5.2.1.3. Ethnie
Au niveau global (ensemble)
Il ressort dans le modèle saturé M11 que
l'ethnie est restée significativement associée au statut
sérologique des femmes au seuil de 1 %. Partant du modèle M4 au
modèle M11, l'introduction des autres variables n'a pas modifié
l'effet net de l'ethnie sur la variable dépendante, ce qui
témoigne son effet direct sur cette dernière. Les femmes
appartenant aux groupes ethniques Téké/kôta, Mbochi, et
Punu/Duma ont respectivement 1,68 fois, 1,79 fois et 2,03 fois plus de risque
d'être infectées par le VIH/SIDA que les femmes d'ethnie Kongo.
Au niveau du degré de
modernité
L'ethnie explique la prévalence du VIH/SIDA au niveau
du degré de modernité faible et du degré de
modernité élevé au seuil de 1 % au modèle M10 pour
chaque niveau d'analyse. Cependant, son effet net sur le statut
sérologique des femmes est direct au degré de modernité
élevé alors qu'il l'est indirect au degré de
modernité faible.
En contrôlant l'ethnie au niveau du degré de
modernité faible par le statut matrimonial au M6, on constate que cette
variable atténue l'effet net de l'ethnie sur la variable
dépendante. Autrement dit, lorsqu'une femme d'ethnie Punu/Duma vit en
union, elle a moins de risque de contracter le VIH/SIDA que si elle est
d'ethnie Kongo et est célibataire. Par contre la variable niveau de
connaissance sur le VIH/SIDA au M7 amplifie cet effet, c'est-à-dire,
lorsqu'une femme d'ethnie Punu/Duma a un niveau moyen ou élevé de
connaissance sur le VIH/SIDA, le risque de contracter le VIH/SIDA augmente que
si elle est d'ethnie Kongo et a un niveau faible de connaissance sur le
VIH/SIDA.
KINSAKIENO Pierre Rostin, Mémoire de fin de formation,
Octobre 2012 Page 107
Modernité et prévalence du VIH/SIDA chez les
femmes en République du Congo.
Au niveau du degré de modernité faible, les
femmes d'ethnie Punu/Duma, ont 2,24 fois plus de risque d'être
infectées par le VIH/SIDA que les femmes d'ethnie Kongo alors qu'au
niveau du degré de modernité élevé les femmes
d'ethnies Téké/Kôta et Mbochi ont respectivement 2,92 fois,
et 3,55 fois plus de risque de contracter le VIH/SIDA que les femmes d'ethnie
Kongo.
L'ethnie joue un rôle majeur dans les études
comportementales en général et de la sexualité en
particulier. Elle médiatise des valeurs socio-culturelles inscrites dans
la dimension traditionnelle de l'approche socio-culturelle. C'est le cas des
pratiques comme : le lévirat, le sororat, la polygamie, la valorisation
du mariage coutumier, la valorisation de la maternité
prénuptiale, la promotion de la sexualité extraconjugale,
l'excision et la circoncision,...
Au Congo, l'activité sexuelle préconjugale est
tolérée dans la plupart des ethnies. Chez les femmes d'ethnie
Punu/Duma, lorsque leur époux est absent ou décédé,
elles peuvent contracter des rapports sexuels avec l'un des frères de
leur époux qui de fois est marié et leur entrée en vie
sexuelle est très précoce. Certaines d'entre elles ont plusieurs
partenaires sexuels, dans leur perception la sexualité est
considérée comme un plaisir auquel on peut satisfaire à
tout moment. Par contre, les femmes Téké/kôta, Mbochi
entrent en vie sexuelle précocement, et l'utilisation du condom n'est
pas courant chez ces femmes car selon leur perception, il réduit le
plaisir sexuel. Ce genre de comportement pourrait favoriser la propagation du
VIH/SIDA au sein des femmes appartenant à ces ethnies.
L'hypothèse H2 selon laquelle les femmes d'ethnie
Punu/Duma ont un risque élevé de contracter le VIH/SIDA que
celles qui appartiennent aux autres groupements ethniques, est confirmée
au niveau global et au niveau du degré de modernité faible tandis
qu'elle n'est pas vérifiée au niveau du degré de
modernité élevé.
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