DEDICACE
A vous mon père IPAN MONSHAJIMA,
ma mère MODIRI Thèrese,
mes frères IPAN MONSHAJIMA Pyra et BRACK Sedard,
mes soeurs IPAN Francine, IPAN Violette et BRACK Hermine,
auprès de qui j'ai appris la douceur, l'affection,
le savoir vivre et la générosité.
Je dédie ce travail !
REMERCIEMENTS
Au terme de notre premier cycle de philosophie, à
l'Institut de philosophie Saint-Joseph-Mukasa, nous voulons remercier toutes
les personnes de bonne volonté qui nous ont soutenu
matériellement, moralement et spirituellement.
Nous tenons à exprimer notre gratitude, la plus
profonde à Soeur NGONO AZO'O Marie Brigitte pour la direction et le
suivi attentif de ce travail. A travers elle, que tout le corps professoral de
cet Institut trouve ici notre reconnaissance car, grâce à leurs
enseignements, nous nous sentons aujourd'hui projeté dans un univers
sapientiel qui n'est accessible qu'au groupe des initiés dont nous
faisons partie avec la présentation de la présente
dissertation.
La même gratitude va à titre
spécial aux Oblats de Marie Immaculée de la province du Congo.
Nous exprimons également toute notre gratitude à
la communauté de la maison Yves-PLUMEY particulièrement aux
formateurs pour leur soutien intellectuel, spirituel et matériel ;
aux scolastiques et surtout à nos promotionnaires.
Nous tenons enfin, à dire notre sincère
reconnaissance à tous ceux et celles qui nous ont, de près ou de
loin, soutenu tout au long de ce travail en l'occurrence le père
Noël DOOLALILA et nos co-novices.
A vous qui allez lire ce travail, nous disons d'avance notre
remerciement pour votre indulgence et vos encouragements.
INTRODUCTION
Les philosophes ont depuis des siècles
réfléchi sur le problème de la connaissance de soi.
Celle-ci résulte d'une interrogation. L'homme qui veut répondre
à son destin doit constamment s'interroger sur lui-même, se
demander ce qu'il est, d'où il vient et où il va. Il n'existe pas
de réponse qui puisse le satisfaire, c'est pourquoi, à toutes les
étapes de sa vie, il se pose sans cesse le problème de son
origine, de son destin, de sa mesure d'homme, etc.
Cependant, chacun des philosophes, dans sa démarche,
introduit une nouveauté et même à la rigueur, contredit
ses prédécesseurs en rectifiant ce qui paraît être
une erreur. Ainsi, la pensée pré-kantienne, connaît deux
réponses opposées : le rationalisme et l'empirisme et celle
de René Descartes se préocupe de la correspondance entre nos
représentations (idées) et les réalités externes.
La vérité conçue comme la conformité de nos
idées avec les choses extérieures. Bref, ce débat autour
de la connaissance de soi reste actuel si bien qu'à chaque époque
s'élèvent des hommes intellectuellement armés pour en
parler.
Comme « Archimède, [...] pour tirer le
globe terrestre de sa place et le transporter en un autre lieu, ne demandait
rien qu'un point qui fût ferme et immobile »1(*), René Descartes
commencera donc sa philosophie en demandant un seul point qui soit vrai afin de
bâtir son système philosophique et en trouvant cette seule
certitude, « je pense donc je suis» dans sa
deuxième Méditations métaphysiques, il commence
sa recherche de la vérité sur la connaissance. Cette recherche
l'amènera à examiner la relation qui existe entre l'âme et
le corps et ce qu'est l'homme, qui fait l'objet de notre travail. Mieux,
pouvons-nous observer l'homme dans des conditions qui permettent de le
décrire exactement, précisément, comme le botaniste
observe une cellule vivante ou comme l'astronome observe le mouvement du
ciel ? Pouvons-nous entrevoir une méthode qui permettrait d'aborder
avec quelque chance de succès l'étude de l'homme
composé de deux substances (l'âme et le corps) comme le pense
René Descartes et y a-t-il moyen de parler en termes de l'homme par
connaissance exacte de lui-même ? Bref qu'est-ce que l'homme dans la
conception cartésienne ?
La chose peut paraître aisée à
première vue mais, à y regarder de près, la route est
hérissée d'obstacles. Ainsi, nous examinerons la conception
cartésienne de l'homme en trois chapitres. Dans le premier, il sera
question d'un regard préliminaire sur l'homme chez René
Descartes. Sans vouloir entrer dans les détails, nous retiendrons
quelques éléments susceptibles d'éclairer notre lanterne
à ce sujet. (Nous pensons à la vie et oeuvres de René
Descartes, la distinction entre l'âme et le corps, l'union de
l'âme et du corps et la connaissance de l'existence de Dieu.) Dans le
deuxième chapitre, nous tenterons de dégager la
problématique de la méthode cartésienne dans la recherche
de la certitude : le constat du désordre dans les sciences, le
doute méthodique, la vérité fondamentale du cogito et
l'existentialisme cartesien. Enfin, nous axerons le troisième chapitre
sur l'impact de la pensée cartésienne dans le domaine
scientifique : le lien entre le cogito et la révolution
scientifique, la théorie occasionaliste, l'athéisme et la
connaissance phénoménologique d'Husserl.
CHAP.I. REGARD PRELIMINAIRE SUR
L'HOMME CHEZ RENE DESCARTES
Avant de nous intéresser à notre
problématique, il sied de nous attarder d'abord sur la vie de
René DESCARTES pour mieux le situer dans son temps, savoir le
problème qui le préoccupait et par la suite, tout ce qui lui est
particulier, précisément la distinction de l'âme et du
corps, l'union de l'âme et du corps et puis la question de l'existence de
Dieu.
I.1. VIE ET OEUVRES DE RENE
DESCARTES
René DESCARTES, généralement
considéré comme le père de la philosophie moderne est
« né à la Haye, en Touraine, en
1596 »2(*).
Il est le troisième fils de M. Joachim DESCARTES, conseiller au
parlement de Rennes en Bretagne. Il « fit ses études au
collège des Jésuites de la flèche (aujourd'hui
Prytanée militaire), qui venait d'être fondé à la
demande d'Henri IV, puis étudia le droit à
Poitiers »3(*).
Cependant, parmi tout ce qu'il a étudié à
l'école, il affirme que rien n'a trouvé du crédit à
ses yeux en dehors des mathématiques où il y a de la certitude
et de l'évidence par opposition à la philosophie scolastique
où tout est discutable. « Et même dans les
mathématiques il ne voit leur utilité que dans la pratique
militaire et civile »4(*). Il faut noter qu'ici commence le doute
cartésien. Après sa licence en droit et bachelier en 1616, il
abandonnera cette carrière judiciaire en 1618 pour entreprendre des
séries de voyages. S'installant en Hollande la même année
(1618), il s'inscrit comme auditeur libre dans l'académie militaire de
Bretta.
En 1619, Descartes s'engage dans la troupe de duc Maximilien
de Brevier. Déçu encore par l'armée, il l'abandonne et
rentre à Rennes en 1622. En 1628, il repart en Hollande et rédige
les règles pour la direction de l'esprit. Dans cet ouvrage, il
affirme l'unité des sciences et indique les règles qui permettent
de bien mener la raison avec méthode. Il y établit des codes pour
bien conduire la raison et « chercher la vérité
dans les sciences ». En 1641, il écrit les
méditations métaphysiques où il affirme et soutient
la primauté du sujet dans la connaissance. C'est ici que Descartes
affirmera la distinction et l'union de l'âme et du corps. En 1951, il
écrit le Discours de la méthode suivie des
méditations métaphysiques. Et d'autres livres seront
publiés quelques années plus tard, et certains même
après sa mort.
En octobre 1649, Descartes arrive à Stockholm en
Suède auprès de Christine, la reine de la cour suédoise.
Et c'est là qu'il meurt en 1650 à l'âge de 54 ans sans
résoudre le problème de la distinction entre l'âme et le
corps comme le pense son disciple Malebranche.
I.2. DISTINCTION ENTRE L'ÂME
ET LE CORPS
Pour bien expliciter « le dualisme
méthodologique »5(*) comme disait François CHIRPS ou
démontrer qu'il y a une distinction entre l'âme et le corps,
Descartes établit cette nette distinction en consacrant sa
quatrième méditation à cet effet. Il affirme
que : « j'ai un corps auquel je suis très
étroitement conjoint ; néanmoins, pour ce que d'un
côté, j'ai une idée claire et distincte de moi-même
[...] il est certain que ce moi, c'est-à-dire mon âme par laquelle
je suis ce que je suis est entièrement et véritablement distincte
de mon corps et qu'elle peut être ou exister sans
lui »6(*).
C'est à partir d'ici que Descartes établira
cette nette distinction entre l'âme et le corps et y tirera leur union.
Et Nicolas MALEBRANCHE précisera à la suite de son maître
Descartes que : « la distinction de l'âme et du corps
est le fondement des principaux dogmes de la philosophie et entre autres de
l'immortalité de notre être »7(*).
I.2.1. LA NATURE DE L'AME
Partant de la doctrine cartésienne et
précisément au moment où Descartes a posé sa
doctrine fondamentale, le « cogito ergo sum »
« je pense donc je suis », il mit en doute ou
fait disparaître la possibilité d'avoir une âme qui anime le
corps. Cette découverte de l'ergo, comme le moi pensant qui
résulte du cogito crée la distinction entre l'âme et la
chose étendue, c'est-à-dire le corps. L'âme, selon
Descartes, est pure pensée. Il la désigne par le terme
« mens ». Par contre, chez Aristote, l'âme
et le corps sont unis. Aristote désigne l'âme par le terme
« Anime ». C'est elle qui finalise le corps et
c'est aussi elle qui fait mouvoir le corps. Elle n'est pas comme chez Descartes
pure pensée. L'âme est considérée par Aristote comme
« entéléchie première d'un corps naturel
ayant la vie en puissance »8(*). Pour Descartes, la distinction entre ce qu'il entend
par l'âme et ce qu'Aristote appelle l'âme se trouve dans la
réponse à la cinquième objection à la critique
portée à ses méditations métaphysiques :
« D'autant que peut-être les premiers
auteurs n'ont pas distingué en nous ce principe par lequel nous sommes
nourris, nous croissons et faisons sans la pensée toute autre fonction
qui nous sommes commune avec les bêtes, d'avec celui par lequel nous
pensons ; ils ont appelés l'un que l'autre de seul nom âme et
voyant peu après que la pensée était différente de
la nutrition. Ils ont appelé d'un nom esprit cette chose qui en nous a
la faculté de penser, et ont cru que c'est la principale partie de
l'âme quand il est pris conjointement pour l'un et l'autre, est
équivoque et pour le prendre précisément pour ce premier
acte ou cette forme principale par laquelle nous
pensons »9(*).
