4. La Classification Internationale du Fonctionnement, du
handicap et de la santé
Parmi les éléments favorables à cette
convergence, nous trouvons la lecture qui peut être faite de la
Classification Internationale du Fonctionnement, du handicap et de la
santé (CIF), adoptée par l'assemblée
générale de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) en
2001.
Non seulement elle ne traite plus de manière
négative les effets du problème de santé sur la personne,
elle analyse ses retentissements sur les fonctions organiques et les structures
anatomiques sur les activités de la personne et sa participation sociale
en incluant les facteurs environnementaux qui seront facilitateurs ou
générateurs d'obstacles et les facteurs personnels liés
à l'individu.
La CIF montre qu'il ne s'agit plus de handicap ou de
handicapés mais d'un processus dynamique qui peut aboutir à la
mise en situation de handicap d'une personne par l'interaction des facteurs
physiques, environnementaux et personnels.
Personne ne naît handicapé, nous ne sommes pas
handicapés, nous pouvons nous retrouver en situation de handicap
à partir d'un problème de santé lié à une
maladie, un accident, à une anomalie génétique ou tout
simplement aux effets du vieillissement.
5. Harmonisation des personnels et professionnels
Les métiers relatifs à la prise en charge
reflètent une disparité. Si l'on peut dire que le monde du
handicap a créé ses propres métiers, via des associations
et professionnels, l'approche médicale et sanitaire reste, quant
à elle, prédominante dans l'univers des personnes
âgées. Les diplômes universitaires de gérontologie se
sont ouverts, mais les formations de kinésithérapeutes, de
psychologues et d'assistants sociaux comportent encore peu de contenus
spécifiques à la vieillesse. Et cela même si nous
connaissons aujourd'hui l'importance et l'intérêt de croiser les
disciplines. La suprématie du médical « pur »
pousse à traiter la maladie et à ne pas se mobiliser suffisamment
pour des difficultés qui apparaîtraient comme moins gênantes
ou handicapantes (la solitude, la mobilité, l'isolement ou encore
l'absence de communication), parce qu'elles ne touchent pas des fonctions
considérées comme vitales.
Si le gouvernement français souhaite aller vers une
nouvelle logique d'accompagnement concernant le handicap et la
dépendance, il faut avoir les deux approches : médicale et
sociale. La logique de l'incapacité et de l'assistance a des effets
quelque peu sournois dans tous les domaines. Une harmonisation et une meilleure
coopération entre les métiers de la vieillesse et ceux du
handicap pourraient contribuer à la mise en place d'une nouvelle
approche basée sur le respect et la promotion de l'autonomie de la
personne en charge. Le concept de la
« réhabilitation » appliqué notamment en
Allemagne et dans beaucoup de pays nordiques dans le domaine de la maladie
chronique, et favorisant l'intégration de la personne en charge par le
maintien de son autonomie et le rétablissement de ses capacités,
semble, dans ce contexte, prometteur. Il serait également judicieux
d'envisager l'amélioration des services (l'accueil de nuit, l'accueil de
jour) ainsi que la formation des professionnels, comme il serait
nécessaire de valoriser les métiers par des meilleures conditions
de travail et une formation adaptée.
Une organisation territoriale, basée sur une logique de
guichet unique et de pôles de ressources, accessible et de
proximité, semblerait alors pertinente.
Selon Janine DUJAY-BLARET, vice-présidente du
Comité National des Retraités et Personnes
Agées (CNRPA) et membre de la CNSA, les CODERPA (Comité
Départemental des Retraités et Personnes Agées) doivent
être des acteurs incontournables, notamment au sein des MDPH. Un
regroupement de ces dernières avec les Centres Locaux d'Information et
de Coordination(CLIC) permettrait certainement plus de coordination, facilitant
la lisibilité et la communication.
Un lieu unique, un lieu pour tous, faciliterait les
démarches pour les personnes et leurs aidants.
Les CLIC pourraient alors devenir les relais possibles des
MDPH et cela irait dans le sens d'une action cohérente au niveau
départemental.
Elle estime qu'il serait également intéressant
de renforcer leurs compétences gérontologiques.
La coordination de ces acteurs multiples doit, comme
l'idée a déjà avancée, s'opérer entre les
secteurs sociaux, médico-sociaux et sanitaires, dans le but de faciliter
le parcours de la personne concernée.
Pour Jean-Michel CAUDRON, Consultant en ingénierie
gérontologique, il s'agirait de travailler sur la pertinence et
l'efficience du secteur médico-social afin d'en faire un champ
précis.
Par ailleurs, un constat a été fait au sein de
plusieurs départements : les équipes chargées des
personnes âgées et celles en charge des personnes
handicapées effectuent le même travail à deux guichets
différents.
En regroupant les services et en formant des équipes
aux deux casquettes, les professionnels pourraient se remplacer. De même
qu'un dispositif commun faciliterait la vie des usagers.
C'est d'ailleurs ce fonctionnement qui a été mis
en place dans le Pas-de-Calais : les mêmes équipes
évaluent l'APA pour les personnes âgées et la PCH pour les
personnes en situation de handicap.
L'étude « Du soutien à la
dépendance au soutien à l'autonomie » menée par
l'ODAS révèle qu'un accueil commun pourrait faciliterune approche
plus stratégique de la territorialisation.
Vouloir optimiser l'accueilet l'information des personnes
âgées en perted'autonomie et des personnes handicapées a
favoriséla création de territoires communs dans prèsd'un
département sur deux. Cela peut constituer unatout important pour
consolider dans le futur unedémarche d'observation
territorialisée des besoinssociaux, qui serait bâtie sur
l'ensemble des informations recueilliesà l'occasion des rencontres avec
le public. Une perspective qui apparaît crédible sachant que les
territoires majoritairement définis pour la perte
d'autonomiecoïncident avec les territoires du service social, servant
souvent de support à l'émergence d'unprojet social local.
Toutefois, si l'on en croit cette étude, cela nécessitera une
« profonde évolutiondu service social », les
professionnels étant encorepeu familiarisés avec le passage
observé ces trentedernières années d'un traitement de la
pauvreté despersonnes âgées à un traitement de la
dépendance.
Il faudraitredéfinir la finalité même du
travail social afin de passerd'une approche par dispositif et par public
à uneapproche plutôt centrée sur un projet de territoire
visantau maintien actif dans la vie sociale des populations les plus fragiles
(précarité matérielle, différence culturelle, mais
aussi l'âge, le handicap, l'isolement, etc.).
L'harmonisation constatéedes problématiques de
la dépendance et du handicapautour d'une approche territorialisée
marquerait ainsiune avancée décisive dans une ouverture de
l'actionsociale sur le développement social.
|