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De l'opportunité du développement du tourisme au nord Kivu. Cas de la ville de Goma

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par Janvier BAGULA KARUMBA
Institut supérieur de tourisme Istou/ Goma ( RDC ) - Licence en sciences touristiques 2011
  

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1.5 CADRE THEORIQUE

La croissance sans précédent du tourisme mondial, ces dernières années, pose pour les pays pauvres, ou émergeants la question des conséquences du tourisme sur leur développement. Quel type de développement induit-il? Quatre questions sont au moins au centre du débat à savoir :

Le tourisme a-t-il un impact économique réel ou marginal ?

Les populations locales peuvent-elles profiter des retombées du tourisme ? Les ressources naturelles sont-elles menacées ?

Le choc socioculturel est-il trop important ?

C'est un fait acquis, dans certains pays pauvres ou émergents, la part du tourisme dans le Produit intérieur brut (P.I.B) n'a cessé de progresser au cours des dernières années. D'autres plus avancés, comme la République Dominicaine, les Maldives, la Tunisie ou l'Egypte par exemple, ont vu la part du tourisme dans leur P.I.B se renforcer fortement et contribuer à leur croissance économique. Un flux de touristes est souvent accompagné d'un repli du P.I.B. C'est le cas de la Turquie en 1999. Pour d'autres, à l'inverse, le développement du Tourisme s'est fait parallèlement à une décroissance du P.I.B (cas de la Thaïlande de 1996 à 2000) de sorte que l'on peut s'interroger sur ses réels bienfaits.

Au-delà de la question de la richesse créée, se pose celle de sa répartition et des retombées pour les populations locales. En se développant, le secteur du tourisme s'est industrialisé et s'est internationalisé. Dans sa forme la plus visible, le tourisme est associé au tourisme de masse dont les principaux opérateurs sont des groupes européens ou américains. Peut-on pour autant dire que ces formes du tourisme bénéficient moins aux populations locales ? Le raccourci est sans doute trop rapide, tant des formules d'exploitation des entreprises touristiques divergentes. En particulier, la question se pose lorsque les pays sont plus avancés dans le cycle du développement touristique. Signalons que les ressources naturelles ne sont pas épargnées. Il reste à savoir si elles sont menacées ou pas.

Cependant, à l'instar de la culture intensive dans le secteur agricole, les conséquences du développement par le tourisme sur l'environnement et sur les ressources naturelles des pays pauvres sont également au centre du débat. On peut en effet se demander si les contraintes de rentabilité rapide exigées par les financeurs ne rentrent pas en contradiction à long terme avec l'équilibre environnemental. Encore une fois, s'il est probable que le tourisme de masse peut être associé à ces risques, on peut s'interroger sur les réponses parfois apportées et sur les risques inhérents aux autres formes du tourisme.

Enfin, on peut se demander si les pays pauvres sont globalement préparés à accueillir des flux de touristes étrangers : la distance socioculturelle n'est-elle pas trop importante pour ne pas réduire des déséquilibres sociétaux difficilement surmontables ?24

Au-delà des principes généraux, il n'en reste pas moins que la réussite en matière de développement touristique s'articule pour les pays pauvres autour d'au moins quatre axes :

- Préparer les professionnels et les populations locales aux flux touristiques ;

- L'accès aux capitaux et aux financements ;

- Le rôle des pouvoirs publics : transport, aménagement du territoire et promotion des destinations

- La connaissance des attentes des touristes et adaptation de l'offre à la demande.

En rapport avec le premier axe, on peut se demander s'il est évident que la formation des populations locales aux langues étrangères est une condition indispensable à tout développement par le tourisme, la fidélisation des clientèles étrangères et la pérennisation du tourisme passent nécessairement aussi par des politiques ambitieuses de formations générales. Ces formations doivent bien

24 Sébastien C., Op.cit, p269-271

entendu s'appuyer sur l'apprentissage des langues et des cultures étrangères. Elles doivent également être axées sur les différents métiers de l'industrie touristique (transport, restauration, hôtellerie, agences de voyage,...).

En rapport avec le deuxième axe, si le tourisme peut, avec des investissements relativement modestes, profiter aux populations locales, les projets qui vont entrainer les plus fortes retombées nécessitent des capitaux volumineux. L'expérience récente montre que le développement du tourisme favorise également l'émergence des groupes nationaux, y compris dans les pays pauvres. Citons au moins trois exemples : les groupes hôteliers Abou Nawa en Tunisie, Camino Real au Mexique ou Dusit Thani en Thaïlande. Ces trois groupes, qui pèsent de façon notable dans leurs pays respectifs, sont nés de l'essor du tourisme et l'on accompagné.

En rapport avec le troisième axe, les pouvoirs publics ont un rôle central à jouer en matière de promotion des destinations. La communication adoptée et les cibles (pays émetteurs) conditionnent en effet largement le type de tourisme accueilli. S'il est certain que cette communication répond généralement à la demande en produits touristiques, les outils utilisés et les messages véhiculés sont largement à l'origine des formes de tourisme développées. Ainsi, le choix des workshops (ateliers), salons et supports de communication est-il susceptible d'influencer fortement le type de tourisme. La communication adoptée par la République Dominicaine (campagnes d'affichages grand public et large présence dans les guides des tour-opérateurs) s'oppose par exemple à celle de Seychelles ou de l'île Maurice, plus ciblée vers les clientèles qui disposent d'un pouvoir d'achat plus élevé.

En rapport avec le quatrième axe, on peut retenir qu'un autre risque majeur pour les pays pauvres est de se laisser « griser » par la manne touristique, de développer des projets qui ne répondent pas aux attentes ou qui sont surdimensionnés. Ainsi, à 'instar des pays les plus riches, les pays pauvres doivent se doter d'un appareil sophistiqué d'observation et de connaissance du profil, des caractéristiques du séjour et des attentes de la clientèle. Il va également de soit que

les études d'implantation ou des études d'impact doivent précéder le développement des projets ambitieux, à fortiori si ceux-ci sont subventionnés par les pouvoirs publics. La mise en place d'observatoires des performances relatives de chaque marché, par pays, métropole, type de site (littoral, centre-ville, périphérie, zones rurales,...) et des performances des différents acteurs (hôtellerie, restauration, agences de voyage) est également indispensable. La mise en place de tels outils permet une meilleure connaissance du marché et permet de réduire les risques inhérents au développement de nouveaux projets, puis réorienter l'offre, si nécessaire, en fonction d'une demande qui évoluerait.

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"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein