Evaluation de la consommation du bois énergie dans les ménages de la commune de Kisenso ( RDC )et son impact sur le budget ménager( Télécharger le fichier original )par Alex YENGE BOMBA Université de Kinshasa RDC - Licence en sciences de l'environnement 2010 |
RESUMENous nous sommes proposé d'évaluer la consommation de l'énergie-bois, particulièrement le charbon de bois, dans les ménages de la commune de Kisenso et de déterminer son impact sur le budget ménager. Il sied de noter qu'au regard des résultats obtenus, la part financière budgétaire de la consommation de charbon de bois sur le budget ménager est élevée. Un individu dépenserait 105 francs congolais par jour ; cela représente 630 francs congolais par jour pour un ménage de 6 personnes. C'est une dépense ruineuse, eu égard au maigre pouvoir d'achat du Kinois, voire du Congolais. Les impacts écologiques sont importants, parce qu'un individu consommerait 269 grammes de charbon de bois par jour. La demande estimée de la commune de Kisenso en 2009 est proche de 57,99 tonnes par jour. Les résultats ont aussi montré que 94 % de ménages utilisent le charbon de bois pour la cuisson, à cause surtout de son grand pouvoir calorifique (7000 Kcal par Kg) ABSTRACTWe are preposed just to evaluate the using of wood energy specially dow Kisenso township, just to determinate the impact in household budget. As a matter fact, the results, show shut the financial budget cerning the using of wood budget in household is very higher. One person has been spended 105 congolese francs per day. The ecologies impact are importants because, one person has been using 269 gram of wood per day. And in fact, the requirement is estimated in Kiseso around 57, 99 tones perday. And the results had showed that 94 % have been using the coal of wood for cooking. Evaluation de la consommation de
l'énergie-bois dans les ménages de la commune de Kisenso et son
impact sur le budget ménager 1 INTRODUCTION GENRALE0.1. PROBLEMATIQUE« L'eau, le sol, l'air, les nutriments, la lumière du soleil, l'extraordinaire diversité des espèces vivantes, unies par des liens complexes, conditionnent l'existence des hommes sur la Terre. Or, partout dans le monde, l'actualité relayée par les médias, fait état de menaces qui pèsent sur les ressources naturelles et les populations qui en sont tributaires. Parmi ces menaces, on peut citer les sécheresses, inondations, érosion, déforestation, épuisement des sols, perte d'habitats, exploitation forestière non écologique. Cette dernière progresse à un rythme alarmant, en raison d'une foule de facteurs, dont la surexploitation forestière, facilitant le réchauffement climatique. Dans le monde, les mesures prises pour faire face à ces enjeux ne sont pas à la hauteur des dommages déjà causés » (R. STEPHEN, 2006). « La façon dont l'homme produit et consomme l'énergie est sans doute l'un des meilleurs indicateurs des relations qu'il entretient avec ses semblables et avec son environnement. A une échelle beaucoup plus réduite, le mode de vie de chacun d'entre nous se traduit par des dépenses d'énergie qui peuvent être très variables, d'un individu à l'autre. En outre, les pressions que nous exerçons sur notre environnement sont, en grande partie, liées directement ou indirectement aux quantités d'énergie que nous consommons et à la façon dont nous les consommons» (R. STEPHEN, 2006). Pour divers auteurs, à travers le monde, l'utilisation du bois en tant que combustible, remonte aux époques préhistoriques. Dans de nombreux pays industrialisés et développés, il a été remplacé par des combustibles fossiles divers, alors que dans les pays en développement, comme la République Démocratique du Congo, le bois de feu constitue encore la principale source d'énergie des milieux ruraux et des villes. « En outre, dans certains pays africains très pauvres, l'énergie-bois assure plus de 80% de la consommation nationale» (BINZANGI, K. 1997). En République Démocratique du Congo, vers la fin du 19éme siècle, la création d'entreprises, le développement, l'explosion démographique, la paupérisation des Congolais ont fait des produits du bois, des produits de première importance de tous les autres produits tirés de la forêt, en tant que source d'énergie et de revenus de ménages. C'est le début de la crise de l'énergie-bois. Evaluation de la consommation de
l'énergie-bois dans les ménages de la commune de Kisenso et son
impact sur le budget ménager 2 Cet état de choses est dû, d'une part, à la pauvreté et d'autre part, à la défaillance du réseau de distribution de l'électricité dans les villes. Il en ressort que les écosystèmes forestiers environnant furent mis en exploitation afin de fournir à la population, des combustibles ligneux pour répondre aux besoins des ménages et aux activités industrielles. Les prélèvements de bois, sans restitution, ont fait qu'entre autres, l'environnement immédiat et proche de Kinshasa soit débarrassé de ses ressources énergétiques. Seuls des recrûs forestiers pauvres et savanes boisées subsistent. Aujourd'hui, les aires forestières pourvoyeuses de l'énergie-bois ont reculé. Cette situation a une influence négative considérable sur les prix des combustibles ligneux. Ainsi, dans les ménages pauvres, une part