2.3 Bassin d'approvisionnement en bois-énergie
de la ville de Niamey
Il existe une relation étroite entre croissance
démographique, urbanisation et demande d'énergie (Minvielle,
2001); ainsi au regard des quantités de bois consommées par les
ménages et le taux élevé de croissance de la population,
on doit s'interroger sur la capacité du bassin d'approvisionnement
à soutenir durablement les prélèvements effectués,
d'où cette présentation.
2.3.1 Localisation et ressources
La longue période de sécheresse qui
commença à la fin des années 1960 bouleversa la
société sahélienne à bien des égards en
provoquant un déplacement massif des populations rurales vers les grands
centres urbains. Au Niger la concentration de la population dans la ville
créa une forte demande en bois-énergie au détriment des
formations forestières d'où un élargissement spectaculaire
du rayon d'approvisionnement.
Le rapport Delwalle (1973) sur le bois de feu précise
que dans les années 1970, la plus longue rotation pour approvisionner
Niamey est de 100 km sur l'axe Tillabéri du fait des zones de cultures
et la topographie ; viennent ensuite l'axe Dosso 70 km, l'axe Ouallam 60 km et
Torodi 50 km qui prend un essor grâce à la construction du pont
Kennedy. Les sources de bois de feu sont les parcelles défrichées
en vue de l'établissement de nouveaux champs. Les forêts qui
n'entraient pas dans le cycle des cultures ont commencé à
être exploitées lentement dans un rayon de 50 à 60 km de
Niamey. La forêt classée de l'Aviation a été
rasée en délit sur une grande surface au début de 1972 et
l'armée est autorisée à s'approvisionner dans la
forêt classée de Guesselbodi. Delwalle note que les boisements qui
servaient à approvisionner la ville de Niamey en bois de chauffage sont
dominés par quatre espèces dont : Guiera senegalensis,
Combretum micranthum, Combretum nigricans et Combretum glutinosum. Ce
même auteur écrivait que la productivité de ces boisements
après la coupe de plusieurs parcelles d'âge connu était
comprise entre 0,33 et 1 stère/ha/an et qu'il était prudent, dans
la généralité des cas, de ne pas espérer plus de
0,5 stère/ha/an.
Catinot (1991) in FAO (1999), souligne que les
productivités en zones non protégées peuvent être de
0,5 à 0,750 m3/ha/an sous pluviométrie 400 - 800
mm.
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En fait cette productivité est très variable en
fonction de : l'espèce qui domine la strate (PUSF, 1984, estime la
productivité des formations à Combrétacées autour
de Niamey à 0,34 stère/ha/an) - des sites (Ichaou, 1995, a eu
3,259 stères/ha/an en brousse tigrée et 2,076 stères/ha/an
en brousse non structurée) -de la couverture (PEII-VO, 1990, avance 0,2
; 0,6 et 1 stère/ha/an selon le degré de recouvrement).
La classification des formations forestières au Niger
élaborée par Saadou (1990) in FAO (1999) basée sur la
trilogie climat-flore-végétation met en évidence les
substrats et la végétation caractéristiques des milieux.
Cette subdivision phytogéographique a mis en relief une dizaine de
compartiments dont celui du sud-sahélien occidental qui concerne cette
étude avec comme centre de référence
Niamey-Tillabéri-Dogondoutchi-Bouza-Madaoua et Tahoua.
Ainsi, le substrat est composé de sédiments du
continental terminal (CT3 dans la partie ouest et CT1 dans la partie Est) sur
les plateaux latéritiques et sables constituant les dunes fixées,
les terrasses sableuses et occupant le fonds des vallées
sèches.
La végétation est constituée de
fourrés à Combretum sur les plateaux
latéritiques, les steppes sur les terrasses sableuses, dans les
vallées sèches et les dunes fixées. Ces fourrés
désignés par le terme brousse tigrée sont des formations
contractées reparties entre les 13 ème et 15
ème parallèles (Ambouta, 1984) ; ce dernier a
élaboré une typologie de ces structures qui tient compte de la
latitude et du gradient de pluviométrie et indique que ces formations
tigrées s'étendent sur les plateaux latéritiques de
l'ouest nigérien où elles couvrent environ 22000 km2
(2200000 ha). Les autres formations forestières contractées sans
structure particulière (brousse diffuse, brousse mixte) couvrent 2800000
ha.
On peut retenir de Ambouta (2011) que la brousse tigrée
qui est le faciès le plus caractéristique des formations
contractées est inféodée aux plateaux gréseux du
Continental Terminal aussi estime t-il que Combretum micranthum et
Guiera senegalensis représentent respectivement 60% et 13% de
la surface terrière des ligneux. Ces formations fournissent l'essentiel
du bois-énergie consommé dans la ville de Niamey.
A défaut d'un inventaire forestier exhaustif plusieurs
études ont été menées pour estimer les superficies
des formations forestières du bassin. Le PUSF a évalué les
ressources forestières naturelles des régions de Tillabéri
et Dosso qui abritent le bassin à 9290400 ha en 1993. Dans le cadre de
l'élaboration du SDAN 1991, le Projet Energie II a estimé la
superficie du bassin à 2438000 ha et le volume de bois sur pied à
5,22 stères/ha.) ; Ce potentiel fournissait 130000
32
tonnes de bois-énergie pour des besoins estimés
à 150000 tonnes dans la ville. Le gap pourrait être
compensé à travers les prélèvements ligneux des
champs et jachères dont la productivité est estimée
à 4,5 stères/ha (Montagne et al, 2000).
Malgré la faible proportion des zones sous
aménagement contrôlées ou orientées (22% du
potentiel-contenance), les résultats de l'enquête PED 2003
indiquent que 76% de bois acheminé dans la ville de Niamey est
prélevé à une distance comprise entre 40 et 80 km, tandis
que celle prélevée à plus de 80 km représente
près de 20% de l'ensemble.
Le SDAN élaboré en 1990 limitait le rayon du
bassin d'approvisionnement à 150 km ; Actuellement, il s'étend
sur un rayon d'environ 230 km et englobe 22 communes situées dans huit
départements appartenant aux deux régions de Tillabéri et
Dosso (figure 2) : Commune Rurale (CR) de Kirtachi, Bitinkodji et Youri dans le
département de Kollo - CR Tagazar, CR Tondikandia et CR Kourfèye
centre dans le département de Filingué - CR Simiri, CR Dingajdi
et CR Tondikiwindi dans le département de Ouallam - CR kourthèye,
CR Sakoira, CR Anzourou, Commune Urbaine (CU) Tillabéri dans le
département de Tillabéri - CR Torodi, CR Makalondi, CR
Guéladjo, CR Tamou et CU Say dans le département de Say - CR de
Gothèye dans le département de Téra - CR de Fakara dans le
département de Boboye - CR de Sarrey et Kargui Bangou dans le
département de Dosso.
![](Consommation-des-menages-en-energies-domestiques-dans-la-ville-de-Niamey-au-Niger5.png)
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Figure 2 : Communes dont les formations
forestières approvisionnent la ville de Niamey en
bois-énergie
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