Deuxième Partie : Rôle du
microcrédit dans la lutte contre la pauvreté.
Le microcrédit est un puissant instrument de lutte
contre la pauvreté qui a prouvé son utilité social. En
général, C'est un prêt destiné à des
personnes défavorisées, en majorité des femmes, pour leur
permettre de créer des activités génératrices des
revenus.
Cette présente partie traite de la stratégie et
rôle du microcrédit comme instrument de lutte contre la
pauvreté à Djibouti. De prime abord, nous tenterons
d'étudier le profil de la Pauvreté, état des lieux et
dispositif pour faire face. Et ensuite, nous étudierons les
mécanismes adoptés pour lutter contre la pauvreté.
CHAPITRE I : La Pauvreté à Djibouti :
concepts, états des lieux
I.1) La pauvreté : définition et
mesure.
L'analyse des politiques de lutte contre la pauvreté en
général échoue parce que l'on ne sait pas mesurer
correctement la notion même de pauvreté. Donc, il est
nécessaire, avant d'aller plus loin de définir
précisément ce que l'on entend par pauvreté.
En effet, dans sa définition courante, la
pauvreté désigne l'état, la condition d'une personne qui
manque de ressources, de moyens matériels pour mener une vie
décente. On perçoit que si la notion d'argent est primordiale
dans cette définition, ce n'est pas pour se rapporter à un
standard de niveau de vie. Par conséquent, cela entraine des
différences entre les pays en fonction de leur situation
économique générale. Ces considérations ont conduit
les institutions internationales à donner différentes
définitions de la pauvreté :
_ La pauvreté relative
évoque un niveau de vie variable en fonction de
l'époque et de la société. Elle comprend la moitié
du revenu médian d'une société.
_ Le seuil de pauvreté
correspond à deux dollars par jours et par habitant,
_ La pauvreté absolue ou
extrême pauvreté correspond à moins d'un dollars par jour
et
habitant.
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Ces définitions classiques s'appuient exclusivement sur
des mesures du revenu par habitant. Cependant, un consensus existe aujourd'hui
autour de la dimension pluridimensionnelle de la pauvreté : elle ne se
limite pas à une simple insuffisance de revenu mais englobe
également des aspects plus qualitatifs de la vie. La pauvreté
n'est plus seulement économique, mais devient en même temps
sociale, politique et culturelle. Cette approche est légitimée
par les travaux d'Amartya SEN1. Considérer comme l'un des
penseurs fortement influencé par l'évolution de ce concept, selon
lui, la pauvreté est avant tout une privation des capacités
élémentaires.
Néanmoins, « cette définition ne vise en
aucune manière à nier l'évidence : un revenu faible
constitue bien une des causes essentielles de la pauvreté, pour la
raison, au moins, que l'absence de ressources est la principale source de
privation des capacités d'un individu »2
Cela veut dire que la richesse est pressentie comme pouvoir et
la pauvreté comme altération des conditions dans lesquelles les
individus décident, ce qui justifie de fait une intervention du
gouvernement et des institutions internationales.
Il ressort de ces analyses trois formes principales de
pauvreté :
? La pauvreté monétaire qui
prend en compte les ressources des individus. Elle est évaluée en
fonction du revenu des individus ou de leur consommation (de biens
alimentaire).
? La pauvreté des conditions de vie
résultant de l'incapacité de l'individu à satisfaire ses
besoins essentiels. C'est une vision plus qualitative qui met en lumière
l'exclusion par rapport à un certain mode de vie matériel et
culturel. La pauvreté est ici perçue comme un manque.
? La pauvreté des « capacités
» traduit le fait que l'on ne dispose pas des moyens qui
permettraient de se soustraire à la pauvreté par la mise en
valeur de ses capacités individuelles.
