthodique, éd. 1988
5. Nathalie
HEINICH, « L'art contemporain est-il une
sociologie ? » p. 63 in Grand Dictionnaire de
la philosophie, sous la dir. de Michel Blay,
Larousse -
CNRS
Éditions, 2003.
6. Petit Larousse, Dictionnaire de poche, Paris, 1954
LES PERIODIQUES
1. Adiste LEMA KUSA, professeur à l'Académie des
Beaux-arts, intervention lors de la conférence
« Librisme animée par Célestin
Badibanga, Paul Nzita, Désiré Kalumba et les Libristes,
Académie des Beaux-arts. » 16 juillet
2001.
2. Anonyme (2003) ; Bienvenu au sénat, un site au
service des citoyens ; le principe pollueur-payeur :
comment l'appliquer dans l'union ? Revue de la
République Française, n°56
3.
archimede.bibl.ulaval.ca/archimede/fichiers/22586/ch06.html#ftn.d0e4656
4. REY, 1992.
« Fusain : Issu d'un latin populaire
fusago [...] dérivé du latin classique fusus
(fuseau, fusée) »
5. Art and Ecological Consciousness », Gyorgy Kepes
(ed.), Arts of the Environment,
6. Célestin Badibanga ne Mwine,
Emergence d'une nouvelle plastique congolaise Dakar - art,
minorités, majorités, juillet 2003
7. Christian LOUIS, Place des
Artistes*, éditions Sedrap
8. Critique Bemba Lu-Babata, avis sur
l'exposition de Mampuya, CCF, 13 mars 2001
9. Daniel RICHTER, Beauty through confusion,
entretien avec Gianni Romano, Flash Art N°21 Vol XXXIII
10. Exposition : Emergence de l'Espace
Akhenaton, collaboration Halle de la Gombe du 3 au 13
avril2001.
11. Intervention au colloque organisé par
l'Unité de Recherche : Pratiques artistiques modernes en
Tunisie. Novembre 2008, Hammamet ; sous le titre : « Art
Contemporain, formes, références conceptuelles, limites
».
12. Jacques RANCIERE, «Ce que
« medium » peut vouloir dire : l'exemple de la
photographie», Revue Appareil [En ligne], Numéros, n°
1
13. Magazine Beaux-arts n° spécial 1999
14. MUDIJI Abbé (philosophe d'art), « Avis sur
l'exposition de Mampuya », CCF, 13 mars 2001.
15. New York, George Braziller, 1972
16. Plan Quinquennal de Croissance et de l'Emploi 2011-2015
17. Wolfgang Sachs, « Environment », dans
Sachs (ed.), The Development Dictionary: A Guide to Knowledge as Power, London,
Zed, 1992,
18. World Commission on Environment and Development, Our
Common Future, Oxford University Press, 1987
WEBOGRAPHIE
1. www.wikipedia.foundation, inc
2. www.outsiderart.fr
3. www.wikipedia.org
4. www.obsolescence.hypotheses.org
5. www.memoireonline.com
6. www.linternaute.com
7. www.teteamodeler.com
8. www.grist.org
9. www.concours-lepine.com
10. www.sante.gouv.fr
11. www.mediacongo.net
LES COURS
1. BINZANGI, Kamalandua, Cours de Notions
d'environnement, L1 Environnement, Unikin, 2009-2010,
inédit,
2. NZINGA, B., Techniques d'assainissement,
cours L2 GAP, IFAD, Kinshasa, 2008. Inédit,
3. BILABILA, Pollution, nuisance et santé,
cours L1 Gestion de l'environnement, IFAD, Kinshasa, 2007
inédit,
4. KASEREKA, B. ; Histoire de
l'environnement, cours, G2, GED, ISDR-BUKAVU, 2002
inédit,
5. BINZANGI, K., Ecologie et
développement, cours L1, IFAD, Kinshasa,
2008inédit.
6. LELO N., Kinshasa Ville
environnement. Ed. Harmattan. Paris. 2008, MALELE S., 2010. Notes
de cours d'Hygiène Environnemental. Unikin,
Fac
7. MAURIS DENIS, cité par HAWA, Cours
d'esthétique, 2eme graduat, 2010.
8. KAPOLONGO, M., Cours de technologie de la
peinture, 2eme graduat, 2009
9. MUKENDJI MB., Cours de philosophie de
l'art, G3 ABA, 2008, Inédit.
