Après la période révolutionnaire de 1972
à 1989, le Bénin s'est engagé sur la voie de la
démocratie suite à la conférence nationale des forces
vives de la nation.
Au lendemain de cette conférence qui a duré du
19 au 28 Février 1990, le Bénin a tourné dos à la
dictature. On ne parle donc que de la démocratie et du
développement. Deux notions qui n'étaient pas trop prises en
compte pendant la période révolutionnaire. Il a fallu alors la
conférence des forces vives de la nation de Février 1990 pour
que les dirigeants béninois commencent par parler du
développement et de la démocratie et surtout de la
démocratie à la base.
L'une des grandes décisions qui a donc
été retenue lors de cette conférence est de permettre aux
populations rurales de gérer elles-mêmes les affaires locales.
L'article 21 de la loi N°97-028 du 15 Janvier 1999
portant organisation de l'administration territoriale de la République
du Bénin précise : « qu'il est
institué dans la structure de l'administration territoriale de la
République du Bénin, des collectivités territoriales
décentralisées dotées de la personnalité juridique
et de l'autonomie financière. »
Quant à l'article 22 de la même loi, elle dispose
que : « les collectivités territoriales
décentralisées visées à l'article 21 prennent la
dénomination de commune. »
La commune est donc comme le dispose l'article 2 de la loi
N°97-029 du 15 Janvier 1999 portant organisation des communes en
République du Bénin, « le cadre institutionnel
pour l'exercice de la démocratie à la base. Elle est l'expression
de la décentralisation et le lieu privilégié de la
participation des citoyens à la gestion des affaires publiques
locales. »
Ainsi, la démocratie à la base ou la
décentralisation doit permettre aux dirigeants de ne plus pratiquer la
politique centralisatrice mais de transmettre certains pouvoirs aux communes et
donc amener les populations à mieux s'impliquer dans le
développement de leur commune.
Marco ROSSI, chef de la section politique et recherche de la
Direction du Développement et de la Coopération(DDC) affirme dans
l'ouvrage intitulé : Décentralisation et
Développement, Berne 1999 p.19 que : « Une
proximité accrue des instances de décision permet à la
population d'influer plus directement sur les autorités locales et les
responsables politiques. ».
Mais le constat qui se fait est que cette population n'est pas
encore consciente des responsabilités qui lui incombent. Il revient
alors tant aux élus locaux qu'aux radios communautaires de permettre aux
populations de mieux cerner cette responsabilité qui est la leur.
Cependant, on note que ces derniers surtout les radios rurales
n'ont pas encore de leur côté compris comment il faut amener ces
populations à se mobiliser pour le développement de leur commune.
La radio rurale qui est un moyen de communication plus proche
de ses citoyens constitue un vecteur de communication et un instrument
incontournable à l'enracinement de ce processus qu'est la
décentralisation. Malheureusement, les radios rurales ne jouent pas
encore pleinement ce rôle.
Quelles sont les raisons qui empêchent les radios
communautaires surtout la radio Ilèma de contribuer à
l'enracinement de la décentralisation ?
Quelles sont les actions qu'elles doivent poser pour permettre
aux populations rurales de mieux s'impliquer dans les affaires
locales ?
Quel intérêt les populations rurales ont à
s'intéresser aux affaires locales ?
Quelles sont les approches de solution pour amener les radios
rurales à contribuer au développement local ?
C'est pour répondre à ces différentes
interrogations que nous avons choisi de réfléchir sur le
thème « CONTRIBUTION DES RADIOS
COMMUNAUTAIRES A L'ENRACINEMENT DE LA DECENTRALISATION AU BENIN : CAS DE
LA RADIO ILEMA. »
Pour mieux apprécier les différents contours de
ce thème, nous aborderons le sujet à travers deux chapitres
précédés d'un chapitre préliminaire :
- Le chapitre préliminaire portera sur le cadre
institutionnel de l'étude, les observations de stage, l'approche
méthodologique.
- Le premier chapitre sera consacré au ciblage de la
problématique, aux objectifs et hypothèses de l'étude.
- Le deuxième chapitre fera enfin état des
approches de solutions et de leurs conditions de mise en application.
Il sera question dans le chapitre préliminaire, de la
présentation du cadre institutionnel de l'étude, du choix du
cadre, à l'observation de stage et de l'approche
méthodologique.
Section I : Cadre institutionnel de l'étude,
état des lieux.
Dans cette partie, nous parlerons de la
structure qui nous a accueillies et nous ferons l'état des lieux.
PARAGRAPHE 1 : Présentation de la
structure
I-Historique
La radio Ilèma est une radio communautaire
créée le 30 Avril 1998. Elle est installée à
Lèma un village de Dassa - Zoumè dans le département des
collines situé à près de 200 km de la capitale
économique du Bénin, Cotonou.
Autrefois nommée Radio Communautaire
Dassa-Glazoué (RCDG), la radio a, avec le temps changé de
dénomination pour devenir depuis onze ans radio Ilèma qui
signifie en langue locale idatcha : `'il fait
jour''. Ce qui veut dire que la radio Ilèma est venue pour
éclairer la communauté locale en la faisant sortir des
ténèbres.
Elle est surtout l'oeuvre de l'Association Culture
Communication et Développement(ACCD) créée en 1973 par
Monsieur François Sourou OKIOH. Elle est basée dans la ville de
Dassa - Zoumè. Elle a pour mission de promouvoir la culture à
travers la communication pour le développement.
La radio Ilèma, c'est aussi une idée
de Monsieur François Sourou OKIOH, cinéaste collecteur de
mémoires. C'est au cours d'une mission effectuée par
l'organisation non gouvernementale belge Vredeseilenden Coopibo(VECO), au
Bénin que le promoteur de l'ACCD a fait part de son ambition d'installer
une radio communautaire dans la ville de Dassa - Zoumè. Veco partageant
cette même ambition a accepté apporter son appui pour la mise en
place de ce médium. Le processus pour l'implantation de la radio
communautaire a alors débuté.
Huit enquêteurs du Centre de
Développement Communautaire(CDC) ont été envoyés
sur le terrain. Ils avaient pour but de connaitre les communautés, leurs
traditions locales, leurs richesses naturelles et culturelles ainsi que leurs
attentes.
Ces études ont été suivies d'une
étude de faisabilité technique. Elle a
révélé que pour un meilleur rayonnement de la radio, il
est souhaitable que les installations pour la diffusion de la radio soient
posées sur la quinzième (15ème) colline, une
colline située à égale distance des deux chefs lieux des
communes de Dassa et de Glazoué.
Dès lors, un comité de préparation de la
radio (CDP) a été mis en place. Composé des
représentants des principaux acteurs de développement des
communes de Dassa et de Glazoué, et de certaines ONG telles que le
Centre International de Développement et de Recherche(CIDR), le Centre
de Recherche et d'Action pour le Développement des Infrastructures de
Base(CRADIB), les groupements féminins et les chefs traditionnels
idatcha et mahi, il a pour but de préparer la
naissance dans de bonnes conditions de celle qui deviendra plus tard la
première radio communautaire dans le département des Collines.
Comme il est dit dans le cahier de charge de ce comité, l'objectif
premier est : « d'expliquer aux communautés les motifs
réels de création de cette radio afin d'obtenir leur
adhésion massive et de les amener à s'approprier ce puissant
instrument de communication. ». Plusieurs tournées
d'informations et de sensibilisation des communautés à la base
ont été effectuées.
Après toutes ces études, un contrat
de partenariat d'une durée de cinq ans a été signé
avec l'ONG Veco. Dans ce contrat, il est stipulé que « Veco
doit appuyer techniquement et financièrement la création de la
radio. ». Dès lors, les travaux de construction des
bâtiments de la radio ont démarré. Les communautés
déjà averties de l'importance de cet outil de
développement se sont impliquées personnellement pour sa
construction. A titre d'exemple, les pierres qui ont servi pour la construction
des locaux étaient concassées et transportées par les
communautés rurales. Elles ont même fait des dons en nature et en
espèce avec une somme de trois millions (3 000 000) de francs
CFA au comité qui a été mis en place. Ainsi le 30 Avril
1998, la radio Ilèma a été inaugurée devant un
parterre d'invités dont les autorités nationales et locales et
les populations.
Elle est régie par la loi 1901 et reconnue
officiellement par le ministère de l'intérieur, de la
sécurité et de l'administration territoriale sous le
n°91-105-MISAT-DAI-S1-ASSOC du 13 Août 1991.
La radio Ilèma est créée suite
à la mise en application de la loi n°97-010 du 20 Août 1997
portant libération de l'espace audiovisuel et dispositions
pénales spéciales relatives aux délits en matière
de presse et de communications audiovisuelle en République du
Bénin.
Elle émettait alors du lundi au vendredi de
12H à 22H et les week-ends de 10H à 23H sur la fréquence
104.5MHZ avec une fréquence relais qui est 98.6 MHZ. Elle est
captée dans les communes de Dassa - Zoumè, Glazoué,
Savè, Savalou, Bantè et dans quelques localités des
départements du Zou et du plateau. Avec le temps, elle a commencé
par émettre tous les jours de six (06) heures à vingt trois (23)
heures sauf les samedis où elle émet jusqu'à minuit pour
la joie de ses auditeurs.
II- Missions et objectifs.
Dans l'ouvrage : « Radio
Ilèma, un an déjà » à la page 12, il est
précisé que la radio Ilèma a pour objectifs de :
· « Développer la communication en
milieu rural ;
· Libérer la parole paysanne ;
· Valoriser les richesses culturelles et
naturelles ;
· Sauvegarder les moeurs, les traditions et
coutumes ;
· Accroître l'émancipation des populations
à la base à travers une meilleure circulation de l'information et
une expression des priorités locales en tenant compte des connaissances
et conditions du métier ;
· Améliorer la participation réelle des
populations particulièrement des femmes et des jeunes aux prises de
décisions socioculturelles, économiques, de leur
communauté ;
· Sensibiliser et éduquer les
populations ;
· Consolider les acquis des populations sur tous les
plans ;
· Favoriser les échanges
intercommunautaires ;
· Faire circuler l'information rurale. »
III- Structure organisationnelle de la radio
Ilèma.
La structure organisationnelle de la radio
Ilèma est composée d'une Direction Générale, d'un
Service commercial, d'une Rédaction, d'un Service des programmes, d'un
Service de la production, et d'un service technique.
1°) La Direction Générale
Pour le bon fonctionnement de la radio Ilèma,
il a été mis en place une Direction Générale.
Située dans la ville de Dassa à 7km de la radio, au siège
de l'Association Culture Communication et développement(ACCD), elle a
à sa tête un Directeur Général et est chargée
de coordonner toutes les activités au sein des différents
services de la radio.
Toutes les grandes décisions pour
l'amélioration des services de la radio viennent de la Direction
Générale. Elle se charge de la signature des contrats entre les
différents partenaires de la radio et celle-ci. C'est elle qui nomme les
différents chefs qui doivent diriger les services de la radio et assure
l'exécution à temps des services demandés par les
partenaires et auditeurs.
2°) Le Service Commercial
Dirigé par un chef, il s'assure
de la réalisation à temps des publicités et des annonces
qui sont confiées à la radio. Il se charge de la gestion de la
clientèle et la mise en oeuvre de la stratégie commerciale et
marketing de la radio Ilèma. Il assure et entretient les relations avec
la clientèle et suscite des besoins chez les clients par des
publicités et des contrats.