C'est à partir de là que Descartes
démontre ce qu'il appelle esprit pour créer une rupture entre une
conception de l'âme qui anime le corps et sa conception de l'âme
qui vit indépendamment du corps. Il annule aussi la conception d'une
âme nutritive ou végétative. Il le répète
dans presque tous ses livres, qu'elle n'est qu'une substance pensante et
précise que : « l'esprit est ce par quoi les actions
de la pensée sont immédiatement exercées dans l'homme et
il ne consiste précisément que dans cette faculté que
l'homme a de penser ».10(*) Et André CRESSON en parlant de Descartes dira
que selon Descartes : « psychologiquement, l'homme est
à part. Impossible de le comprendre sans lui attribuer une âme
liée à son corps, mais substantiellement indépendante de
lui »11(*)
Descartes affirme la découverte philosophique de
l'âme, c'est-à-dire l'induction de l'âme quand il dit :
« l'esprit est entièrement indivisible [...] les
facultés de vouloir, de sentir, de concevoir, etc. ne peuvent non plus
être dites proprement ces paries car c'est le même esprit qui
s'emploie tout entier à sentir, à concevoir
etc. »12(*)
il déduit l'existence de diverses fonctions par une même
unité, l'âme. Une âme qui sent, qui conçoit, qui
pense, qui veut etc. Bref tout revient à l'âme et Descartes
précisera que : « je pense, donc je suis, et je
suis essentiellement pensée, étant donné que je ne puis
concevoir que je ne pense pas, au contraire puisque je puis concevoir que je
n'ai pas de corps, ce corps n'est pas essentiellement uni à ma
pensée ou à mon âme »13(*). Et cette âme qui est
différente du corps est dans la pensée cartésienne une
chose qui doute, qui conçoit, qui affirme, qui nie, qui connait, qui
veut ou qui ne veut pas, qui imagine... Enfin, Descartes qualifie
l'âme comme une conscience, quand il pose son doute méthodique
dans le « je pense donc je suis », mettant en
écart le « je » qui pense et le
« je » qui suis. En bref, chez Descartes, la conscience et
la pensée sont le mode d'être de l'esprit et non quelque chose
d'autre qui est l'étendue ou le corps. L'esprit est une substance qui
est différente du corps. Et Descartes dira : « mon
âme par laquelle je suis ce que je suis est entièrement et
véritablement distincte de mon corps, et qu'elle peut être ou
exister sans lui »14(*).
I.2.2. LA NATURE DU CORPS
Pour prouver l'existence du corps, Descartes part de
l'expérience sensible. Il dit : « j'ai senti que
j'ai une tête, des mains, des pieds, et tous les autres membres dont est
composé ce corps que je considérais comme une partie de
moi-même »15(*). Et MALEBRANCHE à la suite de DESCARTES
dira : « le néant n'a point de
propriétés. Je pense donc je suis. Mais que suis-je, moi qui
pense, dans le temps que je pense, je suis quelque chose qui pense. Mais
voyons : un corps peut-il penser, une étendue en longueur, largeur
et profondeur peut-elle raisonner, désirer,
sentir... »16(*)
Ainsi, Descartes prouve la distinction entre le
corps et l'âme. Ce corps dans la vision cartésienne est
matériel. C'est une substance étendue et corporelle.
« Notre corps n'est qu'une machine qui fonctionne
automatiquement »17(*). Et il fait une nette distinction entre l'âme
et le corps pour montrer l'infériorité du corps par rapport
à l'âme, et il écrit: « je suppose que le
corps n'est autre chose qu'une machine ou une statue de terre que Dieu forme
express... »18(*) Et MALEBRANCHE d'ajouter :
« ...donc l'étendue est une substance qui vit et nullement
une façon ou une matière d'être. Donc l'étendue et
la matière ne sont qu'une même substance »19(*). Ainsi, DESCARTES, pour
soutenir son argument, fera allusion à l'horloge qui fonctionne
grâce à un certain mécanisme. Il exclura la position de
ceux qui pensent en occurrence Aristote qu'il faut une âme quelconque
pour que le corps soit animé Paul FOULQUIE dirait:
« C'est dans la conception des rapports de
l'âme et du corps qu'on peut faire consister la révolution
cartésienne. Tandis que l'école professait l'union substantielle
de l'âme et du corps et une collaboration étroite des deux
éléments du composé humain. Descartes creuse un abime
entre l'esprit et la matière. L'âme n'est pas incomplète
sans le corps. Elle se suffit à elle-même, se connait directement
elle-même et connait les objets matériels, y compris le corps
auquel elle éprouve »20(*).
En effet, le corps est naturellement divisible
contrairement à l'âme qui ne l'est pas. Descartes conclut ainsi
que le corps n'ajoute rien à l'existence de l'âme et l'homme est
l'association d'une machine ou matière avec une âme ou l'esprit.
Le corps n'a besoin d'aucun principe d'information, d'aucune âme, pour
subsister et une substance angélique (l'âme) n'a pas besoin non
plus du corps pour subsister ni pour s'exercer. Et dans la deuxième
partie de son traité du monde, Descartes «
décrit la génése de l'homme. L'homme est
composé d'une âme et d'un corps. On peut décrire le corps
à part, et l'âme aussi à part. Le corps existe donc, et
peut donc sibsister, à part de l'âme »21(*).
En résumé, Descartes prône une nette
distinction entre l'âme et le corps. Chacune de ces deux substances vit
indépendamment de l'autre. Mais malgré cette distinction,
l'âme et le corps forment une personne.
I.3 UNION DE L'ÂME ET DU
CORPS
Aux yeux de Descartes, la distinction de l'âme et du
corps n'exclut pas leur union car, à partir de son expérience
quotidienne, il arrive à découvrir l'union de l'âme et du
corps. Il exprime cette idée ainsi : « la nature
m'enseigne par ces sentiments de douleur, de faim, de soif, [...] que je ne
suis pas logé dans mon corps comme un pilote en son navire, mais autre
que je suis conjoint très étroitement et tellement confondu et
mêlé que je compose un seul avec lui »22(*). DESCARTES affirme que
l'âme n'est pas comme le pilote en son navire. Il voit en l'âme et
le corps une paire étroitement unie. Cette union de l'âme et du
corps se comprend dans l'expérience de la vie car, DESCARTES dira
à la Reine Christine qui ne comprenait pas cette union que :
« pour la comprendre, il faut la vivre et que rien d'autre que
la vie pourra nous l'enseigner »23(*). Et pour montrer l'importance de la doctrine de
l'union de l'âme et du corps, MALEBRANCHE opinera que : «
vous avez dans vos livres les opinions des philosophes et l'histoire de
tous les siècles, mais sans les lois de l'union de l'âme et du
corps, toute votre bibliothèque ne serait plus que du papier blanc et
noir »24(*).
Ainsi, cette union ne se conçoit pas par l'entendement
pur comme le corps, ni par l'entendement aidé par l'imagination comme le
cas de l'âme mais, par la vie de chaque instant ; il précise
à la Reine que :
« C'est en usant seulement de la vie et
conversations ordinaires et en s'abstenant de méditer et
d'étudier les choses qui exercent l'imagination, qu'on apprend à
concevoir l'union de l'âme et du
corps [...] d'où vient que ceux qui ne philosophent
jamais, et qui ne se servent que de leurs sens, ne doutent point que
l'âme ne meuve le corps et que le corps n'agisse sur l'âme ;
mais ils considèrent l'un et l'autre comme une seule chose,
c'est-à-dire, ils considèrent l'un et l'autre comme une seule
chose, c'est-à-dire ils conçoivent leur union ; car
concevoir l'union qui est entre deux choses, c'est le concevoir comme une
seule»25(*).
Cette vision cartésienne de l'union de l'âme et
du corps n'exclut pas pour autant la spécificité de chaque
substance dans leurs fonctions respectives.
I.3.1. FONCTIONS DE L'ÂME
Sur un placard écrit par un monsieur Régius,
intitulé « l'explication de l'esprit humain ou de
l'âme raisonnable » Régius commente l'oeuvre de
DESCARTES et en voulant montrer ses faillites : « l'esprit
humain est ce par quoi les actions de la pensée sont
immédiatement exercées dans l'homme. Il ne consiste
précisément que dans ces principes internes ou dans cette
faculté que l'homme a de penser »26(*). Ce résumé que
DESCARTES lui-même n'a pas hésité à confirmer,
renferme en lui la fonction de l'âme car comme nous l'avons
souligné dans le chapitre précédant, Descartes ne
définit l'âme que par la pensée. Et c'est pour cela qu'il a
donné le mot « mens » comme l'origine de ce
qu'il appelle esprit, contrairement au terme aristotélicien
« anima » qui impliquera ce qui anime le corps et
qui pense à la fois.
En outre, DESCARTES divise la pensée qui est le propre
de l'homme en deux genres : les actions qui sont la volonté, la
perception, l'imagination et les passions qui sont la joie, la tristesse,
l'amour... DESCARTES souligne comme l'a fait à sa suite son disciple
MALEBRANCHE que : « l'âme est dans tout le corps
mais elle exerce sa fonction dans la glande pinéale qui se trouve dans
le cerveau »27(*).
DESCARTES, dans son Traité sur les
passions constate encore une fois de plus que ceux qui l'ont
précédé dans ce thème ne l'ont pas creusé
à fond. Aussi, il se résout d'aller plus loin sans suivre les
mêmes voies qu'eux. C'est donc dire que DESCARTES veut innover sur le
thème des passions en commençant justement sur quelque chose de
neuf qui est le cogito sur lequel il s'appuie systématiquement.
Cependant, ayant déjà respecté les
règles du jeu comme c'est souligné dans le deuxième
article du livre les passions de l'âme il faut
d'abord, pour connaitre les passions de l'âme, distinguer ses fonctions
d'avec celles du corps. Avant d'aller plus loin, nous voulons souligner d'abord
que la distinction que fait DESCARTES entre les fonctions de l'âme et
celles du corps n'est pas fait par hasard mais, pour lever
l'équivoque introduite par des philosophes antiques surtout par Platon
à ce sujet, quand il a épousé la conception
pythagoricienne des passions engloutissant l'âme.
Démontrant que les passions sont de l'âme,
DESCARTES les définit par trois thèmes: la perception, le
sentiment et l'émotion. Les passions comme la perception font allusion
à toutes les impressions dans l'âme provenant des mouvements qui
se font dans le corps et que l'étroite alliance entre le corps et
l'âme rend confus et obscur. Pour les sentiments, ils sont reçus
en l'âme comme d'autres objets des sens extérieurs et comme des
« émotions de l'âme parce que parmi toutes sortes de
pensées qui lui arrivent rien ne l'agite autant que ces
passions »28(*).
Comme nous l'avons dit, selon DESCARTES, l'âme et le
corps étant étroitement conjoints, ce qui touche l'une touche
l'autre ; c'est cela qui lui fera dire que : « le
principal effet de toutes les passions dans les hommes est qu'elles incitent et
disposent leurs âme à vouloir les choses auxquelles elles
préparent leur corps en sorte que le sentiment de peur les incitent
à vouloir fuir... »29(*). De ceci, les passions préparent le corps
à réagir face au danger ou face à une situation nouvelle.
DESCARTES commence son analyse du réajustement du corps en distinguant
trois couples de passions précisément l'amour et la haine,
l'espoir et le désespoir, la colère et la crainte.
Il dit que :
« Face à toute nouveauté ou face
à une situation extraordinaire, il y a d'abord une admiration,
c'est-à-dire ce premier étonnement qui surgit en l'homme. Si cet
objet apparaît bon à l'esprit, s'il lui est convenable il y a
l'amour mais au cas contraire la haine. Cet objet aimé est tout de suite
désiré et à celui haï, on porte l'aversion. Quand
l'objet désiré apparait atteignable, l'espoir naît. Mais si
c'est le contraire, il y a le désespoir. Et enfin, si on a le courage
d'aborder cet objet désiré, la colère nait car c'est la
colère qui pousse l'homme à vouloir s'affirmer face au
défi. Et quand on a déjà ce qui est désiré
la joie la couronne mais s'il y a manque de courage la crainte ressort et on
fuit et la suite sera la tristesse »30(*).
Dans toutes ces passions de l'âme les mouvements du
corps sont différents. Car le corps est une substance palpable et
directe de l'homme.