10. MAVANGU, M., Normes, Jurisprudence et
déchets, August, Kinshasa (Congo),
11. TENTA KINKELA, Le langage pictural, le moyen
d'expression artistique T.F.C; KINSHASA, 1976-1977
TABLE DES MATIERES
0. INTRODUCTION
1
0.1. PROBLEMATIQUE
1
0.2. L' HYPOTHESE DU TRAVAIL
2
0.3. CHOIX ET INTERET DU SUJET
2
0.4. LIMITES DU TRAVAIL
3
0.5. METHODES ET TECHNIQUES
3
0.6. ORGANISATION DU TRAVAIL
4
CHAPITRE I. APPROCHE DEFINITIONNELLE DES
TERMES CLES DU SUJET
5
1.1 APPROCHE DEFINITIONNELLE
5
1.1.1. Medium
5
1.1.1.1. Quelques médiums en arts de
peindre
6
1.1.1.2. Les médiums à peindre
7
1.1.1.3. Médiums pour l'acrylique
8
1.1.1.4. Médiums pour l'aquarelle et la
gouache
8
1.1.1.5. Propriétés des
médiums à peindre
9
1.1.2. L'environnement
9
1.1.2.1. Autres définitions de
l'environnement
10
1.1.2.2. Définition historique
10
1.1.2.3. Art et environnement
12
1.1.3. Peinture
12
1.1.3.1. La peinture matière
13
1.1.3.2. La peinture artistique
13
1.1.3.3. Peinture contemporaine
15
1.1.3.4. L'oeuvre picturale
17
1.1.4. Ecologie
18
1.1.4.1. Introduction
18
1.1.4.3. Définition étymologique
20
1.1.4.4. Finalités de l'écologie
21
1.1.4.5. La Terre en danger
22
1.1.5. Les grands courants de la
peinture contemporaine
25
1.1.5.1 Le concept contemporain et art
contemporain
26
1.1.5.2. La difficulté d'une
définition
26
1.1.5.3. Le concept contemporain
27
1.1.5.4. L'art contemporain
28
1.1.5.5. Origines de l'art contemporain
29
1.1.5.6. L'art contemporain à l'ère
de la globalisation
30
1.1.5.7. Entre supports et médiation
31
CHAPITRE II LES MEDIUMS USUELS DANS LA
PEINTURE CONTEMPORAINES
33
2.1. LES DIFFERENTS MEDIUMS EN PEINTURE
34
2.1.1. L'aquarelle
35
2.1.2. La gouache
39
2.1.3. Les encre
40
2.1.4. L'encre de noix de galle
42
2.1.5. L'encre « de Chine »
43
2.1.6. Le bistre
45
2.1.7. Les encres de couleur
46
2.1.8. Le fusain
48
2.1.8.1. Usage du fusain
50
2.1.8.2. Fusain huilé
53
2.1.9. Usage des pierres et des craies
54
2.1.10. Pierre noire
56
2.1.11. Sanguine
60
2.1.12. Dessin aux deux et aux trois crayons
65
2.1.13. Craie blanche
65
2.1.14. Craies de couleur et pastel
66
2.1.14.1. Types de bâtonnets
68
2.1.15. Pastels secs
68
2.1.15.1 Pastels tendres
68
2.1.15.2. Pastels durs
69
2.1.15.3. Crayons pastel
69
2.1.15.4. Pastels gras
69
2.1.15.5 Pastels à la cire
69
2.1.15.6. Pastels à l'huile
69
2.1.15.7. Pastels gras diluables à l'eau
70
2.1.16. Supports
70
a. Pour pastels secs
70
b. Pour pastel gras
71
2.1.17. Stylo-feutre
71
2.1.18. Feutres de différentes couleurs
71
2.1.19. Historique
72
2.1.20. Peinture à l'huile
72
2.1.20.1. Particularités
73
2.1.20.2. Histoire
74
2.1.20.3. Préparation
74
2.1.20.4. Auxiliaires
75
2.1.20.5. Supports
76
2.1.20.6. Technique
77
2.1.21. Peinture à L'Acrylique
77
2.1.21.1. Histoire
78
2.1.21.2. Composition
79
2.1.21.3. Caractéristiques
79
2.1.21.3. Médiums et additifs
80
2.1.22. Brou de noix
81
2.1.22.1. Histoire
81
2.1.22.2. Préparation
81
2.1.22.3. Imitation
82
2.1.23. Stylo à bille
82
2.1.23.1. L'invention et les frères
Bíró
82
2.1.23.2. Premier développement
commercial
83
2.1.23.3. Le modèle du Baron Bich