3°) La rédaction
Elle a à sa tête un chef connu sous le
nom de Rédacteur en chef et est composée de trois journalistes y
compris le rédacteur en chef et des stagiaires qui vont à la
quête de l'information. Ils se réunissent tous les jours à
seize (16) heures pour la conférence de rédaction
présidée par le rédacteur en chef. Au cours de cette
rencontre, tout ce qui doit passer dans le journal de 19 heures 30 minutes, la
seule grande édition de la journée est retenue.
Au cours de cette conférence, on
répartit les reportages pour le lendemain et on aide les stagiaires pour
l'écriture de leur papier et de la présentation du journal. Le
rédacteur en chef désigne le présentateur du journal
parlé du soir. C'est aussi à la conférence de
rédaction que le rédacteur en chef définit les angles de
traitement des différents sujets et le choix de ces angles.
4°) Le Service des programmes
C'est ce service dirigé par un chef des
programmes, qui s'occupe de la programmation des émissions et de la
conception de la grille des programmes. Il veille au respect de la grille et
programme chaque animateur. C'est à lui que revient l'exactitude dans le
démarrage des émissions et tout ce qui passe à l'antenne.
Il justifie quand quelque chose ne va pas dans l'exécution du programme
ou quand les auditeurs veulent avoir des explications sur le non-respect des
heures de diffusion des émissions.
5°) Le Service de la production
Il a à sa tête un chef de production et
s'assure de la conception, de la réalisation et de la production des
diverses émissions de la radio. C'est lui qui définit le contenu
des émissions proposées par les animateurs et voit en communion
avec ces derniers la réalisation des magazines, des documentaires et
d'autres émissions spécialement commandées à la
radio. Il analyse les projets d'émissions et décide en
collaboration avec la Direction Générale de l'opportunité
et surtout de l'importance de telles ou telles émissions pour la
radio.
6°) Le Service Technique
Il est composé de quatre techniciens tous
supervisés par un chef technique qui :
· Assure la technique de toutes les émissions
· Protège les équipements et le
déroulement harmonieux du travail contre les interruptions dommageables
telles que les coupures d'électricité, les pannes
d'ordinateurs
· Assure la bonne marche des équipements
techniques
· S'occupe de la maintenance et de l'exploitation
technique de l'émetteur et du système d'antenne
· Prend une part active dans la prise de décision
d'achat de matériels pour la radio
· Juge de l'opportunité de faire appel ou non aux
maintenances.
PARAGRAPHE II: Etat des lieux
Nous mettrons l'accent sur les différentes
évolutions de la décentralisation au Bénin.
I. De la conférence nationale aux premières
élections communales et municipales
Le Bénin, est le premier Etat d'Afrique francophone
à amorcer le processus de la démocratie. C'est à travers
l'organisation de la conférence nationale des forces vives de la nation
de Février 1990. Cette conférence s'est tenue suite à la
proclamation le 30 novembre 1974 du `'marxisme-léninisme'' à la
place Goho à Abomey. Après cette proclamation, l'effet fut
catastrophique dans les esprits du peuple béninois.
La première conséquence directe de cette
proclamation fut l'interdiction de la mise en place de toutes organisations
démocratiques. Seul le parti de la révolution populaire fut
créé pour occuper toute la place. La dictature s'est alors
installée. Le pays était gouverné d'une main de fer par
les dirigeants d'alors. La situation économique et financière du
pays allait de mal en pire. Les partenaires techniques et financiers
étaient très réticents pour financer les projets de
développement. Vu que le pays était dirigé par le parti
unique, ce dernier n'arrivait plus à avoir l'oeil sur la situation
économique et financier des zones rurales. C'est dans cet état de
dépression générale que les béninois
vécurent jusqu'en 1989. Cette année, les trois ordres de
l'enseignement y compris le secteur privé se sont successivement mis en
grève illimitée. Cette grève a été
inaugurée par les étudiants dès début janvier 1989.
Le pays était alors paralysé.
C'est ainsi que la situation économique et
financière catastrophique du pays et l'envie des Béninois de
vivre dans un pays démocratique ont fait naître dans le coeur des
dirigeants l'idée d'une conférence nationale. Après un
consensus national autour de cette idée, le pouvoir politique en a pris
l'initiative. Le peuple y a adhéré tout en restant sur ses
gardes. Un comité préparatoire de la conférence a
été alors mis en place car il ne suffisait pas aux
autorités centrales de l'Etat et du parti unique de décider d'une
conférence nationale pour qu'elle ait effectivement lieu. La tâche
assignée au comité était de réunir toutes les
forces vives de la nation et d'être disponible pour accepter toutes
suggestions. Les travaux du comité furent terminés le 18
février 1990 et la conférence débuta le 19 février
1990.
Avec l'organisation de cette conférence, plusieurs
objectifs fixés par les dirigeants ont été atteints. Cette
conférence a permis d'insérer dans leur programme de
développement la démocratie à la base. Désormais
les habitants des zones rurales pourront avoir la priorité pour diriger
eux-mêmes l'économie et les finances locales.
Au lendemain de cette conférence, la constitution du
Bénin a été ratifiée par le peuple lors d'un
referendum le 02 Décembre 1990 et promulguée le 11
Décembre 1990. Les articles 150, 151, 152 et 153 de cette constitution
sont consacrés à la décentralisation.
Selon l'article 150, « les
collectivités territoriales de la République sont
créées par la loi. » et à l'article 151,
il est précisé que « les collectivités
s'administrent librement par des conseils élus et dans les conditions
prévues par la loi. »
L'article 152 indique qu' « aucune
dépense de souveraineté de l'Etat ne saurait être
imputée à leur budget. »
Enfin, l'article 153 stipule : « l'Etat
veille au développement harmonieux de toutes ces collectivités
territoriales sur la base de la solidarité nationale des
potentialités régionales et de l'équilibre
interrégionale. »
La conférence et surtout la constitution du
11 décembre 1990 ont ainsi posé les jalons de la
décentralisation. Désormais certains pouvoirs devront être
transférés aux communes. Ces dernières ont le devoir de
bien les diriger.
Cependant, pendant plusieurs années, les
différents gouvernements et régimes politiques qui se sont
succédé à la tête du Bénin n'ont pas fait
grand cas de la décentralisation. Malgré toutes les dispositions
prises lors de la conférence, le premier tour des élections
communales et municipales ont été organisées au
Bénin en 2002, c'est-à-dire douze ans après la tenue de la
conférence nationale.
Cela s'explique par le fait que l'orientation
marxiste-léniniste qui a marqué le système politique
béninois était basée sur le « centralisme
démocratique ». La gestion des collectivités locales
était confiée aux instances du parti unique. Ce qui fait que les
autorités n'arrivaient pas à avoir l'oeil sur toutes les
communes.
Les dispositions de la constitution du 11
Décembre 1990 relatives à la décentralisation
étaient alors les bienvenues. Elles permettaient désormais de
transférer certains pouvoirs et de les laisser diriger par les
populations elles-mêmes.
A ce propos, Stanislas KPOGNON dit dans son ouvrage
intitulé : Décentralisation et exigences
éthiques, p.12 que : « Le partage des pouvoirs
offre aux citoyens des villes et des campagnes, grâce à une
participation citoyenne informée, d'assurer la gestion de leurs propres
affaires locales ».
Mais, comme il est notifié un peu plus haut,
ce processus a connu des difficultés avant sa mise en oeuvre effective
qui s'est traduite par l'organisation des élections communales et
municipales.
Trois ans après la conférence des forces vives
de la nation en 1990, les états généraux de
l'administration territoriales ont été organisés du 07 au
10 janvier 1993 à Cotonou. Une manière d'appuyer les textes de
loi proposés par la conférence et de proposer au gouvernement les
principes et orientations qui fondent la réforme administrative. A
partir du 15 janvier 1995, les textes de loi sont adoptés.
Désormais, les départements sont devenus les circonscriptions
administratives du Bénin et les communes deviennent des
collectivités décentrées gérées par un
maire. Elles disposent de larges pouvoirs autonomes et de compétences
propres. Tout cela est développé dans cinq lois à savoir
:
Ø La loi n°97-028 portant orientation de
l'organisation de l'administration territoriale
Ø La loi n°97-029 portant organisation des
communes
Ø La loi n°98- 005 portant organisation des
communes à statut particulier (Cotonou, Porto-Novo, Parakou)
Ø La loi n°98-006 portant régime
électoral communal et municipal
Ø La loi n°98-007portant régime financier
des communes.
Avec cette nouvelle réforme et ces textes de
lois, les circonscriptions administratives passent de six à douze avec
deux catégories de communes : les communes de droit communs et les
communes à statut particulier. Ces dernières sont Cotonou,
Porto-Novo et Parakou.
Après l'élaboration de ces textes de
loi, plusieurs étapes ont été franchies avant
l'organisation des premières élections locales. Il s'agit entre
autres de l'organisation d'un séminaire de programmation de la
réforme administrative sous le haut parrainage du président de la
République Mathieu KEREKOU. Au cours du séminaire, il a
émis son souhait de voir les élections municipales et communales
se tenir en Avril 1996.Ce qui n'a pu être réalisé.
Le 07 Avril 1997 à l'ouverture de la première
session ordinaire de l'Assemblée nationale, le président du
parlement Bruno AMOUSSOU a déclaré que : « les
travaux de cette session seront essentiellement consacrés à
l'étude et à l'adoption des lois relatives à la
décentralisation de l'administration territoriale. » Ce fut
alors le début de l'étude des projets de loi par la commission
des lois de l'Assemblée nationale. Une fois encore, il a
été dit que les élections municipales se
dérouleront en 1998.
C'est au cours de la session extraordinaire du 28 Juillet 1997
que deux textes de loi sur l'administration territoriale ont été
votés. Il s'agit de la loi n°97-028 portant organisation de
l'administration territoriale et de la loi n°97-029 portant organisation
des communes. Quant à la loi n°98-005 portant organisation des
communes à statut particulier, elle a été votée au
cours de la deuxième session ordinaire de la même année.
Les lois n°98-006 portant régime électoral communal et
municipal et n°98-007 portant régime financier des communes ont
été votées lors de la session extraordinaire qui a
été convoquée après la deuxième session
ordinaire de l'année 1997.
Cependant, le 13 Mars 1998, la Cour
constitutionnelle a décidé que les deux premières lois
sont non conformes à la constitution. Le 31 Mars 1998, elle
décide que les autres lois sont non conformes à la constitution.
Une fois encore, les élections n'ont pu se tenir le premier semestre de
l'an 1998 comme l'a demandé le chef de l'état le
général Mathieu KEREKOU.
Après ces différentes étapes,
ces lois ont fini par être promulguées courant 1999-2000. Cette
fois-ci, les élections locales sont programmées pour le
quatrième trimestre de l'année 2000. Il fallait s'assurer que
toutes les conditions sont réunies y compris l'assimilation et
l'adhésion des populations à la décentralisation avant les
premières élections locales. Tout a été mis en
place, et les populations sont allées aux urnes pour les
élections communales et municipales le Dimanche 15 Décembre
2OO2.
II. Des premières élections communales et
municipales à nos jours
Après l'organisation de ces élections, tout est
allé un peu plus vite. Les autorités ont compris l'importance de
la décentralisation. Les conseils communaux et municipaux ont
été installés avec à la clé,
l'élection des maires.