I.3.2. FONCTIONS DU CORPS
Le corps, selon DESCARTES, est une substance qui situe
l'homme dans le temps et dans l'espace. Que celui-ci soit debout, assis, en
marche, c'est le corps qui est le sujet immédiat. D'où il
apparaît comme la substance visible de notre être. Mais la question
qui nous préoccupe est celle de savoir ce qui fait le propre du
corps.
A cette question, DESCARTES dira dans son livre les
passions de l'âme qu'il faut qu'il y ait d'abord une
distinction des fonctions du corps de celles de l'âme, afin d'avoir une
connaissance détaillée des passions. Il y a des règles
pour la meilleure compréhension de la distinction de la fonction du
corps et de l'âme : « tout ce que nous
expérimentons être en nous et que nous voyons aussi pouvoir
être en des corps tout à fait inanimé, ne doit être
attribué qu'à notre corps... »31(*). Il dira ensuite
que : « si Dieu crée une chose plus
semblable à l'homme que possible en le dotant de toutes les
capacités pour marcher, pour pouvoir manger, pouvoir respirer enfin
qu'elle imite nos fonctions dépendant de la matière et de la
disposition des organes mais sans âme elle se
muera »32(*). Pour expliciter cette idée DESCARTES donne un
exemple celui de l'horloge qui étant inanimé, marche.
Ainsi, dira-t-il : « si certains corps
inanimés se meuvent, le mouvement procède du coeur uniquement,
conclut Descartes »33(*). Ce mouvement du corps procède de la chaleur
qui vient du battement du coeur. C'est aussi cette chaleur qui est le principe
de tous les mouvements locaux. Aussi, la respiration est due à la
circulation du sang dans les poumons. C'est aussi le corps qui met l'âme
en relation avec le monde extérieur grâce aux sens.
Mais, la découverte du
« cogito », c'est-à-dire du moi pensant,
met en doute cette information reçue du corps grâce aux sens.
DESCARTES explique son doute ainsi : « elles [les choses] ne
sont pas entièrement telles que nous les percevons par le sens car cette
perception de sens est fort obscure et confuse en plusieurs
choses »34(*). Il affirme que toutes les choses qu'il voit sont
fausses. Il soutient son doute par le fait que :
« certains des messages qu'il reçoit par
ces sens ne sont pas vraies et que certains corps qui apparaissent d'une
certaine dimension ont souvent d'autre dimension qu'un amputé peut
souvent ressentir la douleur dans l'endroit qu'il ne possède plus au
moment où la veine qui communiquait avec ce membre est touchée et
que tout ce qu'il ressent étant éveillé, il le ressent
même endormi »35(*).
Enfin, DESCARTES ne rejette pas catégoriquement ses
sens, mais il se méfie d'accepter aveuglément ce qui se
présente à son esprit à travers les sens sans d'abord les
vérifier scrupuleusement. Il dit que Dieu lui a donné les moyens
pour connaître les choses avec certitude grâce à
l'enseignement de la nature qu'il définit comme un ensemble de tout ce
que Dieu lui a donné tel que la raison, la nature des choses physiques
et les idées innées.
I.4. CONNAISSANCE DE DIEU
Notons de prime abord que DESCARTES dans sa deuxième
certitude veut simplement affirmer l'existence d'un Dieu. Ce Dieu dont il parle
est un être infini qui crée en l'homme son idée.
« une substance infinie, éternelle, immuable,
indépendante, toute connaissante, toute-puissante, et par laquelle
moi-même et toutes les autres choses qui sont (s'il est vrai qu'il y en
ait qui existent) ont été créées et
produites »36(*). Et c'est à partir de la certitude de son
existence comme « res cogitans », qu'il va
démontrer que selon lui, sans sortir de soi, la personne est à
mesure de connaitre Dieu plus facilement qu'elle connait les choses sensibles
de ce monde:
« Je fermerai maintenant les yeux, je boucherai
mes oreilles, je détournerai tous mes sens, j'effacerai même de ma
pensée les images corporelles, ou du moins, parce qu'à peine cela
se peut-il faire, je les réputerai comme vaines et comme fausses, et
ainsi m'entretenant seulement moi-même, et considérant mon
intérieur, je tacherai de me rendre peu à peu plus connu et plus
familier à moi-même. »37(*).
La première chose que Descartes saisit, c'est son
imperfection qui lui vient du fait qu'il doute. Et il part de ce doute pour
affirmer que : « même s'il lui arrive de douter, il
est sûr qu'il doute et même s'il doute de son doute, une chose est
certaine. Et cette chose qui est certaine est que cette chose qui a la
capacité de douter, le moi pensant, l'esprit
existe »38(*). C'est dans ce sens que Descartes conçoit Dieu
comme un être infini qui existe et qui est indépendamment de
l'être fini qui est l'homme. L'homme selon Descartes, même s'il
dort, doit avoir toujours l'idée de Dieu.
Ceci dit, DESCARTES cherche l'origine de ces idées
innées. Il va les chercher dans la tradition scolastique qui affirme que
tout ce qui existe tient son existence nécessairement d'un autre. Et
cette autre a un autre ainsi de suite jusqu'à une, qui
nécessairement n'a d'autre origine qu'en elle-même. Il fait
allusion à la non régression, à l'infini
aristotélicien de la source de l'existence des choses. Descartes stipule
que ces idées innées ont nécessairement leur origine en
une idée absolue qu'il appelle Dieu. Malebranche dira que Descartes a
laissé un problème non résolu concernant la conception
anthropologique de l'homme, en précisant que: « c'est
avec une grande sagesse que l'auteur de l'union de notre âme avec le
corps a ordonné que nous sentions de la chaleur quand il arrive au corps
un changement capable de lui nuire »39(*). Ainsi, il le citera en ce
terme : « ainsi, quoique Dieu seul agisse dans les esprits,
que tous les corps soient impuissants, il a dû unir les esprits aux
corps, afin que ces deux substances puissent être l'une à l'autre
cause occasionnelle des changements qui leur arrivent »40(*).
Ainsi, le moi pensant et les idées innées ont
nécessairement leurs origines en ce Dieu défini comme une
substance infinie, éternelle, immuable, indépendante, toute
puissante et par laquelle moi-même et toutes les autres choses qui sont,
ont été créées et produites.
En résumé, c'est dans sa conception
anthropologique, que Descartes va montrer sa particularité en disant que
l'homme est l'union de l'âme et du corps. Et dans son affirmation de
l'existence de Dieu, il va démontrer que l'homme qui est un être
fini est composé de deux substances qui sont assemblées mais
distinctes. Et Roger LEFEVRE dira dans son livre la pensée
existentielle de Descartes que : « pour Descartes,
l'homme se compose de deux substances assemblées, mais essentiellement
distinctes »41(*).
Que penser après tout de la méthode
empruntée par Descartes et de son aboutissement ? Ne pensons-nous
pas que celui-ci avait comme objectif dans ses recherches la certitude de la
vérité ?
CHAP.II. METHODE CARTESIENNE DANS
LA RECHRCHE DE LA CERTITUDE
Tout commence avec un simple manifeste d'un complet
mépris du passé qui ne montre non plus de l'estime pour tout ce
que Descartes a étudié, telles que les langues et les
études historiques qu'il a eu à faire lorsqu'il était au
collège de la flèche.
« La philosophie doit avoir, en effet, un
fondement inébranlable, il faut « rejeter la terre mouvante et
le sable pour trouver le roc et l'argile », c'est-à-dire qu'il
faut rejeter tout ce qui est incertain. C'est le moment du doute radical. Les
sens peuvent quelquefois nous tromper. Les raisonnements mathématiques
eux-mêmes peuvent nous conduire à des
erreurs »42(*).
Bien qu'il se soit donné avec intérêt
à ces études, en sachant qu'il devait acquérir des
connaissances qui lui serviraient dans la vie, il constate qu'il n'a pas de
connaissance sûre et cherche une méthode capable de le guider dans
sa recherche de la vérité.
C'est ainsi, que nous partirons du constat que fait Descartes
sur le désordre dans les sciences, à l'importance du doute
méthodique qui l'amènera à la vérité
fondamentale du cogito, de l'existentialisme cartésien pour atteindre la
certitude que prône Descartes.
II.1. CONSTAT DU DESORDRE DANS
LES SCIENCES
Tout part de son affirmation dans le discours de la
Méthode où il déclare que: «
[...] tout ce qui est conçu clairement et distinctement est
vrai »43(*). Et le bon sens qui est pour lui la chose du
monde la mieux partagée remet en question et s'établit
juge pour des connaissances vulgaires comme : « la puissance
de bien juger et de distinguer le vrai d'avec le faux, [elle est] naturellement
égale chez tous les hommes »44(*), c'est dire que le bon sens
est synonyme de la raison. Et Thomas Reid cité par Christian Godin, dans
le Dictionnaire de philosophie, ajoutera le bon sens est une
« école philosophique [...] selon laquelle les
représentations communes constituent la base à la fois valide et
nécessaire de la connaissance véritable »45(*).
Mais, pour appliquer le bon sens, Descartes constate d'abord
le désordre intellectuel de son époque et veut ramener l'homme
à mettre en doute toutes les connaissances reçues. Car on ne
rencontre rien d'indubitable et de si certain qui ne peut être remis en
question et même être l'objet de controverse. Ce désordre
vient de ce que chacun des courants philosophiques cherche la
vérité par une curiosité aveugle et parfois
incertaine ou hasardeuse.
Dans la conceptualisation de la recherche, il vaut mieux
renoncer à chercher la vérité que de la tenter sans
méthode. Tout ceci poussera Descartes à faire le bilan de tout ce
qu'il a appris et à se rendre compte que la véritable
connaissance à laquelle il aspire est fondée sur la raison et non
sur l'érudition. Le résultat de ses recherches lui montre que la
plupart de nos erreurs proviennent de la prévention (persistance en nous
des choses qui nous sont inculquées depuis notre enfance) et aussi de la
précipitation ( une confiance immodérée et aveugle en la
capacité de notre réflexion qui a pour origine la paresse et la
peur d'être jugé ignorant). Mais pour s'en sortir, Descartes
utilise le doute méthodique comme le seul chemin vers la
vérité.
II.2. DOUTE METHODIQUE
Selon Louis-Marie Morfaux Jean LEFRANC, le doute est :
l' « Etat d'incertitude de l'esprit touchant la
réalité d'une chose ou d'un événement, la
validité d'un raisonnement, la vérité d'une conception,
etc., qui se traduit par la suspension du jugement »46(*). Aussi pour Descartes, le
doute méthodique sera « qualification donnée
à la méthode philosophique de Descartes [...] visant à
fonder de façon inébranlable la certitude en frappant
systématiquement de doute tout ce qui n'est pas certain d'une certitude
absolue »47(*). Le doute méthodique passe donc pour le seul
moyen d'accès à la vérité ou la seule
manière de distinguer le vrai d'avec le faux, pour voir clair dans les
actions. Ainsi, Descartes commence par rejeter les opinions fondées sur
l'autorité du fait qu'il n'a pas pu trouver une chose dite par une
personne dont le contraire ne soit soutenu par un autre. C'est ce qui
crée une incertitude au niveau de l'adoption des deux manières de
penser.
Le doute est envisagé et pratiqué en ce sens,
surtout en vertu de sa valeur méthodique, car il n'est pas autre chose
que la suspension du jugement exigée par la règle de
l'évidence qui propose : « de ne jamais recevoir
aucune chose pour vraie que je ne le connusse évidemment être
telle »48(*). Il s'agit d'éviter la précipitation.
