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Remerciements
Je tiens à exprimer ma sincère
gratitude envers toutes les personnes qui m'ont apporté soutien,
assistance et qui m'ont accompagnée tout au long de mon mémoire
de stage afin de le mener à bien.
Je veux commencer par Mr. Olivier Bouba OLGA,
mon tuteur enseignant qui est maitre de conférences et récemment
nommé doyens de la faculté d'Economie-Gestion de Poitiers, pour
son soutien d'encadrement et ses nombreuses réflexion sur mon
travail.
Je tiens à remercier
particulièrement avec une plus grande haute gratitude et
considération à Mr. MAHDI MOHAMED DJAMA, Directeur
Général de l'ADDS, de m'avoir accueillis au sein de cette Agence
et mis les moyens nécessaires à ma disposition.
Je remercie également mon maitre de
stage Mr. ABDALLAH HOUMED, Directeur de la Microfinance au sein de l'ADDS, qui
m'a soutenu et encouragé dans la préparation de mon sujet de
stage.
Ensuite, ma gratitude s'adresse
également à Mme CHAFIKA AHMED MOHAMED, Directrice de
Programmation et Suivi-Evaluation (DPSE), pour m'avoir donnée toutes les
occasions de répondre à mes questions techniques et
théoriques.
Enfin, mes remerciements vont à
l'ensemble du personnel de l'ADDS pour m'avoir intégrée au sein
de leur institution avec professionnalisme, gentillesse et bonne humeur et
surtout pour leur disponibilité tout au long de ce stage.
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SOMMAIRE
Remerciement
Méthodologie du travail
Introduction
Première Partie : La Microfinance
|
1
3
...6
.8
|
Chapitre I. Généralités
conceptuelles
|
..8
|
I.1) Historique
|
8
|
I.2) Définitions et Objectifs
|
.10
|
|
Chapitre II. Les Institutions de la Microfinance
(IMF)
|
. 11
|
II.1) Les différentes formes d'institutions
|
..11
|
II.2) Indicateurs de performance pour les IMF
|
.14
|
|
Deuxième Partie : le Rôle du
microcrédit dans la lutte contre la pauvreté
|
..18
|
Chapitre I. La pauvreté à Djibouti :
concept, états des lieux
|
18
|
I.1) La pauvreté : définition
|
18
|
I.2) L'état des lieux sur la pauvreté
à Djibouti
|
..21
|
I.3) Stratégie de lutte contre la
pauvreté
|
23
|
|
Chapitre II. Mécanismes de la Microfinance
pour lutter contre la pauvreté
|
...28
|
II.1) Le secteur de la Microfinance à Djibouti
|
.28
|
II.2) La corrélation entre la pauvreté et
le Microcrédit
|
.34
|
II.3) Les dispositifs et les mesures d'accompagnement :
le cas de l'entreprenariat
|
|
Ou « crédit jeunes diplômés
»
|
. 35
|
Troisième Partie : Etude d'impact de la
microfinance sur les bénéficiaires
|
.38
|
Chapitre I. Présentation de l'Etude
|
38
|
I.1) Contexte
|
.38
|
I.2) Objectifs
|
.39
|
I.3) Présentation de l'Agence de microfinance
|
..40
|
I.4) Méthodologie
|
..41
|
Chapitre II. Analyse des résultats et de
l'étude
|
44
|
II.1) Profil des clientes
|
.44
|
II.2) Activités
|
47
|
II.3) Impact Global des crédits et
Appréciations
|
53
|
|
Chapitre III. RECOMMANDATIONS
|
56
|
Conclusion
|
..57
|
Sigles, Acronymes
|
|
Annexes
|
|
Bibliographies
|
|
Page 3
METHODOLOGIE DU TRAVAIL
Selon Gaston Bachelard, la démarche
scientifique se définit comme suit : « le fait scientifique est
conquit, construit, constaté ; conquis sur les préjugés,
construit par la raison, constaté sur les faits. »
La démarche est une manière de progresser vers
un but et les méthodes adoptées ne sont que des mises en forme de
cette démarche. Depuis le début, nous voulions travailler sur un
sujet concernant le microcrédit en général la
Microfinance. Certes il s'agit d'un sujet intéressant mais la question
que nous nous sommes posés dés le début portait sur le
caractère réaliste ou non du travail que le sujet laisse
entrevoir. Une leçon que nous avons tirés pendant les travaux
d'investigations, c'est de voir de prés si le choix du sujet est en
rapport avec les ressources personnelles, matérielles et technique
nécessaires afin qu'il soit traité dans des bonnes conditions et
dans les limites du délai.
La première phase du travail a porté sur la
définition du sujet dans sa globalité et surtout de
manière théorique car le concept de Microfinance est assez
large.
La seconde phase du travail est d'arriver à assurer une
fonction entre la pauvreté et la Microfinance.
La troisième phase est une étude d'analyse sur
une enquête réalisée auprès des
bénéficiaires de microcrédits dans les régions de
Djibouti. Cette enquête n'est rien d'autre qu'une enquête
d'évaluation et de satisfaction. Cette phase du travail de recherche a
été la plus « cruciale » car en elle repose les forces
du sujet.
Pourquoi ce sujet :
L'étude de ce sujet nous a paru intéressante
à plus d'un titre : c'est une question d'actualité nationale et
un enjeu dans la politique de lutte contre la pauvreté du Gouvernement
Djiboutien.
En effet la réduction de la pauvreté se trouve
au centre de préoccupations de l'Etat Djiboutien car cette
pauvreté se justifie fortement par la détérioration des
conditions de vies des communautés pauvres et vulnérables.
Cette situation résulte du délabrement de longue
date des équipements collectifs de base, de la guerre civile et de ses
conséquences plongeant ainsi une grande majorité de la population
dans le chômage, sans ressources ni revenus faibles.
Il faut souligner qu'à l'heure actuelle, le
microcrédit n'est pas effectif dans le pays, un engagement volontariste
des pouvoirs publics et une vulgarisation du concept du microcrédit
serait souhaitable.
Aujourd'hui le microcrédit est accueilli par la souche
vulnérable comme une lueur d'espoir contre la pauvreté et c'est
une des raisons essentielles qui nous ont motivés dans l'étude de
ce sujet. Il s'agit surtout de démontrer le lien entre le
microcrédit et la réduction de la pauvreté, un avantage
aujourd'hui c'est que les mentalités et l'environnement politique ont
évolué, un discours nouveau en faveur du microcrédit fait
son apparition sur la scène nationale.
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Page 5
« Affirmer qu'il est Impossible
d'offrir des services bancaires aux pauvres parce qu'ils ne disposent pas de
garanties suffisantes revient à dire que l'homme ne peut pas voler parce
qu'il n'a pas d'ailes.
L'être humain a la caractéristique
particulière d'être extraordinairement novateur. Dès lors
prétendre que cet animal novateur n'est pas capable de concevoir un
système bancaire qui ne repose pas sur des garanties constitue tout
bonnement une insulte à l'ingéniosité
humaine.»
(Citation de Muhammad Yunus,
père fondateur de Microcrédit).
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Introduction
Les années qui se sont écoulées depuis la
fin de la deuxième guerre mondiale, a été une
période troublante voire alarmante pour le monde entier, mais aussi une
ère de désespoir croissant pour des centaines de millions
d'êtres humains. De surcroit, la misère humaine a atteint des
proportions critiques voire inimaginables. Progressant du même pas que la
prospérité, la pauvreté est devenue un
phénomène mondial, un des plus grands fléaux auquel fait
face le monde entier.
La lutte contre ce fléau voire son éradication
est aujourd'hui une préoccupation mondiale, d'autant plus qu'un
cinquième de la population mondiale est affectée par la
pauvreté ; plus de 2 milliards de personnes vivent sous le seuil de
pauvreté avec seulement 2 dollars par jours (source : rapport Banque
Mondiale), malgré cela, les pauvres ont toujours mené des
activités génératrices de revenus pour subvenir à
leur besoin et vivre sereinement. Un des problèmes majeurs auxquels ils
sont confrontés est l'accès au financement.
Ainsi, dans la plus part des pays en développement, la
majorité des gens ne possèdent pas de compte d'épargne, ne
contractent pas de crédits auprès des institutions
financières formelles, faute de pouvoir offrir des garanties. «
Nous reconnaissons la nécessité d'assurer l'accès des
pauvres en particulier aux services financiers, notamment grâce à
la Microfinance et au Micro crédit ». Cette affirmation
reflète un aspect qui est en passe de devenir la clé voûte
de la politique d'allégement de la pauvreté : la
Microfinance.
En 30 ans d'existence, la Microfinance, notamment le micro
crédit, a prouvé son utilité sociale. Née dans les
années 1970, simultanément en Afrique, en Amérique latine
et en Asie, son origine remonte aux coopératives bancaires allemandes du
19ème siècle. Et sa genèse à Djibouti
remonte à la première expérience initiée par
Caritas en 1998.
Bien entendu, il existe des différences significatives
de contexte entre pays développés et pays en développement
: l'étendue de la pauvreté et l'exclusion du système
bancaire ne prennent pas les mêmes formes et ne sont pas de même
ampleur.
Dans le cas de la République de Djibouti, depuis 1991
d'importants déséquilibres économiques ont touchés
l'appareil de l'Etat. Ces déséquilibres ont eu pour cause le
conflit interne de 1990 ainsi le pays se trouvait en proie à une
aggravation du déficit de la balance des paiements, une inflation
élevée, une réduction de la richesse nationale et un fort
taux de chômage. L'ensemble de ces maux s'est traduit
budgétairement par une aggravation des déficits publics
cumulés aggravés par une accumulation
d'arriérés.
Pour faire face à cette situation, le gouvernement
s'est engagé en 1996 dans le programme d'ajustement et de
restructuration économiques appuyés par le FMI et la Banque
Mondiale et mis en oeuvre des réformes dans plusieurs domaines
clés, les finances publiques, la
Page 7
sécurité sociale, les entreprises publiques,
l'éducation, la santé notamment. Les résultats des
programmes mis en oeuvres depuis 1996 ont été encourageants dans
le domaine macroéconomique avec la réduction des déficits
budgétaires. Mais, elles ont eu un impact très négatif
dans le domaine social en détériorant la situation sociale
déjà fragile du pays, d'où résulte une
pauvreté assez visible des couches les plus vulnérables.
C'est pourquoi la question de la pauvreté est apparue
au coeur du débat à Djibouti. En fait, la pauvreté
caractérise la situation d'individus, de groupes, démunis de
ressources jugées essentielles et se trouvant dans une grande
précarité. Pour lutter contre cette pauvreté, le
président de la République a lancé le programme de
l'INDS1 en janvier 2007, dont « l'objectif
majeur visé était d'éradiquer le phénomène
de la pauvreté et d'exclusion qui frappent des larges franges de la
population ». Cependant, pour tenter de résoudre ce
phénomène qui persiste, le gouvernement a mis en place des
instruments de lutte contre la pauvreté. Parmi les initiatives les plus
ambitieuses en matière de résorption de la pauvreté, en
fait partie le programme de la Microfinance mise en place par l'ADDS (Agence
Djiboutienne de Développement Social). Cette dernière a pour
mission de contribuer à la lutte contre la pauvreté et la
vulnérabilité par l'appui à des projets de
développement durable selon une démarche participative,
partenariale et de proximité. Elle a également pour mission de
mobiliser et de mettre en place des financements et des actions
d'accompagnement.
De par son rôle de mobilisation de l'épargne et
de redistribution du crédit aux populations pauvres exclues du
Système bancaire classique. Peut-on dire que la Microfinance est
réellement la réponse appropriée face à la
pauvreté ?
La lutte contre la pauvreté reste variable, chaque pays
à sa manière d'aborder la question de la pauvreté, la
prise en compte des outils de luttes contre ce fléau doivent être
adaptés aux réalités locales. Donc, Djibouti,
procède à l'ouverture en 2008 des Caisses Populaires d'Epargnes
et des Crédits. Cette dernière a pour objectif de facilité
l'accès aux crédits, mais aussi, promouvoir une culture de
l'épargne. Elles octroient des crédits variant entre trente mille
à un Million de franc (FDJ) et sont localiser dans les régions et
les districts de Djibouti2. Jusqu'au jour
d'aujourd'hui, dans toute la république on compte plus de 13000
bénéficiaires inscrit à la CPEC dont plus de 70% sont des
femmes. En quoi alors, la Microfinance a-t-elle amélioré le
bien être de ces bénéficiaires ?
Le but principal recherché dans mon sujet de
mémoire : « Microfinance et lutte contre la pauvreté
à Djibouti. », est d'arriver à assurer une fonction entre le
développement, pauvreté et la Microfinance. A cet effet, nous
allons éclaircir le concept de Microfinance, puis dans une seconde
partie le rôle de la Microfinance et lutte contre la pauvreté
à Djibouti. Et enfin, Etudier l'impact et Analyser l'enquête
qualitative réalisée auprès des
bénéficiaires de microcrédit.
1_
|
INDS- Initiative Nationale de Développement
Social, programme ou projet mis en place par le
|
gouvernement en vue de réduire la
pauvreté et assurer la bonne gouvernance. 2 _
Il y a 5 Régions et 11 Districts dans
Djibouti.
Page 8
Première Partie : La Microfinance
Le périmètre de la Microfinance est aussi large que
peut l'être la finance en général. La présente
partie traite du concept « Microfinance » de son origine aux
conceptions actuelles, traitera de la définition de la Microfinance dans
la diversité des formes ; On évoquera également les formes
institutionnelles de la Microfinance qui occupe une place cruciale.
CHAPITRE I : Généralités
conceptuelles.
I.1) Historique
Certains historiens trouvent les origines du
microcrédit en Babylonie, quelques 3 400 ans avant Jésus-Christ.
Par exemple, les prêtres du temple d'Ourouk consentaient des prêts
en nature. Les hébreux, il y'a environs 3 000 ans, pouvaient de par leur
loi religieuses prêter à intérêt.
En 1840, l'Irish Loan Fund fondés au
début du XVIIIe siècle, ouvre plus de 3 000 guichets à
travers le pays.