Il a été créé pour la
première fois en Octobre 2007 au Bénin, le Ministère de
la Décentralisation, de la Gouvernance Locale, de l'Administration et de
l'Aménagement du Territoire (MDGLAAT). La Délégation de
l'Aménagement du Territoire une structure dont la mission est
d'accompagner les communes dans leur développement et qui
dépendait de la présidence de la République, est
désormais rattachée à son ministère de tutelle.
S'en est suivie la prise du décret n°2007-447 du 02 Octobre 2007
portant attribution organisation et fonctionnement du ministère de la
décentralisation, de la gouvernance locale, de l'administration et de
l'aménagement du territoire.
Le premier quinquennat des maires tendant vers sa fin, il a
été organisé du 26 au 28 Novembre 2007, un forum national
bilan de la réforme de l'administration territoriale avec comme
recommandation, l'élaboration d'un document de politique nationale de
décentralisation et de déconcentration.
Le président Boni YAYI disait dans son
discours d'ouverture de ce forum rapporté dans un document
intitulé : `'Les actes du forum'' p.9
que : « Ici comme ailleurs, je suis convaincu de la
nécessité d'induire les changements qualitatifs qu'ils faut pour
renforcer notre processus de décentralisation qui doit devenir à
terme un moyen privilégié de promotion d'un développement
équilibré de nos différentes régions. ».
Ce forum a permis de faire le bilan de ce qui a
été réalisé dans le cadre de la
décentralisation au Bénin. C'était aussi l'occasion pour
les participants de proposer des réformes pour un meilleur partage du
pouvoir au sein de la nation et pour une meilleure participation des
populations locales à cette nouvelle réforme administrative.
Après cela, les populations étaient une
fois encore aux élections municipales en avril 2008. Elles sont
maintenant impliquées dans ce processus de démocratie à la
base.
L'Assemblée nationale continue d'adopter d'autres lois
pour une meilleure gestion des communes et leur développement. Il s'agit
entre autres de la loi sur l'intercommunalité qui a été
adoptée et promulguée en mai 2009. Les communes pourront
désormais s'associer avec d'autres communes pour un véritable
essor.
La décentralisation pour être
effective, ne doit pas être l'affaire de l'Etat central seul.
L'implication des autres composantes que sont : la société
civile, les populations et surtout les radios communautaires, s'avère
indispensable pour la réussite du processus.
Un processus qui doit aider toutes les communes
à amorcer un développement durable et ceci avec les
potentialités qu'elles disposent. Cependant beaucoup de communes
béninoises comme la commune de Dassa - Zoumè malgré
leurs richesses naturelles et culturelles ne sont pas
développées.
Dans la section qui suit, nous allons justifier notre
choix de la radio Ilèma située dans la commune de Dassa -
Zoumè comme cadre de travail.
Section 2 : Choix du cadre et justification ;
observations de stage et approche méthodologique.
Pour la rédaction de ce mémoire, nous avons
bénéficié d'un stage académique de trois mois
à la radio communautaire Ilèma. Elle est installée dans la
commune de Dassa-Zoumè dans le département des Collines. Dans ce
premier paragraphe, nous allons justifier le choix de ces cadres qui nous a
servi pour l'écriture de ce mémoire. Dans le deuxième
paragraphe, nous ferons part de nos observations lors du stage et de l'approche
méthodologique.
PARAGRAPHE I : Choix du cadre et justification
La radio ILEMA comme susmentionnée, est
installée dans la commune de Dassa-Zoumè dans le
département des Collines. C'est une oeuvre de l'Association Culture
Communication et Développement(ACCD). Cette association
s'évertue à apporter un plus à l'enracinement de la
décentralisation malgré les nombreuses difficultés qu'elle
rencontre. Elle a mis en place il y a quelque années un bimestriel
nommé « la voix des collines »qui
consacrait des pages à la décentralisation et au
développement de la commune de Dassa-Zoumè. Même si
aujourd'hui ce journal n'existe plus ainsi que d'autres actions en faveur de la
décentralisation, l'ACCD essaie toujours à travers la radio
Ilèma de mener des actions pour le développement durable de sa
commune et des communes qu'elle couvre.
Comme l'ACCD, la radio Ilèma n'arrive plus à
faire certaine de ses initiatives qui rentrent dans le cadre de l'aboutissement
de ce système de décentralisation. La radio Ilèma
première radio communautaire du département des Collines et seule
radio dans la commune de Dassa possède tous les atouts en main pour
participer à l'enracinement de la décentralisation dans cette
commune, une commune qui est encore sous-développée malgré
les potentialités dont elle dispose.
Elle est l'une des six communes que compte le
département des Collines. Ex-sous préfecture de Dassa -
Zoumè, la commune de Dassa - Zoumè est limitée au nord par
la commune de Glazoué, au sud par les communes de Zangnanado et de
Djidja, à l'ouest par la commune de Savalou et à l'est par les
communes de Savè et de kétou. Depuis l'avènement de la
décentralisation, cette commune jusqu'alors sous-préfecture de
Dassa-Zoumè est devenue une collectivité territoriale
décentralisée. Elle est ainsi dotée de la
personnalité juridique et de l'autonomie financière. Ces deux
attributs caractéristiques des collectivités territoriales
décentralisées lui « permettent de s'administrer
librement, de définir ses priorités et de mettre en oeuvre sa
politique de développement local. C'est une commune de droit commun qui
doit assurer les meilleures conditions de vie à l'ensemble de la
population et donc assurer son développement local. ».
L'article 84 de la loi n°97-029 du 15 janvier 1999 portant organisation
des communes en République du Bénin stipule
que « La commune élabore et adopte son plan de
développement. Elle veille à son exécution en harmonie
avec les orientations nationales en vue d'assurer les meilleures conditions de
vie à l'ensemble de la population. »
Cependant, Dassa - Zoumè, la ville des 41 Collines est
une commune qui reste handicapée par bien de problèmes
malgré les atouts dont elle dispose pour s'assurer un
développement local durable.
A mi-chemin entre Cotonou, la capitale économique du
Bénin et Parakou, la métropole du nord Bénin, passage
obligatoire pour toutes les transactions allant de Cotonou vers les pays de
l'hinterland et vice-versa avec possibilité de raccourci sur le Nigeria
à l'est et le Togo à l'ouest, la commune de Dassa -
Zoumè a une position géographique très intéressante
pour la promotion de son économie. Elle regorge d'un potentiel
économique important fait de nombreux sites touristiques, d'importantes
carrières de granites et autres pierres précieuses.
La population est relativement jeune : 62% est
âgée de 15 à 24 ans. Mais le taux de scolarisation est
très faible. Les populations n'ont pas d'informations sur la
décentralisation donc elles ne voient pas le rôle de la radio pour
ce système.
Cette commune, de Dassa - Zoumè dispose d'une grotte
mariale nationale qui rassemble des milliers de chrétiens chaque
année. Toutefois, elle n'est pas développée. Bernard
GNANTONOU dit dans son livre `'Quelques axes pour le développement
de la commune de Dassa - Zoumè'' p.9
que : « Malgré ces atouts, Dassa - Zoumè n'a
pas réussi l'union de ses fils et filles autour des nombreuses
tâches de développement. »
Cette étude vise à contribuer au
développement de cette commune en montrant l'importance de la radio
communautaire dont elle dispose.
PARAGRAPHE II : Observations de stage et approche
méthodologique
I. Observations de stage
Dans cette partie de notre travail, nous allons faire
l'état des lieux des différents services de la radio qui nous ont
accueillies.
1. Etat des lieux de la Rédaction
* Constat sur la réalisation des reportages et
l'écriture des papiers.
Les informations parviennent aux journalistes de la radio ou
ils vont à sa quête.
Elles parviennent aux journalistes quand il s'agit des
activités institutionnelles organisées par les autorités
au niveau local ou national.
Dans ce cas, les organisateurs viennent déposer la
demande à la radio ou appellent directement les journalistes pour les
informer.
Dans le second cas, les journalistes initient eux-mêmes
des sujets de reportage.
Cependant, il faut noter que certains papiers du journal
sont tirés des journaux télévisés de la
chaîne privée Canal 3 Bénin et de la
télévision nationale ORTB.
Les journalistes s'inspirent très souvent du journal
de Canal 3 Bénin pour écrire certains papiers car, ils jugent
plus crédibles voire plus fiables les informations diffusées par
cette chaîne. Ce qui à notre avis, constituent une faute
professionnelle car, cette situation peut les emmener à reprendre les
erreurs commises par les autres.
Parfois même quand il n'y a pas le journal sur ces deux
chaînes ou quand elles diffusent la même chose plusieurs fois, le
journal ne se fait pas non plus à la radio ou quand il est fait, il ne
dure que quelques minutes.
Un exemple très illustratif est que lors des
festivités du 1er août qui a marqué le
51ème anniversaire de l'indépendance du Bénin,
la radio n'a pas présenté le journal parlé du Mercredi 3
Août puisqu'ils n'avaient pas d'autres informations dans les journaux
télévisés de ces deux chaînes.
En dehors des journaux télévisés, qui
constituent la source principale des journalistes de radio Ilèma, leurs
journaux dépendent aussi des informations tirées des quotidiens
qui viennent de Cotonou. Comme ces quotidiens n'arrivent pas souvent à
temps, les informations sont données tardivement.
Notons que les journalistes n'initient pas beaucoup de sujets
de terrain. Ils ne font pas assez voire pas du tout des sujets
d'investigation en dehors de quelques rares enquêtes sur
l'insalubrité ou sur l'état défectueux des routes.
Ce qui n'est souvent pas du goût de la mairie qui
considère ces initiatives comme des règlements de compte ou abus
de pouvoir de la part de ces journalistes.
Les reportages à la radio sont rarement
effectués par les stagiaires surtout quand il s'agit de reportages
institutionnels.
* Constat sur la conférence de
Rédaction
La conférence de Rédaction qui réunit
tous les journalistes se tient une fois par jour sauf les weekends à
16 h. Elle est dirigée par le Rédacteur en chef ou son adjoint en
cas d'absence.
Le maître de séance donne à chacun son
sujet de reportage et le papier à écrire. En prélude
à cela, il fait d'abord le tour de table pour savoir sur quoi chacun
veut écrire et donne son avis sur le papier. Les papiers qui sont
retenus font l'objet de discussion afin de déterminer et de retenir les
angles de traitement.
Après ce débat, chacun rédige son papier
qui sera soumis au maître de séance pour la correction.
Ces papiers sont classés par ordre d'importance pour le
journal et le maître de séance désigne le
présentateur du journal parlé de 19h30.
Les stagiaires désignent parmi eux un responsable qui
rend compte de toutes leurs préoccupations au rédacteur en
chef.
Il est tenu une liste de présence à la
conférence de Rédaction.
* Constat sur la présentation du
journal
Le journal est diffusé tous les jours à 19h30
min sauf les week-ends. Il y a aussi le flash info qui est
présenté à 10 heures, à 12 heures et à 17
heures tous les jours sauf également les week-ends.
Le flash est initié seulement quand les stagiaires sont
là et donc présenté par eux.
Quant au journal, il est présenté par deux ou
trois journalistes surtout quand les stagiaires sont là sinon par un
journaliste quand il n'a pas de stagiaires.
A la présentation il y a donc deux stagiaires
accompagnés d'un journaliste ou un stagiaire accompagné d'un
journaliste ou de deux stagiaires qui conduisent eux mêmes cette grande
édition. Quand il n'a pas de stagiaires, c'est un seul journaliste qui
présente le journal qui dure 15mn et souvent sans éléments
sonores. Ce qui fait qu'à des moments, le journaliste est
essoufflé et présente mal le journal.