83
CHAPITRE III NOUVEAUTE DE VISION
ECOLOGIQUE A KINSHASA
85
3.1. PRESENTATION DE LA VILLE PROVINCE DE
KINSHASA
85
3.1.1. Contexte physique
85
3.1.2. Historique
85
3.1.3. Localisation
86
3.1.4. Relief
86
3.1.5. Climat
86
3.1.6. Hydrographie
87
3.1.7. Géologie, sols et
végétation
87
3.2 DECHETS EN ELEMENTS DES RECUPERATIONS
88
3.2.1. Déchets
88
3.2.3. Déchets solides :
88
3.2.4. Déchets liquides
89
3.2.5. Déchets gazeux
89
3.2.6. Types de déchets
89
3.2.7. Déchets urbains
89
3.2.8. Déchets ruraux
90
3.2.9. Déchets ménagers et
assimilés
90
3.2.10. Déchets Industriels
90
3.2.11. Gestion de déchets
91
3.3. NOUVELLE VISION SUR LA SALUBRITE A
KINSHASA
91
3.3.1. Connaissance des structures
d'assainissement
92
3.3.2. Techniques utilisées par les
structures d'assainissement
92
3.3.3. Collecte
93
3.3.4. Ramassage
93
3.3.5. Stockage
93
3.3.6. Traitement de déchets
93
3.3.7. Réemploi
94
3.3.8. Réutilisation
94
3.4. INTEGRATION DES MEDIUMS ENVIRONNEMENTAUX DANS
LA PEINTURE KINOISE
94
3.4.1 Voici quelques matériaux
environnementaux que l'artiste peintre kinois se sert comme médiums
96
3.4.2 Nouvelle vision sur l'art de peindre
à Kinshasa
97
3.4.3 Elément de récupération
médium d'art en peinture
97
3.4.4. Le déchet : invention d'un
thème.
98
3.5. LES DECHETS, UN MATERIAU DE L'ART
99
3.5.1. DADA 1916-1922
99
3.5.2. Dada : les collages et les
assemblages
100
3.5.3. Le nouveau réalisme 1960-1963 un
recyclage du réel
101
3.5.4. Les affichistes
103
3.6. EMERGENCE D'UNE NOUVELLE VISION DANS L'ART DE
PEINDRE KINOIS
104
3.6.1. Cinq figures marquantes
107
3.6.1.1. Germain Kapend
107
3.6.1.2. Jean-Pierre Katembue
108
3.6.1.3. André Lukifimpa
109
3.6.1.4. Francis Mampuya
110
3.6.1.5. Eddy Masumbuku
111
3.7. PERSPECTIVES D'AVENIR
112
3.8. LES ATELIERS BOTEMBE ET LE GROUPE
LIBRISME
114
CONCLUSION
116
BIBLIOGRAPHIE
118
* 1 www.outsiderart.fr
* 2 Rush MICHAEL,
Les nouveaux médias dans l'art, Thames
& Hudson, coll. L'univers de l'art, 2000.p 6
* 3
chttp://fr.wikipedia.org/wiki/Arts_plastiques#cite_note-9
* 4
http://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9dium#cite_note-1
* 5
http://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9dium_%C3%A0_peindre#Notes_et_r.C3.A9f.C3.A9rences
* 6 Ibidem.
* 7 Ibidem.
* 8
http://www.obsolescence.hypotheses.org.
* 9 Suzanne de CHEVEIGNE,
L'environnement dans les journaux
télévisés : Médiateurs et Visions du
monde, Paris, CNRS, 2000, p8.
* 10 BINZANGI, Kamalandua,
Cours de Notions d'environnement, L1 Environnement, Unikin, 2009-2010,
inédit.
* 11
http://www.memoireonline.com/03/11/4353/Place-des-questions-denvironnement-dans-les-journaux-televises-de-RTNC1-et-de-Numerica.html#fn8
* 12
http://fr.wikipedia.org/wiki/Environnement#cite_note-larousse-1
* 13
http://fr.wikipedia.org/wiki/Environnement#cite_note-2
* 14 . KASEREKA, B. ;
Histoire de l'environnement, cours, G2, GED,
ISDR-BUKAVU, 2002 inédit
* 15 Ibidem.
* 16 Ibidem
* 17 LELO N.,
Kinshasa Ville environnement. Ed. Harmattan. Paris. 2008, p
281. MALELE S., 2010. Notes de cours d'Hygiène
Environnemental. Unikin, Fac.