Friedrich-Wilhelm Raiffesen, en 1849, crée en suisse,
pour protéger les paysans contre les risques climatiques, la
première coopérative qui sert de garantie en faisant appel
à la caution et la conscience sociale des notables. A ses débuts,
cette coopérative achète du bétail et prête aux
paysans à des prix modérés, principalement en dessous de
l'usure pour qu'il démarre leur propre activités
génératrice de revenus.
SCHULTZ, F.Raiffesen, DELITZ et Alphonse DESJARDINS sont
considérés comme les pères du mouvement mondial des
coopératives d'épargne et de crédit (COOPEC). Le premier,
lance l'idée en Bavière dans la seconde moitié du
19ème siècle, le dernier la développe au
Québec dès le début du 20ème
siècle.
Elles sont ensuite répliquées dans les pays
colonisés. A titre d'exemple, l'Indonesian People's Credit bank
ouvre en 1895. D'autres organisations du même type apparaissent au
même moment en Amérique Latine pour mobiliser l'épargne,
améliorer la productivité de l'Agriculture et permettre aux
paysans de s'unir en mettant en commun leur épargne. En Afrique, des
expériences les plus anciennes ont été identifiées
au Ghana (1920), au Kenya, Nigéria, Ouganda dès 1955. La formule
des « crédit Unions » ou coopératives d'épargne
et de crédit a surtout été développée au
cours de ces vingt dernières
années1.
Au XXe siècle, notamment pendant les années 1960
et 1970, les Agences d'aide au développement et les gouvernements des
Pays en Voie de Développement commencèrent à allouer des
ressources considérables à des programmes destinés aux
microentreprises notamment grâce à des mécanismes de
bonification d'intérêt.
Page 9
C'est dans ce contexte que dans la deuxième
moitié des années 70 les premières expériences de
Microfinance « moderne » apparaissent véritablement en
Amérique latine et en Asie1. C'est le
début d'une véritable structuration de la Microfinance.
En 19782, deux initiatives
indépendantes marquent la naissance de ce secteur émergent sans
exiger des garanties.
La première initiative se situe au Bangladesh. Un
professeur d'économie rurale à l'Université de Chittagong,
Muhammad Yunus, rencontre 42 femmes obligées d'emprunter
auprès d'usuriers pour acheter la paille pour rempailler des chaises,
avec un taux d'intérêt hebdomadaire de 10%. Se trouvant dans un
cercle vicieux des usuriers et dans l'impossibilité de s'adresser aux
banques traditionnelles pour des raisons d'insolvabilité, il s'engage
volontairement à leur prêter les quelques dollars
nécessaires. Non seulement il est remboursé dans les temps, mais
cette expérience positive devient une aubaine pour assurer les
subsistances de certains couche social.
En 1983, Muhammad Yunus crée la « Grameen Bank
», une banque réservée aux plus pauvres et détenue
par ses emprunteurs qui ne signent aucun contrat formel en échange de
leur emprunt. Grameen signifie « Village » ou « rural
» en bangladais. C'est une banque détenue par ses propres
emprunteurs, des villageois, à majorité des femmes. La Grameen
Bank ne demande pas de contrepartie pour ses prêts et aucun contrat
formel.
La seconde initiative se produit au même moment, c'est
l'histoire d'un joueur de tennis américain, Joseph Blatchford,
crée ACCION, une ONG visant à initier et former les plus
démunis à l'entraide mutuelle. Il commence à installer des
lignes électriques, à construire des écoles et des centres
communautaires, puis ACCION décide de soutenir des Microentreprises.
C'est le début d'une grande aventure.
En Afrique, au même moment, sont créées
des institutions de Microfinance inspirées du système des
tontines. Ce dernier est un système où chaque membre cotise une
somme fixe pendant une réunion qui se tient à
périodicité variable (semaine, mois...). Et chacun reçoit
à son tour, le total des cotisations de la réunion. Le tour est
déterminé de deux façons selon les cas : soit par tirage
au sort, soit par mise aux enchères. C'est l'expérience de Krep
au Kenya, du PADME au bénin et d'autres coopératives
finançant les récoltes du coton, comme Kafo Giginew au Mali.
Dans le cas de la République de Djibouti, le secteur du
microcrédit est le fait de quelques organisations, nous avons choisie
d'exposer deux d'entre elle, l'ONG CARITAS et le Fond Social de
Développement de Djibouti(FSD).
Ces deux organisations nous ont paru intéressantes
à plus d'un titre ; la Caritas a été la première
à initié le Microcrédit et la seconde est une institution
de l'Etat.
1_ cf. Aussi : Sébastien Boyé,
J. Hajdenberg, Poursat Christine, le Guide de la Microfinance,
éditions d'org.2006. 2_ Ce passage est l'extrait d'un article par
Jacques Attali, président de PlaNet Finance, revue financière,
2006
Page 10
I.2) Définitions et Objectif.
Le système financier décentralisé, le
Microcrédit, l'Epargne et crédit solidaire, le système
financier informel, la coopérative d'Epargne et de crédit, le
« Crédit sur Parole » ...etc. tous ces termes renvoient
à la problématique de l'accès des personnes
pauvres1,marginalisées ou exclues, aux
services financiers mis en place aux systèmes de micro-crédit.
Mais que faut-il entendre par Microfinance ? Il est donc nécessaire de
commencer par clarifier le concept de microfinance.
La Microfinance désigne, tout au moins dans son
acceptation financière au sens large, les prestations de service «
de petite taille » dans le domaine de l'épargne du crédit et
de l'assurance. Ce service de « petite taille » est relativement
adapté aux besoins d'une population spécifique : prêt de
logement, aménagement, de petites assurances. Généralement
cette couche de la population se caractérise par son niveau de
pauvreté et l'inaccessibilité aux prestations de service
financiers offertes par le secteur formel. Il existe en effet de nombreuses
définitions de la microfinance et de nombreuses controverses entre les
spécialistes sur le concept de microfinance. Les nombreuses
définitions de la microfinance peuvent être regroupées en
trois grands types : les définitions quantitatives, les
définitions institutionnelles et les définitions normatives.
La définition quantitative
De prime abord, la micro finance en opposition à la
macro finance se caractérise par la faiblesse de la taille des
transactions financières. On peut faire une distinction entre la
microfinance au sens strict et la microfinance au sens large. Au sens strict,
la micro finance est définie comme étant l'ensemble des
activités de micro-épargne, de microcrédit, de
micro-assurance ou de transfert d'argent de faibles montants (moins de 100
$USD). La microfinance au sens élargi inclut par contre les
activités d'intermédiation micro financière portant sur
des montants pouvant dépasser 100 $US. Tel l'exemple « le Projet de
Promotion de Petit crédit Rural- PPPCR » au Burkina Faso ou encore
le « Tout Petit Crédit aux Femmes » à Djibouti et
également au bénin.
A défaut d'une définition quantitative
universelle, impossible à trouver, l'unanimité semble se faire
autour d'une tentative de définition plus institutionnelle
caractérisée sur les formes de solidarité ou de
proximité.
La définition institutionnelle
La microfinance, sous sa définition institutionnelle
fait référence à ce système particulier qui est
capable de produire et traiter l'information financière en environnement
d'incertitude puisque les populations cibles sont potentiellement non solvables
et donc plus risquées (faute de garantie).
1 _« le plus pauvres des pauvres », M.Yunus,
1997.
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De part cette approche institutionnelle, la microfinance se
caractérise et s'appuie sur le principe dit de la « caution
solidaire ». Ce dernier consiste à distribuer le crédit par
l'intermédiaire d'un petit groupe de membres qui se connaissent et qui
acceptent de se porter caution mutuelle. En effet, La solidarité,
l'entraide et l'effet de proximité mais aussi et surtout la confiance
qui en résulte entre les individus concourent à abaisser les
coûts et de minimiser les risques de prêts aux pauvres. Donc, les
IMF sont, par ailleurs, considérer comme de « véritables
transformateurs d'incertitudes en risques maîtrisables » et
constitue un avantage comparé aux banques classique1. De
plus, elles ont pour caractéristique d'être capables de
répondre aux défaillances d'autres acteurs dans le secteur
financier, celles du secteur bancaire classique en particulier.
La définition normative :
Un autre courant, parmi ceux qui rejettent les critères
quantitatifs pour définir la microfinance, propose une définition
: on parle de définition normative. Cette dernière s'appuie soit
sur les imperfections ou les échecs du marché (en l'occurrence
des populations qui sont exclues aussi bien au niveau des dépôts
qu'au niveau des prêts par les banques classiques), soit sur les
problèmes d'asymétrie d'informations.
Sans entrer dans les détails, disons que les
définitions qui mettent l'accent sur les échecs du marché
se fondent sur l'idée selon laquelle les IMF remplissent un vide qui
découle de l'inadéquation entre la demande de financement des
populations pauvres et l'offre du système bancaire classique. En
d'autres termes, le non accès des populations pauvres aux banques
engendre l'exclusion économique de ces populations. En donnant justement
la chance aux populations exclues des banques d'accéder à des
services financiers, et donc de financer leurs besoins, les institutions de
microfinance apparaissent comme des substituts au secteur bancaire
classique.
Enfin, cet éventail de définitions montre bien
la complexité du concept de microfinance. En même temps, elle
témoigne de son actualité.
Pour notre part, le terme microfinance désigne des
institutions formelles, semi-formelles, ou informelles, offrant exclusivement
ou principalement des services financiers (épargne, crédit,
assurance...etc.), le plus souvent en faveur des populations démunies
(ou défavorisées) 2.
1_ Mayoukou, « le système des tontines en
Afrique(...) », 1994 p.13 2_ Dr. Yousoufou, expert international
en microfinance.
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CHAPITRE II : Les Institutions de la Microfinance (IMF).
Au cours des vingt dernières années, on a vu se
développer de nombreuses organisations actives en microfinance. Donc,
qu'est-ce qu'une institution de microfinance (IMF) ?
En termes simples, une institution de microfinance est une
organisation qui offre des services financiers à des personnes à
faibles revenus qui n'ont pas accès ou difficilement accès au
secteur financier formel (banques classiques).
II.1) les différentes formes d'institutions
Le terme institution de microfinance renvoie aujourd'hui
à une grande variété d'organisation, diverses par leur
taille, leur degré de structuration et leur statut juridique (ONG,
association, mutuelle/coopérative d'épargne et de crédit,
société anonyme, banque établissement financier
...etc.)
Selon les pays, ces institutions sont
réglementées ou non, supervisées ou non par les
autorités monétaires ou d'autres entités.
En effet, les modèles les plus connues sont la
coopérative ou mutuel d'épargne et de crédit, la tontine,
et le modèle dit du « crédit solidaire ».
_ Les coopératives d'épargne et de
crédit
Les coopératives d'épargne et crédit sont
considérer comme les pionnières dans la microfinance moderne.
Contrairement à d'autres IMF, les coopératives ciblent et
financent de façon significative les populations pauvres.
Sur le plan conceptuel, ce sont des coopératives ou
mutuelles, c'est-à-dire « une association de personnes, qui se sont
volontairement groupées pour atteindre un but commun, par la
constitution d'une entreprise dirigée démocratiquement, en
fournissant une quote-part équitable du capital nécessaire et en
acceptant une juste participation aux risques et aux fruits de cette
entreprise, au fonctionnement de laquelle les membres participent activement
» 1. Elles ont pour particularité (par
rapport aux autres entreprises coopératives) de faire de
l'intermédiation financière et leurs prestations de services
portent simultanément sur l'épargne et le crédit.
Dans son principe, les membres s'associent pour regrouper leur
épargne et se faire mutuellement crédit à des taux
raisonnables. L'antériorité de l'épargne sur le
crédit est un principe fondateur de la coopérative
d'épargne et de crédit, c'est-à-dire qui fonctionne sur le
principe « épargne d'abord, crédit ensuite ».
1_ Cf. BIT, Recommandation 127 de 1967.
Page 13
Dans la République de Djibouti, on parle de «
Caisse Populaire d'Epargne et de Crédit » connu sous
l'acronyme CPEC.
Ayant pour objectif principal, l'épargne et le
crédit, les Caisses sont localisées dans les cinq régions
à savoir Ali-Sabieh, Dikhil, Obock,
Tadjourah et Djibouti-ville (La capitale). En plus de
caisse-mère, il y'a des points de services en fournissant une assistance
technique et un coaching à la caisse.
Cette institution continue de développer des
crédits solidaires en octroyant des prêts de groupes de 50
à 100 000 Fdj, et des crédits individuels allant jusqu'à
500 000 FDJ.
La cible prioritaire reste les ménages
vulnérables.
_ Les tontines
Bien que l'origine du terme « tontine » renvoie
à une forme d'association d'épargne localisée en Italie au
17é siècle et développé par le banquier italien
Lorenzo Tonti d'où leur nom. En réalité cette
forme d'entraide mutuelle a été découverte dans d'autres
pays de l'Amérique Latine, surtout d'Asie (diaspora chinoise,
Indonésie...etc.) et Afrique (Cameroun, bénin et les diasporas
Africaines).
En effet, la Tontine peut-être définie comme «
des fonds d'épargne rotative où les levées
bénéficient à chacun des sociétaires selon un ordre
préétabli, mais révisable. Chacun peut prêter et
emprunter et remplacer une créance par une dette, celles-ci ne sont pas
assorties d'intérêts » 1 . C'est la
composante la plus dynamique de la microfinance informelle.
Elle est organisée habituellement par un groupe
d'individus réunis sur la base de relations familiales,
confessionnelles, sociales ou amicales. Le but est de cotisé une somme
fixe pendant une réunion qui se tient à périodicité
variable (semaine, mois...etc.). Et, chacun reçoit à sont tour,
le total des cotisations de la réunion. Grosso modo, le tour est
déterminé de deux façons selon les cas : par tirage au
sort ou par mise aux enchères.
La cohésion sociale du groupe est une
caractéristique fondamentale de ce système, basée sur la
confiance et la parole donnée entre les membres.
1_ Selon Ph.Hugon, 1990.