L'édition du soir est reprise le lendemain matin
à 07 heures. Et quand la correction du journal n'est pas bien faite ou
avec des erreurs, le lendemain matin, ces mêmes erreurs sont reprises.
On constate que le journal n'a pas souvent
d'éléments sonores, un problème auquel il faut trouver une
solution rapide. Le journal n'a pas un chef d'édition et donc le
technicien se trompe parfois quand il faut jouer un élément
sonore ou un jingle.
2. Etat des lieux de la technique
La régie de la radio Ilèma est dotée de
deux ordinateurs et d'une table de mixage. Les deux ordinateurs ne fonctionnent
pas souvent à cause des pannes répétées. Ce qui
fait que parfois, on ne retrouve pas des éléments sonores
traités.
Les éléments sonores du journal sont
traités à la technique puisqu'il n'existe pas un ordinateur au
niveau de la Rédaction. Les sons pour le journal sont donc
traités par le technicien qui ne sait pas toujours ce que le journaliste
veut. Il traite ce qu'il veut et c'est à la présentation qu'on
remarque parfois l'erreur. Il n'existe pas non plus d'enregistreur à la
technique. Ce qui fait qu'on ne peut avoir un scoop et prendre un enregistreur
à la technique. Il faut attendre pour emprunter chez un journaliste qui
viendra à des heures plus tard.
Il faut doter la technique de nouveaux ordinateurs et
d'enregistreurs. Il faut aussi former les techniciens qui sont là car,
la plupart n'ont pas reçu de formation appropriée.
Notons que le nombre des techniciens est insuffisant.
Conséquence, certaines émissions sont conduites par les
animateurs eux-mêmes ou commencent sans techniciens. C'est là que
nous parlons du retard des techniciens à leur poste ou des techniciens
qui ne sont jamais à leur place aux heures de travail.
II. Approche méthodologique
Pour la rédaction et
l'élaboration de cette étude, nous avons utilisé plusieurs
pistes de recherches pour avoir les informations.
1. La recherche documentaire
Plusieurs bibliothèques nous ont permis d'avoir les
avis des différents auteurs sur la question de la contribution des
journalistes à l'enracinement de la décentralisation.
Il s'agit des bibliothèques de l'Ecole Nationale
d'Administration de Magistrature (ENAM), de l'Institut Supérieur des
Métiers de l'Audiovisuel (ISMA), de la Maison des Médias, de
l'Observatoire de la Déontologie et de l'Ethique dans les Médias
(ODEM), de la radio Ilèma, de la mairie de Dassa-Zoumè, du
ministère de la décentralisation, du centre de documentation de
l'Office de Radio et de Télévision du Bénin(ORTB) et sur
internet. Là nous avons consulté des ouvrages
généraux qui nous ont permis de renforcer nos connaissances sur
la décentralisation et les radios communautaires.
Présentation des centres de
documentation
BIBLIOTHEQUES VISITEES
|
NATURE DES OUVRAGES CONSULTES
|
TYPES D'INFORMATIONS
|
Bibliothèque de l'ENAM
|
Thèses et mémoire, Ouvrages
généraux
|
Informations à caractère méthodologique,
informations sur les médias
|
Centre de documentation de l'ISMA
|
Thèses et mémoire, Publications, rapports
|
Informations sur la presse audiovisuelle, Informations à
caractère méthodologique
|
ODEM
|
Publications, rapports
|
Données sur les radios communautaires et sur
l'éthique et la déontologie
|
Maison des médias, Ministère de la
décentralisation
|
Ouvrages généraux
|
Informations sur les radios communautaires et la
décentralisation
|
Service de documentation de l'ORTB
|
Ouvrages généraux, rapports
|
Informations sur les radios, informations
générales
|
Mairie de DASSA - ZOUME
|
Ouvrages généraux
|
Informations sur la décentralisation
|
Bibliothèque de la radio Ilèma
|
Rapports, ouvrages généraux
|
Données sur les radios communautaires et la
décentralisation
|
Internet
|
Publications, dictionnaire
|
Données générales et spécifiques
|
Source : Enquête terrain
2. Le questionnaire
Le questionnaire élaboré a été
adressé aux professionnels des médias. Les questions
étaient liées aux hypothèses de travail, l'impact des
menaces qui pèsent sur les journalistes des radios communautaires, le
manque de formation de ces journalistes, l'insuffisance des partenaires, le peu
de soutien des autorités locales et nationales aux radios
communautaires.
3. Les entretiens directs
Nous nous sommes entretenues avec des professionnels des
médias des radios communautaires ainsi que des autres radios. Cet
exercice nous a permis de mieux appréhender le sujet choisi sur la
contribution des radios communautaires à l'enracinement de la
décentralisation. Ils nous ont surtout aidés à savoir
l'importance des radios communautaires dans l'univers médiatique
béninois et pour l'enracinement de la décentralisation.
4. L'internet
Ce nouveau type de média nous a permis d'avoir une
plus large connaissance de la décentralisation et des radios
communautaires. Nous avons pris connaissance de ce qu'est la radio
communautaire et qu'elles sont ses atouts et missions. Nous avons pu savoir
comment fonctionnent les radios communautaires dans les autres pays
5. L'observation
Notre stage de fin de formation à la radio Ilèma
s'est déroulé sur trois mois à la Rédaction de
cette structure. Cela nous a permis de prendre les informations liées
à notre thème.
Dans ce chapitre, il sera question de la formulation de la
problématique, de l'énoncer des objectifs attachés
à son traitement et les hypothèses qui sous-tendent son
orientation
Section I : Ciblage de la problématique,
choix et justification du sujet, spécification de la
problématique et annonces de réalisation de l'étude.
PARAGRAPHE I : Ciblage de la problématique,
choix et justification du sujet.
I. Problématique
L'année 1997 a été marquée par la
démonopolisation de l'espace audiovisuel béninois. La loi
n°97-010 du 20 Août 1997 portant libéralisation de l'espace
audiovisuel et dispositions pénales spéciales relatives aux
délits en matière de presse et de communications audiovisuelles
en République du Bénin a été promulguée
permettant ainsi, la création de radios et télévisions
privées.
Parmi ces radios, nous avons les radios non-commerciales
connues sous la dénomination de radios communautaires dont le statut est
différent de celui des radios commerciales.
Cette différence est bien établie par les
articles 38 et 41 de la loi suscitée.
L'article 38 de ladite loi stipule
que : « au sens de la présente loi, les
radiodiffusions sonores privées commerciales sont celles dont :
- Les programmes font une large part à l'information,
aux émissions de service, aux émissions à vocation
culturelle et aux jeux
La partie musicale présente une
variété de genres
- Les programmes ne comprennent pas de décrochage pour
la diffusion d'émissions locales et sont financés au moins
à 60% par la publicité. »
Quant à l'article 41 de la même loi, elle
précise que : « Les radiodiffusions sonores
privées non commerciales sont des radiodiffusions sonores locales et
communautaires. Elles sont par vocation des radiodiffusions sonores de
proximité, des radiodiffusions sonores culturelles ou scolaires.
Elles peuvent éventuellement faire appel pour une part
non prépondérante de leur temps d'antenne :
- Soit à des banques de programmes ;
- Soit à un fournisseur de programmes identifié
à condition que ce dernier ne poursuive pas d'objectif commercial, qu'il
ait un statut associatif et que cette fourniture soit sa
spécificité et particulièrement celle de ses
programmes.
En aucun cas, les radiodiffusions sonores privées non
commerciales ne sont autorisées à excéder 20% de recettes
publicitaires dans leur budget. »
De là, nous comprenons clairement qu'une radio
non-commerciale ou communautaire doit être à but non lucratif.
Dans l'ouvrage `' Etude diagnostique sur la mise en
réseau des radios communautaires et associatives du Benin'', de
l'URCAB, p.53, les auteurs parlent de la radio communautaire en ces
termes : « Même si elle est créée par une
association, elle se distingue de la radio associative par le fait que sa
création et son mode de gestion impliquent fortement en amont et en aval
une communauté donnée ; la radio, dans ce cas, remplit des
buts uniquement sociaux et est un outil d'éducation, de distraction et
de développement mis au service de la communauté
concernée ».
C'est pour dire que la radio communautaire fait partie du
quotidien des communautés et est donc en contact permanent avec elles.
Pour sa proximité auprès des populations, les
radios communautaires peuvent constituer alors un outil indispensable pour
l'enracinement de la décentralisation.
La presse, dans ce cas, a le devoir, non seulement,
d'accompagner la décentralisation, mais surtout d'éclairer les
choix des communautés lors des joutes électorales. Les
populations rurales ont accepté l'avènement de la
décentralisation sans vraiment y croire et sans rien y comprendre.
Dans le dossier du journal le municipal
intitulé `'Dynamique locale: la radio communautaire, un
puissant outil de mobilisation à la participation citoyenne'',
publié sur le site www.le municipal.org (10 septembre 2011, 20h30
minutes) la décentralisation est définie tout simplement comme
« la gestion du pouvoir à la base, la gestion des affaires
locales par les populations elles- mêmes. ».
Dans l'ouvrage, Le guide du maire'' p.14, la
décentralisation est définie comme : «un
système d'administration qui consacre le partage du pouvoir, des
compétences, des responsabilités et des moyens entre
l'état et les collectivités territoriales. ».
Cependant, il est remarqué que jusqu'alors, les
populations ne s'impliquent pas encore totalement dans les affaires locales.
Alors que c'est le citoyen local qui est le vrai acteur de cette
décentralisation. Dans son ouvrage `'Décentralisation et
exigences éthiques'', p.27, Stanislas Y. KPOGNON affirme
que : « Le citoyen est au coeur de la
décentralisation. Il est au départ ; il est à la fin.
Il participe de manière responsable, à la gestion des affaires
locales. ». L'auteur va plus loin pour expliquer à la p.28
que : « C'est avec la population locale et non seulement
pour elle que le processus de la décentralisation s'enclenche et prend
corps. » Ce qui veut dire que mieux que quiconque, la population est
appelée à participer aux affaires locales. Sans elle, la
décentralisation ne vit pas.
Mais comme cette dernière n'appréhende pas
encore correctement les contours de cette réforme et donc inconsciente
de son rôle. Il incombe alors aux radios communautaires de
s'évertuer pour cet éveil de conscience des populations.
C'est à dire que ; les radios communautaires qui
font partie du quotidien de ces citoyens doivent leur faire connaitre leurs
responsabilités.
Mais le constat qui se fait est que dans leurs grilles de
programmes, ces radios n'ont même pas initié des émissions
de sensibilisation pour faire participer leurs auditeurs aux affaires locales.
Les quelques rares qui l'ont initiées l'ont fait
grâce à l'appui de certaines organisations non gouvernementales.
Les autres qui ont voulu le faire, n'ont pas eu de financement et la faible
participation des populations en est pour quelque chose.
Au bout du rouleau, elles ont été
obligées d'abandonner. Il se pose dans ces radios un vrai
problème de financement et donc de manque de partenaires pour les
accompagner. Dans l'ouvrage `' Etude diagnostique sur la mise en
réseau des radios communautaires et associatives du Bénin''
de L'URCAB p.61, il est dit que : « L'une des
faiblesses des radios communautaires, c'est la difficulté à
obtenir les partenaires locaux autour d'elles. ».