Cependant, le doute qui a pour objet, selon Descartes,
d'éviter les erreurs ne concerne pas les moeurs, car
dit-il: « j'avais dû longtemps remarquer que, pour les
moeurs, il est besoin quelquefois de suivre des opinions qu'on sait être
fort incertaines, tout de même que si elles étaient
indubitables »49(*). En ceci, le chemin du doute est entrepris en vue de
trouver ce dont on ne peut plus douter.
Dans les Méditations Métaphysiques,
Descartes justifie le doute, en évoquant l'expérience possible
d'un malin génie qui pourrait nous tromper : « je
supposerais donc qu'il y a, non point un vrai Dieu qui est la souveraine source
de vérité, mais un certain mauvais génie non moins
rusé et trompeur que puissant qui a employé toute son industrie
à me tromper »50(*).
Le doute aux yeux de Descartes permet donc d'atteindre
l'indubitable. C'est la raison pour laquelle il est envisagé comme
exigence de certitude: « tout mon dessein ne tendait qu'à
m'assurer et à rejeter la terre mouvante et le sable pour trouver le
roc ou l'argile»51(*). Descartes passe par le doute non parce qu'il sait
d'avance que les opinions reçues sont fausses mais aussi, il les pose
comme hypothèses, car c'est ce même doute qui le libère de
fausses certitudes et apparences trompeuses. Dans le même sens, le doute
se réalisera par la résolution de tout remettre en question,
c'est-à-dire, de prendre du recul par rapport aux vieilles
connaissances à partir des fondements nouveaux. Il s'agit d'imiter ceux
qui font abattre leur maison parce que leurs fondations ne sont pas solides.
Aussi selon L. MEYNARD, le doute est à considérer comme :
« un instrument permanent de la liberté de l'esprit dans
la recherche de la vérité »52(*).
Bref, le doute cartésien prépare un chemin pour
accoutumer notre esprit à se détacher des sens. Ce doute
concernant les choses matérielles est un doute méthodique, une
ascèse comparable à l'effort du prisonnier dont parle Platon
(pour se tourner vers la lumière) dans le mythe de la caverne. Et Roger
LEFEVRE de dire : « le doute cartésien est comme la
rumination de la pensée dans une vie à la recherche de son sens.
Il ne se borne pas à remâcher les arguments des sceptiques
roulés par la tradition, ce qui le dégoûte
plutôt»53(*).
Que signifie ici la recherche du sens de la vie. Le doute
cartésien aurait-il pour objectif l'affirmation fondamentale de
l'existence du cogito ?
II.3. VERITE FONDAMENTALE
DU COGITO
A la suite de la logique du doute cartésien, Descartes
ne s'est pas limité seulement à la suspension de son
jugement ; car s'il s'était contenté de s'arrêter
là, il n'aurait pas mieux fait que les sceptiques (qui ne doutent que
pour le plaisir de douter) et les empirismes qui selon Jacques Maritain
sont : « une tendance à [...] se défier de
la raison abstraite [...] »54(*). Contre toutes ces doctrines, Descartes
précisera : « non que j'imitasse pour cela les
sceptiques, qui ne doutent que pour douter, et affectent d'être toujours
irrésolus : [...] tout mon dessein ne tendait qu'à
m'assurer, et à rejeter la terre mouvante et le sable, pour trouver le
roc ou l'argile»55(*).
Après avoir établi cette nette distinction entre
le doute méthodique et le doute des sceptiques, Descartes décide
de douter de l'existence du monde extérieur, de la réalité
corporelle qui est distincte de lui, de la valeur de sa raison et des choses
qui lui paraissent les plus claires et les plus évidentes puisque, il
est possible qu'un malin génie prenne plaisir à le tromper dans
ses jugements. C'est à ce niveau qu'il doutera de tout et affirmera
l'existence de sa pensée :
« Mais, aussitôt après, je pris
garde que pendant que je voulais ainsi penser que tout était faux, il
fallait nécessairement que moi, qui le pensais, fusse quelque chose. Et
remarquant que cette vérité : je pense, donc je suis,
était si ferme et si assurée, que toutes les plus extravagantes
suppositions des sceptiques n'étaient pas capables de l'ébranler,
je jugerai que je pouvais la recevoir, sans scrupule, pour le premier principe
de la philosophie que je cherchais »56(*)
Ainsi, ayant éprouvé le pouvoir de suspendre son
jugement, de n'être contraint par aucune idée, ayant
éprouvé la supériorité de l'esprit à juger
sur tous les contenus des savoirs particuliers de l'homme, Descartes se saisit
lui-même par intuition en tant que sujet qui pense. D'où
l'expression : « je pense, donc je
suis »57(*). Le doute nécessite donc la pensée du
sujet et de son existence comme chose qui pense.
Le cogito « désigne ordinairement la
personne humaine, en tant que sujet de sa pensée »58(*)et chez Descartes, le
cogito est le « principe premier de la philosophie qui y institue
une révolution consistant à partir de la présence de la
pensée et non comme jusque là de celle du
monde »59(*). Le cogito est donc une réflexion du sujet sur
soi. C'est de là que Descartes le pose avant l'existence de Dieu, son
existence propre et la vérité fondamentale du monde. Le cogito a
donc en quelque sorte pour caractéristique la certitude qui aide le
sujet à percevoir d'une manière claire et distincte, la liaison
entre sa pensée et son existence. Le cogito, par sa certitude, s'impose
au sujet grâce à son évidence.
II. 4. EXISTENTIALISME
CARTESIEN
La question de l'homme est au coeur du mouvement philosophique
du XVIIème siècle dont Descartes fut la figure
emblématique. C'est une philosophie qui essaie de se passer
radicalement de l'hypothèse de Dieu, et qui affirme un immanentisme
fondamental ou la supériorité de la raison.
L'existentialisme est un : « terme (qui)
rassemble toutes les « philosophies de l'existence » qui,
mettant l'accent sur l'expérience humaine vécue par les
individus, sont par là même d'une grande
diversité »60(*). Ce terme existentialisme s'applique clairement
à son inventeur, Jean Paul Sartre et à ses disciples. Il implique
une systématisation qui est paradoxale quand il s'agit de l'existence.
SARTRE utilise le vocabulaire de HUSSERL, de HEIDEGGER, mais aussi de HEGEL et
de DESCARTES pour décrire un homme qui n'a ni nature, ni essence et pour
qui, selon une formule célèbre, « l'existence
précède l'essence [...] l'homme n'est
rien d'autre que son projet, il n'existe que dans la mesure où il se
réalise, il n'est rien que l'ensemble de ses actes, rien d'autre que sa
vie »61(*).
En ceci, l'existentialisme dans sa version sartrienne, est une philosophie de
la liberté absolue sans Dieu, une philosophie de l'action et de
l'engagement, c'est-à-dire que, l'existentialisme sartrien ramène
tout à l'être humain, le rendant absolument responsable de son
sort, et l'homme qui est acculé à l'action, doit s'engager dans
son existence pour prendre en main le cours de sa vie. C'est un existentialisme
athée qui a pour point de départ la conviction que Dieu n'existe
pas. Ne peut-on pas dire que sans le vouloir la conception de l'homme chez
Descartes a quelque chose de semblable ?
L'existentialisme de Descartes commence avec son affirmation
célèbre : « je pense donc je
suis » ou le « cogito » dont Roger
LEFEVRE dira à propos que :
« Le sens de l'existence, c'est de
découvrir à la fois ce qu'elle est et ce qu'elle fait, sa nature
et sa visée. L'existentialisme proclamé, ce n'est pas son moindre
mérite que pour un être agissant, le but fait partie de la
vie : l'orientation s'incorpore à la signification. Sans doute
est-il excessif de professer que Descartes a
« révélé la pensée ». Mais son
cogito le désigne, plus rigoureusement que Socrate (dont,
commet Kierkegaard, il s'inspire), pour être le chef de
file de la pensée subjective. Explorant son «
intérieur », transportant dans sa doctrine le poids de son
intimité, il n'établit pas seulement le statut du sujet pensent,
il analyse son destin : ce que montre excellemment le lieu de la
personnalité et de la temporalité»62(*).
Chez Descartes, la promotion du sujet qui est
« je » apparaît inséparable de la
connaissance de l'objet. Et Roger LEFEVRE ajoutera: « la
pensée, c'est le sujet déterminant les objets qui conditionnent
sa conduite »63(*). Il s'agit donc chez Descartes d'un existentialisme
pur qui valorise avant tout le sujet. Cet effet, que le sujet qui est
« je » qui pense est un acte de penser qui doit
révéler la pensée en acte et la saisie existentielle. Et
Roger LEFEVRE réaffirmera que : « le sujet est
le premier principe, parce que l'expérience du doute, forcée par
le malin génie, certifie sa primauté. Mieux que toute
façon, de penser, l'acte de douter révèle la position du
sujet dans la négation de l'objet, car il relève d'un pouvoir qui
relève d'une existence »64(*). Que Descartes pour Roger LEFEVRE, prône la
primauté du sujet qui pense par rapport à l'objet qui doit
être pensé.
Mais, contrairement au matérialiste Hobbes, Descartes,
dans son existentialisme, veut prouver que : « la chose qui
pense est capable de se connaître, et qu'elle ne peut se connaître
sans se distinguer du corps »65(*). Et c'est en partant de cette conception
existentialiste que Descartes pose son anthropologie, va réajuster ou
réaffirmer que la pensée qui est le propre de l'âme est
supérieure au corps qui est simplement étendu et la vraie
connaissance est la connaissance intellectuelle et Descartes cité par
Paul FOULQUIE dira : « l'entendement seul peut donc nous
faire connaître la nature et même l'existence des choses. Il n'y a
qu'une connaissance qui donne lumière et certitude. La connaissance
intellectuelle »66(*).
Cependant, à l'inverse de l'existentialisme sartrien,
nous pouvons dire que l'existentialisme de Descartes affirme que Dieu existe
avec cette différence que l'homme mieux la raison au centre de tout,
« Cogito ergo sum ».
En résumé, dans cette partie, nous avons
essayé de montrer ce que Descartes a pu constater comme désordre
dans les sciences de son époque. Pour y arriver, il part du doute
méthodique qui est un jugement posé sur un objet ou une chose
à connaître puis, qu'il s'agit aux yeux de Descartes d'un point
de départ de la connaissance vraie. Ensuite, nous avons montré la
nette distinction qu'il y a entre le doute cartésien et le doute des
sceptiques. De cette démonstration, Descartes affirme le rôle du
cogito qui est une pensée et non seulement une simple suspension du
jugement. Cette pensée ou le cogito met tout en doute et cherche une
connaissance qui soit vraie et certaine. En plus, nous avons parlé de
l'existentialisme cartésien qui est une affirmation du cogito car dans
la pensée cartésienne tout part du cogito ergo sum qui
est une affirmation authentique du moi qui pense. Ce moi qui pense, est un
sujet concret, visible qui veut toujours affirmer son existence. C'est cela que
Descartes va apporter comme nouveauté par rapport à la
philosophie médiévale qui affirmait jusque là, la
primauté de Dieu au point que Jacques Maritain a pu dire :
« Descartes a séparé la philosophie de toute
sagesse supérieure, de tout ce qui dans l'homme vient de plus haut que
l'homme »67(*). En ceci, nous pouvons penser comme Jacques MARITAIN
que Descartes avait bien rempli le rôle d'un philosophe dans la
cité car en effet,
« le philosophe dans la cité
témoigne de la dignité suprême de la pensée, il
montre ce qui en l'homme est éternel, il stimule notre soif de pure
connaissance, de connaissance désintéressée, de
connaissance de ces réalités fondamentales-concernant la nature
des choses, la nature de l'esprit, l'homme lui-même, Dieu qui sont
au-dessus et indépendantes de tout ce que nous pouvons faire, produire
ou créer- et auxquelles toute notre activité pratique est
suspendue, parce que nous pensons avant d'agir et que rien ne peut limiter le
champs de la pensée »68(*).