Page 14
_ Les crédits « solidaires » ou le
modèle de la « Grameen Bank »
Le développement des Institutions de microfinance est
exceptionnel à partir des années 1990. A travers le monde, les
plus connues sont la Grameen Bank au Bangladesh et la
Bank Rakyet en Indonésie (BRI).
Comparativement au modèle coopératif, le
modèle de crédit solidaire est semblable à une
coopérative mono-fonctionnelle de crédit.
De plus, il diffère fondamentalement du modèle
de la coopérative d'épargne et de crédit en ce qui
concerne la relation crédit-épargne-crédit ou la
problématique de l'antériorité du crédit ou de
l'épargne dans un cycle de financement 1.
Ici la fonction première est le crédit, un crédit
accessible aux agents économiques extrêmement pauvres. Du coup,
pour avoir accès au crédit, la seule caution solidaire (caution
mutuelle entre un groupe de 5 à 6 personnes maximum) suffit.
C'est le fameux modèle de la Grameen Bank qui est un
exemple plausible dans ce modèle. Développé par le Pr.
Muhammad Yunus dans les années 70, il s'agit d'une banque
indépendante, la banque des villageois (Grameen signifie
villageois en bangali), visant à rendre possible aux exclus du
système bancaire traditionnel l'accès aux crédits. Ainsi
son système se caractérise par :
i. un large refinancement bancaire auprès du
système bancaire classique et/ou par apports externes ;
ii. l' « argent chaud » du système est
généré sur les marges bénéficiaires des
activités des bénéficiaires de crédit et
épargné dans le système.
II-2) Ratio ou Indicateurs de performance pour les
IMF
Par définition, un ratio est un rapport entre deux
grandeurs caractéristique de l'activité de la situation
économique ou des performances d'une
entreprise2. Il est utilisé pour analyser
les indicateurs des performances dans les IMF. Quant aux indicateurs, ce sont
des outils privilégiés très utilisés dans la
gestion des IMF et dans l'amélioration de la prise des
1_ S.Soulama « Microfinance, pauvreté et
Développement », P.26-27.
2_Cohen E., Gestion Financière de l'entreprise et
développement, canada, édition 1991
Page 15
décisions. Ils constituent donc un instrument de
diagnostic et des outils d'aides à la prise de décisions pour les
dirigeants.
Les ratios de performance ont comme utilité dans le monde
de Microfinance :
+ ils permettent de renforcer la transparence et la
responsabilité de mesurer les risques et la performance de l'IMF.
+ Ils constituent un gage de transparence pour les clients, les
autorités et les partenaires.
+ Un outil de négociation pour mobiliser des ressources
auprès des bailleurs de fonds, des banques et des épargnants.
En effet, les indicateurs des performances financières
sont regroupés en quatre familles :
· Qualité de Portefeuille
· Efficacité et productivité
· Gestion financière
· Rentabilité et viabilité
Qualité de Portefeuille
La source de risque la plus importante pour une institution
financière réside dans son portefeuille de crédits. Donc,
la qualité de portefeuille est absolument cruciale.
La qualité du portefeuille est appréciée
à travers le taux de portefeuille à risque, le taux de provisions
sur créances en souffrance et le taux de perte sur créances.
Efficacité et productivité des IMF
Les indicateurs d'efficacité et de productivité
sont des mesures de performance qui montrent la manière dont les
institutions rationalisent le traitement de leurs opérations. Les
indicateurs de productivité reflètent la quantité d'output
par unité d'input, alors que les indicateurs d'efficacité
prennent en compte en plus le coût des inputs et / ou le prix des
outputs.
Gestion Financière
La Gestion financière s'emploie à garantir un
niveau de liquidité suffisant afin de couvrir les obligations des IMF en
termes de décaissement des crédits à ses emprunteurs et de
remboursement des emprunts à ses créanciers.
En d'autres termes, la gestion du bilan s'intéresse au
rendement des actifs financiers de l'institution, au degré
d'adéquation des fonds propres et à l'actif facilement
transformable en liquidité.
Page 16
Il est indispensable de s'appuyé sur trois indicateurs
pour évaluer la gestion financière d'une institution de
microfinance : le taux de rendement des actifs productifs, le taux de
capitalisation et le ratio de liquidité de l'actif.
Rentabilité et/ou Viabilité
financière
La rentabilité d'une institution de microfinance est sa
capacité à couvrir ses charges d'exploitation par ses produits
d'exploitation pour dégager des excédents. Les produits
d'exploitation proviennent pour l'essentiel des intérêts et
commissions reçus sur les crédits accordés aux clients.
Pour ce qui est des charges d'exploitation, nous pouvons citer les charges
financières, les frais généraux, les dotations aux
amortissements et aux provisions. Une IMF est donc rentable quand
ses produits d'exploitation dépassent ses charges d'exploitation. Dans
ce cas, l'IMF affiche un résultat net positif.
La rentabilité des IMF est mesurée à partir
de six (06) indicateurs : rentabilité des fonds propres
(rentabilité financière), rendement sur actif, autosuffisance
opérationnelle, autosuffisance financière, marge
bénéficiaire et le coefficient d'exploitation.
Ces indicateurs ne sont effectivement pas exhaustifs ; et sont
nécessaire pour évaluer les performances des institutions de la
microfinance.
En guise de conclusion de notre première partie, nous
pouvons dire que La Microfinance apparait bien comme un instrument essentiel du
développement des activités génératrices de revenu
et de la lutte contre la pauvreté.
Considérer comme le principal outil efficace pour lutter
contre la pauvreté et l'exclusion, le microcrédit est-elle aussi
un moyen pour réduire les problèmes du sous-développement
?
Page 17
« Une Paix Durable ne peut pas être
obtenue sans qu'une partie importante de la population trouve les moyens de
sortir de la pauvreté »
(Muhammad Yunus, Economiste Bangladais
et
fondateur de micro crédit)
Page 18
Deuxième Partie : Rôle du
microcrédit dans la lutte contre la pauvreté.
Le microcrédit est un puissant instrument de lutte
contre la pauvreté qui a prouvé son utilité social. En
général, C'est un prêt destiné à des
personnes défavorisées, en majorité des femmes, pour leur
permettre de créer des activités génératrices des
revenus.
Cette présente partie traite de la stratégie et
rôle du microcrédit comme instrument de lutte contre la
pauvreté à Djibouti. De prime abord, nous tenterons
d'étudier le profil de la Pauvreté, état des lieux et
dispositif pour faire face. Et ensuite, nous étudierons les
mécanismes adoptés pour lutter contre la pauvreté.
CHAPITRE I : La Pauvreté à Djibouti :
concepts, états des lieux
I.1) La pauvreté : définition et
mesure.
L'analyse des politiques de lutte contre la pauvreté en
général échoue parce que l'on ne sait pas mesurer
correctement la notion même de pauvreté. Donc, il est
nécessaire, avant d'aller plus loin de définir
précisément ce que l'on entend par pauvreté.
En effet, dans sa définition courante, la
pauvreté désigne l'état, la condition d'une personne qui
manque de ressources, de moyens matériels pour mener une vie
décente. On perçoit que si la notion d'argent est primordiale
dans cette définition, ce n'est pas pour se rapporter à un
standard de niveau de vie. Par conséquent, cela entraine des
différences entre les pays en fonction de leur situation
économique générale. Ces considérations ont conduit
les institutions internationales à donner différentes
définitions de la pauvreté :
_ La pauvreté relative
évoque un niveau de vie variable en fonction de
l'époque et de la société. Elle comprend la moitié
du revenu médian d'une société.
_ Le seuil de pauvreté
correspond à deux dollars par jours et par habitant,
_ La pauvreté absolue ou
extrême pauvreté correspond à moins d'un dollars par jour
et
habitant.
Page 19
Ces définitions classiques s'appuient exclusivement sur
des mesures du revenu par habitant. Cependant, un consensus existe aujourd'hui
autour de la dimension pluridimensionnelle de la pauvreté : elle ne se
limite pas à une simple insuffisance de revenu mais englobe
également des aspects plus qualitatifs de la vie. La pauvreté
n'est plus seulement économique, mais devient en même temps
sociale, politique et culturelle. Cette approche est légitimée
par les travaux d'Amartya SEN1. Considérer comme l'un des
penseurs fortement influencé par l'évolution de ce concept, selon
lui, la pauvreté est avant tout une privation des capacités
élémentaires.
Néanmoins, « cette définition ne vise en
aucune manière à nier l'évidence : un revenu faible
constitue bien une des causes essentielles de la pauvreté, pour la
raison, au moins, que l'absence de ressources est la principale source de
privation des capacités d'un individu »2
Cela veut dire que la richesse est pressentie comme pouvoir et
la pauvreté comme altération des conditions dans lesquelles les
individus décident, ce qui justifie de fait une intervention du
gouvernement et des institutions internationales.
Il ressort de ces analyses trois formes principales de
pauvreté :
? La pauvreté monétaire qui
prend en compte les ressources des individus. Elle est évaluée en
fonction du revenu des individus ou de leur consommation (de biens
alimentaire).
? La pauvreté des conditions de vie
résultant de l'incapacité de l'individu à satisfaire ses
besoins essentiels. C'est une vision plus qualitative qui met en lumière
l'exclusion par rapport à un certain mode de vie matériel et
culturel. La pauvreté est ici perçue comme un manque.
? La pauvreté des « capacités
» traduit le fait que l'on ne dispose pas des moyens qui
permettraient de se soustraire à la pauvreté par la mise en
valeur de ses capacités individuelles.
Ces différentes formes de pauvreté interagissent
entre elles, de sorte que tout individu pauvre est confronté à un
cercle vicieux, un « processus cumulatifs dans lequel déficits
éducatifs et matériels se traduisent par un engrenage infernale
». La pauvreté est perçue comme un état mais
s'assimile de plus en plus à un processus pluridimensionnel et
protéiforme dans le cadre duquel richesse, savoir et pouvoir sont
intimement liés. Elle est
1 _
2
_
Economiste et prix Nobel en 1998.
extrait d'ouvrage d'Amartya Sen, « l'économie est une
science morale » paru en 1999.
Page 20
d'avantage abordée à la source et
considérée comme la conséquence d'une inaptitude à
saisir les opportunités qui se présentent en raison d'un manque
de capacité.
Dès lors, il est possible de formuler une
définition unique de la pauvreté comme étant un processus
cumulatif dans lequel les déficits matériels, sociaux,
éducatifs et culturels figent un individu dans une situation de manque
en entravant son épanouissement.
Cette définition ne doit pas occulter la place de la
perception par la population de leur situation. En d'autres termes, un individu
qui ne se perçoit pas comme pauvre, quel que soit ses conditions de vie
et son niveau de revenu, n'exprimera le besoin d'améliorer sa situation,
tout dépend de l'environnement culturel qui structure les populations. A
Djibouti, comme dans les autres pays Africains, le groupe est conçu
comme un vecteur naturel de solidarité, les notions de revenu ou
même de niveau de vie n'est pas pertinent.
Peu importe ce que l'individu possède pourvu qu'il soit
intégrer au groupe ou au village.
On peut avancer que la pauvreté n'est pas perçue
comme une absence de richesse ou de capacité mais comme un
déficit de socialisation.
Parallèlement aux trois formes de pauvreté
définies auparavant, il existe trois formes d'inégalités
:
? L'Inégalité monétaire
correspond à la répartition des richesses nationales
;
? L'inégalité des conditions de
vie renvoie aux différences dans les possibilités d'accès
à la satisfaction des besoins essentiels ;
? L'inégalité de « capacités
» ou inégalité des chances, correspond aux
différences de probabilités de pouvoir mettre en valeur ses
capacités, les individus n'ayant pas alors au départ les
mêmes chances de réussit.
Qu'est-ce que la lutte contre la pauvreté
?
Comment situer la lutte contre la pauvreté par rapport
à ces définitions ?
La banque mondiale, dans son rapport 2000 (sur le
développement dans le monde 2000 : « combattre la pauvreté
», a défini la lutte contre la pauvreté dans une approche
élargie et pluridimensionnelle qui comporte quatre critères :
-L'augmentation des revenues ;
Page 21
-L'accès aux besoins publics (eau, éducation,
santé, etc.) -Réduction des risques ;
-L'amélioration des rapports de force en faveur des «
sans pouvoirs » et des « sans voix » (ce qu'on désigne
généralement sous le terme d' «empowerment
»).
Fort de cette approche, le rapport de la banque mondiale
propose une stratégie visant à combattre la pauvreté sur
trois fronts :
-Le développement des
opportunités, c'est-à-dire des opportunités
matérielles et financiers (emploi, crédit,
électricité, école, services de sante, etc.) Et des
qualifications (éducation et formation professionnelle) ;
-L'insertion : l'insertion des pauvres dans la
société est déterminée en grande partie par les
institutions publiques et sociales qui doivent être attentives à
leur besoins. Cette démarche est politique : elle implique un ensemble
de reformes devant améliorer la responsabilité et
l'efficacité de l'administration, des institutions juridiques et des
services publics, ainsi que le renforcement de la participation des pauvres aux
processus politique et aux décisions locale.
C'est dans cet optique que né la micro finance à
Djibouti.
-La sécurité matérielle :
il est nécessaire, afin d'améliorer le bien-être et
d'encourager les investissements dans le capital humain, d'atténuer la
vulnérabilité aux chocs économiques, aux catastrophes
naturelles, à la mauvaise santé, à la violence, etc.
L'état doit tout mettre en oeuvre pour diminuer ces
risques auxquels sont confrontes les pauvres
I.2) l'état des lieux sur la pauvreté
à Djibouti.
En 1996, Djibouti s'est engagé dans des programmes
d'Ajustement et de restructuration économiques appuyés par le FMI
et la Banque Mondiale dans un but de faire face à la dégradation
continue de la finance publique, qui trouve son origines aux crises interne
externe de 1992 (guerre civile et arrivées de réfugiés
somaliens et Ethiopiens). Au cours de
Page 22
cette période, la croissance a été
négative et la finance publique s'est dégradée. Ces
négociations ont débouché sur la signature d'un accord de
confirmation sur la période (1996-1999) qui marque le début du
Plan d'Ajustement Structurel (PAS).