Aujourd'hui encore, les responsables de ces radios qui n'ont
pu avoir de financement comme le cas de celle qui fait l'objet de notre
étude n'ont ni de programmes, ni d'émissions qui incitent les
populations à s'intéresser aux affaires locales.
Notons aussi le manque de formation des animateurs
de ces radios et leur peu d'enthousiasme à parler de la
décentralisation. Il faut aussi comprendre que les mairies veulent
avoir une mainmise sur ces radios et cela les empêchent de mettre
à la disposition des populations les informations qu'il faut. Les
mairies ne veulent pas que les radios soient au courant de toutes leurs actions
surtout les finances locales. Alors qu'il est dit dans le dossier
`'Dynamique locale: la radio communautaire, un puissant outil de
mobilisation à la participation citoyenne'', du journal le
Municipal publié sur le site www.lemunicipal.org
que : « les radios communautaires sont créées
pour participer au développement et ce développement passe
par une participation citoyenne réussie. »
II. Choix et justification du sujet
Comme les autres médias, la radio communautaire
constitue un vecteur de communication dans les communes. Ici, le rôle de
ces organes est encore plus important surtout qu'ils sont au service d'une
communauté et donc participent à son développement.
Un développement durable passe par une bonne
décentralisation et cette décentralisation implique directement
cette communauté que sert la radio communautaire.
Nous avons donc choisi de réfléchir sur le
thème : « la contribution des radios communautaires
à l'enracinement de la décentralisation » pour les
raisons suivantes :
Ø La décentralisation est une nouvelle
réforme administrative qui va permettre un développement durable
de nos communes.
Ø Les radios communautaires occupent un espace
privilégié dans l'univers médiatique du Bénin.
Ø Les populations ne sont pas encore bien
informées de leur rôle pour un enracinement de ce processus.
Ø Les radios communautaires sont plus proches des
populations rurales.
Ø Les radios communautaires ne jouent pas pleinement
leur rôle pour l'enracinement de la décentralisation.
Ø Les radios communautaires rencontrent des
difficultés pour s'impliquer dans ce système.
Ø Les radios communautaires constituent un outil
indispensable pour l'enracinement de la décentralisation.
PARAGRAPHE II : Spécification de la
problématique et annonce de réalisation de l'étude.
I. Spécification de la problématique
Les radios communautaires ne sont pas non seulement de simples
vecteurs de l'information mais aussi et surtout des conseillers des populations
à la base, des éducateurs, des éveilleurs de conscience,
quasiment des animateurs du développement local. Leur contribution
à l'enracinement de la décentralisation est de ce fait
évidente.
Mais elles rencontrent d'énormes difficultés
à s'appliquer à cette lourde tâche qui est la leur. C'est
dans cette logique que nous avons jugé opportun de
réfléchir sur ce thème (la contribution des radios
communautaires à l'enracinement de la décentralisation au
Bénin).
Ces problèmes spécifiques sont les
suivants :
Ø Le souci des autorités locales de se servir
des radios communautaires à des fins plus personnelles.
Ø Les menaces des autorités locales sur les
radios communautaires.
Ø Le manque de formation des journalistes et des
animateurs des radios communautaires dans le domaine de la
décentralisation.
Ø L'insuffisance des partenaires pour accompagner les
radios communautaires.
II. Séquence de réalisation de
l'étude
La réalisation de l'étude passera par
les séquences suivantes :
Ø Fixation des objectifs à atteindre ;
Ø Formulation des hypothèses de
recherche ;
Ø Revue de la littérature ;
Ø Mobilisation des données ;
Ø Etablissement du diagnostic ;
Ø Approches de solutions.
Section II : Objectifs et hypothèses de
l'étude, la revue de la littérature.
PARAGRAPHE I : Objectifs et
hypothèses de l'étude
I. Objectifs de l'étude
ü Objectif
général
Ø Amener les radios communautaires à contribuer
à l'enracinement de la décentralisation.
ü Objectifs
spécifiques
Ø Analyser les rapports qui existent entre la radio
communautaire Ilèma et la mairie.
Ø Faire participer la radio communautaire Ilèma
aux actions de la décentralisation.
Ø Encourager les animateurs et journalistes à
initier des émissions sur la décentralisation.
II- Hypothèses de l'étude
Ø Les menaces des autorités locales et leur
envie de se servir de la radio Ilèma expliquent les rapports difficiles
qui existent entre elles.
Ø Le manque de formation des journalistes et animateurs
des radios communautaires est à la base de leur faible participation aux
actions de la décentralisation.
Ø Les radios communautaires manquent de partenaires et
les journalistes sont donc peu enthousiastes à initier des
émissions sur la décentralisation.
PARAGRAPHE II : La revue de la
littérature
Quand on parle de la décentralisation, la contribution
des radios communautaires à son enracinement est évidente.
C'est pourquoi ce sujet n'a pas laissé
indifférent les auteurs qui abordent les questions de
développement local et de radios communautaires.
« Etude diagnostique sur la mise en
réseau des radios communautaires et associatives du
Bénin ». C'est le livre écrit par l'URCAB
sur les radios de type communautaire et associative du Bénin.
Dans ce livre, les auteurs ont fait une étude des
difficultés que rencontrent ces radios à but non lucratifs dans
l'univers médiatique béninois. Ils ont aussi fait une
étude monographique de ces radios afin de permettre d'avoir une plus
large connaissance de ses radios
« Médias, communication
et décentralisation », c'est l'agenda 2009
publié par l'UPMB (Union des Professionnels des Médias du
Bénin) et Friedrich Ebert Stiftung.
Cet agenda a fait l'état des lieux de l'ANCB
(Association Nationale des Communes du Bénin) ainsi que de la
décentralisation dans notre pays. Dans son message adressé aux
lecteurs et aux professionnels des médias, le président de
l'UPMB, Brice HOUSSOU a insisté sur l'apport des médias à
l'enracinement de la décentralisation.
« Décentralisation et
exigences éthiques » de Stanislas Y. KPOGNON est
un ouvrage qui aborde le rôle éthique de chaque acteur intervenant
pour l'enracinement de la décentralisation.
L'auteur dans son livre a parlé de la contribution des
médias à l'enracinement de la décentralisation. A travers
cet ouvrage, nous avons pu reconnaitre que par leur intervention, les
journalistes peuvent contribuer à l'évolution harmonieuse de la
société en faisant preuve d'éthique et de morale. La
contribution des journalistes à l'enracinement de ce système est
donc très importante.
« Guide du reporter sur les
collectivités locales ». Cet ouvrage a
été écrit par l'ARAM (Association de Recherche et d'Appui
aux Médias). Comme son titre l'indique, ce livre s'avère
être un guide pour tous journalistes intervenants dans les
collectivités décentralisées. La question de la
décentralisation n'a pas été occultée. Pour mieux
aborder la question dans tous ses sens et pour une bonne compréhension,
des interviews ont été accordées à des experts.
Janvier K. HOUNGNON est
l'auteur du livre « La décentralisation
béninoise au service de la cité : quels défis pour
les populations, la société civile et la
presse ? ».Ayant été
secrétaire général des départements du Zou et des
collines pendant bien des années, il connaît les
réalités sur le terrain et ce qu'il faut pour une vraie
décentralisation dans notre pays. Ici, il parle du rôle de chacun
pour la réussite de la décentralisation.
C'est dans un style clair et précis qu'il aborde le
rôle des hommes de la presse pour l'édification de nos communes.
Après lecture de ce livre, nous avons su qu'il faut développer un
journalisme d'investigation pour projeter la lumière de façon
inopinée sur la gestion obscure de nos cités.
Dans ce même livre, l'auteur a fait un bilan des acquis
des journalistes et ce qui reste à faire pour mieux faire participer les
journalistes aux actions de la décentralisation.
« Décentralisation et
développement » est écrit par la DDC
(Direction du Développement et de la coopération).
Dans ce livre des spécialistes de
décentralisation ont abordé chacun un sujet qu'ils ont bien
développé. Même s'ils n'ont pas parlé des
médias, ils nous ont permis quand même de savoir plus en
détail ce qu'on entend par décentralisation et comment par ce
processus, des communes se sont développées. Ces
différents auteurs ont donné l'exemple d'autres pays comme le
Népal, la Bolivie et même le Niger et le Burkina-Faso. Ils ont
aussi fait la différence entre la décentralisation et le
développement.
Nous avons compris que le développement est possible
sans la décentralisation, mais l'efficacité d'un gouvernement
local contribue aussi à améliorer les projets de
développement locaux.
« Dynamique locale : la
radio communautaire, un puissant outil de mobilisation à la
participation citoyenne » est un dossier du journal
`'le Municipal'' publié sur le site www.lemunicipal.org. Ce
dossier aborde la question de la décentralisation et la manière
dont la radio communautaire contribue à son enracinement. Tout en
donnant la parole aux professionnels des médias, il a
énuméré les difficultés que rencontrent ces
derniers dans l'exercice de leur profession.
« Droits et lois, tous les
textes fondamentaux de la HAAC (liberté de
presse) » est un ensemble de textes et lois qui nous
enseigne sur les droits et devoirs des médias. Avant de parler de tous
ces lois et droits, il a été précédé un
préambule, de la loi n° 90-32 du 11 Décembre 1990 portant
Constitution de la République du Bénin.
« Recueil de textes sur la
décentralisation ». C'est le détail des
cinq lois sur la décentralisation ainsi que les décrets
d'application des lois de décentralisation.
Dans ce dernier chapitre, nous procèderons
à l'analyse des données recueillies d'une part, et d'autre part
proposerons des solutions permettant aux radios communautaires de contribuer
à l'enracinement de la décentralisation au Bénin.
Section I : Enquêtes de vérification
des hypothèses et analyse des résultats.
Sous cette rubrique, nous parlerons des points qui
étaient abordés lors des entretiens et procéderons
à l'analyse des résultats.
PARAGRAPHE I : Enquêtes de
vérification des hypothèses.
I. Enquêtes
Dans le cadre de cette étude, le questionnaire
réalisé a été adressé aux journalistes de la
radio Ilèma, à leurs confrères d'autres radios
communautaires. Il a été aussi question d'entretiens avec des
personnes ressources.
Les points suivants étaient au centre des
entretiens.
ü L'accès aux informations de la mairie par les
journalistes.
ü L'ignorance de la décentralisation par ces
journalistes.
ü Le manque d'initiative d'émissions sur la
décentralisation.
ü La contribution des journalistes des radios
communautaires à l'enracinement de la décentralisation.
ü La participation citoyenne au développement
local.
ü Le manque de partenariat.
ü Le manque d'enthousiasme des populations et des
journalistes mêmes face aux questions de décentralisation.
ü Les raisons qui doivent motiver les radios
communautaires à contribuer à l'enracinement de la
décentralisation.
ü La couverture des reportages de la mairie par les
journalistes.
ü Le manque de reportages d'investigations.
ü Les conséquences de la proximité entre la
communauté rurale, les autorités locales et les radios
communautaires.
ü Les pistes de solution pour amener les radios
communautaires à contribuer à l'enracinement de la
décentralisation.
Les personnes ressources
enquêtées sont :
ü Les journalistes et responsables des radios
communautaires.
ü Les autorités de la mairie, du ministère
de la décentralisation.
ü Les responsables d'associations des radios
communautaires.
II. Difficultés rencontrées
Nous avions rencontré beaucoup de difficultés
dans le cadre de la réalisation de ce mémoire.
- D'abord, le manque d'informations sur les radios
communautaires.
