CHAPITRE II. LA POLITIQUE
EXTÉRIEURE DE LA RDC
SECTION 1. LES VARIABLES
STRUCTURELLES DE LA POLITIQUE EXTÉRIEURE DE LA RDC
§1. Etat
indépendant du Congo (de 1885 à 1908)
Pour analyser les variables structurelles de la politique
extérieure de la RDC et en dégager le sens, force est
d'intégrer la dynamique de la création de l'EIC et ses
conséquences.
En effet, l'acte général de la conférence
de Berlin (26 février 1885) a été signé par 14
puissances parmi lesquelles l'Allemagne, l'Autriche-Hongrie, le Danemark, la
Russie, le Royaume Uni, la France, les Etats-Unis, le Portugal, l'Espagne,
l'Italie, les Pays-Bas, le Luxembourg, la Suède/Norvège, l'empire
Ottoman.
Destinée à la découverte du bassin de
fleuve Congo et Nil, et constituée par des géographes et des
personnalités comme Morton Stanley, la mission géographique
financée par Léopold II, Roi des belges, est au coeur de
l'histoire qui a donné naissance à l'Etat Indépendant du
Congo en 1885.
En fait, Léopold II rechercherait une colonie pour la
Belgique depuis de nombreuses années, mais sans succès.
L'opportunité lui est offerte d'abord par l'AIA (Association
Internationale africaine, créée en 1876) dont il devient le
sponsor et à laquelle est assigné un objectif :
« ouvrir l'Afrique à la civilisation et abolir la traite
négrière ». Par la suite, il est crée l'AIC
(Association Internationale du Congo fondée en 1883) et c'est cette
dernière qui est transformée plus tard en EIC par la
conférence de Berlin.
Dès lors le monarque belge ne tarde pas à
bonifier sa posture et se placer au centre des rivalités
d'intérêts opposant les puissances européennes dont
l'ambition est de conquérir les territoires d'Afrique, soit directement,
soit par le biais de différents explorateurs (français,
britanniques, portugais, allemands, etc.).
C'est ainsi que soutenu par le chancelier Bismarck, le roi des
belges fait profil bas et joue à fond à la carte diplomatique de
« l'humanitaire », pour utiliser le langage
d'aujourd'hui ». il suggère au chancelier Bismarck que la
direction de ce territoire vaste et inconnu soit confié à
l'Association internationale du Congo et non à une puissance
concurrente. Pour faire pâlir d'envie les puissances concurrentes, ce
vaste territoire devrait être ouvert au libre commerce de toutes les
puissances signataires et adhérentes à l'acte de Berlin. C'est
cette proposition qui emporte l'assentiment de la majorité des
souverains réunis à Berlin.
Quelque soit le destin de l'acte de Berlin, on est bien
obligé de constater que l'Etat indépendant du Congo,
l'ancêtre de la RDC est crée sur base des règles de la
mondialisation qui triomphe en ce début du 21ème
siècle. Jamais dans l'histoire de la colonisation, pays n'était
aussi modelé que l'Etat indépendant du Congo, par les
critères de la globalisation, par delà l'évidence que le
monde est déjà au Congo et que le Congo fait déjà
partie de la communauté mondiale.
Dès lors la politique extérieure de la RDC est
du point de vue structurel, « une diplomatie de la porte ouverte sur
le monde », notamment le monde occidental auquel appartiennent toutes
les puissances signataires, selon le distinguo opérationnel de la guerre
froide ou de conflit Est-Ouest, opposant les Etats-Unis à l'Union
soviétique depuis le blocus de Berlin (1948) jusqu'à
l'effondrement de l'URSS (1991).
L'élargissement du champ diplomatique congolais aux
pays émergents (Chine, Inde, Brésil) pour ne citer que les Etats
continents, dont l'impact géopolitique a modifié la
régionalisation de l'économie mondiale, n'est qu'un exercice
normal de cette logique structurelle.
En outre, la prise de conscience de l'historicité de la
« diplomatie de la porte ouverte sur le monde » d'hier et
aujourd'hui, doit supprimer le reflexe de peur ou le reflexe lilliputien qui
hante encore l'esprit des dirigeants congolais.
Au lieu de perdre son temps à épiloguer sur les
dangers réels ou potentiels de cette dépendance
réciproque, il vaudra mieux mettre à profit
l'attractivité de la RDC et en faire outil de sa diplomatie de la porte
ouverte sur le monde.
Dans cette perspective, le défi de la diplomatie de la
porte ouverte sur le monde consiste, au préalable, à
définir les intérêts du Congo, en désignant, les
intérêts vitaux et les intérêts non vitaux.
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