En effet, À Djibouti le problème de la
réduction de la pauvreté reste important. Les indicateurs sociaux
du pays montrent que les lacunes dans le bien-être social sont
énormes et les performances économiques récentes ont
été médiocres.
Les principaux atouts de Djibouti sont son emplacement
stratégique sur la Corne de l'Afrique, son port et ses infrastructures
connexes, et son accès aux eaux de pêche relativement riche.
Toutefois, l'emplacement stratégique de Djibouti est aussi la cause de
ses problèmes. Djibouti attire les populations d'autres pays de la
région, car il offre la paix et une stabilité relatives, et des
possibilités d'emploi avec des salaires payés en devises fortes.
Les immigrants et les réfugiés imposent un fardeau énorme
sur les chefs lieu des districts déjà faibles des services
sociaux et la sécurité économique. Djibouti est
classé comme un pays à faible revenu intermédiaire, avec
un revenu moyen par habitant de 980 $ US en 2009. Cependant, les niveaux de vie
estimés sont déformés par la cherté de la vie et,
La plupart des Djiboutiens vivent au niveau de subsistance, et les niveaux de
vie sont plus comparables avec ceux de l'Éthiopie que de ceux de pays
non-africains ayant les mêmes niveaux de PIB par habitant.
La pauvreté à Djibouti est élevée.
En 2006, environ soixante quatorze pour cent (74%) des Djiboutiens vivaient
dans des ménages avec des dépenses en dessous du niveau
nécessaire pour satisfaire les besoins fondamentaux. Quarante deux pour
cent (40%) ont été estimés à vivre dans une
pauvreté extrême, qu'ils ne pouvaient pas se permettre d'acheter
le panier alimentaire nécessaire pour maintenir un niveau minimum de la
consommation calorique. Y compris les sans-abri et des nomades dont la prise en
compte dans l'analyse serait d'augmenter le pourcentage de ménages
vivant dans la pauvreté et l'extrême pauvreté.
La pauvreté est plus répandue et plus profonde
dans les zones rurales de Djibouti et dans les zones urbaines en dehors de
Djibouti-ville que dans la capitale. L'incidence de l'extrême
pauvreté est plus de sept fois plus élevé dans les zones
rurales. C'est probablement parce qu'un ménage vivant dans la capitale
peut profiter de filets de sécurité issus de la présence
d'un marché de produits et services, et des opportunités du
marché du travail, ne sont pas disponibles dans les zones rurales.
Les pauvres sont caractérisés par l'absence de
pouvoir d'achat, faible accumulation de capital humain, et faible niveau de
vie. Les pauvres (et les très pauvres) se distinguent du reste de la
population dans les caractéristiques socioéconomiques et
démographiques, et le statut de l'emploi.
Page 23
La lutte contre le chômage constituait la
première priorité du Document de Stratégie de
réduction de la Pauvreté (DSRP). Dans ce cadre, la
stratégie poursuivie reposait sur la mise en oeuvre d'un ensemble de
programmes répondant aux diverses manifestations du
phénomène du chômage. Il s'agit de
programmes (i) d'infrastructures à haute intensité de main
d'oeuvre (HIMO), (ii) de formation professionnelle, (iii) de
développement de la petite et moyenne entreprise (PME), et
(iv) développement de la microfinance.
Pour ce qui est du programme
microfinance, il convient de noter que cette initiative est
relativement nouvelle à Djibouti. Au départ, la Direction de la
Solidarité Nationale (DSN) est l'institution responsable de la
définition de la stratégie nationale dans le domaine de la
microfinance, ainsi que des activités de suivi et d'évaluation.
La Banque Centrale de Djibouti (BCD) est l'institution de supervision.
Cependant, les réalisations en la matière, si
elles constituent un pas important vers la résorption du chômage,
ne suffiront pas pour mettre un terme à ce phénomène qui
s'inscrit en porte à faux avec les principes d'équité dans
l'accès aux ressources du pays. Un certain nombre d'obstacles devront
être surmontés à cet égard dont notamment les
faiblesses liées à la couverture et à la viabilité
du système de microfinance.
I.3) Stratégie de lutte contre la
pauvreté.
L'objectif de réduction de la pauvreté à
Djibouti constitue, par ailleurs, la pierre angulaire de toute action en faveur
du développement dans le pays.
En effet, vu par son ampleur et sa profondeur, la
pauvreté à Djibouti constitue un véritable fléau.
C'est dans ce contexte de désarroi que le gouvernement Djiboutiens a
décidé de relever les défis, en inscrivant l'action de
lutte contre la pauvreté au rang de priorités nationales. A cet
effet, le gouvernement met en place différentes stratégies de
lutte contre la pauvreté.
a. DSRP ou CSLP
C'est un Document de Stratégie Pour la Réduction
de la Pauvreté élaboré en 2004 dont l'objectif ultime est
de « réduire la pauvreté et les inégalités, de
permettre un accès égal de tous les Djiboutiens aux services
sociaux et aux infrastructures de base ».
Page 24
Le DSRP s'inscrit dans une vision de long terme du
développement qui vise à exploiter les atouts stratégique,
sa localisation géographique et son port et à développer
ses ressources humaines pour améliorer de façon radicale la
compétitivité de l'économie et lui assurer une insertion
bénéfique dans l'économie mondiale.
La pauvreté associé à ce fort taux de
chômage s'est accrue et touche sans distinction toutes les couches de la
population précisément 79,4% vivent sous le seuil de
pauvreté en 2012 contre 45% en 1996 et 42% d'entre eux vivent dans
l'extrême pauvreté alors qu'en 1996 n'était de 9,6%.(
Rapport préliminaire EDAM3 IS-2012
réalisé par la DISED)
1
Contrairement aux autres pays d'Afrique, la pauvreté
à Djibouti est d'abord un phénomène urbain qui renvoie
à un contexte spécifique marqué par la petite dimension du
pays et sa forte urbanisation, l'absence d'un secteur rural important, les
conflits et les migrations.
Face à ce constat et comme beaucoup des pays du tiers
monde, Djibouti a été contraint d'élaborer une corde
stratégique de lutte contre la pauvreté (CSLP) en 2001
et un document stratégique de réduction de la pauvreté
(DSRP) dès 2004. Entre ces documents se veulent les instruments
performants de lutte contre la pauvreté. Cette stratégie repose
sur 4 axes majeurs :
_ Renforcer la compétitivité du pays et
créer les conditions d'une économie forte et durable.
_ Mise en place d'une véritable politique de
valorisation des ressources humaines, à travers la mise en oeuvre de
programme ciblées sur les zones de pauvreté et les couches
vulnérable,
_ Réduction de la pauvreté par
l'amélioration de l'accès des pauvres à l'eau et aux
services de base.
_ Promouvoir la bonne gouvernance politique, locale,
économique et renforcer les capacités de planification et de
gestion de l'administration et à moderniser ses outils et ses moyens.
Force est de constater, aujourd'hui que la DSRP n'est à
la hauteur des espérances faute de réelle mise en oeuvre. C'est
pourquoi l'Initiative National de Développement Social (INDS),
lancée par le chef du gouvernement reprend les mêmes principes que
le DSRP :
- Concilier les contraintes posées par la
pauvreté et le développement en faisant profiter les fruits de la
croissance économique à toutes les franges de la population.
1_ EDAM-Enquêtes Djiboutiennes
Auprès des Ménages, Ces Enquêtes ont pour objectif de
donner aux décideurs des informations fiables et pertinentes sur les
conditions de vie des ménages, en vue de l'élaboration du
programme de réformes économique et sociale en
général, et du programme national de lutte contre la
pauvreté en particulier.
Page 25
- Redéfinir un nouveau cadre d'action cohérant
en faveur du secteur productif et des secteurs sociaux permettant de traiter de
façon complémentaire les questions économiques et
sociales,
- Se concevoir sans augmentation des impôts selon un
mécanisme financier spécifique considérée comme un
préalable incontournable garantissant la viabilité des ressources
publiques.
Le cadre économique s'est révélé
favorable à la conduite du DSRP, offrant une stabilité
d'ensemble. L'orientation choisie par le gouvernement est ambitieuse mais
pertinente car elle est nécessaire pour lutter contre la pauvreté
efficacement et asseoir le développement.
Le DSRP n'est pas suffisamment apparu comme un cadre de
référence des politiques de développement et que l'INDS
est intervenue pour le compléter et devenir un outil efficace de lutte
contre la pauvreté.
En outre, c'est dans ce contexte que l'INDS s'est
révélée indispensable afin de mieux articuler les
politiques économiques et sociales de sorte à obtenir un cadre
global intégrant les dimensions politiques, sociales,
économiques, éducatives, culturelles et écologiques.
b. L'INDS
L'INDS- Initiative Nationale pour le Développement
Sociale- tire la sonnette d'alarme « de large franges de la
population Djiboutienne et des zones entières du territoire nationale
vivent dans des conditions difficiles et parfois dans une situation de
pauvreté et de marginalisation »'
La stratégie du gouvernement pour la réduction
de la pauvreté repose avant tout sur le succès que remportera la
mise en oeuvre du programme de redressement d'urgence et l'élaboration
d'un profil de pauvret ». En s'appuyant sur ce dernier constat
dressé par la banque mondiale, on se rend compte que le chômage et
le manque de revenus qui en découle constituent la principale cause de
la pauvreté dans notre pays.
L'INDS se propose de s'attaquer à la pauvreté
galopante, d'améliorer les conditions de vie des populations les plus
favorisées et de promouvoir un emploi et l'insertion des jeunes et les
rôles des femmes, activités génératrices de revenus,
santé, éducation. Cette initiative se veut novatrice et
efficace en fournissant tous les sociaux de base, la formation et l'insertion
par le montage de petit projets afin d'autonomiser les populations
vulnérables.
1_ Extrait du discours de Son
excellence le Président de la République dans son projet
intitulé Initiative National pour le Développement Social
(INDS) en 7 Janvier 2007.
Page 26
Dans cette condition, l'Etat devrait axer son action sur la
mise en oeuvre d'activité créatrice d'emplois et
génératrice de revenus.
Le gouvernement convient également que la
difficulté d'accès aux services de santé,
d'éducation et d'adduction d'eau fait partie des facteurs à
l'origine de la pauvreté.
En conséquence, il envisage de s'attaquer à
cette difficulté au moyen d'un programme d'action qui consiste au
lancement de l'INDS (Initiative Nationale pour le Développement
Social).
L'INDS, comme réponse au défi de la
pauvreté, est la pierre angulaire du projet de société
démocratique et moderne qui soulève la problématique
contre la pauvreté, à partir d'un certain nombre de constats et
d'orientation.
La mise en oeuvre de l'INDS s'articule autour de quatre grands
axes stratégiques bien définis :
AXE 1 : la restructuration de l'appareil
productif national pour créer l'emploi nécessaire et suffisant
pour éradiquer la pauvreté et réduire le chômage,
AXE 2 : la promotion de l'accès aux
services sociaux de base,
AXE 3 : Opportunités de revenus et
d'emplois pour les pauvres et filets de sécurité, AXE 4
: La Bonne Gouvernance.
|
Le délai fixé est trop court, ajouté
à l'exigence d'impliquer pleinement l'ensemble des acteurs, rend
inéluctable la mise en oeuvre d'importants moyens humains, financiers et
matériels nouveaux d'où la création de l'ADDS : un
instrument de mise en oeuvre de l'INDS, mais également du Fonds de
Solidarité Nationale qui est un compte spécial ou compte 27/27
logé à la banque Centrale de Djibouti crée pour financer
tous les projets qu'exécutera l'ADDS.
Page 27
c. Les moyens mobilisés.
Pour arriver à une finalité substantielle, il
existe différents moyens mobilisés pour lutter contre la
pauvreté. Le FDED et L'ADDS sont les figures majeures par excellence.
(c) Le Fond de Développement Economique de Djibouti est
une institution publique à caractère commercial
dédié à la Petite et Moyenne entreprise (PME).
Cette institution est crée par décret
présidentiel le 02 Juillet 2002 et destiné à satisfaire
les besoins de la demande des moyennes entreprises. Son capital est à
100%, majoritairement, détenu par l'Etat.
Placé sous la tutelle du Ministère de l'Economie
et des Finances, le FDED a pour vocation de soutenir la création ou
l'extension de PME à travers l'octroie de crédit et une
assistance technique personnalisée.
Le FDED constitue à cet égard un instrument
incontournable du développement économique et portant un moyen
efficace de lutte contre la pauvreté.
(c) L'Agence Djiboutienne de Développement Social est
un établissement public crée en Janvier 2008 dans le but de
participer à la réduction du déficit social qui touche une
large catégorie de la population. Elle est issue de la fusion entre
l'ADETIP et FSD deux anciens instruments de lutte contre la
précarité et l'exclusion.
Placée sous la tutelle du Secrétaire d'Etat
à la Solidarité Nationale, l'ADDS a pour mission principale la
lutte contre la précarité, l'exclusion des couches
vulnérables par des actions intégrées dans une
démarche partenariale et de proximité. Elle a pour mandat de
soutenir des projets qui vont permettre la production des biens et des services
susceptibles d'améliorer les conditions de vie des populations
démunies.
L'agence priorise :
? La promotion et le développement des activités
génératrices de revenus et créatrices
d'emplois,
? Amélioration des conditions de vie des populations
ciblées par l'accès aux services
sociaux de base,
? Renforcement des capacités institutionnelles des acteurs
de développement
? Appui aux projets ruraux intégrés,
? Appui aux activités de développement
communautaires locales et régionales.
Page 28
L'Agence est financée par divers bailleurs de fonds
internationale et national.
Bailleurs
|
Zone d'Action
|
Ligne de financement
|
FIDA (Fond International de Développement
Agricole)
|
L'ensemble des districts
|
2.4 millions USD
|
BAD (Banque Africaine de
Développement)
|
Djibouti-Ville
|
2 millions USD
|
BID (Banque Islamique de
Développement)
|
Quartier de Balbala
|
2.7 millions USD
|
Fonds Koweitiens
|
Milieu rural
|
2 millions USD
|
PNUD (Programme de Nations Unis pour
le Développement)
|
République de Djibouti
|
1.8 millions USD
|
FSN (Fond de Solidarité National)
|
Djibouti-Ville.
|
3 millions USD
(360.000.000 FDJ)
|
Les bailleurs de fonds fournissent d'avantage d'appuis
techniques aux IMF et, au besoin, des ressources financières. Ils
appuient également le développement des ressources humaines
qualifiées, à travers le financement des actions de renforcement
des capacités des dirigeants et agents des IMF, des consultants et
bureaux d'études locaux, mais aussi des agents de l'Etat
impliqués dans la Microfinance.