Nous avons eu du mal à trouver des ouvrages qui
abordent les questions liées aux radios communautaires et à la
décentralisation. Les ouvrages qui traitent aussi des questions sur
les radios communautaires ne sont pas nombreux. Nous avons trouvé
quelques uns mais ils ne vont pas en profondeur du sujet. Juste quelques lignes
sont consacrées aux medias en général et non aux radios
communautaires en particulier.
Nous avons aussi constaté la réticence
des journalistes et des personnes ressources à répondre aux
questionnaires. Et ce, malgré l'anonymat que nous leur avons garanti.
Ils avaient peur de subir après, les réprimandes de leurs
responsables. Ce qui fait qu'ils sont restés pour la plupart du temps,
très réservés dans leurs réponses sur les sujets
abordés.
La récupération des fichiers a pris un
peu de temps à cause de l'indisponibilité des journalistes.
Les personnes ressources ont reporté à
plusieurs reprises, les rendez-vous à cause de leur emploi du temps
très chargé. D'autres n'ont même pas pu honorer leur
engagement vis-à-vis de nous et il y en a qui ne voulaient pas nous
sentir. Mais à force de patience, nous avons pu collecter des
informations nécessaires qui ont beaucoup contribué à
l'avancée de cette étude.
III. Présentation, analyse et traitement des
données.
1°)
Présentation des résultats issus du questionnaire
Ici, nous
présenterons les résultats à travers les tableaux avant de
procéder à leur analyse.
Nous avons adressé notre questionnaire à
un échantillonnage de 60 personnes de radios communautaires. Les
données issues du questionnaire adressé aux journalistes sont
présentées dans le tableau suivant :
Tableau N°I : Avez-vous accès
aux informations de la mairie ?
|
OUI
|
NON
|
TOTAL
|
Effectifs
|
%
|
Effectifs
|
%
|
Effectifs
|
%
|
Question n°1
|
50
|
83,33
|
10
|
16,67
|
60
|
100
|
Commentaire : 83,33%
des journalistes ont accès aux informations de la mairie. Par contre,
16,67% n'en ont pas accès.
Tableau N°II : Dénoncez -vous
les fraudes des dirigeants locaux?
|
OUI
|
NON
|
TOTAL
|
Effectifs
|
%
|
Effectifs
|
%
|
Effectifs
|
%
|
Question n°2
|
48
|
80
|
12
|
20
|
60
|
100
|
Commentaire : 80% des
journalistes arrivent à dénoncer les malversations des
autorités locales alors que 20% n'arrivent pas à le faire.
Tableau N°III : Si oui
recevez-vous constamment des menaces ?
|
OUI
|
NON
|
TOTAL
|
Effectifs
|
%
|
Effectifs
|
%
|
Effectifs
|
%
|
Question n°3
|
48
|
100
|
0
|
0
|
48
|
100
|
Commentaire : Ici
l'effectif a changé. Il est de 48. Et tous les 48 journalistes qui
arrivent à dénoncer les fraudes des dirigeants reçoivent
constamment des menaces. Ce qui fait 100 %.
Tableau N°IV : Les menaces ont-elles
été déjà mises en
exécution ?
|
OUI
|
NON
|
TOTAL
|
Effectifs
|
%
|
Effectifs
|
%
|
Effectifs
|
%
|
Question n°4
|
4
|
8,33
|
44
|
91,67
|
48
|
100
|
Commentaire : 8,33% des
journalistes ont été déjà victimes des menaces
contre 91,67% qui n'en ont pas encore été.
Tableau N°V : Savez-vous ce qu'est la
décentralisation ?
|
OUI
|
NON
|
TOTAL
|
Effectifs
|
%
|
Effectifs
|
%
|
Effectifs
|
%
|
Question n°5
|
45
|
75
|
15
|
25
|
60
|
100
|
Commentaire : Cette
question a été posée à tous les journalistes qui
constituent notre échantillonnage c'est pourquoi l'effectif revient
à 60. 75% d'eux affirment savoir ce qu'est la décentralisation
sur 25% qui ne savent pas.
Tableau N°VI : Si oui connaissez-vous
les textes fondamentaux de la décentralisation ?
|
OUI
|
NON
|
TOTAL
|
Effectifs
|
%
|
Effectifs
|
%
|
Effectifs
|
%
|
Question n°6
|
33
|
73,33
|
12
|
26,67
|
45
|
100
|
Commentaire : Ici
l'effectif a encore changé. Il est de 45 car ce sont eux qui savent dans
le tableau précédent ce qu'est la décentralisation. 26,67%
des journalistes ne connaissent pas les textes fondamentaux de la
décentralisation alors que 63,67% ont connaissance de ces textes.
Tableau N°VII : Avez-vous reçu
des formations dans ce domaine ?
|
OUI
|
NON
|
TOTAL
|
Effectifs
|
%
|
Effectifs
|
%
|
Effectifs
|
%
|
Question n°7
|
11
|
24,44
|
34
|
75,56
|
45
|
100
|
Commentaire : Nous
gardons toujours l'effectif précédent qui est 45.Seuls 24,44% des
journalistes ont reçu des formations dans ce domaine. Par contre, 81,67%
n'ont pas reçu ces formations.
Tableau N°VIII : Avez-vous
initié des émissions qui parlent de la
décentralisation ?
|
OUI
|
NON
|
EN PROJET
|
TOTAL
|
Effectifs
|
%
|
Effectifs
|
%
|
Effectifs
|
%
|
Effectifs
|
%
|
Question n°8
|
20
|
44,44
|
22
|
48,89
|
3
|
6,67
|
45
|
100
|
Commentaire : Ici, nous
gardons toujours le même effectif qui est 45. Ainsi, 48,89% des
journalistes n'ont pas initié des émissions sur la
décentralisation, 44,44% l'ont fait et 6,67% l'ont en projet.
Tableau N°IX : Pourquoi n'avoir pas
initié des émissions
|
Manque de partenaires
|
D'autres raisons
|
TOTAL
|
OUI
|
NON
|
Effectifs
|
%
|
Effectifs
|
%
|
Effectifs
|
%
|
Effectifs
|
%
|
Question n°9
|
17
|
77,27
|
3
|
13,63
|
2
|
9,10
|
22
|
100
|
Commentaire : Une fois
encore, l'effectif a changé. Il est de 22 puisque comme le tableau
précédent le montre, 22 journalistes n'ont pas initié des
émissions sur la décentralisation. Ainsi donc, 77,27% de ces
journalistes estiment que le manque de partenaires est à la base de
l'absence d'initiation démissions de leur part. 13,63% disent non et
9,10% évoquent d'autres raisons comme leur emploi du temps très
chargé.
Tableau N°X : Si oui, cela explique
t- il votre peu d'enthousiasme à parler de la
décentralisation ?
|
OUI
|
NON
|
TOTAL
|
Effectifs
|
%
|
Effectifs
|
%
|
Effectifs
|
%
|
Question n°10
|
14
|
82,35
|
3
|
17,65
|
17
|
100
|
Commentaire :
L'effectif a changé une fois de plus. Comme c'est 17 journalistes qui
évoquent le manque de partenaires pour justifier le fait qu'ils ne font
pas les émissions, cette question leur a été
adressée. Et là, 82,35% disent tous que ce manque de partenaires,
les motive peu à initier des émissions contre 17,65% qui pensent
le contraire.
Tableau N°XI : Les populations
suivent elles avec intérêt vos émissions ?
|
OUI
|
NON
|
TOTAL
|
Effectifs
|
%
|
Effectifs
|
%
|
Effectifs
|
%
|
Question n°11
|
9
|
45
|
11
|
55
|
20
|
100
|
Commentaire : L'effectif
ici est de 20 puisque c'est ce nombre de journalistes qui a affirmé
dans le tableau n°8 qu'ils ont initié des émissions. A cette
question, 45% d'entre eux affirment que les populations suivent avec
intérêt leurs émissions contre 55% qui disent le
contraire.
2. Analyse des résultats
Ø Analyse des données issues de
l'enquête
L'analyse de ces données nous permet de tirer certaines
conclusions :
o Des questions 1et 2, nous déduisons que la
majorité des journalistes des radios communautaires ont accès aux
informations de la mairie et qu'ils arrivent à dénoncer les
malversations et fraudes des dirigeants locaux.
o Des questions 3 et 4, nous retenons que ces journalistes et
même la radio, reçoivent constamment des menaces. Parmi ces
journalistes, il y en a qui ont même déjà été
victimes de ces menaces. L'hypothèse n°1 est donc
vérifiée ;
o Des questions 5 et 6, nous apprenons que les journalistes
ont une connaissance de la décentralisation et qu'ils maitrisent
même ces textes.
o De la question n°7, une majorité des
journalistes de la radio Ilèma n'a pas reçu des formations dans
le domaine de la décentralisation. L'hypothèse n°2
est aussi vérifiée ;
o Des questions 8, 9 et 10, nous déduisons que la
majorité des radios communautaires n'ont pas initié des
émissions sur la décentralisation car, ils manquent de
partenaires et cela motive peu leurs journalistes à initier des
émissions. L'hypothèse n°3 est aussi
vérifiée ;
o De la question n°11 : les journalistes affirment
que les populations ne suivent pas avec intérêt les
émissions sur la décentralisation.
Ø Analyse des données issues des
entretiens
Les entretiens ont servi à recueillir les avis
des professionnels des médias communautaires, des journalistes de la
radio Ilèma et ceux d'autres radios communautaires. Cette analyse est
une synthèse.
Nous avons jugé utile de vous présenter
certaines déclarations qui nous ont semblé importantes.
Question : Comment voyez-vous votre
contribution à l'enracinement de la
décentralisation ?
Réponse
1 : (Journaliste de la radio Ilèma)
« Les radios communautaires sont
incontournables pour la réussite de la décentralisation. Elles
sont indispensables et nécessaires pour l'enracinement de ce processus.
Mieux que tout, elles sont un vecteur de communication et donc servent de
courroie de transmission. On ne peut aujourd'hui vouloir d'une bonne
décentralisation sans faire recours aux radios communautaires.
Par leur voix, les journalistes de ces radios
apportent l'information et sont écoutés par leurs auditeurs
locaux. Du moment qu'ils s'adressent directement à la communauté
dans les langues locales, ils sont alors les plus écoutés.
Vouloir donc de l'enracinement de la décentralisation sans passer par
la radio communautaire serait sans grand résultat. »
Réponse 2 : (Journaliste
de la radio Idadu Fm à Savè)
« La radio communautaire joue un grand
rôle pour la réussite de la décentralisation. Nous sommes
dans un monde rural et c'est grâce à la radio que la population
est informée et donc éveillée. Ceci dit, c'est à la
radio communautaire qu'il revient de faire comprendre à la population
rurale l'apport de la décentralisation pour le développement de
leur commune.
Nous devons, vu la place combien importante que nous occupons
dans l'univers médiatique béninois, être le canal par
lequel les autorités locales informent la communauté sur leur
gestion du bien public. Par notre voix, les populations pourront
dénoncer ce qui ne va pas dans la commune. Nous mêmes devons faire
preuve d'éthique et de moral pour situer les responsabilités de
chacun. Cela nous permettra de contribuer tous à l'édification de
nos cités.