* 18
http://fr.wikipedia.org/wiki/Environnement#cite_note-21
* 19
http://fr.wikipedia.org/wiki/Environnement#cite_note-peinture-13
* 20
http://fr.wikipedia.org/wiki/Environnement#cite_note-22
* 21 Petit Larousse,
Dictionnaire de poche, Paris, 1954, p 279
* 22 MAURIS DENIS, cité
par HAWA, Cours d'esthétique, 2eme graduat, 2010.
* 23 TENTA KINKELA,
Le langage pictural, le moyen d'expression
artistique T.F.C; KINSHASA, 1976-1977, p.22
* 24
www.encarta, peinture, 2009
* 25 Ibidem
* 26 ibidem
* 27 M. KAPOLONGO,
Cours de technologie de la peinture, 2eme
graduat, 2009, p.2
* 28 www.encarta,2009
* 29 Daniel RICHTER, Beauty
through confusion, entretien avec Gianni Romano, Flash Art N°21 Vol
XXXIII. summer 2000, p. 84
* 30
www.encarta
* 31 MUKENDJI MB., Cours de
philosophie de l'art, G3 ABA, 2008, Inédit.
* 32 HEGEL,
Esthétique, Ed. Flammarion, Paris,
1983, p 21.
* 33 Magazine Beaux-arts
n° spécial 1999, p. 16.
* 34 Ibidem. p18.
* 35 MUKENDJI M, loc.cit, p
18.
* 36 Magazine Beaux-arts, p
16.
* 37 Ibidem.
* 38
http://www.linternaute.com/dictionnaire/fr/definition/environnement
* 39
http://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de
l'écologie
* 40
http://www.teteamodeler.com/ecologie/ecologie/index.asp
* 41 www.grist.org/ news/
maindish/2005/
* 42
http://grist.org/comments/soapbox/2005/04/21/mckibben-magine
* 43 Donella H. MEADOWS et al.,
The Limits to Growth, New York, Universe,
1972.
* 44« Art and
Ecological Consciousness », Gyorgy Kepes (ed.), Arts of the
Environment, New York, George Braziller, 1972, p. 15.
* 45 World Commission on
Environment and Development, Our Common Future, Oxford University Press, 1987,
p.1.
* 46 Wolfgang Sachs,
« Environment », dans Sachs (ed.), The Development
Dictionary: A Guide to Knowledge as Power, London, Zed, 1992, p. 33.
* 47
http://www.edenlivres.fr/o/16/p/7767?l=fr&r=http://www.pol-editeur.com
* 48 Y. MICHAUD.
La crise de l'art contemporain, op cit. p
65
* 49 E. CASSIRER.., «
l'art», op.cit.p 23.
* 50 Intervention au colloque
organisé par l'Unité de Recherche : Pratiques
artistiques modernes en Tunisie. Novembre
2008, Hammamet ; sous le titre : « Art Contemporain, formes,
références conceptuelles, limites ».
* 51 S. GIREL,
La réception des arts visuels contemporains dans les
années 90, les lieux de diffusion de l'art à
Marseille, Paris, 2000, p33
* 52
Nathalie HEINICH,
« L'art contemporain est-il une
sociologie ? » p. 63 in Grand Dictionnaire de
la philosophie, sous la dir. de Michel Blay,
Larousse -
CNRS
Éditions, 2003.
* 53
C. MILLET,
L'Art contemporain,
Flammarion, collection
Dominos, 1997.
* 54 G. AGAMBEN,
Qu'est-ce que le contemporain ?, Paris,
Rivages, 2008, p. 11.
* 55
http://fr.wikipedia.org/wiki/Art_contemporain#cite_note-1
* 56
http://fr.wikipedia.org/wiki/Art_contemporain#cite_note-1
* 57 IBIDEM.
* 58 Jacques RANCIERE, «Ce
que « medium » peut vouloir dire : l'exemple de la
photographie», Revue Appareil [En ligne], Numéros, n°
1 - 2008, mis à jour le : 23/07/2013, URL :
http://revues.mshparisnord.org/appareil/index.php?id=135.
* 59
http://revues.mshparisnord.org/appareil/index.php?id=222
* 60 Ibidem.
* 61 Ibidem.
* 62 Ibidem.