CHAPITRE II : Mécanismes de la Microfinance pour
lutter contre
la pauvreté.
I.1) Le secteur de la Microfinance à
Djibouti.
Le paysage de la microfinance à Djibouti est
limité et se résume pour l'essentiel à des volets
microcrédits adossés sur des programmes multisectoriels. Il se
compose principalement d'un programme de microcrédit solidaire conduit
par un organisme public, l'ADDS (Né de la fusion entre le Fonds Social
de Développement-FSD et Agence Djiboutienne de Travaux
d'Intérêt Public-ADETIP)
et de quelques initiatives isolées d'associations d'ONG
caritatives peu structurées avec très peu d'impact en termes de
populations couvertes.
Au niveau informel, il existe également des tontines
traditionnelles dénommées « HAGBA » à Djibouti
qui se basent sur l'initiative et la solidarité des femmes comme sous
secteur du système financier formel.
Page 29
La microfinance n'a fait véritablement son apparition
dans le pays qu'à partir de 1996 avec le début des
opérations du défunt projet de CARITAS (voir ci-dessous).
Les expériences les plus significatives en
matière de microfinance dans le pays concernent jusqu'en 2007 :
? L'expérience de l'ONG - CARITAS
L'histoire de microcrédit remonte à la fin des
années 90 où il a démarré sous forme de projet avec
l'ONG Caritas en 1998 avec le financement exclusif des projets
présentés par des femmes pauvres. Le choix des femmes
était justifié à l'époque par leur bonne
réputation en matière de remboursement et d'aptitude.
En outre, au cours de trois premières années,
cette expérience a enregistré de résultats très
satisfaisants en termes de populations ciblées atteintes et de taux de
remboursement.
Selon une étude réalisée par le PNUD en
1999, qui décèle un réel impact socio-économique
positif de ce projet sur les emprunteuses et leur environnement
immédiat.
Entre 1996 et 1999, Caritas a mis en place un crédit
cumulé de plus de 126 millions FDJ de crédits octroyés
à près de 800 femmes avec un taux de 58% dans l'ensemble.
Cette première initiative a péché par son
manque d'expérience, notamment son manque de capacité
administrative qui s'est traduit par de problèmes de gestion du
système. Des difficultés à encadrer les visites
irrégulières des centres, le non respect des procédures
ont fini par instaurer une opacité dans les remboursements.
Les objectifs de performance de l'ONG, tablaient sur un cap de
500 emprunteuses et des remboursements élevés, est
décidée à appliquer des sanctions pour y parvenir. Mais la
vocation caritative de la fondation empêchait de sanctionner les
bénéficiaires défaillantes des crédits. Par
exemple, l'amende de 150 FDJ qui doit en principe être appliquée
en cas de retard de paiement n'était jamais suivie d'effet. De plus si
une emprunteuse ne fait pas d'arrangement de remboursement, dans ce cas son
groupe de crédit en entier devrait être exclus jusqu'à
remboursement de la dette et en cas de refus, le dossier devrait être
remis aux autorités mais rien de cela n'a eu lieu.
D'un autre coté, la faible capacité des
emprunteuses à gérer les crédits a constitué
à un obstacle supplémentaire qui a fini par ruiner le projet de
la Caritas.
En conclusion, nous pouvons dire que la micro finance en
particulier le volet microcrédit issu de l'expérience Caritas fut
une expérience positive à Djibouti.
Page 30
? L'expérience du projet FSD
Projet crée sur financement de la BAD pour « soutenir
les efforts de réduction de la pauvreté » grâce
à :
y' L'octroi de crédits,
y' La prestation de services sociaux de base et,
y' Le renforcement des capacités institutionnelles.
Le Fond Social de Développement comprenait plusieurs
composantes dont le financement d'activités génératrices
de revenus et de PME et le renforcement des capacités.
Depuis Juillet 2000, le FSD a consenti 6905 micro crédits
au profit de 3230 femmes pour un montant cumulé à plus de 363
millions FDJ soit 2.2 millions de $ US.
Ensuite, le FSD est arrivé à terme le 31 Octobre
2007, afin de laisser la place à l'ADDS, une agence née de la
fusion de FSD et l'ADETIP (Agence Djiboutienne de Travaux
d'Intérêt Public).
? ADDS : via La Direction de la Microfinance (DMF)
Au sein de l'Agence Djiboutienne de Développement
Social, existe une Direction chargé spécialement de la
Microfinance (DMF) qui a pour objectif principal de promouvoir, de
développer le secteur de la micro finance à Djibouti et de
compléter les missions des différentes directions de l'ADDS dans
la lutte contre la pauvreté.
La DMF offre deux types de services, un service financier
et un service non financier qui sont chargés de la
promotion, l'encadrement, le refinancement et le contrôle des Caisses
Populaires d'Epargne et de Crédit (CPEC) afin de leur permettre de
devenir de véritables professionnelles de la micro finance, capables
d'être viables et pérennes.
La DMF exerce sa mission à travers deux grandes
catégories :
? Microfinance Classique (ou conventionnelle) :
Il s'agit d'un ensemble des possibilités permettant aux
personnes les plus démunis de financer la création de leur propre
activité. D'ailleurs, c'est un mode de financement qui cible les couches
les plus vulnérables exclus du système bancaire.
A Djibouti, la micro finance semble faire progressivement
partie du paysage socio-économique, du fait du rôle qu'elle va
jouer à l'avenir. En effet, l'ADDS utilise la micro
Page 31
finance à travers la Caisse Populaire d'Epargne et de
Crédit (CPEC) en accordant des lignes de crédit.
D'où La CPEC a pour mission d'organiser et d'offrir aux
populations urbaines et rurales des services financiers afin d'améliorer
leurs conditions de vie et de promouvoir le développement local tout en
assurant la pérennité de l'institution.
La CPEC existe dans les différentes régions de
l'intérieur à savoir DIKHIL, TADJOURAH, ALI-SABIEH, OBOCK,
DJIBOUTI-VILLE, avec notamment plus de 15.000 membres
bénéficiaires du microcrédit.
Cette coopérative financière a pour but de :
> Collecter l'épargne ;
> Gérer les dépôts de fonds des membres
;
> Consentir des prêts à court, moyen et long
termes à ses membres conformément à la
réglementation en vigueur dans le réseau ;
> Accepter en dépôts des lignes de
crédits destinées au financement des micros projets d'organismes
intervenant en milieu rural ;
> Favoriser la formation et l'éducation
coopératives en son sein ;
> Offrir d'autres services financiers conformément
à la politique et procédures en vigueur au sein de
l'institution.
? La Microfinance Islamique (ou non conventionnelle).
Concept d'actualité, La micro finance islamique n'est
pas un phénomène de mode. Elle répond à une
nécessité parfaite pour permettre aux pauvres de disposer des
moyens nécessaires à leur émergence.
Son développement tardif et la limitation de son champ
d'action encore très remarquable ont affecté de nombreux pauvres
dans leur épanouissement.
La micro finance islamique consiste le fait que les lois
islamiques interdisent de verser ou de toucher un intérêt
n'implique pas qu'elles défendent de gagner de l'argent ou encouragent
le retour à une économie fondée uniquement sur les
espèces ou le troc. Elles incitent toutes les parties à une
transaction à partager le risque et le bénéfice ou la
perte.
Dans le cadre de la lutte contre la pauvreté en
République de Djibouti en général et de
l'amélioration des conditions de vie de la population de la
communauté de BALBALA en particulier, le Gouvernement de la
République de Djibouti a obtenu de la Banque Islamique de
Développement (BID) une lignes de
financement de 2,5 millions de dollars USD destinées
Page 32
au lancement du projet de réduction de la
pauvreté Urbaine de Balbala (PREPUB) qui consiste au financement des
activités génératrices de Revenus (AGRs) en faveur des
microentreprises et des micro activités.
C'est dans le cadre de l'élargissement des services
financiers pour combattre, de manière soutenable, la pauvreté que
la microfinance islamique a été institué.
Il existe différents produits issus de finance
islamique, donc, on peut distinguer les opérations commerciales
et les opérations d'investissement.
Dans les opérations commerciales, on peut citer quatre
exemples pratiqués par les banques et les sociétés de
placement :
1. `La mourabaha' ou vente à
bénéfice.
La banque achète les marchandises ou les
matériaux à des fournisseurs sur ordre d'un client pour les
revendre à ce dernier avec une marge de bénéfice
fixée à l'avance. Le délai de remboursement dépend
du cash flow et peut aller de trois à dix huit mois. Le contrat contient
des indications sur la marchandise, les délais et le lieu de livraison.
Trois opérations sont simultanées : une promesse d'achat du
client, une promesse de vente à la banque, un contrat de vente à
bénéfices après l'entrée en jouissance de la
marchandise par l'acheteur. La banque paye donc le fournisseur et se fait
rembourser par le client.
2. `L'ijara' ou commission :
C'est une forme de crédit bail ou de leasing. La banque
achète les équipements, terrains, immeubles, véhicules.
Elle les loue au client. Ce dernier devient propriétaire des biens quand
il a fini de rembourser des sommes qui sont échelonnées dans le
temps et versées à un compte épargne. Le client paye donc
une location à échéance fixe décidée
à la signature du contrat. En fait, le client assume la totalité
des risques, charges des biens en location, entretien, échéances,
sauf s'il est défaillant. Il dispose en général d'une
option d`achat, pendant la durée du contrat.
3. `Le taajir' :
Location ou leasing, cet instrument consiste pour la banque
à acheter équipements et matériaux et à les mettre
à la disposition d'un entrepreneur moyennant une
rémunération fixée à l'avance. Ce dernier devient
propriétaire des matériaux et des équipements au terme des
échéances de remboursement.
4. `Le bai mouajjal', vente reportée :
La banque achète des équipements ou des
matériaux pour les revendre à terme au cocontractant selon des
modalités fixées au préalable dans un contrat à
moyen terme, de deux à quatre ans. Par exemple, dans les
opérations d'exportations-importations, la banque
Page 33
peut acheter des marchandises à un importateur pour les
revendre à un exportateur ou le contraire, contre une
rémunération à un terme fixé à
l'avance.1
Les Opérations d'Investissement intéressent
davantage le crédit à moyen et long terme :
5. `La moucharaka' :
Il s'agit de la prise de participation d'une banque au capital
d'un projet chaque partie recevant annuellement une part de
bénéfices proportionnelle à son apport. La banque
intervient dans la formation du capital d'entreprises existantes ou à
créer et dans la gestion des projets en étant
représentée au conseil d'administration. Dans la moucharaka
définitive, le montant de la participation et la part des
bénéfices sont déterminées au préalable. La
moucharaka peut être dégressive. La banque s'engage à
financer en totalité ou en partie un projet jugé rentable. Elle
reçoit une part de bénéfice et le partenaire a le droit de
rembourser en totalité ou en partie la somme investie par la banque.
L'opération s'achève quand le partenaire a remboursé en
totalité la créance de la banque et conserve seul la
maîtrise du projet.
6. `La moudaraba' :
Financement de fiducie, il est une contribution au fonds de
roulement. L'opération consiste pour la banque à participer
à un projet par un apport de capital. De son coté, le promoteur
fournit son travail, son savoir-faire et peut faire également un apport
en capital. Le projet doit présenter à l'origine des conditions
de rentabilité. Les bénéfices se répartissent selon
des proportions déterminées lors de la conclusion de la
moudaraba. Il s'agit d'une forme de capital risque.
7. `Le sukuk' :
Produit obligataire islamique qui est à la finance
islamique ce que les Asset Backed Securities (ABS) sont à la
finance conventionnelle. Il a une échéance fixée d'avance
et est adossé à un actif permettant de rémunérer le
placement en contournant le principe de l'intérêt. Les sukuk sont
structurés de telle sorte que leurs détenteurs courent un risque
de crédit et reçoivent une part de profit et non un
intérêt fixe et commun défini à l'avance.
La Microfinance islamique a un fort potentiel d'expansion, en
effet, Il est estimé que 72% de la population habitant dans des pays
à majorité musulmane n'utilise pas des services financiers, car
ceux-ci ne respectent pas les préceptes de la religion musulmane. Des
personnes de croyance islamique utilisent des produits financiers
conventionnels, mais
1 _
|
Extrait de B. Wampfler, Les principes de la finance
islamique, 2002
|
Page 34
diverses enquêtes montrent que si ces personnes avaient
le choix d'utiliser des produits financiers compatibles avec les lois
islamiques, ils préfèreraient se tourner vers ceux-ci.
L'Islam porte aussi comme objectif social de soutenir les plus
vulnérables, ce qui est en ligne avec la mission sociale des
institutions de microfinance.
A l'heure actuelle, la microfinance islamique est au coeur du
débat dans la République de Djibouti, et également,
concentrée dans quelques pays de confession musulmane, tel que
Indonésie, Bangladesh, et l'Afghanistan, qui représentent
à eux seuls 80% de la population touchée par la finance
Islamique.
I.2) La Corrélation entre la pauvreté et
le microcrédit.
Chaque pays lutte contre la pauvreté à sa
manière, mais la méthode qui a eu le plus de succès ces
vingt dernières années est le microcrédit. C'est la raison
pour laquelle, les Nations-Unis ont déclarés l'année 2005
« l'année Internationale du Microcrédit », car il a
beaucoup contribué à l'allègement de la pauvreté
dans les pays qui ont pratiqué et amélioré le
microcrédit.
Le Microcrédit, c'est quoi ?