Amener par exemple la population à comprendre que payer
l'impôt est un devoir du citoyen et donc celui qui paie son impôt
participe au développement de sa cité. C'est une lourde
tâche mais nous devons y arriver pour l'enracinement de la
décentralisation. »
Les radios communautaires doivent contribuer à
l'enracinement de la décentralisation dans nos communes. Ceci pour bien
des raisons valables puisqu'elles sont plus proches des populations rurales qui
sont les plus concernées quand on parle de décentralisation. Les
radios communautaires sont les compagnons de ces populations même quand
elles sont dans les champs ou au marché. Ceci est d'autant plus normal
car, elles interviennent directement dans les langues locales.
Cependant, dans les rédactions, la
réalité est toute autre. Il n'y a pas d'émissions sur la
décentralisation et donc on n'en parle même pas dans les
rédactions. Plusieurs raisons expliquent cet état de chose.
La première, ce sont les menaces constamment
reçues par les journalistes et la radio communautaire même. Il y a
des journalistes qui ont déjà subi ces menaces ainsi que des
radios qui ont déjà été une fois traduites devant
la justice. Ceci pour avoir fait des émissions qui sont
soupçonnées de règlement de compte ou d'abus de pouvoir
par les autorités locales.
Ces menaces qui pèsent sur les journalistes font que
ces derniers n'ont pas toujours l'audace de dénoncer ce qui va mal ou de
faire les investigations sur des sujets jugés tabous dans la commune.
D'autres ont même dû laisser des émissions
qu'ils faisaient car, ce n'étaient pas du goût des
autorités qui les menaçaient souvent. C'est le cas de
l'émission `'ça pas bon'' d'un
journaliste en langue locale de la radio Ilèma diffusée tous les
mercredis de 9 heures45minutes à 10 heures. Depuis quelques temps, ce
journaliste n'anime plus cette émission parce que les menaces devenaient
trop.
La seconde raison qui sous-tend cela est le manque de
formation de ces journalistes. La plupart de ces journalistes n'ont pas
reçu de formation dans le domaine de la décentralisation. Ce qui
fait qu'ils ne sont pas assez outillés voir pas du tout pour en parler.
Eux mêmes ne maitrisent pas les textes de la décentralisation et
donc ne peuvent pas en parler. Ils n'appréhendent pas encore si bien
leur rôle à l'enracinement de la décentralisation.
L'autre raison qui est évoquée, est le manque de
partenaires pour ces radios communautaires. Cela ne les encourage pas à
initier des émissions sur la décentralisation. A radio
Ilèma, plusieurs émissions initiées par les journalistes
et animateurs ne se poursuivent plus puisque ces journalistes n'ont pas des
partenaires qui les accompagnent souvent. Quand on fait une étude de
leur grille de programmes, on constate qu'il y a beaucoup d'espaces qui ne sont
plus pas utilisés. Quand par hasard, il y a des partenaires qui
viennent, on ressuscite certaines émissions mais ça ne durent
pas.
Cependant, la population a le droit d'avoir les informations
nécessaires sur la décentralisation. Même si cette
population ne s'intéresse pas trop à la question, elle reste et
demeure quand même l'acteur principal de ce processus. En tant que radio
communautaire qui sert cette communauté, la radio devrait être
leur porte-voix en matière d'information. Le fait qu'elle n'ait pas
beaucoup de moyens pour mieux se lancer dans ce processus ne doit pas
être un frein pour elle.
La radio Ilèma a été créée
avec l'aide de la population qui écoute ses émissions. Pour elle,
la radio leur appartient. Ceci dit, seule cette radio peut amener cette
population à se réveiller et à comprendre que la
décentralisation est un chemin qui peut conduire à la
démocratie, la bonne gouvernance, le
développement durable.
Section II : Approches de solutions et conditions
de leur mise en oeuvre
La décentralisation est un nouveau mode de gestion du
pouvoir à la base par les populations mêmes. Elle permettra le
développement de nos communes. Chacun doit pouvoir apporter sa
contribution pour l'enracinement de ce système.
La radio communautaire est le moyen de communication le plus
proche des populations rurales. Même si elle rencontre beaucoup de
difficultés, elle doit oeuvrer pour une bonne
décentralisation.
Avant d'exposer les pistes de solutions, nous tenons à
rappeler les efforts fournis par les associations des médias
communautaires, les autorités de ces radios ainsi que certaines
Organisations Non Gouvernementales(ONG) pour permettre aux radios
communautaires de contribuer à l'enracinement de la
décentralisation.
PARAGRAPHE I : Les solutions proposées
I. La HAAC
La HAAC (Haute Autorité de l'Audiovisuel et de la
Communication) est l'instance de régulation des médias.
L'article 5 de la loi organique N°92-021 du 21 Août 1992 relative
à la Haute Autorité de l'Audiovisuel et de la Communication(HAAC)
le confirme si bien. Il stipule que « La Haute Autorité
de l'Audiovisuel et de la Communication, conformément aux dispositions
des articles 24,142 et 143 de la constitution a pour mission :
- De garantir et d'assurer la liberté et la protection
de la presse ainsi que de tous les moyens de communication de masse dans le
respect de la loi ;
- De veiller au respect de la déontologie en
matière d'information et l'accès équitable des partis
politiques, des associations et des citoyens aux moyens officiels
d'informations et de communication ;
- De garantir l'utilisation équitable et
appropriée des organismes publics de presse et de communication
audiovisuelle par les institutions de la République, chacune en fonction
de ses missions constitutionnelles et d'assurer le cas échéant,
les arbitrages nécessaires. »
Avec cette mission qui lui est assignée, la HAAC a le
devoir de mettre à la disposition des organes de presse ainsi que des
professionnels des médias les moyens qu'il faut pour qu'ils respectent
le code de déontologie et accomplissent leur devoir pour ne pas se
présenter devant elle pour des sanctions. C'est dans cet objectif que la
HAAC organise à chaque élection, des formations à
l'intention des professionnels des médias. Ces formations leur
permettent de connaître les comportements à avoir lors des joutes
électorales pour ne pas inciter les populations à la violence.
Par rapport aux radios communautaires, la HAAC initie ces
formations pour leurs animateurs et journalistes surtout pendant les
élections communales et municipales. Ces formations sont animées
par des journalistes du Bénin ou d'autres pays. Pour les
premières élections communales et municipales au Bénin
organisées en 2002, la HAAC a initié des formations à
l'intention des responsables des organes de presse. L'un des thèmes qui
a été développé au cours de cette séance
est : `' Les enjeux de la décentralisation et des
élections locales''.
Au cours de cette communication présentée par
Gabriel Pascal KPEDE, secrétaire général de la mission de
décentralisation, les responsables des organes présents ont eu
connaissance des textes fondamentaux de la décentralisation et
l'importance de la décentralisation pour le Bénin. C'est une
communication qui leur a permis de savoir que les journalistes devront
s'investir afin de relever le défi d'un véritable
développement à la base.
Il faut noter qu'au cours des élections
précédentes notamment les communales de 2002, seul l'organe
public d'information ORTB avait le monopole pour les campagnes
médiatiques officielles.
Mais la HAAC a compris qu'en raison des enjeux de ces
élections, il s'avère nécessaire d'associer les radios
privées implantées hors de Cotonou et de Parakou. Ce qui justifie
sa décision N°02-081/HAAC du 10 octobre 2002 portant
réglementation de la précampagne et de la campagne
médiatiques pour les élections communales et municipales de
décembre 2002. Dans l'article 12 de cette décision, la HAAC a
autorisé les organes de presse du secteur privé (presse
écrite, radios et télévision commerciales ou non
commerciales) à l'exception des radios confessionnelles et les radios
rurales locales à prendre part à la campagne médiatique de
ces élections. Une innovation qui s'explique par le fait qu'il s'agit
d'un scrutin spécifique, un scrutin de proximité. Ces radios
sont donc autorisées car, elles sont les plus écoutées
dans les localités où elles sont installées.
Avant d'associer ces radios privées, la HAAC a
jugé utile d'outiller ces journalistes. C'est pourquoi elle a
organisé cette formation. Et depuis que la HAAC a associé ces
radios privées pour assurer les campagnes médiatiques, elle
initie à chaque élection les formations pour ces journalistes.
Une formation qui rehausse leur niveau en matière de collecte, de
traitement et de diffusion des informations lors des élections.
II. Les organisations non gouvernementales
Plusieurs ONG ainsi que la société civile
s'investissent pour le développement de nos communes. Comprenant alors
le rôle important des radios communautaires dans les zones rurales, elles
les associent à toutes leurs initiatives.
C'est le cas de l'ONG ALCRER (Association de Lutte Contre le
Racisme l'Ethnocentrisme et le Régionalisme) qui organise des
formations pour les journalistes et animateurs des radios communautaires.
Même si cette formation n'arrive pas à être étendue
à tous les journalistes des radios communautaires du Bénin, elle
permet à ceux qui le reçoivent d'avoir un peu plus d'informations
sur la décentralisation et la participation citoyenne au
développement local.
L'ONG ALCRER sollicite les services de quelques radios
communautaires pour la mise en place du mécanisme de participation
citoyenne pour l'amélioration de la gouvernance locale. Parmi les radios
associées, on peut citer la voix de Lokossa, FM Ahémé,
Radio Kpassé, la voix de la Lama etc.
Mais avant de laisser les journalistes de ces radios
suscitées initiés des émissions sur les questions de
décentralisation, les responsables de cette ONG ont organisé des
formations pour leur permettre d'avoir le minimum d'information sur la
décentralisation et la manière dont ils peuvent amener les
populations à s'intéresser à la chose publique.
Ces animateurs des radios communautaires biens aguerris,
ont, sous l'instigation de cette ONG traité des thématiques
comme `'l'information sur le budget de la commune'', `'les finances
locales'', `'l'organisation et le fonctionnement d'une commune'', `'information
sur les conditions d'une administration locale ouverte et
participative''. Avec l'appui de cette ONG, les journalistes ont
apporté quelque chose aux populations dans le domaine de la
décentralisation. Cette action d'ALCRER a permis de passer par les
radios communautaires pour éduquer les populations et les amener
à connaître tout ce qui est nécessaire pour l'ancrage de la
participation citoyenne dans leurs habitudes.
L'Association Mondiale des Radiodiffuseurs
Communautaires (AMARC) est une ONG qui aide les radios communautaires à
se procurer les équipements techniques. Elle organise aussi des
formations pour les journalistes et animateurs. Elle apporte son soutien aux
radios communautaires et se trouve être leur partenaire premier. En
partenariat avec d'autres ONG, AMARC dote les radios dont elle a la charge de
matériels de travail et les aide aussi à entrer en partenariat
avec d'autres ONG ou institutions.
L'AMARC jusque là n'arrive pas encore à
étendre son action vers toutes les radios communautaires mais elle
couvre au moins une vingtaine de radios communautaires du Bénin. Il faut
noter que c'est une ONG d'envergure internationale qui couvre d'autres radios
communautaires de part le monde.
III. La radio Ilèma
La radio Ilèma a pendant plusieurs
années mené des actions en faveur de la décentralisation.
En partenariat avec l'Association Culture Communication et Développement
(ACCD), elle avait mis en place en 1999 un bimestriel nommé
`'La voix des collines''. Ce journal, comme il est
venu avant les premières élections communales et municipales
consacrait plusieurs de ses pages à la décentralisation. A chaque
apparition de ce bimestriel, il y avait des experts en décentralisation
qui expliquait ce qu'on entend par décentralisation et son
opportunité pour le développement de nos communes et celui du
département des Collines. On donnait la parole aux populations pour
qu'elles donnent leurs avis sur la décentralisation. Elles
dénonçaient ce qui ne va pas dans la commune et proposaient des
solutions qui pourraient selon elles, favoriser le développement de
leur commune.
