La politique extérieure de la RDC face au pacte de Nairobi sur la sécurité, la stabilité et le développement( Télécharger le fichier original )par Benjamin BOLOMBI Université de Kinshasa RDC - Graduat en relations internationales 2010 |
SECTION 3. LES PERSPECTIVES D'UNE PAIX DURABLE DANS LA RÉGION DES GRANDS LACS AFRICAINSIl ne nous parait pas superflu de comprendre que la RDC a besoin de la paix pour assurer son développement. Cependant, c'est par les crises de paix observés par les Etats que les actes juridiques internationaux se sont conclues entre les Etats de la région des Grands Lacs Africains pour chercher les conditions d'une paix durable dans la région depuis des années 90 par les différents accords, déclarations et pacte de Nairobi en décembre 2006. Tous ces actes n'ont été que d'importance temporaire qui ne reste pas longtemps pour promouvoir les facteurs de la paix et finir la crise dans cette région car la sécurité, la stabilité et le développement d'un Etat ne se comprend que par la mise en oeuvre des enjeux diplomatiques des autorités étatiques de ce pays. Les apports que nous émettons ici ont été éclairés par les spécialistes en ce domaine qui nous ont précédés et ont pensé de différentes manières pour promouvoir la paix en Afrique centrale et surtout dans les grands lacs africains. Le professeur LUKIANA MABONDO pense que les Etats de cette région doivent tenir compte des enjeux des puissances étrangères comme facteur de paix durable, que les territoires convoités pour les guerres soient industrialisés pour permettre aux populations de servir de leur main d'oeuvre au développement. Le professeur MAVUNGU MVUMBI pense que les Etats doivent se passer par les systèmes de sécurité collective comme facteur de paix en Afrique centrale, cela par le respect du principe de bonne fois dans l'exécution des accords internationaux. (49(*)) Le professeur KITIMA KASENDWE estime que les efficiences de la crise se comportent dans la situation géopolitique des Etats de la région qui influe entre les grandes puissances étrangères en se servant de certains Etats comme de métropoles relais pour déstabiliser les autres. Il pense cependant que l'orientation des relations internationales se rapporte aux enjeux des alliances entre ces Etats relais et les grandes puissances par des mutations géostratèques importantes dont la déliquescence de l'ex-Zaïre considéré autrefois comme la nation pivot et rempart de l'occident contre le communisme. C'est qui a poussé les Etats Unis à s'investir stratégiquement à partir de l'Ouganda, le nouveau centre de décision sous régionale. Pour ce faire, il faut une mise dans le chef de comportement extérieur de la RDC et de ses voisins immédiats de certains impératifs pouvant leur servir de vivre dans une situation de paix et de sécurité collective (50(*)) : - Impératif de la pensée stratégique se basant sur les projets de société digne ayant des objectifs précis ; - Impératifs de la bonne gouvernance par la résolution interne des conflits internes dans chaque Etat ; - Impératif de l'intégration sous régionale en tenant compte de l'économie mondiale qui se libère ; - Impératif d'un partenariat entre le secteur public et privé par la relance de la croissance et du développement. Nous pensons avec Monsieur Eric NTUMBA BUKASA que les Etats doivent rénover leurs rapports par une véritable intégration économique, par le fait que les Etats du champ engagés dans le processus des Grands Lacs appartiennent déjà tous à des groupements régionaux et sous régionaux. La RDC, l'Angola et la Zambie sont membres de la SADC. La RDC, le Rwanda et le Burundi forment la CEPGL, la RDC, le Congo, l'Angola, le Burundi et la RCA sont membres de la CEEAC. Le Kenya, la Tanzanie, le Rwanda, le Burundi et l'Ouganda sont membres de l'EAC. La RDC, l'Angola, le Burundi, le Kenya, le Rwanda, le Soudan, l'Ouganda et la Zambie sont membres du COMESA. Il faut cependant savoir que ces engagements et les efforts dispersés n'ont pas servi utilement le pays de la région à se stabiliser. Le mécanisme de suivi du pacte de Nairobi n'apportera pas vraiment la valeur ajoutée s'il inscrit dans une démarche qui le juxtapose au cadre déjà existant. La dynamique créée par la CIRGL, qui va bien au-delà du champ géographique de la région doit servir à impulser une rationalisation des efforts d'intégration des pays membres, et poser des règles du jeu plus productives. (51(*)) De ce constat, une des conditions essentielles de la réussite d'une telle architecture est la limitation du nombre d'engagement des Etats à un effectif de plus au moins deux groupements par Etat. Dans ce contexte, la RDC, l'Angola et le Burundi devraient envisager de se retirer de la CEEAC, qui n'a pas de raison d'exister dans un format actuel, et se concentrer sur un maximum de deux initiatives soient par exemple la SADC et la CEPGL pour le Burundi, etc. cela s'avère essentiel à la fois pour des raisons d'efficacité d'action mais aussi pour permettre le développement dans ce temps de recherche d'une identité régionale. (52(*)) De ces petits ensemble fortifiés par la quasi exclusivité d'appartenance de leurs membres, on peut envisager la construction échelonnée dans le temps, de plus grands ensembles par harmonisation ou fusion, aussi dans le respect des « règles de la progressivité et du gradualisme qui, comme le montre l'expérience des autres continent, garantissent les succès de l'intégration ». (53(*)) Par ailleurs, la RDC et l'Angola ont intérêt à reconnaitre et faire valoir la cassure de fait qui existe entre leurs systèmes économiques respectifs et le système quasi identique que partagent les autres membres de la CEEAC appartenant tous à la zone franc (CEMAC). Ce système commun aux Etats de la CEMAC est susceptible de former une base solide à leur effort d'intégration. En outre, les Etats membres doivent respecter les ressources naturelles des Etats voisins pour éviter l'exploitation illégale qui nécessitera la responsabilité internationale de cet Etat. La RDC doit se servir de sa diplomatie pour résoudre le problème de la crise dans cette région car elle est le moteur de la stabilité de l'Afrique centrale, sa stabilité permettra à ses voisins d'être en sécurité et de ne pas subir des effets collatéraux par les situations belliqueux de la part de la RDC par ses réfugiés et les mouvements migratoires. * 49 MAVUNGU MVUMBI, Le système de la sécurité collective en Afrique centrale, in conditions d'une paix durable en Afrique centrale, revue de la faculté de droit, CIRP, EDUPC, 2003, pp.77-86. * 50 KITIMA KASENDWE, « la géopolitique de l'Afrique centrale : enjeux et alliances », in condition d'une paix durable en Afrique centrale, revue faculté de droit, CIRP, EDUPC, 2003, pp.53-61. * 51 Cfr. NTUMBA BUKASA E., la RDC et le processus d'intégration des pays des grands lacs comme voie de sortie de la crise sécuritaire régionale, mémoire de master en Administration publique, ENA, promotion Willy Brandt, 2007-2009, p.43. * 52 MUTABAZI, « Politique d'intégration économique des pays des Grands Lacs ; lecture d'un échec », in reconstruction de la RDC, le rôle de la société civile, cahiers des droits de l'homme et de la paix en région des Grands Lacs, vol.1, n°1, 2004 * 53 Cfr. Séminaire des chercheurs et universitaires sur la région des grands lacs (24-27/06/1997), vers une citoyenneté transfrontalière dans la région des grands lacs », Genève, juillet 2007. |
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