Le Microcrédit est un prêt de faible montant,
accordé à des personnes qui n'ont pas directement accès
aux crédits bancaires parce qu'elles manquent de revenu, de patrimoine,
ou de garantie, et qui créent ou développent une activité
économique : leur propre emploi.1
En effet, le concept du microcrédit est avant tout
économique, même si il y'a d'autres effets positifs comme lutter
contre la pauvreté, l'exclusion bancaire, sociale, l'augmentation des
taux d'alphabétisation, sans oublier la participation massive des femmes
pour la réussite de leurs famille et leurs sociétés. En
regardant les effets du microcrédit dans les pays en
développements, on trouve qu'il est idéale pour la petite
production, notamment celle de la micro entreprise. Il favorise la
création de revenu comme dit J.Batiste SAY2 « tout offre
crée sa propre demande », ce qui veut dire en empruntant de
l'argent pour créer une micro entreprise vous créez de l'emploi,
ensuite vous vendriez vos produits sur le marché, ce qui crée
ensuite une demande sur le marché.
En restant sur l'analyse de ces effets, les simples aspects
financiers nous montrent que le microcrédit a un effet positif dans la
lutte contre la pauvreté.
1 -Maria Nowak, économiste, « Le
Microcrédit ou le pari de l'homme », P.11-22, paru en 2009.
2 J.Batiste Say, économiste classique, principe
: « tout offre crée sa propre demande, dans la loi de
débouché ».
Page 35
I.3) Les dispositifs et les mesures d'accompagnement :
l'exemple de
l'entreprenariat ou « crédit jeunes
diplômés ».
« Nous sommes tous des entrepreneurs potentiels
»1
Depuis l'émergence du microcrédit, beaucoup des
personnes exclues du système bancaire ont pu créer leur propre
entreprise. Ces personnes, le plus souvent au chômage, peuvent de cette
façon initier leur propre emploi.
Partout dans le monde, on voit des hommes et des femmes
naturellement « entrepreneurs », au sens où ils
exerçaient des activités commerciales ou de production de
façon indépendante. Par exemple : N'importe quelle femme
africaine fabrique et vend des objets artisanal sur le marchés.
Face aux difficultés économiques et sociales du
milieu des années 90 et au limite des financements bancaire des projets,
les autorités Djiboutiennes ont mis en place des mécanismes
alternatifs de financement et d'accompagnement. Il s'agit du Fond de
Développement Economique de Djibouti connu sous le sigle «
FDED » crée par décret présidentiel
le 02 juillet 2002 et destiné à satisfaire les besoins de la
demande des moyennes entreprises.
Placé sous la tutelle du Ministère de
l'économie et des Finances, le FDED est une entreprise publique à
caractère commercial dont le capital est détenu à 100% par
l'Etat Djiboutiens. L'objectif principal du FDED est de « soutenir par des
moyens financiers et techniques le développement du secteur productif
privé et de jouer le rôle de catalyseur en matière de
création d'entreprise, de reprise des PME-PMI et de réalisation
d'investissement rentable »
En 2010, le FDED, en collaboration avec l'ADDS, a mis en place
un programme dont l'objectif est d'initier les jeunes diplômés
dans les milieux des affaires, c'est-à-dire promouvoir
l'entreprenariat.
De ce fait, le FDED procède au lancement d'un nouveau
produit « le crédit jeune diplômé ».
Cette nouvelle initiative cible une clientèle plus jeune, plus
ambitieuse, plus dynamique et présentant une potentialité
débordante. En outre, mettre l'accent sur les jeunes Djiboutiens
diplômés va influer positivement sur la croissance
économique à laquelle aspire le pays et en parallèle va
réduire les chômages des jeunes.
Le crédit jeune diplômé est un produit
financier complexe, composé d'un programme de formation permettant, aux
jeunes porteurs d'idée entrepreneuriale, de se familiariser avec les
procédures nationales de création d'entreprise, la gestion
d'entreprise ainsi que les différentes démarches à
entreprendre pour la création d'entreprise.
Ce ledit crédit est soutenu par l'Etat à travers la
mise en place d'un fond géré par le FDED.
1 Maria Nowak , économiste et fondatrice de
l'ADIE (Association pour le droit à l'initiative économique).
Page 36
Les conditions d'éligibilité consiste,
essentiellement, à :
- Etre de Nationalité Djiboutienne ;
- Agé entre 20 à 30 ans ;
- Présenter un projet viable de première
installation ou de création validé par le
comité ;
- Avoir un apport personnel de 20% pour démarrer son
projet.
Une lueur d'espoir semble donc se dessiner à l'horizon
à travers ce projet pilote qui confirme la volonté de
l'institution de jouer pleinement son rôle de catalyseur de
développement économique et social.
Il est à noter que ce projet résulte de la
détermination du gouvernement « à assister les jeunes
diplômés pour l'auto-emploi, par la création d'entreprise
afin de mettre fin à leurs inquiétudes et de leur redonner espoir
». « Réduire le chômage est une priorité
nationale ».
La facilitation de l'accès au prêt aux jeunes en
est la preuve concrète de la volonté du gouvernement de vouloir
« intégrer chaque composant de la société »afin
d'optimiser les compétences pour un développement
économique stable et durable.
En s'attaquant directement au problème des jeunes
diplômés rongés par le désarroi, le gouvernement
entend assigner au FDED, conjointement avec l'ADDS, un instrument capital dans
la lutte contre la pauvreté. Initier les diplômés à
l'entreprenariat va permettre de préparer la jeunesse à la
responsabilité, la gestion, l'organisation, et par ricochet,
d'élargir le marché de travail.
Page 37
En guise de conclusion, nous pouvons dire que depuis une
dizaine d'année, le microcrédit est devenu un instrument
privilégié de la lutte contre la pauvreté dans le pays du
Sud, en particulier à Djibouti.
En effet, en donnant accès à des services
financiers, le microcrédit joue un rôle important dans la lutte
contre la précarité et l'exclusion des plus démunis, par
exemple, les revenus générés par une activité non
seulement permettent à cette activité à se
développer mais ils contribuent également au revenu du
ménage en favorisant l'accès à l'éducation des
enfants, l'amélioration des habitudes alimentaires, la prise en charge
des soins de santé.
En d'autres termes, en ce début du IIIe
Millénaire, le microcrédit est perçu non seulement comme
un outil générateur de richesses mais aussi comme une
stratégie de développement durable des pays du Sud.
Peut-on affirmer que le microcrédit constitue un moyen
efficace de lutte contre la pauvreté ?
Autrement dit, il serait pertinent de saisir comment le
microcrédit devient un outil essentiel dans le combat contre la
précarité des plus démunis ?
Page 38
Troisième Partie : Etude d'Impact de
Microcrédit sur les conditions de vie des
bénéficiaires.
Pour développer cette partie, on utilisera comme
support de base l'étude d'impact du programme microcrédit sur les
clientes réalisée par la Direction des Statistiques (DISED).
En effet, cette étude a pour but de mesurer les effets
et les impacts des services offerts par les IMF dans le cadre de lutte contre
la pauvreté.
Avant d'étaler cette partie, il serait pertinent de
présenter et d'exposer la méthodologie utilisé par la
DISED pour mener à bien cette étude.
CHAPITRE I : Présentation de l'Etude.
Afin de suivre et d'évaluer les impacts des
activités menées par les bénéficiaires de
crédits dans le cadre de son programme de microfinance, conçu et
mis en place pour lutter contre la pauvreté et réduire la
fracture socio-économique entre les différentes couches sociales,
l'ADDS a décidé de mener une étude à travers une
enquête auprès d'un échantillon de plus de 400
bénéficiaires (client€s).
Le groupe de bénéficiaires couvert par
l'étude sont ceux de la CPEC ayant bénéficié des
crédits de 70.000 FD et plus (Environs 400 euros).
1. Contexte :
Les réformes économiques et sociales
engagées depuis 1996 par le Gouvernement ont certes permis au pays
d'enregistrer de grands progrès dans les domaines de l'éducation
et de la santé. Cependant force est de constater que les
bénéfices de la croissance n'ont pas toujours profité
à l'ensemble de la population du pays dont une grande partie reste dans
une situation de précarité et de pauvreté comme l'a
souligné, en janvier 2007, le Président de la République
lors du lancement de l'Initiative Nationale pour le Développement Social
(INDS), dont l'objectif majeur vise à enrayer les
phénomènes de pauvreté et d'exclusion qui frappent de
« larges franges de la population Djiboutienne et des zones
entières du territoire» 1.
La mise en oeuvre de l'INDS repose sur quatre Axes
précédemment citées (voir p. 26). Afin de traduire dans
les actes, les axes 2, 3, et 4, l'Agence Djiboutienne de Développement
Social a été créée en 2007. Issue de la fusion
entre l'ADETIP (Agence Djiboutienne d'Exécution des
1 _
Extrait du Discours de son excellence, Monsieur Ismaïl Omar
Guelleh, président de la République-9/01/2007.
Page 39
Travaux d'intérêt Public) et du FSD (Fond Social
de Développement). Ces deux structures avaient été
créées dans le cadre des programmes de lutte contre la
pauvreté.
La première, à savoir l'ADETIP, avait
été mise en place pour promouvoir les travaux
d'intérêt public à haute intensité de main d'oeuvre.
La seconde, le FSD, avait été mis en place pour promouvoir la
microfinance et la micro-entreprise au profit des couches sociales les plus
défavorisées et pour assurer la promotion socio-économique
des femmes.
Pour mener à bien sa mission l'ADDS a mis en place de
nouveau programme qui se caractérise par :
? L'ouverture des caisses d'Epargne et de Crédit. Il
s'agit de la Caisse Populaire d'Epargne et de Crédit (CPEC).
? La population cible : désormais les hommes font leur
entrée dans le circuit des prêt de la microfinance ;
? Les anciennes clientes du FSD sont intégrées dans
le nouveau programme. Il faut
rappeler que le programme de microcrédit du FSD ne
couvrait que les femmes.
Afin d'évaluer la situation actuelle des clients et
clientes de ses caisses d'épargne et de crédit (CPEC) par rapport
à l'utilisation des crédits octroyés et des
éventuels impacts sur leur environnement socio-économique, l'ADDS
a décidé de mener la présente étude
d'évaluation rapide auprès d'un échantillon de
client€s et clientes.
2. Objectifs :
La présente étude porte sur l'évaluation
de la situation socioéconomique des bénéficiaires de
crédits des Caisses d'Epargnes et de Crédits et de leur
portefeuille de prêts. Les objectifs spécifiques de l'étude
sont :
i. dresser la typologie et les caractéristiques des
activités réellement menées avec les crédits
octroyés par les caisses d'épargne et de crédit ;
ii. évaluer les potentialités d'épargne des
bénéficiaires et les éventuelles difficultés de
remboursement
Page 40
iii. évaluer l'impact global des
activités menées grâce aux crédits octroyés
sur l'emploi, le revenu et sur les conditions de vie des
bénéficiaires et de leurs ménages.
3. Présentation de l'Agence de Microfinance
:
L'agence de Microfinance s'appelle « CPEC »,
comme précédemment cités, qui est une
coopérative d'Epargne et de crédits en direction des populations
à faibles revenus.
La CPEC de Djibouti est le fruit de l'union de deux caisses
d'Epargne et de crédit à savoir CNEC
(Caisse Nationale d'Epargne et de Crédit) et
CPEC (Caisse Populaire d'Epargne et de Crédit)
dites pionnières dans notre pays en matière de micro finance.
La CPEC est une coopérative et de crédit
fonctionnant sous le principe coopératif, à savoir un
établissement ouvert à tous, c'est-à-dire une totale
liberté d'Adhésion.
Elle a pour mission d'organiser et d'offrir aux populations
urbaines et rurales des services financiers afin d'améliorer leurs
conditions de vie et de promouvoir le développement local tout en
assurant la pérennité de l'institution.
Elle consacre son action à rendre accessibles les
services financiers (disponibilité d'un compte et octroi de
crédit) aux microentreprises et essentiellement aux plus démunis
ainsi qu'à ceux écartés du système bancaire
classique tels que les ménages à faibles revenus, les femmes, les
jeunes ainsi que les chômeurs. Son action s'étend aussi aux
associations, collectifs et aux Très Petites Entreprises.
De plus, la CPEC a pour objective de favoriser
l'intégration socio-économique des plus démunis par la
création d'emploi durables.
En effet, cette agence de microfinance a débuté son
activité par : ? Epargnes
Il y'a deux types d'epargne au sein de la CPEC :
_ l'épargne à vue : Chaque membre dispose
systématiquement d'un compte d'épargne à vue dès
son adhésion. Il peut à tout moment effectuer des
opérations de dépôts et de retrait sur ce compte.
_ l'épargne à terme : L'épargne à
terme est effectuée par un membre lorsqu'il a un fonds, qu'il ne veut
utiliser pendant une période bien définie. C'est une
épargne déposée sur un compte en une seule fois et
bloquée pour une période déterminée qui se
décompte en mois. Il fait l'objet d'un contrat entre l'épargnant
et la caisse.
Page 41
Une fois qu'un client devient membre de la caisse il peut
bénéficier les différents produits de la caisse. Il peut
effectuer des dépôts à vue, ou de dépôts
à termes.
Actuellement, seule l'épargne à vue
possède des clients dont l'essentiel est constitué des
bénéficiaires de crédit.
+ Crédit
L'octroie de crédit constitue une activité
majeure pour la CPEC et ses activités ont débuté en
janvier 2009.
Les crédits octroyés aux emprunteurs ou
bénéficiaires vont de 30 000 FDJ à 500 000
FDJ1. Ils sont soumis à des conditions comprenant des taux
d'intérêts et des garanties selon les montants accordés.
Leurs durées d'emprunt qui sont aussi fonction des montants
accordés vont de 8 à 18 mois et des échéanciers de
remboursement sont établis en conformité avec ces
durées.
Deux types de crédits sont disponibles : le crédit
de groupe et le crédit individuel. Les secteurs d'activités
financés sont :
· Artisanat
· Agriculture
· Pêche / Elevage
· Activités de transformation
· Commerce
· Services
En déhors de ces secteurs d'activités, la CPEC a
prévu de mettre en place d'autre types de crédits tel que le
crédit à la consommation, le crédit scolaire, le
crédit équipement...etc.