En substance, c'est l'ère de la philosophie moderne.
Car c'est de ce « cogito ergo sum » ou du moi
pensant qu'on arrivera à plusieurs révolutions scientifiques.
CHAP.III. IMPACT DE LA PENSEE
CARTESIENNE DANS LE DOMAINE SCIENTIFIQUE
Le concept « Esprit scientifique » est
né du souci de rendre l'homme plus rationnel et plus libre dans le
contexte de la modernité. Bachelard à la suite de Descartes
remonte au stade vulgaire de la connaissance pour situer les moments
déterminants des insuffisances épistémologiques. Pour lui,
« la révolution scientifique qui a fait l'objet de
préoccupation au dix-neuvième siècle a fait que l'esprit
scientifique sa démarque de la connaissance du commun des mortels,
c'est-à-dire de la « Doxa », en imposant le concept de
science, comme savoir raisonné ou connaissance méthodiquement
fondée, Epistémè »69(*).
Ainsi, la visée de la philosophie et de la science est
d'atteindre la vérité. Or, il s'avère que de tous les
côtés, la pensée cartésienne a eu des failles, des
fissures et a engendré d'énormes problèmes : elle a
inspiré l'athéisme, engendré l'occasionnalisme,
provoqué réinvention de la science comme la
phénoménologie Husserlienne...
Bref, pour bien décortiquer cette influence de la
pensée cartésienne sur la science moderne, nous parlerons d'abord
du rôle du cogito à la révolution scientifique comme notion
préliminaire et ensuite de l'occasionnalisme de Nicolas MALEBRANCHE, de
l'athéisme et enfin, de la phénoménologie
husserlienne.
III.1. DU COGITO A LA REVOLUTION
SCIENTIFIQUE
Le concept « scientifique » est
issu du mot science qui est défini comme : « un
ensemble de connaissances rationnellement fondées, plus au moins
systématisées dans un domaine donné, et dont les
résultats ont une valeur universellement
reconnue »70(*) ce qui a fait dire à André COMTE
SPONVILLE qu' : « une science est un ensemble ordonné
de paradoxes testables, et d'erreurs rectifiées ».71(*) Par révolution,
nous entendons ici un changement qui renverse l'ancien système, qui peut
aussi être un renversement de perspectives.
Cependant, le XVIème et surtout le XVIIème
siècle ont presque modifié progressivement et fondamentalement
la méthode suivie par la science. Cette évolution ou,
plutôt, cette révolution allait être l'oeuvre d'une
pléiade de savants d'où émergent les noms devenus
célèbres du fait qu'ils apportent une contribution importante
voir décisive dans l'histoire des sciences: COPERNIC, GALLILEE,
KELPLER, HUYGENS, NEWTON. Toutefois, à côté de ceux-ci, il
y en a eu beaucoup d'autres qui contribuèrent à ce lent
dégagement d'une méthode vraiment scientifique.
Ainsi, notre but n'est pas de faire un historique, même
résumé de cette transformation de la science. Mais de montrer
que, le cogito de Descartes a joué un rôle important dans cette
révolution. A vrai dire, la confirmation dépend des aspects
envisagés. Car pour apprécier ou critiquer Descartes, il faut
avant tout comprendre ce qu'il voulait réaliser en montrant la grandeur
de l'homme et en prônant la supériorité de l'âme sur
le corps, bref, l'importance de la raison.
Ainsi, en voulant parler de la révolution scientifique
issue du cogito, nous voulons essayer de montrer comment le cogito
cartésien qui est traduit par « je pense »
peut primer sur la science où c'est la pensée qui crée et
affirme le réel. Cette philosophie de Descartes a installé ou
encore suscité beaucoup de réflexion à l'époque
moderne, c'est-à-dire comme beaucoup de ses contemporains
cités-plus haut, Descartes a introduit le doute et la critique dans tout
ce qui avait été pensé avant lui. Rejetant les conceptions
traditionnelles et les idées toutes faites, il voulait reconstruire
toute la science en s'appuyant sur la raison.
C'est grâce au cogito cartésien que les
découvertes se font nombreuses, à l'instar du calcul de
probabilités, proposant l'invention de machines qui sont à
l'origine des calculatrices et des ordinateurs modernes, bref, comme le dit si
bien Descartes lui-même: « le développement de la
science a permis progressivement un grand nombre d'inventions et d'applications
pratiques qui ont complètement transformé, [...]
l'humanité »72(*). En même temps nous démontrons les
progrès de la science qui a commencé par la révolution de
Descartes à partir de son discours de la méthode où il
dit : « que cela était la chose du monde la plus
importante,[...] »73(*) Car ainsi, l'homme devait devenir maître
et possesseur de la nature.
En fait, avec la pensée évolutionniste de
Descartes, la science a cru qu'elle réaliserait des merveilles.
D'où Louis de BROGLIE dira : « la grande merveille
dans le progrès de la science, c'est qu'il nous a
révélé une certaine concordance entre notre pensée
et les choses, une certaine possibilité de saisir, à l'aide des
ressources de notre intelligence et des règles de notre raison, les
relations profondes existant entre les
phénomènes »74(*).
En conclusion, nous avons vu en bref, comment la science et
ses découvertes ont été révolutionnées
grâce à la révolution apportée par Descartes par son
affirmation du cogito. L'homme est devenu maître de la nature qu'il
domine de plus en plus, la preuve en est les découvertes citées
plus haut.
En outre, Descartes avait le désir d'établir des
théories générales ; il voulait embrasser toutes les
connaissances et avait l'ambition de tout reconstruire. Mais, il n'y parvient
pas du fait que l'expérimentation était à peine
née. Toutefois, le grand mérite de Descartes est d'avoir eu le
courage intellectuel de repenser tous les problèmes et, dans cet effort
vers la connaissance, d'avoir affirmé l'importance d'une méthode
et d'un sujet pensant. D'autres, après lui modifieront cette vision, en
y introduisant ce qui lui manquait : l'expérimentation. Dès
lors chacun prenaît sa direction dans la recherche, ce qui nous
amène à parler de la vision occasionnaliste de Nicolas
MALEBRANCHE.
III.2. THEORIE
OCCASIONALISTE
A en croire Christian GODIN, l'occasionnalisme est une
« doctrine des causes occasionnelles défendue par
Malebranche (1638-1715) et des disciples de Descartes comme G. de Cordemoy
(1628-1684) et A. Geulincx (1624-1669). Elle soutient que Dieu est la seule
cause réelle de tous les événements qui affectent la
nature et l'existence humaine »75(*). Mais, l'occasionnalisme dont il est question ici est
celle de Malebranche, qui tire son origine dans cette affirmation très
religieuse de Descartes, quand il dit : « je conçois
un Dieu souverain, éternel, infini, immuable, tout connaissant,
tout-puissant, et créateur que universel de toutes les choses qui sont
hors de lui, celle-là, dis-je, a certainement en soi plus de
réalité objective que celles par qui les substances finies me
sont représentées »76(*).
Mais dans la pensée malebranchienne, l'occasionnalisme
est une doctrine qui opine que : « Dieu seul est une cause
véritable, et que les êtres créés ne sont que des
causes occasionnelles, c'est-à-dire que ce système attribue
à Dieu seul la puissance d'agir et ne regarde la créature comme
une occasion dont Dieu se sert pour produire tous les effets que nous admirons
dans le monde »77(*). Dans son livre Lumière et mouvement de
l'esprit, Malebranche stipule « [...] qu'il est absolument
nécessaire que Dieu ait en lui-même les idées de tous les
êtres qu'il a créés, puisque autrement il n'aurait pas pu
les produire, et qu'ainsi il voit tous ces êtres considérant les
perfections qu'il renferme auxquelles ils ont rapport »78(*). Et il ajoute :
« Dieu a dû établir en nous les causes
occasionnelles de nos connaissances pour bien des raisons dont la principale
est, que sans cela nous n'eussions pas été les maîtres de
nos volontés. Car, comme nos volontés doivent être
éclairées pour être excitées, s'il n'était
nullement en notre puissance de penser, il n'y serait pas de vouloir. Nous ne
serions donc point libres d'une parfaite liberté, ni par
conséquent en état de mériter les vrais biens pour
lesquels nous sommes faits »79(*).
C'est en reprenant le problème posé par
Descartes que Malebranche essaiera de le résoudre à sa
manière comme une philosophie qui prend sa source, défend et
affirme obligatoirement l'existence de Dieu.
Toutefois, il renonce de l'expliquer biologiquement et
déplace le problème au niveau métaphysique en faisant
intervenir Dieu. Dans la recherche de la vérité, il
explique les mouvements physiques par l'intervention de Dieu, alors même
que nous croyons décider de nos faits et gestes.
Selon Malebranche, en vertu de ce système des causes
occasionnelles ou occasionnalisme, le corps et l'âme sont deux substances
complètes et indépendantes qui ne peuvent rien l'une sur
l'autre : leur union se fait en et par Dieu. Le corps n'est que l'occasion
pour Dieu d'agir en nous et de réaliser ainsi sa providence. Le corps
n'est donc pas la cause occasionnelle de l'action divine sur la terre. Il
continue cette démonstration de l'occasionnalisme en établissant
une nette distinction entre la foi et l'intelligence : « la
foi est un don de Dieu qui ne se mérite point : mais l'intelligence
ne se donne ordinairement qu'aux mérites. La foi est pure grâce en
tous sens : mais l'intelligence de la vérité est tellement
grâce, qu'il faut la mériter par le travail ou la
coopération à la grâce »80(*). Et Louis DIMIER dira dans
l'avant propos des oeuvres choisies de Descartes
que : « Don Robert, enseigne fort
témérairement une théorie de l'Eucharistie que Descartes
n'avait fait que proposer, et qu'il tira des lettres communiquées. Enfin
avec ses causes occasionnelles, sa vision en Dieu, Malebranche mit en paradoxe
tout le système »81(*).
En résumé, l'occasionnalisme dont nous venons de
parler est une affirmation très religieuse de la pensée
cartésienne reprise par Malebranche. Ce dernier, prêtre de
l'oratoire et disciple de Descartes, a compris la tendance très
religieuse de la pensée de son maître. C'est une vision qui
attribue tout à Dieu et l'homme qui est créé par Dieu
devient un sujet dirigé et commandé par l'être infini. Une
telle position bien entendu est contestée par les athées. Aussi
n'y a-t-il pas lieu de penser l'athéisme s'enracine également
dans « le cogito ergo sum » du fait que Descartes
a mis l'homme au centre de toute sa pensée ? Autrement dit
« Je pense donc je suis » n'est-il pas une
façon de nier indirectement voire discrètement l'existence de
Dieu ?
III. 3. ATHEISME
« L'homme relève [...]
entièrement, dans ses actes et ses pensées, dans sa vie et sa
survie, de cette cause incomparable. [...] d'une manière originale, qui
le sépare des autres choses. Créature privilégiée,
dotée d'une faculté de connaître et d'une faculté de
vouloir, (...) par sa volonté d'autre part, il est apte à
décider du sens de son existence, en ressentant le mérite
proportionnel à son choix (...) elle a le double pouvoir de dire le oui
ou le non, d'adhérer ou de renoncer, de servir Dieu ou de le
trahir »82(*).