* 63Rush MICHAEL,
Les nouveaux médias dans l'art, Thames
& Hudson, coll. L'univers de l'art, 2000.p 6
* 64 Christian Louis,
Place des Artistes*, éditions
Sedrap
* 65 Ibidem.
* 66
chttp://fr.wikipedia.org/wiki/Arts_plastiques#cite_note-9
* 67 Alexandre ZILOTY,
La découverte de Jean Van Eyck et l'évolution du
procédé de la peinture à l'huile du Moyen Âge
à nos jours, Paris, Floury, 1947, 276 p.
* 68 André
BÉGUIN, Dictionnaire technique et critique du
dessin, Bruxelles, Oyez, 1995, p 589.
* 69 Ibidem.
* 70 Ibidem
* 71 Ibidem
* 72 André CHASTEL,
L'Art italien, Paris, Flammarion, 1995, p
639.
* 73Ibidem.
* 74 Cennino CENNINI,
Le livre de l'art ou traité de la
peinture, trad. Victor Mottez, Paris, L. Rouart et J. Watelin
Éditeurs, 1923.p 126
* 75 ibidem
* 76 ibidem
* 77 DE KEGHEL,
Les encres, les cirages, les colles,
Éd. Harmattan, Paris 1927, p. 7.
* 78 Ibidem.
* 79 L. DESMAREST,
Manuel pratique de la fabrication des encres : encres
à écrire, à copier, de couleurs, métalliques,
à dessiner, d'imprimerie , Paris, Gauthier-Villars,
1923, p 373.
* 80 Ibidem.
* 81 Pierre LAVALLÉE,
Les techniques du dessin, leur évolution dans les
différentes parties de l'Europe, Paris, Van Oest,
Éditions d'art et d'histoire, 1949, p 109.
* 82 ibidem
* 83 ibidem.
* 84 Pierre LAVALLÉE,
op cit , p110.
* 85 Ibidem.
* 86 ibidem
* 87
http://archimede.bibl.ulaval.ca/archimede/fichiers/22586/ch06.html#ftn.d0e4656
* 88 REY, 1992.
« Fusain : Issu d'un latin populaire fusago [...]
dérivé du latin classique fusus (fuseau,
fusée) »
* 89 ibidem.
* 90 Cennino CENNINI, op cit, p
273
* 91 Ibidem
* 92 Ibidem
* 93 Jean RUDEL,
Technique du dessin, Paris, Presses universitaires
de France, Coll. Que sais-je?, 1979 p 127.
* 94 ibidem
* 95 ibidem
* 96
http://archimede.bibl.ulaval.ca/archimede/fichiers/22586/ch06.html#ftn.d0e4888
* 97 ibidem
* 98 ibidem
* 99 Joseph MEDER, The
Mastery of Drawing , 2 volumes, traduit et révisé par
Winslow Ames, New York, Abaris Books, inc., 1978.p 220
* 100 Ibidem
* 101 Cennino CENNINI, op cit
p 243
* 102 VASARI,
Giorgio. Les vies des meilleurs peintres, sculpteurs et
architectes , traduction et édition critique sous la
direction d'André Chastel, 12 volumes, Paris, Bibliothèque
Berger-Levrault, 1981-1989.
* 103 ibidem
* 104 Ibidem
* 105 Jean RUDEL, op cit, p
128.
* 106 ibidem
* 107 Ibidem
* 108
http://archimede.bibl.ulaval.ca/archimede/fichiers/22586/ch06.html#ftn.d0e5623
* 109 Ibidem
* 110 Pierre LAVALLÉE,
op cit, p 109
* 111 André
BÉGUIN, op cit, p 589.
* 112Jean RUDEL, op cit, p 127
* 113 Pierre LAVALLÉE,
op cit, p 109
* 114
http://archimede.bibl.ulaval.ca/archimede/fichiers/22586/ch06.html#ftn.d0e5923
* 115 IBIDEM
* 116 ibidem
* 117 Ibidem
* 118 Ibidem
* 119
Xavier de
LANGLAIS, La technique de la peinture à
l'huile, Paris, 2002 [1959], p. 150.
* 120 Ibidem
* 121
http://fr.wikipedia.org/wiki/Peinture_%C3%A0_l%27huile#cite_note-1
* 122
http://fr.wikipedia.org/wiki/Peinture_%C3%A0_l%27huile#cite_note-2
* 123 ibidem.
* 124 ibidem.
* 125
Xavier de
LANGLAIS, op cit, p. 150.