De janvier à décembre 2009, soit en un an de
fonctionnement, la CPEC revendique 4 486 membres de caisse qui dont 3 557
femmes (79 ,3%) et 929 hommes (20,7%). Les clientes de la CPEC sont en
majorité composées des femmes, anciennes clientes du FSD.
Méthodologie:
La présente étude est faite à travers
une enquête auprès des bénéficiaires de
crédits (les emprunteurs ou les client(e€ ayant eu le temps (4 mois
au moins) de créer et gérer une activité
génératrice de revenu ou de faire une action dont ils ou elles
peuvent évaluer les effets sur leur environnement
socio-économiques et sur les conditions de vie de leurs
ménages.
1 _
|
FDJ : est le franc Djiboutiens, Taux de change 100 FDJ= 0.10
Euros.
|
|
Page 42
L'enquête a été faite par interview
directe par le biais d'un questionnaire intégrant des variables
relatives :
? aux caractéristiques individuelles des
bénéficiaires ;
? aux montants des crédits octroyés et aux
types d'activités entreprises ; aux caractéristiques des
activités génératrices de revenus créées ;
à l'évolution de l'activité, de la situation
socio-économique individuelle et des conditions de vie du ménage
;
? à l'épargne et au revenu individuel ; au
remboursement des crédits ; à la satisfaction des
bénéficiaires.
(Le teste du questionnaire se trouve en annexe.)
Échantillonnage
Pour avoir des résultats significatifs sur
l'évolution des prêts et la situation des client(e) il a
été décidé, conformément aux
résultats de l'enquête d'impact de micro crédit de 2008,
d'enquêter un échantillon de bénéficiaires ayant un
montant de prêt de 70 000 FDJ et plus et une durée de prêt
d'au moins quatre mois.
En effet, selon les résultats de l'enquête
d'impact de micro crédit de 2008, il s'avère que la plus part des
activités créées dont il est facile d'évaluer les
impacts à court terme ont bénéficié des prêts
d'un montant de 70 000 FDJ et plus. Sur ces considérations les client(e)
incluse dans le champ de l'enquête sont ceux et celles qui ont
bénéficié des crédits de 70 000 FDJ et plus.
L'échantillon de l'enquête comporte plus de 400
bénéficiaires avec des crédits en court et des
crédits clôturés.
Selon les bases de données transmises par la CPEC, le
nombre de bénéficiaires de crédits couvert par
l'enquête sous les conditions spécifiées est donné
dans le tableau qui suit.
Tableau : Effectifs de
bénéficiaires (clientes) de crédit ayant reçu des
prêts de 70.000 Fdj et plus, par sexe.
|
Masculin
|
Féminin
|
Total
|
CPEC
|
336
|
1757
|
2093
|
Total
|
336
|
1757
|
2093
|
|
Formations des enquêteurs et
superviseurs
Les agents enquêteurs et les superviseurs,
sélectionnés en fonction de leur niveau d'étude (Bac et
plus) et de leur expérience des enquêtes statistiques, ont
été formés en deux jours. La formation a été
dispensée en français puis dans les langues locales (Afar et
Somalie) avec des jeux de rôle.
Traitement et l'analyse des
données
La collecte a été assuré par plus de dix
enquêteurs/trices et quatre superviseurs, pendant une durée de
trois semaines
La saisie des données des questionnaires à
débuté juste après la collecte, et elle était
assurée par cinq agents de saisie sous le contrôle d'un
informaticien. Une double saisie a été effectuée pour
corriger les erreurs de saisie.
Les saisies et la gestion des données sont
traitées et étudier par un logiciel qui s'intitule «
SPSS ». `Statistical Package for Social
Sciences' est un logiciel spécialement conçu pour les
analyses statistiques en science sociale.
Page 43
CHAPITRE II : ANALYSES DES RESULTATS ET DE L'ETUDE.
Page 44
Profil des client(e€
? La Population de client(e) qui a fait l'objet de
l'étude est à prédominance féminine (83.5 %). Donc
cela montre que le microcrédit participe à l'amélioration
de condition de vie des clientes car grâce à l'octroie de
crédit elles arrivent à combler le manque qui existait par
rapport à son statut. En ce sens, la microfinance est un instrument de
lutte contre l'inégalité et donne l'égalité de
chance.
L'échantillon enquêté est
présenté dans le Tableau 1.
Tableau 1 :
Répartition des client(e) par sexe, et montant du dernier crédit
octroyé.
Montant du dernier crédit en FDJ
|
La CPEC (Caisse Populaire d'Epargne et de
Crédit)
|
|
Féminin
|
Total
|
70.000 Fdj
|
4
|
134
|
138
|
75.000 Fdj
|
5
|
7
|
12
|
100.000 Fdj
|
19
|
137
|
156
|
150.000 Fdj
|
1
|
2
|
3
|
200.000 Fdj
|
10
|
34
|
44
|
250.000 Fdj
|
2
|
|
2
|
300.000 Fdj
|
12
|
6
|
18
|
400.000 Fdj
|
1
|
3
|
4
|
500.000 Fdj
|
17
|
18
|
35
|
TOTAL
|
71
|
341
|
412
|
|
? L'âge moyen des client(e) est de 43,1 ans. Celui des
hommes est de 38,4 ans et celui
des femmes est de 44,0 ans.
La répartition par groupe d'âges des client(e)
représentée sur le graphique1, montre que 78,8%
des client(e) sont âgé(e) de 30 à 54 ans, alors
que les jeunes de 20 à 29 ans ne représentent que 7,8%.
Quant aux client(e) âgé(e) de 55 ans et plus, ils/elles
représentent 13,6%.
Graphique 1 : Répartition des
client(e) par groupes d'âges (en %)
25
22,5
13,8
6,5
5,8
0
15,3
1,5
6,3
10,3
20
15
10
Pourcentages (%J
5
17
1,3
[20-24] [25-29] [30-34] [35-39] [40-44] [45-49] [50-54] [55-59]
[60-64] [65-69]
Classes d'âges des client(e)s
Page 45
? 99,2% des client(e) résident les
quartiers « populaires » où sont généralement
localisées les populations à faibles revenus :
59,5% dans la Commune de Boulaos et 38,8%
dans la Commune de Balbala. Seulement 0,8%
des client(e) résident dans la commune de Ras-Dika
où vivent assez de ménages à revenus
élevés (Quartiers aisés)1.
? Les client(e) sont en majorité (71,3%)
marié(e) tandis que les veuf/ves, les célibataires et les
divorcé(e) en représentent respectivement 16,0%,
10,0% et 2,8%.
Graphique 2 : Situation Matrimonial des
client(e) en (%).
Célibataire
10%
Veuf(ve)
16%
Divorcé(e)
3%
Marié(e)
71%
En désagrégeant ces résultats par sexe,
on observe dans le tableau 2 que les proportions de mariés et
de célibataires sont plus élevées chez les hommes, tandis
que les proportions de veuves et de divorcées sont plus
élevées chez les femmes même si elles restent nettement
inférieures à la proportion de femmes mariées.
Il existe 3 communes dans Djibouti-Ville : La commune de
Balbala avec 195.906 habitants, est la plus
1 _
grande commune de la ville. Elle accueille un nombre important
de population de la ville. La seconde commune la plus peuplée avec
151.065 habitants, est la commune de Boulaos qui
accueille un nombre important de population de la classe moyenne et pauvre. Et
enfin la plus petite est la commune de Ras-Dika avec une population de
3.906 habitants, qui abrite la couche aisée et
riche.
Page 46
Tableau 2 : Répartition des client(e)
par statut matrimonial et par sexe.
Page 47
Statut
Matrimonial
|
Masculin
|
Féminin
|
|
% client(e
|
%
client(e€
|
|
Marié(e)
|
54
|
76.05%
|
238
|
69.80%
|
Divorcé(e)
|
1
|
1.40%
|
9
|
2.64%
|
Veuf/ve
|
2
|
2.80%
|
64
|
18.76%
|
Célibataire
|
14
|
19.75%
|
30
|
8.80%
|
Total
|
71
|
100%
|
341
|
100%
|
|
? 76,8% des client(e ) n'ont pas été à
l'école et ne savent pas lire, toutes langues et tous types
d'écoles confondus.
Une grande disparité existe entre les hommes et
les femmes par rapport à l'éducation : 47,0% seulement des hommes
ne savent pas lire contre 85,3% des femmes.
Les 19,7% restants des client(e ) qui savent lire se
repartissent par niveau d'étude comme suit : 8,2% pour le primaire, 7,5%
pour le collège, 3,0% pour le lycée, 1,8% pour
l'université et 2% pour les cours d'alphabétisation (Cours
d'initiation). Ce qui explique de près le programme de l'Etat dans la
lutte contre l'analphabétisme.
1. Activités
? 96,7% des client(e ) ont investi une partie
ou la totalité des prêts contractés dans des
activités génératrices de revenus (AGR).
Parmi les 3,3% restants des client(e )
61,5% ont utilisé leurs crédits dans la construction ou
l'amélioration de l'habitat ; 23,1% ont acheté des
denrées alimentaires pour la consommation du ménage et/ou ont
fait des dépenses pour les vêtements, les équipements
domestiques et la scolarisation des enfants ; 15,4% ont fait des dons
ou prêts à de tiers personnes.
Il est à noter que cette catégorie de client(e)
n'ayant pas investi dans des AGR est composée de 53,8% d'hommes et de
46,2% de femmes.
Page 48
Au sein des 96,7% des client(e) qui ont investi
dans des AGR, 84,2% ont investi la totalité des fonds
reçus dans ces activités et 15,8% en ont affecté
une partie à diverses dépenses :
- achat de denrées alimentaires pour la consommation du
ménage : 6,7%
- amélioration de l'habitat (construction,
réparation, eau, électricité) : 6,7%
- achat de vêtements et/ou équipements domestiques,
dépenses de scolarisation : 5,7% - remboursement de prêts :
0,3%.
Le schéma d'affectation des crédits reçus
par les client(e) est représenté sur le graphique 3
ci-après.
Graphique 3 : Schéma d'affection des
crédits reçus par les client(e) selon le sexe en
(%).
120
100
40
80
60
20
0
Masculin Féminin Ensemble
74,2 %
10,6
15,2
82,9 %
15,3
1,8
81,5 %
15,3
3,3
Crédits non investis dans des AGR
crédits totalement investis dans les AGR
Crédits partagés entre les AGR et autres
dépenses
AGR : Activités Génératrices de
Revenus.
Ce graphique montre qu'une proportion non négligeable des
hommes (10,6%) n'a pas directement investi dans des AGR contrairement aux
femmes où seulement 1,8% sont dans ce cas. Inversement la proportion
d'hommes (74,2%) à investir la totalité des crédits
reçus dans les AGR est moindre que celle des femmes (81,5%).
? Par rapport au sexe, il existe une corrélation quasi
parfaite (r = 0,99) entre le schéma d'affectation des crédits
reçus et le nombre d'AGR créées par les client (e€
Ceci se traduit,
Page 49
comme on peut le voir dans le tableau 3, par le constat que la
proportion de femmes (13,7%) ayant investi dans deux ou trois AGR est deux plus
grande que chez les hommes (6,8%). Une des explications à ce constat
réside dans le fait que les hommes viennent d'entrer dans le circuit de
la microfinance alors que la majorité des femmes, surtout celles de la
CPEC, sont des anciennes clientes du FDS où elles avaient
bénéficié de plus d'un cycle de prêts qui leur a
permis de créer des AGR et même de les diversifier. On peut voir
par là l'un des impacts positifs de la microfinance sur la
création et la diversification des AGR dont les effets induits peuvent
être la création des emplois, l'augmentation des revenus
personnels, l'amélioration des conditions de vie.
Tableau 3 : Répartition des client(e ayant
investi dans les AGR selon le nombre d'AGR et sexe.
Nombre d'AGR ayant
bénéficié des
crédits octroyés
|
Masculin
|
Féminin
|
Ensemble
|
|
% client(e Nombre
|
% client(e Nombre
|
%
client(e€
|
|
1
|
55
|
93,2
|
283
|
86,3
|
338
|
87,3
|
2
|
4
|
6,8
|
40
|
12,2
|
44
|
11,4
|
3
|
|
|
5
|
1,5
|
5
|
1,3
|
Total
|
59
|
100,0
|
328
|
100,0
|
387
|
100,0
|
|
AGR= Activités Génératrice de
revenus.
? Types d'AGR principales
? A l'image de l'économie
nationale1, la quasi-totalité des AGR
créés ou ayant bénéficié d'un apport des
crédits de la microfinance relève du secteur tertiaire à
99,5%. Seules 2 activités principales (de jardinage et d'artisanat) sur
387 sont hors de ce secteur.
Types d'Activités
|
Masculin
|
Féminin
|
Ensemble
|
|
1 _
En 2011, le PIB de Djibouti était composé de 4,2 %
de secteur primaire, 19,2% de secteur secondaire et 76,6% de secteur tertiaire
selon les données de la Banque Centrale de Djibouti.