C'est de cette liberté dont l'athéisme aura son
ampleur, un athéisme formé de deux mots grecs : du (a),
particule négative et du substantif (théos) dieu. Finalement
« le a privatif, ici dit l'essentiel : être
athée, c'est être sans dieu (a-théos), soit parce qu'on ne
croit en aucun, soit parce qu'on affirme l'inexistence de
tous »83(*), c'est dire que l'athéisme est la
théorie de ceux qui ne reconnaissent pas l'existence d'un dieu
quelconque, d'un être supérieur à la nature humaine, d'une
intelligence réglant les mouvements de l'univers et intervenant dans les
affaires des hommes.
Selon les athées, il n'y a pas de dieu, car il est
impossible de prouver son existence. Les athées ne nient pas Dieu parce
qu'ils ne peuvent nier ce dont ils n'ont aucune conception et dont la
conception chez les chrétiens est si imparfaite, qu'ils sont incapables
de définir ce qu'ils entendent par Dieu.
Mais alors, quelles peuvent être les
conséquences d'une telle pensée dans laquelle règne une
séparation radicale entre Dieu et l'homme ? Il y a, à
première vue, un refus catégorique de la transcendance comme dans
l'athéisme marxiste. L'athéisme de Marx se fonde sur le postulat
de refus de la transcendance pour une affirmation de la seule immanence. Mais,
il faut du dire, cet athéisme théorique que nous pouvons
constater chez Marx n'est que sa première attitude qui correspond
à l'antithèse. Maintenant nous pouvons passer à sa seconde
attitude. Cette dernière est l'athéisme positif de Marx, qui
constitue à l'instar des autres philosophes son fait singulier et
distinctif. Nier Dieu théoriquement pour Marx, n'est plus
nécessaire pour que l'homme puisse se retrouver. Cet athéisme ne
vaut plus la peine d'être appelé athéisme parce
qu'effectivement dépassé.
« En effet, l'athéisme comme
négation de cette inessentialité n'a plus de sens car
l'athéisme est une négation de Dieu et pose par cette
négation l'existence de l'homme : mais le socialisme comme
socialisme n'a plus besoin d'une telle négation ; il part de la
science théoriquement et pratiquement sensible de l'homme et de la
nature comme de l'essence. Il est la conscience de soi de l'homme positive et
non plus médiatisée par la suppression de la religion de l'homme
qui n'a plus besoin de la médiation par la suppression de la
propriété privée par le communisme »84(*).
J.Y. CALVEZ, paraphrase la même idée quant il
écrit :
« La dernière attitude du marxisme
concernant la religion diffère très profondément de la
première qui n'était qu'une abstraction où du moins
resterait une dénonciation abstraite si la praxis ne venait pas la
justifier. La critique n'a de valeur que parce qu'elle est orientée vers
la transformation des conditions réelles de l'aliénation. Ici
l'athéisme n'est plus négateur, il est un résultat, il est
l'envers de l'instauration positive de l'homme, il est l'envers de
l'humanisme »85(*).
Que retenir de ce bref parcours ?
Descartes, après avoir découvert le cogito,
cherche à prôner l'existence de Dieu qui est pour lui le point
final pour l'athéisme. Mais, bien que son souci soit d'arriver à
affirmer l'existence de Dieu, il pose la première pierre qui est le
cogito. Le cogito nie explicitement et implicitement même l'existence de
Dieu. Dans son doute hyperbolique qui a enfin tout enterré et dans sa
sixième méditation, il dit ceci : « le Dieu de
Descartes est le garant de la certitude de notre
sensation »86(*). En ceci, le Dieu dont parle Descartes est un Dieu
conditionné puisqu'il a démontré son existence à
partir de l'immanence du cogito qui est sa pensée.
Comment alors faire ressortir clairement cet athéisme
issu du cogito ? Si nous acceptons avec Descartes que le
« cogito ergo sum » tel qu'il est, met, l'homme
au centre comme nous avons dit plus haut, nous pouvons par la suite
déduire que « je pense donc je suis »,
c'est-à-dire je suis un être dont la substance ou son être
est la pensée et si tel est le cas, je suis donc tel que je me pense,
alors, puisque je me pense, je pense aussi d'autres existants, je me
crée par ma pensée et si le monde existe, je le crée tel
qu'il existe et tel que je le pense et par la suite même Dieu s'il
existe ; c'est grâce à ma pensée et il existe tel que
je le pense. Bref, c'est ma pensée, le cogito, qui crée tout ce
qui existe sans exception. Néanmoins, en poursuivant cette
déduction, nous pouvons constater que si l'homme qui cogite, pense
à l'inexistence de Dieu, il n'a pas tort car par sa pensée, il
crée tout et rien n'existera en dehors de lui. Il pourrait donc
facilement nier l'existence d'un être transcendant qui est au dessus de
lui et qui crée les êtres inférieurs à lui.
A la suite de cet athéisme issu du cogito
cartésien, débouchera l'existentialisme de Jean Paul SARTRE
où il affirmera la préséance de l'existence sur
l'essence. Il définit sa pensée existentielle de la sorte :
une « doctrine qui rend la vie humaine possible et qui, par
ailleurs, déclare que toute vérité et toute action
impliquent un milieu et une subjectivité
humaine »87(*). Cette conception sartrienne (l'existence
précède l'essence), montre que l'homme existe d'abord et se
définit après, à travers ses actions. Ainsi, le fait de
poser l'existence avant l'essence suppose déjà une
négation de Dieu en tant qu'essence absolue. Le fait de mettre
l'existence avant l'essence pose un problème ontologique grave pour
affirmer l'existence de Dieu. Et nous pouvons dire que c'est le cogito sartrien
qui a eu sa source du cogito cartésien et ne serait que le cogito
cartésien poussé à l'extrême, c'est-à-dire
l'homme se détermine lui-même dans le monde et par rien d'autre
que par ses actions ou ses actes. Nous pouvons donc conclure avec Sartre qu'il
n'existe point de Dieu qui nous aurait attribué par avance une nature
d'homme.
Par ailleurs, nous pouvons constater que cet athéisme
issu du cogito cartésien a pris un autre élan chez Karl MARX.
Chez celui-ci, il s'agit de « l'athéisme humaniste,
c'est-à-dire l'athéisme qui consiste à mettre l'homme
à la place de Dieu... »88(*) Et il croit que l'aliénation est une sorte de
dépourvue de son essence : « pour lutter efficacement
contre l'illusion religieuse, il faut faire disparaître un état de
choses qui amène l'homme à s'éprouver comme
aliéné »89(*). Puisque pour Marx, l'homme doit s'affirmer dans le
monde par ses moyens, il doit matérialiser ses pensées,
c'est-à-dire la science pratique ou la philosophie pratique. En outre,
l'homme n'a plus besoin d'un créateur puisqu'il explique les
phénomènes de la nature au moyen de la science :
« la science moderne est destructrice de la mentalité
contemplative et la remplace par une attitude d'explication
conquérante »90(*). L'homme moderne croit à la toute
puissance de la science et nie consciemment l'existence d'un Dieu
créateur en pensant que c'est lui qui crée tout même le
type de Dieu qu'il veut lui-même. Henri ARVON d'affirmer :
« le savoir scientifique apparaît comme le seul savoir
authentique. Chaque nouvelle conquête scientifique se traduit par un
recul des croyances religieuses qu'on considère de plus en plus comme un
legs encombrant des âges superstitieux »91(*) et Jean LACROIX
précisera que :
« L'homme moderne a souvent le sentiment que par
la science et la technique unies, il peut en quelque sorte ajouter à la
nature, c'est-à-dire collaborer d'une certaine manière à
son évolution et à sa genèse, transformer si l'on peut
dire l'histoire naturelle en une histoire humaine. Et il plaint ceux qui ont
peur et refusent de prendre en main le destin du monde et la destinée de
l'homme »92(*)
La praxis que prône Marx aboutit à l'impasse
comme cet athéisme dit marxiste. Si nous remontons, c'est
évidemment par rapport à l'aliénation de l'homme à
la nature que Marx sité par Henri ARVON dira :
« l'athéisme, qui se contente de nier Dieu, apparaît
comme un stade dépassé ; ce dont il s'agit à
présent, c'est d'assurer le règne de l'homme
divinisé »93(*). Et Marx cité par Jean LACROIX dira
que : « l'homme ne peut se satisfaire que dans la
transformation effective du monde il n'y a pas pour lui d'autre plan que celui
de la praxis »94(*).
De tout ceci, nous pouvons affirmer avec Jean LACROIX
que : « l'athéisme en effet est définitivement
fondé chez Marx sur sa conception du travail. C'est parce que l'homme se
fait lui-même humain dans sa lutte contre la nature qu'il ne saurait
être fait par un autre, par un Dieu »95(*).
Bref, nous pouvons dire que l'athéisme issu du cogito
est remarquable chez Karl MARX au niveau où l'homme par sa pensée
qu'il prône comme absolue et par sa conception du travail, arrive
à écarter tout ce qui le transcende et devient lui-même
transcendant des transcendants, le cogito, la suprême
réalité de tout ce qui existe. Le vrai Dieu ayant
été effacé dans la pensée, l'homme devient le
maître de tout et il veut tout changer. Ceci nous mène dans
l'influence du cogito sur la connaissance phénoménologique chez
Husserl.
III.4. CONNAISSANCE
PHENOMENOLOGIQUE (Husserl)
Husserl constate que le monde philosophique de son
temps est menacé par une crise. C'est la crise de l'essence des choses.
C'est dans cette perspective culturelle ou cette influence du cogito cartesien
qu'il veut ressusciter la philosophie, ou cherche à ce que les sciences
comme telles jouent vraiment leur rôle. D'où il
écrit ; « ... si nous partons de ces plaintes que
suscitent généralement la crise de notre culture et du rôle
qu'on impute à la science dans cette crise, verrons-nous alors
apparaître des motifs suffisants pour soumettre la scientificité
de toutes les sciences à une critique sérieuse et tout à
fait nécessaire »96(*). Les sciences dont il est question sont des sciences
que Husserl appelle des sciences de simples faits. En effet, le psychologisme
qui prévalait à cette époque se voulait une simple
réduction de la logique à un processus psychique naturel et le
naturalisme avait l'ambition de prendre la conscience comme matière tout
court. De cette façon la science s'opposait au subjectivisme et
était tout à fait objective. La question centrale était
celle du comment faire et non plus celle du pourquoi, propre à la
démarche philosophique.
La philosophie devient, une science constatative qui n'a rien
avoir avec le sujet pensant comme tel ni l'essence des choses. Husserl posait
alors cette question : « [...] est-il possible que
le monde et, l'être humain en lui, aient véritablement un sens si
les sciences ne laissent valoir comme vrai que ce qui est constatable dans une
objectivité ? »97(*). Suite à ce constat, Husserl introduisit pour
la seconde fois la phénoménologie dans la philosophie. Car les
sciences positives ou le positivisme qui prévalaient à son temps
ne sont que des sciences de constat et cette tendance avait contaminé
même les philosophes. D'où Husserl, appelle les philosophes
à cesser d'opiner mais rentrer aux choses elles-mêmes, à
leur essence.
Qu'est-ce-que alors la phénoménologie ?
Comment procède-t-elle pour connaitre ?
A en croire Lalande, la phénoménologie
« est une science qui vise à expliquer les conditions de
fonctionnement de modalités, d'intentionnalité qui sont : la
perception, l'imagination et la signification reliées selon l'ordre
d'une fondation transcendantale »98(*). Cette science s'étend
sur deux niveaux d'abord, l'apparence constituée des donnés
qui tirent leur origine de ce qu'ils sont pour moi et leur évidence de
mes vécus. De cela, on peut dire que ces vécus sont les choses
possédées par la conscience. « Toute conscience est
toujours conscience de quelque chose »99(*) dit Husserl cité par
Roger VERNEAUX. De cette manière, la conscience chez Husserl est une
conscience intentionnelle. Au deuxième niveau, il y a des objets de
connaissance qui sont de l'ordre transcendantal et qui sont au-delà des
actes à travers lesquels ils sont visés.
