1-2 CADRE CONCEPTUEL - CADRE METHODOLOGIQUE
1-2-1 CADRE CONCEPTUEL
Il s'agit ici de définir les concepts clés ayant
trait au thème choisi. Ainsi nous avons défini successivement les
notions d'analyse, de crédit, de microfinance et de pauvreté,
puis réalisé un commentaire sur les travaux antérieurs.
NOTION D'ANALYSE
D'après G. DEPPALENS et J. P. JOBARD (cité par
P. T. AGBODJOGBE et A. HENRI), la notion d'analyse, qui s'oppose à la
synthèse, évoque l'idée de « décomposition
», de « démontage» ou de « mise à plat»;
sur un plan étymologique, l'analyse vient d'un mot grec qui signifie
« délier» ou « résoudre ». L'analyse, c'est
donc la décomposition d'un tout en ses parties constitutives. C'est
ainsi que l'on parle d'analyse chimique ou grammaticale.
L'Analyse, comme nous le verrons, suppose que l'on dispose de
sources d'informations. Elle se doit de donner ses objectifs, utiliser des
instruments d'analyse, posséder des normes ou des
références. Enfin l'analyste doit se forger une méthode ou
une démarche de penser qui doit aboutir à des prises de
décisions.
NOTION DE CREDIT
Selon le Dictionnaire Universel, le mot crédit signifie
la faculté de se procurer des capitaux par suite de la confiance que
l'on inspire ou de la solvabilité que l'on présente.
Etymologiquement, crédit dérive d'un mot latin
credere qui veut dire faire confiance, croire, se fier à.
Réalisé et soutenu par Marcel G.
AGBODJOGBE
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Analyse des effets socio-économiques des
crédits octroyés par les IMF sur les bénéficiaires
: Cas PADME
D'après Ahmed SILEM et Jean-Marie ALBERTINI, dans leur
ouvrage « Lexique d'économie », le crédit est un acte
de confiance se traduisant par un prêt en nature ou en espèce
consenti en contrepartie d'une promesse de remboursement dans un délai
généralement convenu à l'avance. Le crédit implique
donc une réputation de solvabilité; ce qui permet de retrouver le
sens de l'adage « on ne prête qu'aux riches» qui veut dire, on
ne prête qu'à ceux qui pourront rembourser.
Le crédit confère un pouvoir libératoire
étant donné qu'il permet de mettre en valeur des
possibilités et d'accroître la production et le bien-être.
La classification des différents types de crédit peut se faire
selon plusieurs critères à savoir: la durée, l'objet, la
garantie etc.
De ces différentes définitions, nous retenons
que le crédit est essentiellement caractérisé par la
confiance.
En somme, le crédit est l'échange dans le temps,
d'un bien sous condition d'une contrepartie future qui est une créance
assortie d'un engagement de remboursement différé et du payement
des intérêts. Il constitue le fer de lance du développement
de toute nation.
NOTION DE MICROFINANCE
La compréhension de la notion de microfinance varie
d'un individu à un autre. Ainsi, force est de constater que la
définition de la microfinance ne fait pas encore l'unanimité au
sein des acteurs du secteur.
Cependant les partenaires au développement
définissent la microfinance comme étant un outil qui permet de
préparer les populations à faible revenu à accéder
au système bancaire classique. C'est l'offre de petites transactions
financières aux clients à revenu relativement faible en utilisant
une garantie non traditionnelle.
Selon les responsables de ces institutions de crédits,
la microfinance est l'offre de services financiers aux clients exclus par les
Banques ou ne
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Analyse des effets socio-économiques des
crédits octroyés par les IMF sur les bénéficiaires
: Cas PADME
présentant pas suffisamment de garanties pour
accéder aux services bancaires. Ces services financiers visent les
segments inférieurs du marché; englobent l'épargne, le
crédit, les transferts, la micro assurance... Le secteur de la
microfinance se différencie par la petitesse du montant des
crédits octroyés, sa durée et surtout la nature de ses
garanties.
Quant au législateur, il s'est juste contenté de
définir ce que s'est qu'une institution mutualiste ou coopérative
d'épargne et de crédit. Ainsi, selon l'article 2 de la loi
PARMEC, en son alinéa 1, est considérée comme «
institution mutualiste ou coopérative d'épargne et de
crédit: un groupement de personnes doté de la personnalité
morale, sans but lucratif, à capital variable, fondé sur les
principes d'union, de solidarité et d'entraide de mutuelle et ayant
principalement pour objet de collecter l'épargne de ses membres et de
leur consentir du crédit ».
Somme toute, nous retenons que la microfinance est une finance
de proximité, avec pour vocation de faciliter l'accès au
crédit à toute personne physique ou morale à faible
revenu. Ainsi la microfinance a pour cible la population à revenu
faible, n'ayant pas les moyens pour bénéficier des crédits
bancaires afin de financer leurs activités.
NOTION DE PAUVRETE
Selon le rapport du Programme des Nations Unies pour le
Développement (PNUD 1997), la pauvreté humaine est un ensemble de
manques: impossibilité de vivre longtemps et en bonne santé, de
s'instruire, d'avoir des conditions de vie décentes, de participer
à la vie de la communauté.