Ces différentes formes de pauvreté interagissent
entre elles, de sorte que tout individu pauvre est confronté à un
cercle vicieux, un « processus cumulatifs dans lequel déficits
éducatifs et matériels se traduisent par un engrenage infernale
». La pauvreté est perçue comme un état mais
s'assimile de plus en plus à un processus pluridimensionnel et
protéiforme dans le cadre duquel richesse, savoir et pouvoir sont
intimement liés. Elle est
1 _
2
_
Economiste et prix Nobel en 1998.
extrait d'ouvrage d'Amartya Sen, « l'économie est une
science morale » paru en 1999.
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d'avantage abordée à la source et
considérée comme la conséquence d'une inaptitude à
saisir les opportunités qui se présentent en raison d'un manque
de capacité.
Dès lors, il est possible de formuler une
définition unique de la pauvreté comme étant un processus
cumulatif dans lequel les déficits matériels, sociaux,
éducatifs et culturels figent un individu dans une situation de manque
en entravant son épanouissement.
Cette définition ne doit pas occulter la place de la
perception par la population de leur situation. En d'autres termes, un individu
qui ne se perçoit pas comme pauvre, quel que soit ses conditions de vie
et son niveau de revenu, n'exprimera le besoin d'améliorer sa situation,
tout dépend de l'environnement culturel qui structure les populations. A
Djibouti, comme dans les autres pays Africains, le groupe est conçu
comme un vecteur naturel de solidarité, les notions de revenu ou
même de niveau de vie n'est pas pertinent.
Peu importe ce que l'individu possède pourvu qu'il soit
intégrer au groupe ou au village.
On peut avancer que la pauvreté n'est pas perçue
comme une absence de richesse ou de capacité mais comme un
déficit de socialisation.
Parallèlement aux trois formes de pauvreté
définies auparavant, il existe trois formes d'inégalités
:
? L'Inégalité monétaire
correspond à la répartition des richesses nationales
;
? L'inégalité des conditions de
vie renvoie aux différences dans les possibilités d'accès
à la satisfaction des besoins essentiels ;
? L'inégalité de « capacités
» ou inégalité des chances, correspond aux
différences de probabilités de pouvoir mettre en valeur ses
capacités, les individus n'ayant pas alors au départ les
mêmes chances de réussit.
Qu'est-ce que la lutte contre la pauvreté
?
Comment situer la lutte contre la pauvreté par rapport
à ces définitions ?
La banque mondiale, dans son rapport 2000 (sur le
développement dans le monde 2000 : « combattre la pauvreté
», a défini la lutte contre la pauvreté dans une approche
élargie et pluridimensionnelle qui comporte quatre critères :
-L'augmentation des revenues ;
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-L'accès aux besoins publics (eau, éducation,
santé, etc.) -Réduction des risques ;
-L'amélioration des rapports de force en faveur des «
sans pouvoirs » et des « sans voix » (ce qu'on désigne
généralement sous le terme d' «empowerment
»).
Fort de cette approche, le rapport de la banque mondiale
propose une stratégie visant à combattre la pauvreté sur
trois fronts :
-Le développement des
opportunités, c'est-à-dire des opportunités
matérielles et financiers (emploi, crédit,
électricité, école, services de sante, etc.) Et des
qualifications (éducation et formation professionnelle) ;
-L'insertion : l'insertion des pauvres dans la
société est déterminée en grande partie par les
institutions publiques et sociales qui doivent être attentives à
leur besoins. Cette démarche est politique : elle implique un ensemble
de reformes devant améliorer la responsabilité et
l'efficacité de l'administration, des institutions juridiques et des
services publics, ainsi que le renforcement de la participation des pauvres aux
processus politique et aux décisions locale.
C'est dans cet optique que né la micro finance à
Djibouti.
-La sécurité matérielle :
il est nécessaire, afin d'améliorer le bien-être et
d'encourager les investissements dans le capital humain, d'atténuer la
vulnérabilité aux chocs économiques, aux catastrophes
naturelles, à la mauvaise santé, à la violence, etc.
L'état doit tout mettre en oeuvre pour diminuer ces
risques auxquels sont confrontes les pauvres
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