La procédure phénoménologique passe
donc par la saisie des formes intuitives des choses, leur essence, c'est la
donation de ce qui se donne. L'intention comme telle se caractérise par
l'indubitalité qui est justifiée par ce que Husserl appelle
suspension de thèse ou l'intentionnalité transcendantale,
réduction phénoménologique.
La réduction phénoménologique est donc
une mise entre parenthèse du monde. De cette façon, pour Husserl,
la réalité est une évidence qui n'est ni en moi, ni
indépendante de moi. C'est une adéquation entre une visée
et un vu. Nous sommes dans l'idéalisme et Roger VERNEAU est d'accord que
la phénoménologie Husserlienne est essentiellement une
égologie. Selon Christian Godin ce « concept
phénoménologie renvoie au discours philosophique sur l'ego ou le
prend pour origine de sens »100(*). C'est en quelque sorte l'influence du cogito
cartésien qui ramène tout sur un « je ».
Mais, Cette réduction n'est pas à confondre avec le doute
méthodique de René Descartes, bien que la pensée
Husserlienne soit une reprise de l'idéalisme cartésien. Roger
VERNEAUX écrit d'ailleurs: « la réduction
phénoménologique de Husserl est évidemment toute proche du
doute méthodique de René Descartes, car elle suspend toute
connaissance. Elle s'en distingue cependant en ce qu'elle est plus radicale,
d'abord, et ensuite en ce qu'elle ne fait pas disparaitre de la connaissance ce
qu'elle met entre parenthèse »101(*). Dire que le cogito ou le
doute méthodique de Descartes met et rejette toutes les connaissances
acquises avant. Par contre, chez Husserl, le doute est radical sans toutefois
faire disparaître toute la connaissance. D'où sa phrase
célèbre comme nous avons dit plus haut : « la
conscience est toujours conscience de quelque chose ».
Toutefois, la conscience chez Husserl est close, elle n'est
pas comme chez René Descartes où avant même le
« cogito », il y a Dieu comme garant de
vérité des idées innées ou idée de l'Infini.
C'est un « cogito » qui a son
« cogitatum ».
CONCLUSION GENERALE
Signalons au terme de ce travail que nous avons tenté
d'expliquer la conception cartésienne de l'homme en trois chapitres.
Dans un premier moment, nous avons présenté les notions
préliminaires sur l'homme chez René Descartes : vie et
oeuvres de René Descartes, la distinction entre l'âme et le corps,
l'union de l'âme et du corps et la connaissance de l'existence de Dieu.
Ainsi, nous avons en substance étudié l'homme selon Descartes,
comme un être qui est composé de deux substances qui sont unies
mais vivent distinctement. En outre, Descartes conçoit l'âme comme
la substance pure sur laquelle l'homme se connait. Le corps est une
étendue en longueur et en largeur.
Dans un deuxième moment, nous avons tenté de
dégager la problématique de la méthode cartésienne
dans la recherche de la certitude : le constat du désordre dans les
sciences, le doute méthodique, la vérité fondamentale du
cogito et l'existentialisme cartésien. Il s'agissait pour nous, dans ce
chapitre de montrer ce qui a poussé Descartes à mettre en doute
toutes les connaissances acquises. Puis, nous avons dit avec Descartes
que c'est par le doute méthodique que l'homme va atteindre la
vérité. C'est le « cogito ergo sum »
qui est un homme qui se connait par son âme, qui se pose la question sur
son origine, son existence, sa fin et le doute comme le moyen d'arriver
à la certitude. Ce doute de Descartes est différent de celui des
sceptiques qui doutent pour douter. Le doute de Descartes est
méthodique, c'est-à-dire une recherche vers la
vérité qui doit être affirmée par le cogito. C'est
l'ère de la philosophie moderne qui met la pensée au centre de
tout.
Enfin, nous avons montré dans cette dernière
partie, l'impact de la pensée cartésienne dans le monde
scientifique, c'est-à-dire le fruit de la pensée
cartésienne dans le monde d'aujourd'hui : le lien entre le cogito
et la révolution scientifique, la théorie occasionnaliste,
l'athéisme et la connaissance phénoménologique de
Husserl.
Cependant, Descartes ou la pensée cartésienne ne
voulant pas démontrer la supériorité de l'homme sur Dieu a
eu beaucoup de répercutions dans le monde actuel. C'est la raison pour
laquelle Descartes reste l'interlocuteur privilégié de toute la
pensée moderne, c'est-à-dire pour les uns, cette pensée
cartésienne interprétée dans un sens religieux a
engendré la théorie de l'occasionnalisme donc Malebranche en est
le maître, qui ramène tout à Dieu. Pour les autres, elle a
provoqué l'athéisme du fait que Descartes a mis l'homme au centre
de l'univers avec son affirmation célèbre :
« je pense donc je suis ». Et pour les autres
encore, elle a donné naissance à la réinvention de
plusieurs sciences comme la phénoménologie Husserlienne.
Mais de tout ceci, Descartes n'avait pas l'intention
d'inventer l'athéisme. Son souci était d'affirmer l'existence de
Dieu et d'étudier l'homme par son âme comme un être qui
pense, qui agit, qui se connaît, etc. Mais par cette affirmation du
cogito, les philosophes post-Descartes ont pu montrer l'influence du cogito
sur les sciences modernes.
Au-delà de cette influence cartésienne sur les
sciences moderne, nous pouvons ajouter que Descartes étant le
père de l'idéalisme, a semé aussi des germes de
l'idéalisme que nous pouvons ramener à trois points : d'une
part, par un doute méthodique, il a récusé toutes
les certitudes qu'il fonde sur les données des sens et va jusqu'à
douter de l'existence du monde extérieur. D'autre part, en reculant
toujours plus, il est arrivé à un niveau où il
était alors obligé de reconnaître que la pensée
était la seule réalité qui fut introduite par l'esprit
d'une façon immédiate et irréfutable. Ce fût la
découverte du cogito comme principe de la philosophie et première
certitude. Enfin, les idées innées que Descartes reconnaît
dans tout esprit humain, sont dans l'homme comme les tables,
c'est-à-dire les objets même de la connaissance.
En allant au déluge, la conception cartésienne
conçoit l'homme comme un être qui est constitué de deux
substances (âme et corps). C'est par l'âme que l'homme peut se
connaître, se poser des questions sur son origine, son existence et sa
fin. La connaissance intellectuelle est la vraie et la meilleure connaissance
de soi, la seule possible dans cette pensée dont Descartes est le
père. Bref, l'homme est âme et corps : l'âme comme la
partie supérieure qui relie l'homme à Dieu et le corps comme sa
partie visible. C'est une révolution cartésienne par rapport
à la pensée aristotélicienne qui affirme que l'homme est
l'ensemble de l'âme et du corps. Aucune substance parmi les deux ne peut
vivre seule.
Enfin de compte, ne pouvons-nous pas estimer que Descartes est
un élève infidèle qui a trahi la pensée de son
maître Aristote ?
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
I.
OUVRAGES DE RENE DESCARTES
& Descartes
René, Discours de la méthode, pour bien conduire sa raison
et chercher la vérité dans les sciences, Ed.Flammarion,
France, 1965, 93p.
& DESCARTES René,
Discours de la méthode suivie des méditations
métaphysiques, Ed. Montaigne, Paris, 1951, 248p.
& DESCARTES
René, Méditations de prima philosophia, méditation
métaphysique, Ed librairie philosophique J. Vrin, Paris,
1966, 87p.
& DESCARTES René,
Discours de la Méthode, Ed. Fernard Nathan, Paris, 1981,
110p.
& DESCARTES René, La
description du corps humain, In oeuvre de Descartes, J.Vrin, Paris,
T. VI, 1967, 359p.
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les passions de l'âme, Ed. J.Vrin, Paris, 1964, 120p.
&DESCARTES René,
Lettres, Lettres à Elizabeth, 28jiun 1643, P.U.F,
Paris, 1964,233p.
& DESCARTES René,
Méditations Métaphysique, Ed. Nathan, Paris, 1983,
128p.
& DESCARTES René,
Méditations métaphysiques, Ed. Printed, France,
1950, 100P.
& Descartes René,
OEuvres choisies de Descartes, Tome premier Metaphysique et
physique, Ed. Gernier frères, Paris, 1950, 274P.
II.
ARTICLE SUR RENE DESCARTES
v Thomas J, une journée de Descartes
III.
OUVRAGE SUR RENE DESCARTES
CRESSON André, Descartes sa vie, son oeuvre
avec un exposé de sa philosophie, Ed. Dépôt
légal, France, 1942, 141p.
Geneviève RODIS-LEWIS, Descartes, lettres
à Regius et Remarques sur l'explication de l'esprit Humain,
Ed. J. Vrin, Paris, 1959, 194p.
MEYNARD. L, Descartes, Discours de la
Méthode, texte et commentaire en regard, (Coll.
Philosophique), Ed. Foucher, Paris, 86p.
IV.
AUTRES OUVRAGES
Aristote, De l'âme, Ed. J. Vrin, Paris, 1959,
238p.
ARVON Henri, L'athéisme, Ed. PUF, France, 1967,126p.
CHIRPAS François, Le corps, Ed. PUF,
Paris, 1969, 128p.
EDMUND GUSTAV ALBRECHT HUSSERL, La crise des
sciences européennes et la phénoménologique
transcendantale, Trad. Gérard Grand, Ed. Gallimard, Paris,
1976, 580P.
FOULQUIE Paul, Le problème de la
connaissance, Ed. De l'école, Paris, 1964, 127p.
LACROIX Jean, Le sens de l'athéisme
moderne, Ed Casterman, Belgique, 1958, 163p.
LEFEVRE Roger, La pensée existentielle de
Descartes, Ed. Bordas, France, 1965, 172p.
BROGLIE Louis de, physique et microphysique, Ed. Albin
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MALEBRANCHE Nicolas, Entretien sur la
métaphysique et sur la religion suivis des entretiens sur la
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MALEBRANCHE Nicolas, Entretiens sur la
métaphysique et sur la religion suivis des entretiens sur la
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MALEBRANCHE Nicolas, Lumière et mouvement
de l'esprit, Ed. P.U.F, Paris, 1962, 252p.
MARITAIN Jacques, Le philosophes dans la
cité, Ed. Alsatia, Paris, 1960, 204p.
SARTES Jean Paul, L'existentialisme est un
humanisme, Ed. Negel, Paris, 1970, 141p.
SARTRES Jean Paul, l'être et le néant,
Essai d'onthologie phénomènologique, Ed Gallimard, Paris,
1943, 479p.
STUMPF Samuel and FIESER James, Philosophy histoty
and Problèms, Ed. Mc Grillhill, New York, 944p.
TRESMONTANT Claude, le problème de
l'âme Ed. Du seuil, Paris, 1971, 219p.
VAN RIET, Georges. Epistemologie thomiste.
Ed. Bonn, Louvain, 1946, 639p.
VALLET P., Histoire de la philosophie,
Ed. Imprimerie Emile Martinet, Paris, 1881, 633p.
V.
DICTIONNAIRES ET ENCYCLOPEDIES
COMPTE, SPONVILLE André, Dictionnaire
philosophique, Paris, P.U.F, 2001, 646p.
FOULQUIE, Paul, Dictionnaire de la langue
philosophique, Paris, P.U.F, 1969, 778p.