financière importante est affectée à l'énergie-bois pour des besoins domestiques. « Dès lors, avec la croissance démographique, ses besoins en énergie domestique, l'économie monétaire, l'urbanisation non maîtrisée, la concentration de besoins en énergie-bois, on assiste à une déforestation qui rompt l'équilibre entre l'arbre, le sol, le climat et les activités humaines » (BINZANGI, 1998). Selon la FAO citée par TSHIMBANGU (2001), « vers les années 1981, la région de la ville de Kinshasa faisait partie des régions en crise de bois de feu. C'est donc l'une des régions dont les besoins en combustibles ligneux ne sont satisfaits qu'au prix d'une surexploitation des ressources naturelles existantes. » On peut considérer que la crise ci-dessus citée frappe plus gravement les ménages pauvres, surtout que la part de bois de feu est en relation étroite avec le produit national brut et à un impact négatif considérable sur les budgets ménagers des Congolais qui, de surcroit, ont des revenus monétaires incapables d'épargne, sinon de répondre aux besoins essentiels socio-économiques de base (CLEMENT et STRASFOGEL, 1986). Eu égard à ce qui précède, un rythme vertigineux d'exploitation anti-écologique s'effectue de façon incontrôlée, entraînant des catastrophes écologiques et économiques sans précédent. Alors que la pression démographique augmente sans cesse et entraîne avec elle des besoins énergétiques accrus, trop souvent, aucune mesure, qu'elle soit d'ordre socio-économique ou technologique n'a été mise en oeuvre pour contrecarrer l'exploitation anarchique des ressources forestières. Plusieurs travaux scientifiques corroborent ce qui précède. Evaluation de la consommation de
l'énergie-bois dans les ménages de la commune de Kisenso et son
impact sur le budget ménager 3 Avec le recul considérable des forêts, les Kinois vivent un casse-tête pour l'approvisionnement de la ville en énergie-bois, dite « pétrole du pauvre ». A coté de l'augmentation de besoins en dendro-énergie, le coût de son acquisition augmente d'année en année, à cause de sa raréfaction. Les distances à parcourir pour s'en procurer ont aussi pris de l'importance, entraînant tout une diversité de problèmes tant économiques, sociaux qu'écologiques. Et comme le signale KOENING cité par MADIBO D. (1985) « la vraie crise de l'énergie n'est ni celle du pétrole, ni celle du bois de feu, mais plutôt une crise de l'énergie humaine». Eu égard à la crise pétrolière et celle provoquée par la Société Nationale d'Electricité dans les différentes communes de la ville de Kinshasa, l'usage du courant électrique, à des fins domestiques, n'existe quasiment pas ou plus, dans plusieurs foyers de Kisenso, voire de Kinshasa. En effet, à Kisenso, les différentes situations évoquées ci-dessus remettent en question les options de développement socio-économique et de la qualité de la vie. La majorité de la population kinoise, particulièrement celle de la commune de Kisenso recourt, pour la cuisine et d'autres activités ménagères, à l'énergie-bois et ce, au seuil du troisième millénaire. Cette situation est aujourd'hui inacceptable. En fait, dans cette commune et dans d'autres, la modernité est encore un mythe. Il en résulte un fort gaspillage de l'énergie de la biomasse. Face à une demande énergétique ménagère galopante, des quantités considérables de tonnes de charbon de bois et de bois de chauffe sont acheminées dans les marchés de Kisenso, sans respect des normes écologiques, entraînant ainsi une réduction de la biodiversité forestière. Alors que les prix des produits ligneux augmentent relativement au fil des années, il est presque certain que les revenus de la population kinoise ne cessent de régresser d'année en année. A long terme, cette population subira des impacts négatifs considérables au sein des ménages et verra s'aggraver davantage la pauvreté. Cette crise environnementale que connaît Kisenso ou Kinshasa amène à la situation qu'a connue Madagascar. Dans une région de ce pays, l'herbe a remplacé le bois, à cause de la destruction de sa forêt (COUDRAY ET BOUGUERRA, 1994). Qu'en est-il ou qu'adviendra-t-il de ménages dont les économies sont tributaires de l'«énergie du pauvre » ? « Pourquoi ce luxe de se procurer une énergie très chère ayant un impact négatif considérable sur le budget ménager » ? Ce sont là différentes manifestations de Evaluation de la consommation de
l'énergie-bois dans les ménages de la commune de Kisenso et son
impact sur le budget ménager 4 la pauvreté que nous vivons dans nos ménages et dans ceux des exploitants du bois. Outre l'enlaidissement du milieu dû à la surexploitation forestière, il y a les difficultés à répondre à d'autres besoins ménagers, à cause du coût financier que représente la consommation journalière. La dendro-énergie interpelle toute conscience verte, voire tout écojuriste, particuliérement tout environnementaliste ayant intériorisé « l'information régulatrice ». La commune de Kisenso est l'une des communes périphériques de Kinshasa qui connaît une crise énergétique à plusieurs facettes. Parmi les diverses préoccupations pour lesquelles on peut chercher des réponses, nous nous sommes posé les questions ci-après :
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