B. La contribution des hôpitaux
départementaux
Les infirmiers de la prison de Dschang et celui du CRC de
Mantoum travaillent en étroite collaboration avec les responsables des
hôpitaux départementaux de Dschang et de Foumban. Le CRC de
Mantoum a cette particularité de bénéficier aussi du
soutien de l'hôpital d'arrondissement de Malentouen. Les deux
hôpitaux départementaux dispensent au quotidien des soins
généraux aux malades ordinaires ainsi qu'aux détenus.
Elles ont pour vocation d'intervenir auprès de l'administration publique
départementale pour tout ce qui concerne la santé publique.
Le décret du 11 décembre 1973 portant
régime pénitentiaire au Cameroun indique que le "fonctionnement
de l'infirmerie est assuré par l'autorité médicale la plus
proche"29. L'allusion de cette disposition montre qu'au niveau des
départements de la Menoua et du Noun, c'est l'hôpital du
département qui abrite l'autorité médicale la plus proche.
Mais, à la prison de Mantoum, c'est l'hôpital d'arrondissement de
Malantouen qui est censé jouer le rôle de la structure
médicale la plus proche. A cet égard, l'hôpital
départemental de Dschang et l'hôpital d'arrondissement de
Malantouen sont les plus sollicités en matière de
28 Règle 22 alinéa 1 de l'ERMTD.
29 Article 34 du décret du 11 décembre 1973.
114
santé des détenus. L'intervention de
l'hôpital départemental de Dschang et d'arrondissement de
Malantouen au sujet de la santé des détenus prend le relais de
l'infirmerie des pénitenciers de Dschang et de Mantoum.
Les infirmeries de la prison de Dschang et de Mantoum
s'occupent en premier lieu de la santé des détenus. Ce sont elles
qui posent le diagnostic de la maladie, prescrivent les médicaments et
décident si le cas mérite d'être porté à la
connaissance de l'hôpital départemental ou
d'arrondissement30. Dans l'ensemble, cette intervention se justifie
à trois principaux niveaux : les consultations médicales, les
examens médicaux et les cas de maladies sérieuses
dépassant la compétence de l'infirmier.
1. Les consultations médicales des
détenus
Elles sont décidées par l'infirmier-chef et en
fonction de l'état de développement de la maladie du
détenu. Ce dernier est conduit à l'hôpital le plus proche
sous bonne escorte pour être consulté par le médecin. Au
cours de nos recherches sur la prison de Mantoum, nous avons remarqué
qu'en 1973, de nombreux pensionnaires souffrant de coliques et de mal de dent
ont été consultés par le médecin de l'hôpital
de Malantouen31. D'autres ont par ailleurs été
consultés pour des infections beaucoup plus sérieuses en 1984.
C'est le cas du détenu Liyoufemou Joseph admis en consultation le 28
août 1984 car "depuis deux jours, il ne fait pas pipi et lorsqu'il
tousse, ses crachats sont teintés de sang"32.
Dans la prison de Dschang, les consultations médicales
opérées en 1976, concernaient des affections comme les vers
intestinaux, la diarrhée, le paludisme et les infections gonococciques.
Mais le cas le plus effarant fut celui du détenu
30 Isaac Piedjo, 50 ans, infirmier des prisons, Dschang,
06.0.2009. Les propos d'Ibrahim Njoya du pénitencier de Mantoum vont
dans le même sens.
31 Registre de consultations médicales, infirmerie, CRC de
Mantoum, 1970.
32 Registre de main courante, prison, de production de Mantoum,
1984, p221
115
Jean Noudem qui souffrait " d'une énorme hernie.
Hospitalisé depuis une semaine, il a été ramené
à la prison où il n'a reçu aucun soin"33.
Aussi, importe-t-il de signaler que nous ne pouvons
évoquer tous les cas de consultations admises dans les hôpitaux
départementaux. Il convient de noter que le médecin consultant
peut, en cas de besoin, exiger des détenus des examens
médicaux.
|