La pauvreté peut être définie comme
étant une privation inacceptable du bien être humain. Ceci peut
inclure aussi bien la privation physiologique que sociale. Une personne est
donc considérée comme pauvre quand elle ne peut se procurer les
biens et services en quantité suffisante pour satisfaire
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Analyse des effets socio-économiques des
crédits octroyés par les IMF sur les bénéficiaires
: Cas PADME
ses besoins matériels ou biologiques fondamentaux
(alimentation, santé, éducation, logement, vêtement...).
En résumé, la pauvreté implique certes un
revenu faible, mais va bien au-delà. Elle est synonyme de faim et
surtout de chômage ou de sous emploi chronique, de l'impossibilité
d'accès à de nombreux services sociaux, juridiques ou de
l'information et de l'incapacité de faire valoir ses droits civiques.
COMMENTAIRE SUR LES TRAVAUX DEJA REALISES
Les travaux déjà réalisés en
matière d'analyse d'impacts ou effets des crédits octroyés
par les IMF sont énormes. Ceci est dû au fait que les IMF
s'éloignent de plus en plus de leur vision qui n'est rien d'autre que
celle de permettre aux populations démunies d'améliorer leurs
conditions de vie socio-économique à travers les crédits
qu'elles octroient. Ceci n'est possible que si l'activité
financée génère une marge bénéficiaire
suffisante, permettant d'abord de couvrir les charges financières puis
en un second temps les besoins fondamentaux des bénéficiaires.
Les travaux d'étude d'impacts des activités des
IMF sur leurs clients ne semblent pas aisés. Comment évaluer un
effet socio-économique sur un bénéficiaire de
crédit si nous savons que d'autres facteurs peuvent
considérablement influencer la situation socio-économique de ce
dernier.
Cependant, pour la majorité des travaux d'étude
d'impacts réalisés, les auteurs se sont juste contentés
d'analyser le degré de satisfaction des clients vis à vis des
produits et services prodigués par les IMF; ce qui ne permet pas
toujours de conclure si oui ou non les crédits octroyés par les
IMF permettent aux populations de sortir de leur situation de pauvreté.
Aussi, bon nombre d'études d'impacts ont recours à une
comparaison avant et après l'octroi. Certaines études
réalisent une comparaison entre les clients d'une IMF et les non
clients. D'autres vont plus loin en comparant
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Analyse des effets socio-économiques des
crédits octroyés par les IMF sur les bénéficiaires
: Cas PADME
la situation des clients dont l'ancienneté
d'adhésion à l'IMF diffère. On comprend par-là
qu'il règne un problème de méthodologie permettant de
mieux circonscrire les études d'impacts ou d'effets. Ce problème
est étroitement lié à la notion de complexité de
l'Analyse. A mesure que les limites du champ d'analyse sont repoussées,
il est nécessaire de prendre en compte un nombre croissant
d'éléments extérieurs, si bien que la complexité de
l'étude croit en proportion des niveaux d'impacts que l'étude
ambitionne.
En outre, pour mieux circonscrire l'étude et mieux
appréhender les divers effets des crédits octroyés par les
IMF sur les bénéficiaires nous avons opté pour une analyse
individuelle. Ainsi, nous nous accentuerons plus sur la rentabilité des
activités financées ; la corrélation existant entre cette
rentabilité et les réalisations effectuées par les
bénéficiaires au cours des mêmes périodes. Ceci nous
a amené donc à évaluer les charges familiales
supportées par le client par rapport à son revenu.
En effet, en 2005, ADAMOU R. dans son rapport de stage au
PAPME a eu à conclure que les charges financières
supportées par les clients des IMF sont trop élevées et
peuvent être évaluées à 42,28%. Ce qui du point de
vue des acteurs du secteur n'est pas vrai du fait que son travail ait tenu
compte du taux effectif au lieu du taux réel. Dans le même ordre
d'idées, en 2006, A. R-G SEMONDJI et R. P. BONI dans leur conclusion sur
les travaux d'impacts socio-économiques des crédits
octroyés par le PADME sur ses bénéficiaires diront que 62%
des clients enquêtés ont vu leurs situations patrimoniales se
détériorer alors que 38% seulement ont vu la leur
s'améliorer. Ainsi ils concluent en disant que ceux qui voient leurs
situations se détériorer sont à 65% des petits clients.
Ceci à notre avis n'est pas vérifié puisque d'après
nos observations les clients les plus fidèles des IMF sont
généralement constitués de petits clients. Nous pensons
donc que le problème ne se situe pas à ce niveau mais
plutôt lié aux diverses charges
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Analyse des effets socio-économiques des
crédits octroyés par les IMF sur les bénéficiaires
: Cas PADME
familiales supportées par ces derniers, que celle-ci
soient liées ou non au crédit bénéficié.
Il faut par ailleurs noter que beaucoup d'auteurs dans leur
analyse n'ont pas porté une attention particulière au
suivi-conseil effectué par les Chargés de Prêt des IMF.
Pour la plupart des travaux, ce problème a été juste
résolu par une question adressée au client et libellée
comme suit: comment appréciez-vous le suivi-conseil effectué par
les chargés de prêt? Ceci paraît insuffisant, mais aussi
insensé puisque le client à notre avis n'est pas sensé
maîtriser les contours de la notion de suivi-conseil.
Nous croyons que beaucoup de travaux ont été
réalisés à ce sujet, mais constatons aussi que la
difficulté de mieux circonscrire le sujet reste toujours.
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