Page 50
Nombr e
|
%
client(e€
Nombre
|
Nombr e
|
%
client(e€
Nombre
|
|
Charchari1 (vente
de vêtement et chaussures, parfum...etc)
|
5
|
8,5
|
152
|
46,3
|
157
|
40,6
|
Boutiques et bazar
|
20
|
33,9
|
39
|
11,9
|
59
|
15,2
|
Restaurant et gargote
|
2
|
3,4
|
30
|
9,1
|
32
|
8,3
|
Vente de beignets, galettes et gâteaux
|
4
|
6,8
|
23
|
7,0
|
27
|
7,0
|
Vente de fruits, légumes
|
1
|
1,7
|
25
|
7,6
|
26
|
6,7
|
Vente de glace, boissons et jus
|
2
|
3,4
|
18
|
5,5
|
20
|
5,2
|
Transport
|
13
|
22,0
|
2
|
0,6
|
15
|
3,9
|
Cabine téléphonique (taxi phone)
|
5
|
8,5
|
7
|
2,1
|
12
|
3,1
|
Vente de viande, poisson
|
1
|
1,7
|
5
|
1,5
|
6
|
1,6
|
Vente de portable
|
1
|
1,7
|
5
|
1,5
|
6
|
1,6
|
Vente de Khat2
|
|
|
4
|
1,2
|
4
|
1,0
|
Vente de bétail, lait, beurre
|
1
|
1,7
|
2
|
0,6
|
3
|
0,8
|
Vente de Pain, céréales et autres grains.
|
|
|
6
|
0,18
|
6
|
0,18
|
Salle de Jeux et Vidéos
|
1
|
1,7
|
2
|
0,6
|
3
|
0,8
|
Réparation et Garages
|
2
|
3,4
|
|
|
2
|
0,5
|
Vente de meuble et accessoire
|
|
|
2
|
0,6
|
2
|
0,5
|
Jardinages
|
1
|
1,7
|
|
|
1
|
0,3
|
Artisanat
|
|
|
1
|
0,3
|
1
|
0,3
|
Ventes de Fourniture scolaire et Divers.
|
|
|
1
|
0,3
|
1
|
0,3
|
Total
|
59
|
100,0
|
328
|
100,0
|
387
|
100,0
|
|
Tableau 4 : Types d'activités principales
dans lesquelles les crédits ont été investis.
1 _
charchari vient du mot Arabe qui signifie
« commerçante » qui achète et
vend.
2
_ Khat : est une espèce d'arbuste, connu pour son usage
par les populations qui en mâchent longuement les feuilles pour leur
effet stimulant et euphorisant comparable à celui de
l'amphétamine.
Page 51
? En se fondant sur les
résultats du tableau 4, on remarque que, malgré la
diversification, deux activités d'achat et de revente de produits
prédominent fortement : la vente d'effets vestimentaires (40,6%) et les
boutiques et bazars (15,2%). A elles seules, ces deux AGR représentent
plus de la moitié (55,6%) des AGR. Ensuite viennent, en proportions
relativement significatives, les activités de restauration (8,3%), les
activités de transformation alimentaire (7,0%), les activités de
revente de fruits et légumes (6,7%) et les activités de
production et de vente de glaces et boissons.
? Par ailleurs on assiste à une
catégorisation des AGR selon le genre :
? Par rapport aux femmes, les hommes investissent plus dans
le transport (22,6% contre 0,6%), les boutiques et bazars (33,9% contre 11,9%),
les cabines téléphoniques (8,5% contre 2,1%). Les
activités de réparation/garage et le jardinage reviennent
entière aux hommes ;
? Par rapport aux hommes, les femmes investissement plus dans
la revente des effets vestimentaires (46,3% contre 8,5%), la restauration (9,1%
contre 3,4%), la revente de fruit et légumes (7,6% contre 1,7%). Les
activités de revente de Khat, de céréales, de pain, de
meubles et vaisselles et les activités de coiffure reviennent aux
femmes.
? Caractéristiques des AGR
principales
? Les AGR recensées sont en
général des petites unités d'exploitation individuelle
à caractère informel1 où
travaille seul(e) le/la client(e) (55,6% des AGR) parfois aidé par les
membres de sa famille (30,2% des AGR). Pour les autres, le/la client(e) emploie
des salariés (12,1% des AGR) ou travaille avec des associée
(2,1%).
? Les hommes travaillent moins
seuls que les femmes (28,8% contre 60,4%) mais font
plus appel aux salariés que les femmes (30,5% contre
8,8%) ou à l'aide de la famille (37, 3% contre 29,0%).
? Dans tous les cas la plus grande
majorité des AGR (99,2%) sont gérées par les
client(e) eux-mêmes et se pratiquent dans ou devant la
maison (56,1%) ou au marché le plus proche (24,8%).
1 _
Ensemble d'unités produisant des biens et des services
en vue principalement de créer des emplois et des revenus pour les
personnes concernées. Ces unités, ayant un faible niveau
d'organisation, opèrent à petite échelle et de
manière spécifique, avec peu ou pas de division entre le travail
et le capital en tant que facteurs de production. Les relations de travail,
lorsqu'elles existent, sont surtout fondées sur l'emploi occasionnel,
les relations de parenté ou les relations personnelles et sociales
plutôt que sur des accords contractuels comportant des garanties en bonne
et due forme» (BIT, 1993).
Page 52
Graphique 4 : Répartition des AGR selon le
type de personnel
56%
2%
12%
30%
Client(e) aidée par sa famille Client(e) employant des
salariés client(e) avec associés client(e) travaillant seul(e
? Emploi
? En partant du postulat que chaque
crédit investit en totalité ou partiellement dans
une AGR permet de créer ou de maintenir au moins un
emploi, on peut dire que 96,7% des crédits
octroyés ont directement contribué à la création ou
au maintient de l'emploi sur le marché national du travail. Dans le
même sens, il est également important de rappeler que
malgré la proportion élevée d'auto-emploi, 12,1% des AGR
emploient des salariés.
D'autre part on notera que 70,5% des client(e€ayant
investi dans AGR ont déclaré n'avoir pas exercé d'emplois
ou d'autres activités rémunérées en dehors des AGR
ayant bénéficié des apports des crédits. Cette
situation concerne une proportion plus importante de femmes que d'hommes (75,9%
contre 40,7%).
? Remboursement des crédits
? 13,5% des client(e€ont
déclaré avoir eu des difficultés, à un moment ou
à un autre, à rembourser leurs crédits (6,1% des hommes
contre 15,0% des femmes).
Les principales raisons avancées par rapport à
ces difficultés sont : la maladie du client ou d'un membre de la
famille, le manque de rentabilité de l'AGR créée
(à mettre en rapport avec le délai de remboursement
jugé court), la pression du poids des dépenses du
ménage parfois liée au chômage des autres membres du
ménage. Certaines clientes ont évoqué des problèmes
de gestion des groupes solidaires.
Page 53
? 21,3% des client(e) ayant clôturé leurs
crédits ont évoqué les difficultés de remboursement
pour justifier l'arrêt de solliciter de nouveau crédit.
2. Impact Global des crédits et
Appréciations.
+ Impact Global
En plus de l'impact positif des crédits
octroyés sur la création de l'emploi et, donc, sur la
réduction du chômage, surtout celui des femmes (voir le
paragraphe sur l'emploi), un des paramètres causaux de la
pauvreté des ménages, les politiques de microfinance du pays sont
entrain de contribuer à améliorer considérablement
l'environnement socio-économique des bénéficiaires des
crédits et les conditions de vie de leurs ménages. En outre, ils
sont nombreux parmi les bénéficiaires à penser que leurs
activités entreprises ou soutenues par les crédits
octroyés leur ont permis de gagner en considération au sein de
leurs ménages et de s'épanouir.
? 82,3 à 91,8% des
clients c'est-à-dire la plus grande majorité, ont
déclaré que :
· Le niveau de leur activité a augmenté :
91,7% dont 92,7 des femmes et 86,4% des hommes ;
· Leur revenu personnel s'est accru : 82,3% dont 85,0%
des femmes et 68,2% des hommes ;
· Ils participent de plus en plus aux dépenses du
ménage : 91,8% dont 92,8% des femmes et 86,4% des hommes ;
· La situation de l'alimentation du ménage s'est
plus améliorée : 89,8% dont 91,3% des femmes et 81,8% des hommes
;
· Le niveau de vie général du
ménage à augmenté : 89,5% dont 89,8% des femmes et 87,9%
des hommes ; Ils se sont plus épanouis (empowerment) : 90,3%
dont 91,6% des femmes et 83,3% des hommes.
? Plus de la moitié des client(e) ont reconnu que :
Les conditions d'habitat du ménage se sont
améliorées : 54,0% dont 51,8% des femmes et 66,7% des hommes ;
· Le niveau d'acquisition des biens pour le ménage a
augmenté : 54,3% dont 51,5 % pour les femmes et 66,7 % pour hommes.
Page 54
Tableau 5 : Evolution globale de
l'activité, du revenu et des conditions de vie du ménage des
client(e€
|
En
augmenta- tion
|
N'a pas changé
|
En
diminution
|
Ne sait pas
|
Total
|
Nombre
|
Niveau d'activité
|
91,7
|
7
|
0,1
|
0,3
|
100
|
387
|
Qté de Produits/ service vendu
|
86
|
12,7
|
1,3
|
0
|
100
|
387
|
Nombre de personnes travaillant dans l'activité
|
13,4
|
86,3
|
0,3
|
0
|
100
|
387
|
Niveau des actifs
|
68
|
31,5
|
0,5
|
0
|
100
|
387
|
Niveau de trésorerie
|
69,5
|
29,2
|
1
|
0,3
|
100
|
412
|
Niveau de revenu personnel
|
82,3
|
16
|
0,8
|
1
|
100
|
412
|
Niveau de
participation dans les dépenses du ménage
|
91,8
|
7,8
|
0,3
|
0,3
|
100
|
412
|
Niveau de
l'alimentation du ménage
|
89,8
|
9,8
|
0,3
|
0,3
|
100
|
412
|
Niveau d'acq. Des biens du ménage
|
54
|
45,8
|
|
0,3
|
100
|
412
|
Conditions d'habitats
|
54,3
|
45,3
|
0,3
|
0,3
|
100
|
412
|
Niveau de vie général du ménage
|
89,5
|
10
|
0,3
|
0,3
|
100
|
412
|
Niveau de considération par les autres membres du
ménage
|
91,8
|
8
|
|
0,3
|
100
|
412
|
Niveau de
changement global personnel induit
|
90,3
|
9,3
|
0,3
|
0,3
|
100
|
412
|
|
Page 55
Graphique 5 : Impacts des crédits (en % de
client(e€
100%
40%
90%
80%
70%
60%
50%
30%
20%
10%
0%
Ne sait pas
En diminution N'a pas changer En augmentation
? Appréciations des services de
Microfinance
? Lorsque l'on a demandé aux client(e)s de citer deux
principaux éléments qu'ils/elles ont aimés dans les
services fourmis par les agences de microfinance, ils/elles ont
évoqué pour la plus part : Des facilités d'accès
aux crédits par rapport à d'autres institutions
financières,
? De la confiance dont ils/elles ont
bénéficié,
? De la transparence,
? De l'accueil et de la disponibilité du personnel
Cependant une proportion de 5,0% des client(e) ont
exprimés leur mécontentement. Ces client(e) représentent
12,2% de ceux ou celles qui ont arrêté de solliciter des
crédits.
Page 56
CHAPITRE III. Recommandation : (propositions
d'Amélioration)
Cependant, malgré ces impacts positifs de la
microfinance, les bénéficiaires des crédits, en
majorité contente, pensent que des améliorations peuvent
être apportées pour rendre le système plus efficient et
encore plus accessible. En effet, les client(e)s proposent pour une
amélioration de ces services de :
· Baisser le taux d'intérêt et le taux de
l'épargne obligatoire,
· Revoir le système de garantie pour faciliter plus
l'accès à des montants élevés
· De multiplier les centres de crédits, ou des
points de services,
· D'augmenter les délais de remboursement,
· D'augmenter les montants des prêts.
· Encourager et de soutenir la création
d'association et de coopérative.
A ces suggestions des clientes, l'analyse des résultats
recommande aux responsables des réseaux de microfinance :
i. De développer et de mettre en place des
véritables politiques de microfinance et de microentreprises en
direction des jeunes qui sont sous représentés dans la population
des bénéficiaires. Ceci encouragera l'initiative privée et
permettra de lutter efficacement contre le chômage ;
ii. De trouver des stratégies de nature à
favoriser l'épargne volontaire et ceci afin de consolider les acquis
de l'épargne obligatoire et d'amener les épargnants à ne
pas recourir systématiquement aux prêts au bout d'un certain
temps. Une des solutions peut-être de mettre en service les
épargnes à termes avec des taux rémunérateurs ;
iii. De mener des compagnes d'alphabétisation et de
formation afin de pouvoir donner aux client(e )s des outils de gestion de
leurs activités.
Page 57
Conclusion
Dans un environnement socio-économique devenu difficile
à cause de la crise économique et financière et des
conditions climatiques défavorables qui ont entrainé (i) l'exode
rural vers la ville de Djibouti qui abrite plus de 62% de la population totale
du pays, (ii) la paupérisation croissante de la population à
faible revenu et (iii) l'insécurité alimentaire pour les couches
vulnérables, les activités de la microfinance apparaissent comme
une bouée de sauvetage pour les franges de la population pauvre.
Les institutions de Micro Finance (IMF) ont pendant longtemps
joué un rôle remarquable dans le cadre de la lutte contre la
pauvreté. Elles sont considérées comme des outils de
développement de l'entreprenariat au niveau local en répondant
à des préoccupations et à des questions pour lesquelles
les institutions classiques n'apportaient pas de réponses.
A Djibouti, la Micro Finance a connu une expansion remarquable
qui se traduit par l'augmentation du nombre de structures financières et
la diversification des services et produits offerts aux populations. Elle
cherche à offrir un accès aux ressources financières
à des Populations exclues des circuits bancaires classiques aux fins
d'appuyer leurs efforts pour améliorer leurs revenus et leurs conditions
de vie.
Aujourd'hui, la microfinance, notamment le microcrédit,
contribue de façon significative à la lutte contre la
pauvreté. Son succès repose sur une méthode de
crédit efficaces, un portefeuille de bonne qualité, un conseil
administratif impliqué, des partenaires compétents, la confiance
des bailleurs internationaux tels que la FIDA, BAD, BID, PNUD.
Et, Il convient de souligner que, outre l'engouement des
populations, l'essor de la Micro Finance Découle également de
l'engagement des pouvoirs publics et des partenaires à appuyer le
Développement et la promotion de la Micro Finance
considérée comme un moyen qui contribue à la croissance
économique.
Par ailleurs, l'accent a été mis sur la
contribution de la micro finance à la lutte contre la pauvreté.
En guise de fin de conclusion, nous pouvons dire que La Microfinance apparait
bien comme un instrument essentiel du développement des activités
génératrices de revenu et de la lutte contre la pauvreté.
Mais elle ne peut à elle seule réduire les problèmes du
sous développement et de l'exclusion, donc, elle n'est pas la solution
unique au problème du développement à Djibouti.
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