* 126 ibidem
* 127
http://fr.wikipedia.org/wiki/Peinture_acrylique#cite_note-1
* 128
http://fr.wikipedia.org/wiki/Peinture_acrylique#cite_note-2
* 129 ibidem.
* 130
http://fr.wikipedia.org/wiki/Brou_de_noix#p-search
* 131 ibidem.
* 132
www.concours-lepine.com
* 133
http://fr.wikipedia.org/wiki/Stylo_%C3%A0_bille#cite_note-gala-1
* 134 ibidem
* 135
http://fr.wikipedia.org/wiki/Stylo_%C3%A0_bille#cite_note-gala-1
* 136 ibidem
* 137 ibidem
* 138
http://www.eco-art.com/
* 139
http://www.memoireonline.com/06/07/493/protection-environnement-droit-congolais.html#fn27
* 140 Ibidem
* 141 Plan Quinquennal de
Croissance et de l'Emploi 2011-2015
* 142 ibidem
* 143 Ibidem, p 13
* 144 Ibidem.
* 145 Encyclopedia,
Encarta, 2006.
* 146
www.sante.gouv.fr/htm/dossiers/pollution.htm
* 147 Anonyme (2003) ;
Bienvenu au sénat, un site au service des citoyens ; le principe
pollueur-payeur : comment l'appliquer dans l'union ? Revue de la
République Française, n°56,
* 148 ibidem
* 149 Wikipedia Foundation,
inc (2007) ; Economie de l'environnement,
www.google.com
* 150 B.NZINGA,
Techniques d'assainissement, cours L2 GAP, IFAD,
Kinshasa, 2008. inédit
* 151 Ibidem
* 152 Microsoft Encarta,
2006
* 153 BILABILA,
Pollution, nuisance et santé, cours L1
Gestion de l'environnement, IFAD, Kinshasa, 2007 inédit
* 154 Ibidem.
* 155 G.
ALBERTIT, Pas de visas pour les déchets ; vers
une solidarité Afrique/Europe en matière
d'environnement, Ed. L'Harmattan, Paris, 1990 p 64.
* 156 M. MAVANGU,
Normes, Jurisprudence et déchets,
August, Kinshasa (Congo), 1998, p 12.
* 157 B. NZINGA, loc cit,
p 17
* 158 Ibidem.
* 159 K. BINZANGI,
Ecologie et développement, cours L1, IFAD,
Kinshasa, 2008inédit.
* 160 K.BINZANGI,
Aménagement de Territoire, cours, L2,
IFAD, Kinshasa, 2008 inédit.
* 161 Ibidem
* 162 ibidem.
* 163 ibidem.
* 164 G. BERTOLINI,
Art et déchet, le déchet, matière
d'artiste, Aprede/Le Polygraphe, Paris, 2002,p 43
* 165 Ibidem
* 166 Ibidem
* 167 ibidem
* 168 www.mediacongo.net
* 169
http://www.paperblog.fr/users/masmoulin/
* 170 Bertolini Gérard,
Art et déchet, le déchet, matière d'artiste, Aprede/Le
Polygraphe, 2002.p 63.
* 171 ibidem
* 172 Critique Bemba
Lu-Babata, avis sur l'exposition de Mampuya, CCF, 13 mars 2001.
* 173Adiste LEMA KUSA,
professeur à l'Académie des Beaux-arts, intervention lors de la
conférence « Librisme animée par Célestin
Badibanga, Paul Nzita, Désiré Kalumba et les Libristes,
Académie des Beaux-arts. » 16 juillet 2001.
* 174 MUDIJI Abbé
(philosophe d'art), « Avis sur l'exposition de Mampuya »,
CCF, 13 mars 2001.
* 175 Célestin
BADIBANGA NE MWINE, Emergence d'une nouvelle plastique
congolaise, Dakar - art, minorités, majorités,
juillet 2003
* 176 ibidem.
* 177 ibidem.
* 178 ibidem.
* 179 ibidem.
* 180 IBIDEM.
* 181 Exposition :
Emergence de l'Espace Akhenaton, collaboration Halle de la Gombe du 3
au 13 avril2001.
* 182 IBIDEM.
* 183 ibidem.
* 184 Célestin
Badibanga ne Mwine, Emergence d'une nouvelle plastique
congolaise Dakar - art, minorités,
majorités, juillet 2003
* 185 ibidem.
* 186 ibidem.
* 187 Ibidem
* 188 Ibidem
* 189 ibidem
* 190 J. IBONGO, Op.cit,
p.47