GODIN, Christian Dictionnaire de philosophie, Ed.
Fayard/ édition du temps, France, 2004, 1538p.
LALANDE, André, Vocabulaire technique et
critique de la philosophie, Ed. P.U.F Paris, 1926, 1323p.
Louis-Marie MORFAUX Jean LEFRANC, Nouveau
vocabulaire de la philosophie et des sciences humaines, Ed. Armand
colin, Paris, 2005, 604p.
VI.
AUTRES ARTICLES ET REVUES
Cf. http:/book.google.fr/book-révolution
scientifique
Table des matières
DEDICACE
1
REMERCIEMENTS
2
INTRODUCTION
3
CHAP.I. REGARD PRELIMINAIRE SUR L'HOMME CHEZ RENE
DESCARTES
5
I.1. VIE ET OEUVRES DE RENE DESCARTES
5
I.2. DISTINCTION ENTRE L'ÂME ET LE CORPS
6
I.2.1. LA NATURE DE L'AME
6
I.2.2. LA NATURE DU CORPS
8
I.3 UNION DE L'ÂME ET DU CORPS
9
I.3.1. FONCTIONS DE L'ÂME
10
I.3.2. FONCTIONS DU CORPS
12
I.4. CONNAISSANCE DE DIEU
14
CHAP.II. METHODE CARTESIENNE DANS LA RECHRCHE DE LA
CERTITUDE
16
II.1. CONSTAT DU DESORDRE DANS LES SCIENCES
16
II.2. DOUTE METHODIQUE
17
II.3. VERITE FONDAMENTALE DU COGITO
19
II. 4. EXISTENTIALISME CARTESIEN
20
CHAP.III. IMPACT DE LA PENSEE CARTESIENNE DANS LE
DOMAINE SCIENTIFIQUE
24
III.1. DU COGITO A LA REVOLUTION SCIENTIFIQUE
24
III.2. THEORIE OCCASIONALISTE
27
III. 3. ATHEISME
29
III.4. CONNAISSANCE PHENOMENOLOGIQUE (Husserl)
33
CONCLUSION GENERALE
36
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
38
Table des
matières..............................................................................42
* 1 René DESCARTES,
Méditations métaphysiques, Ed. Printed, France, 1950,
p.33.
* 2 Paul FOULQUIE, Le
problème de la connaissance, Ed. De l'école, Paris, 1964,
p.70.
* 3 Idem
* 4 Cf Samuel STUMPF and James
FIESER, Philosophy histoty and Problèms, Ed. Mc Grillhill, New
York, p.223.
* 5 François CHIRPAS,
Le corps, Ed. PUF, Paris, 1969, p.109.
* 6 René DESCARTES,
Discours de la méthode suivie des méditations
métaphysiques, Ed. Montaigne, Paris, 1951, p.199.
* 7 Nicolas MALEBRANCHE,
Entretien sur la métaphysique et sur la religion suivis des
entretiens sur la mort, T I, Ed. J. Vrin, Paris, 1948, p.5.
* 8 Aristote, De
l'âme, II, 1, 412a, 38-39.
* 9 René Descartes
cité par Claude TRESMONTANT, le problème de l'âme
Ed. Du seuil, Paris, 1971, p.131.
* 10 Geneviève
RODIS-LEWIS, Descartes, lettres à Regius et Remarques sur
l'explication de l'esprit Humain, Ed. J. Vrin, Paris, 1959, p. 147.
* 11 André CRESSON,
Descartes sa vie, son oeuvre avec un exposé de sa philosophie, Ed.
Dépôt légal, France, 1942, p.56.
* 12 René DESCARTES,
Méditations métaphysique, op.cit., p.91.
* 13 Paul FOULQUIE,
Op.cit., p.71.
* 14 André CRESSON,
Op.cit, p.56.
* 15 René DESCARTES,
Méditations métaphysiques, Op.cit., p.120.
* 16 Nicolas MALEBRANCHE,
Lumière et mouvement de l'esprit, Ed. P.U.F, Paris, 1962,
p.6.
* 17 René DESCARTES,
Méditations de prima philosophia, méditation
métaphysique, Ed librairie philosophique J. Vrin,
Paris, 1966, p.76.
* 18 . René DESCARTES,
le monde, in oeuvre de DESCARTES, Ed. J. Vrin, Paris, T. VI, 1967, p.
123.
* 19 . Nicolas MALEBRANCHE,
Entretiens sur la métaphysique et sur la religion suivis des
entretiens sur la mort, T. I, op. Cit, p.64.
* 20 Paul FOULQUIE,
op.cit, p.71.
* 21 Claude TRESMONTANT,
op.cit, p.123.
* 22 René DESCARTES,
Discours de la méthode, Op.cit., p.202.
* 23 René DESCARTES,
Lettres, Lettres à Elizabeth, 28jiun 1643, P.U.F,
Paris, 1964, p.100
* 24 Nicolas MALEBRANCHE,
Entretiens sur la métaphysique et sur la religion suivis des
entretiens sur la mort, T.II, Ed. J.Vrin, Paris,
1948, p.111.
* 25
René DESCARTES, Lettres, Lettres à
Elizabeth, 28jiun 1643, op.cit, p.100
* 26 Genevieve Rodis-LEWIS,
OP.cit. p.147.
* 27 Cfr DESCARTES, les
passions de l'âme, Ed. J.Vrin, Paris, 1964, p.89.
* 28 Ibidem, p.p.
86-87.
* 29 Ibidem, p.96.
* 30 Ibidem,
p.p.108-111.
* 31 René DESCARTES,
Les passions de l'âme, op.cit, 1964, p.67.
* 32 René DESCARTES,
le monde, Op.cit, p.120.
* 33 Cfr René
DESCARTES, La description du corps humain, In oeuvre de Descartes, Ed.
J.Vrin, Paris, T. VI, p.1967.
* 34 Ibidem,
p.144.
* 35 René DESCARTES,
Méditations Métaphysique, Ed. Nathan, Paris, 1983,
p.85.
* 36 René Descartes,
OEuvres choisies de Descartes, Tome premier Metaphysique et physique,
Ed. Gernier frères, Paris, 1950, p.112.
* 37 Ibidem,
p.100.
* 38 René DESCARTES,
Discours de la méthode suivie des méditations,
Op.cit, p.148.
* 39 Nicolas MALEBRANCHe,
Entretiens sur la métaphysique et sur la religion suivis des
entretiens sur la mort T.II, OP.Cit, p.6.
* 40 Ibidem, p.29.
* 41 Roger LEFEVRE, La
pensée existentielle de Descartes, Ed. Bordas, France, 1965, p.38.
* 42 René DESCARTES,
Discours de la Méthode, Ed. Fernard Nathan, Paris, 1981, p.25.
* 43 Idem
* 44 Louis-Marie MORFAUX Jean
LEFRANC, Nouveau vocabulaire de la philosophie et des sciences
humaines, Ed. Armand colin, Paris, 2005, p.60.
* 45 Christian GODIN,
Dictionnaire de philosophie, Ed. Fayard/ édition du temps,
France, 2004, p.154.
* 46 Louis-Marie MORFAUX Jean
LEFRANC, op.cit, p.143.
* 47 Idem
* 48 René DESCARTES,
Discours de la méthode suivi des Méditations
métaphysique, Ed. Montaigne, Paris, 1970, p.38.
* 49 Ibidem, p.51.
* 50 Idem.
* 51 Ibidem, p.140.
* 52 L. MEYNARD, Descartes,
Discours de la Méthode, texte et commentaire en regard, Coll.
Philosophique, Ed. Foucher, Paris p. 17.
* 53 Roger LEFEVRE,
op.cit, p.7
* 54 Jacques MARITAIN, Le
philosophes dans la cité, Ed. Alsatia, Paris, 1960, p.116.
* 55 Descartes, Discours de
la Méthode, op.cit, p.52.
* 56 Ibidem, p.54.
* 57 Idem
* 58 André
Comte-Sponville, Dictionnaire philosophique, Ed. P.U.F, Paris, 2001,
p.115.
* 59Louis-Marie MORFAUX Jean
LEFRANC, op.cit, p.81.
* 60 Ibidem, p.184.
* 61 Jean Paul SARTRES,
l'être et le néant, Essai d'ontologie
phénoménologique, Ed. Gallimard, Paris, 1943, p. 23.
* 62 Roger LEFEVRE
op.cit, p.p.30-31
* 63 Ibidem, p.10.
* 64 Ibidem, p.31.
* 65 Ibidem, p.33.
* 66 Paul FOULQUIE,
op.cit, p.75.
* 67 Jacques MARITAIN,
op.cit, p.27.
* 68 Ibidem, p.p.
12-13.
* 69 Van RIET, Georges,
Epistémologie thomiste. Ed. Bonn, Louvain, 1946, p.637.
* 70 Louis-Marie MORFAUX Jean
LEFRANC, op.cit,, p.507.
* 71 André COMTE
SPONVILLE, op.cit, p.525.
* 72 Cf.
http:/book.google.fr/book-révolution scientifique
* 73 René Descartes,
Discours de la méthode, pour bien conduire sa raison et chercher la
vérité dans les sciences, Ed. Flammarion, France,
p.p.30-31.
* 74 Louis de BROGLIE,
physique et microphysique, Ed. Albin Michel, Paris, 1947,
p.p.229-230.
* 75 Christian GODIN,
op.cit, p.898.
* 76 René Descartes,
OEuvres choisies de Descartes, Tome premier Metaphysique et physique,
op. Cit, p.107
* 77 P. VALLET, Histoire
de la philosophie, Ed. Imprimerie Emile Martinet, Paris, 1881, p.418.
* 78 Nicolas MALEBRANCHE,
Lumière et mouvement de l'esprit, op.cit, p.122.
* 79 Ibidem, p.p.
223-224.
* 80 Ibidem, p.224.
* 81 René Descartes,
OEuvres choisies de Descartes, Tome premier Metaphysique et physique,
Ed. Gernier frères, op.cit, p.XX
* 82 Roger LEFEVRE,
op.cit, p.90.
* 83 André
COMTE-SPONVILLE, Op.cit, p.69.
* 84. Manuskripte 1844,
Méga, p. 125 cité par J.Y. CALVEZ, op.cit., p.
551.
* 85. Idem
* 86 Thomas, J, une
journée de Descartes,
* 87 Jean Paul SARTES,
L'existentialisme est un humanisme, Ed. Negel, Paris, 1970, p.12.
* 88 Henri ARVON,
L'athéisme, Ed.PUF, France, 1967, p.77.
* 89 Ibidem, P.88.
* 90 Jean LACROIX, Le sens
de l'athéisme moderne, Ed Casterman, Belgique, 1958, p.23.
* 91 Henri ARVON,
op.cit, p.69.
* 92 Jean LACROIX, op.cit,
p.p.24-25.
* 93 Henri ARVON,
op.cit, p.89.
* 94 Jean LACROIX,
op.cit, p.32.
* 95 Ibidem, p.35.
* 96 EDMUND GUSTAV ALBRECHT
HUSSERL, La crise des sciences européennes et la
phénoménologique transcendantale, Trad. Gérard Grand,
Ed. Gallimard, 1976, p.9.
* 97 Ibidem, p.57.
* 98 André LALANDE,
Vocabulaire technique et critique de la philosophie, Ed.
Quadrige/P.U.F, Paris, 2002, p.140.
* 99 Roger VERNEAUX, Op.
Cit, p.142.
* 100 Christian GODIN,
Op. Cit, 2004, p.387.
* 101 Roger VERNEAUX, Op.
Cit, p.140.
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