La radio Ilèma et l'ACCD organisaient
annuellement dans le mois de décembre `'les Journées
Audiovisuelles Rurales et Environnementales de
Lèma''(JAREL). Au cours de ces journées qui
duraient une semaine, les organisateurs initiaient des débats grands
publics où les populations étaient invitées à
discuter avec des experts de la décentralisation pour avoir plus
d'informations sur ce nouveau mode de gestion du pouvoir.
Les journalistes communautaires étaient aussi
invités à ces journées où ils recevaient des
formations sur les émissions à initier pour participer au
développement local.
Pour la troisième édition de ces
journées qui a duré du 04 au 11 décembre 1999, l'un des
thèmes qui a été développé est :
`'Quelle presse pour le développement
local ?'' . Au cours de ce colloque, les journalistes
ont su que pour un développement durable de leurs localités, le
rôle de la presse reste important. Etaient conviés à ce
séminaire les journalistes de la radio Ilèma ainsi que d'autres
professionnels des médias.
Toutes ces actions de la radio Ilèma en
collaboration avec l'ACCD, ont servi de tremplin pour la prise de conscience de
beaucoup de journalistes locaux. Elles ont permis de savoir qu'il faut
promouvoir la presse en langues locales pour amorcer un vrai
développement.
PARAGRAPHE II: Les suggestions
Que faire pour permettre à la radio
Ilèma et aux radios communautaires en général de
contribuer à l'enracinement de la décentralisation dans nos
communes et au Bénin ?
C'est à cette question que nous allons
essayer de répondre en faisant des suggestions.
I. Suggestions pour amener la radio Ilèma et les
autorités locales à avoir de bons rapports
ü Aux autorités locales
Les journalistes et animateurs de la radio
Ilèma reçoivent constamment des menaces de la part des
autorités. Ces menaces les empêchent de travailler sans craindre
les réprimandes de ces autorités. Ce climat ne favorise pas
l'application de la liberté de presse au Bénin et le
développement.
Les autorités pourraient cesser de menacer
les journalistes. Dans le code de déontologie de la presse
béninoise, l'article 3 parle du « rectificatif, du droit de
réponse et du droit de réplique. » C'est un devoir pour
le journaliste d'accepter tout individu qui veut apporter une réplique
ou une rectification à une information qui le concerne et qu'il juge
fausse. Donc quand les journalistes dénoncent des faits dans leurs
reportages ou investigations et que les autorités locales pensent que
c'est du faux, ils peuvent inviter ces journalistes pour leur démontrer
la partie fausse de ce qu'ils ont dit. Ils peuvent aussi venir à la
radio négocier un temps d'antenne dans le cadre d'un droit de
réponse pour expliquer leur version aux auditeurs.
Il faudrait que ces autorités mettent à
la disposition des journalistes les informations nécessaires pour leur
faciliter l'accès aux informations.
La radio Ilèma a un contrat avec la mairie de
Dassa-Zoumè. Il ne faudrait pas que la mairie pense qu'à cause de
ce contrat, les journalistes ne doivent plus dénoncer ce qui ne va pas
dans la localité. Il n'y a aucune clause dans ce contrat qui stipule que
la radio ne doit pas dénoncer ce que les autorités de la mairie
font dans l'ombre. La mairie doit respecter sa part pour le renouvellement
régulier de ce contrat.
Il va falloir revoir les clauses du contrat de partenariat
entre la radio Ilèma et la mairie de Dassa. Une clause pourrait
stipuler que « les signataires peuvent revoir le mode de payement
du contrat par la mairie et ensemble les deux parties pourraient s'entendre
sur les modalités d'exécution de ce contrat et la période
au cours de laquelle, la mairie peut honorer sa part. »
ü La radio Ilèma
Les journalistes de la radio Ilèma pourraient
s'entendre avec les autorités locales pour avoir les informations qu'il
leur faut. Ils devront développer un journalisme d'investigation pour
pouvoir éclairer les populations sur des sujets qui fâchent dans
la commune. La radio ne doit pas être utilisée à des fins
personnelles. C'est ce qu'ils pensent être mauvais pour la commune qu'ils
doivent dénoncer et non ce qu'ils jugent être mauvais pour les
autorités. Ils ne doivent donc pas attendre quand la mairie ne signe pas
leur contrat pour commencer par dénoncer. Ils devront leur faire quand
c'est bénéfique pour le développement de la commune. Cela
permettra aux journalistes de se faire respecter par les autorités
locales.
II. Suggestions pour la formation des journalistes des
radios communautaires
ü A la HAAC et aux associations des médias
communautaires
La HAAC a compris que les radios communautaires jouent
un rôle important dans l'univers médiatique béninois. C'est
pourquoi elle les associe depuis quelques temps aux élections surtout
communales et municipales.
En collaboration avec les associations des
médias communautaires, la HAAC pourrait initier des formations
périodiques à l'intention des professionnelles des médias
communautaires. Il ne faut pas que ces autorités attendent les
élections pour initier des formations. Elles doivent être
initiées souvent pour apporter à ces professionnels des notions
sur la décentralisation. Comme par exemple, les lois sur la
décentralisation, les devoirs du citoyen pour l'édification de
nos cités, le fonctionnement de la mairie, le nombre de conseil communal
qu'il faut par an et quand convoquer un conseil extraordinaire etc.
ü Aux autorités de la radio Ilèma
Les autorités de la radio Ilèma
pourraient elles-mêmes organiser des formations à l'intention de
leurs employés. Cette organisation pourrait se faire en collaboration
avec les autorités d'autres radios communautaires pour permettre aux
journalistes de jouer pleinement leur rôle.
Les autorités pourraient encourager les
journalistes à réaliser des sujets d'investigations et non
seulement des reportages institutionnels qui n'apportent que de maigres
rémunérations. Ce qui est sanctionné par le code de
déontologie de la presse béninoise. Les autorités
pourraient revoir leur mode de fonctionnement de la radio afin
d'améliorer les conditions de vie et de travail de ces journalistes.
III. Suggestions pour trouver des partenaires qui pourront
accompagner les radios communautaires
ü Aux partenaires
Il faut qu'ils comprennent que les radios
communautaires sont importantes dans la réussite de la
décentralisation. Quand ils viennent dans la commune pour des
initiatives allant dans le sens du développement, qu'ils associent les
radios communautaires.
ü La radio Ilèma
La radio Ilèma qui a besoin de ces partenaires
pourrait :
o Adopter une politique pouvant permettre aux partenaires
d'avoir un contact facile avec elle.
o S'entendre avec les partenaires pour initier des
émissions sur la décentralisation.
o Revoir avec les partenaires les redevances radiophoniques
pour mieux améliorer leurs prestations.
IV. Suggestions aux journalistes de la radio Ilèma
pour qu'ils contribuent à l'enracinement de la
décentralisation
Les journalistes de la radio Ilèma pourraient :
o Organiser des émissions qui seront axées sur
les notions de la décentralisation.
o Prioriser les émissions en langues locales.
o Organiser des jeux radiophoniques sur les thèmes de
la décentralisation auxquelles la population participera.
o Réaliser des émissions interactives voire de
débats grand public avec les autorités locales et la population
pour mieux cerner les contours de la décentralisation.
o Initier des émissions périodiques sur la vie
de la commune.
o Initier des émissions sur le devoir du citoyen pour
le développement local.
CONCLUSION
La radio communautaire rurale est un outil de communication
vital pour le développement des communes et surtout du Bénin.
Dans les zones rurales, elle est souvent le seul moyen de communication de
masse capable de diffuser rapidement vers des auditoires vastes et
éloignés, des informations essentielles sur la santé, la
production agricole et animale, la commercialisation des produits, ainsi que
sur la protection et la conservation des ressources naturelles.
Pour l'enracinement du système de la
décentralisation, elles sont très importantes. Plus que des
diffuseurs d'informations, c'est à un métier de communicateurs
que doivent se convertir les animateurs de ces chaînes communautaires.
La présente étude qui a porté sur
la contribution des radios communautaires à l'enracinement de la
décentralisation au Bénin, nous a permis de cerner les
difficultés que rencontrent les radios communautaires à jouer
pleinement leur rôle d'éveilleurs de conscience des
communautés.
Les hypothèses de départ dans le cadre de ce
travail ont toutes été vérifiées. Il faut donc
retenir que les radios communautaires font face à de grandes
difficultés pour s'impliquer dans le processus de la
décentralisation. Les raisons évoquées sont les menaces
des autorités locales, le manque de formations des journalistes et le
nombre insuffisant des partenaires pour accompagner les radios
communautaires.
Faire de la décentralisation, une
réussite, cela implique l'apport de chacun des membres de la
société. Il ne s'agit pas de décréter la
décentralisation mais de susciter l'adhésion des populations
autour de celle-ci grâce à leur mobilisation parce qu'elles y
trouvent un avantage certain. Et pour ce travail, les radios communautaires
jouent un grand rôle.
Il faut noter que la radio communautaire est un
organisme de communication indépendant à but non lucratif,
à propriété collective, gérée et soutenue
par des gens d'une communauté donnée. Elle est un outil de
communication et d'animation qui a pour but d'offrir des émissions de
qualité répondant aux besoins d'information, de culture,
d'éducation, de développement et de divertissement de la
communauté dont elle est issue.
Au regard de cette définition et de sa
proximité avec les populations à la base, la partition de la
radio communautaire pour l'adoption d'une participation citoyenne chez les
populations et même chez les élus locaux est aujourd'hui plus
qu'une évidence. Tout simplement parce que ces radios constituent de
véritables tribunes pour donner la parole aux populations à la
base.
Pour la décentralisation, elles doivent apporter
l'information relative aux autorités et pour la même occasion, les
amener à réagir sur des sujets d'intérêts publics
bien donnés.
En effet, le rôle de la population ne s'arrête pas
seulement au choix des dirigeants de la commune, mais elle doit se mobiliser
autour d'eux pour des actions de développement. Et cela, les radios
communautaires doivent arriver à inculper cette façon de voir
dans la tête des populations.
Face aux nombreuses difficultés que rencontrent
ces radios, nous avons jugé utile de proposer des solutions pour une
meilleure contribution de ces organes communautaires à l'enracinement de
la décentralisation au Bénin.
La décentralisation étant une technique
permettant de faire participer les citoyens à la gestion des affaires
locales, a pour enjeux principaux la promotion de la démocratie à
la base et le développement local.
Dans un pays comme le Bénin en voie de
développement et cité en exemple en matière de
démocratie en Afrique, il faut alors une bonne décentralisation
pour faire asseoir la démocratie à la base et une bonne
renommée pour le Bénin. Et pour ce travail, les radios
communautaires ont l'obligation de contribuer à l'enracinement de la
décentralisation. La contribution de la radio Ilèma pour le
développement de la ville de Dassa-Zoumè est nécessaire
puisque c'est une radio créée par la communauté de cette
ville.
Par ailleurs, nous n'écartons pas le fait qu'il
pourrait exister d'autres aspects des problèmes des radios
communautaires qui n'auraient pas été mis en exergue dans le
cadre de ce travail. Et nous espérons que les approches de solutions et
notre modeste apport à une meilleure contribution des radios
communautaires à l'enracinement de la décentralisation pourrait
vraiment permettre à radio Ilèma et à toutes les radios
communautaires du Bénin, de contribuer à l'enracinement de la
décentralisation dans nos localités et au Bénin
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